La Voie Ecossaise N 2 - Dec 2020

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LA VOIE ÉCOSSAISE GÉOMETRIE SACRÉE

LE CARRÉ LONG.(2IÈME PARTIE)

HISTOIRE DU R:.E:.A:.A

HISTOIRE D’UN RÊVE LA PREMIERE MAÇONNE

SYMBOLISME

LE SABRE ET LA PIERRE. (2IÈME PARTIE) LE SOLSTICE D’HIVER ICI TOUT EST SYMBOLE

FRATERNITÉ

LE MOT DE L’HOSPITALIER PORTRAIT D’UN FRÉ:. AU CONGO NOTRE DOYEN CYRIAQUE

CULTURE LE LIVRE DU MOIS : LA FRANC-MAÇONNERIE DÉVOILÉE

MUSIQUE ET MAÇONNERIE John ENTWHITEL bassiste des Who

“Lettre Robert BURNS Loge de recherche universelle et internationale du Rite Ecossais Ancien et Accepté”

www.robert-burns.glef.fr

N°2 Décembre 2020


EDITO

soient fécondes, partageons cette science, cette histoire et parlons d’avenir dans la reconstruction dans une fraternité exemplaire. Soyons dans la spiritualité afin que renaisse nos âmes libres. Que cette lumière qui nous éclaire dans le noir soit pour nous une source et un guide. L’Homme ne peut reconnaître sa vraie Lumière que si, il est en capacité de la recevoir à moins d’avoir nettoyé la noirceur de la carapace en verre de son âme pour percevoir enfin l’œil du delta lumineux… Tout Homme porte en lui la Lumière, comme cette lumière sur la couverture qui nous même vers la sortie…

MMTTCCFF Ce magazine est à l’image de notre loge de recherche Internet Robert Burns : les frères qui la composent proviennent de familles maçonniques différentes : masculine, mixte, sociétale ou de tradition et même régulière. Chacun y exprime sa façon de vivre le Rite Ecossais Ancien et Accepté. Cette alchimie est la somme de nos expériences, elle constitue la particularité de notre Loge et l’enrichissement de ses membres...l Nous sommes la première Loge Mondiale francophone au Rite Ecossais Ancien et Accepté à laquelle tous les Maîtres Maçons peuvent demander leurs entrées en homme libres et de bonnes mœurs !

Ce n’est qu’à travers la beauté, la force, la sagesse que l’on peut pénétrer dans le royaume de la connaissance Nous découvrirons un jour que ce que nous concevons comme la beauté est la vérité révélée. Je profite de l’occasion qui m’est donné pour exprimer ma plus grande gratitude aux auteurs des articles de ce N°2 de la voie écossaise qui sans eux ne pourrait exister, un grand merci MMTTCCFF et bravo pour la qualité votre travail. Je vous souhaite au nom de tous les FF :. de la loge Robert Burns de très belles fêtes de fin d’année.

MAGAZINE

En ces temps troublés par la Covid, j’ai une pensée émue pour nos TTCCFF passés à l’orient éternel.

J’ai dit

Mais ne l’oublions pas, les anciens Grecs enseignaient que tout est immortel et impérissable dans le Kosmos et que l’univers toujours en expansion. La mort physique était pour eux un passage d’un état à un autre ; ils sont toujours vivants dans nos cœurs et dans nos ateliers. En cette fin d’année rythmée par un marasme ambient et un confinement, je souhaite de tout cœur que nos actions

José-maria de la FUE:. V:.M:. Robert BURNS

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MAGAZINE

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Lettre Robert BURNS Loge

de recherche

universelle et internationale du

Ancien

et

Rite Ecossais

Accept�


Sommaire ÉDITO José-maria de la FUE:. 2-3

GÉOMETRIE SACRÉE La théorie des carrés longs (2ième partie) par jean-louis FRA.: 6-13

SYMBOLISME Ici tout est symbole par Max HER:. Le solstice d’Hiver par Manh Hung NGUI:. Le sabre et la pierre (2ième Partie) par Frédéric MAS:.

14-17 18-21 22 -29

HISTOIRE Histoire d’un rêve par Marc BOI:. La première maçonne par Max HEB:.

30-53 54-56

FRATERNITÉ Notre Doyen Cyriaque-Emmanuel NOV:. LER:. Par Pierre BEN:. Portrait d'un frè:. au Congo par Pierre BEN:. Les mots de l’hospitalier

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CULTURE MAÇONNIQUE La Franc-Maçonnerie dévoilée par Philippe Bercovivi et Arnaud de la Croix, Editions « Le Lombard », Bruxelles, octobre 2020 par Frédéric MAS:.

MUSIQUE & MAÇONNERIE

John ENTWHITEL bassiste des Who et FM par Aldo BER:.

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LA THÉORIE DES

CARRÉS LONGS LA THÉORIE DES CARRÉS LONGS 2IÈME PARTIE

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Nous avons vu dans la première partie de cette étude qu’il existe deux grandes catégories de carrés longs, les carrés longs outils et les carrés longs architecturaux. Tous les carrés longs sont caractérisés par un nom qui le désigne et qui définit une proportion soit sous forme de fractions ou de chiffre décimal entre la longueur et la largeur. Les carrés longs outils sont principalement au nombre de trois, le carré long lune (proportion 2), le carré long soleil (proportion 1,618) et le carré long Pythagore (proportion 1,333 rapport longueur largeur et 1,6 rapport largeur/diagonale). Nous allons maintenant étudier la fonction outil spécifique du carré long. Mais avant, il nous faut préciser dans quel domaine spécial de la Franc-maçonnerie nous allons travailler. Vous savez tous qu’il existe deux types de Franc-maçonnerie depuis l’assassinat de notre bien aimé Frère Hiram. Ayant été assassiné prématurément par trois mauvais compagnons, notre BAF Hiram n’a pu transmettre les secrets du maitre maçon qu’il était malheureusement le seul à connaitre ainsi que la fameuse parole qui accompagnait ce secret. ( Une copie de la parole de substitution figure dans ce document ). Donc, depuis cet épisode dramatique nous sommes dans la voie substituée puisque les secrets originaux ont été perdus et nous ne pouvons relater au troisième grade que des secrets « reconstitués ou substitués » avant de retrouver un jour les originaux. Il existe donc la voie substituée dans laquelle nous rentrons tous en Franc-maçonnerie, mais au-dessus de cette voie, il existe la voie Royale, celle de la Connaissance qui recherche les secrets et la parole perdue du Maitre Maçon. Mais, il faut préciser que le simple fait d’être présent et actif dans une loge de recherches comme Robert Burns implique obligatoirement de travailler dans cet espace sacré, la voie Royale ou Art Royal. Elle porte le nom de voie royale par référence au Roi Salomon qui est le personnage qui est à l’origine de la Franc-maçonnerie opérative, puis de la Franc-maçonnerie moderne. Le triangle suivant illustre bien la superposition des connaissances qu’il est nécessaire de posséder pour travailler correctement dans la voie Royale.

La pyramide de la Connaissance Il faut cependant souligner une petite différence. Dans la voie substituée les symboles matériels peuvent être analysés individuellement, en duo et parfois plus rarement en ternaires ou en triades, c’est-à-dire par 6


(SUITE) trois. Dans la voie Royale les symboles invisibles ou symboles secrets qui dépendent des symboles matériels de la voie substituée sont analysés systématiquement par ternaires. Le résultat n’est pas du tout le même. Par exemple si l’on considère le niveau, la perpendiculaire et l’équerre, qui correspondent avec le niveau au premier surveillant, la perpendiculaire au deuxième surveillant et l’équerre au Vénérable Maitre, les mots qui découlent de cette analyse sont « Compas solaire et méridienne ». Les symboles que l’on retrouve dans cette « Voie Royale » sont principalement des symboles invisibles ou des symboles cachés puisqu’à l’inverse de la voie substituée ou ils ont une consonance matérielle évidente, comme l’équerre, compas, règle, niveau et perpendiculaire. Il faut préciser également que les items inscrits dans la voie royale ne sont pas au complet puisqu’ ils sont plus d’une trentaine. Nous n’avons représenté que les items nécessaires pour ce chapitre avec notamment la Quine métrique. La quine métrique est une expression qui ne figure pas du tout dans nos rituels modernes, mais pourtant, elle est un ensemble de 5 mesures essentielles dans les chantiers des francs-maçons opératifs est bien présente à plusieurs titres et dans plusieurs symboles qui figurent sut nos TDL et dans la Loge. L’utilisation de cette quine représente une durée d’utilisation sur plusieurs millénaires qui représente cette aventure de l’esprit qui a donné la F.M moderne. Elle est en effet présente dans le TDL en premier puisque pour le R.E.A.A. représentée par le carré long lune qui borde le tableau de loge avec sa proportion de 2 et sert d’étalon pour les frères opératifs. Nous pouvons la trouver également dans la règle de 24 pouces qui figure sur le TDL du REAA, Rite Emulation, et d’autres rites, mais également avec le Pentagramme étoilé.

Avant l’invention par l’assemblée constituante de 1789 du mètre du monde en 1789/1792, il existe en Europe plusieurs systèmes de mesures. C’est une revendication principale des cahiers de doléances qui demande que « puisqu’il a qu’un seul dieu, il faut qu’il y ait une seule mesure ! » En premier, le système populaire qui varie d’une région à une autre avec les mêmes noms l’empan populaire qui mesure de 18 à 23 cm d’une région à une autre. Devant cette diversité de mesures qui pose de gros problèmes lors des transactions

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Il est utile de démontrer comment était constituée la quine des initiés.


commerciales le peuple demande cette modification qui est issue du système médiéval. L’Assemblée Constituante va charger l’académie des sciences de trouver une mesure « irréfragable » pour remplacer ce système archaïque. Le mètre du monde va alors faire son apparition vers 1792. Mais, dans l’ancien système de mesures, sous l’ancien régime figure un autre système finalement peu connu du peuple et pour cause ! c’est la quine des initiés proportionnés avec le nombre d’or, qui est le système de mesures le plus ancien de l’humanité avec ses cinq mesures de base comme le montre le tableau suivant. Cette mesure qui a présidé à la construction des temples anciens à Sumer et en Égypte et à la construction du temple de Salomon a en effet été transmise depuis de millénaires jusqu’à la franc- maçonnerie moderne.

Les cinq valeurs de la quine ! la paume = 7,63 cm la palme =12,36 cm l’empan = 20 cm le pied = 32,36 cm la coudée = 52,36 cm

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Il faut bien observer que ces mesures dont la création date depuis plusieurs millénaires ont présidé à la construction d’édifices prestigieux comme les pyramides, le temple de Salomon, des temples Egyptiens, etc. Le problème était que nos anciens frères, comme nous, n’avaient pas le droit d’inscrire, de graver, les secrets qu’ils avaient reçus. Et ils ont absolument respecté cette consigne d’une manière absolue. C’est pour cette raison qu’il n’y a aucun texte, aucune allusion, aucune gravure qui se rapporte à ce système de mesure. En revanche après avoir observé et mesuré très précisément un très grand nombre d’édifices religieux dans le monde, mais principalement en France et en Europe comme des chapelles, des temples anciens, église ou cathédrale nous avons trouvé ce système de proportions principalement avec la coudée qui se rapporte directement aux francs-maçons opératifs et à nos rituels maçonniques modernes.

La quine avec le carré long lune : La quine, c’est ensemble de 5 mesures de base qui peut être calculée avec plusieurs symboles qui figurent sur le tableau de loge du REAA. Nous pouvons citer, le carré long lune d’une part, le Pentagramme étoilé, et la règle de vingt-quatre pouces que nous verrons plus tard. Le tracé du carré long lune, est un étalon qui a servi de modèle à une grande partie de l’humanité opérative, puis plus tard de modèle pour proportionner les divers tableaux de loges de la franc-maçonnerie moderne. Le tracé de la quine étalon avec le carré long lune appelée par certains chercheurs l’équerre des bâtisseurs. Pour rappel voici le tracé du carré long lune avec l’équerre des bâtisseurs :

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Attention, pour obtenir ce tracé en mesure étalon sur papier, il convient de mesurer le carré long sur sa base de 20 cm un empan (soit 8 pouces) sur 10 cm (soit 4 pouces). Une remarque importante cette figure ne peut être réalisée avec un simple compas scolaire puisque le calcul final ouvre sur 52,36 cm pour la coudée. Il faut donc impérativement posséder un compas qui puisse « ouvrir » sur 26 cm minimum. Quelques compas scolaires dotés d’une rallonge permettent toutefois cette manipulation. Et d’utiliser une feuille de papier qui soit supérieure au format A3 (deux feuilles A3).

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La quine des initiés avec le Carré Long Lune


La quine métrique avec le carré de Kheops La quine dans la loge opérative peut être tracée avec plusieurs symboles qui respectent la proportion crée par le nombre d’or, comme le carré long lune et l’équerre des bâtisseurs qui est un triangle rectangle de un sur deux de proportion. Beaucoup plus simple à réaliser pour qui connais les principes de la Géométrie Sacrée, il respecte tout de même la proportion du carré long lune dont il est issu.

La quine avec l’Équerre des Bâtisseurs MAGAZINE

H

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Dans la Loge moderne spéculative, les divers TDL qui sont une évolution des tableaux mnémotechniques des loges opératives de l’antiquité peuvent tracer la quine comme nous allons le voir.

La quine des initiés avec le tableau de Loge du R.E.R. (Proportion 1,5)

La quine des initiés avec le tableau de Loge du R.E.R. (Proportion

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La quine avec le TDL du rite Émulation


difficile et qui n’est pas évidente du tout ! Prendre la mesure en long et en large d’une chapelle d’une église ou une cathédrale par les temps qui courent n’est pas chose facile. Il faut mesurer la longueur principalement pour voir si effectivement cette

Il faut préciser qu’il est possible avec les diverses formes des tableaux de loge de la Franc-maçonnerie moderne d’obtenir d’autres dessins qui permettent de tracer cette quine étalon parfois avec plusieurs dessins pour un même tableau. Nous ne les avons pas représentées toute dans ce document. C’est pour cette raison que le TDL figure au centre parfait de la loge moderne puisque la Géométrie Sacrée qu’il symbolise illustre parfaitement cette sacro-sainte mesure étalon qui était absolument nécessaire de posséder et de comprendre pour pouvoir travailler en mode opératif sous l’ancien régime avant l’invention du mètre du monde de 1792. La quine métrique est parfaitement en accord avec la vision du prophète Ezéchiel et la description du temple futur. ( Ezéchiel 40-3)

Il m’emmena là-bas ; et voici : un homme ; son aspect était comme l’aspect du bronze. Il avait à la main comme un cordeau de lin ainsi qu’une canne à mesurer. Il se tenait à la porte (de la ville). (Ezéchiel

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Et voici : le mur extérieur, tout autour du temple. Dans sa main de l’homme, une canne à mesurer de six coudées, d’une coudée et d’une palme. Cette coudée de 52,36 cm conforme à la vision du prophète Ezéchiel a présidé à la construction d’un grand nombre d’édifices au moyen âge en Europe surtout pour le fait de ses capacités ésotériques et mathématiques puisque six coudées mesurent 3,14 m. Le Temple de Salomon mesurait 60 coudées, soit 31,40 m de 1792 (10 fois PI). Cette mesure particulière qui fait partie intégrante du secret de maitres n’a pas été décidée par hasard, pourquoi 60 coudées ? Pourquoi 31,40 (31,416 m exactement !) qui représente la proportion du cercle ? La pyramide de Kheops qui mesure 440 coudées (444 idéales) de 0,5236 m a été tracée avec un cercle initial de 314 coudées de rayon (311 en réel, 314 idéale, il manque 3 coudées soit 1,57m pour un rayon de 162 m !) Il faut souligner une fois de plus que nos anciens frères opératifs avaient l’interdiction formelle de ne rien écrire, graver, sous peine d’avoir la g …t… et nous pouvons affirmer qu’ils ont tenu parole rien absolument rien n’a été inscrit, buriné ou gravé ! En revanche, ils ont laissé dans les temples qu’ils ont édifiés un système de mesures et de proportions qui en dit long sur leur niveau de connaissance et d’initiation. Ou trouve-t-on ces mesures et comment les reconnaître ? C’est une opération

longueur avoisine les 31,40 mètres. Puis, nous pouvons facilement déduire que le tracé initial pour proportionner l’édifice faisait bien les 60 coudées du Temple de Salomon. Où peut-on observer ces mesures ? Nous allons citer quelques édifices en France que nous avons étudiés en détail ou la preuve est irréfutable. Il y a la chapelle Templière de Montsaunès en Haute-Garonne, la halle de Grenade construite par les Cisterciens de Grand Selve, la Sainte-Chapelle de Paris construite par Saint Louis. Les gens visitent cet édifice pour admirer les magnifiques vitraux alors que s’ils pouvaient lire et décoder la Géométrie Sacrée de ce prestigieux édifice, ils sauraient qu’ils sont dans une copie du

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Temple de Salomon de Jérusalem au cm près ! En conclusion : L’Art Royal est une discipline qui nécessite un certain nombre de connaissances de base en Géométrie Sacrée que nous avons

de plusieurs millénaires et qui raconte la belle histoire des initiés et de la transmission de ce message concrétisé dans la parole perdue de notre Maitre Hiram. Le troisième volet de cette étude du carré long portera sur le carré long architectural. La parole substituée qui est aussi le texte des cinq points parfaits de la Maitrise pour le Rite Émulation. Main contre main, je vous salue comme un frère ; Pied contre pied, je vous soutiendrai dans toutes vos entreprises légitimes ; Genou contre genou, l’attitude de la prière me rappellera chaque jour vos besoins ; Sein contre sein, je garderai comme les miens propres les secrets légitimes que vous m’aurez confiés ; et, Main par-dessus l’épaule, je défendrai votre honneur en votre absence comme en votre présence

malheureusement perdus. La voie substituée demande il est vrai un investissement en temps et en disponibilités qui parfois peut nuire au temps de recherche que l’on devrait effectuer dans la Voie Royale pour revenir aux fondamentaux de notre Ordre. Tous les symboles présents dans l’environnement maçonnique ne sont pas arrivés dans la FM moderne par hasard. Ils ont tous une raison d’être qui dépend du prisme de vision des anciens initiés qui les ont inventés et que les francs-maçons modernes doivent décoder pour s’initier davantage. C’est une partie du message ésotérique qui montre à qui sait le voir cette partie invisible, non écrite, qui raconte une histoire de l’esprit qui date

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j’ai dit Jean-louis FRA:.


“ICI TOUT EST SYMB « ICI TOUT EST SYMBOLE »

«Le symbole, outil privilégié

Cette proclamation que j’ai entendue le soir de mon initiation n’a pas retenu mon attention sur le champ. Il y avait déjà tellement de choses nouvelles, curieuses, surprenantes qui sollicitaient mon intellect. Je connaissais le mot mais j’en ignorais l’usage et principalement l’usage qu’en fait la Franc Maçonnerie. Avant de parler de l’usage, il faut d’abord préciser ce qu’est un symbole, comment il fonctionne et en quoi la quête maçonnique se prête parfaitement à son utilisation et sa diffusion. Cette précaution est rendue nécessaire par l’utilisation abusive et parfois fausse qui est faite du mot, comme de beaucoup d’autres mots d’ailleurs, ce qui finit par altérer son sens réel et surtout qui rend la communication si difficile. On parle ainsi de symbole à propos de panneaux indicateurs, de starlettes ou de logos publicitaires en méconnaissant totalement la nature profonde de ce merveilleux outil de communication. Le mot et son concept remonte à l’antiquité la plus ancienne mais sa construction étymologique est grecque : « sumbolen ».

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Le « sumbolen » antique est, dans sa forme artisanale, une pièce de terre cuite, un simple jeton. Sa fonction est de permettre une reconnaissance sans faille entre deux personnes même si elles ne se sont jamais rencontrées avant le premier contact personnel. Reportons-nous quelques millénaires en arrière : les voyages sont longs et dangereux ; pourtant

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de la voie initiatique.»

le commerce est florissant et les rapports transnationaux sont multiples. De nombreux pays entretiennent des relations politiques, commerciales, religieuses avec des contrées parfois fort reculées : l’exemple d’Alexandre de Macédoine est là pour le prouver si besoin était. Dans la même période, l’espérance de vie est plus courte et si l’histoire nous rapporte des noms de nobles vieillards chenus, beaucoup meurent jeunes, les générations sont donc plus courtes aussi. Le problème à résoudre est donc le suivant : je suis un commerçant phénicien et j’ai noué des relations garantissant un accord commercial important avec un Sabatéen de Ma’rib au fond de la péninsule arabique. Je suis âgé et je veux envoyer mon fils traiter à ma place le renouvellement de ce contrat sur place auprès de mon correspondant. Comment le faire reconnaître comme mon mandataire légitime malgré la distance et la différence de langue ? Impossible. Et arrivé sur place, que se passera-t-il si mon correspondant est mort ?

«Heureusement, je suis prévoyant.» Lors de la conclusion de notre précédent accord commercial à ma dernière visite, j’ai donné à mon compère une moitié de jeton en terre cuite, à ma marque personnelle, que j’ai brisée en deux devant lui, chacun en conservant une moitié. Quand mon fils sera devant mon correspondant ou son successeur, ils présenteront chacun à l’autre la moitié en leur possession et la coïncidence de la brisure scellera la reconnaissance sans doute possible. Simple, pratique et efficace. En l’espèce, la jonction de ces deux moitiés nous révèle mutuellement notre identité et renvoie au souvenir de la première rencontre et au contenu de notre accord. Aujourd’hui le symbole est donc un élément matériel ou intellectuel qui, mis en ma présence, me révèlera un message, d’une nature sans rapport avec la sienne, qui ne concerne que moi puisqu’il s’emboîte dans ma « moitié » intime. Cela suppose, bien sûr, que nous convenions d’admettre que le symbole a quelque chose à me dire et que je sois capable 15 par lui et pas uniquement par la combinaison d’apprendre

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BOLE”


de l’expérimentation reproductible logique du tiers exclu !

et

qui le reçoit en dehors de tout arrangement intellectuel ou matériel. Si vous avez besoin d’explication, c’est que le message n’était pas pour vous ! Naturel aussi parce que le symbole est le moyen de communication de l’état « naturel » de l’homme, avant le langage et les conventions sociales ou les préjugés.

la

Cette approche détermine un certain nombre de caractéristiques qui distingue le symbole d’autres méthodes de connaissance : l’analogie, qui procède par comparaison d’éléments de même nature mais de classe différente (la maison et la coquille d’escargot), la convention, qui suppose une relation convenue entre le signifiant et le signifié (le panneau de sens interdit), l’emblème qui n’est qu’un rapprochement conjoncturel entre un sigle et une fonction (le sceptre pour la royauté), etc … Le symbole, quant à lui, est intemporel, naturel, autonome, personnel et complexe.

Autonome. Il n’y a dans le symbole aucun mécanisme, aucune préparation : ce qui a été gravé il y a deux millénaires peut agir à la simple lecture du découvreur. À ce moment encore, rien ne doit interférer entre le symbole et le receveur. L’artéfact de quelque nature que ce soit n’a pas sa place ici .

Intemporel. Pour appartenir à cette catégorie de langage, le symbole ne doit pas être limité à une époque ou une culture, mais doit pouvoir traverser le temps et l’espace sans perdre de son pouvoir signifiant. C’est le cas de nombreuses figures géométriques et des nombres. Les couleurs sont davantage liées à la culture du moment. Les éléments naturels (mer, montagne, vallée, forêt) gardent une signification plus stable. Il faut cependant rester prudent sur l’interprétation des sentiments que nous prêtons aux civilisations disparues en déchiffrant les traces qu’elles nous ont laissées.

Personnel. C’est là un élément fondamental du symbole qu’il est très important de bien comprendre. Le symbole, comme le « sumbolen » antique, appelle sa moitié qui est en ma possession. Ce rapprochement suggère que le message m’est destiné personnellement et que le message pour mon voisin peut être différent (ce qui ne veut pas dire qu’il le sera obligatoirement), différent cependant pas contradictoire.

Et cela vaut bien sûr pour nos prédécesseurs opératifs à qui on fait dire bien des choses sans réelle possibilité de contrôle.

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Naturel. Ma culture générale, la profondeur de ma réflexion, mon habitude de la méditation, mes centres d’intérêt, ma capacité déductive, mon habileté inductive, ma pratique des symboles, toutes ces caractéristiques personnelles expliquent à elles seules la

Son action ne doit pas nécessiter autre chose que sa simple présence : point d’adjuvant, de support particulier, de combinaison obligatoire, d’artefact. Son apparition élémentaire doit opérer chez celui

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différence qui existe entre l’échange qui va avoir lieu entre ce symbole et moi, ou entre lui et mon voisin. Cela suggère également qu’il est déraisonnable de proposer un dictionnaire exhaustif des symboles : cette entreprise est vouée par nature à l’approximation. On peut tout au plus proposer des pistes de signification qui ne seront, en fait, que les messages reçus par l’auteur, agrémentés d’autres pistes glanées ici ou là. Mais la seule signification intéressante, c’est-à-dire opérante, sera celle que le symbole vous livrera personnellement. Ce qui veut dire aussi que si vous cherchez dans un dictionnaire de ce type l’explication d’un symbole, vous restez sur le plan du savoir alors que la véritable nature du symbole est sur le plan de la Connaissance. Vous l’aurez compris, parler d’un symbole c’est d’abord parler de soi et de sa part intime que révèle le symbole.

Complexe. Complexe ne veut pas dire compliqué, complexe veut exprimer la richesse du symbole. Le message qu’il transmet est non seulement personnel mais comporte de multiples niveaux d’implication. Ce qui signifie que le même symbole peut voir sa signification s’épanouir avec le temps et que sa fréquentation est profitable. Sa simple « vision » ou « lecture » ne suffit pas à épuiser ses possibilités d’apport signifiant. Sa méditation répétée permettra d’approfondir la relation personnelle

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qui, seule, ouvrira l’éventail des sens, voie royale d’accès à la Connaissance. Voilà de nouveau une différence fondamentale entre le symbole et d’autres voies d’accès à la connaissance : à la différence de la lecture d’une théorie ou de la démonstration d’un théorème, la rencontre avec un symbole peut être le début d’une longue fréquentation fructueuse dont la richesse n’est jamais épuisée. Si la Franc Maçonnerie a choisi le langage symbolique comme toutes les sociétés initiatiques, c’est pour pouvoir parler de ce dont on ne peut pas parler avec le vocabulaire du langage profane. Comment évoquer l’indicible, celui dont on ne peut pas prononcer le Nom ? Il ne reste que le médium de l’intuition, de l’analogie (ce qui est en haut est comme ce qui est en bas) et le symbole. Dans l’approche symbolique, la raison cartésienne, la logique du tiers exclu, la déduction intellectuelle n’ont pas leur place. Il suffit d’être mis en présence du Delta rayonnant et de laisser faire. Sa contemplation, la méditation répétée sur sa vision opéreront ….. si cela correspond à votre capacité d’intégration intuitive du moment ! Car là comme ailleurs, l’égalité démocratique n’est pas de mise. Il est question d’avancée spirituelle sur un chemin personnel, sans concours ni prix à l’arrivée. J’ai dit Max HER:.


Dans une première partie je vous parlerai de l’aspect exotérique de la fête qui se situe à peu près au même moment que cette fameuse porte solsticiale, je veux parler de la fête de Noël. Puis nous essayerons de mieux appréhender le symbolisme et leæ sens ésotérique de cette Saint-Jean d’hiver que nous traversons ce soir en une deuxième et troisième partie.

décevoir certain(e) : il semble qu’il y ait peu de chance en vérité que Jésus ne soit né le 25 décembre et que le choix de cette date (donc de la naissance de Jésus Christ) ait été fixé au début du VIe siècle par le moine Denys le Petit. La date réelle de la naissance de Jésus faisant l’objet de nombreuses contreverses d’historiens, il semble cependant que la période d’hiver soit en contradiction avec un passage du récit traditionnel, selon lequel les bergers gardaient les troupeaux dans les champs au moment de la naissance de Jésus. Et donc que cette période d’hiver n’était pas une période d’activité pour les bergers. Mais, laissant les historiens à leurs recherches, ce qui me semble le plus intéressant pour nous c’est d’essayer de comprendre le choix fait par les pères de l’églises et des autorités ecclésiastiques qui se réunissaient en conciles pour élaborer les doctrines, les traditions et les rites qui allaient devenir officiellement partie intégrante de la théologie chrétienne. (Concile le plus célèbre premier concile de Nicée en 325 après JC, le deuxième en 787) Il faut noter que la célébration du solstice d’hiver n’était pas particulière à la Rome antique ni au christianisme et qu’en vérité elle était fêtée en toutes parties du monde dans toutes les traditions : C’est ainsi que pour les celtes bretons elle s’appelait « Eginane » c’est-à-dire germe du blé. Au temps du roi Hiram de Tyr, contemporain de Salomon, on célèbre le 25 décembre le culte solaire du héros MELKAR. En Inde cette période était une période de grandes réjouissances, EN chine elle est considérée comme une période sacrée… Dans la Perse antique, des cérémonies splendides se déroulent en l’honneur de Mithra dont la naissance a lieu le 25 décembre. Pendant des siècles l’Egypte ancienne célèbre aussi à cette date l’anniversaire de plusieurs divinités. De nombreux documents anciens concernant les cérémonies pratiquées à Rome attestent que le 25 décembre fut généralement associé à

LE SYMBOLISME DE LA SAINTJEAN D’HIVER Par Manh-Hung NGU:.

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Nous voici donc mes FF et mes SS réunis pour célébrer un des moments le plus fort, le plus intense de l’année maçonnique : la Saint Jean d’hiver, la fête solsticiale. A ce moment où la nuit est la plus longue de l’année mais moment où, tel un fondu enchainé, la lumière va peu à peu s’accroitre et vaincre l’obscurité. J’aimerais partager avec vous quelques réflexions sur le sens de cette fête. Dans une première partie je vous parlerai de l’aspect exotérique de la fête qui se situe à peu près au même moment que cette fameuse porte solsticiale, je veux parler de la fête de Noël. Puis nous essayerons de mieux appréhender le symbolisme et le sens ésotérique de cette SaintJean d’hiver que nous traversons ce soir en une deuxième et troisième partie. Donc d’abord quel est le sens caché de cette fête de Noël que nous allons célébrer bientôt ? Et La première question qui vient de suite à l’esprit est celle-ci : pourquoi cette fête de Noël (naissance de Jésus) se situe-t-elle pratiquement dans la même période que celle de ce solstice d’hiver –solstice du latin « sol stat » qui signifie : le soleil s’arrête ? Est-ce un hasard, une coïncidence ? Pour essayer de répondre à cette question je dirai d’abord ceci et en le disant j’espère ne pas

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l’œuf cosmique de la tradition hindouiste. Il est le centre de l’ETRE, là où se situe sa racine et trouver ce centre, trouver notre centre c’est être initié. Cœur en hébreu se dit LEB avec les lettres hébraïques lamed et beth. Mot leb d’où découleront par exemple le mot « love » en anglais ou « liebe » en allemand. Le mot Bethléem signifie « la maison du pain » et nous verrons dans cette fête toute l’importance de la symbolique du pain et du vin… Mais intéressons nous maintenant plus particulièrement aux énigmatiques figures de Janus, figures qui furent ensuite remplacées par celle des deux Saint-Jean. JANUS ET ST JEAN Janus était dans l’antiquité le Dieu des portes, le Dieu des passages. On le représente généralement avec deux visages : un derrière qui regarde le passé et un devant qui regarde l’avenir. Un visage vieux et ridé, un autre visage jeune. Il donnera son nom au premier mois de l’année : Janvier. Il est Paré des emblèmes du portier, le bâton et la clé. Son symbolisme nous appelle à méditer sur le temps et son sens. Méditant sur Janus, nous méditons sur le principe maitre du temps et portons témoignage de l’enseignement transmis par nos anciens, enseignements selon lequel la vie est cyclique et que tout ce qui vit croit et décroit. C’est la fameuse « impermanence » si chère à la tradition bouddhiste. Son symbolisme nous appelle à méditer sur le temps certes et surtout sur la dimension de l’intemporalité qui se situe entre les deux visages. Il existe un espace sacré que nous recréons à chaque ouverture de la Loge, un lieu d’intemporalité, entre midi et minuit où le temps profane ne s’écoule plus. C’est un point fixe symbolisé par le fil à plomb qui descend au centre la Loge qui est cette « axis-mundi », l’axe du Monde, c’est ce centre immuable en nous, c’est le fameux « invariable milieu » de la tradition extrême orientale, « le lieu divin où se concilient les contrastes et les

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la « naissance du dieu SOL », c’est-à-dire sur le plan cosmique des lois et principes symbolisés par le soleil… Il me semble évident (mais ce n’est que mon point de vue) donc que les pères de l’église aient voulu faire correspondre la naissance divine de Jésus à un évènement cosmique universellement connu que les anciens nommaient « la naissance du Dieu sol » mais aussi de la belle expression « accouchement de la reine des cieux ». Depuis la nuit des temps donc, cette période de Noël a été célébrée comme résurrection de la vie. La lumière solaire à son point le plus bas marquait la reprise du gigantesque et grandiose souffle de la nature et de la vie. Aussi, la fête de Noël participe d’une très antique « religion solaire » célébrant une loi universelle ayant pour base « l’éternel retour », la mort et la résurrection. En ce sens Jésus est une figure éminemment solaire; Soleil dont « Sarastro » dans la « flûte enchantée » de Mozart, proclame que ses rayons ont repoussé la nuit, et anéanti la puissance des démons. Figure solaire qui sera annoncée par l’étoile, étoile dont nous pouvons méditer le symbolisme, étoile qui culmine en haut de nos beaux sapins enluminés. Arbre de Noël justement dont Les kabbalistes expliquent la coutume par la célébration de l’Arbre de vie , arbre de vie kabbalistique qui de Kéther à Malkhut, kéther (la couronne) Malkhut (le royaume) emmène l’énergie divine de création, mais aussi dans l’autre sens de Malkhut à kéther permet à l’homme de se délivrer en revenant à sa source primordiale. Ainsi l’arbre de Noël que nous couvrons de guirlandes est l’arbre de la Lumière, arbre qui a germé progressivement en nous pour briller de mille feux en ce jour de naissance symbolisé par la fête de Noël. Naissance qui a lieu dans un grotte ou caverne-étable : la grotte, l’étable de Noël c’est l’archétype du cœur de l’homme. Il est le Symbole de l’athanor des alchimistes, de


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antinomies » , c’est le centre de « la roue des choses » de Lao Tseu. Et nous en revenons donc à ce symbolisme du cœur que j’évoquais en première partie ; ce moment plus spécifique du solstice d’hiver est un moment que tous les initiés savaient particulièrement propice pour identifier notre centre, identifier notre axe spirituel duquel pourra s’épanouir la totalité de l’Etre , la réalisation de tous les états multiples de l’Etre comme l’évoque René Guénon. En Loge nous circulons dextrorsurm autour du tableau et des lumières comme pour tourner autour de ce centre. Le rythme apaisé et maitrisé de nos déplacements marque la façon dont petit à petit notre Etre s’harmonise aux lois universelles. Nous cheminons vers ce centre immuable au fur et à mesure que les mouvements de l’égo s’amenuisent tout comme les mouvements circulaires d’un pendule qui tournoie diminue son mouvement jusqu’à s’arrêter en son centre. La franc-maçonnerie est un ordre initiatique. Elle n’est pas un club, ni une association d’amis. Elle est une école des mystères, un ordre en lequel chaque franc-maçon travaille authentiquement à sa transformation. Au rythme du temps, principe du temps, symbolisé par Janus comme nous l’avons vu, et entre St Jean le Baptiste et St Jean l’évangéliste (que nous fêtons), le Franc-Maçon transforme l’initiation « virtuelle » reçu en Loge en une initiation réelle, en une initiation actualisée. Car n’oublions jamais cette vérité ; quelque soit le tablier que nous portons, il ne sera toujours que virtuel tant que nous n’aurons pas atteint l’état d’Etre réel auquel il se réfère. C’est face à la vie, à ses épreuves que nous pouvons réellement mesurer notre avancement. Sommesnous capables d’être posé en nous en ce lieu immuable et sacré que nous recréons à chaque tenue, face aux évènements de la vie, face à la roue des phénomènes ? Ou alors nous laissons-nous emporter comme un fétu de paille à la moindre bourrasque ? C’est face à nous même et face au trois grande lumières, et à nous seul d’apprécier cela. ST JEAN BAPTISTE ET ST JEAN L’EVANGELISTE Mais revenons à la symbolique des Saint-Jean, Saint Jean le Baptiste et st Jean l’évangéliste qui prendront place par la suite en remplacement de Janus. Pour mieux en appréhender le symbolisme je vais vous proposer de revenir un peu en arrière et de rajeunir de quelques 6 mois, pour nous remémorer ce mois de juin au cours duquel nous fêtions la St Jean d’été. A La St Jean d’été alors que le soleil en plein essor culminait nous célébrions la Saint-Jean Baptiste, le précurseur, l’annonciateur de la lumière à venir. Il est celui qui voyant Jésus s’approcher sur les rives du Jourdain s’écriera « il faut qu’il croisse et que je diminue » Jean le Baptiste symbolise le renoncement sincère à la vie instinctive et égoïste. Ce qui doit diminuer c’est le « vieil homme » « la vieille femme » en nous ; tout ce qui procédant du passé, des conditionnements et des croyances nous encombre et empêche notre vraie lumière, notre vraie nature de croitre. Jean-Baptiste symbolise notre début de conversion, car le chemin initiatique nous appelle à cette conversion, conversion au principe transcendant qui sera alors symbolisé par L’évangéliste. A la St Jean d’été les deux symboles mis en avant sont le blé et le raisin et je vous invite à relire le très beau rituel de la Saint-Jean d’été. CLE D’OR ET CLE D’ARGENT Janus et jean en leur symbolisme nous offrent deux clés : deux clés nécessaires pour nous libérer de la prison du temps mortel et des ténèbres : La première est un clé d’argent et elle symbolise les Mystères Mineurs que nous célébrions en juin

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et qui concernent tout le développement des possibilités de l’état humain. La deuxième que nous célébrons ce soir est une clé d’or, celle de St Jean L’Evangeliste, celle dont il est dit que le soleil au plus bas de sa course atteignant la « porte des Dieux » conduit à la vraie lumière. Vous l’avez compris il s’agit ici des Mystère Majeurs, en cette porte il est question d’éveil aux états supra humains. Cette naissance, ce passage de la « porte des Dieux » est la naissance du principe transcendant en nous, c’est la naissance de la vie principielle, du nouvel Homme, de la nouvelle femme). Vie principielle qu’on nomme « Christ intérieur », « nature du Bouddha », «Le Soi », « pierre philosophale » qu’importe le nom c’est la réalité sous-tendu derrière le symbolisme qui importe…

corps glorieux, de la robe nuptiale que revêt l’initié. Le vin est le symbole de l’esprit, il est le symbole de l’intensification dans la conscience du nouvel homme (nouvelle femme) apporté par le principe transcendant, la FOI ; C’est ainsi que j’ai toujours vécu ces fêtes et pour nos frères et sœurs apprentis et compagnons, je ne peux que vous encourager à vivre et sentir toute la force de ces fêtes ; Fêtes qui vont rythmer notre vécu maçonnique mais aussi toute notre vie profane. Car n’oublions jamais qu’il s’agit d’imprégner peu à peu notre vie quotidienne par notre état d’être de ce qui nous aura « nourri » en Loge. Bonnes fêtes de Noël, Bonne fêtes de la Saint Jean d’hiver mes frères !!!

LE BUT C’EST LE CHEMIN Si je vous ai proposé de revenir à la St Jean d’été c’est pour vous proposer de sentir le mouvement qui est le chemin maçonnique. Le franc-maçon tel le pèlerin de Compostelle marche, chemine et c’est en cheminant qu’il se transforme et c’est ainsi qu’il comprend qu’en vérité que « le but c’est le chemin », le but c’est cette « transformation incessante », c’est cette harmonisation avec les lois universelles et cycliques qui nous demande sans cesse d’être en éveil. Tout comme un équilibriste réajuste son centre de gravité pour s’ajuster au mouvement de la corde sur lequel il avance. En juin il y a le « blé et le raisin » ; ici en décembre, en ce moment présent, nous avons devant nous le « pain et le vin ». Comme pour témoigner qu’entre midi et minuit depuis nous avons bien travaillé. Nous avons transformé le « blé en pain » et « le raisin en vin ». Ces deux symboles sont des symboles majeurs de la tradition chrétienne. Que cela soit à travers l’eucharistie, mais aussi à travers les passages de la multiplication des pains et du miracle de Qanah de transformation de l’eau en vin. Le pain est le symbole du nouveau corps, du

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J’ai dit mes FF et mes SS Manh-hung NGU:.


LE SABRE ET LA PIERRE (2ième partie)

Par FRÉDÉRIC MAS:.

« La perfection ne consiste pas à faire des choses extraordinaires, mais à faire des choses ordinaires de façon extraordinaire. »

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Proverbe japonais

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Mes TCFF.

martial ne se ressemblent pas : là où la première travaille de manière spéculative à la construction du Temple, le second (ou la seconde, si l’on parle de « voie martiale ») vise à l’étude pratique de techniques dont la finalité n’est autre que létale. De fait, s’agit-il donc simplement d’une opposition duelle entre une visée exprimant la vie – au travers du symbole du temple – et une autre n’aboutissant qu’au néant, à la destruction ? Si l’on résonne ainsi, le tour est vite fait, et on passe à côté des choses. Souvenons-nous de l’enseignement du Renard qui nous dit, par la plume de St-Exupéry, que « l’essentiel est invisible pour les yeux ». Ce serait bien regrettable donc que le « free-mason » ne soit pas capable de voir, donc de faire mieux que de simplement regarder !

Je poursuis dans cette seconde partie, tel un second pilier porteur d’un édifice en cours de construction, le travail de réflexion initié lors du 1er numéro de notre web-revue internationale, La Voie Ecossaise. Je rappelle ma démarche consistant en l’exploration des points communs entre l’évolution de l’initié en Franc-Maçonnerie et l’étude des arts martiaux classiques japonais. Ceux-ci, nommés « budo » (que l’on peut traduire par « voie martiale) disposent d’un ensemble de codes, rites et moyens de perfectionnement de l’individu, tels ceux que la maçonnerie spéculative possède aussi.

De nos jours l’intégration d’un nouveau venu au sein d’une loge procède d’usages devenus classiques : parrainage ou via candidature spontané, puis rencontre et enquêtes, avant le passage sous le bandeau et – de fait – l’éventuelle initiation. Cette procédure est suffisamment diffusée (on peut même dire abusivement) sur Internet pour n’être plus secrète, tout en conservant sa part de mystères, bien heureusement. Ainsi, pour celui qui n’a pas vécu la chose, point d’intégration profonde entre l’expérience et la pensée, entre le vécu et la réflexion.

Le frère se trouvant à l’étude comparative de ces deux voies, éloignées l’une de l’autre par la moitié d’un tour du monde, peut se faire anthropologue des traditions, des cultures, des rites. Nous pouvons, petit à petit, entrevoir – parfois avec grand étonnement – les traits communs de ces deux voies qui, sans avoir correspondu auparavant, témoignent par leurs similitudes de la manière dont l’Homme (dans l’histoire de l’Humanité) à chercher, tenté, esquissé, par divers moyens de tendre à la perfection, si tant est qu’elle puisse être atteinte, ou au moins être visée. Tel que je l’évoquais, que peut-on observer, commenter, analyser et donc dire en ce qui concerne les « points communs entre la maçonnerie spéculative et l’Art Martial ? » La Franc-Maçonnerie, démarche philosophique développée sur et à partir de l’étude et du travail sur nombre de symboles pourrait-elle ressembler, par quelques atours, à un art de combat traditionnel ancestral ? Au « premier degré », la réponse qui s’impose s’exprime par la négative ; non, franc-maçonnerie et art

De profane il devient adepte, n’étant pas passé par quelque procédure que ce soit ( je parle de notre ère contemporaine, du

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En ce qui concerne les arts martiaux, sans pour autant procéder ici à une sociologie contemporaine de ces disciplines (dont l’espace ici n’est pas suffisant tout comme inutile), on peut dire, en résumé, que le nouvel adepte procède souvent par identification, influences diverses, collage fantasmatique éventuellement, s’en allant pousser le plus simplement du monde la porte du premier club local à disposition.


moins depuis près d’un siècle) pour être admis au sein d’un cercle de pratiquants occupés à se réaliser au travers de la pratique martiale.

« Les mots qu’on n’a pas prononcés sont les fleurs du silence. »

Le budoka (litt. « celui qui pratique un art martial ») n’est donc pas un initié, et ne le sera jamais, du moins, a priori ; pourtant, pour celui qui suit la voie, au-delà des convenances externes, l’initiation vient en second, lorsqu’il entre en quête du sens des symboles présents autour de lui, mais auxquels il n’avait pas encore prêté attention.

Proverbe japonais Le frère apprenti s’entend énoncer ce qu’il

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Ainsi, la thèse que je soutiens revient à dire qu’en occident, dès la post-modernité et jusqu’à maintenant à l’ère du numérique, l’art martial a été intégré, re-culturé, assimilé via une approche simpliste (ou simplifiée, c’est selon) le vidant de sa substance initiatique pourtant présente dès l’origine. Les travaux des historiens et philosophes spécialisés dans les traditions et arts du Japon convergent vers le paradigme d’une voie initiatique en ce qui concerne l’accès (en des grades ou niveaux supérieurs) à l’essence de la voie martiale. Le pratiquant qui en reste à ne pas savoir voir, peut ainsi pratiquer un art de combat (en occident couramment nommé « sport de combat ») le limitant implicitement à une non-élévation spirituelle, donc à ne pas parvenir à distinguer formes et symboles, comme le quidam incapable de saisir la métonymie (mots, paroles, symboles) dans une chaine signifiante. Traditionnellement, pratiquement « en secret », pourtant, il a toujours été possible d’aller au-delà (des apparences), de découvrir le sens caché (des choses, des symboles) dans la pratique du budo, à l’instar de ce que propose l’Art Royal. Voyons maintenant la première étape de la voie, comme si elle était le 1er degré de l’initiation maçonnique.

observera tel un principe essentiel de sa formation : sur la colonne du nord, il sera tenu de respecter le silence, de se taire, d’écouter, d’observer. Tout se passe pour lui comme s’il s’était agi de perdre une compétence humaine essentielle, celle de l’usage de la parole. Mais cette perte est limitée par deux temps, exprimés selon le moment de la tenue et la durée de son

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parcours d’apprendre. Un temps pour se taire, lors de la tenue, alors même qu’il pourrait avoir à dire, du moins envie de dire, d’exprimer sa façon de penser, de voir, son savoir même… Un temps d’expérience, celui de l’apprentissage, au travers du Rite, dans son ensemble, de l’étape majeure des fondations de son Temple intime, de frère nouveau-né, à partir de

modo, apprenti et kōhai se correspondent l’un-l’autre, la différence étant davantage dans l’acception culturel que dans l’expression pratique de la posture du débutant. De nos jours, le plus couramment, les clubs sont les avatars modernes des dojos classiques, ou dits traditionnels ; un peu comme si on allait ouvrir des clubs de maçonnerie spéculative dans des locaux divers (privés ou municipaux), ouverts à tous vents, sans prêter aucune précaution et attention à ceux qui en viennent en observer les us. Pourtant, il existe toujours des lieux pour l’étude de la voie (dojo, « lieu on l’on étudie la voie ») qui respectent la tradition, ses codes, son environnement. Ce lieu, qu’il soit revêtu d’un tatami ou bien que son sol soit un parquet de bois massif, est considéré au Japon comme un espace sacré ; celui qui vient y étudier, parfaire son art, le respecte, participe à son entretien (du ménage à l’installation des objets et outils nécessaires), en prend soin même dans les plus infimes détails.

l’observance du Rituel, de la réflexion portée sur les outils et leurs usages, de ce qui le conduit à descendre, en suivant le fil à plomb, au plus profond qu’il le peut, en lui, sincèrement, intensément. En budo, on utilise l’expression d’élève débutant : le kōhai est le jeune élève, celui qui entame l’étude d’une voie, d’une pratique, d’un art, d’une discipline. Grosso

On peut voir la différence entre dojo et

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En raccourci conceptuel, notre anthropologie comparative des rites maçonniques et martiaux nous autorise à comparer le Temple, lieu d’accueil des initiés pour y cultiver l’Art Royal, au Dojo, lieu de pratique de l’Art Martial. Vous aurez lu et donc entendu la rime, entre les deux arts évoqués, volontairement proposée à vos oreilles. Ainsi, ces deux arts, en tant que signifiants, se font-ils écho, entre eux. L’apprenti a charge, sous le regard bienveillant et instructeur du frère Grand Expert, de l’installation/préparation du temple avant la tenue, du moins selon les usages dans les différentes loges. Selon la tradition japonaise, ce sont les kōhaïs qui s’occupent de préparer le dojo, d’installer le matériel nécessaire et ensuite de procéder au rangement ainsi qu’au nettoyage.


club, ici, lorsque sitôt fini le cours (l’entrainement) le pratiquant s’en va au vestiaire puis rentre chez lui ; modèle intégré de la pratique du sport ou du divertissement quelconque (danse, jeu, chant, chorale…) pour l’occidental moderne.

Second point qui distingue le travail des fondations entre loge et dojo : le kohaï, débutant dans la pratique, n’est pas tenu au silence durant une période plus ou moins limitée. L’apprenti, quant à lui, durant les travaux, entre midi et minuit, se doit de garder le silence – donc sans solliciter prendre la parole – alors même qu’en lui peuvent bouillonner questions, ressentiments, passions ou autres pensées dynamiques qu’il lui faut à la fois réfréner

Là où le frère apprenti questionne dans l’implicite la posture de l’humilité en devenant le servant de ses frères, le consommateur n’a que faire d’un quelconque engagement dans l’effort à faire, avant et après la pratique (quelle qu’elle soit) : il a réglé sa cotisation, il reçoit, prend puis s’en va. Il en est tout autre, dans la première étape de formation en loge comme au dojo : celui qui est nouveau venu redécouvre le chemin symbolique des étapes de croissance alors même qu’il est adulte ; tout d’abord privé de l’usage de la parole, comme l’enfant nouveau-né qui ne sait encore dire juste, ensuite explorant de ses pas le monde environnant (le stade du compagnon), avant de pouvoir aller de son bon droit et de manière autonome (l’âge adulte symbolique, le qualifiant de « maitre » de lui, sans pour autant qu’il ne soit le « Maitre » de tout).

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Deux points sont aussi à relever dans l’étude comparative qui nous occupe ici : le premier est l’orientation différente, à partir des repères des points cardinaux, entre celle d’une loge maçonnique et celle du dojo. Là où le mur d’honneur (kamiza) est côté nord pour le dojo, et donc se place le « maitre » des lieux (Shihan, « maitre de l’art », s’il en a le titre, ou bien dit encore « sensei » - pour « homme qui me précède sur le chemin »), les marches qui mènent à l’orient sont – en loge – par définition du côté Est. On fera observer que le dojo recherche les orientations en plaçant l’édifice dans le sens défini tandis que l’orient d’une loge peut parfaitement se trouver orienté plein sud, puisqu’il s’agit – pour les frères – d’un repère symbolique plus que réel.

comme observer, en ce qu’elles provoquent en lui une résonance psychique souvent déstabilisatrice. Il sait alors que dès l’heure de l’arrêt du travail, en temps d’agapes, ses frères seront disponibles pour échanger avec lui – s’il en ressent ou

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manière des frères symboliques dans la recherche d’un perfectionnement de soi, faisant que leur idéal du Moi cherche un point d’appui (usage du levier) pour assembler, pierre par pierre l’édifice de leur personnalité.

sollicite le besoin – pour donner sens à son vécu. Le kohaï, pas plus qu’un autre des élèves du Sensei ( j’en propose ici l’équivalence – certes superficielle mais nous y reviendrons une prochaine fois – du vénérable à l’orient), ne prend certes la parole à tout va durant l’étude proposée (le cours ou, plus communément dit, l’entrainement) : il ne parle, en définitive que lorsqu’il est

Cette étape d’apprentissage qui peut durer des années aussi bien en maçonnerie qu’en budo (nous ne parlons pas d’une activité ludique d’allure martiale proposée aux enfants et adolescents) ; couramment l’étude des bases, étape dénommée « shu » en japonais, prend de 3 à 5 ans, parfois davantage, mais le temps n’est pas essentiel ici, seul l’objectif compte, à la mesure des possibilités de chacun (autre interface maçonnerie/budo). On pourrait presque y voir, à se laisser aller en hâte à une interprétation spontanée, un point commun supplémentaire par la symbolique des deux chiffres ici évoqués, le 3 et le 5. Il n’en est rien pourtant. « Shu » c’est la période qui va dégrossir le profane en activité martiale, au travers de nombre de déconvenues, de remises en question, mais aussi de moments intenses de découvertes. Le premier degré maçonnique est identique symboliquement à « shu » ; il est ce temps d’intégration du Rite, par la répétition précise, presque immuable, du geste, en sérénité, en silence observé et maintenu, dans le respect de soi et des autres.

« On commence à vieillir quand on finit d’apprendre. »

possible de poser une question, ou bien après avoir levé la main (ce qui distingue de la demande de prise de parole maçonnique).

Lorsqu’il lui est dit que le temps de l’expression et de l’exploration est venu l’ap-

Apprentis et kohaïs sont d’une certaine

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Proverbe japonais


prenti monte une marche en devenant ce compagnon (de chemin, de voie, « do » en japonais) qui accompagne (qui chemine avec, partage le pain gagné ou reçu, comme les efforts et fait don de ce qu’il sait par l’exemple) celui qui vient après lui, en suivant lui-même celui qui le précède. Au Japon, dans la tradition des Budos, c’est ainsi que – devenu « sempaï (ancien, ou « plus avancé ») – le pratiquant nanti d’un « dan » (degré représenté par le port de la ceinture noire ; en maçonnerie ce pourrait être à l’équivalence je rabat de la bavette du tablier blanc de l’apprenti) se doit de perfectionner les bases, de développer un meilleur maniement des outils (gestes et techniques de base) au travers de l’étude des katas (formes codifiées dont l’interprétation n’est donnée – dirions-nous plutôt acquise – qu’à celui qui est entré dans la maitrise de la transmission de l’art). Le prochain article proposera de cheminer sur la voie du compagnon, dans ses voyages et explorations, à la fois dans l’espace social, comme dans une topique intime, au-dedans de soi. j’ai dit

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Frédéric MAS:.

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MAIS QUE S’EST-IL HISTOIRE D’UN RÊV recherches sur moi-même car l'étude de l'histoire de notre Maçonnerie est un moyen de compréhension non seulement de ce qu'elle a été et de ce qu'elle est mais aussi de soi-même ... et de sa place assignée sur ce vaste échiquier. J'essaye de rechercher quels furent les éléments qui composèrent la F:.M:. naissante et de découvrir les pensées reliées à cet avènement. Evidemment, il faut de l'eau pour apprendre à nager …! Et, selon Paul PUJOL, le principe qui doit nous permettre d'évoluer est celui de l'exploration ... L'exploration de tout ... A commencer par nous-même (comme déjà dit) mais de pratiquer ensemble la découverte et l'exploration pour essayer de voir comment fonctionnaient les esprits de l'ancien temps en prenant soin de ne pas nous référer à nos propres conclusions, opinions ou théories qui peuvent être restrictives. Apprendre et comprendre n'est pas conclure. Nous devons voyager et puis l'intuition fait le reste.

Mais que s'est-il passé ? - Histoire d'un rêve ...

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Préambule Ce que vous allez lire reste inachevé et incomplet car le sujet présente des composantes multiples dont l'assemblage ressemble à une alchimie incertaine ... L'histoire de la Maçonnerie est devenue un mythe au travers duquel chacun tente de se reconnaître. Aborder cette histoire c'est tenter de se trouver soi-même. Cette histoire, dont beaucoup cherche les raisons et origines, reste souvent énigmatique puisqu'elle concerne des sentiments et des actes très variés. Un grand nombre d'événements d'origines très diverses se sont certainement produits au début de la Maçonnerie. Cependant, la question du pourquoi et du comment continue à interroger le passé. La Maçonnerie est à l'image d'une construction qui nécessite d'être fondée sur un sol solide pour rester stable. Cette fondation correspond à l'époque de la naissance de cette Maçonnerie laquelle sut aussi s'adapter à tous les changements des périodes traversées tout en les orientant vers ses principes. Les idées présentées dans ce texte sont nécessairement objectives. Elles proviennent d'interrogations qui se manifestèrent dès après la cérémonie de mon initiation et jusqu'à ce jour. Le monde parallèle dans lequel je venais de basculer devait avoir ses raisons d'exister ... D'où mes recherches sur les origines de la F:.M:.. Rien n'étant définitif, il m'est nécessaire d'essayer de parfaire mes idées et mes

Le rêve. Je vais vous raconter l'histoire d'un rêve peu ordinaire, celui de ma rencontre avec Jean Théophile DESAGULIERS. Alors, pour ceux qui auraient du mal à identifier Jean Théophile DESAGULIERS, ce dernier fut un des principaux membres fondateurs de la F:.M:. au début du 18ème siècle. Il fut aussi en 1719 le troisième Grand Maître de la nouvelle Grande Loge d'Angleterre dont la création remonte, selon la légende, au 24 juin 1717. Jean Théophile DESAGULIERS naquit le 12 mars 1683 dans une famille protestante de la banlieue de La Rochelle. C'est à la suite

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PASSÉ ? VE .

que ma discrétion ... et lorsque je vis qu’il me prêtait attention, je ne pus m’empêcher de nouer un dialogue avec lui... MB : Ma première question fut la suivante : «bonjour ... je suis curieux de savoir ce qui motiva la création de la Grande Loge de Londres le 24 juin 1717 ? »

de la révocation de l'Édit de Nantes par le roi Louis XIV en 1685 que sa famille dut trouver refuge en Angleterre. Lui-même, savant distingué et fin lettré, devint Pasteur de l’Église Anglicane, Docteur en théologie et en Droit et fut le secrétaire particulier d'Isaac NEWTON ainsi que membre de la Royal Society, tout cela avec d'autres activités complémentaires. Je fis donc, en rêve, la rencontre de Jean Théophile DESAGULIERS et la surprise d’être mis en sa présence fut plus forte

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JEAN THÉOPHILE DESAGULIERS Le sujet est vaste et mérite d’être élargi à plusieurs considérations. Il est indispensable d'avoir des connaissances de l'ensemble des composantes des fonctionnements de la société de la Grande Bretagne de cette période. Tout d'abord, la date du 24 juin 1717 reste hypothétique. Mais conservons la ne serait-ce que comme date symbolique. L’idée de changement et d'évolution était dans les pensées depuis plusieurs années. Maintenant que j'ai accès à l'histoire dans son ensemble depuis le plus


lointain passé jusqu'à aujourd'hui, ma position depuis l'Orient éternel me permet cette vision globale, je peux vous dire que l'apparition de la F:.M:. en tant qu'Ordre repose sur de très nombreuses mutations engagées dès le 17° siècle et même avant ... plus particulièrement en Grande Bretagne (incluant l'Angleterre et l'Ecosse qui furent unifiées en 1707). Et je dois aussi dire que la F:.M:. accompagna son siècle car elle s'inscrivit dans la grande mouvance des évolutions de l'époque tout en se démarquant des courants de pensées traditionnels. ► Pour bien comprendre les origines de ces évolutions, il faut saisir les différentes influences qui décidèrent et façonnèrent la F:.M:. lesquelles proviennent des domaines suivants:

6 - du domaine scientifique et technique avec les inventions et les découvertes innombrables et fondamentales qui déclenchèrent la libération des pensées et des mœurs ... en phase avec les courants philosophiques. 7 - du domaine économique pardes échanges nombreux qui permirent simultanément la circulation des biens et des pensées. 8 - du domaine militaire qui assura, après le chaos, une paix toujours favorable à l'émancipation . 9 - du domaine d'hommes à priori simples – notez que le premier Grands Maître de la Grande Loge de Lon-

1 - du domaine historique de l’héritage du passé et la marque des 17° et 18° siècles, mais pas seulement car la Renaissance et le Moyen Age ont aussi été influents. On peut sans peine étendre ce domaine vers des périodes plus anciennes car les évolutions des hommes proviennent souvent de mutations engagées depuis longtemps puisque l'esprit des hommes est en perpétuelle évolution. 2 - du domaine sociétal de par le brassage des populations, des évolutions de leurs idées et de leurs revendications. 3 - du domaine intellectuel et philosophique avec ce qui fut appelé le siècle des Lumières, lesquelles lumières furent allumées dans l'Europe entière ... la recherche du bonheur supplanta la quête du salut.

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4 - du domaine religieux avec les luttes fratricides à l'intérieur du christianisme. 5 - du domaine politique avec les affrontements entre les partisans des Stuarts (le roi Jacques II) et les Hanovriens (le roi George 1er couronné en 1714) avec le système parlementaire Anglais conforté par la Glorieuse Révolution britannique qui confirma le règne des Hanovre protestants ainsi que la paix passagère avec la France. 32


dres naissante vers 1717 - Anthony SAYER - était libraire et désargenté ...

Cette énumération, sans doute non exhaustive, montre bien l’ampleur et l’importance des composants qui furent réunis et collaborèrent à l'éclosion de la F:.M:. car certains hommes ne pouvaient plus accepter tous les conflits, qu'ils soient religieux, géographiques, politiques et l'idée de "fraternité" leur apparue plus intéressante que les naufrages par la haine. Il doit être précisé que ces domaines, et bien d'autres, composent un ensemble regroupé dans une civilisation inévitablement évolutive et que chaque domaine conditionne les autres par un phénomène d'interactivité. La F:.M:. n'échappe pas à cette constante.

10 - du domaine de l'aventure: ce terme d'"aventure" doit être pris au sens d'un ensemble pluridisciplinaire de marches en avant, d'évolutions, de transformations, de découvertes, etc ... rendu possible par l'esprit d'entreprise qui marqua toutes les activités humaines depuis les arts, les sciences et techniques, les échanges commerciaux ainsi que les avancées sociales . Il s'agit d'un état d'esprit auquel aucune discipline n'échappa. 11 - du domaine des particularités de la F:.M:..dont il sera question constamment.

Mais il est essentiel de préciser ces différentes composantes.

Au sujet du Moyen Age, il a été pensé un certain temps que notre Maçonnerie dite "spéculative" était la descendante directe de la Maçonnerie "opérative". Il faut oublier cette hypothèse car si il existe des emprunts par la présence d'outils par exemple ..., les racines et les objectifs étaient différents. L’appellation même de « Maçonnerie » n’est pas innocente et tire ses origines des âges les plus lointains. En effet, quoi de plus important pour l’homme en tout temps que de pouvoir s’abriter pour pratiquer en sécurité ses différentes occupations ? La construction est très vite devenue un Art car destinée, pour les ouvrages les plus particuliers, à révérer les dieux, à magnifier les grands, à abriter les morts, bref à rendre hommage au sacré, à la puissance, à la fortune; elle ne cessa d'exaucer les rêves les plus extravagants et à initier ceux qui en furent les auteurs et les utilisateurs. La Maçonnerie est aussi appelée "Art Royal" parce qu'elle a pour but l'élévation de l'homme au travers de pratiques et réflexions relevant de la construction dans ce qu'elle a de plus noble et sacrée. Ces

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1 - L’HÉRITAGE DU PASSÉ:


ouvrages ont toujours nécessités non seulement la mise en œuvre de techniques remarquables mais toujours précédées et accompagnées de réflexions profondes qui seules permettent d'établir les principes de force et de beauté de l'édifice. Ce n'est donc pas par hasard si la F:.M:. a emprunté aux pratiques du bâtiment des siècles passées ses plus puissants symboles afin de les rendre perceptibles à toux ceux qui souhaiteront bâtir leur temple intérieur, non pas à l'image de façades trop vaniteuses, mais en recherchant les vraies valeurs d'un ouvrage bien fondé et aux élévations harmonieuses, comme une cathédrale en quelque sorte ... Quelque soit l’angle par lequel on tente d’étudier les origines de la F:.M:., il ne faut jamais oublier de se plonger dans la vision et la pratique du monde qu’avaient nos ancêtres et ce avant et après le passage au spéculatif. C'est ainsi qu'au Moyen Age, les hommes n’avaient pas éliminé de leur vie; ni l’existence de Dieu, - ni l’habitation du Saint Esprit en l’homme, - ni l’action efficace des bonnes oeuvres, celles de la prière et de la méditation - ni l'espérance d’une forme plus ou moins parfaite de béatitude éternelle après la mort, pour ne citer que quelques points dominants. Ensuite, la Renaissance, dans la seconde partie du Moyen Age, fut l'épanouissement de la liberté d'expression. Ce fut celle de la République des Lettres et du développement de la lecture plurielle du monde. La pensée de la Renaissance fut fondatrice d'un nouvel ordre intellectuel. Autant à l'époque des premières croisades - à partir de 1095 - la technique et la culture des Arabes et des Chinois dépassait celles des occidentaux, autant il n'en était plus ainsi au début du 15ème siècle. On peut dire, sans manquer de

modestie, que l'Occident s'impose alors au monde entier par des innovations multiples, des conquêtes nombreuses et des échanges lointains et réguliers. 2 - L’ÉVOLUTION DE LA SOCIABILITÉ: LES IDÉES ET LES PRATIQUES NOUVELLES: Remontons jusqu'à la période de la Glorieuse Révolution (1688-1689) qui assura la stabilité de l'Angleterre et la sécurité pour les protestants qui vont immigrer depuis toute l'Europe. Ces transferts de population vont être augmentés suite à la révocation de l'édit de Nantes en 1685. Plus de 200 000 français vont fuir pour s'installer majoritairement en Angleterre. En ces périodes des 17ème et début du 18ème siècles, les sociétés sont donc en pleine expansion et en totale mutation. Les conditions de vie progressent en même temps que se modifient les activités humaines - agriculture et industrie entre autre - entraînent des augmentations de population, des accroissements de l'ur-

banisation, de l'amélioration de l'alphabétisation. Les propagations des idées nouvelles se font plus particulièrement dans les milieux urbains en plein essor et favorisés par les améliorations des infrastructures et les développements des transports dont les délais sont fortement réduits. Les changements de mentalités accompagnent ceux des manifestations populaires. La notion de l'opinion publique en est la conséquence majeure. Les idées et autres points de vue naissent et transitent au sein d'échanges et de colportages issus de rassemblements occasionnels ou réguliers. Les "réseaux sociaux" venaient


de naître ...! N'oublions pas la nouvelle quantité de gazettes, bulletins et autres imprimés qui furent à l'origine des transferts d'idées et d'opinions et qui venaient compléter les très abondantes correspondances échangées entre érudits de tous pays. Un trait marquant de l'évolution sociale en Angleterre est celui du désir de vivre plus ouvertement avec les autres. Cette particularité se retrouve au niveau des lieux de rassemblements surtout constitués des tavernes et autres coffee-houses. Tandis qu'à Londres il n'existe que 82 coffee-houses en 1662, ce nombre passe à 650 un demi siècle plus tard. Ces endroits très typiques du mode de vie des anglais abritent tantôt des clubs, des lieux de lecture, de rendez-vous politiques et intellectuels, de banquets et autres réunions. C'est un lieu de cohésion sociale. et c'est dans certains de ces établissements que se réunissaient occasionnellement les membres de ce qu'on pourrait appeler "loge" afin de parler de leurs intérêts et projets communs. Il faut imaginer les membres masculins d'une association (je préfère cette appellation à celle de "loge" qui viendra un peu plus tard) réunis au premier étage d'une taverne pour faire le point sur leurs activités professionnelles ainsi que de discuter des informations politiques et économiques mais aussi religieuses et scientifiques car les esprits s'ouvraient à tout. Il était évidemment question de moralité et de bonne conduite entre les membres et les visiteurs. Il s'agissait d'un espace de rencontres, de transactions matérielles et d’échanges d’informations et d'idées entre « des hommes qui sans cela seraient restés à perpétuelle distance » selon les termes des Constitutions d'ANDERSON de 1723. La Royal Society: parmi les évolutions du monde intellectuel et scientifique anglais prend place

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une très distinguée institution rassemblant depuis sa fondation en 1660 nombre savants de toutes disciplines - ce qui en fit la principale particularité par la grande qualité des échanges et découvertes faites en son sein. Remarquons sa devise qui est "Nullius in verba" - ne croire personne sur parole - et qui affirme sa volonté d'établir la vérité dans le domaine scientifique sans recourir à l'autorité et en se fondant exclusivement sur l'observation et l’expérience. Jean Théophile DESAGULIERS accompagna Sir Isaac NEWTON lorsque ce dernier devint président de la Société qui accueillit régulièrement des membres et correspondants européens. Cette glorieuse institution fut certainement à l'origine de nombreux rayonnements intellectuels qui contenaient o cc a s i o n n e l l e m e nt des réflexions maçonniques qui furent ainsi disséminées par des esprits philanthropes.


L'aristocratie a bien évidemment une place dominante dès les premières années de la nouvelle F:.M:.. Il suffit de considérer la liste suivante des Vénérables des 10 premières années depuis 1717 pour s'en convaincre ...

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•1717 - Anthony Sayer ; •1718 - George Payne ; •1719 - John Theophilus Desaguliers •1720 - George Payne ; •1721–1723 - John Montagu (2e duc de Montagu) ; •723 - Philip Wharton, 1er duc de Wharton - membre de la Royal Society; •1723–1724 - Francis Scott (2e duc de Buccleuch) comte de Dalkeith ; •1724 - Charles Lennox (2e duc de Richmond) ; •1725 - James Hamilton, lord Paisley ; •1726 - William O'Brien (4e comte d'Inchiquin) ; •1727 - Henry Hare, 3e comte Colerane ;

Et il en est de même pour les années suivantes ... Certaines Loges parisiennes furent réservées uniquement à la noblesse et celle-ci s'appropria la nouvelle Maçonnerie au niveau européen avec, entre autre, plusieurs monarques dont ceux de Suède depuis 1774. La tradition maçonnique fut aussi en vogue chez les souverains allemand par Frédéric II, puis plus tard par Guillaume 1er roi de Prusse. La contribution de la noblesse à l'expansion de la Maçonnerie fut décisive même si à coté des aristocrates et des savants ont trouvait des artisans et autres participants d'extraction roturière. On peut penser que cette attraction vers cette nouvelle idéologie que fut la F:.M:. puisse déjà provenir de son appellation dont la portée symbolique rejoint la longévité, la 36

générosité et la fraternité. 3 - DU DOMAINE INTELLECTUEL ET PHILOSOPHIQUE: Il faut ranger dans ce chapitre les évolutions des mentalités dans les discontinuités qui furent permises par la République des Lettres du 17ème siècle et l’éclosion du 18ème siècle, siècle des Lumières au nom très évocateur. La plus importante des hypothèses et espérances communes aux philosophes et intellectuels de cette époque fut incon-


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jetèrent les arcanes de la théologie chrétienne. Ils n'attaquèrent rien avec autant de violence et de férocité que l'Église, sa richesse, son pouvoir politique et sa volonté d'entraver le libre exercice de la raison. Voici un bref résumé des idées défendues par les philosophes des Lumières : - la tolérance : D'après VOLTAIRE, on doit respecter la liberté et les opinions sociales, politique et religieuses d'autrui. - la raison : c'est le moyen d'acquérir des connaissances. QUESNAY dit : « la raison est à l'âme ce que les yeux sont au corps: sans les yeux, l'homme ne peut jouir de la lumière, et sans la lumière, il ne peut rien voir ». - l'égalité : d'après ROUSSEAU, « être libre, n'avoir que des égaux est la vrai vie, la vie naturelle de l'homme. Les hommes naissent égaux ». Ajoutons "égaux en droit". On naissait en inégalité car il y avait une société d'ordre (Noblesse, Clergé, Tiersétats). MONTESQUIEU, écrit dans «L'esprit des lois», en 1748, qu'il est utile de séparer les 3 pouvoirs, donc qu'ils ne soient pas concentrés dans les mains d'une seule personne, afin d'éviter toute tyrannie. - la quête du bonheur remplace celle du salut. Quoi qu'il en soit de la vie dans l'au-delà, l'homme doit donner sens à son existence terrestre. - des droits inaliénables : une restriction apportée à la libre action des individus comme des communautés consiste à affirmer que tous les êtres humains possèdent, de par leur nature même d'humains, des droits inaliénables. L'appartenance au genre humain, à l'humanité universelle est plus fondamentale encore que l'appartenance à telle ou telle société. L'exercice de la liberté se trouve donc contenu par l'exigence d'universalité et le sacré, qui a quitté les dogmes et les reliques, s'incarne désormais dans ces "droits de l'homme" nouvellement reconnus. C'est la démocratie, en Amérique nouvelle, et la monarchie parlementaire en Angleterre, qui vont influencer les phi-

testablement la foi inébranlable dans le pouvoir de la raison humaine. Les penseurs d'alors affirmaient que l'éducation avait le pouvoir de rendre les hommes meilleurs individuellement et même aussi d'améliorer la nature humaine (voir J.J. ROUSSEAU). La recherche de la vérité devait se poursuivre dorénavant par l'observation de la nature plutôt que par l'étude de sources autorisées telles qu'Aristote ou la Bible. Par contre la plupart des penseurs des Lumières ne renoncèrent pas complètement à la religion. Ils adoptèrent plutôt une forme de déisme, acceptant l'existence de Dieu et d'un aud e l à , mais re-


losophes des Lumières lesquels vont rédiger l'Encyclopédie, ouvrage de connaissances générales, ils critiquent ainsi le pouvoir royal et manifestent leur opposition à toute tyrannie. Trois idées se trouvent à la base de cet esprit, tissé par leurs innombrables conséquences : celle d'autonomie, celle de finalité humaine de nos actes, celle enfin d'universalité. Que ne reconnaît on pas là les grands principes des premières constitutions d'ANDERSON de l'année 1723, texte fondateur magnifique de grandeur d'esprit et de générosité. Je propose de réfléchir sur les grands thèmes et principes qui furent les fondements de la nouvelle F:.M:.: - la volonté de changement et de transformation de l'héritage du passé, tout en se référant aux valeurs anciennes, - des hommes célèbres passés (personnages mythiques de l'ancien testament par exemple), - de ses mythes anciens (temple de Salomon), - de la transmission, - de la résurrection, de la renaissance d'un homme nouveau, - de la discrétion, - du principe de l'initiation, - du principe du rite, - du principe du rituel, - du principe du symbolisme, - du principe des banquets (nos agapes de maintenant) dans l'esprit de communion.

plus important à être à l'origine de l'éclosion de la F:.M:. Déjà, dès le 16ème siècle la chrétienté est en pleine effervescence de par les évolutions des conditions de vie - surtout dans les villes - dans lesquelles les échanges commerciaux et intellectuels favorisent l'émergence d'une classe sociale riche et instruite, la bourgeoisie. La croyance en Dieu est non seulement une évidence mais une nécessité pour s'affirmer dans le monde d'alors et pour défendre des positions individuelles au sein d'une collectivité. Le premier trait constitutif de la pensée des Lumières consiste à privilégier ce qu'on choisit et décide soimême, au détriment de ce qui vous est imposé par une autorité extérieure. La tutelle sous laquelle vivaient les hommes avant les Lumières était, en tout premier lieu, de nature religieuse. C'est donc à la religion que vont s'adresser les critiques les plus nombreuses, visant à rendre possible la prise en main par l'humanité de son propre destin et de rejeter la soumission de la société ou de l'individu à des préceptes dont la seule légitimité vient de ce qu'une tradition les attribue aux dieux ou aux ancêtres. Ce n'est plus l'autorité du passé qui doit orienter la vie des hommes, mais leurs projets d'avenir. La critique porte sur la structure de la société, non sur le contenu des croyances. La religion sort de l'État sans pour autant quitter l'individu. Le grand courant des Lumières va se réclamer, non de l'athéisme, mais de la religion naturelle, du déisme, ou d'une de leurs nombreuses variantes. Tous les secteurs de la société ont tendance à devenir laïques, alors même que les individus restent croyants. Il faut rappeler les évolutions des pensées et des croyances par les mouvements réformistes qui furent en lutte contre le pouvoir temporel et spirituel de l'église catholique. La F:.M:. n'existerait pas sans les Protestants et les Anglicans. La remise en cause de certains dogmes et de la

Il faut aussi bien avoir à l'esprit toutes les différences, parfois infimes, des mentalités et des coutumes en cours à un moment donné et disséminées dans le monde. Ces différences de sensibilité et de réceptivité se retrouvent dans la multitude de rites et rituels que nous constatons depuis les origines jusqu'à aujourd'hui.

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4 - DU DOMAINE RELIGIEUX Le domaine religieux est sans doute un des

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ance de changements fondamentaux, elle fut obligée de se créer ses propres légendes afin de se développer pour acquérir de la crédibilité vis-à-vis de ses membres et des profanes. N'oublions pas que l'empreinte de la religion était puissante à cette époque et d'autant plus en période de conflits entre les catholiques et les protestants et même entre les partisans des différents courants de la religion réformée. L'importance de la place de la religion se retrouve du reste par la présence de pasteurs parmi les premiers Francs-maçons influents - je pense à J.T. DESAGULIERS et ANDERSON entre autres ... des hommes dons la culture et les connaissances en faisait des animateurs influents. Si il y a les hommes religieux, il y a surtout la religion elle-même qui est omniprésente et qui est le support permanent des rites qui voient le jour au 18è siècle. La place importante du principe de la "tradition" provient aussi de cette nécessité d'asseoir la nouvelle Maçonnerie sur le passé et dans des ascendances prestigieuses et reconnues. Si la F:.M:. ne rejoint pas une religion et n'en est pas une au sens où elle ne promet pas une rédemption, elle encourage à la connaissance de sa personnalité et de découvrir ses capacités à devenir meilleur pour améliorer le monde. La devise Calviniste "post tenebras lux" "après les ténèbres, la lumière" ... reste à méditer ...

toute puissance de l'Eglise sur les hommes résulte de pensées visant à recadrer la façon dont Dieu était rendu obligé (et accepté). Je pense surtout aux dérives des pouvoirs religieux ayant fait main basse sur tous les compartiments de la vie séculière - les rois mettaient genou à terre devant les pouvoirs du Pape ! Trop souvent, la religion est un moyen de diriger les hommes en leur faisant croire en ce qu'ils espèrent ... par des religieux avides de domination. Dans leur ignorance, les hommes sont convaincus par tout message qui satisfait leur imaginaire. Concernant la F:.M:. et dans cette ambi-

L'Angleterre du 16ième siècle fut le lieu de multiples querelles politiques et religieuses avec, entre autre, celle entre les Stuart catholiques et les Hanovre protestants. La fin de ces conflits favorisa les réconciliations des élites et du peuple dans la paix civile. Cette paix fut le terreau grâce auquel la F:.M:. put s'implanter et se développer. Ces luttes et les expatriations qu'elles provoquèrent furent à l'origine de l'exportation des idées de la

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5 - DU DOMAINE POLITIQUE


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corps dans le ciel comme sur terre; promoteur de la physique expérimentale, il met à jour la loi d'attraction universelle. Physique, chimie, biologie progressent rapidement ; les inventions techniques, machines à vapeur, électricité, paratonnerre, montgolfières se fondent sur les acquis de la science. La connaissance du monde doit permettre à chacun de devenir maître de lui-même et de son existence. L'éducation qui y conduit est donc un bien incontestable, elle est nécessaire aux enfants comme aux adultes. Le savoir sera diffusé tant par des publications savantes que par des encyclopédies. On se rappellera ici l'importance décisive des évolutions de l'invention de l'imprimerie et de ses multiples effets sur les développements des esprits car cette technique met le lecture à la portée d'un grand nombre qui découvre les saintes écritures, mais aussi des propositions et revendications de toutes sortes comme celle de Martin LUTHER. Les académies sont le creuset d'idées nouvelles ou de leurs échanges. Le 18ème siècle voit éclore, à la suite de la Royal Society de Londres (1662), une foule d'académies dont l'orientation est plutôt scientifique et qui bénéficient du soutien des autorités dans toute l'Europe, qu'il s'agisse de capitales comme Saint-Pétersbourg (1725), Édimbourg (1731), Stockholm (1739) ou de villes provinciales comme Dijon, Bordeaux, Toulouse. Cette mode marquera aussi l'organisation de la F:.M:. dont les loges ne sont pas si différentes de ces académies en ce sens qu'elles regroupent des hommes de même sensibilité mais aux curiosités très diverses. Explorateurs et savants parcourent le monde pour mieux le connaître, les érudits composent des tableaux d'ensemble : l'unité universelle est faite de successions et de réunions de singularités. La F:.M:. est du même principe et, à l'image des progrès scientifiques, elle est

6 - DU DOMAINE SCIENTIFIQUE: Dès la période de la Renaissance la science progresse en se servant d'outils disponibles à chacun au travers de la raison et l'expérience, et ne s'arrête devant aucun interdit. La figure tutélaire du siècle est NEWTON, le savant qui a su réduire à un principe simple les mouvements des

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F:.M:. en France ou les feux de la première loge furent peut être allumées en 1721 à Dunkerque et certainement à Paris en 1726. L'exigence d'autonomie transforme encore plus profondément les sociétés politiques ; elle prolonge et accomplit la séparation du temporel et du spirituel. Au Siècle des lumières, on a recours à une première forme d'action: on s'efforce de communiquer les résultats des recherches librement conduites aux souverains bienveillants, pour que ceux-ci infléchissent leur politique. C'est ce qu'on attend de Frédéric II à Berlin, de Catherine II à Saint-Pétersbourg ou de Joseph II à Vienne. Au-delà de ce despotisme éclairé, qui cultive l'autonomie de la raison chez le monarque mais préserve la soumission du peuple, cette exigence conduit à deux principes. Le premier est celui de la souveraineté, principe déjà ancien qui reçoit ici un contenu nouveau: la source de tout pouvoir est dans le peuple, et rien n'est supérieur à la volonté générale. Le second est celui de la liberté de l'individu visà-vis de tout pouvoir étatique, légitime ou illégitime, dans les limites d'une sphère qui lui est propre et pour l'assurer on veille au pluralisme et à l'équilibre des différents pouvoirs. Dans tous les cas se trouve consommée la séparation du théologique et du politique : celui-ci s'organise désormais en fonction de ses propres critères sous couvert du Parlement qui limite définitivement le pouvoir royal. Le domaine du Droit suit cette même émancipation. C'est dans cet esprit de liberté que la F:.M:. installe ses préceptes d'émancipation des pensées.


une fenêtre ouverte sur l'existence pour confirmer les valeurs universelles permettant d'espérer une vie bonne. Les moyens proposés sont à l'image de l'homme ... mais ne remettons pas l'homme en cause !

du nombre de navires ou l'aménagement sur fonds publics des voies navigables. 8 - DU DOMAINE MILITAIRE : Après les coûteuses guerres de la fin du règne de Louis XIV, achevées avec les traités d'Utrecht, l'Europe aspire à retrouver une stabilité propice à la paix. Louis XV, sous l'influence de son précepteur et principal ministre, le cardinal de Fleury, est particulièrement soucieux de préserver cet équilibre, comme en témoigne sa renonciation aux conquêtes françaises lors de la paix d'Aix-la-Chapelle, qui clôt en 1748 la guerre de Succession d'Autriche. Ce précaire équilibre se trouve vite remis en cause avec la confirmation de la suprématie maritime de l'Angleterre et les arrivées sur la scène européenne de la Prusse, qui s'affirme comme une puissance militaire continentale avec laquelle il faut compter, et de la Russie, dotée de solides appétits territoriaux. Les rivalités des grandes puissances continuent de déchirer l'Europe et leurs conflits s'exportent hors de l'Europe, "mondialisant" la guerre à l'échelle de leurs colonies. On peut comprendre qu'aux deux extrémités du siècle se trouvent des projets de paix perpétuelle, celui de l'abbé de SAINT-PIERRE et celui de KANT, et que les philosophes promeuvent l'idée qu'il soit nécessaire d'encourager le commerce entre les nations pour apprendre aux Européens à se connaître et pour favoriser la paix. La F:.M:. accompagna les militaires dans leurs expéditions. L'étude de l'histoire de la Maçonnerie qui se développa autour de la cour du roi déchut Jacques II Stuart et réfugié auprès du roi Louis XIV à Saint Germain en Laye

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7 - DU DOMAINE ÉCONOMIQUE : J'ai parlé plus avant des échanges des idées, des mœurs, de l'évolution des techniques et de la paix nouvelle. Tous ces faits seraient incomplets si celui de l'administration de l'économie n'était pas venu se joindre à la nouvelle danse. J'ai dit que tout est lié et l'évolution humaine passe obligatoirement par celle de l'économie au sens de bien administrer une population, de gérer les biens des individus et d'un peuple et d'harmoniser le tout. L'économie s'occupe de la production, de la répartition, de la distribution et de la consommation des biens matériels d'une société. Cette idée est aussi parfaitement celle de la Maçonnerie. Nous en trouvons l'attestation dans les Constitutions de la plupart des obédiences. Les frontières de l'Europe sont repoussées à des nouveaux territoires en y incluant les conquêtes des nouveaux mondes américains, indiens et asiatiques (le rôle primordial des Américains dans le développement de la F:.M:. doit être cité). Par ses développements, le commerce dépasse les anciennes frontières terrestres et maritimes et sert de vecteur aux idées nouvelles. Les évolutions économiques sont accompagnées par une révolution financière qui, pour les spécialistes, remonte à la fin du 17ème siècle grâce à la multiplication de sources de financement destinées à des objectifs précis comme les bourses, banques commerciales, assureurs, emprunts publics et maritimes. On peut citer la création en 1694 de la première banque centrale au monde, la Banque d'Angleterre, base d'un réseau de banques commerciales et pivot d'une politique d'emprunts publics favorisant par exemple l'explosion

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sur les développements de la F:.M:. - On retrouve ces attractions dans des évolutions (voir des dérives ...) parallèles aux principaux courants de la F:.M:. tout au long de son existence avec plus particulièrement un foisonnement exalté et quelque peu excessif aux incidences très diverses. - Il est donc aussi nécessaire de mentionner de possibles influences ayant pu inspirer et orienter la F:.M:. naissante à des degrés divers, et celles-ci sont: le Compagnonnage (à différentier du corporatisme). - les Templiers. Certains grades de la F:.M:. se réfèrent implicitement à l'Ordre du Temple. Ce dernier a disparu en 1312 et rien ne permet d'assurer une filiation quelconque entre cet Ordre et la F:.M:.. Cette idée provient, entre autre mais surtout, du Chevalier de RAMSAY (à l'époque Orateur de la Grande Loge de France) dont le discours de réception des Ducs en 1736 présente nos "Frères de Saint Jean de Jérusalem" ... d'où l'appellation des "Loges de Saint Jean". - la Chevalerie ou plutôt de "l'esprit " de la Chevalerie. - des courants tel que la Cabale Chrétienne - voir Pic de la Mirandole et/ou la pensée Néo Platonicienne. - la Rose Croix, du début du 17ème siècle, par surtout ses développements en terres réformées avec un projet de rassemblement sur un plan spirituel et avec des adeptes aussi important qu'Elias ASHMOLE. Ce dernier est connu pour avoir rapporté dans ses mémoires le premier témoignage historique d'appartenance à la F:.M:. en 1641 et il est l'un des tous premiers franc-maçon spéculatifs dont l'histoire ait retenu le nom. - L'Ecosse: Une organisation du métier des bâtisseurs se produit sous l'influence de William SCHAW, désigné en 1583 comme "Surveillant Général des maçons" par le roi Jacques VI. William SCHAW apporte des réformes précises à ces organisations disparates et il établi en 1598-1599 des Statuts qui précisent les règles et les structures du métier:

9 - des hommes: Observons une première approche à ce sujet ...A ses origines, la F:.M:. s'est propagée par contacts rapprochés de bouches à oreilles et d'oreilles à pensées. Pour que ces contacts prennent souche dans l'esprit des hommes de l'époque, il faut que les mentalités soient préparées et susceptibles de recevoir ces idées portées par la nouvelle idéologie. En résumé, il fut nécessaire que les idées diffusées par la F:.M:. naissante correspondent à celles - plus ou moins identifiées et précises déjà inscrites dans des esprits éclairés (un esprit éclairé est pour moi celui de quelqu'un qui est en phase avec son époque et qui est au contact avec tous les faits constitutifs d'une civilisation à un moment donné). Les hommes concernés par cette pensée sont donc ce qu'on appellerait maintenant des "sages", "décideurs" ou "de pouvoir". Il en existe plusieurs catégories pouvant aussi se complémenter en un seul personnage; je cite les hommes d'église, les hommes politiques, les aristocrates, les hommes de robe, les savants, les entrepreneurs, etc ... bref! Tout ce qui est au sommet de la pyramide active d'un pays. Nous pouvons préciser cela de la façon suivante: - On ne peut pas balayer toute hypothèse d'un revers de main sans s'interroger sur de possibles diverses ascendances intellectuelles et philosophiques externes et plus ou moins conséquentes

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OPHILE DESAGULIERS

mérite à elle seule une exploration précise.


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• par des implantations géographiques précises dans les villes suffisamment importantes. Ces fixations entraînent la création de locaux spécifiques dénommés "loges". Cette organisation sédentaire diffère de celle plutôt itinérante qui était jusqu'alors pratiquée en Angleterre et dans le reste de l'Europe selon les critères suivants: • par l'organisation du métier du bâtiment en Loges. Les maçons de l'époque - et depuis longtemps - étaient non seulement itinérants mais aussi organisés en spécialités dont les pratiques étaient jalousement gardées et protégées et dont l'accès était aussi très précisément défendu par des rituels initiatiques ainsi que des mots de passe délivrés et conservés hors de toute divulgation indiscrète. • par la création du poste de secrétaire avec comme conséquence importante la création de comptes rendus et d'archives précises qui manquent dans les autres pays. Concernant les hommes dans leur généralités et leurs particularités, le "vouloir exister" occupe une place prépondérante ... Le "vouloir exister" c'est chercher à se positionner vis-à-vis des autres en même temps que de soi-même. C'est un peu du domaine du "paraître". Evidemment, l'homme ne peut se passer de produire une image - son image plus ou moins fabriquée - aux regards des autres. Cela peut se compliquer si cette image inventée fait disparaître la véritable image et si l'homme authentique disparaît derrière des faux semblants ... L'esprit maçonnique est en fait la persistance de très anciennes préoccupations humaines lesquelles procèdent de l'esprit de curiosité qui a toujours habité l'homme depuis qu'il est capable de réfléchir sur sa condition. Et comme cette condition lui échappe, l'homme invente de multiples pensées qu'il essaye de relier entre elles et de les rendre cohérentes ... mais c'est difficile ! La F:.M:. d'aujourd'hui doit être expliquée, c'est-à-dire que sa complexité - de par les différents rites et rituels et de par ses pro-

pres structures administratives et parfois bureaucratiques doit être simplifiée au niveau de ses accès. Il est souhaitable que chacun puisse se positionner en fonction de ses propres découvertes et compréhensions sans que des écrans accessoires ne viennent masquer l'essentiel. Les réflexions de chacun sont engagées sur cette vision. 10 - du domaine de l'aventure: Cette particularité marqua l'époque depuis la Renaissance et à partir du 15ème siècle par les nombreuses métamorphoses de la civilisation occidentale dont les grandes découvertes du monde. Pour l'historien Jules MICHELET trois personnages emblématiques jouèrent un rôle majeur à cette période: - Christophe COLOMB, l'aventurier voyageur, - Nicolas COPERNIC, le scientifique humaniste, - Martin LUTHER, le théologien protestant. Chacun de ces "aventuriers", dans leur existence particulière respective, marquèrent et leur époque et l'avenir mais - et surtout - avec des interconnections et des conséquences immenses sur la totalité des composantes de l'existence humaine. La "découverte" de l'Amérique est mentionnée, mais il faut étendre cette considération par l'évolution de ce nouveau monde vers son indépendance dont la déclaration est du 04/07/1776. Il est remarquable de constater que le R:.E:.A:.A:. a transité en Europe puis à l'Ouest de l'Atlantique pour nous revenir sous sa forme actuelle. Comment penser que ce rite ne soit pas marqué par l'esprit d'"aventure" ...? La F:.M:. en tant que partie intégrante 44


pas les étapes ni l'aboutissement. Le processus d'initiation ouvre au postulant des horizons variés dont il est question par la suite. Mais continuons notre rêve.

JEAN THÉOPHILE DESAGULIERS: imaginons déjà une vingtaine d'hommes qui se réunissent dans une salle d'une taverne pour d'abord prendre en considération leurs problèmes séculiers et financiers, ceux d'assistances envers des veuves et des malades. Ils décident de mettre en place une 'common box" un principe d'entre-aide mutuelle. Et, comme cela a été dit précédemment, l'environnement "profane" était suffisamment complexe et troublé pour que des hommes essaient d'améliorer leurs conditions d'existence matérielles et spirituelles. Il faut aussi comprendre que cette Maçonnerie nouvelle s'établissait en une organisation constituée sur des structures déjà existantes (ce n'est pas pour rien que je fus nommé député dès 1722 puis en 1726) avec un rituel assez précis. Je veux dire que 1717 ne marque pas la naissance de la Maçonnerie mais la constitution d'une Grande Loge par une fédération de Loges distinctives déjà actives spirituellement. Mais on dit que, dès ma grande maîtrise en 1719 un grand nombre de "personnages" importants vont rapidement rejoindre les rangs et Loges des précurseurs mentionnés auparavant. C'est exact ... Mais pourquoi ? Qu'est-ce qui a attiré autant de notables et si brusquement ? Là aussi, plusieurs hypothèses sont possibles: - la F:.M:. naissante engage des emprunts et les prêteurs se mettent alors à fréquenter occasionnellement les loges (hypothèse basse). - la plus probante est que cette nouvelle Maçonnerie fut une "invention" (selon le terme de Roger DACHEZ) c'est à dite une nouveauté non dépendante expressément du passé mais, et au contraire, to-

de cette évolution fut et reste aussi une sorte d'aventure de part l'extraordinaire volonté d'avancer dans les voies tracées, voir de les bousculer ... et de bâtir une sorte d'idéologie universelle en accompagnement des mutations en cours. Je ne saurai trop recommander la découverte et l'étude de la vie d'Etienne MORIN et de tous les personnages de son temps - contemporains ou successeurs - qui furent à l'origine de la conception, de la progression et du déploiement de notre R:.E:.A:.A:. ... Rares sont les existences plus aventureuses que la sienne ...! 11 - du domaine des particularités de la F:.M:.. Ces considérations rejoignent celles précédemment abordées car les évolutions de la F:.M:. sont guidées par l'esprit d'aventure. Devenir Franc-maçon c'est partir dans un voyage dont on ne connaît

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MB: Mais que s'est-il passé vers 1717 ?


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talement en phase avec le présent, lequel fut marqué par la disparition de la dynastie des Stuarts remplacée en 1714 par celle des Hanovre, marqué aussi par les conflits religieux qui accompagnèrent ces mutations avec toutes les particularités et difficultés qui s'ajoutent à de tels évènements et marquée aussi par toutes les mutations abordées précédemment. Notez bien que je maintiens mon avis d'un socle ancien sur lequel les idées et les attentes nouvelles furent nécessairement fondées. Mais ce fut une invention qui se développa parce qu'elle était nécessaire. Et elle était nécessaire parce qu'elle rejoignait, permettait et soutenait certaines activités diverses telles que intellectuelles, politiques, économiques, sociales, morales et spirituelles etc ... Bref ! Toutes les occupations habituelles d'une collectivité. Ne négligeons pas la mode des cercles et autres clubs dont la" gentry" et apparentée était alors friande que ce soit en Angleterre que sur le continent. Nous connaissons l'importance de ces lieux dans la vie sociale anglaise. Puis, afin d'officialiser cette nouvelle société des F:.M:., il est décidé de lui donner des statuts officiels à l'image des corporations opératives. Cette tache fut confiée par mes soins à un pasteur Anglican du nom de James ANDERSON qui réalisa une compilation des anciens devoirs (landmarks) afin d'inventer les statuts de la nouvelle F:.M:.. Ces statuts prirent l'appellation des Constitutions d'ANDERSON dont la première édition est de 1723. La nouvelle F:.M:. qui se constitue soutient la jeune monarchie Hanovrienne et les courants religieux protestants (anglicans, presbytériens, calvinistes etc ...). Une autre version de ces statuts suivra en 1738 qui, elle, raconte la réunion de 1717. Enfin, une troisième version sera éditée en 1742 considérée comme celle du courant des "Modernes" face à celui des "Anciens".

d'insister sur le domaine de la Maçonnerie; quel était sa situation au début du 18° siècle ? JEAN THÉOPHILE DESAGULIERS: : Tout dépend par ce que l’on entend par « Maçonnerie ». En effet, à cette époque cette appellation signifiait depuis quelque temps du moins deux états qui furent qualifiés plus tard d’»opératif » et de « spéculatif ». Le premier état dit « opératif » était le plus ancien car celui-ci désignait les époques laborieuses et glorieuses des grandes constructions plus particulièrement religieuses. Si vous le voulez bien, ne remontons pas plus loin que le début du Moyen Age, même si l’histoire du Métier peut être recherchée jusqu’aux origines de l’humanité. L’Art de la construction prit un essor très remarquable à partir du XI° siècle au moment où justement l’Eglise d’alors se réservait l’exclusivité du sacré. Les abbayes, églises et cathédrales jaillirent alors pour la plus grande gloire de Dieu et le salut des hommes. Ces ouvrages majestueux dont les styles furent sans cesse évolutifs restent techniquement les œuvres d’ouvriers dont certains spécialistes étaient dénommés maçons et en Grande Bretagne free stones masons ou freemasons (une différentiation entre ceux qui façonnaient les pierres dures des murs d’ossature et ceux, plus itinérants, qui sculptaient et ouvrageaient des pierres tendres en sculptures diverses – gargouilles, bas reliefs, statuaires). Et puis pour mieux s’en expliquer, limitons aussi le domaine géographique à la seule Grande

MB : Je repris la parole. Permettez moi

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l’ouvrage ou s’y reposer. Les règles ou Devoirs (voir Anciens Devoirs) qui étaient appliqués démontrent une organisation structurée avec le pouvoir de contrôler les qualifications, d’accorder le statut de compagnon (fellow) et de régler les différents. Le 28 décembre 1598, William SCHAW publie les Statuts et Ordonnances qui devront être désormais observés par tous les maçons reconnus du royaume d’Ecosse. Je vous renvoi vers une analyse plus précise de ce texte qui règle le Métier sur un réseau de loges (loge est un ancien mot qui au sens médiéval n’a jamais été une autorité sur une juridiction, ni un encadrement de la profession). Ce fut une mutation importante en ce sens que l’organisation instituée par SCHAW permit de conserver le droit de cité et d’assurer en même temps la gestion du métier par les maçons eux mêmes au sein de leur loge. De ce fait, on note un passage des plus anciens catéchismes maçonnique écossais tiré du manuscrit des Archives d’Edimbourg : « qu’est-ce qui fait une Loge véritable et parfaite ? Sept Maîtres, cinq Apprentis entrés, à un jour de route d’une ville, sans chien qui aboie ni coq qui chante ». Nous étions en plein dans l’évolution de l’ouverture des loges à des personnes influentes extérieures au métier et qualifiées d’»acceptées ». Le Mot de Maçon est aussi une innovation de SCHAW. Secret souvent mal maîtrisé et, comme il a déjà été dit, il permettait la reconnaissance de ceux qui avait le droit d’élever des murs en pierres jointes par du mortier, matériau réservé aux maçons formés et affiliés contrairement à d’autres ouvriers appelés « cowan » considérés comme simples manœuvres irréguliers. La transmission du Mot de Maçon devint même la base de l’activité de la loge qui n’était alors plus une baraque de chantier mais un lieu occasionnel. Cette transmission devint un rituel qui perdure… de façon enrichie. Je tire de l'Encyclopédie de MACKEY la description suiva-

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Bretagne bien que chaque pays ait abrité et développé ses propres pratiques et codifications dans ce monde du bâtiment. A cette époque et en Grande Bretagne donc, la Maçonnerie opérative s’est développée dans une civilisation renfermée et structurée autour du pouvoir local. Puis l’activité de la construction, en tant que technique humaine originale et complexe, fut amenée à se structurer et s’organiser non seulement en elle-même mais aussi avec les évolutions de la société. Plusieurs textes nous rappellent les règles et conventions qui furent établies depuis les anciens grecs, les romains et au cours du Moyen Age afin de réguler et organiser les activités des maçons. Et puis cette riche effervescence s’atténua. Les commandes se modifièrent et se raréfièrent. L’art profane prit le pas sur le sacré et des ouvrages civils remplacèrent ceux destinés à Dieu et ses servants. Cependant, ces diverses sociétés de maçons conservèrent certaines de leurs activités mais firent évoluer leurs finalités qui, pour certaines, furent réduites à des aspects administratifs et d’entraide. Pourtant un pays se distingua par des pratiques différentes ; l’Ecosse. L’organisation du Métier y reposait dès la fin du XV° siècle sur la dualité de l’Incorporation, à savoir la guilde municipale des maîtres bourgeois, et de la loge. Cette dernière ne désigne encore que le groupe constitué sur un chantier et qui se réunit dans une bâtisse provisoire pour travailler la « free stone », pour étudier certaines parties de


nous intéresse n’échappe pas à cette règle. Par exemple, les opératifs n’étaient pas des personnes sombres et illettrés ni incultes. Au contraire, le symbolisme iconographique de l’art religieux du Moyen Age est un héritage considérable qui prouve leur attachement au sacré. Cette fonction symbolisante de l’architecture doit être soulignée car pourquoi seul le métier de bâtisseur (maçon) n’a donné lieu à une forme spéculative persistante ? Pourquoi pas la charpente ou l’art de la forge ? Sans doute parce qu’à toutes les époques de l’humanité, l’architecture a été le domaine privilégié de projection de l’image qu’une société se donne à ellemême ou qu’elle souhaite transmettre.

nte sur la vie en loge au 18è siècle: "Pendant la longue période formatrice du Rituel, d'environ 1717 à environ 1770, les Loges étaient petites, conviviales, pour travailler tout en étant assis autour de la table à manger; ils étaient sérieux, respectueux, et la grande majorité des francs-maçons étaient membres d'une église, mais ils n'étaient ni théologiques ni mystiques, et ils s'éloignaient instinctivement de tout ce qui se rapprochait trop étroitement du domaine de l'Église. C'est une bonne règle dans l'interprétation des symboles sur les tableaux de suivi utilisés par ces Loges de ne pas commencer par assumer une signification théologique, car en règle générale, ils s'éloignèrent de la théologie. Dans la F:.M:. avant 1717, ils s'en éloignèrent encore plus. Ils étaient une Fraternité, une Fraternité perpétuant les traditions de l'artisanat du bâtiment, et ils n'eurent jamais la conscience de se tenir dans la tradition de la religion". N’oublions surtout pas ce qu’on appel les Landmarks – règles anciennes qui administraient les pratiques des corporations professionnelles. Le Pasteur ANDERSON dans ses Constitutions de 1723 et 1738 s’en inspira largement pour mieux asseoir la nouvelle Maçonnerie. Les principes de générosité, de fraternité, d'assistance et de progression devinrent prioritaires. Grâce à ces idées, la nouvelle Maçonnerie fut adoptée par de nombreux personnages importants, tans nobles que roturiers et le nombre des Frères s'accrut rapidement.

MB : Je sais que autant sous votre vénéralat que par la suite, la Maçonnerie naissante pris un essor qui ne fut pas toujours paisible ... JEAN THÉOPHILE DESAGULIERS: oui, en effet, l'homme est incorrigible même lorsqu'il s'agit de sentiments nobles ... vous avez entendu parler de l'affrontement entre les Anciens (loges de la ville d'York par ex.) et les Modernes (Grande Loge de Londres) car la notion "d'ancienneté" a un coté prestigieux ... L'arrivée de la haute noblesse augmenta les désirs de se distingueret de se particulariser. Ceci fut une cause d'une prolifération de rites et rituels en même temps que d'apparition de visionnaires. On a ressorti tous les vieux grimoires et veilles légendes pour servir de socle à certaines élucubrations parfois excessives et parfois prétentieuses ... Des clans plus ou moins extrêmes et des sociétés plus ou moins mystérieuses se sont constitués en Europe et dans les Amériques. Des interdictions, des condamnations, des prédominances sont toujours actuellement en vigueur à l'intérieur de la Maçonnerie... Bien que pasteur de l'Eglise Anglicane, j'avoue que les hommes utilis-

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MB : Est-ce que ce fait particulier du Mot de maçon fut le seul à être transmis par la suite ? JEAN THÉOPHILE DESAGULIERS : Certainement pas. Notez que nous sommes toujours dans la période « opérative ». Il faut, parfois hélas, bien synthétiser les idées et les faits historiques pour favoriser leur compréhension. Mais tout est évolution, transformation et mutation avec des rythmes certes différents …et le sujet qui 48


MB: Avez-vous une idée de ces principes ? JEAN THÉOPHILE DESAGULIERS: Oui. Mais une vie ne suffit pas pour les pratiquer et les nommer est très largement insuffisant pour les mettre en œuvre. ► Mais tout d'abord il faut considérer que tout est changeant et que le principe d'une initiation maçonnique est une école de méthodologie de pensée (et non une école de pensée ...). Améliorer l'être humain est le principe central autour duquel gravitent des concepts tels que: - l'amour dans la découverte de soi (charité première ...) et des autres, - le symbolisme, - la recherche de la Connaissance, et, de la sagesse au sens de l'idéal d'une vie réussie – d'une vie bonne ... - le travail partagé au cours des tenues en Loge, etc ... Sagesse: J'ai mentionné la sagesse ... car je pense que son concept regroupe toutes les réponses à la question du sens de l'existence dans la conscience de soi et des autres. En effet, l'origine de chacune de nos vies dépend du rapprochement de deux gamètes dont les caractères sont, à priori, parfaitement étrangers et différents... Et puis surtout, on ne sait pas créer la vie … on ne sait que la transmettre...(le clonage

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est une copie) et nous sommes incapables de répondre à la question du "pourquoi", de la raison et du but de notre existence... Enfin, nous ne savons pas vers quoi correspond la mort ... qui n’est peut-être pas que la fin de la vie … La sagesse, c'est grandir en humanité, pour vaincre les maux qui assombrissent notre âme ... La sagesse ne se trouve pas dans des certitudes car, dans notre monde, le définitif n'existe pas. C'est ce que Isaac NEWTON avait découvert bien avant la théorie de la relativité ... La gravitation universelle induit l'évolution perpétuelle qui porte dans ses principes l'incertitude, l'inégalité, l'altération, et autres impermanences. La sagesse est un idéal. Mais cet idéal doit être précisé et c'est la première démarche du "devenir soi-même". Il faut donc découvrir ses objectifs. Et c'est ce que la F:.M:. propose. Mais attention ! Il ne s'agit pas de considérer la Maçonnerie comme une église, ni un parti quelconque. Car la F:.M:. est un moyen et non pas un but. Non ! Ces objectifs se découvrent au travers de réflexions proposées par notre rituel, par nos transmissions et par l'assistance fraternelle des F:.F:. MB : Je vais oser cette citation: » la perfection n’est jamais dans les hommes, mais parfois dans leurs intentions »... JEAN THÉOPHILE DESAGULIERS : Certes, certes… Tout nous prouve aujourd'hui que les premières intentions furent suffisamment bonnes car que leurs bases se perpétuent plus de 300 années plus tard même avec des antagonismes. Un livre comme celui de la F:.M:. est une œuvre infinie d'autant que c'est le lecteur qui en est aussi le rédacteur ... La trivialité de cette formule a l’avantage de résumer le résultat de cette "invention" de la F:.M:. qui doit sa pérennité non seulement à la juste vision de ses fondateurs mais surtout à tous ceux qui regardent dans la

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ent trop souvent leurs dieux à d'autres fins que leur salut. Les hommes transforment leurs dieux en chefs politiques ...ou à des fins de propres satisfactions qui sont incompatibles avec une vision universelle... Je constate aussi que trop de religieux déforment l'idée de dieu à leur avantage et à celle de leur église et, ainsi, sèment le trouble dans les esprits faibles. Mais cela n'empêche pas la F:.M:. de résister et de continuer à exister. Les valeurs propres à la Maçonnerie restent reconnues et, heureusement, la transmission des principes spécifiques à notre Maçonnerie perdure.


mieux suggérer "accepte toi toi-même" sans complaisance mais avec conscience et persévérance car quelques dizaines d'années ne suffisent pas pour construire un homme, alors essayons plutôt de nous améliorer avec modestie. Mais quelle qu'en soit la façon, l'homme cherchera toujours sa propre vérité à cause et au travers de ses incertitudes et du changement car rien n'est immobile ni définitif dans ce monde en constante évolution dont la connaissance est perpétuellement en devenir. Connaissance:

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même direction et savent maintenir le cap vers la lumière en cherchant leur vérité. Des principes qui sont toujours en cours. Vérité: Après celle de la sagesse, ceci nous amène à la notion de "vérité". Ce concept de "vérité" peut être dangereux … car ses interprétations sont multiples et elles peuvent orienter les réflexions vers des prises de positions qui sont souvent exagérées ... parce que enfermées par l'égocentrisme - celui, justement, de vouloir détenir la vérité ... Celui qui parle de vérité veut trop souvent l'imposer aux autres ... La vérité se partage, elle ne s'impose pas. La F:.M:. n’exige pas de vérité bien que certaines obédiences impliquent certaines croyances (en un dieu révélé par ex.) et que des rites puissent être directifs … en tout cas notre R.E.A.A. est respectueux des idées de chacun … Il est souvent fait référence au précepte gravé sur le fronton du temple de Delphes " connais toi toi-même" qui est une proposition de rechercher sa propre vérité ... Vaste démarche ! Ne faut-il pas

A ce concept de "vérité" est directement lié celui de "connaissance" dont la recherche passe par une multitude d'idées. Peut-on soutenir que la connaissance repose sur le principe de l'espoir car cette connaissance ne sera jamais atteinte intégralement ? Pourquoi pas ! Cette notion de connaissance fait partie des incertitudes rattachées à la condition humaine. Considérons simplement le principe de la dualité, c'est-à-dire que toute chose à son

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Recherche: Nous continuons à explorer ce que nos anciens FF:. cherchaient déjà à leur époque ... la Vérité. Or, la Vérité n'existe pas ... pas plus que l'équilibre ..., pas plus que la certitude ... Un philosophe a dit: "n'a de convictions que celui qui n'a rien approfondi" - (Emil CIORAN). Les quelques traces que nos anciens nous ont laissées ne suffisent pas à figer leurs idées. La preuve en est dans une multitude de rites et de principes dont les chemins se séparent trop souvent ...Mais il y a pire comme difficulté insurmontable, il s'agit de l'objet même de la quête maçonnique ... il s'agit de l'Homme ... car c'est bien lui qui est l'unique propos du projet maçonnique. Et l'Homme, à mon avis, restera comme un puzzle dont les pièces sont et seront en perpétuel devenir et, donc, dans l'impossibilité de faire apparaître sa réalité dans son intégralité. L'homme est condamné à se chercher toujours et perpétuellement et la Maçonnerie est vouée à rechercher indéfiniment les raisons de l'homme... Devenir un autre tout en restant soi-même ... là est la question ...!

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MB : Mais avec une vision plus resserrée, quelles furent les «emprunts » que fit la Maçonnerie spéculative naissante ? JEAN THÉOPHILE DESAGULIERS : Le terme « emprunt » est impropre s’il suppose une sorte de plagiat ou imitation. Les réflexions des historiens hésitent entre les théories de transmission, de récupération, de filiation ou de rupture des règles et coutumes opératives. C’est un peu tout cela à la fois bien que je préfère l'idée d'invention. Par exemple et concernant le « modèle » de la loge, celles des maçons opératifs étaient une réalité bien vivante. C’est à partir de cette référence, avant tout autre, que la première Maçonnerie spéculative a revendiqué sa filiation opérative bien qu’elle ne prétendra pas étudier les merveilles gothiques ni honorer la mémoire de leurs constructeurs. En adoptant ce modèle de la loge, cette nouvelle Maçonnerie a retrouvé les outils du métier. C’est sur leur symbolisme que s’est avant tout construit l’imaginaire maçonnique. Connaissez-vous la littérature emblématique ? Je parle entre autre du « Songe de Poliphile », des "Hiéroglyphica" dont la traduction fut publiée en 1505 et puis du « Livre des Emblèmes » de 1531. Ces ouvrages sont surprenants car déjà au XVI° siècle ils montrent de nombreuses planches imagées représentant des humains, des animaux, des objets et des instruments et parmi ceux-ci des figures de compas, d’équerre et de niveaux associés aux idées de droiture, de rigueur, de conscience et de tempérance. Il apparaît donc clairement que ce qui est appelé le « symbolisme maçonnique » était en partie déjà explicité un siècle et demi avant que ne soient connus les premiers spéculatifs et bien plus avant qu’on puisse parler de la Franc Maçonnerie spéculative - tout est dans tout ...! A contrario d’emprunt, je peux vous dire que moi-même qui fut de ceux qui décidèrent et organisèrent cette nouvelle Maçonnerie fut très attentif à respecter les marques

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opposé ... (le vrai et le faux - la beau et le laid - le bien et le mal ... etc ...) et que toute chose est inséparable de son contraire et, de plus et surtout, que toute chose ne peut pas exister sans son contraire...(le bien ne peut pas être distingué sans l'existence du mal ... car c'est le mal qui révèle le bien ...et vice versa...). Les identifications et les compréhensions des dualités rendent les approches de la connaissance souvent incertaines. Seuls la pratique et l'expérience produisent la connaissance. La pratique demande de la réflexion et l'expérience la valide. Personnellement je pense que la connaissance absolue est impossible et cela nous oblige à considérer notre état comme étant précaire et inconstant et d'être sans cesse vigilant face à toute dérive. Nous devons donc viser à être mieux à défaut d'être irréprochable. Là est notre chemin. Là est notre recherche.


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du passé tout en refondant un nouvel édifice. Car aucune structure d’alors ne pouvait à mes yeux être ni reconduite ni prolongée. Il ne s’agissait pas d’une évolution au sens littéral et restrictif et encore moins une révolution. Les idées qui se développaient en ce début du siècle des Lumières étaient variées et multiples. Mais j’avais à cœur de tenter de réunir des hommes autrement que par des explorations scientifiques et idéologiques, différemment que les églises constituées et séparément des courants philosophiques et politiques car toutes ces manifestations de l’esprit de l’homme prouvaient régulièrement leurs limites. Il fallait créer de nouvelles élévations. Je ne peux manquer de mentionner de nouveau les « Constitutions » attribuées à notre frère James ANDERSON et à l’élaboration desquelles je participai très activement. Considérez, je vous prie, la partie des « Obligations », plutôt que celle de l’histoire introductive, et notez en ce qui concerne « Dieu et la Religion » lorsqu’il est écrit que : « un maçon ne sera jamais un athée ni un libertin »…et que la croyance maçonnique est celle « sur laquelle tous les hommes sont d’accord, laissant à chacun ses propres opinions, c'est-à-dire d’être des hommes de bien et loyaux, des hommes d’honneur et de probité, quelles que soient les dénominations ou croyances religieuses qui aident à les distinguer, par suite de quoi la Maçonnerie devient le Centre de l’Union et le moyen de nouer une amitié fidèle parmi les personnes qui auraient pu rester à une perpétuelle distance ». Là se tient la vérité de la Maçonnerie. JEAN THÉOPHILE DESAGULIERS: Et maintenant et avant de disparaître de votre rêve, je vais vous livrer quelques réflexions ... La F:.M:., c'est une idée que l'on a de soi-même ... c'est un mode d'expression du plus profond de soi-même ...Depuis et à partir de notre naissance, nous sommes en survie … Depuis toujours, nous cherchons à nous positionner dans l'univers mais plus nous en cherchons les limites, plus celles-ci s'éloignent vers deux mystères infinis ... ceux du petit et du grand.

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Nous avons peut-être la chance, individuellement et quotidiennement, de ne pas trop faire attention à notre état microscopique (notre "égo" nous sauve quelque part … et nous cache souvent notre réalité …) mais aussi nous sommes passionnés, ce qui risque de fausser la réalité bien que la notion de "réalité" soit en elle-même aléatoire …! Nos réflexions incertaines et limitées nous ramènent vers nous-même afin d'essayer de comprendre l'indéfinissable …Nous sommes condamnés à chercher tout au long de notre existence éphémère et - axiome fondamental - nous sommes réduits à nous questionner sans fin car la découverte du "pourquoi" de notre raison d'être serait la fin définitive de notre réalité car n'oublions jamais cette règle éternelle … rien n'est définitif … et la Connaissance suprême serait l'idée finale signant la fin du tout. Et nous devons bien vivre avec ce dilemme qui est de ne pas pouvoir répondre au "pourquoi" …! Nous en sommes réduit à d'hypothétiques "comment"... L'homme, quand il ne connaît pas, échafaude d'innombrables propositions au risque que beaucoup soient fausses …car valider une hypothèse demande souvent du temps, beaucoup de rigueur et de la persévérance …pour recommencer indéfiniment. C'est ainsi que le monde est encombré de fausses informations qui font prendre de mauvaises directions à certains … Chacun de nous habite provisoirement ce monde. Cette cohabitation fait naître beaucoup d'interrogations sur les façons de gérer nos existences ... La F:.M:. est une utopie bien réelle. Cette antilogie (contradiction …) lui permet même d’exister car l’homme est sensible aux idées insensées … La F:.M:. et le maçon vivent en symbiose, c'est-àdire dans une association durable de deux principes et dans laquelle chacun puise les raisons de son existence … La F:.M:. propose, le maçon dispose et taille sa pierre en fonction de l'ouvrage dont il fait partie. Plus on essaie d'être Franc-maçon, plus on


s'éloigne de la Maçonnerie ... Je m'explique: la Maçonnerie doit devenir une mouvance naturelle, normale qui passe par une succession infinie d'évolutions douces non forcées et non programmées et, surtout, qui ne fasse pas violence à celui qui cherche. Il convient de se placer dans des dispositions favorables (état d'esprit positif indispensable) avec quelques études de la méthode pour laisser aller ses pensées et, par conséquence, ses actes et sa façon de vivre dans le sens de la générosité et de la bienveillance, des sentiments qui font oublier les pesanteurs narcissiques et égocentriques. Sachons harmoniser l’esprit de singularité avec celui de communauté … Pour bien vivre notre Maçonnerie, Il nous faut juxtaposer et réunir intimement nos deux situations, celle d’homme profane et celle d’homme maçon … et c’est de cette façon que nous pourrons obtenir une unité absolument nécessaire au perfectionnement. Nous ne pouvons pas faire autrement que de vivre ensemble dans le monde profane ... mais nous – Franc-maçon – nous devons transformer et inventer le vivre en fraternité en dehors de tout principe de domination. Toute stratification apparente pourrait être modifiée car la sagesse est une incertitude magique enfouie au fond de l’esprit de chacun et que seul compte le chemin interminable permettant d'espérer l'atteindre. De toute façon, rien n'est figé, rien n'est définitif, rien n'est en équilibre, la "vérité" n'existe pas, le doute éclairé et constructif est le principe supérieur. Plus prosaïquement, si j’ai une piste à nous donner c’est, dans notre vie personnelle, de combiner les trois fonctions suivantes: la pensée, la parole et l'écriture. Ces trois pratiques sont parfaitement complémentaires et contribuent à s’améliorer mutuellement par leur pratique conjointe …la pensée doit être à la fois élargie et concentrée, la parole doit être précise et mesurée et doit permettre de préciser la pensée par sa nécessité de clarté, quant à l'écriture, elle réunit les qualités des deux autres moyens de s'ex-

primer avec une recherche des mots justes et tournures de phrases adaptées qui permettent de préciser et d’améliorer la pensée. Et n’oublions pas la méditation … car Il faut s'observer soi-même ... observer ses jugements, observer ses pensées ...et les observer en toute objectivité. Toute démarche qui consiste à réfléchir sur soi-même est une bonne démarche avec comme idée principale que le "dedans" commence "dehors". Mais voici que s’avancent ensemble Monseigneur le Duc de Montaigu et Monseigneur le duc de Wharton … et je me réveillai à cet instant.

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j’ai dit Marc BOI:..


1ÈRE FEMME MA La

première

femme

Elisabeth St Léger se trouvait être une adolescente de 18 printemps ; elle est intelligente, indépendante, cultivée comme sa mère Lady Marie Chichester, et pleine de tempérament. Elle affectionne se glisser dans la bibliothèque qui jouxte le grand salon, s’installer dans l’embrasure d’une des fenêtres, tirer les rideaux pour ne pas être dérangée et se plonger dans un ouvrage, généralement d’Histoire, parfois de poésie.

maçonne

En cette fin de journée, la lecture l’a assoupie, elle s’est endormie sur les coussins en laissant glisser à terre son livre. Dehors, dans le la nuit était

Elle entend des voix depuis la bibliothèque dans le grand salon. Intriguée, elle observe par la porte entrebâillée.

Nous sommes à Doneraile Court (dans l’actuel comté de Cork) en septembre 1712. Le temps est radieux et Lord Arthur St Léger, Pair d’Irlande et 1er Vicomte Doneraile depuis une quinzaine d’années, a convoqué sa loge n°44 de la Grande Loge d’Irlande (aujourd’hui n°150) dans son grand salon comme ont coutume de le faire les aristocrates irlandais et écossais. Il y a là une douzaine de gentlemen de la meilleure société qui maçonnent ensemble dans la bonne humeur pratiquant le rituel accompagné de quelques verres de Tullamore Dew. MAGAZINE

parc, tombée.

Elle sait que son père reçoit régulièrement des amis dans cette pièce de la demeure familiale mais elle ignore tout de la nature de ces rencontres. La curiosité que son père n’a pas voulu assouvir, la pousse à écouter la tenue du début à la fin. Malheureusement, elle n’est pas assez rapide à fuir et quand l’un des membres ouvre la porte pour aller commander la collation que

La fille de lord Doneraile, l’Honorable 54


AÇONNE

accablée, son père courbe la tête, jusqu’à ce qu’un des participants, d’une voix tremblante, énonce : - “My Lord, vous connaissez la règle. Si notre secret est surpris, si les membres de notre Loge sont identifiés par quelqu’un qui n’y appartient pas, ce quelqu’un doit mourir. Nous devons donc donner la mort à votre fille.”

le cuisinier du domaine prépare traditionnellement pour les agapes, sa présence est dévoilée.

Des protestations, des exclamations se font entendre et chacun avance son argument pour ou contre l’application de la 1ère Loi Maçonnique qui garantie la

Elle est poussée dans la pièce où se trouve son père attablé avec une douzaine d’hommes dont elle connait certains.

Tous, à sa vue, poussent des cris et son père prit une expression d’horreur. Qu’avait-elle donc fait, se demande-t-elle, pour que son apparition provoque une réaction aussi violente ?

sécurité

Un

C’est leur Loge et la Francmaçonnerie toute entière qui autrement étaient en danger.

pesant

ses

membres.

Après de longues palabres, Dura Lex sed Lex, finalement tous furent d’accord. La fille de lord Doneraile n’avait pas le droit de survivre au fait de les avoir découverts.

s’établit.

Les douze hommes continuent à la fixer avec répulsion, la mine

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silence

de


Lord Doneraile tente désespérément de plaider la cause de sa fille et de sauver sa vie. Elle garderait le secret, nul autre n’en saurait rien. Elisabeth se tord les mains, se voit déjà morte et joint sa voix à celle de son père. Elle jure sur tout ce qu’elle a de plus précieux de ne jamais révéler ce qu’elle avait vu.

PLAQUE COMMÉMORATIVE, DANS LA CATHÉDRALE SAINT-FINBARR DE CORK.

En vain. La règle de la Loge ne pouvait être transgressée sans mettre en danger tous ses membres. Dans le silence effroyable qui s’est installé, chacun des participants se demande qui sera choisi pour opérer le sacrifice et de quelle manière va mourir la gente demoiselle. Tout à coup, une idée folle germe dans la tête de lord Doneraile qui relève la tête et interpelle ses frères : - “Il y a une solution. Procédons à l’initiation de ma fille comme membre de notre Loge.” - –”Une femme dans notre loge, my Lord ? Impossible.” - –”Alors, elle fondera sa propre loge sous notre parrainage.” Les autres membres soulagés qui, en vérité, ne cherchaient qu’une solution approuvent bruyamment. Ainsi fut fondée la première Loge féminine de la Franc-maçonnerie. Ainsi l’Honorable Elisabeth St Léger, fille de Lord Arthur St Léger, Pair d’Irlande et 1er Vicomte Doneraile acquit-elle le surnom de lady Freemason. MAGAZINE

j’ai dit Max HEB:.

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Dans toutes les Loges du monde on a croisé des frères qui passent, brillent un temps, et disparaissent vers d’autres chantiers comme des étoiles filantes.. au risque de vous décevoir : Cyriaque-Emmanuel n’est pas de ceux là! Lui, fait partie de ces frères réguliers, assidus, bienveillants et généreux qui forment silencieusement les fondations humaines de nos Ateliers. Il est de ceux qui vous instruisent patiemment, Tenue après Tenue, qui tiennent la bougie non pas pour briller mais pour vous éclairer, pour vous laisser entrevoir le chemin... Enfant de l’assistance, élevé dans la Sarthe pendant la guerre, Cyriaque-Emmanuel s’est découvert aux Pompiers de Paris où il a appris respect, discipline, Devoir et un certain sens de la Fraternité. Cette fraternité il a pu l’aborder pleinement lors de son initiation

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en 1986 dans la Respectable Loge Les Sept Étoiles à l’Or:. de Melun, Grande Loge Nationale Française. Après en être devenu V:.M:. (Photo) Bien des années plus tard, sa générosité l’a conduit à participer activement à la fondation et consécration de nombreuses loges en région parisienne, sur la côte d’Azur mais également jusqu’aux États Unis d’Amérique où il reste fondateur de la Loge « La France » n°93 à l’Orient de Washington, district de Columbia. En 2008, Cyriaque-Emmanuel participe activement à la création du district d’Afrique Orientale - Mer Rouge, Grande Loge Nationale Française, basé à Djibouti en tant que Grand Trésorier. À 88 ans aujourd’hui, notre frère, qui est notre doyen, ne garde que de bons souvenirs de sa vie maçonnique « j’y ai trouvé ma vie » précise-t-il d’ailleurs parfois lors de nos échanges réguliers. Un de ses meilleurs souvenirs reste l’invitation au restaurant que lui ont fait ses filleul (il en a plus de 30, dont j’ai la chance de faire partie)en 2009, symboliquement pour ses 77 ans. Il se souvient de l’époque où, secrétaire de loge, il ne fallait pas se tromper sur la rédaction de la convocation qui était adressée par la poste, à chaque frère, strictement 15 jours avant la date de Tenue... il regrette qu’aujourd’hui, malgré les moyens modernes, cette discipline ne soit que rarement observée...Mais, comme tout outil sur le chantier, les moyens modernes ont du bon parfois, Il permettent à Cyriaque-Emmanuel aujourd’hui de retrouver de nombreux de ses filleul pour des échanges symboliques et fraternels, parfois quotidiens, au travers de notre loge Internet Robert Burns! J’ai dit Pierre BEN:.

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NOTRE DOYEN CYRIAQUEEMMANUEL NOV:. LER:.


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PORTRAIT D’UN FRÈ:. AU CONGO

au Congo ? La loge est le lieu spirituel ou se vit la vérité du parcours. En reliant les Mâcons à elle, elle les relie entre eux, construisant ainsi ce que nous appelons la fraternité. Au Congo Brazzaville, en dépit des traités d’amitiés, les frères et sœurs de toutes les obédiences, hormis ceux de la Grande Loge du Congo, obédience dite régulière et issue de la GNLF, se fréquentent sur les colonnes. Ils ont créés ce qu’on peut appeler (l’œcuménisme maçonnique). Nous assistons aux travaux des uns et des autres. C’est vraiment enrichissant, par-delà la diversité des rites. Ainsi, je vis la Franc-Maçonnerie au Congo dans une ambiance fraternelle. Pourquoi et comment es-tu rentré à la Loge Robert Burns ?

Je suis le Frère Médard. LOU:., Administrateur d’entreprise, 47 ans, père de 4 enfants dont 3 filles et 1 garçon. J’ai reçu la lumière en 2004, au sein de la R.L. Sanctuaire d’ISIS Numéro 5, issue de la Grande Loge Traditionnelle des Rites Egyptiens à l’orient de PointeNoire, République du Congo J’ai été élevé à la maitrise En 2008. Après mon installation pour des raisons professionnelles dans notre capitale politique Brazzaville en 2014, j’ai travaillé comme maçon libre dans une Loge libre. En 2017, nous avons avec d’autres frères solliciter et obtenus une patente en France au sein de l’Ordre Souverain des Rites Egyptiens et créer la Respectable Loge Nelson Mandela, dont j’ai occupé jusqu’en 2019 le plateau de premier surveillant. La Loge ayant essaimée, nous avons obtenu une nouvelle patente en créant la Respectable Loge l’arbre de vie et j’en suis jusqu’à maintenant Vénérable Maître. Comment vis-tu ta maçonnerie aujourd’hui

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As-tu trouvé ce que tu cherchais au sein de cette Loge ? C’est une joie, un honneur et un plaisir d’appartenir à cette loge internet. Je le dis en toute honnêteté que j’ai trouvé ce que je cherchais. C’est une première dans l’univers maçonnique francophone. Elle ne tient compte ni de ton obédience, ni de ta culture ou de ton pays. Elle met à ta disposition un site internet avec des planches ; une bibliothèque enrichissante ; une diversité des rituels et un groupe whatsapp à la une de l’information économique, politique, sportive , sociale et culturelle du monde. Force MAGAZINE

Peux-tu nous parler de ton parcours maçonnique ?

Le monde étant à l’ère du numérique, il est à mon avis impérieux de s’y accommoder. J’ai connu la Loge Robert Burns, par l’entremise du Frère Claude MAB:. de SUEDE avec qui nous entretenons d’excellentes relations et de convergences d’idées. Nous sommes épris de sens de recherche et de connaissance et nous discutions souvent sur le REAA et de son universalité.


est de constater que les échanges numériques sont fraternelles avec à la clé une maîtrise des risques dans le domaine de la qualité de l’information, de la sécurité et des menaces sur la discrétion chère aux Francs-maçons que nous sommes. 5 / Que souhaite tu pour l’avenir de notre loge Robert Burns ? Notre loge doit grandir et consolider son unité fraternelle présente. Organiser des réunions virtuelles par visio-conférence au moins une fois le trimestre pour s’enrichir et se connaître. J’ai dit !

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Médard LOU:.

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LA FRANC-MAÇONNERIE DÉVOILÉE par Philippe Bercovivi et Arnaud de la Croix, Editions « Le Lombard »,

C’est ce qui peut arriver, lorsqu’on flâne en librairie, que de faire une trouvaille, consistant à ouvrir un bouquin, par le fait de son titre ou d’un style de couverture… et de l’acheter. Titre assez banal, « la Franc-Maçonnerie dévoilée », parmi tant d’autres de ces ouvrages qui ont dévoilé, ceci ou cela, de ce qui est prétendu être maçonnique ou qui a pu l’être ; soit le fait d’anciens initiés, souvent partis frustrés de leurs loges, soit le fait de théoriciens vaguement complotistes pour lesquels la maçonnerie spéculative est affaire d’individus obscures et peu fiables qu’il convient alors – selon eux – de désigner et condamner au bûcher du verbe. Mais là, de quoi s’agit-il ? d’un énième ouvrage qui dévoile ? qui dévoile quoi ? Pour l’initié, pas grand-chose, même très, très peu. Pour le profane, ce n’est pas tant une maçonnerie, dans son histoire et ses symboles qui est dévoilée, mais plutôt une (autre) façon d’aborder, de démystifier, de « révéler » (sans dire rien des « secrets », codes et rituels ; alors même qu’on y lit beaucoup d’éléments perceptibles uniquement aux initiés), de présenter la démarche philosophique de l’Art Royal par une bande dessinée, fort bien construite, fort bien mise en scène. De scénographie de qualité certes, par son graphisme, l’originalité de l’organisation de fond et de forme de ses planches (à dessin !), mais aussi par son texte, les dialogues, les bulles narratives, les compléments informationnels culturels de fin de chapitres.

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La Franc-Maçonnerie dévoilée Par Philippe Bercovivi et Arnaud de la Croix, Editions « Le Lombard », Bruxelles, octobre 2020


L’ouvrage se lit bien, agréable en main, de bon poids, au papier de qualité, soutenu par des couleurs choisies par Sylvie Sabater qui vient ajouter son nom à ceux des deux auteurs de talent qui ont conçu et donc fait naitre cet assemblage de 18 chapitres, avec un glossaire et d’autres références ajoutées. Quelques figures, noms célèbres, sont présentés, en ce qu’ils ont influencés la maçonnerie, depuis sa conception mythique à celle réelle ; du moins selon les repères qu’on se donne ou accepte en ce qui concerne l’histoire : Rudyard Kipling, Hugo Pratt, mais aussi Mozart, Andrew Ramsay ou encore William Shaw. C’est un ouvrage avec une certaine universalité, puisqu’il présente aussi les SS telle Marias Deraismes. On va ainsi, depuis les références au Moyen Age jusqu’à aujourd’hui, parcourir ce dévoilement de la Franc-Maçonnerie avec à la fois plaisir, petit bonheur et sentiment de se trouver en bon lieu, du moins si on est déjà maçon. Mais comme l’ouvrage n’est pas destiné – implicitement du moins – aux initiés seulement, mais davantage aux profanes, il devient un outil d’informations (de base) bien réalisé, étayé et présenté avec habileté, tout comme d’une certaine force de fond et de vigueur de style. A faire circuler, diffuser, mettre en toutes les (bonnes ?) mains profanes, pour qu’éventuellement s’enclenche une discussion. A acheter aussi, pour le plaisir du bel objet, du soutien à l’édition qui soutient ellemême la maçonnerie, dans ces temps (toujours rudes) où être pédagogues et support de transmission des savoirs n’est jamais une évidence, une chose facile. J’ai dit,

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Frédéric MAS:.

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JOHN ENTWHITEL BASSISTE DES WHO ET FM:. Brother John ENWHISTEL (Bassiste - The Who) John Alec ENWHISTEL né le 9 octobre 1944 a Chiswick un quartier chic et plutôt huppe de Londres était bassiste, chanteur, auteur et compositeur. Enfin producteurs de musique et film et pour ce qui nous intéresse un F.: de la Loge Ezekiel Bates fondée dans le Massachusetts en 1870 aux États Unis Il fut à n›en pas douter un des très grands bassistes de rock officiant, adoubé par ses pairs et le magazine Rolling Stones comme le meilleur bassiste dans ce style musical de tous les temps, entrant de son vivant dans le Rock and Roll Hall of Fame! A cote du légendaire chanteur Roger Daltrey, du guitariste Pete Townshend brillantissime compositeur des titres majeurs des Who et du batteur Keith Moon dont les frasques n›avaient d’égal que son génie de batteur. John était le seul a possédé une vraie culture musicale ayant la chance d›evluer avec des parents qui pratiquaient la trompette pour le papa et le piano pour le maman! Dès l›age de sept ans notre frangin bass-player rentre dans une école reconnue afin de parfaire ses connaissances d›abord au piano puis à la trompette , papa oblige et enfin Cor français en rejoignant l›orchestre symphonique du Middlesex. Après un court passage au Jazz suite à la rencontre avec le futur guitariste des Who ceux-ci décident pour notre bonheur d›amoureux de la rock musique de passer à un style musical plus expressif et plus gratifiant à tous les étages. Groupe phare de la scène anglaise des années 60/ 70, le quartet enchaina les tubes et devint très rapidement un des groupes iconiques des Mods à la fois style comportemental musical et vestimentaire «My Generation» fut reconnu comme le titre phare et l›hymne destructeur de ce combo mythique à l›instar de «I cant get no satisfaction» des Rolling Stones et «You really got me» des Kinks pour toute une jeunesse en rupture de banc et en recherche de nouvelles sensations. ils devinrent très rapidement un des groupes ioniques des Mods, avec les Small faces et les Yardbirds, une mouvance de la dite jeunesse à la fois un style comportemental, musical et vestimentaire qui n›hésitait pas a faire le coup de point avec

l›autre genre cher aux jeunes anglo-saxons les Rockers proches du rock&roll des années 50 Gene Vincent Eddie Cochran entre autre. La bataille rangée entre les deux ethnies en 1964 à Brighton fut légendaire avec des centaines post teen-agers s›opposant manu militari John Enwistle fut un immense compositeur et artiste, celui dont les surnoms «Le Boeuf» et «Les Doigts du Tonnerre» ‹ référence à sa dextérité et à la rapidité de son clap sur sa basse fut à l›origine de titres aussi originaux que puissants tels que Cousin Kevin, My Wife, Boris The Spider, ou Heaven abd Hell titre phare des who joué à chaque début de concert Sa contribution au rock fut d›élever la basse au rang d›instrument de premier plan. Il développa d›un jeu des plus original d›abord au médiator puis joué aux doigts pratiquant des arpèges et des riffs très rapides Sur scène la complicité avec Pete Townshend fut total échangeant souvent leur rôle John jouant rapidement des lignes mélodiques pendant que Pete rajoutait des parties rythmiques au morceau avec sa Gibson Le respect émanant de notre Musicien frangin fit que nombre de critiques positives et de louanges lui furent louées par d›autres musiciens reconnus tel que le premier bassiste des RollingStones Bill Wyman : Il est l›homme le plus calme en privé mais le incroyablement dynamique sur scène et au fil du temps sa façon d›appréhender son instrument influença nombre d›autres musicos Lemmy de Motorhead, Steve Harris de Iron Maiden, Noel Reddind qui fut «SideMan» de Jimi Hendrix du temps de l›Experience. Durant la fin de sa vie, notre ami semblait complétement heureux de son sort, il n’était plus le Bœuf d›autrefois certes et souffrait d›hypertension, mais avait trouvé une assise dans la vie grâce a sa nouvelle compagne. La veille de commencer la tournée américaine il passe la soirée avec des amis dans un hôtel de Las Vegas, après le repas il remonte tranquille dans sa chambre et ne résiste pas à ses démons en prenant de la Cocaïne, cela sera fatal. Son coeur fatigué ne résistera pas a ces nouvelles secousses et une crise cardiaque l›emportera dans la nuit. Suite a l›autopsie il est avéré qu›une de ses artères étaient bloquées à 100/100 A l›instar de son ami Rod Stewart fut


un collectionneur compulsif tout d›abord de petits trains, aménageant tout une pièce de son manoir afin d›assouvir cette passion dévorante, mais aussi d›armures en tous genres du moyen âge entre autres, des soldats de plombs de toutes les époques, il en possédait des centaines et parmi les manies celles de posséder des objets étonnants comme des tarentules empaillées et autres animaux peu ragoûtants et enfin des figurines en tour genre de Maryline Monroe! «Selon les anciennes coutumes il ne reste plus qu›à enfermer nos secrets»Telle ne fut pas la surprise de Pete Townsend de découvrir le jour des funérailles de celui qui fut son ami d’enfance pendant quarante ans que celui ci était Franc Macon! Le secret jamais dévoilé fut dévoilé seulement au moment de le mettre en terre! Un service commémoratif a eu lieu à Trafalgar Square, sa gigantesque collection de basse fut vendue aux enchères chez Sotheby›s j ai dit par Aldo BER:.


LES MOTS DE L’HOSPITALIER


C’est un grand plaisir pour moi mes frères de vous retrouver à l’occasion du deuxième numéro de notre magazine la voie écossaise afin de vous faire mon traditionnel rapport de l’Hospitalier. Le nombre de frères de notre loge continue de s’accroître et il y a actuellement une vingtaine de dossiers en attente d’intégration de frères provenant principalement d’Europe de l’Est et d’Amérique du Sud. Notre tenue physique du 5 décembre n’a malheureusement pas pu avoir lieu pour des raisons techniques et notre Temple du boulevard de la Tour Maubourg à Paris sera prêt à nous recevoir normalement dès fin janvier. J’échange régulièrement avec de nombreux frères de tous les continents sur la boîte mail robert-burns@glef.fr (préciser à l’attention du F:. Hospitalier) et, dans l’ensemble, ils vont bien malgré la situation épidémique mondiale que nous vivons depuis bientôt un an. Quelques frères sont toujours hospitalisés, certains par intermittence. J’aimerais donc que nous ayons une pensée particulière pour nos frères Alain, Pierre, Bernard et Cyriaque Emmanuel en leur souhaitant un rapide soulagement de leur souffrance et un prompt retour dans leurs foyers. Comme notre V:.M:. l’a proposé récemment, nous nommerons prochainement des correspondants locaux de notre Loge Robert Burns : Un correspondant par département en France et un correspondant par pays. Je vous souhaite de bonnes fêtes auprès de vos proches mes TTCCFF ! J’ai dit Le frère Hospitalier


LA VOIE ÉCOSSAISE

MMTTCCFF, vous souhaitez que l’on aborde un sujet ? vous souhaitez participer à la rédaction d’un article dans le prochain numéro ? merci de nous contacter à l’adresse mail si-dessous “Lettre Robert BURNS Loge de recherche universelle et internationale du Rite Ecossais Ancien et Accepté”

www.robert-burns.glef.fr Contact : robert-burns@glef.fr Tous droits réservés


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