Cahier du trait

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* Les Cahiers du Trait

Sommaire Mot du prÊsident François Rollin gravure de Lucile Piketty C.Ber La nuit le ciel gravure de Pablo Faiszman C.Ber La langue bruit gravure de Maurice Maillard Mabardi Rien


Pour ce cinquième et dernier CAHIER DU TRAIT sur des thèmes initiés par les lettres du mot TRAIT nous avons proposé aux auteurs et artistes un petit mot de deux lettres dont la première est, comme le veut la règle du jeu, la dernière du mot TRAIT. Un mot de deux lettres au sens double. Le TU de l’adresse à l’autre, orale ou écrite, tendre ou autoritaire, amoureuse ou nostalgique… Le TU de la parole retenue, du silence signifiant l’inexprimable, du secret inavouable… Les auteurs ainsi que les artistes sollicités ont répondu chacun à leur manière et s e l o n l e u r p ro p re s e n s i b i l i té à c e difficile exercice. La poésie, la philosophie et l’humour s’y côtoient avec délicatesse, onirisme ou un semblant de brusquerie. Les auteurs et les artistes mettent ainsi en évidence l’objectif premier des Cahiers du TRAIT d’être un espace de rencontre entre des artistes et des auteurs où chacun s’exprime librement répondant au questionnement du thème proposé.

Maurice Maillard Président du Trait


* La Langue bruit


Du tu à un tu, du caché vers

la parole à son secret et à son adresse. Dans le sonore du tu un il ou elle tue résonne aussi dans

l’anonyme s’articule

sa violence. Tiers inclus à l’os de la

langue proférée, sensé et

insensé tressés l’un dans l’autre au caducée d’Hermès en serpent de connaissance.

Toujours

la langue bourgeonne en

buisson, mémoire de l’ardent ou

La langue bruit

de broussaille. Leur braise. Ce qui se meut au miroir de la nuit entre

exaltation et inquiétude (la vitesse de vivre, un égarement

au devenir empli d’inconnaissance et nos disparitions par meut es successives) quand

aboie la langue roulée en boule sur elle-même, ahanant au bord des lèvres,

tutoie la voix vers l’ascendant du corps.


dire ? Ou que veut-on simplement qui soit autrement dit ? La balance inquiète est là

Que veux-tu

Ananké et les Bienveillantes accueillent la vie au berceau. C’est écrit sur le front et entre les dents. L’en-avant de l’avenir. Le hors jeu inscrit dans les règles. Sur l’écran d’un portable à peine la

ta voix le cri des pipistrelles, le roucoulement des colombes, le piaillement des pies, le chuintement des chouettes, les trilles du rossignol et craintivement, allant au nénuphar la grenouille coassant quoi ? menue place d’un signe. Dans

ce bruitage ? De l’armada des mots ? Des Quoi demeure de

douilles de cette migration

sonore? Une

épine dans la glotte, un épis de maïs, le pis gonflé d’une bazadaise ruminant le foin de son nom ? Qu’attends-tu de l’amour sa

roucoulade ou son arête ?


Dans l’air courbé un vol de

voix et leur

cercle d’étamines, pistil de vent sur la cible du coeur. Au front on la pierre tombe déjà, les vallons et les collines derrière la rosace se voient, les champs labourés, la campagne concise. Une vie dure un sautillement de passereau, un

pépiement de roitelet et la parole est une esquive à déduire les mots de la mort disant tu

comme batte de bois dans une

besace vide. L’inapprivoisé oscille entre la bouche à mordre et à baiser, les mains meurtries et meurtrières.

Mais les bras dans l’herbe, accoudés sur un mouchoir de poche, heureux, nous prolongent au bout de leur élan entre les doigts porté - si près de nous et de tout quelquefois.


parole s’avance dans un bruire où s’apaisent loups et lions, langues léchant sur la main le son de la parole. Le réel est sanglant, brutal, indécidable et dire l’apprivoise, à son pire adouci - afflux de

La

sang canalisé aux veines du langage près de la tête fracassée. Et d’être formulée un peu apprivoisée la chose survenue (fin d’une vie, pleurs, fleurs, odeur de cimetière, couronnes et crématoire) et tu es moins gisant à être encore nommé. À l’appel des voyelles absentes, à proférer tout haut les morts et les vivants

la langue bruit de vive voix

toute chair à l’ouvrage, lèvres, larynx, poumons, pelures granuleuses du palais, incisives

sifflant sous la syllabe. Lève toi Lazare puisque tu es prononcé.

Langue louve sauvage et nourricière toutes voix confondues son oblique scelle secrètement l’envers au halo de clarté. Louange et vindicte. À la conque de l’oreille, au buisson des sens, à l’ardeur qui fait ce buisson s’embraser, l’appel sexué du

bruissement tient de l’amour ou le figure. Tapage, mélodie, murmure, tintamarre de sensible dans son

souffles et de noms pour que trouvent nos

mots d’autres corps qui les parlent.

La langue bruit et on n’écrit pas dans le noir.


* Rien



- Qu'est-ce qu'il y a ? - Rien.


*Gravure de Maurice Maillard

Sur la terrasse, tu fumes. Tu parles fort, que je t'entende dans la cuisine où je fais le café :

En venant chez toi, il y avait deux types dans le tram, si je savais écrire, putain... tout ce qui se passe dans la rue, tu sors jamais juste pour regarder ce qui se passe ? Un temps, et tu insistes :

ou alors, rien. Écris sur rien. Quand il y a rien, c'est déjà beaucoup. Mets-le mot sur une page - RIEN – et regarde-le.


Tu me rejoins dans la cuisine :

Ou alors, comment dire ? Fais un aveu. Mets n'importe qui sur une scène, face au public.

Il est là, il cherche les mots, je sais pas moi, c'est toi qui écris. Écris : voici mon aveu. Un autre soir, sur un trottoir devant un snack à pita, à piaffer de froid en attendant les frites, ta voix, dans mon dos, brutale :

je dois te dire un truc, tu m'écoutes ? tartare ?

Et moi : Et toi, dans la foulée :

je t’aime, tu le sais, ça ? La buée sort de ta bouche avec les mots. Et moi : le type attend, allez, tartare ou pas ? Et puis tu meurs.


Tu dis :

j'ai tiré l'hexagramme « faire retraite » au Yi king, ça tombe bien, je comptais partir quelques jours, je t'appelle quand je reviens. Et rien.

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Tu faisais des spec acles. u arpen ais les lieux en scru ant les aspéri és, les coin d’ombre. Absorber l’espace, sans in ervenir. Le vider de ses anecdo es, faire une place pour le silence.

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Aux ac eurs, tu demandais de fermer les yeux, d’être des algues dans le courant, perméables, poreux, de se laisser a eindre, et tu répé ais :

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ne fais rien, ralen is, pars d’où tu es.

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Tu donnais au désir le emps d’émerger. Des heures de fragili é, de présence.

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Quelques jours après l’accident, je ’ai vue, là-bas, scru ant le rien en plissant les yeux, sac au dos, cheveux de corbeau sur la figure, perméable, poreuse, exci ée – ouche à rien, on va par ir de ce qui est là.

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Toi, prenant l’éternité en main. t

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Soupesant le po entiel de la si uation – l’espace illimi é, les zombies, le silence, et les couches de emps à l’infini...

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Ressassant es plans :

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Mapple horpe à la lumière, Kan or à la scéno, on fait en rer Ar aud et Blixen, on leur demandera de chanter comme au Karaoké, ils auront des rous de mémoire, et – quelqu’un a vu Morisson ?

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J’a endais un message

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Ça ’intéresse encore, ce e affaire d’aveux ? Y a des gens ici qui ont des trucs à dire.


J’ai ri, j’avoue. on rire a fait écho sur la errasse. Tu é ais là. Main enant plus. Et de nouveau. Je n’ai jamais ant ri que dans la semaine où on corps a endait qu’on le brûle. Je jurais, je riais. Je cultivais l’irrévérence. Rire e ramenait. Ils m’ont donné on ordina eur. Il fallait que quelqu’un l’ouvre. Une soir je m’y suis collée, avec la veilleuse des morts, le silence dans la maison et la nuit insomniaque, jusqu’aux corbeaux du ma in. Au milieu de l’écran, une icône por ait mon nom. Une le re pas envoyée. Ecri e une au re nuit.

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Tu m’écris la violence, la physicali é du silence. Tu dis

je repense à la conversation d'hier.

Tu dis

le silence chargé, prêt à exploser et de l'au re cô é le bruit de la vie. Le silence, sa naissance, le moment d'après.

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Ce qui est indéfinissable, insaisissable.


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Tu ci es Jon Fosse :

essayer de dire ce qu'on ne peut pas exprimer. Mon cahier des charges. Et tu e ais.

t t Je décortique la trace à moi laissée. Décortiquer : dépouiller de son écorce. Si tu étais là, je dirais : tu vois bien qu'un aveu, ça le fait pas.

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Et oi :

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pourquoi u dis ça ? Pars de ce qui est là. Il y a rop. Passe-moi les ciseaux.

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Un ype entre sur scène (fa igué, le corps lourd). Il cherche un endroit (pour s’asseoir et parler ; il n’y en a pas. Tu as viré ou es les chaises, parce que tu e fous de ce qu’il va dire, tu veux le voir) perdu (pa augeant dans) son désir d’aveu (tu veux mon rer la) peur de dire (l’envie de se planquer, la) en ation de séduire (le mon rer, lui, à l’endroit où) il ouche son rien.

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Tu lui demandes de refaire, dix fois, plus len ement, plus conscient, plus a en if, plus... on arrivera pas au bout de la première phrase, et alors ? Quand le corps est là, pas besoin de phrases.

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J’avoue, je ’ai mangée. Il fallait arrê er l’hémorragie, le désir qui se déversait hors de moi.

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Je fumais sur la errasse. Nous, ampu ées de moitié. Nous à moi seule.

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J’ai demandé si tu é ais d’accord. Tu m’as rai ée de punk. J’ai pris ça comme un compliment. Ça s’est passé vi e. A la chaleur dans ma poitrine j’ai compris que c’é ait bon.

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Au début ça discordait un peu, je ne savais pas comment faire avec a bru ali é, on aurait dit que tu cherchais comment ’installer. Au bout de quelques semaines, il y a eu un silence nouveau.

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Une nuit, tu nous fais un rêve. Un couloir obscur et é roit.

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Tu dis :

avec ce mur, on pourrait... je sais pas, comment dire...

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Tu passes a main sur la pierre. a bague d’argent dans les aspéri és. Une brique se descelle. Tu la saisis en re es doigts pour l’observer de près. Tu e ournes vers moi et tu me ends la brique :

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regarde.

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Derrière oi, le mur s’écroule sans bruit, au ralen i. Tu vois mes yeux écarquillés :

Pourquoi tu fais cette tête ?


Et puis tu vois la brèche et tu pâlis :

qu'est-ce que j'ai fait, putain, qu'est-ce qu'on va faire ? tu es morte, on s’en fout.

Je ris :

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A ravers la brèche je vois l’espace illimi é, l’é endue sauvage à per e de vue -

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c’est là que tu vis maintenant ?

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Tu franchis la brèche. Je veux e suivre mais non.

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De l’au re cô é du couloir, dans une salle de spec acle, je dis que je ’ai vue, out va bien.

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Je revois a ê e face au mur écroulé. Je ris. on dos qui s’éloigne dans la prairie.

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Et puis plus. Rien. Veronika Mabardi, Rien


* La nuit le ciel


certains soirs face offerte à la nuit tu guettais les comètes chargées de voeux rayant le ciel y croyant sans y croire avec la crédulité de l’espoir consenti à l’insensé même si nous trahissent les dieux et les étoiles ne tenant serment de rien ces rocailles venues du lancinant d’un lointain de nous-mêmes autant que de nos yeux où nous puisions consolation le temps que fasse signe au rouet du chariot cette filasse d’étincelles dont se découd dans l’oeil l’ourlet en cicatrice


c’est courage d’y croire pour dérober encore à la barbe d’Orion et au nez de Bételgeuse une innocence d’enfance consumée sur la rétine en simulacre d’espérance dans cet ouvert du corps qui s’arpente à son illimité c’est courage qu’il faut en se sachant mourir


de ces cristaux d’éphémères dont le sel caille en gifle sur le défabriqué du ciel comme à la pente du temps constant une maison durable dans la trajectoire calculée d’horoscopes chimériques je ne garde pour la beauté du geste et comme dernier denier de l’esprit dépouillé de tout avant qu’il ne le soit de lui-même que bienveillante et veillant bien ta vigilance à ce grésil de brandons à leur légende à la nôtre à tou e légende à toute vie

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Claude Ber,

La mort n’est jamais comme, Prix international Ivan Goll Editions Bruno Doucey 2019











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Tu ne ’occupes pas de moi. Tu ne e soucies pas de moi. Parfois tu fais mine de e soucier, mais dans le fond tu ’en fiches. Tu n’es préoccupée que de toi. Tu donnes le change, tu prends des grands airs, mais tu ne me considères pas vraiment. Tu ne m’as pas sou enu dans le con entieux de la voi ure d’occasion à Angers. Tu as dit que tu étais de mon cô é, mais tu n’as pas é é plus loin. Tu ’es défilée, ni plus ni moins. Tu as feint de me soutenir, mais à la gendarmerie tu ne m’as pas réellement sou enu. Tu es sur a planè e, et tu ne me calcules pas.

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Tu es presque oujours dans le jugement. Tu juges mes préférences alimentaires, tu laisses en endre que je mange rop gras, mais tu n’as pas les moyens ni le courage d’en faire la démons ration. Tu ’enorgueillis de es succès, mais tu ignores effron ément les miens. Tu ne m’as pas félici é pour ma légion d’honneur, tu as fait comme si tu ne savais pas.

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Tu ne pensais qu’à oi, à cet ins ant. Tu es follement égocen rique. Tu affiches a réussi e, et tu le fais aux dépens de es pré endus amis, à mes dépens. Tu es mégalomaniaque. Tu voudrais régner sans par age sur le monde et sur les gens. Tu es sûre de on charme, tu fais é alage de es charmes, et tu e moques bien de l’effet produit et des dégâts affectifs qui s’ensuivent. Tu n’es pas venue à l’anniversaire de JeanJacques, et tu ne ’es même pas excusée. Tu vois la paille dans l’oeil de es proches, et jamais la pou re dans le ien.

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Tu joues avec les gens. Tu les séduis, tu les captives, tu les enjôles avec des ruses admirables, mais tu ne penses en réali é qu’à toi. Tu as laissé omber a soeur au pire moment, quand elle a é é chassée de son logement à l’issue d’une procédure que tu savais abusive. Tu pré ends mépriser les spor ifs, mais tu as manigancé comme une vulgaire in rigante pour félici er Nadal dans les ves iaires de Roland Garros. Tu ’es crue plus for e que out le monde. Tu crois out savoir. Tu es convaincue d’ê re une championne de l’amour, mais tu n’as pas le début du quart d’une preuve pour é ayer ce e pré ention.

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Tu ne disposes pas des émoignages dont tu pré ends disposer. Tu occul es cyniquement es échecs. Car oui : tu as échoué parfois. Souvent, même.

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Et tu ne sais pas l’adme re. Tu es seule responsable de la mort de on chat, et tu affabules en boucle pour échapper à a responsabili é.

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Tu sèmes le malheur sur ton passage. Tu martyrises les vendeuses chaque fois que tu achètes une jupe ou un caraco… et ne feins pas – tu te couvrirais de honte - d’avoir oublié le pathétique épisode versaillais, où tu t’es comportée comme une harpie. Tu n’as pas vu cette jeune fille pleurer.


Tu n’as rien pris en compte que toi, toi, et encore toi.

Tu manipules tes amis : tu organises l’activité « piscine », et tu es la première à rompre le contrat. Tu as un mauvais fond. Tu as trahi ton père ; par omission, je veux bien le croire, mais tu as trahi. Tu n’es jamais au rendez-vous. Tu es toxique, définitivement. Tu nuis à toutes celles et tous ceux qui ont eu la faiblesse de t’approcher. Tu revendiques des conquêtes que tu n’as pas su aboutir. Tu ne crains pas de te prévaloir d’avoir lu tout Balzac, mais tu n’as pas lu La Cousine Bette. Tu diras que c’est un détail, mais tu te trompes. Tu négliges lesens de l’adverbe « tout ». Tu te crois parfaite, mais après trois ans de vie avec Arnaud, c’est lui qui a décidé de rompre, parce que tu ne te souciais pas vraiment de lui. Tu te plains à longueur de temps, et tu râles constamment, rien n’est jamais assez bien pour toi. Tu as jeté à la poubelle les photos du voyage au Japon, et tu n’avais pas le droit de le faire. Tu files un très mauvais coton. Tu finiras seule.

Et moi ? Comment ça, moi ? Il ne s’agit pas de moi ! Tu délires. Tu te défausses lâchement. Tu mélanges tout.




Tu est le cinquième et dernier volume des Cahiers

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du rait. Il réunit rois gravures originales et qua re ex es, le irage sur vélin Johannot 125g est limi é à 100 exemplaires numéro és et signés.

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Ont collaboré à ce numéro : Claude Ber, Veronika Mabardi et François Rollin pour les ex es et par ordre de mise en page pour les gravures : Maurice Maillard, Lucile Pike y et Fablo Faizman.

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La mise en page a é é conçue par Rose Marie Devignes L’impression des ex es a é é réalisée par l’a elier .......... à Paris et l’impression des gravures par ............

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Achevé d’imprimer à Paris en ...........2020

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Bernard Noël Petit traité du tu Les Unes, 1998, St Aubin



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