Jean Marc Sourdillon Catherine Sourdillon
Sans bornes est le dĂŠsert
Sans bornes est le dÊsert Poè me
Jean Marc Sourdillon Aquare lle s
Catherine Sourdillon
Sans bornes est le désert sans bornes et sans personne. Un vide qui s’étire Une distance entre des absents Une durée qui s’éternise Des grains de sable entre les dents Des gouttes une à une dans le silence Des billes de métal qui se heurtent dans la tête Aucune limite à l’attente La lame d’un couteau posé sur une table Un moi dont on ne sait que faire
Sans ombre est le désert Dans un mois dans un an quelle sera notre attente ? Des mois comme des années des années comme des vies entières Le temps qui déborde Un chien qui aboie la vie qui se dévide Dans un mois dans un an que ferons-nous de nos jours de nos peines de nos vérités tranchantes comme le couteau et de la tendresse qui leur servait de gaine ?
Dans dix ans dans dix jours comment survivrons-nous à tant de douleur tant de peine ? J’ai déjà si peur il fera si froid Loin de toi je suis loin de moi c’est un peu comme si je n’existais pas
Ce surnom que je te donnais, tes gestes quand je dansais, qu'en ferons-nous dĂŠsormais, et de nos joies et de nos cris quand le jour se levait ?
Loin de toi loin de moi comment dormirons-nous tout ce temps à venir sans sommeil et sans rêve ? Comment survivrons-nous à ce qui fut nous dans un mois sans un moi sans un toi sans notre ombre à tous les deux comme un puits entre toi et moi comment survivrons-nous à tant d’amour tant d’ardeurs, tant de soif,
si courte était la joie, dans un mois dans un an avec rien que le soleil son silence ton absence et cette immense plaine semaine après semaine sans projet, sans présent, sans oubli sans rien qui se produise de bien ou de mal ou même d'indifférent ? Comment souffrirons-nous, dis, quand tout cela sera si loin ?
Comment souffrirons-nous, oui, tant de secondes et tant d'heures, comment survivrons nous dans ce dĂŠsert sans personne et sans bornes lorsque sera seul Ă notre place seul et remplissant tout l'espace cet ultime soleil qui nous ĂŠblouissait ?
Aussi pourquoi voudrais-je que tu cesses, douleur, ou que tu t'éloignes, puisque tu es mienne autant que tu es sienne, que tu es tout ce qui nous reste de nous deux, notre dernière façon d'aimer, de nous dire nous, de le dire pour rien et pour personne, notre seule ombre dans le désert, l'unique faille dans ton propre soleil, notre seul et bienheureux tremblement dans ton immense, ta souveraine indifférence.
| Les auteurs |
Jean Marc Sourdillon né en 1961. Enseigne les lettres en khâgne à Saint-Germainen-Laye après avoir enseigné à l’Institut français de Madrid et à l’hôpital Raymond Poincaré de Garches. Ont compté pour lui d’une manière décisive la découverte, à l’âge de 15 ans, des Cévennes ainsi que les rencontres avec les œuvres de Philippe Jaccottet et de María Zambrano. Il a édité la première dans la Pléiade et traduit la seconde aux éditions Jérôme Millon. Il a publié des nouvelles : Les voix de Véronique (2017) aux éditions du Bateau fantôme ; un livre de proses poétiques : La vie discontinue (2017) aux éditions La Part commune et des livres de poèmes : Les Tourterelles (avec une préface de Philippe Jaccottet et des encres d'Isabelle Raviolo, Prix du premier recueil de poèmes 2009), Les Miens de personne (avec une préface de Jean-Pierre Lemaire et seize lavis de Gilles Sacksick, 2010) aux éditions La Dame d'onze heures ; Dix secondes tigre (2011), En vue de naître (2017) aux éditions L'Arrière-pays. Ce dernier titre indique l'orientation principale de son travail.
KT (Catherine Sourdillon) née en 1964, a grandi dans un petit village du Cantal. A 20 ans elle poursuit ses études en psychologie en même temps qu'elle découvre Paris et l'aquarelle. Elle ne les aura jamais quittés. Elle pratique une aquarelle libre et affranchie de tout dogme. "Ni tout humide ni tout sec", avec une gestuelle rapide en accord avec ses émotions et un choix de couleurs parfois inattendu toujours instinctif. Elle ne se sent pas piégée par la réalité du sujet. Elle la simplifie pour ne garder que ce qu'il lui importe de montrer. Elle aime être surprise par le jeu des pigments dans l'eau : il lui donne la direction à suivre pour mieux rendre visibles ses impressions intérieures. Peindre de cette façon est un geste qui véritablement libère. Elle a collaboré avec des poètes pour des livres d'art et a illustré leurs recueils dans différentes maisons d'édition. Elle a obtenu des prix à différents salons régionaux, a été invitée d'honneur à Vernouillet en 2015. Elle donne des cours d'aquarelle dans la région parisienne. Son site : ktaqua.e-monsite.com
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Ralentir poème 1 Un poème est un pont jeté en travers du temps Jean-Michel Maulpoix
Prendre le temps de lire un poème est un acte de résistance libérateur, une manière de rester dans l’instant présent, d’échapper à la fuite en avant permanente que nous impose le rythme de notre époque. C’est reprendre sa respiration avec l’inspiration des autres. La revue Ce qui reste, coéditée par Cécile A. Holdban et Sébastien de Cornuaud-Marcheteau, vous propose de marquer cette pause en vous faisant découvrir chaque semaine un auteur et un artiste (peintre, graveur, sculpteur, photographe, mais aussi pourquoi pas, musicien, cinéastre, etc). Ralentir travaux de René Char, Paul Éluard et André Breton, recueil de trente brefs poèmes précédés de trois préfaces, 1930, José Corti 1
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© Juillet 2018 — Poème de Jean Marc Sourdillon Aquarelles de KT (Catherine Sourdillon) La revue Ce qui reste pour la présente édition 16, chemin des Androns 33710 Bayon sur Gironde www.cequireste.fr — revue.cequireste@gmail.com Revue numérique hebdomadaire - ISSN 2497-2363
« Sans bornes est le désert sans bornes et sans personne. Un vide qui s’étire Une distance entre des absents Une durée qui s’éternise Des grains de sable entre les dents Des gouttes une à une dans le silence Des billes de métal qui se heurtent dans la tête Aucune limite à l’attente La lame d’un couteau posé sur une table Un moi dont on ne sait que faire » Sans bornes est le désert Poème de Jean Marc Sourdillon Aquarelles de Catherine Sourdillon