Eve de Laudec Sophie Brassart
Les Dires portant || extraits ||
Ce
qui
reste
Les Dires portant || extraits ||
Poèmes
Eve de Laudec Peintures
Sophie Brassart
Ce
qui
reste
Il est des silences ligneux Qui font racines Je ne veux pas être femme-tronc Ligaturée Dans le grand sol ma bouche bée Ainsi sourd ma sève inféconde
La trace balbutiée de ton aube Se révèle pas à pas De retour en retour De limon en granit Chemins arômes Âpre remontée Clandestine Bouche gourmande et mains tendues A saisir les racines A renouer le fil Rebrousse délivrance Coule-toi enfin au ventre des arcanes Nourriciers…
…
…Où étais-tu Avant d’ici De quel désir Intimé Avant que Fendre les entrailles Qui étais-tu Avant d’être Hasard d’une autre ronde Quelques grains d’alluvion De quelle chair chimère Et de quel abandon Es-tu venu Toi mon souffle Enfanté
Ne le touchez pas Il est prématuré Pas de chair sur ses mots Brut et nerfs Aigu A devenir Poème Nu
Lorsque je quitte mes mots N’est-ce pas eux qui me quittent ? Assaillie par le doute Je défaille Je deviens orpheline des Dires portant Les absences s'engouffrent Ne plus être au faîte d'une pensée bafouillée Chercher dans le vide les perches Qui maintiennent équilibre Pour traverser à fil tendu Dans le vide trouver le vide Rien que Être en mal Ma mère Il me manque un lambeau
De tous ces mots flanchés Flanqués blancs et cousus Des saillies pressenties au cœur du cœur Et de mon immanence De ces éclats de vivre A l’asphyxie des gouffres De ces indépendances écartelées De mes je de mes nous De mes autres Et de l’instant perçu Des émois transhumance De tous ces petits riens aux traces éphémères Fugitive noueuse Je me suis engendrée
Bien sûr les deviner Ces absences de mots Ces blancs entre les lignes Qui ne finissent pas Bien loin des transparences Où le Dire a reflets Bien sûr les écouter Ces envies avortées Ces élans raccourcis Comme on casse la corde Qui claque sans son la Qui croche sans son mi
Bien sûr la reconnaître Cette peur de lier Les sarments répandus De trouver des rivières Dans le cœur de l’iris Et du temps en poussière Bien sûr les ressentir Tous ces pas à l’envers Le parfum des avants Imprégnant le chemin Pour oser les après Y a-t-il une faille Dans bien sûr Bien sûr
Pourquoi ces questionnements Inlassables bavards qui parlent au silence Et cet abattement à griser les soleils Les estompe et Les gomme Et les sursauts aliénés Enfouis au blême Se délitent Se taire enfin et Sans peur de la chute Tomber En stupeur
Cet ensemble de textes et peintures sont extrait de Les Dires portant, recueil composé par Eve de Laudec et Sophie Brassart. Un dialogue poétique entre leurs deux sensibilités. Elles ont allié mots et couleurs pour tenter d'exprimer ce mystère créatif qui les porte. Les peintures ne sont pas illustration des mots, mais ressenti de la peintre aux questionnements de la poète.
Les auteures
Eve de Laudec Dialogues poétiques avec des photographes, musiciens, peintres Est publiée en diverses revues (Ce qui Reste, FPM, Possibles, Lichen, Capital des mots, Cairns) Publication dans plusieurs anthologies poétiques (Dossiers d'Aquitaine, Rivages, Souffles, Terres de femmes) Ainsi font... Dialogue poétique avec le photographe Bruno Toffano et préface d'Angèle Paoli, Jacques Flament Editions, 2017 Les petites pièces rapportées, recueil de poésie, préface de Robert Notenboom, Chum Editions, 2014 Crilence, recueil de poésie, Préface Jean-Joseph Julaud, Editions Claude Lorrain, 2012 - réédité en 2013 chez Chum éditions Finaliste du prix Hervé Bazin de la micro-nouvelle pour Ouaneseupeunetaïme, revue Harfang n°10, 2011
Sophie Brassart Poète et plasticienne, travaille le geste poétique à l'encre. Blog Toile poétique : graindeble.blogspot.fr Site Toile sonore : www.toilesonore.com Plusieurs expositions collectives (Paris, Espace Cardin, Printemps des Poètes, Festival international Cri de Femmes). Plusieurs livres d'artiste, nombreuses publications en revue de poésie contemporaine (Incertain Regard, Paysages écrits). Illustrations de recueils de poésie : Encore une nuit sans rêve, Christophe Bregaint, Editions du Carnet du dessert de Lune, 2016 Recul du trait de côte, Vincent Motard-Avargues, Editions de la Crypte, 2014 Le chasseur immobile, Fabrice Farre, Editions du Citron Gare, 2014 Mangeurs d'anémones, Károly Sándor Pallai, Editions Arthée, 2013 Soleils invincibles, Károly Sándor Pallai, Editions Arthée, 2012 Sa chaîne Youtube
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Ralentir poème 1 Un poème est un pont jeté en travers du temps Jean-Michel Maulpoix
Prendre le temps de lire un poème est un acte de résistance libérateur, une manière de rester dans l’instant présent, d’échapper à la fuite en avant permanente que nous impose le rythme de notre époque. C’est reprendre sa respiration avec l’inspiration des autres. La revue Ce qui reste, coéditée par Cécile A. Holdban et Sébastien de Cornuaud-Marcheteau, vous propose de marquer cette pause en vous faisant découvrir chaque semaine un auteur et un artiste (peintre, graveur, sculpteur, photographe, mais aussi pourquoi pas, musicien, cinéastre, etc).
Ralentir travaux de René Char, Paul Éluard et André Breton, recueil de trente brefs poèmes précédés de trois préfaces, 1930, José Corti 1
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© Mai 2017 — Poèmes d'Eve de Laudec Peintures de Sophie Brassart La revue Ce qui reste pour la présente édition 16, chemin des Androns 33710 Bayon sur Gironde www.cequireste.fr — revue.cequireste@gmail.com Revue numérique hebdomadaire - ISSN 2497-2363
« Ne le touchez pas Il est prématuré Pas de chair sur ses mots Brut et nerfs Aigu
A devenir Poème Nu » Extraits de Les Dires portant d'Eve de Laudec Peintures de Sophie Brassart
Ce
qui
reste