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Le blues du loup par Thomas Lécuyer

Durant tout l’été, les meilleures plumes romandes vous offrent chaque semaine un texte inédit sur la ville de Lausanne.

Le vieux loup boitait depuis quelques semaines déjà. Des saletés de barbelés lui avaient déchiré les chairs de ses pattes arrière. C’était le prix à payer pour tenter de choper un agneau ou une brebis du côté de Vers-Chez-les-Blanc. Ses postérieurs le faisaient encore souffrir, et le fermier avait renforcé les barbelés, colmatant le trou qu’il avait réussi à y faire. Point d’agneau au menu de cette nuit de pleine lune, mais un beau lièvre, attrapé dans la vaste plaine de Mauvernay.

Depuis quelques années déjà, on disait chez les hommes que les loups étaient aux portes des cités. Pourtant, ici, sur les hauteurs de Lausanne, il n’en avait croisé aucun autre. Il était âgé et solitaire, et son pelage épais teinté de roux et de blanc tombait à grosses touffes par endroit, comme un vieux tapis usé. La lune était basse dans le ciel, et déjà les étoiles pâlissaient à l’est. Le vieux loup accéléra le pas. Des odeurs de mousse et d’humus humides venaient flatter sa truffe alors qu’il s’enfonçait dans la vallée du Flon qui l’amenait droit sur Epalinges. Il aimait trotter dans la petite rivière vivace qui éclaboussait ses flancs d’une fraîcheur bienvenue en cette nuit d’été moite. La forêt sem-

Epopée musicale

Co-fondateur du Blues Rules Festival, programmateur et journaliste culturel, Thomas Lécuyer est un passionné de musiques afroaméricaines, notamment de soul et de blues. Infatigable agitateur culturel de la région lausannoise, ce collectionneur de vinyles et DJ à ses heures perdues est aussi critique de cinéma. Publié en 2022 aux Editions Plaisir de Lire, «Moon Lake», son second roman, plonge les lecteurs au cœur du blues, du Mississippi et des années 30. Fresque historique et épopée musicale, il explore les thèmes fondateurs du blues pour réveiller les fantômes qui hantent encore les Etats-Unis. Une partition fiévreuse qui chante l’amour et la mort.

blait se figer sous son passage, plus aucun animal, petit ou grand, ne se manifestait, et même les feuillages des arbres semblaient retenir leur respiration. Au cours de ses nombreuses chasses, il avait croisé une seule fois un homme, pas effrayé pour deux sous, qui l’avait même photographié.

Enfin, à quinze mètres de distance dans une forêt touffue en pleine nuit, on ne sait pas si la photo valait grand chose. Aux Croisettes, il avait l’impression de jouer sa vie à chaque fois, rusant pour rejoindre la vallée de la Vuachère sans se faire repérer.

A cette heure-là, le quartier, très urbanisé, était souvent désert, et il ne croisait jamais personne, sauf parfois quelques voitures qui le prenaient pour un gros chien, ou bien alors un bus Pyjama.

Il s’enfila sur le chemin de la Vuachère, en suivant les fausses traces de renard que les humains avaient dessinées sur le sol pour amuser les enfants. Il trouvait ça ironique, et s’amusait chaque fois à les comparer avec son empreinte quatre fois plus grosse que personne ne semblait jamais avoir remarquée. Il se passe pourtant tellement de choses que les humains ignorent quand ils dorment!

Le vieux loup suivait la rivière qui descendait incognito jusqu’au lac Léman, se frayant un chemin verdoyant parmi les nombreux immeubles qui bordaient son lit citadin. Les clapotis des eaux calmes de Pully arrivaient déjà à ses oreilles. Il était temps car déjà, le noir de la nuit s’effaçait sous la lumière du jour naissant. Arrivé à la plage Haldimand, il prit une lapée d’eau fraîche, ce qui effraya quelques oiseaux d’eau qui ne l’intéressaient pas du tout. Il tombait de fatigue, et posa ses membres douloureux dans l’herbe fraîche avant de s’assoupir enfin, après une folle nuit de chasse dans les hauteurs de la ville. Au petit matin, Fabien se réveilla, nu et engourdi, sur les rives de Pully. Il jeta un œil rapide autour de lui, et saisit sa guitare, qu’il laissait toujours au même endroit les nuits de pleine lune, comme une boussole qui l’amenait à toujours revenir. Ses cuisses, lacérées de barbelés depuis quatre semaines, le faisaient toujours souffrir. Il récupéra ses vêtements et son chapeau, cachés sous un rocher, et décida d’aller prendre un café. Il avait quelques concerts à donner avant la prochaine nuit de pleine lune. 

CARACTÉRISTIQUES

Saisons: Printemps – été –automne - hiver

Appréciation: 3 sur 4

Difficulté: 1 sur 4

Personne à mobilité réduite: Non

Poussette: Non

Age recommandé: Dès 3 ans

Durée: 1 h

Distance: 1.5 km

DÉPART ET ARRIVÉE

Saint-Cergue

Chemin du Vieux-Château

S’Y RENDRE

En voiture:

A1, sortie Nyon, puis suivre SaintCergue.

En transports publics: Train jusqu’à Nyon, puis NStCM jusqu’à Saint-Cergue.

S’AMUSER BASSERUCHE

Footgolf, tyroliennes et trottinherbe l’été, ski et airboard l’hiver, chacun trouvera son bonheur à l’Espace loisirs Basseruche. Rte de Basse-Ruche 16, 1264 Saint-Cergue

T. 022 360 16 88 www.basseruche.ch

SE RESTAURER LE VIEUX-CHÂTEAU

On reste dans le thème avec le nom de cette boulangerie-tearoom, idéale pour combler un petit creux sur le chemin du retour.

Ch. du Vieux-Château 7 1264 Saint-Cergue T. 022 360 13 74

Jeux de l’été

Pour trouver les solutions des jeux ci-dessous, il vous suffit de les chercher dans les pages de notre journal. Petite indication: elles seront présentées dans un rectangle bleu. Bons jeux et surtout bonne chance!

Corne d’abondance

Moutons

mot m Maître

Découvrez un mot de 5 lettres à l’aide de tous les mots de la grille. Le chiffre placé à côté de ces mots indique le nombre de lettres qui occupent la même place dans le jeu.

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