Sapheneia 24: Didier Clerc. Théodore Métochite, «Comparaison de Démosthène et d’Aristide»

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CONTRIBUTIONS

Didier Clerc

Théodore Métochite

Comparaison de Démosthène et d’Aristide

Introduction, traduction princeps et commentaire

Sapheneia

Contributions à la philologie classique

Collection dirigée par David Amherdt, Karin Schlapbach et Thomas Schmidt

Volume 24

Théodore Métochite

Comparaison de Démosthène et d’Aristide

Introduction, traduction princeps et commentaire

Schwabe Verlag

L’étape de la prépresse de cette publication a été soutenue par le Fonds national suisse de la recherche scientifique.

Thèse de doctorat présentée à la Faculté des lettres et des sciences humaines de l’Université de Fribourg (Suisse)

Approuvée par la Faculté des lettres et des sciences humaines sur proposition des Professeur·e·s Thomas Schmidt (premier rapporteur) et Karin Schlapbach (deuxième rapporteure) et du Dr. André-Louis Rey (troisième rapporteur). Fribourg, le 2 mars 2022. Le Doyen le Professeur Dominik Schöbi

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Couverture: icona basel gmbh, Basel

Composition: Daniela Weiland, textformart, Göttingen

Impression: Hubert & Co., Göttingen

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ISBN Livre imprimé 978-3-7965-4999-1

ISBN eBook (PDF) 978-3-7965-5033-1

DOI 10.24894/978-3-7965-5033-1

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A mia mamma.

Ti rivedrò in piccoli gesti quotidiani, o nelle tante piccole conchiglie che amavi andare a raccogliere all’alba, quando il tempo scorreva ancora lento.

Préface

1.1. Les études sur Théodore Métochite et la Comparaison de Démosthène et d’Aristide : état de la question et but de cet ouvrage

1.2. Le texte et la traduction de la Comparaison de

et approfondissements

5. Imitation vs originalité ? La transtextualité appliquée aux textes byzantins

5.1. Les progymnasmata et la Vie de Sainte Théoctiste entre imitation et originalité .

5.2. La transtextualité appliquée à la Comparaison de Démosthène et d’Aristide

6. Les sources principales sur la réception et sur les aspects techniques de la rhétorique et de la stylistique

6.1. Plutarque et le ps.-Plutarque

6.2. Le ps.-Lucien

6.3. Philostrate

6.4. Denys d’Halicarnasse

6.5. Hermogène

7. Les citations explicites dans la Comparaison de Démosthène et d’Aristide

7.1. Le prologue, entre intertextualité et intratextualité

7.2. Démosthène et la rhétorique d’apparat

7.3. Aristide et ses Discours sacrés

7.4. De Rhodes et Mégalopolis à Leuctres : la rhétorique délibérative au service de la rhétorique épidictique

8. Pourquoi Démosthène et Aristide ?

9. La Comparaison de Démosthène et d’Aristide : un traité de stylistique aux multiples facettes .

9.1. Le bien incontestable de la littérature antique

9.2. La production littéraire comme remède

9.3. Une autolégitimation stylistique

9.4. Un éloge du βίος θεωρητικός ? La Comparaison de Démosthène et d’Aristide entre vie contemplative et vie active

10. Aperçu des différences notables entre les éditions de la Comparaison de Démosthène et d’Aristide

Texte et traduction de la Comparaison de Démosthène et d’Aristide

Commentaire

Théodore Métochite (1270–1332) est considéré comme l’une des figures intellectuelles et politiques les plus importantes de l’empire byzantin. Doté d’un esprit polyvalent et original, il s’est adonné à plusieurs disciplines du savoir. Ses œuvres, écrites en prose et en vers, relèvent ainsi de domaines variés comme l’astronomie, la philosophie et, surtout, la rhétorique. L’art oratoire revêt en effet pour Métochite une valeur fondamentale et marque deux étapes importantes de son existence : le début de sa carrière au sein de la haute administration et sa dernière œuvre en prose. D’une part, ce fut tout d’abord son talent rhétorique qui impressionna l’empereur Andronic II et qui lui ouvrit les portes de la cour impériale. D’autre part, dans sa dernière œuvre, rédigée vers la fin de sa vie – la Comparaison de Démosthène et d’Aristide  –, la rhétorique est promue au rang d’instrument nécessaire aux hommes de son temps afin d’atteindre les hauts rangs de la société. Comme dans une sorte de testament destiné à la postérité, Métochite s’y livre à un enseignement sur la pratique rhétorique permettant de progresser dans les hautes sphères du pouvoir byzantin.

Cependant, le public lisant la Comparaison de Démosthène et d’Aristide se trouve au premier abord devant un paradoxe. Métochite compose en effet cet opuscule après que l’avènement d’un nouvel empereur l’a définitivement éjecté des instances du pouvoir : à un moment où Métochite était lui-même privé de toute fonction publique, comment pouvait-il encore exalter la rhétorique comme instrument pour gravir les échelons de la société ? De même, le choix des deux orateurs pris en considération pourrait déconcerter : pourquoi la faveur de Métochite est-elle tombée précisément sur Démosthène et Aristide, deux orateurs extrêmement différents sous plusieurs angles ? L’on pourrait se demander si Métochite n’est pas en train de comparer l’incomparable : d’un côté le célèbre Démosthène, figure emblématique de la démocratie athénienne menacée de tomber sous le joug de Philippe II de Macédoine ; et de l’autre Aristide, ayant vécu à l’époque impériale, un rhéteur beaucoup moins connu de nos jours et dont les traits égocentriques et distants ont longtemps conditionné l’appréciation de la part des lecteur · rice · s.

La présente étude se propose d’examiner les points énoncés précédemment en replaçant la Comparaison de Démosthène et d’Aristide dans son contexte intellectuel et littéraire. Le volume contient une introduction à cet opuscule accompagnée d'une série d’études relatives à cette œuvre difficile d’accès, le texte

grec original, sa toute première traduction et un commentaire linéaire visant à éclairer le texte, en particulier d’un point de vue linguistique et littéraire.

La lecture et l’analyse de la Comparaison de Démosthène et d’Aristide s’avèrent exigeantes, dans la mesure où le texte, selon la pratique usuelle de Métochite, est écrit dans un style obscur et alambiqué qui rebutait déjà ses contemporains. La traduction en vis-à-vis aspire à rendre accessible cet opuscule si maniéré dans son expression, mais si fascinant du point de vue de la réception des auteurs antiques et de la sociolinguistique. En dépit de sa difficulté, cet ouvrage présente de multiples facettes qui en font tout l’intérêt : à la fois traité de stylistique et démonstration de style, autoconsolation littéraire et encouragement à l’engagement public, la Comparaison de Démosthène et d’Aristide a le mérite de mettre à l’honneur la rhétorique en tant qu’activité personnelle chère à son auteur et, parallèlement, de montrer les implications et les enjeux de la rhétorique à l’intérieur de la société dans laquelle elle s’insère.

Métochite est un auteur très difficile à traduire. Cette affirmation pourrait sembler n’être qu’une captatio benevolentiae, si d’autres n’avaient également exprimé cet avis. Diehl remarque que « peu de styles sont plus compliqués, d’une allure plus confuse, d’une intelligence plus difficile que celui de Théodore Métochite ».

De son côté, Laurent émet un commentaire limpide sur Georges Métochite, qu’il étend ensuite à son fils Théodore : « la langue et le style de ses écrits sont un bien de famille dont son proche parent, Théodore, le grand Logothète, compliquera le tour jusqu’à faire le désespoir de ses interprètes »1 . Au vu de ces quelques témoignages, je déclare sans gêne avoir bénéficié du soutien de plusieurs personnes tout au long de ce travail, même si j’assume toute la responsabilité pour ses éventuelles défaillances. Tout d’abord, je tiens à remercier tout particulièrement mon directeur de thèse, le professeur Thomas Schmidt. Je n’ai pas compté les heures (ou plutôt les semaines !) passées dans son bureau à discuter de Métochite, ni le nombre de conseils précieux pour améliorer mon travail ou pour résoudre une difficulté : si j’avais dû tenir trace de toutes ses contributions, son nom apparaîtrait à chaque page. Aussi, sa maîtrise du grec et ses trouvailles stylistiques m’ont permis de mieux comprendre le texte original et d’en proposer une traduction française plus élégante aux endroits où ma langue maternelle – l’italien – essayait de me jouer des tours. Au professeur Schmidt vont donc mes remerciements respectueux, non seulement pour m’avoir suivi dans cette thèse de doctorat, mais aussi plus généralement pour m’avoir soutenu lors de moments éprouvants et pour m’avoir formé avec le reste des enseignant · e · s

1 Diehl 1905, p. 398 et Laurent 1938, pp. 101–102, mentionnés par Ševčenko 1962, pp. 40–41, n. 2.

du Département de Philologie classique de l’Université de Fribourg : j’espère que chacun · e d’entre eux·elles reconnaîtra sa marque dans ce travail.

Je remercie chaleureusement la professeure Karin Schlapbach : depuis son arrivée à Fribourg, elle a amené un élan positif en organisant de nombreuses journées d’études, fournissant ainsi aux doctorant · e · s le cadre idéal pour s’exprimer sur leurs sujets de recherche. Son empathie, sa manière fraîche et originale d’aborder les textes antiques et sa rigueur scientifique ont été grandement appréciées.

Merci aussi à la professeure Margarethe Billerbeck, qui m’a donné l’occasion de m’initier à la recherche scientifique, qui m’a toujours soutenu et qui depuis longtemps me prodigue généreusement ses conseils. Je garderai en mémoire les discussions sérieuses aussi bien que les nugae partagées avec elle, avec son équipe du projet sur Etienne de Byzance, avec mes collègues de Fribourg et d’ailleurs, et avec celles et ceux qui, d’une manière ou d’une autre, m’ont encouragé durant la rédaction de cette thèse : David Amherdt, Claire-Lyse Curty-Delley, Michael Featherstone, Didier Follin, Johann Goeken, Arlette Neumann-Hartmann, Nicole Papaux, Orlando Poltera, Jean-Michel Spieser, Martin Steinrück et Isabela Grigoraş (Stoian).

La liste de celles et ceux qui m’ont côtoyé et aidé ces dernières années serait encore longue. Je me permets donc de mentionner uniquement Alessia, Chiara, Elia, Elisa (toutes les trois), Jasmine, Laura, Massimo, Matteo (tous les deux), Stéphanie, Tamara, Tiffany et Vincent : ce ne sont ici que peu de mots pour leur exprimer une gratitude bien grande.

Finalement, je tiens à remercier du fond du cœur ma famille, et en particulier mes parents, Gianna et Alphonse, ainsi qu’Andrea, Fabienne, Julia et Sandra, dont le soutien s’est révélé être indéfectible. On ne peut pas choisir la famille où l’on atterrit ; pour ma part, je ne pouvais mieux tomber.

Je dédie ce travail à la mémoire affectueuse de ma mère, qui a pu en voir les tâtonnements et des étapes intermédiaires, mais non le résultat final.

1. Introduction

1.1. Les études sur Théodore Métochite et la Comparaison de Démosthène et d’Aristide : état de la question et but de cet ouvrage

Les œuvres de Théodore Métochite ont suscité peu d’intérêt jusqu’aux années 1950, lorsqu’elles ont commencé à attirer davantage l’attention des chercheur se s. Malgré cela, peu de travaux existent sur la Comparaison de Démosthène et d’Aristide en particulier. À notre connaissance, une seule étude a été consacrée uniquement à ce traité, à savoir celle de Pernot 2006a (légèrement modifiée dans Pernot 2006b). Pourtant, d’une manière générale, les chercheur · se · s sont favorablement impressionné · e · s par Métochite ainsi que par sa Comparaison.

Déjà Beck souligne de manière élogieuse l’indépendance de jugement dont l’auteur fait preuve dans ses essais littéraires contenus dans les Σημειώσεις γνωμικαί1 : à ses yeux, dans ces traités, Métochite ne copie jamais Photios. De manière similaire, Bourbouhakis met l’accent sur le souci d’« intellectual autonomy » des considérations littéraires de notre auteur 2 . Ševčenko émet aussi un jugement général sur l’homme et ses œuvres. Il affirme alors clairement qu’« on a beau être irrité par ses [scil. de Métochite] coups de pouce », ses manigances et ses bousculades, mais qu’« il faut bien reconnaître non seulement son érudition, mais aussi son originalité relative, et même, par endroits, sa profondeur »3 . Plus récemment, De Vries-van der Velden exprime un avis tout à fait opposé à ceux évoqués jusque-là et plus généralement à contre-courant de la tendance que l’on peut déceler dans les travaux scientifiques. Selon elle, Métochite fait preuve d’une « nullité intellectuelle » dans tous ses traités, littéraires ou autres 4 . Le présent ouvrage vise à fournir d’autres éléments afin de juger, à partir d’une approche plutôt littéraire, les capacités de cet homme qui, selon la plupart des chercheur · se · s, « is one of the outstanding figures of Byzantine letters and culture »5 .

1 Beck 1952, pp. 72 et 74.

2 Bourbouhakis 2017, p. 125.

3 Ševčenko 1962, p. V.

4 De Vries-van der Velden 1987, p. 195, n. 25 et passim

5 Hult 2002, p. xiii. Il convient de mentionner l’opinion générale de Laiou (1972, p. 7), selon qui, d’un point de vue politique et humain, Métochite était « neither very able, nor very

Comme indiqué ci-dessus, il existe un nombre très restreint de contributions portant spécifiquement sur la Comparaison de Démosthène et d’Aristide. Cependant, quelques observations éparses ont été faites sur cet opuscule. Gigante salue la Comparaison de Démosthène et d’Aristide comme le meilleur accomplissement de Métochite dans son rôle de critique littéraire et n’hésite pas à la considérer comme « una delle prove più valide della sua sensibilità e del suo gusto di umanista » et comme un « documento di alta umanità e di umanesimo integralmente laico »6 . L’originalité (qui est, d’ailleurs, un des traits que l’on prête le plus souvent aux humanistes) des traités littéraires et historiques de Métochite est ce qui fascine le plus Fryde 7. Selon lui, Métochite possède un esprit agile et anticonformiste qui lui permet, d’un côté, d’examiner Démosthène et Aristide en tenant compte de leurs différents contextes historiques et, de l’autre, de ne pas perdre de vue la réalité de son propre contexte, qui possède ses propres exigences en matière de rhétorique. Conley fait remarquer que, malgré l’influence d’autres traités tels que ceux d’Hermogène ou de Denys d’Halicarnasse, Métochite n’hésite pas à s’éloigner des conclusions établies conventionnellement par ces mêmes textes dont l’autorité était incontestée à Byzance 8 . Finalement, Pernot se penche sur la Comparaison de Démosthène et d’Aristide dans le cadre d’un ouvrage sur la réception de Démosthène 9. Après un résumé de l’opuscule et une esquisse de l’histoire de la mise en parallèle de ce cet orateur et du deutérosophiste, Pernot présente les raisons pour lesquelles Métochite tire des conclusions pouvant paraître étonnantes : comme on le verra dans la suite de ce volume, Métochite affiche clairement sa préférence pour la rhétorique épidictique, ce qui n’a pas manqué de lui valoir des critiques10 .

honest ». Toutefois, en parlant des savants dont Andronic II s’entoure et mentionnant aussi le nom de Métochite, la chercheuse avoue que « all […] made important contributions to Byzantine letters and scientific thought ». Il s’agit donc pour elle de distinguer le politicien de l’érudit. En revanche Bezdechi (1927), s’il peut d’un côté admettre les irrégularités financières de Métochite en prétendant que cela n’avait rien d’exceptionnel à l’époque (p. 63), de l’autre il n’arrive pas à « regretter la perte de ses écrits [lors de la destruction de son palais], qui ne doivent pas avoir été bien différents de ceux que nous connaissons de lui » (p. 67). Le même auteur conclut de manière lapidaire, pourtant sans donner de justifications, que Métochite « ne mérite pas tous les compliments que son ami [Nicéphore Grégoras] lui adresse ; celui-ci exagérait, ébloui par une admiration sincère » (p. 67).

6 Gigante 1969, pp. 19–20 et 12. Sur la question très disputée de l’Humanisme byzantin, cf. ci-dessous le point 9.1.

7 Fryde 2000, p. 323.

8 Conley 2005, p. 670.

9 Pernot 2006a, pp. 100–115.

10 Pernot (2006a, p. 104 et n. 105) rapporte les réserves émises par Wilson (1983, p. 261) sur cette préférence, alors que globalement le jugement de Wilson sur Métochite n’est pas critique : « his [scil. de Métochite] admiration is reserved for epideictic productions, and here we cannot follow him ».

1.1. Les études sur Théodore Métochite 17

Toutefois, les plus grands travaux des chercheur · se · s (et dont certains sont toujours en cours) ont été consacrés à l’édition et à la traduction en langue moderne des nombreuses œuvres de Métochite. Il s’agit en effet d’un auteur très prolifique : ses écrits occupent presque 1’900 folios manuscrits11. Ses deux premiers poèmes ont initialement été édités par Treu12 . Presque un siècle plus tard, Ševčenko et Featherstone ont ouvert d’autres pistes aux chercheur · se · s en fournissant l’édition et la traduction anglaise des poèmes 3 et 413 . Deux ans après, Cunningham, Featherstone et Georgiopoulou ont accompli le même travail pour le poème 1214 . En 2000, Featherstone a aussi édité et traduit en anglais les derniers poèmes composés par Métochite, que l’auteur s’adresse à lui-même (14–20)15 . Polemis a ensuite fourni une édition critique, une traduction en grec moderne, un résumé en anglais et des études du poème 1016 . Finalement, le même Polemis a apporté une contribution décisive dans la diffusion de ce corpus poétique d’abord en éditant, puis en traduisant (lui aussi en anglais), l’intégralité des vers de Métochite17 .

Quant à la production en prose de Métochite, on peut d’abord mentionner qu’il est l’auteur de quelques lettres, en gardant à l’esprit que la quasi-totalité de sa correspondance a été détruite lors de l’incendie de l’Escurial en 167118 . À part ces rares textes, on recense un total de 21 ouvrages en prose.

Le texte grec d’une partie de son Introduction à l’astronomie (Στοιχείωσις ἀστρονομική 1,1–5) peut être lu grâce à l’ouvrage de Bydén19 ; en revanche, le texte

11 Ševčenko 1982, p. 28. Ševčenko 1975, p. 37 et n. 147 précise qu’il s’agit de 1881 folios. Il s’agit de la somme des manuscrits qui, combinés, conservent toutes les œuvres de Métochite : les Paris. gr. 1866 (et non pas 1886 comme indiqué ; 318 fol., numéro diktyon 51492), 1935 (294 fol., nr. d. 51562), 2003 (278 fol., nr. d. 51630) et 1776 (240 fol., nr. d. 51402), le Vindob. phil. gr 95 (373 fol., n. d. 71209) ainsi que le Vat. gr 1365 (378 fol., n. d. 67997).

12 Treu 1895.

13 Ševčenko / Featherstone 1981.

14 Cunningham / Featherstone / Georgiopoulou 1983.

15 Featherstone 2000.

16 Polemis 2006.

17 Polemis 2015 et Polemis 2017.

18 De Vries-van der Velden 1987, pp. 259–261. Il convient de mentionner notamment la lettre éditée et traduite en anglais par Ševčenko 1975, pp. 86–89. Métochite, en exil, y remercie son ami Méthodios Sénachérim de lui avoir envoyé du vin : celui de Didymotique est imbuvable, comme tout autre produit local. De Vries-van der Velden (1987, p. 262) informe que deux autres lettres de Métochite figurent parmi la correspondance de Nicéphore Choumnos, éditée par Boissonade (1844, pp. 46–48 et 157–159). Toutefois, Boissonade doute que le logothète mentionné en tant que destinataire de certaines missives, et en tant qu’auteur présumé d’autres, soit effectivement Théodore Métochite (cf. Boissonade 1844, p. 45, n. 1).

19 Bydén 2003, pp. 417–474. Aux pp. 362–382, il fournit aussi la paraphrase (en anglais) de 1,2–5.

grec de 1,5–30, accompagné d’une traduction anglaise et d’un commentaire, se trouve dans l’ouvrage de Paschos et Simelidis 20 . La première édition complète du recueil de traités intitulé Σημειώσεις γνωμικαί remonte au XIXe siècle et a été produite par Müller et Kiessling 21 . Depuis, plusieurs volumes récents consacrés à l’édition des Σημειώσεις γνωμικαί ont vu le jour. Agapitos, Hult et Smith ont inauguré un nouveau travail d’édition et de traduction en se concentrant sur les traités 8 et 9322 . Quelques années plus tard, Hult a édité et traduit en anglais les traités 1 à 26 et 71, qui concernent principalement les auteurs et philosophes antiques23 . Elle a poursuivi son projet avec les traités 27 à 60, sur la condition humaine et le déclin de l’Empire romain 24 . Ensuite, Wahlgren s’est penché sur les traités 61 à 70 et 72 à 81, qui examinent des sujets variés de l’esprit et de la vie des êtres humains 25 . Le même travail sur le reste des 120 traités des Σημειώσεις γνωμικαί est annoncé par Hult. Finalement, Marzi a aussi édité et traduit (en italien) le traité 80 des Σημειώσεις γνωμικαί 26 Une bonne portion du corpus en prose de Métochite est constitué d’ouvrages rhétoriques (19 œuvres), et en particulier relatifs à la rhétorique d’apparat, ce qui n’étonne guère si l’on considère la place prépondérante que ce genre rhétorique occupe dans la société byzantine 27. Tout récemment, ceux-ci ont enfin été édités (sans traduction) et recueillis dans un seul volume par Polemis et Kaltsogianni 28 , mais des travaux antérieurs ont aussi été accomplis sur telle ou telle œuvre de l’érudit byzantin. Déjà Sathas a publié une édition de l’Éloge de Nicée (Or. 1 Polemis / Kaltsogianni), du Presbeutikos (Or. 8 P./K.) et du Prologue du chrysobulle (Or. 15 P./K.)29. Après presque un siècle de stagnation du point de vue des éditions métochitiennes, Ševčenko a une nouvelle fois produit une première étude sur la querelle entre Métochite et Nicéphore Choumnos ; ce cadre a été pour lui l’occasion d’éditer et de traduire (en français) les discours 13 et 14 P./K.30 . Le même spécialiste de Métochite a aussi concentré ses efforts sur le discours 16 P./K., édité et traduit, cette fois-ci, en anglais 31. De son côté, Gigante a édité et paraphrasé

20 Paschos / Simelidis 2017.

21 Müller / Kiessling 1821.

22 Agapitos / Hult / Smith 1996.

23 Hult 2002.

24 Hult 2016.

25 Wahlgren 2018.

26 Marzi 2016.

27 Sur la présence massive de la rhétorique à Byzance, cf. Papaioannou 2017. Plus spécifiquement, sur la présence de la rhétorique d’apparat, nettement dominante à Byzance par rapport aux deux autres genres (judiciaire et délibératif), cf. Riehle 2021, pp. 294–300.

28 Polemis / Kaltsogianni 2019.

29 Sathas 1872, pp. 139–195.

30 Ševčenko 1962.

31 Ševčenko 1975.

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