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TAHITI, DE « L’ÎLE-PARADIS » AU « PAYSAGE CARTE-POSTALE » Etude de l’évolution des représentations et des perceptions du paysage polynésien, en particulier de Tahiti, des récits de voyages au XVIIIème siècle aux représentations touristiques actuelles.
ROXANE RAHIMI Ecole nationale supérieure d’architecture et de paysage de Bordeaux Travail Personnel d’Étude et de Recherche (TPER) de la formation Paysagiste DEP Année universitaire 2016/2017
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Tahiti, de « l’île-paradis » au « paysage carte-postale » Etude de l’évolution des représentations et des perceptions du paysage polynésien, en particulier de Tahiti, des récits de voyages au XVIIIème siècle aux représentations touristiques actuelles.
Je tiens à remercier chaleureusement toutes les personnes qui ont répondu au questionnaire, Les enseignants qui m’ont encadré, Ainsi que toutes les personnes qui m’ont soutenu.
Roxane Rahimi Sous la direction de Serge Briffaud, Bernard Davasse, Cyrille Marlin, Emmanuelle Heaulmé, professeurs à l’ENSAPBx Rendu écrit : 9 janvier 2017 Date de soutenance : 25 janvier 2017 Tahiti de « l’île-paradis » au « paysage carte-postale»
9 Janvier 2017
Roxane Rahimi, Travail Personnel d’Etude et de Recherche (TPER)
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Sommaire Introduction
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I / Un paysage imaginaire A / Notions géographiques et paysagères en Polynésie française et à Tahiti 1. Les îles hautes 2. Les îles basses ou atolls 3. L’urbanisation de Papeete, Tahiti B / Les perceptions du paysage de Tahiti C / L’impact des représentations sur les perceptions
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II / De l’île-‐Paradis à l’île paradisiaque Définition du Paradis, du jardin d’Eden A / L’île paradis : récits de voyages et création du mythe (XVIIIème siècle) 1. Les grandes découvertes en terres inconnues 2. Ecriture et diffusion du voyage 3. L’influence de la culture biblique dans la création du mythe B / A la poursuite du mythe Du XVIIIème siècle à la deuxième Guerre Mondiale 1. A la recherche du paradis perdu 2. Représentations au XXème siècle à travers différents médiums culturels C / L’île paradisiaque : vers un « paysage carte-‐postale » Période contemporaine 1. Entre paysage paradisiaque et réalité cachée 2. L’influence de Walt Disney dans l’imaginaire des îles
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III / Confrontation des regards A/ Des voyageurs désillusionnés 1. Bougainville revient sur son propos 2. James Cook ne finira pas sa mission 3. La déception de Paul Gauguin 4. Victor Segalen présente un paradis perdu 5. De nouvelles problématiques B / Diversité des perceptions actuelles 1. Méthode des entretiens, des perceptions métropolitaines aux perceptions polynésiennes 2. Etude des résultats, entre attachement au Fenua* et méconnaissance du territoire, C / Bilan des observations
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Conclusion
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Glossaire
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Bibliographie Cités dans le texte Sitographie Inspirations Bibliographie générale
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Annexe 1, La genèse dans la Bible
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Annexe 2, Paroles de « Les Marquises », Jacques Brel
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Annexe 3, Exemples de réponses au questionnaire
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Commentaires du jury
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Résumé
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Tahiti de « l’île-paradis » au « paysage carte-postale»
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Roxane Rahimi, Travail Personnel d’Etude et de Recherche (TPER)
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Introduction La question du paysage au travers des récits de voyage et des mythes véhiculés me semble être une première manière d’appréhender un territoire, de questionner les a priori qu’il dégage et de les confronter à une étude de terrain que je souhaiterai faire par la suite. Après avoir réalisé une approche générale concernant divers territoires, centrés sur la question des paysages de « bout du monde », j’ai choisi de resserrer ma recherche sur le cas de la Polynésie française et en particulier de Tahiti. En effet, contrairement aux autres terrains d’étude envisagés, la Mongolie et la Terre de Feu, les îles polynésiennes jouissent du mythe « d’île-Paradis » depuis plusieurs siècles. Les trois territoires envisagés sont des lieux méconnus, éloignés de « tout » ou du moins de nous, et qui créent un imaginaire très développé lié aux récits. Afin d’étudier les paysages polynésiens et l’évolution de leurs représentations depuis les premières conquêtes des explorateurs jusqu’à aujourd’hui on peut d’ores et déjà distinguer deux concepts qui seront présentés dans ce mémoire : la notion « d’île-paradis » et celle du « paysage carte-postale ». L’origine du mythe « d’île-paradis » est véhiculée depuis le voyage de Louis Antoine de Bougainville puis par celui de James Cook au XVIIIème siècle. A cette époque cette vision fait référence au Paradis terrestre tel que décrit dans la Genèse de la Bible. On distinguera donc cette notion avec une notion plus contemporaine que je nommerai « île paradisiaque » qui est relative à la question des aménités et qui ne prend pas en compte l’évolution du territoire et de son paysage, voire qui constitue un « faux-mythe », un « paysage carte-postale ». En effet, on peut se questionner sur les perceptions véhiculées par les agences de voyages, les cartes postales ou les guides touristiques qui mystifient la Polynésie et l’île de Tahiti. La notion de représentation sera aussi abordée au travers de l’art durant les différentes époques. On peut distinguer trois grandes périodes depuis le XVIIIème siècle dans la relation Europe-Polynésie : rencontre avec le territoire, volonté de s’y rendre en quête du Paradis terrestre puis en quête d’un idéal touristique. Nous chercherons à connaître l’impact des récits et des représentations sur l’imaginaire collectif européen en lien avec le paysage réel actuel tel que perçu par les populations locales. Nous allons confronter les regards en partant d’un a priori personnel avec l’idée d’un « paysage carte-postale » et en le confrontant avec les visions de l’explorateur, du touriste, de l’habitant ou encore du paysagiste. Nous partons donc de l’hypothèse que le paysage imaginaire véhiculé est « faux » car il omet des éléments géographiques, culturels, politiques ou environnementaux et qu’il est donc très partiel. Il s’agit d’une caricature qui met en valeur certains traits, plus attrayants que d’autres.
Dans ce mémoire je souhaite réaliser mon étude de l’évolution des représentations à travers les récits de voyage et autres supports contemporains au travers de trois grandes périodes. Tout d’abord on présentera la création du mythe de « l’île-paradis » au XVIIIème siècle, période de découvertes scientifiques et de récits de voyage des explorateurs, sans oublier leur diffusion à travers le milieu philosophique des Lumières. Dans un second temps on étudiera l’évolution du mythe et de ses représentations au XIXème et au XXème siècle à travers différents médium : la peinture, la musique, les agences de voyages ; en particulier les œuvres de Paul Gauguin, Henri Matisse ou encore Jacques Brel en Polynésie. La troisième et dernière partie se tournera vers l’époque contemporaine et en particulier les représentations au travers des agences de voyage ainsi qu’une comparaison des perceptions des habitants, perceptions des touristes ou perceptions des non-initiés. Dans cette partie nous questionnerons la légitimité actuelle du mythe de « l’îleparadis » et son évolution. Quelles perceptions paysagères historiques et actuelles sont véhiculées autour l’île de Tahiti ? Dans quelles mesures les images véhiculées sont elles différentes de la réalité du lieu ?
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I / Un paysage imaginaire
2. Les îles basses ou atolls
Au travers des siècles on a d’abord découvert, puis recherché la Polynésie, en particulier Tahiti, pour ses différents aspects, qu’ils soient culturels ou paysagers. L’imaginaire collectif européen de l’île est fondé sur les différentes représentations du lieu qui en ont été faites, des récits de voyages à la peinture, en passant par la musique ou encore d’autres medium culturels. Aujourd’hui, les différentes perceptions européennes et les perceptions locales différent, le paysage en lui-même a également évolué. Nous allons procéder à une description des différentes représentations et de leur impact sur les perceptions, qu’elles soient celles des visiteurs ou des habitants.
Les îles basses sont d’anciennes îles hautes. Au fil du temps celles-ci se sont érodées par l’action du vent et de la pluie, et s’enfoncent dans la plaque. Un récif corallien se crée tout autour de l’île et croit constamment comme un effet inverse de l’enfoncement. Ce récif délimite un lagon qui entoure à long terme un îlot de sable qu’on appelle « motu ». Ces lagons abritent une biodiversité incroyable. Il s’agit la de la forme « paysage carte-postale » avec les plages de sable blanc et les cocotiers que l’on imagine.
Pour procéder à cette analyse des perceptions nous allons étudier un corpus de textes et images, du XVIIIème siècle à aujourd’hui (navigateurs, peintres, musiciens). Nous pourrons ensuite mettre en parallèle les différents regards grâce à des entretiens avec des tahitiens et des métropolitains : habitants, expatriés, touristes. Je souhaite à plus long terme pouvoir réaliser une étude de terrain pour pouvoir confronter les pistes de recherche avec le territoire actuel. Cela me permettrais par la suite de mettre en place de nouvelles pistes de recherche et de projet pour le projet de fin d’études (PFE), la mise en place de problématiques paysagères actuelles liées au développement touristique par exemple.
3. L’urbanisation de Papeete, Tahiti Tahiti est l’île la plus vaste de Polynésie Française et représente à elle seule un tiers de la surface totale des archipels. Sa capitale est Papeete. Cette ville regroupe l’économie, le travail et la majorité de la population. Les habitants de Tahiti essaient de se rapprocher de la ville, du cœur névralgique de l’île. Afin de subvenir à la demande en logements, l’urbanisation s’effectue depuis le littoral vers la montagne. Les vallées creuses sont construites, et les flancs de montagne sont terrassés toujours plus haut et plus profondément afin d’y installer des lotissements pavillonnaires. Les flancs de montagnes sont de plus en plus anthropisés. On observe dans toute la Polynésie des infrastructures touristiques et hôtelières dont la typologie a cessé de prendre en compte l’architecture et les matériaux traditionnels.
A / Notions géographiques et paysagères en Polynésie française et à Tahiti La Polynésie française est composée de 5 archipels : les Iles de la Société, les Tuamotu, les Gambier, les Marquises et les Australes. Elle comporte 118 îles. Elle se trouve dans l’Océan Pacifique Sud et s’étend sur une surface équivalente à l’Europe, soit 5,5Milions de Km2. Ces îles sont des îles volcaniques formées par des éruptions volcaniques sous-marines il y a plusieurs millions d’années.
1. Les îles hautes Les îles hautes sont des îles tropicales volcaniques. Elles sont nées d’éruptions volcaniques à partir d’un point chaud sous-marin fixe. Chaque éruption forme un volcan qui dépasse du niveau de la mer, lorsqu’il cesse son activité il devient une île. La dérive des plaques entraine le déplacement des îles d’environ 10 cm par an, dans un axe constant, d’où la répartition des archipels sur un axe sudest/nord-est (ceinture de feu du Pacifique). Selon leur âge les îles sont plus ou moins hautes avec des reliefs plus ou moins marqués. L’apparition d’un lagon et d’une barrière corallienne est postérieure. Il existe des îles hautes avec ou sans lagon, dans ce cas l’océan taille le littoral en falaises, c’est le cas des îles Marquises par exemple. Tahiti de « l’île-paradis » au « paysage carte-postale»
B / Les perceptions du paysage de Tahiti Tahiti est envisagé dans l’imaginaire commun du métropolitain comme une île, située au milieu d’un océan, dont certains ne savent pas lequel. Au premier abord, le regard du métropolitain est guidé par deux « perceptions imaginaires » qu’il reçoit de son éducation et de son milieu culturel. On distingue deux points de vue principaux : Tahiti comme « île-paradis » et Tahiti comme « paysage carte postale ». Les deux points de vue peuvent se mélanger si le percepteur en a reçu les deux images. Du point de vue du tahitien on distingue en général deux visions qui peuvent s’entremêler: la première est constituée du mélange de l’héritage du mythe de l’île-paradis ainsi que de la vision touristique que l’on appellera ici vision « paysage carte-postale » ; la seconde est en désaccord avec ces images, qui soulignent le manque de visibilité sur la ville, l’évolution de la société, de l’architecture, les problèmes de santé (obésité, alcoolisme), de violences et de pollution par exemple. Pour expliciter ces différents points de vue paysagers et comprendre l’évolution des perceptions ainsi que des
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6 représentations de l’île de Tahiti j’ai mis en place un questionnaire (CF Troisième partie). Ce dernier vise à montrer les différences de perceptions paysagères entre les habitants et les touristes ainsi qu’à mettre en avant l’a priori véhiculé par le mythe de l’île-paradis et le « mensonge par omission » vendu par les agences de voyage. Ces éléments de culture paysagère « imaginaire » véhiculée en Europe sont confrontés à la perception des populations locales. Les différentes perceptions mettent aussi en avant les différences de pratique du territoire entre les locaux et les touristes. Je cherche également à questionner la manière actuelle de « vendre un paysage idyllique » au détriment de sa préservation et/ou de sa mise en valeur.
XVIIIème siècle en Europe. Toutes ces images, et les plus connues ne sont pas les plus actuelles, influencent la perception des européens sur un territoire que certains ne sauraient situer sur une carte du monde. En effet, Tahiti est tellement sujette au mythe qu’à quoi bon savoir où elle se trouve, à quoi bon la rendre réelle ? On risquerait d’être déçu. On constate que 8% des 61 personnes ayant répondu au questionnaire ne savent pas situer Tahiti, 46% n’ont pas su citer de lieu emblématique et pour la plupart des métropolitains, Tahiti se décrit en trois mots : le soleil, la plage -de sable blanc- et l’océan.
C / L’impact des représentations sur les perceptions Je souhaite dans ce mémoire montrer l’évolution des représentations et l’impact sur les perceptions européennes et particulièrement métropolitaine. Le paysage de la Polynésie est imaginé au travers du mythe de Bougainville, depuis le XVIIIème siècle, et les « mises à jour » sont difficiles. Il existe 5 archipels en Polynésie : les Marquises, Tuamotu, Gambier, Australes et l’archipel de la Société qui comporte les îles sous le vent et les îles du vent dont fait partie Tahiti. Tahiti est l’île la plus importante en superficie de l’ensemble des 118 îles recensées. De nos jours, les images qui circulent le plus sur Tahiti sont les images d’agence de voyage, on peut se rendre en Polynésie pour « vivre un rêve », loin de tout. Ces images vendeuses de la Polynésie sont à l’origine d’un quiproquo dans la perception de Tahiti. En effet, l’imaginaire collectif a du mal à distinguer les « îles hautes » des « îles basses ». Tahiti ou Moorea (l’île sœur) sont dites « îles hautes » car il s’agit d’îles tropicales volcaniques pouvant culminer à plus de 2000 mètres d’altitude. L’île haute peut être entourée d’un récif corallien qui délimite le lagon (Tahiti, Moorea, Bora Bora). On peut trouver plusieurs îles dans le même lagon, c’est le cas de Raiatea et Tahaa (Archipel de la Société). Il existe par ailleurs des « îles basses » ou « atolls » qui sont constituées par des récifs coralliens entourés d’un lagon, d’où l’image de la plage de sable blanc entouré d’eau turquoise (Ranguiroa et Fakarava dans l’archipel des Tuamotu par exemple). Ces îles basses sont d’anciennes îles hautes érodées. Les phénomènes géologiques sont doubles : érosion et enfoncement des îles, elles sont donc vouées à devenir des îles basses, lesquelles sont sujettes à la question de la montée des eaux liée au réchauffement climatique. Les représentations de Tahiti au fil des siècles sont nombreuses. Les textes, récits de voyage des navigateurs, leur adaptation cinématographique, les tableaux, les poèmes, les romans, alimentent un idéal d’île-paradis depuis le Tahiti de « l’île-paradis » au « paysage carte-postale»
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II / De l’île-Paradis paradisiaque
à
l’île
Dans cette seconde partie nous allons voir l’évolution des représentations de la Polynésie et plus particulièrement de Tahiti. Cette étude comporte trois parties qui défissent trois périodes et trois fils de pensée différents. On étudiera dans un premier temps la période de découverte du territoire, les récits de voyage et la création du mythe de « l’île-paradis » ; puis dans un second temps comment ce mythe a influencé différents artistes à partir à la conquête de ce mythe, et enfin dans un troisième temps, comment cette image a été détournée vers une image touristique d’un « paysage carte-postale » ainsi que les nouveaux modes de représentation.
A / L’île paradis : récits de voyages et création du mythe (XVIIIème siècle) 1. Les grandes découvertes en terres inconnues
Définition du Paradis, du jardin d’Eden
Comment définir « l’île-paradis » sans définir le Paradis ? Comme nous allons le voir dans cette partie, lorsque LouisAntoine de Bougainville atteint Tahiti en 1867, il qualifie Tahiti d’Eden. Ce mythe, fondé sur un séjour de 9 jours au XVIIIème siècle perdure encore. Les concepts de Paradis ou de jardin d’Eden sont des concepts fondateurs dans la bible, dans le coran ainsi qu’en aménagement et histoire des jardins (jardin persan et jardin andalou qui sont organisés le long de quatre cours d’eau qui représentent les quatre fleuves de la Bible et du Coran, etc.). Dans la bible on parle du Jardin d’Eden, le lieu est très peu définit si ce n’est qu’il comporte des arbres fruitiers, un arbre de la connaissance et un arbre de vie. L’arbre de la connaissance est interdit d’accès à Adam et Eve qui sont les « images » de dieu. Après avoir mangé la pomme (fruit de l’arbre interdit) ces deux êtres prennent conscience de leur nudité, ils perdent leur innocence et dieu les punit, ils devront suer dans leur travail, etc. Ils ne pourront plus vivre dans l’opulence du Paradis où tous les fruits étaient disponibles (Genèse II). Le concept de « paradis », plus qu’un lieu, est définit par la religion chrétienne comme une terre fertile, un endroit riche en fruits, où les hommes sont innocents et bons, jusqu’au péché originel. Adam et Eve en sont chassés, le paradis est donc un lieu symbolique qui influence la pensée européenne au XVIIIème siècle.
Lapérouse et Louis XVI Au XVIIIème siècle, siècle des Lumières en Europe, on souhaite « combattre les ténèbres de l'ignorance par la diffusion du savoir » (Larousse). Dans ce contexte ont lieu de nombreuses expéditions. Les voyages durent plusieurs mois en bateau, on revient avec une histoire. Les objectifs sont nombreux : améliorer la connaissance du monde, améliorer les sciences et leurs outils, ainsi que de conquérir de nouveaux territoires. Cela permet une augmentation de la connaissance botanique, astronomique ainsi que des connaissances en matière de navigation. Différentes expéditions ont lieu à la recherche d’un continent austral. Le voyage de Bougainville en 1867 fait partie de courant, comme en témoigne Isabelle Grégor, docteur ès-lettres modernes dans un article consacré à Bougainville et au mythe du « bon sauvage » : « Il s'agit donc d'une expédition politique, mais aussi scientifique. En témoigne la participation inédite de trois savants : l'ingénieur de Romainville, chargé du relevé cartographique, l'astronome Véron, venu mettre au point la méthode de calcul de la longitude par les distances lunaires, et le naturaliste Commerson, qui doit faire la collecte des espèces botaniques non répertoriées1. » Bougainville, tout comme Cook et d’autres explorateurs tel que Lapérouse, réaliseront des tours du monde en bateau durant lesquels ils feront escale à Tahiti. Ces explorateurs réalisent en général plusieurs voyages.
GREGOR ISABLLE, docteur ès-lettres modernes. https://www.herodote.net/Louis_Antoine_de_Bougainville_1729_1811_1
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8 tahitienne met en place des banquets et montre son opulence durant ces périodes de visite tandis que le reste de l’année est marqué par des périodes de disette et de restrictions.
a. Bougainville et Tahiti
L’île est en effet soumise à des cyclones, des tempêtes et les cultures sont parfois inondées et entièrement perdues. Les chefs sacrifient des cochons pour alimenter les banquets, pratique qui reste exceptionnelle (fête des morts par exemple).
Arrivée de Bougainville à Tahiti, 1867 Quand Bougainville décrit l’île de Tahiti dans Voyage autour du monde, il fait référence au Jardin d’Eden. C’est de cette première description que naît le mythe de l’île Paradis. Ces récits de voyages sont appréciés dans les milieux philosophiques représentatifs de l’époque des Lumières. Les aspects qu’il définit sont les suivants : - un air pur, un climat sain où les marins guérissent et ou ils n’attrapent pas de maladies, - des cascades, des rivières, la présence d’eau douce qui est, surtout après des mois en mer, considérée comme une ressource importante. On retrouve cette référence à l’eau douce dans la Bible avec les quatre fleuves du Paradis : « Un fleuve sortait d'Eden pour arroser le jardin, et de là il se divisait en quatre bras.2 », - des femmes et des hommes presque nus, les chefs « offrent » leurs femmes aux visiteurs de l’île comme signe d’amitié, « L'homme et sa femme étaient tous deux nus, et ils n'en avaient point honte. 3 »
Bougainville revient sur de nombreux propos tels que l’égalité entre les membres de la société lors de la suite de son voyage où il emmène un tahitien avec lui. Autourou lui montre des aspects de la société polynésienne dont il n’avait pas eu connaissance. Par exemple les communautés des différentes îles sont souvent en guerre entre elles, etc. Cela remet en cause la définition du « bon sauvage », ce peuple presque nu, si insouciant et bon, dans lequel Bougainville n’a cru voir qu’égalité entre les Hommes. Etienne Taillemite nous dit à propos de l’arrivée de Bougainville à Tahiti : « Après les paysages grandioses mais austères et désolés de la Patagonie au climat si rude, après les contacts avec des peuples déshérités, voici en brutal contraste la splendeur de la nature, la douceur de l’eau et du ciel, l’accueil aimable de populations qui semblaient nager dans le bonheur5.» Il montre le contraste entre la Patagonie et Tahiti et explique les ressentis de Bougainville lorsqu’il arrive de son long voyage chaotique en bateau. Il continue en justifiant les émotions de Bougainville par une question : « Comment Bougainville n’aurait-il pas été ébloui par ce spectacle enchanteur dont tous les éléments se conjuguaient pour le convaincre, tout du moins en apparence, qu’il avait découvert ce Paradis, objet de la nostalgie des européens depuis l’Antiquité 6? »
- une abondance de nourriture : les fruits de la nature qu’ils cueillent dans les arbres, pas besoin de cultiver, les fruits sont partout ; de nombreuses espèces de poissons, la pêche est une pratique ancestrale qui ne nécessite pas d’élevage car les eaux sont remplies de poissons. Bougainville relate son histoire après seulement quelques jours passés sur l’île. D’après Christophe Serra Mallol, 4 le regard de Bougainville, ainsi que celui des autres voyageurs tels que Cook, est erroné par le fait que la communauté La Bible, Genèse II La Bible, Genèse II 4 SERRA MALLOL CHRISTOPHE, « Tahiti : du culte au mythe de l’abondance », Le Journal de la Société des Océanistes [En ligne], 120-121 | Année 2005, mis en ligne le 27 novembre 2008, consulté le 04 octobre 2016. URL : http://jso.revues.org/468 ; DOI : 10.4000/jso.468 2 3
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TAILLEMITE ETIENNE, Du journal de voyage au livre imprimé : concordance et dissonances dans le voyage autour du monde de Bougainville, La découverte géographique à travers le livre et la cartographie, Sous la direction de Christian Huetz de Lemps, Professeur à l’université de Paris IV-Sorbonne, Bordeaux Société des bibliophiles de Guyenne, 1997, p.195 6 TAILLEMITE ETIENNE, Du journal de voyage au livre imprimé : concordance et dissonances dans le voyage autour du monde de Bougainville, La découverte géographique à travers le livre et la cartographie, Sous la direction de Christian Huetz de Lemps, Professeur à l’université de Paris IV-Sorbonne, Bordeaux Société des bibliophiles de Guyenne, 1997
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9 personnelle, après seulement neuf jours passés sur l’île. Tahiti représente pourtant le plus gros chapitre du livre et il y revient durant la suite de son voyage par le biais de conversations avec Autourou, le tahitien qu’il a embarqué à bord et avec qui il se lie d’amitié. D’après Etienne Taillemite, en quittant l ‘île, Bougainville souhaite que les tahitiens ne soient pas pervertis pas les maux européens (vol, envie, jalousies, etc.). « Adieu peuple heureux et sage, soyez toujours ce que vous êtes 9 . » Bougainville. Aujourd’hui l’occidentalisation a complètement bouleversé les habitudes des tahitiens. Victor Segalen le montrera dès 1903 dans Les Immémoriaux. Dans cet extrait Bougainville est en train de créer le mythe. En effet, il décrit sa promenade dans le jardin d’Eden, avec des similitudes frappantes avec la description biblique : arbres fruitiers, rivières, hospitalité, bonheur.
Bougainville décrivant son travail : « Je suis voyageur et marin, c’est à dire un menteur et un imbécile aux yeux de cette classe d’écrivains paresseux et superbes qui, dans l’ombre de leur cabinet, philosophent à perte de vue sur le monde et ses habitants, et soumettent impérieusement la nature à leurs imaginations. Procédé bien singulier, bien inconcevable de la part des gens qui, n’ayant rien observé par eux-mêmes, n’écrivent, ne dogmatisent que d’après des observations empruntées de ces mêmes voyageurs auxquels ils refusent la faculté de voir et de penser7.»
« Mais la géographie est une science de faits ; on n’y peut rien donner dans son cabinet à l’esprit de système, sans risquer les plus grandes erreurs qui, souvent ensuite, ne se corrigent qu’aux dépens des navigateurs.8 » Dans ces extraits Bougainville parle de sa manière de travailler sur le terrain et critique les différentes manières de retranscrire les faits par les écrivains. Il se considère comme un « voyageur et marin », il n’est donc ni écrivain, ni anthropologue, ni paysagiste. Son livre retranscrit sa vision BOUGAINVILLE LOUIS ANTOINE DE, Voyage autour du monde, Larousse édition 2010, p.46 8 BOUGAINVILLE LOUIS ANTOINE DE, Voyage autour du monde, Larousse édition 2010, p.141 7
Tahiti de « l’île-paradis » au « paysage carte-postale»
« Venus* est ici déesse de l’hospitalité, son culte n’y admet point de mystères, et chaque jouissance est une fête pour la nation. (…) J’ai plusieurs fois été, (…) me promener dans l’intérieur. Je me croyais transporté dans le jardin d’Eden : nous parcourions une plaine de gazon, couverte de beaux arbres fruitiers et coupée de petites rivières qui entretiennent une fraicheur délicieuse, sans aucun inconvénient qu’entraine l’humidité. Un peuple nombreux y jouit des trésors que la nature verse à pleines mains sur lui. Nous trouvions des troupes d’hommes et de femmes assises à l’ombre des vergers ; tous nous saluaient avec amitié ; ceux que nous rencontrions dans les chemins se rangeaient à côté pour nous laisser passer ; partout nous voyions régner l’hospitalité, le repos, une joie douce et toutes les apparences du bonheur.10 » * Venus est le nom dans la mythologie romaine de la déesse de la beauté et de l’amour, dont le nom grec est Aphrodite. Dans son Voyage autour du monde, Bougainville donne des informations précises sur la géographie, la navigation, l’histoire naturelle ou encore les comportement humains. Dans cet extrait il effectue une description géographique de l’ile : « Le reste de la côte est élevé, et elle semble en général être toute bordée par un récif inégalement couvert d’eau, et qui forme en quelques endroits des petits ilots sur lesquels les insulaires entretiennent des feux pendant la nuit pour la pêche TAILLEMITE ETIENNE, Du journal de voyage au livre imprimé : concordance et dissonances dans le voyage autour du monde de Bougainville, La découverte géographique à travers le livre et la cartographie, Sous la direction de Christian Huetz de Lemps, Professeur à l’université de Paris IV-Sorbonne, Bordeaux Société des bibliophiles de Guyenne, p. 197 10 BOUGAINVILLE LOUIS ANTOINE DE, Voyage autour du monde, Larousse édition 2010, p.158 9
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et la sureté de leur navigation : quelques coupures donnent de distance en distance l’entrée en dedans du récif, mais il faut se méfier du fond. Le plomb n’amène jamais que du sable gris ; ce sable recouvre de grosses masses d’un corail dur et tranchant, capable de couper un câble en une nuit, ainsi que nous l’a appris une funeste expérience. Au-delà de la pointe septentrionale de cette baie, la côte ne forme aucune anse, aucun cap remarquable. La pointe la plus occidentale est terminée par une terre basse, dans le nord ouest de laquelle, environ à une lieue de distance, on voit une ile peu élevée qui s’étend deux ou trois lieues sur le nord-ouest. La hauteur des montagnes qui occupent tout l’intérieur de Tahiti est surprenante, eu égard à l’étendue de l’île. Loin d’en rendre l’aspect triste et sauvage, elles servent à embellir en variant à chaque pas les points de vue, et présentant de riches paysages couverts des plus riches productions de la nature, avec ce désordre dont l’art ne sut jamais imiter l’agrément. De là sortent une infinité de petites rivières qui fertilisent le pays et ne servent pas moins à la commodité des habitants qu’à l’ornement des campagnes. Tout le plat pays depuis le bord de mer jusqu’aux montagnes, est consacré aux arbres fruitiers, sous lesquels, comme je l’ai déjà dit, sont bâties les maisons des tahitiens, dispersées sans aucun ordre, et sans former jamais de village ; on croit être dans les Champs Elysées. Des sentiers publics, pratiqués avec intelligence et soigneusement entretenus, rendent partout les communications faciles.11 » Bougainville effectue dans l’ensemble de son récit des descriptions précises des éléments géographiques, des productions de l’île, du caractère des personnes rencontrées. Il effectue également un relevé maritime assez précis pour l’époque et décrit les manières d’amarrer le bateau, les endroits accessibles ou non, les « passes », comme preuve de la véracité des faits.
b. James Cook L’année suivante, en 1868, James Cook, navigateur anglais effectue à son tour un voyage dont il nous rapporte le récit. Il décrira des paysages et un peuple de la même manière que Bougainville et perpétue le mythe de « l’îleparadis », bien qu’il soit plus nuancé dans son propos. « En ce qui concerne la nourriture, on peut presque dire que ces peuples échappent à la malédiction encourue par nos pères, et ce qu’on ne peut au contraire pas dire, c’est qu’ils gagnent leur pain à la BOUGAINVILLE LOUIS ANTOINE DE, Voyage autour du monde, Larousse édition 2010, p.171-173 et jusque p.198
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Tahiti de « l’île-paradis » au « paysage carte-postale»
sueur de leur front. La bienveillante nature les a pourvus a profusion non seulement du nécessaire, mais du superflu (…)12 » Cook décrit de manière précise l’île productrice et compare les habitudes agricoles ou culinaires tahitiennes et européennes.
« Ils ont des cochons, des poulets et des chiens, auxquels ils nous firent prendre gout, si bien que la plupart d’entre nous place cette viande au premier rang après les agneaux d’Angleterre.13 » Cook décrit aussi les habitations ainsi qu’un village défensif, défendu par des fossés et piquets, qui a donc un caractère militaire. Sa position en hauteur lui permet de voir l’envahisseur au loin. Les habitants peuvent se protéger et résister assez longtemps. On voit donc ici un aspect que Bougainville ne présentait pas : la guerre. En effet le village se prépare pour d’éventuelles attaques (armes, palissades, réserves de nourriture). Les habitants ont modifié le terrain pour réaliser leurs fortifications : « Le terrain circonscrit n’étant pas plat, mais en pente, on l’avait divisé en petits carrés dont chacun était nivelé. Ces carrés étaient disposés en amphithéâtre, chacun d’eux entouré d’une palissade, et communiquaient entre eux par d’étroits sentiers et de petites portes faciles à assujettir. (…)14» Le voyage de Cook est plus durable que d’autres, notamment le second, car il est bien préparé : choix du bateau, de l’équipage, des réserves alimentaires, de la qualité sanitaire, etc. Cette bonne santé du navire lui permet de mener à bien ses expéditions. L’Angleterre a la réputation d’être « à la tête de toutes les nations dans l’exploration du globe ».
2. Ecriture et diffusion du voyage A leurs retours respectifs des ces longs voyages, Bougainville et Cook nous livrent leurs récits. Ce partage permet la propagation du mythe dans les milieux philosophiques des Lumières. Les récits sont « exotiques » et ils font rêver. L’écriture est un moyen de diffuser le savoir. Les récits sont descriptifs et contiennent de nombreuses informations géographiques (coordonnées, climat, végétation, population, etc.). Les deux voyageurs énoncent un postulat : « Le paradis est sur terre. » et celui-ci se trouve à Tahiti.
COOK JAMES, Relations de voyages autour du monde, Editions La Découverte & Syros 1998, p.52 13 COOK JAMES, Relations de voyages autour du monde, Editions La Découverte & Syros 1998, p.52-53 14 COOK JAMES, Relations de voyages autour du monde, Editions La Découverte & Syros 1998, p.72-73 12
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11 Néanmoins Bougainville qui n’a passé que neuf jours sur l’île admet plus tard dans son récit s’être trompé.
a. Erreurs et rectifications de Bougainville Bougainville va revenir sur ses propos au cours de l’ouvrage. En effet, Etienne Taillemite nous le montre dans cet extrait : « Bougainville a eu l’honnêteté de se corriger, de reconnaître ses illusions et de rectifier les vues sommaires du voyageur pressé et nourri de certains préjugés. Il lui a fallu admettre, à la lumière de ses entretiens avec Aoturu que Tahiti, malgré ses charmes indiscutables n’étaient nullement le Paradis retrouvé, que les guerres n’y étaient pas rares comme les sacrifices humains et que la société tahitienne ne correspondait absolument pas à l’esprit égalitaire, sans classes et sans contraintes, que le navigateur avait cru trouver15. » En effet, Bougainville écrira plus tard : « Je me trompais » (Etienne Taillemite p.267).
b. James Cook et Tahiti A propos du premier voyage Cook quant à lui nous dit : « L’Amirauté attachait la même importance à ce qui regarde la science en général, et elle le montra en engageant, pour suivre notre voyage, Monsieur William Hodges, peintre paysagiste, avec mission de faire, des pays où nous toucherions, des dessins et des peintures propres à en donner une idée plus parfaite qu’on ne peut se la former par la lecture d’aucune description écrite17. » Il est aussi accompagné d’un biologiste (Forster, spécialiste d’histoire naturelle), d’astronomes (Wales et Bayley), l’objectif du second voyage est scientifique. William Hodges représente de façon précise les paysages au travers de peintures (huiles sur toile). Le peintre paysagiste nous donne à voir les reliefs importants de Tahiti, les vallées, les baies, la végétation ou encore les pirogues et les costumes des habitants de l’époque. Cela ajouté aux relevés botaniques et aux notes du capitaine Cook, permet une assez bonne description des paysages polynésiens du XVIIIème siècle.
Selon Etienne Taillemite, dans l’objectif d’être publié, Bougainville aurait censuré certaines parties de son texte original. Le mythe tel qu’il l’a créé est donc une mise en valeur littéraire d’une description peut être moins vendeuse et plus réaliste. Son carnet original n’a pas été publié.
« Bougainville réagit (…) plus en littérateur soucieux de son public qu’en marin observateur scrupuleux des réalités » « De son périple autour du monde (…) Bougainville a donc tiré, cas exceptionnel chez les marins deux récits sensiblement différents : l’un, spontané, primesautier, qui nous donne ses impressions brutes, emprunte de ses passions et de ses préjugés, l’autre, beaucoup plus élaboré, rédigé à tête reposée avec un certain recul, en vue d’une publication et donc d’un public qu’il importe de ménager si l’on veut connaître le succès16. »
William Hodges, View of Oaitepeha bay, Tahiti, 1976
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TAILLEMITE ETIENNE, Du journal de voyage au livre imprimé : concordance et dissonances dans le voyage autour du monde de Bougainville, La découverte géographique à travers le livre et la cartographie, Sous la direction de Christian Huetz de Lemps, Professeur à l’université de Paris IV-Sorbonne, Bordeaux Société des bibliophiles de Guyenne, 1997, p.197 16 TAILLEMITE ETIENNE, Du journal de voyage au livre imprimé : concordance et dissonances dans le voyage autour du monde de Bougainville, La découverte géographique à travers le livre et la cartographie, Sous la direction de Christian Huetz de Lemps, Professeur à l’université de Paris IV-Sorbonne, Bordeaux Société des bibliophiles de Guyenne, 1997, p.198, p.201
Tahiti de « l’île-paradis » au « paysage carte-postale»
William Hodges, Le HMS Resolution de James Cook et le HMS Adventure dans la baie de Matavai, à Tahiti, 1776 COOK JAMES, Relations de voyages autour du monde, Editions La Découverte & Syros 1998, p.152 17
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« Ils se plaisent à penser qu’il vaut mieux donner cette narration dans les termes qui sont les miens (…) car c’est un ouvrage destiné à renseigner et pas seulement à amuser, et dans lequel à leur avis la fidélité et l’absence de détours compenseront le défaut d’ornement18. » Cook n’est pas un écrivain ni un homme de lettres et il s’en excuse auprès de son lecteur. Il a été mousse puis marin et enfin capitaine d’un bateau de la marine royale. Son rôle est de mener l’équipage à bon port et il tente « de raconter ses faits et gestes le mieux qu’il lui sera possible » (P.154). Durant son voyage il réalisera une cartographie assez précise de Tahiti, encore référence aujourd’hui. Cependant l’île de Moorea est très loin de la réalité, en a-t-il fait le tour ou dessine-t-il ce qu’il devine depuis Tahiti ? Ces notes géographiques et d’anthropologie sont suffisamment précises pour servir encore aujourd’hui de référence pour l’histoire des sociétés océaniennes.
« En un mot, ces « sauvages », qui méprisent l’or et l’argent, vivent heureux car ils ne connaissent pas les obligations de la vie européenne.19 » « Les gens y vivent mieux, parce que ne règnent pas tous les fléaux qu’il a vus en Amérique. (…) Ce qui amène à une plus forte affirmation que le lecteur formule lui-même : c’est vraiment le jardin d’Eden20. » Analyse du livre de Quiros qui explore Tahiti en janvier 1609 Elle réalise un exposé des récits des voyages espagnols de 1576 à 1706 : « La nature était si généreuse que les océaniens, à l’instar d’Adam et Eve, n’avaient pas besoin de travailler. Ce n’était certes pas la une idée neuve mais elle trouva avec Quiros un regain de vigueur, dont les idéalistes du siècle des lumières furent clairement les héritiers21. » Tous ces éléments nous conduisent à penser que Tahiti est la forme terrestre du Paradis. Malgré les réserves émises par Bougainville et Cook, le public du XVIIIème siècle ce plait à penser cela. Le mythe perdurera au XIXème et XXème siècles malgré les descriptions anthropologiques de Victor Segalen en 1903, malgré les déceptions de Gauguin, malgré la colonisation, l’occidentalisation ou encore l’évolution en ellemême du territoire. A l’époque on ne pouvait vérifier ces données et un texte pouvait se propager dans un milieu et diffuser un large message. Aujourd’hui les informations sont plus nombreuses mais le mythe perdure malgré tout. Il est peu être rassurant pour les européens de projeter un lieu imaginaire idéalisé en paradis terrestre.
Carte de Tahiti, James Cook, 1769
3. L’influence de la culture biblique dans la création du mythe Les récits sont réappropriés et interprétés par le milieu intellectuel de l’époque. On a l’impression d’avoir trouvé un paradis sur terre. Bougainville et Cook dans leurs « voyages autour du monde » décrivent des paysages, des ambiances, un peuple, une abondance de nourriture, etc. tout concorde vers la définition biblique du paradis. C’est de leurs récits que démarre le mythe de l’île Paradis au XVIIIème siècle. Annie Baert explore cette question de l’île-paradis au travers de son texte « Des îles bien peu secrètes » en 1997. Elle décrit un peuple à travers les écrits qui nous sont parvenus :
COOK JAMES, Relations de voyages autour du monde, Editions La Découverte & Syros 1998, p.153
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Tahiti de « l’île-paradis » au « paysage carte-postale»
BAERT ANNIE, Des îles bien peu secrètes, La découverte géographique à travers le livre et la cartographie, Sous la direction de Christian Huetz de Lemps, Professeur à l’université de Paris IV-Sorbonne, Bordeaux Société des bibliophiles de Guyenne, 1997, p.172 20 BAERT ANNIE, Des îles bien peu secrètes, La découverte géographique à travers le livre et la cartographie, Sous la direction de Christian Huetz de Lemps, Professeur à l’université de Paris IV-Sorbonne, Bordeaux Société des bibliophiles de Guyenne, 1997, p.181 21 BAERT ANNIE, Des îles bien peu secrètes, La découverte géographique à travers le livre et la cartographie, Sous la direction de Christian Huetz de Lemps, Professeur à l’université de Paris IV-Sorbonne, Bordeaux Société des bibliophiles de Guyenne, 1997, p.185 19
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B / A la poursuite du mythe Du XVIIIème siècle à la deuxième Guerre Mondiale Depuis la création du mythe de l’ »île-paradis », Tahiti est une destination recherchée. En effet, cette île lointaine représente pour l’européen en voyage un coin reculé de la planète qui offre de nombreuses vertus. Elle disposerait, selon le mythe, d’une végétation luxuriante, d’un cadre de vie calme et serein, d’une population accueillante et chaleureuse. De nombreux artistes sont attirés par cette île. Ils cherchent à quitter la France métropolitaine qui les « fatigue » et dont la rigidité des mœurs ne leur permet pas toujours une liberté artistique. Durant leurs voyages, ou à leur retour, ils produiront des œuvres artistiques qui continuent à faire perdurer le rêve, le mythe de l’île-paradis. On peut également noter la création, suite aux nombreux voyages des européens dans les terres tropicales, de serres tropicales mises en place dans les parcs, qui permettent à la fois d’étudier la végétation et certainement de montrer sa richesse. Posséder une serre tropicale signifie posséder des territoires exotiques.
Iorana Maria (Je vous salue Marie)
1. A la recherche du paradis perdu Paul Gauguin (1848-1903), est un artiste représentatif de cette recherche du mythe. Dans ces représentations colorées, riches en fruits et en femmes, on trouve un sentiment de sérénité nouveau dans son art. Le récit de Gauguin est représentatif du mythe de cette époque, il remet en cause la société européenne. Il part également à la recherche de liberté, de nouveaux sujets à peindre, de nouvelles couleurs. Gauguin à travers ses œuvres, textes et tableaux, a fait, et fait encore aujourd’hui, perdurer le mythe. Il ne représente pas directement les paysages, il représente surtout une idée de fertilité, avec des vahinés qu’il considère comme les plus belles femmes du monde, ainsi qu’avec la présence d’arbres luxuriants et de fruits. L’océan est peu présent dans ses tableaux, on trouve principalement des rivières ou des cascades qui invitent à la baignade. Les personnages sont toujours mis en scène. Au début de son séjour il représente des scènes bibliques telles que Iorana Maria (Je vous salue Marie) où l’on retrouve des éléments chrétiens, mis en scène dans un cadre exotique.
Dans ce tableau on retrouve des éléments connus en occident : la vierge à l’enfant au premier plan, qui ont tous deux des auréoles divines ; des femmes qui prient les mains jointes au second plan, un ange à leur côté. Ces éléments sont contextualisés dans une représentation polynésienne. On reconnaît des éléments polynésiens : les personnages, leurs vêtements faits de tissus à motifs de fleurs (le mot paréo vient du tahitien « pareu »), la végétation luxuriante et les fruits abondants. Gauguin part à la recherche de son « malgré moi de sauvage » à Tahiti qui est devenu une colonie française en 1880. Ses origines Inca du Pérou lui ont donné des envies de voyage et de découvrir le monde et alimentent son dégoût de la société française de l’époque. Son premier voyage a lieu en 1891 et il obtient une « mission officielle d'étude des coutumes et paysages de ce pays » du gouvernement français. Il peut dès lors fuir la « France civilisée à outrance ».
« Je pars pour être tranquille, pour être débarrassé de l'influence de la civilisation », déclare Gauguin avant de s'embarquer pour Tahiti, au printemps 1891. « Je ne veux faire que de l'art simple ; pour cela, j'ai besoin de me retremper dans la nature vierge [...] sans autre préoccupation que de rendre, comme le ferait un enfant, les conceptions de mon cerveau avec l'aide seulement des moyens d'art primitifs, les seuls bons, les seuls vrais. » Lors de son premier séjour de 1891 à 1893 il représente de nombreux tableaux avec des personnages dont il étudie les mœurs. Ses tableaux sont empreints de nouvelles couleurs
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14 flamboyantes. Il est cependant déçu car le mythe du « bon sauvage », tel que décrit par Bougainville et repris par Rousseau, n’est plus d’actualité. Il trouve la société tahitienne trop occidentalisée comme le montre cet extrait de Noa Noa : "l'imitation, grotesque jusqu'à la caricature, de nos moeurs, modes, vices et ridicules civilisés... Avoir fait tant de chemin pour trouver cela même que je fuyais ! » Gauguin rentre en France où son travail n’obtient pas l’accueil escompté pour ses toiles d’Océanie. Il décide donc de repartir en 1895, où il y finira sa vie en 1903.
Te arii vahiné (La femme du roi), 1896, Gauguin
En 1897 il apprend la mort de sa fille Aline et souffre d’une dépression. Le sujet de ses tableaux évolue, il représente les étapes de la vie qui conduisent à la mort dans "D'où venonsnous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ?".
Te nave nave fenua dans Noa Noa, Gauguin « Entre deux montagnes qu’on ne saurait gravir, deux hautes murailles de basalte, se creuse une fissure où l’eau serpente à travers des rochers (…) De chaque coté de ce ruisseau fréquemment accidenté de véritables cascades, un semblant de chemin parmi des arbres pêle-mêle : arbres à pain, arbre de fer, pandanus, bouraos, cocotiers, fougères monstrueuses, toute une végétation folle, et s’ensauvageant toujours davantage, se faisant toujours plus inextricable à mesure qu’on monte vers le centre de l’île22. », Gauguin décrit le paysage dans Noa Noa.
"D'où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ?" – 1897, Gauguin
Tahiti n’est plus à la hauteur de ses espérances et en 1901 il décide de quitter l’île pour s’installer dans l’archipel des Marquises. Il s’installera à Hiva Oa où il construira la « maison du jouir ». L’archipel est Marquises est plus sauvage, moins touché par l’occidentalisation que Tahiti. Il aura un regain de création dans la peinture, les gravures ainsi que la sculpture, jusqu’à sa mort en 1903, épuisé par la maladie et les ravages de l’alcool. Tahiti de « l’île-paradis » au « paysage carte-postale»
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DUSSARD THIERRY, ECKERMANN ELISE, Dans le sillage de Gauguin, un voyage de Pont-Aven à Tahiti, Editions le télégramme, éditions le motu, p.98
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2. Représentations au XXème siècle à travers différents médiums culturels a. Matisse (1869-1954), Fauvisme, lagons, formes végétales et femmes sensuelles, 1948
Sirène nageant, étude pour Florilège des Amours de Ronsard, 1948 Dans les années 1940 le corps des femmes polynésiennes continuera d’inspirer son travail dans ses illustrations des poèmes « Florilège des amours de Ronsard ». Il n’utilise plus de couleurs mais les traits sont épurés. Il va à l’essence de l’idée.
Polynésie, la mer, 1948, Henri Matisse " J'irai vers les îles, pour regarder sous les tropiques, la nuit et la lumière de l'aube qui ont sans doute une autre densité. La lumière du Pacifique est un gobelet d'or profond dans lequel on regarde. Je me souviens qu'à mon arrivée, ce fut décevant et puis peu à peu, c'était beau, c'était beau, c'était beau !" Matisse Matisse se rend en Polynésie en 1930, il a 60 ans et il est déjà connu ; il rêve d’exotisme, de renouveler son art. Il ne produira ses œuvres que longtemps après son retour, en 1948. Durant son séjour de trois mois, il visite plusieurs atolls. Son voyage est ponctué d’enthousiasme et de déceptions, il y a tant à voir mais il ne produit pas de tableaux. Il écrit des lettres à sa femme comme pour consigner ses impressions. Il produira des tapisseries turquoises et bleu foncé (couleur de l’océan et du lagon) qui comporte des oiseaux blancs ainsi que des algues et des coraux. La bordure de la tapisserie évoque également le lagon. Il épure les formes et les couleurs qu’il utilise. Il va à l’essence même des choses. Il met en forme des paysages avec la technique des papiers découpés. Il donne une sensation de lagon, un espace clos qui comporte une abondance de formes végétales.
Tahiti de « l’île-paradis » au « paysage carte-postale»
b. Marlon Brando (1924-2004), Mutiny on the Bounty, 1962 En 1962 Marlon Brando joue dans le film Mutiny on the Bounty (Les révoltés du Bounty). Il s’agit d’un film américain réalisé par Lewis Milestone sorti en 1962. Ce film reconstitue la mutinerie de 1789 à bord du Bounty menée par Christian Fletcher contre le capitaine William Bligh. L’objet du voyage du « Bounty », navire royal anglais, est de se rendre à Tahiti pour y récolter l’arbre à pain (uru en tahitien). En effet, lors du voyage de James Cook avec le naturaliste Joseph Banks à Tahiti, ils ont observé ce fruit qui nourrit les Tahitiens. L’Angleterre envoie donc une frégate pour le récupérer et l’implanter aux Antilles où ils ont du mal à approvisionner les esclaves.
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16 Il semble que l’artiste a trouvé ce qu’il cherchait aux Marquises, l’anonymat, la tranquillité, les femmes sensuelles. Mais la maladie le rattrape et il rentre en France où il mourra.
Image extraite du film « Mutiny on the Bounty » (1h54), on peut voir le capitaine entouré des arbres à pain qui ont été chargés dans le navire. Le capitaine Bligh est colérique et violent avec l’équipage. Cela va mener une révolte, le Capitaine Bligh part sur un canot accompagné des matelots qui lui sont restés fidèles. Durant le tournage du film en 1962, l’acteur américain Marlon Brando tombe amoureux de la Polynésie. Il achètera un atoll constitué de douze îles : Tetiaroa. Il se mariera avec l’actrice qui joue son amante dans le film. Il souhaitait construire un complexe hôtelier éco-touristique. Celui-ci a ouvert en 2014, après sa mort en 2004. On peut malgré tout se questionner sur la question écologique de cette structure.
« He went on to purchase a twelve-island atoll named Tetiaroa and began plans to develop the land into a place where he could further explore the benefits of eco-conscious living through research while simultaneously making it grounds for an environmentally-friendly and self-sustainable resort. The plans went through many redesigns but Marlon’s wishes were finally carried out when The Brando resort opened on Tetiaroa in the summer of 201423. » c. Jacques Brel (1929-1978), Les marquises, 1977
Cette chanson a inspiré beaucoup de voyageurs à se rendre en Polynésie. D’autant plus que l’artiste a souhaité être inhumé à côté du peintre Gauguin à Hiva Oa aux Marquises. Ces deux personnages célèbres français sont donc aujourd’hui un atout pour le tourisme car ils font venir des « pèlerins ». Depuis la création du mythe au XVIIIème siècle et jusqu’à la moitié du XXème siècle, Tahiti et la Polynésie représentent un rêve, un lieu idéal, un paradis terrestre. En effet, les îles sont décrites, malgré quelques défauts qui apparaissent au fur et à mesure, comme des lieux riches en « nature », on ne parle pas encore de biodiversité mais plutôt d’histoire naturelle. On y trouve également un peuple accueillant, des femmes d’une beauté inouïe, un rythme de vie et un climat agréable. En quittant l’île en 1867 Bougainville disait « Adieu peuple heureux et sage, soyez toujours ce que vous êtes. ». Malheureusement la colonisation et l’occidentalisation ont peu à peu acculturé ce peuple si chaleureux et innocent, pour le transformer comme le décrit Gauguin en une « l'imitation, grotesque jusqu'à la caricature, de nos moeurs, modes, vices et ridicules civilisés ». Ce mythe de paradis terrestre va peu à peu se transformer en une image de « paysage carte-postale » avec la diffusion des images touristiques ainsi que les implantations de bases militaires qui vont faire connaître les lieux. Bora Bora devient une base américaine du Pacifique. Les militaires vont envoyer des cartes postales de plages de sable blanc et diffuser un nouvel idéal, le « paysage carte-postale ».
Jacques Brel réalisa son dernier album musical en Polynésie dans l’Archipel des Marquises. Il s’installa en 1974 à Hiva Oa, déjà atteint d’un cancer du poumon qui l’emporta en 1978. En effet, à la fin de sa vie il décide de faire un tour du monde en voilier. Ce voyage le mènera en Polynésie. Egalement pilote d’avion il parcourra les îles pendant quatre ans, acheminant le courrier depuis Tahiti (à dix heures de vol) ou véhiculant des personnes malades. Son dernier album est intitulé « Les Marquises » et comporte une chanson du même nom. Les paroles de cette chanson représentent un lieu idyllique. On y décrit des femmes lascives, un temps immobile, quelques pas de danse, le rire est dans le cœur, le cœur est voyageur, « Veux tu que je dise, Gémir n'est pas de mise, Aux Marquises » (Voir annexe 2, Paroles de « Les Marquises », Jacques Brel).
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http://marlonbrando.com/island/
Tahiti de « l’île-paradis » au « paysage carte-postale»
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C / L’île paradisiaque : vers un « paysage carte-postale » Période contemporaine Aujourd’hui le mythe de Bougainville d’une « îleparadis » se confond avec les images véhiculées par le tourisme : agence de voyage, cartes postales, guides touristiques. De l’image d’un lieu idéal fondé sur la flânerie et la bonté humaine on passe à une image de marque, un paysage vitrine ou carte postale, un paysage cliché formé par une plage de sable blanc et des cocotiers. Entre réalité et perceptions touristiques, nous étudierons les discours et les représentations actuelles.
1. Entre paysage paradisiaque et réalité cachée Quelle image est aujourd’hui véhiculée par les guides touristiques ? Quelles sont les pratiques touristiques ? Nous verrons en quoi les perceptions des métropolitains sont influencées par les images véhiculées par les agences de voyage et autres medium touristiques. Dans ces extraits introductifs du guide de voyage de « TUI n°1 du voyage » on constate aisément qu’une seule partie du paysage est mise en avant : la plage ; la montagne n’est pas évoquée. On définit la Polynésie comme suit : « plus que des lieux, des rêves de voyage », que cela signifie donc ? S’agirait-il d’une sorte de mirage ? Un lieu imaginaire ? « Un paradis du bout du monde au parfum de tiaré et au goût de papaye et de noix de coco ». « Ici, on se prélasse interminablement sur la plage ou l’on profite d’activités paradisiaques (…)24. »
« (…) D’une île à l’autre, les décors invitent à la paresse et à la contemplation, de l’opalescence des lagons à la pureté du sable, de la fraicheur des cascades à la douceur des cocotiers… Ici, on se prélasse interminablement sur la plage ou l’on profite d’activités paradisiaques : nager dans les eaux turquoise en observant l’incroyable faune sous-marine, naviguer sur un voilier vers des îlots désertés, ou encore aller à la découverte des tikis, ces surprenantes statues sculptées qui représentent des dieux ou des génies et auraient pour mission de protéger les habitants. (…) 25» L’île paradisiaque est donc principalement convoitée pour son aspect côtier, ses eaux qui l’entourent. La montagne en arrière-plan n’est même pas mentionnée. On ne parle pas non plus de la ville Papeete. Ces aspects ne sont-ils pas aussi TUI n°1 mondial du voyage, La Polynésie, îles et plages de rêve, collection 2017 25 TUI n°1 mondial du voyage, La Polynésie, îles et plages de rêve, collection 2017
vendeurs ? On pourra, si l’on peut se l’offrir, aller d’île en île, d’infrastructure touristique en infrastructure touristique, sans se soucier des impacts paysagers ou écologiques qu’ils impliquent. Les agences de voyage proposent également des formules « Lune de miel », à Bora Bora par exemple, qui permettent aux touristes de s’isoler durant quelques jours « paradisiaques ». Pendant leur séjour, les heureux voyageurs ne verront principalement que l’hôtel, et ils vivront en autarcie. Le folklore culturel sera mis en place comme dans une pièce de théâtre. Le paysage idyllique ne se dévoile que sous certains angles : principalement la plage et le lagon. On ne leur propose pas de découvrir les paysages montagneux avec les forêts tropicales et les cascades. S’ils souhaitent visiter, il faudra revenir. Ici on « vend du rêve ». Le but n’est plus d’aller à la rencontre du peuple accueillant de jadis, d’ailleurs celui-ci, qui vit du tourisme, ne doit plus voir l’accueil sous le même aspect. Certains tomberont amoureux d’une île ou d’un atoll comme Marlon Brando qui acheta Tetiaroa après avoir tourné le film « Mutiny on the Bounty » en Polynésie. Ce lieu est devenu un parc hôtelier pour riches en mal de nature. Pour permettre leur accès à cette réserve naturelle on dénature le récif pour faciliter l’accès des bateaux. Les aspects invisibles des aménagements ne sont pas mis en avant dans le développement touristique. C’est ce que confirme Sébastien Desurmont, journaliste pour Géo : « En outre, au cours des trente dernières années, les hôtels de luxe avec bungalows sur pilotis posés à même le lagon se sont multipliées à Tahiti, Moorea, et surtout à Bora Bora. Cela a contribué à la transformation fulgurante de la frange littorale. Remblais, parapets et autres digues s’étendent sur les côtes. Aujourd’hui, les chaînes hôtelières tentent d’améliorer leur image en bouturant des coraux autour des pilotis bétons, mais le mal est fait : les lignes naturelles du bord de mer, qui étaient sinueuses et meubles, sont désormais rectilignes et dures. De quoi modifier les courants lagonaires, et engendrer de l’érosion. A Raiatea, notamment, où la plupart des motus, ces minuscules ilots coralliens, fondent comme neige au soleil, victimes de l’assaut des vagues26. » Un des revenus important de la Polynésie, outre le tourisme, est la compensation financière de la France suite aux essais nucléaires de Muruoa. Réalité que l’on souhaite volontiers cacher d’un point de vue politique, environnemental, écologique, comme nous le dit Sébastien Desurmont
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Tahiti de « l’île-paradis » au « paysage carte-postale»
26 DESURMONT SEBASTIEN, Géo n° 455, Tahiti et la Polynésie, Janvier
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« Certes le doute demeure sur l’état des atolls de Mururoa et de Fangataufa, dans le sud-est des Tuamotu, où la France réalisa 193 essais nucléaires entre 1966 et 1996. Mais, secret militaire oblige, les études manquent pour en mesurer l’impact à long terme27. » En termes de biodiversité, la Polynésie constitue un paradis à elle seule. Pourtant, celle-ci est largement menacée : constructions hôtelières, développement de la ville, réchauffement climatique, surpêche, etc. Les risques sont nombreux et ne sont pas assez pris en compte. La population qui a toujours connu l’opulence de poissons peine à comprendre les changements qui s’opèrent et les décisions politiques trainent.
« A l’exception des Marquises, dénuées de barrière récifale, les archipels polynésiens (Gambier, Tuamotu, Australes et Société) n’abritent que des milieux marins coralliens. Un trésor dans un monde où 20% des coraux ont été détruits par l’homme en 50 ans et où 50% de ceux qui restent risquent de l’être dans les vingt ans à venir28. » « A 500 km au nord-est de Tahiti, l’atoll de Fakarava (Tuamotu), de son côté, à été classé patrimoine mondial de l’UNESCO en 2007. On a calculé qu’un seul kilomètre de sa dentelle corallienne abrite autant d’espèces que tout l’espace maritime côtier de France métropolitaine29. » On constate de nos jours que le mythe s’éloigne de la réalité. La Polynésie française serait-elle victime de son image ? L « île-paradis » semble en effet rattrapée par les réalités économiques de l’éloignement, l’isolement géographique et l’inflation liée au tourisme. Par ailleurs, le développement touristique toujours plus important traduit encore l’attractivité de la Polynésie française pour ses différents aspects : « paysage carte-postale », activités paradisiaques et exotiques. On cherche à recréer une vision paradisiaque des lieux, bien loin de la vision biblique du paradis.
27 DESURMONT SEBASTIEN, Géo n° 455, Tahiti et la Polynésie, Janvier
2. L’influence de Walt Disney dans l’imaginaire des îles
L’ile de Motu Nui dessinée par Ian Gooding Les représentations de Tahiti en France métropolitaine sont influencées par les images touristiques qui sont centrées vers le lagon, la plage, les atolls. On imagine des cabanons sur pilotis où l’on pourra passer ses vacances, mais on imagine rarement la richesse des montagnes volcaniques. En 2016 la compagnie Walt Disney sort un film d’animation (disponible en 3D) intitulé « Vaiana ». Dans presque tous les pays où ce film est sorti il s’appelle « Moana » qui signifie « Océan » en reo maohi (langue tahitienne). Quant à « Vaiana », cela signifie « eau de roche ». Dans ce film, on jongle entre plusieurs cultures polynésiennes au sens large (Fidji, Nouvelle-Zélande, Polynésie française : Tahiti, Moorea, Tetiaroa). On retrouve des paysages inspirés de Tahiti et l’île sœur Moorea. La forme des montagnes en est inspirée mais amplifiée, représentée sous forme de dessin d’animation. Les grandes caractéristiques des îles hautes et basses sont représentées : une île basse où elle retrouve Maui (demi-dieu dont elle est partie à la recherche), et concernant les îles hautes, John Musker, réalisateur, nous dit dans un article du Monde, « J’avais été frappé par une immense montagne à Moorea, où on a l’impression de voir une femme poser délicatement sa tête sur son épaule.30 ». Cette image fait partie intégrante du scénario du film. Les montagnes sont réinterprétées tout au long du film comme nous le disent Ian Gooding, chef décorateur et John Musker, réalisateur, dans un article du Monde : « À Moorea, les montagnes sont grandes, mais pas non plus très élevées. Dans le film, elles ont une taille plus importante. Ce n’est pas une faute de goût, une absence de réalisme ou une volonté de rendre un paysage plus exotique. C’est juste qu’en animation vous dessinez le souvenir d’un paysage, jamais le paysage a proprement dit.31 » Ian Gooding
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2017 29 DESURMONT SEBASTIEN, Géo n° 455, Tahiti et la Polynésie, Janvier 2017 Tahiti de « l’île-paradis » au « paysage carte-postale»
Article du Monde du 29/11/2016, Les secrets de fabrication de « Vaiana », le nouveau Disney 31 Article du Monde du 29/11/2016, Les secrets de fabrication de « Vaiana », le nouveau Disney 30
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« Il faut viser la caricature. Or caricaturer n’est pas déformer, c’est mettre en valeur certains traits, exagérer pour parvenir à faire ressortir une vérité32. » John Musker, réalisateur
La princesse Vaiana et Maui le demi-dieu en pirogue, image du dessin animé Vaiana, Disney, 2016. On constate une évolution des représentations ainsi que des perceptions qu’elles induisent. En effet, Walt Disney s’empare d’un nouvel idéal. Cela lui permet de développer un imaginaire des îles à l’international. Ce film d’animation montre une histoire modernisée du point de vue des relations homme-femme avec une vision matriarcale de la société. Ce film permet de faire rêver une grande partie de la société occidentale qui ne connaît pas la Polynésie. On est en effet impressionné par l’héroïne, une jeune princesse, pour son courage, sa force et son indépendance. Il s’agit peut être du seul film de Disney où la princesse n’a pas besoin d’être secourue par son prince charmant. De quoi faire rêver les petites filles aventurières du monde entier. On observe une véritable évolution du mythe de « l’île-paradis » vers un « paysage carte-postale ». Aujourd’hui apparaissent de nouveaux modes de représentations, comme le dessin animé, les magasines ou encore internet, qui permettent de faire évoluer les mentalités et de « mettre à jour » les différents mythes.
Palmolive douche “Tahiti secrets” et Ushuaia “Polynésie” D’autres modes de représentation comme la publicité continuent de véhiculer des images caricaturales, qui influent directement sur la perception des européens. On constate donc que les publicités pour les gels douches de Ushuaia et Palmolive ont créé un imaginaire : des femmes mi-nues se lavant dans des cascades dans un contexte exotique.
Article du Monde du 29/11/2016, Les secrets de fabrication de « Vaiana », le nouveau Disney
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20 avec l’un d’eux, ils découvriront des similitudes dans les langues parlées dans les différents archipels et jusqu’en Nouvelle-Zélande. Cela leur permet de penser que les peuples du Pacifique ont des origines communes. James Cook mourra durant le troisième voyage, lors d’une escale à Hawaii, tué par des indigènes.
III / Confrontation des regards A/ Des voyageurs désillusionnés 1. Bougainville revient sur son propos Dès la création même du mythe en 1867, Bougainville revient sur son propos. En effet, il admet que son séjour a été d’une durée trop courte pour saisir tous les aspects culturels des tahitiens. Durant la suite de son voyage il décrira des coutumes que Autourou partage avec lui : sacrifices humains, catégories sociales. Ces éléments contredisent le mythe du bon sauvage. Cependant sa description géographique reste inchangée, elle est assez précise bien qu’il ne soit pas allé partout, elle constitue une base de données.
2. James Cook ne finira pas sa mission
3. La déception de Paul Gauguin Paul Gauguin, après avoir recherché le paradis terrestre à Tahiti et croyant quitter les mœurs occidentales, sera déçu. Il quittera Tahiti pour les îles Marquises, moins accessibles, moins colonisées et dénaturées par les us et coutumes des européens. Il décrit dans Noa Noa la perte d’identité des autochtones : « Arriverai-je à retrouver une trace de ce passé si loin, si mystérieux ; et le présent ne me disait rien qui vaille. Retrouver l’ancien foyer, raviver le feu au milieu de toutes ces cendres ». Son art évoluera beaucoup durant ces deux séjours mais les îles Marquises auront raison de lui avant qu’il puisse être réellement reconnu pour son travail.
4. Victor Segalen présente un paradis perdu Victor Segalen, médecin de la marine française, décrit en 1903 dans Les Immémoriaux, un paradis perdu. Il parle de déception et de l’impact de la colonisation, des effets néfastes des « hommes blêmes ». Les dieux maohis sont remplacés par Iésu Kérito (Jesus Christ), le dieu des missionnaires. Peu à peu au XXème siècle le mythe se déconstruit, mais la perception des européens reste influencée par cet héritage.
5. De nouvelles problématiques
Arbre à pain (Uru), Hawkesworth James Cook, à la recherche du continent austral qu’il ne trouvera jamais, considère Tahiti comme un lieu d’escale privilégié grâce à l’accueil de ses habitants. En effet, à part les vols récurant - car les tahitiens n’ont à l’époque pas de concept de propriété - les échanges se passent bien, l’accueil y est chaleureux et l’île permet à l’équipage de se reposer et reprendre des forces (vitamines, soleil). James Cook et ses botanistes observent l’arbre à pain qu’ils considèrent comme le garde-manger des tahitiens. D’autres navigateurs comme Bligh partiront à sa recherche dans le but de l’exporter. Les anglais sont très impressionnés par les capacités de navigation des polynésiens, et en voyageant Tahiti de « l’île-paradis » au « paysage carte-postale»
Le résumé de Tahiti beyond the postcard (2011) nous montre bien le contraste entre l’héritage du mythe, et la réalité. Le mythe se traduit par les plages de sable blanc, bien que la plupart des plages soient composées de sable noir, ainsi que l’image du lagon turquoise et des belles femmes. Les aspects néfastes sont cachés pour promouvoir le tourisme : les dommages causés par les essais nucléaires français par exemple.
“The “Tahiti” that most people imagine - white-sand beaches, turquoise lagoons, and beautiful women - is a product of 18th century European romanticism and persists today as the bedrock of Tahiti’s tourism industry. This postcard image, however, masks a different reality. The
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dreams and desires that the tourism industry promotes distract from the medical nightmares and environmental destruction caused by France’s 30-year nuclear testing program in French Polynesia. Tahitians see the burying of a bomb in their land as deeply offensive. For Tahitians, the land abounds with ancestral fertility, and genealogical identity, and is a source of physical and spiritual nourishment. These imagined and lived perspectives seem incompatible, yet are intricately intertwined in the political economy. Tahiti Beyond the Postcard engages with questions about the subtle but ubiquitous ways in which power entangles itself in place-related ways. Miriam Kahn uses interpretive frameworks of both Tahitian and European scholars, drawing upon ethnographic details that include ancient chants, picture postcards, antinuclear protests, popular song lyrics, and the legacy of Paul Gauguin’s art, to provide fresh perspectives on colonialism, tourism, imagery, and the anthropology of place.33” Cet ouvrage américain a été publié en 2011. Les questions abordées sont donc « récentes », on commence à demander des comptes à la France sur l’opacité de ses essais et de l’impact environnemental ainsi que sur la santé des habitants.
B / Diversité des perceptions actuelles Pour comprendre les perceptions actuelles et notamment les perceptions des habitants de Tahiti il faut connaître la définition du terme « Fenua ». Philippe Bachimon, géographe, est cité par Alain Quella-Villégier, historien spécialiste des voyages d’exploration, dans Polynésie, les archipels du rêve : « Quelle que soit la périodisation retenue, un thème s’impose, véritable ligne continue qui sous-tend Cythère, utopie et Eden : l’insularité, car l’ile est l’un des symboles les plus pénétrants qui soient, un mythe en soi. Y compris sur place, sous le vocable « te fenua » : « L’île polynésienne tire toute sa valeur de sa rareté et de son unicité comme forme terrestre émergée au cœur de l’océan pacifique. Dans la langue tahitienne, un mot résume ces caractères, celui de Fenua. Il exprime à la fois l’idée d’île, en tant que phénomène rendu précieux par sa rareté ; la notion générale de terre, à l’exception de toute autre forme connue ; il englobe aussi l’idée de pays, au sens de terre des hommes et de patrie, au sens de la communauté qui y vit » (Ph. Bachimon)34. » Cette vision et cet attachement à la terre explique la perception des polynésien de leur territoire. Afin de comprendre les différentes perceptions des polynésiens et métropolitains j’ai mis en place un questionnaire qui m’a fait parvenir à une première série de conclusions.
1. Méthode des entretiens, des perceptions métropolitaines aux perceptions polynésiennes J’ai mis en place un questionnaire en ligne, via Google35, début décembre 2016 afin de pouvoir obtenir des réponses de français métropolitains ainsi que de polynésien. En effet, l’éloignement du territoire d’étude ne permettait pas dans le temps imparti de se rendre sur le terrain pour interviewer les habitants. Ce questionnaire vise d’une part à connaître le profil de la personne : origine géographique, âge, connaissance de le Polynésie ou non ; ainsi que sa définition du paradis terrestre. Il vise d’autre part à connaître sa perception de la Polynésie : par le biais des végétaux, des lieux qu’il fréquente ou fréquenterai, des activités et loisirs qu’il souhaite réaliser sur place, par sa connaissance de la culture polynésienne
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KAHN MYRIAM, Tahiti Beyond the Postcard: Power, Place, and Everyday Life (Culture, Place, and Nature), 2011
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Tahiti de « l’île-paradis » au « paysage carte-postale»
QUELLA-VILLEGER ALAIN, Polynésie, les archipels du rêve ; L’amère splendeur de la solitude, 1996, Editions Omnibus, P.IX 35 https://docs.google.com/forms/d/1sFe5TP05tOmgfyO_Kx2rhuN2khhSF6 aYG-DbQAv7jQg/edit?usp=drive_web
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22 (définition du Fenua, que représente la Polynésie pour vous , etc.). Il cherche enfin à questionner l’enquêté sur sa perception du paradis et si oui ou non et pourquoi il correspondrait au mythe de « l’île-paradis » ou au « paysage carte-postale ». L’ensemble des réponses semble guidé par le titre du questionnaire « Questionnaire sur les perceptions de la Polynésie Française » et sa description : « Dans le cadre de mon mémoire sur les perceptions paysagères de Tahiti et la Polynésie je vous invite à répondre à ce questionnaire qui vous prendra environ 10 minutes, Merci d'avance ! Roxane » Ce message semble avoir influencé les personnes de telle sorte qu’un grande majorité pense déjà à la plage dès les premières questions : le paradis serait une plage.
2. Etude des résultats, entre attachement au Fenua* et méconnaissance du territoire, a. Profil des personnes interrogées Le questionnaire a obtenu 61 réponses en un mois. Les questions 1 à 6 interrogent le profil des personnes. On trouve une certaine diversité dans les réponses avec une proportion équivalente d’hommes et de femmes, des origines variés, plus de la moitié des personnes s’est rendue à Tahiti ou y vit, l’autre moitié ne connaît pas le territoire et l’imagine seulement. J’aborde dans cette partie la question du paradis terrestre et il est définit principalement comme un lieu où la nature est abondante, suivi de près par la présence de proches, puis la présence d’une plage.
1) Etes-vous Polynésien, métropolitain, autre
Voici l’ensemble des questions posées : Les questions 1 à 6 interrogent le profil des personnes : 1) Etes vous polynésien (précisez), métropolitain, autre (précisez) 2) Etes vous un homme/une femme ? 3) Quel âge avez-vous ? 4) Quelle serait votre définition du paradis terrestre ? 5) Savez vous où se trouve Tahiti ? (Précisez) 6) Etes vous déjà allé a Tahiti ? (Précisez) Les questions 7 à 11 permettent de définir leur perception de la Polynésie en terme de paysage, de végétation et de lieux : 7) Que représente Tahiti/la Polynésie pour vous ? 8) Décrivez le paysage de Tahiti en 5 mots clefs 9) Qu’est ce qui définit le « Fenua » ? 10) Tahiti en 3 fruits et légumes 11) Tahiti en 3 lieux emblématiques (pour vous/pourquoi ?) Les questions 12 à 16 montrent les activités, la culture, et enfin elles mènent à définir le paradis terrestre et à savoir si oui ou non il s’apparente à Tahiti, par le biais du mythe de Bougainville ou par l’image des agences de voyage : 12) Quels sont vos loisirs et activités sur place ou celles que vous projetteriez ? 13) Pouvez-vous citer 3 artistes, explorateurs, peintres, musiciens ou personnalités qui représentent pour vous la Polynésie ? 14) Avez-vous vu le dessin animé Vaiana ? La culture polynésienne vous semble-t-elle représentée ? (Précisez pourquoi) 15) Tahiti correspond-elle selon vous à votre représentation du paradis terrestre ? Pourquoi ? 16) Votre représentation coïncide-t-elle plutôt avec le mythe de Bougainville (une île fertile avec des personnes accueillantes), avec les images d’agence de voyage (plage, plongée, hôtels de luxe) ou aucun des deux (expliquez pourquoi)
Tahiti de « l’île-paradis » au « paysage carte-postale»
36% des personnes interrogées sont d’origine polynésienne, 57% de métropole, 7% sont d’origines diverses.
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2) Etes-vous un homme/une femme ?
4) Quelle serait votre définition du paradis terrestre ?
51% des personnes ayant répondu sont des femmes et 49% des hommes.
3) Quel âge avez-vous ?
80% des personnes ayant répondu ont entre 20 et 40 ans, 18% sont plus âgées et 2% plus jeunes.
Cette question vient faire écho avec la dernière question concernant le mythe de Bougainville et le paysage carte-postale. En la plaçant au début du questionnaire je cherche à obtenir une réponse le moins influencée possible. Cependant, je pense que le titre du questionnaire et les questions précédentes sur la Polynésie influent déjà sur la personne questionnée. On observe d’ores et déjà une corrélation avec la vision de Bougainville lorsqu’il arrive à Tahiti en 1867. Tous les critères d’un paradis terrestre décrits par les personnes ayan répondu au questionnaire correspondent au paysage, au climat, au peuple, à la culture et à la nourriture. L’idée de la plage, de la mer et de l’océan est très présente. Les mots qui reviennent le plus souvent sont les suivants : Terre riche, nature abondante (21) Soleil, lumière (11) Gens qu’on aime (14) Harmonie, échange, entraide (12) Mer, océan, lagon (10) Nourriture abondante (9) Paysages exceptionnels (8) Fruits (8) Sans pollution (8)
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5) Savez vous où se trouve Tahiti ? (Précisez)
6) Etes vous déjà allé a Tahiti ? (Précisez)
92% des personnes ont su localiser Tahiti dans l’océan pacifique de manière précise, 8% ne savaient pas. Tahiti est pourtant un territoire français.
13% des personnes ayant répondu habitent actuellement à Tahiti, 38% y ont habité, 8% y a effectué un voyage, 41% n’y est jamais allé. 59% des personnes ayant répondu connaissent donc le territoire contre 41% qui ne le connait pas. Les résultats des questions suivantes varient selon la connaissance ou non du lieu.
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b. Perceptions paysagères de la Polynésie
Vahinés, plages, rêve, etc.
Les questions 7 à 11 permettent de définir la perception de la Polynésie en terme de paysage, de végétation et de lieux par les personnes interrogées. Ces questions n’ont pas été faites sous forme de QCM afin de ne pas trop influer sur les résultats.
On constate que Tahiti ne représente pas la même chose selon l’origine des personnes ayant répondu. On observe d’un côté un attachement, Tahiti représente la maison, la famille et les racines ; de l’autre elle représente le lointain, les vacances, le rêve, l’exotisme.
8) Décrivez le paysage de Tahiti en 5 mots clefs : 7) Que représente Tahiti/la Polynésie pour vous ?
Les mots qui reviennent le plus souvent sont les suivants : La maison (14) Les racines (10) Une île (11) Vacances, voyages (7) Une végétation et faune exotique (6) Loin, bout du monde (6) La famille (6) Tahiti de « l’île-paradis » au « paysage carte-postale»
Les mots qui reviennent le plus souvent sont les suivants : Montagne (20 personnes) Mer (17) Soleil (15) Plage (13) Sable (12) Lagon (10) Cocotier (8) Les personnes connaissant le territoire ont une plus grande variété de réponses et la «montagne» domine, les personnes ne connaissant pas pensent d’abord à la «plage». Cela montre le réel décalage entre la perception touristique et la perception locale.
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9) Qu’est ce qui définit le « Fenua » ?
10) Tahiti en 3 fruits et légumes :
Le mot principalement cité est la «terre». Les métropolitains ne connaissent pas le terme. Les autres y attachent plusieurs sentiments tels que l’appartenance à un territoire, la famille, les racines et d’autres aspects plus personnels. Encore une fois les novices et les locaux n’ont pas la même image des végétaux polynésiens. Il y a cependant des similitudes : fleurs de tiaré, coco, mangue, ananas. L’arbre à pain quant à lui n’est connu que des locaux, bien que recherché par le capitaine Cook, il n’est plus aussi connu aujourd’hui en Europe. L’ensemble des réponses nous donne un aperçu de la végétation locale.
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c. Eléments culturels et confrontation des mythes
11) Tahiti en 3 lieux emblématiques (pour vous/pourquoi ?) :
Les questions 12 à 16 montrent les activités, la culture, et enfin elles mènent à définir le paradis terrestre et à savoir si oui ou non il s’apparente à Tahiti, par le biais du mythe de Bougainville ou par l’image des agences de voyage :
12) Quels sont vos loisirs et activités sur place ou celles que vous projetteriez ?
La plupart des métropolitains n’ont pas su répondre. Ils imaginent « la plage ». Le polynésiens répondent de manière plus diverse : Teahupoo (8%) : situé sur la presqu’ile (Tahiti Iti), c’est un endroit connu pour sa vague légendaire, un « spot de surf mythique » connu mondialement. Papeete (7%) : la capitale sociale, économique, culturelle et politique de la Polynésie Française, ainsi que son marché (4%). Le trou du souffleur (6%) : sur la côte est, il n’y a pas de lagon, un tunnel dans la roche, les vagues s’y engouffrent à une vitesse impressionnante et produisent un souffle d’air. Endroit considéré comme une des curiosité de l’île, proche des « 3cascades » et se trouve sur le chemin qui y mènent. Moorea : L’île soeur. Située face à Papeete, on peut observer le coucher de soleil et ses lumières féérique. Le ferry y mène en 30 minutes. Certains font l’aller-retour pour vivre dans ce côté plus sauvage mais le travail est plus présent à Papeete. On y trouve des plages de sable blanc, des ananas.
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Tout comme pour la représentation du paysage la distinction des activités de montagne et de plage est très présente selon l’origine des personnes ayant répondu. Les locaux (entre 20 et 40ans) souhaitent faire ou font de la randonnée, de la plongée, du surf, et autres sports nautiques, de la pêche ou encore la fête ; les autres souhaitent se rendre à la plage et « se la couler douce » (farniente 10 personnes) ou se baigner.
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13) Pouvez-vous citer 3 artistes, explorateurs, peintres, musiciens ou personnalités qui représentent pour vous la Polynésie ?
Les métropolitains n’ont très peu répondu, seul Gauguin est connu à la fois en métropole et en Polynésie (19%), suivi de loin par Bougainville (6%). Viennent ensuite des artistes tahitiens, chanteurs pour la plupart (Gabilou, Bobby Holcomb, Angelo Neufer, Pepena) parmi lesquels se fondent Jacques Brel (6%), le Capitaine Cook (4%) ou Marlon Brando (2%). Ces résultats montrent que les jeunes entre 20 et 40 ans connaissent moins Bougainville, Cook et Marlon Brando que les plus de 40 ans.
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14) Avez-vous vu le dessin animé Vaiana ? La culture polynésienne vous semble-t-elle représentée ? (Précisez pourquoi)
52% des personnes n’ont pas vu le film, sorti en novembre 2016. La majorité des personnes ayant vu le film trouvent que la culture polynésienne y est bien représentée même s’ils évoquent certains bémols : il s’agit d’un dessin animé et d’une fiction, on rencontre un mélange des cultures des îles Fidji ainsi que de Nouvelle-Zélande, aujourd’hui la Polynésie a évoluée. En outre, on y trouve les végétaux, les tatouages, la mythologie, les pirogues, les farés (maisons traditionnelles), le personnage de la grand-mère qui rappelle « une vraie grand-mère polynésienne ».
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15) Tahiti correspond-elle selon vous à votre représentation du paradis terrestre ? Pourquoi ?
Pour 46% des personnes ayant répondu au questionnaire Tahiti représente le Paradis terrestre. Les polynésiens qui ont répondu oui justifient un cadre de vie agréable, un lieu auquel ils sont attachés. Les métropolitains qui ont répondu « oui » estiment que leur vision de ce lieu leur permet de projeter un imaginaire paradisiaque, n’en voyant pas les aspects négatifs. 34% des personnes ne considèrent pas Tahiti comme un paradis terrestre, soit car ils en connaissent les aspects négatifs, soient car ils ont d’autres visions du paradis. Pour 20% des personnes Tahiti pourrait représenter le Paradis si les aspects négatifs n’étaient pas aussi présents dans le tableau.
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16) Votre représentation coïncide-t-elle plutôt avec le mythe de Bougainville (une île fertile avec des personnes accueillantes), avec les images d’agence de voyage (plage, plongée, hôtels de luxe) ou aucun des deux (expliquez pourquoi) ?
Pour 36% des personnes ayant répondu, leur représentation correspond plutôt au mythe de Bougainville tel que décrit dans la question ; pour 10% leur vision correspond aux images véhiculées par les agences de voyages, chiffre augmenté par les 28% qui considèrent les deux aspects. 20% pensent que Tahiti ne correspond à aucun des deux mythes ou bien proposent d’autres points de vue.
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C / Bilan des observations La tournure des questions a souvent laissé les personnes ne connaissant pas la Polynésie dans le désarroi. On obtient donc un très grand nombre de « je ne sais pas » qui ne nous éclaire pas toujours. Cependant, cela révèle que le manque de connaissance induit pour une majorité des cas une affiliation à l’un des deux mythes, tous deux partiels par rapport à la réalité du lieu. Néanmoins on peut remarquer que la perception des personnes interrogées tend vers le mythe de Bougainville et associe la Polynésie française au paradis terrestre. Parmi les polynésiens, très peu mentionnent d’aspects négatifs. On peut donc se questionner sur la formulation des questions et l’objectivité des réponses. Ce questionnaire mériterait quelques modifications ainsi qu’une suite pour parvenir à des conclusions plus globales. En effet, il aurait été plus judicieux de réaliser deux questionnaires différents, l’un pour les polynésiens, l’autre pour les métropolitains, afin de les guider différemment. Le panel des personnes interrogées pourrait être plus diversifié (l’âge par exemple).
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Conclusion Ce travail personnel d’étude et de recherche tente de montrer les différentes perceptions et représentations paysagères de Tahiti et la Polynésie française ainsi que leur évolution au travers les siècles et les medium. Dans cette étude, on tente de comparer les perceptions selon l’origine culturelle. Cela nous a permis de questionner l’impact des représentations sur les populations et de comprendre dans quelle mesure les images véhiculées sont différentes de la réalité du lieu. On a pu constater, à la fois par l’étude de différentes oeuvres, littéraires et picturales, et par l’étude des réponses au questionnaire, que le touriste ou le métropolitain ne se représentent pas le paysage polynésien de la même manière. Les images véhiculées sont très partielles voire erronées par rapport à la réalité : les plages sont peu nombreuses sur l’île de Tahiti et sont majoritairement constituées de sable noir, contrairement à ce qu’on aurait pu projeter. En règle générale les images véhiculées ne parlent pas, au premier abord, de la montagne. Ces images fabriquent un quiproquo entre Tahiti (île haute) et les atolls (île basses) tels que Ranguiroa qui rentre dans les critères du « paysage carte-postale » avec ses plages de sable blanc et ses cocotiers. La distinction à du mal à se faire dans l’imaginaire touristique. Comment réagira le futur touriste s’il se retrouve dans une réalité différente du mythe de « l’île-paradis » et de l’image de marque, du « paysage carte-postale » lorsqu’il se rendra dans l’arrière-pays, qu’il quittera la carte postale, constituée par la plage, pour se diriger vers les montagnes ? Les types de représentations eux-mêmes ont évolué : du récit de voyages, des journaux de bords de marins jusqu’aux blogs internet actuels ; les différents styles de peinture (impressionnisme, fauvisme), de cartographie, de carnet de voyage, aux publicités vidéo. Les représentations actuelles continuent de simplifier, de caricaturer en accentuant des traits : dessin animé Vaiana qui représente un paysage polynésien imaginaire, intouché par la colonisation ; publicité pour des gels douche – Ushuaia Tahiti et Palmolive – qui nous laissent rêver à la douche sous les cascades avec de belles vahinés, l’idylle est dur à quitter. On préfère masquer les effets néfastes quitte à surprendre le futur voyageur, plutôt que de partager avec lui une vision plus globale sur laquelle il pourrait se faire son propre avis.
destruction du récif corallien afin de construire des cabanes sur pilotis ou la création de nouvelles « passes » pour les bateaux, ne sont pas facilement perceptibles depuis la métropole. L’urbanisation de la ville de Papeete est un phénomène qui a été très peu abordé dans le questionnaire et dont il n’est pas question dans les représentations étudiées. Il serait bon de poursuivre la recherche à ce sujet. En effet, outre le marché de Papeete, nous n’avons reçu au travers des représentations, aucune information sur la typologie des constructions ni sur leur emplacement. Les piedmonts sont vraisemblablement colonisés par l’urbanisation croissante, et les embouteillages sont constants. Cette image est loin de traverser l’esprit des métropolitains. Outres les impacts inconnus – ou du moins confidentiels - des essais nucléaires réalisés par la France pendant trente ans en Polynésie, il existe bien des sujets environnementaux auxquels nous pouvons avoir accès et dont nous avons à nous soucier : réchauffement climatique et mort des coraux, montée des eaux qui pourrait faire disparaître de nombreux atolls, gestion des déchets, meilleure intégration des constructions et des infrastructures (routières, touristiques, etc.), aménagement raisonné du littoral et des voiries par exemple. Aujourd’hui la richesse de la Polynésie en biodiversité représente des atouts pour la France. En effet, étant un territoire français, la Polynésie, ainsi que les DOM-TOM, concentre une grande partie de la biodiversité française. Elle permet en outre à la France de posséder un des plus vastes domaines maritimes au monde. De plus, la Polynésie Française, Pays d’Outre-Mer (POM), permet de développer un tourisme de luxe qui continue de faire briller l’image de la France à l’internationale. Je souhaite poursuivre ce travail par une phase de recherche et d’observation sur le terrain afin de vérifier les pistes proposées sur la question des perceptions ainsi que celle des représentations. Ce travail pourrait mener à la mise en place de nouveaux outils de représentations ou de « mise à jour » et « d’étude de cas », avec la création d’un carnet de voyage en Polynésie, qu’il soit en format papier ou numérique, ce qui permettrait d’ouvrir les représentations actuelles à un public plus large.
Les infrastructures et aménagements touristiques ne prennent pas forcement en compte les aspects paysagers ou environnementaux. Ces aspects négatifs, comme la
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Glossaire Archipel : Ensemble d'îles en groupe, sur une surface maritime plus ou moins étendue. Larousse Atoll : Récif corallien annulaire, partie émergée d'une construction de madréporaires reposant sur un soubassement rocheux. (L'atoll porte des îles basses et encercle un lagon pouvant communiquer avec l'océan par une ou plusieurs passes.) Larousse Explorateur : Personne qui fait un voyage de découverte dans un pays lointain, une région inconnue. Larousse Fenua : la terre, en tahitien Géographe : Spécialiste de géographie. Géographie : Science qui a pour objet la description et l'explication de l'aspect actuel, naturel et humain, de la surface de la Terre. (Abréviation familière : géo.) / Ensemble des caractères qui constituent la réalité physique et humaine de telle ou telle région : La géographie de la France, du Massif central. Larousse Île : Espace de terre entouré d'eau de tous côtés. Larousse Lagon : Étendue d'eau marine séparée du large par un récif corallien. (Le lagon peut être de forme soit circulaire [au centre d'un atoll], soit circulaire ou linéaire [entre la côte et un récif-barrière].) Larousse
Tahiti de « l’île-paradis » au « paysage carte-postale»
Paradis terrestre : dans le livre de la Genèse (II-III), jardin idyllique où Dieu plaça le premier homme et la première femme, considérés comme les ancêtres de l'humanité. Larousse Paradisiaque : Relatif au paradis. / Qui procure une impression de bonheur, de bien-être intense : Un climat paradisiaque. Larousse Siècle des Lumières : Le mouvement des Lumières tire son nom de la volonté des philosophes européens du XVIIIème siècle de combattre les ténèbres de l'ignorance par la diffusion du savoir. L'Encyclopédie, dirigée par Diderot et d'Alembert, est le meilleur symbole de cette volonté de rassembler toutes les connaissances disponibles et de les répandre auprès du public – d’un public éclairé. Paysage : « Paysage » désigne une partie de territoire telle que perçue par les populations, dont le caractère résulte de l’action de facteurs naturels et/ou humains et de leurs interrelations. Convention européenne du paysage Récif : Rocher ou groupe de rochers à fleur d'eau, généralement au voisinage des côtes. Larousse Récif corallien : ligne d'écueils à fleur d'eau, construits par les coraux. Larousse Voyageur : Qui effectue fréquemment de déplacements, qui voyage habituellement. Larousse
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theme
song.
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Sicot, Julien. 2017. « Les Guides de La BU. Gérer Ses Références Bibliographiques Avec Zotero. Créer Des Bibliographies. »
Tahiti de « l’île-paradis » au « paysage carte-postale»
9 Janvier 2017
Roxane Rahimi, Travail Personnel d’Etude et de Recherche (TPER)
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Annexe 1, La genèse dans la Bible « Puis l'Eternel Dieu planta un jardin en Eden, du côté de l'orient, et il y mit l'homme qu'il avait formé. L'Eternel Dieu fit pousser du sol des arbres de toute espèce, agréables à voir et bons à manger, et l'arbre de la vie au milieu du jardin, et l'arbre de la connaissance du bien et du mal. Un fleuve sortait d'Eden pour arroser le jardin, et de là il se divisait en quatre bras. (… ) Et l'homme dit: Voici cette fois celle qui est os de mes os et chair de ma chair! On l'appellera femme, parce qu'elle a été prise de l'homme. C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère, et s'attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair. L'homme et sa femme étaient tous deux nus, et ils n'en avaient point honte. (… ) Alors le serpent dit à la femme: Vous ne mourrez point; mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s'ouvriront, et que vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal. La femme vit que l'arbre était bon à manger et agréable à la vue, et qu'il était précieux pour ouvrir l'intelligence; elle prit de son fruit, et en mangea; elle en donna aussi à son mari, qui était auprès d'elle, et il en mangea. Les yeux de l'un et de l'autre s'ouvrirent, ils connurent qu'ils étaient nus, et ayant cousu des feuilles de figuier, ils s'en firent des ceintures.
Il dit à la femme: J'augmenterai la souffrance de tes grossesses, tu enfanteras avec douleur, et tes désirs se porteront vers ton mari, mais il dominera sur toi. Il dit à l'homme: Puisque tu as écouté la voix de ta femme, et que tu as mangé de l'arbre au sujet duquel je t'avais donné cet ordre: Tu n'en mangeras point! Le sol sera maudit à cause de toi. C'est à force de peine que tu en tireras ta nourriture tous les jours de ta vie, il te produira des épines et des ronces, et tu mangeras de l'herbe des champs. C'est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, jusqu'à ce que tu retournes dans la terre, d'où tu as été pris; car tu es poussière, et tu retourneras dans la poussière. Adam donna à sa femme le nom d'Eve: car elle a été la mère de tous les vivants. L'Eternel Dieu fit à Adam et à sa femme des habits de peau, et il les en revêtit. L'Eternel Dieu dit: Voici, l'homme est devenu comme l'un de nous, pour la connaissance du bien et du mal. Empêchonsle maintenant d'avancer sa main, de prendre de l'arbre de vie, d'en manger, et de vivre éternellement. Et l'Eternel Dieu le chassa du jardin d'Eden, pour qu'il cultivât la terre, d'où il avait été pris. C'est ainsi qu'il chassa Adam; et il mit à l'orient du jardin d'Eden les chérubins qui agitent une épée flamboyante, pour garder le chemin de l'arbre de vie. » http://saintebible.com/lsg/genesis/3.htm
Alors ils entendirent la voix de l'Eternel Dieu, qui parcourait le jardin vers le soir, et l'homme et sa femme se cachèrent loin de la face de l'Eternel Dieu, au milieu des arbres du jardin. Mais l'Eternel Dieu appela l'homme, et lui dit: Où estu? Il répondit: J'ai entendu ta voix dans le jardin, et j'ai eu peur, parce que je suis nu, et je me suis caché. Et l'Eternel Dieu dit: Qui t'a appris que tu es nu? Est-ce que tu as mangé de l'arbre dont je t'avais défendu de manger? L'homme répondit: La femme que tu as mise auprès de moi m'a donné de l'arbre, et j'en ai mangé. Et l'Eternel Dieu dit à la femme: Pourquoi as-tu fait cela? La femme répondit: Le serpent m'a séduite, et j'en ai mangé. L'Eternel Dieu dit au serpent: Puisque tu as fait cela, tu seras maudit entre tout le bétail et entre tous les animaux des champs, tu marcheras sur ton ventre, et tu mangeras de la poussière tous les jours de ta vie. Je mettrai inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et sa postérité: celle-ci t'écrasera la tête, et tu lui blesseras le talon. Tahiti de « l’île-paradis » au « paysage carte-postale»
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Roxane Rahimi, Travail Personnel d’Etude et de Recherche (TPER)
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Annexe 2, Paroles de Marquises », Jacques Brel
« Les
Ils parlent de la mort Comme tu parles d'un fruit Ils regardent la mer Comme tu regardes un puits Les femmes sont lascives Au soleil redouté Et s'il n'y a pas d'hiver Cela n'est pas l'été La pluie est traversière Elle bat de grain en grain Quelques vieux chevaux blancs Qui fredonnent Gauguin Et par manque de brise Le temps s'immobilise Aux Marquises Du soir montent des feux Et des pointes de silence Qui vont s'élargissant Et la lune s'avance Et la mer se déchire Infiniment brisée Par des rochers qui prirent Des prénoms affolés Et puis plus loin des chiens Des chants de repentance Des quelques pas de deux Et quelques pas de danse Et la nuit est soumise Et l'alizé se brise Aux Marquises Le rire est dans le coeur Le mot dans le regard Le coeur est voyageur L'avenir est au hasard Et passent des cocotiers Qui écrivent des chants d'amour Que les soeurs d'alentour Ignorent d'ignorer Les pirogues s'en vont Les pirogues s'en viennent Et mes souvenirs deviennent Ce que les vieux en font Veux tu que je dise Gémir n'est pas de mise Aux Marquises
Tahiti de « l’île-paradis » au « paysage carte-postale»
9 Janvier 2017
Roxane Rahimi, Travail Personnel d’Etude et de Recherche (TPER)
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Réponse A Réponse B
B/ Je vais me répéter mais le Fenua c'est la terre mère, c'est la maison, c'est là d'où l'on vient, ce lieu si cher à nos yeux. Mais le fenua c'est aussi simple la terre, le fenua farani c'est la France par exemple, ou encore le fenua marite pour l'Amérique et fenua tinito pour la Chine, etc.
1) D’où venez-vous ? A/ Métropole B/ Polynésie
10) Tahiti en 3 fruits et légumes ou plantes A/ le tiare, le frangipanier, la vanille B/Mangue, Tiare, Uru (fruit de l'arbre à pain)
2) Etes vous un homme / une femme ? A/ Une femme B/ Une femme
11) Tahiti en 3 lieux emblématiques (pour vous/pourquoi ?) A/ Papeete, Mururoa B/ J'imagine que quand tu dis "Tahiti" tu veux dire la Polynésie française, ça me perturbe un peu parce que je différencie les deux avec une certaine ferveur étant originaire des îles-sous le vent ! Miri-Miri à Raiatea : Le quartier de l'île où je suis née, où j'ai grandi, mon fenua à moi, Mont Aorai : Une frustration après 20ans de vie en Polynésie je n'ai jamais eu le temps de faire cette randonnée, Mont Temehani : Un des monts de l'île de Raiatea où pousse la fleur endémique de Raiatea : la tiare Apetahi, c'est mon sanctuaire, là bas je suis loin de tout, rien ne peut plus m'atteindre...
Annexe 3, Exemples de réponses au questionnaire
3) Quel âge avez-vous ? A/ 57 ans B/ 23 ans 4) Quelle serait votre définition du paradis terrestre ? (En quelques phrases) A/ Le paradis terrestre serait un endroit où il n'y aurait pas de contraintes. On pourrait vivre de la cueillette, cultiver des plantes et élever des animaux. Il ne ferait jamais trop froid, il n' y aurait pas de maladies. Il n' y aurait pas de guerres. B/ Un lieu où toute la population s'entraiderait pour vivre en communauté en harmonie, avec le moins possible de production de déchets et donc recyclage à fond, énergies renouvelables, des arbres fruitiers et des potagers partout, partage et paix comme maîtres mots... Et il me faut l'océan pas loin ! 5) Savez vous où se trouve Tahiti ? (Précisez) A/ Tahiti est dans l'Océan Pacifique B/ Bien sûr enfin ! En Polynésie française, dans le Pacifique Sud. 6) Etes vous déjà allé a Tahiti ? (Précisez) A/ Je ne suis jamais allée à Tahiti B/ J'y ai habité 7) Que représente Tahiti/la Polynésie pour vous ? A/ Tahiti représente un des derniers bastions de la colonisation française, là où faire des essais nucléaires n'était pas grave. B/ Fenua (la terre mère), la maison. C'est l'endroit où je me sens le mieux, en harmonie avec ce qui m'entoure (je parle plus particulièrement de Raiatea, l'île où j'ai habité car Tahiti est pour moi très contrasté entre un groupe de communes proches du centre ville très urbanisé par rapport au reste de l'île beaucoup plus sauvage.) 8) Décrivez le paysage de Tahiti en 5 mots clefs A/ Le paysage: beaucoup de verdure, des fleurs, des volcans et la mer B/ Lagon cocotiers contrasté urbanisation montagne
12) Quels sont vos loisirs et activités sur place ou celles que vous projetteriez ? A/ La plage, naviguer, se promener B/ Kite Surf, Surf, Paddle, Plongée sous marine, Sub-Wing, Wake board, Randonnée, Plantation/Jardinage, Equitation, Voile, Natation, Ultimate, Vélo 13) Pouvez-vous citer 3 artistes, explorateurs, peintres, musiciens ou personnalités qui représentent pour vous la Polynésie ? A/ Gauguin, le Capitaine Cook, Bougainville B/ Pepena (musicien), Bougainville (explorateur), FenuaStyle (musiciens) 14) Avez-vous vu le dessin animé Vaiana ? La culture polynésienne vous semble-t-elle représentée ? (Précisez pourquoi) A/Je n'ai pas vu Vaiana B/ Oui, La culture polynésienne ancestrale y est très bien représentée même si cela n'a presque plus rien à voir avec ce qu'est la Polynésie aujourd'hui, les valeurs de base qui restent toujours présentes dans la culture des polynésiens sont fidèles à la réalité. Le dessin animé raconte l'histoire d'une jeune polynésienne avant l'arrivée des colons en Polynésie, il faut le savoir ! j'imagine qu'une personne qui ne connait pas Tahiti pourrait se dire que c'est toujours comme ça chez nous alors que ce n'est pas vraiment le cas... !
Qu’est ce qui définit le « Fenua » ? A/ Fenua: je ne connais pas
Tahiti de « l’île-paradis » au « paysage carte-postale»
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15) Tahiti correspond-elle selon vous à votre représentation du paradis terrestre ? Pourquoi ? A/Tahiti est certainement l'un des endroits du monde qui correspond le plus à l'image du paradis terrestre B/ Tahiti non, mais les autres petites îles polynésiennes où il n'y a encore pas trop d'habitants oui en grande partie. Même si mon paradis terrestre reste une idylle et que les chamboulements qu'ont apporté la colonisation et l'urbanisation ultrarapide (sans que les populations aient eu le temps de s'adapter correctement) entrainent des comportements incohérents et parfois négatifs, la Polynésie reste quand même à ma connaissance le lieu qui se rapproche le plus de ma vision du paradis terrestre. La grande majorité des polynésiens sont chaleureux; ont des qualités innées pour l'accueil, le partage, l'humour et de la fête; ils ont encore le souci de l'autre, le sens de l'entraide etc. Mais par contre ils sont souvent un peu perdus en ce qui concerne certaines réflexions concernant l'écologie, la politique, l'éducation.... Ils sont passé d'un mode de fonctionnement où tout était recyclable (le four tahitien était fait de pierre et coraux, les aliments enveloppés dans certains type de feuilles; les maisons faites en feuilles séchées, etc.) à un mode de fonctionnement occidental qui produit énormément de déchets. Egalement la culture polynésienne était transmise par l'oral, la rapidité de la colonisation et de l'occidentalisation n'a pas laissé assez de temps et de moyen aux polynésiens pour s'approprier l'outil qu'est la lecture et même si ça commence à changer les polynésiens sont très peu lecteurs et se basent principalement sur ce qu'ils voient et entendent... c'est à dire principalement les médias, c'est à dire principalement de la merde... Bon ce ne sont que mes interprétations mais je suis sure qu'en cherchant un peu, on peut trouver des personnes qui ont étudié ça... Tout simplement en tapant 3 mots sur Google je tombe sur cet article qui montre le manque de bibliothèques en PF... http://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/documents/81la-lecture-publique-en-polynesie-francaise.pdf ça ne prouve pas tout mon baratin mais bon ! Ce sont des idées que j'avais envie de partager.
pour que cela change, les générations futures réussiront peut être mieux à gérer les problématiques en question.
16) Votre représentation coïncide-t-elle plutôt avec le mythe de Bougainville (une île fertile avec des personnes accueillantes), avec les images d’agence de voyage (plage, plongée, hôtels de luxe) ou aucun des deux (expliquez pourquoi) A/ La représentation de Bougainville et des "bons" sauvages B/ Ma représentation coïncide avec ces deux propositions tout en étant complètement différente car j'ai ma propre représentation bien spécifique incluant l'île fertile aux personnes accueillantes et les images de plage, plongée, hôtels, etc., qui sont une réalité de ce qu'est la Polynésie aujourd'hui mais j'y ajouterai ce côté un peu délaissé où les polynésiens sont seuls pour se débrouiller face aux problématiques en partie conséquence de l'occidentalisation... à eux de mettre en place des choses Tahiti de « l’île-paradis » au « paysage carte-postale»
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Commentaires du jury
Tahiti de « l’île-paradis » au « paysage carte-postale»
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Tahiti de « l’île-paradis » au « paysage carte-postale»
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Tahiti de « l’île-paradis » au « paysage carte-postale»
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Résumé Dans ce travail personnel d’étude et de recherche (TPER) intitulé « Tahiti, de « l’île-paradis » au « paysage carte-postale » on cherche à montrer les différentes perceptions du paysage polynésien. Pour ce faire on étudie l’évolution des différents types de représentation depuis les premières conquêtes des explorateurs européens au XVIIIème siècle en passant par les peintres du XIXème et XXème, les descriptions anthropologiques, ainsi que les médium actuels tels que le dessin d’animation ou la publicité. Cette étude met en avant l’existence d’un mythe d’ « île-paradis » définit par Bougainville au XVIIIème siècle et dont on a du mal à se détacher malgré les preuves qui montrent d’autres aspects. Elle montre aussi l’existence d’un mythe « paysage carte-postale » véhiculé par le tourisme et les agences de voyage. Ce mémoire vise à mettre en avant les différences de perceptions entre les habitants et les touristes par le biais d’un questionnaire auquel 61 personnes ont répondu. L’étude des résultats nous montre à quel point l’influence des deux mythes est perceptible dans le regard des métropolitains qui ne semblent rêver que d’une plage de sable blanc. Les polynésiens eux observent l’héritage de ces mythes tout en mettant en avant des aspects plus négatifs et notamment l’impact du tourisme sur les aménagements, l’urbanisation et la biodiversité en Polynésie. Ce questionnaire met donc en avant une réalité de l’occidentalisation de la culture polynésienne et montre du doigt un patrimoine naturel, paysager et culturel à préserver. Mots-clefs : Polynésie – Tahiti – Paysage – Représentations – Perceptions – Paradis Tourisme – Bougainville – Cook – Segalen – Gauguin – Matisse – Brel – explorations – navigation - voyage – bon sauvage – arts – Vaiana – medium culturels – peinture – dessin d’animation – publicité – XVIII ème siècle à aujourd’hui -
Tahiti de « l’île-paradis » au « paysage carte-postale»
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