RAPPORT-PSA PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
SW/PSA
L’estivage des moutons 2014
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L’ESTIVAGE DES MOUTONS 2014
Table des matières Introduction 3 Situation légale 5 Méthodes d’estivage et subventions dans l’élevage ovin 5 La problématique de l’estivage non surveillé sur alpage 6 Quand des troupeaux de moutons sont-ils suffisamment protégés selon la PSA 9 Réalisation des tournées de surveillance de la PSA 12 Résultats 13 Appel aux randonneurs et communications 17 Exigences de la PSA concernant l’estivage ovin 18 Annexe 1: Liste de contrôle garde ovine sur les alpages d’estivage 21 Annexe 2: Bibliographie/Liste des sources 23
© 2015 Protection Suisse des Animaux PSA
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Protection Suisse des Animaux PSA, Dornacherstrasse 101, case postale, 4018 Bâle Tél. 061 365 99 99, Fax 061 365 99 90, CCP 40-33680-3 sts@tierschutz.com, www.protection-animaux.com
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Introduction Au cours de l’été de cette année, la Protection Suisse des Animaux PSA a approfondi la problématique des troupeaux de moutons non protégés séjournant à l’alpage. Dans une optique de protection animale, elle perçoit un potentiel d’action considérable dans le domaine de la garde ovine sur les alpages. Des bénévoles de la PSA ont visité durant l’été divers alpages des cantons de Berne, des Grisons, du Tessin et du Valais pour se faire une idée de la garde ovine locale. Ils ont observé de nombreux moutons (et chèvres) sans aucune surveillance et très dispersés au-dessus de la limite des arbres, avec parmi eux divers animaux qui boitaient – dans un cas, au Tessin, plainte a d’ailleurs été déposée contre un détenteur négligent suite à ces observations. De nombreux troupeaux non protégés se trouvaient dans des zones en très forte pente, exposés aux Chers amis randonneurs, chutes et sur le territoire du loup – les animaux au pâturage veuillez nous annoncer les moutons laissés-pour-compté à l’alpage! étaient servis «sur un plateau» aux prédateurs! Via une annonce parue en automne dans les journaux (cf. ci-contre à gauche), la PSA a demandé à des randonneurs de lui annoncer les moutons – surtout isolés ou en petits groupes – observés encore dans la zone d’estivage après la désalpe. Il s’agit souvent d’animaux perdus et oubliés. Si on ne les cherche pas et ne les capture pas rapidement, le risque est grand qu’ils retournent à la vie sauvage, qu’ils doivent être tirés par le PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA garde-chasse ou soient surpris par de fortes chutes de neige et meurent de faim. À des fins de clarifications complémentaires, nous avons directement envoyé les communications reçues aux services vétérinaires cantonaux compétents. Cela a encore permis de trouver à temps quelques animaux perdus et de les ramener en plaine. Nous remercions tous les services vétérinaires contactés pour leurs interventions rapides, sans complication et réussies en faveur des animaux. Le présent rapport regroupe les résultats des contrôles des alpages et des communications reçues. L’élevage ovin jouit d’une tradition millénaire en Suisse, surtout dans les Alpes et au sud des Alpes. En 1815, près de 700 000 moutons vivaient en Suisse. Puis leur nombre a continuellement fléchi. Depuis les années 1950, le nombre des moutons détenus et spécialement gardés sur nos alpages a ensuite de nouveau nettement progressé. Aujourd’hui, près de 20o 000 moutons passent l’été dans les alpages suisses, pour un troupeau total proche de 450 000 animaux. Cela correspond à près de 23 000 «pâquiers normaux» PN (1 PN = 1 UGB, soit 7 moutons pâturant pendant cent jours). De plus, en été, environ 23’000 chèvres séjournent à l’alpage, la plupart d’entre elles sans protection non plus. En Suisse, les moutons et les chèvres sont surtout détenus en zone vallonnée et en pente où une fauche ne serait que difficilement possible et où des bovins occasionneraient des dégâts de piétinement vu leur poids supérieur. La garde ovine est marquée dans de grandes parties de l’espace alpin par une utilisation extensive et progressive des différentes zones d’altitude. Dans ce contexte, les prairies plus productives des vallées sont utilisées pour la production de fourrage pour l’hiver tandis que les moutons passent l’été à l’alpage. Contrairement à la France ou à l’Italie par exemple, la Suisse n’a pas de vastes pâturages hivernaux. Les moutons passent donc le plus souvent l’hiver dans des étables où ils reçoivent un apport en foin et profitent de sorties en plein air plus ou moins importantes. Comme la détention ovine dans les alpages suisses est essentiellement le fait d’exploitations familiales, aucun grand troupeau ne s’est constitué dans les zones d’estivage comme par exemple dans les Balkans ou en Espagne. L’histoire à part de la détention ovine paysanne suisse a aussi eu les deux effets suivants: une tradition pastorale ne s’est jamais établie dans notre pays et aucune race de chiens de protection des troupeaux ou de chiens de berger ne s’est développée chez nous. Les moutons estivés dans les alpages suisses sont essentiellement utilisés pour leur viande et, en partie, pour leur lait. La transformation de la laine joue un rôle secondaire, celle-ci étant le plus L’estivage des moutons est une tradition suisse intelligente qui favorise l’entretien de nos belles régions de montagne. Cependant, elle peut présenter un caractère insidieux vis-à-vis des animaux. Estiver des moutons non protégés et non surveillés est une pratique toujours autorisée et subventionnée avec l’argent des contribuables. Chaque année, quelque 4000 moutons meurent sur les alpages suite à des maladies, à des chutes ou à la foudre. À la fin de la saison, les troupeaux éparpillés doivent être ramenés en plaine. Il arrive toujours que des individus s’égarent et restent accidentellement en montagne. Si on ne les aide pas à temps, ces animaux meurent pitoyablement de faim ou de froid.
Nous invitons dès lors les randonneurs à nous signaler leurs observations de moutons égarés – après la désalpe, c’est-à-dire dès le 22 septembre. Il s’agit, en particulier, de nous annoncer les animaux isolés au-dessus de la limite de la forêt. De cette manière, nous pouvons organiser les secours. Veuillez annoncer vos observations à: sts@tierschutz.com ou au 061 365 99 99, en indiquant le nombre et les caractéristiques des animaux et l’endroit précis. Au nom des animaux, nous vous remercions de garder vos yeux ouverts!
Dornacherstrasse 101, Case postale, 4018 Bâle, tél. 061 365 99 99, fax 061 365 99 90, CCP 40-33680-3, sts@tierschutz.com, www.protection-animaux.com
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souvent même éliminée après la tonte car elle ne peut pas rivaliser en termes de prix et de qualité avec la laine de mouton étrangère (de mérinos notamment). De nombreux moutons sont aussi détenus en Suisse simplement par hobby ou comme contribution à la préservation d’anciennes races (p. ex. mouton nez noir du Valais) ou sont utilisés de manière ciblée pour pâturer et maintenir ouverts des alpages à haute altitude qui sinon seraient reconquis par la forêt. De ce fait, le mouton joue aussi un rôle important dans le maintien de biotopes riches en espèces, par exemple de prairies sèches – il est en fait un «jardinier» très important pour le maintien du paysage rural traditionnel des Alpes. Dans une perspective de protection animale également, l’estivage a des avantages incontestables: quasiment aucun autre animal de rente n’est en Suisse détenu dans un tel respect des besoins spécifiques que le mouton alpin. Les animaux jouissent d’une grande liberté de mouvement, sont nourris conformément à leurs besoins et vivent en troupeau – ce qui favorise la condition physique, la santé et la fertilité des animaux. Des moutons qui peuvent se mouvoir librement choisissent euxmêmes le périmètre offrant la meilleure qualité de fourrage. Si le troupeau séjourne dans un enclos, un berger doit veiller à ce que les animaux changent régulièrement de pâture, ce qui protège les moutons des attaques de parasites, la végétation d’un surpâturage et le sol de l’érosion. Dans les années 90, l’estivage ovin croissant a aussi eu des conséquences négatives consécutives à une mauvaise gestion. L’utilisation excessive des prairies alpines, l’érosion, des troupeaux de moutons entrant dans les forêts et les premières attaques de loups ont provoqué un débat animé sur un estivage ovin adapté aux conditions du milieu. Ces quinze dernières années, la détention ovine s’est profondément modifiée en Suisse. Le système des paiements directs de la politique agricole a conduit à des incitations financières échelonnées pour les trois systèmes de pâture répandus et a tenté de rendre le pâturage plus conforme aux impératifs écologiques. Le changement structurel de la société et de l’économie a fait reculer les petits troupeaux, a conduit à l’abandon d’alpages et à leur reforestation ainsi qu’au dépeuplement de vallées alpines reculées. Et avec le retour des grands prédateurs, loup et ours, dans l’espace alpin, plus d’un détenteur ovin toujours en activité voit désormais son existence menacée. Le débat actuel sur l’estivage des moutons et la protection animale est dominé par la polémique liée au retour des loups et à la protection des troupeaux. Chaque année, près de 200 moutons sont victimes d’attaques de loups; une vingtaine d’animaux sont tués par des ours isolés, pas présents toute l’année. Et moins de 50 animaux sont chaque année victimes du lynx. Au total, les grands prédateurs sont donc «responsables» de la mort de 300 moutons au plus. Les photos diffusées par les médias sur les conséquences sanglantes d’attaques de prédateurs Illustration 2: Le loup «M20» près d’un mouZVG CANTON LUZERN marquent cependant durablement les esprits. ton tué Car les loups, s’ils ont l’occasion (pas offerte aux animaux sauvages!) de tuer en faisant des réserves, souffrent aussi à notre époque prétendument éclairée de la réputation d’être des «tueurs sanguinaires». Comme aux heures les plus sombres du Moyen Âge, on attribue par réflexe à l’animal sauvage indigène une sorte de malveillance diabolique et lui refuse tout droit de vivre. Le problème bien plus important de protection animale lié à l’estivage ovin tient toutefois, dans l’optique de la PSA, à la protection légale insuffisante des moutons à l’alpage, à la négligence et aux «pertes normales» acceptées naturellement avec l’estivage par les détenteurs ovins et les politiciens! Les attaques de prédateurs sont simplement le symptôme indiquant de quoi souffre effectivement la détention ovine sur les alpages suisses.
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Situation légale
Les lois et les ordonnances suivantes ont une incidence sur l’estivage ovin: la loi sur la protection des animaux (LPA) et l’ordonnance sur la protection des animaux (OPAn), l’ordonnance de l’OSAV sur la détention des animaux de rente et des animaux domestiques et l’ordonnance sur les paiements directs (OPD). Celle-ci s’appuie à son tour notamment sur la loi sur la protection de la nature. Toutes les races ovines sont très bien protégées contre la chaleur et le froid vu l’air contenu dans leur laine. Mais la laine doit de plus rester sèche – les moutons détenus au grand air doivent donc pouvoir trouver une protection contre la pluie, le vent et un fort rayonnement du soleil. C’est ce que prescrit l’art. 6 de l’OPAn. L’art. 5 OPAn exige du détenteur des soins suffisants afin de prévenir et de traiter les maladies et les blessures des animaux. En font partie, pour les moutons, les soins réguliers aux onglons, les soins cutanés (p. ex. bains contre la gale), la tonte annuelle et le contrôle des verminoses au moyen d’analyses des déjections solides et une vermifugation ciblée. Conformément aux articles 52 ss OPAn, les moutons doivent notamment avoir un accès à l’eau assuré (la neige ou de l’eau souillée ne suffisent pas), ceux qui viennent d’être tondus doivent être protégés des conditions météorologiques extrêmes et chaque animal doit pouvoir disposer d’une aire de repos recouverte de litière à l’étable. En cas de garde permanente au pâturage, le détenteur doit en outre veiller à la protection des animaux contre une chaleur excessive, le froid et la pluie et proposer des abris naturels ou construits. Les détenteurs ne respectant pas les prescriptions de garde violent leur devoir de soins à prodiguer à l’animal! Mais la protection légale des moutons gardés dans une zone d’estivage est relativisée: l’art. 53 OPAn prescrit p. ex. que des moutons doivent certes avoir accès à l’eau deux fois par jour mais – en cas d’impossibilité en zone d’estivage – il est toléré de faire en sorte que les animaux puissent boire suffisamment moyennant «d’autres mesures adaptées». De la même manière, même si conformément à l’art. 6 de l’ordonnance sur la détention des animaux de rente, tous les animaux d’un troupeau doivent avoir un abri servant de protection contre les conditions météorologiques, cette prescription peut être assouplie en zone d’estivage moyennant des mesures appropriées à prendre pour répondre aux besoins de protection des animaux. L’art. 7 de la même ordonnance prescrit certes que l’état de santé et le bien-être des animaux doivent être contrôlés tous les jours mais «dans les régions d’estivage, la fréquence des contrôles peut être réduite en fonction des circonstances». Et d’après l’art. 28 de l’ordonnance fédérale sur les paiements directs (OPD), les animaux estivés sont contrôlés au moins une fois par semaine. Les modalités de ce contrôle ne sont cependant pas définies (et on ne sait par exemple pas si une observation hebdomadaire des animaux à la jumelle suffit). Les différentes relativisations du statut de protection des moutons prévue par l’OPAn et les paragraphes ambigus de l’ordonnance sur la détention des animaux de rente («mesures adaptées», «conditions météorologiques extrêmes», «en fonction des circonstances») font que les moutons sur les alpages sont à l’heure actuelle légalement en moins bonne posture que dans les exploitations de plaine! Cela a malheureusement souvent de sérieux effets sur leur bien-être durant l’estivage.
Méthodes d’estivage et subventions dans l’élevage ovin
Disons-le d’emblée, les subventions n’enrichissent par les détenteurs suisses de moutons. Mais il faut constater que la garde ovine est un secteur agricole relativement bien subventionné, avec l’argent des contribuables donc, souvent pratiquée à titre d’activité accessoire, et qui donc devrait rarement être d’une importance vitale pour le détenteur. La Confédération soutient la détention de moutons et sa contribution à l’entretien du paysage en Suisse moyennant diverses subventions. Conformément à l’art. 18 de l’ordonnance fédérale sur l’élevage (OE), l’élevage de chaque mouton inscrit au herd-book est subventionné à hauteur de 22 francs 50 par an et, par ailleurs, des contributions peuvent être versées à la préservation de races suisses. Les subventions basées sur l’OE doivent reconnaître l’exploitation extensive des alpages et donc la contribution de l’élevage ovin à la biodiversité et au paysage. 150 francs sont versés à l’hectare de pâturage si certaines espèces indicatrices botaniques (plantes) poussent avec une certaine densité minimale définie. Depuis 2014, la Confédération alloue aussi des contributions à la production de lait et de viande basée sur les herbages, et ce à hauteur de 200 francs/ha. Et,
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finalement, des contributions d’estivage plus ou moins élevées selon la forme pastorale (cf. ci-après) sont allouées aux moutons estivés et des contributions au bien-être des animaux (SRPA) pour encourager un élevage ovin adapté avec sortie en plein air. Comme ces dernières sont versées indépendamment du système d’alpage, tous les moutons estivés sont subventionnés, quels que soient les efforts de protection et la responsabilité assumée par le détenteur. En d’autres termes, des subventions sont aussi versées aujourd’hui à des élevages de moutons synonymes de détresse animale notable! En Suisse, l’estivage ovin est marqué par trois systèmes pastoraux majeurs. Les alpages surveillés sont gardés par un ou plusieurs bergers vivant à l’alpage ou dans les environs et surveillant en permanence le troupeau. Les troupeaux peuvent soit pâturer librement, soit séjourner dans un enclos et être de plus éventuellement (mais pas nécessairement) accompagnés par des chiens de protection. Pour la nuit, ils sont généralement conduits dans un parc ou sur une pâture clôturée. Les bergers veillent à la santé des animaux et soignent ceux qui sont malades ou blessés; par leur présence, ils tiennent en grande partie les grands prédateurs à distance et garantissent un pâturage uniforme en faisant régulièrement tourner les moutons entre plusieurs secteurs pastoraux. La Confédération encourage ce système pastoral par des contributions d’estivage de 330 francs par PN (en 2013, des bergers ont travaillé sur un total de 129 exploitations d’alpage et 10’347 PN ont passé pour surveillés; 3.4 millions ont été versés au titre de contribution d’estivage à des alpages placés sous la surveillance de bergers). Dans les pâtures tournantes, l’alpage est subdivisé en «secteurs». Les troupeaux sont en général placés dans des enclos, les clôtures pouvant faire plusieurs kilomètres de long, et les moutons profitent donc aussi de beaucoup d’espace en plein air. Mais ils ne sont pas surveillés en permanence ni mis au parc non plus la nuit. Quelques troupeaux détenus sur des pâtures tournantes sont protégés par des chiens de protection. Les moutons sont régulièrement conduits sur d’autres secteurs afin de ne pas surexploiter la végétation et pour qu’ils profitent toujours d’une base fourragère optimale. La Confédération encourage ce système pastoral par des contributions d’estivage de 250 francs par PN (en 2013, sur un total de 227 exploitations, 4’728 PN au total ont été exploités en pâtures tournantes; 1.2 million a été versé à ce système pastoral au titre de contributions d’estivage). Sur les autres pâtures, les moutons sont plus ou moins abandonnés à eux-mêmes sur une vaste étendue. Les détenteurs contrôlent les alpages lors de visites plus ou moins régulières; parfois à l’aide de jumelles aussi. À la fin de la saison d’estivage, les moutons sont rassemblés (par exemple à l’aide de chiens ou attirés par du sel) et ramenés dans la vallée. Souvent, plusieurs contrôles sont nécessaires afin de trouver tous les moutons d’un troupeau et les ramener dans la vallée. La Confédération encourage ce système pastoral par des contributions d’estivage de 120 francs par PN (en 2013, dans 503 exploitations – la grande majorité des élevages ovins à l’alpage avec 7’228 PN – 870’000 francs ont été versés à ce système pastoral au titre de contributions d’estivage). En complément des contributions d’estivage à but économique et écologique, les détenteurs ovins reçoivent aussi des contributions SRPA (au bien-être animal). Ce sont des subventions honorant la «sortie régulière en plein air». Elles se montent à ce jour à 180 francs par unité gros bétail (7 moutons). En 2013, la Confédération a versé un total de 5.7 millions de contributions d’estivage et 4.1 millions au titre de contributions SRPA aux éleveurs ovins suisses.
La problématique de l’estivage non surveillé sur alpage
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La saison d’alpage n’est pas sans danger pour les moutons. Les chutes de pierre, la foudre, les maladies, les chutes, les complications lors de la mise bas (avortements), les déchets abandonnés par les randonneurs, les restes de filets de pacage ou le fil de fer barbelé – et les attaques de grands prédateurs ou de chiens errants sont autant de menaces. D’après Alpfutur (2012), un projet de recherche sur l’avenir de l’estivage en Suisse, il faut admettre à l’échelle du pays que près de 4’200 moutons meurent chaque année de «causes naturelles» pendant la centaine de jours seulement que dure l’estivage alpin. La détresse animale que cela représente est incommensurable: des moutons dépérissent avec des onglons ou des yeux enflammés, sont infectés par des parasites ou atteints de diarrhées, sont immobilisés incapables de se nourrir, meurent lentement de faim ou se traînent
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à l’arrière du troupeau pendant des jours avec des plaies ouvertes, coincés dans des restes de fil, ou avec des membres cassés suite à des chutes; ils étouffent après avoir avalé des déchets ou dans des filets de pacage abandonnés sans égard, sont traqués et blessés par des chiens non tenus en laisse ou restent en plein soleil ou sous la pluie mêlée de neige sans protection au pâturage, sont assoiffés ou trempés jusqu’aux os et soufrent du froid lorsque la laine perd sa fonction de protection naturelle. Illustration 3: Os de mouton sur un pâturage Les pertes majeures ont lieu avec le système PS/PSA tessinois d’alpage «autres pâtures» (2.26 %). Cela signifie que sur 100 moutons, deux à trois sont victimes d’accidents et de maladies en majeure partie évitables. Pour comparaison: les loups tuent environ 200 moutons par an (1‰ des pertes ou 0.1 mouton pour 100 animaux estivés). Avec un gardiennage permanent, les pertes se réduisent à une moyenne de 1.7 %. Calculées sur un an de pâture à l’alpage, les pertes seraient de 8.1% sans protection du troupeau. La raison majeure de ces morts est l’estivage d’altitude d’animaux en mauvaise condition physique ou avec un état de santé insuffisant. Selon Alpfutur (2012), une gestion rigoureuse de la santé permettrait de réduire le taux de pertes ovines dans toute la zone d’estivage à < 1%. Les efforts majeurs devraient donc viser à un meilleur état sanitaire des moutons afin de réduire les pertes. En feraient partie – outre la quarantaine pour les animaux achetés, l’amélioration de la condition physique et la pâture avant la saison d’estivage déjà et un contrôle régulier des infestations parasitaires et de la santé des onglons – notamment de rigoureux soins contre le piétin des moutons montant à l’alpage tels que seul le canton des Grisons les pratique actuellement – seul canton suisse de montagne à passer comme exempt de piétin. Il serait aussi utile de l’avis de la Protection Suisse des Animaux PSA de soumettre la maladie du piétin à l’obligation nationale de déclarer conformément à la loi sur les épizooties. Le piétin est une maladie inflammatoire des onglons des moutons et d’autres artiodactyles. Elle résulte de l’interaction entre deux agents pathogènes bactériens et elle est extrêmement douloureuse pour l’animal touché. Les foyers d’inflammation purulents aux onglons sont entourés d’une masse graisseuse gris blanc dégageant une odeur fétide. Dans la suite de l’évolution de la maladie, les enveloppes de la corne commencent à se détacher et l’animal boîte. Si les pattes avant sont atteintes, les animaux mangent en s’appuyant sur les carpes des pattes avant pour que les onglons ne les fassent pas souffrir. Si les pattes arrière sont touchées, les animaux adoptent alternativement une attitude délestant l’une ou l’autre patte ou mangent couchés. En cas d’inflammation des articulations, les animaux restent immobiles. Les animaux touchés perdent du poids au cours de la maladie et peinent à suivre le troupeau – s’ils le peuvent. De façon caractéristique, ils claudiquent en queue d’un troupeau en déplacement, avec un port de tête typique à la fin du mouvement. Les détenteurs de moutons abandonnant à euxmêmes des animaux souffrant à ce point – notamment parce qu’ils contrôlent trop rarement et pas d’assez près le troupeau - se rendent donc coupables d’une violation de leur devoir d’assistance à l’animal et donc des prescriptions de protection des animaux! Du fait de l’utilisation commune des prairies alpines par les moutons, les chamois et les bouquetins, des animaux sauvages – bouquetins protégés surtout – peuvent aussi être infectés par Illustration 4: Marche hésitante typique d’un cette dangereuse maladie. Pour la faune sau- chamois atteint de cécité du chamois ZVG
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vage, le piétin est une condamnation à mort. En 2014 par exemple, dans la zone du Vanil Noir (FR), plusieurs bouquetins ont été infectés. Comme le bouquetin est protégé par le droit fédéral et que dans cette colonie aucun tir sélectif n’avait été autorisé, la surveillance de la faune n’a même pas pu délivrer les animaux touchés de leurs souffrances comme c’est souvent le cas lorsque des animaux malades du piétin sont annoncés à la surveillance de la faune. Ce sont avant tout les bouquetins de six ans et plus qui sont menacés car ils restent longtemps à un endroit quand ils paissent et ruminent, ce qui accroît le risque de contagion comparativement aux jeunes animaux avides de déplacements. La maladie se répand par le sol des prairies et via des abreuvoirs contaminés. Elle est très infectieuse et peut très rapidement affecter des troupeaux entiers. Les sols humides et des soins aux onglons laissant à désirer favorisent le piétin. Contrairement aux animaux sauvages, des troupeaux d’animaux de rente peuvent être traités par des antibiotiques ainsi que par l’élimination totale des zones d’onglons touchées et l’isolement des animaux atteints. Les éventuels agents pathogènes présents avant l’inalpe peuvent être annihilés par des bains d’onglons antiseptiques. Une vaccination contre le piétin (efficace à court terme) existe: elle aide à réduire nettement la pression infectieuse. Pour empêcher les nouvelles contaminations, les prairies ne doivent plus être pâturées pendant au moins un semestre entre deux utilisations de l’alpage. D’autres maladies et parasites peuvent aussi être transmis des moutons à la faune sauvage. Mykoplasma conjunctivae, l’agent pathogène de la cécité du chamois, fait notamment partie des agents pathogènes dangereux. Les moutons sont le réservoir d’agents pathogènes à partir duquel des populations d’animaux sauvages sont infectées. La maladie devient ensuite épidémique. La faune sauvage touchée est généralement vouée à la mort; des guérisons spontanées sont rares (la cécité consécutive à la maladie est réversible). Les animaux touchés développent une forte kérato-conjonctivite, avec écoulement oculaire, et perdent finalement la vue. Ils ne sont ensuite plus capables de se nourrir et meurent de faim – ou font tôt ou tard une chute mortelle. La maladie peut être traitée de manière symptomatique chez les animaux de rente si bien que les chances de guérison sont bonnes. Quand des moutons paissent sans surveillance et sont souvent dispersés en petits groupes sur une zone très vaste durant l’estivage, il arrive régulièrement qu’en fin de saison certains animaux soient perdus à la désalpe. Comme les détenteurs de moutons doivent s’attendre à des «pertes naturelles», ils ne peuvent pas dire de façon définitive après le retour des troupeaux dans la vallée si des animaux errent encore sur l’alpage ou sont déjà morts. Normalement, les animaux manquants sont recherchés pendant quelque temps encore, plus ou moins activement – mais après un certain temps, les détenteurs doivent en général s’accommoder d’une perte. Des moutons errant toujours en altitude retournent progressivement à la vie sauvage. Certains sont tirés par le garde-chasse (dans le Val Poschiavo seulement en janvier parfois, après un long combat Illustration 5: Grands troupeaux de moutons pour la survie!) vu qu’on ne peut plus les captu- disséminés sur un vaste périmètre BK/PSA rer. D’autres sont surpris par l’hiver et meurent de faim, en général dans des conditions pitoyables vu qu’ils n’ont pas les stratégies naturelles de survie de la faune sauvage. Chaque année, la Protection Suisse des Animaux PSA et ses sections cantonales reçoivent donc des communications de randonneurs qui ont pu observer de tels moutons «retournés à la vie sauvage»! Pour les animaux sauvages, des moutons pâturant sans surveillance sont non seulement un réservoir de maladies mais encore des concurrents pour le fourrage des maigres prairies du haut étage alpin et peuvent occasionner des dégâts écologiques (abroutissement de formations végétales sensibles ou de forêts de protection avec érosion consécutive) vu qu’ils préfèrent pâturer dans des zones botaniquement et géologiquement sensibles. L’annexe 2 de l’ordonnance fédérale sur les
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Illustration 6: Périmètre de prévention 2014 du loup et du lynx (rose), du lynx seulement (vert) et de l’ours (bleu) Mais d’après la PSA, il faut s’attendre à la présence du loup partout dans l’espace alpin (cf. flèches) – par exemple dans l’Oberland bernois ou au centre des Grisons également! Dans le sud du Jura, le loup n’est également plus exclu, et en Suisse orientale et dans le nord du Jura, il vaudrait mieux protéger aussi les animaux de rente contre les attaques du lynx! La zone d’influence possible de l’ours devrait être élargie au centre des Grisons et au Prättigau. AGRIDEA/COMPLÉMENT PSA paiements directs interdit donc de laisser paître des moutons en forêt (hormis pâturages en forêt explicitement définis comme tels), sur des éboulis et des moraines, sur des arêtes et, sans autorisation expresse, dans des zones de protection naturelle. Les moutons doivent aussi être tenus à l’écart de zones de tranquillité. Il n’est pas toujours possible de le garantir en cas de pâturage fixe sans surveillance!
Quand des troupeaux de moutons sont-ils suffisamment protégés selon la PSA
Il est difficile de contrôler suffisamment des moutons sur un pâturage fixe pour prévenir les accidents ou les attaques de prédateurs. Suivant la race, les animaux tendent en effet plus ou moins à se répartir en petits groupes, un troupeau de plusieurs centaines de moutons pouvant se disséminer sur plusieurs km2 au-dessus de la limite des arbres. Suivant la topographie, il est ensuite difficile de surveiller tout le troupeau. Avec de grandes pâtures tournantes, la situation semble d’emblée souvent semblable mais la zone sur laquelle les moutons peuvent s’éparpiller est limitée et le changement régulier de pâture exige le rassemblement du troupeau, ce qui permet de contrôler l’état de santé et le nombre de moutons. Mais les alpages suisses sont un territoire où le loup, le lynx et l’ours sont pratiquement continuellement présents. Des clôtures simples, avec un ou deux fils ou des limitations naturelles de la pâture ne suffisent plus à protéger correctement un troupeau de moutons de tous les dangers. Les loups sont bientôt présents partout dans l’espace alpin mais – à l’exception du territoire de la meute de Calanda –, ils ne sont encore nulle part fréquemment présents. Vu leur grande mobilité, ils peuvent toutefois surgir soudainement dans des zones tout à fait inattendues, même sur le Plateau. Il faut donc en principe s’attendre à des attaques de loups dans toute la zone d’estivage suisse – et durant l’hiver sur des pâturages proches des habitations dans les Préalpes et en plaine également.
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La situation est plus simple avec le lynx: il est surtout présent dans le nord-ouest des Alpes et en Suisse centrale (là, quasiment sur le même territoire que le loup, cf. carte), dans le Jura et en Suisse orientale (où aucun périmètre de prévention n’existe encore). Des apparitions locales du lynx sont aussi signalées en Valais, des animaux isolés aux Grisons et au Tessin. Excepté dans le nord du Jura et dans des parties de Suisse orientale, les détenteurs d’animaux de rente doivent cependant admettre aujourd’hui la possible présence du loup partout où ils s’attendent à des attaques de lynx. A l’heure actuelle, des ours ne vivent pas encore en permanence en Suisse. Certaines années, un ou plusieurs arrivent dans le canton des Grisons (et peut-être bientôt au Tessin et dans le canton de Saint-Gall). Ils sont alors un danger pour les moutons et les chèvres ainsi que pour les veaux, les ânes et les ruches. Vu leur grande mobilité, ils peuvent de nos jours surgir soudain quasiment partout en Engadine, au sud et au centre des Grisons, et occasionner des dégâts. Les attaques du lynx contre les moutons ou les chèvres ne font le plus souvent qu’une victime. Le lynx s’approche furtivement, à la manière d’un chat, et franchit aussi des clôtures simples. Il saute sur sa proie, de derrière, et la tue en lui plantant ses crocs dans la nuque. Puis il mange et revient à sa proie plusieurs jours durant, s’il n’est pas dérangé, jusqu’à la faire quasiment disparaître. Le loup procède différemment: il «teste» la condition physique de ses proies en les harcelant. Au contraire des très habiles moutons sauvages, nos moutons domestiques ne peuvent pas fuir et se réfugier dans les rochers et, le plus souvent, ils restent ensemble dans leur fuite. Dans un troupeau de moutons, le loup se comporte comme un renard dans un poulailler: son instinct de chasseur est sans cesse piqué par les moutons bêlants courant pris de panique en tous sens – il «fait des réserves» car il n’aura pas cette chance lors de sa chasse au cerf! Les moutons sont une proie facile et donc un repas tout trouvé, surtout pour des loups solitaires jeunes, très âgés ou blessés! Les meutes de loups en revanche ont généralement suffisamment de succès à la chasse au cerf et ont de ce fait un moins pressant besoin d’attaquer des moutons si ces derniers sont protégés d’une quelconque manière! Omnivore opportuniste et chasseur de qualité moyenne quand il harcèle ses proies, l’ours profite aussi de l’aubaine d’un troupeau de moutons non surveillés et tue souvent plusieurs animaux à la fois. Il défend sa proie – à laquelle il reviendrait plu- Illustration 7: Berger de Maremme et moutons sieurs jours durant pour manger – contre d’autres AL/PSA prédateurs et profiteurs. La chasse terminée, les loups «s’en mettent plein la panse» si on les laisse faire. Un seul loup peut ingurgiter 5 à 8 kg de viande à la fois! Et les loups retournent aussi naturellement plusieurs fois vers leur proie, pour un deuxième et un troisième repas. La nature a en outre prévu des «troupes de nettoyage» entières de renards, corbeaux, corneilles, pies et ours même pour tirer parti des restes des chasses des loups! Plusieurs méthodes de protection du troupeau existent pour protéger les troupeaux de moutons non seulement des «pertes naturelles» mais aussi des attaques de prédateurs. Ce qui fait l’affaire contre les loups protège en général aussi les moutons contre les ours et les lynx.
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Mesures de protection possibles des troupeaux de moutons: • Protection uniquement contre les «pertes naturelles» dues à des accidents, à des maladies, à la foudre, etc.: pâture tournante et contrôle régulier et fréquent du troupeau (p. ex. quotidien ou tous les deux jours); systèmes pastoraux avec garde permanente. • ➢Protection contre les attaques de loups: Pâture tournante avec clôture électrique élevée (au moins 4 fils et 1 m haut en terrain plat, 120 cm de haut en terrain en pente) et contrôle journalier du troupeau; pâture tournante avec clôture électrique et chiens de protection et, si possible, contrôle quotidien ou tous les deux jours; système pastoral avec garde permanente et
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parc pour la nuit. De plus, éventuelle clôture ornée de tissus pendants pour effrayer les loups. • ➢Protection contre les attaques d’ours: Pâture tournante avec très haute clôture électrique (6 fils, 1 m 50 de haut) et contrôle quotidien du troupeau; pâture tournante avec clôture électrique et chiens de protection et, si possible, contrôle quotidien ou tous les deux jours; système pastoral avec garde permanente et parc pour la nuit. • ➢Protection contre les attaques de lynx: Pâture tournante avec clôture électrique (3 fils), protection du troupeau par des chiens, lamas ou ânes à choix; contrôle quotidien ou tous les deux jours judicieux. La vue d’ensemble doit tenir compte du droit des moutons à une protection contre les accidents et les maladies, de leur besoin de mouvement et de la nécessaire protection contre les grands prédateurs. Selon la PSA, un troupeau de moutons est suffisamment protégé si… • une pâture tournante est surveillée en permanence (idéalement à l’aide de chiens de protection et de berger) et si les moutons passent la nuit dans un parc (p. ex. petit enclos ou pré), idéalement en compagnie de chiens de protection; • une pâture tournante est protégée par une clôture électrique élevée (au moins 4 fils, 1 m de haut en terrain plat, 1 m 20 en terrain en pente) et si le troupeau est accompagné de chiens de protection (150 moutons au plus par chien, au moins un chien patrouillant la nuit hors de la clôture) et un contrôle tous les deux jours au moins. • la clôture électrique a au moins 1 m 50 m de haut, avec 6 fils au moins, en présence d’ours. Là où la présence du loup n’a pas encore été décelée et où des attaques de lynx sont plus vraisemblables (p. ex. vallée de la Töss ou nord du Jura), il suffit de protéger les moutons à l’aide d’une clôture électrique élevée. La PSA juge insuffisamment protégés les troupeaux de moutons accompagnés uniquement de lamas ou d’ânes. Ces animaux doivent être détenus par deux au moins vu qu’une garde individuelle violerait les dispositions de l’ordonnance sur la protection des animaux. Il faut savoir que toutes les clôtures de pacage peuvent constituer un obstacle et un risque considérable pour la faune sauvage. Des clôtures électriques ne devraient être mises en place et électrifiées que durant la saison d’estivage effective. Il faudrait ensuite les démonter ou au moins les ôter. Le dernier fil doit se trouver à 30 centimètres du sol au moins. Il faut absolument déconseiller l’emploi de filets de pacage, de clôtures en treillis noué ou de fil de fer barbelé car la faune sauvage risque fort de s’y emmêler ou de s’y blesser! Si des lamas, alpacas ou chevaux séjournent sur un pâturage, la loi sur la protection des animaux interdit l’utilisation de fil de fer barbelé. Si on recourt à des filets de pacage, il faut si possible les contrôler chaque jour. Conditions supplémentaires: Pour que des prédateurs ne puissent pas développer de stratégie pour franchir des clôtures ou se glisser dessous, il faut qu’elles soient montées dans les règles de l’art (p. ex. hauteur adaptée en fonction de la topographie). Agridea prodigue de bons conseils en cas de questions. Avec les clôtures électriques, la tension électrique est décisive: Agridea recommande une tension de 3000 à 4000 volts. Aucun système de protection des troupeaux n’offre de protection complète contre les loups. Plus le pâturage et/ou le troupeau est grand, plus il est difficile pour des chiens et des bergers de surveiller tous les animaux. Il arrive que certains loups franchissent des clôtures électriques, malgré la secousse ressentie, ou qu’ils attaquent un troupeau surveillé par des chiens. Certains loups divisent si habilement le troupeau que les chiens sont déboussolés temporairement. Un bref moment d’inattention suffit le plus souvent à ces agresseurs pour tuer un ou plusieurs moutons. Malgré cela, on peut très clairement constater que les dégâts occasionnés par les prédateurs à des troupeaux protégés sont très limités alors qu’ils sont en général bien plus importants avec des troupeaux non gardés. Une étude de Faunalpin (2013) étaie ce constat: la protection du troupeau mise en œuvre dans la zone sous étude au nord-ouest des Alpes a fonctionné et a pu éviter une grande partie des
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pertes dues au loup. Le nombre des chiens avait une incidence clairement positive sur la protection tandis que le système pastoral (pâture fixe ou tournante, bergers) jouait un rôle secondaire. Conclusion: en cas de protection du troupeau, par des chiens notamment, il est acceptable de faire pâturer des moutons dans des zones où le loup est présent. Sans protection, cela devrait être purement et simplement interdit dans une optique de protection animale!
Réalisation des tournées de surveillance de la PSA
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Illustration 8: «Moutons de Saas»
PRO SPECIE RARA
La majorité des alpages ovins suisses est exploitée aujourd’hui encore sans protection des animaux. Rendu public en septembre 2014, le cas des moutons de Saas montre de manière exemplaire à quel point les animaux sont insuffisamment surveillés. 103 animaux de la race rare du «mouton de Saas» (il n’en existe plus que 400 à 500 selon Pro Specie Rara) sont restés introuvables à la désalpe. Le pâturage de la vallée haut-valaisanne de Saas a été ensuite survolé par hélicoptère mais les recherches sont restées vaines. «103 moutons ne disparaissent pas comme ça», estimait le chef de projet responsable de Pro Specie Rara. Il semble pourtant que oui. Les éleveurs ovins ont finalement déposé plainte en Suisse et en Italie. On a supposé que c’était l’œuvre de voleurs professionnels de bétail venus d’Italie. Deux semaines plus tard, six animaux ont été retrouvés par des gardes-faune italiens au sud de Domodossola, et la police italienne a pu débusquer les auteurs du méfait – deux bergers italiens de moutons désireux d’éteindre leurs dettes en vendant ces animaux. Le reste du troupeau était déjà vendu et une partie des animaux sûrement déjà abattus. Pour se faire elle-même une image de la situation des moutons dans les alpages, la PSA avait envoyé des bénévoles en randonnée dans la zone d’estivage durant l’été 2014. Il s’est agi avant tout de cantons et de régions où aucune mesure de protection des troupeaux n’était établie et/ou au sujet desquels plusieurs sources (médias, sections cantonales de la PSA, contacts divers) avaient mentionné divers problèmes liés à des attaques de loups ou des moutons abandonnés à eux-mêmes. Nous avons donc (dans un premier temps) renoncé à des contrôles dans le canton des Grisons vu que la protection des troupeaux et le traitement contre le piétin des moutons estivés y sont une réalité. Pour le Valais, le «Rapport final 2014 – Planification des alpages à moutons du Valais» nous a servi de base pour explorer les alpages les plus menacés. Nous y avons en priorité examiné ceux pour lesquels Agridea a estimé des adaptations nécessaires ou bienvenues. Tous les bénévoles étaient porteurs d’un procès-verbal à remplir sur le terrain (cf. annexe 1). Le procès-verbal devait contenir des indications sur l’alpage (nom, commune, coordonnées), les conditions météorologiques, les moutons (espèce, nombre d’animaux observés, comportement, état de santé – s’il était possible de l’estimer à l’aide d’une liste de contrôle simple), les environs (topographie, signes d’érosion, abris construits ou naturels, eau, faune sauvage) et sur d’éventuelles mesures de protection (clôtures, enclos, chiens, bergers). En tout huit bénévoles ont fait de cette manière rapport, en juillet et en août, sur la situation d’estivage sur un total de 15 alpages des cantons de Berne, du Valais, de Saint-Gall et du Tessin. De plus, une vétérinaire et une collaboratrice de la PSA sont allés le 15 septembre au marché aux moutons du Val Malvaglia, au Tessin, un marché d’animaux d’abattage où des ovins sont vendus directement de l’alpage à des fins d’abattage. Et en été de cette année aussi, la PSA a reçu une communication privée d’un conducteur témoin, au col de la Furka, de la chute mortelle d’un mouton. Nous avons aussi suivi la piste de ce cas. Les visites d’alpages menées par la PSA doivent se poursuivre en 2015 également et s’étendre à d’autres zones. Notamment dans le canton du Tessin, dans les vallées méridionales des Grisons à la frontière avec l’Italie, en Suisse centrale, dans l’Oberland bernois et dans le canton de Fribourg, nous voulons aussi nous faire une idée de la situation sur les alpages estivant des moutons.
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Résultats
Les régions / alpages suivants ont fait l’objet de visites. Les conditions rencontrées ont été systématiquement décrites en quelques mots. • Roti Chumma/Bettmerhorn/Märjelensee (VS) Alpages situés entre 2300 et 2500 mètres d’altitude. Petit groupe de 14 à 16 moutons, un groupe plus important d’une cinquantaine d’animaux, ainsi que 25 chèvres. Etendue de la zone observée entre 1 x 1 km et 1 x 2 km. Tous les alpages traversés par des éboulis et Illustration 9: Mouton brun des Alpes et des moraines. Pas de prés, pas d’abris con- moutons nez noir à l’alpage Alpje Treichboden F. BAUER struits; les moutons se reposent éventuelle- ment sous une station de la télécabine (nombreuses déjections), éventuels rochers comme protection naturelle. Eau provenant de ruisseaux de montagne, de mares, du lac. Au lac, on voit aussi des moutons tondus mais le temps est chaud (18° C environ) et ensoleillé. Sur deux alpages, on voit des marmottes et leurs terriers. Pas d’animaux blessés ou qui boitent observés. Les moutons sont généralement extrêmement éparpillés sur toute la zone, de tout en bas sur le glacier jusque en haut dans les rochers – impossibles à surveiller. • Alpje Treichbode/Reckingen-Gluringen (VS) Alpage situé entre 2000 et 2500 mètres d’altitude, traces de moutons jusqu’à Rossboden. Un grand groupe d’une septantaine de moutons dessous Chly Chastelhorn. 40 moutons nez noir se reposent sur un névé (trop chaud?), moutons alpins bruns et blancs pâturant par petits groupes, certains dans une zone en pente extrême et dans des éboulis. Aucune clôture visible aussi loin que porte le regard; zone énorme. Quasiment pas d’abris présents – pas d’abris construits, quelques rochers faisant saillie. Dans le fond de la zone du pâturage, des abreuvoirs sont montés mais vides. Divers ruisselets et mares. Neige aussi. Sur le pâturage, marmottes et leurs terriers. On n’observe pas de moutons qui boitent ou blessés. • Heistette/Bellwald et Grafschaft (VS) Alpage situé entre 2500 et 2800 mètres d’altitude. Plusieurs petits troupeaux observés. Environ 40 moutons nez noir près du Mittelsee, 13 au Lengsee, 50 à Honegger-Horn. Quelques moutons au Wirbulsee. Impossible d’estimer l’étendue de tout le pâturage. Une partie des moutons dans les éboulis. Pas d’abris construits, d’enclos ou de bergeries. Un grand rocher protège naturellement une petite surface; les moutons du groupe 1 s’y pressent mais ils ne peuvent de loin pas tous y trouver de l’ombre. Pas d’abreuvoirs mais des rus et lacs aisément accessibles. Le temps est très ensoleillé et chaud. Pas d’animaux blessés ou qui boitent observés. • Minstigertal/Münster (VS) Alpage situé entre 1600 et 1800 mètres d’altitude. 20 moutons blancs des Alpes. Alpage non clôturé. Présence de barrières naturelles (pente, ruisseaux). L’alpage est très vaste et il est difficile de l’embrasser du regard. Les moutons se meuvent en petits groupes. Pas d’abris construits mais quelques sapins accueillants. Pas d’abreuvoirs; impossible d’estimer si de l’eau (quelques rus, ruisseau) est aisément accessible. Ruisseau avec berges en pente et rocheuses. Deux jeunes animaux sont observés. Impossible d’estimer à distance l’état de santé des animaux. • Riffelalp/Zermatt (VS) Alpage situé à 2800 mètres d’altitude près de la station supérieure de Rotenboden. 50 à 60 moutons nez noir sur un pâturage de plusieurs km². Des moutons sont restés de 9h à 17h à l’ombre d’un pont du chemin de fer du Gornergrat. Quelques moutons dans un éboulis. La voie
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ferrée n’est pas délimitée par une clôture. À part le pont, on ne voit pas d’abris construits ou naturels sur tout l’alpage. Pas d’enclos, de parcs ou d’abreuvoirs mais quelques ruisseaux et mares aisément accessibles. Quelques très jeunes animaux dans le troupeau. Sur tout le pâturage, on observe des marmottes et leurs terriers. Pas vu de mouton blessé ou qui boîte mais quelques animaux sous le pont ne s’écartent pas – contrairement à la plupart des autres – et restent couchés. La température relativement élevée explique Illustration 10: Des moutons cherchent à peut-être ce comportement. Mais quelques s’abriter du soleil sous un pont du chemin de M.ISLER animaux présentent un arrière-train très crot- fer du Gornergrat té (diarrhée) et d’autres frottent leur tête contre les pierres froides du pont. Le groupe entier donne une impression d’apathie. Selon une vendeuse près des voies, les moutons iraient toujours plus haut vu la chaleur; le pont serait leur dernier refuge. • Moosalp/Törbel (VS) Observation de moutons à 2600 mètres d’altitude environ. 49 moutons nez noir. L’alpage fait plusieurs km² en tout. Pas d’enclos ni de surveillance malgré une attaque très vraisemblable du loup à la fin juin ayant fait plus de 30 victimes! On n’observe pas d’abris construits sur l’alpage; quelques rares sapins à près de 2200 mètres d’altitude. Quelques ruisselets et mares. Marmottes un peu partout sur l’alpage. Un des moutons boite relativement bas (séquences filmées). • Gemmi (BE) Alpage situé entre 2200 et 2300 mètres d’altitude. 62 moutons observés au total; un assez important groupe de 38 animaux; les autres largement éparpillés en petits groupes. Vallon d’environ 2 km de long et 400 mètres de large. Nombreux grands rochers mais peu d’abris naturels. Surface couverte d’environ 3 x 3 m sous la station de remontée supérieure comme abri potentiel. Pas d’enclos ou de bergeries. Eau du lac. Les moutons donnent l’impression d’être soignés et quelques-uns ont une longue queue. On n’observe pas d’animaux qui boitent ou blessés. • Heuberg/Kandersteg (BE) Alpage situé entre 1900 et 2000 mètres d’altitude. Environ 45 animaux observés dont des agneaux nés au printemps et tétant encore leur mère. Le pâturage est énorme et englobe la moitié de la vallée; le troupeau est éparpillé sur environ 500 x 600 mètres. Pentes de schiste ébouleux avec de nombreuses ruptures récentes. Signes relativement marqués d’érosion. À l’est, le pâturage jouxte une pâture pour bovins/chèvres; il est séparé par des fils de fer barbelé et une clôture électrique (non électrifiée). Dans les barbelés pendent des restes de laine de mouton. Pas d’abris, de bergeries ou de prés. Très petits rochers en saillie donnant environ 1.5 m² de surface comme abri potentiel. Pas d’abreuvoirs mais de nombreux petits ruisseaux; tout le pâturage est détrempé. La gardienne du refuge affirme que chamois et bouquetins sont régulièrement présents. Pas de moutons qui boitent ou blessés.
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• Färig/Kandersteg (BE) Alpage situé entre 2200 et 2500 mètres d’altitude. Groupe de 40 moutons observés sur une zone d’environ 500 x 1000 m. L’ensemble du pâturage est très étendu et englobe la moitié du fond de la vallée. Traces d’érosion parfois marquées. Pas d’abris construits ou de prés. Éventuels abris naturels (rochers). Plusieurs petits ruisseaux. Vu la distance, impossible de donner des indications sur l’état de santé des animaux. Selon la gardienne du refuge, des chamois et des bouquetins utilisent aussi le pâturage.
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• Underbärgli/Kandersteg (BE) Alpage situé à environ 1800 mètres d’altitude. Un seul petit groupe de quatre moutons dont deux agneaux, dans une zone partielle d’environ 50 x 50 m. L’ensemble de l’alpage est énorme et librement accessible. Selon la gardienne du refuge, une des brebis ne voulait plus suivre à l’inalpe si bien que ce petit groupe est resté en arrière. Pas d’abris construits ni d’abreuvoirs mais éventuels abris naturels et petits ruisseaux plus haut. • Herli/Bosco Gurin (TI) Section de la station d’altitude de Grossalb, direction Lagi Melo et Pero. Deux groupes de moutons sur l’alpage au-dessus de Bosco Gurin. Premier groupe (à «Undar d’Martscha») d’une centaine d’animaux très craintifs. Une brebis avec deux agneaux, dont un est très faible. Il peut à peine marcher et boite. Vu le stress pour les animaux, la contrôleuse de la PSA ne s’approche pas davantage. Le deuxième groupe, une cinquantaine de mouIllustration 11/12: Troupeau de chèvres à tons (sous «Strahlbann»), se trouve au-desBosco Gurin (en haut), chèvre qui boite bas sous d’un éboulis et dans un éboulis en forte PS/PSA (dessous) pente et dangereux (profonds trous entre les rochers). Ces animaux sont également extrêmement craintifs. Le long du chemin de randonnée dans la zone de «Herli» est en outre observé un troupeau d’une soixantaine de chèvres; parmi les retardataires, plusieurs boitent bas, certaines sur trois pattes seulement (matériel photographique et vidéo disponibles). Quatre animaux semblent ne plus pouvoir charger aucune patte. Les marques d’oreille des animaux qui boitent peuvent être photographiées en partie et ce comportement est annoncé au service vétérinaire cantonal, lequel déposera ensuite plainte contre le détenteur. • Sascola/Cevio, Valle di Maggia (TI) Le pâturage s’étend entre 430 mètres d’altitude seulement et 1700 mètres d’altitude. On rencontre un petit groupe de 8 moutons à 950 mètres d’altitude environ (Morella di Sott). Les moutons sont dans la forêt (autorisé?). Beaucoup de végétation dense, ce qui rend tout contrôle impossible (énorme étendue)! Plusieurs randonneurs ont lâché leurs chiens – malgré le panneau avertissant de la présence de moutons! Plusieurs petits ruisseaux et lacs. Pas de moutons qui boitent ou blessés observés. Impossible de constater la présence ou non d’abris naturels ou construits vu l’accès difficile à cet énorme pâturage. • Marché aux moutons, Val Malvaglia (TI) La plupart des animaux sont en bonne santé. Les parcs sont très étroits et offrent peu de visibilité. Le chargement et le déchargement des animaux sont pour la plupart corrects: parois latérales sur les rampes et animaux pas excessivement poussés (deux camionnettes sans rampe, ou sans paroi latérale). 5 à 7 % des animaux environ montrent des signes de boiterie. Au moins 5 évitent totalement de charger une patte, ce qu’ils ne peuvent pas faire si on les pousse. Un des propriétaires avertit ses collègues qu’il cherche encore une soixantaine d’animaux. • Schaffans/Flums Grossberg (SG) Alpage situé entre 2100 et 2300 mètres d’altitude, probablement dans le bassin de la «meute
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de Calanda». Des clarifications préalables permettent de dire qu’il s’agit d’un alpage surveillé où pâturent 1100 (!) moutons. L’alpage est trop grand (au moins 2 km²) pour compter les animaux (et donc difficile à surveiller, d’autant plus sans chiens). Sur un alpage ovin voisin, cinq moutons ont été déchiquetés par un loup récemment malgré la présence de bergers. L’alpage de Schaffans est entièrement délimité par des rochers et une clôture électrique par endroits. Nombreux petits groupes de moutons. D’en haut, il est possible de bien observer la zone avec les animaux. Petite bergerie pour quelques animaux sinon pas d’abris construits ou naturels, également pas de parc pour la nuit. Des points d’eau ouverts sont disséminés sur tout le pâturage. Les moutons donnent une impression de bonne santé (pour autant qu’une telle appréciation soit possible); pas d’animaux qui boitent ou blessés. Les aspects suivants sont communs à la plupart des observations. Les commentaires de l’auteure sont précédés de ➔ comme indication: • Les moutons paissent sans surveillance quelconque en terrain souvent impraticable et impossible à embrasser du regard, éparpillés le plus souvent par petits groupes. ➔ Des chiens de protection seraient judicieux ici: ils se mêlent à ces petits groupes et gardent plus facilement les animaux à l’œil sur le terrain, comparativement à un berger! • En général, il n’y a pas du tout d’abris ou d’abreuvoirs construits. Les moutons préfèrent ce que le pâturage leur offre naturellement. ➔ Même si les moutons (et les chèvres) sont sobres et résistants, il n’est pas toujours garanti dans le cas particulier que le pâturage remplisse effectivement les exigences de l’OPAn et que par exemple tous les animaux aient pu se soustraire en cas d’urgence à un fort rayonnement du soleil, se protéger de la foudre ou de pluies mêlées de neige persistantes! • Les abords des pâturages sont propices aux accidents tels les chutes en terrain en pente, entre les blocs de pierre sur les éboulis, mais également propices aux pattes cassées (terriers de marmottes)! ➔ En général, les moutons et les chèvres ont le pied sûr et se déplacent avec bien plus de sécurité en terrain difficile que l’homme. Mais des accidents peuvent leur arriver – et le plus souvent une aide ne leur est pas apportée…! • Vivre à l’alpage répond très bien aux besoins de moutons sains et améliore leur condition physique. La plupart des animaux séjournant sur des alpages sont donc en bonne santé et ne présentent ni blessures ni handicaps. ➔ La recherche de la PSA n’est rien de plus qu’un petit échantillonnage. Dans un cas, des problèmes de santé graves ont été constatés dans un troupeau de chèvres, sur un total de 15 alpages contrôlés. Mais ce cas montre ce qui peut se passer si on néglige le troupeau!
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De plus, on a suivi de près une communication provenant du Haut-Valais (VS), alpage de Muttbach, commune de Reckingen-Gluringen. Un automobiliste qui franchissait le col de la Furka nous a dit qu’il avait été témoin, le 17 août, de la chute et de la mort sur la route d’un mouton nez noir du côté valaisan du col, près du restaurant Belvedere. L’animal a glissé et chuté sur la chaussée depuis le pâturage en pente non clôturé. Que l’animal n’ait pas touché un automobiliste ou un motocycliste et qu’il n’y ait pas eu des dégâts de personnes est dû au hasard. La PSA a pu constater, suite à sa demande, que la police cantonale de Sion avait connaissance de l’incident, lequel n’avait toutefois pas donné lieu à l’établissement d’un dossier même si – aux dires de l’automobiliste – une patrouille est arrivée sur place quelques minutes plus tard. Par téléphone, on nous a dit que dans cette zone, des centaines de moutons pâturaient et que de tels accidents et des incidents similaires se produisaient plusieurs fois par an... La PSA a donc écrit à la commune de Reckingen-Gluringen, responsable de l’alpage, et à la bourgeoisie de Gluringen, propriétaire de l’alpage de Muttbach, pour savoir si tel était le cas. Elle a aussi voulu savoir pourquoi ce pâturage en pente longeant la route du col et la surplombant n’était pas clôturé et comment les propriétaires pouvaient garantir que des moutons malades ou blessés soient trouvés et traités à temps. La PSA attend toujours une prise de position de la bourgeoisie de Gluringen et de la commune de Reckingen-Gluringen, plus de trois mois après sa lettre.
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Appel aux randonneurs et communications
Chaque automne, on communique à la PSA et à ses sections que des moutons et des chèvres se sont de toute évidence égarés à la désalpe et errent seuls sur les pâturages. Comme les moutons n’ont pas les stratégies de survie nécessaires et les adaptations physiques de l’animal sauvage pour survivre à un hiver très enneigé en montagne, ces animaux seraient voués à la mort – surtout sans la protection du troupeau. S’ils ne meurent pas de faim, ou sous une avalanche, ou si le loup ne les dévore pas, un garde-chasse les tirera tôt ou tard car Chers amis randonneurs, ces moutons retournés à l’état sauvage deviennent souvent veuillez nous annoncer les moutons laissés-pour-compté à l’alpage! très craintifs et ne peuvent plus être capturés. Pour prendre aussi pour thème le problème des moutons perdus lié à la surveillance insuffisante des moutons estivés, la PSA voulait réunir de manière ciblée des communications de tels cas. En septembre 2014, elle a fait paraître une annonce dans «Coopération» appelant les randonneurs et amis des animaux à lui annoncer les moutons qu’ils observeraient PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA encore sur les alpages à la fin septembre ou plus tard encore. Il fallait surtout annoncer les cas d’animaux isolés ou vivant en petits groupes. Les premières désalpes ont par exemple lieu en Valais dès le 22 septembre environ. Certains animaux sont ramenés en montagne pour quelques semaines, après avoir été tondus, si le temps automnal est clément. Jusqu’à la mi-octobre, il est donc tout à fait possible que des moutons soient encore intentionnellement à l’alpage. Si de mauvaises conditions météorologiques surviennent, les animaux redescendent le plus souvent d’eux-mêmes à plus basse altitude. Mais plus l’automne avance plus il est probable que les animaux observés par les derniers randonneurs de la saison soient des moutons perdus à la désalpe et manquant désormais à l’appel. Chaque communication parvenue à la PSA a été directement transmise pour clarification à l’office vétérinaire compétent. Plusieurs messages concernaient des animaux qui n’avaient simplement pas encore été désalpés. D’autres concernaient effectivement des moutons (et des chèvres) manquants, ou alors la probabilité que ce soit le cas était pour le moins très élevée. La PSA étudiera de près l’automne prochain également, de manière ciblée, les communications faisant état de moutons et de chèvres manquant à l’appel. Mais l’expérience de cette année a montré qu’il fallait déplacer le début de la «recherche» en octobre – plutôt qu’à la fin septembre déjà. Nombre de communications reçues à ce jour ont eu trait à des animaux sur des alpages toujours pâturés. L’estivage des moutons est une tradition suisse intelligente qui favorise l’entretien de nos belles régions de montagne. Cependant, elle peut présenter un caractère insidieux vis-à-vis des animaux. Estiver des moutons non protégés et non surveillés est une pratique toujours autorisée et subventionnée avec l’argent des contribuables. Chaque année, quelque 4000 moutons meurent sur les alpages suite à des maladies, à des chutes ou à la foudre. À la fin de la saison, les troupeaux éparpillés doivent être ramenés en plaine. Il arrive toujours que des individus s’égarent et restent accidentellement en montagne. Si on ne les aide pas à temps, ces animaux meurent pitoyablement de faim ou de froid.
Nous invitons dès lors les randonneurs à nous signaler leurs observations de moutons égarés – après la désalpe, c’est-à-dire dès le 22 septembre. Il s’agit, en particulier, de nous annoncer les animaux isolés au-dessus de la limite de la forêt. De cette manière, nous pouvons organiser les secours. Veuillez annoncer vos observations à: sts@tierschutz.com ou au 061 365 99 99, en indiquant le nombre et les caractéristiques des animaux et l’endroit précis. Au nom des animaux, nous vous remercions de garder vos yeux ouverts!
Dornacherstrasse 101, Case postale, 4018 Bâle, tél. 061 365 99 99, fax 061 365 99 90, CCP 40-33680-3, sts@tierschutz.com, www.protection-animaux.com
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Voici un tableau des communications transmises à la PSA: Date
Canton
Zone
Animaux / Nombre
Information du service vétérinaire
28.9.14
GR
Alp Suretta près de Sufers
Moutons 7
Animaux perdus (merci pour l’info), détenteur les cherche
28.9.14
VS
Cabane Becs des Bosson
Chèvre 1
Inhabituel selon le service vétérinaire; garde-chasse informé
30.9.14
GR
Alp Marangun près de Lavin
Moutons 4
Alpage encore pâturé par 400 moutons environ.
30.9.14
VS
Mattwaldhorn
Moutons au moins 9
On présume que c’est normal mais le garde-chasse est informé
1.10.14
VS
Glacier de la Corbassière
Moutons au moins 20
On suppose que c’est normal mais le garde-chasse est informé
9.10.14
BE
Urbachtal près d’Innertkirchen
Moutons 6
Animaux perdus, ramenés dans la vallée peu de temps après la communication de la PSA
10.10.14
VS
Près de la cabane de Turtmann
Chèvres 3
Très inhabituel; garde-chasse averti. Le détenteur devra se justifier
10.10.14
UR
Meiental
Moutons 5-6
Service vétérinaire demande clarification
11.10.14
UR
Gloggetürmli
Moutons 4
Service vétérinaire demande clarification
13.10.14
BE
Innereriz/Hohgant
Mouton 1
Animal perdu; détenteur a tenté de le capturer, sans succès jusqu’ici
15.10.14
BE
Hohgant/Allgäuli
Chèvres 5
Clarifications sans succès par service vétérinaire et administration de la chasse
1.11.14
GR
Zone ouest du col Greina Moutons 2
Animaux perdus du Tessin; la propriétaire les cherche donc
7.11.14
TI
Val Maggia
Clarification en cours
Moutons 60
Total animaux annoncés
Environ 100 moutons 9 chèvres
Dont sûrement sauvés
13 à 16 moutons Aucune chèvre
Comme l’office vétérinaire n’a pas de comptes à rendre aux particuliers et aux associations, la PSA n’a pas eu systématiquement d’échos (malgré sa demande) du déroulement des clarifications. À la fin octobre, les premières fortes chutes de neige de l’année ont eu lieu en montagne et par endroits l’épaisseur atteignait un mètre. Même si plusieurs communications ont été transmises à la PSA et si on peut présumer qu’elles ont pu contribuer à trouver à temps l’un ou l’autre animal, il est malheureusement à craindre qu’à la fin de l’automne plusieurs moutons et chèvres égarés aient été surpris par la neige. Grâce à leur épaisse fourrure et à leur résistance, ils devraient avoir survécu un certain temps et avoir gratté l’herbe sous la neige ou mangé des écorces. Mais plusieurs devraient entre-temps être morts de faim, ou être restés couchés sans force ou avoir chuté mortellement…
Exigences de la PSA concernant l’estivage ovin
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Certes, les détenteurs ovins ne cessent de répéter qu’ils tiennent beaucoup à leurs animaux et recherchent avec une belle opiniâtreté leurs «brebis égarées» – mais ce disant, ils esquivent le problème: il ne suffit pas de vouloir chercher et rassembler des moutons perdus après la désalpe sur des étendues énormes et impraticables! Les animaux doivent être mieux contrôlés durant l’es-
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tivage déjà. Une garde ovine sur les «autres pâturages» sur lesquels un contrôle hebdomadaire est justement prescrit par l’OPD (sans plus de précisions) ne suffit tout simplement pas. De plus, avec ce genre de détention ovine, d’autres exigences liées à l’estivage ne peuvent souvent pas être remplies, notamment éviter des zones d’altitude en proie à l’érosion, des forêts ou des zones de pacage hors des pâturages cartographiés. C’est une évidence: les dangers «normaux» d’un estivage coûtent la vie à plus de 10 fois plus de moutons (de façon pas moins cruelle!) que les attaques de loups, ours et lynx réunies. Vu ses petites exploitations paysannes et la prédominance de l’économie bovine – mais aussi la disparition comparativement précoce des Alpes des grands prédateurs –, la Suisse n’a jamais élaboré de méthodes de protection efficaces des moutons et des chèvres contre les attaques des grands prédateurs. Mais personne ne nous empêche d’apprendre ces méthodes de l’étranger, où l’on bénéficie de telles expériences, et de les appliquer aux conditions suisses, sous une forme légèrement modifiée peut-être! Dans ce contexte, la PSA critique les tentatives du canton du Valais surtout de définir certains alpages comme «impossibles à protéger» du fait de leur topographie propre ou des races ovines qui y pâturent. Elle trouve aussi à redire au fait que chaque tentative sérieuse de protéger un alpage avec des chiens de protection y est sabotée par le comportement contre-productif des propriétaires ovins concernés! La Protection Suisse des Animaux PSA cautionne sans équivoque un estivage ovin durable et adapté, et reconnaît sa contribution à la garde animale adaptée, aux paysages et à la diversité des espèces des paysages ruraux. Quand c’est possible et faisable, ce genre de détention animale extensive devrait donc être encouragé selon la PSA, mais pas aux dépens d’autres es- Illustration 14: A conserver absolument: F. BAUER pèces animales! Quand des alpages doivent être le mouton nez noir du Valais abandonnés et que des vallées alpines se vident de leur population, le loup n’est en tout cas pas seul en cause. Ce sont bien plutôt des raisons socio-économiques complexes qui expliquent ces phénomènes. Les protecteurs des paysages devraient aussi accepter que certains alpages soient recolonisés par la forêt et que les paysages naturels et cultivés soient exposés à une dynamique continuelle. La détention des ovins dans les exploitations de plaine est soumise aux standards minimaux de protection des animaux selon l’ordonnance fédérale y relative. Lorsque ces animaux montent à l’alpage, leur protection légale est encore automatiquement assouplie, puisque seules des exigences rudimentaires quant à leur détention et surveillance restent en vigueur – et celles-ci, souvent, ne sont même pas satisfaites comme le montre la présente recherche de la PSA. Il n’est pas admissible qu’une détention ovine insuffisante du point de vue de la protection des animaux continue d’être généreusement subventionnée par l’argent de la Confédération et qu’en même temps de grands prédateurs qui font partie de la faune indigène et qui sont légalement protégés en Suisse soient condamnés et abattus comme des «boucs émissaires». La protection et la surveillance des troupeaux de moutons sont incontournables du point de vue de la protection des animaux; en même temps, elles constituent la seule voie pour cohabiter avec le loup et les autres prédateurs! C’est pourquoi la PSA a lancé en date du 11.12.2014 une pétition «En faveur d’une meilleure protection des moutons à l’alpage et d’une tolérance accrue envers les grands prédateurs». D’ici à l’été 2015, 20 000 à 30 000 signatures doivent être collectées à l’intention du Conseil fédéral et de l’office compétent de l’environnement OFEV.
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Dans sa pétition, la PSA a exige… • de meilleures conditions de détention des animaux dans les pâturages alpins en général. La présence de suffisamment d’abris naturels ou construits à l’alpage et un contrôle quotidien doivent être garantis. • un traitement contre le piétin obligatoire à l’échelle du pays avant la saison d’estivage. Des soins appropriés doivent être apportés le plus vite possible à des moutons blessés et malades. Les offices vétérinaires doivent aussi contrôler par échantillonnage l’état sanitaire des troupeaux de moutons dans les alpages, pas seulement à l’inalpe et à la désalpe. • la protection obligatoire de tous les troupeaux de moutons et de chèvres dans les territoires où le loup, l’ours et le lynx sont présents et dans lesquels on prévoit leur expansion. Les troupeaux devraient être au moins protégés par une clôture électrique et/ou des chiens de protection et surveillés par des bergers – et contrôlés quotidiennement. • l’arrêt du subventionnement futur d’une détention ovine non protégée sur les «autres pâturages». • de renoncer le cas échéant aux alpages «qui ne peuvent pas être protégés» (vu leur topographie ou pour d’autres raisons). C’est un manque de responsabilité de laisser des moutons au pâturage sans protection! • de ne pas assouplir le statut de protection du loup, de l’ours et du lynx. Il faut renoncer à sortir de la Convention de Berne. Pas de tirs de «régulation», pas de tirs de louveteaux ou de tirs de loups en meute! Lien vers la pétition sur la protection des troupeaux de la PSA: www.protection-animaux.com/moutons_alpage
Illustration 15: Le loup: un droit d’exister en ISTOCK Suisse également
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Annexe 1
Liste de contrôle garde ovine sur les alpages d’estivage Données relatives à l’alpage Personnes / Date Nom de l’alpage / Commune Coordonnées / altitude approximative (conformément à la carte) Nombre de moutons (visibles; décomptage ou estimation) Etendue estimée de l’alpage (de la zone clôturée ou du périmètre défini comme alpage sur la carte) (pas en chiffres mais p. ex. en terrains de football, très vaste, impossible à estimer, petit et délimitable Observations (p. ex. profondes marques de passage du bétail / érosion, moutons en zones sans végétation comme éboulis, moraines, dans la forêt, alpages non utilisés avec clôture électrique ou filet de pacage)
Bien-être des animaux Y a-t-il des abris? Si oui, combien et quelle surface au sol dans chaque cas (estimation)? Y a-t-il des prés avec des clôtures fixes, des parcs pour la nuit ou des bergeries (et librement accessibles, utilisés)? Y a-t-il des abris naturels sur le pâturage? (p. ex. sapins accueillants, grottes…). Si oui, veuillez les décrire. Des abreuvoirs sont-ils montés? Ou y a-t-il – si visible (carte) – un apport naturel d’eau (ruisseaux, lacs, mares)? L’eau est-elle aisément accessible, sans danger, pour les moutons? Observe-t-on de très jeunes agneaux?
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Observe-t-on des moutons fraîchement tondus? (si oui, conditions météorologiques?) Observe-t-on des animaux sauvages à proximité des moutons – éventuellement même sur l’alpage? (cerfs, chamois, bouquetins, marmottes) Observe-t-on des moutons blessés? (avec de grandes blessures, ouvertes, ou fraîchement cicatrisées) Observe-t-on des moutons qui boitent?
Les animaux qui boitent ménagent nettement une patte, se nourrissent sur les articulations des tarses («genoux») ou «ne bougent plus» – c.-à-d. ne se lèvent pas quand on les approche et ne suivent pas (ne peuvent pas suivre) le troupeau.
Observe-t-on d’autres faits marquants du point de vue de la santé des animaux?
P. ex. état général nettement réduit (immobilité), problèmes d’équilibre / titubation, yeux enflammés ou brillants ou collés, moutons qui toussent, avec anus ou pattes arrière souillés par des déjections, onglons excessivement longs, endroits sans poils ou escarres, problèmes d’ingestion du fourrage / salivation excessive, éventuelles découvertes de jeunes morts-nés
Autres observations (p. ex. moutons morts, restes de cadavres de moutons, nombreux corneilles / corbeaux visibles à proximité du troupeau, gypaètes barbus ou aigles survolant le troupeau, conditions météorologiques)?
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Annexe 2
Bibliographie/Liste des sources • Bündner Bauer (06.06.2014): Merkblatt – Bär und Nutztiere. Ed. Landwirtschaftliches Bildungs- und Beratungszentrum Plantahof, Igis. • Bündner Bauer (06.06.2014): Merkblatt Herdenschutz. Ed. Landwirtschaftliches Bildungsund Beratungszentrum Plantahof, Igis. • Gerke, D. (2014): Communication personnelle Groupe Loup Suisse GLS (en allemand). • Mettler, D. et al. (2014): Planification des alpages à moutons du Valais - Rapport final. Agridea, Lausanne. • Mettler, D. (2014): Clôtures électriques contre les prédateurs: une question d’évaluation des coûts et des risques. In: Forum Petits ruminants (10.04.2014). • Theus, T. (2014): Correspondance et entretiens personnels (en allemand). • Werder, C. (2012): Pertes de moutons durant l‘estivage. In: Publications AlpFutur, Birmensdorf. • Willisch, C. et al. (2013): Entwicklung und Effizienz des Herdenschutzes in den Nordwestlichen Voralpen 2009-2013. Faunalpin GmbH, Berne.
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