Rose-Anna FORYS Soutenance en février 2020
MÉMOIRE HMONP ENSACF
Bâtir, Aménager, Meubler
Questionnement sur le métier d’architecte
MÉMOIRE HMONP ENSACF 2018-2020
Bâtir, Aménager, Meubler
Questionnement sur le métier d’architecte
Rose-Anna FORYS - Soutenance en février 2020 Structure d’accueil Agence d’Architecture Philippe Médioni (AAPHM) Tuteur en agence Philippe Médioni Tuteur à l’école Eric David
SOMMAIRE
DOMAINE / Bâtir à une « petite échelle » p.11 01.
I. À la sortie de l’école II. « Atelier Georges » et « GCG Architectes » III. Recherche d’agence pour la MSP
02. AGENCE / (ré-) Aménager l’espace p.23
I. Découverte de ce qu’est « la petite échelle » en agence II. Y-a-t-il des limites au métier d’architecte ? III. Mon travail chez AAPHM
03. PROJET / Meubler pour une continuité architecturale p.33 I. Artisanat et projet/chantier responsable II. Meuble et design; notions developpées à l’agence III. L’avenir
FINALITÉ
Un métier adapté et adaptable p.45
AVANT-PROPOS
Ce mémoire est avant tout pour moi un outil qui m’a permis de répondre à des questions que je me posais sur et pour l’avenir. Un outil qui m’a permis de mettre à plat tout ce que j’avais appris à l’école et endehors, professionnellement et personnellement. Un outil de recherche et de synthétisation des «doctrines architecturales» qui m’inspirent et me guident.
Il se structure en 3 grandes parties qui sont les suivantes : - DOMAINE Cette première partie vise à expliquer ce qui m’a amené à faire ma Mise en Situation Professionnelle dans une agence centrée sur « l’architecture d’intérieur ». C’est « l’avant » MSP. De l’année de M2 au début de la formation HMONP. - AGENCE Ici cette partie témoigne des découvertes et des acquis que j’ai pu avoir dans l’agence AAPHM et grâce aux cours dispensés en HMONP. Beaucoup de responsabilités sur des projets diversifiés et à toutes phases. C’est « le pendant » MSP. - PROJET Pour cette troisième et dernière partie le sujet se trouve être l’avenir. Une réflexion sur une échelle toujours plus petite pour mieux penser une plus grande. Qui se situe ici entre «le pendant» MSP et «l’après». Ce mémoire traitera donc d’évènements chronologiquement décrits, débutants durant mes dernières années à l’école d’architecture de Clermont-Ferrand.
Après l’obtention de mon diplôme d’État, j’ai fait un an d’expérience dans deux agences d’architecture. J’ai après cette année pris conscience qu’il me fallait acquérir des connaissances autant techniques qu’en matière de gestion d’agence ou des phases d’un projet. Faire l’année de formation HMONP manquait à mon cursus. J’avais besoin de conforter mon choix en questionnant les bases du métier d’architecte, de l’architecture.
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FORMATION Juillet 2012 Baccalauréat Économique et Social – Lycée Théodore de Banville - MOULINS Option Maths, obtenu avec mention
Juillet 2015 License en Architecture - ENSA C-F
Rapport d’études sur l’essentialité et la façade
2015 - 2016 Master 1 en Architecture - Université de Laval - QUEBEC
Une année de découverte et d’ouverture sur ce qu’est faire de l’architecture à l’étranger (compréhension d’un nouveau territoire)
Juin 2017 Diplôme d’Etat d’Architecte - ENSA C-F
PFE : « La ressource pour une Figure Métropolitaine », obtenu avec mention Mémoire sur la simplicité et les fondements de l’architecture
Septembre 2017 6 mois - Chargée de projet - ATELIER GEORGES - Paris Projets paysage et urbanisme Du détail de noues au plan urbain de la ZAC de Roubaix-Tourcoing
Mars 2018 6 mois - Chargée de projet - GCG Architectes - Paris Projets Architecture d’intérieur et Architecture Du dessin mobilier à l’immeuble collectif
Octobre 2018 Début de la formation HMONP - ENSA C-F
Soif de découverte de ce qu’est « la gestion d’une agence »
Décembre 2018 MSP de 6 mois- Collaboratrice Architecte - AAPHM - Paris
Projets Architecture d’intérieur et Architecture Rénovation, réaménagement d’appartements/maisons et d’hôtels/bureaux
Août 2019 4 mois - Chargée de projet - Agence Catherine Dormoy Architectes - Paris Concours de logements collectifs, étudiants avec socle commercial
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01. D O M A I N E
Originaire de Moulins en Auvergne, j’ai effectué la plus grande partie de mon cursus à Clermont-Ferrand, ville dynamique et étudiante. Après avoir passé mon diplôme, ayant vécu 4 ans dans cette ville, je suis partie vivre une nouvelle aventure dans la région qui compte aujourd’hui le plus d’architectes au kilomètre carré : l’Ile-de-France et plus particulièrement à Paris. Mon premier argument était donc la diversité des opportunités professionnelles plus foisonnantes et différentes qu’à Clermont-Ferrand, mais aussi le fait que cette capitale m’intriguait autant qu’elle me faisait rêver. À Paris, j’ai découvert une diversité d’agences, une diversité de types de structures, une diversité de manières de faire de l’architecture et la diversité de tout ce qui fait partie du domaine de l’architecture mais qui n’en n’est pas à proprement parlé. C’était quelque peu déroutant ; lorsque vous arrivez fraichement diplômé dans le milieu du travail et que vous ne savez pas quel choix faire parmi une multitude de propositions. Mon but était alors de trouver mon domaine, celui dans lequel je serais la plus à l’aise.
C’est après mon expérience chez GCG Architectes (reconnue dans le milieu de l’architecture d’intérieur et de nombreuses fois publiée dans les grands magazines tels qu’AD Magazine, ELLE Décoration, Vogue maison, etc.) que j’ai souhaité m’orienter professionnellement vers la réhabilitation, la rénovation, le réaménagement, les petites architectures. J’avais pourtant dans le passé été plusieurs fois amenée à faire des projets à cette échelle sans prendre conscience que cela pouvait aussi faire partie de mon travail d’architecte. Quelques conseils de mise en valeur d’espaces, des réalisations de meubles sur mesures et une envie de développer mes recherches et mes projets à cette échelle humaine ont été autant de raisons m’amenant à me dire que là était ma voie.
Pour ce mémoire, j’ai approfondi, j’ai cherché quel avait été mon cheminement. En partie grâce à mes études, mais aussi tout simplement c’est dans mes expériences de la vie de tous les jours que j’ai pu m’enrichir de pensées et de doctrines qui font l’architecte que je suis aujourd’hui. Mon projet de fin d’études a été la concrétisation de ces années d’écoles et des recherches menées en parallèle sur la simplicité et le rapport au territoire. Il a aussi été le début de nombreuses réflexions sur les manières de faire de l’architecture et les matériaux engagés, utilisés. C’est ce qui initie mon questionnement sur les origines de l’architecture :
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(1) Un des 4 tableaux intitulés La condition humaine, Magritte, réalisé entre 1933 et 1935.
BÂTIR I-
À la sortie de l’école
« L’ENSACF inscrit son action dans une perspective résolument territoriale. Tout en affirmant sa volonté d’ouverture à toutes les pratiques architecturales et urbaines à l’échelle d’un monde en mutation, sa volonté demeure de répondre aux attentes des décideurs et des publics du Massif Central en insistant en particulier sur des problématiques qui sont autant d’enjeux de développement: le patrimoine, les lieux de culture et l’aménagement des villes » 1 C’est ainsi que dès ma première année d’études et tout au long de mon cursus j’ai pu appréhender et me suis forgée une vision des villes et territoires plus critique et responsable. Mon choix pour le master EVAN (Entre Ville Architecture et Nature) s’est inscrit dans le continuité, motivé par l’intérêt du Val d’Allier (de Vichy à Issoire). Il se faisait d’autant plus intéressant que ce terrain d’études est signifiant pour moi, originaire du département de l’Allier. Parallèlement, j’ai mené des recherches pour le mémoire de master sur la simplicité en architecture et la notion « de construction essentielle ». Défi à relever, partiellement atteint, tant le sujet était vaste. J’ai naturellement continué, même après être sortie de l’école à m’interroger sur ces sujets dont celui de l’origine de l’architecture était le point de départ. Ce qui m’amène ici à éclaircir cette notion : PREMIÈRES CONSTRUCTIONS Durant la période néolithique l’homme se sédentarise car il développe sa maitrise de l’agriculture et de l’élevage. Par conséquent, il développe aussi celle de la conception et des techniques de construction. L’abri léger et rapidement fait devient alors de plus en plus sophistiqué puisque dorénavant réalisé en bois, brique crue et même parfois en pierre. De nouveaux métiers voient le jour et l’utilisation d’outils métalliques apparait. Ce changement majeur aura fait naitre une nouvelle manière d’habiter et d’édifier, en concordance avec l’évolution sociétale connue alors. Voici à quoi ressemblaient ces constructions : «De forme conique, elle présente à son sommet une ouverture permettant l’évacuation de la fumée. Les demeures de la période néolithique présentent toutes cette configuration, qui répond aux besoins de l’homme de s’abriter et de se chauffer, tandis que, selon les cultures, les matériaux varient.» 2 C’est donc en fonction des besoins que l’architecture, autrefois appelée la construction, se spécifie. ÉVOLUTION DES BESOINS (en quelques dates) Vers 10 000 av. J.-C. : S’abriter et conserver les réserves Vers 3 000 av. J.-C. : + Relation avec l’au-delà, et « désir de l’homme de contrôler la nature et de laisser une empreinte de son passage » Vers 3000-2000 av. J.-C. : + Sépulture, ensemble funéraires Vers 1800-1500 av. J.-C. : + Espaces de travail Vers 2400-300 av. J.-C. : + Religion (temples) Antiquité : Se protéger des intempéries, se regrouper : loger beaucoup d’habitants en un même lieu et améliorer le confort grâce aux évolutions techniques, protéger les récoltes et les animaux Les maisons deviennent carrées pour être positionné les unes à côté des autres et former des rues Moyen-âge : + Se protéger des invasions, honorer les églises Renaissance : + Bâtir des bâtiments plus importants et encore plus confortables + Montrer son pouvoir et sa richesse + Suivre la mode venue d’Italie Jusqu’à aujourd’hui : Besoin d’hygiène de plus en plus grand, envie d’habitat individuel, amélioration constante du bien-être (de plus en plus de mobilier…) nous amenant à posséder des choses dont nous n’avons strictement pas besoin mais que par « égo », démonstration, nous voulons les posséder car le symbole qu’elles portent est significatif. Demain ? : Respecter l’environnement en étant économe, pratique tout en restant confortable. CONSTAT PRÉSENT La terre évolue, l’humain évolue, les besoins évoluent et « l’architecture » (au sens d’objet bâti) aussi. Nait car les hommes se sont sédentarisés, les constructions existent initialement uniquement pour répondre à leurs besoins vitaux. De nos jours, n’avons-nous pas perdu le sens de l’architecture ? Les bâtiments autrefois répondant à des besoins essentiels et pour lesquels les matériaux utilisés étaient locaux et influant les techniques de construction sont devenues aujourd’hui plus qu’artifices et jeux de concept allant parfois jusqu’à ne servir à rien. 1 2
Site web de l’ENSACF, http://www.clermont-fd.archi.fr/public/ecole_presentation.php?rep=ecole Histoire de l’architecture, page 15, Éditions HACHETTE
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(2) Paestum, Bernard QUIROT, 2011.
II -
Atelier Georges & GCG Architectes Deux expériences révélatrices
Après avoir passé mon diplôme d’Architecte d’État, je me suis donc installée à Paris. J’ai eu l’opportunité de faire ma première longue expérience en agence chez Atelier Georges. Ce fut pour moi l’occasion de faire une douce transition parce que les domaines de l’architecture, de l’urbanisme et du paysage traités à l’agence étaient du même ordre que ceux vus à l’école. Parfois à grande échelle, et sur d’autres projets à l’échelle du détail, c’était un travail en continuité dont la seule nouveauté était la vie en agence. Le travail en collaboration avec les collègues (assez proche de celui en équipe à l’école) avec des horaires plus ou moins contraints et une subordination plus marquée mais dont les rapports humains étaient tout de même très appréciables, m’ont permis d’être à l’aise avec la « structure professionnelle des agences d’architecture ». TERRITOIRE ,CONSTRUCTION ET STRUCTURE : UNE BASE Les sujets traités étaient très intéressants car encrés dans le territoire, souvent en lien avec une réflexion politique et une envie forte d’allier écologie et économie de projet. Dans l’élan lancé par Fréderic Bonnet, suivi par les 4 associés dont 2 ont fait un passage chez Obras, Atelier Georges m’a permis de découvrir une manière de pensée simple, liée au site, sans artifice qui m’ont rappelé les « 3 fondements » de Bernard QUIROT énoncés lors de la dernière conférence Cosa Mental au Pavillon de l’Arsenal : -
La logique constructive d’un bâtiment est définie par les matériaux utilisés, eux-mêmes influencés par le territoire dans lequel le site de projet se trouve. En ce sens, il faut arrêter de cacher la structure au profit de façades esthétiques non justifiées ou qui pourraient, en utilisant d’autres réponses adaptées, être évitées. Ne pas oublier que l’ornement est à la base de toute expression des forces, et d’autre part est un pan de notre histoire. Et il faut s’intéresser au « local » pour que l’architecture concrétise un site par la matière.
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La proportion est pour lui la base de ses tracés, qu’ils soient liés à une question de module ou au nombre d’or, c’est un guide, les nombres sont un guide.
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La mémoire, j’y reviendrais sur la page d’après, est un élément fondamental quant à l’âme d’un projet. Lorsque Bernard QUIROT parle de Peter ZUMTHOR par exemple, il met en avant le fait que ses Thermes de Vals sont autant novateurs qu’empreinte du passé, archétype des greniers à foin édifiés il y a de nombreuses années aux alentours et à la fois bâtiment qui évoque « les idées de l’architecture » liées à la matière. C’est autant de culture, de mémoire qui influent le projet. Les inspirations de voyages, carnets de croquis et la bibliothèque sont tant de choses tout autant indispensables.
Il faut construire bien, refuser les moteurs, les climatisations, les machines dans nos bâtiments, dont les proportions nous ont permis dans le passé de réussir à faire sans. « Il faut simplifier l’architecture dans son rapport à la construction.» 3
MATÉRIALITÉ ET GRANDS ARCHITECTES, COMMENT EN SOMMES-NOUS ARRIVÉS LÀ ? Chez Atelier Georges j’ai eu la chance de travailler sur un projet avec LAN (Local Network Architecte). Nous étions mandatés pour la partie paysage. Le projet est aujourd’hui encore la plus grande tour en bois en construction en Europe, Il s’agit du projet de l’ilot B1A3 dans le nouveau quartier parisien de Masséna. Cette réalisation a beaucoup fait parler d’elle, car elle questionne les nouvelles politiques des matériaux de construction en architecture aujourd’hui : c’est une tour en bois dont les poteaux et poutres extérieurs sont recouverts de verre. Depuis la nuit des temps, la matérialité a toujours été question de géolocalisation, ce qui n’est plus vrai aujourd’hui. Depuis la mondialisation, l’accroissement de l’import/export a explosé dans tous les domaines. Celui des matériaux de construction n’a pas été épargné. On a successivement eu, toujours avec un respect de l’évolution des techniques de construction : (exemples non-exhaustifs) _ Viollet-Le-Duc, utilisant la pierre _ Louis Kahn, la brique (et le bois) _ Mies Van der Rohe, l’acier et le verre _ Le Corbusier, le béton _ Et aujourd’hui les architectes ont l’embarras du choix et beaucoup reviennent au bois (surtout sur Paris où la politique va dans ce sens) 3
Conférence Giorgio AZZARITI, Peter MÄRKLI, Bernard QUIROT, Organisée par Cosa Mentale au Pavillon de l’Arsenal
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(3) et (3bis) Siège du Ribera Del Douro, Barozzi Veiga et Appartement, Nicolas Dorval Bory, 2011.
En France et en Europe, les constructions (maisons) ont d’abord été faites en torchis puis en bois. Des maisons traditionnelles nous sommes ensuite passés aux logements ouvriers à la période industrielle, cette dernière bouleversant les manières de faire avec l’arrivée du métal. Le courant de constructions Acier/Verre a pris place, puis s’en est suivi le béton à l’époque moderne. Aujourd’hui, l’industrialisation de la construction conduit à utiliser des produits manufacturés, industrialisés imposés par les grands groupes qui pratiquent le lobbying. Et ce, sans autre but que celui d’avoir une fourniture toujours moins couteuse, nous amenant parfois à construire en bois venu d’un autre pays. La problématique économique, déjà présente au moyen âge, qui dictait de prendre la matière première à coté nous, exige aujourd’hui à regarder dans le monde entier où est le moins cher. En cause : la mondialisation ! UN SAUT D’ÉCHELLE Après avoir passé six mois chez Atelier Georges, j’ai voulu découvrir l’architecture d’intérieur. Sur les recommandations d’un ami de l’école de Clermont-Ferrand qui y avait travaillé, j’ai décidé de postuler dans l’agence GCG Architectes. L’atout de cette agence c’est la pluridisciplinarité. Ils font autant de projets d’architecture (construction d’immeubles de logements collectifs ou d’édifices culturels) que de l’architecture d’intérieur (surtout des appartements parisiens et un peu de boutiques et de scénographie). J’ai donc pu m’exercer tant en architecture qu’en architecture d’intérieur au sein de cette structure. Tout comme en architecture d’intérieur où le respect des symboles de l’appartement haussmannien était important (parquet, moulures, cheminées en marbre etc. - à l’image de la photo en bas page de gauche), les projets d’architecture sur lesquels j’ai travaillé avaient une attention particulière pour le patrimoine et l’histoire du lieu. Travaillant successivement sur un projet de logements à Bagnolet dans l’ancienne Usine de Belin (dont la magnifique façade en brique a été conservée et intégrée au projet) puis sur un concours de logements, à Montreuil, dans cette ancienne ville industrielle dont le matériau dominant est la brique. J’ai aimé cette démarche que j’ai pu approfondir lorsque j’ai travaillé en binôme sur la conception d’un immeuble de logements intergénérationnels en Inde toujours avec ce matériau : la brique. Ce projet avait pris naissance lors d’un voyage fait par l’un des 3 associés qui a des origines indiennes. Son envie de se développer là-bas était, depuis la création de l’agence, une volonté forte qui se concrétisait alors avec ce projet. Le parallèle avec l’agence Barozzi Veiga m’est apparue tangible.
NÉCESSITÉ ET FONDEMENT DE L’ARCHITECTURE L’agence Barozzi Veiga, que j’ai récemment découverte ne pourrait mieux expliciter cela. Située en Suisse et dont les deux Associés sont l’un Italien, l’autre Espagnol, bien qu’ils n’aient ni la même formation, ni le même environnement d’apprentissage et c’est un plus pour eux, cette agence a su se forger une manière de faire unique basée sur deux choses : la spécificité du lieu et l’autonomie de la forme. La photo d’un de leur projet (ici en haut sur la page gauche) exprime bien cela. En continuité avec l’existant, dont les murs de pierre plus contrastés sont la marque du passé, ils viennent ici construire 4 volumes articulés par un espace public au centre. Les formes géométriques se confrontent, sans marquer de rupture, aux éléments archétypiques présents sur le site. C’est une architecture qui s’intègre en douceur au paysage rural d’un petit village d’Espagne qui leur permettra de remporter le prix d’architecture Barbara Cappochin. Le retour à l’origine n’est aujourd’hui pas un effet de mode mais un besoin. Il y a dans les architectures de Bernard QUIROT, de Peter ZUMTHOR, de Barozzi et Veiga (et bien d’autres) quelque chose de fascinant, par le détail ou par la démarche ou bien par la globalité de l’ensemble qui rend légitime l’acte de bâtir. On ne peut pas dire cela de toutes les nouvelles constructions contemporaines. En travaillant chez GCG Architectes j’ai pris conscience de l’importance de « l’existant ». Réflexion que j’ai pu avancer lors de ma recherche de MSP.
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(4) et (4bis) Site web, G R A M M E Architectes, 2019 et Centre de collecte, DATA Architectes, 2018.
III - Recherche d’agence pour la MSP LA MIXITÉ DES (JEUNES) AGENCES PARISIENNES, UNE OBLIGATION Paris étant saturée, tant en bâtis qu’en travailleurs dans le domaine de l’architecture, il est devenu impératif pour les nouvelles structures de se démarquer, de se diversifier et définir leurs nouvelles règles de projet. Dans domaine du logement où la politique de la ville vise à densifier, à rendre habitable le moindre espace qui ne le serait pas mais qui comporterait un potentiel, on voit une mutation de la demande de bâtir vers les surélévations, les transformations de commerces ou bureaux en logements et les constructions de « micros immeubles ». Ces petites architectures ou architectures d’intérieur sont d’autant plus intéressantes que la demande est grande et qu’elle offre donc plus de parts du marché. C’est souvent un tremplin pour les jeunes agences qui ont l’opportunité de « se faire la main » sur ces projets dont la durée d’étude et de chantier est beaucoup plus courte. C’est la dimension « d’accessibilité » qui entre en compte, aujourd’hui. L’architecture d’intérieur est considérée par beaucoup comme « sous métier » pourtant de plus en plus de jeunes agences commencent par cela car ce sont des projets qui, pour un architecte de formation, sont plus facilement réalisables. L’agence GRAMME témoigne bien de cela avec son site Web (Cf. photo en haut page de gauche) et la diversité des projets qu’elle réalise, entre architecture, scénographie, design et rendu visuel ; agence qui existe depuis 4 ans et qui en 2017 a réalisé un CA de 153 000€. L’agence OFC citée ci-après, est aussi concernée, du fait que pour se faire connaître elle a communiqué sur ses premières réalisations qui n’étaient autres que l’intérieur de bureaux et d’appartements. L’architecture d’intérieur est en réalité pratiquée par de nombreux architectes, c’est seulement pendant la période moderne que cette échelle va préexister dans le milieu de l’architecture. C’est aujourd’hui un métier plus « populaire » détaché du métier d’architecte mais qui cependant reste dans ses compétences. Être architecte et faire de l’intérieur c’est même une valeur ajoutée pour le client.
LA DIMENSION CONSTRUCTIVE, SUPPORT DE VÉRITÉ – L’AGENCE DATA ARCHITECTES À la recherche d’une agence qui me permettrait de développer mes objectifs de MSP, c’est par le biais de connaissances que j’ai découvert l’agence DATA Architectes. Le premier projet qui attiré mon attention dans cette agence, c’était un petit projet semi-extérieur sous le périphérique parisien : un espace de tri, centre de collecte (Cf. photo en bas page de gauche). C’est un projet dont la justesse des matériaux choisis et la réflexion de mise en œuvre spatiale m’ont séduite. Les dessous du périphérique sont habituellement des endroits sales où personne n’aime s’y promener. Avec le choix de matériaux aux tons clairs mais brutes ; béton et briques blanches, le tri peut s’effectuer en toute sérénité. Ayant participé à la conférence au pavillon de Jean Prouve place de la Concorde j’ai pu approfondir la valeur de cette agence quant à ses convictions architecturales. Cette citation de Jean Prouvé les résume bien : « d’un esthétique assez simple et qui apparaît sans artifices d’un côté un peu évident et assez essentiel.» 4 C’est ces notions d’essentiel et d’évidence qui m’ont amené à regarde du côté de l’agence O.F.C.. Elle était aussi sur ma liste des agences intéressantes privilégiées, et c’est en me documentant sur cette dernière que j’ai pu avancer ma réflexion sur le rapport architecture et patrimoine. DÉPENDANCES FORME/FONCTION/MATÉRIAU/LOCAL/PATRIMOINE – L’AGENCE O.F.C. Ce qui a retenu mon attention, ce sont les premiers projets à petite échelle que l’agence a réalisés et leur travail sur le mobilier (ils ont recemment commercialisé une chaise). En m’intéressant d’un peu plus près, après avoir consulté leur site web et leur instagram (réseau incontournable aujourd’hui) je suis tombée sur une vidéo de la conférence organisée dans un pavillon de Jean Prouvé posé au milieu de la place de la Concorde qui regroupait des architectes parisiens en vogue en ce moment (dont DATA Architectes citée quelques lignes plus haut). En écoutant cette conférence j’ai constaté que je partageais leurs intentions architecturales. Les notions abordées concrétisaient mes recherches commencées à l’écriture de ce mémoire. 4
Conférence Studio Prouvé, Léonard LASSAGNE et Colin REYNIER, Organisé par le Pavillon de l’Arsenal
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(5) Casamagat, O.F.C., 2010.
ALLER À L’ENCONTRE DE LA FORME La réflexion sur la dépendance de la forme est en accord avec tout ce qui a été énoncé précédemment. O.F.C. utilise cette citation de Jean Prouvé pour en parler : « Je n’ai jamais eu une vision ou une forme à l’esprit. Je n’ai pas de style. Je n’ai jamais dessiné de forme. J’ai fait des constructions qui avaient des formes. » 5 Ils rappellent que l’origine de l’architecture sera toujours la même car « notre problème » reste la gravité. Il y a alors la triple dépendance : forme/construction/matériau. UN CHOIX DE MATÉRIAU RÉFLÉCHI Il faut aujourd’hui s’imposer l’utilisation de matériau de construction adéquat et en corrélation avec un site pour que ce que raconte le bâtiment soit sensible et authentique. La standardisation a pris une trop grande place dans nos manières de concevoir et ce n’est pas pour changer avec l’utilisation des nouveaux logiciels paramétriques tel que Révit ou encore Archicad utilisables en BIM qui poussent l’architecte, par soucis d’économie de temps et de budget, à utiliser des éléments normalisés, standardisés. La « forme dépend du système constructif et le système constructif lui dépend des matériaux. Les matériaux eux dépendent des ressources, du contexte, des préexistences, de l’histoire du lieu, et on arrive jusqu’au patrimoine. » 6 a dit Mathias Gervais de Lafond un des fondateurs de l’agence, je le souligne car il est important de ne pas l’oublier aujourd’hui. UNE DÉPENDANCE AU PATRIMOINE La réflexion locale ne doit se faire que pour les matériaux, ces derniers renvoient eux-mêmes à l’histoire constructive d’un lieu, au patrimoine, réelle clé de compréhension d’un site. Il faut apprendre à lire les caractéristiques d’un site, c’est exactement ce à quoi nous prépare l’école d’architecture de ClermontFerrand. Depuis la deuxième année avec la Morphologie urbaine, jusqu’à la dernière année où (monitrice pour le cours de morphologie urbaine) j’ai réalisé mon projet de fin d’études dans le master EVAN, j’ai pu prendre conscience de l’importance du paysage, urbain ou rural qui nous entourait, des impacts sociétaux et patrimoniaux qui font une ville, bâtie durant plusieurs époques et qui ne cesse d’évoluer dont les strates successivement édifiées, parfois déconstruites sont de grandes influences voire les bases des projets de demain.
Porter un regard sur le patrimoine est aujourd’hui inévitable. Après toutes ces reconstructions d’après-guerre, le maître mot est maintenant : « composer avec le contexte existant ». Que ce soit en rupture ou en adéquation. Le discours porté dans ce mémoire est celui d’être « en adéquation », au même titre que de plus en plus de jeunes agences françaises mais aussi internationales : O.F.C. ici présentée, mais aussi LAN (Local Network Architecture), Barrozzi Veiga (Située en Suisse dont les deux associés sont l’un espagnol, l’autre italien) et TRIAS (agence australienne) entre autres.
C’est donc vers des agences influencées par la réflexion sur le site, le patrimoine que je me suis tournée mais aussi vers des agences qui alliaient cette logique territoriale et la petite échelle. Cette réflexion sur le local, la société s’avère être viable à tous les niveaux. En convoquant toutes ces volontés, j’ai trouvé l’Agence d’Architecture Philippe Medioni.
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Conférence Studio Prouvé, Mathias GERVAIS DE LAFOND, Organisé par le Pavillon de l’Arsenal
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02. A G E N C E J’ai réalisé ma mise en situation professionnelle de HMONP dans une agence dont le domaine de prédilection était le même que le mien : faire de l’architecture à petite échelle. J’ai successivement postulé dans plusieurs agences comme celles citées précedemment, mais aussi Pierre Antoine, Nicolas Dorval Bory, Martinez Barat Lafore, des agences pluriscalaires et pour lesquelles le parti pris était orienté soit vers le patrimoine, soit vers une architecture alternative, novatrice, liée au design. Mais c’est le hasard qui m’a guidée vers l’Agence d’Architecture de Philippe Medioni. En effet, j’ai postulé suite à une annonce parue sur l’ordre des architectes, après avoir regardé le site web correspondant. La demande était : « rechercher un/une architecte motivé(e) pour le poste de collaborateur/trice pour travailler sur des projets de rénovation, de réaménagement et de réhabilitation». Après avoir fait l’entretien, j’ai enchainé avec un autre entretien dans une agence qui faisait de l’architecture industrielle. Ce fut une révélation décisive : ma préférence se confirmait. J’ai rappelé Philippe Medioni (patron de l’agence AAPHM qui deviendra mon tuteur de MSP) et lui ai dit que j’avais très envie de travailler au sein de sa structure. La démarche lui a plu et notre collaboration a commencé. Dès mon arrivée à l’agence, je me suis trouvée en charge de missions de tout type : de la conception, de la facturation, de la présentation et des visites de chantier. C’est ici que j’ai réellement appréhendé l’ensemble des responsabilités d’un architecte chef d’agence.
L’agence a été créée en 2000 par Philippe Medioni. Il obtient son diplôme en 1996 et « se forme auprès d’une génération d’architectes attentifs a l’identité et à la perception des espaces publics (…).» 7. Grace à cette agence il développe, avec ses équipes, des connaissances sur les savoir-faire et développe des compétences spécifiques en expérimentant sur chaque projet. Entouré de bureaux d’études, économistes et historiens fidèles et talentueux, il sait aussi travailler avec des artistes, des designers et des artisans de qualité tels que Dimorestudio, Christian Lacroix, Richard Peduzzi et d’autres. Philippe Medioni a décidé de se mettre en SARL unipersonnel. Ceci lui a permis d’avoir un patrimoine personnel protégé et de bénéficier d’une gestion de salaire et de charges simple, plus facile pour lui qui ne collabore jamais avec plus de deux architectes. Le chiffre d’affaires en 2017 était aux alentours de 350 000 €. L’activité de l’agence est centrée sur la petite échelle et le marché privé ; réaménagement d’appartements/ maisons/villas de vacances, rénovation de bureaux, réhabilitation d’hôtels (de 20 à 300 chambres), les projets sont également répartis entre les secteurs tertiaire, commercial ou de l’habitat. La majeure partie des projets sont dans la région parisienne mais pas exclusivement (château dans l’est de la France ou maison de villégiature dans le Sud entre autres). Le cadre de travail était très inspirant. Nous partagions un open-space dont chaque meuble était signé. De part et d’autre deux immenses bibliothèques, un côté dédié aux matériaux et catalogues de fournisseurs et l’autre pour les références et livres d’art en tous genres. Avec nous, un designer et ses stagiaires et une graphiste. Les discussions étaient d’autant plus enrichissantes et nourrissantes que leurs domaines professionnels étaient intéressants et complémentaires pour moi. Nous travaillions sur iMac, l’agence en possède 3 avec un MacBook pour les déplacements, et aussi un photocopieur et un traceur. L’agence a pris le parti de rester sur le créneau de la rénovation, le réaménagement, la réhabilitation pour répondre à la demande grandissante dans une ville saturée. C’est cela qui m’a plu à l’agence, cette capacité de rebondir sur les besoins actuels et cette manière de se spécialiser tout en diversifiant les domaines d’intervention (entre tertiaire, commerce et habitat). 7
Site AAPHM, Philippe MEDIONI
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(6) Ancienne boutique, Projet personnel, 2018.
A M É NA G E R I-
Découverte de ce qu’est «la petite échelle» en agence
Arrivée à l’agence, j’ai vite pris mes repères. J’avais l’habitude de travailler sur Mac, j’avais nouvellement appris à utiliser Vectorworks chez GCG Architectes et surtout, le dernier projet sur lequel j’avais travaillé était le réaménagement et l’extension d’un appartement biscornu de 40m2 avec une terrasse de 120m2. Par conséquent quand j’ai commencé à travailler sur un projet similaire, le projet «Salustro » chez AAPHM, je n’ai pas été dépaysée. Ce projet était l’agrandissement d’un appartement et le réaménagement d’un second (les clients avaient acheté l’appartement d’en face le leur et voulaient agrandir leur appartement avec la moitié de leur nouvelle acquisition et garder la seconde moitié pour en faire un T2). En phase Avant Projet Sommaire, j’ai directement repris ce qui avait été commencé par la précédente collaboratrice et me suis fait la main sur le dessin d’une salle d’eau de 4m2 (plus c’est petit, plus c’est complexe mais formateur). Calepinage de carrelage 10x20, placement de corniches extra plates pour pouvoir continuer à ouvrir la fenêtre, dessin des lumières en appliques et spots, dessin du tapis en marbre brun (Portor), j’ai successivement réalisé tous les éléments nécessaires au DCE et à la réalisation de cette salle d’eau et de toutes les autres pièces des deux appartements, de la phase Avant-Projet à la phase Direction de l’Exécution des Travaux. C’est le projet que j’ai suivi de plus près, du début à la fin de ma MSP. Après quelques mois ce projet m’a amené à me poser la question de la nature de mon travail d’architecte et surtout de la différence avec le métier d’architecte d’intérieur : ARCHITECTE D’INTERIEUR : QUELLE RECONNAISSANCE ? PAR QUOI EST-CE RÉGIE ? En 1977, le CNOA (Conseil National de l’Ordre des Architectes) s’oppose à ce que le terme d’« architecte d’intérieur » soit utilisé. Il ne veut pas que cela nuise au titre d’architecte que la loi protège. Le SNAI (Syndicat National des Architectes d’intérieur) mettra 4 ans à se faire entendre et obtient un accord en 1981 avec le CNOA qui a pour but de « démontrer l’authenticité d’une profession capable d’intervenir dans son domaine particulier, à compétence égale avec les architectes sur les plans créatifs, techniques et déontologiques » 8. C’est l’OPQAI (Office Professionnel de Qualification des Architectes d’Intérieur) dont le CNOA est membre de droit qui sera en charge de cela : premier acte d’une reconnaissance officielle des architectes d’intérieur en France. C’est seulement en 2000 que le CNOA considère que la profession d’architecte d’intérieur à ses limites définies, il décide donc de se retirer des instances de l’OPQAI qui devient le CFAI (Conseil Français des Architectes d’intérieur) qu’on connait aujourd’hui encore. HISTOIRE DE L’ARCHITCTURE D’INTÉRIEUR 1924 est un tournant pour l’architecture d’intérieur avec Léon Moussinac (ancien directeur de l’École Nationale des Arts Décoratif qui recentre après la guerre les études autour de l’architecture d’intérieur), la notion du «créateur de l’environnement moderne » apparait avec le mouvement architectural du même nom. Pour Léon Moussinac, l’ère industrielle joue un rôle important tant dans l’évolution de la société que celle des arts et de l’architecture d’intérieur : « les nouveaux besoins sociaux, les nouveaux matériaux, l’adaptation aux moyens techniques de reproduction…doivent orienter les arts appliqués vers l’abandon de l’ornement. La nécessaire conciliation avec l’industrie, l’adaptation à l’utilité (la fonction dicte la forme) et l’adéquation avec matière (le respect du matériau) deviennent des lois primordiales de l’art décoratif, suivant en cela le chemin pris par l’architecture depuis la fin du XIXè siècle. » 9 Léon Moussinac travaille avec d’autres (Francis Jourdain, Pierre Chareau, Jacques-Émile Rullhmann entre autres) et seront ensembles pionniers de l’architecture d’intérieur. Il le nomme comme ça car ils prennent ensemble « le parti » d’être « plus préoccupés de construire que de décorer, d’aboutir à une logique qui ramène à elle, d’abord, les principes de durée, d’hygiène, de besoins pratiques, pour réussir à contre coup à satisfaire, moins par le détail que par l’harmonie d’ensemble — accord de lignes, de plans, de couleurs — notre sensibilité impérieuse. Affirmant donc de nouveau que la fonction ou l’usage déterminent la création, départ élémentaire, on comprend que l’art n’est atteint que dès l’instant où le meuble dépasse son rôle purement fonctionnel et pratique pour participer au rythme vivant, on pourrait dire à l’émotion, de l’ensemble ». Intérieurs I, 58 planches publiées sous la direction de Léon Moussinac, Collection documentaire d’art moderne, Éditeur Albert Lévy, Paris,1924. C’est sur cette lancée qu’avec Robert Mallet-Stevens, Helene henry et René Herbst que Francis Jourdain crée l’UAM (Union des Artistes Modernes). UN DESSIN TOTAL Je ne conçois pas dessiner un intérieur sans m’intéresser à son contenant et vice versa. Je ne me vois pas prendre en charge le contenant sans imaginer un aménagement qui le mette en valeur. L’image sur la page de gauche (6) est l’extrait d’un projet personnel effectué l’année passée. 8 et 9
Site CFAI, http://www.cfai.fr/
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(7) Chalet à Méribel, Charlotte PERRIAND, années 60.
Dans ce projet d’habitat dans une ancienne boutique, j’ai tenu à conserver l’usage de stockage en soussol, en installant dans le projet le dressing à cet emplacement, et en laissant les espaces utiles au RDC. L’architecture est en quelque sorte la base de ce qu’on appelle aujourd’hui « l’architecture d’intérieur » mais qui en France était autrefois nommé « l’équipement de l’habitation » car pratiquée par des architectes.
L’ÉQUIPEMENT DE L’HABITATION – L’architecture d’intérieur « technique » Qui de mieux pour parler de l’évolution de la notion d’intérieur que Charlotte PERRIAND. Elle disait qu’elle voulait « créer l’espace pour l’épanouissement de l’individu. » 10. C’était une pionnière de l’art de vivre. L’arrivée de l’UAM va être un tournant, mais c’est un peu avant que Charlotte PERRIAND découvre sa vocation. Avec deux parents dont les métiers sont manuels (un père tailleur et une mère couturière dans la haute couture) elle fait l’école des arts décoratifs et atterrie très vite dans l’atelier du Corbusier. Elle étudie l’architecture et l’urbanisme (ce qui l’amènera à comprendre que ces disciplines forment un tout) et sera très vite responsable de « l’équipement intérieur ». Le Corbusier la missionne à la recherche d’un nouvel esthétique industriel à un moment où en Allemagne Walter Gropius et ses élèves sortent une ligne de meuble en acier avec le Bauhaus. Le Corbusier veut en faire de même, il ne veut que l’essentiel ; siège, table, casier pour ranger pour voir un intérieur qui tranche avec les intérieurs bourgeois et cloisonnés de l’époque Une nouvelle vision de l’appartement open-space voit le jour, Charlotte PERRIAND « proclame la libération du corps ». On parle alors d’équipement de l’habitation pour apporter à ce domaine une notion plus technique en écho avec la réalité de la conception. L’UAM prend la maison comme terrain d’expérimentation mais le crack boursier de 1929 amènera beaucoup d’artistes à quitter les villes et à se retourner vers la nature, la naissance de l’art Brut est là.
LE RAPPORT MEUBLE/ARCHITECTURE On passe donc du meuble fait en acier pour rendre ces meubles accessibles au public et les produire en série (révolution du métal) au meuble en bois, qui reprend l’essence de la nature et assume une forme organique ou archétypique. Des meubles acier elle en fera donc très peu. Avec l’élan de l’art brut et ses échappées en montagnes elle pense autrement mais aussi avec la nouvelle demande du Corbusier qui la fait travailler sur une cellule d’habitat de 14m2 elle se concentre davantage sur l’architecture d’intérieur que sur le meuble « mobile » à part entière. Mais l’un ne va pas sans l’autre ; sa volonté de concevoir des logements tout confort et bon marché l’amène à dessiner la cuisine ouverte. C’est une avant-gardiste puisqu’aujourd’hui encore et plus que jamais les nouveaux aménagements visent à avoir cette notion de « cuisine ouverte ». La sienne est en réalité « semi-fermée » par un meuble fonctionnel pensé pour la ménagère. Il faut la rendre visible, lui redonner une part de sociabilité et la donnant à voir. C’est seulement dans la cité radieuse du Corbusier réalisé après-guerre qu’elle concrétisera sa cellule de 14m2 avec des cloisons coulissantes (inspirations eu au japon où elle était pendant la guerre) pour les chambres des enfants, des espaces en mezzanine pour les chambres parentales et sa cuisine-bar ouverte sur l’espace de vie pour sortir la femme de son isolement domestique. Ces meubles ont une vraie dimension architecturale. Dans les années 1950, l’homme devant être replacé au centre des constructions, elle définit que le vide est la base de tout, il permet le mouvement, la vie. Pour créer le vide il faut du rangement, elle collabore avec les ateliers Jean prouvé, elle crée les bibliothèques Tunisie et Mexique. Elle est précurseur des meubles en kit à monter sois même 20 ans en avance. « J’ai inventé une quincaillerie et j’ai laissé une liberté » 11, dit-elle. Charlotte PERRIAND aura su être avant-gardiste de notre manière de vivre aujourd’hui tout en guidant certain de la profession à se recentrer sur l’essentiel : l’homme. Dessinant à la fois des meubles mobiles et des meubles intégrés, faisant partie intégrante de l’espace intérieur, elle a su définir son métier, non pas par l’échelle de ses projets, mais par sa manière de les faire. Dans l’agence AAPHM, c’est avec cette manière de penser « l’équipement de l’habitation » que les projets sont travaillés. Alliant la notion d’espace et d’usage avec une réflexion sur le matériau (pour ne pas parler d’esthétique). Le travail était donc vaste, du gros œuvre au détail de menuiserie avec comme point de départ de tout ceci : les besoins du client. 10 et 11
Charlotte PERRIAND, pionnière de l’art de vivre, Émission ARTE
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(8) « Planche matériaux » pour un projet de boutique AUDI, MESURA, 2018-2019.
II - Y-a-t-il des limites au métier d’architecte ?
Les compétences de l’architecte sont très étendues. Ayant déjà à l’école et chez Atelier Georges approfondi celle allant de l’échelle du territoire au bâtiment, j’ai chez GCG architectes mais surtout chez AAPHM durant ma MSP pu approfondir des échelles plus petites faisant parfois appel à des compétences plus créatives et « culturelles ». J’ai pu travailler sur plusieurs projets en phase Esquisse où, évidement les plans étaient importants mais le dossier de « planches intensions et matériaux » l’était tout autant (il était plus ou moins impactant selon la nature des projets). Par exemple, pour un appartement nous avions uniquement joint quelques images (de principe) tandis que pour la réhabilitation et le réaménagement d’un hôtel nous avions réalisé des photomontages mêlant les aquarelles de mon tuteur et des choix de mobilier, matériaux, corniches, explicitant une ambiance qui témoigne du savoir de l’architecte et dont l’aménagement de l’espace répond à la demande client. Certes j’ai parfois eu l’impression de faire de la décoration, à la seule différence que chaque élément choisi, convoqué, était en complémentarité d’un « tout architectural » et traduisant une volonté de servir l’espace, de créer une atmosphère identitaire, d’avoir une cohérence avec le bâtiment auquel il appartient. Alors que la décoration se limite bien souvent à contenter les envies du client, inspirées des tendances dictées par Pinterest. LE DÉCORATEUR La notion de décoration renvoie souvent à quelque chose d’artificielle et de temporelle. En effet, que ce soit dans le domaine de l’intérieur ou du théâtre, un décor est un accessoire permettant de créer une ambiance, de donner une tonalité à un espace. Aujourd’hui il n’existe pas de diplôme de décorateur d’intérieur au même titre que le diplôme d’Architecte d’État. Il y a seulement quelques formations type BTS qui permettent d’y parvenir. Avant significative (certains étudiants qui sortaient des arts déco avaient parfois ce statut) la notion de décoration est devenue un terme délaissé puisque remplacé par l’architecture d’intérieur. Selon le magazine ELLE Décoration (magazine influant dans le milieu de l’architecture d’intérieur comme AMC pourrait l’être en architecture), « La mission du décorateur d’intérieur : aménager l’espace en donnant du style aux intérieurs. Il ne transforme en aucun cas la structure de la maison, ne touche pas physiquement aux cloisons, ne déplace pas les murs et ne fait pas de gros œuvre, son travail à lui est de prendre en considération le budget et les aspirations de ses clients afin d’installer dans leur maison (ou simplement dans une pièce) un univers décoratif qui leur ressemble. » Suite à un échange avec une personne travaillant chez HOUZZ (plateforme internet mettant en relation des particuliers avec des professionnels tels que des entreprises de construction, architectes, décorateurs…) lors du dernier salon BATIMAT à Paris, j’ai pu avoir confirmation que le décorateur est le dernier maillon de la chaine et qu’il est depuis l’essor de l’architecture d’intérieur, bien souvent mis de côté. Le travail décrit par ELLE Décoration est réalisable par une personne ayant reçu une formation d’architecte et mon travail exécuté au côté de Philippe Médioni m’a confirmé cela. LA «DÉCORATION» À L’AGENCE A l’agence la notion de décoration revêt différentes formes. La première étant comme source d’inspiration. Une grande partie des livres de l’agence est liée à la décoration, allant de la renaissance aux années 50. Cette large collection constitue pour mon tuteur et ses collaborateurs, une source inépuisable d’inspiration et de créativité. Ça n’est pas tant pour les couleurs (car beaucoup sont en noir et blanc) qu’il parcourt les pages de ces livres mais pour les proportions et l’expression de l’architecture qui s’en dégage. La notion de décoration ayant évolué, il est difficile de comparer décoration « contemporaine » d’aujourd’hui et ce que convoque Philippe Médioni pour ces projets : décoration d’une autre époque. Alors que l’ornementation était auparavant l’expression des forces, successivement devenue décorative, signe de richesse dans les intérieurs bourgeois, l’ornementation est aujourd’hui soit rejetée soit dissimulée, du moins dessinée/ pensée différemment. Avec mes expériences en agence, j’ai appris à « manier les éléments de décoration» pour qu’ils servent l’architecture, c’est la deuxième forme que « la notion de décoration » revêt à l’agence. Premièrement chez GCG Architecte où les appartements avaient chacun une touche de couleur « pétante» à des emplacements bien ciblés donnant du volume ou un caractère à l’espace, j’ai ensuite pendant ma MSP peaufiné ces notions de couleur adjuvant des symboles plus classiques des intérieurs parisiens car Philippe Medioni ne tenait pas à dénaturer mais justement mettre en valeur quitte à dessiner sur mesure une corniche. La troisième forme que revêt la notion de décoration a déjà été abordée précédemment : il s’agit avec les planches matériaux d’établir une manière visuelle, autre que par des plans et coupes de communiquer avec le client. La communication du projet est primordiale. Il faut, en plus de se faire comprendre par le client, le « charmer » en montrant qu’on a pris en considération sa demande et qu’en plus de répondre à ses besoins, nos compétences d’architecte permettent d’apporter une plus-value en terme d’identité.
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(9) Réaménagement et rénovation d’un appartement à Neuilly, Agence AAPHM, 2018-2019. 1. Vue d’ensemble - 2. Vue de l’élément menuisé seul - 3. Placards intégrés à l’estrade menuisée
La notion de limite n’existe pas vraiment en architecture. Elle est propre à tout un chacun, là où on souhaite la mettre. Beaucoup d’éléments peuvent être « architecturés ». Le travail de l’architecte va être de créer une cohérence d’ensemble. Et néanmoins l’architecte doit savoir gérer son temps, et bien le répartir entre tous les projets pour ne pas négliger la gestion d’agence.
III - Mon travail chez AAPHM
GESTION D’AGENCE Contribuer à la gestion d’agence, c’était une responsabilité que je n’avais pas encore assumée avant d’intégrer AAPHM. J’avais conscience du fait de mes précédentes expériences professionnelles, de l’implication et de l’énergie nécessaires au bon fonctionnement d’une agence. Je ne pensais pas devoir et pouvoir y participer aussitôt. Dès mes débuts, j’ai pris en charge l’accueil téléphonique : je filtrais les nombreux appels, parasités par des démarches publicitaires, et transmettais à mon tuteur les communications pour lesquels je ne pouvais apporter de réponse. De même pour les mails, moins sujet à la publicité (même si on reçoit tous périodiquement beaucoup de mails spam), je devais faire le lien avec mon tuteur souvent en déplacement ou répondre en complément aux clients/entreprises/fournisseurs/… En parallèle j’actualisais le book dès que nécessaire, à la demande de Philippe Médioni. Je tenais à jour le site internet, et pour plus de reconnaissance, je « pintais » les photos des réalisations. Nouvelle démarche, puisque depuis la collaboration avec DIMORE STUDIO, les images de l’hôtel Saint-Marc avaient beaucoup de vues dont seulement l’agence italienne, mieux identifiée et plus visible, récoltait la gratitude de ce projet commun. Aujourd’hui presque tout se fait par Internet : les envois de catalogue, les prises de rendez-vous avec les commerciaux, les demandes d’information, etc. Lorsqu’il me fallait mettre à jour la bibliothèque (livrets, matériaux, échantillons et éléments dématérialisés sur le serveur) j’organisais les rendez-vous avec les personnes concernées, nous les recevions, le plus souvent avec mon tuteur, mais parfois seule comme lorsqu’il était en vacances et qui me laisser gérer l’agence. GESTION DE PROJET J’ai donc dû aussi me confronter à la gestion de projet. De la création du dossier sur le serveur et du classeur des pièces importantes, en passant par la prise de rendez-vous en préfecture pour des dépôts de dossiers de Permis d’Aménager et de Permis de Construire. J’ai eu la possibilité de faire une grande partie du travail administratif. Dès mon arrivée, prenant la suite de projet en cours de chantier, j’ai dû me familiariser avec l’AMT (Aide aux Marchés de Travaux) et ce jusqu’à la fin de ma MSP pour un projet de maison de vacances (de clients parisiens) à Cotignac dans le sud. A côté de cela j’avais un œil sur les estimatifs et les honoraires mais je n’ai pas eu l’occasion de développer ses deux points autrement que par l’observation de leur évolution au grès des projets. Par contre, au bout d’à peine deux mois, j’ai pu m’exercer et mettre à l’honneur ce que j’avais appris en HMO lorsque le projet « Salustro» est passé en phase DCE. En plus de tous les plans et élévations réalisés par mes soins, j’ai rédigé (avec relecture de mon tuteur) les descriptifs et quantitatifs (CCAG, CCAP, CCTG et CCTP) correspondants à ce projet. Près d’un mois de travail pour tous ces éléments nouveaux (dans la réalisation) pour moi. Avec ceux-ci, la création du planning des travaux s’est faite avec Philippe Médioni. La complexité de ce projet était de réaliser un dossier pour chaque appartement, le chantier étant prévu en deux phases : la réalisation de l’aménagement du T2 en première phase puis après le déménagement des clients, l’agrandissement de leur appartement. Une fois le DCE transmis aux trois entreprises, l’analyse de l’appel d’offre est arrivée au même moment que celle pour le réaménagement d’un accueil de bureaux à Boulogne. J’ai enchainé les deux, me permettant d’améliorer ma maitrise d’Excel et mon expertise quant à cet exercice. Plusieurs aspects étaient intéressants pour ce projet « Salustro », le premier étant cette distinction entre l’appartement pour les clients, qui allait avoir un séjour de plus de 30m2 et des prestations grandioses et le second appartement destiné à la location qui lui allait être pensé à l’économie. Le second aspect intéressant était celui du budget, géré par mon patron mais dont j’ai intrinsèquement participé en m’occupant de toute la partie administrative. 236 000€ de budget étaient prévus pour 200m2 (estimatif réalisé par l’agence) dans ce budget il y avait 150 000€ pour les travaux et le reste pour la menuiserie. C’est seulement une fois que nous avions lancé le chantier, que nous détaillé la partie menuiserie. Une des grosses pièces était pour le salon (Cf. photo de gauche) c’était une estrade bibliothèque/assise que mon patron avait dessiné et qu’ensemble on a finalisé. Malheureusement à l’annonce du devis dont le montant était du prix des travaux (173 000€) cette estrade n’a pas été conservée et ne se sont réalisés que les rangements nécessaires mais non moins innovants qui avaient été dessinés pour les autres pièces. Cette partie m’a beaucoup plu puisqu’elle a allié usage, confort et esthétique, demande à laquelle je n’avais pas encore été confrontée en conception dans mes précédentes expériences.
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03. P R O J E T
Baignée dans un univers de meubles de « designer » et de livres entre architecture et décoration, j’ai beaucoup appris. Aux côtés de Philippe Medioni dont les inspirations oscillent entre Leuleu, JeanMichel Franck, Dimore studio, l’inspiration italienne et bien d’autres courants et architectes Français ou Internationaux, anciens ou contemporains j’ai pu aussi me forger ma propre opinion quant aux notions d’esthétique. Travaillant successivement sur des projets singuliers d’habitat, de bureaux, d’hôtellerie, c’est cette dimension humaine, plus maitrisable qui m’a permis de comprendre la construction dans sa plus simple mise en œuvre. Je n’ai pas d’avis négatif sur les grandes agences ou les grands projets mais je pense que l’échelle des projets traités à l’agence de Philippe Medioni m’a permis de voir et de comprendre plus de choses. Pour l’avoir vécu chez GCG Architectes, en 6 mois j’ai vu le chantier au moment de la pose des menuiseries quand je suis arrivée et ce n’était toujours pas fini à mon départ. C’est aussi cette notion de temporalité qui me fait dire que j’aime le travail à plus petite échelle. J’aime pouvoir me dire que je débute ma carrière avec des projets courts dont je ne pourrais pas perdre le fil. J’ai conscience que je ne suis pas assez expérimentée pour pouvoir gérer de gros projets « seule » et c’est pourquoi je me suis orientée vers des plus petits. Non pas que je n’aime pas travailler en équipe, bien au contraire, les petits projets aussi se travaillent à plusieurs. Et puis, il faut le reconnaitre, ce qui est bien aussi avec les petits projets c’est l’aspect social qu’il y a avec le client. Quand on conçoit pour lui, il se doit d’être investi et sa participation est souvent très intéressante, moteur du projet. J’ai aimé chez Philippe Medioni rencontrer les clients, discuter avec eux sur le chantier, échanger sur l’aspect intérieur, les couleurs, les ambiances. Et puis il y a aussi les désaccords, souvent quand on parle de budget ou alors lorsqu’un artisan n’a pas correctement réalisé/isolé la cloison des WC et que le client s’en rend compte lors du suivi de chantier. Tous les petits aléas qui font partie du métier d’architecte me plaisent. Un autre aspect du travail à petite échelle est que du fait de la temporalité des projets, on se retrouve à être plus souvent dehors, plus souvent en visite de site, en suivi de chantier, en déplacement pour des matériaux… C’est un aspect que l’on ne voit pas du tout (ou très peu pour le site) et qui est aussi très agréable. Peut-être ce qui m’a manqué dans cette agence, c’est toute la notion territoriale. Au niveau des matériaux, bien qu’ils soient nobles, il n’était pas souvent possible de faire entrer une part de réflexion écologique ou du moins responsable. Les chantiers d’intérieur sont souvent très polluants avec des matériaux comme la plaque de plâtre, (que l’on retrouve partout) qui n’est ni recyclable ni réutilisable une fois démontée, avec une tonne de gravats non recyclés et des éléments vieillis par le temps qui sont trop facilement jetés et non réutilisés. Cette part de territoire, je la retrouvais dans les éléments archétypiques installés (moulures, cheminée) ou dans le dessin de meubles aux matériaux réfléchis.
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(10) Boutique de la Fondation Galerie Lafayette, Mobilier par CiguĂŤ, 2018.
MEUBLER
I -
Artisanat et projet/chantier responsable
LA GESTION DE CHANTIER C’est grâce au chantier du projet « Salustro » que j’ai appris comment rédiger des ordres de services et à gérer la complexité des taux de TVA (0% pour un artisan en freelance, 10% pour une entreprise classique mais il y a aussi ceux qui sont à 5%...). 2 mois se sont passés entre le moment où je suis arrivée et le moment où j’ai fait seule l’ouverture de chantier. La préparation du chantier m’a beaucoup aidée à comprendre les détails de constructions et de finitions mais c’est en débutant cette phase DET (Direction de l’Execution des Travaux) que j’ai le plus appris. Le vocabulaire technique, les manières de faire, de poser les matériaux, les différentes mises en œuvre possibles, c’est par l’échange avec les artisans et mon tuteur durant nos réunions de chantier que j’ai assimilé tout cela. Philippe Medioni m’a souvent laissée en autonomie, sentiment agréable de confiance mais qui parfois je l’avoue ne m’a pas réconfortée du fait de ma jeune expérience. Surtout que le chantier c’est important, cela peut parfois être source de stress, heureusement mon tuteur était toujours là pour chapoter. C’est moi qui écrivais les comptes rendus de chantier. Au début, il les relisait afin d’effectuer quelques corrections et de m’expliquer comment améliorer leur lisibilité. Avec le temps, j’arrivais à les rédiger seule. En même temps que le chantier avait débuté, nous travaillions sur 2-3 autres projets à des fréquences plus ou moins espacées. Il ne fallait pas mélanger les projets pour la partie administrative lors du DGD (Décompte Général Définitif) ou des envois de validation de factures. J’ai eu la chance, pour chacun des projets en chantier de l’agence de croiser ou de parler avec des artisans talentueux, passionnés par leur métier, leur spécialité. Du staffeur qui a réalisé une corniche sur mesure pour le salon de 30m2 dans le projet « Salustro» au ferronnier pour la maison de vacances à Cotignac (dont le père était un très bon architecte espagnol) qui a réalisé les gardes corps et autres éléments de ferronnerie avec justesse tel des œuvres d’art, et j’en passe. J’ai pu développer mon approche des matériaux et leur mise en œuvre en tant qu’observatrice pour, par la suite, pouvoir mieux dessiner. Les matériaux de finitions étaient nobles, à l’inverse des matériaux de constructions qui en France, comme expliqué dans la première partie sont soumis au lobby des grandes industries et sont pour certains (comme le Placoplatre entre autres) plus que polluant… C’est regrettable qu’il soit si difficile aujourd’hui d’avoir une réflexion éco-responsable pour des projets à cette échelle mais heureusement certains travaillent dans ce sens et tendent à y parvenir :
RETOUR À L’ARCHITECTURE : AUTHENTICITÉ, SAVOIR-FAIRE ET LOCALITÉ Cette agence, je l’ai découverte en 2017, elle s’appelle Ciguë (nom d’une plante toxique) et n’a pas toujours été une agence d’architecture. C’est lorsqu’ils étaient étudiants que les fondateurs de Ciguë décident de monter une structure. Ne pouvant pas avoir d’agence d’architecture et avec cette envie de plus en plus grandissante de construire, ils décident de se concentrer sur la création d’une entreprise de menuiserie. C’est ainsi que tout commence. Une fois chose possible : ils ouvrent une agence de conception réalisation dont les locaux abritent 10m2 de bureaux et 90m2 d’atelier. Ils décident d’être plus dans le faire que dans l’explication. Charlotte PERRIAND le disait aussi ; « il faut prototyper ! » Cette évolution dans le domaine de la menuiserie ils l’ont sans formation, ils expérimentent avec chacun de leurs projets.
DES MATÉRIAUX ENGAGÉS Grâce à ce prototypage en grandeur réelle, ils enrichissent leur matériauthèque avec leurs propres échantillons et vont à l’encontre des produits finis vus dans tous les catalogues. Ils sont à la recherche de comprendre comment sont les choses et d’où elles viennent. Mais le « faire soi-même » a des limites, pour certains projets ils se rendent compte que les savoir-faire des artisans « uni-disciplaristes » sont plus poussés que les leurs et qu’il vaut mieux faire appel à des professionnels tout en apportant « leur touche », leur expérience de l’amont. Grâce à cette ouverture sur d’autres métiers ils rencontrent des nouveaux lieux, des gens, des histoires d’artisans, de la matière non finie ou en cours de production qui donne une tout autre dimension à leurs projets. Ils n’en sont que plus forts, impactants.
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(11) Réaménagement et rénovation d’une maison à Gretz, Agence AAPHM, 2018-2019.
Cette prise de conscience enrichie aussi la manière de dessiner, de concevoir, avec tel ou tel matériau. Et cela ne les empêche pas de continuer à faire certaines réalisations d’eux même comme pour le projet de la fondation des Galeries Lafayette (Cf. photo de gauche sur la page précedente) où l’agence à réaliser ces installations pour la boutique. Ce sont des cubes de papier recyclés uniquement confectionnés dans leur atelier. Du moule, à la matière coulée testée à de nombreuses reprises pour avoir la bonne consistance, avec l’idée de proportion pour que la pièce reste malléable ; ils réalisent tout !
UNE AGENCE FORTE D’EXPÉRIENCES MULTIPLES Ce qui est aussi intéressant, c’est que l’atelier permet la transmission de savoirs. Grace aux résidus qui se « baladent dans l’agence », chacun s’inspire et profite de ce qui est fait par les autres. Cela ouvre des univers, la poétique du quotidien. Cela permet aussi de voir la technique autrement que comme une contrainte. Tout comme Jean Prouvé (lorsqu’il perd son usine et redevient uniquement bureau d’études), l’agence Ciguë se rend compte que l’architecte classique a une dépossession de la fabrication et de la réalisation et que cela peut parfois le desservir. L’artisanat leur permet une combinaison de techniques, avec toute la poétique que ça comporte de faire soi-même, extrêmement riche que les outils numériques et l’impression 3D ne remplacera jamais, ça ne remplacera pas le travail de la main. Alors que l’architecture d’intérieur exprime que le meuble doit dépasser son rôle fonctionnel pour faire partie d’un tout, la réflexion du designer en est tout autre et celle de l’architecte qui fait un meuble aussi. Jean Prouvé disait : « Un meuble ne se compose pas sur une planche à dessin. On fait des prototypes, on corrige ». En faisant cela, l’architecte réduit le fossé entre conception et réalisation. Tout se fait en même temps, c’est un travail à toutes échelles. UNE FORMATION PERPÉTUELLE Après deux ans d’expériences dans diverses agences, je me rends compte en écrivant ce mémoire que ma soif théorique ne s’est pas arrêtée après l’obtention de mon master. Peut-être parce que j’étais frustrée de n’avoir pu aller au bout de ma réflexion sur la simplicité pour mon mémoire de master en 2016-2017. J’ai ressenti le besoin pour celui-ci de reposer les bases de l’architecture et de comprendre pourquoi on avait tant dissocié aujourd’hui les métiers qui participent à la création d’un espace, d’un bâtiment. Bien sûr, il est d’usage de dire (pour des architectes et aussi pour d’autres professions) : le savoir s’acquière avec l’expérience et l’âge. Mais il est bien de faire la démarche de continuer à se former tout au long de sa vie, c’est pour cela que chaque entreprise paye une contribution collectée par l’OPCA (Organisme Paritaire Collecteur Agréé en charge de collecter les obligations financières des entreprises en matière de formation professionnelle). Il est essentiel dans son domaine ou plus largement dans d’autres domaines, de chercher à actualiser ses connaissances et acquérir de nouvelles capacités, de s’instruire sur les nouveautés afin de combler ses lacunes. Pour ma part, je compte profiter de la formation professionnelle pour continuer à apprendre sur l’économie du projet et le chantier, mais aussi développer mes capacités à voir et concevoir des petites architectures, me perfectionner et monter en compétences. Avec l’agence d’architecture de Philippe Medioni ce qui m’a été bénéfique, c’est de travailler sur des petits projets qui nécessitaient une déclaration préalable ou un dépôt de permis et à la fois sur l’intérieur de réaliser de gros projets qui exigeaient de faire un dossier d’Adap, pour obtenir un Permis d’aménager et ainsi appliquer les normes sécurité incendie et accessibilité. Les cours de HMONP m’ont bien servi pour cette mise en oeuvre. De même que les cours sur la résistance des matériaux m’ont été utiles pour le projet illustré page de gauche. Il fallait choisir les matériaux avec minutie parce que le projet se basait sur la réalisation de trois « meubles » structurant l’espace dont un dans la cuisine et un second à côté d’une immense cheminée. DESSINER UN MEUBLE Ce projet avait pour but de mettre en valeur les trois espaces de vie (cuisine, salle à manger et salon) en tenant compte de l’architecture du lieu (charpente apparente magnifique), de son histoire (cheminée monumentale au milieu de la maison) et du savoir-faire authentique (pour la réalisation des trois pièces). Dans ce projet étaient réunis trois aspects de l’architecture cités dans la première partie de ce mémoire, fondements de ma pensée. C’est avec grand plaisir que j’ai travaillé sur ce projet en prenant la suite de ce
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(12) Meuble dressing/tĂŞte de lit, RĂŠalisation personnelle, 2019.
qui avait déjà été commencée. Des maquettes ont été réalisées en agence avec des tests de matérialité, on cherchait à créer des éléments massifs, visuellement assez lourd, imposant pour ne pas faire ridicule dans ce somptueux espace, du cuivre pour l’ilot/bar de la cuisine et de l’acier noir mat pour la table et l’escalier. En travaillant avec Philippe Medioni, j’ai découvert différentes facettes du dessin du meuble. Toujours unique, les meubles dessinés étaient de réelles pièces architecturales. « Immobile » car intégré à un espace, on pouvait distinguer deux types de meubles : _ Le « meuble indépendant ». Bien qu’il soit une pièce détachée du contenant, il est comme sur le projet présenté précédemment (dont l’image de gauche en est la représentation) un élément structurant l’espace et nécessaire pour hiérarchiser les usages. Sa place est définitive puisque le meuble répond aux besoins de l’espace dans lequel il trône. _Le « meuble intégré » quant à lui vient le plus souvent en continuité d’un mur, dans son épaisseur, c’est un élément qui sert généralement uniquement de rangement. Cela donne lieu à un ensemble architecturé, non standardisé, pensé pour un espace unique et bâti par des artisans passionnés donc les matériaux sont adaptés aux mises en œuvre traditionnelles utilisées par ces derniers. Le point final est bien sûr de voir la satisfaction du client lorsqu’il découvre les pièces réalisées. Ayant lui-même participé à la conception en fonction de ses besoins et de ses envies, il ne peut que se sentir concerné et fier de cette finalité, le rôle social de l’architecture est là. Dessiner les détails de construction de ces meubles, les représenter en 3D, chiffrer en fonction des matériaux et des techniques méticuleusement choisies et enfin concrétiser leur réalisation avec des artisans était pour moi un épanouissement qui même après mon départ de l’agence a perduré et m’a amené à me renseigner sur ce sujet.
II -
Meuble et design; 2 notions développées à l’agence
« La fin ou le but du design est d’améliorer ou au moins de maintenir l’habitabilité du monde dans toutes ses dimensions. » Alain Findeli LES PREMIERS MEUBLES Tout débute avec le mot Stilus (mot latin et en grec stylos: la colonne) qui sert de base à tracer, aujourd’hui devenu le mot stylos (c’est au 17ieme siècle qu’on donne au mot style le sens qu’il a aujourd’hui encore). Ce mot est à la Renaissance affilié au « dessein » (projeter et dessiner) l’action «styliser » en découle. L’objet stylisé qui change au grès des évolutions historiques prend en compte la technique, la société, les voyages... Jean-Pierre Constant (professeur à l’école Camondo entre autre) dit du meuble : « Mobile ? Il en va du meuble comme de la mode. Il passe et affiche une identité qui le lie à la période et au lieu de sa création ; il possède ainsi un style reconnaissable.» 12 On a très peu de meubles qui datent d’avant le 12ième, dû aux matériaux et à leur mise en œuvre peu résistante (surtout bois et un peu d’acier) mais aussi car l’attrait pour le meuble était différent, on y attachait moins d’importance. Au 13ieme siècle le meuble n’est pas autant lié au « décor » qu’aujourd’hui, il définit ce qui est « mobile et opulent ». Tout comme l’architecture, l’évolution du meuble est influencée par la sédentarisation de l’homme : avant cela, les aristocrates étaient nomades (à cause du climat et de l’entretien de leurs terres et demeures) ils ne pouvaient pas emmener beaucoup de biens, le meuble était réduit à n’être que des malles de transport devenues aujourd’hui nos valises. C’est au 19ieme siècle seulement que la production de meuble s’accélère, grâce aux «machines-outils » arrivées durant la période industrielle ce qui dessert les métiers de l’artisanat. «Depuis, ameublement rime avec frénésie, bourgeoisie, quelques fois fantaisie.» 13 Par contre on observe que l’objet mobile est en fait devenu immobile (dans le sens où on ne le transporte plus d’une maison à une autre durant l’année, seulement pour un déménagement). Il est devenu un signe intérieur de richesse, bien loin de celui qu’on lui avait donné à l’époque médiéval. Aujourd’hui le meuble signé est plus que tout devenu « signe de richesse » et de convoitise. Mais peut-être a-t-il moins d’âme, de mobilité, de sens. 12 et 13
Le guide des styles, Jean-Pierre CONSTANT et Marco MENCACCI, Éditions HACHETTE PRATIQUE
39
(13) Collection Roche Bobois, Mobilier par Raphael NAVOT, Printemps 2019.
UNE ÉVOLUTION SIMILAIRE À CELLE DE L’ARCHITECTURE ET DE L’INTÉRIEUR A la période industrielle les architectes dessinent des meubles en acier qu’ils veulent faire réaliser en série. Mais en France, « ces principes esthétiques rencontrent une très forte hostilité à un moment où tous les styles du passé reviennent en force et rivalisent avec ostentation dans les magasins, les expositions diverses et les catalogues de vente. » 14 Avec l’élan moderniste, les visions commencent à changer et ne définissent plus la beauté par les mêmes caractéristiques ; on observe une disparition de l’ornement de plus en plus radicale et le meuble qui est désormais considéré comme architecture connaît un renouveau notamment grâce à Léon Moussinac et les créateurs de l’époque dont Francis Jourdain. Ils définissent ensemble que « le créateur de l’environnement moderne doit « arracher l’art aux débordements de l’imagination et de l’esthétisme » (…) Enfin débarrassée des préjugés et autres freins qui encombrent l’esprit, la logique peut régner et à son tour créer des beautés, donner à rêver, créer un style. » 15 Je trouve d’ailleurs que depuis on a gardé la même manière de penser le meuble et que bien qu’il y ait des évolutions et des « modes » on n’a pas connu pareil changement qu’au moment de l’industrialisation. Je terminerai avec cette citation : « en abandonnant toute prétention, tout mensonge, les œuvres par leur simplicité, leur sincérité, leur honnêteté, recouvrent leur dignité. Elles répondent ainsi aux exigences de l’esprit de l’homme moderne en quête d’ordre et de logique selon Léon Moussinac et Francis Jourdain. » 16 LA NOTION DE DESIGN Depuis ces 20 dernières années la vision du design a changé. Avec de nouvelles approches elle est «considérée comme un moyen majeur pour l’homme d’interagir avec son environnement. » 17 Après l’industrialisation, le seul objet de design était le meuble manufacturé, aujourd’hui « designer » se résume à « solutionner » et touche d’autres domaines que celui de l’objet (design web, système). Descendant lui aussi du mot dessein, le mot design s’est répandu dans plusieurs pays et est maintenant omniprésent. Faire du design est en réalité un mode de pensée qui vise à « considérer la production d’effets découlant de l’acte créatif (…). » 18 Le design est régi en 3 effets fondamentaux : _ « un effet ontophanique » qui augmente l’expérience vécu. _ « un effet callimorphique » qui met en avant la notion formelle et esthétique en réponse à la fonction. _ « un effet socioplastique » qui lui interfère sur l’idée de « remodeler la société » Faire du design c’est donc questionner l’essence. RETOUR AU PRIMITF, EFFET DE MODE OU BESOIN La limite entre art et design est mince pourtant le processus de création des deux est bien différent. Cependant l’un nourri l’autre. J’ai découvert Raphael NAVOT (designer) grâce à Philippe Médioni. Il explique dans un article du magazine MILK Décoration qu’il voulait à la base être sculpteur. C’est le travail de la matière qui l’a menait à faire du design. Il dit qu’aujourd’hui il sculpte des objets et des espaces. C’est grâce à son habitude de travailler le bois qu’il se fait remarquer par Nicolas ROCHE (fondateur de la maison d’édition de meubles Roche Bobois). Ils feront ensemble une première collaboration pour le dessin d’une table (en bois) qui sera le début d’une collection sortie au printemps dernier « dans le désir de revisiter le savoir-faire traditionnel.» 19. Il nommera sa collection « Nativ », dont les inspirations de l’artisanat et de la nature le mèneront à dessiner des formes organiques, faisant « directement écho à notre langage corporel », sans attache culturelle, spatiale ou temporelle. « Le design est perpétuellement à la recherche de nouvelles formes et expressions, alors que notre corps n’a pas évolué depuis 200 000 ans. En ce sens « Nativ » est un retour à l’essentiel. » 20 UNE MATÉRIALITÉ ADAPTÉ ? Pour produire une telle collection en série, Raphael NAVOT a eu la chance grâce à Roche Bobois de pouvoir s’entourer des meilleurs artisans et ergonomistes européens, aussi pour que chaque pièce ait son histoire. Bois, céramique, coton, enduits minéraux, autant de matières « vivantes » qui se révèlent, se patinent avec les années et laisse à l’objet la possibilité de changer dans le temps. 14, 15 et 16
Site CFAI, http://www.cfai.fr/ Court traité du design, Stéphane VIAL, Édition PUF 19 et 20 Magazine MILK Décoration, Article page 60, Adel FECIH 17 et 18
41
(14) Extrait de XVIIIème siècle, aux sources du design, chefs d’oeuvre du mobilier de 1650 à 1790 dans Mes meubles d’architecte, Jean NOUVEL, 2016.
La dimension un peu décontextualisée du choix des matériaux a un sens pour le designer qui voit le matériau comme symbole là ou l’architecte contextualise le choix de son matériau même pour le dessin du meuble.
III - L’avenir ARCHITECTURER N’A PAS D’ÉCHELLE Pour beaucoup le meuble est un bien empreinte de mode, dont les styles s’enchainent et s’oublient. Depuis 1987, Jean Nouvel fait des meubles et c’est l’un des rares architectes à revendiquer le faire aujourd’hui. Que ce soit en lien avec ses chantiers, ses projets ou simplement par « besoin personnel», plus d’une centaine de ses projets d’objets ou de mobiliers se sont vu édités par plusieurs maisons en France et en Europe. Il a dès le début revendiqué cela en créant en 1995 Jean Nouvel Design. C’est à 26 ans qu’il montre son premier objet de design, c’était à la biennale de Paris ; un matelas d’environ 200m2. Il a sa propre manière de faire et ce n’est surement pas celle d’un designer : « Parlant même d’antidesign, Nouvel s’empare de typologies classiques déjà existantes, réfute le meuble « bavard » jugé trop conceptuel, et prôné l’élémentaire : son mobilier est celui d’un taiseux, ou chaque ligne, comme chaque mot, serait compté, dans une approche d’une rigueur absolue, cependant toujours ancré dans une culture et son contexte. » 21 A l’inverse de ses bâtiments « aux formes architecturales complexes » dont la matérialité n’a aucune justification territoriale, il parle de « zéro design » amenant le meuble à sa forme la plus archétypale. Inspiré par le mobilier classique, l’exposition faite au château de Versailles en témoigne (nommée « XVIIIème siècle, aux sources du design, chefs d’œuvre du mobilier de 1650 à 1790 ») où il avait en 18 lettre explicitée cela d’une manière sensible et personnelle (Cf. photo de gauche) « Son exigence est la marque de son talent » tant dans l’architecture que pour l’objet, il a un « sens de l’ensemble et du détail (…) rien n’est laissé au hasard. » 22 AU-DELÀ DU MATÉRIAU Meuble ou objet, ce sont des petites architectures. En architecture quelque soit l’échelle le concept est le même : faire du sens et du sensible. « Architecturer, c’est le rôle sociétal de l’architecte. » 23 « Architecturer, c’est à dire concevoir et réaliser, est un acte dont les conséquences sociales peuvent être considérables. Il devrait être pratiqué par des personnes dont la formation et la culture leur ont appris: la pensée complexe, le sens des nuances, l’humanisme, l’importance de la poésie et du bonheur de vivre, l’intérêt des arts dans la vie pour provoquer l’art de vivre. L’architecte que je suis se désespère face à l’inconscience du politique vis à vis de toutes ces décisions concernant le plaisir de vivre… Cette inconscience a nourri ma conscience et mon éthique. C’est la première raison qui m’a amené à architecturer à toutes les échelles et à considérer que l’architecture est à la fois grande et petite, qu’elle n’est pas moins intérieure qu’extérieure. » 24 Penser autrement viendrait à de la schizophrénie comme pour beaucoup de bâtiments commerciaux où l’enveloppe et les circulations sont réfléchis d’un coté tandis que le reste du bâtiment est aménagé d’un autre coté. Pour créer un meuble comme pour un immeuble il veut tout savoir (bien sur les choses à connaitre ne seront pas les mêmes) et ajouter à cela son expertise, son histoire, ses connaissances. «Dans les deux cas (…) il faut comprendre la demande et comprendre le demandeur. » 25 C’EST NOTRE MÉTIER « L’architecture immobilière nous avale (…) l’architecture mobilière, quant à elle, (…) nous l’ouvrons pour tout savoir, pour en faire le tour. ». « Avec l’une et avec l’autre, pour faire du sens, il faut être conscient de leurs différences essentielles et de leur complémentarité originelle. ». « Pourtant l’architecture aboutie est bien celle qui imbrique l’immeuble et les meubles… ». Le plus dur c’est de trouver l’essence, d’« Inventer l’âme de l’inerte. » 26 Pour l’immobilier ; l’essence est l’ensemble des composants, alors que pour l’architecture mobilière c’est plutôt une essence concentrée plus compacte. 21, 22, 23, 24, 25 et 26
Mes meubles d’architecte, Jean NOUVEL, Éditions Flammarion
43
À court terme, je souhaite exercer mon métier d’architecte dans le domaine de la petite échelle, dans une agence dont les valeurs se rapprochent du respect du lieu, de l’existant et dont les aspirations questionnent les fondements de l’architecture. À long terme, au-delà de vouloir approfondir mes connaissances sur le design et le meuble en architecture tout en me confrontant à des postes avec beaucoup de responsabilité, j’aimerai monter ma propre structure. Chaque agence est unique car il y a mille façons de pratiquer l’architecture à diverses échelles avec de multiples convictions. Ce mémoire est en quelque sorte la théorie d’une pratique à venir mais j’en ai conscience, il me faut encore consolider quelques bases quant à la finalisation d’une réalisation (la phase de réception) que j’ai seulement pu observer.
FINALITÉ
À travers ce constat sur 3 échelles (celle du territoire, celle du bâtiment, et celle du meuble), je me suis trouvée. Comme tout architecte, je pense que l’architecture est autant affaire de détail que d’urbanisme et qu’il ne faut pas négliger l’entre-deux. Il faut aller au bout des choses, dessiner un contenant et un contenu et se poser la question de la justesse des éléments convoqués. Pour ma part, ce sont les contenus que j’aimerai approfondir dans un premier temps, surement pour mieux comprendre les contenants par la suite. Grace à l’autonomie que j’ai acquise au sein de l’agence de Philippe Medioni, j’ai en grande partie rempli mon objectif quant à la formation HMONP. Cela a même été au-delà de mes attentes. Quand on commence une expérience en agence, on ne sait jamais vraiment où cela va nous mener. J’ai eu la chance d’être la collaboratrice d’un passionné qui m’a accordé de son temps si précieux, pour m’expliquer les ficelles du métier et qui m’a accompagnée dans la cour des grands d’une manière naturelle.
45
BIBLIOGRAPHIE / VIDEOGRAPHIE/ SITOGRAPHIE
_ Histoire de l’architecture, Éditions HACHETTE, 2013 _ Simplifions, Éditions Cosa Mentale, 2019 _ Le guide des styles, Jean-Pierre CONSTANT et Marco MENCACCI, Éditions HACHETTE PRATIQUE, 2018 _ Court traité du design, Stéphane VIAL, Édition PUF, 2014 _ Magazine MILK Décoration, Adel FECIH, 2018 _ Mes meubles d’architecte, Jean NOUVEL, Éditions Flammarion, 2016
_ Conférence Giorgio AZZARITI, Peter MÄRKLI, Bernard QUIROT, Organisée par Cosa Mentale au Pavillon de l’Arsenal, 2019 _ Conférence Studio Prouvé, Léonard LASSAGNE et Colin REYNIER, Organisé par le Pavillon de l’Arsenal, 2018 _ Conférence Studio Prouvé, Mathias GERVAIS DE LAFOND, Organisé par le Pavillon de l’Arsenal _ Charlotte PERRIAND, pionnière de l’art de vivre, Émission ARTE, 2019
_ Site de l’ENSACF : http://www.clermont-fd.archi.fr/public/ecole_presentation.php?rep=ecole _ Site AAPHM, Philippe MEDIONI : https://www.medioni.fr/l-agence.html _ Site CFAI : http://www.cfai.fr/
47
Planning prévisionnel - M et Mme Salustro
Réaménagement de deux appartements situés au 3 ème étage 67, rue Charles Lafitte, 92 200 Neuilly Sur Seine
21/02/2019
PLANNING Prévisionnel Etudes et travaux - Février 2019 N° Nom de la tâche
Mars 2019
Avril 2019
Mai 2019
Juin 2019
Juillet 2019
S 09 S 10 S 11S 12S 13S 14S 15S 16S 17S 18S 19S 20S 21S 22S 23S 24S 25S 26S 27S 28S 29S 30
1 OS démarrage Travaux 2 3
4 Plomberie - Passage des Réseaux et reprises des existants
4
5 Maconnerie - Doublage platrerie - réalisation des chapes, des cloisons et fx plafonds
5
6 Electricité - passage des Fileries - Appartement 02 Gauche et Extension 01D
6
7 Plomberie - pose des batis support et de l'ensemble des attentes
7
8 Revetements Durs et Sol Coulé - pose sols et murs
Déménagement
02 G et Ext 01D
2 Démolition - Déposes - Appartement 02 Gauche et Extension 01D 3 Electricité - passage de fourreaux - Appartement 02 Gauche et Extension 01D
8
9 Electricité - Pose des appareillages et realisation du tableau électrique
9
10 Plomberie - pose des equipements sanitaires - Appartement 02 Gauche et Extension 01D 11 Peinture - Préparations et Peinturage - Appartement 02 Gauche et Extension 01D
13
12 Ouvertures du mur de la cheminée
01D
13 Démolition - Déposes - Appartement 01D
13
14 Electricité - passage de fourreaux - Appartement 01D
14
15 Plomberie - Passage des Réseaux de chauffage et reprises des existants
15
16 Maconnerie - Doublage platrerie - réalisation des chapes, des cloisons et fx plafonds 17 Electricité - passage des Fileries - Appartement 01D
17
18 Plomberie - pose de l'ensemble des attentes - Appartement 01D
18
19 Sol Coulé - Appartement 01D
19
20 Electricité - Pose des appareillages et realisation du tableau électrique 21 Plomberie - pose des equipements sanitaires - Appartement 01D 22 Menuiserie Agencemen t- Appartements 01D & 02 G
20
21
22
11 Peinture - Préparations et Peinturage - Appartement 01D
Vectorworks
Etagères et cais Laqué mat
Structure étagè Sapin vernis Sabots laqués
Assise (ht: 45cm Tapissés
Caillebotis (ht: 3 Bois
F= fixations
Structure cailleb
Réalisation volumes en une réflexio relevé du sit
ANNEXE I Projet Salustro
Appartements privés, Neuilly-sur-Seine Réalisation sur ordinateur, de volumes en 3D, dessin de schémas, perspective, et présentations. Participation à une réflexion d’équipe, discussion avec le client, visite et relevé du site de projet.
49
Cotte de maille en cuivre
A N N E X E II Projet Gretz
Maison privée, Gretz-Armainvilliers Réalisation sur ordinateur, de volumes en 3D, dessin de schémas, perspective, et présentations. Participation à une réflexion d’équipe, discussion avec le client, visite et relevé du site de projet.
51
2
3
4
1
vmc 250
G01-A
80 X130
144
80X55
Chambre 20 25,9m²
73 x 204 vmc 250
D.I
Pf 1/2 h
73 x 204
TRAPPE DE VISITE 700X700
Chambre 51 25,5 m²
Dgt 02 2,5 m²
72x48
PPF 1/2h + FP 83 x 204
100 x 200
180 x 200
330
vmc 250
90 X180
TV 40 "
vide sur jardin
D.I D .I
PPF 1h + FP 93 x 204
G03 -A
73 x 204
B
TRAPPE DE VISITE 700X700
120 X180
B
Dgt 01 1,6 m²
DAS CF1/2h + FP 93 x 204
Palier asc. asc. 5,3 ,3 m²
Chambre 50 21,7 m²
PPF 1/2h + FP 83 x 204
D.I
100 x 200
TV 40 "
C
vmc 250
PPF 1/2h + FP 83 x 204
B
Palier esc esc.. 1 4,1 m² DAS CF1/2h + FP 93 x 204
PPF 1/2h + FP 83 x 204
100 x 200
G03 -A
80X55
Cf
73 x 204
CF 1/2h + FP 83 x 204
Désenfumage S.G.O 1 m2
CF 1/2h + FP 83 x 204
Dgt 1,5 m²
DAS PF 1/2h + FP 83 x 204
Palier asc. 5,1 m²
B
C
CF
TV 40 "
Palier esc. 1 3,8 m²
DAS CF 1/2h + FP 83 x 204
CF
Cf
Echelle accés
Local technique Climatisation 1294X600X360 4,8 m²
80X55 TRAPPE DE VISITE 700X700
TRAPPE DE VISITE 700X700
80 X130
vmc 250
154
CF 1/2h + FP 83 x 204
A
A
Vestiaire Femmes 3,5 m² G01 -A
Local tech. 3,1 m²
PPF 1/2h + FP 83 x 204
TV 40 "
TRAPPE DE VISITE 700X700
100 x 200
D
180,9
50.46
300
1
0
1
2
2
R+5 : 2 Chambres
G01 -A vmc 250
Bagagerie 5,1 m²
Accueil - 14,5 m2
Porte sous tenture CF 1/2h +FP 83 x 204
Porte sous tenture 83 x 204
B
Lunax pf 1/2 h
DAS CF 1/2h + FP 83 x 204
B
Conteneur 240 L
Conteneur 240 L
sas esc. 01 3,0 m²
CF 1/2h + FP 83 x 204
Conteneur 240 L
LP 1,6 m²
sas esc. 02 6,3 m²
Z= 34.10m
VOLEE ESCALIER RDC R+1 H - 3,64 m : RDC : 33.86 R+1 : 37,50 3,64 m : 20 marches de ht :18,20 cm
260
A
A
A
3
4
4
3
D
G02 -A
Z= 33,86
sas entrée 0,8 m²
Dégagement 12,5m²
CF 72x48
269
15
14
12 11 9
18
19
7
8
Office 8.9 m²
SDPD 35 m²
CF 1/2h + FP 83 x 204
16 17
10
CF 1/2h + FP 83 x 204
VOLEE ESCALIER SOUS SOL RDCH - 3,16 m : RDC : 33.86 SOUS SOL : 30,70 3,16 m : 19 marches de ht :16,79 cm
13
dgt. 01 5,5 m²
C
B
B
C
Cf
72x48
sas esc. 03 2,5 m²
Sortie de secours créée CF 1/2h + FP 83 x 204 vmc 250
RDC
0
1
2
A
A
A
4
3
269
1
2
4
3
A
265
D
D
G02 -A
333
vmc 250
Réserve 01 11,4 m²
Sas
Chaufferie 16.2 m²
B
B
CF 1/2h + FP 93 x 204
CF 1/2h + FP 93 x 204
0
CF 1/2h + FP 93 x 204
PPF 1/2h + FP 83 x 204
1 2 3
Fitness 18,5 m²
WC PMR 7,8 m²
83 x 204
Douches
4
6
255
Dgt 02 3,3 m²
CF 1/2h + FP 93 x 204
CF 1/2h + FP 83 x 204
C
B
B
C
Dgt 01 6,0 m²
Douches
Hammam
5 80 X130
L.T
x 204
D
Réalisation de plans au calque puis sur ordinateur, volumes en 3D, dessin de schémas, croquis. Participation à une réflexion d’équipe, visite et relevé du site de projet. Recherche de solutions sur un site contraint.
1
2
3
4
A
D
80 X130
93
Réserve 02 14,1 m²
R-1
Réaménagement d’un Hôtel
93
x
20
4
P DAS PF 1/2h 93 +53 x 204
banquette
Paris 1er
6
5
hsp:213.5
hsc:211
Bureau 02 13,9 m2
Bureau 03 38,75 m2
80
Bureau 01 17,15- m2
hsfp:210,8 167
hsp:214
P.P 63X205
40x40
W.C 02 -1,2 m2
526,5
W.C 01- 1,00 m2
254
17,5
82
100
Circulation : 11,20 m2 P.P 63X205
hsp:250,4
C.F
142,2 154
c.f
94,3
129
253,1
60
hsp: 248,9
139
43,2
45
644,4
90
hsc:219,4
77
hsp:246,7
hsp:225,5 48
352,6
10
Bureau 04 11,44 m2
516,6
397,2 - 400 B
hspf: 210
32
Escalier: Déposes : - Toutes corniches lumineuses, , compris toutes sujétions de reprises de plâtrerie - Habillage bois existants nez de dalle, compris toutes sujétions de reprises Protections : - De l'escalier et des plateaux de marches
Bureau : Déposes : - Toutes corniches lumineuses - Toutes soffites et tout faux plafonds , compris toutes sujétions de reprises de plâtrerie - Dépose tous revêtements de sols - moquettes
61,5
Accueil : Déposes : - Toutes corniches lumineuses, compris toutes sujétions de reprises de plâtrerie - Doublage et faux plafond suivant projet, compris toutes sujétions de reprises de plâtrerie - Dépose des habillages en briques de platre collé , compris toutes sujétions de reprises de plâtrerie - Dépose tous revêtements de sols - moquettes - Dépose de la kitchenette - Dépose des plaques de platre endommagées par le dégat des eaux - Depose de la porte verre Protections : - De la porte palière existante - Des portes de toilettes - De la double porte du tableau electrique - De l'ensemble des cloisons de bureaux non impactées par le projet. - Des menuiseries extérieures - Des goulottes électriques - des coffres de volets roulants
104
hsp:225
hsp:225
18,6
82,2
ACCUEIL : 26m2 56,6
401,3
2
407
Bureaux Comptabilité 05 & 06 : Déposes : - Cloisons mobiles suivant projet - LOT CLOISONS MOBILES - Doublage, soffites et faux plafond suivant projet, compris toutes sujétions de reprises de plâtrerie - Dépose tous revêtements de sols - moquettes Protections : - Des menuiseries extérieures - Des goulottes électriques - des coffres de volets roulants
Hauteur sous dalle ~ 2,48 m enduit général sous dalle existante
155
145,5
hsp:248,8
hsp:209,5
205
hsp:211
2 1
Sas 5,4 m2
63,5
20
586,7 - 587,7 B
77,2
36,4
125,8
hsp:210
19,7
110
1
101,5
G F E D C B A
Hauteur sous faux plafond : 2,10 m
Bureau 06 8,5 m2
Bureau 05 14 m2 Entrée : Déposes : - Faux plafonds et éclairage Protections : - Des sols existants - Des murs carrelés existants - Des équipements en place - De l'escalier et des plateaux de marches
hsret:204.5
hsc:211
hsc:211
Entrée 4,5 m2 hsli:272.5
5
6
Réalisation sur ordinateur, de volumes en 3D, dessin de schémas, perspective, et présentations Participation à une réflexion d’équipe, discussion avec le client, visite et relevé du site de projet.
Réaménagement d’un Espace d’accueil de bureaux Boulogne-Billancourt
ESQ AVP .AO.
FAIS AVP .PC.
2
3
4
1
vmc 250
G01-A
80 X130
144
80X55
vmc 250
Cf
90 X180 PPF 1/2h + FP 83 x 204
73 x 204
C
B
PPF 1h + FP 93 x 204
G03 -A
Palier asc. 5,3 m²
Chambre 50 21,7 m²
TRAPPE DE VISITE 700X700
B
TV 40 "
Dgt 01 1,6 m²
DAS CF1/2h + FP 93 x 204
Chambre 20 25,9m²
73 x 204
TV 40 "
Pf 1/2 h
A N N E X E III
D.I vmc 250
100 x 200
100 x 200
Dgt 02 2,5 m²
72x48
PPF 1/2h + FP 83 x 204
PPF 1/2h + FP 83 x 204
TV 40 "
TRAPPE DE VISITE 700X700
D
D
G02 -A
73 x 204
TRAPPE DE VISITE 700X700
Chambre 51 25,5 m²
vide sur jardin
180 x 200
330
B
100 x 200
120 X180
Palier esc. 1 4,1 m² DAS CF1/2h + FP 93 x 204
PPF 1/2h + FP 83 x 204
PPF 1/2h + FP 83 x 204
Palier asc. 5,1 m²
vmc 250
G03 -A
D.I
DAS PF 1/2h + FP 83 x 204
D.I
73 x 204
CF 1/2h + FP 83 x 204
Désenfumage S.G.O 1 m2
Echelle accés
Cf
CF 1/2h + FP 83 x 204
CF
Dgt 1,5 m²
100 x 200
B C
CF
TV 40 "
Palier esc. 1 3,8 m²
DAS CF 1/2h + FP 83 x 204
80X55 TRAPPE DE VISITE 700X700
vmc 250
Local tech. 3,1 m²
Local technique Climatisation 1294X600X360 4,8 m²
80X55 TRAPPE DE VISITE 700X700
80 X130
G01 -A
154
CF 1/2h + FP 83 x 204
A
A
Vestiaire Femmes 3,5 m²
50.46
300
0
180,9
1
R+5 : 2 Chambres
G01 -A vmc 250
Bagagerie 5,1 m²
Porte sous tenture 83 x 204
B
Lunax pf 1/2 h
Accueil - 14,5 m2
Porte sous tenture CF 1/2h +FP 83 x 204
DAS CF 1/2h + FP 83 x 204
B
Conteneur 240 L
Conteneur 240 L
sas esc. 01 3,0 m²
sas esc. 02 6,3 m²
Z= 34.10m
Conteneur 240 L
LP 1,6 m²
CF 1/2h + FP 83 x 204
VOLEE ESCALIER RDC R+1 H - 3,64 m : RDC : 33.86 R+1 : 37,50 3,64 m : 20 marches de ht :18,20 cm
260
A
A
A
1
2
3 3
2
4 4
Autres projets d’hotellerie et de bureaux
Z= 33,86
sas entrée 0,8 m²
Dégagement 12,5m²
CF 72x48
269
15
14
13
11
17
9
18
19
7
8
Office 8.9 m²
SDPD 35 m²
CF 1/2h + FP 83 x 204
16
10
CF 1/2h + FP 83 x 204
VOLEE ESCALIER SOUS SOL RDCH - 3,16 m : RDC : 33.86 SOUS SOL : 30,70 3,16 m : 19 marches de ht :16,79 cm
12
dgt. 01 5,5 m²
C
B
B
C
Cf
72x48
Sortie de secours créée
sas esc. 03 2,5 m²
CF 1/2h + FP 83 x 204 vmc 250
RDC
0
269
1
2
4
3
A
265
D
D
G02 -A
1
2
A
A
A
4
3
Hotel rue Sainte Hyacinthe, Paris 1er Réalisation de plans au calque puis sur ordinateur, volumes en 3D, dessin de schémas, croquis. Participation à une réflexion d’équipe, visite et relevé du site de projet. Recherche de solutions sur un site contraint et mise aux normes incendie et d’accessibilité. 333
vmc 250
Réserve 01 11,4 m²
Sas
Chaufferie 16.2 m²
B
B
CF 1/2h + FP 93 x 204
CF 1/2h + FP 93 x 204
0
Fitness 18,5 m²
CF 1/2h + FP 93 x 204
2
WC PMR 7,8 m²
3
83 x 204
Douches
Douches
4
Hammam
5 80 X130 x 20
5
4
80 X130
93
L.T
6
255
CF 1/2h + FP 93 x 204
PPF 1/2h + FP 83 x 204
1
C
B
B
C
Dgt 01 6,0 m²
Dgt 02 3,3 m²
CF 1/2h + FP 83 x 204
Réserve 02 14,1 m²
6
D A
hsp:213.5
D
hsc:211
Bureau 02 13,9 m2
Bureau 03 38,75 m2
2
1
R-1
80
4
3
Bureau 01 17,15- m2
Réalisation de plans au calque puis sur ordinateur, volumes en 3D, dessin de schémas, croquis. Participation à une réflexion d’équipe, visite et relevé du site de projet. Recherche de solutions sur un site contraint.
.
.
hsfp:210,8
hsp:214
167
P.P 63X205
40x40
W.C 02 -1,2 m2
526,5
W.C 01- 1,00 m2
254
17,5
82
100
Circulation : 11,20 m2 P.P 63X205
hsp:250,4
C.F
142,2 154
c.f
94,3
129
253,1
60
hsp: 248,9
139
43,2
45
644,4
90
hsc:219,4
77
hsp:246,7
hsp:225,5 10
48
352,6
32
Bureau 04 11,44 m2
516,6
397,2 - 400 B
hspf: 210
Escalier: Déposes : - Toutes corniches lumineuses, , compris toutes sujétions de reprises de plâtrerie - Habillage bois existants nez de dalle, compris toutes sujétions de reprises Protections : - De l'escalier et des plateaux de marches
Bureau : Déposes : - Toutes corniches lumineuses - Toutes soffites et tout faux plafonds , compris toutes sujétions de reprises de plâtrerie - Dépose tous revêtements de sols - moquettes
61,5
Accueil : Déposes : - Toutes corniches lumineuses, compris toutes sujétions de reprises de plâtrerie - Doublage et faux plafond suivant projet, compris toutes sujétions de reprises de plâtrerie - Dépose des habillages en briques de platre collé , compris toutes sujétions de reprises de plâtrerie - Dépose tous revêtements de sols - moquettes - Dépose de la kitchenette - Dépose des plaques de platre endommagées par le dégat des eaux - Depose de la porte verre Protections : - De la porte palière existante - Des portes de toilettes - De la double porte du tableau electrique - De l'ensemble des cloisons de bureaux non impactées par le projet. - Des menuiseries extérieures - Des goulottes électriques - des coffres de volets roulants
104
hsp:225
hsp:225
18,6
82,2
ACCUEIL : 26m2 56,6
401,3
2
407
77,2
36,4
Bureaux Comptabilité 05 & 06 : Déposes : - Cloisons mobiles suivant projet - LOT CLOISONS MOBILES - Doublage, soffites et faux plafond suivant projet, compris toutes sujétions de reprises de plâtrerie - Dépose tous revêtements de sols - moquettes Protections : - Des menuiseries extérieures - Des goulottes électriques - des coffres de volets roulants
Hauteur sous dalle ~ 2,48 m enduit général sous dalle existante
155
145,5
hsp:248,8 205
hsp:211
2 1
Sas 5,4 m2
101,5
63,5
20
586,7 - 587,7 B
hsp:209,5
125,8
hsp:210
19,7
110
1
G F E D C B A
Hauteur sous faux plafond : 2,10 m
Bureau 06 8,5 m2
Bureau 05 14 m2 Entrée : Déposes : - Faux plafonds et éclairage Protections : - Des sols existants - Des murs carrelés existants - Des équipements en place - De l'escalier et des plateaux de marches
hsret:204.5
hsc:211
hsc:211
Entrée 4,5 m2 hsli:272.5
5
6
Bureaux RC Concept à Boulogne-Billancourt Réalisation sur ordinateur, de volumes en 3D, dessin de schémas, perspective, et présentations Réalisation sur ordinateur, de en 3D, dessin de schémas, perspective, et présentations. Participation à une réflexion d’équipe, discussion avecvolumes le client, visite et relevé du site de projet. . .discussion avec le client, visite et relevé du site de projet. Participation à une réflexion d’équipe,
53
A N N E X E S IV Avis motivĂŠ tuteur de MSP
ANNEXES V Avis motivé directeur d’étude
1/ Commentaires sur l’atteinte des objectifs fixé s dans le protocole de formation et sur les compé tences thé oriques et pratiques acquises (cf. 8.1)
Rose-Ana a pleinement su tirer parti de sa MSP et des cours dispensés dans le cadre de la formation HMONP. Les objectifs fixés dans le cadre du protocole sont atteints. Acquis avant HMONP
À acquérir pendant HMONP
Acquisition à l’issue HMONP
x x x
x x x
x
x
x
x
x
x
x x
x x
Les responsabilités personnelles du maître d’œuvre • la conception
x
• la gestion des entreprises • le cadre contractuel • les relations avec les partenaires • la gestion et les techniques de suivi du chantier L’économie du projet • la dé termination de l’enveloppe budgé taire pré visionnelle • les liens avec les acteurs Les réglementations, les normes constructives, les usages • ré glementations • normes constructives • usages
x
2/ Commentaires sur l’atteinte des objectifs pé dagogiques dé taillé s dé finis pour la mise en situation professionnelle (cf. 8.3) . Objectifs atteints.
3/ Commentaires sur l’assiduité (carnets de bord livré s dans les dé lais et correctement remplis, ré gularité des contacts, suivi des conseils). Rose-Ana défend des valeurs, elle va chercher les expériences professionnelles qui peuvent alimenter et conforter ses convictions. Rose-Ana a été assidue et su reprendre autant que nécessaire son travail de mémoire. 4/ Validation (ou non) de la MSP (30 points ECTS). Je valide la MSP de Rose-Ana 5/ Commentaires sur le mé moire (complé tude, contenu) et validation.
Un bon travail de mémoire où se mêle expériences professionnelles, MSP et désirs personnels. Le sujet qui interroge la nature et l’échelle d’intervention de l’architecture, de la décoration à la production de formes permet à Rose-Ana de réinterroger ce qui fait ou peut faire sens pour un architecte. Un bon travail. 6/ Autorisation (ou non) formelle de se pré senter à la soutenance.
J’autorise Rose-Ana à se présenter à la soutenance.
A N N E X E S VI Feuille récapitulative du nombre d’heures
REMERCIEMENT
Premièrement je tiens à remercier Philippe Médioni, mon tuteur de Mise en Situation Professionnelle qui m’a beaucoup appris et accompagné au long de ce processus de réflexion sur la petite échelle. Je remercie également Eric David mon directeur d’étude qui m’a guidé et épaulé pour la rédaction de ce mémoire. Je tiens tout particulierement à remercier ma maman, relectrice attentive et critique, qui depuis le début de mon cursus a cru en moi et m’a accompagné sans me juger. Et pour finir je tiens à remercier tous celles et ceux qui ont contribués de loin ou de près, durant ces années d’études et d’expériences, à l’aboutissement de ce mémoire.
PNOMH ERIOMÉM FCASNE
,reganémA ,ritâB relbueM
etcetihcra’d reitém el rus tnemennoitseuQ