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III.2- La médina de Kairouan
from Vers des lieux de récitation, scénarisés à "Houmet El-Chorfa" - Mémoire d'Architecture
by Rim Hlioui
III.2.1- La ville de Kairouan
Le gouvernorat de Kairouan se trouve au centre de la Tunisie, couvrant une superficie de 6712 m² soit 4.1% du territoire national.
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La ville Kairouan ; cheflieu du Gouvernorat, première cité musulmane de l’Afrique du nord, ville d’histoire et de pèlerinage, éternelle, prodigieuse… autant de qualificatifs s’entremêlent en évoquant Kairouan. (Source : Stratégie de développement de la ville de Kairouan,2019) Souvent désignée comme la quatrième ville sainte de l’islam et la première ville sainte du Maghreb.
La ville de Kairouan, présente une conformation physique qui évolue dans le temps et qui a connu des temporalités importantes
Figure 41 : Situation géographique de Kairouan (Source: auteur)
La fondation de Kairouan
Kairouan représente la quatrième ville construite par les musulmans après Al Foustat en Egypte et Al Basra (Bassorah), Al Koufa en Irak. La ville
était fondée par Okba Ibn Nefaa en 670. (Source : Site officiel de l’institut National du Patrimoine Tunisie http://www.inp.rnrt.tn/ ) En effet, la fondation de Kairouan avait pour but de créer une forteresse pour l’islam et un foyer d’enseignement. Au cours du XIe siècle, la ville était à son apogée et représentait la capitale de l’Ifriqiya dans la période des Aghlabites, ainsi que son plus grand centre de rayonnement civilisationnel. Elle resta pendant longtemps une des régions les plus riches et les plus développées d’Ifriqiya dans tous les domaines, scientifique, artistique et économique. On disait toujours qu’elle était la capitale intellectuelle de son époque grâce à ses dirigeants qui ont encouragé le domaine scientifique et la diffusion du savoir.
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(Source : kaabi Mongi : Kairouan, ville sainte de l’islam en Tunisie, Beyrouth : dar el Gharb al Islami ,1990, p 40)
Au milieu du XVIIIème siècle, la ville de Kairouan constitue un domaine structuré et bien défini. Elle est formée de six quartiers dont la majorité était située à l’intérieur des murailles. Ainsi, ce noyau central comprenait quatre quartiers : Houmet al-Jamii ou quartier de la grande mosquée, Houmet ElMarr ou quartier du Passage, Houmet El-Chorfa ou quartier de la noblesse religieuse et Houmet Souk ou quartier des commerces au centre de la médina. (Source : Mohamed Kerrou Quartiers et faubourgs de la médina de Kairouan. Des mots aux modes de lisation [article] Genèses. Sciences sociales et histoire Année 1998. p49)
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Figure 42: Découpage de la médina en quartier, plan de Kairouan 2010 (auteur, 2021)
A l’extérieur des remparts se trouvent les trois autres quartiers « AlJéblia », « Al-kéblia » et « Al-Dhahra ». Leurs noms se réfèrent à des directions géographiques parce qu’ils indiquent, dans l’ordre, les directions des montagnes, du sud-est vers lequel les musulmans s’orientent pour prier, et du partie sudouest. Ces quartiers étaient considérés comme étant des faubourgs.
Le protectorat français
Suite à la mise en place du protectorat français sur le sol tunisien en 1881, cette ancienne zone urbaine se trouve désignée par le nom arabe et francisé de médina (madina, vulgo, : mdina), par opposition à la nouvelle ville dite européenne. Une histoire de l’engagement français dans l’espace urbain kairouanais révèle trois phases clés en rapport avec l’évolution de la médecine et la gestion sociale et politique des faubourgs qui ont vu leur population croître et leur surface habitable se rétrécir. Ces événements se sont produits entre 1896 et 1936, avec un intervalle assez constant de dix à vingt ans entre chaque nouvelle modification. Chaque décision est le résultat d’un ensemble de circonstances qui doivent être expliquées, mais elles suivent toutes la même logique : le remplacement des divisions administratives fondées sur des facteurs sociaux, religieux ou ethniques par des limites strictement territoriales.
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Avenue Habib Bourgiba
Houmet el-Chorfa l’ancien tissu
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la nouvelle ville
Figure 43: l’extension de la ville sous le protectorat (auteur sur fond de PAU 2010)
Selon Mohamed Kerrou cette nouvelle vie est désormais l’espace économique et politique principal de Kairouan. Elle ne se substitue pas totalement à l’ancien espace urbain qu’est la médina bien qu’elle l’ait détrônée de son rôle de centre exclusif de la ville. Toutefois, la fonction religieuse reste l’apanage de la médina alors que les fonctions économiques et résidentielles se déplacent progressivement vers cette nouvelle ville moderne qui se situe en dehors de l’ancien espace historique. Cette action était accentuée surtout par la création d’un axe commercial en continuité avec l’artère qui relie « Beb Jalladin » au sud avec « Beb Tounes » au nord, ce qui a permis une connexion forte entre l’intérieur de la médina et la nouvelle ville. Suite à ces actions une dégradation des activités des souks a eu lieu et le transfert d’intérêt économique et social vers l’extérieur de la médina est précédé par un transfert politique. Ainsi, la médina a perdu son pouvoir politique à cause de l’installation du protectorat dans le pays. Transfert d’intérêt en dehors de la médina.
En ce qui concerne les métiers comme l’art des cuivres martelés, ils ont déjà subi un déclin, alors que la production de tapis (Zarbia, Klim, Margoum) a toujours constitué le pivot de la vie artisanale. En 1907, le contrôle civil a convaincu les artisans locaux de fonder la société Kairouan des tapis. Une coopérative artisanale dirigée par l’amine depuis 1937. En moyenne, entre 1948 et 1952, 14.600 Tapis réalisent un chiffre d’affaires de 200 millions de francs.
Mais si l’art de production de tapis kairouannais se trouve sauvé grâce au tourisme et à l’exportation, l’ensemble des métiers traditionnels commencent à avoir un déclin suite à la modernisation. (Source : Mohamed Kerrou Quartiers et faubourgs de la médina de Kairouan. Des mots aux modes de lisation [article] Genèses. Sciences sociales et histoire Année 1998. P 81)
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Figure 44: Ancienne photo de Kairouan (Source:https://www.fortunapost.com-cartepostale-ancienne-tunisie-kairouan-un-souk.)
L’indépendance
La médina de Kairouan aujourd’hui
En 1960, une extension urbaine a eu lieu, Kairouan était parmi les 10 villes principales de la Tunisie. Le phénomène de l’urbanisation a intéressé l’espace extérieur de la médina. Cette urbanisation a été conçus+++ selon une logique urbaine qui ressemble à celle de Tunis et d’autres villes côtières connaissant elles aussi des extensions, porteuses de tensions sociales.
Selon kerrou, le fait le plus important en termes de changement dans l’espace et la société est l’existence d’une masse d’habitants de la ville de Kairouan qui vivent dans les nombreux quartiers populaires, lieux dépourvus des infrastructures nécessaires et totalement différents de l’ancienne médina.
Economiquement, les souks de la médina continuent de fonctionner et d’être animés grâce à la clientèle rurale qui fait dépendre fortement la production artisanale des bénéfices agricoles, surtout avec élargissement de son nerf commercial, touristique et symbolique de la ville de Kairouan. Mais petit à petit les vieux métiers d’art sont tombés en désuétude. L’industrie du tapis, elle-même est très compétitive et actuellement, l’habitant de la ville ne s’intéresse que très peu à la qualité artisanale et eu savoir-faire local.
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Kairouan aujourd’hui est le siège d’un gouvernorat ; la population de la ville dépasse les cent cinquante mille habitants. Autour des remparts on trouve les quartiers modernes qui groupent les services administratifs : siège de gouvernorat, municipalité, banques, hôtels, centres commercial… Ce transfert d’intérêt fait que la médina garde toujours une certaine vocation de ville sainte, elle est toujours la capitale spirituelle du pays. Les célébrations religieuses ont un attrait distinct et sont célébrées avec vigueur. Les nuits du mois de Ramadan (mois de jeûne) sont mémorables. Chaque année, la ville hôte la cérémonie du Mouled, qui a lieu à la Grande Mosquée et honore le mausolée Sidi-Sahbi. Cependant le rassemblement et le circuit de visiteurs reste toujours à l’extérieur de la médina à l’exception de la grande mosquée et l’avenue de commerce Habib Bourguiba.