Fiction #2 : Il est adorable Il est adorable! C’est Noël tous les jours. Que voulez vous que je vous dise de plus. Je n’ai rien d’autre à ajouter. Alors que l’on m’avait dressé le portrait d’un monstre présumé coupable, j’ai fais la connaissance à Biarritz d’un homme qui dès le premier regard m’a offert tout ce que je souhaitais. Comment vous croire à présent. Il frappe? Il est manipulateur? Il est froid ? La vie qu’il m’offre n’a rien à voir avec tout cela. Ces gestes dont vous le croyez responsable sont des gestes de désespoir. J’en suis certaine à présent. Il ne peut en être autrement. Il est profond, triste et souvent lointain lorsqu’il compose. Il est parfois froid et distant lorsqu’il revient de tournée. Mais il a vu tellement de monde. Les femmes l’adorent. Les hommes aussi. Il faut avouer qu’il est beau. Il est coiffé d’une chevelure généreuse et sauvage. Son corps est celui d’un cinquantenaire mais il a l’allure et la démarche d’un adulescent… Quoique vous puissiez me dire de lui. Il est parfois triste, froid et dur dans ses jugements mais j’ai de la chance de vivre auprès de lui. Le seul de ses défauts sont certainement les lectures qu’il m’inflige. Cette poésie sombre qui m’ aspire avec elle et m’asperge de larmes de désespoir. Je ne pensais pas qu’une oeuvre était capable de m’emporter autant avec elle. Je m’enrichis chaque jour de ces mots là, mélangés par le diable ou par un poète profondément dépressif. Des mots beaux mais qui m’ aspirent avec eux et m’emportent dans les recoins les plus sombres de mon âme. Voilà pourquoi, je suis triste ces derniers temps. Moi qui était si joyeuse. Je riais si fort aussi. Mon rire a toujours été et ce, depuis toute petite, l’un des traits qui me caractérise. Ce rire peut faire peur et effrayer tant il est soudain, projeté aux autres et provenant dont ne sait quelle partie de mon corps. Il est peut être niché dans mes dents, entre mes dents aussi. Et, il attend la note d’humour infaillible pour s’expulser violemment sans me prévenir et se jeter sur mes voisins. Car il n’a pas de corps mais c’est un coup de tonnerre… Un rire terrifiant. Incontrôlable. Ce rire n’est plus… Ce doit être l’effet de la poésie ou l’effet d’une grosse carie. Il s’est installé à côté d’une dent cariée et cette dent le colle, le retient en otage. Pauvre rire et pauvre moi qui m’attriste à cause des livres de poésie que Bernard m’invite à lire par amour pour lui. Ma gorge me serre aussi depuis quelques temps. Je n’ai pas mal à la gorge. Non! Elle est serrée… C’est douloureux. De plus en plus. Depuis ce matin, c’est violent. Je ne ris plus. Je manque d’air. Suspendue.
Bernard, lui vient de se réveiller. Il était en concert hier soir à Toulouse. Il est revenu dans la nuit. Il semble fatigué mon amour. Il ouvre la porte. Je suis suspendue. La gorge serrée. Il me regarde. Son regard est vide… Sans expression. Je tombe à terre. Il me regarde. Me gifle à deux reprises puis regarde autour de lui. La gorge ne me serre plus. Je suis soulagée. Merci mon amour. Mais des larmes glaciales s’écoulent le long de mes joues. C’est certainement l’absence de sentiment dans le regard de Bernard qui a poussé dans un dernier élan de vie ces larmes à s’extraire de mon corps pour aller s’échouer le long de mes joues. Puis voilà que je plane. J’étais suspendue et me voici en apesanteur. Je plane depuis trois mois. Une femme vient d’entrer dans sa vie. Elle est blonde. Elle a trois enfants. J’en avais deux. Je les vois mais ils ne me voient pas. Il est adorable avec elle ! C’est Noël tous les jours. Que voulez vous que je vous dise de plus. Je n’ai rien d’autre à ajouter. J’observe cette femme. Je ne peux malheureusement pas lui parler… J’aimerais qu’elle ne lise pas ces livres affreux qui font peur, ces immenses recueils de poésie. Elle s’y plonge pourtant. Je crains pour sa vie suspendue à un fil. Bernard est égal à lui même. Il n’a pas pleuré ni le jour ou il m’a découvert pendue. Ni le lendemain. J’étais horrifiée mais je ne pouvais plus parler, ni crier, ni m’exprimer. J’étais morte. Ce n’est pas simple d’être morte dans ces conditions. Alors j’ai flotté au dessus de Sandrine. De longues nuits durant lesquelles elle lisait cette affreuse poésie mortifère. Mais rien à faire. Elle ne me voyait pas. Puis, un jour. Sandrine s’est assise dans notre lit, devenu son lit enfin le leur. Elle avait les yeux grands ouverts. Elle était consciente. Oui. Consciente. Effarée. Elle a regardée le mur. S’est levée. Elle a posé son téléphone rose sur le lit en mode “enregistreur”. Elle a rejoins la pièce d’à côté. Celle ou je me suis pendue. Elle a donné un coup de pied dans une chaise. Elle a écouté l’enregistrement. C’était violent. J’avais l’impression d’être vivante à nouveau. Lorsqu’il est revenu de tournée cette nuit là. Elle l’a fixé. Elle lui a annoncé qu’elle le quittait. Il n’a pas bronché. Il a esquissé un sourire. Elle semblait soulagée. Je l’étais aussi. Je suis partie avec elle. Ce soir là, Sandrine avait compris que Bernard était l’aute>>><
ur d’un crime parfait. C’était le soir de Noël.
Avant de partir. Je me suis dis … Que le Père Noël existait. J’étais morte. Mais pas elle. Sandrine a retrouvé ses enfants. Elle a observé les miens. De loin. Elle s’est intéressée de loin à leurs vies. Elle revoit toujours Bernard. Elle l'aime encore mais elle sait qu’à tout moment elle peut être la victime de ce monstre. De ce beau monstre. Tout comme vous d’ailleurs, qui lisez cette nouvelle de Sandrine à l'instant dans ce recueil des “Nuances de Père Noël”. Car je vous vois. Je suis morte mais de temps à autre, je reviens dans l’imagination de Sandrine, qui aurait pu être la victime de Bernard et je vous survole, vous, les lecteurs.
Mon prénom? Je vous donne mon prénom avant de partir. Je m’appelais Amiska. J’avais 38 ans. Deux enfants. J’ai été la victime d’un pervers narcissique. Il s’appelle Bernard. Il est adorable. C’est Noël tous les jours jusqu’à ce que mort s’en suive. Pour Sandrine le Père Noël existe et il lui a fais cadeau de cette vie qu’elle aurait pu perdre auprès de ce criminel à la chevelure généreuse et sauvage. Et aujourd’hui elle voit Bernard sous les traits de l’assassin au crime parfait, tel qu’il est. Ce n’est plus Noël tous les jours. Mais elle a eu la chance de recevoir le plus beau des cadeaux. Je vous abandonne à présent. Je file. Je suis morte. Je vous embrasse. Sandrine Décembre travaille actuellement à l'écriture d'un recueil d'histoires courtes autour de la Perversion Narcissique. Toute ressemblance avec des personnages existants ou ayant existés seraient purement fortuite. Présentation : Sandrine Décembre est conférencière et consultante en communication. Elle est spécialisée dans la gestion de la visibilité en ligne des artistes et des auteurs. Elle travaille sur le “Chantier” des Francofolies, programme d'accompagnement de jeunes artistes. Elle est aussi a l'origine du Collectif A4 qui vient en soutien aux petites salles de concerts. Enfin, Sandrine est Commandant Réserviste Citoyen chargée de la diffusion d'informations en ligne et d'ingénierie de projets culturels.