Michèle Finck Catherine Sourdillon Poèmes de
Peintures de
Soif
Ce
qui
reste
Soif
Michèle Finck Catherine Sourdillon Poèmes de
Peintures de
Ce
qui
reste
À la douleur Heureux nous l’avons été par éclats. Chaque éclat de bonheur était coupant Comme du verre. Nos doigts saignaient D’un sang multicolore qui se mêlait À l’écume des astres et de la mer. Un soir un éclat plus coupant que les autres Est resté planté dans ma jambe gauche. Depuis je boite de mémoire et de mort. Je chéris cette blessure car elle me relie À la douleur du monde à jamais mienne. Poésie : Traire les ténèbres ?
À la torsion Corps à corps avec les mots Jusqu’à ce qu’ils se tordent. Défier les mots jusqu’à ce que Leur torsion et contre-torsion Défassent ce nœud coulant : la vie. Se confier au morse De l’os. Le faire crier. Chocs et spasmes dans la glotte. Bavent les larmes
par torsion
de langue.
Puis légère oublier la torsion. Planer hors la langue. Poème :
terrier des larmes
de tous.
Soif Poésie peau nue Vêtue seulement De vent.
Les auteurs
Michèle Finck Michèle Finck est poète, auteur d’essais sur la poésie, professeur de littérature comparée à l’université de Strasbourg.. Elle a publié trois livres de poèmes : –– L’Ouïe éblouie (qui réunit vingt ans de poésie, Voix d’encre, 2007) ; –– Balbuciendo (Arfuyen, 2012) ; –– La Troisième Main (Arfuyen, 2015, Prix Louise Labé). Elle a aussi consacré un livre à Yves Bonnefoy (Yves Bonnefoy : le simple et le sens, José Corti, 1989, réédition 2015) et plusieurs livres aux rapports de la poésie avec les arts : avec la danse (Poésie moderne et danse : Corps provisoire, Armand Colin, 1992) ; avec la musique (Poésie moderne et musique : « vorrei e non vorrei », Champion, 2004, Epiphanies musicales en poésie moderne, de Rilke à Bonnefoy/ Le musicien panseur, Champion , 2014) ; et avec les arts visuels ( Giacometti et les poètes : « Si tu veux voir, écoute », Hermann, 2012).
Catherine Sourdillon Aquarelliste, elle vit en région parisienne. Pour elle, peindre est à chaque fois un événement : l’intention compte moins que le plaisir toujours renouvelé de se laisser guider par l’eau. La migration des pigments impose le rythme, et c’est sans doute ce qui la rapproche de l’écriture poétique. Elle a collaboré avec des poètes : Judith Chavanne, Josette Ségura, Gérard Bocholier et Jean-Marc Sourdillon... Son site: http://ktaqua.e-monsite.com
© 2016 - Texte Michèle Finck Peinture - Catherine Sourdillon La revue Ce qui reste pour la présente édition www.cequireste.fr
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