Ecomusée du Véron - Les gallo-romains entre Loire et Vienne - 2012

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40 ans de découvertes archéologiques


liste des auteurs Préfaces : Patrick GUiOnnET - Président de la Communauté de communes du Véron Laurent bOURGEAU - Conservateur régional de l’archéologie, chef du service Régional de l’Archéologie (DRAC Centre) auteurs du catalogue : Thomas bOUCHER - Écomusée du Véron ; chercheur associé UMR 5140 / TP2C Jean-Philippe CHiMiER - inrap ; UMR 7324 CiTEREs, Laboratoire Archéologie et Territoires (Université François-Rabelais de Tours - CnRs) Fabrice COUVin - inrap bruno DUFAŸ - Conservateur du patrimoine, chef du service de l’Archéologie du Département d’indre-et-Loire (sADiL - Conseil Général) ; UMR 7324 CiTEREs, Laboratoire Archéologie et Territoires (Université François-Rabelais de Tours - CnRs) Alain FERDiÈRE - Professeur émérite d’Archéologie ; UMR 7324 CiTEREs, Laboratoire Archéologie et Territoires (Université François-Rabelais de Tours - CnRs) Matthieu GAULTiER - sADiL (Conseil Général d’indre-et-Loire) ; UMR 7324 CiTEREs, Laboratoire Archéologie et Territoires (Université François-Rabelais de Tours - CnRs) Jean-Marie LARUAZ - sADiL (Conseil Général d’indre-et-Loire) Jean-Paul LECOMPTE - Enseignant Gabrielle MiCHAUX - Directrice de l’Écomusée du Véron stéphanie PHiLiPPOn - sADiL (Conseil Général d’indre-et-Loire) sandrine RiQUiER - inrap ; UMR 8546 AOROC Ens/CnRs Philippe sALÉ - inrap Murielle TROUbADY - sADiL (Conseil Général d’indre-et-Loire) ; UMR 8546 AOROC Ens/CnRs

Couverture : pot ( terra nigra ), provenant de la nécropole de Tavant, « 42 Rue Grande » (sépulture 15 ; datation : 70 de notre ère au début ii e siècle). H. 9 cm. Collection : société Archéologique de Touraine. Photo, Mariusz Hermanowicz - inventaire du Patrimoine de la Région Centre.


40 ans de découvertes archéologiques CATALOGUE DE L’EXPOSITION PRÉSENTÉE À L’ÉCOMUSÉE DU VÉRON DU 14 AVRIL 2012 À NOVEMBRE 2013 Coordina tion : Thomas BOUCHER, Gabrielle MICHAUX Publica tion de l’Écomusée du Véron Communauté de communes du Véron Avec le soutien de la Direction régionale des affaires culturelles du Centre 2012


SOMMAIRE Sommaire

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006 Préfaces

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Présentation de l’exposition

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Introduction

CHAPITRE I

CHAPITRE II

CHAPITRE III

CHAPITRE IV

Les techniques de construction : entre permanence et innovation Les agglomérations antiques de la basse vallée de la Vienne L’évolution d’une agglomération : l’exemple de Chinon La tombe gauloise du fort Saint-Georges à Chinon

Une économie essentiellement agricole Les caractéristiques des exploitations agricoles Agriculture et élevage en Touraine à l’époque romaine Un puits antique dans la Vienne Mise en évidence d’un parcellaire antique à Beaumont-en-Véron

Un artisanat développé et diversifié L’agglomération secondaire antique de « Mougon » à Crouzilles Une fouille récente à « Mougon »

016 019 027 043 059 La romanisation Des Gaulois aux Gallo-Romains : le processus de romanisation La romanisation à travers l’iconographie monétaire La sépulture privilégiée de « Beaulieu » à Huismes

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L’habitat

L’agriculture

L’artisanat


PAG E

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PA G E

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CHAPITRE V

CHAPITRE VI

CHAPITRE VII

CHAPITRE VIII

Abréviations Glossaire L’Écomusée du Véron Les partenaires Générique

069 081 097 107 125 Le commerce et les voies de communication Commerce et voies de communication Monnaies et commerce L’ancienne voie romaine Tours-Poitiers à Nouâtre Candes-Saint-Martin, importante agglomération secondaire antique Une méthode de datation : la dendrochronologie

La vie privée

L’intérieur des habitations L’habillement, la parure et les soins du corps Cinais, les vestiges d’un ensemble thermal antique

La religion et le monde des morts Les cultes : divinités et sanctuaires Les pratiques funéraires La nécropole de Tavant Monnaies en contexte cultuel chez les Turons

Catalogue des petits objets de la vie quotidienne

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PRÉFACE Créé par la Communauté de communes du Véron en 2003, l’Écomusée du Véron propose une offre culturelle de qualité en direction d’un large public. Expositions, ateliers pédagogiques, conférences, sorties nature ou patrimoine et autres animations contribuent à faire découvrir le Véron et à diffuser la culture au cœur de notre territoire. Le patrimoine est notre héritage commun, c’est ce qui nous relie à nos prédécesseurs qui ont vécu ici et aménagé cette région, participé à la construction de ce paysage. Avec l’exposition « Les Gallo-Romains entre Loire et Vienne, 40 ans de découvertes archéologiques » l’Écomusée entreprend de restituer au plus grand nombre les recherches effectuées sur le territoire. Au fil de ces années, sont ainsi sortis de terre de nombreux sites d’habitat, des agglomérations avec des édifices publics, ponts, thermes ou fortification, un artisanat de potier exportant ses productions bien au-delà de la cité des Turons, des espaces agricoles aménagés en zone humide et une multitude d’informations sur le processus de romanisation, sur la vie quotidienne et les pratiques culturelles et religieuses des Gallo-Romains.

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Aux côtés de l’exposition dont la durée est limitée dans le temps, l’édition d’un catalogue permet de garder trace de ce projet d’envergure réalisé en partenariat avec les différents acteurs de l’archéologie : le Service Régional de l’Archéologie (DRAC Centre), l’Institut National de Recherches Archéologiques Préventives (Inrap), le Service de l’Archéologie du Département de l’Indre-et-Loire, l’UMR CITERES (Laboratoire Archéologie et Territoires) de l’Université de Tours. Il a reçu le soutien du Conseil Général d’Indre-et-Loire, de la Région Centre et de l’État (DRAC Centre - SRA) sans qui cette publication n’aurait pu aboutir. Je remercie l’ensemble des institutions et contributeurs ayant collaboré à cette exposition et à ce catalogue. Leur participation a favorisé la construction d’un projet scientifique et culturel de qualité. Avec l’aide de cet ouvrage, partez à la rencontre des GalloRomains installés entre Loire et Vienne ! Patrick GUIONNET Président de la Communauté de communes du Véron


Flacon à panse en forme de coquillage provenant de la nécropole de Tavant, « 42 Rue Grande » (sépulture 3 ; datation : seconde moitié du IIIe siècle de notre ère). H. 9,3 cm. Collection : Société Archéologique de Touraine. Photo, Mariusz Hermanowicz - Inventaire du Patrimoine de la Région Centre.


PRÉFACE La présentation de cette exposition archéologique et plus encore la publication de son catalogue sont des événements considérables. En effet, ces « 40 ans de découvertes archéologiques » dans la basse vallée de la Vienne jusqu’à sa confluence avec la Loire éclairent la présence des GalloRomains sur ce territoire qui correspond à un important axe de communication depuis des périodes très anciennes. Depuis les premières recherches effectuées au XIX e siècle. par des bénévoles jusqu’aux travaux actuels des professionnels, cette présentation retrace le développement de la recherche archéologique, en insistant notamment sur les acquis récents de l’archéologie préventive. Ces dernières années, la prise de conscience des destructions du patrimoine sous la pression de l’aménagement du territoire a conduit à l’adoption, en 2001 et 2003, d’un nouveau cadre législatif précisant notamment le rôle de l’État qui doit veiller à la conciliation des exigences respectives de la recherche scientifique, de la conservation du patrimoine et du développement économique et social.

de la recherche archéologique, bénévoles et professionnels (Drac, Inrap, Sadil, Cnrs et Université). Souhaitons que les travaux des archéologues permettent de découvrir et d’étudier de nouveaux sites et que chacun ait le souci de protéger et de transmettre ce patrimoine archéologique fragile et non renouvelable. Laurent BOURGEAU Conservateur régional de l’archéologie

Si l’archéologie préventive offre des opportunités d’étudier certains sites sur de grandes surfaces et avec des moyens adaptés, les opérations de prospection et de recherche programmée demeurent d’une importance majeure pour la compréhension de l’organisation du territoire et des fonctions des sites mis au jour. Mais, à quoi bon fouiller, étudier des sites souvent menacés de disparition si ces recherches ne donnent pas lieu, de manière régulière, à une diffusion auprès du public, afin que chacun puisse accéder à la connaissance de notre histoire commune ? Cette opération de valorisation du patrimoine archéologique coordonnée par l’Écomusée du Véron répond pleinement à cette ambition. Elle apporte un niveau supplémentaire de synthèse des connaissances acquises et permet de présenter de manière vivante le résultat des recherches menées sur ce territoire dans le cadre d’un travail associant tous les acteurs

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Gobelet tronconique à décor guilloché provenant de la nécropole de Tavant, « 42 Rue Grande » (sépulture 5 ; datation : vers 40-70 de notre ère). H. 9,7 cm. Collection : Société Archéologique de Touraine. Photo, Mariusz Hermanowicz Inventaire du Patrimoine de la Région Centre.


Les thermes de Cinais en cours de fouille. Photo, Jean-Philippe Chimier - Inrap.


Fig. 1

Les collections présentées dans l’exposition sont accompagnées de maquettes et de reconstitutions. Exemple de la séquence sur l’habitat. Photo, Gabrielle Michaux.


PRÉSENTATION DE L’EXPOSITION GABRIELL E M I C H A U X

UNE EXPOSITION PRÉSENTANT L’ACTUALITÉ DE LA RECHERCHE ARCHÉOLOGIQUE L’exposition « Les Gallo-Romains entre Loire et Vienne » a pour objectif de présenter au public les recherches archéologiques effectuées depuis 40 ans sur le territoire de la basse vallée de la Vienne, jusqu’à sa confluence avec la Loire. Plus de 200 objets présentés, des reconstitutions et des maquettes invitent à explorer cette histoire. L’exposition et ce catalogue ont été préparés par un comité scientifique regroupant aux côtés de l’Écomusée du Véron, l’ensemble des acteurs de l’archéologie sur le territoire : le Service régional de l’archéologie (DRAC Centre), l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), le Service de l’archéologie du département de l’Indre-et-Loire (SADIL) et l’UMR CITERES (Laboratoire Archéologie et Territoires) de l’Université de Tours. Afin de compléter les collections appartenant à l’Écomusée, ces partenaires nous ont confié les objets conservés par l’État et issus des différentes fouilles archéologiques. Plusieurs institutions, musées et collectivités ont aussi prêté leurs collections : Les Amis du Vieux Chinon et le Musée d’Art et d’Histoire de Chinon, la Société Archéologique de Touraine et le Conseil Général d’Indre-et-Loire, le Musée d’Argentomagus, le Service archéologique départemental des Yvelines. Ainsi, les objets de l’exposition sont pour la plupart montrés pour la première fois au public. Leur qualité et celle des informations recueillies au cours des fouilles et des prospections archéologiques montre bien tout l’intérêt de préserver ce patrimoine qui constitue les « archives du sol » et de trouver des lieux et des moments pour restituer au plus grand nombre ces différentes découvertes.

Fig. 2 Le parcours jeu pour les enfants. Photo, Gabrielle Michaux.

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Fig. 3

Vitrine sur la datation des découvertes archéologiques grâce à la céramique. Photo, Gabrielle Michaux.


Les objets trouvés dans les ateliers de potiers de « Mougon » montrent la diversité de la production. Photo, Gabrielle Michaux. Fig. 4

UNE EXPOSITION À L’ÉCHELLE D’UN TERRITOIRE Au projet de présenter une exposition de synthèse sur l’archéologie gallo-romaine, l’Écomusée ajoute un intérêt particulier pour le territoire. S’est donc imposé rapidement la recherche d’une échelle géographique pertinente. Le parti pris du comité scientifique a été de choisir le territoire bordant la Vienne jusqu’à la Loire, qui semble bénéficier à l’époque romaine d’une certaine cohérence et comprend une diversité de sites archéologiques récemment étudiés. En préparant cette exposition, nous avons pu constater que les découvertes archéologiques sur ce territoire sont nombreuses et se sont considérablement enrichies au fil des années. Un grand nombre de sites gallo-romains est maintenant localisé grâce au travail de prospection qui vient compléter la carte archéologique. Cependant, ces sites n’ont pu être étudiés que très partiellement, car les archéologues n’ont eu accès qu’à des espaces restreints, les fouilles étant pour la plupart réalisées dans le cadre des opérations d’archéologie préventive, à l’occasion de travaux d’aménagement dont l’emprise peut être très réduite. Prenant en compte les différents résultats de ces recherches, l’exposition tente de croiser les informations et de proposer les premières synthèses. Le parcours de visite de l’exposition et le catalogue sont découpés en séquences thématiques qui comprennent à la fois des informations générales et une présentation des découvertes effectuées sur l’un des sites archéologiques du territoire. Cela permet de mettre en évidence l’apport de la recherche de terrain pour la connaissance du monde des Gallo-Romains.

Fig. 5 Reconstitution d’une scène d’intérieur gallo-romain. Photo, Gabrielle Michaux.

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Fig. 6

L’exposition présente le quotidien des Gallo-Romains : le costume, la parure et les soins du corps. Photo, Gabrielle Michaux.


UNE EXPOSITION POUR TOUS LES PUBLICS Dans les missions d’un musée figure en bonne place la transmission du savoir envers tous les publics, particulièrement les plus jeunes et la vulgarisation des connaissances. Une exposition est donc un mode de présentation à objectif didactique. C’est pourquoi, un parcours de visite spécifique est proposé aux enfants. Au fil des bornes de jeu, ils découvrent les collections présentées et plongent dans l’univers gallo-romain. Les modes de questionnement adaptés, les énigmes à résoudre et les manipulations permettent de partager en famille un moment ludique et convivial. Pour les groupes scolaires, le service des publics de l’Écomusée a préparé des visites et des ateliers pédagogiques. Ils proposent d’expérimenter différentes techniques utilisées par les GalloRomains : la teinture végétale, la fabrication de fibules ou de bracelets et la réalisation d’un décor peint en utilisant les symboles et motifs de l’époque. Autour de l’exposition, l’Écomusée organise avec le soutien de ses partenaires, un programme de manifestations pour tous : des visites découverte pour les familles, des ateliers pour les enfants pendant les vacances, des visites guidées accompagnées par un archéologue et des conférences qui présentent les résultats des dernières fouilles réalisées entre Loire et Vienne. Des animations sont organisées pour la Nuit européenne des musées, les Journées de l’archéologie, les Journées européennes du patrimoine et la Fête de la science. En organisant sur son site cette exposition et en réalisant ce catalogue, l’Écomusée du Véron poursuit son projet de mise en valeur de l’identité de ce territoire entre Loire et Vienne.

Fig. 7 La séquence sur la nécropole de Tavant permet de découvrir les rites funéraires des Gallo-Romains. Photo, Gabrielle Michaux.

L’exposition « Les Gallo-Romains entre Loire et Vienne » est à découvrir à l’écomusée du Véron du 14 avril 2012 à la fin de l’année 2013.

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INTRODUCTION T H O MAS B OU C HE R , GAB R IE L L E MIC HAU X En 58 avant notre ère, alors que le sud de la Gaule est déjà une province romaine (la Transalpine), Jules César entreprend la conquête des terres situées plus au nord. À cette époque, ce vaste territoire ne possède pas d’unité politique ; il est habité par une mosaïque de peuples plus ou moins puissants, dirigés par des chefs aux statuts divers (aristocrates, rois). Chaque peuple occupe un territoire précis. La Touraine est alors habitée par les Turons. Quelques décennies plus tard, Auguste (empereur romain de 27 avant notre ère à 14 de notre ère) organise administrativement le territoire gaulois. Il crée trois grandes provinces : la Belgique, la Lyonnaise et l’Aquitaine. Ces provinces sont divisées en cités (civitates) qui reprennent le plus souvent les limites territoriales des peuples autochtones. Chaque cité possède un chef-lieu (ou capitale de cité). La cité des Turons (intégrée à la Lyonnaise) correspond pratiquement aux limites du département d’Indreet-Loire ; elle a pour chef-lieu Caesarodunum (Tours). Une des spécificités géographiques de la cité des Turons réside dans la densité de son réseau hydrographique ; son territoire est drainé par la confluence de grandes voies fluviales (la Loire, le Cher, l’Indre et la Vienne) qui forment de larges vallées propices aux installations humaines et aux relations commerciales. Le secteur étudié dans l’exposition correspond à la partie sudouest du département d’Indre-et-Loire, de part et d’autre de la Vienne jusqu’à sa confluence avec la Loire. Durant la période romaine, la vallée de la Vienne est densément peuplée. Plusieurs centaines d’établissements gallo-romains ont été reconnus entre Nouâtre et Candes-Saint-Martin (voir carte de répartition des sites en rabat de couverture). Les zones les plus densément occupées correspondent aux terrasses alluviales de la Vienne ainsi qu’aux vallées formées par les petits affluents (le Négron, la Veude, la Bourouse, la Manse...).

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Dès le XIX e siècle, quelques chercheurs (notables et érudits locaux, souvent membres de sociétés savantes) entreprennent des fouilles sur plusieurs sites gallo-romains implantés dans la région (G. de Cougny à Chinon, Ch. de Grandmaison à Candes, L. Bousrez à Saint-Germain-sur-Vienne, C. Chevalier à Mougon, etc.). Ils font état de leurs découvertes dans les Mémoires et Bulletins de la Société Archéologique de Touraine et dans les Bulletins de la Société des Amis du Vieux Chinon. Dans la première moitié du XX e siècle, les recherches se poursuivent mais ce n’est réellement qu’à partir des années 1970 que l’archéologie gallo-romaine prend son essor dans la région, notamment avec les interventions sur le site de « Mougon » et avec les différentes campagnes de prospections (au sol et aériennes). À partir des années 1980, l’archéologie se professionnalise et le développement des fouilles préventives permet la découverte et l’étude de nombreux Fig. 1 Fibule zoomorphe représentant un cervidé. Provenance : agglomération secondaire de Panzoult, « La Morandière ». L. 28 mm. Collection : Société Archéologique de Touraine ; n° inv. HG 2006.2.11. Photo, François Lauginie.


sites. La généralisation de techniques scientifiques modernes (palynologie, carpologie, dendrochronologie...) apporte de nouvelles connaissances. Le catalogue qui accompagne l’exposition « Les Gallo-Romains entre Loire et Vienne, 40 ans de découvertes archéologiques » offre l’occasion de présenter les différents sites antiques fouillés dans la région et permet également d’approcher de nombreux aspects de la vie quotidienne des Turons entre la seconde moitié du I er siècle avant notre ère et le Ve siècle de notre ère. Les thèmes traités dans les différentes parties de l’ouvrage mettent à chaque fois en évidence les recherches effectuées sur les sites archéologiques. Successivement sont ainsi abordés : • L a romanisation : si les contacts entre Gaulois et Romains sont déjà nombreux bien avant la Conquête, l’intégration de la Gaule à l’Empire romain accroît le processus de romanisation. Des indices de cette acculturation sont ainsi perceptibles dans la sépulture augustéenne découverte à Huismes. • L’habitat : les modes de construction évoluent, avec l’usage plus fréquent de matériaux durs dans les constructions (pierres et tuiles). À côté des fermes et des villae , plusieurs agglomérations se développent le long de la Vienne. Le site de Chinon, aujourd’hui mieux connu grâce aux fouilles réalisées à l’emplacement de la forteresse, en est un bon exemple. • L’agriculture : une grande partie de la population galloromaine habite les campagnes et vit de l’agriculture. Des indices ténus, perceptibles grâce à la généralisation de nouvelles disciplines scientifiques (carpologie, palynologie, archéozoologie, etc.) permettent de recueillir des renseignements sur les variétés cultivées et sur l’élevage.

Fig. 2 Monnaie de Magnence (empereur de 350 à 353 de notre ère). Provenance : Savigny-en-Véron, « Les Chachenets ». Diam. 20 mm. Collection : Écomusée du Véron ; n° inv. 2007.30.11. Photo, François Lauginie.

À Beaumont-en-Véron, un diagnostic archéologique a mis en évidence la présence d’un parcellaire au I er siècle de notre ère, s’étendant sur une superficie d’au moins 13 ha. • L’artisanat : à la campagne et surtout dans les agglomérations, l’artisanat représente une part importante de l’activité : travail de la terre pour la poterie et les tuiles, du fer, du bronze, du verre, de l’os... Le site de « Mougon » à Crouzilles est aujourd’hui considéré comme le plus grand centre de production céramique du Haut-Empire en Touraine et sans doute de tout le bassin de la Loire moyenne. • L e commerce et les voies de communication : les échanges commerciaux sont dynamisés par l’entretien et le développement de voies terrestres. La Vienne - comme la Loire - navigable, constitue également dès cette époque un axe majeur de communication nord-sud et est-ouest. À Candes-Saint-Martin, les alignements de pieux en bois retrouvés dans la rivière attestent la présence d’un pont franchissant la Vienne dès la fin du I er siècle avant notre ère.

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• L a vie privée : l’aménagement intérieur des habitations est souvent modeste ; il peut cependant parfois être nettement plus luxueux, notamment dans les villae (chauffage par hypocauste, bains, etc.) Les thermes publics, comme ceux récemment fouillés à Cinais, sont des bâtiments qui témoignent de la romanisation. • L a religion et le monde des morts : le fanum , de tradition celtique, est le type de temple le plus répandu dans les campagnes gallo-romaines. Certains rites se manifestent sous la forme de dépôts d’offrandes (monnaies « sacrifiées », objets miniaturisés, fibules, vases...). Les tombes sont souvent regroupées au sein de nécropoles. Celle de Tavant a livré 26 sépultures dont la plupart sont accompagnées d’un mobilier relativement important et varié (verreries, poteries, parures, armes, etc.).

Depuis une quarantaine d’années, nos connaissances sur l’occupation gallo-romaine en val de Vienne se sont considérablement enrichies grâce à la multiplication des opérations archéologiques. Avec cette exposition et le catalogue qui l’accompagne, un nouveau visage de la vallée de la Vienne à l’époque romaine s’offre à nous : celui d’une vallée déjà densément peuplée et largement exploitée où se succèdent des implantations de natures et de fonctions diverses (fermes, villae , agglomérations secondaires, sanctuaires, nécropoles...), installées à proximité de voies de communication importantes (voie fluviale et voies terrestres). En ces lieux, les populations gauloises se sont progressivement appropriées la culture romaine et sont ainsi devenues des Gallo-Romains. Faisons donc leur connaissance.

• L es objets de la vie quotidienne : un catalogue des petits objets présentés dans l’exposition vient compléter l’ouvrage. Ce petit mobilier provient de sites gallo-romains implantés dans la vallée de la Vienne et témoigne de la vie quotidienne des Turons entre la fin du I er siècle avant notre ère et le Ve siècle de notre ère.

Fig. 3 Couteau provenant de la nécropole de Tavant, « 42 Rue Grande » (sépulture 11 ; datation : vers 40 à 10 avant notre ère). L. 43,5 cm. Collection : Société Archéologique de Touraine. Photo, Mariusz Hermanowicz - Inventaire du Patrimoine de la Région Centre.

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CHAPITRE I

LA ROMANISATION

Umbo de bouclier. Provenance : Huismes, sépulture de « Beaulieu ». Diam. 17 cm. Photo, Christiane Sire - SRA.

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DES GAULOIS AUX GALLO-ROMAINS : LE PROCESSUS DE ROMANISATION ROMAINS ET GAULOIS : DES CONTACTS ANCIENS

B

ien avant la Conquête romaine, le monde gaulois est en étroite relation avec le bassin méditerranéen. Les échanges économiques sont par exemple nombreux entre les négociants italiens et les oppida* qui ponctuent le territoire. La Conquête de la Gaule par Jules César entre 58 et 52 avant notre ère, puis son intégration à l’Empire sous le règne d’Auguste vont accroître le phénomène. La culture romaine va se diffuser lentement et entraîner une mutation progressive de la société gauloise.

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Monnaie frappée à Nîmes à la fin du Ier siècle avant notre ère (postérieurement à 27 avant notre ère). Comme beaucoup d’As de Nîmes, elle a volontairement été coupée en deux par manque de monnaies divisionnaires. Provenance : Beaumont-en-Véron, « Montour ». L. 27 mm. Collection : Écomusée du Véron, n° inv. 2007.30.398. Photo, François Lauginie.

LES ÉLITES GAULOISES, « AGENTS DE LA ROMANISATION » En Gaule comme dans les autres provinces d’acculturation est particulièrement de l’Empire, Rome s’appuie sur significatif dans les chefs-lieux de cités l’aristocratie indigène pour administrer (civitates*). Les notables, soucieux de les territoires conquis. En échange, elle lui confirmer leur statut, y font construire octroie des privilèges : charges politiques des édifices publics monumentaux et religieuses, postes administratifs et, (temples, théâtres, aqueducs, thermes...) à plus rarement, la nationalité romaine... l’instar de l’aristocratie romaine dans les C’est par l’intermédiaire de ces élites villes italiennes. La romanisation se locales que va se transmettre peu à peu à diffuse également dans les campagnes l’ensemble de la population un mode de gauloises par le biais des grands vie « à la romaine ». Le phénomène propriétaires fonciers.


LA ROMANISATION À TRAVERS L’ICONOGRAPHIE MONÉTAIRE MURIELLE TROUBADY

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apparition de la monnaie en Gaule remonte à la fin du IVe siècle avant notre ère avec l’introduction des monnaies grecques rapportées par des mercenaires servant Philippe II de Macédoine.

Ainsi les premières monnaies produites en Gaule sont des imitations d’abord fidèles, puis celtisées des statères macédoniens (Scheers 1980).

Le système monétaire gaulois se développe tout d’abord sur le modèle grec ; puis apparaissent au IIe siècle avant notre ère à la fois de nouvelles monnaies en argent (d’environ 2 g) et des monnaies coulées en potin. Ces dernières constituent la très grande majorité du monnayage turon, avec les émissions de potins à la tête diabolique, présentant au droit une tête schématisée et au revers un taureau chargeant. Les monnaies en argent sont les premières à être fabriquées à partir de prototypes romains.

Fig. 1 Denier romain : Lucius Rubrius Dossenus, 87 avant notre ère (diam. 18,5 ; poids : 3,57 g). Prov. Beaumont-en-Véron, « Razilly ». Collection : Écomusée du Véron, inv. 2007.30.253. Photos, François Lauginie.

Fig. 2 Denier romain : Lucius Hostilius Saserna, 48 avant notre ère (diam. 18,5 ; poids : 3,37 g). Prov. Beaumont-enVéron, « Razilly ». Collection : Écomusée du Véron, inv. 2001.30.6. Photos, François Lauginie.

Fig. 3 Bronze gaulois : TOVTOBOCIO/ATEPILOS, seconde moitié du Ier siècle avant notre ère (diam. 16 mm ; poids : 3,63 g). Prov. Huismes, « Les Grandes Garantes ». Collection : Écomusée du Véron, inv. 2001.30.87. Photos, François Lauginie.

Fig. 4 Bronze gaulois : CABALLO, seconde moitié du Ier siècle avant notre ère (diam. 16,5 mm ; poids : 2,68 g). Prov. Huismes, « Les Grandes Garantes ». Collection : Écomusée du Véron, inv. 2007.30.196. Photos, François Lauginie.

À l’image du denier de Lucius Hostilius Saserna, les symboles celtes et romains se mêlent vers l’époque de la Conquête (Fischer 2005). Les bronzes frappés durant cette période montrent des personnages présentés à la mode romaine (cheveux attachés, port de diadème) et sont nominatifs : TVRONOS/TRICCOS (Triccos le Turon), TVRONA/DRVCCA, ou encore TOVTOBOCIO/ATEPILOS. À travers l’évolution stylistique des monnayages gaulois, on perçoit bien les influences culturelles au fil des siècles, avec en premier lieu une prépondérance grecque qui laisse place petit à petit à la romanisation de la Gaule. BIBLIOGRAPHIE • Fischer 2005 : FISCHER (B.) - Celticité et romanisation des légendes monétaires gauloises. In : METZLER, WIGG-WOLF (éd.) - Die Kelten und Rom : Neue numismatische Forschungen, Fond de Gras/Titelberg, Luxembourg, 30.04-.03.05. 1998, Studien zu Fundmünzen der Antike, 19, Verlag P. Von Zabern, Mainz, 2005, p. 59-70. • Scheers 1980 : SCHEERS (S.) - Les imitations en Gaule du statère de Philippe II de Macédoine, Proceeding of the international Numismatic Symposium, ed. by I. Gedai et K. Biró-Sey, Akademiai Kiadó. Budapest, 1980, p. 41-53.

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LA ROMANISATION Huismes

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La sépulture privilégiée de « Beaulieu » à Huis

En 2002, une sépulture à crémation* du les niveaux archéologiques, sur environ 12 m² autour de la début de l’époque romaine a été découverte sépulture afin de préciser le mode de dépôt et son contexte fortuitement au lieu-dit « Beaulieu », immédiat (Fig. 1). sur la commune de Huismes. Cette La crémation a été prélevée en motte afin d’effectuer une fouille sépulture, caractérisée par l’association fine en laboratoire (Patrice Georges, paléo-anthropologue à d’armes et d’amphores, témoigne des l’Inrap). L’étude de la découverte a été assurée par Sandrine pratiques funéraires de l’élite guerrière du Riquier (Inrap), notamment à l’occasion de sa thèse de doctorat er I siècle avant notre ère et du début du (Riquier 2008b). siècle suivant. Cette découverte très importante du point Tavant de vue scientifique a conduit le Service NouâtreCette découverte exceptionnelle est toujours en cours N N Régional de N l’Archéologie (DRAC de Région Centre) à d’étude, mais les premières observations livrent des entreprendre une fouille de sauvetage. L’opération (menée par indices sur l’identité du défunt et sur les rites qui ont Damien Leroy, Christian Cribellier et Alain Villes) a consisté accompagné ses funérailles (Boucher 2003 ; Riquier 2004 : en un décapage manuel de la terre végétale pour atteindre §451 ; Riquier 2008a ; Marion et al. 2011). 0

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Vue générale de la fouille de « Beaulieu ». Photo, Damien Leroy - SRA. Fig. 1

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mes THOM A S BOUCH ER , J E A N - P H IL IPPE C H IMIE R , S A N D RINE R IQU IE R UNE SÉPULTURE ATYPIQUE La sépulture de « Beaulieu » est une crémation ; les cendres sont contenues dans deux umbos* de bouclier qui ont ensuite été déposés dans une fosse. La présence de mobilier en périphérie de la tombe illustre des pratiques spécifiques lors des funérailles ou lors de rites commémoratifs. Il s’agit d’une crémation secondaire : le corps du défunt a été brûlé sur un bûcher, puis les os ont été ramassés et déposés de façon définitive dans une tombe aménagée ailleurs. Ce type de sépulture s’oppose aux crémations primaires au cours desquelles le corps est brûlé au-dessus d’une fosse et les restes du défunt sont ensuite recouverts de terre. L’emplacement et la nature du bûcher n’ont pas été reconnus et il est possible que la crémation du corps n’ait pas eu lieu sur le site même de la sépulture (Tranoy 2000 : 129-140). L’étude des os brûlés apporte de nombreuses informations. Le défunt est un adulte dont le sexe n’a pas pu être déterminé. Les ossements ont été déposés seuls, sans terre ou cendre de bois. Ils ont été triés et sans doute lavés à la fin de la crémation. Il s’agirait dans ce cas d’un rite de purification. Une telle pratique induit un éclatement naturel des ossements, ce qui explique en partie leur taille réduite (absence de fragments de plus de deux centimètres). Certaines parties anatomiques ne sont pas représentées : ainsi, les dents et les os du crâne sont absents. La tête du défunt a dû être prélevée à un moment de la cérémonie funéraire, avant le transfert des os dans l’urne.

Fig. 2 Vue générale de la fouille avec au centre l’urne cinéraire* en cours de dégagement. Photo, Danielle Meunier.

Détail de l’umbo de bouclier formant le couvercle de l’urne. Photo, Damien Leroy - SRA. Fig. 3

Les cendres funéraires ont été déposées au sein de deux umbos de bouclier qui sont utilisés comme urne cinéraire*. Le premier constitue le contenant des cendres et le second le couvercle (Fig. 3 et 4). Ils sont fixés l’un à l’autre à l’aide de gros rivets en fer à tête plate, de façon à enfermer presque hermétiquement les restes de la crémation. Il s’agit d’une pratique particulièrement originale, qui n’est connue à ce jour que par l’exemple de Huismes. Avant la fermeture de ce réceptacle, un fragment de flacon en verre de type balsamaire* (le goulot et la partie supérieure de la panse) a été placé à l’envers au centre du dépôt osseux, formant ainsi une sorte d’entonnoir. L’urne a ensuite été déposée dans une petite fosse, au sein d’une couche de tessons de céramiques communes et

23 |


Fig. 4

Vue de dessus

Vue de dessus (sans le couvercle)

Restitution de l’incinération. Dessin, Sandrine Riquier - Inrap.

Vue de profil

Coupe du profil

Vue de dessous

Umbones en bronze Rivets en fer, Goulot de balsamaire en verre Ossements incinérés du défunt, Poudre d’os (?) agglomérée (à analyser)

0

10 cm

Fig. 5 Plan de localisation des mobiliers en association avec l’incinération et aperçu des mobiliers découverts en association avec l’incinération : umbones en tôle de bronze, formant l’urne funéraire, goulot de balsamaire en verre, planté à l’envers au milieu des ossements incinérés, amphores vinaires espagnoles de type « Pascual 1 » (non dénombrées), denier d’Auguste, émis à Lyon entre 2 avant notre ère et 4 de notre ère. Dessins, David Josset et Sandrine Riquier - Inrap.

24

d’amphores vinaires volontairement brisées, de gros clous en cuivre, d’ossements d’animaux calcinés. La fouille de cette couche a également livré un denier* d’Auguste (frappé entre 2 avant notre ère et 4 de notre ère), probablement déposé comme obole à Charon* (Fig. 5).

UN GAULOIS ROMANISÉ ? L’étude de la céramique, de la monnaie et des umbos de boucliers permet de dater précisément la tombe : le défunt est décédé au tout début de notre ère, très certainement durant la première décennie du I er siècle. À cette époque, le territoire des Turons est intégré à l’Empire Romain : les « Trois Gaules » ont été conquises par César (entre 58 et 52 avant notre ère) et organisées en provinces par Auguste quelques années avant le changement d’ère. Si la romanisation de la Gaule et de ses habitants est entamée dès le Ier siècle avant notre ère, elle n’est vraiment effective que vers le milieu du I er siècle de notre ère. La tombe de « Beaulieu » présente des caractéristiques témoignant de la romanisation des élites gauloises dès le règne d’Auguste. Les fragments d’amphores et de céramiques communes parsemés autour de la tombe correspondent aux restes de repas pris en commun au moment des funérailles ou lors de banquets commémoratifs. Le fragment de balsamaire, fiché par son goulot dans les cendres du défunt, évoque un dispositif adapté aux rites de libation*. Dans le monde méditerranéen, de telles installations sont destinées à abreuver le défunt lors de cérémonies commémoratives. À Huismes le dispositif est représenté par un petit objet non fonctionnel (le goulot de balsamaire) ; il est symbolique et fait référence à une pratique qui se développera en Gaule durant le I er siècle de notre ère. Si le rite de la crémation est une pratique répandue chez les peuples gaulois, elle est peu développé en Touraine et en Berry durant les deux derniers siècles avant notre ère (Perrin 2000 : 92-96 ; Marion et al. 2011 : 108-109). Les fouilles de sépultures d’adultes sur le territoire turon sont peu nombreuses. Sur les 21 tombes mises au jour (Fig. 6),une seule correspond à une crémation qui a été reconnue sur l’ensemble funéraire de « Vaugrignon » à Esvres. On notera qu’un dispositif à libation a aussi été envisagé pour cette sépulture (Riquier 2004 : §451-454). La sépulture de « Beaulieu » est postérieure à cet ensemble mais elle en constitue la continuité.


LE REPRÉSENTANT D’UNE ÉLITE GUERRIÈRE

Les umbos de bouclier de « Beaulieu » sont d’un type rare mais connu au sein de deux autres structures funéraires contemporaines de celle de Huismes : le cénotaphe* d’Antran dans la Vienne (Pautreau 1999) et la tombe de Berry-Bouy dans le Cher (Ferdière, Villard 1993 : 121-138). Outre leur type, ces umbos se caractérisent par la faible épaisseur de leur paroi. Trop fragiles pour être utilisés au combat, ils proviennent certainement de boucliers d’apparat (Fig. 7).

La pratique de la crémation s’affirme et se généralise durant la période romaine. Sous le règne d’Auguste, en territoires turon et biturige, elle reste associée à des individus particuliers (Marion et al. 2011 : 109). En effet, les tombes reconnues ont toutes des caractères privilégiés présentant pour la plupart des dépôts d’armes et/ou d’amphores, comme c’est le cas à Huismes ( ibid. : 115).

Fig. 6

Carte de répartition des sépultures à armes (Berry, Poitou, Touraine). Carte, Jean-Philippe Chimier (Inrap) et Matthieu Gaultier (SADIL). Ca

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182

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48

178

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154 259 500 502

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25

Classification rang A rang B rang C rang D Site non retenu

e

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504

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S’il n’est pas possible d’établir un lien entre le dépôt d’armes dans la tombe et son utilisation par le défunt de son vivant, il indique son appartenance à une élite guerrière. Les fragments d’amphores vinaires, qui témoignent des repas et des pratiques libatoires, sont aussi des marqueurs de la classe sociale du défunt. À cette période, la culture de la vigne n’est pas attestée dans la citée des Turons ; le vin est importé des régions méditerranéennes (Ferdière 2007 ; Poux et al. 2011). Les amphores (de type Pascal I) découvertes dans la sépulture de « Beaulieu » nous indiquent que le vin consommé provient de la province de Tarraconaise en Espagne actuelle. Il s’agit d’un produit de luxe, réservé aux plus favorisés.

50 km

Armes

présence

absence

Contexte

nécropole tombe isolée puis nécropole antique tombe isolée lieu consacré absence d’informations

48 : Esvres « Vaugrignon », F135, F139, F140, F165 ; 128 : Châtillon-sur-Indre « Le Moulin de la Grange » ; 136 : Chinon « Fort-Saint-Georges » ; 154 : Berry-Bouy « Fontillet » ; 160 : Dun-sur-Auron « Place de la Tournoise » ; 166 : Primelles « Le Grand-Malleray » ; 172 : Fléré-la-Rivière « La Bataillerie » ; 177 : « Bossay-sur-Claise « La Verrereie » ; 178 : Huismes « Beaulieu » ; 180 : Tavant « 42, rue Grande », S11 ; 182 : Le Ménestreau-en-Vilette « Cyran »219 : Palluau « La Fosse Ronde » ; 259 : Levroux « Le Bois Maussant » ; 500 : Levroux « Saint-Phallier » ; 501 : Neuvy-Pailloux « Villesaison » ; 502 Saint-Aoustrille ; 503 Saint-Martin-de-Lamps « La Marmagne » ; 504 :L’Ile-Bouchard ; 505 : Nouans-les-Fontaines « Mazères » ; 506 : Gièvres « L’Erable » ; 507 : Antran « La Croix-Blanche ».

- 80 - 70 - 60 - 50 - 40 - 30 - 20 - 10 48 - F135

128 136

10 20 30 40 50

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C

507

D

Au même titre que la tombe fondatrice de la nécropole de Tavant (Riquier, Salé 2006 et voir l’article de Philippe Salé dans le même ouvrage) et que celle de guerrier du Fort-Saint-Georges à Chinon (Laruaz 2008 et encart de Jean-Marie Laruaz, p.42), la sépulture de « Beaulieu » s’inscrit au sein d’un ensemble de tombes privilégiées, localisées sur les territoires

Fig. 7

Reconstitution du bouclier découvert dans la sépulture de Huismes. Ce bouclier de forme oblongue est typiquement gaulois. Réalisé en bois de peuplier, il est formé d’une succession de 4 couches de lamelles de bois assemblées à la colle d’os. Ce “lamellé collé” confère à la fois résistance, souplesse et légèreté puisque le plateau ne pèse que 2 kg 400. Le motif réalisé en petites lamelles est connu sur une sculpture : statue de guerrier celte de Montdragon (musée Calvet). L’umbo (réalisé ici en bronze) sert à protéger la main qui porte le bouclier contre les coups d’épée ou de lance de l’adversaire. Il s’agit d’un bouclier d’apparat qui symbolise la puissance et la richesse de son propriétaire. Réalisation : Patrick Boos - Archéo Reconstit’. Photo, Thomas Boucher.

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turon, biturige et au nord de celui des pictons. Au sein de ce groupe, une hiérarchie sociale est également perceptible. Il peut s’agir de grands aristocrates enterrés avec un armement diversifié, plusieurs dizaines d’amphores et des éléments de service à boisson en métal, mais aussi de simples guerriers accompagnés d’une arme et d’un vase à boire (Marion et al. 2011 : 114-115). Les tombes les plus fastueuses sont celles de grands propriétaires terriens. Elles sont isolées, installées hors de toute nécropole, mais souvent à proximité d’un grand domaine agricole (Ferdière, Villard 1993). La sépulture de « Beaulieu » est encore trop mal connue pour être replacée précisément dans cette hiérarchie et son

contexte n’est pas établi avec certitude (sépulture isolée ?, sépulture au sein d’une nécropole ?). Toutefois il s’agit bien d’une sépulture rurale. Elle est située à moins de 500 m d’un vaste établissement agricole, « Les Grandes Garantes », occupé pendant les périodes gauloise et romaine. Ces sépultures de l’élite guerrière, spécifiques de la période considérée, seraient à mettre en relation avec la forte instabilité entraînée par la conquête de la Gaule. Les tombes à armes signaleraient des auxiliaires de l’armée romaine issus de l’aristocratie indigène (Ferdière, Villard 1993 : 281-282 ; Riquier 2008a : 196-197 ; Marion et al. 2011 : 114-115).

BIBLIOGRAPHIE • Boucher 2003 : BOUCHER (T.) - Des Celtes aux Carolingiens. In : HUBERT-PELLIER (M.), CORDIER (G.), BOUCHER (T.), Le Véron : Géographie physique - Préhistoire et Protohistoire Des Celtes aux Carolingiens, publication de l’écomusée du Véron, 2003, p. 135-196. • Ferdière 2007 : FERDIÈRE (A.) - La viticulture gallo-romaine. In : Atlas Archéologique de Touraine, http://a2t.univ-tours.fr/notice. php?id=99, 2007 • Ferdière, Villard 1993 : FERDIÈRE (A.), VILLARD (A.) - La tombe augustéenne de Fléré-la-Rivière (Indre) et les sépultures aristocratiques de la cité des Bituriges, Saint-Marcel. 1993 (suppl. à la R.A.C.F. ; 7 ; Collection « Mémoires du musée d’Argentomagus », 2). • Laruaz 2008 : LARUAZ (J.-M.) - Une occupation laténienne sous la forteresse de Chinon (Indreet-Loire), Bull. de l’Association Française pour l’Étude de l’Âge du Fer, 26, 2008, p. 37-40. • Pautreau 1999 : PAUTREAU (J.-P.) (dir.) - Antran. Un ensemble aristocratique du premier siècle. Poitiers : Musées de la ville de Poitiers et de la Société des Antiquaires de l’Ouest (collection « Regard sur les collections »), 1999.

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• Perrin 2000 : PERRIN (F.) - Le mort et la mort en Gaule à l’Age du Fer (VIIIe-Ier S. AV. J.-C). In : CRUBÉZY (E.), MASSET (C.), LORANS (É), PERRIN (F.), TRANOY (L.) - Archéologie funéraire. Paris : Errance, 2000. (Collection « Archéologiques » dirigée par Alain Ferdière), p. 86-104. • Poux et al. 2011 : POUX (M.), BRUN (J.-P), HERVÉMONTEIL (M.-L) - La vigne et le vin dans les Trois Gaules, Gallia, 68, 1, 2011.

•R iquier 2008a : RIQUIER (S.) - L’armement républicain dans les sépultures de Gaule centrale, In : POUX (M.) (dir.), Sur les traces de César. Militaria tardo-républicains en contexte gaulois, Actes de la table-ronde de Bibracte, du 17 octobre 2002 (Glux-en-Glenne, F/58). Glux-enGlenne, Centre archéologique européen, 2008, p. 182-202 (Collection « Bibracte », 14). • Riquier 2008b : RIQUIER (S.) - La céramique de l’oppidum de Cenabum et la cité des Carnutes aux IIe et Ier s. av. J.-C. : aspects typo-chronologiques et culturels, thèse de doctorat, université François Rabelais, Tours, 2008.

• Marion et al. 2011 : MARION (S.), GAULTIER (G.), VILLENAVE (C.), CHIMIER (J.-P.) - Sépultures et ensembles funéraires du Second Âge du Fer en • Riquier, Salé 2006 : RIQUIER (S.), SALÉ (P.) - La Ile-de-France et en Région Centre, In : BARRAL (P.), DEDET (B.), DELRIEU (F.), GIRAUD (P.), LE GOFF nécropole du Haut-Empire de Tavant (Indre-et(I.), MARION (S.), VILLARD-LE TIEC (A.) - L’Âge Loire). In : Ensembles funéraires gallo-romains de du Fer en Basse-Normandie, Gestes funéraires la Région Centre, I. Tours : 2006, p. 7-108 (suppl. en Gaule au Second Âge du Fer. Actes du XXXIIIe à la R.A.C.F. ; 29). colloque international de l’AFEAF (Caen, 20-24 • Tranoy 2000 : TRANOY (L.) - La mort en Gaule mai 2009), vol. 2, Annales Littéraires Université de romaine. In : CRUBÉZY (E.), MASSET (C.), LORANS Franche-Comté, 293, Environnement, Sociétés et (É), PERRIN (F.), TRANOY (L.) - Archéologie Archéologie, 2011, p. 107-128. funéraire. Paris : Errance, 2000. (Collection « Archéologiques » dirigée par Alain Ferdière), • Riquier 2004 : RIQUIER (S.) - La nécropole p. 105-154. gauloise de Vaugrignon à Esvres-sur-Indre (Indre-et-Loire). R.A.C.F., [en ligne], 43, 2004, mis en ligne le 1er mai 2006, URL : //racf.revues.org/ index100.html.


CHAPITRE II

L’HABITAT

Photographie aérienne de la villa des « Varennes Noires » à Marcilly-sur-Vienne. Photo, Jacques Dubois.

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LES TECHNIQUES DE CONSTRUCTION :

ENTRE PERMANENCE ET INNOVATION

L

es techniques de construction employées durant l’époque romaine sont liées au statut social du commanditaire des travaux. Elles témoignent par ailleurs de l’influence romaine dans les provinces gauloises.

LES MURS Durant la première partie du Ier siècle de notre ère, dans les villes mais surtout dans les campagnes, les habitats et leurs dépendances agricoles ou artisanales sont généralement construits avec des Mur construit en petit appareil dégagé lors de la fouille des thermes de Cinais. Photo, Thomas Boucher. matériaux périssables. Le bois (poteaux, sablières, pans de bois) et la terre crue (pisé, adobe - ou briques crues -, torchis sur clayonnage) sont utilisés pour les murs, le chaume, des roseaux ou des bardeaux de bois pour les toitures. L’usage de matériaux durs (pierre et terre cuite), maçonnés au mortier de chaux, ne se répand dans le monde rural qu’à partir de la seconde moitié du Ier siècle de notre ère, notamment pour les bâtiments d’habitation. Les fondations sont souvent en pierre (y compris pour les solins maçonnés des élévations en matériaux périssables), brute ou liée au mortier. Les élévations en pierre présentent en général deux parements (en petit appareil de moellons assemblé au mortier de chaux), avec un blocage interne de petites pierres et de mortier. Ces matériaux (durs ou périssables) sont donc souvent utilisés de manière mixte. Pour les constructions prestigieuses, tels que les bâtiments publics, on utilise des blocs de pierre en grand appareil*. Ces édifices monumentaux nécessitent des moyens techniques et financiers importants et les compétences d’architectes.

TOITURES EN TUILES Au cours du Ier siècle de notre ère, les toitures en terre cuite se généralisent sur les bâtiments d’habitation. Ce type de couverture, caractéristique de l’influence romaine, est formé de tuiles plates à rebords (tegulae) recouvertes par des tuiles demi-rondes (imbrices) servant de couvre-joints. L’ensemble est lié au mortier pour assurer la solidité et éviter les fuites.

28

Les agglomération En dehors de son chef-lieu, Caesarodunum , la cité des Turons comprend 27 sites archéologiques interprétés comme des agglomérations. Subordonnées au chef-lieu, elles sont qualifiées de « secondaires ». Il s’agit toutefois de sites aux caractéristiques variées, qui présentent des morphologies et des fonctions diversifiées. La basse vallée de la Vienne, de la confluence avec la Creuse à celle avec la Loire, est ponctuée de sept sites d’agglomérations certaines ou supposées : Nouâtre, Pouzay-Trogues, Crouzilles « Mougon », Panzoult, Chinon, Cinais et Candes-SaintMartin (Fig. 1). Deux autres sites hors de la vallée mais situés à proximité sont à signaler : Sainte-Maure-deTouraine et Marcé-sur-Esves (Bellet et al. 1999 ; Hervé 2008).

LES AGGLOMÉRATIONS ANTIQUES : UNE RECHERCHE DE LONGUE DURÉE La recherche sur les agglomérations antiques a souvent été précoce et a été mise en œuvre dès le XIX e siècle : il s’agit en effet soit de sites dont l’occupation ancienne est connue par les textes, soit de sites qui ont livré de nombreux vestiges mobiliers. Grégoire de Tours, évêque de la fin du VIe siècle, mentionne une série de 31 vici* dans la cité des Turons dont certains ont pour origine des agglomérations de l’Antiquité (Hervé 1999b, ZadoraRio 2007). Trois sont localisés dans


L’HABITAT

s antiques de la basse vallée de la Vienne JE AN-PHIL IPPE C HIMIE R la vallée de la Vienne : Mediconum (« Mougon »), Caino (Chinon) et Condate (Candes). Il qualifie aussi Caino de castrum*, indiquant ainsi que le lieu était fortifié (voir l’article de B. Dufaÿ). D’autre part, l’évêque relate des événements antérieurs à son épiscopat, datant des siècles précédents. Une église aurait été bâtie à Mougon-Mediconum sous l’épiscopat de saint Perpet durant la deuxième moitié du Ve siècle (Ferdière 1999 : 143). Celle de Chinon- Caino, aurait été édifiée par saint Brice (évêque de Tours, 397-442) et un disciple de saint Martin, saint Mesme, y aurait fondé un monastère avant 463 (Lorans 2006 : 503-505). Candes-Condate est le lieu du décès de saint Martin (évêque de Tours, 371-397). Il y aurait détruit un temple et aussi fait bâtir une église. Candes- Condate est par ailleurs connu par un autre auteur, Sulpice Sévère (vers 363-410 ou 429, hagiographe* de saint 7 Martin)5 qui qualifie 4 Candes de dioecesis, terme 6 désignant 3une 2 agglomération importante (Hervé 1999a : 134). 1

A

A

7

5 6

4

3

2 1

Sur plusieurs sites, les premières découvertes archéologiques datent de la deuxième moitié du XIX e siècle : Nouâtre, 1867 ; Pouzay-Trogues, 1884 ; Candes, 1859. C’est à « Mougon » que 0 10 20 km les recherches sont les plus précoces : le site est mentionné dès 1848 et les premières études sont réalisées entre 1870 et 1930 par la Société Capitale de cité Agglomérations Archéologique de Touraine (voir l’article de Th. secondaires Boucher sur « Mougon », et Ferdière 1999 : Voies attestées 139). C’est aussi sur le site de « Mougon » Voies probables 0 10 20 km Limite supposée que les premières recherches structurées de la cité des Turons sont entreprises, notamment par le Centre Fond de plan : département Localisation de Prospection Archéologique de Touraine de l’Indre et Loiredes agglomérations et des voies principales de la cité des Turons (d’après Hervé 2008 et Cribellier, à paraître ; Fig. 1 fond de plan Atlas Archéologique de Touraine, UMR 7324 Citeres-LAT). A. Tours-Caesorodunum ; 1. Nouâtre ; (Kermorvant, Delauné 1976 ; Ferdière 1999 : 2. Pouzay-Trogues ; 3. Crouzilles-« Mougon » ; 4. PanzoultCapitale ; 5. Chinon ; 6. Cinais ; 7. Candes-Saint-Martin. de cité 139). Dans les années 1990, les agglomérations Cribellier, à paraître ). C’est dans ce cadre que la synthèse antiques de la basse vallée de la Vienne bénéficient de la Agglomérations bibliographique de chaque site a été effectuée (Hervé, recherche entreprise sur l’ensemble des sites de la cité des secondaires à paraître pour Nouâtre ; Dubois, à paraître pour PouzayTurons et de la région Centre, tout d’abord à travers le travail attestées à paraître pour Trogues ; Ferdière 1999 et Moreau,Voies universitaire de Ch. Hervé (1991), puis les études entreprises « Mougon » ; Chimier, Boucher, à paraître pour Panzoult (Fig. 2) ; au sein du Projet Collectif de Recherche « Agglomérations Voies probables Hervé, à paraître pour Chinon ; Hervé 1999 pour Candes) et secondaires antiques en Région Centre » (Bellet et al. 1999 ;

Limite supposée de la cité des Turons 29 | de plan : département Fond


que des travaux de terrain complémentaires ont été réalisés. L’identification du site de Panzoult est ainsi récente : ce sont des prospections pédestres qui ont permis de le localiser (Boucher 2004 ; Chimier, Boucher, à paraître ). Parallèlement à ce projet, un autre programme de recherche et plusieurs travaux universitaires ont renouvelé les connaissances sur le site de « Mougon » (Moreau, à paraître ). Mais la plupart des informations récentes proviennent des opérations d’archéologie préventive. C’est aussi à « Mougon » que les premières fouilles de sauvetage sont entreprises (Schweitz et al. 1986). Il faut toutefois attendre la fin du XXe siècle pour que l’archéologie préventive telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui soit mise en œuvre sur les sites de la vallée de la Vienne comme sur le reste de la région. Parmi les découvertes les plus récentes dues à l’archéologie préventive on citera la reconnaissance de la périphérie de l’agglomération de Nouâtre (Fig. 3) lors de l’aménagement de zones pavillonnaires (Fournier 2004 ; Chimier 2009), la mise en évidence archéologique du castrum de Chinon (voir l’article de B. Dufaÿ et Dufaÿ 2011), la découverte d’une nouvelle agglomération sur la commune de Cinais (voir l’article de F. Couvin) et le renouvellement des connaissances sur Candes (voir l’article de J.-P. Lecompte et S. Philippon).

DES SITES ARCHÉOLOGIQUES MAL DOCUMENTÉS La définition des « agglomérations secondaires » adoptée par les chercheurs du Projet Collectif de Recherches de la Région Centre est volontairement neutre. Elle retient tout site d’habitat groupé n’étant ni un établissement agricole isolé ni une capitale de cité. Elle permet d’inclure de nombreux sites dont la fonction n’est pas évidente ou dont la documentation archéologique est lacunaire mais suffisamment importante pour être qualifiée d’agglomération « potentielle » (Bellet et al. 1999 : 12). Certains sites mal reconnus ont été inclus dans le corpus des agglomérations mais pourraient aussi correspondre à des établissements ruraux. Les sites de la basse vallée de la Vienne n’échappent pas à la règle et seul « Mougon » constitue une agglomération certaine. Les autres sont mal reconnus et leur interprétation précise est toujours en débat. Ainsi, le site de Pouzay-Trogues (Fig. 4) présente des caractéristiques qui pourraient l’assimiler à une grande villa telle qu’on en connait dans la vallée (Ferdière et al. 2007 ; Dubois, à paraître). À Saint-Germain-sur-Vienne, une série de vestiges antiques est concentrée à proximité de la voie parallèle à la rive gauche de la Vienne. Leur interprétation reste

Fig. 2 L’agglomération antique de Panzoult (Chimier, Boucher à paraître). Cartographie, PCR Agglomérations antiques en Région Centre. Nouâtre, « Le Moulin du Temple ». Plan général des vestiges de l’Antiquité. DAO, Jean-Philippe Chimier - Inrap. Fig. 3 Occupations artisanales de la 1ére moitié du Ier siècle Voirie et réseau parcellaire des IIe et IIIe siècle Emprise supposée de la voie de Tours à Poitiers

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délicate, celle d’une petite agglomération étant envisageable (Hervé, Chimier, à paraître) mais n’a pas été retenue comme telle pour cet article. Les autres sites sont mal documentés, essentiellement car ils sont localisés à l’emplacement des bourgs actuels. La superficie de l’agglomération antique de Panzoult est plus importante que celle du village actuel et le site a ainsi pu être délimité. Ce n’est pas le cas de Nouâtre, Chinon et Candes où les vestiges gallo-romains sont situés sous le bâti médiéval et moderne, et donc quasi inaccessibles aux archéologues.

voie et d’un axe vers Loudun, agglomération secondaire de la cité des Pictons. D’autres franchissements de la Vienne sont probables, notamment à « Mougon » (Moreau, à paraître). Le principal axe de communication reste la Vienne. La rivière est aménagée pour la navigation au moins depuis l’Antiquité comme le suggère l’appontement de « La Cale-au-Bac » mis au jour à Candes en 2002 (Dumont et al. 2007 et l’article de J.-P. Lecompte et S. Philippon).

UN RÉSEAU URBAIN DATANT DE L’ANTIQUITÉ ?

UN ESPACE STRUCTURÉ PAR LES VOIES DE COMMUNICATION

Fig. 4 L’agglomération antique de PouzayTrogues (Dubois, à paraître). Cartographie, PCR Agglomérations antiques en Région Centre.

Trogues 75

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Les Varennes Les Grandes Varennes

Les Petites Varennes

c PCR Agglomérations secondaires 2006

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Nécropole Etablissement rural Artisanat Sanctuaire 75 50

Leur localisation le long d’une voie est la caractéristique commune aux sept sites d’agglomérations. Deux voies ont été reconnues : celle qui relie Tours à Poitiers et la voie parallèle à la Vienne, le long de sa rive droite. La première traverse la commune et le bourg de Nouâtre (Hervé, à paraître et l’article de S. Philippon). À Nouâtre, la voie n’a pas été fouillée et son tracé se confond avec les actuelles rues Saint-Jean-du-Bois et Guy-de-Nevers, mais ses fossés bordiers ont été identifiés à deux occasions, au nord et au sud du bourg actuel (Fournier 2004 ; Chimier, Coulon, Couvin 2006). L’agglomération est structurée autour de rues ou de chemins qui débouchent sur cet axe principal (Chimier, Coulon, Couvin 2006 : 22-24). Au nord de Nouâtre, cette route est rejointe par la voie parallèle à la Vienne. C’est elle qui dessert les sites de Pouzay-Trogues, Crouzilles « Mougon », Panzoult et Chinon. Elle n’a toutefois été reconnue que sur le site de « Mougon » puis, dans une section rurale, sur le territoire de la commune de Crouzilles. À « Mougon », la voie sert d’axe principal à un réseau quadrillé : deux tronçons parallèles à celle-ci sont reconnus plus au nord, sur lesquels viennent s’appuyer une série de rues orientées nord-sud (Dubois 1974 ; Ferdière 1999 : 141-142 ; Moreau, à paraître). Plus à l’ouest, le site de Pouzay-Trogues borde la voie et elle n’est ensuite plus repérée. L’agglomération de Chinon serait établie au carrefour de cette voie et d’une autre, orientée nord-sud, qui la relierait à la Loire (Hervé, à paraître). Un pont permet de franchir la Vienne à Candes (voir l’article de J.-P. Lecompte et S. Philippon). Il met en relation le réseau viaire du Véron à un autre axe longeant la Vienne au sud et desservant Candes situé sur cette rive. Cette route n’est que supposée : aucun vestige matériel ne vient confirmer son existence. Il existe toutefois un axe reliant Candes à Cinais, l’autre agglomération située en rive sud de la Vienne. Cinais se situe probablement au carrefour de cette

En l’état actuel de la recherche, il semble que les agglomérations de la basse vallée de la Vienne aient été fondées durant l’Antiquité. Quelques indices indiquent toutefois une occupation dès le I er siècle avant notre ère sur certains sites.

0

1 000 m

31 |

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À Chinon, les fouilles du Fort-Saint-Georges suggèrent un habitat élitaire du I er siècle avant notre ère sur le rebord du plateau. Quelques vestiges mobiliers de la même période ont été retrouvés dans le bourg à l’emplacement de l’agglomération du Haut-Empire (voir l’article de B. Dufaÿ). Des tessons de céramique gauloise ont également été découverts à Nouâtre (Fournier 2004 : 2), sans qu’aucune structure ne leur soit associée. À Candes, le premier pont date des dernières années du I er siècle avant notre ère et témoigne de l’ancienneté des voies dont le tracé et l’utilisation sont certainement antérieurs à la période romaine. Le sanctuaire de Panzoult a livré du mobilier de la fin du I er siècle avant notre ère (Chimier, Boucher, à paraitre ) et doit être occupé dès la fin de l’Indépendance. Les agglomérations semblent toutefois avoir été établies durant le I er siècle de notre ère, sans doute dès la première moitié (à Nouâtre : Chimier, Coulon, Couvin 2006: 27 ; à « Mougon » : Schweitz et al. 1983 : 63). Pouzay-Trogues, Panzoult et Cinais sont désertés, totalement ou en partie, avant la fin de l’Antiquité. Toutefois, les vestiges du Bas-Empire restent rares sur ces sites, comme sur ceux occupés en continu jusqu’au Moyen Âge et à la période moderne. Chinon et Cinais constituent deux contre-exemples développés par F. Couvin et B. Dufaÿ dans le présent ouvrage.

À Nouâtre, les zones réservées à l’artisanat semblent reléguées en périphérie de l’agglomération. Au nord, à « La Richardière » un quartier d’habitat pourrait être associé à un atelier de potier suggéré par la présence de fragments de moules à sigillées (Delauné 1976 : 113, 117 ; Ferdière, Gendron 1989 : 133 ; Chimier 2002 : 184 ; Chimier, Coulon, Couvin 2006 : 13 ; Hervé, à paraître ). Aux « Coutures », une fosse a livré plus de 8 kg de déchets métallurgiques issus d’une activité de forge (Fournier 2004 : 11, 19). Au sud, sur le site du « Moulin du Temple », les occupations de la première moitié du I er siècle de notre ère pourraient également correspondre à des installations de potier (Chimier, Coulon, Couvin 2006: 27). Il s’agit peut-être là d’un effet de source : le cœur de l’agglomération situé sous le village actuel est très mal reconnu et il pourrait aussi être concerné par des activités artisanales. Sur le site de « Mougon » (Fig. 6), les ateliers de potiers sont attestés sur toute la partie du site aujourd’hui reconnue (Ferdière 1999 : 143 ; Moreau, à paraître ; et l’article de Th. Boucher). Les productions sont Pouzay

Tours

50

UNE VARIÉTÉ DE SITES AUX FONCTIONS DIVERSIFIÉES

Nouâtre

La Croix d'Argenson

Les Varennes Noires Nardugeon

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Sanctuaire

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Les Cristallières

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Artisanat

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Nécropole Etablissement rural

Le Moulin du Temple

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Le Clos

La Vien

Si certains sites présentent un schéma urbain manifestement organisé, il n’est pas possible d’y définir des quartiers. À l’instar d’autres agglomérations de la cité (Chimier 2007), Nouâtre et « Mougon » se caractérisent par leurs productions artisanales, essentiellement celles de la terre cuite.

Soulangé

c PCR Agglomérations secondaires 2010

Les agglomérations occupent toutes la même position topographique, sur le versant du coteau. Candes constitue une exception, les vestiges antiques étant reconnus du rebord du plateau à la berge de la Vienne. Le rebord du plateau est occupé par des établissements ruraux à Nouâtre ou à Chinon au I er siècle avant notre ère. Ce dernier site est toutefois réoccupé au Bas-Empire par le castrum de Caino , qui peut correspondre soit à une évolution de l’agglomération du HautEmpire, soit à espace public défensif destiné à accueillir la population en période de crise (voir l’article de B. Dufaÿ). La superficie de quelques agglomérations a pu être estimée : 15 ha pour Pouzay-Trogues, de 10 à 30 ha pour Nouâtre (Fig. 5), 25 ha pour Panzoult, de 20 à 30 ha pour « Mougon » (notices de site in : Bellet et al. 1999 et Cribellier, à paraître ).

Les Cholettes

Noyers

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Les Arrentements

Fig. 5 L’agglomération antique de Nouâtre (Hervé, à paraître). Cartographie, PCR Agglomérations antiques en Région Centre.


L’agglomération antique de Crouzilles « Mougon » (Moreau, à paraître). Fig. 6 Cartographie, PCR Agglomérations antiques en Région Centre.

75

50

Crouzilles Château de Paviers 75

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Trogues

Mougon

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Nécropole Etablissement rural

0

La Prée

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Artisanat50 75 Sanctuaire

les

c PCR Agglomérations secondaires 2006

Fig. 7 Photographie aérienne du fanum repéré sur l’agglomération de Pouzay-Trogues. Photo, Philippe Delauné (source : Revue Archéologique de Picardie, n° spécial 17, 1999).

1 000 m

diversifiées : il s’agit de terres cuites architecturales, de vaisselle commune, de statuettes et éventuellement de sigillée*. Si l’habitat est mal connu, il est possible qu’il soit directement associé aux ateliers, comme en témoignerait la présence de thermes sur le site (Ferdière 1999 : 143). Une activité métallurgique a aussi été reconnue à Chinon, peutêtre située en périphérie de l’agglomération (Lorans 2006). Les agglomérations peuvent être équipées en bâtiments publics, les monuments sont alors proches de ceux que l’on rencontre dans les chefs-lieux de cité : édifices de spectacles, sanctuaires, thermes, etc. Plusieurs temples, éventuelles composantes de sanctuaires, ont été reconnus dans les agglomérations de la basse vallée de la Vienne : à Pouzay-Trogues (Fig. 7), à Panzoult et à Candes. Les

vestiges monumentaux de ce dernier site pourraient appartenir à un ensemble cultuel, peut-être celui signalé dans les textes, ou encore à un forum * (voir l’article de J.-P. Lecompte et S. Philippon). Seule l’église Saint-Pierre de « Mougon », dans son premier état, pourrait correspondre à l’une de celles mentionnées par Grégoire de Tours pour le Ve siècle (Kersante 2006). L’agglomération de Cinais est essentiellement reconnue par la fouille de ses thermes en 2011 (voir l’article de F. Couvin) ; leur ampleur indique un monument public. Un établissement thermal de « Mougon » aurait été reconnu lors de prospections, mais il pourrait s’agir de bains privés. Les nécropoles urbaines sont installées en périphérie des agglomérations, hors de l’habitat et souvent le long des voies d’accès. Plusieurs d’entre elles ont été reconnues, à Nouâtre, à Panzoult (par photographie aérienne) et à Chinon. La nécropole du « Nardugeon » à Nouâtre est l’ensemble du HautEmpire le mieux documenté (Chimier, Coulon, Couvin 2006 : 16-17 ; Hervé, à paraître ). Elle se situe le long de la voie, à la sortie sud de l’agglomération, et est occupée du I er au II e ou III e siècle. Deux nécropoles du Bas-Empire sont reconnues à Chinon : l’une sur le Fort-Saint-Georges et l’autre à SaintMexme où elle succède aux activités artisanales de la période précédente. (voir l’article de B. Dufaÿ).

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L’HABITAT 0

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Chinon

L’évolution d’une agglomération : l’exemple de Chinon 0

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Tavant

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Nouâtre

CHINON AVANT CHINON

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L’ancienneté de la ville de Chinon n’est pas connue avec précision. Les traces les plus anciennes ont été repérées dans l’emprise du château, avec la découverte en 20072009 de deux fosses contenant de la céramique datant du premier Âge du Fer (vers 1000 à 800 avant notre ère). À deux kilomètres vers l’est, au pied du coteau, au « Bas de Sainte-Radegonde », des éléments d’un probable village de cette époque ont été fouillés il y a une trentaine d’années (Cordier 2006 : 45-49).

50 km

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50 km

50 km

À la fin de l’époque gauloise, au tournant de notre ère, un habitat appartenant à l’élite a été découvert sur le fort SaintGeorges. Seul le fossé d’enceinteCHINON qui l’entourait est connu. A L’EPOQUE Une tombe de guerrier de la même époque se trouvait à son

N

angle sud-ouest, surplombant la vallée (voir encadré). Un peu de céramique et quelques monnaies trouvées dans la forteresse et le bourg attestent une certaine occupation, dont nous ignorons tout.

L’AGGLOMÉRATION GALLO-ROMAINE Il faut attendre l’époque romaine pour se faire une idée plus précise. Alors, se développe une petite agglomération centrée sur la route de Bourges à Angers, le long de la Vienne. Quelques découvertes réalisées à l’occasion de travaux d’urbanisme (Boucher 2006), et surtout les fouilles de la collégiale Saint-Mexme (Lorans 2006), permettent de proposer une extension à ce village (voir carte). Il s’agit de maçonneries, ou de couches contenant de la céramique antique, dont il est toutefois souvent difficile de préciser s’il s’agit de remblai, de couche d’occupation ou de dépotoir ; des traces d’artisanat GALLO-ROMAINE métallurgique ont été fouillées devant Saint-Mexme. 0

50 km

ANGERS

TOURS

enclos gaulois

castrum

BOURGES

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gué ou bac ?

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Analyse et cartographie B. Dufaÿ / SADIL - 2007-2011

POITIERS (?) plateau

emprise présumée de l’agglomération antique

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zone funéraire

découverte de vestiges antiques

voirie

Chinon à l’époque romaine. Cartographie, Bruno Dufaÿ - SADIL. Fig. 1


B R U N O D UFAŸ Il est peu probable qu’il y ait eu un pont dès cette époque à Chinon, aucune trace en tous cas n’en a été observée. On sait qu’il y en avait un à Candes-Saint-Martin (voir l’article de J.-P. Lecompte et S. Philippon), qui n’est guère éloigné. D’ailleurs, aucun itinéraire nord-sud important ne semble être passé par Chinon ; la voie Tours-Poitiers passait bien plus à l’est (voir l’article de J.-P. Lecompte et S. Philippon). Il va de soi que la rivière devait néanmoins être franchie, par gué et/ou par bac, sans que leur situation puisse être déterminée.

L’OCCUPATION DE L’ÉPERON Sur la hauteur se trouvait une occupation certaine, mais mal définie. En effet, aucune structure ou couche en place datant de l’Antiquité n’a été observée dans les fouilles récentes. Des fragments de céramique ont été retrouvés dans des remblais postérieurs, ainsi que des tegulae * et des imbrices *, auxquels

sont parfois mêlés des débris de torchis. Ceci atteste de constructions pérennes sur l’éperon. En première analyse, ce mobilier date des Haut et Bas-Empires. Il y avait d’autre part au moins un grand bâtiment en pierre de qualité, possédant un chauffage par le sol (voir encadré). Mais nous ne saurions dire s’il s’agissait d’un édifice public ou privé. Il est possible qu’en proviennent de gros blocs d’architecture sculptés, découverts au XIX e siècle et présentés au musée de Chinon. Toutefois, ces blocs ont été retrouvés en remploi dans l’enceinte du castrum * (cf. ci-dessous), de même qu’une stèle funéraire, ce qui signifie qu’ils peuvent provenir de constructions situées en contrebas de l’éperon.

Fig. 2 Bloc sculpté retrouvé en remploi dans l’enceinte du castrum ; il s’agit probablement d’un élément de plafond à caisson. Photo, Christophe Raimbault - SADIL.

Sépultures de guerriers ou chauffage par le sol ? Réinterprétation d’une découverte du XIX e siècle Dans le château du Milieu, des substructures ont été découvertes à l’occasion de fouilles réalisées de 1824 à 1826 par un historien local, M. Duverney (Grimaud 1900). Elles se situent vers le début de l’allée qui mène à la tour de l’Horloge (elles ne sont plus visibles actuellement). Les vestiges ont été interprétés comme ceux d’un hypogée* antique : « à la suite d’un combat meurtrier, on aurait brûlé les corps morts, dont on eût déposé les cendres dans le caveau et dans les trous ». La relecture du rapport de M. Duverney permet de proposer une nouvelle interprétation. On comprend qu’il s’agit d’une pièce rectangulaire, flanquée d’une autre plus petite. Elle contenait une dalle de « mortier de chaux extrêmement dur » d’un pied d’épaisseur, se superposant à un remblai hétérogène. Suit une description d’où il ressort que dix-huit trous au moins, « tous de la même forme et profonds de deux pieds », étaient visibles sous la dalle. Il y avait de la cendre au fond, et quelques monnaies antiques. Ces trous ont été interprétés comme des réceptacles pour les cendres de défunts. Ils auraient remplacé les vases utilisés d’ordinaire en pareil cas, d’où l’idée d’une sépulture aménagée à la hâte. L’autre pièce mesurait quatre pieds de largeur sur six de longueur, et comportait « quelques pierres taillées en voussoir ». On peut en fait interpréter ces vestiges comme ceux d’un hypocauste*. La dalle de mortier serait la suspensura *, les trous les espaces entre les pilettes*. Comme celles-ci ne sont pas mentionnées, cela veut sans doute dire qu’elles ont été récupérées. En effet, elles ont laissé des traces sous la suspensura , ce qui a été compris comme « l’empreinte » d’un « tampon de bois » qui aurait bouché les trous. La pièce voisine, baptisée « caveau » à cause de la voûte, devait être en réalité le foyer ( praefurnium ) alimentant cet hypocauste, avec son canal conduisant la chaleur sous la suspensura . En effet, il y a été retrouvé une « couche de cendre très épaisse et par-dessus une couche de terreau mélangé de beaucoup d’ossements ». La couche supérieure, de nature très organique (elle est « extrêmement noire comme la houille et la terre des marais » et mêlée d’ossements de faune, de charbons de bois et de nodules de chaux), pourrait correspondre à une phase d’utilisation comme dépotoir domestique. Le fait que cette couche « paraisse avoir subi l’épreuve du feu », indique peut-être que le foyer était toujours en fonctionnement malgré l’usage en dépotoir. On peut imaginer une cuisine à proximité immédiate, dont le potager* aurait profité de la chaleur du foyer, selon un schéma bien connu.

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Deux zones distinctes se dessinent, qui pourraient avoir constitué deux pôles d’occupation de l’éperon. L’un, sur la partie la plus élevée, vers l’est, avec le bâtiment à hypocauste*, pourrait avoir représenté le pôle privilégié (bâtiment public, résidence d’élite ?). Il sera relayé par la résidence comtale au Moyen Âge. L’autre, plus bas, vers l’ouest, avec des bâtiments en torchis, restera une zone qui, entre les VI e et XI e siècles regroupera les silos et fonds de cabane de l’exploitation domaniale (la « basse-cour »), avant qu’elle ne soit occupée en partie par le prieuré Saint-Mélaine fondé au début du XI e siècle (Dufaÿ 2011).

Fig. 3 Stèle funéraire découverte 40 mètres à l’ouest de la Tour de l’Horloge à Chinon. D’une hauteur d’1,40 m, cette stèle représente un personnage vêtu d’une tunique et tenant de la main gauche ce qui pourrait être une tablette d’écriture. Photo, Thomas Boucher.

LES NÉCROPOLES Comme c’est habituel dans l’Antiquité, les nécropoles sont installées aux entrées du bourg. Toutefois, celles-ci ne sont connues que pour l’Antiquité tardive (III e-IVe siècles). L’une a été partiellement fouillée aux abords de la collégiale. Elle signale la transformation en zone funéraire de la zone artisanale, sans doute déjà périphérique, le long de la route principale. Une autre est maintenant connue sur le fort Saint-Georges, où cinq tombes ont été datées par radiocarbone de l’Antiquité tardive ou du début de l’époque mérovingienne. Les plus précoces datent des fourchettes 135-416 et 134-429, puis trois sont un peu plus récentes : 217-424, 259-537 et 340595. D’autres devaient exister plus au sud, mais le coteau s’est effondré petit à petit au Moyen Âge, ce qui nous interdit de connaître son extension primitive. À l’ouest de la ville, il est possible qu’une autre nécropole ait existé (hôpital Saint-Michel), mais sa description est trop vague pour que l’on puisse l’attribuer avec certitude à l’Antiquité plutôt qu’au haut Moyen Âge.

LE CASTRUM La grande découverte de ces dernières années en matière d’Antiquité est celle des murailles et des tours du castrum *, dont la localisation n’était pas certaine. Le terme de castrum , qui désigne une agglomération fortifiée, est utilisé au VI e siècle par l’évêque Grégoire de Tours. Il relate qu’un siège fut mené vers 463 par un représentant de l’autorité romaine ( Aegidius ) contre les Wisigoths, devant le castrum de Caino (Chinon), dans lequel la population s’était réfugiée. Deux importantes portions du mur nord en ont été découvertes dans l’emprise de la forteresse médiévale, ainsi que deux tours, dont celle de l’angle nord-est. Divers indices permettent de restituer une douzaine de tours en tout, circulaires aux angles, en fer-à-cheval ailleurs, d’un diamètre d’environ neuf mètres. Les tours des enceintes gallo-romaines mesurant généralement entre six et neuf mètres, les tours de Chinon sont donc de forte taille (comme celles de Tours, qui mesurent neuf ou onze mètres). Elles sont espacées d’une petite quarantaine de mètres l’une de l’autre, distance habituelle à cette époque, où on admet une portée utile des arcs de trente

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mètres. Il devait y avoir une porte donnant vers l’est, et sans doute une vers l’ouest. De gros blocs de fondation ont été observés, qui sont des remplois* de grand appareil* (le seul visible en entier mesure pratiquement un mètre de longueur). Au-dessus, deux ou trois assises de blocs plus petits finissent la fondation ; certains sont aussi des remplois retaillés, comme en témoigne un demi-trou de louve* en parement sur l’un d’eux. Cette fondation repose sur un hérisson* de calcaire concassé installé dans une tranchée de construction large de plus de deux mètres, qui a entaillé le rebord de l’éperon jusqu’au substrat géologique. Seul le parement interne de ce mur, vers le sud, a pu être correctement observé. Il est constitué d’un petit appareil* de moellons assez grossièrement équarris (environ 10 x 10 cm), noyés dans un important bain de mortier de chaux blanc rosé formant des joints très épais. Il en subsiste trois à quatre assises. Avec l’élévation, la hauteur conservée de ce mur avoisine les deux mètres, pour une épaisseur d’1,90 m environ.

Cette relativement faible épaisseur, sa maçonnerie plutôt grossière et sa faible profondeur de fondation conviennent à la deuxième vague de construction de castra * en Gaule, dans le courant du Ve siècle (Brulet 2006b : 169). Elle pourrait avoir été édifiée dans les premières décennies du siècle, après les invasions de 406-409. En effet, les peuples Vandales et Alains, se dirigeant de la région de Reims vers l’Espagne, ont dû franchir la Loire à Tours et passer par Poitiers et Angoulême (Maurin 1992). Chinon est sur cet itinéraire, et c’est à cette époque et dans ce contexte que l’on fortifie des bourgs et non pas seulement des chefs-lieux de cité. Deux ou trois agglomérations secondaires par cité ont alors été emmuraillées. Ces lieux fortifiés deviennent des points forts de l’organisation médiévale et « souvent des lieux de résidence et de pouvoir de la nouvelle aristocratie » (Brulet 2006a : 62). Ce schéma convient pour la Touraine, où nous connaissons deux castra cités par Grégoire de Tours, Chinon et Loches, qui sont d’ailleurs devenues les deux sous-préfectures du département.

Évocation du castrum de Chinon au Ve siècle de notre ère (vue du côté dominant la ville). La restitution du rempart et des tours est documentée archéologiquement, ainsi que celle du grand bâtiment à l’est (à droite de l’image). Les autres sont une simple illustration de l’occupation du site, attestée par la découverte dans des remblais du Moyen Âge de tuiles romaines et de fragments de torchis. Restitution 3D, Bruno Dufaÿ - SADIL. Fig. 4

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LES TRACES ARCHEOLOGIQUES DU CASTRUM A L’EXTREMITIE ORIENTALE DE LA FORTERESSE DE CHINON TOUR DE L’ECHAUGUETTE

BATIMENT ?

Si l’on prolonge l’hypothèse d’une bipartition de l’espace, comme cela a été évoqué pour les siècles précédents, on peut considérer que la zone orientale, dont l’orientation est différente de celle du reste du castrum , représente un secteur privilégié. Si l’on restitue un mur qui barre l’espace pour former un quadrilatère entre les quatre tours les plus à l’est, on obtient un fortin presque carré. Il rappellerait alors le fort antique de Larçay, dominant le Cher près de Tours, d’une surface comparable (3 000 m²) avec ses quatre tours d’angle PORTE ? parler d’un « praetorium »* (Wood 1985). Peut-on aller jusqu’à pour le commandant de la place, si l’on imagine la survivance Fig. 5 d’un grand bâtiment dans cette zone ? Y avait-il une garnison ? Portion du rempart gallo-romain du castrum retrouvé À l’ouest en revanche, c’est une zone qui serait plutôt « civile », dans la forteresse royale de Chinon en 2009. De gros du bâtiment àangle moins qu’elle n’ait contenu des cantonnements. blocs en remploi forment laDU fondation. Photo, SADIL. LES TRACES ARCHEOLOGIQUES CASTRUM à hypocauste

A L’EXTREMITIE ORIENTALE DE LA FORTERESSE DE CHINON TOUR DE L’ECHAUGUETTE

TOUR DE L’HORLOGE

N Fig. 6

0

10 m

Les traces archéologiques du castrum à l’extrémité orientale de la forteresse de Chinon.

PORTE ? BATIMENT ?

maçonneries postérieures à l’Antiquité maçonnerie antique vue en fouille parement antique certain

angle du bâtiment à hypocauste

maçonnerie antique hypothétique fosses liées à la démolition durant le Moyen Âge des tours antiques, vues en fouille

TOUR DE L’HORLOGE

N 0

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maçonneries postérieures à l’Antiquité maçonnerie antique vue en fouille

10 m


LA CHRISTIANISATION DE LA VILLE Il est probable que l’église mentionnée par Grégoire de Tours ait été l’église Saint-Martin, fondée par l’évêque de Tours Brice, disciple de saint Martin, décédé en 442. Il n’en reste que de maigres vestiges indatables, notamment une abside, intégrée à une habitation particulière. Elle est située sur le chemin à mi-pente du coteau qui mène au castrum (rue du Coteau Saint-Martin), et non le long de l’axe principal antique (d’est en ouest : rue Jean-Jacques Rousseau, rue Voltaire, rue Haute Saint-Maurice). On peut y voir le signe que le bourg implanté le long de la rivière avait régressé au profit d’un habitat de hauteur. De fait, à part la zone funéraire et cultuelle de SaintMexme, aucune trouvaille du haut Moyen Âge n’a été faite en ville. Au moment du siège de 463, l’enceinte du castrum

accueille la population venue s’y réfugier. Cela ne préjuge pas de l’existence d’un tissu densément bâti : il est même plus simple d’imaginer un espace plutôt public et plutôt vide, où l’on peut dresser des tentes et construire des baraquements. Le monastère fondé par saint Mexme au début du Ve siècle, dans la tradition de Martin dont il fut le disciple, est placé à l’écart de la zone habitée. Il se situe dans une zone funéraire du Bas-Empire, à l’est de la ville. Il convient de remarquer toutefois que les fouilles d’Élisabeth Lorans n’ont pas permis de retrouver l’état paléochrétien* du monastère (la plus ancienne église est datée du tournant des X e-XI e siècles), ni la tombe du saint.

BIBLIOGRAPHIE • Boucher 2006 : BOUCHER (T.) - Les collections gallo-romaines. In : CORDIER (G.), BOUCHER (T.), Préhistoire, protohistoire et gallo-romain dans les collections des Amis du Vieux Chinon. Chinon, 2006, p. 62-107.

• Cordier 2006 : CORDIER (G.) - Les collections préhistoriques et protohistoriques. In : CORDIER (G.), BOUCHER (T.), Préhistoire, protohistoire et gallo-romain dans les collections des Amis du Vieux Chinon. Chinon, 2006, p. 11-62.

• Brulet 2006a : BRULET (R.) - L’organisation territoriale de la défense des Gaules pendant l’Antiquité tardive. In : REDDÉ (M.) (dir.) - Les fortifications militaires. Paris/Bordeaux : MSH/ Ausonius, 2006, p. 50-66 (DAF ; 100. Série « L’architecture de la Gaule romaine »).

• Dufaÿ 2011 : DUFAŸ (B.) - Une forteresse auscultée, bilan de sept années de fouilles. In : DE FOUCAUD (F.) (éd.) - Chinon, le destin d’une forteresse. Chinon : les Amis du Vieux Chinon, 2011, p. 84-103.

• Brulet 2006b : BRULET (R.) - L’architecture militaire romaine en Gaule pendant l’Antiquité tardive. In : REDDÉ (M.) (dir.) - Les fortifications militaires. Paris/Bordeaux : MSH/Ausonius, 2006, p. 156-179 (DAF ; 100. Série « L’architecture de la Gaule romaine »).

• Grimaud 1900 : GRIMAUD (H.) - « Découvertes archéologiques faites à Chinon de 1824 à 1826, manuscrit de Duverney ». B.S.A.T., t. XII, n° 2, 2e trimestre, Tours, 1900, p. 121-130.

•M aurin 1992 : MAURIN (L.) - Remparts et cités dans les trois provinces du Sud-Ouest de la Gaule au Bas-Empire (dernier quart du IIIe siècle début du Ve siècle). In : Villes et agglomérations urbaines antiques du Sud-Ouest de la Gaule : Histoire et Archéologie, Actes du IIe colloque Aquitania, Bordeaux, septembre 1990. Bordeaux, 1992, p. 365-389 (suppl. à Aquitania ; 6). • Wood 1985 : WOOD (J.) - Larçay (Indre-et-Loire). « La Tour » et « Bellevue », castellum du BasEmpire et villa gallo-romaine. R.A.C.F., 24, fasc. 1, 1985, p. 110-111.

• Lorans 2006 : LORANS (É.) (dir.) - Saint-Mexme de Chinon, Ve-XXe siècle. Archéologie et histoire de l’art, 22. Paris : Éditions du CTHS, 2006.

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LA TOMBE GAULOISE DU FORT SAINT-GEORGES À CHINON

JEAN-MARIE LARUAZ

L

a découverte d’une sépulture de guerrier permet de s’interroger sur la nature de l’occupation de la forteresse de Chinon à la période gauloise (Laruaz 2008). Cette tombe est datée des alentours de la guerre des Gaules (milieu du Ier siècle avant notre ère) par la présence d’un vase à liquide (Fig. 1) et d’une épée dans son fourreau qui sont caractéristiques de cette période. Les quelques ossements découverts ne permettent pas de statuer sur l’âge ou la morphologie de cet individu, mais la présence d’une épée lui confère un statut particulier. Les tombes de guerrier sont rares au sud de la Loire, et presque systématiquement liées à des lieux de culte ou des habitats privilégiés. La possession de cette arme constitue en effet à cette période un attribut de prestige, parfois lié à un privilège. C’est notamment le cas pour les vétérans des troupes auxiliaires de l’armée romaine.

Fig. 1

Vase balustre associé à la sépulture. Photo, Jean-Marie Laruaz - SADIL.

Plan de la sépulture. Fouille et relevé SADIL, Fig. 2 reconstitution Jean-Marie Laruaz - SADIL.

BIBLIOGRAPHIE • Laruaz 2008 : LARUAZ (J.-M.) - Une occupation protohistorique sous la forteresse de Chinon. B.A.V.C., t. XI, n° 2, 2008, p. 205-207.

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CHAPITRE III

L’AGRICULTURE

Photographie aérienne d’un bâtiment agricole à Thizay. Photo, Jean-Paul Lecompte.

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UNE ÉCONOMIE ESSENTIELLEMENT AGRICOLE

L

es Gallo-Romains sont majoritairement des ruraux et vivent essentiellement de l’agriculture. Les vestiges archéologiques témoignent d’une gestion très organisée des campagnes. Les anciennes parcelles (parcellaire fossile), sont reconnues grâce aux photographies aériennes ou lors des fouilles. Les champs sont délimités par des haies ou par des fossés comme c’est le cas sur le site des Bas-Champs à Beaumont-en-Véron. Les parcelles sont labourées au moyen d’un araire* et les céréales sont moissonnées à la faucille. L’iconographie témoigne de

l’existence d’une moissonneuse poussée par des bœufs mais son emploi est sans doute exceptionnel. On cultive des céréales (blé, orge, millet...), de nombreux légumes (salades, choux...) et des légumineuses (fèves, pois, lentilles...) ainsi que des fruits (prunes, pêches...). La viande consommée provient surtout de l’élevage (cochon, bœuf, mouton...). La part de la chasse et de la pêche est difficilement quantifiable, elle est néanmoins confirmée par les textes antiques.

Fer de houe bident. Provenance : Saint-Marcel / Argentomagus, Indre. Collection : musée d’Argentomagus. Photo, Thomas Boucher.

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LES CARACTÉR D E S E X P LO I TAT

D

e la fin du IIe siècle avant notre ère jusqu’à la fin du er I siècle de notre ère, le nombre d’établissements ruraux s’accroit sensiblement en Gaule. Si certaines diversités ont pu être mises en évidence en fonction des régions ou des terroirs, les exploitations agricoles peuvent être rangées en deux catégories principales : les fermes et les villae.

LES FERMES En Gaule du nord et du centre, les fermes reprennent souvent un plan hérité de ceux de l’Âge du Fer* avec une juxtaposition d’enclos accueillant habitat, grange, parcs à animaux, cultures... Les bâtiments sont construits soit en matériaux périssables (terre et bois) soit en matériaux mixtes (terre, bois, pierres, tuiles). Ces fermes peuvent être exploitées directement par leur propriétaire ou être placées sous la dépendance de grands domaines. Elles abritent le plus souvent une famille d’agriculteurs, soit quelques individus.


RIS T I QU ES TIONS AGRICOLES LES VILLAE Les villae correspondent à de vastes établissements comprenant des bâtiments résidentiels (pars urbana) et des bâtiments à vocation agricole et artisanale (pars rustica). La pars urbana peut prendre un aspect monumental. Elle se présente souvent sous la forme

d’un corps de bâtiment d’habitation doté d’une galerie de façade et de pavillons d’angle. Les aménagements intérieurs peuvent être luxueux avec de vastes salles de réception et des bains privés. L’emploi de matériaux nobles y est fréquent (marbres, mosaïques...). Ces

grands domaines appartiennent à de riches propriétaires. La production des villae est sans doute principalement vouée au commerce et génère d’importants revenus.

Photographie aérienne d’une exploitation agricole à Sazilly, « La Salle ». Photo, Philippe Delauné (source : Revue Archéologique de Picardie, n° spécial 17, 1999).

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L’AGRICULTURE

Agriculture et élevage en Touraine à l’époque romaine

Les activités agro-pastorales constituent en Gaule romaine la part majeure de l’économie et la source de richesse principale des grands propriétaires fonciers qui constituent l’élite de la société dans les cités de ces provinces.

Nos connaissances à ce sujet pour les Turons de Touraine antique sont, comme souvent en Gaule, limitées et quasi exclusivement dues à des données archéologiques. En effet, à travers les Trois Gaules, si l’on connaît en général assez bien le tissu d’occupation du sol, de l’habitat rural, dispersé et souvent dense, ainsi que les formes de ces établissements ruraux ( villae * et fermes), les spécificités régionales des productions nous échappent pour une grande part, tant pour leur cadre, le paysage agraire alors présent (parcellaire, paysage ouvert ou fermé...), les techniques et l’outillage, que - surtout - pour les produits eux-mêmes (plantes cultivées et animaux élevés) : ce constat concerne y compris la part

relative de l’agriculture et de l’élevage - voire de l’exploitation du milieu et de l’artisanat - dans cette économie agraire. En effet, d’abord, peu de sites ont encore été fouillés sur des surfaces suffisantes et avec assez d’attention pour fournir des documents à ces questions. En outre, les indices matériels réellement probants associables à telle ou telle culture, tel ou tel élevage spécifique, et donc susceptibles, par leur présence, de révéler ces derniers, ne sont pas nombreux. Par exemple, la présence, courante, de meules à grain sur les sites ruraux (et urbains) ne révèle en rien la céréaliculture sur place, mais simplement la mouture et la production de farine pour les besoins domestiques quotidiens. Cependant, les céréales (différentes espèces de blés, panifiables ou non, et orge, surtout) doivent comme partout constituer la culture dominante, car à la base de l’alimentation alors.

Bâtiment de stockage découvert sur le site de « La Roche Deniau » à Parçay-Meslay. Photo, Nicolas Fouillet - Inrap. Fig. 1


A L A IN FERD I ÈRE

La Touraine constitue une mosaïque de terroirs de faible superficie (sans rapport par exemple avec l’homogénéité de la Beauce, pour les voisins carnutes de Chartres et Orléans), aux caractéristiques géologiques, géomorphologiques et paysagères très diverses et variées ; mais, au-delà de ce constat, on ne peut raisonnablement en induire, pour chacun d’eux, une économie agro-pastorale propre, pour l’Antiquité, sans sombrer dans un déterminisme excessif ; sans compter, entre autres, que le boisement, comme le régime des cours d’eau, ont pu largement évoluer depuis, jusqu’à nos jours. Ces indices peuvent d’abord concerner des types de bâtiments, de structures, caractéristiques d’activités agropastorales : aucun chai ni pressoir (sinon deux bases de pierre supposées) pour la viticulture n’est connu dans la cité des Turons, mais le site de « La Roche Deniau » à Parçay-Meslay a en revanche fourni un très bel exemple, original, de grand grenier, sur plancher surélevé par des longrines* parallèles

(Fig. 1), et quelques autres sites ont peut-être révélé de tels bâtiments de stockage ( infra ). Quant aux bâtisses annexes de villae qualifiées de grange, de plan s’inscrivant dans un carré, à portail central entre deux pièces d’angle, connues sur de nombreux sites surtout par la photographie aérienne, il s’agit en fait d’un type de bâtiment trop polyvalent pour pouvoir être ici pertinent (Fig. 2). Pour les vestiges de parcellaires ruraux antiques mis en lumière par ces mêmes prospections aériennes ainsi que par des fouilles, notamment préventives, de grande surface, seules les limites parcellaires matérialisées (fossés) - et donc à l’exclusion de l’openfield* - peuvent être ainsi révélées et il est très rarement possible de dire alors s’il s’agit de champs labourés et cultivés ou de prés de pâtures. Quant à l’outillage, très peu de ces activités agro-pastorales mettent en œuvre des outils - en tout cas susceptibles de se conserver au moins en partie - spécifique de l’une ou l’autre d’entre elles. Les pièces métalliques, le plus souvent

Bâtiment agricole de type grange repéré par photographie aérienne sur la commune de Thizay. Photo, Jean-Paul Lecompte. Fig. 2

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récupérées et recyclées, sont rares. Les socs d’araire, pour le labour, orientent certes plutôt vers la céréaliculture, mais aucun exemplaire n’est connu ici ; la moisson se fait à la faucille, dont on ne connaît non plus aucun exemplaire, la faux étant réservée à la fenaison (fourrage, pour l’élevage : un seul exemplaire, pour La Tène finale, infra ) ; bêches, houes, binettes correspondent quant à elles plus

La palynologie

Fig. 3 Fer de houe et moitié de forces de La Tène finale ; provenance : Esvres-sur-Indre « Sur le Peu ». Dessins, Jérôme Arquille - Inrap.

à de l’horticulture et du jardinage (légumineuses...) qu’à de la véritable agriculture ; on connaît en revanche ici quelques cas de serpettes de vignerons (Fig. 6) ; quant aux forces, possiblement - pour certaines dimensions - à tondre les moutons pour la laine, on n’en connaît que peu d’exemplaires probants (Fig. 3), et l’on ne peut en revanche citer aucun cas, par exemple, de véritables faisselles pour l’égouttage du fromage (de vache, de brebis ou de chèvre)... La plus grande partie de l’information - et encore en faible quantité - provient donc en fait des disciplines naturalistes, de ce que l’on nomme - un peu improprement - analyses « paléo-environnementales » : principalement, palynologie, carpologie, archéozoologie. Carotte prélevée dans une tourbière. Photo, Delphine Barbier-Pain - Inrap.

Fig. 4

Il s’agit de l’étude des pollens et spores fossiles de plantes, contenus dans des sédiments naturels (notamment tourbières) ou anthropiques (couches archéologiques). L’enveloppe de ces pollens (cellules mâles de la reproduction végétale), chacun caractéristique d’une espèce, se conserve en effet souvent très bien avec le temps. On peut ainsi étudier surtout le taux de boisement global (révélant notamment les défrichements agraires, au cours de la période sub-atlantique*), les principales composantes du paysage (zones humides, boisées, en prairie...), ainsi que, dans le détail, la présence de certaines espèces cultivées. Les prélèvements en milieu archéologique sont souvent difficiles à interpréter, et ceux en milieu naturel ne donnent en revanche qu’une image vague et très large du paysage environnant. Et de nombreuses limites et difficultés existent en la matière : par exemple, le pollen de vigne sauvage ne se distingue pas de celui de vigne cultivée, les pollens de céréales (sans possibilité de distinction d’espèces) diffusent très peu au-delà des champs, si ce n’est dans les aires où on les traite (aires de battage, vannage, stockage...) et l’on ne distingue pas aisément le chanvre (corde et textile) du houblon...

La carpologie

Fig. 5 Observation au microscope optique. Photo, Mathilde Dupré - Inrap.

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Il s’agit de l’étude de la part des macro-restes ( i. e. visibles à l’œil nu, contrairement aux micro-restes tels que les pollens) végétaux qui correspond aux graines et fruits, que l’on retrouve dans les dépôts archéologiques des sites, plus ou moins fragmentés. Ceux-ci se conservent en effet soit par carbonisation, soit par imbibation (dans l’eau), ou encore par minéralisation (dans des latrines, par ex.). Ainsi, on observe la présence de céréales - alors à l’espèce près (différentes espèces de blés, nus ou vêtus, panifiables ou non, orge, millet...) -, de légumineuses (lentilles, pois, etc.), mais aussi éventuellement d’autres plantes cultivées (textile...), et sauvages, par exemple révélatrices de céréalicultures (adventices*, commensales*), de prairies de pâture ou de fenaison, et autres végétaux fourragers pour le bétail élevé. La précision de l’identification dépend de l’état de conservation, mais le contexte de découverte des lots étudiés doit être examiné avec attention (dépôts constitués, prélèvements, ou échantillonnage, réalisation de tamisage sur sédiment archéologique...).


On pourrait ajouter entre autres l’étude des phytolithes (composantes minérales incluses dans les plantes), qui peuvent révéler par exemple des tiges de céréales ou autres graminées utilisées en litières pour les bêtes. Malheureusement, ces études spécialisées n’ont encore été pratiquées qu’en faible nombre pour la Touraine galloromaine. En définitive, les attestations localisées et précises sont peu nombreuses quant aux productions agro-pastorales de la Touraine gallo-romaine : • v iticulture : pollens de vigne (Gizeux, Pernay, Saint-Nicolasde-Bourgueil, Tours) ; pépins de raisins, restes de vigne (Tours, Saint-Romain-sur-Cher) ; serpes (Amboise, Chinon, Marcilly-sur-Vienne, Sainte-Maure-de-Touraine) ; pressoirs (Antogny, Cheillé), présence de dolia * à vin (Saint-Patrice) ; production d’amphores à vin (Thésée-Pouillé, Crouzilles « Mougon ») ; • c éréaliculture : outre le grenier de Parçay-Meslay (supra), peut-être le grand édifice à contrefort de la villa des « Béziaux » à Langeais pourrait-il être aussi un bâtiment de stockage, de même que celui de l’Antiquité tardive de Rigny, avec ses murs croisés en caissons ; les analyses carpologiques pour la période sont rares (blé nu à Neuvy-le-Roi et Athée-surCher, orge vêtue à Parçay-Meslay et Esvres, pour le HautEmpire) et guère plus nombreuses pour La Tène finale : orge à Athée, Bléré et Esvres, millet à Athée et Bléré, froment à Neuillé et Esvres, amidonnier à Athée et Bléré, engrain à Neuillé, Athée et Bléré, épeautre à Bléré, avec des plantes adventices* de culture sur ce dernier site ; quant à la palynologie, on note des cultures à Tours même, extra muros , au Haut comme au Bas-Empire, et des céréales et plantes adventices de culture dans une mare d’une ferme gallo-romaine de Tours-Nord, comme, en général, dans la vallée de la Choisille ; l’établissement rural gallo-romain de Saint-Georges-surCher/Épeigné-les-Bois a en outre fourni un spectre pollinique révélant la mise en culture des céréales au Haut-Empire ; • l égumineuses : aucune dans les analyses carpologiques de sites de La Tène finale ou gallo-romains ; lentilles à Pouillé ;

• a utres espèces végétales (textiles...), on ne dispose de presque aucune donnée ; caméline (condiment) à Bléré à La Tène finale ; à La Tène finale, noisettes à Neuillé et Bléré, prunelle à Athée ; le noisetier est également présent dans les pollens de la mare du site gallo-romain de Tours-Nord, et c’est à la période romaine que se développent, comme un peu partout, le châtaignier et le noyer, par exemple attesté dans la tourbière de Gizeux ; • é levage : une faux de fenaison de La Tène finale est connue à Couesmes ; au VI e siècle encore, selon Grégoire de Tours, la Touraine présente des prés de fauche et un paysage au moins en partie bocager, avec des haies ; l’approvisionnement alimentaire, révélé par l’archéozoologie, pour Tours- Caesarodunum antique, la capitale de cité, permet de constater l’élevage du bœuf, de la chèvre et du mouton (caprinés, en général jeunes, et mâles castrés ou non, c’est-à-dire élevés plutôt pour la viande que le lait ou la laine), et du porc (surtout jeunes) dans les campagnes alentours, ainsi sans doute que dans les arrières-cours urbaines mêmes pour le porc : ainsi, au II e siècle, dans un îlot urbain proche de la cathédrale, le porc arrive en tête, devant le bœuf, et enfin les caprinés ; des boucheries de la ville abattent alors les bœufs (surtout castrés) arrivant sur pied aux portes de la ville (Vinci et Pl. Anatole France), tant élévés pour la viande qu’abattus après réforme ; à La Tène finale déjà, l’alimentation carnée du site de Vernou-surBrenne révélait l’élevage du porc, en tête, devant le bœuf puis les caprinés et volailles ; au BasEmpire, il en est sans doute de même du cheval, pour les populations « germaniques » résidant dans le castrum qui pratiquent l’hippophagie ; la carpologie révèle des plantes de prairie à Bléré pour La Tène finale ; pour la palynologie, de telles plantes de prairie sont attestés à Tours Fig. 6 même, intra et extra muros , au Haut et au BasSerpette Empire, l’environnement de l’atelier de potier découverte

sur le site de « Rochefolle » à Marcilly-surVienne. Photo, Thomas Boucher.

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de Crouzilles « Mougon » est marqué par le boisement, mais aussi des graminées, et l’analyse des pollens et phytolithes* d’une mare du Haut-Empire d’une ferme de Tours-Nord révèle un environnement de prairie humide ; de manière singulière, le marais de Taligny (vallée du Négron) marque à la période romaine un développement des prairies d’élevage au détriment des surfaces cultivées ; • l aine : peut-être à Tours (site du Château) et Esvres-surIndre (forces à tondre), outre la présence constante de mouton dans les restes alimentaires. Enfin, parmi les activités rurales, à la marge de l’économie agro-pastorale stricto sensu , encore faudrait-il mentionner d’autres productions, éventuellement lucratives : la forêt - révélée par la palynologie et l’anthracologie (étude des charbons de bois), ou encore certains outils (haches, coins...) -, avec la production de bois (d’œuvre, de menuiserie...), ainsi que la chasse et la pêche (surtout observées dans les études archéozoologiques), et encore - sans doute plus importants au plan économique - la production de matières premières (pierre de construction, mines de fer et réduction, sans parler du bois, encore...) et autres artisanats pour les objets manufacturés : au premier chef, la sidérurgie - au-delà de la réduction (forges d’affinage et d’élaboration), et la terre cuite (poterie et principalement, pour ce milieu rural, les tuileries)...

In fine , les données concrètes sont donc largement insuffisantes, comme presque partout, pour dresser une carte de l’économie agro-pastorale de la Touraine gallo-romaine et de ses éventuelles spécialisations par terroir. Tout au plus peut-on noter pour la viticulture que, parmi les secteurs où elle a été reconnue, se trouvent des zones aujourd’hui encore largement vouées à cette production, telles que celles de Chinon ou de Bourgueil. Sinon, la céréaliculture - qui n’est certes sans doute pas dominante partout - est quand même assez omniprésente, comme il est normal ; et des régions de sols pauvres, telles que par exemple la Gâtine tourangelle, peuvent certes avoir porté une économie plus orientée vers l’élevage (bovins, ovins...), pour le travail, la viande, le lait et la laine.

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L’archéozoologie Il s’agit de l’étude des restes animaux découverts dans les couches archéologiques, principalement de leurs ossements, mais aussi par exemple excréments, coquilles, carapaces, et ichtyologie (poissons), entomologie (insectes), etc. Cependant, la grande majorité des ossements mis au jour sur les sites archéologiques correspond à des rejets de préparations culinaires, nous informant bien plus, directement, sur les régimes alimentaires des populations concernées que sur l’élevage et ses pratiques, et encore moins sur le caractère local ou non de ce dernier : par exemple, en ville, si volailles et sans doute porcs peuvent être élevés sur place, le reste de la viande consommée est importée des campagnes alentours, et, pour le bœuf, abattu et débité dans des officines spécialisées (abattoirs, boucheries). Cependant, les âges d’abattage - ainsi parfois que la diagnose sexuelle* : mâles pour la reproduction, castrés pour le travail, femelles pour le lait... - permettent dans certains cas de reconnaître les bêtes abattues pour la viande (jeunes) de celles maintenues plus âgées pour le travail (boeuf, cheval), le lait (vache, brebis, chèvre) ou la laine (mouton) ; et la présence de dents de lait, par exemple, révèle des naissances sur place et donc un élevage. Il faut cependant noter que chèvre et mouton ne se différencient que difficilement (caprinés), ce qui handicape la reconnaissance de production laitière (fromage) et de laine. Quant au cheval, généralement non consommé à cette période, il est encore plus difficile d’en reconnaître l’élevage, comme celle de mules (croisement âne-cheval).


UN PUITS ANTIQUE DANS LA VIENNE

THOMAS BOUCHER

E

n août 2003, à la faveur des basses eaux, un puits gallo-romain en partie arasé a été fouillé sur les berges de la Vienne au lieu-dit « Les Prés de la Rue Courte » à Savigny-en-Véron (Boucher 2004 : 924 et Lecompte, Courtoux 2010 : 377-382). Ce puits a un diamètre qui varie, à l’ouverture, entre 0,70 et 0,90 m ; il est conservé sur une hauteur de 0,75 m et se compose de trois assises de moellons calcaires reposant sur un cadre carré fait de quatre poutres de bois. La fouille du puits a livré un mobilier important : un outil (de fonction incertaine) entièrement en bois (Fig. 2), des fragments de tegulae, deux fragments de meule, deux monnaies de l’empereur Constantin et de nombreux fragments de poteries permettant de dater l’ouvrage (construit au plus tôt vers la fin du IIe siècle de notre ère et comblé durant la seconde moitié du IVe siècle). Outre ces artefacts, de nombreux restes fauniques retrouvés dans tout le remplissage du puits nous renseignent sur la présence d’animaux domestiques sur le site (deux animaux entiers : une chèvre et un porcelet). Des ossements isolés (bœuf, équidé, mouton/chèvre) témoignent sans doute des viandes consommées sur place. Notons également la découverte de plusieurs noyaux de pêche.

Fig. 1 Puits de Savigny-en-Véron en cours de fouille. Photos, Jean-Paul Lecompte.

La présence d’un tel aménagement dans le lit mineur de la rivière n’est pas un cas unique en val de Vienne. Ce type de structure a également été reconnu à Crouzilles « Mougon » (puits comblé vers le milieu du Ier siècle de notre ère ; voir l’article sur Mougon dans le présent ouvrage) et à Saint-Germainsur-Vienne, légèrement en amont du lieu où le ruisseau du Bouchet rejoint la Vienne (puits non daté).

L’emplacement de ces puits (au moins ceux de Savigny-en-Véron et de Crouzilles qui sont bien datés) témoigne d’une modification du tracé de la rivière durant l’époque romaine.

BIBLIOGRAPHIE

Outil en bois trouvé dans le comblement du puits. La partie utile étant aplatie, il pourrait s’agir d’un instrument pour broyer le chanvre ou d’un maillet de tonnelier. Photo, Thomas Boucher.

Fig. 2

• Boucher 2004 : BOUCHER (T.) - Notes archéologiques. B.A.V.C., t. X, n° 8, 2004, p. 919-925. • L ecompte, Courtoux 2010 : LECOMPTE (J.-P.), COURTOUX (G.) - Découverte à Savigny. Fouille d’un puits gallo-romain trouvé dans le lit de la Vienne. B.A.V.C., t. XI, n° 4, 2010, p. 377-382.

51 |


L’AGRICULTURE Beaumont-en-Véron

Chinon

N

0

50 km

Tavant

Nouâtre

N

N

N

Mise en évidence d’un parcellaire antique à Be

0

50 km

0

50 km

0

50 km

Fig. 1 Vue générale des tranchées de diagnostic en cours de réalisation lors de l’opération de la ZAC du Véron. Photo, Pierre Papin - SADIL.

Depuis ces trente dernières années, l’apparition de thématiques de recherches nouvelles telles que l’archéologie des paysages, de leur construction et de leur évolution au cours du temps constitue un des apports majeurs de l’archéologie préventive. Cette innovation a été permise par le développement sans précédent d’investigations sur de très grandes surfaces. Par le biais des diagnostics archéologiques* préalables à toute construction susceptible d’endommager des vestiges, les archéologues ont mis en valeur l’existence de réseaux parcellaires (Ferdière 1997). Ces recherches prennent toute leur mesure à l’occasion des grands travaux d’aménagements du territoire (autoroutes, lignes SNCF, ZAC...). À Beaumont-enVéron, c’est à l’occasion d’un diagnostic d’une ZAC de 13,26 hectares, réalisé par le SADIL en 2009 pour la Communauté de Commune du Véron, que ces aspects ont été abordés (Fig. 1). Les vestiges mis au jour sont en effet ceux d’un réseau parcellaire* fossoyé de l’époque romaine, témoignant de la mise en valeur de ce territoire durant l’Antiquité.

52

LE « BAS-VÉRON », UN PAYSAGE MARQUÉ PAR L’HYDROGRAPHIE L’opération se situe au nord-ouest de Beaumont-en-Véron dans le paysage naturel du « Bas-Véron » correspondant aux très basses terrasses de la plaine alluviale de la Loire. Cette zone de confluence avec la Vienne, située à une altitude moyenne de 30 à 35 m (l’étiage de la Loire est à 29 m NGF à la confluence), en fait un paysage fortement marqué par l’hydrographie*, parsemé de lacs, de mares et de marais. Topographiquement, cela se traduit par un relief extrêmement plat. Dans l’emprise de l’opération, on observe une pente très douce dans le sens nord-sud, qui est celle d’un ancien couloir de débordement de la Loire vers la Vienne durant le Quaternaire. Fig. 2 La résurgence de l’eau se situe à très faible profondeur (moins d’un mètre par endroits) en


aumont-en-Véron

PIE R R E PA PIN

raison de la nappe phréatique sous-jacente. Au moment de l’intervention, ce facteur a largement limité la réalisation de sondages archéologiques profonds, l’eau remplissant le volume en quelques minutes et rendant les coupes très instables (Fig. 2).

Cadastre actuel

N

19

Limites communales

AVOINE

20

Emprise du diagnostic

21

Tranchées et sondages

22

Surfaces inaccessibles :

23

Parcelles boisées

24

83

Lorsqu’on observe la carte de répartition des découvertes archéologiques de l’époque romaine dans le Véron, on remarque une densité de sites différente entre le « Bas-Véron » et le pays des plateaux et des buttes calcaires, le « Haut-Véron ». La quasi-totalité des nombreux sites connus se trouve en effet au sud et au sud-est, dans ces zones non inondables. La réalisation d’un diagnostic archéologique constitue une occasion d’observer les modalités d’occupation des zones humides encore bien peu documentées.

Vestiges :

26

13

72

85

124

69

68

Restitution des fossés

28

101

29 91

104

71

67

Faits archéologiques

27 82

RD

30

90

74

9

93

79

31

94

32 130 83

99

89

21

73

95 43

44 21

125

115

118 119

110

12

10

9

116

42

38

40

49

39

37

62 63 64

60

16

36 35

55

46

47

10

18

30

50 57

48 17

107

8

53

28

29

41

7

45

105

114

58

9 59

11

26

106

112

24

27

111

120

43

8

17

11

109

34

98 7

75à77 126à129

37 108

96 78

22

25 113

97

21

23

25

117

121

33

92

122

123

13

Fig. 4

102

81

44

Fig. 3

86 87

LA NATURE DES VESTIGES ARCHÉOLOGIQUES : DES FOSSÉS PAR DIZAINES...

20

70

56

11

18

65

6 51 5 6

61

17 eG

og ué

4

15

Ru ed

La totalité des vestiges archéologiques mis au jour lors de l’opération se compose de structures en creux, témoignant d’anciens creusements (fossés, fosses, trous de poteau d’anciennes constructions en bois). Leur comblement, souvent gris anthracite à noir, tranche avec le sable ocre du substrat naturel sous-jacent (Fig. 3, 4). Soixantequinze des cent dix-huit indices archéologiques mis au jour sont d’anciens fossés dont les portions apparaissent dans les tranchées de diagnostic, sous le décapage de la terre végétale effectué à l’aide d’une pelle mécanique (Fig. 5). Ces anciens fossés, visibles dans le paysage, permettaient à la fois de matérialiser des limites parcellaires et servaient aussi de drain, comme en font état les textes gromatiques* de l’époque romaine (Chouquer, Favory 2001 : 188). Cette dernière fonction prend toute son importance dans un milieu humide tel que celui du « Bas-Véron ».

Zone humide

25

UNE ZONE ARCHÉOLOGIQUEMENT PEU DOCUMENTÉE

31

16

3

34

33

14

32 19

35 42

36

BEAUMONT-EN-VÉRON 0

100 m

6

13

5

4

12

3

15

1

2

1

14

Fig. 5 Plan masse des vestiges mis au jour durant le diagnostic. Plan : Pierre Papin, Samuel Riou - SADIL.

Fig. 2 Sondage archéologique rempli d’eau de la nappe phréatique sous-jacente. Photo, Pierre Papin - SADIL. Apparition du comblement des structures archéologiques Fig. 3 en creux (sable noir) dans le substrat sous-jacent (sable ocre jaune). Photo, Pierre Papin - SADIL. Fig. 4 Vue en coupe d’un fossé. Photo, Pierre Papin - SADIL.

53 |


Mobilier de F16

Fig. 6

1. col de cruche à lèvre bifide, céramique commune claire 2. bol à colerette, sigilée (type- Lezoux 95)

1

Dessin du mobilier céramique antique découvert lors du diagnostic. Dessins : Pierre Papin, Samuel Riou - SADIL.

2 1/3

0

10 cm

Mobilier de F13 1. terra nigra, coupe type Menez 55 ou 57 2. terra nigra, bol type Menez 66 3. fond d'amphore régionale 4. dolium type Mougon (type E)

1

2 0

1/3

10 cm

3

4

0

1/5

10 cm

LE MATÉRIEL CÉRAMIQUE, UN MARQUEUR CHRONOLOGIQUE C’est principalement à l’aide du matériel céramique piégé dans les comblements des faits archéologiques que l’on peut affirmer l’origine antique d’une grande partie des vestiges. En croisant les données issues de la répartition spatiale du mobilier dans

les structures et en confrontant ce mobilier aux séries typochronologiques existantes, on peut dégager des intervalles de dates correspondant aux plus importantes phases d’occupation (Fig. 6). Ils sont un indicateur de la durée d’existence du réseau fossoyé (Desrayaud 2009 : 14-15). À partir de là, d’autres indices peuvent être pris en compte tels que l’observation de la liaison stratigraphique des éléments : synchronie des comblements ou bien, au contraire, recoupement indiquant une relation d’antériorité ou de postériorité (Fig. 7). Enfin, il s’agit également d’observer la place de chaque élément dans un ensemble plus large (position isocline, c’est-à-dire parfaitement perpendiculaire ou parallèle à d’autres fossés bien datés par le mobilier céramique). « Si ces ensembles (...) présentent un maillage régulier ou suivent une ou plusieurs orientations régulières, on peut alors émettre l’hypothèse de l’existence d’un réseau parcellaire » ( ibid. : 15). Or trente-deux des fossés du site de Beaumont-en-Véron peuvent être datés vers le milieu du I er siècle de notre ère. Le mobilier céramique montre clairement que l’ensemble des fossés sont entièrement comblés au plus tard au milieu du II e siècle de notre ère. Un second groupe de fossés plus récent se dégage avec une datation de l’époque moderne (XVI e-XVII e siècles). Certains de ces fossés modernes sont encore présents à l’heure actuelle dans le paysage (Fig. 8).

Sondage manuel effectué à l’intersection de deux fossés : le fossé nord-sud au comblement gris recoupe le fossé est-ouest au comblement noir. Photo, Pierre Papin - SADIL. Fig. 7 Vue d’un fossé actif bordant l’emprise du diagnostic. Photo, Pierre Papin - SADIL. Fig. 8


Surfaces inaccessibles : Parcelles boisées

Tranchées et sondages

Zone humide

Vestiges de l'occupation antique : réseau phase 1 réseau phase 2 réseau non phasé

AVOINE

emprise des chemins Présence de structures (trous de poteaux, fosses)

20m

20m

113m

114m 109m

20m

tr27

tr28

tr29

tr30

F130 F89

107m

20m

Tranchées et sondages

Surfaces inaccessibles : Parcelles boisées

Vestiges :

F13

La majorité de ces fossés, qu’ils soient parcellaires ou délimitant le bord d’un chemin, avaient indéniablement une fonction drainante, car étroitement liés à la microtopographie. Leur orientation majoritairement nord-sud est celle de la pente naturelle. Ils recueillaient et canalisaient les eaux de surface.

20m

20m

• d e nombreux fossés simples, formant les limites des parcelles. Au sud de l’emprise ces fossés forment un réseau orthonormé*, avec des parcelles de cultures desservies par les axes de circulation. Au nord, en revanche, un groupe de fossés contenant du mobilier romain présente une orientation différente (F91 à 94). L’analyse des recoupements stratigraphiques des fossés au niveau du carrefour montre clairement que les fossés du secteur nord appartiennent à une phase plus ancienne : F92 est en effet à la fois antérieur aux fossés F21 et F22. L’installation des fossés bordiers nord du chemin intervient donc dans une seconde phase d’aménagement. Il est difficile, compte tenu de l’aspect lacunaire du diagnostic archéologique, de savoir si les fossés au nord ont pu fonctionner en partie en même temps que le reste du parcellaire au sud.

se re rvé st itu é

N

Emprise du diagnostic

ob

Limites communales

Fait avec matériel romain

F13 Fait avec matériel moderne

F13 Fait sans matériel

tr31

N

F93

F99

F92

BEAUMONT-EN-VÉRON

habitat?

0

100 m

Plan interprétatif des vestiges de l’Antiquité. Fig. 9 Plan : Pierre Papin, Samuel Riou - SADIL.

F95 F37

UN RÉSEAU PARCELLAIRE GALLO-ROMAIN RÉVÉLÉ

bâtiment ?

F97 F21

Le plan des fossés, ainsi mis en phases chronologiques, révèle un réseau fossile de l’époque romaine qui apparait bien structuré. Celui-ci se compose de plusieurs éléments (Fig. 9) : • d es chemins, identifiés par la présence de deux fossés bordiers parfaitement parallèles, espacés de 2,50 mètres en moyenne, de gabarits et de comblements similaires. Deux de ces chemins en particulier, repérés sur de grandes longueurs, l’un d’orientation nord-sud (F11, 17) et l’autre est-ouest (F8, 9), présentent la particularité de se croiser parfaitement à angle droit, formant un carrefour. La réalisation d’un décapage complémentaire de ce secteur à bien montré la synchronie des deux axes de circulation (Fig. 10). Ils semblent être des éléments structurants du territoire ;

F96 F78

F98

F23 F7

F22

F21

F77

tr9

F25

tr6

F75 F17 F126

F8

F76 F129

F128

F9

F127

F24

F11

tr7 tr5

tr3

tr4

0

20 m

tr8

Plan de détail des structures archéologiques au niveau du carrefour de Fig. 10 deux chemins antiques. Plan : Pierre Papin, Samuel Riou - SADIL.

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Fig. 11 Sondage dans la fosse-puisard F16, au fond de laquelle se trouve un catillus de meule à bras. On remarque les fortes résurgences d’eau au moment du sondage. Photo, Pierre Papin - SADIL.

Décapage complémentaire en cours d’une fosse-puisard. Photo, Pierre Papin - SADIL.

Fig. 12

STRUCTURES AGRAIRES ET HABITAT Des fosses et trous de poteaux ont également été détectés, attestant la présence de bâtiments ou aménagements agraires annexes, dont quelques-uns comportaient du mobilier du Haut-Empire. Présents un peu partout dans le terroir au sein des parcelles, on observe néanmoins une concentration significative de ces structures aux alentours du carrefour des deux chemins principaux. Cette concentration indique la présence de petits bâtiments en bois (bien qu’aucun plan n’ait pu être clairement

56

identifié, en raison de l’aspect lacunaire du diagnostic), ou tout du moins d’activités agraires répétées. L’existence d’un habitat est par ailleurs supposée au sud de l’emprise grâce à la découverte d’un matériel abondant mis au jour dans les fosses et les fossés. Deux fosses-puisards (F13, 16) découvertes à l’intersection de plusieurs fossés, recueillant les eaux de l’axe nord-sud (F14, 15, 17, 31), ont servi de dépotoirs lors de leur abandon (Fig. 11, 12, 13). Elles ont livré de nombreux artefacts* témoignant d’activités domestiques : catillus * d’une meule à grains (Fig. 14), vaisselle de table (céramique sigillée* ou de la terra nigra *, Fig. 6), fragments d’amphores et de dolia * (grands vases de stockage romains). Cet habitat apparait très mal conservé ou bien situé plus au sud hors de l’emprise du diagnostic.


Coupe A - F016 - F020

coupe B - F016

Sud

Est

Nord

35 m

Ouest

TV

plan

TV

094

F17 094

095

095

34 m

096 F16

B

A 33 m

C

35 m

Coupe C - F020

Unités stratigraphiques

Est

094 - Sable gris

Ouest

F20

095 - Sable noir 096 - Sable gris

TV

Substrat

094

TR4

sable argile

Fig. 13

0

34 m

Relevés de coupes de la fosse F16. Dessins : Pierre Papin, Samuel Riou - SADIL. Photographie de la face inférieure du catillus de meule à bras découvert dans la fosse F16. Photo, Pierre Papin - SADIL. Fig. 14

F11

0

10m

2m

CADASTRATION MAIS NON CENTURIATION Pour ce qui concerne ce secteur sud, outre la morphologie très régulière constatée du réseau parcellaire, l’analyse de la taille des parcelles tend à montrer l’emploi d’un module standardisé. Les principales composantes semblent en effet organisées sur une base d’environ 110 mètres et de 20 mètres pour les subdivisons. Ceci tend à prouver l’existence d’une réelle planification de l’implantation des parcelles. Les chercheurs ont souvent tenté ces dernières années de trouver dans l’organisation des territoires à l’époque romaine, les traces des fameuses « centuriations ». Ce faisant, les raisonnements ont souvent été orientés sur l’examen des modules de parcelle en y cherchant les traces du système métrique antique : centuries carrées de 710 pieds romains de long, subdivisés en parcelles dont la surface est proche du jugère (ou jugerum , signifiant « joug » en latin, unité de mesure de surface à l’époque romaine correspondant la surface labourable en un jour d’araire

57 |


avec attelage). Néanmoins, comme le rappelle Alain Ferdière dans des publications récentes, ces recherches ont souvent été abusives, voire fantaisistes, car appliquées à des territoires non « coloniaux » (Ferdière et al. 2006 : 81, Ferdière 2005 : 224-225). En effet, « la centuriation est un cadre à la distribution de lots de terres cultivables aux vétérans de l’armée romaine, dans le cadre de « déductions » coloniales » (installation de colonies de vétérans, sur des territoires enlevés aux indigènes), cas particulier que n’a jamais connu la cité des Turons. En revanche, on ne peut nier la présence à Beaumont-en-Véron, comme dans beaucoup d’autres exemples découverts en Gaule, d’une cadastration planifiée et réfléchie, au sens d’une division du territoire destiné à sa gestion et sa mise en valeur (cultures, propriété, fiscalité...).

UNE TENTATIVE ÉCHOUÉE DE MISE EN VALEUR ? Le site de Beaumont-en-Véron témoigne de la conquête de nouvelles terres agricoles sur les zones humides de la

plaine alluviale au I er siècle de notre ère. Le paysage du « Bas-Véron » devait alors avoir un aspect ouvert et les mises en cultures nombreuses. Néanmoins, l’analyse du matériel céramique montre bien que l’ensemble de ces fossés sont comblés dès le début du II e siècle de notre ère. Moins d’un siècle s’est donc écoulé avant que le réseau parcellaire fossoyé soit entièrement abandonné. Une nouvelle tentative de drainage du secteur aura lieu seulement à partir du XVI e siècle. Peut-on alors penser que l’implantation du système parcellaire de l’époque romaine organisé sur une grande surface (plusieurs hectares) ait subit un échec ? Une trop forte contrainte hydrographique (sol saturé en eau, crues trop fréquentes...) aurait contraint les hommes à ne pas poursuivre l’entretien de ce système fossoyé ? Cependant, on ignore si le hiatus chronologique correspond à une réelle déprise ou bien à un changement de pratiques agraires qui n’auraient laissé aucune trace (haies vives, zone de pâturages...). De nouvelles investigations dans le futur pourront peut-être répondre à ces interrogations.

BIBLIOGRAPHIE • Chouquer, Favory 2001 : CHOUQUER (G.), FAVORY (F.) - L’arpentage romain. Histoire des textes. Droit et Techniques. Paris : Errance, 2001. • Desrayaud 2009 : DESRAYAUD (G.) - Parcellaires fossoyés du Haut Empire des plateaux de Brie : Jossigny/Serris et Moissy-Cramayel (Seine-et-Marne). Approche méthodologique de l’étude des réseaux. R.A.C.F. [en ligne], 47, 2008, mis en ligne le 15 mai 2009. URL : http://racf.revues.org/1161 • F erdière 1997 : FERDIÈRE (A.) - Stratégie de fouille des parcellaires en archéologie préventive. In : CHOUQUER (G.) (dir.) - Les formes du paysage, Tome 2. Archéologie des parcellaires, Actes du colloque d’Orléans (mars 1996). Errance, ARCHEA, Archéologie aujourd’hui, Paris 1997, p. 81-87. • Ferdière et al. 2006 : FERDIÈRE (A.), MALRAIN (F.), MATTERNE (V.), MÉNIEL (P.), NISSEN-JAUBERT (A.) - Histoire de l’Agriculture en Gaule, 500 av. J.-C. - 1000 ap. J.-C. Paris : Errance, 2006. • Papin 2009 : PAPIN (P.) - Beaumont-en-Véron, aménagement de la zone d’activité du Véron, tranche 1. Rapport de diagnostic archéologique réalisé par le SADIL, SRA, Orléans, 2009.

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CHAPITRE IV

L’ARTISANAT

Cruche. Provenance : nécropole de Tavant, « 42 Rue Grande » (sépulture 13 ; datation : 70 de notre ère au début du IIe siècle). H. 12,2 cm. Collection : Société Archéologique de Touraine. Photo, Mariusz Hermanowicz - Inventaire du Patrimoine de la Région Centre.

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UN ARTISANAT DÉVELOPPÉ ET DIVERSIFIÉ

Poteries découvertes au cours des fouilles de la nécropole de Tavant. Collection : Société Archéologique de Touraine. Photo, Mariusz Hermanowicz - Inventaire du Patrimoine de la Région Centre.

L

es artisans gallo-romains exercent dans divers domaines. Ils travaillent des matières variées telles que la terre, le métal, le verre, le textile, le cuir, le bois, la pierre, l’os... Leurs métiers nécessitent une technique manuelle maîtrisée et un savoir-faire acquis selon les traditions. Une part importante de l’artisanat se concentre dans les centres urbains. Il s’agit souvent d’une activité de proximité associant boutique et atelier et s’adressant à une clientèle locale. Les productions de masse destinées à l’exportation se retrouvent essentiellement au sein des agglomérations secondaires. Chez les Turons, le village de potiers de Mougon en est un bon exemple. Pour autant, il ne faut pas sous-estimer le rôle du monde

60

rural dans la production artisanale. La multiplication des fouilles montre que de nombreux établissements agricoles sont pourvus d’ateliers dont les productions ne sont pas simplement vouées à l’autosuffisance mais destinées aussi à l’exportation.


L’ARTISANAT

L’agglomération secondaire antique de « Mougon » à Crouzilles T HOMA S BOUCHER Mougon N

Le site de « Mougon » est implanté sur une basse terrasse alluviale (44 NGF), le long de deux axes de communication majeurs, la Vienne et la voie parallèle qui la longe en rive droite. L’agglomération antique est spécialisée dans la fabrication de poteries (vaisselles domestiques et contenants destinés au transport) ainsi que de statuettes. La production de l’officine* débute dans le courant de la Nouâtre N ère et perdure jusqu’à la première moitié du I er siècle de notre e e fin du II siècle ou au début du III siècle. 0

150 ANS DE RECHERCHES

50 km

Aucune fouille importante n’a été menée sur l’agglomération antique et les informations disponibles restent lacunaires. Cependant, les résultats des différentes recherches menées

0

depuis la fin du XIX e siècle et surtout dans ces quarante dernières années permettent désormais de considérer « Mougon » comme le plus grand centre de production potière du Haut-Empire en Touraine et sans doute de tout le bassin de la Loire moyenne.

Photographie aérienne Fig. 1 du site de « Mougon » avec son réseau de 50 km voies orthonormées formant un quadrillage. Photo, Jacques Dubois / SRA.

« Mougon » est signalé dès le XIX e siècle pour sa nécropole du haut Moyen Âge, puis pour ses fours de potiers antiques. Depuis, le site a fait l’objet de nombreuses observations et opérations archéologiques dont la plupart ont été répertoriées dans les Bulletins et Mémoires de la

Céramiques Fig. 2 communes claires produites à « Mougon ». Dessins, Jérôme Bouillon Inrap.


Société Archéologique de Touraine. Il s’agit notamment, pour les plus anciennes, de découvertes effectuées à l’occasion de différents travaux (aménagements de la voie ferrée, travaux dans le hameau actuel) et lors de recherches entreprises par L. Bousrez à la fin du XIX e siècle et par le baron Auvray qui réalise plusieurs sondages dans les années 1930. À partir des années 1970 et sous l’impulsion de Christine et Bernard Toulier, les recherches sur le site de « Mougon » s’intensifient, avec la mise en place d’un programme de prospections au sol* (géophysiques* - par A. Kermovant et à vue sur sol nu, en quadrillage) et de prospections aériennes* (J. Dubois). Ces différentes opérations ont révélé l’existence de plusieurs dizaines de structures, notamment des fours et leurs dépotoirs, organisées au sein d’un réseau de voies orthonormées*. Quelques fouilles et sondages y sont ponctuellement menés (puits et fours de potiers galloromains, sépultures du haut Moyen Âge). L’agglomération de « Mougon » a également fait l’objet de plusieurs travaux universitaires dont le plus récent, la thèse d’Anne Moreau, fait état des dernières données issues de prospections (Moreau 2008).

CHRONOLOGIE DE L’OCCUPATION L’origine de l’implantation du site reste actuellement inconnue. Pour les périodes les plus anciennes, on notera la présence ponctuelle de silex taillés et de tessons protohistoriques difficiles à dater avec précision. Le mobilier le plus ancien lié à l’agglomération antique correspond à 26 fragments de céramique de type « Besançon » découverts sur la parcelle de « La Robinerie ». Ils sont datés de la fin de la période gauloise au début du I er siècle de notre ère ( ibid. : 317-318). L’occupation la mieux documentée concerne l’officine de potiers. Les fouilles et prospections diverses ont permis de dater les débuts de la production de l’officine dans le courant de la première moitié du I er siècle de notre ère (Tibère-Claude). L’abandon de la production se situerait

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vers la fin du II e siècle ou le début du III e siècle (Schweitz et al. 1986 : 63 ; Ferdière 2005). Les dernières prospections en carroyage confirment largement ces datations (Moreau 2008 : 318). Au Bas-Empire, une occupation d’une certaine importance est pressentie sous le hameau actuel. D’une part, les prospections récentes ont permis de repérer une concentration de mobilier des IVe et Ve siècles à l’ouest du hameau. D’autre part, la mention faite par Grégoire de Tours de la construction de l’église Saint-Pierre par l’évêque Perpet (458/459-488/489) témoigne de l’importance de la localité au Ve siècle. L’occupation du haut Moyen Âge est surtout connue par la nécropole dont la superficie est estimée à 3 hectares.

L’EXTENSION DU SITE AU HAUT-EMPIRE Au vu des différentes observations, l’extension de l’occupation antique couvre une superficie approximative d’une trentaine d’hectares ( ibid. : 319). Les limites de l’agglomération antique n’ont été que partiellement reconnues. Les sépultures à inhumation et à incinération observées à diverses occasions, notamment lors des travaux de terrassement réalisés à l’usine de Paviers en 1979, semblent marquer la limite nord-est du site. Cette zone funéraire a livré un sarcophage (d’époque indéterminée) et des sépultures à incinération datées de la fin du I er siècle de notre ère et du début du second. À l’ouest, la présence du hameau actuel rend plus difficile l’analyse de l’occupation antique ; elle est cependant attestée par quelques découvertes ponctuelles (structures artisanales, mobilier antique dans la terre de comblement de sépultures du haut Moyen Âge). Au regard des dernières recherches, on considère que l’agglomération s’étendait légèrement au-delà de la rue du Port ( ibid. ). Au nord, la limite apparaît moins nettement, faute de prospection systématique. Il semble que le bâtiment détecté sur une photographie aérienne de Jacques Dubois et situé à quelques


Carte de répartition des découvertes effectuées sur l’agglomération Fig. 3 de « Mougon ». Carte, Anne Moreau - Inrap.

mètres au-delà de l’ancienne ligne de chemin de fer marque l’extension nord de l’agglomération. Au sud, la Vienne constitue la limite naturelle de l’agglomération. Il est à noter que dans l’Antiquité la rivière suivait un tracé légèrement différent du cours actuel au niveau du méandre Mougon-Trogues. Ceci est attesté par la présence d’un puits dans le lit mineur de la rivière à quelques mètres de la parcelle des « Poulons Guérêts » (Toulier 1976). L’emplacement de ce puits, dont le comblement est daté du milieu du I er siècle de notre ère, indique que l’agglomération a été de ce côté tronquée par la rivière. Le site s’étendait donc légèrement plus au sud, à l’emplacement du lit actuel de la Vienne. Photographie aérienne du site de « Mougon » avec son réseau de voies orthonormées formant un quadrillage. Photo, Jacques Dubois / SRA. Fig. 4

UN RÉSEAU DE VOIES Les vestiges se développent au sein d’un réseau viaire quadrillé. L’ensemble se présente sous la forme d’une série de voies secondaires venant s’appuyer perpendiculairement à une voie principale d’orientation est-ouest et parallèle à la rivière. Ce plan géométrique est particulièrement bien lisible sur les parcelles des « Poulons Guérêts » (à l’est du hameau actuel) où Jacques Dubois a réalisé en 2003 plusieurs photographies aériennes d’excellente qualité (Fig. 1 et 4). La structure du réseau viaire suggère une opération de planification destinée à organiser le site dans son ensemble. La voie axiale principale est celle qui longeait la Vienne à l’époque romaine, en direction de Chinon.

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Fig. 5 Cruches (1-2) et jattes (3-4) découvertes à « Mougon ». Dessins, Pierre-Marie Blanc (Schweitz et al. 1986).

DES STRUCTURES PRINCIPALEMENT ARTISANALES Le quartier d’habitation est mal connu ; il pourrait se situer sous le hameau actuel de « Mougon ». Sur la zone la mieux documentée de l’agglomération, notamment à l’est de celle-ci, les structures identifiées sont essentiellement liées à l’activité artisanale : plus d’une quarantaine de fours de potiers ainsi qu’une multitude de structures diverses ont été découverts (bâtiments, puits, galeries, foyers, dépotoirs...). En 1979, préalablement à l’extension de l’usine de Paviers, quelques structures ont été observées, notamment un four de potier (Schweitz et al. 1986). De tout l’atelier, c’est le seul four qui ait été étudié dans son intégralité. Il s’agit d’un type classique, vertical, à laboratoire séparé de la chambre de chauffe par une sole*. Il est daté du milieu du I er siècle de notre ère. L’abondant mobilier découvert au cours de la fouille témoigne de la production d’amphores, de cruches, de vases de stockage, de petits pots et de jattes. Plus récemment, deux opérations de diagnostic archéologique ont été réalisées à la sortie est du hameau de « Mougon ». La mise au jour de diverses structures, dont des fours et de très nombreux fragments de céramiques, confirme l’importance de ce vaste atelier de potier.

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Carte de répartition des découvertes de jarres type Mougon. Réalisation, Fabrice Couvin - Inrap. Fig. 6


Moules de statuettes provenant de « Mougon ». Collection : Société Archéologique de Touraine. Fig. 7 1-2 : chevaux ; 3 : déesse-mère. Photos, Thomas Boucher.

LES PRODUCTIONS L’atelier produit toutes sortes de récipients destinés au transport et au stockage (amphores de types « Gauloise 4 » ou « Dressel 2/4 », dolia *, jarres...), ainsi qu’une grande variété de vaisselle commune et domestique (pots, cruches, jattes...).

Pesons de métier à tisser provenant de « Mougon ». Collection : Société Archéologique de Touraine. Photo, Thomas Boucher. Fig. 8

Si la fabrication de contenants et de vaisselles domestiques semble occuper une place prépondérante au sein de l’officine, d’autres productions céramiques sont attestées. La production de statuettes a été mise en évidence par la découverte de plusieurs moules (déesse-mère, Vénus, chevaux) (Fig. 7). Signalons également la découverte par un prospecteur local d’un sceau en terre cuite représentant une scène érotique en négatif. Ce type d’objet pourrait correspondre à une matrice utilisée pour le décor des médaillons de lampe à huile. Il est également possible d’envisager ici une production de sigillée du groupe dit du Centre-Ouest, comme l’atteste la découverte d’un fragment de moule lors de prospections récentes. Des terres cuites architecturales ( tegulae * et imbrices *) semblent avoir également été produites sur le site (Provost 1988 : 47). La découverte de pesons* (Fig. 8) et de fusaïoles*, dont on peut supposer la fabrication sur place, indique par ailleurs une activité textile.

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LE COMMERCE DU VIN

CONCLUSION

Nous avons vu que l’atelier de « Mougon » produisait au milieu du I er siècle de notre ère des amphores et notamment des amphores de type « Dressel 2/4 » (Fig. 10). Or il s’agit de récipients connus comme étant typiquement destinés au transport du vin. Ces amphores, lourdes et encombrantes, sont généralement fabriquées à proximité immédiate des lieux de production viticole. La production d’amphores à « Mougon » prouve donc, de manière indirecte, l’existence d’une viticulture locale suffisamment importante pour permettre l’exportation d’un surplus (Ferdière 1982 : 760).

Malgré l’absence de fouille de grande envergure, « Mougon » est l’une des agglomérations secondaires les mieux connues de la cité des Turons. Durant plus d’un siècle et demi (entre 30/40 et 200 de notre ère environ), l’officine produit et diffuse un large répertoire céramique : de la vaisselle de table et de cuisine mais aussi des vases de stockage et de transport destinés à la commercialisation de marchandises issues de l’agriculture locale. À l’échelle de la civitas*, Tours et ses environs sont approvisionnés en partie par les ateliers de « Mougon ». À plus longue distance, les productions de l’officine sont attestées en territoire andécave, comme en témoignent des amphores découvertes à Angers. L’agglomération secondaire de « Mougon » apparaît comme un centre de production céramique important dont le dynamisme a certainement été favorisé par la proximité de grandes voies de communication, en particulier de la Vienne qui permettait le commerce à longue distance et sans doute un débouché sur le commerce maritime via la Loire.

Fig. 9 Amphores de type « gauloise 4 » découvertes à « Mougon ». 1 : forme restituée ; 2 : variante du fond ; 3 : variante de col. Dessins, Pierre-Marie Blanc (Schweitz et al. 1986).

BIBLIOGRAPHIE

Fig. 10

Amphore de type « Dressel 2/4 » découverte à « Mougon » et estampillée « SACROVIR ». Dessin, Christine Toulier (Schweitz et al. 1986).

• Ferdière 1982 : FERDIÈRE (A.) - Crouzilles « Mougon » : découverte d’une production d’amphores vinaires au milieu du 1er siècle après J.-C. B.A.V.C., t. VIII, n° 6, 1982, p. 757-762. • Ferdière 1999 : FERDIÈRE (A.) - Crouzilles (Indre-et-Loire). In. BELLET (M.-E.), CRIBELLIER (C.), FERDIÈRE (A.), KRAUSZ (S.) - Agglomérations secondaires antiques en Région Centre. Volume 1. Tours : FERACF / ARCHEA, 1999, p. 139-144. (Suppl. à la R.A.C.F. ; 17). • Moreau 2008 : MOREAU (A.) - Du tesson au système territorial : une approche multiscalaire de l’occupation du sol dans la vallée de la Vienne autour de L’Ile-Bouchard (Indre-et-Loire). Thèse de doctorat soutenue le 20 mars 2008, Université François Rabelais, Tours, 2008. • Provost 1988 : PROVOST (M.) - Carte archéologique de la Gaule, l’Indre-et-Loire 37. Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Paris, 1988. • Schweitz et al. 1986 : SCHWEITZ (D.), TOULIER (C.), TOULIER (B.), FERDIÈRE (A.), FEHRNBACH (X.), BLANC (P.-M.) - L’atelier de potier de Mougon (Crouzilles, Indre-et-Loire). R.A.C.F., 25, 1986, p. 37-77. • Toulier 1976 : TOULIER (C.) - Complément à l’étude du site de Mougon. B.S.A.T., t. XXXVIII, 1976, p. 125-153.

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UNE FOUILLE RÉCENTE À « MOUGON »

U

n projet de construction de maison individuelle rue de l’Ancienne Église, au lieu-dit « Mougon », à Crouzilles (37) a motivé la réalisation d’un diagnostic archéologique sous la conduite de l’Inrap. La parcelle concernée par ce projet se situe au cœur de l’agglomération antique et à proximité d’une nécropole* mérovingienne. Cette opération de deux semaines a donné lieu à un rapport de fouille (Salé 2011). Elle a permis de mettre au jour un grand nombre de structures variées et un abondant mobilier (Fig. 1). Les vestiges les plus anciens correspondent à du mobilier néolithique qui ne semble pas en place, mais la compréhension de ces indices est très limitée car le site est presque totalement masqué par les structures d’époques historiques. L’occupation antique est mieux comprise même si plusieurs interrogations subsistent en raison notamment de la présence de nombreuses sépultures médiévales. Une vingtaine de structures a été identifiée.Vers le sud, deux sections d’un vaste fossé semblent marquer une limite parcellaire. Au nord de cette limite, on a découvert les vestiges d’un atelier de potier, mais peu de structures ont été fouillées. Il semble qu’il y ait au moins trois fours de cuisson de céramiques, mais seul un d’entre eux a été sondé (Fig. 3). Il s’agit d’un four circulaire, construit à l’aide de tuiles, vertical et probablement à sole*. Le laboratoire* mesure 1,80 m de diamètre. L’alandier* et la fosse de travail* sont probablement placés à l’ouest, hors des limites du sondage. Un puits et des

PHILIPPE SALÉ

céramiques complètes semi-enterrées, pouvant correspondre à des récipients à eaux, ont également été découverts. Les autres structures n’ont pas été caractérisées. Malgré la courte durée de l’intervention archéologique, un mobilier très abondant a été collecté. Il s’agit principalement de fragments de poteries liés à l’atelier et datés des Ier et IIe siècles de notre ère. Les productions semblent très variées : on trouve ainsi des dolia, des couvercles, des jattes, des assiettes, des amphores, etc... Mais d’autres types d’objets ont été découverts, notamment dans une couche de remblais déposée vers le nord-ouest sur les vestiges antérieurs : une épée en fer d’un type très rare, car très courte (42,1 cm ; Fig. 2) ; une série variée de lampes à suif en céramique ; quelques bijoux en fer ou en alliage cuivreux ; une clef et deux outils en fer ; et divers objets en fer, en plomb et en verre. La présence de ce mobilier, parfois exceptionnel, souvent en bon état et de nature diverse, reste inexpliquée. Enfin, de nombreuses sépultures du haut Moyen Âge ont été trouvées à l’ouest de la parcelle. Leur concentration semble marquer les limites nord-ouest et sud-est du cimetière. Celui-ci, connu par diverses découvertes, est probablement lié à l’église située au centre du hameau. La majorité des sépultures sont en sarcophages*, mais quelques inhumations en pleine terre sont également signalées. Si la réutilisation des sarcophages est attestée, la durée d’utilisation de cet espace funéraire reste inconnue en raison de l’absence de mobilier.

Fig. 1 Plan des vestiges de la rue de l’Ancienne Église, à « Mougon ». Dessin, Philippe Salé - Inrap. L’épée courte en fer. Photo, Nicolas Holzem - Inrap. Fig. 2


BIBLIOGRAPHIE

Un four en cours de fouille. Photo, Philippe Salé - Inrap. Fig. 3

• Salé 2011 : SALÉ (P.) - Crouzilles, Indre-et-Loire, rue de l’Ancienne Église. Vestiges néolithiques, antiques et médiévaux, rapport final d’opération déposé au Service Régional d’Archéologie du Centre, INRAP, 2011.

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CHAPITRE V

LE COMMERCE & LES VOIES DE COMMUNICATION

As de Néron. Provenance : Beaumont-en-Véron, « Les Coudreaux ». Diam. 27 mm. Collection : Écomusée du Véron, n° inv. 2001.30.52.

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COMMERCE ET VOIES DE COMMUNICATIONS LES ÉCHANGES COMMERCIAUX

L

es productions agricoles en Gaule sont importantes : le grain, le vin et de nombreux autres produits issus des cultures et de l’élevage transitent des campagnes vers les villes. À l’inverse, de nombreux produits manufacturés fabriqués dans les capitales de cités ou dans les agglomérations secondaires alimentent les populations rurales. L’écoulement des denrées agricoles et l’acquisition de produits importés s’effectuent souvent par l’intermédiaire de marchés.

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LES VOIES DE COMMUNICATIONS TERRESTRES Les échanges s’appuient sur un important réseau de voies terrestres et fluviales. La plupart des routes principales existaient déjà à l’époque gauloise ; toutefois, l’administration romaine a renforcé et amélioré ce réseau. À côté des nombreux chemins qui permettent de se déplacer localement, il existe des axes principaux aménagés avec un soin particulier (chaussée empierrée, fossés bordiers). Ces voies « à la romaine » permettent de parcourir rapidement de longues distances. Elles sont empruntées pour le transport des marchandises, pour les déplacements de l’armée et de l’administration ou pour les déplacements privés.

LE TRANSPORT FLUVIAL Le transport par voie d’eau est très développé. La découverte d’embarcations et de quais dans le lit ou sur les berges de rivières considérées aujourd’hui comme non navigables, témoigne d’une utilisation intense du réseau fluvial. Le transport de marchandises par bateau fait l’objet d’une organisation structurée, avec la présence de corporations de bateliers appelés nautes. Le transport fluvial permet de diffuser à longue distance et en grandes quantités des produits lourds comme le bois, la pierre de construction, les denrées agricoles, le vin, la céramique...

Transport de tonneaux par voie d’eau ; relief de Cabrières d’Aygues. Photo, musée Calvet (Avignon).


MONNAIES ET COMMERCE

MURIELLE TROUBADY

L

a monétarisation de l’économie se développe lentement durant le premier siècle avant notre ère pour devenir forte au tournant de notre ère sous l’impulsion romaine. Le système monétaire gaulois est bien moins connu que ceux grecs ou romains beaucoup plus documentés, dont on connaît les ratios c’est-à-dire la valeur des pièces entre elles. DENIER 25 12,5 1 1/2 1/4 1/8 1/16 1/32 1/64

SESTERCE 100 50 4 2 1 1/2 1/4 1/8 1/16

AS 400 200 16 8 4 2

MONNAIE MÉTAL POIDS Aureus Or 7,9 g Quinaire or Or 4 g env. Denier Argent 4g Quinaire d’argent Argent 2g Sesterce Bronze 27 g Dupondius bronze 13 g As Bronze 1 11 g Semis Bronze 4,5 g env. 1/2 Quadrans Bronze 4 g env. 1/4 Ratios du système romain, poids en vigueur sous Auguste (pour la définition du système monétaire romain : Giard 2002). Étalons monétaires en gras.

Fig. 1 Denier de Faustine, épouse d’Antonin le Pieux (diam. 18 mm ; poids : 3,30 g). Prov. Beaumont-en-Véron, « Montour ». Collection : Écomusée du Véron, inv. 2007.30.406. Photos, François Lauginie.

Fig. 2 Sesterce d’Hadrien (diam. 33,5 ; poids : 27,70 g). Prov. Savigny-en-Véron, « Les Chachenets ». Collection : Écomusée du Véron, inv. 2001.30.110. Photos, François Lauginie.

Ainsi, les monnaies en or ne pouvaient servir que lors de transactions importantes, marchandes ou non (donations, rites de passages), tandis que les pièces de moindre importance étaient les plus utilisées au quotidien pour le versement des salaires, le paiement des nombreuses taxes en vigueur - taxes foncières, droits de passages, etc. - ou encore principalement pour l’acquisition de biens usuels (Ferdière 2005 : 265-266). Les principaux lieux de transactions sont comme aujourd’hui les places commerciales et les marchés où se rassemblaient les artisans et producteurs locaux. Le Fig. 3 rôle de la monnaie dans le grand commerce était somme toute limité (Cunliffe 1993). As de Néron (diam. 27 mm ; poids : 10 g). Prov. Beaumont« Les Coudreaux ». Collection : Écomusée du Véron, Le salaire d’un ouvrier pour une journée de travail au Ier siècle de notre ère était compris entre en-Véron,inv. 2001.30.52. Photos, François Lauginie. 3 et 4 sesterces environ. À Pompéi en 79 de notre ère, le prix d’un litre de vin ordinaire était d’un sesterce, pour deux sesterces de plus il était possible d’avoir environ 6,5 kg de blé (Étienne 1966 : 227-234). Les monnaies de faible valeur sont les plus représentées parmi les découvertes puisqu’elles ont été émises dans de plus grandes quantités et que leur faible valeur n’incite pas leur propriétaire à les rechercher en cas de pertes. BIBLIOGRAPHIE • Cunliffe 1993 : CUNLIFFE (B.) - La Gaule et ses voisins. Le grand commerce dans l’Antiquité, Antiquités/Synthèse, 4. Paris : Picard, 1993. • Étienne 1966 : ÉTIENNE (R.) - La vie quotidienne à Pompéi. Paris : Hachette, 1966. • Ferdière 2005 : FERDIÈRE (A.) - Les Gaules II e s. av. J.-C. - V e s. ap. J.-C. Paris : Armand Colin, 2005. • Giard 2002 : GIARD (J.-B.) - Monnaies de l ’empire romain, Catalogue, t. I : Auguste. Bibliothèque nationale de France, 3e rééd., Paris, Poinsignon numismatique, Strasbourg, 2002.

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Nouâtre N

L’ANCIENNE VOIE ROMAINE TOURS-POIT

U

n chemin empierré, identifié comme un tronçon de la voie antique Tours-Poitiers a été découvert en 2011, lors d’un diagnostic réalisé par le Service de l’Archéologie du Département d’Indre-et-Loire à Nouâtre, sur le projet de la ligne à grande vitesse Tours-Bordeaux (Philippon, Marteaux, Tan 2011).

0

50 km

S TRU C T U R ATI ON D E LA VO IE La voie est d’orientation nord-ouest sud-est. Une coupe a révélé une chaussée d’une largeur maximale de 6,60 m (dans la portion la mieux conservée). Elle se présente sous la forme d’un lit de blocs calcaires non taillés (de module entre 10 et 20-25 cm), de 10 à 12 cm d’épaisseur conservée. Un nettoyage fin en plan a révélé localement une couche de pierres calcaires de module plus petit (entre 6 et 8 cm) qui pourrait éventuellement correspondre au « niveau de roulement ». Une petite « strate de piétinement » recouvre le lit de blocs calcaires. Ce type de structure interne, relativement sommaire, serait usuel pour la plupart des voies romaines, comme pour la voie d’Orléans à Chartres par exemple (Coulon 2007).

Vue en plan du tronçon de la voie romaine Tours-Poitiers dans une tranchée de Fig. 1 diagnostic (Cliché : Chhavy-Cyril Tan - SADIL).

Le revêtement de la voie découverte à Nouâtre peut être qualifié de « chaussée empierrée » (pierres compactées de forme irrégulière et de faible module), par distinction avec les « voies dallées » (pierres de grandes dimensions, de faible épaisseur et de surface plane) et des « voies pavées » (pierres cubiques dont les dimensions sont largement inférieures à celles des dalles) (ibid.). Aucun aménagement de rebord bloqué par un trottoir n’a été observé.

LE S F O S S É S B O RD IER S D E D R AINAGE Des fossés bordiers jouxtant la voie côtés ouest et est ont été identifiés en coupe stratigraphique. Ces fossés étaient destinés à recueillir les eaux de pluie et de ruissellement entraînées par la surface bombée du revêtement. Parfois, des traces de curages de ces fossés peuvent être mises en évidence en coupe, ce qui n’est pas le cas ici.

LE S F O S S É S - L I MIT ES D’autres fossés ont été mis au jour de part et d’autre du chemin empierré, plus éloignés de celui-ci. Ils sont distants en moyenne de 4 à 7 m du radier du chemin.

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IERS À NOUÂTRE

STÉPHANIE PHILIPPON

Coupe de la voie romaine Tours-Poitiers et de ses fossés bordiers Fig. 2 (DAO : Chhavy-Cyril Tan et Stéphanie Philippon - SADIL).

Ces fossés bordiers pourraient non pas jouer le rôle de drainage, mais plutôt revêtir une valeur symbolique. De chaque côté de la voie, ils ménagent deux larges bandes bien dégagées. Certains chercheurs évoquent une protection contre les embuscades et toutes formes d’attaques. Mais ces fossés-limites matérialiseraient avant tout la zone de l’emprise publique définie préalablement à l’aménagement de la route. Dans l’espace ainsi déterminé doit être préservée l’intégrité de la voie (ibid.). Dans notre cas, soit il y avait deux fossés-limites de chaque côté de la voie, respectivement distants à 4 et 7 m en moyenne de celle-ci, soit plusieurs phases se sont succedées sur un laps de temps relativement court. La céramique recueillie dans les fossés bordant la chaussée est datée du Ier siècle de notre ère.

DE S C H E M I N S DE D ESSERT E SECO NDAI RES ? Côté est de la voie, plusieurs chemins d’orientation sud-ouest nord-est, sensiblement perpendiculaires à celle-ci, ont été perçus. Ils sont identifiables uniquement par leurs fossés bordiers de part et d’autre, leur niveau de circulation en lui-même (probablement de terre battue ?), n’étant pas conservé. Certains de ces fossés ont livré du mobilier céramique antique.

LA VO I E DA N S SO N ENV IRO NNEMEN T PROCHE La voie aurait été implantée par ses constructeurs sur un secteur à l’abri des débordements de l’ancien chenal de la Vienne. Aucun marqueur de surface signalisant cette voie (bornes milliaires*, indicateurs routiers...) n’était conservé dans l’emprise du diagnostic. Aucun habitat ni structure funéraire pouvant être mis en relation avec ce chemin empierré n’a été mis en évidence. BIBLIOGRAPHIE • Coulon 2007 : COULON (G.) - Les Voies romaines en Gaule, Collection Promenades archéologiques. Paris : Errance, 2007. • Philippon, Marteaux, Tan 2011 : PHILIPPON (S.), MARTEAUX (F.), TAN (C.-C.) - NOUÂTRE, MAILLÉ, LA CELLE-SAINT-AVANT (Indre-et-Loire), Diagnostic du projet d’aménagement de la ligne ferroviaire à grande vitesse (LGV) - Sud Europe Atlantique (SEA 2) Tronçon Tours-Angoulême (Phase 39), Rapport de diagnostic archéologique correspondant à la prescription n° 10/0297. Tours : Service de l’Archéologie du Département d’Indre-et-Loire, juin 2011.

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LE COMMERCE ET Candes

Huismes

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Mougon

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N

Candes-Saint-Martin, importante agglomération

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Beaumont-en-Véron

Cinais

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Chinon

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Tavant

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Nouâtre

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Proposition de plan de l’agglomération antique de Candes-Saint-Martin : vestiges archéologiques avérés et supposés. Plan, Stéphanie Philippon - SADIL Fig. 1

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50 km

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50 km

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T LES VOIES DE CO secondaire antique J E A N - PA U L L E C O M PT E E T ST É PHANIE PHIL IPPON Candes-Saint-Martin se trouve en limite ouest du département de l’Indre-et-Loire, à 17 km en aval de Chinon, en situation charnière entre les trois départements de l’Indre-et-Loire, du Maine-et-Loire et de la Vienne. Située en rebord de plateau surplombant les vallées de la Loire et de la Vienne, l’agglomération actuelle est localisée sur la rive gauche de la confluence de la Vienne et de la Loire, à flanc de coteau. Au VIe siècle, Grégoire de Tours et Fortunat lui attribuent le titre de vicus. Condate, qui est le nom ancien attesté de Candes, est un mot d’origine gauloise qui signifie confluent. La localisation géographique du site et la présence du lieu-dit « Borne des Trois-Evêchés » sur la commune, confirme la position privilégiée de Candes à la frontière entre Andécaves, Turons et Pictons (Hervé 1999 : 133). Candes-Saint-Martin aurait été une importante agglomération secondaire antique. Cependant, aucune organisation précise du schéma urbain de l’agglomération (voies, îlots d’habitations, nécropoles...) n’est connue. Les recherches sur le terrain à Candes-Saint-Martin portant sur la période romaine, ont été relativement peu nombreuses (1859, 1905, vers 1970, puis de 1996 à 2002). Nous connaissons mal ce que pourrait être l’extension de l’agglomération antique, d’autant plus que les nécropoles gallo-romaines ne sont pas identifiées à Candes ( ibid. : 131-134).

Plusieurs vestiges sont toutefois répertoriés : un probable temple, le « site du parking », deux ponts et un aménagement de berge (quai ou appontement), nous donnant une idée de sa configuration d’ensemble.

Fig. 3

LES VESTIGES D’UN TEMPLE ? On doit les premières fouilles à Charles de Grandmaison, qui, en 1859, fit des fouilles dans le parc du « Château Neuf » à Candes-Saint-Martin (Grandmaison 1858, 1859, 1868, 1897). Ce parc boisé a une superficie de quatre hectares environ. Il est situé à l’ouest du bourg, en limite des communes de Candes et de Montsoreau. Charles de Grandmaison a démontré l’existence d’une occupation remontant à la période romaine. Après la mise au jour de murs de petit appareil liés au mortier de chaux, d’un massif semi-circulaire, d’éléments architecturaux dont des blocs sculptés et d’une urne, il pense alors avoir découvert un temple gallo-romain inscrit dans son enceinte. Gustave de Cougny, quant à lui, dans une publication de 1867, au vu des vestiges qu’il a observé en 1862, penche plutôt pour l’hypothèse d’une villa* gallo-romaine. Un projet de déviation traversant le parc a motivé M. Tripetsky, alors neveu du propriétaire, à entreprendre un sondage en 1971 dans la zone ouest du parc, à l’emplacement du tracé prévu. Il a alors remis au jour une très petite partie des vestiges vus au XIX e siècle par Charles de Grandmaison. Des observations ont été faites par Jean-Paul Lecompte sur trois secteurs, respectivement en 2002, 2004 et 2005 (Lecompte 2002, 2003, 2006 et 2010). Il aboutit, quant à lui, à deux hypothèses, soit un ensemble cultuel monumental autour d’un temple, soit un complexe monumental public de type forum *. Le site aurait été occupé dès les périodes d’Auguste et de Tibère, pendant le Haut-Empire, jusqu’à la fin du BasEmpire et au début du haut Moyen Âge, et montre un riche patrimoine gallo-romain, dont la majorité resterait encore à découvrir.

Fig. 2 Plan de Gilles Courtoux fait d’après les notes et dessins de M. de Grandmaison. Localisation des fouilles faites par M. Tripetsky (Lecompte, Courtoux 2006 : 29).

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Dessin d’un pilastre cannelé (DAO : Jean-Paul Lecompte et Gilles Courtoux).


LE « SITE DU PARKING » Un site terrestre, localisé non loin de l’aménagement de La Cale-au-Bac à l’entrée du bourg de Candes, ayant livré du mobilier d’époque gallo-romaine, a été mis au jour en 1999 lors de la construction d’un parking (Raux, Lecompte 2003 : 796-800). Des terres ont été excavées et nivelées. Lors de cet aménagement ont été observés des murs maçonnés, ainsi que du mobilier archéologique gallo-romain (une monnaie de Faustine du II e siècle de notre ère), des fragments de céramique et une meule. Aucun relevé, ni aucune photographie n’a pu être réalisé et le site a été remblayé rapidement. Une étude du mobilier céramique démontrerait toutefois une occupation précoce du site, dès la période tibérienne, se poursuivant jusque sous les Flaviens. S’agit-il de vestiges liés à l’aménagement de berge antique de La Cale-au-Bac (voir ci-dessous), comme un entrepôt ou un lieu d’échange pour le commerce ?

UN CARREFOUR DE RÉSEAUX DE COMMUNICATION Le territoire de Candes s’est toujours trouvé en position stratégique pour les voies de communication, tant pour les voies d’eau que pour les voies terrestres. Pour les premières, Candes est au cœur de l’hydrosystème Loire. Cette partie de l’Anjou oriental et de la Touraine occidentale est un important point de convergence des eaux (avec au moins trois des principaux affluents de la Loire, que constituent la Vienne, l’Indre et le Cher) (Lecompte, Courtoux 2006 : 11). Les itinéraires antiques ne font mention d’aucune voie passant à Candes-Saint-Martin ; il semblerait néanmoins qu’une voie ait pu longer la rive sud de la Vienne, vers Angers, par Candes. Elle était éventuellement doublée d’une autre voie sur la rive nord. Il existait peut-être également une voie sur la rive gauche de la Loire. Par ailleurs, il est fait mention d’une voie romaine, qui passerait à Fontevraud et rejoindrait Chinon, traversant Candes (Savette 1935 ; Quincarlet 1885 : 453).

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A CANDES-SAINT-MARTIN, DES VESTIGES ANTIQUES DANS LA VIENNE Localisation des vestiges topographiés (pieux) sur fond de photographie aérienne redressée sous photoplan. Photo : Jean-Paul Lecompte ; DAO : Jean-François Mariotti - SRA Poitiers (Dumont et al. 2003). Fig. 4


UN PONT SUR LA VIENNE En août 1996 à Candes-Saint-Martin, lors de basses eaux exceptionnelles, on a pu observer 46 pieux, dont certains dépassaient de l’eau. Fin août 1998, cet ensemble a été redécouvert, se localisant de part et d’autre de la grève de la « Queue du pré », dans la confluence Loire-Vienne. Une opération a été menée en août 2002 par le Département des Recherches Archéologiques Subaquatiques et Sous-Marines afin de repérer l’extension des vestiges et de les topographier* (Dumont et al. 2007 : 183-206). La présence de plusieurs travées de pieux permet de supposer qu’il s’agirait des vestiges d’un pont en bois. Concernant les dimensions du pont de Candes, les travées* et les espacements entre elles mesurent environ 7 m. Il s’agirait d’un pont en bois à tablier* de charpente, porté par des travées de pieux. Ce pont pourrait avoir mis en liaison plusieurs grandes voies antiques. Plan des lignes de pieux des ponts d’époque romaine (Dumont et al. 2007 : 186). Fig. 6

Photo des pieux du pont gallo-romain émergeants de la Vienne. Photo, Jean-Paul Lecompte. Fig. 5

Dans le lit de la Vienne, 70 pieux ont été découverts, qui s’organisent selon deux principaux ensembles. Le premier s’étend sur 50 m de longueur entre la rive droite de la Vienne et le milieu du chenal. Il est formé de neuf rangées de pieux comprenant entre quatre et huit pieux chacune. On note une régularité dans leur espacement, qui est de 6,30 m en moyenne. Ces éléments correspondent de façon évidente aux travées d’un ancien pont. Douze échantillons de pieux (deux issus de la Loire et dix de la Vienne), choisis dans différents groupes ou alignements, ont été extraits après dégagement et sciage manuel sous l’eau, puis tronçonnés sur la berge. D’après ces données, bien qu’incomplètes, on peut supposer qu’un premier ouvrage a été construit en 14 avant notre ère. Un deuxième pont lui a succédé, constitué de quatre groupes de pieux et légèrement décalé d’un point de vue topographique, au début du I er siècle de notre ère, en tout cas après l’an 10 de notre ère.

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D’autre part, six autres pieux ont pu être localisés dans le lit de la Loire, en rive gauche, près de la bande de confluence. Leur fonctionnalité n’est pas clairement déterminée, ni leur lien éventuel avec les deux ponts découverts dans la Vienne ; cependant, leur datation semble concorder avec les vestiges présents dans le lit de la Vienne ( cf. page précédente, datation dendrochronologique).

Les pieux de bois retrouvés dans les lits de la Vienne et de la Loire ont pu être datés avec précision grâce à la dendrochronologie* (Voir encart « Une méthode de datation : la dendrochronologie »). Ces deux ponts franchissaient vraisemblablement la Vienne et non la Loire. L’emplacement de la confluence Loire-Vienne devait être légèrement différent. Le premier pont de Candes pouvait ressembler à la travée simple du pont du « Rondet 1 » (situé en Suisse sur le site de La Tène) mis en chantier vers 7 de notre ère, donc assez près d’un point de vue chronologique de celui de Candes.

Fig. 7 Photo du pieu 21 prélevé sur le deuxième pont antique dans la Vienne. Photo, Annie Dumont - DRASSM (Annecy).

Fig. 8 Le pont du « Rondet 1 » (site de La Tène, Suisse). D’après, Pillonel 2007.

Fig. 9

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Plan : double rangée de pieux appartenant à un aménagement de berge galloromain découvert dans le lit de la Vienne, rive gauche (Dumont et al. : 186).


DES AMÉNAGEMENTS DE BERGE Au lieu-dit « La Cale-au-Bac », dans le lit de la Vienne, 54 pieux en chêne repérés en 2002 forment deux alignements parallèles à la rive gauche (25 dans la rangée la plus proche de la berge et 29 dans celle la plus éloignée). Cette disposition pourrait correspondre à un ancien quai permettant l’accostage des bateaux ou bien à un ponton. D’après les

analyses dendrochronologiques (Voir encart « Une méthode de datation : la dendrochronologie »), cet aménagement de berge aurait été mis en place au début du I er siècle de notre ère, sans doute à la même époque que la construction du deuxième pont de Candes.

BIBLIOGRAPHIE

• Grandmaison de 1897 : GRANDMAISON • Dumont et al. 2003 : DUMONT (A.), MARIOTTI (Ch. de) - Chroniques, séance du 28 avril 1897. (J.-F.), LEMAÎTRE (S.), LECOMPTE (J.-P.) - CandesB.S.A.T., t. XI, p. 192-193. Saint-Martin (Indre-et-Loire) : La Coue du Pré et la Cale au Bac, rapport de sondage programmé • Hervé 1999 : HERVÉ (Ch.) - Candes-Saint-Martin subaquatique à la confluence de la Vienne et de la (Indre-et-Loire). In : BELLET (M.-E.), CRIBELLIER Loire (du 19 au 31 août 2002). DRASSM Annecy, (C.), FERDIÈRE (A.), KRAUSZ (S.) Annecy, 2003. Agglomérations secondaires antiques en Région Centre. Volume 1. Tours : FERACF / ARCHEA, • Dumont et al. 2007 : DUMONT (A.), MARIOTTI (J.-F.), LEMAÎTRE (S.), LAVIER (C.) - Un pont 1999, p. 131-134. (Suppl. à la R.A.C.F. ; 17). et un aménagement de berge gallo-romains • Lecompte 2002 : LECOMPTE (J.-P.) - Premiers découverts dans le lit de la Vienne, à la résultats de l’étude documentaire et confluence avec la Loire (commune de Candesarchéologique de Candes-Saint-Martin et des Saint-Martin). In : SAULCE (A. de), SERNA (V.), communes environnantes. Rapport d’activités GALLICE (A.) - Archéologies en Loire. Actualité de 2001. Orléans : SRA Région Centre, la recherche dans les régions Centre et Pays-de31 décembre 2002. la-Loire. Cordemais : Estuarium, 2007 (Æsturia Fleuves et archéologie ; 12 : p. 183-206). • Lecompte 2003 : LECOMPTE (J.-P.) - Notes inédites de Ch. de Grandmaison. Historique de ses • Grandmaison de 1858 : GRANDMAISON fouilles à Candes en 1859 et 1868. B.A.V.C., t. X, (Ch. de) - séance du 29 décembre 1858. M.S.A.T., n° 7, 2003, p. 773-786. t. X, 1858, p. 264-265. • L ecompte 2010 : LECOMPTE (J.-P.) - Candes• Grandmaison de 1859 : GRANDMAISON Saint-Martin : Approches archéologiques et (Ch. de) - séance du 30 mars 1859. M.S.A.T., historiques, Société des Lettres, Sciences & Arts t. XI, 1859, p. 16. du Saumurois, Numéro spécial centenaire, n° 159 bis, 101e année, novembre 2010. Saumur • Grandmaison de 1868 : GRANDMAISON : Société des Lettres, Sciences & Arts du (Ch. de) - Chroniques, séance du 29 décembre Saumurois, 2010, p. 60-87. 1868. B.S.A.T., t. I, p. 87.

• L ecompte, Courtoux 2006 : LECOMPTE (J.-P.), COURTOUX (G.) - Candes-Saint-Martin (37) : rapport sur les vestiges gallo-romains du « Parc du Château-Neuf », décembre 2006. • L ecompte, Courtoux 2011 : LECOMPTE (J.-P.), COURTOUX (G.) - Les aménagements antiques dans la confluence de la Vienne et de la Loire à Candes-Saint-Martin (Indre-et-Loire). B.S.A.T., t. LVII, 2011. Tours, p. 63-82. • P illonel 2007 : PILLONEL (D.) - Construction des ponts celtiques et gallo-romains. In : La Tène : Die Untersuchung - Die Fragen - Die Antworten (« La Tène, la recherche, les questions, les réponses »). Biel (Bienne, Suisse) : Edited by Madeleine Betschart. Verlag Museum Schwab, 2007, p. 86-96. •Q uincarlet 1885 : QUINCARLET (E.) - Excursion de la Société Archéologique à Cande, Montsoreau et Fontevrault. Le 11 mai 1885. B.S.A.T., t. VI, 18831885, p. 433-480. • Raux, Lecompte 2003 : RAUX (S.), LECOMPTE (J.P.) - Structures gallo-romaines arasées lors de la construction du parking de Candes. B.A.V.C., t. X, n°7, 2003, p. 796-800. • S avette 1935 : SAVETTE (P.-A.) - Candes : notice historique, Saumur, 1935.

79 |


UNE MÉTHODE DE DATATION : LA DENDROCHRONOLOGIE PR I N C I P E S G É N ÉR AUX

STÉPHANIE PHILIPPON

L’

objectif du dendrochronologue est de trouver, avec la plus grande précision possible, la date d’abattage des arbres coupés autrefois pour fabriquer les objets ou les bâtiments qu’il étudie avec l’archéologue, l’historien ou l’architecte. Dater la mort d’un arbre, c’est trouver à peu près le moment d’utilisation du bois de cet arbre, donc dater au plus près la fabrication de l’objet ou la construction de l’édifice qui nous intéresse ou une partie de ceux-ci (Lambert 2005 : 19) (exemple : les pieux des ponts de CandesSaint-Martin) (Dumont et al. 2007). La dendrochronologie, fondée sur le décompte et l’analyse des cernes de croissance annuelle des arbres, permet dans les conditions les plus favorables de dater à quelques semaines près la mort d’un arbre. Le plus fréquemment, à cause de la nature des objets étudiés qui livrent rarement des sections d’arbres complètes, cette précision est de l’ordre de quelques années.

LA MÉT HO DE

Tronçonnage d’un pieu de fondation du pont gallo-romain de CandesSaint-Martin, en vue d’une analyse dendrochronologique. Photo, Annie Dumont - DRASSM (Annecy).

Déterminer l’essence du bois est la première opération que réalise le dendrochronologue qui aborde un nouvel échantillon. La deuxième étape de travail du chercheur est d’évaluer le nombre de cernes de croissance visibles sur l’échantillon. Plus le nombre de cernes est grand, plus les chances de dater sont bonnes. Le cerne le plus périphérique, à l’extérieur du tronc, juste sous l’écorce, est toujours le dernier formé par l’arbre et, sauf conditions particulières, il est celui de la dernière année de la vie de l’arbre (Lambert 2005 : 30 ; 40).

La plupart des bois trouvés par les archéologues sont soit altérés par le temps, soit travaillés par l’homme et donc modifiés par lui. La périphérie des pieux est souvent érodée, ce qui entraîne une perte de cernes et donc une perte d’information quant à la fin de la vie de l’arbre. On tente de compenser ces effets en multipliant les prélèvements sur chaque ensemble archéologique ou architectural à dater. Il existe deux types de prélèvements : le débitage d’une rondelle (effectué en partie basse du tronc) ou l’extraction d’une carotte à l’aide d’une tarière* (jusqu’au cœur de l’arbre). Pour dater, le dendrochronologue mesure d’abord la largeur des cernes du bois et trace pour chaque bois analysé le graphique de la croissance de l’arbre dont le bois est tiré. Le principe de la datation consiste à trouver, sur des bois dont on ne connaît pas la date, les mêmes années favorables (grande largeur de cerne) et les mêmes années défavorables (cernes étroits) et donc les mêmes rythmes de croissance que sur des bois déjà datés, sur un système de référence. La diversité de la météorologie fait que, si une série de cernes est suffisamment longue, il est à peu près impossible de la trouver reproduite exactement deux fois au cours des deux derniers millénaires (Lambert 2005 : 44).

La datation par dendrochronologie est souvent couplée avec une datation par le radiocarbone (teneur en carbone 14), comme pour des bois trouvés hors d’un bon contexte stratigraphique par exemple. BIBLIOGRAPHIE • Dumont et al. 2007 : DUMONT (A.), MARIOTTI (J.-F.), LEMAÎTRE (S.), LAVIER (C.) - Un pont et un aménagement de berge gallo-romains découverts dans le lit de la Vienne, à la confluence avec la Loire (commune de Candes-Saint-Martin). In : SAULCE (A. de), SERNA (V.), GALLICE (A.) - Archéologies en Loire. Actualité de la recherche dans les régions Centre et Pays-de-la-Loire. Cordemais : Estuarium, 2007 (Æsturia Fleuves et archéologie ; 12 : p. 183-206). • L ambert 2005 : LAMBERT (G.-N.) - La dendrochronologie, mémoire de l’arbre. In : EVIN (J.), LAMBERT (G.-N.), LANGOUËT (L.), LANOS (P.), OBERLIN (C.) La datation en laboratoire. Paris : Errance, 2005, p. 19-75 (Collection « Archéologiques » dirigée par Alain Ferdière).

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CHAPITRE VI

LA VIE PRIVÉE

Pendentif représentant une « pseudo-Angerona ». Provenance : Savigny-en-Véron, « Les Chachenets ». H. 35 mm. Collection : Écomusée du Véron, n° inv. 2001.30.118. Photo, François Lauginie.

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L’INTÉRIEUR DES HABITATIONS L’AMÉNAGEMENT DE LA MAISON

Fig. 2 Coupe schématique de l’hypocauste découvert au lieu-dit « Crissay » à Candes-Saint-Martin (d’après le dessin réalisé en avril 1905 par les membres de la commission des Amis du Vieux Chinon). Dessin, Gilles Courtoux.

L

es fouilles archéologiques montrent que la plupart des habitations, notamment à la campagne, sont pourvues d’un aménagement intérieur modeste. Les sols sont souvent en terre battue ou en calcaire damé et les murs sont recouverts d’un simple enduit. Cependant, certaines habitations plus aisées, qu’elles soient urbaines ou rurales, peuvent faire l’objet d’une décoration intérieure recherchée. Dans les pièces principales de la maison, les murs sont parfois décorés de peintures et les sols sont recouverts d’un mortier ou d’un pavement. La présence de mosaïques et de marbre est plus exceptionnelle. Elle est réservée aux pièces d’apparat et aux bains des habitats les plus riches. Les fenêtres sont protégées par des rideaux ou des tentures. Le verre à vitre est aussi employé, notamment pour l’isolation des pièces réservées aux bains.

Fig. 1 Clé à platine. Provenance : Ports, « Bois Joli ». Collection : Société Archéologique de Touraine, n° inv. HG 2004.51.1. Photo, François Lauginie. Éch. 1/1.

82

Les meubles sont pour la plupart en bois : lits, tables, bancs, étagères… L’osier est aussi utilisé pour la confection de fauteuils, de berceaux, de corbeilles… Ces matériaux ne se conservent qu’exceptionnellement. Ce sont les découvertes de poignées et d’appliques en bronze, de clefs, de pentures en fer ou de charnières qui témoignent de l’existence de ce mobilier.

LE CHAUFFAGE PAR LE SOL À partir de la fin du Ier siècle de notre ère, un nouveau système de chauffage inventé par les Grecs et perfectionné par les Romains se développe dans l’habitat. Appelé hypocauste, cet aménagement est destiné à certaines pièces d’habitat et aux

bains. Un plancher en béton repose sur des pilettes. Il est ainsi séparé du sol par un vide-sanitaire. De l’air, chauffé par le praefurnium*, y circule dans le sous-sol librement ou par le biais de canaux maçonnés. Des conduits verticaux (tubuli) permettent de chauffer les murs de la même manière. La présence de thermes privés et d’hypocaustes dans les habitats sont des éléments marquants de la romanisation des provinces gauloises.


L’HABILLEMENT, LA PARURE ET LES SOINS DU CORPS S’HABILLER

L

es vêtements drapés comme la toge sont plutôt en usage dans les classes aisées. La tunique est le vêtement porté par la majeure partie de la population. Elle se porte courte chez les hommes et plus longue chez les femmes. Les braies sont une sorte de pantalon masculin d’origine gauloise, toujours en usage à l’époque romaine. Un manteau à capuchon nommé cucullus est utilisé durant la saison froide. Les sandales et les chaussures basses à semelles de bois ou de cuir sont pourvues de petits clous contre l’usure. Les bottes et les sabots servent également pour les travaux extérieurs.

PORTER DES BIJOUX Les vêtements, qu’ils soient masculins ou féminins, sont maintenus par des fibules qui fonctionnent à la façon de nos épingles à nourrice. Elles sont de formes variées et souvent décorées (émail, représentations animalières...). Les Gallo-Romains aiment également porter d’autres bijoux tels que des bagues, des bracelets, des colliers, des boucles d’oreille, des épingles à cheveux. Ces objets sont fabriqués à partir de matériaux plus ou moins précieux (os,

Fig. 1 Perles de collier en pâte de verre et en os découvertes au cours des fouilles de la nécropole de Tavant. Collection : Société Archéologique de Touraine. Photos, Mariusz Hermanowicz - Inventaire du Patrimoine de la Région Centre.

pâte de verre, fer, bronze, argent, or...). Les bijoux n’ont pas qu’une fonction esthétique, mais servent aussi à marquer sa différence sociale.

LES SOINS DU CORPS L’abondance des objets liés aux soins du corps découverts sur les habitats témoigne d’une pratique largement répandue dans la société gallo-romaine. De petits

nécessaires de toilette réunissent différents instruments comme la pince à épiler, la spatule, le cure-dents et le cure-oreille. Les parfums sont contenus dans de petites fioles en verre et le maquillage se prépare sur des palettes à fard en marbre. Les femmes portent les cheveux longs et utilisent des peignes en os et des épingles pour réaliser des coiffures parfois sophistiquées. L’utilisation de miroirs à main en bronze poli est fréquente.

Fig. 2 Fioles à parfum découvertes au cours des fouilles de la nécropole de Tavant. Collection : Société Archéologique de Touraine. Photos, Mariusz Hermanowicz - Inventaire du Patrimoine de la Région Centre.

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LA VIE PRIVÉE Cinais

Mougon

N

N

Cinais, les vestiges d’un ensemble thermal ant LA LOCALISATION

0

50 km

Tavant

Le bourg de Cinais (Indre-et-Loire) se situe en rive gauche de la Vienne, à moins d’une quinzaine de kilomètres de sa confluence avec la Loire. Dans ce secteur, le plateau calcaire est entaillé par un petit affluent, le Négron, dont le vallon forme un replat propice à une implantation et au franchissement du coteau. Les vestiges de thermes antiques ont étéNouâtre découverts au pied du plateau, en rive N N gauche du Négron. Ils sont implantés sur une terrasse alluviale* ancienne composée par l’accumulation de sédiments sableux. 0

50 km

La vallée du Négron est traditionnellement considérée comme le point de passage de la voie antique Chinon-Loudun. À la période antique, Cinais profite donc d’une implantation privilégiée à la croisée d’un axe majeur, la Vienne avec son cours navigable bordé de voies, et d’une voie secondaire reliant deux agglomérations. Fig. 1

Cinais, emprise du projet et des concentrations de mobilier gallo-romain. DAO, Fabrice Couvin - Inrap.

L’occupation antique de Cinais est connue des prospecteurs locaux depuis plusieurs décennies. Ils estiment sa superficie à plus d’une quinzaine d’hectares, surface qui semble correspondre à celle d’une petite agglomération secondaire* (Fig. 1). Selon les témoignages de ces mêmes prospecteurs, la réalisation du stade de football, qui fait face à l’aménagement actuel, aurait précédemment occasionné la destruction de vestiges antiques. En 1979, les travaux de viabilisation du lotissement situé immédiatement au sud avaient déjà permis de recouper des vestiges antiques (Mauny 1980 : 584).

LE CONTEXTE DE L’INTERVENTION Cet ensemble thermal, inconnu jusque-là, a été mis au jour à l’occasion des travaux de construction d’un espace intercommunal d’une superficie d’environ 2,5 ha (Fig. 2). Cette découverte est intervenue à la fin des travaux, alors que l’essentiel des aménagements était déjà en place. Les vestiges sont apparus dans l’emprise d’un bassin d’assainissement de 30 m sur 15 m, soit 450 m 2. C’est la présence en abondance 33.62 33.23 25.99

50 km

33.25

0

33.27

50 km

N

0

33.36

33.57 26.63 33.27

La Vienne

34.06 34.26 33.42 33.53

0

33.29

Chinon

50 m

33.36 33.32 34.17 33.62 33.46 34.25

33.65 33.42

Loudun

33.43 33.39 34.28 33.43 33.80 33.81 33.55 33.57 34.42 33.70 34.23

50 m

33.79 34.30 34.69

33.82 34.13

m

34.00

75

34.54

100 m

34.00 34.24 34.08

34.99

34.14 34.20 34.60 34.29 35.24 34.14

D 751 34.65

9

75

34.76 35.46

34.72

D

34.73

CINAIS

35.87

35.00 35.75 35.06 35.37

35.91

50 m

35.45

75 m

35.71 35.81

100 m

35.49 36.46 35.47

Le Nég

ron

36.00 35.86 35.91 36.29

1 km

36.91

0

37.16 37.43

37.00

Cinais, emprise du projet et des concentrations de mobilier gallo-romain d’après les prospections de Thomas Boucher.

36.68 36.83 37.45 37.59 37.66 38.06 38.35

38.00 37.35

38.23

Localisation des vestiges des thermes antiques (en rouge) Fig. 2 au sein du projet. DAO, Fabrice Couvin - Inrap.

37.18

84


ique

FABRI C E C OU V I N

dans les déblais de terrassement de blocs de maçonneries, de terres cuites et de fragments de céramiques qui a permis d’alerter les services de la DRAC Centre et d’interrompre temporairement les travaux. Lors de cet arrêt, un tiers du bassin était déjà terrassé et les vestiges détruits, un deuxième tiers était en cours de terrassement et laissait apparaître des maçonneries en coupe et le dernier tiers était conservé sous le roulement des engins. Une intervention de sauvetage urgent a permis de mobiliser deux archéologues de l’Inrap pendant quatre semaines. Compte tenu des conditions de l’intervention, les observations se sont concentrées sur les vestiges apparus dans le bassin. Une surveillance de travaux a également été réalisée lors des creusements d’une fosse d’installation d’une citerne et d’une tranchée de conduite d’évacuation. Elle a permis de relever quelques fosses-dépotoirs creusées dans le sable. Dans l’attente des moyens nécessaires à une étude plus complète, à ce jour, seules quatre semaines ont pu être consacrées au traitement des données issues de la fouille. En conséquence, les premiers résultats exposés ici doivent être considérés avec toutes les précautions nécessaires.

LES VESTIGES Le décapage archéologique ainsi que le nettoyage des coupes ont montré que les constructions antiques se développent sur plus de 25 m dans l’axe est-ouest et 15 m dans l’axe nordsud, soit environ 400 m 2. Ces dernières se poursuivent dans la berme* vers l’est, au nord et à l’ouest, et seule leur limite sud est atteinte avec certitude. Au regard du plan général, il est possible d’estimer une emprise totale de plus de 600 m 2. Au sein des maçonneries, la fouille a permis d’individualiser un minimum de quatorze pièces dont la chronologie s’étend du II e siècle au IVe siècle de notre ère. Ces vestiges présentent une bonne conservation qui s’explique, d’une part, par la présence d’un substrat sableux qui nécessite de profondes fondations, mais aussi par la vocation du site qui implique pour les hypocaustes* des excavations relativement profondes. La présence dans les thermes d’importantes sources de chaleur, associées à la circulation de l’eau et à la présence de bassins, met ce type d’architecture à rude épreuve. Ces contraintes nécessitent

Fig. 3 étail des aménagements successifs de la partie est du caldarium. D Photo, équipe Inrap.

de fréquents colmatages et consolidations. Par ailleurs, chaque plan d’établissement étant original, celui-ci évolue au rythme des usages et des besoins, ce qui implique de perpétuels « réglages » et adaptations (agrandissement ou réduction de la dimension d’une pièce ou du calibre de son système de chaufferie pour en contrôler la température). Archéologiquement, ces modifications se traduisent par autant d’ajouts et de suppressions d’éléments de maçonneries qui, en l’état actuel de l’étude, restent difficiles à dater et à interpréter (Fig. 3). Néanmoins, la fouille permet de mettre en évidence deux grands états architecturaux qui se distinguent par leurs systèmes de chaufferie. Le premier, aux II e-III e siècles de notre ère, présente des hypocaustes dotés de pilettes* supportant les supensurae *, alors que dans le second, au cours du IVe siècle, la diffusion de la chaleur en sous-sol est assurée par des canaux. Cette évolution dans le mode de conduction de la chaleur est conforme à ce que l’on observe habituellement entre thermes du Haut et du Bas-Empire. À Cinais, cette mutation intervient à la suite d’un important incendie, qui, sans profondément modifier l’agencement de l’ensemble, a nécessité d’importantes réfections de la structure.

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LA FRÉQUENTATION DES THERMES

DES MATÉRIAUX SPÉCIFIQUES

L

L

es Gallo-Romains fréquentent les thermes publics pour des raisons d’hygiène, mais également pour y entretenir des relations sociales car c’est un lieu de rencontre. Même si les plus riches disposent de bains privés, les thermes sont l’un des symboles de la structure urbaine antique. Le programme des thermes, comme de nos jours celui du hammam, est fondé sur le principe de l’élévation progressive de la température du corps, qui aide à la dilatation des pores, suivi d’un rapide refroidissement, qui permet leur raffermissement.

Cette pratique implique une organisation architecturale particulière qui varie suivant les époques et les dimensions des installations. Le visiteur commence par déposer ses effets dans le vestiaire (apodyterium), puis il peut choisir de s’échauffer sur la palestre (espace sportif) ou dans une salle tiède (tepidarium). Il pénètre ensuite dans une salle chaude (caldarium), où il peut s’asperger ou s’immerger dans un bassin. Il peut également profiter d’un bain de vapeur (sudatio ou laconium) avant de procéder à sa toilette. Celleci consiste en une onction d’huiles, suivie d’un raclage de la peau à l’aide d’un strigile* pour en enlever les impuretés. Le passage dans un bain froid (frigidarium) ou une piscine froide extérieure (natatio) termine le cycle en permettant un rinçage et un raffermissement de la peau. Le baigneur peut ensuite regagner le vestiaire ou éventuellement choisir de se faire masser. Dans les ensembles les plus grands, des boutiques et parfois même une bibliothèque sont à sa disposition afin qu’il puisse profiter plus longuement de ce moment de détente. Dans le souci d’éviter des problèmes de proximité, la fréquentation des thermes publics est rarement mixte. En conséquence, on a recours à une fréquentation alternée suivant des horaires différents ou bien à la construction de structures séparées, parfois de plan symétrique.

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e circuit proposé dans les thermes antiques se caractérise par une succession de pièces et de bassins proposant une élévation graduelle de la température suivie d’un brusque refroidissement. Ce programme implique la circulation et la conservation de volumes d’eau parfois importants, ainsi que la présence de puissantes sources de chaleurs. Ces contraintes techniques nécessitent l’utilisation de matériaux adaptés qui permettent de caractériser rapidement ce type d’établissement, que ce soit lors d’une fouille ou de prospections pédestres de surface. Ces divers éléments apparaissent encore en place dans les vestiges conservés de Cinais, ainsi que dans les déblais provenant des travaux de terrassement.

Fig. A Fragment de mortier de tuileau enduit provenant probablement d’un bassin, épaisseur réelle : 2 cm. Photo, équipe Inrap.

Le mortier hydraulique d’étanchéité à base de silicate d’aluminium est une découverte relativement récente qui date du début de la période moderne. Pour mettre en œuvre des mortiers et des enduits imperméables, les Gallo-Romains ont eu recours au mortier de tuileau, un mélange de mortier de chaux, de sable et de fragments de terres cuites broyées. Ce mortier se caractérise par ses qualités hydrofuges, sa résistance et une couleur rouge ou rose (Fig. A). Les terres cuites architecturales sont utilisées dans d’importantes quantités, en particulier dans la construction des hypocaustes. Les sols surélevés des salles chauffées reposent sur des piles de carreaux de terre


cuite régulièrement espacées, les pilettes (espacées de 60 cm dans le caldarium de Cinais, et hautes d’au moins 60 cm). Ces suspensurae sont elles-mêmes composées d’un à plusieurs lits maçonnés de briques plates rectangulaires, sur lesquelles est coulé le sol de béton de finition.

Fig. B Tubulus en terre cuite de section rectangulaire (29 x 16 x 11 cm). Photo, équipe Inrap.

L’évacuation verticale de l’air chaud le long des parois est assurée par des conduits assemblés de terres cuites, les tubuli (Fig. B), ou bien par des tuiles plates munies d’entretoises afin de ménager un espace vide, les tegulae mammatae. Ces conduits peuvent couvrir tout ou partie des murs. À Cinais, les tubuli conservés Base de colonne de type toscan, en pierre en place sont régulièrement espacés et insérés dans les maçonneries. calcaire, diamètre : 55 cm. Photo, équipe Inrap. Quelques fragments de tegulae mammatae ont aussi été découverts dans les déblais.

En dehors des semelles de fondations, constituées de blocs de tailles bruts, et des maçonneries, parementées de moellons* (Fig. D), la pierre de taille est également utilisée pour des réalisations plus esthétiques. C’est le cas en particulier des éléments de colonnettes qui devaient orner la galerie de la palestre. Les déblais des terrassements ont également livré une base de colonne toscane (Fig. C) ainsi que des fragments de carreaux et de dalles calcaires sciés, de 2 à 5 cm d’épaisseur, qui devaient constituer les parements des bassins.

Fig. C

Moellon calcaire présentant des traces de taille Fig. D géométriques (14,5 x 12 x 8 cm). Photo, équipe Inrap.

Le fer intervient sous la forme de clous de charpente et de clous en forme de T destinés à fixer les terres cuites aux murs (tubuli et tegulae mammatae) (Fig. E). La fouille a livré une frette, un collier en fer utilisé pour assembler des canalisations d’adduction ou d’évacuation en bois (Fig. F). Des fragments de verre à vitre sont également présents, comme souvent dans la mise en œuvre de bâtiments publics. Frette utilisée pour assembler les canalisations d’adduction ou d’évacuation en bois. Dessin, Thomas Boucher. Éch. 1/2. Fig. F Fig. E Clous en T destinés à fixer les terres cuites aux murs (tubuli et tegulae mammatae). Dessins, Thomas Boucher. Éch. 1/2.

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Thermes de Cinais, praefurniumThermes de Cinais, état des IIe-IIIe siècles.

Fig. 4

état des IIe-IIIe s. DAO, Jean-Philippe Chimier - Inrap.

praefurnium

caldarium

palestre

bassin ? Fragment de colonnette cylindrique en pierre

calcaire, diamètre : 22 cm. Photo, équipe Inrap.

Thermes de Cinais, état des IIe-IIIe s.

Fig. 5

galerie

palestre

caldarium

praefurnium

0

tepidarium

pièce caldarium technique ?

praefurnium

bassin ?

galerie

caldarium

5m

frigidarium

praefurnium

: fondation

: bloc calcaire

: maçonnerie

: mortier de tuilot

: mur restitué 5m

: conduit vertical

0 : sol de béton

:5 mpilette et tuile en terre cuite

: bloc calcaire

: fondation

: bloc calcaire

: maçonnerie

: mortier de tuilot

ie

: mur restitué : mortier de tuilot

: conduit vertical

: conduit vertical

on

: pilette et tuile en terre cuite

: sol de béton

tepidarium

pièce technique ?

praefurnium

caldarium bassin ?

tepidarium

pièce technique ?

frigidarium

frigidarium

pièce technique ?

: pilette et tuile en terre cuite 0

tepidarium

5m

: fondation

: bloc calcaire

: maçonnerie

: mortier de tuilot

: mur restitué

: conduit vertical

: sol de béton

: pilette et tuile en terre cuite

frigidarium

LE PREMIER ÉTAT DES II e-III e SIÈCLES DE NOTRE ÈRE La fouille permet de restituer des bâtiments de bains implantés au sud d’une palestre* bordée d’une galerie à portique* large de 2,5 m (Fig. 4). Des fragments de colonnettes cylindriques (Fig. 5), d’une vingtaine de centimètres de diamètre, retrouvés brûlés dans les remblais de démolition liés à l’incendie, permettent de restituer une colonnade posée sur le mur-bahut (ou stylobate*), s’ouvrant sur la palestre. Son extension vers le nord et l’est ne nous est pas connue, mais le plan de ces espaces sportifs de plein air est généralement proche du carré. Dans un bâtiment de 14,50 m par 5,50 m, situé au sud de la galerie, la salle centrale de 30 m 2 correspond au caldarium *. De cette pièce ne nous est parvenu que le niveau inférieur. Il présente un sol de béton lissé, assis sur un radier* de blocs calcaires. Sur ce dernier reposent six lignes de pilettes espacées d’une soixantaine de centimètres et destinées à supporter la suspensura . Dans l’axe ouest-est, la fouille permet de restituer un minimum de dix travées présentant le même espacement ; au-delà le sol béton a été détruit (Fig. 6). Les vestiges conservés permettent d’estimer que le sol du caldarium était surélevé de plus de 60 cm.

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Les murs nord, est et sud de cette même pièce sont doublés d’une maçonnerie large de 50 à 60 cm, revêtue sur sa face intérieure d’un enduit lissé. Cette banquette était probablement destinée à recevoir la suspensura et à supporter les conduits creux implantés le long des murs et destinés à la circulation de l’air chaud ( tubuli * ou tegulae mammatae *). L’alimentation du caldarium est assurée par le praefurnium * installé dans la petite pièce de 7 m 2 située à l’ouest du bâtiment (Fig. 7). Il est probable, même si cela n’a pas laissé de traces, qu’un bassin d’eau chaude se situait immédiatement au-dessus de la sortie du foyer, afin de profiter au mieux de la source de chaleur produite par le foyer (Fig. 8). Au sud du caldarium se développe une pièce quadrangulaire de 18 m 2 qui nous est parvenue très arasée. Elle ne dispose pas de chaufferie, mais elle conserve un tubulus * encore engagé dans sa maçonnerie sud. Ceci indique qu’il s’agit d’une pièce chauffée probablement de façon indirecte via le canal la reliant au caldarium (Fig. 9). Cette salle peut donc être interprétée comme étant le tepidarium *, la pièce tiède de cet ensemble thermal.


Fig. 6 Détail du caldarium et des pilettes supportant la suspensura. Photo, équipe Inrap.

Fig. 7 Au premier plan le praefurnium qui alimente les différentes pièces des thermes. Photo, équipe Inrap.

Fig. 8

Reconstitution en coupe d’une pièce avec baignoire sur hypocauste. Dessin, Mathilde Dupré - Inrap.

Dans le bâtiment principal, la petite pièce de 7 m 2, située à l’est en symétrie du praefurnium , a été largement remaniée au cours de l’état suivant. Il est possible que ce soit un bassin dont les matériaux de construction ont été totalement récupérés à l’état suivant. À l’est, la grande pièce rectangulaire de 35 m 2 n’a pas conservé son niveau de sol. Compte tenu de son plan et de sa position dans l’ensemble thermal, il semble s’agir du frigidarium *, la salle froide des thermes. Il est probable qu’il était précédé d’une autre salle, l’apodyterium *, constituant le vestiaire. La pièce de 16 m 2 implantée immédiatement au sud du praefurnium a été largement arasée lors des travaux et il n’en persiste que quelques tronçons des semelles de maçonneries. Au regard de sa localisation, il peut s’agir d’une pièce technique, peut-être destinée au stockage du combustible.

Conduit maçonné Fig. 9 permettant la circulation de l’air entre les pièces de l’hypocauste. Photo, équipe Inrap.


Thermes de Cinais, état du IVe s. Thermes de Cinais, état du IVe siècle. Fig. 11 DAO, Jean-Philippe Chimier - Inrap.

Thermes de Cinais, état du IVe s.

palestre

galerie

Détail du praefurnium et des pilettes des seconds thermes. Fig. 10 Photo, équipe Inrap.

Thermes de Cinais, état du IVe s.

praefurnium

praefurnium

DES SECONDS THERMES ? À l’ouest de ces premiers thermes, un second praefurnium , largement détruit par les travaux, alimente une pièce dotée d’un sol de béton et de pilettes dont nous ne connaissons pas l’extension (Fig. 10). La longueur et la robustesse de son canal de chauffe laisse supposer qu’il supportait une chaudière ou bien un bassin d’eau chaude (les découvertes de chaudières en métal sont régulièrement attestées dans les thermes des provinces gallo-romaines). 0

tepidarium 5m

: fondation

: bloc calcaire

: maçonnerie

: mortier de tuilot

: mur restitué

: canal de chauffe et conduit vertical

: sol de béton

: pilette et tuile en terre cuite

La présence de cette seconde chaufferie mal conservée pose les questions de ses dimensions, de sa position et donc de sa fonction. Dans l’état actuel de notre étude, deux hypothèses sont envisageables. D’une part, il peut s’agir d’une pièce supplémentaire, chaude ou très chaude ( caldarium ou sudatio *), ajoutée au parcours thermal. Dans ce cas, sa position excentrée oblige les utilisateurs à quitter les précédentes salles pour s’y rendre, ce qui ne semble pas répondre à la disposition la plus heureuse. Ou bien, autre hypothèse, il s’agit de seconds thermes qui se développent de façon plus importante à l’ouest de la palestre. Cette possibilité témoignerait d’une séparation des baigneurs, et ceci probablement suivant leur sexe, la fréquentation des thermes n’étant pas mixte. Ce doublement conférerait alors aux thermes de Cinais une dimension tout à fait honorable pour des thermes desservant une agglomération secondaire antique de la région.

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caldarium

pièce technique ? solium frigidarium

0

5m

seuil

: fondation

: bloc calcaire

: maçonnerie

: mortier de tuilot

: mur restitué

: canal de chauffe et conduit vertical

: sol de béton

: pilette et tuile en terre cuite

pièce technique ?

0

5m

: fondation

: bloc calcaire

: maçonnerie

: mortier de tuilot

: mur restitué : sol de béton

: canal de chauffe et conduit vertical : pilette et tuile en terre cuite

Lames de scies à pierre (sciottes). Dessins, Thomas Boucher. Éch.1/2. Fig. 12


Fig. 13 Détail du second état du mur de la palestre avec ses blocs de taille usés. Photo, équipe Inrap.

LE SECOND ÉTAT DU IVe SIÈCLE DE NOTRE ÈRE À la suite d’un incendie qui touche l’ensemble des installations, une large partie des thermes est réaménagée. Certaines maçonneries ayant souffert font l’objet de réfections depuis les niveaux de fondation. Si l’agencement général de l’ensemble thermal est conservé, la seconde chaufferie, située à l’ouest de la palestre, semble avoir disparue (Fig. 11). Cette reconstruction se caractérise par une économie de matériaux, en particulier de mortiers et de terres cuites. Les reprises des maçonneries sont parfois réalisées à l’aide de moellons brûlés récupérés. Les maçons gallo-romains nous ont laissé quelques vestiges de ces travaux, sous la forme de fragments de lames de scies en fer, trouvés dans les remblais associés (Fig. 12). Le mur stylobate de la palestre, jusque-là élevé en blocs de taille, est repris dans sa partie supérieure à l’aide de pierres calcaires de moyen appareil* (Fig. 13). Ces pierres, épaisses de 25 cm pour 75 cm de large, présentent des longueurs inégales comprises entre 40 et 60 cm. L’usure observée sur leur face supérieure laisse supposer qu’elles matérialisaient un seuil, aucune trace de support de colonne n’ayant été relevée. La découverte lors du démontage d’une clé en fer prise entre deux de ces blocs est interprétée comme un dépôt de fondation intentionnel (Fig. 14).

Fig. 15 Vue des canaux de chauffe parementés du second état des thermes. Photo, équipe Inrap.

L’organisation symétrique du bâtiment situé au sud de la palestre est conservée. À l’ouest, le praefurnium est reconstruit. Au centre, dans le caldarium , les plus gros éléments de démolition de la suspensura sont évacués. Les pilettes sont écrêtées et l’ensemble de cet espace est remblayé et aplani sur une quarantaine de centimètres. À travers ce remblai sont creusées, jusqu’au sol de béton du premier état, des tranchées qui reçoivent des parements de moellons liés au limon (Fig. 15). Dans leur partie supérieure, elles sont recouvertes d’une double épaisseur de tuiles plates également liées au limon. Ces canaux, larges d’une vingtaine de centimètres et profonds de quarante, constituent les conduits de circulation d’air chaud des nouveaux thermes. Ce réseau est noyé sous un radier* de cailloux calcaires compactés qui reçoit le sol de béton de la pièce (Fig. 16). Ces conduits, bien conservés au nord de la pièce, présentent des tracés quadrangulaires qui aboutissent à deux saignées verticales taillées dans la maçonnerie. À l’origine elles étaient probablement tubées avec des tubuli .

Clé en fer intentionnellement déposée entre deux blocs du Fig. 14 mur de la palestre. L. 23,2 cm. Photo, Thomas Boucher.

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Le canal de chauffe, couvert de tuile et noyé sous le sol, est connecté au tubulus engagé dans le mur. Photo, équipe Inrap. Fig. 16

Fig. 17 Détail de l’abside avec ses canaux de chauffe rayonnants. Photo, équipe Inrap.

Au sud, l’ancien tepidarium est remplacé par une pièce plus petite de 12 m 2 présentant un plan en abside (demi-circulaire) (Fig. 17). Celle-ci conserve dans sa maçonnerie un tubulus et au sol des canaux rayonnants de même facture que ceux du caldarium . Cet espace chauffé peut correspondre à l’emplacement d’un solium *, un bassin d’eau chaude. Dans son ultime état, les conduits sont obstrués, ce qui indique que la pièce change de vocation, à moins qu’elle ne soit déjà abandonnée. Au sud-est, une nouvelle salle de plan carré de 10 m 2 est créée (Fig. 18). L’air chaud y est acheminé via un conduit depuis le caldarium . Il semble s’agir d’un tepidarium qui vient en

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remplacement du précédent. Sous le sol de béton intégralement conservé de l’époque, le canal se divise en deux branches qui alimentent quatre cheminées verticales matérialisées par des tubuli . Dans l’angle sud-ouest, un bloc de calcaire quadrangulaire engagé dans la maçonnerie matérialise un seuil et un accès de 60 cm de large. La présence d’une rainure dans l’axe transversal de cette pierre permet de restituer un système amovible en bois permettant la fermeture de cette entrée (Fig. 19). Compte tenu de ses dimensions et de son ouverture vers l’extérieur, en dehors du circuit des thermes, il est possible qu’il ne s’agisse que d’un accès technique utilisé lors de l’entretien.


Cette pièce a conservé son sol antique et son seuil d’accès. Quatre tubuli sont visibles dans les murs sud et ouest. Photo, équipe Inrap. Fig. 18

Fig. 19 Ce seuil en pierre conserve une rainure destinée à bloquer une porte en bois. Photo, équipe Inrap.

Mur du frigidarium en moellons et son chaînage d’angle (datation : IVe siècle de notre ère). Photo, équipe Inrap. Fig. 20

Au sud-est, la mise en place du second tepidarium s’accompagne de la reprise des maçonneries sud du frigidarium . Cette reconstruction se caractérise, dès les niveaux de fondation, par l’emploi d’un petit appareil* de moellons soigné et dans l’angle sud-ouest par un chaînage à l’aide de blocs réguliers de calcaire tendre. Une monnaie laissée par un des maçons gallo-romains dans un des joints de la maçonnerie permet de dater son édification du début du IVe siècle de notre ère (Fig. 20). À cette période, les fondations du tronçon nord du mur du frigidarium , qui a souffert de l’incendie, sont contrefortées par l’adjonction d’un large massif de maçonnerie. À la suite de ces travaux, l’espace de la petite pièce située entre le caldarium et le frigidarium est remblayé et ne semble plus revêtir qu’une fonction technique.

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Éléments métalliques de fixation de porte (1 et 3, crapaudines ; Fig. 21 2, gond). Dessins, Thomas Boucher. Éch. 1/2.

LES VESTIGES MOBILIERS En dehors des éléments de construction, la fouille et la prospection des déblais provenant des terrassements ont livré des vestiges mobiliers en céramique, en verre et en métal.

d’une occupation continue depuis le début du II e siècle jusque dans le courant du IVe siècle de notre ère, soit un peu plus de deux siècles.

Le verre et la céramique, les récipients du quotidien, sont peu abondants puisque nous nous trouvons en dehors de structures d’habitat. Ces éléments témoignent pour le moins

Les objets métalliques comprennent, outre les outils, les éléments de construction et d’ornement des bâtiments, des objets personnels en bronze probablement perdus par

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Fig. 22 Proposition de restitution des différents états architecturaux de l’ensemble thermal de Cinais. DAO, Fabrice Couvin - Inrap. P12

les baigneurs. Il s’agit de fibules (broches à vêtements), de bagues et d’anneaux, ainsi que d’épingles à cheveux (p. 116, Fig. 19, n° 2 ; p. 114, Fig. 16, n° 6 ; p. 115, Fig. 17, n° 3-4). Les monnaies, au nombre de 122, dont 22 collectées dans la fouille et 100 dans les déblais, témoignent du caractère public de l’établissement. Il s’agit de petits numéraires de la fin du III e et du IVe siècle de notre ère, où l’on reconnaît fréquemment Constantin I er, empereur de 306 à 337 (Fig. 21).

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Etat 1 ( IIe s.)

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LES APPORTS DE LA DÉCOUVERTE DES THERMES DE CINAIS

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Outre la découverte de vestiges antiques relativement spectaculaires car bien conservés, l’intervention archéologique menée à Cinais permet de suivre l’évolution architecturale d’un ensemble thermal fréquenté entre les II e et IVe siècles de notre ère (Fig. 22). L’organisation et les dimensions des vestiges, découverts sur plus de 600 m 2, permettent de les identifier comme ceux des thermes publics rattachés à une agglomération secondaire antique. Les comparaisons les plus proches renvoient aux sites de Rom et Antigny, dans la Vienne, ou encore Aubigné-Racan, dans la Sarthe (Fig. 23) (Bouet 2003). La présence supposée de seconds thermes, au cours du premier état des II e-III e siècles, conférerait même aux établissements de Cinais une importance supérieure. Néanmoins, il reste difficile d’en juger, compte tenu de la vision lacunaire que fournit la fouille.

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Etat 2 (IIe-IIIe s.)

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Etat 3 (fin IIIe-IVe s.)

Pour le moins, cette découverte permet d’élever l’occupation antique de Cinais au statut d’agglomération secondaire, au même titre que celles de Candes-Saint-Martin, Chinon, Panzoult, Crouzilles-Mougon et Nouâtre, sur le cours inférieur de la Vienne. On regrettera néanmoins que ce projet d’aménagement n’ait pas fait au préalable l’objet d’un diagnostic archéologique. Cette intervention aurait permis de reconnaître la présence et l’extension des vestiges en évitant leur destruction et l’arrêt temporaire des travaux.

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Proposition de restitution des différents états architecturaux de l'ensemble 95 thermal de Cinais |


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Cinais (IVe s.)

Antigny (86)

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Fig. 23 Plans comparés des thermes des agglomérations secondaires antiques de Cinais (Indre-et-Loire), Rom, Antigny (Vienne) et Aubigné-Racan (Sarthe). Extraits de Bouet A. (dir.) 2003, fig. 69, 84 et 92 : d’après Richard 1984, p. 589 ; Hiernard, Simon-Hiernard 1996, p. 275 ; Bouvet 2001, p. 159. Aubigné-Racan (72), états 1 et 2

BIBLIOGRAPHIE Plans comparés des thermes des agglomérations secondaires antiques

• Bouet 2003 : BOUET (A.) (dir.) - Thermae Gallicae. Les thermes de Barzan (Charentes-Maritimes) et les thermes des provinces gauloises. de Cinais (Indre-et-Loire), Rom, Antigny (Vienne) et Aubigné-Racan (Sarthe) 2003 (Suppl. à Aquitania ; 11).

Extraits de Bouet A. (dir.) 2003, fig. 69, 84 et 92, d’après Richard 1984, p. 589, Hiernard, Simon-Hiernard 1996, p. 275, Bouvet 2001, p. 159.

• Bouvet 2001 : BOUVET (J.-P.) (dir.) - Carte Archéologique de la Gaule, 72, La Sarthe. Paris, 2001. • Collectif 2007 : COLLECTIF - Les Thermes en Gaule romaine, Dossiers de l’Archéologie, n° 323, septembre-octobre 2007. • Hiernard, Simon-Hiernard 1996 : HIERNARD (J.), SIMON-HIERNARD (D.) - Carte Archéologique de la Gaule, 79, Les Deux-Sèvres. Paris, 1996. • Mauny 1980 : MAUNY (R.) - Chronique archéologique et historique (1979). B.A.V.C., t. VIII, n° 4, 1980, p. 580-588. • Richard 1984 : RICHARD (C.) - Antigny « Le Gué-de-Sciaux », fouilles des thermes (août 1983). B.S.A.O., 17, 4e série, p. 583-625.

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CHAPITRE VII

LA RELIGION ET LE MONDE DES MORTS

Clochette. Provenance : nécropole de Tavant, « 42 Rue Grande » (sépulture 15 ; datation : 70 de notre ère au début du IIe siècle). H. 26 mm. Collection : Société Archéologique de Touraine. Photo, Mariusz Hermanowicz Inventaire du Patrimoine de la Région Centre.

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LES CULTES : DIVINITÉS ET SANCTUAIRES DIVERSITÉ DES DIEUX

L

a religion est omniprésente dans la société gallo-romaine. Elle concerne aussi bien la vie publique que la vie privée. Comme pour l’ensemble des provinces de l’empire, Rome n’a pas imposé ses dieux aux populations gauloises. Les dieux indigènes sont acceptés tant qu’est respecté et pratiqué le culte impérial. Les Gallo-Romains vénèrent aussi bien les divinités gauloises (Cernunos, Epona, les déesses-mères...) que les divinités grécoromaines (Jupiter, Apollon, Mercure...). Les sources et les rivières font également l’objet de cultes et de célébrations. Les cultes orientaux sont pratiqués surtout à partir du IIe siècle de notre ère, avec la vénération de divinités tels que Mithra, Cybèle ou Sabazios. Le christianisme se

développe essentiellement au IVe siècle. En 392, l’empereur Théodose interdit toute forme de culte païen et impose le christianisme.

LES LIEUX DE CULTE À l’époque romaine, les cultes sont célébrés dans des lieux très variés. Les divinités protectrices de la maison et du foyer (Lares et Pénates) sont honorées dans de petites chapelles domestiques appelées laraires. Les sanctuaires sont de tailles très variables. Ils peuvent comprendre de nombreux aménagements (temples associés à un théâtre, à une fontaine monumentale, à des portiques...). De tradition celtique, le fanum est le type de temple le plus répandu en Gaule. Il se présente sous la forme d’un bâtiment à plan centré composé de deux carrés emboîtés l’un dans l’autre. Le carré central abrite la cella*, autour de laquelle se développe une galerie de circulation. La photographie aérienne a permis de repérer plusieurs de ces fana en Chinonais (Anché, Cravant-les-Côteaux, Panzoult, Trogues).

Fig. 1 Photographie aérienne du fanum d’Anché. Photo, Philippe Delauné (source : Revue Archéologique de Picardie, n° spécial 17, 1999).

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sous la forme de dépôts d’objets et d’ex-voto (monnaies « sacrifiées », objets miniaturisés, fibules, vases...).

À côté du sacrifice animal, certains rituels se manifestent

Fig. 2 Armes miniaturisées découvertes au cours des fouilles de la nécropole de Tavant. Collection : Société Archéologique de Touraine. Photos, Mariusz Hermanowicz Inventaire du Patrimoine de la Région Centre.


LES PRATIQUES FUNÉRAIRES LES LIEUX DE SÉPULTURES

L

es sépultures peuvent être isolées mais sont souvent regroupées dans des nécropoles*. Les tombes sont parfois signalées par des stèles en pierre sculptées qui représentent les défunts de leur vivant. Jusqu’à l’Antiquité tardive, le monde des morts est par principe exclu de celui des vivants. Les espaces funéraires sont généralement établis à distance des lieux habités et aux abords d’un axe de circulation.

Fig. 2 Sarcophages du Bas-Empire découverts lors de la fouille de la collégiale Saint-Mexme à Chinon. D’après, Lorans (E.) 1986 - Collégiale Saint-Mexme de Chinon 1986. Rapport préliminaire, B.S.A.T., XLI, 1986, p. 377-388.

DÉPÔT D’OBJETS ET D’OFFRANDES

INCINÉRATION ET INHUMATION Bien qu’il existe des nuances régionales, le rite de l’incinération est majoritairement pratiqué au Haut-Empire, à l’exception des enfants de moins de 6 mois qui sont systématiquement inhumés. Les funérailles se déroulent en deux temps : le mort est brûlé sur un bûcher avec des objets personnels et des éléments évoquant le repas funéraire. Puis les cendres et les ossements sont recueillis et placés dans une urne en céramique ou en verre que l’on dépose en terre avec des offrandes.

Fig. 1 Reconstitution du bûcher funéraire mis au jour en 1997 à La Brunerie à Voiron (Isère). Construit sur une fosse et assemblé par des clous, avec le mobilier funéraire et le corps placé au-dessus, le bûcher a été daté entre 40 et 70 de notre ère. Dessin, Frédérique Blaizot - Inrap.

Le rite de l’inhumation devient la pratique la plus courante à partir de la fin du IIIe siècle de notre ère. Le défunt est placé dans un cercueil, généralement en bois, plus rarement en pierre (sarcophage) et exceptionnellement en plomb.

Qu’ils soient incinérés ou inhumés, les morts sont souvent accompagnés d’effets personnels (bijoux, instruments de toilettes, coffrets...) et d’offrandes alimentaires contenues dans des vases (quartiers de viande, volailles, vins...). Aux côtés du défunt, on retrouve parfois des objets évoquant son métier ou son statut (outils, armes, instruments d’écriture...). Une monnaie est souvent déposée dans la sépulture pour permettre de payer à Charon* la traversée du fleuve qui sépare le monde des vivants de celui des morts.

99 |


LA RELIGION Tavant

Nouâtre

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N

La nécropole de Tavant PHIL IPPE SAL É

LA DÉCOUVERTE DE LA NÉCROPOLE DE TAVANT

0

Tavant est un petit village de quelques centaines d’habitants, situé au sud-ouest de l’Indre-et-Loire, entre l’Ile-Bouchard (3 km) et Chinon (20 km). La Vienne coule en contrebas du village,

50 km

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50 km

N

F48

F23

La première sépulture de la nécropole* a été découverte au début du mois de juin 1997, à l’occasion de travaux de terrassement préliminaires à la construction d’un hangar, au 42 rue Grande, à Tavant. Le Service Régional de l’Archéologie du Centre, aussitôt prévenu par le propriétaire, a mis rapidement en place une opération de diagnostic sous forme de deux sondages perpendiculaires. Ils ont permis la découverte de sept structures, dont cinq sépultures. L’opération de fouille qui a suivi a mis au jour deux secteurs de nature différente (Fig. 1) : • d ans la moitié nord-est, en rebord de terrasse de la Vienne, quelques trous de poteaux, des fragments de céramiques non tournées et des silex taillés sont datés des périodes néolithique ou protohistorique. • l’ensemble le plus complet est composé de 26 sépultures datées du Haut-Empire*. Elles sont numérotées de S.1 à S.26. Deux d’entre elles (S.18 et S.19) se prolongent en dehors des limites de fouilles et n’ont pas été traitées.

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Cette fouille a ensuite fait l’objet de deux rapports de fouilles (Riquier, Salé 1997 et Blanchard, Riquier, Salé 2002) et d’une publication scientifique (Riquier, Salé 2006).

S11

F31 S23 F15

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4m

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S22

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S19 Non fouillée

installé sur la terrasse alluviale. Jusqu’à une date récente, le patrimoine archéologique de cette commune n’était connu que pour l’église paroissiale Saint-Nicolas et ses fresques de la fin du XI e ou du début du XIIe siècle et, dans une moindre mesure, pour les vestiges de l’église Notre-Dame. Des prospections aériennes et pédestres ont révélé plusieurs indices de sites, mais les informations disponibles restent lacunaires. On retiendra seulement qu’une occupation antique semble se développer à 1 km à l’ouest du village, sur la commune de Sazilly. Ce site pourrait être associé à l’ensemble funéraire, car les deux occupations sont localisées le long de l’actuelle route départementale 760 dont on suppose traditionnellement qu’elle reprend une voie antique.

Sépulture partiellement détruite Faune Métal (sauf clous) Clous Céramiques Verrerie Cercueil ou coffrage en bois Calcaire (pierres et sarcophages) Autre structure

Plan général des vestiges. Plan, Philippe Salé - Inrap. Fig. 1

La nécropole est concentrée exclusivement dans la partie sud-ouest de la fouille, marquant une limite septentrionale de l’espace sépulcral, mais aucune délimitation (fossé ou mur) n’a été repérée dans l’emprise de la fouille. Les sépultures sont toutes des inhumations primaires et individuelles. Seuls les enfants de S.16 et S.17 partagent une même fosse sépulcrale, tout en ayant des contenants différents.


ORGANISATION ET ÉVOLUTION DE LA NÉCROPOLE La nécropole de Tavant se développe probablement bien audelà de l’emprise restreinte de la fouille et son organisation générale reste donc inconnue, en l’état. Cependant, l’étude du mobilier (la céramique notamment) permet de distinguer quatre périodes principales d’inhumations (Fig. 2). La sépulture S.11 est la plus ancienne (fin du I er siècle avant notre ère). Elle concerne un adulte paré des attributs d’un

guerrier (lance et couteau). Elle semble constituer le point d’ancrage de cette partie de la nécropole (avec peut-être aussi la S.19 qui n’a pas été fouillée). La deuxième période comprend des sépultures d’enfants placées à l’ouest du premier individu. Les plus anciennes de ce groupe sont datées de 40 à 70 de notre ère (S.5, 6, 7, 10, 14, 24 et la fosse à offrande S.21) et les plus récentes de 70 de notre ère au début du II e siècle (S.9, 13, 15, 16, 17, 18 et 20). Deux ensembles attribués à la période 2 n’ont pu être datés

Plan par période des tombes. Plan, Philippe Salé - Inrap. Fig. 2

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plus précisément en l’état des connaissances (S.22 et S.23 peuvent correspondre à des fosses à offrandes). Ces sépultures se répartissent approximativement selon quatre lignes d’ouest en est. Huit d’entre elles correspondent à des tombes à sarcophages* et sont placées dans un espace restreint au plus près de la sépulture S.11 ; les autres ensembles sont situés dans les marges sud (S.21) et surtout nord (S.10, S.12, S.13, S.14, S.20 et S.22). Cette organisation spécifique n’est pas liée à l’âge, puisque l’enfant de la sépulture S.14 est un des plus âgés. Peut-être s’agit-il alors d’une distinction sociale liée au sexe ou au statut social des individus. La phase 3 correspond à la sépulture d’un enfant âgé de 6 à 8 ans ; elle n’est pas datée précisément mais peut marquer une transition entre les phases 2 et 4. Les quatre sépultures de la période 4 (S.1, S.2, S.3 et S.4) sont localisées vers le sud-ouest de la fouille. Elles sont datées de

N

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3025

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Plateau ?

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Un exemple de restitution d’une tombe : Fig. 3 la sépulture S.5. Dessins, Philippe Salé - Inrap.

la seconde moitié du III e siècle de notre ère et présentent des caractéristiques très différentes des précédentes, puisqu’elles concernent des adultes inhumés dans des cercueils et orientés nord-sud (tête au sud). Ces particularités marquent une rupture importante avec les pratiques antérieures : elles peuvent être le signe de l’oubli de l’individu de S.11 et de son importance, et plus généralement de la perte du souvenir des ancêtres, peut-être dus aux 250 années environ écoulées entre la plus ancienne et les plus récentes des tombes.

CONSTRUCTION ET AMÉNAGEMENT DES SÉPULTURES Le plan des fosses est approximativement quadrangulaire. Le fond du creusement est généralement plat et les parois sont le plus souvent verticales. Des particularités et des variantes peuvent cependant être observées. Ainsi, les dimensions des sépultures sont souvent beaucoup plus importantes quand elles contiennent des sarcophages, ce qui peut s’expliquer par le besoin d’espace nécessité par la manipulation de ces contenants, lors de leur mise en place notamment, mais aussi par des espaces réservés à l’installation des dépôts funéraires (Fig. 3) qui peuvent avoir totalement disparu (matière périssable). Une seule sépulture double a été mise au jour sur ce site (S.16/S.17). Ses dimensions sont donc logiquement plus importantes que les autres. De manière générale, les nourrissons sont enterrés moins profondément que les autres sépultures, notamment les enfants en sarcophage. Les comblements sont généralement constitués des matériaux extraits lors du creusement des tombes. Mais cinq sépultures ont un remplissage particulier. Pour S.3, S.4 et S.8, il est constitué d’une terre sablo-argileuse noirâtre contenant de nombreux tessons de céramiques gallo-romaines. Ce remplissage ne s’explique pas par le recoupement de S.16 et S.17 dont le comblement est très différent. De plus, le creusement de ces fosses ne perturbe aucune autre structure. Les contenants ont donc été volontairement recouverts d’un sédiment qui ne provient pas uniquement des déblais issus du creusement de la sépulture. S.16 et S.17 ont été inhumés dans une même fosse, comblée de différents types de sédiments : de fines couches de terre humifère cendreuse alternent avec des couches argilo-sableuses. Cette succession peut s’expliquer par la manipulation répétée des déblais liée au recoupement de S.25.


Fig. 4 Deux types de contenant : cercueil et sarcophage des sépultures S.16 et S.17. Photo, Philippe Salé - Inrap.

caractéristiques variées. Les couvercles sont souvent trapus et plutôt irréguliers. Celui de S.24 pourrait correspondre à un élément architectural remployé (chaperon* ?). Les cuves sont parfois trapues (S.5), ou plus étroites (S.18), et sont en général peu profondes (un maximum de 0,25 m pour S.5). Les dimensions des couvercles ne correspondent pas forcément à celles des cuves et le travail de taille semble plutôt grossier. L’utilisation de sarcophages en Gaule romaine concerne souvent des cas isolés (dans le cas de sépultures privilégiées) ou des cas uniques au sein de nécropoles. En effet, hormis à Tavant, aucune d’entre elles n’a livré, à notre connaissance, plus de trois exemplaires au Haut-Empire. Il semble que le choix de ce type de contenant soit lié à des situations particulières ou réservé à certaines personnes.

Différents types de contenants ont été utilisés pour isoler les corps et les dépôts des comblements (Fig. 4). Les contenants en bois sont les plus courants pour les inhumations en Gaule romaine. À Tavant, neuf ont pu être attestés, soit par la découverte de clous situés à proximité du squelette, soit par la présence de résidus ligneux décomposés (S.1, S.2, S.3, S.4, S.8, S.10, S.13, S.17 et S.20.). Dans deux autres cas, l’utilisation d’un contenant en bois est seulement supposée (S.25 et S.16).

D’autres types de contenants sont également attestés. S.12 est la sépulture d’un nourrisson qui a été déposé à l’intérieur d’une céramique trapue appelée dolium * (Fig. 5). Les quelques ossements, mal conservés, attestent la présence d’un corps, contrairement à S.26, qui se présente pourtant de façon similaire. La nature exacte des contenants de S.11 et S.14 reste indéterminée. S.12, une sépulture de nourrisson en dolium. Dans S.14, des blocs calcaires sont Photo, Philippe Salé - Inrap. posés de chant et disposés autour du Fig. 5 squelette, et quelques clous peuvent évoquer un coffre en bois chevillé, un coffrage ou plus simplement un plateau reposant sur ces pierres. S.11, présente un aménagement distinct : il s’agit d’un surcreusement d’environ 20 cm en fond de fosse, dans lequel se trouvent une partie des ossements de l’individu et la majorité des dépôts funéraires. Il a pu contenir un cercueil chevillé ou être recouvert d’un plateau en matériau périssable.

La présence de huit sarcophages est plus étonnante (S.5, S.6, S.7 S.9, S.15, S.16, S.18 et S.24). Ils sont réservés exclusivement aux enfants dont le plus âgé a 3 ans. Deux types de roches, d’origine locale, ont été utilisés : un calcaire blanc homogène et un calcaire jaunâtre plus ou moins coquiller. Les sarcophages sont rectangulaires et présentent des

À l’intérieur des tombes, les dépôts de céramiques et leur contenu ne sont pas placés au contact du corps et sont probablement protégés de la souillure de la terre. Deux cas de figures principaux peuvent être

Presque tous les comblements contiennent des blocs calcaires non équarris disposés sans organisation apparente (Fig. 3). La première hypothèse retenue a été celle d’une signalisation interne. Le choix de matériaux (tuile et calcaire) facilement détectables conforte cette proposition. Cependant, l’hypothèse de blocs disposés sur la couverture de la fosse qui se seraient effondrés lors du pourrissement des contenants ou des plateaux peut également être envisageable. Quoi qu’il en soit, l’absence de recoupement des tombes permet d’imaginer que ces sépultures devaient être signalées en surface.

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Fig. 6 Des offrandes protégées dans un dolium (S.5). Photo, Philippe Salé - Inrap.

envisagés. L’utilisation de dolia « gigognes » posés en fond de fosse (Fig. 6), et dans lesquels sont protégées des céramiques plus petites, est fréquente (7 cas). Dans d’autres cas (plus particulièrement évidents pour les sépultures S.5, S.6 et S.15), il est probable qu’un plateau en bois a été installé au-dessus des sépultures afin de protéger de la terre les céramiques situées en fond de fosse.

LES DÉFUNTS L’état de conservation général des ossements est médiocre, en raison notamment de l’acidité des sols. Aussi l’étude de la population reste-elle limitée. La position du corps des défunts n’a pu être déterminée que dans 12 cas sur 24. Neuf individus sur douze reposent sur le dos, avec les membres supérieurs le long du corps ou plus rarement sur le bassin (S.1 et S.2). Les membres inférieurs sont en général en extension, sauf pour S.6, où ils sont fléchis. Tous les adultes sont allongés de façon similaire. Trois des enfants sont inhumés sur le côté gauche (S.7) ou droit (S.5 et S.9). Les membres supérieurs et inférieurs sont alors fléchis le long du corps. On notera le cas particulier de la sépulture S.8, où l’individu est placé la tête à l’ouest, contrairement aux autres, placés la tête à l’est. Aucun individu étudié n’a pu être sexué car la population concerne essentiellement des enfants pour lesquels cette détermination reste impossible. Par ailleurs, les éléments osseux des adultes sont trop mal conservés pour tenter toute détermination fiable. Enfin, seul S.11 possède un mobilier particulier (des armes) qui peut suggérer qu’il s’agisse d’un homme.

S.6-3059

La détermination de l’âge au décès des individus a été réalisée essentiellement après examen des dents. On dénombre 14 enfants et périnatals, 5 adultes et 6 sépultures d’âge indéterminé. S.7-3249

Le trop mauvais état de conservation des ossements n’a pas permis de découvrir de pathologies ou d’anomalies particulières. On peut simplement noter que l’individu S.1 possédait une fracture très importante sur le fémur gauche. Cette fracture n’est pas la cause du décès car l’os s’est ressoudé par la suite. Il semble que l’individu ait gardé des séquelles importantes de cet accident, la principale étant une boiterie.

DES DÉPÔTS D’OBJETS NOMBREUX ET VARIÉS S.9-3101

0

5 cm

S.11-3125

Une arme d’adulte et des armes miniatures d’enfants. Dessins, Philippe Salé - Inrap. Fig. 7

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Les dépôts funéraires sont très abondants dans les sépultures. Les clous et leurs différentes fonctions mises à part, 118 objets de tous types ont été recensés. Les céramiques, avec 68 individus, forment le lot le plus conséquent (57,6 %) ; 18 objets en verre (15,2 % de l’ensemble), 5 monnaies (4,2 %) et 3 paires de chaussures (3,4 %) ont aussi été découverts. Les autres dépôts concernent des objets de parure de natures variées (12,8 %) et des armes ou des outils (6,8 %).


La position, la nature et l’état de conservation des différents éléments, clairement discernables, répondent à des gestes précis. Dans ces tombes, on peut distinguer trois types de mobiliers : • l es objets déposés dans le contenant, en contact direct avec le corps. Il s’agit probablement d’objets personnels, comme les parures (colliers), liés à la toilette (balsamaires*), à la superstition (monnaie, clochette, anneaux) ou destinés à identifier socialement le défunt (armes). Parmi les trois armes miniatures trouvées dans les tombes d’enfants, deux constituent des copies miniaturisées du grand couteau de S.11, la sépulture la plus ancienne (Fig. 7). Elles sont probablement destinées à symboliser une appartenance sociale, peut-être une filiation familiale. • l es objets déposés dans la tombe, à l’extérieur du contenant. Ils sont constitués essentiellement de récipients en céramique, pour la plupart usagés, dans lesquels sont déposées des offrandes alimentaires. Ces restes sont en général interprétés comme étant un « viatique* d’éternité » destiné à aider le mort à assurer son passage vers l’au-delà. Ils portent en eux une valeur alimentaire (l’épaule de porc de la tombe S.5) ou symbolique (l’œuf de la tombe S.7) très forte. Le partage et la séparation sont ici illustrés par le demi-coq fendu (S.16) et les demi-pièces de porc (S.11 ; Fig. 8). À l’extérieur du contenant, on trouve peu d’objets ayant une autre fonction que celle de récipient alimentaire : on relève la présence de deux flacons en verre (S.6 et S.9) et d’un lot d’objets composé d’une clochette, de onze perles et de deux anneaux, situés à proximité d’un « biberon » (S.15). Ceux-ci ont probablement valeur de talismans et d’amulettes protectrices. • l es objets fragmentaires et calcinés, retrouvés dans les comblements. Il s’agit de tessons de céramiques souvent abondants, de fragments de verreries et d’ossements humains généralement calcinés. La présence de ce mobilier et la mise en évidence de remontages entre différentes

Fig. 8

Pot en verre à panse carrée (sépulture 4 ; datation : seconde moitié du IIIe siècle de notre ère). H. 13,1 cm. Collection : Société Archéologique de Touraine. Photo, Mariusz Hermanowicz - Inventaire du Patrimoine de la Région Centre.

fosses nous ont conduit à évoquer l’existence de rites réguliers célébrés à la mémoire des morts au sein même de la nécropole. Cependant, la présence de petits fragments d’ossements humains brûlés peut aussi suggérer la proximité d’un bûcher funéraire ou sa destruction lors des creusements des sépultures les plus récentes.

CONCLUSION La nécropole de Tavant s’inscrit parfaitement dans un contexte gallo-romain pour lequel les rites et les gestes funéraires semblent désormais bien connus : les sépultures sont regroupées et tenues à l’écart de l’habitat, un soin particulier est pris dans le creusement des fosses afin d’éviter toute perturbation des sépultures antérieures, le nombre et le type des dépôts restent relativement communs. C’est surtout l’organisation en éventail des sépultures d’enfants, implantées deux générations après l’inhumation d’un individu armé, qui retient l’attention. Cette première sépulture évoque un personnage qui dispose d’une place privilégiée au sein de son groupe. Si son statut précis reste inconnu, il apparaît cependant comme une autorité, près de laquelle sont placés les enfants, et peut-être comme le modèle ou le fondateur d’une famille. Mais dans la seconde moitié du III e siècle de notre ère les sépultures ne s’organisent plus autour de ce personnage : sa mémoire n’est plus entretenue.

BIBLIOGRAPHIE •B lanchard, Riquier, Salé 2002 : BLANCHARD (P.), RIQUIER (S.), SALÉ (P.) - Tavant (Indre-et-Loire), 42 Rue Grande. Une nécropole du Haut-Empire, document final de synthèse de fouille de sauvetage déposé au Service Régional de l’Archéologie du Centre, INRAP, 2002. • R iquier, Salé 1997 : RIQUIER (S.), SALÉ (P.) - Tavant (Indre-et-Loire), 42 Rue Grande , document final de synthèse de sauvetage urgent, consultable au Service Régional de l’Archéologie du Centre, Orléans, 1997. •R iquier, Salé 2006 : RIQUIER (S.), SALÉ (P.) - La nécropole du Haut-Empire de Tavant (Indre-et-Loire). In : Ensembles funéraires gallo-romains de la Région Centre, I. Tours : 2006, p. 7-108. (suppl. à la R.A.C.F. ; 29).

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MONNAIES EN CONTEXTE CULTUEL CHEZ LES TURONS MURIELLE TROUBADY

L

es découvertes monétaires sont abondantes au sein des sanctuaires de la fin de l’époque gauloise connus chez les Turons (Troubady 2011 : 163-164). Offertes aux dieux, les monnaies perdent leur fonction économique pour revêtir celle d’objet sacré. La sacralisation peut s’exprimer à travers le sacrifice de l’objet qui est alors détérioré à l’aide d’outils.

Fig. 1 Offrandes monétaires issues d’un sanctuaire turon. Cent potins à la tête diabolique. Collection : Société Archéologique de Touraine. Photo, Murielle Troubady - SADIL.

Les offrandes déposées au sein des sanctuaires sont nombreuses et de tout type. En ce qui concerne le monnayage, on observe une concentration élevée de petites pièces de bronze ou de potins appartenant au monnayage local, notamment les bronzes turons très romanisés. Les potins, monnaies coulées dans un alliage riche en plomb, sont les monnaies gauloises les plus répandues à cause de leur faible valeur. Rares sont celles en métaux précieux que l’on découvre dans ces contextes cultuels. Dans l’enceinte des temples, les monnaies étaient parfois jetées (rites a jactatio) et ce généralement à l’extérieur de la cella (Gruel 1989 : 122-123). Le temple se constituait un trésor qui lui permettait par exemple d’acheter des victimes (animaux) à sacrifier à la divinité présente.

La particularité que l’on observe chez les Turons réside dans la grande quantité de monnaies sacrifiées à l’intérieur des dépôts de sanctuaire, principalement des potins. Ce phénomène ne s’observe nulle part ailleurs dans de telles proportions (Troubady 2011 : 181-182). Les monnayages exogènes sont aussi présents parmi les offrandes mais en faible quantité chez les Turons. La présence de monnaies provenant de peuples voisins peut s’expliquer soit par la volonté de se dessaisir de pièces qui n’ont pas cours en Touraine soit plus sûrement par la présence de pèlerins de passage venus rendre hommage à une divinité précise (Troubady 2011 : 418, 461-465).

Fig. 2 Quart de statère en or à la lyre marqué de deux coups de ciseau. Collection : Société Archéologique de Touraine. Photo, Murielle Troubady - SADIL.

BIBLIOGRAPHIE • G ruel 1989 : GRUEL (K.) - La monnaie chez les Gaulois. Paris : Errance, 1989. • Troubady 2011 : TROUBADY (M.) - Circulation et diffusion monétaire chez les Turons et les Carnutes au second Âge du Fer. Thèse de IIIe cycle sous les dir. de S. Fichtl et K. Gruel, Université F. Rabelais, 3 vol., Tours, 2011.

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Fig. 3 Potin à la tête diabolique frappé de deux coups à la joue. Collection : Société Archéologique de Touraine. Photo, Murielle Troubady - SADIL.


CHAPITRE VIII

CATALOGUE

DES PETITS OBJETS DE LA VIE QUOTIDIENNE

Fibule. Provenance : Ports, « Bois Joli ». L. 63 mm. Collection : Société Archéologique de Touraine, n° inv. HG 2005.30.2. Photo, François Lauginie.

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CATALOGUE DES O Les petits objets de la vie quotidienne T HOMAS BOUCHER

Une soixantaine de petits objets de la vie quotidienne, principalement en alliage cuivreux, ont été sélectionnés pour l’exposition. Ces petits mobiliers, communément désignés sous le terme d’ intrumentum , sont issus majoritairement de collections de musées (fonds propre de l’écomusée du Véron, prêts de la Société Archéologique de Touraine et du musée des Amis du Vieux Chinon) ; quelques-uns, découverts au cours de fouilles récentes, ont été prêtés par le Service Régional de l’Archéologie de la Région Centre (service de la DRAC). Tous proviennent de sites gallo-romains implantés dans la vallée de la Vienne ou à proximité.

LE CATALOGUE Les objets sont présentés par domaine d’activité, conformément à la classification habituellement retenue pour ce type de mobilier. Quatre domaines ont été reconnus dans notre corpus : le domaine domestique, le domaine économique, le domaine personnel et le domaine social. Chaque objet a été dessiné (à l’échelle 2/3) et renvoie à une notice dans laquelle les informations principales sont données : • le nom de l’objet, • le classement typologique auquel il se rapporte, • la description de l’objet (et autres commentaires), • la datation de l’objet : la plupart des objets n’ayant pas de contextes stratigraphiques, les éléments de datation sont donnés par comparaisons avec des parallèles mieux renseignés, • le ou les matériaux qui composent l’objet et les mesures données en mm, • la propriété de l’objet et son numéro d’inventaire, • la bibliographie existante sur l’objet.

Fig. 1 Clé à dents coudées. Photo, François Lauginie. Éch. 1/1.

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Ameublement. 1-2, clés ; 3, manche de clé (?) ; Fig. 2 4, applique de meuble. Dessins, Thomas Boucher. Éch. 2/3.

Domaine domestique AMEUBLEMENT

Trois clés et une applique témoignent de l’ameublement. En raison de leur taille réduite, les trois clés semblent plutôt correspondre à des serrures de meubles de types coffres ou armoires qu’à des clés de serrures de portes qui sont généralement plus robustes et en fer.


OBJETS DE LA VIE Q Clé (Fig. 1 ; Fig. 2, n° 1) Clé à dents coudées. Le manche forme 2 esses* accostées dont les extrémités présentent un enroulement. Provenance : Savigny-en-Véron, « Les Chachenets » Époque romaine Matière : alliage cuivreux - Dimensions : L. 59,5 ; l. 18 Collection : écomusée du Véron - N° inv. 2001.30.119 Biblio. : Boucher 2003 : 182, fig. 24, n° 2 Clé (Fig. 2, n° 2 et p. 82, Fig. 1) Clé à platine rectangulaire pourvue de 3 pertuis*. L’anneau est décoré de 3 ailettes. Provenance : Ports, « Bois Joli » Époque romaine Matière : alliage cuivreux - Dimensions : L. 50 ; l. 22,5 ; ép. 9 Collection : SAT - N° inv. HG 2004.51.1 Biblio. : Boucher 2004 : 22, fig. 3, n° 6 Manche de clé (?) (Fig. 2, n° 3 ; Fig. 3) Manche en alliage cuivreux représentant un animal bicéphale (loup ?) dans lequel vient se ficher une tige en fer. Il pourrait s’agir d’un fragment de clé mais l’absence de parallèle et l’aspect fragmentaire de la tige en fer ne permettent pas d’être catégorique. Provenance : Huismes, « Le Buisson » Époque romaine Matières : alliage cuivreux, fer Dimensions : L. 51 ; l. 35 ; ép. 8 Collection : écomusée du Véron N° inv. 2001.30.107 Biblio. : Boucher 2003 : 170, fig. 16, n° 7

Fig. 3 Manche de clé (?). Photo, François Lauginie. Éch. 1/1.

Applique de meuble (Fig. 2, n° 4) Cette applique correspond sans doute à un élément de meuble, comme le suggère un départ de tige en fer sous l’objet. Les rares parallèles connus pour ce type d’appliques se concentrent en Gaule et plus particulièrement en Gaule du centre-ouest. Provenance : Huismes, « La Croix Marion » Époque romaine Matières : alliage cuivreux, fer - Dimensions : L. 77 ; l. 24 ; h. 37 Collection : écomusée du Véron - inventaire en cours

VAISSELLE

La vaisselle métallique est un produit relativement rare et luxueux et nous parvient le plus souvent à l’état fragmentaire. Les vases abîmés peuvent aisément être refondus pour la fabrication de nouveaux objets. Deux attaches d’anse de bassin et un fragment de manche de casserole illustrent la vaisselle métallique. Attache d’anse de bassin (Fig. 5, n° 1) Type Argentomagus (Boucher 2010) Attache en forme de patte rectangulaire se terminant par un crochet. Une étude récente a montré que ces attaches appartiennent à un type de bassin produit et diffusé en Gaule centrale (entre Touraine et Côte-d’Or) au I er siècle de notre ère (Boucher 2010). Fixées par brasure* sur les rebords d’un bassin, elles permettent de suspendre ce dernier à un trépied pliant. Datation générique : vers 15-30 de notre ère / fin du Ier siècle Matière : alliage cuivreux - Dimensions : L. 40 ; l. 13,5 Collection : écomusée du Véron - N° inv. 2007.30.34 Biblio. : Boucher 2010 : 22, fig. 5, n° 9 Attache d’anse de bassin (Fig. 4 ; Fig. 5, n° 2) Cette attache d’anse de bassin en forme de palmette ne connaît qu’un unique parallèle découvert à Rodez (Gruat, Marty 2003 : 84, fig. 39, n° 4). Provenance : Beaumont-en-Véron, « Razilly » Datation proposée : fin du I er siècle avant notre ère / début du I er siècle de notre ère. Matière : alliage cuivreux - Dimensions L. 36,5 ; l. 22 Collection : écomusée du Véron N° inv. 2001.30.12 Biblio. : Boucher 2003 : 153, fig. 8, n° 2

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Fig. 4

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Attache d’anse de bassin. Photo, François Lauginie. Éch. 1/1.


Fragment de manche de casserole (Fig. 5, n° 3) Type E.151 (Eggers 1951) Ce fragment de manche en forme de tête d’oiseau aquatique appartient à un type de casserole produit dès l’époque augustéenne (Stupperich, Petrovszky 2002 : 21-22). Un exemplaire provenant du camp légionnaire de Haltern (Allemagne), abandonné en l’an 9 de notre ère suite à la bataille de Teutoburg, confirme cette datation. Ces casseroles se rencontrent essentiellement dans les provinces longeant le Rhin et le Danube ; ailleurs leur découverte semble plus anecdotique ( ibid. : 20). Provenance : Ports, « Bois Joli » Datation générique : première moitié du I er siècle de notre ère Matière : alliage cuivreux - Dimensions : L. 46,5 ; l. 12 ; ép. max. : 7 Collection : SAT - N° inv. HG 2005.30.3

Vaisselle. 1-2, attaches d’anse de bassin ; 3, fragment de manche de casserole. Dessins, Thomas Fig. 5 Boucher. Éch. 2/3.

Manche de casserole de type E. 151 provenant de Kempten, Allemagne (d’après, Flügel 1993 : pl. 24, Fig. 6 n° 10). Éch. 1/2.

Domaine économique TRANSPORT

Treize objets illustrent le domaine du transport et plus spécifiquement le harnachement des chevaux. Il s’agit de quatre pendants, huit appliques, dont une pourvue d’un trou de suspension, et d’un passant de lanière. Ces garnitures métalliques, fonctionnelles et/ou décoratives, sont habituellement rattachées à la sphère militaire en raison de leur abondance sur les camps du limes * britannique et du limes rhéno-danubien. Les pendants sont fabriqués en tôle de bronze ou en bronze coulé et sont suspendus aux lanières par un crochet ou par l’intermédiaire d’une applique aménagée à cet effet. Les appliques de harnais dont la fixation au cuir est assurée par un ou deux rivets apparaissent à partir de la seconde moitié du II e siècle de notre ère et sont particulièrement en vogue durant le siècle suivant. Un des harnais découverts dans le tumulus tongre de Celles-lez-Waremme en Belgique (daté du III e siècle) ne comportait pas moins de 114 appliques en forme de coquille (Massart 2000). Les appliques se retrouvent parfois sur les ceinturons de l’Antiquité tardive, notamment dans certaines inhumations des IVe et Ve siècles de notre ère. Il s’agirait plutôt d’une réutilisation des décorations de harnais du III e siècle que d’une production spécifique au cingulum .


Fig. 7 Fragment de bride décoré d’appliques et de pendants ; tumulus de Celles-lez-Waremme en Belgique (d’après, Massart 2000 : 517, fig. 9, n° 4). Éch. 1/2.

• Pendants de harnais Pendant (Fig. 10, n° 1) Type 7 (Bishop 1988) ; type C (Deschler-Erb 1998) Pendant ailé dont le crochet forme une tête de loup ou de chien. Cette pendeloque est typique du harnachement militaire du I er siècle de notre ère (principalement à l’époque claudionéronienne). Provenance : Panzoult, « La Morandière » Datation générique : vers 10-20 de notre ère / fin I er siècle Matière : alliage cuivreux - Dimensions : h. 27 ; l. 46 Collection : SAT - N° inv. HG 2004.50.1 Biblio. : Boucher 2004 : 22, fig. 3, n° 4 Pendant (Fig. 10, n° 2) Pendant cordiforme (en forme de cœur) ajouré pourvu d’ergots sphériques sur le pourtour (type inédit). Le crochet de suspension, ouvert sur l’avant, fait penser aux productions du I er siècle de notre ère. Provenance : Verneuil-le-Château, « Le Carreau » Datation proposée : I er siècle de notre ère Matière : alliage cuivreux - Dimensions : L. 52,5 ; l. 31 Collection : AVC - N° inv. 6125-1 Biblio. : Boucher 2006a : 86, fig. 12, n° 5

Pendant (Fig. 8 ; Fig. 10, n° 3) Pendant en forme de croissant lunaire (lunule) fermé pourvu de trois loges émaillées. Provenance : Marcilly-sur-Vienne, « Les Varennes Noires » Datation générique : II e / III e siècle de notre ère Matières : alliage cuivreux, émail - Dimensions : h. 32,5 ; l. 24 Collection : SAT - N° inv. HG 2004.48.2 Pendant en forme lunule. Photo, Biblio. : Boucher 2004 : 21, fig. 2, n° 9 François Lauginie. Éch. 1/1.

Pendant (Fig. 9 ; Fig. 10, n° 4) Pendant cordiforme dont la base se termine par 3 boutons disposés en triangle. Provenance : Huismes, « Le Clos Ribault » Datation générique : III e siècle de notre ère Matière : alliage cuivreux - Dimensions : L. 46 ; l. 18 ; ép. (bélière) 10 Collection : écomusée du Véron N° inv. 2001.30.82 Biblio. : Boucher 2003 : 170, fig. 16, n° 6 Fig. 9

Pendant cordiforme. Photo, François Lauginie. Éch. 1/1.

Pendants de harnais. Fig. 10 Dessins, Thomas Boucher. Éch. 2/3.

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Fig. 8


• Appliques de harnais Applique (Fig. 11, n° 1) Applique longitudinale à anneau de suspension ; deux tenons de fixation au revers. Ce type d’applique permet de suspendre un pendant à une lanière. Un exemplaire similaire, auquel est suspendu un pendant identique à celui de Huismes (Fig. 9, n° 4), est connu au musée d’Aquitaine de Bordeaux (Feugère 2002 : 80, fig. 6, n° 2). Provenance : Champigny-sur-Veude, « La Garenne de l’Anglé » Datation générique : III e siècle de notre ère Matière : alliage cuivreux - Dimensions : h. 18 ; l. 28 ; ép. 9 Collection : SAT - N° inv. HG 2008.24.2 Applique (Fig. 11, n° 2) Applique circulaire et plate ; 1 tenon de fixation au revers. Provenance : Cinais, « Les Onglées » Datation générique : seconde moitié du II e siècle de notre ère / IVe siècle Matière : alliage cuivreux - Dimensions : diam. 27 ; ép. 8,5 Collection : DRAC Centre - SRA - N° inv. 1000-16 Applique (Fig. 11, n° 3) Applique ovale et bombée ; 2 tenons de fixation au revers. Provenance : Cinais, « Les Onglées » Datation proposée : II e / IVe siècle de notre ère. Matière : alliage cuivreux - Dimensions : L. 25,5 ; l. 21, ép. 18 Collection : DRAC Centre - SRA - N° inv. 1000-18

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Applique (Fig. 11, n° 4) Applique ovale et bombée ; 1 tenon de fixation au revers. Provenance : Cinais, « Les Onglées » Datation proposée : II e / IVe siècle de notre ère Matière : alliage cuivreux - Dimensions : L. 33 ; l. 30 ; ép. avec tenon : 40,5 Collection : DRAC Centre - SRA - N° inv. 1000-14 Applique (Fig. 11, n° 5) Type II-B.1 (Aurrecoechea Fernández 1996) Applique en forme d’amande ; 2 tenons de fixation au revers. Provenance : Cravant-les-Côteaux, « Plaine des Maisons Bourdeaux » Datation générique : seconde moitié du II e siècle de notre ère / IVe siècle Matière : alliage cuivreux - Dimensions : L. 33 ; l. 11 Collection : AVC - N° inv. 6116-2 Biblio. : Boucher 2006a : 82, fig. 11, n° 4 Applique (Fig. 11, n° 6) Type II-I.1 (Aurrecoechea Fernández 1996) Applique en forme de coquillage ; 2 tenons de fixation au revers. Provenance : Cinais, « Les Onglées » Datation générique : III e / IVe siècle de notre ère Matière : alliage cuivreux - Dimensions : L. 28 ; l. 31 ; ép. 12 Collection : DRAC Centre - SRA - N° inv. 1000-17

Appliques de harnais. Dessins, Fig. 11 Thomas Boucher. Éch. 2/3.


INSTRUMENTS DE PESÉE Applique (Fig. 11, n° 7) Type II-C (Aurrecoechea Fernández 1996) Applique hexagonale à protubérance centrale ; 2 tenons de fixation au revers. Provenance : Rivière, « Les Naintrés » Datation générique : III e siècle de notre ère Matière : alliage cuivreux - Dimensions : L. 26,5 ; l. 18 Collection : AVC - N° inv. 6142 Biblio. : Boucher 2006a : 82, fig. 11, n° 6 Applique (Fig.11, n° 8) Type II-I.2.a (Aurrecoechea Fernández 1996) Applique en forme de pelte (bouclier grec) ; 2 tenons de fixation au revers. Provenance : Crouzilles, « La Sommeraye » Datation générique : seconde moitié du II e siècle de notre ère / Ve siècle Matière : alliage cuivreux - Dimensions : L. 19 ; l. 16,5 Collection : AVC - N° inv. 6120 Biblio. : Boucher 2006a : 82, fig. 11, n° 12

• Autre équipement de harnais Passant de lanière (Fig. 12) Passant rectangulaire pourvu de petits ergots latéraux ; type connu principalement sur le territoire gaulois. Le char de Saintes, dont l’enfouissement est daté aux alentours du troisième quart du I er siècle de notre ère, a fourni onze passants de ce type (Bouchette et al. 1998). Provenance : Huismes, « Les Grandes Garantes » Datation générique : vers 30-40 de notre ère / début du II e siècle Matière : alliage cuivreux Dimensions : L. 17,5 ; l. 9 ; ép. 4 Collection : écomusée du Véron N° inv. 2004.30.18

Fig. 12 Passant de lanière. Dessin, Thomas Boucher. Éch. 2/3.

Deux pesons et un poids témoignent de l’utilisation de balances lors de transactions commerciales. Peson de balance (Fig. 13 ; Fig. 14, n° 1) Les pesons en forme de gland sont fréquents à la période romaine. Leur production est attestée à Mâlain (Côte-d’Or) par la présence d’un moule découvert dans un contexte du IIe siècle de notre ère (Rabeisen 1988 : 218, pl. 80, n° 689m). Provenance : Huismes, « Les Grandes Garantes » Datation proposée : I er / II e siècle de notre ère Matière : alliage cuivreux - Dimensions : L. 25 ; diam. 11,5 Poids : 11,15 g Collection : écomusée du Véron N° inv. 2007.30.105 Peson de balance (Fig. 14, n° 2) Ce type de peson, dont la forme rappelle celle d’un canthare (vase à boire), n’est connu que par quelques rares exemplaires (principalement en Gaule et en Bretagne romaine). La riche tombe de Zülpich-Enzen en Allemagne, datée du IVe siècle de notre ère, a livré une balance pourvue d’un peson de ce type (FollmannSchulz 1989). Provenance : Marcilly-sur-Vienne, « Les Varennes Noires » Datation proposée : III e / IVe siècle de notre ère Matière : alliage cuivreux - Dimensions : h. 33,5 ; diam. max. : 22 - Poids : 13,35 g Collection : SAT - N° inv. 2004.48.1 Biblio. : Boucher 2004 : 21, fig. 2, n° 8 Poids de balance (Fig. 14, n° 3) Poids en forme de sphère aplatie ; type très courant durant toute l’époque romaine. Provenance : Cinais, « Les Onglées » Datation générique : I er / Ve siècle de notre ère Matière : plomb - Dimensions : diam. 31 ; h. 21 Poids : 155,90 g Collection : DRAC Centre - SRA - N° inv. 1000-47

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Fig. 13 Peson de balance en forme de gland. Photo, François Lauginie. Éch. 1/1.

Fig. 14 Instruments de pesée. 1 et 2 - pesons de balance ; 3 - poids de balance. Dessins, Thomas Boucher. Éch. 2/3.


Domaine personnel PARURE

Fig. 15 Bague-clé. Photo, François Lauginie. Éch. 1/1.

• Bagues La parure digitale, illustrée ici par six bagues, est bien connue grâce aux travaux d’Hélène Guiraud (Guiraud 1989) et d’Emilie Riha (Riha 1990). Si la plupart des bagues ont un rôle purement ornemental, certaines peuvent y associer une fonction utilitaire. C’est le cas des bagues-clés qui permettent d’actionner les serrures de coffrets ou encore des bagues à chaton gravé qui peuvent servir de matrices de sceaux. Bague-clé (Fig. 16, n° 1) Type 5a (Guiraud 1989) ; type 17.1 (Riha 1990) Bague pourvue d’une tige perpendiculaire à l’anneau avec retour du panneton à gauche. Provenance : Marcilly-sur-Vienne, « Les Varennes Noires » Datation générique : I er siècle de notre ère / Ve siècle Matière : alliage cuivreux - Dimensions : h. 21 ; l. 21,5 ; L. de la tige : 21 Collection : SAT - N° inv. HG 2008.6.1 Bague-clé (Fig. 15 ; Fig. 16, n° 2) Type 5b (Guiraud 1989) ; type 17.2 (Riha 1990) Bague à panneton ajouré perpendiculaire à l’anneau. Provenance : Beaumont-en-Véron, « Razilly » Datation générique : I er siècle de notre ère / Ve siècle Matière : alliage cuivreux - Dimensions : L. 27 ; l. 14 Collection : écomusée du Véron - N° inv. 2001.30.11 Biblio. : Boucher 2003 : 157, fig. 10, n° 7

Bague (Fig. 16, n° 3) Type 3b (Guiraud 1989) ; type 1.7 (Riha 1990) Bague à chaton ovale orné d’un cabochon en pâte de verre violette. Provenance : Panzoult, « Plat Loup » Datation générique : fin II e siècle de notre ère / III e siècle Matières : alliage cuivreux, pâte de verre - Dimensions : h. 20 ; l. 21,5 Collection : SAT - N° inv. HG 2006.1.4 Bague (Fig. 16, n° 4) Type 3d (Guiraud 1989) ; type 2.2 (Riha 1990) Bague à chaton circulaire incrusté d’émail. Provenance : Beaumont-en-Véron, « Le Pavillon » Datation générique : fin II e siècle de notre ère / III e siècle Matières : alliage cuivreux, émail - Dimensions : h. 19,5 ; l. 18,5 ; diam. du chaton : 8 Collection : écomusée du Véron - inventaire en cours Fragment de bague (Fig. 16, n° 5) Type 2.8 (Riha 1990) Bague à chaton circulaire moulé et gravé d’une représentation animal (lion). Une bague identique est connue à Sainte-Eanne (Deux-Sèvres) dans un contexte du IVe siècle de notre ère (Bertrand 2003 : 43, fig. 45). Provenance : Parçay-sur-Vienne, « Les Granges » Datation générique : Bas-Empire (IVe / Ve siècle de notre ère) Matière : alliage cuivreux - Dimensions : diam. du chaton : 13,5 ; ép. du chaton : 5,5 ; l. 20 Collection SAT - inventaire en cours

Bagues. Dessins, Thomas Boucher. Éch. 2/3. Fig. 16

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Bague (Fig. 16, n° 6) Type 2.8 (Riha 1990) Bague à chaton ovale moulé et gravé de stries et de points. Provenance : Cinais, « Les Onglées » Datation générique : Bas-Empire (IVe / Ve siècle de notre ère) ou début du haut Moyen Âge Matière : alliage cuivreux - Dimensions : h. 24 ; l. 22 Collection : DRAC Centre - SRA - N° inv. 1000-8

Fig. 17 Épingles à cheveux. Dessins, Thomas Boucher. Éch. 2/3.

• Épingles Les épingles à cheveux peuvent aussi bien être classées dans les objets de parure que dans les accessoires de toilette puisqu’elles servent à la fois à orner et à maintenir la coiffure. Si beaucoup d’épingles à cheveux sont fabriquées en os, nos quatre exemplaires sont en alliage cuivreux. Les épingles à tête sphérique, biconique ou moulurée sont des modèles extrêmement répandus en Gaule comme dans l’ensemble des provinces de l’Empire. Les exemplaires en forme de hache sont beaucoup moins fréquents. Épingle (Fig. 17, n° 1 ; Fig. 18) Type 12.4 (Riha 1990) Épingle à tête en forme de fer de hache. Provenance : Savigny-en-Véron, « Les Chachenets » Datation générique : I er siècle de notre ère / IVe siècle Matière : alliage cuivreux - Dimensions : L. 59 ; l. de la lame : 13 Collection : écomusée du Véron - N° inv. 2007.30.3 Épingle (Fig. 17, n° 2) Type 12.26 (Riha 1990) Épingle à tête sphérique. Provenance : Parçay-sur-Vienne, « Les Granges » Datation générique : I er siècle de notre ère / Ve siècle Matière : alliage cuivreux - Dimensions : L. 51 ; D. de la tête : 4 Collection : SAT - N° inv. HG 2008.3.8

Épingle (Fig. 17, n° 4) Type 12.26 (Riha 1990) Épingle à tête pourvue de 5 moulures. Provenance : Cinais, « Les Onglées » Datation générique : I er siècle de notre ère / Ve siècle Matière : alliage cuivreux - Dimensions : L. 126 ; diam. max. : 3 Collection : DRAC Centre - SRA - N° inv. 1000-1

Épingle (Fig. 17, n° 3) Type 12.19 (Riha 1990) Épingle à tête biconique. Provenance : Cinais, « Les Onglées » Datation générique : III e / IVe siècles de notre ère Matière : alliage cuivreux - Dimensions : L. 82 ; diam. de la tête : 5,5 Collection : DRAC Centre - SRA - N° inv. 1000-2

Fig. 18 Épingle en forme de hache. Photo, François Lauginie. Éch. 1/1.

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• Fibules Destinées à l’origine à maintenir les pans des vêtements, les fibules fonctionnent à la façon de nos épingles de sûreté modernes. Elles apparaissent dès la fin de l’Âge du Bronze et sont largement utilisées dans les sociétés méditerranéennes et celtiques. Durant l’époque romaine, leurs formes et leurs décors évoluent et se multiplient. La fonction des fibules devient essentiellement ornementale.

De nombreux travaux, réalisés parfois sur des corpus imposants comme à Augst en Suisse (Riha 1979) ou en Gaule méridionale (Feugère 1985), permettent aujourd’hui de proposer des datations relativement fines pour ce type d’objet. Les treize fibules provenant de l’arrondissement de Chinon sont des modèles relativement bien connus dans les provinces occidentales de l’Empire.

Fibules. Dessins, Thomas Boucher. Éch. 2/3. Fig. 19

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Fibule dite « pseudo La Tène II » (Fig. 19, n° 1) Type 3b1 (Feugère 1985) ; type 1.4 (Riha 1979) Arc filiforme dont le pied forme une gouttière (pour accueillir l’ardillon) avant de remonter sur le sommet de l’arc et de se fixer à l’aide d’une bague. Provenance : Crouzilles, carrière d’argile de Choutiers à l’ouest de « Mougon » Datation générique : I er siècle de notre ère Matière : alliage cuivreux - Dimensions : L. 64,5 ; l. 11 Collection : SAT - N° inv. HG 973.26.1 Biblio. : Anonyme 1970 : 415 ; Provost 1988 : 48

Fibule arquée à tête de reptile (Fig. 19, n° 5 et p. 107) Type 26b5 (Feugère 1985) ; type 5.17.3 (Riha 1979) L’arc, fortement bombé, est décoré de 2 rangées de 22 loges triangulaires émaillées de couleur rouge ; le pied se termine par une tête de reptile. Provenance : Ports, « Bois Joli » Datation générique : dernier tiers du I er siècle de notre ère / milieu du II e siècle Matières : alliage cuivreux, émail - Dimensions : L. 63 ; l. (charnière) 28 Collection : SAT - N° inv. HG 2005.30.2

Fibule dite de « Langton Down » (Fig. 19, n° 2) Type 14b1b (Feugère 1985) ; type 4.4.2 (Riha 1979) Fibule à arc ininterrompu, de section bombée, décoré de cannelures longitudinales. Provenance : Cinais, « Les Onglées » Datation générique : vers 15 avant notre ère / I er siècle de notre ère Matière : alliage cuivreux - Dimensions : L. 48 ; l. du couvre ressort : 19,5 Collection : DRAC Centre - SRA - N° inv. 1000-3

Fibule symétrique (Fig. 19, n° 6 ; Fig. 21) Type 26c1a (Feugère 1985) ; type 7.16 (Riha 1979) Arc rectangulaire décoré de 2 rangées parallèles de 3 loges triangulaires émaillées. La tête et le pied se terminent en bouton. Provenance : Huismes, « Les Grandes Garantes » Datation générique : seconde moitié du I er siècle de notre ère / milieu du II e siècle Matières : alliage cuivreux, émail - Dimensions : L. 41,5 ; l. 17,5 Collection : écomusée du Véron - N° inv. 2008.30.1

Fibule dite « au lion » (Fig. 19, n° 3 et p. 124, Fig. 41) Type 18b1 (Feugère 1985) Arc losangique surmonté d’une représentation léontomorphe (en forme de lion). Cette fibule est une variante d’un type produit sur l’ oppidum de Bibracte (Morvan) à la fin du I er siècle avant notre ère (Feugère 1985 : 278-286). Provenance : Huismes, « Les Fontaines d’Ozon » Datation générique : I er siècle de notre ère Matière : alliage cuivreux - Dimensions : L. 40 ; l. (charnière) 17 Collection : écomusée du Véron - N° inv. 2007.30.227 Fibule inspirée du type « d’Aucissa » (Fig. 19, n° 4 ; Fig. 20) Variante du type 23a (Feugère 1985) ; variante du type 5.17.2 (Riha 1979) L’arc, de forme rectangulaire, est décoré d’une ligne longitudinale ondée encadrée par 4 lignes striées ; 2 petits appendices latéraux marquent le départ de l’arc. Décor de 3 ocelles disposées en triangle entre la charnière et l’arc. Provenance : Huismes, « Les Fontaines d’Ozon » Datation proposée : seconde moitié du Ier siècle de notre ère Matière : alliage cuivreux - Dimensions : L. 43,5 ; l. (charnière) 20 Collection : écomusée du Véron - N° inv. 2008.30.9 Fibule inspirée du type « d’Aucissa ». Photo, François Lauginie. Éch. 1/1. Fig. 20

Fig. 21 Fibule symétrique. Photo, François Lauginie. Éch. 1/1.

Fibule symétrique (Fig. 19, n° 7) Type 26c4 (Feugère 1985) ; type 7.16 (Riha 1979) L’arc forme un médaillon ovale orné d’émail bleu. La tête et le pied se terminent en bouton. Provenance : Beaumont-en-Véron, « La Giraudière » Datation générique : fin du Ier siècle de notre ère / IIe-IIIe siècles Matières : alliage cuivreux, émail - Dimensions : L. 30 ; l. 15 Collection : écomusée du Véron - N° inv. 2007.30.325 Fragment de fibule dite « Dragonesque brooch» (Fig. 19, n° 8 ; Fig. 22) Arc en forme de S décoré de loges émaillées et se terminant par une tête de dragon. Il s’agit d’un type que l’on rencontre presque exclusivement en Bretagne romaine (Grande-Bretagne actuelle). Provenance : Huismes, « Les Fontaines d’Ozon » Datation générique : seconde moitié du I er siècle de notre ère / II e siècle Matières : alliage cuivreux, émail - Dimensions : L. 38 ; l. 23 Collection : écomusée du Véron - N° inv. 2007.30.225

Fig. 22

Fibule dite « Dragonesque brooch ». Photo, François Lauginie. Éch. 1/1.

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Fibule dite « skeuomorphe » (en forme d’objet) (Fig. 19, n° 9 ; Fig. 23) Type 28b1 (Feugère 1985) ; type 7.25 (Riha 1979) Fibule représentant une semelle couverte d’émail orange. Provenance : Huismes, « Le Clos Ribault » Datation générique : seconde moitié du II e siècle de notre ère / III e siècle Matières : alliage cuivreux, émail - Dimensions : L. 36 ; l. 8 Collection : écomusée du Véron - N° inv. 2001.30.83 Biblio. : Boucher 2003 : 170, fig. 16, n° 3 et 171, fig. 17

Fibule « en oméga » ou pénannulaire (Fig. 19, n° 13) Type 30c1a (Feugère 1985) Fibule en forme d’oméga ; l’arc, de section ronde, se termine par des bulbes biconiques et facettés. Provenance : Panzoult, « Sans Fin » Datation générique : vers 30-40 de notre ère / début IIe siècle Matière : alliage cuivreux - Dimensions : L. 34 ; l. 34 Collection : AVC - N° inv. 6134 Biblio. : Boucher 2006a : 80, fig. 10, n° 6

Fibule zoomorphe (Fig. 19, n° 10 ; Fig. 24, n° 1) Type 29a4c (Feugère 1985) ; type 7.23.1 (Riha 1979) Fibule représentant un capricorne. Provenance : Huismes, « Les Fontaines d’Ozon » Datation générique : seconde moitié du Ier siècle de notre ère / début II e siècle Matière : alliage cuivreux - Dimensions : L. 26 ; h. 15,5 Collection : écomusée du Véron - N° inv. 2008.30.8

• Pendentifs Les pendentifs sont illustrés par une monnaie percée et par une petite figurine. Ces deux objets de parure peuvent également être considérés comme des amulettes à caractère religieux.

Fig. 23 Fibule dite « skeuomorphe ». Photo, François Lauginie. Éch. 1/1.

Fibule zoomorphe (Fig. 19, n° 11 ; Fig. 24, n° 2 et p. 16, Fig. 1) Variante du type 29a12d (Feugère 1985) ; type 7.25 (Riha 1979) Fibule représentant un cervidé. Le corps est décoré de petites incisions en forme de croissants incrustées d’émail rouge. Provenance : Panzoult, « La Morandière » Datation générique : seconde moitié du Ier siècle de notre ère / début du II e siècle Matières : alliage cuivreux, émail - Dimensions : L. 28 ; h. 22 Collection : SAT - N° inv. HG 2006.2.11 Fibule zoomorphe (Fig. 19, n° 12 ; Fig. 24, n° 3) Type 29a28 (Feugère 1985) ; type 7.25 (Riha 1979) Fibule représentant un canard. Le dos de l’animal est pourvu d’une loge à l’origine émaillée. Au centre, une petite loge circulaire incrustée d’émail orange. Provenance : Huismes, « Les Grandes Garantes » Datation générique : dernier tiers du I er siècle de notre ère / milieu II e siècle Matières : alliage cuivreux, émail - Dimensions : L. 39,5 ; l. 16,5 Collection : écomusée du Véron - N° inv. 2001.30.99 Biblio. : Boucher 2003 : 170, fig. 16, n° 5

Monnaie percée de l’empereur Dioclétien. Fig. 25 Photos, François Lauginie. Éch. 1/1.

Monnaie percée (Fig. 25 ; Fig. 26, n° 1) Monnaie ( follis ou nummus ) de Dioclétien, empereur de 284 à 305 de notre ère. Les monnaies percées sont fréquentes tout au long de la période romaine ; dans la plupart des cas, elles sont issues de contextes funéraires où leur fonction d’obole à Charon semble évidente. Ces monnaies-pendentifs sont aussi attestées dans le monde des vivants où elles sont utilisées comme porte-bonheur (protection de l’empereur ou de la divinité figurant sur la monnaie). Provenance : Huismes, « Le Clos Ribault » Datation générique : après 284 de notre ère Matière : alliage cuivreux - Dimensions : L. 29 ; l. 26 ; ép. 2,5 Collection : écomusée du Véron - N° inv. 2001.30.77 Biblio. : Boucher 2003 : 169

Fig. 24

Fibules zoomorphes. Photos, François Lauginie. Éch. 1/1.


INSTRUMENTS DE SOINS DU CORPS Les instruments de toilette se rencontrent fréquemment en contexte gallo-romain (habitats, lieux publics…) ; ils témoignent d’une volonté de soigner son apparence. Des instruments tels que les cure-oreilles peuvent aussi, grâce à leur pointe effilée, être utilisés comme cure-ongle. Les miroirs, en bronze poli, sont utilisés pour se raser, se maquiller ou se coiffer. Il est difficile de donner la fonction exacte des instruments auxquels se rapportent les petits manches de couteaux. Certains auteurs y voient des couteaux de toilette, d’autres les considèrent comme des couteaux à affûter les calames (tige de roseau taillée pour l’écriture). Une utilisation mixte est tout à fait envisageable. Pendentifs. Dessins, Thomas Boucher. Éch. 2/3. Fig. 26

Pendentif représentant une divinité (« pseudo-Angerona ») (Fig. 26, n° 2 ; Fig. 27 et p. 81) Le pendentif en argent de Savigny-en-Véron représente une femme nue, debout et légèrement déhanchée. Ses cheveux sont tirés en arrière et coiffés en chignon. Les traits les plus singuliers de cette représentation résident dans la position des mains. La main droite est appliquée sur la bouche, recommandant ainsi le silence, et la main gauche repose sur les fesses. Cette gestuelle est caractéristique d’une série de statuettes et d’amulettes que l’on désigne aujourd’hui sous le nom de « pseudo-Angerona » (Galliou 1979). De tels pendentifs sont connus en Gaule, notamment à Chartres, à Narbonne et à Ploujean. Les éléments chronologiques pour ce type d’amulette sont rares ; deux « pseudo-Angerona », trouvées à Narbonne et à Rome, pourraient provenir de contextes datés de la fin du III e siècle de notre ère ( ibid. : 528). Provenance : Savigny-en-Véron, « Les Chachenets » Époque romaine Matière : argent Dimensions : L. 35 ; l. 13 ; ép. avec bélière 12,5 Collection : écomusée du Véron N° inv. 2001.30.118 Biblio. : Boucher 2003 : 182, fig. 24, n° 1

Cure-oreille (Fig. 28 ; Fig. 30, n° 1) Tige de section ronde terminée par une palette circulaire inclinée ; type extrêmement fréquent en Gaule durant toute la période romaine. Provenance : Savigny-en-Véron, « Les Chachenets » Époque romaine Matière : alliage cuivreux Dimensions : L. 50 ; l. de la palette 5 Collection : écomusée du Véron - N° inv. 2007.30.4 Manche de miroir (Fig.30, n° 2) Manche formant une boucle allongée surmontée de trois griffes contre lesquelles venait s’appuyer le disque du miroir. Il s’agit d’un type relativement courant, notamment dans les contextes funéraires du Haut-Empire. De tels manches ont sans doute été fabriqués à Roanne où leur présence est attestée par deux exemplaires au sein d’une fosse dépotoir liée à un atelier de bronzier et datée du milieu du I er siècle de notre ère (Poncet et al. 1998 : 110, fig. 100). Provenance : Marçay, « La Rasilière » Datation générique : vers 30-40 de notre ère / milieu du II e siècle Matière : alliage cuivreux Dimensions : L. 52 ; l. 16 Collection : SAT - N° inv. HG 2008.17.1

Fig. 27 Divinité en pendentif. Photos, François Lauginie. Éch. 1/1.

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Fig. 28 Cure-oreille. Photo, François Lauginie. Éch. 1/1.

Miroir provenant de la nécropole de Dägerli (tombe 93-118) à Windisch, Suisse (d’après, Hintermann 2000 : 395, pl. 55, n° 15). Éch. 1/2. Fig. 29


Domaine social CULTES ET CROYANCES

Fig. 30 Instruments de soins du corps. 1, cure-oreille ; 2, manche de miroir ; 3 et 4, manches de couteaux. Dessins, Thomas Boucher. Éch. 2/3.

Manche de couteau (Fig. 30, n° 3) Type Q3 (Manning 1985) Manche cylindrique décoré de croix et de cercles dont l’extrémité représente une tête de fauve. Le départ de la lame en fer est visible à la base du manche. Ce type de couteau se retrouve surtout dans les provinces occidentales de l’Empire où AnneMarie Kaufmann-Heinimann en a répertorié 11 exemplaires (Kaufmann-Heinimann 1998 : 32-35). Provenance : Panzoult, « Plat Loup » Datation générique : I er siècle de notre ère Matières : alliage cuivreux, fer - Dimensions : L. 61,5 ; diam. max. : 11 - Collection privée

Les objets miniaturisés ont une fonction symbolique et sont habituellement déposés en contexte cultuel ou funéraire. Une étude récente (Kiernan 2009) a mis en évidence la diversité des objets concernés par cette pratique (roues de char, vaisselles, armes, outils, autels…). La répartition des découvertes de haches miniatures concerne presque exclusivement les provinces du nord-ouest de l’Empire, ce qui semblerait indiquer une pratique de tradition celtique.

Fig. 33 Hache miniature. Photo, François Lauginie. Éch. 1/1.

Hache miniature. Dessin, Fig. 34 Thomas Boucher. Éch. 2/3.

Fig. 31 Couteau à manche zoomorphe provenant de Londres, GrandeBretagne (d’après, Manning 1985 : pl. 53, Q3). Éch. 2/3.

Manche de couteau (Fig. 30, n° 4 ; Fig. 32) Manche de couteau de forme tronconique et moulurée ; départ de lame en fer à la base du manche. Provenance : Huismes, « Les Fontaines d’Ozon » Époque romaine Matières : alliage cuivreux, fer Dimensions : L. 35 ; diam. max. : 13 Collection : écomusée du Véron - N° inv. 2008.30.12 Manche de couteau. Photo, Fig. 32 François Lauginie. Éch. 1/1.

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Hache miniature (Fig. 33 ; Fig. 34) Type 1A (Kiernan 2009) Hache miniature dont l’une des joues est gravée d’une croix (symbole céleste ?) Provenance : Panzoult, « Plat Loup » Datation générique : seconde moitié du I er siècle avant notre ère / II e siècle de notre ère Matière : alliage cuivreux - Dimensions : h. 36 ; l. 24 ; ép. 4,5 Collection : SAT - N° inv. HG 2004.49.2 Biblio. : Boucher 2004 : 22, fig. 3, n° 2 ; Kiernan 2009 : 237, FR13


INSTRUMENTS DE L’ÉCRITURE Quatre boîtes à sceaux et un fragment de spatule à cire illustrent les instruments de l’écriture. Les boîtes à sceaux permettent de cacheter et de sceller un document écrit (tablette d’écriture, papyrus) ou un paquet destiné à être expédié ou archivé. Ces boîtes sont accrochées à leur support à l’aide d’une cordelette, puis remplies d’une cire liquide sur laquelle on appose le sceau à l’aide d’une bague à chaton gravé. Les spatules à cire sont utilisées pour effacer un texte inscrit sur une tablette d’écriture. Boîte à sceau circulaire (Fig. 35, n° 1 ; Fig. 36) Type 5c (Furger et al. 2009) Couvercle à décor rayonnant niellé*. Provenance : Huismes, « Les Coudreaux » Datation générique : I er siècle de notre ère Matières : alliage cuivreux, nielle Dimensions : L. 22 ; l. 17 ; ép. 7 Collection : écomusée du Véron - N° inv. 2001.30.51 Biblio. : Boucher 2003 : 157, fig. 10, n° 8 ; Boucher 2006b : 17, fig. 1, n° 4 ; Furger et al. 2009 : 68, fig. 41, n° 3. Couvercle de boîte à sceau (Fig. 35, n° 2) Type 5a (Furger et al. 2009) Ce couvercle circulaire appartient probablement à un type de boîte à sceau dont la particularité est d’être ornée d’un petit rivet zoomorphe entouré d’une couronne guillochée* (Feugère, Abauzit 1995). Bien que notre exemplaire soit dépourvu de rivet, la perforation centrale suggère la présence initiale d’un élément rapporté. Provenance : Cinais, « Les Onglées » Datation générique : seconde moitié du Ier siècle de notre ère / début du II e siècle Matière : alliage cuivreux Dimensions : diam. 17,5 ; L. avec la charnière 23 Collection : DRAC Centre - SRA - N° inv. 1006-1 Boîte à sceau (Fig. 35, n° 3) Type 2b (Furger et al. 2009) Boîte à sceau en forme de goutte décorée d’une double couronne émaillée. Provenance : Couziers, « Les Masis » Datation générique : II e / III e siècle de notre ère Matières : alliage cuivreux, émail Dimensions : L. 33,5 ; l. 19 ; ép. 5,5 Collection : AVC - N° inv. 6130-2 Biblio. : Boucher 2006a : 88, fig. 13, n° 5 ; Boucher 2006b : 18, fig. 2, n° 4

Fig. 35 Boîtes à sceaux. Dessins, Thomas Boucher. Éch. 2/3.

Fig. 36 Boîte à sceau (3 vues) ; L. avec la charnière : 22. Photos, François Lauginie.

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Fig. 37 Spatule à cire provenant de Ospringe (tombe datée du milieu du IIe siècle de notre ère), Grande-Bretagne (d’après, Feugère 1995 : 323, fig. 2a). Éch. 1/2.

Couvercle de boîte à sceau (Fig. 35, n° 4 ; Fig. 39) Type 2a (Furger et al. 2009) En forme de goutte, ce couvercle de boîte à sceau est émaillé et orné d’un petit rivet en forme de phallus. Thème fréquent dans l’Antiquité romaine, le phallus est considéré comme porte-bonheur éloignant le mauvais œil et favorisant la fécondité. Provenance : Champigny-sur-Veude, « Pièce de l’Anglé » Datation générique : fin II e / III e siècle de notre ère Matières : alliage cuivreux, émail Dimensions : L. 41,5 ; l. 23 Collection : SAT - N° inv. HG 2004.43.1 Biblio. : Boucher 2004 : 21, fig. 2, n° 1 ; Boucher 2006b : 18, fig. 2, n° 7 Fragment de manche de spatule à cire (Fig. 38) Type A5 (Feugère 1995) Malgré son état fragmentaire (la tête est brisée et la lame en fer a disparu), ce manche peut être attribué au type A5 ( ibid. ) caractérisé par la représentation d’un buste de Minerve casquée. Provenance : Saint-Germain-sur-Vienne, « Les Plantes » Datation générique : II e / III e siècle de notre ère Matière : alliage cuivreux Dimensions : L. 27,5 ; l. 14,5 ; ép. 7 Collection : SAT - N° inv. HG 2004.46.1 Biblio. : Boucher 2004 : 23, fig. 5, n° 2

Fragment de manche de spatule à cire. Fig. 38 Dessin, Thomas Boucher. Éch. 2/3.

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Fig. 39 Couvercle de boîte à sceau orné d’une représentation phallique. Photo, François Lauginie. Éch. 1/1.

MILITARIA Fragment de boucle de ceinture (Fig. 40) Ce fragment de boucle est caractéristique du ceinturon militaire (cingulum) qui sert à suspendre le glaive et le poignard. Ces boucles sont fréquentes sur les camps militaires du Ier siècle de notre ère. Provenance : Huismes, « La Croix Marion » Datation générique : I er siècle de notre ère Matière : alliage cuivreux Dimensions : L. 25,5 ; l. 21,5 ; ép. de l’œillet : 5,5 Collection : écomusée du Véron N° inv. 2004.30.26 Fig. 40 Fragment de boucle de cingulum. Dessin, Thomas Boucher. Éch. 2/3.


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Fibule léontomorphe. Provenance : Huismes, Fig. 41 « Les Fontaines d’Ozon ». L. 40 mm. Photo, François Lauginie.


ABRÉVIATIONS ABRÉVIATIONS BIBLIOGRAPHIQUES B.A.V.C. : Bulletin des Amis du Vieux Chinon B.S.A.T. : Bulletin de la Société Archéologique de Touraine B.S.A.O. : Bulletin de la Société des Antiquaires de l’Ouest J.R.M.E.S. : Journal of Roman Military Equipment Society M.S.A.T. : Mémoire de la Société Archéologique de Touraine R.A.C.F. : Revue Archéologique du Centre de la France R.A.N. : Revue Archéologique de Narbonnaise R.A.E. : Revue Archéologique de l’Est

AUTRES ABRÉVIATIONS DRAC Centre : Direction régionale des affaires culturelles de la région Centre Inrap : Institut national de recherches archéologiques préventives LAT : Laboratoire Archéologie et Territoires, Université de Tours SADIL : Service archéologique du département de l’Indre-et-Loire SRA : Service régional de l’archéologie (service de la DRAC)

GLOSSAIRE

Brasure : procédé consistant à assembler des pièces métalliques à l’aide d’un métal d’apport fondu. Caldarium : salle chaude des thermes*, souvent Abside : excroissance, en général de forme avec piscine ou bassin chaud sur hypocauste*, arrondie en hémicycle, sur un bâtiment plus pour le bain. ample. Castrum (pl. castra) : lieu fortifié par un rempart. Adobe : briques de terre crue (liées à l’argile), assez couramment utilisée en Gaule romaine. Catillus / Meta : ce sont les deux parties d’une meule ou moulin rotatif. La meta, partie inférieure Adventice : espèce végétale indésirable présente de la meule, est fixe (ou dormante, ou gisante), dans la culture d’une autre espèce. On peut tandis que le catillus, partie supérieure (ou active, assimiler les plantes adventices à des mauvaises ou tournante) qui s’emboîte sur la première, est herbes. mobile selon un mouvement rotatif. Le frottement Âge du Fer : l’Âge du fer est une période de entre les deux parties permet la transformation du la Protohistoire caractérisée par l’usage de la grain en farine. métallurgie du fer. Elle se décompose en deux Cella : pièce cultuelle, en général centrale, époques : le premier Âge du Fer ou Hallstatt, du d’un temple antique. VIIIe au Ve siècle avant notre ère, et le deuxième Âge du Fer ou La Tène, du Ve siècle jusqu’au début Cénotaphe : signifie étymologiquement « tombe de notre ère. vide ». En fait, ce terme est employé pour désigner une tombe construite à la mémoire d’un mort mais Agglomération secondaire : habitat groupé de qui ne contient pas son cadavre. taille variable (hameau, bourg, petite ville). Chaperon : couronnement d’un mur, en tuiles ou Alandier : foyer placé à la base et à l’entrée en pierre, pour l’écoulement des eaux. (gueule) du four de potier, communiquant avec la chambre de chauffe par un couloir plus ou moins Charon : nom du guide qui fait traverser long, et qui sert à produire la chaleur nécessaire à aux âmes des défunts l’Achéron ou le Styx, la cuisson des céramiques. cette étendue d’eaux stagnantes qui, selon la mythologie grecque, borde les Enfers ; obole à Apodyterium : vestiaire, dans les thermes* Charon : monnaie ensevelie avec le défunt pour la publics romains. rémunération de ce passage. Araire : instrument aratoire en général à soc de Cinéraire : qui renferme ou est destiné à fer triangulaire, sans roue ni versoir, qui fend la renfermer les cendres (restes crémés) d’un mort. terre sans la retourner. Artefact : objet (ou fragment d’objet) manufacturé. Cire perdue : technique de réalisation d’un objet Auxiliaire (de l’armée romaine) : un auxiliaire est en alliage cuivre à partir d’un modèle élaboré en cire et placé dans un moule en terre. Lorsqu’on un soldat originaire d’un peuple allié ou soumis à verse le métal en fusion dans le moule, il fait Rome et qui n’a pas la citoyenneté romaine. fondre la cire et vient prendre sa forme en la Balsamaire : petit récipient, souvent en verre, remplaçant. mais aussi en céramique ou en bronze, utilisé Civitas (pl. civitates) : la civitas ou « cité » est dans l’Antiquité romaine pour contenir des un ensemble territorial constitué d’une ville chefparfums. lieu et de son territoire, en un tout indissociable. Berme : bord de la fouille. En Gaule romaine, les territoires des civitates reprennent ceux des peuples gaulois d’avant la Bornes milliaires : bornes en pierre utilisées Conquête ; ils sont en général maintenus comme pour marquer les distances sur le tracé des voies romaines. L’intervalle entre deux bornes était mesuré diocèses ecclésiastiques durant l’Ancien Régime. en milles romains, soit environ 1 460 mètres, mais souvent en lieues (2 220 m : leugaire), en Gaule.

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Commensal : organisme qui vit en association avec d’autres espèces, en étant profitable pour l’un d’eux et sans bénéfice ni danger pour l’autre. Crémation : action de brûler le corps des morts. Pratique funéraire la plus courante en Gaule du Ier siècle avant notre ère au IIIe siècle de notre ère. Dendrochronologie : la dendrochronologie est une méthode de datation relative fondée sur l’analyse des cercles de croissance des arbres. Denier : monnaie romaine en argent. Diagnose sexuelle : détermination du sexe d’une espèce animale : mâle, femelle ou castré pour les animaux domestiques. Diagnostic archéologique : opération archéologique visant à mettre en évidence et à caractériser la nature, l’étendue et le degré de conservation des vestiges archéologiques éventuellement présents sur la surface concernée par un aménagement en vue d’une éventuelle fouille. Il se pratique la plupart du temps par l’ouverture à la pelle mécanique d’une surface représentative de l’aménagement (souvent environ 10%). Dolium (pl. dolia) : jarre de grande taille servant au stockage, notamment de denrées alimentaires. Esse : crochet en forme de S. Forum (pl. fora) : dans l’Antiquité, place où se discutaient les affaires publiques et lieu d’échanges commerciaux, souvent entourée de boutiques et accompagnée des autres éléments du centre civique du chef-lieu de cité (voire de l’agglomération secondaire) : basilique judiciaire, curie d’assemblée du sénat local et temple de Rome et Auguste. Fosse de travail : fosse placée à l’entrée du four qui permet notamment l’entretien du foyer. Frigidarium : dans les thermes*, salle froide avec bain. Fusaïole : petit objet circulaire, percé d’un trou central, en terre cuite, os ou bois, dont le poids assure la balance et la rotation régulière du fuseau lors d’un filage à la main. Fuseau : petit instrument en bois qui sert au filage, avec la fusaïole, pour tordre et enrouler le fil.

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Galerie à portique : galerie en général ouverte au moins d’un côté vers l’extérieur, par une colonnade (éventuellement sur muret stylobate), par exemple pour un péristyle (portiques entourant une cour, une place). Grand appareil : construction en grosses pierres de taille parallélépipédiques. Guilloché : orné de guillochis, c’est-à-dire de traits gravés. Hagiographe : auteur qui relate la vie d’un saint. Haut-Empire : le Haut-Empire et le Bas-Empire constituent les deux périodes de l’histoire de l’Empire Romain en Occident. Le Haut-Empire débute avec le principat d’Auguste en 27 avant notre ère et s’achève à la fin du IIIe siècle de notre ère, à l’avènement de Dioclétien (284). Hérisson : couche de fondation d’une construction, en général d’un sol de béton, formée de blocs posés de chant ou en épi. Hydrographie : partie de la géographie physique qui traite des océans, mers, lacs et cours d’eau. Le terme désigne également l’ensemble des cours d’eau et des lacs d’une région. Hypocauste : système de chauffage par le sol permettant la circulation de l’air chaud, alimenté par un foyer extérieur (praefurnium*), notamment pour les bains et thermes*. Hypogée : salle souterraine, souvent à usage funéraire. Imbrex (pl. imbrices) : tuiles creuses semicylindriques (ou en bâtière) s’emboîtant en ligne sur la pente du toit et couvrant le joint entre les bords des tegulae*. Laboratoire : le laboratoire est une chambre du four où sont disposées les céramiques lors de la cuisson ; séparé de la chambre de chauffe inférieure par une sole, dans les fours à deux volumes (dits « verticaux ») usités à la période romaine. Libation : rite qui consiste à répandre un liquide en l’honneur d’une divinité ou d’un défunt. Limes (pl. limites) : le limes est le nom, donné par les historiens modernes, au système de fortification romain établi tout au long des frontières de l’Empire romain. Il marque la frontière entre celui-ci et le monde barbare, tel qu’il était entendu par les romains, à savoir les peuples ne parlant ni grec, ni latin. Il a un but

défensif et douanier. Longrine : une longrine est un élément de structure ayant la forme d’une poutre et orientée horizontalement, supportant des forces mécaniques importantes. Louve : voir « trou de louve* ». Meta : voir Catillus*. Moellon : petit bloc de pierre de construction, à la face rectangulaire, disposé par assises (petit appareil*) en parement d’un mur. Moyen appareil : assemblage de blocs calcaires taillés de dimension moyenne (20 à 30 cm). Narbonnaise : province romaine située en Gaule méridionale (côte méditerranéenne et vallée du Rhône), créée par Auguste à partir de la province sénatoriale de Transalpine, conquise dès la fin du IIe siècle avant notre ère. Ce vaste territoire correspondait à plusieurs régions actuelles : la Provence, le Languedoc, le Roussillon, le Toulousain, la vallée du Rhône et les Alpes. Natatio : piscine extérieure des thermes* romains. Nécropole : la nécropole, terme moderne, correspond à un groupement de nombreuses tombes antiques ou plus anciennes. Ce terme est parfois utilisé pour des sites du premier Haut Moyen Âge. Niellé : orné de sulfure d’argent que l’on incruste sur la plaque de métal. Obole : voir Charon*. Officine : lieu de travail et de production de l’artisan. Openfield : paysage agraire à champs ouverts, aucune limite parcellaire permanente n’étant matérialisée. Oppidum (pl. oppida) : l’oppidum est le nom donné aux villes de la Gaule par Jules César. Les archéologues utilisent ce terme pour qualifier les sites gaulois fortifiés par un rempart. Orthonormé : dont les lignes de base sont de même norme (longueur, largeur) et en général orthogonales : par ex. pour un parcellaire rural ou un quadrillage d’îlots urbains. Paléochrétien : relatif aux premiers temps chrétiens, rarement en Gaule avant le IVe siècle. Palestre : lieu (espace ouvert) destiné à l’exercice physique, lié aux thermes*.


Parcellaire : terme désignant un réseau de parcelles. Pertuis : trou, ouverture. Peson : poids en terre cuite, parfois en pierre, destiné à tendre les fils de chaîne lors de l’ourdissage des métiers à tisser verticaux antiques. Petit appareil : construction en petites pierres. Phytolithe : microfossile d’éléments minéraux inclus dans les cellules végétales. Pilettes : petits piliers en général constitués de carreaux de terre cuite liés au mortier, répartis régulièrement entre le sous-sol (area) et la suspensura*. Pisé : matériau de construction fait de terre argileuse mélangée avec des cailloux et de la paille, puis comprimé (damé) dans des banches (coffrages de planches). Potager : foyer de cuisine en maçonnerie, utilisé avec des braises, pour tenir les mets au chaud. Praefurnium : foyer qui fournit la chaleur aux salles chauffées ; peut être surmonté d’une chaudière. Praetorium : en français : prétoire. Lieu de réunion des préteurs, l’une des fonctions de la carrière militaire et civique romaine. À l’origine, ce terme désigne le quartier général de la légion romaine, édifice central dans le camp militaire. Prospection aérienne : méthode consistant à photographier à basse et moyenne altitude toutes traces visibles d’une éventuelle occupation humaine. Prospection au sol : également appelée prospection pédestre, cette méthode d’investigation archéologique consiste à repérer en marchant, sur des lignes régulièrement espacées, des traces d’éventuels indices archéologiques (surtout mobiliers) sur le sol. Prospection géophysique : recherche d’indices archéologiques à l’aide d’instruments de mesure de propriétés physiques du sol (résistivité au courant électrique, perturbation du champ magnétique, etc.). Radier : type de fondation de sol constitué de petites pierres calées les unes contre les autres. Remploi (ou réemploi) : dans une construction, réutilisation d’un élément architectural ayant appartenu à un édifice antérieur.

Sanctuaire à monnaies : sanctuaire caractérisé par d’abondants dépôts monétaires. Sarcophage : cercueil de pierre. Sigillée : les vases en sigillée romains sont en céramique fine à pâte rose et surface engobée et glaçurée rouge brique ; ils sont décorés de sceaux et de poinçons et sont souvent estampillés des noms des potiers. Sole : dalle de terre cuite suspendue sur des piliers de soutien et perforée de carneaux, permettant le passage de la chaleur de la chambre de chauffe au laboratoire*, pour la cuisson des céramiques. Solium : bassin d’eau chaude, dans les thermes*. Stylobate : soubassement supportant une colonnade. Strigile (en latin strigilum) : racloir recourbé en métal utilisé pour débarrasser la peau des impuretés et de la transpiration. Sub-atlantique : en climatologie désigne la dernière période de l’Holocène (au Quaternaire), entre 600 avant notre ère et 1300 de notre ère. Sudatio ou laconicum : salle des thermes*, très chaude, sèche ou humide, équivalent de l’étuve. Suspensura : sol surélevé reposant sur des pilettes* et permettant la circulation de l’air chaud. Tablier : plateforme qui constitue le plancher d’un pont. Tarière : grande vrille permettant de percer des trous dans le bois ou dans la pierre. Tegula : tuile plate en terre cuite caractéristique de la toiture romaine : elle comporte deux rebords, encochés de part et d’autre pour l’emboîtement des tuiles en files sur la pente du toit, leurs joints étant recouverts par des imbrices*. Tegula mammata : brique plate munie d’entretoises : fixée au mur, elle permet la circulation de l’air chaud en paroi creuse, au même titre que les tubuli*. Tepidarium : salle tiède des thermes*. Terra Nigra : type de céramique gallo-romaine à surface noire lustrée et parfois engobée. Terrasse alluviale : zone plane en bordure de la vallée, marquée par une dénivellation, et constituée par l’amoncellement d’alluvions anciennes déposées par la rivière.

Textes gromatiques : terme qualifiant un ensemble de textes romains ayant trait à l’arpentage. Thermes : établissement de bains publics. Topographier : situer, localiser dans l’espace, par des coordonnées. Torchis : terre argileuse, malaxée avec de la paille hachée ou du foin, montée sur une armature végétale (clayonnage). Matériau très couramment utilisé en Gaule romaine. Travée : portion de pont, de voûte, de comble, etc., comprise entre deux points d’appui : colonnes, piles, piliers, etc. Trou de louve : un trou de louve désigne un trou pratiqué dans une pierre destiné à recevoir la pince ou l’ensemble de coins autobloquants (louve) accrochés à un engin de levage. Tubulus (pl. tubuli) : tube (tubulure) de terre cuite, de section quadrangulaire, destiné à la circulation de l’air chaud, en paroi creuse, le long des murs des salles chauffées par hypocauste*. Umbo (pl. umbones) : renfort central d’un bouclier gaulois ou romain permettant de protéger la main du guerrier. Viatique : argent, provisions, donnés à un religieux et, par extension, à tout voyageur, en particulier aux défunts pour leur permettre d’atteindre l’Au-delà. Vici (pl. de vicus) : le terme de vicus apparaît dans les textes de l’Antiquité et du haut Moyen Âge ; il concerne une notion juridique ou administrative qui a sans doute évolué dans le temps et qui se réfère à un groupe d’individus localisé dans une agglomération ou un quartier de ville. L’assimilation du vicus à l’agglomération secondaire* a pu être réalisée par les archéologues de la Gaule, souvent sans preuves : toute agglomération n’est pas un vicus et tout vicus n’est pas une agglomération. Villa (pl. villae) : grande exploitation rurale romaine constituée d’un ensemble d’édifices qui associent un lieu de résidence et une exploitation agricole. La pars urbana correspond à la partie résidentielle, la pars rustica à celle occupée par les bâtiments d’exploitation. L’essentiel est construit à la romaine, en matériaux durs (pierre, terre cuite). Elle constitue le centre d’un domaine (fundus), contrôlé par le propriétaire foncier (dominus).

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L’ÉCOMUSÉE DU VÉRON L’Écomusée du Véron, reconnu « Musée de France », a pour mission la collecte, la conservation, l’étude et la présentation au public du patrimoine du Véron. Ce territoire constitue une entité géographique et identitaire qui s’est caractérisée au cours de l’histoire. Il est aujourd’hui composé de quatre communes (Avoine, Beaumont-en-Véron, Huismes, Savignyen-Véron) associées au sein de la Communauté de communes du Véron. Celle-ci a créé l’Écomusée qui a ouvert au public en 2003.

LES ACTIVITÉS DE DÉCOUVERTE

UN ÉCOMUSÉE POUR COMPRENDRE UN TERRITOIRE

• u n parcours jeu « comment peut-on vivre sur une presqu’île isolée ? » pour les enfants et leur famille en visite sur le site,

L’Écomusée présente chaque année des expositions permettant de découvrir le territoire du Véron. Ces expositions explorent les différents aspects du patrimoine : l’histoire, l’archéologie, les sciences, les savoir-faire, la nature… et sont accompagnées d’un programme de conférences et d’animations pour tous les publics.

LA FERME L’Écomusée du Véron est installé au cœur du bocage du Véron, sur le site de deux anciennes fermes du XIX e siècle. Un élevage a été créé pour préserver des races anciennes d’animaux domestiques. Les animaux entretiennent par leur pâture les 4 hectares de prairies inondables, classées en zone Natura 2000. Les races choisies sont dites « à faible effectif », car elles ne répondent pas aux normes de productivité contemporaine. Elles sont originaires du grand ouest.

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L’Écomusée propose chaque année des activités pour découvrir le site, la ferme, les expositions, ou explorer le territoire du Véron : • u n programme culturel riche d’une cinquantaine de manifestations pour les publics individuels : activités jeune public, ateliers créatifs, conférences, balades nature, balades patrimoine, visites d’exploitation, dégustations, évènements...

• u n programme pédagogique à destination des groupes scolaires, de loisirs et des publics avec handicap, • d es chantiers associatifs : l’Écomusée accueille sur son site des associations pour la réalisation de projets autour du patrimoine. Depuis 2010, un chantier de construction de bateaux de Loire est porté par l’association des Bateliers Ligériens. En 2011, l’APEV (Association pour l’Écomusée du Véron) a entrepris la construction d’un four à pain.

RENSEIGNEMENTS Écomusée du Véron 80 route de Candes, 37420 Savigny en Véron Tél : 02 47 58 09 05 / Fax : 02 47 58 06 15 ecomusee@cc-veron.fr www.cc-veron.fr/ecomusee


LES PARTENAIRES LE SERVICE RÉGIONAL DE L’ARCHÉOLOGIE (SRA) DE LA DRAC CENTRE La direction régionale des affaires culturelles du Centre est un service déconcentré du Ministère de la Culture et de la Communication placé sous l’autorité du Préfet de région. Elle met en œuvre la politique nationale en l’adaptant au contexte régional. Au sein de la DRAC, le service régional de l’archéologie (SRA) à la charge d’inventorier, d’étudier, de protèger, de conserver et de faire connaître le patrimoine archéologique. Il contribue à l’enrichissement et à la mise à jour de la carte archéologique, prescrit les opérations d’archéologie préventive (diagnostics et fouilles), instruit les demandes d’autorisation de fouilles, surveille et contrôle leur exécution, en liaison avec les commissions interrégionales de la recherche archéologique (CIRA). Il assure la diffusion et la promotion de la recherche.

L’INRAP Avec plus de 2 000 collaborateurs et chercheurs, l’Inrap est la plus importante structure de recherche archéologique française et l’une des toutes premières en Europe. Institut national de recherche, il réalise chaque année quelques 1 500 diagnostics archéologiques et 250 fouilles en partenariat avec les aménageurs privés et publics, en France métropolitaine et dans les Dom. Créé par la loi de 2001 sur l’archéologie préventive, l’Inrap est le seul opérateur public compétent sur l’ensemble du territoire et pour toutes les périodes, de la Préhistoire à nos jours. Héritier de trente ans d’expérience, il intervient sur tous les types de chantiers : urbain, rural, subaquatique, grands tracés

linéaires. À l’issue des chantiers, l’Inrap assure l’exploitation des résultats et leur diffusion auprès de la communauté scientifique : près de 300 de ses chercheurs collaborent avec le CNRS et l’Université. Ses missions s’étendent à la diffusion de la connaissance archéologique auprès du public : ouverture des chantiers au public, expositions, publications, conférences, production audiovisuelle.

LE SERVICE DE L’ARCHÉOLOGIE DU DÉPARTEMENT DE L’INDRE-ET-LOIRE (SADIL) Le Service de l’archéologie du département de l’Indre-et-Loire (SADIL) a été créé en 2005 par le Conseil général. Élément de la politique culturelle définie par l’assemblée départementale et pilotée par Patrick Bourdy, conseiller général et vice-Président délégué à la Culture, il a pour mission la connaissance de l’histoire du département, ainsi que l’aide au développement économique du territoire. En effet, la réactivité du SADIL lui permet d’intervenir en amont des projets d’aménagement susceptible de détruire des sites archéologiques, sans trop allonger leurs délais de réalisation. Il intervient donc aussi bien sur les monuments historiques propriété du Conseil général que sur divers travaux d’infrastructure (ZAC, routes, tramway de Tours, LGV...).

LE LABORATOIRE ARCHÉOLOGIE ET TERRITOIRES (UNIVERSITÉ DE TOURS) Le Laboratoire Archéologie et Territoires (LAT) regroupe des archéologues et des historiens. Ses recherches portent sur les relations des sociétés pré-industrielles avec leur environnement et avec les multiples territoires dans lesquels leurs habitants inscrivaient leurs activités.

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GÉNÉRIQUE Ce catalogue a été édité à l’occasion de l’exposition « Les Gallo-Romains entre Loire et Vienne, 40 ans de découvertes archéologiques », qui a été conçue et réalisée en 2011-2012 par l’Écomusée du Véron, un service de la Communauté de communes du Véron, en partenariat avec le Service régional de l’archéologie (DRAC Centre), l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), le Service de l’archéologie du département de l’Indre-et-Loire, le laboratoire LAT-CITERES de l’Université de Tours et avec le soutien du Ministère de la culture et de la communication (DRAC Centre), du Conseil régional du Centre et du Conseil général d’Indre-et-Loire.

COORDINATION Thomas BOUCHER, Gabrielle MICHAUX (Écomusée du Véron).

COMITÉ SCIENTIFIQUE Solène BONLEU (Inrap), Thomas BOUCHER (Écomusée du Véron), JeanPhilippe CHIMIER (Inrap), Fabrice COUVIN (Inrap), Christian CRIBELLIER (SRA, DRAC Centre), Bruno DUFAŸ (SADIL), Alain FERDIÈRE (professeur d’archéologie émérite de l’Université de Tours), Matthieu GAULTIER (SADIL), Jean-Marie LARUAZ (SADIL), Jean-Paul LECOMPTE (enseignant), Gabrielle MICHAUX (Écomusée du Véron), Anne MOREAU (Inrap), Pierre PAPIN (SADIL), Stéphanie PHILIPPON (SADIL), Sandrine RIQUIER (Inrap), Aurélie SCHNEIDER (SRA, DRAC Centre), Philippe SALÉ (Inrap), Murielle TROUBADY (SADIL).

RÉALISATION DE L’EXPOSITION Scénographie : Thomas BOUCHER, Gabrielle MICHAUX, Françoise PLET (Agence Origami). Parcours enfant : Angèle de LATOUR, Marie JOSELON (Écomusée du Véron). Graphisme : Mélanie MERCUZOT, Sonia PONS (Communauté de communes du Véron). Réalisation, montage et installation : Les bénévoles de l’APEV, Thomas BOUCHER, Charline BUISSON, Bernard DUCHESNE, Claudette DUCHESNE, Aurélie FRESNAIS, Angèle de LATOUR, Marie JOSELON, Gabrielle MICHAUX, Mélanie RAMSEYER. Avec la participation de : Baptiste BAREILLE, Rémi COULAIS, Céline DELUGRÉ, Natacha GRANGE, Arnaud RÉCHARD, Francis LAMBERT et des services techniques de la Communauté de communes du Véron.

RÉALISATION DU CATALOGUE Sabine GODINEAU, Studio ARENGO, Cholet.

PRÊT DE COLLECTIONS SRA, DRAC Centre, Société Archéologique de Touraine, Conseil général d’Indre-et-Loire, Musée d’Argentomagus, SADIL, Inrap, Amis du Vieux Chinon, Musée d’Art et d’Histoire de Chinon, Service Archéologique Départemental des Yvelines. Restauration des collections : Christiane SIRE (SRA), Catherine AUGEL (CoResCA).

RECONSTITUTIONS ET FAC-SIMILÉS Le mur romain par l’APEV, le bouclier de Huismes par Patrick BOOS (Archéo Reconstit), les vêtements par Christiane CASANOVA (ACL Arena), les chaussures par Jean et Dominique MATHIEU (association La Couenne), les vanneries par Guy BARBIER (Les Brins d’Osier), les bijoux et les instruments de toilette par Yannick MOTTIER (Au Fil du Métal).

REMERCIEMENTS Les bénévoles de l’Association Pour l’Écomusée du Véron (APEV), Laurent BOURGEAU, chef du Service Régional de l’Archéologie (DRAC Centre), Viviane AUBOURG et Philippe BRUNET (SRA, DRAC Centre), Coralie BAY et Arnaud DESSOLIER (Musée d’Argentomagus), Claude BENKHALLOUK (Conseil Général d’Indre-et-Loire), Jean-Michel BOUCHER, Marie-Christine CERRUTI (Centre National d’Archéologie Urbaine), Gérard COULON (archéologue), Gilles COURTOUX, Jacques DUBOIS (photographies aériennes), Nicolas FOUILLET (Inrap), Joël GARNIER (Conseiller pédagogique de la circonscription de Chinon), Pierre HAMELAIN (Société Archéologique de Touraine), Solange LAUZANNE (SRA, DRAC Centre), Jean-Paul LECOMPTE, Sandrine LEFÈVRE et Alison FALEMPIN (Service Archéologique Départemental des Yvelines), Alain LORIDO, Jean-Michel MORIN (Conseil Général du Loiret), Julie PELLEGRIN, directrice du service des Musées et Monuments Départementaux d’Indre-et-Loire, Daniel PITON (archéologue), JeanLuc PORHEL et Géraldine GLOVER (Archives Municipales de Tours), Sophie VIVIER (Service de l’Inventaire de la Région Centre), ainsi que les élus de la Communauté de communes du Véron qui ont soutenu et rendu possible ce projet, l’équipe de l’Écomusée du Véron et les différents services de la Communauté de communes du Véron qui ont participé à la création de cette exposition.


l’exposition « les Gallo-romains entre loire et Vienne, 40 ans de découvertes archéologiques » est présentée à l’Écomusée du Véron du 14 avril 2012 jusqu’à la fin de l’année 2013.

Tours

Saumur

A85

Azay-le-Rideau

sortie A85

80 route de Candes 37420 savigny-en-Véron

D7

A10

D751

CandesSt-Martin

Ste-Maure de Touraine

D8

Chinon

www.cc-veron.fr/ecomusee

Centrale nucléaire

D1

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Ecomusée du Véron D118

Tél : 02 47 58 09 05 Fax : 02 47 58 06 15 ecomusee@cc-veron.fr

Avoine

Horaires d’ouVerture

D118

Savignyen-Véron Beaumonten-Véron

D751

Vers Tours

Chinon Vers Loudun

des vacances de février au 31 mai Lundi, mercredi, jeudi et vendredi : 10h - 12h30 et 14h - 18h Week-end et jours fériés : 14h - 18h Fermé le mardi et le 1er mai Juin / Juillet / août / septembre Du lundi au vendredi : 10h - 12h30 et 14h - 18h Week-end et jours fériés : 10h - 12h30 et 14h - 19h du 1er octobre à la fin des vacances de toussaint Lundi, mercredi, jeudi et vendredi : 10h - 12h30 et 14h - 18h Week-end : 14h - 18h Fermé le mardi et les 1er et 11 novembre GPs Latitude : 47.210997 Longitude : 0.1226109


Présentée à l’Écomusée du Véron, l’exposition « Les Gallo-Romains entre Loire et Vienne, 40 ans de découvertes archéologiques » offre l’occasion de proposer une synthèse des recherches sur les sites gallo-romains récemment fouillés dans la vallée de la Vienne. À l’époque romaine, la basse vallée de la Vienne fait partie de la cité des Turons. Depuis une quarantaine d’années, les recherches archéologiques ont considérablement enrichi les connaissances sur ce territoire. De nombreux vestiges jusqu’alors inconnus ont été exhumés et étudiés par les archéologues (habitats, structures artisanales, thermes, ponts, voies, parcellaires, nécropoles …). Ce projet a été conçu en partenariat étroit avec les différents acteurs de l’archéologie : le SRA (Service régional de l’archéologie - DRAC Centre), l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives), le SADIL (Service de l’archéologie du département de l’Indre-et-Loire) et le LAT (Laboratoire archéologie et territoires, Université de Tours). Avec une série d’articles bien documentés et abondamment illustrés, le catalogue permet d’approfondir les thématiques abordées dans l’exposition.

Direction régionale des affaires culturelles Centre

i s b n : 2 -9 5 1 8 0 1 6 -2 -9

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