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I.3- La récitation des lieux, espace construit et temps raconté

Entre architecture et récitation, il y’a un parallélisme étroit. Une forte relation suit deux processus parallèles, fondés sur un rapport : espace-temps.

Le projet architectural est construit dans l’espace, tandis que le récit est construit dans le temps. A partir de cela, Paul Ricœur affirme que l’architecture est à l’espace, ce que le récit

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est au temps.

Ce parallélisme a su une démarche « configurante » où d’un côté on construit pour édifier dans l’espace et d’un autre coté on récite pour mettre en intrigue dans le temps. Un véritable enchevêtrement, il s’agit de croiser l’espace et le temps à travers le construire et le raconter. Donc il y a un entrecroisement entre la « mise en configuration» d’un projet architectural et la « mise en configuration » la narrativité du temps.

Pour enchevêtrer la spatialité du récit et la temporalité de l’acte architectural, il faut mettre le rapport espace-temps dans les deux directions à fin d’avoir une dialectique de la mémoire

et du projet. Dans ce contexte, Paul Ricœur a établi la notion de « lieu de mémoire » où il développe l’idée d’une « mémoire-reconstruction » autour du projet architectural dont le projet raconte une mémoire vivante et il est complice à l’écriture de la mémoire d’un lieu. Aussi, il affirme que notre identité narrative se construit soit à travers les récits de notre vie ou des

épisodes de celle-ci. Cette analogie se figure selon trois temporalités communes : A- La préfiguration, B- la configuration, C- la refiguration

La mise en configuration » d’ espace construit : A- La préfiguration :

La préfiguration est la première temporalité du projet architectural. Elle détermine la matière première de création du projet architectural : le site, son contexte, et les traces qu’il porte. Tout projet architectural est une continuité d’une histoire où l’architecte la favorise en déterminant une narration déjà existante dans son site, ses composantes, son cadre bâti, sa mémoire et son histoire.

B- La configuration :

La configuration est la deuxième temporalité du projet architectural. Elle accentue de nouvelles manières d’habiter qui viendront participer dans l’enchevêtrement des histoires, dans le contexte bâti. D’où ce bâti représente un passé pour l’avenir. Après avoir configuré le lieu du bâtiment, le nouvel édifice s’inscrit au milieu des édifices existants afin de créer un nouveau contexte et un nouveau rapport entre innovation et

tradition.

C- La refiguration : La refiguration est la troisième temporalité du projet architectural. A ce niveau, on est plus intéressé par l’aptitude de l’architecture à dépasser ses propres limites. L’espace dans ce cas sera défini en fonction de l’habiter, c’est-à-dire de la valeur que

l’usager lui accorde. Cela montre bien que la raison n’est pas une condition pour qu’un

projet architectural soit compris ou admis.

« La mise en configuration » Temps raconté :

A- La préfiguration : Le récit s’émerge à travers la mémoire, le vécu et les histoires de vie. Il nous permet de savoir «le qui de l’action». Le récit au niveau de la préfiguration, se prépare avant qu’il se mette sous forme littéraire, il s’enterre dans la vie quotidienne sous la forme

d’une discussion ordinaire.

B- La configuration : Au stade de la configuration, le récit se sort du contexte de la vie quotidienne et s’approfondie dans la littérature. Il se procède de l’acte d’inscription à travers la technique

narrative et l’écriture.

Parmi les traits fondamentaux de la littérature sont : la mise en intrigue, faire une histoire animée avec des évènements, créer des actions et des raisons d’agir pour avoir finalement une progression dans l’acte de raconter.

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