Radiographie d'un rêve - Laure Escudier

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Radiographie d'un rĂŞve Laure Escudier



Radiographie d'un rĂŞve Tex te s et i m a ge s

La u re Es c udi er


Un poème Le poème – c’est un signe blanc entre les signes noirs – Un bloc dispersé et dense Un – tout – dans un – peu – C’est un univers entier éclaté dans une plume Un soleil rangé dans un tiroir A sortir les soirs d’insomnie Mais pas uniquement Le poème – c’est un fleuve violent dans une larme – Un cyclone perdu sur un sourire Une explosion sans conséquence Mais qui jamais ne cesse


C’est un mot qui signifie l’ensemble Mais s’emporte partout Une paix intérieure Ou un évènement Le poème est là – face à la vie, face à la mort – Il suit avec acharnement les innombrables pensées De celui qui le cherche. Le poème – c’est un astre perdu dans ma galaxie –


Il y aurait un frisson d’eau Posé sur l’image reflétant l’aube affriolante Un sillage blanc – ton regard – Entre l’éclat du rire de l’eau un soir Et l’organique épure du miroir de nos rêves : Ici, tu ne regardes plus, et le ciel erratique.




Il n’y a pas de mystère Une nuit – pénombre – archi-pénombre – bruits sourds et sinistres – Entre deux voitures – ici – collée contre lui – frisson – désir – pulsion – Je suis. Certitude – il faut resserrer l’étreinte ! Tentation – avidité – soif de te boire et de mêler nos peaux. Prends tout. Que rien ne s’altère.


Unisson Mêler or et feu, frissons et complicités, – Respirer à vitesse similaire – être deux en étant seul ; – Briser l’indifférence – Que du plus pur silence gravé ici, Source de l’impulsion de nos deux âmes incorporées, Rien ne se veuille plus essentiel. De toi à moi, le masque s’étiole et dépérit Dévoilant l’inégalable : « Le Non-éphémère ».




résurgences sensibles (extrait) j'aimerais tracer ce chemin qui du soleil au sang avance lumineux sensible percevoir les fils du ciel penchés sur les espaces vierges pâleurs de frémissements d'ombres furtives de recommencements

saisir la marque impalpable du voyage inconnu ici feuille de riz voletant sous l'écrin du croquis


comme un autre monde caché derrière le monde ces vraisemblances ces fluidités ces pensées arrachées au rêve

cette voie éphémère sereine et pure

une plume endormie


sous les surfaces un autre espace sous les textures comme un envol les dÊlices invisibles des circonvolutions fictives vivants vibrants tel un appel une prière en noir et blanc



tel un coton spatial éparpillé suspendu aux bulles d'air fascinantes entortillées que l'on écarte que l'on étire lune argentée drap de velours je percevrais le ciel en filigrane


petites choses petites vies naissances blanches naissances rondes courbes de noir noir qui s'effrite




sur cette page blanche aux grains dĂŠfaits telle une fissure faille de rien erreur de tout crevasse imperceptible soudain visible une ĂŠclosion de brise



j'ai voulu affleurer la perception du rien qui s'approche parfois des visages nouveaux aux limites du pli de ce papier froissé de ce miroir tissé écrire à l'encre épurée les mots sensibles les sons cristallisés



L'auteure



Laure Escudier pratique la poésie, le dessin et la musique (composition et violon, musique classique et musiques actuelles) depuis la petite enfance et s'attache à relier ces trois disciplines au sein de projets variés (concerts de création contemporaine, festivals, violoniste au sein de différents groupes ou ensembles, mise en musique de ses textes, improvisations, publications de poésies et de dessins, expositions, lectures poétiques, graphiques et musicales...). Ses textes et/ou dessins ont été publiés, entre autres, aux éditions du nain qui tousse, dans les revues L'Intranquille (éditions de l'Atelier de l'Agneau), Lichen, Méninge, Souffles, 17 secondes, Traversées, Incertain regard... Ses compositions musicales seront également prochainement publiées. www.laureescudier.com

Les quatre premiers poèmes sont extraits de l'onde inaccessible. Le suivant est un extrait de résurgences sensibles.


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Ralentir poème 1 Un poème est un pont jeté en travers du temps Jean-Michel Maulpoix

Prendre le temps de lire un poème est un acte de résistance libérateur, une manière de rester dans l’instant présent, d’échapper à la fuite en avant permanente que nous impose le rythme de notre époque. C’est reprendre sa respiration avec l’inspiration des autres. La revue Ce qui reste, coéditée par Cécile A. Holdban et Sébastien de Cornuaud-Marcheteau, vous propose de marquer cette pause en vous faisant découvrir chaque semaine un auteur et un artiste (peintre, graveur, sculpteur, photographe, mais aussi pourquoi pas, musicien, cinéastre, etc).

Ralentir travaux de René Char, Paul Éluard et André Breton, recueil de trente brefs poèmes précédés de trois préfaces, 1930, José Corti 1


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© Octobre 2017 — Textes et images de Laure Escudier La revue Ce qui reste pour la présente édition 16, chemin des Androns 33710 Bayon sur Gironde www.cequireste.fr — revue.cequireste@gmail.com Revue numérique hebdomadaire - ISSN 2497-2363


« Le poème – c’est un astre perdu dans ma galaxie – »

Textes et images Laure Escudier


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