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II.4- La scénographie à l’échelle architecturale

Projet: New-York High Line Location: Manhattan, New-York Architectes: James Corner Field Operations ET Diller Scofidio + Renfro Le projet du High Line de New York est intéressant pour la variété et la richesse des ambiances proposées. Il est élaboré d’offrir un environnement d’éléments, d’événements et des angles de vue pour découvrir la ville autrement. Les proportions, les trajets et l’arrangement du mobilier urbain participent à la découverte du site. Le parcours propose une promenade, mais également des pauses, par ce qu’il est ponctué d’espaces publics plus larges pouvant accueillir des rencontres. Le mobilier et les dispositifs sur le site sont également prévus pour que l’utilisateur puisse se l’approprier.

Figure 28: Photos d’ambiance

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(source : https://www.archdaily.com/)

II.4.1- la scénographie architecturale :

La scénographie architecturale est considérée parmi les composantes de la représentation théâtrale. La lecture scénique d’un espace permet une compréhension cohérente qui met en valeur la synergie de ses composantes, car architecturer un espace est le mettre en scène. Kevin Lynch a écrit : « un cadre physique vivant et intégré, capable de produire une image «aiguë », bien typée, joue aussi un rôle social. Il peut fournir aux communication de groupe, la matière première des symboles et des souvenirs collectifs. » -image de la cité, Kevin Lynch

Le développement scénique de l’architecture et de l’espace urbain implique d’abord un récit narratif, permanent ou temporaire. Il implique aussi de plus en plus des changements potentiels et une adaptation aux besoins actuels. De nos jours, de nombreux bâtiments sont construits sur des bâtiments temporaires, leur définition est différente des autres bâtiments et leur caractéristique est l’originalité et le caractère unique de la solution. Bien que le théâtre ne soit plus un principe aussi fort de séparation de la scène et de l’auditorium, lors de la mise en forme de l’espace, il est nécessaire de dépasser ce seuil et de réaliser la dualité qui met généralement l’accent sur l’attractivité du projet.

Aujourd’hui, la scénographie s’exerce dans plusieurs domaines que celui du spectacle vivant. De même, on parle aussi de la « mise en scène », avec toutefois une certaine confusion entre les deux termes. En effet, la mise en scène a pour fonction l’articulation dramaturgie et scénographie. Dans ce sens, on peut mettre en scène de la musique, des textes, des acteurs, mais aussi des formes comme le cas des œuvres d’art où elles sont mises par rapport à l’espace du musée et au temps de la visite et non pas inscrites dans la durée d’un spectacle.

Concernant la scénographie, elle est ainsi dans l’architecture, il s’agit d’un art de l’espace singulier où elle se permet une corrélation originelle avec la perspective, le cadrage, le support, l’instrument pour représenter un espace bidimensionnel. Souvent, elle est considérée comme un symbole de la pensée occidentale moderne selon les théories antiques de Vitruve.

Alors la scénographie est définie comme un Art de représenter en perspective. Le mot scénographie est utilisé pour caractériser une architecture bien particulière, une architecture qui cherche à donner du sens et à transmettre une idée.

Dans le domaine théâtral et le domaine d’architecture, la scénographie a des points en commun comme : les effets visuels, sensitifs etc. L’architecture et la scénographie incitent trois concepts communs : La dramaturgie - le spectateur et l’acteur - le corps et l’espace

A- La dramaturgie :

L’interprétation de la dramaturgie est la base de la scénographie que ce soit dans le théâtre ou dans l’architecture. -Au théâtre, la dramaturgie est composée du texte de l’œuvre choisie. -En architecture, elle est composée d’un ensemble d’analyse : programme, typologie de terrain et ses contraintes.

Figure 30: Slow House (Source: https://dsrny.com/project/slow-house )

Prenons l’exemple « Slow House » (Diller + Scofidio), où la dramaturgie est déterminée par le terrain. La maison est pensée et conçue autour d’une vue sur l’océan. La maison lente agit comme une caméra obscure, aboutissant au parcours de l’utilisateur avec une image du monde qui est à la fois un phénomène artificiel.

B- Le spectateur et l’acteur :

En architecture comme au théâtre, la place de celui qui regarde, et de celui qui est regardé est importante. C’est cette place qui conditionne le rapport entre les deux éléments. La scénographie théâtrale fait traditionnellement la distinction entre l’acteur et le spectateur. En revanche, en architecture les rôles sont souvent confondus : le visiteur, par sa position de « celui qui regarde», est spectateur. Il découvre tous les espaces et les formes. Toutefois, ce même visiteur, en apparence passif, est accordé d’un rôle actif : c’est son mouvement, sa cinétique dans l’espace qui génère l’ensemble des vues conçues. On doit cette particularité du rapport spectateur-acteur à la tridimensionnalité de l’architecture. Cette relation particulière convoque aussi le corps dans l’espace.

Le corps se comporte selon les caractéristiques de l’espace. Son comportement est la traduction de l’émotion en tant que mise en mouvement provoquée par la forme. L’espace révèle alors « un langage qui, dans l’architecture, serait porteur de la dramaturgie. » (Xavier Fabre, architecte Français, Entretien avec Metropolis 2012).

Figure 32 : le cinéma Sauvenière à liège (Source : https://www.flickr.com)

Une illustration de ces trois concepts : le cinéma Sauvenière à liège. Il est conçu comme un parcours architectural entrainant les visiteurs depuis l’entrée jusqu’aux salles obscures. Des fenêtres en bandeau (mimant des pellicules) se déroulent le long des façades et laissent entrevoir les circulations internes et les visiteurs qui les empruntent.

Alors les visiteurs sont les spectateurs par leur découverte des espaces, acteurs par leur mouvement mais aussi acteurs par l’image de leurs déplacements que font apparaitre les fenêtres-écrans aux passants dans la rue.

II.4.3- Le parcours à l’échelle architecturale :

En architecture, le parcours peut être défini comme le « fil de perception » qui relie les espaces intérieurs et extérieurs du bâtiment. C’est un concept dynamique: l’individu occupe l’espace architectural par son mouvement: sans parcours, l’espace ne sera ni perçu ni vécu. Il est crucial de préciser que le parcours n’est pas synonyme de circulation: le parcours est un élément perpétuel qui a lieu dans l’ensemble de l’œuvre architecturale, il implique, simultanément, espace, interaction, circulation, perception, évènement … les circulations représentent les éléments qui permettent à l’usager d’aller d’un espace à un autre. D’après Maurice Sauzet tout espace architectural se vit en suivant ses différentes séquences, ces différentes ponctuations tout en percevant des sensations variées.

Le parcours architectural est une variation spatio-temporelle qui peut être libre ou guidée :

Parcours libre :

Dans ce type de parcours, on peut circuler librement. En effet l’usager a un choix libre de parcourir l’espace. Dans certains projets architecturaux, l’utilisateur choisit son propre circuit indépendamment de la conception. Ci-dessous, un exemple de parcours libre.

Parcours guidé :

Dans un parcours guidé, l’usager de l’espace suit un circuit bien déterminé. En effet, ce parcours est une interaction entre l’utilisateur et le bâtiment visité dont la perception de l’espace et de ses évènements se diffère d’un visiteur à un autre.

Et, pour comprendre l’importance du terme «parcours» dans l’architecture, qu’il soit libre ou guidé, il est essentiel de mentionner le concept de «promenade architecturale». Ce terme a été introduit pour la première fois par l’architecte Le Corbusier, à La Roche House en 1925. Mais il sera pleinement exploité en 1928, avec le projet paradigmatique de Villa Savoye.

Exemple d’un parcours architectural :

Projet : la villa Savoye Location : Poissy, France Architectes : le Corbusier (Charles-Edouard Jeanneret-Gris)

La promenade proposée par le Corbusier crée, à travers l’élément de la rampe, un ensemble d’espaces dans lesquels la limite entre l’intérieur et l’extérieur est parfois impalpable. Il conduit les circulations dans son travail et crée des itinéraires constants donnant à l’espace du- caractère et transmettant à l’utilisateur une séquence d’expériences inattendues comme moyen de découvrir l’architecture. Le parcours devient une succession d’épisodes architecturaux déterminés par la matérialisation de chaque chambre: les dimensions, les proportions, les couleurs, les matériaux. Mais cette séquence est également caractérisée par des sons, des odeurs, des sensations thermiques, une lumière.

Figure 34: schématisation de la promenade architecturale dans la villa Savoye (Source : https://www.archweb.com//architetture/opera/Villa-Savoye/ )

Par conséquent, il y a plusieurs promenades pour la même séquence dans l’espace, ainsi que plusieurs récits de la même histoire existante. Ici, l’utilisateur est libre dans sa lecture de la lecture architecturale écrite par l’architecte.

L’exemple de le Corbusier et sa promenade architecturale ou l’exemple de Bernard Tschumi et sa promenade scénographique nous démontrent que le schéma narratif est projeté dans l’espace architectural. L’espace est articulé autour d’une promenade, générée par le mouvement de l’usager de l’espace, ponctuée par des événements architecturaux dans un enchainement chronologique.

Figure 35: Entre genése et contraintes (Source: auteur)

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