Libre-échange et protection des animaux

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LIBRE-ÉCHANGE ET PROTECTION DES ANIMAUX

UNE COMPARAISON SUISSE–UE

PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA


Libre-échange et protection des animaux: une comparaison Suisse–UE

Table des matières

Il y a deux ans, le Conseil fédéral a proposé à l’UE une libéralisation à vaste échelle du commerce agricole, reprise du droit européen en matière de denrées alimentaires comprise. Il espère ainsi faire profiter les consommateurs de prix plus bas pour les denrées alimentaires et faciliter l’accès de nos agriculteurs au marché européen. Pour pouvoir évaluer les conséquences de cet accord de libre-échange sur le bien-être des animaux, la Protection Suisse des Animaux PSA a procédé à une comparaison des législations en matière de protection des animaux et de la présence de formes d’élevage particulièrement adaptées aux animaux en Suisse et dans l’UE. En d’autres termes, cet accord de libre-échange permet-il à la Suisse de devenir le «pays de l’élevage en plein air» que souhaite une majorité des consommateurs et des contribuables? Ou conduit-il en fin de compte à l’élevage intensif, aux transports scandaleux d’animaux et à une diminution des mesures de protection des animaux, de l’environnement et de la nature? La PSA parvient à la conclusion que l’accord de libreéchange entre la Suisse et l’UE doit être jugé avec scepticisme sous l’angle du bien-être des animaux. Lisez donc cette brochure et forgez-vous votre propre avis sur la question.

L’agriculture aujourd’hui – un bilan

Dr Hansuli Huber, dipl. ing. agr. ETH Responsable des services spécialisés

3

Des denrées alimentaires toujours meilleur marché – les animaux de rente en font les frais 6 Les principales différences entre les directives de la protection des animaux en Suisse et dans l’UE

7

Comparaison des formes d’élevage

8

Merci aux labels

9

Élevage à la ferme ou intensif

10

Transports d’animaux: marche arrière

11

Les lois doivent aussi être appliquées 14 La position de la PSA

16

Glossaire et liens

20

Éditeur Protection Suisse des Animaux PSA Dornacherstrasse 101, case postale 461 4008 Bâle Tél. 061 365 99 99 Fax 061 365 99 90 sts@tierschutz.com www.protection-animaux.com Auteur Dr Hansuli Huber, dipl. ing. agr. ETH Responsable des services spécialisés auprès de la Protection Suisse des Animaux PSA Photos Michael Götz (3), iStockphoto (2), Keystone (3), Reuters (1), soylent-network.com (3), STS (2), Deutsches Tierschutzbüro (3), Fonzi Tromboni (couverture)

2

Protection Suisse des Animaux PSA


L’agriculture aujourd’hui – un bilan Nos agriculteurs sont face à d’importants

agricoles. En conséquence de cette oppo-

ment mises en œuvre et contrôlées, voire

défis. Les consommateurs et les contri-

sition à l’industrialisation agricole, une loi

pas du tout.

buables suisses demandent une agricul-

complète pour la protection des animaux

Nos contribuables et consommateurs

ture aussi proche de la nature que possi-

est entrée en vigueur en 1981, s’opposant

sont prêts à investir des montants impor-

ble, respectant les animaux et paysanne.

aux pires formes d’élevage des animaux

tants dans les fermes IP, bio et particu-

Le Conseil fédéral a défini le bien-être des

de rente. Dans le même temps, une limi-

lièrement respectueuses des animaux et

animaux comme l’un des cinq piliers de

tation du nombre d’animaux autorisés

à payer davantage pour leurs produits de

la politique agricole et souhaite, dans son

par exploitation a permis d’éviter l’appa-

qualité, par exemple pour les œufs bio ou

rapport sur la réorientation du système

rition d’élevages industriels. La pression

d’élevage en plein air, ou encore pour la

des paiements directs, une participation

exercée par la protection des animaux a

viande labellisée. En effet, même l’agri-

aussi élevée que possible aux program-

par ailleurs permis l’adoption de diver-

culteur le plus respectueux des animaux

mes de bien-être des animaux SST (systè-

ses directives supplémentaires de protec-

et le plus proche de la nature doit en fin

mes de stabulation particulièrement res-

tion des animaux entre 1990 et 2005. Une

de compte pouvoir vivre de son travail,

pectueux des animaux) et SRPA (sorties

nouvelle législation sur la protection des

tandis que même le consommateur le plus

régulières en plein air). La nouvelle légis-

animaux, entièrement remaniée, est en-

responsable ne peut et ne veut pas dé-

lation sur la protection des animaux en-

trée en vigueur en 2008.

penser des sommes inconsidérées pour se nourrir.

trée en vigueur en 2008 oblige également

Hors des frontières helvétiques au

de nombreux agriculteurs à adapter leurs

contraire, la spécialisation et l’intensifi-

étables ces prochaines années. L’agricul-

cation de l’élevage des animaux de rente

Ne plus penser à court terme

ture Suisse est désormais mise sous pres-

apparu dans les nations industrielles dans

Il y a quinze ans, les associations d’agri-

sion par l’accord de libre-échange que le

les années 60 a poursuivi son développe-

culteurs ont commencé à s’opposer à cette

Conseil fédéral souhaite conclure avec

ment pratiquement sans encombre, occul-

tendance. Aujourd’hui, ils sont très nom-

l’UE. D’après le Conseil fédéral, la ratifi-

tant le bien-être des animaux. Ce n’est que

breux (labels, bio, IP), avec leurs organisa-

cation d’un tel accord devrait provoquer

depuis quelques années que l’exploitation

tions, à se tourner vers ce type de produc-

la baisse des revenus de l’agriculture de 3

des animaux de rente et la tendance à l’in-

tion de qualité. Dans l’agriculture, l’idée

à 1,6 milliards de francs.

dustrie agricole et aux élevages industriels

qu’une stratégie de la qualité est néces-

Les changements rapides et visibles

se retrouve sous le feu de la critique, du

saire pour des raisons de développement

dans l’agriculture suisse – les vaches dis-

moins en Europe. Au point que Bruxelles

durable, mais aussi d’environnement, de

paraissent de plus en plus des champs

s’est vue forcée d’édicter des directives de

nature et de protection des animaux s’af-

pour être remplacées par des exploita-

protection des animaux concrètes pour les

firme de plus en plus. En effet, pour pro-

tions d’élevage à large échelle à carac-

poules, les veaux et les porcs ainsi que

duire des denrées alimentaires, des sols

tère commercial et industriel – a provoqué

pour les transports d’animaux, du moins

fertiles, de l’air et de l’eau non pollués

l’indignation des critiques dans les années

dans un premier temps. Dans les faits ce-

sont indispensables, à l’avenir également.

1970, tant à l’intérieur que hors des cercles

pendant, ces directives sont insuffisam-

Viennent s’y ajouter des raisons écono-

Protection Suisse des Animaux PSA

3


marché. Aujourd’hui, cela reste difficile puisqu’à part Coop et Migros, les détaillants tels que Spar, Lidl, Aldi et Volg ainsi que la branche de la restauration ne proposent que peu de viande labellisée et de produits bio. L’agriculture doit relever un immense défi si elle souhaite répondre aux exigences et aux souhaits des consommateurs, des contribuables et du Conseil fédéral qui veulent davantage de protection et d’élevages respectueux des animaux. Elle veut

De l’idylle helvétique à la globalisation – sur le dos des animaux?

relever ce défi. L’accord de libre-échange (ALE) avec l’UE visé par le Conseil fédéral la mettent toutefois dans une situation difficile. Il est à prévoir qu’un tel ac-

miques : seul le respect d’un standard de

plus élevé pour leur type particulier d’éle-

cord provoque une forte pression sur les

protection élevé des animaux et de la na-

vage. Après des débuts brillants, les taux

prix des produits agricoles suisses et fasse

ture permet à l’agriculture locale de ven-

de participation aux programmes SST et

baisser les volumes de production suisses

dre ses produits plus onéreux que les pro-

SRPA et les taux de passage à l’agriculture

en raison de l’accroissement des impor-

duits importés, et à assurer les paiements

bio stagnent ainsi depuis des années.

tations de fourrage et de denrées alimentaires. D’après le Conseil fédéral, les reve-

directs à l’avenir.

Des parts de marché élevées pour les produits respectant les animaux

Les agriculteurs font face à d’énormes défis

nus de l’agriculture devraient passer de 3 à 1,6 milliards de francs.

Nous ne devons pas oublier que l’exploi-

Du point de vue de la PSA, la ques-

tation proche de la nature et l’élevage

tion se pose de savoir si un ALE aura plu-

Les produits issus d’un élevage respec-

respectueux des animaux que souhai-

tôt pour effet de favoriser ou au contraire

tueux des animaux (œufs de ponte au sol

tent les contribuables et les consomma-

de freiner les efforts souhaités par les

et d’élevage en plein air, viande labellisée)

teurs posent des exigences aux agricul-

consommateurs et les contribuables et

génèrent aujourd’hui 2 milliards de francs

teurs: outre l’acquisition de connaissan-

considérés entre-temps comme justifiés

de chiffre d’affaires environ, soit près de

ces et de savoir-faire supplémentaires, des

par la plupart des agriculteurs pour ob-

50% du chiffre d’affaires du commerce de

changements parfois fondamentaux dans

tenir une production de qualité (bien-être

détail. Ce ne sont donc pas des produits

la culture et l’élevage des animaux s’avè-

des animaux, exploitations IP / bio, mesu-

de niche. Chez les deux géants Migros et

rent nécessaires, sans oublier les inves-

res de protection de l’environnement et de

Coop, ils sont en partie même devenus des

tissements correspondants dans les bâti-

la nature ; qualité et sécurité des denrées

standards. En conséquence de cette évo-

ments, les installations et les machines.

alimentaires). Autrement dit, un ALE est-

lution réjouissante, l’agriculture a fait des

Les coûts pour la construction d’une éta-

il un moteur convenant au rôle de pion-

progrès ces dernières années en matière

ble pour vaches laitières ou pour porcs

nier visé par la Suisse dans la production

d’environnement et de protection de la

permettant leur élevage respectueux tout

IP / bio et l’élevage en plein air ou favo-

nature et des animaux. Les objectifs éco-

en étant concurrentielle se monte rapide-

rise-t-il les élevages industriels, les trans-

logiques (flore et faune variées, air propre,

ment à plus d’un millions de francs. De

ports scandaleux d’animaux et le relâche-

eau non polluée, sols fertiles) et de bien-

nombreux agriculteurs se trouvent ainsi

ment des efforts de protection de l’envi-

être des animaux ne sont toutefois pas en-

face à des décisions difficiles à prendre et

ronnement et de la nature?

core atteints, et de loin. En matière de pro-

à des tâches immenses. Ils ne peuvent les

tection des animaux, les agriculteurs qui

mener à bien que si d’autres exigences ne

sont passés à des systèmes plus respec-

viennent pas encore peser sur leurs épau-

Un besoin de rattrapage dans le monde entier

tueux des animaux sont ainsi ceux qui

les et que l’État et les citoyens leur four-

Avec une répartition «juste» et une ges-

ont profité de circonstances avantageuses

nissent le soutien nécessaire. Il est ainsi

tion soigneuse des réserves, une produc-

leur évitant d’avoir à investir des som-

d’une importance cruciale que les agri-

tion relativement efficace – n’excluant en

mes importantes ou ceux à qui le marché

culteurs puissent écouler à long terme

aucun cas l’agriculture IP et bio – et une

ouvrait des opportunités d’écoulement

leurs produits de qualité (œufs d’élevage

alimentation plutôt pauvre en viande, les

supplémentaires à long terme ou des prix

en plein air, viande labellisée, etc.) sur le

agriculteurs de ce monde seraient en me-

4

Protection Suisse des Animaux PSA


sure de nourrir la population mondiale,

le fait que l’augmentation des performan-

Les terres agricoles destinées à nourrir

sans qu’un sixième de l’humanité ne souf-

ces, que ce soit chez les plantes ou les ani-

les individus se font ainsi de plus en plus

fre de malnutrition ou de famine. L’ac-

maux, avec ou sans technique génétique,

rares, même si la population mondiale

croissement du niveau de bien-être pro-

se heurte à des limites biologiques, éco-

stagne. La demande de denrées alimen-

voque des modifications constantes de la

nomiques et éthiques. Un autre double-

taires, en particulier d’origine animale,

demande. La demande de viande, d’œufs

ment de la production de lait, de viande

continuera d’augmenter sans qu’à l’ave-

et de produits laitiers est désormais un

et d’œufs par animal, comme elle a eu

nir une augmentation supplémentaire de

phénomène mondial, clairement couplé

lieu au cours des cinquante dernières an-

la productivité et de l’efficacité puisse la

au développement économique réjouis-

nées, est exclu.

compenser. Ce n’est pas pour rien que les

sant dans des pays jusqu’à présent pau-

Quant aux terres agricoles utiles, elles

Chinois, les Coréens du Sud, les États du

vres. Même si l’expansion de la produc-

ne peuvent pas non plus être développées

Golfe et les Américains achètent des ter-

tion animale mondiale s’avère probléma-

de manière substantielle. Au contraire:

res cultivables en Afrique. Les propriétai-

tique en matière d’écologie et de protec-

une exploitation incorrecte durant de

res terriens africains, qui ne considèrent

tion des animaux, il est trop facile de cri-

longues années a détérioré la fertilité du

que leur propre bénéfice à court terme,

tiquer cette évolution ici et aujourd’hui,

sol de nombreuses régions du globe ou

auraient déjà vendu quelque 20 millions

après que notre société ait connu l’essor

facilité son érosion. Le défrichement des

d’ares. Une surface correspondant à un

économique et ses effets. Au milieu des

forêts (tropicales) en vue de gagner des

quart des terres agricoles européennes.

années 80, la consommation moyenne de

terrains cultivables se heurte également à

La pénurie de terrains cultivables fera

viande en Suisse atteignait des valeurs

des limites écologiques, éthiques et poli-

augmenter les prix des produits agrico-

record avec plus de 80 kg par personne.

tiques. La situation est encore compliquée

les dans le monde entier. En conséquence,

Par la suite, elle n’a cessé de diminuer

par la culture de plus en plus extensive de

nous pourrions bientôt voir s’inverser la

pour s’établir à environ 50 kg par per-

plantes destinées à produire de l’énergie.

tendance à des denrées alimentaires tou-

sonne aujourd’hui (sans le poisson ni le

Ces surfaces cultivables et les plantes qui

jours meilleur marché et voir la plus

gibier). La consommation de viande ac-

y poussent sont autant de nourriture que

grande partie de notre budget s’envoler

tuelle est relativement modérée et en tout

les hommes et les animaux n’auront pas.

pour payer notre nourriture.

Heureusement,

Aujourd’hui, c’est la meilleur marché. Dans les champs et les étables de Suisse et des pays occidentaux, les performances ont augmenté de manière incroyable. Depuis 1960, les récoltes de pommes de terre ont doublé, passant à 400 t par ha, tandis que les récoltes de blé ont triplé, passant à 7,6 t par ha. En quelques décennies seulement, les performances moyennes d’une vache ont augmenté de 4000 à 8000 litres de lait par an. Aujourd’hui, une poule pondeuse produit 300 œufs par année, au lieu de 150 auparavant. Quant aux poulets à l’engraissement, ils n’ont plus besoin de 3 mois mais de seulement 40 jours pour être prêts à l’abattage, la plus grande partie de la carcasse étant au-jourd’hui constituée de la musculature de la poitrine et des cuisses. Les porcs n’ont pas non plus échappé à cette évolution, deux tiers de la carcasse étant composés de pièces «nobles», c’est-à-dire utilisables. Grâce aux progrès techniques et scientifiques, un are de champ agricole permet aujourd’hui de nourrir 4,5 personnes. En 1975, à l’époque du rapport du Club of Rome, le rendement était encore de 2,8. En 1950, il n’était même que de 1,8. Aujourd’hui, les prévisions indiquent qu’en 2050, un are de champ agricole devra nourrir 5,5 à 6 individus.

cas inférieure de 30 à 50 kg par personne à celle de l’UE et des USA. La moyenne mondiale est actuellement de 40 kg. Dans les pays en développement, la population consomme en moyenne 20 kg de viande. Autrement dit, si l’élevage industriel a perdu du terrain ces dernières années en Suisse, il se développe fortement dans le reste du monde. La production de viande a doublé en 30 ans sur la planète, celle de poulet a même quintuplé. En Russie et en Chine, la production de lait et de porc est forcée. Du Brésil aux pays arabes en passant par l’Asie du sud-est, la production de poulet est en plein essor. Dans le monde entier, on élève 1,4 milliard de vaches et de bœufs et 1 milliard de porcs, tendance à la hausse. Si l’on plaçait ces animaux côte à côte, ils feraient 60 fois le tour de la terre. Suite à l’expansion de l’élevage pour répondre à la demande, les terres agricoles vont devenir un bien très convoité.

La pénurie de terres agricoles fait grimper les prix La pénurie qui se dessine est renforcée par

Protection Suisse des Animaux PSA

les prévisions pessimistes du Club de Rome et d’autres dans les années 70 et 80 ne se sont pas réalisées. La population mondiale s’est moins développée que prévu. La science agricole, les conseillers et les agriculteurs ont connu d’importants succès dans la production de denrées alimentaires. La rationalisation (p. ex. la spécialisation dans une branche d’activité comme l’engraissement des bœufs, la production laitière ou les poules pondeuses; l’introduction de formes d’élevage permettant de gagner de la place et de réduire le travail), la mécanisation et l’intensification (p. ex. progrès dans la production de fourrage et son utilisation, introduction de l’élevage ciblé) ont permis, dès les années 60, de baisser de manière importante les coûts de production des produits d’origine animale en Suisse. Les dépenses des consommateurs pour les denrées alimentaires ont ainsi baissé de 30% à 8% de leur revenu aujourd’hui. La consommation de viande s’en est trouvée démocratisée. La consommation quotidienne de viande, auparavant réservée aux plus riches, est très rapidement devenue accessible à chacun. L’évolution la plus extrême a eu lieu chez les poules de batterie: il y a encore 50 ans, la viande de volaille était la plus chère.

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Des denrées alimentaires toujours meilleur marché – les animaux de rente en font les frais

des animaux optimal mais définissent, par des directives concrètes et des mesures détaillées, la limite avec les mauvais traitements infligés aux animaux. Celui qui ne respecte pas ces exigences se rend punissable. Celui qui s’y plie ne traite en revanche pas forcément ses animaux de

Tandis qu’en Suisse, entre 1965 et 1985,

vage des poules en batteries a rendu la loi

manière respectueuse. De façon générale,

les agriculteurs, les bouchers, le commerce

célèbre dans le monde entier.

la définition de la limite avec les mauvais

de détail et les consommateurs profitaient

À l’issue des délais de transition et sur

traitements est plus restrictive en Suisse,

d’un marché de la viande en constante

la pression des organisation de protection

où les exigences minimales apportent da-

croissance et d’une production toujours

des animaux, diverses directives supplé-

vantage aux animaux.

meilleur marché, les animaux de rente fai-

mentaires ont été adoptées entre 1991 et

saient les frais de cette évolution. En ef-

2005. C’est ainsi qu’ont été interdits la dé-

fet, les formes d’élevage propagées par la

tention permanente des porcs à l’attache

science et les spécialistes, afin d’écono-

et en logette ainsi que les caillebotis inté-

miser de la place et du travail, de même

graux dans les nouvelles étables de bœufs

que l’élevage intensif ont entièrement oc-

et de porcs à l’engraissement. C’est éga-

culté l’animal et sa biologie. Ses besoins

lement de cette époque que date la direc-

ont été réduits à l’alimentation et à l’eau,

tive selon laquelle les animaux de rente, à

c’est-à-dire à moins que ce que l’on ac-

l’exception des porcelets, ne peuvent être

corde à une plante. À l’époque, les porcs

castrés que sous anesthésie. Les directi-

et les poules ont même été privés de la lu-

ves n’ont toutefois pas été mises en œu-

mière du jour!

vre partout avec la même conséquence:

En Suisse, contrairement aux autres

dans les années 90, les manquements dans

pays, une opposition puissante et efficace

l’application de la législation sur la pro-

s’est toutefois rapidement manifestée. En

tection des animaux dans de nombreux

conséquence de cette opposition à l’in-

cantons ont occupé les commissions de

dustrialisation agricole, une loi complète

gestions du Conseil national et du Conseil

pour la protection des animaux est entrée

des états.

protection des animaux définit des directives détaillées et des mesures minimales pour tous les animaux de rente, les directives de l’UE ignorent entre autres l’élevage des vaches, du bétail à l’engraissement, des dindes, des autruches et d’autres espèces de volaille (à l’exception des poules), des moutons, des chèvres et des chevaux. Des millions d’animaux de rente sont ainsi sans protection légale dans l’UE.

2.

la protection des chèvres, des moutons et des chevaux ont été édictées. Ces animaux

3.

Une nouvelle législation sur la protec-

formes d’élevage des animaux de rente.

tion des animaux, entièrement remaniée,

En faisaient notamment partie l’élevage

est entrée en vigueur en 2008. Elle a eu

sans lumière, l’absence de litière dans les

pour effet de limiter la durée de transport

étables, les vaches attachées en perma-

des animaux à 6 heures et d’interdire les

nence, les muselières pour les veaux ou les

élevages extrêmes ainsi que la castration

cages à porcelets. L’interdiction de l’éle-

des porcelets sans anesthésie. Pour la première fois, des directives concrètes pour

de rente étaient, jusqu’à cette date, exclus de la protection assurée par la législation. Désormais, une meilleure formation et information des détenteurs d’animaux est prévue. Tant les cinq directives de protection des animaux de rente de l’UE (protection des animaux de rente agricoles ; veaux ; porcs, poules pondeuses, poules à l’en-

6

1. Tandis que la législation suisse sur la

L’UE ne prescrit pas de Service de Contrôle Technique pour la protection des animaux. En Suisse en revanche, les systèmes d’élevage et les installations des étables produites et vendues en série doivent être vérifiées et autorisées sous l’angle de leur conformité avec la protection des animaux et de leur adéquation dans la pratique. Les agriculteurs achetant ces systèmes et, bien entendu les animaux auxquels ils sont destinés, profitent de ces mesures.

en vigueur en 1981, s’opposant aux pires

Caillebotis intégraux: une existence désolante dans ses propres déjections

Quatre différences relèvent en particulier des intérêts de la protection des animaux

graissement) que la nouvelle législation suisse sur la protection des animaux ne définissent pas de standard de protection

En Suisse, la plupart des interventions douloureuses sont interdites tandis qu’il est par exemple permis, dans l’UE, de castrer sans anesthésies les jeunes veaux, chevreaux, porcelets, etc. De manière restrictive, il est également autorisé de couper les becs et les queues ou d’arracher les dents des porcelets, actes interdits en Suisse.

4. Tandis que les transports des animaux ne sont pas limités dans l’UE – où des trajets de 40 à 60 heures ne sont pas rares – les animaux ne peuvent pas être transportés plus de 6 heures en Suisse.

Protection Suisse des Animaux PSA


Les principales différences entre les directives de la protection des animaux en Suisse et dans l’UE

Élevage en cages: interdit depuis 20 ans en Suisse, autorisé dans l’UE.

En Suisse, la détention de toutes les ca-

9  m2 au lieu de 0,65  m2 comme dans l’UE.

un institut officiel et interdites car contrai-

tégories d’animaux de rente est réglée de

La présence de litière sur les surfaces de re-

res à la protection des animaux.

manière détaillée et concrète dans la légis-

pos n’est cependant prescrite ni en Suisse

lation sur la protection des animaux. Dans

ni dans l’UE. L’UE prévoit d’interdire les

Poules à l’engraissement: en Suisse, la

l’UE, il n’existe pas de directives contrai-

caillebotis intégraux à partir de 2013. La

lumière du jour et au moins 8 h de phase

gnantes pour les espèces suivantes:

Suisse les autorise encore jusqu’en 2018.

nocturne sont obligatoires. Dans l’UE,

Les porcs se portent nettement mieux en

l’éclairage purement artificiel et des pro-

Suisse puisque dans l’UE, les porcs allaités

grammes d’alternance de lumière sont

et les truies portantes peuvent être enfer-

autorisés. En Suisse, la loi prescrit des

més dans des logettes jusqu’à quatre se-

surfaces plus importantes permettant aux

maines après la saillie. En Suisse, les porcs

poules de se retirer et de se reposer. Dans

allaités peuvent se déplacer librement.

l’UE, les poules à l’engraissement doivent

Vaches, bétail à l’engraissement, dindes, autruches et autres espèces de volaille (excepté les poules), moutons, chèvres et chevaux. Veaux: en Suisse, les veaux doivent être

Après la saillie, les truies portantes peu-

se reposer sur le sol, dans leurs propres

détenus en groupe à partir de la deuxième

vent être enfermées pendant dix jours au

déjections. En Suisse, la densité maxi-

semaine de vie, et seulement à partir de

maximum. Ensuite, elles sont détenues en

male est de 30 kg/m2, dans l’UE de 42 kg/

la huitième semaine dans l’UE. La déten-

groupe. En Suisse, il est interdit de couper

m2. Cela signifie qu’en Suisse, si les agri-

tion en groupe n’est valable dans l’UE que

la queue et de retirer les pointes des dents

culteurs pouvaient produire comme dans

pour les grandes exploitations. Les petites

des porcelets. Dans l’UE, ces interventions

l’UE, ils pourraient mettre la moitié plus de

exploitations ne comptant que six veaux

ne doivent pas être effectuées sur une base

poules dans leurs étables.

ou moins peuvent continuer à les détenir

routinière mais sont autorisées dans des

individuellement. En Suisse également, les

cas justifiés.

Résumé Bien que les dimensions mi-

Porcs: les cages à plusieurs étages pour

nagées et de grande taille sont autorisées

porcelets sont autorisées dans l’UE. Elles

dans l’UE malgré l’interdiction de l’élevage

sont interdites en Suisse. Il en va de même

en batteries à partir de 2012, les œufs doi-

de la castration des porcelets sans anesthé-

vent toutefois être déclarés comme prove-

sie. Dès 2010, les porcs à l’engraissement

nant de poules élevées en cages. En Suisse,

auront davantage de place en Suisse, soit

ces formes d’élevage ont été examinées par

nimales et les directives de la législation suisse sur la protection des animaux ne définissent que la limite avec la maltraitance des animaux et ne garantissent pas un élevage optimal et respectueux des animaux, les animaux de rente suisses sont mieux protégés par la loi que leurs congénères européens*. En Suisse, des directives concrètes et détaillées s’appliquent à tous les animaux de rente. Par ailleurs, pour les quatre catégories d’animaux pour lesquelles les directives de l’UE s’appliquent (veaux, porcs, poules pondeuses et poules à l’engraissement), les directives suisses sont plus strictes.

* La nouvelle législation suisse sur la protection des animaux de 2008 protège nettement plus tous les animaux de rente que la version précédente. Il reste toutefois des omissions claires au détriment des animaux. C’est ainsi le cas des vaches laitières: il est permis de les attacher 275 jours par année. Les agriculteurs ne sont tenus de leur accorder quelques heures de sortie (en hiver) dans les champs que 90 jours par année. En d’autres termes: les va-

ches peuvent être détenues à l’attache plus de 90% du temps. Le dresse-vaches électrique est également autorisé. Exemple des porcs: les truies portantes peuvent être détenues dans des logettes, où elles peuvent tout juste se tourner. Dans le cas des porcs à l’engraissement, la détention des animaux de quelque 100 kg sur une surface de 0,65 m2/animal et des sols entièrement perforés, sans paille et sans sortie, est légale. À partir de 2018,

tous les porcs à l’engraissement disposeront de 0,9 m2 et d’une surface de couchage non perforée. Celle-ci pourra cependant être en béton, sans litière. Bœufs à l’engraissement: détention autorisée sur 3 m2/animal (jusqu’à 500 kg!) sur des sols durs entièrement perforés, sans paille ni sorties. À partir de 2013, une petite surface de couchage en caoutchouc dur est prescrite pour tous les bœufs à l’engraissement.

iglous individuels avec sortie sont autorisés. Les surfaces de repos couvertes de li-

Poules pondeuses: dans l’UE, une litière

tière ne sont prescrites qu’en Suisse. Dans

permettant aux poules de fouiller, piquer

l’UE, les veaux peuvent être détenus dans

ou prendre des bains de poussière n’est pas

des box à un seul compartiment et à caille-

prescrite, en Suisse c’est une obligation. Il

botis intégral.

est interdit de couper le bec des poules en Suisse, mais pas dans l’UE. Les cages amé-

Protection Suisse des Animaux PSA

7


Détention en plein air, en liberté et à l’extérieur: la Suisse est à la pointe et le reste de détention particulièrement respectueuses des animaux (champs, élevage en liberté et à l’extérieur, élevages bio). Des organisations nationales bio et de labels, des autorités agricoles, des scientifiques et des organisations de défense des animaux ont été contactées. Elles ont été priées d’estimer la propagation des l’élevage en plein air et en liberté des bœufs, des porcs et des poules. Le FiBL a également fourni des informations importantes sur l’élevage bio dans les pays de l’UE. En tout, 32 résultats de 12 pays de l’UE ont pu être évalués. Ils ont été comparés à la propagation des programmes SST et SRPA en Suisse, ainsi qu’aux renseignements du FIBL et de dix organisations bio nationales sur l’ampleur de l’élevage bio dans l’UE et dans les dif-

Les bœufs suisses sont mieux traités que leurs congénères de l’UE

férents pays de l’UE. Il apparaît que la Suisse est à la pointe en matière d’élevage respectueux des animaux pour pratiquement toutes les espè-

Le standard de protection des animaux

à la protection des animaux contribuent

ces considérées. Si l’on considère toutes

de rente d’un pays se définit en premier

fortement à définir et à influencer la pra-

les espèces animales, la Suisse est en Eu-

lieu par la législation sur la protection des

tique d’élevage au profit d’un standard de

rope, et de loin, celle qui compte la part

animaux. L’exemple de la Suisse montre

détention plus élevé, allant au-delà des

la plus importante de formes de déten-

toutefois que la demande sur le marché

directives minimales de la législation.

tion particulièrement respectueuses des

(viande labellisée, œufs d’élevage en plein

La PSA a réalisé un sondage dans les

air) et les programmes de soutien de l’État

pays de l’UE sur la propagation des formes

animaux (plein air, liberté, extérieur, en groupe).

Le sondage en détail CH

A

NL

F

Pâturage des vaches laitières

80

20-40

60-80

10

FIN

GB

DK

B

80* 20-40

S

Sorties bétail à l’engraissement

50

5-10

80

10

Sorties truies portantes

66

<5

<5

<5

5 -10

Sorties porcs à l’engraissement

<5

<5

D

60-80*

80

40-60

80

60-80 60-80 20-40

80*

5-10

60-80* 60-80

80 10-20

60-80 40-60 60-80

5-10

<5 40-60

62

<5

5 -10

5-10

Dét. en plein air poules pondeuses 69

20-40

10-20 10-20 20-40

10-20

Dét. groupe truies portantes

20-40

60-80 10-20

40-60

100

80

5-10

5-10

10-20 40-60 5

100

<5

<5

<5

IRL

PL

<5

5-10

EST

<5

<5

<5

5-10

<5

20-40 20-40

20-40

<5

5-10

40-60 20-40

20-40 40-60

80

* Ces valeurs élevées en Suède et en Finlande ne concernent que la période de végétation. En hiver, les animaux sont à l’étable. En Suisse, les vaches peuvent aussi sortir régulièrement en plein air l’hiver dans le cadre du programme SRPA. La part des animaux bio dans la population globale a été estimée à moins de 1% par les organisations bio de Turquie, Ukraine, Lettonie, Lituanie, Islande, Belgique, Finlande, Estonie, Allemagne et Autriche pour presque toutes les catégories. Des parts plus élevées sont notamment indiquées pour le bétail laitier en Autriche (16%), Danemark (10%), Estonie et Allemagne (3% chacun), pour les porcs à l’engraissement en Grèce (5%), GrandeBretagne (3%) et Danemark (3%), pour les poules pondeuses en Allemagne (4%) et aux Pays-Bas (4%) ainsi que pour les poules à l’engraissement en France (12%) et en Belgique (5%). Pour comparaison, la part des œufs bio vendus en Suisse est de 17%, celle de la viande bio de 2%.

8

Protection SuiSSe deS AnimAux PSA


Parmi les aveugles, le borgne est roi. D’un point de vue absolu, la propagation des élevages SST et RSPA en Suisse est encore au-dessous de la moyenne pour plusieurs catégories d’animaux.

SST (UGB): très bas (moins de 20%): jeune bétail mâle bas (20 à 40%): vaches laitières, bœufs, taureaux, jeune bétail, chèvres, poules d’élevage.

SRPA (UGB): très bas (moins de 20%): veaux à l’engraissement, lapins, poules d’élevage, jeunes poules, poulets à l’engraissement. bas (20 à 40%): jeune bétail mâle, veaux d’élevage, veaux de moins de 4 mois.

En d’autres termes: en Suisse aussi, des millions d’animaux de rente ne peuvent toujours pas se déplacer régulièrement en plein air comme la nature le voudrait et doivent passer leur vie à l’étable. La relative suprématie de la Suisse dans la propagation de formes de détention respectueuses des animaux ne repose pas, à l’exception de la détention en groupe des veaux et des truies portantes, sur la législation sur la protection des animaux. Deux mesures lancées dans les années 1990 en sont davantage responsables et révèlent aujourd’hui les effets conjoints presque idéaux du marché et de l’État au profit de la détention respectueuse des animaux. Il s’agit d’une part des programmes de labels comme Coop Naturaplan et Naturafarm ou TerraSuisse de Migros et IP-Suisse, dont les exigences vont clairement au-delà des directives minimales de la loi sur la protection des animaux. Il s’agit d’autre part des paiements directs SST et SRPA que l’État verse chaque année aux paysans dont les étables sont particulièrement respectueuses des animaux et permettent des sorties ou un élevage en plein air, d’une part en guise d’incitation à passer à de telles formes de détention ou à investir dans ces méthodes, d’autre part pour rembourser une partie des dépenses supplémentaires occasionnées par ces systèmes.

Protection Suisse des Animaux PSA

Les labels, ou comment la protection des animaux est entrée à l’étable L’introduction des programmes de la-

la viande, ce sont avant tout les origines

bels en Suisse est le fait des organisations

bio qui dominent le marché. Comme en

de défense des animaux KAGFreiland et

Suisse, ces produits, lorsqu’ils sont pro-

Protection Suisse des Animaux PSA, qui

posés, ne représentent que quelques pour

commencèrent à la fin des années 70 à éti-

cent de la consommation globale et res-

queter et à commercialiser spécialement

tent des produits de niche extrêmes. En

les œufs d’élevage au sol ou en plein air.

Suisse, les œufs d’élevage en plein air et la

Dans les années 1980, la PSA a contribué

viande labellisée des exploitations autres

à propager la détention des vaches mè-

que bio sont parvenus, grâce aux géants

res et nourrices et leurs produits («Natu-

Migros et Coop, à quitter leur existence

rabeef»). En 1989, avec fenaco, elle a créé

de niche et à s’établir en partie comme

le label «Agri-Natura». La viande et les

standard.

œufs vendus sous ce label étaient propo-

La situation chez Aldi, Lidl, Spar et

sés dans les magasins des supermarchés

Volg reste insatisfaisante, la viande la-

K-3000. La détention des animaux était

bellisée y étant trop peu répandue voire

surveillée par la PSA. Ce projet a incité

inexistante. Le rôle de la gastronomie est

Coop et Migros à miser fortement sur la

encore plus grave pour le développement

carte des labels de protection des animaux

ultérieur de formes de détention respec-

à partir des années 90.

tueuses des animaux et la diffusion des

Le résultat est excellent: aujourd’hui,

produits de qualité correspondants. En

la viande labellisée et les œufs d’élevage

effet, 50% de la viande consommée en

au sol / en plein air génèrent un chiffre

Suisse est écoulée par ce canal. Ici, si l’on

d’affaires annuel d’environ 2 milliards de

omet quelques valeureuses exceptions, les

francs, ce qui représente une part d’en-

clients ont peu de chances de trouver des

viron 50% dans le commerce de détail.

œufs d’élevage en plein air ou de la viande

Aucun pays de l’UE n’a connu pareille

labellisée, même dans les meilleurs res-

évolution des labels de protection des

taurants. Les importations d’élevages in-

animaux pour la viande et les œufs, et

dustriels dominent ici clairement le pay-

de loin. Dans l’UE, dans le segment de

sage.

La création de labels a fait beaucoup pour une meilleure détention des animaux

9


Élevage paysan ou élevage industriel

ploitation. Aux Pays-Bas, leur nombre passe à une moyenne de 1160 par exploitation, au Danemark à 1510. On trouve des différences similaires dans l’élevage des poules pondeuses et à l’engraissement. Même en Autriche, dont le carac-

En Suisse, pour différentes raisons (tra-

parlementaires ont régulièrement tenté

tère paysan est resté préservé, on dénom-

dition, philosophie bio/cycle de vie, po-

d’abolir ou d’amoindrir les limitations

bre en moyenne 20 000 poules à l’engrais-

litique agraire), une détention à carac-

d’effectifs mais ont toujours été refusées

sement, en Suisse 600 par exploitation. En

tère paysan des animaux s’est maintenue,

par une majorité parlementaire.

Allemagne, la moyenne est de 50 000 animaux. À eux seuls, les sept plus grands

avec souvent plusieurs catégories d’ani-

éleveurs de poules pondeuses du Land de

par exploitation et une adéquation entre

Évolution contraire à l’étranger

surface fourragère et quantité d’engrais

Hors des frontières suisses en revan-

de poules pondeuses que tous les produc-

de ferme. Contrairement à l’étranger, la

che, le processus de spécialisation et de

teurs d’œufs suisses réunis, soit 2,3 mil-

Suisse s’est beaucoup interrogée à partir

concentration dans l’élevage des animaux

lions de bêtes.

des années 1970 sur la spécialisation de

s’est poursuivi librement. Les exploita-

Il est évident qu’avec des entreprises

l’élevage et la détention des animaux dans

tions industrielles et les fabriques d’ani-

de cette taille, le litre de lait, le kilo de

des exploitations industrielles sans terrain

maux comptant des dizaines de milliers

viande ou un œuf puissent être produits à

propre («nomades laitiers»). Le législateur

de porcs et des centaines de milliers de

bas prix. En général, ce sont les animaux

a réagi à la discussion par diverses mesu-

poules ne sont pas seulement courantes

qui en font les frais, de même que tous les

res: en plus d’une réglementation sur la

aux USA, au Brésil et dans d’autres pays,

agriculteurs incapables de suivre le mou-

surface fourragère nécessaire et la limi-

mais également dans diverses régions de

vement. Le magazine allemand Spiegel

tation du nombre d’animaux par hectare,

l’UE. Pour comparaison, en Suisse un éle-

annonçait ainsi en 2009 «Une vie dans

en particulier par la définition de l’effec-

veur de porcs compte en moyenne 60 bê-

la roue du hamster – les producteurs al-

tif maximum dans l’élevage. Les exploita-

tes dans son exploitation. En Allemagne,

lemands de lait se portent plus mal que

tions comptant davantage d’animaux ont

la moyenne est de 300, un tiers des porcs

jamais». Le changement structurel s’est

été contraintes de réduire leurs effectifs

vivant dans le Land de Basse-Saxe, où l’on

effectué à une vitesse folle: en 25 ans,

dans les années 80. Depuis, les motions

compte en moyenne 600 animaux par ex-

trois quarts des producteurs de lait ont

maux, des cheptels modérés par étable ou

Sachsen-Anhalt comptent presque autant

ainsi renoncé à leur activité. Mais même les immenses exploitations d’Allemagne de l’Est avec leurs 2500 vaches ont fait les frais d’un prix du lait de 40 centimes seulement.

Les subventions à l’exportation provoquent le dumping des prix dans d’autres pays De manière similaire à ce qu’a vécu la Suisse après l’abandon du contingentement laitier, les quantités de livraison auparavant limitées dans l’UE se sont tout d’abord mises à augmenter, ce qui a provoqué un brusque effondrement des prix. Pour sortir de cette situation, explique le Spiegel, l’UE veut se remettre à verser des subventions pour le beurre et le lait en poudre. Avec ce dumping des prix, les producteurs d’autres pays, par exem-

Élevage de dindes dans l’UE: pour des raisons économiques, la vie des animaux n’est pas conforme à l’espèce.

10

ple en Afrique, sont mis sous pression. Il est presque incompréhensible de constater avec quelle naïveté ou froideur la commis-

Protection Suisse des Animaux PSA


sion de l’UE a ruiné, avec cette politique, les producteurs de lait locaux puis ceux des autres pays, sans parler du bien-être des animaux.

La relation entre l’homme et l’animal est sacrifiée sur l’autel de la maximisation du profit De manière générale, les grands effectifs de plusieurs milliers de porcs et de dizaines de milliers de poules conduisent à une augmentation du trafic et du commerce d’animaux. Le risque de propagation d’épizooties et de transmission de maladies augmente également et si celles-ci se produisent, les coûts économiques générés sont immenses. L’opposition aux élevages industriels se réclamant de la protection des animaux repose cependant sur le fait que la relation entre l’homme et l’animal, le soin apporté aux animaux et leur surveillance deviennent pratiquement inexistants. Il faut savoir que l’élevage en liberté

Marche arrière dans le transport des animaux et leur abattage

le plus moderne et l’élevage en plein air le plus généreux ne sont bons pour l’animal que si l’éleveur s’occupe de ses animaux,

Tant la Suisse que l’UE disposent de direc-

tions de repos et de ravitaillement pour

de leur bien-être et de leur santé. Une re-

tives détaillées pour le transport des ani-

les animaux semblent courants. L’expor-

lation intensive entre l’homme et l’animal

maux. Les différences les plus importan-

tation de bœufs d’abattage européens en

constitue la base de l’élevage des animaux

tes pour les animaux concernent la du-

Afrique du Nord, au Liban et en Égypte

de rente, en plus de leur détention res-

rée du transport et la mise en œuvre et

pose en outre un problème particulier en

pectueuse de l’espèce. Cette exigence peut

l’application des directives. En Suisse, les

matière de protection des animaux. Après

être satisfaite dans un élevage à caractère

transports entre le lieu de chargement et

un long transport par la route, ces ani-

paysan, dont les unités ont une dimension

l’abattoir sont limités à 6 heures de trajet.

maux sont embarqués sur des bateaux

contrôlable.

Le transit des animaux d’abattage est dé-

puis égorgés une fois à destination.

sormais aussi interdit par la loi. hicules adéquats soient utilisés et que

Les transports favorisent la propagation des épizooties

Des effectifs importants ne sont pas a

les heures de repos soient respectées, les

Par chance, la Suisse ne connaît qu’une

priori contraires à la protection des ani-

transports sur de longues distances pen-

infime partie des épizooties connues dans

maux. Mais l’élevage en plein air de

dant plusieurs jours, au-delà des frontiè-

l’UE. Des programmes sanitaires et de

50 000 poules pondeuses ou à l’engrais-

res, sont autorisés. Il est connu que les

prophylaxie onéreux y ont contribué, de

sement n’est pas défendable pour des rai-

porcs et les chevaux sont transportés pen-

même que l’absence d’un commerce in-

sons éthologiques, écologiques et hygié-

dant 40 à 60 heures. Tant les organes de

tensif d’animaux de rente au-delà des

niques. Le fait est que les poules ne s’éloi-

l’État que les organisations de protection

frontières. Il ne fait aucun doute que l’in-

gnent jamais de plus de 50 à 100 mètres

des animaux confirment qu’en particu-

terdiction du transit des animaux à on-

de leur zone de référence. Une telle popu-

lier lors des transports sur de longues dis-

glons en vigueur depuis des décennies y

lation de poules représente ainsi un amas

tances, les directives ne sont souvent pas

est aussi pour quelque chose.

d’animaux autour de l’étable, conduisant

respectées tandis que les contrôles et les

Après que le Conseil fédéral ait voulu

à une surproduction d’engrais, à la des-

sanctions font défaut. Les camions sur-

l’interdire sur pression de l’UE en 2006

truction de la structure du sol et au dan-

chargés, le manque d’eau, le non respect

et que les organisations de protection des

ger d’infestation par des vers.

des heures de repos et l’absence de sta-

animaux et paysannes s’y soient opposées,

Dans l’UE, pour autant que des vé-

Protection Suisse des Animaux PSA

11


et de capacité de travail des abattoirs suisses et européens. Les trois plus grands de l’UE (Vion, Smithfield, Tönnies) abattent ainsi en 2 semaines autant de porcs que toute la Suisse en une année. À lui seul, le groupe PHW, auquel appartient l’entreprise allemande «Wiesenhof» exportant aussi en Suisse, abat par jour de travail près d’un million de poulets, un chiffre pour lequel tous les abattoirs suisses de volaille doivent travailler deux semaines.

Directement du box au tapis roulant, tête en bas. Dans les grands abattoirs, ce destin est réservé à 10 000 animaux par heure.

Des fréquences d’abattage élevées qui soulèvent des questions La fréquence d’abattage du gros bétail en

le Conseil national et le Conseil des états

À l’exception de cette différence très

Suisse et dans l’UE est de 60 à 70 animaux

ont ancré l’interdiction du transit des ani-

importante pour la protection des ani-

par heure dans les grands abattoirs. Les

maux d’abattage (y compris les cheveaux

maux, tout semble indiquer que les di-

trois grands abattoirs de porcs en Suisse

et la volaille) dans la loi sur la protection

rectives de protection des animaux dans

utilisent du CO2 pour étourdir les ani-

des animaux. Les spécialistes s’accordent

les abattoirs de l’UE et de la Suisse seront

maux, seuls ou en groupes. Ce système

sur le fait que l’interdiction de transit se-

très similaires. Quant à savoir si les dis-

permet de tuer 240 à 300 animaux par

rait mise sous pression en cas d’accord

positions prévues sur le papier seront ap-

heure. Dans l’UE, les abattoirs misent sur

de libre-échange et qu’elle devrait être

pliquées dans la pratique, cela dépendra

l’étourdissement par le CO2 et par l’étour-

supprimée à moyen terme, aucun signe

en premier lieu de la qualité des contrô-

dissement par décharge électrique (res-

d’une interdiction des transports longue

les dans les abattoirs. Il existe en effet des

trainer), permettant d’augmenter nette-

distance des animaux dans l’UE et la re-

différences majeures en matière de taille

ment la fréquence d’abattage. Si la capa-

prise de la règle valable en Suisse des 6 h de transport maximum ne se dessinant à l’horizon.

Réglementation claire pour l’abattage Dans la nouvelle législation sur la protection des animaux de 2008, la Suisse a réglé de manière relativement détaillée l’abattage, en particulier le devoir d’étourdissement et les méthodes autorisées à cet effet. Les dispositions d’exécution techniques doivent entrer en vigueur en 2011. Depuis 1993, l’UE dispose d’une directive sur l’abattage. Actuellement, une proposition du Conseil sur la protection des animaux au moment de leur mort est en cours de discussion. Elle doit reprendre les nouvelles connaissances scientifiques et, notamment, des détails importants pour la protection des animaux comme la durée de l’étourdissement, la force du courant utilisé pour l’étourdissement électrique, etc. telles qu’ils sont prévus dans les dispositions d’exécution technique en Suisse.

12

cité est de 350 à 600 animaux par heure Une différence significative sur le plan de la protection des animaux existe en matière d’abattage: en Suisse, l’anesthésie préalable des mammifères dans les abattoirs est obligatoire. Dans l’UE, moutons, chèvres, veaux et bœufs peuvent en revanche aussi être égorgés. Après avoir été fixés, les animaux ont la carotide tranchée sans étourdissement préalable et se vident de leur sang. En 2002, le Conseil fédéral voulait également autoriser cette pratique en Suisse et annuler l’interdiction d’égorger édictée en 1893. Face aux protestations véhémentes des vétérinaires et des défenseurs des animaux, il a cependant été contraint de faire marche arrière. Pour approvisionner les juifs et les musulmans pratiquants en viande cocher et halal, la Suisse autorise cependant les importations. Après des entretiens entre la PSA et les autorités musulmanes, il est désormais aussi permis aux musulmans croyants de manger de la viande d’animaux ayant été égorgés après étourdissement par une brève décharge électrique.

avec le gaz, elle peut aller jusqu’à 600 animaux par heure avec l’étourdissement par décharge électrique. Les grands abattoirs de volaille en Suisse travaillent toujours avec l’étourdissement électrique et sont en mesure d’abattre entre 8000 et 10 000 animaux par heure avec deux lignes d’anesthésie parallèles. En Belgique, le premier abattoir à travailler avec l’étourdissement au gaz a ouvert ses portes en 1996 seulement. Après une phase de développement, la fréquence d’abattage de 9000 bêtes à l’origine est désormais passée à 120 000 animaux par heure. Contrairement à la Suisse, le travail s’effectue par tournus pendant 20 heures par jour. Dans ce seul abattoir, environ 240 000 poulets d’engraissement sont abattus et découpés par jour et transformés en produits alimentaires. L’étourdissement électrique est pratiqué pour l’abattage de la volaille dans d’autres pays européens. Les fréquences d’abattage y sont nettement plus élevées

Protection Suisse des Animaux PSA


Effets des transports extrêmement longs dans l’UE • Lors de la capture et du chargement des poules pondeuses, on a recensé en Grande-Bretagne jusqu’à 30% de membres cassés ou démis. Ce taux est de 10% chez les dindes et de 7% chez les poules d’engraissement. La fatigue du voyage et la densité des chargements affaiblissent le système immunitaire des poules dont les déjections et la saleté contribuent à propager rapidement les germes de salmonelles. Tandis que dans les élevages de poules suisses les salmonelles sont insignifiantes grâce à un système astucieux et des formes d’élevages respectueuses des animaux, leur présence s’est avérée dans 20 à 40% des élevages de volaille de l’UE. • Les spécialistes partent du principe que

dans l’UE, 0,5 à 1% – c’est à dire près de 2 millions de porcs – meurent durant leur transport. Dans le cas de la volaille, on parle de 10 millions d’animaux. Les pertes économiques dues aux animaux morts se montent à environ 300 millions d’Euros par an. Les décès dus aux transports ne représentent toutefois que la pointe de l’iceberg. En effet, les conditions de transport difficiles amoindrissent la qualité de la viande. Dans l’UE, la viande d’un porc d’abattage sur quatre est qualifiée de PSE (pale, soft, exudativ: viande pâle). Au total, 45 millions d’animaux sont concernés. Les pertes économiques sont estimées à 1,5 milliard d’Euros.

vre aphteuse en 2001 en Grande-Bre-

• Les transports, rarement contrôlés avec

migrateur mais par un camion ayant été

sérieux, contribuent à disséminer les

en contact avec des cheptels infectés en

épizooties. Lors de l’apparition de la fiè-

Hongrie.

tagne, le virus a été importé aux PaysBas par l’intermédiaire des transports de bestiaux. Il s’en est suivi l’abattage d’urgence de 6,5 millions de bœufs. Les pertes économiques se sont montées à 23 milliards d’Euros. En 2003, la grippe aviaire a fait son apparition aux PaysBas et en Italie du Nord. 31 millions de poules furent abattues d’urgence, ce qui engendra des coûts de 500 millions d’Euros. En janvier 2007, la grippe est à nouveau apparue dans une ferme de Grande-Bretagne. 160 000 dindes furent abattues. La source de la maladie n’avait pas été importée par un oiseau

qu’en Suisse avec 12 000 à 13 000 ani-

également problématiques. Des études

correctement le coup de couteau creux,

maux par heure.

actuelles montrent ainsi qu’avec des ins-

les ouvriers n’ont ainsi que 6 secondes

tallations d’étourdissement électrique

à disposition. 1% des animaux ne sont

Travail à la chaîne et erreurs fréquentes

(restrainer) et des fréquences d’abattage

pas piqués correctement et se retrouvent

de 600 animaux par heure, la conduite

conscients dans la chaîne de transforma-

Comparé à la situation telle qu’elle se pré-

des animaux suppose toujours plus fré-

tion (ébouillantage!) un scénario cauche-

sentait il y a trente ou quarante ans, les

quemment le recours régulier, contraire à

mardesque que devraient connaître près

abattoirs suisses connaissent aujourd’hui

la protection des animaux, aux déchar-

de 2,5 millions de porcs sur les quelque

des fréquences d’abattage relativement

ges électriques très douloureuses. Après

250 millions abattus dans l’UE. Bien que

élevées, ce qui exige une organisation op-

l’étourdissement au gaz ou électrique, les

ces problèmes soient connus des entrepri-

timale des installations et des processus

animaux doivent être tués le plus rapide-

ses et des autorités de contrôle, les spécia-

(livraison/transport des animaux, déchar-

ment possible pour qu’ils se vident de leur

listes indiquent qu’à ce jour, l’UE n’a rien

gement, agitation, emplacement, apaise-

sang avant de se réveiller. Pour exécuter

entrepris pour les supprimer.

ment, conduite aux installations d’étourdissement, étourdissement, abattage). Du point de vue de la protection des animaux, il convient de noter que dans les installations modernes, le bien-être des animaux est mieux pris en compte que par le passé, malgré l’augmentation des performances. Il s’avère en revanche problématique qu’un nombre toujours croissant d’abattoirs régionaux, plus petits, disparaissent, notamment en raison des investissements importants nécessaires pour répondre aux directives de l’UE. Il en résulte un allongement de la durée des transports des animaux issus des régions alpines et périphériques. Les

fréquences

d’abattage

pres-

que deux fois plus importantes dans les grands abattoirs de porcs de l’UE sont

Protection Suisse des Animaux PSA

Grands abattoirs de l’UE: des fréquences d’abattage extrêmes conduisent à la maltraitance des animaux.

13


Le service de contrôle de la PSA à l’action: seuls les contrôles à l’improviste sont efficaces.

Les lois (sur la protection des animaux) ne sont bonnes que lorsqu’elles sont appliquées Les directives légales et de droit privé en

ce sont les autorités vétérinaires qui res-

animaux, la litière ou les sorties est ainsi

matière de protection des animaux ne

tent responsables.

rendue difficile, un agriculteur ayant la

sont bonnes que lorsqu’elles sont mises en

Il faut relever que les offices agrico-

pratique par les agriculteurs et contrôlées.

les, en contact étroit avec les agriculteurs,

L’application de la législation suisse sur la

ont été plus efficaces que les autorités vé-

À cela s’ajoute le fait que les exploi-

protection des animaux par les offices vé-

térinaires, en principe responsables de la

tations affiliées à un label font l’objet de

térinaires était pratiquement inexistante

protection des animaux. Le respect de la

contrôles supplémentaires. Nous citons

jusque dans les années 90. Un vétérinaire

législation sur la protection des animaux

ici à titre d’exemple le label de Coop Na-

cantonal, également président de la so-

est contrôlé chaque année dans les exploi-

turafarm. Les éleveurs de porcs, de pou-

ciété des vétérinaires suisses, envoyait

tations bio et IP-Suisse et au moins tous

les à l’engraissement et de veaux liés par

ainsi à l’époque aux agriculteurs un mètre

les trois ans dans les exploitations PER.

contrat à ce label sont contrôlés au moins

possibilité d’améliorer rapidement la situation avant la visite d’un contrôleur.

une fois par année par les spécialistes de

en papier en guise de mesure d’applica-

La fin des contrôles annoncés

la Protection Suisse des Animaux PSA et

Ce n’est qu’au moment de l’introduction des paiements direct à la moitié des an-

Celui qui ne respecte pas les directives de

et de la plupart des autres labels – sans

nées 90 que le déplacement de l’applica-

la législation sur la protection des ani-

avoir été avertis. Le service de contrôle

tion de la protection des animaux de rente

maux et qui est condamné par un tribunal

de la PSA, qui compte 10 personnes, est

sous la responsabilité de l’Office fédéral

doit s’attendre à des réductions des paie-

composé d’agriculteurs, d’ingénieurs en

de l’agriculture et des autorités agricoles

ments directs qui peuvent s’avérer impor-

agronomie et de vétérinaires. Accrédité

cantonales a permis une meilleure mise

tantes. Le problème est que la plupart des

par la Confédération, il est soumis cha-

en œuvre des directives et conduit à des

contrôles étatiques sont annoncés (des ex-

que année à un contrôle de qualité. Les

contrôles et à des sanctions plus consé-

ceptions existent dans de rares cantons

sanctions réservées aux exploitations en

quentes. Les élevages d’animaux de rente

qui font contrôler les exploitations SST

situation irrégulière ne sont pas décidées

dans les exploitations ne recevant pas des

et SRPA par sondages, sans l’annoncer).

par le service de contrôle mais par le pro-

paiements directs, p. ex. dans les froma-

Cette pratique a ses raisons et ne pose pas

priétaire du label et par le mandant. Les

geries avec élevage de porcs, les éleveurs

forcément problème, par exemple dans la

sanctions peuvent aller jusqu’à l’arrêt des

amateurs ou les exploitations dirigées par

culture des plantes. En revanche, l’éva-

livraisons ou même à la résiliation de la

des personnes âgées de plus de 65 ans,

luation de la protection qualitative des

collaboration. La PSA effectue par ailleurs

sont toutefois exclues de ces mesures. Ici,

animaux, c’est-à-dire le soin apporté aux

des contrôles des transports d’animaux et

tion, les invitant à «Mesurer maintenant!»

14

– contrairement aux contrôles de l’État

Protection Suisse des Animaux PSA


de l’abattage dans toute la Suisse pour le compte de Coop et de Migros/IP-Suisse pour le label Naturafarm (Coop) et Terra Suisse (Migros/IP-Suisse).

Contrôles superficiels dans l’UE Là où l’UE a édicté des directives concrètes et contraignantes sur la protection des animaux de rente (protection des animaux de rente agricoles, poules pondeuses, pou-

Exploitation suisse tenant compte des besoins des animaux.

les à l’engraissement, veaux, porcs), la commission de l’UE constatait en 2007 que les normes de protection des animaux n’étaient contrôlées que superficiellement

membres, l’application des directives et

taux d’infractions est également très bas

dans la plupart des pays. Les différences

des contrôles ne fonctionnent pas.

avec seulement 1%. Quant aux contrôles

entre les pays étaient importantes, la plu-

L’Autriche semble avoir fait preuve

des élevages de porcs, ils révèlent égale-

part ne consignant pas systématiquement

d’une grande précision dans ces contrô-

ment une image curieuse: en Autriche, sur

leurs contrôles. Les méthodes de recense-

les: sur 1543 élevages de poules pondeu-

2625 exploitations visitées, 12 000 infrac-

ment variaient fortement et les résultats

ses examinés, le chiffre incroyable de 7000

tions ont été recensées. La France (89%),

n’étaient pas annoncés dans les délais à

infractions a été constaté! La Grande-Bre-

la Grande-Bretagne (82%), le Danemark

Bruxelles. Ces constatations rappellent le

tagne (52%), l’Irlande (70%), l’Espagne

(70%) et l’Irlande (58%) ont également des

rapport de la CdG sur l’application de la

(50%) et l’Allemagne (31%) enregistrent

taux élevés en la matière. En revanche, la

protection des animaux en Suisse au dé-

également un nombre relativement élevé

Grèce n’a aucun problème avec ses 403

but des années 90. On peu en déduire que

de situations problématiques. En Grèce

exploitations – soi-disant – contrôlées. En

le niveau de l’application de la protection

en revanche, aucun abus n’a été recensé,

Italie, où les contrôles ont porté sur 10 868

des animaux dans l’UE est le même qu’en

tandis que l’Italie arrive à un score de

étables, seules 142 infractions ont été dé-

Suisse il y a 20 ans.

2%. L’image est similaire pour les veaux:

couvertes, soit un taux de 1,3%.

En 2006, la commission de l’UE a ré-

l’Autriche obtient pour 9378 exploita-

digé un rapport détaillé sur les expérien-

tions visitées 26 700 cas d’infractions. En

ces réalisées avec l’application de la di-

France (78%), Grande-Bretagne (51%),

rective sur la protection des animaux de

Finlande (57%), Belgique (35%) et Alle-

rente agricoles. Les résultats des contrô-

magne (28%), leur nombre est aussi relati-

les réalisés dans 15 états Européens y fi-

vement important. En Grèce en revanche,

nemark, en Hongrie, en Allemagne, en Es-

gurent. Ceux-ci indiquent clairement que

aucun abus n’a été décelé malgré la visite

pagne, aux Pays-Bas et en Grande-Bre-

dans de nombreuses exploitations et pays

de 1100 élevages de veaux. En Italie, le

tagne. À cette occasion, elle a examiné

L’organisation de protection des animaux d’élevage européenne «Compassion in World Farming» s’est rendue en 2008 et en 2009 dans 74 élevages de porcs au Da-

l’occupation des porcs prescrite par la directive de l’UE ainsi que l’interdiction de l’ablation de routine de la queue et de la pointe des dents: Pays Queue coupée/ ablation de la pointe des dents Aucune occupation DK 100% 67% D 79% 89% H 70% 70% NL 100% 88% E 100% 100% UK 54% 36% L’étude en conclut que ces directives de

Malgré l’interdiction, la queue des porcs est régulièrement coupée dans l’UE.

Protection Suisse des Animaux PSA

protection des animaux de l’UE ne sont mises en pratique que dans de rares exploitations.

15


La position de la Protection Suisse des Animaux PSA sur l’accord de libre-échange entre la Suisse et l’UE Retournons pour terminer à la question

ronnement/protection des animaux et li-

secondaires et tertiaires mais qu’elles ne

initiale: un accord de libre-échange (ALE)

bre-échange). À moins que l’on parte du

peuvent être transposées que de façon

aura-t-il plutôt pour effet de favoriser ou

point de vue que l’agriculture suisse ne

prudente et limitée – voire pas du tout

au contraire de freiner les efforts souhai-

joue plus qu’un rôle subordonné dans

– au commerce mondial des denrées ali-

tés par les consommateurs et les contri-

l’approvisionnement alimentaire de la

mentaires ou des matières premières cor-

buables et considérés entre-temps comme

population. L’essentiel des aliments serait

respondantes, p. ex. du lait, de la viande et

justifiés par la plupart des agriculteurs

alors importé et quelques rares fermes –

des œufs. Le libre-échange total est, dans

pour obtenir une production de qualité

en quelque sorte exemples du «bon vieux

ce domaine, l’option générant le plus de

(bien-être des animaux, exploitations IP/

temps» – seraient maintenues et pratique-

perdants et de dépendances indésirables

bio, mesures de protection de l’environne-

raient un élevage particulièrement respec-

et qui ouvre la porte à la spéculation sur

ment et de la nature ; qualité et sécurité

tueux des animaux et de la nature.

les denrées alimentaires. Chaque pays doit

des denrées alimentaires)? Un ALE est-il

Mais on ne peut pas avoir le beurre et

avoir la possibilité d’assurer la contribu-

un moteur convenant au rôle de pionnier

l’argent du beurre comme le souhaite le

tion la plus élevée possible à l’alimenta-

visé par la Suisse dans la production IP/

Conseil fédéral. Pour la PSA, les priorités

tion de sa propre population en tenant

bio et l’élevage en plein air ou favorise-

sont claires: il faut d’abord que l’agricul-

compte de l’écologie et de la protection

t-il les élevages industriels, les transports

ture suisse et que les étapes de production

des animaux.

scandaleux d’animaux et le relâchement

situées en amont et en aval de celle-ci

C’est notamment le fait des différen-

des efforts de protection de l’environne-

mettent en œuvre la production de qua-

ces fondamentales en matière de bases et

ment et de la nature?

lité souhaitée par les contribuables et les

de lieux de production dans l’agriculture

consommateurs. Face à ce défi immense,

et dans les secteurs secondaires et tertiai-

On ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre

la politique agricole ne doit pas poser des

res. Contrairement à une fabrique ou à

exigences contradictoires – production

une entreprise de services, il n’est pas pos-

La Protection Suisse des Animaux PSA

de qualité et libre-échange – mais doit

sible de faire renaître dans un délai d’une

constate que les agriculteurs suisses ne

s’orienter de manière conséquente vers

année des champs ou des élevages désaf-

sont pas en mesure de relever en même

une pays d’élevage IP, bio ou en plein air

fectés. Quant aux facteurs que l’homme

temps les deux grands défis face auxquels

avec, pour but, de mettre en place une

ne peut pas ou peu influencer (climat, mé-

ils sont placés (produits de qualité/envi-

agriculture indépendante jouissant d’un

téo, qualité du sol, apparition d’épizooties

degré d’autosuffisance aussi important

et de maladies chez les animaux, etc.), ils

que possible – le respect des animaux et sa

jouent un rôle important dans la produc-

proximité avec la nature étant une condi-

tion de denrées alimentaires. Un agricul-

tion élémentaire.

teur est lié à son emplacement tandis que

La PSA est d’avis, comme le Conseil fédéral, que l’abolition des douanes et le

La qualité élevée des produits agricoles suisses est mise sous pressions par l’ALE.

16

le propriétaire d’une entreprise peut faire fonctionner celle-ci (presque) partout.

développement du libre-échange de mar-

Tandis que la population se montre

chandises, de biens et de services a, his-

sceptique face à l’UE, le Conseil fédéral

toriquement, toujours conduit au progrès

voit dans une collaboration encore plus

économique, au développement et à l’ac-

étroite de grandes opportunités pour no-

croissement de la richesse. En tant que

tre pays, pour des raisons économiques

petit pays, pauvre en matières premières,

et de politique sanitaire. À la surprise de

la Suisse a toujours encouragé cette évo-

la commission de l’UE, il a ainsi proposé

lution et en a profité. La PSA est toute-

il y a deux ans une libéralisation à vaste

fois d’avis que ces conséquences positives

échelle du commerce agricole, reprise du

du libre-échange valent avant tout pour

droit européen en matière de denrées ali-

les biens et les marchandises des secteurs

mentaires et de santé publique comprise.

Protection Suisse des Animaux PSA


Bruxelles a donné son accord sans hésiter,

visible que les prix des matières premières

des animaux (viande labellisée), elle est

pour une bonne raison: personne n’ignore

agricoles et des denrées alimentaires vont

encore confidentielle dans la plupart des

que plusieurs pays de l’UE espèrent de-

augmenter, que la tendance à des den-

pays de l’UE (à l’exception des œufs d’éle-

puis longtemps une ouverture du mar-

rées alimentaires toujours meilleur mar-

vage au sol, en plein air et bio). Elle peut

ché aussi radicale afin de pouvoir écouler

ché pendant des décennies va s’inverser

être aujourd’hui couverte sans problème

leurs surplus en Suisse, notamment leurs

sous nos latitudes et que les dépenses des

par les agriculteurs bio et affiliés à un la-

produits laitiers et leur viande. Avec son

ménages pour la nourriture vont se remet-

bel dans l’UE. En matière d’exportation

pouvoir d’achat important, notre pays est

tre à augmenter. La PSA est d’avis que la

de viande en particulier, seules quelques

en effet intéressant pour les exportateurs

Suisse serait bien avisé de préserver une

rares spécialités suisses devraient être en

européens.

agriculture indépendante avec un degré

mesure de s’établir à l’étranger.

d’autoapprovisionnement aussi élevé que

Se pose également la question du sens

Peser les désavantages

possible, afin de jouir d’une certaine in-

et des conséquences écologiques de l’aug-

On peut se demander ce que le libre-

dépendance en matière d’approvision-

mentation des importations de denrées

échange agricole de l’UE apporte à la

nement de la population en denrées ali-

alimentaires qui pourraient aussi être pro-

Suisse. Contrairement à l’économie euro-

mentaires, dans le cadre d’une exploita-

duites en Suisse et de l’exportation prévue

péenne, qui produit des surplus et qui li-

tion respectueuse des animaux et de la

de produits et de matières premières suis-

vre désormais ses demi-porcs et ses pou-

nature.

ses (produits laitiers, viande, œufs) dans

lets jusqu’en Chine et son lait en poudre

Les conséquences de l’accord de li-

l’UE, où les agriculteurs les produisent

en Afrique – souvent avec des consé-

bre-échange prévu avec l’UE vont toute-

aussi volontiers qu’ici. Il est clair qu’une

quences négatives pour les agriculteurs

fois à l’encontre de cette exigence, puis-

augmentation des importations et des ex-

sur place qui ne peuvent concurrencer le

que le revenu des agriculteurs baisserait

portations visées serait une charge sup-

dumping des prix subventionnés par l’UE

d’environ 50% et que le recul de la pro-

plémentaire pour l’environnement. C’est

– la Suisse ne concurrence pratiquement

duction intérieure serait compensé par un

un paradoxe: le même État qui encourage

pas les agriculteurs étrangers, à l’excep-

supplément d’importations ne correspon-

– et il a raison de le faire – la protection

tion de quelques exportations de fromage.

dant pas aux standards helvétiques en

de l’environnement et édicte des directi-

Près d’un tiers des aliments consommés

matière d’écologie et de protection des

ves sévères encourage également le com-

ici sont déjà importés aujourd’hui. Nos

animaux. Il s’en suivrait une dépendance

merce transfrontalier de denrées alimen-

agriculteurs ne sont donc pas favorables

accrue des consommateurs face aux im-

taires pouvant être produites des deux

à l’ouverture du marché et à la multipli-

portations d’une part et des agriculteurs

côtés en quantités suffisantes. Au lieu de

cation des importations. Ils craignent une

et des secteurs proches face aux expor-

laisser les agriculteurs suisses produire

pression croissante sur les prix versés

tations et ainsi aux marchés et politiques

dans la région, pour la région, le gouver-

aux producteurs, un recul des quantités

agricoles internationaux relativement im-

nement veut les voir élever et engraisser

produites et la fin de la culture locale du

prévisibles d’autre part.

des animaux pour le marché européen tandis que l’UE doit livrer sa viande, son

fourrage, qui représente environ 10% de puisque les importations de maïs, de cé-

Davantage d’exportations, un rêve

réales fourragères et de soja meilleur mar-

La PSA ne partage pas l’avis du Conseil

ché augmenteraient rapidement. Le scé-

fédéral selon lequel les importations sup-

nario du Conseil fédéral montre que ces

plémentaires dues au libre-échange pour-

craintes sont justifiées. Les autorités par-

ront être compensées par des exporta-

tent en effet du principe qu’un accord de

tions supplémentaires de produits (fro-

libre-échange ferait chuter sévèrement le

mage, viande, œufs) et d’animaux suisses.

revenu du secteur agricole de 3 à 1,6 mil-

Le marché européen compte bel et bien

liard de francs.

490 millions de consommateurs. Les pays

la valeur de production de l’agriculture,

lait et ses œuf à la Suisse.

membres de l’UE qui ne disposent pas d’une

Abandon d’une agriculture indépendante

production écologique et respectueuse des

La production de denrées alimentaires

immenses et intensifs sont cependant ca-

doit être davantage délocalisée à l’étran-

pables de couvrir eux-mêmes la demande

ger à une époque où les terres agricoles

de produits conventionnels et bon marché

nécessaires à nourrir l’humanité vont se

d’origine animale. Quant à la demande de

faire de plus en plus rares et où il est pré-

produits bio et d’élevages respectueux

Protection Suisse des Animaux PSA

animaux mais qui comptent des élevages

L’ALE modifiera l’agriculture suisse de manière importante.

17


Prix à la baisse, subventions à la hausse

en 2003, qui ont causé des pertes pour 23

taillants à miser sérieusement et à large

milliards de francs! Les traités de libre-

échelle sur les produits d’élevage respec-

Le Conseil fédéral estime qu’en dépen-

échange pourraient ainsi avoir des effets

tueux des animaux.

sant moins pour se nourrir, les consom-

négatifs sur notre sécurité et notre qualité

mateurs profiteront de l’accord de libre-

alimentaires.

Tandis que le parlement rejette de façon conséquente toutes les motions visant l’abandon des réglementations sur

échange. C’est peut-être vrai dans les

les effectifs maximums, le Conseil fédé-

le moral d’une profession paysanne très

Ne pas oublier le bien-être des animaux

bien organisée sur le plan politique mal-

En plus des raisons relevant plutôt de la

portée de cette même ordonnance. Aux

gré une baisse extrême de ses revenus, les

stratégie et de la protection des consom-

yeux des contribuables et des consom-

paiements directs et les subventions de-

mateurs et des animaux, l’inquiétude

mateurs, les élevages industriels dans des

vront être augmentés. On parle aussi déjà

quant au bien-être des animaux est le

étables comptant des milliers de porcs et

de mesures d’accompagnement à hauteur

point responsable du scepticisme impor-

des dizaines de milliers de poules sont peu

de milliards de francs visant à rendre in-

tant avec lequel la PSA aborde les traités

compatibles avec la stratégie de la qua-

téressant l’abandon prématuré des exploi-

de libre-échange prévus. Rendue publique

lité pour l’agriculture suisse que défend

tations aux yeux des agriculteurs. Ce que

en été 2008, une étude de l’OVF compa-

le Conseil fédéral. Ils mettent en danger

les accords de libre-échange laisseront

rant le niveau de protection des animaux

le bien-être des animaux et leur santé. Du

probablement en plus dans les poches des

en Suisse et dans l’UE remarquait qu’une

point de vue de la PSA, il est illogique

consommateurs pourra être récupéré en

reprise des directives de l’UE ne conduirait

de créer des situations paradisiaques pour

impôts par l’État. Pour les consommateurs

pas à une amélioration dans le domaine du

quelques animaux réservés à des produc-

et les contribuables, les accords de libre-

bien-être des animaux mais qu’elle pro-

tions de niche tandis que la production

échange se solderont ainsi par un résultat

voquerait plutôt un retour en arrière. Ce

principale est déplacée dans des étables

nul. Les rares profiteurs seront à chercher

résultat clair était probablement aussi la

industrielles où le bien-être des animaux

dans les rangs des importateurs et des ex-

raison pour laquelle l’étude a par la suite

ne peut pas être assuré. L’objectif de la

portateurs.

été désignée comme papier de travail in-

PSA est clair: en Suisse, tous les animaux

faits. Mais pour préserver l’existence et

ral essaie régulièrement d’amoindrir la

Le revers de la médaille des prix bas

terne à l’OVF et qu’elle n’a pas été publiée.

de rente doivent être élevés selon les di-

dans l’UE sont les scandales réguliers tou-

La réponse du Conseil fédéral au postulat

rectives SST et SRPA et le cheptel d’ani-

chant la viande et d’autres denrées alimen-

«Accord de libre-échange avec l’UE, pro-

maux de rente doit contribuer autant que

taires, la présence bien plus importante de

tection des animaux et élevage à la ferme»

possible à alimenter la population suisse

salmonelles dans les élevages de poules

de la conseillère nationale Maya Graf a

pour maintenir le niveau des importations

pondeuses et de poulets à l’engraissement

également alerté la PSA, le Conseil fédé-

aussi bas que possible.

ainsi que la fréquence élevée d’épizoo-

ral refusant de rédiger un rapport sur les

ties: la fièvre aphteuse en Grande-Breta-

effets de l’ALE sur la protection des ani-

gne et aux Pays-Bas en 2001 et la grippe

maux de rente et des élevages à la ferme

Les lois existantes perdent de leur vigueur

aviaire aux Pays-Bas et en Italie du Nord

en Suisse (pas d’élevages industriels).

Bien que la législation suisse sur la protection des animaux ne contienne que des

Porcs sous la douche. En Suisse, le bien-être des animaux occupe une place importante.

18

La pression se fait plus forte sur les agriculteurs

mesures et des directives minimales défi-

Les grands perdants d’un accord de li-

animaux et qu’elle ne garantisse pas un

bre-échange agricole avec l’UE seront les

respect optimal des animaux élevés en

animaux de rente. Pour pouvoir aligner

Suisse, ces derniers sont mieux protégés

les coûts au niveau de ceux des élevages

par la loi que leurs congénères européens.

industriels étrangers, les élevages suis-

Il existe d’une part des directives concrè-

ses au caractère encore très paysan de-

tes et détaillées pour tous les animaux de

vront faire la place à des exploitations de

rente en Suisse et, d’autre part, les direc-

grande taille. Les élevages de petite et de

tives s’appliquant aux quatre catégories

moyenne taille seront soumis à une pres-

d’animaux pour lesquels l’UE a elle aussi

sion économique importante et devront

édicté des directives (veaux, porcs, pou-

abandonner leur activité ou opter pour

les pondeuses et poules à l’engraissement)

une production bio, de label ou de ni-

sont plus strictes en Suisse. L’UE ne faisant

che. Ces possibilités sont toutefois limi-

preuve d’aucune volonté à combler les la-

tées, Coop et Migros étant les seuls dé-

cunes de la protection des animaux (p.

nissant la limite avec la maltraitance des

Protection Suisse des Animaux PSA


ex. vaches/bœufs, chèvres, moutons, che-

en groupe). Toutefois, en chiffres absolus,

que. Dans sa grande majorité, il est resté

vaux) ou à renforcer les directives s’ap-

la propagation des élevages SST et SRPA

«résistant à la protection des animaux»

pliquant aux veaux, poules et porcs, les

est encore au-dessous de la moyenne pour

et mise avant tout sur le prix plutôt que

directives de protection des animaux de

plusieurs catégories d’animaux, en Suisse

sur la qualité. Les projets lancés timide-

rente suisses devraient se retrouver sous

également. Dans notre pays, il existe en-

ment ces dernières années pour sensibili-

pression politique si l’accord de libre-

core des millions d’animaux de rente qui

ser le canal gastronomique aux produits

échange est signé. Il ne fait aucun doute

ne peuvent pas s’ébattre régulièrement en

d’origine suisse, à la protection de l’envi-

que les organisations agricoles et une par-

plein air. Il y a donc encore beaucoup à

ronnement et à celle des animaux – qu’il

tie de l’économie ne tarderont pas à exiger

faire dans ce domaine.

s’agisse du projet «Goût mieux» du WWF,

un traitement identique pour tous.

Un traité de libre-échange pourrait

des efforts publicitaires de Proviande ou

stopper l’évolution vers les élevages SST

du projet «Manger avec du cœur» de la

Marche arrière pour les transports d’animaux

et SRPA. L’élevage en plein air avec un

PSA – ne devraient plus avoir aucune

grand nombre d’animaux par exploitation

chance d’agir efficacement à large échelle

Il est probable et même presque certain

devient de plus en plus difficile et pose des

une fois l’accord de libre-échange signé,

que la Suisse se voie en outre contrainte de

problèmes à l’environnement. Par ailleurs,

et resteront confinés dans une niche.

lever l’interdiction actuelle de transit des

de nombreux agriculteurs y réfléchiront

animaux européens destinés à l’abattoir.

à deux fois avant d’investir si l’accord de

Saisir les opportunités

Une extension du commerce d’animaux

libre-échange devient réalité. Au lieu de

Le fait étant qu’un accord de libre-

d’abattage au-delà des limites actuelles

faire des efforts vers davantage de qualité,

échange apportera davantage de fromage,

viendrait en outre s’y greffer. Suivant la

par exemple en vue d’améliorer le bien-

de viande et d’œufs de l’UE - derrière les-

demande, les prix et la charge de travail

être des animaux, ils préféreront (ou de-

quels se cachent souvent des élevages

dans les abattoirs européens, les animaux

vront) investir dans des mesures permet-

industriels, des transports scandaleux et

suisses pourraient être exportés pour être

tant de faire baisser les prix et dans des

des pollutions - la Suisse soutient la mal-

abattus dans l’UE, tandis que des ani-

exploitations de grande taille.

traitance des animaux et les pollueurs à

maux européens pourraient être importés

l’étranger. Il serait plus judicieux de pro-

en Suisse. Unique en son genre dans le

La qualité a un prix

mouvoir un élevage respectueux des ani-

monde, la limitation à 6 heures du temps

Bien entendu, la production de qua-

maux et une agriculture proche de la na-

de transport définie en Suisse se trouverait

lité assurant un bien-être important des

ture en Suisse.

sous pression, l’industrie suisse des trans-

animaux est une condition de base per-

Pour la PSA, il est clair qu’un éle-

ports étant défavorisée par rapport aux ca-

mettant aux agriculteurs suisses d’écou-

vage respectueux des animaux de rente

mionneurs européens. Une augmentation

ler leurs produits onéreux sur le marché.

et un bien-être important des animaux ne

du commerce et du trafic d’animaux ouvri-

Mais ici aussi, tout a ses limites. Si les

peuvent être ordonnés. Il faut en premier

rait la porte aux épizooties, que des pro-

consommateurs sont prêts à payer davan-

lieu des éleveurs motivés, disposant du

grammes de préventions coûtant des mil-

tage, la différence entre produits importés

savoir-faire et des connaissances néces-

lions aux contribuables mais pour l’ins-

et labellisés ne doit pas être trop impor-

saires et à qui la protection des animaux

tant couronnés de succès ont tenu à l’écart

tante. L’argument du prix prendra de l’im-

tient à cœur dans le cadre de ce qui est

jusqu’à présent. L’îlot sanitaire suisse, tel

portance avec la conclusion d’un accord

réalisable sur le plan économique. En fin

qu’il est encore désigné par opposition à

de libre-échange à tous les niveaux (agri-

de compte, même l’agriculteur le plus res-

l’UE, appartiendrait au passé.

culture, transformation, commerce de dé-

pectueux des animaux doit pouvoir vivre

tail, consommateurs) aux dépens de la

de son travail, sans quoi il est condamné

La fin des programmes SST et SRPA?

qualité. En effet, dans l’urgence – la pres-

à cesser son activité. Et même le consom-

sion économique – chacun commence par

mateur le plus respectueux des animaux

En comparaison européenne, la Suisse se

défendre ses intérêts. Les consommateurs

ne peut pas dépenser sans compter pour se

place seule ou avec d’autres en tête du clas-

feront encore plus attention au prix et la

nourrir. Face à la perspective d’un accord

sement des nations respectueuses des ani-

demande de produits importés augmen-

de libre-échange, le professeur d’écono-

maux pour presque toutes les espèces ani-

tera. Les détaillants, en particulier Aldi et

mie Mathias Binswanger pose ainsi juste-

males considérées. Si l’on observe toutes

Lidl, qui étaient jusqu’à ce jour presque

ment la question «quelle quantité de mar-

les espèces animales ensemble, la Suisse

obligés de proposer un certain éventail de

ché supporte l’agriculteur?» Et y répond

est en Europe, et de loin, le pays avec la

produits suisses dans le domaine du fro-

directement: «Le libre-échange ne permet

part la plus élevée de formes d’élevage

mage, de la viande et des œufs, pourront

pas de libérer l’agriculteur mais libère la

respectueuses des animaux (élevage dans

miser davantage sur les importations.

Suisse des agriculteurs».

les champs, avec sorties, en plein air ou

Protection Suisse des Animaux PSA

Il en va de même du canal gastronomi-

19


Glossaire et liens ALE Accord de libre-échange, www.seco.admin.ch

Naturafarm Viande et œufs d’élevage respectueux des animaux, en plein air et en liberté. En vente chez Coop.

Bio Suisse Fédération des entreprises agricole biologiques suisses.

Nomade laitier Agriculteur qui ne possède pas de terres lui permettant de fournir du fourrage à ses animaux.

Club of Rome Le Club of Rome est une organisation sans but commercial dont l’objectif est de favoriser l’échange de

OVF Office vétérinaire fédéral, www.ovf.admin.ch

points de vue global sur des questions de politique internationale variées.

PER Prestations écologiques requises. Les PER sont soutenues par la Confédération par des paiements directs.

CO2 Le dioxyde de carbone, communément appelé gaz carbonique, est un composé chimique composé d’un atome de

PHW Le groupe PHW Lohmann & Co. SA est le plus grand éle-

carbone et de deux atomes d’oxygène. En concentrations im-

veur et transformateur de volaille en Allemagne (notamment

portantes, l’oxyde de carbone est toxique et peut conduire à la

«Wiesenhof»).

mort par asphyxie.

Protection Suisse des Animaux PSA Organisation de proCompassion in World Farming Organisation de protection

tection des animaux fondée en 1861 comptant 70 sections dans

des animaux d’élevage dédiée à leur bien-être dont le siège

tous les cantons et la Principauté du Liechtenstein. La PSA em-

est en Angleterre. Elle s’oppose essentiellement aux fabriques

ploie des spécialistes dans divers domaines de la protection des

d’animaux.

animaux. Le service de contrôle de la PSA vérifie, sur mandat de divers labels, le respect des directives de la protection des

fenaco L’entreprise fenaco fournit aux agriculteurs des moyens

animaux et des labels dans plus de 1000 exploitations ainsi que

de production, achète leurs produits, les transforme et les com-

lors des transports d’animaux et dans les abattoirs

mercialise. fenaco exploite par ailleurs les chaînes de commerce de détail Volg et Landi.

Proviande Organisation de la branche de l’économie des producteurs de viande suisses. La marque enregistrée «Viande

FiBL Institut de recherche de l’agriculture biologique, fondé en

Suisse» est un produit de Proviande.

1973. L’institut occupe une place de leader au niveau mondial dans le domaine de la recherche sur l’agriculture biologique.

SRPA Sorties régulières en plein air. L’ordonnance sur une sortie régulière en plein air des animaux de rente règle l’accès des

IP-SUISSE Fédération suisse des agriculteurs pratiquant la

animaux aux champs pendant la période de végétation et du-

production intégrée. IP-SUISSE s’engage pour la production

rant les mois d’hiver. L’élevage des animaux selon le système

proche de la nature et saine des denrées alimentaires.

SRPA est soutenu par des paiements directs.

KAGfreiland Une organisation d’intérêt général pour le bien-

SST Systèmes de stabulation particulièrement respectueux des

être des vaches, des porcs, des poules et autres animaux.

animaux. L’étable doit répondre aux exigences naturelles des animaux de rente qui y sont détenus. Chaque animal a un ac-

LID Service d’information agricole. Organe de presse et d’infor-

cès permanent à deux zones séparées, p. ex. une zone pour se

mation de l’économie agricole et alimentaire suisse.

nourrir et une pour se reposer. La zone de repos doit être garnie d’une litière adaptée. Les SST sont soutenus par la Confé-

Manger avec du cœur Projet de la Protection Suisse des Ani-

dération par des paiements directs.

maux PSA visant à sensibiliser les consommateurs et la gastronomie dans leur comportement d’achat. www.mangeravec

TerraSuisse Produits issus de l’agriculture suisse proche de la

ducœur.ch

nature et respectueuse des animaux. En vente chez Migros.

Protection Suisse des Animaux PSA · Dornacherstrasse 101 · CH-4008 Bâle Protection Suisse des Animaux PSA Tél. 061 365 99 99 · Fax 061 365 99 90 · sts@tierschutz.com · www.protection-animaux.com · www.mangeravecducœur.ch 20


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