RAPPORT-PSA PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
STS
Expositions d’animaux et de bétail 2018
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EXPOSITIONS D’ANIMAUX ET DE BÉTAIL 2018
Table de matière Introduction Synthèse Partie I: Expositions animales Exposition suisse des petits animaux Fribourg Exposition féline internationale Wettingen LUGA Lucerne BEA Berne Exposition canine internationale d’Aarau Exposition féline internationale Lausen Bourse aux reptiles de Villeneuve Comptoir Suisse Lausanne Olma St-Gall Bourse aux reptiles, Lausen Exposition canine internationale Genève Bourse de poissons d’ornement, de coraux et de plantes aquatiques Partie II: Expositions de bétail Swiss Expo, Lausanne Tier & Technik, Saint-Gall Expo Bulle
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Editeur Protection Suisse des Animaux PSA, Dornacherstrasse 101, Case postale, 4018 Bâle tél. 061 365 99 99, fax 061 365 99 90, CCP 40-33680-3 psa@protection-animaux.com, www.protection-animaux.com Auteurs Julika Fitzi-Rathgen, Dr méd. vét., MLaw Samuel Furrer, Dr sc. nat. Caroline Lüthi, méd. vét. Sharon Merki, étudiante en master Martin Murer, méd. vét. Isabelle Neuffer, Dr sc. agr. Arlette Niederer, Dr phil. zoologue Alice Raselli, dipl. ing. agr. EPH Sandra Schaefler, dipl. zoologue Martina Schybli, Dr méd. vét. Anne-Kathrin Witschi, Dr dipl. ing. agr. EPH
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Clichés: © Protection Suisse des Animaux PSA (sauf autre mention) Photo de couverture: Une image familière aux expositions félines – le chat nu, exemple typique d’élevage extrême, n’a pas de poils, sa peau est trop plissée, il n’a pas de moustaches et ses oreilles sont surdimensionnées. Son apparence implique toute une série de problèmes: absence de protection du pelage contre les conditions météorologiques en cas d’humidité, de soleil et de froid; absence de sens du toucher pour se protéger, s’orienter et s’alimenter dans l’obscurité; soins cutanés difficiles des plis pour prévenir les démangeaisons et les dermatites; dermatites et problèmes cutanés souvent chroniques ou récurrents.
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Introduction Chaque année, les expositions régionales, nationales et internationales attirent des centaines de milliers de visiteurs en Suisse. Elles présentent à un public intéressé un large éventail d’animaux de compagnie, indigènes et exotiques, et d’animaux de rente. La majeure partie d’entre elles durent de un à trois jours, tandis que des expositions ouvertes au grand public comme la LUGA, la BEA, l’OLMA et le Comptoir Suisse durent onze jours. En 2018 également, la Protection Suisse des Animaux PSA et ses professionnels ont eu la possibilité d’évaluer si les systèmes de stabulation, les conditions de détention et le traitement des animaux respectaient le bien-être des animaux. Depuis 2014, la PSA mène chaque année une enquête sur les expositions animales, celle de 2018 est donc la cinquième. Bon nombre de nos observations et critiques ont été bien accueillies par les détenteurs des animaux et les organisateurs qui ont fait le nécessaire pour améliorer le bien-être des animaux. C’est le cas notamment de formes de détention en groupe et en stabulation libre, bien conçues et respectueuses des animaux, pour des cochons, des vaches laitières et allaitantes ainsi que des chèvres et des moutons. Les petits animaux tels que les lapins, les cochons d’Inde et les oiseaux d’ornement peuvent aussi être souvent observés et admirés dans de très bonnes conditions de détention. En revanche, la résistance à la critique des éleveurs extrêmes présents aux expositions de bétail, mais aussi lors des expositions canines et félines, s’avère décevante. Néanmoins, dans le cas de ces dernières, les attaques et les menaces envers les experts de la PSA n’ont plus cours, ce qui facilite nettement la coopération pour tous les intervenants. Nous présentons de manière totalement transparente nos observations et évaluations dans des rapports largement illustrés. Leur objectif est aussi notamment de montrer aux visiteurs ce qui fait la différence entre de bonnes et de mauvaises conditions de détention, respectueuses des animaux ou inadéquates. Car malheureusement, il y a aussi des responsables d’exposition et des exposants qui ne voient pas l’intérêt de nos recommandations et qui font peu d’efforts, voire aucun, pour améliorer le bien-être des animaux durant les expositions. Nous devons, hélas, constater régulièrement des infractions aux dispositions de protection des animaux en vigueur. Il sera intéressant de voir en 2019 comment sera mise en œuvre l’ordonnance sur la protection des animaux devenue plus stricte en 2018 afin d’améliorer le bien-être des animaux dans le cadre de manifestations. De notre point de vue, les expositions animales resp. les exposants, les éleveurs et les détenteurs d’animaux assument une grande responsabilité quant à la manière dont ils présentent, détiennent et traitent «leurs» animaux en présence du public. Ce sont eux qui offrent la possibilité aux visiteurs (ou qui pourraient le faire) de voir à quoi ressemblent des conditions de détention exemplaires ainsi qu’une façon de traiter respectueusement et dignement les animaux qui leur sont confiés. Julika Fitzi-Rathgen, Dr méd. vét., MLaw Protection Suisse des Animaux PSA Responsable du projet Expositions animales
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Synthèse Expositions animales en 2018 En 2018, les professionnels de la Protection Suisse des Animaux PSA ont visité quinze expositions d’animaux nationales et internationales. Il s’agissait notamment de quatre foires grand public (LUGA, BEA, Comptoir Suisse, OLMA), trois expositions bovines (Swiss Expo Lausanne, Tier & Technik Saint-Gall, Expo Bulle), deux expositions canines et deux expositions félines ainsi qu’une grande exposition de petits animaux avec plus de 10 000 animaux à Fribourg, dont de nombreux oiseaux chanteurs, pigeons, oiseaux de basse-cour, lapins, cochons d’Inde et chèvres naines. L’évaluation a également porté sur deux bourses aux reptiles et une bourse de poissons d’ornement, de coraux et de plantes aquatiques. Améliorations de l’occupation, du retrait, de la protection des regards et de la conception des enclos Nos dernières enquêtes et recommandations ont permis d’apporter des améliorations dans certaines expositions animales et de documenter des systèmes de stabulation et des conditions de détention parfois exemplaires. Les visiteurs de la LUGA, de la BEA et de l’OLMA ont pu, par exemple, découvrir des conditions de détention en groupe exemplaires de moutons, porcs, chèvres, lapins, cochons d’Inde et oiseaux d’ornement. On a pu y observer occasionnellement des oiseaux en vol libre ainsi que des modes variés de détention en groupe de petits animaux, qui convenaient à ces espèces et proposaient des possibilités d’occupation et de retrait. Plusieurs volières et enclos étaient adaptés à leurs besoins et leur aménagement allait parfois bien plus loin que les dispositions minimales de l’ordonnance sur la protection des animaux. C’était, par exemple le cas de la volière des pigeons à la LUGA, de la halle de vol libre des oiseaux d’ornement et de la détention des porcs «en famille» à la BEA ainsi que de la détention des cochons d’Inde à l’OLMA. Nous avons jugés très positifs des enclos bien agencés, offrant diverses possibilités d’occupation et de retrait, ainsi que des barrières fonctionnelles pour protéger les enclos, les volières et les animaux exposés. Par exemple, les moutons ont eu plus de possibilités de retrait à l’OLMA, ce qui tenait en définitive aussi à une densité d’occupation moindre. Quant aux lapins, ils avaient à la LUGA d’excellentes possibilités de se mettre en retrait et de s’occuper dans leur enclos conçu avec créativité. Certains cas de détention où les animaux étaient mieux protégés des regards, plus éloignés des visiteurs et avaient plus possibilités de retrait que l’année précédente ont également fait une impression positive à la LUGA et à la BEA. À la BEA, des bacs à fleurs décoratifs et des barrières ont permis d’éviter que les spectateurs ne touchent une grande partie des vaches, tandis que des grillages et des clôtures en bois tenaient les visiteurs à distance des vaches allaitantes et des cochons d’Inde. Au Comptoir Suisse, la halle réservée aux petits animaux présentait d’importantes améliorations. Ici, la devise était clairement: «la qualité prime sur la quantité». Dans des enclos la plupart du temps bien agencés pour répondre à leurs besoins, le nombre d’animaux exposés était moindre. C’était notamment le cas de la détention en groupe des lapins.
Détention en groupe exemplaire de porcs et de chèvres À la BEA, la détention familiale des porcs en groupe, bien adaptée aux besoins des animaux avec une souille à disposition, a été jugée exemplaire comme les deux années précédentes. Il est tout à fait clair pour la PSA que les porcs ne bénéficient probablement que dans quelques endroits d’aussi belles conditions de détention. Mais nous attachons une grande importance à ce que les organisateurs et les exposants montrent de tels «exemples emblématiques» au public intéressé pour l’informer et le sensibiliser. En ce sens, l’OLMA a également présenté un enclos de chèvres exemplaire et bien agencé avec des zones de retrait, de repos et pour grimper qui étaient volontiers utilisées par les animaux. La caisse remplie de foin pour les occuper était le clou de cet enclos.
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Légères améliorations aussi dans les box de mise bas À la BEA comme à l’OLMA, des améliorations mineures ont également été apportées aux enclos de mise bas qui n’étaient plus accessibles aux spectateurs que sur deux côtés. À la BEA, toutefois, la truie et les porcelets manquaient d’espace et de possibilités de retrait, tandis que l’OLMA avait mieux résolu ce problème avec un enclos plus spacieux et des possibilités de se mettre à l’écart que les animaux ont largement utilisées.
Manque d’espace, d’aménagement, de possibilités de retrait et d’occupation, de sorties à l’extérieur et ennui chez les chevaux Bien que toutes les expositions d’animaux visitées ait présenté quelques «points forts» en matière de détention animale et se soit efforcée majoritairement et manifestement d’améliorer le bien-être des animaux, il reste malheureusement toujours des motifs de critiques. C’est le cas notamment des enclos peu adaptés aux animaux et à leurs besoins, du traitement qui leur est réservé ainsi que du respect des dispositions de protection des animaux. Nous avons constaté un manque de possibilités de retrait et d’occupation des animaux dans certaines expositions. En plus de l’espace limité et du manque de possibilités de s’isoler pour la truie et ses porcelets à la BEA, la détention à l’extérieur des lapins présentait aussi des défauts. Certes, leur enclos était spacieux mais il manquait d’éléments d’agencement permettant aux animaux de s’occuper et de se protéger des regards. En ce qui concerne la détention des chevaux, nous pensons qu’il reste encore une belle marge de progression dans le cadre des expositions, à commencer par la détention très peu conforme aux besoins de l’espèce qui les oblige à rester debout pendant des jours dans leurs box ou enclos visibles de plusieurs côtés, sans compter des problèmes de distance par rapport aux visiteurs, à d’autres chevaux ou animaux comme c’était le cas à l’OLMA. Les chevaux, tout particulièrement, manquaient souvent de possibilités de s’isoler resp. de se protéger des regards, de sorties quotidiennes en plein air et d’occupation. Certes, les box disposent généralement d’une bonne quantité de litière et les animaux sont tous bien soignés. Mais malgré tout, ils manquent souvent de contacts sociaux et, surtout, d’exercice physique suffisant, comme aussi à la LUGA. Certains chevaux avaient au moins le droit de s’occuper avec des jouets en foin ou des balles de nourriture et de jeu (Comptoir Suisse) ou avaient des activités sur le terrain de l’exposition et des contacts sociaux (BEA et OLMA). Mais certains d’entre eux avaient aussi trop peu d’espace, comme c’était le cas de deux poneys Shetland, ou devaient se divertir tout seuls, sans «copains», comme une chèvre Boer (deux exemples au Comptoir Suisse).
Il reste encore beaucoup à faire dans les mini-zoos On était souvent très «à l’étroit» dans les mini-zoos. Certes, les critiques des années précédentes sur ce point avaient été bien accueillies et des améliorations, apportées (plus de possibilités de retrait, zone d’accès réglementée, pauses de midi / temps morts, présence de personnel qualifié, etc.). Néanmoins, les mini-zoos sont souvent conçus de telle manière que les animaux ne parviennent pas échapper aux enfants et aux caresses, doivent se satisfaire d’aménagements d’enclos réduits et de peu de «temps morts». La LUGA et la BEA ont présenté cette année des espaces de retrait et de repos respectueux des animaux dans les mini-zoos, mais il manquait dans l’espace dévolu aux porcelets de la BEA un système de régulation et de surveillance. L’espace de retrait n’y était pas suffisamment respecté, les porcelets très proches les uns des autres étaient particulièrement assaillis par les enfants.
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Besoin d’amélioration de la détention des reptiles, des petits animaux et de la volaille La PSA a jugé très critique et, dans certains cas, non conforme à la loi la détention des canards, oies, poules, poussins, cailles, cochons d’Inde et reptiles dans certaines expositions (y compris celles durant plusieurs jours). Même si l’on n’avait pratiquement plus à déplorer la présence de cages trop petites et la détention individuelle fréquente d’espèces animales sociables, à quelques exceptions près, il restait toutefois encore quelques exemples d’aménagements de cage ou d’enclos trop pauvres et rudimentaires, et de nombreux endroits étaient dépourvus de possibilités d’occupation, de retrait et de protection des regards. Il reste un fort potentiel précisément pour améliorer la détention de petits animaux et de volaille. L’attention portée au comportement spécifique de certains animaux était parfois insuffisante: les oiseaux, les volailles et les petits animaux de compagnie sont souvent farouches, craintifs et sensibles au bruit, même s’ils sont habitués à la compagnie de l’homme. La situation rencontrée lors des expositions où ils sont regardés, observés, bousculés et parfois aussi touchés par des centaines de visiteurs est probablement très pénible pour ces animaux de fuite. S’ils n’ont quasiment pas non plus la possibilité de se protéger et de se retirer, ils en souffrent encore plus. Par conséquent, la PSA accueille favorablement les mesures prises par certains organisateurs pour maintenir une distance entre les visiteurs et les animaux exposés (p. ex. sous forme de barrières, possibilités de retrait, protection des regards). Le retard à rattraper concernant les critiques mentionnées est très important dans les bourses aux reptiles où les conditions d’exposition n’étaient pas appropriées pour de nombreux animaux. Les conteneurs étaient fréquemment trop petits et à peine aménagés. Il manquait souvent de substrats appropriés, d’agencement ou d’éléments d’agencement répondant aux besoins des animaux, de possibilités de retrait ainsi que d’écrans pour se protéger des regards. De plus, les animaux détenus dans des conteneurs en plastique ne bénéficiaient souvent pas d’un climat optimal.
Mise en avant idéale et absence de restrictions pour les éleveurs extrêmes
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Des améliorations concernant la fréquence de toilettage excessif ont pu être constatées lors des expositions canines et félines. À part cela, les visiteurs ont eu peu ou prou le même tableau qu’au cours des années précédentes: des animaux fatigués d’être tiraillés et étranglés par leur laisse et leur collier, parfois un manque de place et de nombreux chiens et chats handicapés par des caractéristiques d’élevage extrêmes (animaux à la tête extrêmement courte, très plissés, sans queue ou courte et des espèces sans poils, etc.). En particulier en ce qui concerne les élevages extrêmes, la PSA estime qu’il reste encore beaucoup à améliorer et que, précisément dans ce domaine, l’ordonnance sur la protection des animaux dans le cadre de l’élevage (en vigueur depuis 2014) est encore loin d’être rigoureusement appliquée. À l’avenir, les juges, les organisateurs et les vétérinaires officiels devront être encore plus attentifs et plus sévères. Les trois expositions bovines visitées (Swiss Expo Lausanne, Tier & Technik Saint-Gall, Expo Bulle) ont permis de faire à plusieurs reprises le constat navrant, notamment en Romandie, que pendant le concours, les éleveurs et les exposants essayaient de prendre avantage sur leurs concurrents au détriment de leurs braves animaux. Plus les pis étaient gros et pleins, plus la victoire était assurée, ce qui a été confirmé par les prix décernés. Les intervalles de traite habituellement de 12 heures n’ont quasiment jamais été respectés. Presque toutes les vaches avaient les trayons collés pour stopper l’écoulement du lait et ont dû se présenter très fortement gênées dans l’arène avec des pis enflés, durs, pleins à craquer. C’est pourquoi la plupart d’entre elles n’arrivaient pratiquement pas à marcher normalement et l’application excessive de laque, gel, spray et poudre, ainsi que le rasage complet des poils tactiles du museau et des sourcils, ont encore handicapé un peu plus les animaux. Du point de vue de la protection des animaux, les procédures présentées ne se contentaient pas d’enfreindre à maints égards les dispositions légales et les règlements, mais étaient
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la plus haute expression d’un élevage orienté vers le profit, sans égard pour le bien-être et la santé des animaux.
Ne pas nuire non plus au bien-être animal durant les présentations La PSA a aussi remarqué cette année, lors de quelques expositions, des façons parfois brutales et cruelles de traiter les animaux exposés et présentés. Nous invitons donc à veiller lors des présentations à ce que tous les animaux soient présentés correctement et avec la patience nécessaire. Un public nombreux et en partie moins averti assiste régulièrement aux présentations qui, dans leur diversité, ne doivent pas conduire à reprendre sans critique de mauvais exemples. Il faut impérativement éviter toute dérive cruelle pour les animaux – non seulement pour des raisons de légalité, mais aussi à cause de la responsabilité vis-à-vis de l’animal confié et du caractère d’exemple qu’impliquent toujours les présentations d’animaux devant un public.
Notre bilan Il est très appréciable et motivant de voir que de nombreux organisateurs et exposants prennent nos critiques à cœur et apportent des améliorations. Nous voyons souvent des animaux à l’aise, détendus, occupés et capables d’interagir avec des congénères ou également des visiteurs. Les expositions ne sont donc pas uniquement stressantes et fatigantes pour les animaux, mais représentent aussi un divertissement et un enrichissement. Les expositions d’animaux occupent une place importante dans notre société: elles constituent un lieu de rencontre indispensable pour les amis des animaux, les professionnels, les éleveurs et les personnes intéressées. Mais elles assurent également d’importantes tâches pédagogiques et forment les visiteurs en matière de détention et de traitement respectueux des animaux. Voilà pourquoi la Protection des animaux insiste tant sur la bonne mise en œuvre systématique de l’ordonnance sur la protection des animaux et demande aux expositions d’animaux de présenter au public les meilleurs exemples de détention d’animaux et en groupe ainsi qu’un traitement respectueux. Nos suggestions concrètes d’amélioration et nos demandes figurent dans le bilan de chaque rapport d’exposition.
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EXPOSITION SUISSE DE PETITS ANIMAUX FRIBOURG
Exposition suisse des petits animaux Fribourg Du 5 au 7 janvier 2018, visité le 7 janvier 2018
Coq de la race Vorwerk dans une cage d’exposition.
I. Généralités Informations générales sur l’exposition
L’exposition suisse des petits animaux s’est déroulée au Forum Fribourg à Granges-Pacot. Selon les indications fournies par l’organisateur (Fédération fribourgeoise des éleveurs des petits animaux), plus de 10 000 animaux étaient présents à l’exposition, dont des lapins, pigeons, volailles, oiseaux d’ornement, cochons d’Inde et chèvres naines. La plupart des animaux a été jugée avant l’ouverture de l’exposition au public. Par conséquent, la PSA n’a pas pu évaluer la manipulation et la présentation des animaux pour le jugement. Certains animaux étaient en vente. Le jour de la visite, la température ambiante dans la halle d’exposition était d’environ 21° C, il n’y avait pas de courants d’air. Le niveau sonore était d’environ 70 db, ce que la PSA considère sans danger, d’autant plus que les organisateurs n’ont pas diffusé de musique forte ou d’annonces. Des présentations kaninhop ont eu lieu durant les trois jours. L’association de Couture sur peaux Suisse était présente avec un stand et proposait un atelier.
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Plus de 10 000 petits animaux ont participé à l’exposition suisse des petits animaux.
Informations sur la détention des animaux
La plupart des animaux, en particulier les pigeons, poules et pintades, dindes, oiseaux d’ornement, cochons d’Inde et lapins, étaient détenus seuls dans des cages d’exposition standardisées. Cellesci étaient disposées côte à côte en longues rangées et en partie superposées. L’espace était extrêmement restreint, l’aménagement se limitait à l’essentiel (nourriture, eau, litière). Par conséquent, les dimensions minimales de l’enclos et/ou l’aménagement de ces cages d’exposition standard ne répondaient souvent pas aux exigences de l’Ordonnance sur la protection des animaux (OPAn). Il manquait aussi, la plupart du temps, de possibilités de retrait bénéfiques pour les animaux. Une petite partie des animaux était détenue soit individuellement, soit en groupe, dans d’autres types d’enclos. Les dimensions et les formes de ces enclos étaient très variées: les espaces disponibles étaient parfois modestes, n’excédant que légèrement le minimum exigé par la loi. D’autres, en revanche, avaient des surfaces et des hauteurs acceptables, parfois tout à fait honorables. L’aménagement variait aussi du tout au rien, certains enclos disposaient de toutes les ressources nécessaires, tandis que d’autres n’avaient que très peu d’éléments. Dans l’ensemble, la PSA a estimé que l’hygiène était généralement bonne dans les enclos (sauf parfois chez les volailles aquatiques). En dehors des oiseaux d’ornement et de quelques enclos d’exposition, les enclos n’étaient pas munis de barrières. La plupart du temps, les enclos pouvaient être vus par les visiteurs sur un ou deux côtés, certaines cages même de tous les côtés.
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La grande majorité des lapins étaient logés individuellement dans des cages d’exposition standard. La plupart de ces cages ne répondaient pas aux dimensions minimales de l’Ordonnance sur la protection des animaux. Il n’y avait pas de barrières.
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Une petite partie des lapins étaient logés individuellement ou en groupes dans des enclos plus grands. La PSA a estimé que, selon le cas, l’espace disponible était modeste à exemplaire. L’aménagement des enclos différait de l’un à l’autre. L’enclos sur la photo abritait une lapine avec ses petits. La taille de l’enclos était conforme à la loi, mais n’avait rien d’exemplaire. L’enclos était notamment accessible au public de tous les côtés, ce qui est critiquable.
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Les poules, les dindes et les pintades se trouvaient aussi essentiellement dans de petites cages d’exposition standard faites de grillage et sans aménagement. Les cages répondaient, certes, aux dimensions minimales requises par l’OPAn, mais la PSA a estimé que l’espace disponible était réduit au minimum. Les dispositions relatives à l’aménagement des enclos n’étaient pas respectées, il manquait des perchoirs et des nids pour les poules.
En plus des cages grillagées, il y avait quatre autres types d’enclos. La PSA a jugé que les dimensions de deux de ces cages étaient modestes (photo de gauche) et deux autres satisfaisantes (photo de droite). Signalons comme points positifs dans les deux enclos photographiés la détention en groupe, les perchoirs et les possibilités de retrait. Il faudrait toutefois améliorer les possibilités de nicher.
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Aménagement rare dans les cages des cailles: la maisonnette ouverte sur le dessus servait uniquement à stocker le sable pour les oiseaux, mais ne présentait aucun intérêt pour se retirer. La seule possibilité restreinte de se protéger des regards était derrière la maisonnette.
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Les faisans étaient logés dans deux types différents de volières. Il n’y a pas d’exigences minimales explicites concernant les conditions de détention des faisans. Les enclos étaient, de l’avis de la PSA, acceptables à satisfaisants (photo), tout particulièrement en matière de possibilité de retrait et de perchoirs.
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Les volières des canards ne comportaient aucun aménagement en dehors d’une petite baignoire qui ne leur permettait pas de nager.
Les cages d’exposition pour les pigeons ne répondaient pas aux dispositions de détention de l’OPAn. L’espace était réduit au minimum, sans aucun aménagement ni possibilité de retrait.
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Ces volières offraient nettement plus d’espace, sans pour autant se conformer tout à fait aux dispositions de l’OPAn. Signalons comme points positifs: la détention en groupe, le substrat au sol varié et les perchoirs.
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Les alignements des cages d’oiseaux d’ornement étaient monotones et leur aménagement, pauvre, il y avait néanmoins une barrière.
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Par rapport à d’autres oiseaux, ces grands éclectus avaient beaucoup plus d’espace à leur disposition. On peut aussi saluer la protection partielle des regards par des branches de sapin (même si leur impact sous cette forme est limité et qu’elles devraient être plus abondantes). Il est dommage que l’aménagement de l’enclos ne soit pas plus varié, car il y avait la place de le faire.
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Informations sur le comportement des animaux pendant l’exposition
Vu l’absence de barrières presque partout, les visiteurs pouvaient approcher les cages sans en être empêchés. Là où il y avait des barrières, les visiteurs n’en tenaient souvent pas compte – et la PSA n’a pu constater nulle part de rappel à l’ordre des visiteurs qui se conduisaient mal. Comme il manquait généralement aussi, dans les enclos, de possibilités de retrait et que la majorité des cages était étroite, les animaux n’avaient aucune possibilité d’échapper aux regards des visiteurs ou, du moins, de se ménager une distance physique. Cette situation a provoqué chez certains individus du stress qui s’est manifesté, entre autres, par une augmentation de la fréquence respiratoire, une respiration par le bec, des tremblements des ailes ou des tentatives de se cacher. Certains queues-de-paon restaient immobiles, la tête dans un coin de la cage, faisant la roue de leurs plumes rectrices pour se protéger des regards. Plusieurs animaux ont également adopté des comportements stéréotypés ou proches de la stéréotypie, par exemple, en courant d’un côté de la cage à l’autre, en s’attaquant de manière excessive au grillage, en sautillant toujours au même endroit contre le mur ou en effectuant des vols répétitifs. Les stéréotypies sont des troubles du comportement et indiquent des conditions de détention insatisfaisantes et des formes de stress.
II. Points positifs pour la protection animale relevés durant l’exposition • Le volume sonore dans la halle était agréable. La PSA n’a pas constaté de diffusion d’annonces bruyantes durant sa présence et la restauration était située en dehors de la salle où se trouvaient les animaux. • Les enclos des lapins, cochons d’Inde et volailles disposaient d’une bonne quantité de litière. • Les conditions d’hygiène étaient généralement bonnes. • Les enclos disposés en croix des lapins et des poules, les enclos d’exposition des cochons d’Inde, les volières des faisans disposées en cercle ainsi qu’un certain nombre de volières d’oiseaux d’ornement qui abritaient des psittaciformes constituaient des conditions d’exposition généralement satisfaisantes. Pour proposer des conditions de détention vraiment adaptées aux besoins des animaux, on pourrait faire encore plus d’efforts pour l’aménagement des enclos ou leur offrir plus d’espace. • Certains enclos spacieux avec un aménagement diversifié montraient aux visiteurs à quoi peuvent ressembler des conditions de détention respectueuses des animaux. L’enclos des chèvres naines, l’enclos extérieur pour les oiseaux aquatiques et les conditions de détention dans la halle de vol libre ont semblé particulièrement louables à la PSA: ils étaient spacieux et leur aménagement, diversifié et adapté aux besoins. • La PSA a estimé généralement positif le placement de barrières devant les cages des oiseaux d’ornement et de quelques enclos d’exposition. Cependant, il est dommage que les franchissements des barrières par des visiteurs n’aient pas fait l’objet d’un rappel à l’ordre. • Les produits en peau exposés par le groupe de Couture sur peaux Fribourg étaient clairement renseignés.
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La volière permettant le vol libre a donné l’occasion aux perroquets et aux canaris qui s’y trouvaient d’avoir des contacts sociaux, des possibilités d’occupation et de profiter d’un bel espace de vol. Les enclos pour les poules étaient satisfaisants.
Enclos des lapins dans la halle de vol libre. Cette forme de détention répondait aux besoins des animaux et peut donc être qualifiée de louable.
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Cette volière de 4 x 2 x 2 m, qui abritait diverses espèces de perroquets, était très spacieuse. On peut également saluer les nombreux perchoirs en branches naturelles. Avec une possibilité de baignade, la volière aurait été encore mieux.
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Ces pigeons détenus en groupe ont eu la possibilité de voler dans cet espace spacieux. Seuls les nids manquaient.
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Cet enclos spacieux était aussi satisfaisant, permettant une détention en groupe et des possibilités de retrait. Toutefois, des équipements supplémentaires (matériel à ronger, possibilités supplémentaires de retrait ou plateformes en hauteur) n’auraient pas eu de mal à trouver de la place dans ce grand enclos.
Les enclos d’exposition des cochons d’Inde étaient dans l’ensemble satisfaisants. Les animaux y étaient détenus en groupes et tous les enclos disposaient de possibilités de retrait (même s’ils n’étaient pas toujours aussi nombreux que sur la photo).
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L’enclos spacieux des chèvres naines leur proposait, en dehors de zones de repos …
… aussi des possibilités pour grimper, ressources qu’elles ont largement utilisées.
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Produits en fourrure bien renseignés du groupe de Couture sur peaux.
III. Améliorations par rapport à la dernière visite d’une exposition par la PSA Étant donné que des expositions de cette envergure n’ont pas lieu régulièrement (la dernière était en 2005), il n’est pas possible de faire une présentation comparative. Les animaux qui étaient déjà passés devant le jury étaient généralement logés dans des cages d’exposition standard. Elles étaient en grande partie similaires à celles d’autres expositions nationales de lapins, d’oiseaux d’ornement et de pigeons primées visitées par la PSA. Contrairement à l’exposition SWISS BIRD (visitée la dernière fois à Zofingen en 2015), cette exposition générale a toutefois renoncé à l’usage de très petites cages du type COM 1 (38 x 18 x 31 cm). Qui plus est, les locaux mis à disposition pour cet événement exceptionnel étaient plus grands, ce qui permettait d’exposer plus d’enclos respectueux des animaux.
IV. Points négatifs à améliorer selon la PSA • La majorité des lapins, cochons d’Inde, oiseaux d’ornement, poules, pintades, dindes et pigeons était détenue individuellement, c’était aussi le cas d’une bernache à cou roux et d’un poussin. • De nombreuses cages de lapins, de cochons d’Inde, d’oiseaux d’ornement et de pigeons n’atteignaient même pas les dimensions minimales fixées par l’OPAn. • Les dispositions concernant l’aménagement des enclos n’étaient pas non plus respectées pour la majeure partie des cages de cochons d’Inde, d’oiseaux d’ornement, de poules et de pigeons. L’aménagement des cages d’exposition standard était réduit au minimum et ne disposait que du strict nécessaire. Il manquait par exemple: -- des possibilités de retrait pour les cochons d’Inde -- des perchoirs pour les poules et des nids pour les pondeuses -- des perchoirs flexibles, orientés dans des directions différentes et des possibilités de bain pour les oiseaux d’ornement
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-- des branches naturelles pour les psittaciformes -- de la litière pour les cailles -- des perchoirs surélevés pour les pigeons et des nids pour les pigeonnes pondeuses. On ne voyait pas non plus de matériel à ronger pour les lapins et les cochons d’Inde dans la plupart des enclos. Toutefois, il est difficile de dire s’il n’y en avait vraiment pas ou s’il était enfoui dans l’épaisse couche de litière. • Le dimanche matin, la PSA a remarqué de nombreux bols d’eau vides chez les lapins. Les animaux avaient manifestement soif, car ils se sont mis à boire dès que les bols ont été remplis l’après-midi. La PSA critique cette surveillance insuffisante – car des animaux exposés doivent toujours avoir accès à l’eau de boisson. • La majorité des poules, pintades, oies, canards, pigeons et cochons d’Inde ainsi que certains oiseaux d’ornement ne disposait pas de possibilités de retrait et était totalement exposée. La situation était légèrement meilleure dans les cages d’exposition des lapins et des cailles ainsi que pour une partie des oiseaux d’ornement qui bénéficiaient, au moins partiellement, d’une protection des regards. Toutefois, la PSA estime qu’elle aurait pu être plus importante, car elle n’était pas suffisante pour permettre aux animaux de se soustraire au regard des visiteurs. • Les barrières devant les cages étaient la plupart du temps absentes (sauf pour les oiseaux d’ornement, certains enclos d’exposition), ce dont les visiteurs ont profité. Là où il y avait des barrières, elles n’étaient pas toujours respectées. La PSA a régulièrement observé comment des visiteurs s’approchaient des cages, photographiaient collés au grillage ou même écartaient les feuilles d’évaluation des oiseaux (qui auraient pu les protéger quelque peu des regards) pour pouvoir mieux les voir. En dépit de la présence de personnel de surveillance, celui-ci n’est pas intervenu lorsque la PSA était sur place. • De nombreux animaux présentaient des signes de stress: -- Respiration par le bec: par ex. poule naine barbue, poule Rhode-Island, canari frisé du Nord -- Rongement excessif du grillage: différentes perruches ondulées -- Enchaînements de mouvements stéréotypés: par ex. lapins, sizerin flammé, lamprotornis, bulbul à oreillons blancs, panure à moustache, bernache à cou roux détenue seule, pintade, poule de Padoue • Diverses variétés d’élevage extrême, très gênées du point de vue de la PSA, étaient également exposées. C’était notamment le cas des: -- perruches ondulées, canaris et poules huppés dont la vue était gênée par la huppe -- canards huppés. Des études ont montré que les canards huppés présentent des défauts du crâne qui peuvent induire des troubles neurologiques. -- poules et pigeons aux pattes très emplumées dont le plumage entrave la locomotion et le grattage du sol -- lapin angora à la fourrure abondante, susceptible de donner trop chaud lorsque la température ambiante est élevée et de limiter le champ de vision au niveau de la tête • Cette exposition présentait un large éventail d’espèces d’oiseaux sauvages indigènes, parmi lesquelles plusieurs passériformes (par ex. sizerins flammés et linottes mélodieuses, bruants jaunes, moineaux domestiques) et des anatidés (par ex. fuligules morillons, sarcelle d’hiver, harles piettes), certains oiseaux étaient également en vente. Il y avait aussi des hybrides de canaris et d’oiseaux sauvages indigènes. L’exposition d’oiseaux sauvages est, quelles que soient les conditions de détention, très stressante pour ces animaux qui, comparativement aux espèces domestiquées, ont un comportement plus porté à la fuite et sont encore moins capables de faire face à des conditions de détention restrictives en captivité. Les passériformes et les harles indigènes sont de surcroît protégés et leur détention est soumise à autorisation. Il n’en était pas fait mention, ce que la PSA critique. • Les animaux n’étaient malheureusement pas toujours manipulés avec soin. Le dimanche après-midi, certains lapins ont été sortis de leurs cages, parfois sans grand ménagement, pour les montrer et les faire caresser. Les rectrices d’un queue-de-paon (primé avec la note la plus élevée) avaient été scotchées.
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La détention individuelle dans de petites cages d’exposition standard était monnaie courante chez les lapins. Les cages étaient néanmoins recouvertes d’un côté par une plaque métallique qui permettait d’obscurcir quelque peu l’enclos et d’offrir une possibilité de retrait. De nombreux lapins se tenaient dans cette partie de la cage. Mais, pour les grandes races en particulier, cet espace n’était pas suffisant pour se retirer.
La majorité des cochons d’Inde était également détenue seuls dans de petites cages dont les dimensions ne répondaient pas aux exigences minimales de l’OPAn. À une exception près, les animaux n’avaient pas de maisonnette pour se mettre à l’abri.
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La plupart des cages des poules disposaient à peine d’un aménagement. Les animaux n’avaient ni possibilités de retrait ni nids à leur disposition – alors qu’ils seraient importants pour pouvoir pondre tranquillement. Il manquait aussi de perchoirs surélevés.
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Il y avait deux cages vitrées avec des poussins dans l’exposition. Elles avaient les dimensions minimales requises par l’OPAn, mais manquaient de possibilités de retrait. L’exposition d’un poussin tout seul dans l’une des cages (photo) est également critiquable.
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Pour compenser l’absence de possibilités de retrait, les queues-de-paon se sont cachés derrière les plumes de leur queue en forme de roue.
La détention individuelle dans des cages d’exposition standard prédominait également chez les oiseaux d’ornement. L’espace était restreint, il manquait des perchoirs souples, des branches pour se faire le bec et des possibilités de baignade. Alors que les petits oiseaux pouvaient se cacher, au moins en partie, derrière la feuille d’évaluation, les plus grandes espèces telles que ces perruches à collier jaune de Bauer ne le pouvaient pas.
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En l’absence de possibilités de retrait fonctionnelles, certains perroquets comme cette cornure des rochers Sandia se cachaient sous le carton du plancher.
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Pas tout à fait le but recherché: barrières ignorées et appareil photo posé sur la cage. Un tel comportement est ressenti comme une menace par l’oiseau et très stressant.
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Là aussi, les visiteurs ont ignoré la séparation symbolique.
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De nombreuses cages n’avaient pas de barrières et l’appareil photo posé sur la cage n’a pas fait l’objet d’un rappel à l’ordre.
La respiration par le bec peut être un symptôme de stress chez les oiseaux.
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Huppe surdimensionnée qui limite le champ de vision d’une poule de Padoue.
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Pattes trop emplumées d’un pigeon tambour allemand à simple visière.
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Les lapins angoras sont sensible à la chaleur à cause de leur fourrure fournie et nécessitent un toilettage régulier pour éviter que les poils ne s’emmêlent et ne se salissent.
Les plumes rectrices de ce queue-de-paon ont été scotchées. La PSA n’arrive pas à comprendre qu’on tolère un tel comportement – au contraire, cet animal a été primé avec la meilleure note.
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V. Conclusion L’Ordonnance sur la protection des animaux (OPAn) spécifie les exigences légales minimales pour la détention des animaux. Jusqu’à présent – et aussi au moment de l’exposition générale – les cantons pouvaient établir des dérogations à la demande des organisateurs et permettre ainsi de ne pas respecter les dimensions minimales. À partir du 1.3.2018, l’entrée en vigueur de l’OPAn révisée tolère le non-respect des dimensions minimales tant qu’elles restent mineures et que les expositions ne durent pas plus de quatre jours (art. 30 let. b OPAn). En revanche, les exigences de l’OPAn en termes d’aménagement des enclos doivent être respectées sans exception. La PSA poursuit depuis toujours une approche basée sur l’exemplarité: les exigences minimales de l’OPAn devraient toujours être respectées lors des expositions animales et, si possible, dépassées pour le bien-être des animaux, car il ne faut pas oublier qu’elles ne doivent absolument pas être assimilées à des conditions de détention respectueuses des animaux, mais qu’elles ne constituent que le strict minimum que le détenteur doit respecter pour ne pas être passible de poursuites. Des enclos d’exposition spacieux avec un aménagement diversifié sont particulièrement précieux pour les expositions. De cette façon, le public intéressé peut s’informer sur les conditions de détention respectueuses des animaux, mémoriser les exemples montrés et les reproduire à la maison. La PSA critique, par conséquent, les conditions de détention peu respectueuses des animaux dans les cages d’exposition qui enfreignent les dispositions de l’OPAn. La forte exposition des animaux au public est également déplorable. Même dans les expositions primées, il serait, du point de vue de la PSA, défendable, et même nécessaire, de veiller à ce que les animaux aient suffisamment de possibilités de retrait et de maintenir une distance entre les visiteurs et la cage. On peut, néanmoins, saluer que les organisateurs aient également présenté, aux côtés des cages d’exposition austères, des enclos plus grands et mieux aménagés, dont quelques enclos d’exposition aux dimensions et aux aménagements qui méritent compliment. La majorité des animaux se sont étonnamment bien accommodés des conditions d’exposition et se sont consacrés tranquillement à leur toilette, à manger, à se reposer ou à montrer d’autres comportements typiques de leurs espèces. Mais il y avait aussi un certain nombre d’individus fortement stressés qui ont eu beaucoup de mal à s’adapter. Ces animaux souffrent encore plus lorsqu’ils sont très exposés. La PSA critique ces situations et estime que les expositions ne se justifient que si elles n’impliquent pas de stress importants pour les animaux. Il ne faudrait donc exposer que des espèces et des individus qui vivent assez bien la situation d’exposition. Heureusement, l’OPAn révisée a trouvé la bonne approche en la matière: l’art. 30, al. 2, let. c de l’OPAn dispose que les animaux dépassés par la situation soient hébergés [en dehors de l’espace public] et pris en charge de manière appropriée. À partir du 1er mars, il y a donc une obligation légale pour les exposants de retirer les animaux stressés de l’exposition. Pour certaines des espèces présentées, comme les faisans, les canards et les oies, il n’existe pas de dispositions de détention. La PSA a jugé satisfaisantes les volières des faisans disposées en cercle et positivement l’enclos extérieur pour les canards sauvages. Les enclos pour les oies domestiques et les canards présentaient, en revanche, des conditions de détention médiocres. Du point de vue de la PSA, ils pourraient être plus spacieux et, surtout, disposer de plus grands bassins d’eau, car ces derniers étaient trop petits pour permettre aux oiseaux de se baigner. On a vu à cette exposition des animaux dont l’apparence naturelle avait été profondément modifiée ou qui présentaient des caractéristiques extrêmes, notamment concernant le plumage (par ex. des races de pigeon et de poules aux pattes très emplumées, des queues-de-paon, des canards, perruches, canaris et poules huppés), le poil (lapins angoras) et les organes des sens (lapins béliers anglais). La PSA est d’avis que ces caractéristiques surtypées entravent le comportement naturel de l’animal ou nuisent à sa santé. Certaines caractéristiques comme les huppes peuvent de surcroît s’accompagner de défauts physiques. La PSA est d’avis que ces animaux sont fortement gênés et ne devraient ni faire l’objet d’un élevage ni être exposés.
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Plusieurs anatidés et passériformes indigènes d’élevage ont été présentés à cette exposition générale. Selon l’art. 7 de la loi sur la chasse (LChP), tous les oiseaux indigènes sont considérés protégés (en dehors des espèces déclarées gibier chassable) et leur détention requiert, en vertu de l’art. 10 LChP, une autorisation cantonale. Toutefois, le public n’a pas été informé de l’obligation d’autorisation – bien que certains oiseaux eussent été en vente! Il convient également de noter que les conditions d’exposition constituent un stress important pour ces animaux qui, comparativement aux espèces domestiquées, ont un comportement plus porté à la fuite et sont encore moins capables de faire face à des conditions de détention restrictives en captivité. La PSA est donc critique quant à leur exposition.
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EXPOSITION FÉLINE INTERNATIONALE WETTINGEN
Exposition féline internationale Wettingen Du 3 au 4 mars 2018, visité le 3 mars 2018
Bilan
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En ce qui concernait la manipulation des chats et l’atmosphère calme, l’exposition des chats de Wettingen a renvoyé une image positive. Il était réjouissant de voir qu’une grande partie des chats n’était apparemment pas dérangée par l’exposition. Ceci permet de conclure que de nombreux éleveurs ont mûrement réfléchi au choix des animaux à exposer. L’aménagement lacunaire de nombreuses cages continue par ailleurs de poser problème, tout comme la présentation et la distinction des chats relevant des élevages extrêmes ou présentant des caractéristiques d’élevage extrême. La révision de l’Ordonnance sur la protection des animaux (OPAn) est entrée en vigueur le 1er mars 2018. En matière d’expositions animales, elle apporte quelques modifications visant à améliorer sensiblement la protection animale sur les expositions et qui doivent être impérativement respectées. L’art. 30b de l’OPAn indique que les dépassements minimes de la dimension minimale des enclos pour les manifestations de quatre jours au maximum sont tolérés. Par principe, il n’y a plus guère que les dépassements minimes qui sont autorisés exceptionnellement – l’hébergement des animaux sur les expositions ne doit pas différer pour l’essentiel de l’hébergement habituel à domicile. Pour l’hébergement permanent de chats (jusqu’à quatre animaux) l’OPAn prescrit des dimensions minimales de 7 m² de surface au sol et de 2 m de hauteur. Même les cages doubles sur l’exposition étaient nettement (et non pas légèrement) en dessous des dimensions minimum.
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LUGA LUCERNE
LUGA Lucerne Du 27 avril au 6 mai 2018, visité le 30 avril et le 3 mai 2018
Bilan L’Ordonnance sur la protection des animaux (OPAn) spécifie les exigences légales minimales pour la détention permanente des animaux. Depuis le 1er mars 2018, ces dispositions doivent également s’appliquer, sans exception, lors d’expositions de longue durée, dont fait partie la LUGA (alors que les expositions dont la durée n’excède pas quatre jours sont autorisées à avoir des dimensions minimales légèrement inférieures, tout en devant respecter les dispositions relatives à l’aménagement). La Protection Suisse des Animaux PSA a depuis toujours estimé que les expositions animales ont un rôle d’exemplarité. Chaque fois que possible, il faudrait aller au-delà des dimensions minimales requises par l’OPAn, tout en portant une attention particulière à l’aménagement des enclos en fonction des besoins. Il est particulièrement important d’avoir pour chaque animal suffisamment de possibilités d’occupation et de retrait. Cela ne bénéficie pas uniquement aux animaux, mais donne aussi des idées au public pour des formes de détention respectueuses des animaux et des besoins des espèces qu’il peut ensuite reproduire à la maison. Hormis quelques rares exceptions, les enclos et les présentations des animaux à la LUGA ont laissé dans l’ensemble une impression positive. Des améliorations avaient été apportées aux conditions de détention des petits animaux et des animaux de rente, ce dont la PSA se félicite. Dans l’ensemble, la majorité des enclos disposaient d’un espace acceptable à satisfaisant. Les aménagements répondaient aux besoins, les enclos des petits animaux méritaient particulièrement compliments à cet égard. Les mesures prises pour réduire l’exposition des animaux (écran, possibilités de cachettes et barrières) sont tout à fait louables – en dépit de deux exemples négatifs (vitrine d’exposition des poussins, nid des porcelets) où des barrières manquaient. Même si la situation autour du nid des porcelets a été rectifiée à la suite de la remarque de la PSA, elle avait
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LUGA LUCERNE
fait l’objet de critiques à plusieurs reprises, il devrait donc impérativement disposer d’une barrière, dès le début de la prochaine exposition. La vitrine des poussins, qui n’avait absolument rien d’exemplaire, a valu à la LUGA la principale critique. Reste encore à améliorer l’espace pour la détention des chevaux ainsi que des chèvres adultes. Il serait souhaitable pour ces dernières d’avoir plus d’espace pour grimper afin de permettre à tous les animaux de profiter des possibilités d’escalade et/ou des plateformes surélevées.
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BEA BERNE
BEA Berne Du 4 au 13 mai 2018, visité le 6 mai 2018
Convient aux animaux et aux espèces: la mère porcine avec des porcelets, des sangliers et un bassin.
Bilan La BEA est parvenue, dans une large mesure, à présenter les animaux tout près des visiteurs, sans jamais négliger de bien les protéger du public. Les mini-zoos permettaient aux animaux de se mettre en retrait, mais devraient encore faire l’objet d’une meilleure surveillance permanente. Il faudrait éviter de pouvoir caresser les animaux pendant qu’ils s’alimentent dans l’enclos sinon bien adapté des vaches allaitantes. Comme l’année précédente, les cochons ont disposé à la BEA d’un bel espace en libre parcours dans lequel les animaux n’ont manqué de rien. On y a aussi présenté cette année une truie avec ses porcelets que le public pouvait caresser. Dans leur box, les animaux n’avaient pas suffisamment de possibilités de retrait et d’évitement. La forte exposition des animaux peut leur causer un stress considérable qu’il serait souhaitable d’éviter. Cette remarque vaut également pour les canards au milieu de la volière permettant le vol libre. Par ailleurs, l’incubateur visible d’en haut était trop exposé et il y avait une trop forte concentration de poussins dans leur vitrine d’exposition. Le bien-être des animaux lors des expositions animales semble parfois être en opposition avec l’intérêt des visiteurs. De nombreux animaux aiment se cacher et utilisent fréquemment les possibilités de retrait, en particulier dans un environnement inhabituel. Les visiteurs, quant à eux, veulent voir et observer les animaux. Il est très souvent nécessaire de trouver des compromis pour présenter les animaux dans de bonnes conditions. La PSA est d’avis qu’en matière de bien-être animal et de protection des animaux on ne doit faire que des concessions marginales, tout particulièrement lors d’expositions de plusieurs jours. On ne doit certainement pas exposer de tous les côtés les animaux sans protection. On ne devrait pas non plus pouvoir toucher ni caresser les animaux sur
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BEA BERNE
les aires d’affouragement. Certaines espèces d’animaux s’adaptent mieux à être exposées que d’autres. Nous estimons qu’il est important en l’occurrence de sélectionner des individus habitués au contact humain, capables de garder leur calme. Si, néanmoins, les animaux exposés se montrent stressés, ils doivent, conformément aux (nouvelles) dispositions légales, être retirés de l’exposition et mis à l’écart dans des locaux appropriés. Une foire grand public telle que la BEA a un rôle d’exemplarité et doit assurer tout au long de l’exposition, de l’arrivée jusqu’au retour des animaux, non seulement leur confort minimal, mais également montrer au public comment les traiter de manière optimale. Cette exposition y est largement parvenue grâce aussi au très bon travail et à la compétence des gardiens d’animaux et de tous les collaborateurs de la BEA. ART.3 Ordonnance sur la protection des animaux: Les animaux doivent être détenus et traités de manière à ce que leurs fonctions corporelles et leur comportement ne soient pas gênés et que leur faculté d’adaptation ne soit pas sollicitée de manière excessive.
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EXPOSITION CANINE INTERNATIONALE D’AARAU
Exposition canine internationale d’Aarau Le 23 et 24 juin 2018, visité le 23 juin 2018
La tête tirée vers le haut, les cheveux du Yorkshire Terrier qui étaient beaucoup trop longs étaient encore coiffés, même sur le ring.
Bilan Tenir une exposition au grand air et au vert offre une multitude d’avantages aux chiens et à leurs détenteurs ou aux exposants. Ils ont plus de place à disposition si bien qu’ils peuvent garder une distance suffisante par rapport à leurs congénères et l’environnement verdoyant leur permet de faire des promenades diversifiées et de se détendre lors de ces journées d’exposition harassantes. Il est d’autant plus regrettable que les chiens aient été loin de pouvoir tous profiter de ces avantages et aient dû passer principalement leur journée d’exposition dans d’étroites cages ou des caisses de transport. Le jour de notre visite, les températures étaient relativement douces. La plupart des chiens s’accommodaient bien des conditions extérieures. Mais comme l’exposition s’est déroulée à Aarau fin juin, il fallait tenir compte du fait que les températures pouvaient éventuellement grimper. On voit mal comment certaines races de chiens auraient pu surmonter les journées d’exposition. Ainsi, pratiquement tous les rings étaient en plein soleil et les tentes apportées ou mises à disposition par les organisateurs auraient ensuite à peine suffi à créer des conditions thermiques supportables pour les présentations. Mentionnons l’aspect positif de ces détenteurs de chiens, qui avaient toujours leurs chiens avec eux, s’en occupaient attentivement, jouaient avec eux et les caressaient. La vue de ces relations
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EXPOSITION CANINE INTERNATIONALE D’AARAU
Homme-Chien détendues et amicales a été du point de vue de la PSA l’impression la plus positive et la plus convaincante. Un des grands thèmes fâcheux lors des expositions est et reste l’étranglement des chiens lors des présentations - mais également lors du toilettage. Il est légalement interdit en Suisse d’utiliser des laisses et colliers étrangleurs sans bloqueur. Les organisateurs sont donc dans l’obligation d’empêcher ces infractions à la législation. Une tentative a été faite pour mieux remédier à ce problème par des contrôles à l’entrée et également des indications à l’inscription. Au vu du nombre élevé de chiens, ce n’était certainement pas une mince affaire. Mais les juges doivent être aussi davantage responsabilisés. Un bref regard sur le collier ou la laisse utilisée prendrait très peu de temps et fait partie en outre de l’évaluation d’un chien dans le cahier des charges. Ainsi que la PSA l’a maintes fois dénoncé, l’interdiction des laisses et colliers non conformes à la protection des animaux est largement insuffisante. Les bloqueurs peuvent être tellement serrés ou resserrés au moment décisif sur le ring qu’ils n’ont plus aucune fonction de protection pour le chien. De plus, tout chien peut s’étrangler en tirant suffisamment sur sa laisse, indépendamment du matériel utilisé. La contrainte que cela représente pour les chiens ne doit pas être sous-estimée. Les colliers majoritairement minces, sont souvent aussi poussés vers le haut (juste derrière les oreilles et au-dessus du larynx), exercent une forte pression sur les parties sensibles du corps et provoquent suffocation et peur ainsi que des douleurs au niveau du cou, ce qui peut provoquer étranglements, toux et vomissements ainsi que nous le constatons fréquemment sur place. Bien que la tendance ait quelque peu diminué, le toilettage des chiens reste problématique du point de vue de la protection des animaux. Il existe ici toutefois des différences entre les races. Les races à poils longs ou celles aux coiffures au style élaboré doivent endurer souvent de très longues «procédures d’embellissement» au cours desquelles elles doivent se tenir longtemps tranquilles. Pour y arriver, il n’est pas rare qu’elles y soient souvent contraintes par étranglement ou par des manipulations ou méthodes grossières. Eu égard à cet état de fait, il convient de mentionner une fois de plus les conducteurs professionnels (professional handler) qui préparent les chiens à la demande des détenteurs ou éleveurs et les présentent aux juges sur le ring. La plupart du temps, ils dirigent un grand nombre de chiens. Il faut souligner qu’ils utilisent fréquemment des potences pour le toilettage des chiens et des moyens interdits tels que des sprays ou des poudres. Dans le meilleur des cas, le comportement avec les animaux qui leur sont confiés est neutre, rarement amical, voire souvent grossier. De tels chiens passent très souvent la majeure partie de la journée dans des cages de transport étroites. Pour couronner le tout, ils sont encore fréquemment récompensés pour leur comportement contraire aux règles: il n’est pas rare que justement «leurs» chiens et leurs présentations soient récompensés. Les contrôleurs utilisés par les organisateurs devraient redoubler de vigilance sur ces agissements professionnalisés. Il serait important ici qu’en plus du mot d’ordre visant à bannir sans délai les potences utilisées, d’autres contrôles suivent et qu’il soit indiqué que l’étranglement sans potence est lui aussi interdit. Aucune évolution positive n’est à constater en matière de présentation de races ou de représentants de races, relevant d’élevages extrêmes. Bien plus, les chiens aux caractéristiques d’élevage manifestement néfastes pour la santé sont exposés et malheureusement fréquemment distingués. Les responsables d’exposition doivent impérativement être plus conscients de leur responsabilité et être exemplaires. Car un visiteur qui se rend à une exposition à la recherche d’un éventuel chien pour lui, partira certainement du principe que les races exposées sont sans problème et donc saines et il se procurera un animal de ce genre sans état d’âme. Vu comment certaines races se portent actuellement, ceci n’est malheureusement pas le cas. Par conséquent, du point de vue de la PSA, des progrès considérables peuvent être encore réalisés.
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EXPOSITION FÉLINE INTERNATIONALE LAUSEN
Exposition féline internationale Lausen Du 11 au 12 août 2018, visité le 12 août 2018
Bilan Au nombre des constats positifs après la visite de l’exposition féline internationale de Lausen, il convient de mentionner, cette année aussi, les comportements majoritairement bons à l’égard des animaux et l’atmosphère calme. Un point particulièrement réjouissant est qu’une grande partie des chats étaient habitués aux situations d’exposition et s’en accommodaient bien. On peut en déduire que de nombreux éleveurs choisissent les chats en fonction de leur capacité à supporter une telle situation. La majorité des exposants s’est par ailleurs efforcée de rendre l’exposition aussi agréable que possible pour leurs animaux en mettant à leur disposition des possibilités de retrait, des couches surélevées, de l’eau et une litière. Mais malheureusement, la possibilité de retrait si importante, en particulier pour les animaux craintifs, manquait encore dans un tiers des cages. L’ordonnance sur la protection des animaux (OPAn) révisée est entrée en vigueur le 1er mars, entraînant dans le domaine des expositions quelques modifications destinées à améliorer le bienêtre des animaux. La loi prévoit entre autres qu’aucune limitation des exigences (qualitatives) en matière d’aménagement des enclos n’est autorisée lors des expositions. Cela signifie que l’aménagement et la structure des enclos doivent répondre aux exigences minimales s’appliquant à la détention de longue durée des animaux. Ainsi, lors d’expositions – de manière analogue à la détention de longue durée –, les chats doivent disposer de surfaces de repos surélevées, d’équipements permettant au chat de se retirer, de se faire les griffes et de s’occuper, d’une litière et d’un accès permanent à l’eau. Les arguments des exposants fréquemment entendus selon lesquels certains chats ne veulent pas de possibilités de retrait ou reçoivent de l’eau ou une litière lorsqu’ils en ont besoin sont ainsi invalidés. Les dispositions légales prescrivent désormais que les
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EXPOSITION FÉLINE INTERNATIONALE LAUSEN
animaux exposés doivent disposer durablement de l’équipement indiqué, indépendamment du fait qu’ils l’utilisent ou non. Autre nouveauté: la loi indique que les animaux dépassés par la situation d’exposition et présentant des déviances comportementales nettes ou des symptômes durables de stress doivent être éloignés des salles d’exposition. Il relève donc de la responsabilité des exposants et des organisateurs de tout faire pour que les chats se sentent aussi à l’aise que possible à l’exposition. Il leur incombe également de vérifier régulièrement la présence, sur place, d’animaux qui sont stressés malgré les possibilités de retrait, etc. et qui doivent donc quitter l’exposition. L’ordonnance sur la protection des animaux révisée stipule clairement que les animaux dont les fonctions des organes et sensorielles sont limitées ou qui présentent des comportements atypiques liés directement aux objectifs d’élevage des races auxquelles ils appartiennent ne doivent plus être exposés. Dans ce contexte, il est d’autant plus regrettable et incompréhensible que cette année, pas moins de six races exposées présentaient des caractéristiques nettes d’élevage extrême: le devon rex, le cornish rex, le sphynx, le persan et l’exotic shorthair (brachycéphalie extrêmement marquée) et, nouveauté, le bobtail des Kouriles. De l’avis de la PSA, ces races n’auraient pas dû être exposées. Il est par ailleurs inquiétant qu’au sein d’une race, les caractéristiques typiques soient développées d’une manière toujours plus extrême, comme le montrent les observations de l’oriental shorthair. Les éleveurs dont les animaux présentent les caractéristiques les plus frappantes ont même été confortés dans leur attitude par un juge qui les a récompensés en leur attribuant de bonnes notes. La Protection suisse des animaux PSA appelle instamment les responsables de l’exposition et la FFH (Fédération Féline Helvétique) à continuer à améliorer le bien-être des chats dans les expositions et à prendre enfin au sérieux la problématique de l’élevage extrême sous l’angle de la protection des animaux. Le législateur a édicté des prescriptions claires en la matière si bien qu’il est incompréhensible de voir les éleveurs et les exposants continuer à enfreindre ces règles. C’est pourquoi il est absolument nécessaire d’adapter le règlement des expositions à l’ordonnance sur la protection des animaux révisée et de transposer ces dispositions dans la pratique. Mais les autorités chargées de la protection des animaux sont elles aussi appelées à veiller à l’application des dispositions légales en matière d’élevage extrême des chats et d’expositions félines.
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BOURSE AUX REPTILES VILLENEUVE
4. Bourse aux reptiles de Villeneuve VD Dimanche le 2 septembre 2018
I. Généralités Informations générales sur l’exposition
La 4e Bourse aux reptiles organisée par l’association Reptiles Romandie s’est déroulée sur une journée dans la salle de la Tronchenaz à Villeneuve. Les exposants y vendaient des lézards, des tortues et des serpents (y compris des espèces soumises à autorisation). En plus des reptiles, des amphibiens, des arachnides et des insectes, quelques mammifères (hérissons à ventre blanc et souris vivantes données en nourriture) étaient également en vente. La plupart des exposants étaient des éleveurs amateurs qui proposaient un nombre variable d’animaux; quelques marchands d’animaux professionnels étaient présents. Le jour de la visite, la halle d’exposition était à température ambiante (environ 20 – 22° C). Il n’y avait pas de courants d’air. Le niveau sonore était d’environ 70 db, ce que la Protection Suisse des Animaux PSA considère sans danger, d’autant plus que les organisateurs n’ont pas diffusé de musique forte ou d’annonces. Un règlement de la bourse précisant, entre autres, la taille, l’aménagement et l’étiquetage des conteneurs ainsi que la manière de traiter les animaux figurait sur le site Internet des organisateurs. Le règlement de la bourse autorisait la présence de chiens.
Informations relatives à la détention des animaux
Les exposants ont présenté leur «marchandise» sur des tables, les animaux étant placés dans des conteneurs de tailles et de fabrications diverses. La majorité des conteneurs étaient de petites boîtes en plastique que l’on pouvait emporter après achat. Dans certains cas, des conteneurs en plastique solides et plus spacieux ont été utilisés, mais peu d’animaux avaient des terrariums à leur disposition.
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La majorité des conteneurs n’avaient qu’un aménagement réduit. Néanmoins, presque tous les conteneurs avaient un substrat qui absorbait les excréments, permettait de se tenir sur le sol et aussi, dans certains cas, de se dissimuler. Une partie des conteneurs était également équipée de morceaux de liège, de feuilles ou de maisonnettes en plastique qui permettaient aux animaux d’échapper totalement ou partiellement aux regards des visiteurs. Hormis quelques exceptions, il n’y avait pas de possibilités d’escalade ni d’installations dispensant de la chaleur (éclairage, tapis chauffants). La PSA estime qu’il convient de remarquer ce qui suit sur la détention en petits conteneurs en plastique décrite précédemment. Ce type de conteneurs est souvent utilisé à l’occasion des bourses, car ils sont peu encombrants et faciles à transporter. Dans certains cas, ces conteneurs sont remis à l’acheteur, ce qui évite d’en sortir l’animal pour le remettre dans un autre, donc d’augmenter le stress de l’animal, voire éventuellement de le blesser. On avance de surcroît souvent l’argument que des reptiles qui ont l’habitude de séjourner dans des cavités se sentiraient plus en sécurité dans des conteneurs exigus. La PSA voit, toutefois, cette forme de détention d’un œil critique, car elle présente également des inconvénients. Dans de nombreux cas, ils sont trop exigus pour permettre une liberté de mouvement suffisante. Du fait de leur petite taille, il est souvent impossible d’agencer le conteneur de manière adaptée aux besoins de l’animal. De plus, ces conteneurs ne sont pas chauffables la plupart du temps. Les animaux à sang froid n’ont en conséquence aucun moyen de réguler leur température corporelle. Quant au sentiment de sécurité, la PSA doute que cela s’applique à tous les types de reptiles et d’individus, plus particulièrement en l’absence de possibilités de retrait. De plus, l’argument de la réduction du stress est valable uniquement si les vendeurs s’abstiennent de retirer les animaux des conteneurs pendant la journée de l’exposition et si les visiteurs s’abstiennent également de manipuler les conteneurs. Ce n’est souvent pas le cas dans les faits. Il y avait malheureusement encore beaucoup d’exposants qui présentaient leurs animaux dans des conteneurs transparents et visibles de tous les côtés – bien que le règlement de la bourse ne l’autorise pas. Dans les conteneurs qui ne disposaient pas de possibilités de cachettes supplémentaires, les animaux étaient littéralement exposés aux regards de tous et toute possibilité de retrait leur était refusée. La majorité des vendeurs avaient placé les conteneurs sans les fixer sur les tables d’exposition de sorte que les visiteurs pouvaient les prendre, les renverser et les soulever. La PSA critique ce mode de présentation à l’origine de situations inutilement stressantes pour les animaux qui sont bousculés et en raison de la proximité extrême des visiteurs. Certains exposants ont procédé de manière plus respectueuse pour les animaux en plaçant les conteneurs dans un cadre ou sur une plateforme. Cela a permis d’empêcher les visiteurs de les manipuler, ou du moins dans une moindre mesure. Les serpents venimeux étaient logés dans des conteneurs placés dans une autre boîte fermée par mesure de sécurité comme il est de rigueur.
Informations sur le comportement des visiteurs, des exposants et des organisateurs
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Du point de vue de la PSA, le comportement de certains visiteurs – ainsi que le manque de rappel à l’ordre de la part des exposants et des organisateurs – étaient critiquables. La PSA a observé à plusieurs reprises des acheteurs potentiels qui prenaient en main des boîtes en plastique simplement posées sur les tables pour observer de près les animaux qui s’y trouvaient. Certains visiteurs ont même tapé sur les conteneurs. Bien que ces deux comportements soient contraires au règlement de la bourse, ni les organisateurs ni les vendeurs ne sont intervenus. Dans certains cas, les exposants ont même sorti les animaux de leur conteneur pour les montrer aux visiteurs ou les laisser les caresser. Pour les animaux, ces mobilisations ont certainement été associées à un stress important – et de l’avis de la PSA – inutile. Dans certains cas, le transport des animaux a également été jugé négatif. On a remis aux acheteurs qui n’avaient pas apporté leurs propres conteneurs de transport les boîtes en plastique parfois emballées dans des sacs en plastique. Or, elles ne conviennent pas au transport, car elles ne sont pas isolantes (contrairement, p. ex., aux boîtes en styropore), freinent les échanges d’air et sont en outre instables (risque de basculement du conteneur, sans compter que la boîte se balance quand
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on marche). Pour couronner le tout, certains acheteurs ne sont pas rentrés chez eux directement après l’achat de l’animal, mais sont restés encore longtemps à la bourse – en ballottant, en trimballant avec eux les animaux toujours dans les sacs en plastique. La PSA a également observé un enfant qui nouait bien solidement le sac en plastique autour de la boîte de sorte que l’animal qui s’y trouvait n’aurait probablement plus eu d’air si la PSA n’était pas intervenue. De telles façons de traiter les animaux sont totalement inacceptables et auraient dû faire l’objet d’un rappel à l’ordre par les organisateurs.
Une famille avec deux enfants avait acheté des animaux et était restée encore longtemps à la bourse. L’un des enfants a noué solidement le sac en plastique autour de la boîte et l’a renversée également plusieurs fois.
II. Points positifs pour la protection animale relevés durant l’exposition • Certains vendeurs (malheureusement pas tous) ont pourvu les conteneurs de morceaux de liège, de feuilles, de maisonnettes en plastique ou d’un substrat meuble pour permettre aux animaux d’échapper aux regards des visiteurs. • Presque tous les conteneurs avaient un substrat approprié qui absorbait les excréments et permettaient aux animaux de se tenir sur le sol. • Certains conteneurs étaient assez bien conçus pour des conditions d’exposition: taille bien adaptée ou agencement approprié dans une certaine mesure aux besoins des animaux. • Certains reptiles avaient de l’eau de boisson. • Quelques terrariums avaient un éclairage. • Certains vendeurs ont fait preuve d’exemplarité en affichant sur les conteneurs toutes les informations nécessaires. • Les animaux venimeux étaient placés dans des conteneurs sécurisés. • À une exception près, il y avait une personne responsable à chaque stand.
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Ce gecko (Strophurus williamsi) ainsi que les serpents des blés dans le conteneur adjacent avaient des morceaux de liège pour se mettre en retrait.
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Un vendeur a mis à la disposition de ses geckos léopards des maisonnettes en plastique pour se retirer. On peut toutefois déplorer que le conteneur ait été visible de tous les côtés.
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Ce gecko (Hemitheconyx caudicinctus) habitait un terrarium relativement spacieux et éclairé.
Possibilités d’escalade, de retrait, eau et espace suffisant – la détention de ces Zamenis persicus peut être saluée sur presque toute la ligne. Il est dommage, cependant, qu’il n’y ait pas d’éclairage.
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Les conteneurs disposaient d’un aménagement relativement varié et leur taille était adaptée à des serpents juvéniles. Les animaux pouvaient se mettre à l’abri des regards des visiteurs. Les indications figurant sur les conteneurs étaient également satisfaisantes.
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Les conteneurs de ces agames barbus étaient relativement spacieux. En outre, ils ne permettaient pas aux visiteurs de les manipuler.
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Les indications figurant sur les conteneurs de Boas constrictors juvéniles étaient presque complètes. Il ne manquait que le statut d’espèce protégée.
III. Améliorations par rapport à la dernière visite de l’exposition par la PSA Les comparaisons suivantes font référence à la dernière bourse visitée à Villeneuve, la 1re Bourse aux Reptiles, qui s’est tenue en août 2015. • L’association Reptiles Romandie avait entre-temps établi un règlement de la bourse qui précisait, entre autres, la taille, l’aménagement, la visibilité et l’étiquetage des conteneurs. Certaines de ces règles étaient louables aux yeux de la PSA, par exemple le fait que les conteneurs ne puissent être vus que d’un seul côté. • Par rapport à 2015, davantage d’exposants ont proposé des possibilités de cachettes. • Presque tous les conteneurs avaient un substrat approprié. • Les conteneurs qui hébergeaient des animaux venimeux étaient dans des boîtes bien fermées. Il était, par conséquent, impossible pour les visiteurs de toucher ou de manipuler les conteneurs. • De nombreux animaux étaient hébergés comme auparavant dans de petits conteneurs en plastique. Toutefois, en comparaison avec 2015, le nombre de conteneurs bien trop petits avait diminué. • Comparativement à 2015, l’étiquetage des conteneurs était plus détaillé.
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IV. Points négatifs à améliorer selon la PSA • Des contrôleurs identifiables, chargés de vérifier le respect du règlement de la bourse, la façon de traiter les animaux ainsi que leur état de santé, n’étaient pas visibles. La PSA a constaté plusieurs cas de non-respect du règlement sans que cela ne suscite aucune intervention. -- Il y avait encore de nombreux exposants qui mettaient en vente tous leurs animaux, ou une partie, dans des conteneurs complètement transparents. -- Comme en 2015, de nombreux conteneurs ont été manipulés par les visiteurs. La PSA a également observé des visiteurs – principalement des enfants – qui tapaient sur les conteneurs. Les organisateurs n’ont pas rappelé à l’ordre les personnes qui avaient ces comportements inappropriés et interdits. -- On ne savait pas qui étaient certains exposants dont les noms et les adresses manquaient (bien que le règlement exige ces informations). -- Certains conteneurs ne présentaient que des informations rudimentaires sur l’animal et sa détention; elles étaient même complètement absentes dans le cas d’un exposant. • On peut déplorer que le règlement de la bourse n’ait pas été affiché dans la salle, ce qui aurait permis aux visiteurs d’en prendre connaissance sur place. Cela aurait pourtant été fort utile, par exemple, pour l’achat d’espèces animales protégées par la CITES (qui oblige le vendeur à fournir un certificat d’origine) ou pour informer sur la manière de manipuler des animaux. • L’article 111 de l’Ordonnance sur la protection des animaux dispose que quiconque vend des animaux à titre professionnel doit informer par écrit de la manière adéquate de les détenir et indiquer les dispositions légales. La PSA n’a trouvé que deux vendeurs qui avaient des fiches d’information concernant la détention des animaux et les remettaient au moment de la vente. • La PSA estime que la détention des animaux dans de très petits conteneurs en plastique est extrêmement critique (voir à ce propos les remarques au chapitre I). De l’avis de la PSA, certains conteneurs étaient clairement trop petits et ne respectaient pas les dispositions du règlement de la bourse. • Le transport des animaux laissait parfois fortement à désirer. Les conteneurs en plastique des animaux étaient fréquemment emballés dans des sacs en plastique – un moyen de transport totalement inapproprié du point de vue de la PSA. Pour couronner le tout, certains acheteurs sont même restés après l’achat dans l’exposition en trimballant constamment les animaux avec eux. • Un exposant vendait des souris vivantes. La PSA critique ce fait, car il est interdit de nourrir des animaux avec des vertébrés vivants – hormis quelques rares exceptions (art. 4 OPAn). On ignore si le vendeur a informé verbalement de ces restrictions – toujours est-il qu’il n’y avait pas d’informations écrites visibles.
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Les visiteurs peuvent manipuler des conteneurs qui ne sont pas fixés. Cela génère un stress inutile pour les animaux.
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Ce gecko léopard n’avait pas la possibilité de se mettre en retrait des visiteurs. Le conteneur était visible de tous les côtés, les possibilités de retrait inexistantes. Ce type de détention contrevient au règlement de la bourse de l’association Reptiles Romandie ainsi qu’à l’Ordonnance sur la protection des animaux.
La PSA estime que les deux conteneurs au premier plan étaient trop petits.
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Ces jeunes pythons tapis ont été exposés au pied levé. Il n’y avait aucune coordonnée en dehors du numéro de Natel, le stand était vide la plupart du temps. Les indications sur les conteneurs étaient extrêmement rudimentaires, il n’y avait pas d’informations sur le statut d’espèce protégée, l’origine ou les conditions de détention des pythons tapis, ce qui, de l’avis de la PSA, contrevenait aux normes légales.
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Le vendeur a placé temporairement deux de ses Zamenis persicus dans un très petit conteneur visible de tous les côtés pour permettre aux visiteurs de mieux les examiner. Une telle présentation n’est pas conforme aux exigences en matière de protection des animaux et doit être proscrite de l’avis de la PSA.
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L’aquarium de cet axolotl visible de tous les côtés, sans aucun aménagement ou possibilités de retrait, n’était pas conforme aux exigences en matière de protection des animaux.
La PSA a observé à maintes reprises des visiteurs manipulant les conteneurs qui n’étaient pas fixés. Cela constituait un stress considérable pour les animaux.
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Ces deux enfants ont tapé contre les vitres et y ont appuyé des catalogues. Le règlement de la bourse interdisait de taper sur les conteneurs. Néanmoins, ni les organisateurs ni les parents ne sont intervenus.
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Cette famille avait apparemment acheté un animal. La boîte était portée par les enfants qui la faisaient tourner tant et plus et l’examinaient de près. Pour les animaux, un tel comportement est extrêmement pénible.
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Les sacs en plastique ne conviennent pas au transport d’animaux.
Certains exposants ont sorti les reptiles des conteneurs pour les montrer aux visiteurs – un stress supplémentaire inutile pour les animaux exposés.
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V. Conclusion
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Conformément à l’article 104 de l’Ordonnance sur la protection des animaux (OPAn), les bourses aux animaux sont soumises à une autorisation liée à des obligations. La fiche thématique fournie par l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires OSAV relatives à l’obligation d’autorisation et de formation pour les bourses aux animaux précise les dispositions applicables en matière de protection des animaux. Elle recommande, en outre, d’intégrer les conditions d’autorisation dans un règlement de la manifestation. Ces règlements existent désormais dans de nombreuses bourses aux reptiles, y compris à Villeneuve. Ils comportent généralement des directives sur la taille minimale, l’aménagement, la visibilité et l’étiquetage des conteneurs. Toutefois, ces réglementations varient d’une bourse à l’autre. Malheureusement, la PSA a pu observer que ces règles sont encore trop rarement appliquées et contrôlées. Plusieurs exemples ont aussi permis de constater à Villeneuve que le règlement de la bourse était souvent ignoré – sans que les organisateurs n’interviennent. Le dysfonctionnement des instances de contrôle est inquiétant du point de vue de la PSA. C’est ouvrir grand la porte à des formes de détention contraires aux principes de la protection des animaux ainsi qu’à la vente illégale, surtout en l’absence de contrôles effectués par les offices vétérinaires. Depuis mars 2018, l’OPAn comporte des réglementations supplémentaires relatives au traitement réservé aux animaux durant des manifestations. Elle autorise, en conséquence, pour les événements de courte durée à diminuer légèrement les dimensions minimales requises pour les enclos, à condition que cela soit compatible avec les conditions de l’autorisation délivrée par l’office vétérinaire. En revanche, les dispositions de l’OPAn relatives à l’aménagement s’appliquent indépendamment de la durée d’une manifestation. Les conditions relatives aux bourses diffèrent en partie de celles des expositions d’animaux à proprement parler puisqu’il s’agit de conditions de vente. Pour cette raison, et aussi parce que la PSA constate fréquemment l’absence de contrôle et l’application déficiente des réglementations lors des bourses, il serait utile d’édicter des dispositions d’application valables pour toute la Suisse concernant l’exposition et la vente de reptiles dans le cadre des bourses. En outre, la PSA exige un contrôle systématique par le service vétérinaire ainsi que par les organisateurs avant et pendant les bourses. Les vendeurs qui ne se conforment pas aux dispositions doivent faire systématiquement l’objet d’un rappel à l’ordre et être exclus en cas d’infractions répétées. Les bourses qui n’appliquent ni ne contrôlent le règlement de la bourse ne devraient plus être autorisées par les offices vétérinaires! Comparativement à notre première visite lors de la première édition de la Bourse aux Reptiles en 2015 à Villeneuve, la manifestation de cette année s’est présentée sous un jour légèrement plus favorable. Les améliorations surtout en matière d’installation de possibilités de cachettes et de substrat étaient évidentes. Quelques formes de détention étaient également satisfaisantes dans le cadre de la bourse. Mais dans l’ensemble, la détention des animaux était peu adaptée. Le besoin d’aménagement et d’améliorations est particulièrement important dans les domaines de la visibilité des conteneurs, de leurs équipements et, dans certains cas, de leur taille. Les logements des animaux doivent être au moins assez grands pour leur permettre d’y adopter une position naturelle, de bouger sans crainte et de se retourner sans difficulté. De plus, les animaux ne devraient pas passer plus de six heures dans les conteneurs. La PSA estime de surcroît que les conteneurs ne doivent être visibles que d’un côté. Selon l’OPAn ainsi que du point de vue de la PSA, les conteneurs doivent également avoir au moins des possibilités de retrait et un substrat. Il faudrait faire de la réduction du stress la priorité majeure. Les animaux pour lesquels les petits conteneurs sont à l’évidence générateurs de stress doivent être transférés dans des logements plus spacieux. Tant qu’aucun achat n’est effectué, il faut aussi veiller à empêcher la manipulation des animaux et des conteneurs. Il faut aussi accorder une grande importance à l’information, car une connaissance suffisante du propriétaire constitue la base d’une détention respectueuse des animaux. Il est donc essentiel d’informer les acheteurs par écrit sur les animaux, leurs besoins et leur mode de détention. À cet effet, toutes les informations sur les animaux (nom de l’espèce en latin, âge, sexe, longueur du
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corps, origine, statut de protection, autorisation nécessaire, le cas échéant) doivent être affichées sur leurs conteneurs. Par rapport à la bourse visitée en 2015, les étiquetages se sont améliorés, mais il reste encore à faire. En outre, la PSA estime qu’il est nécessaire de remettre des fiches ou des brochures d’information expliquant les besoins des animaux, les conditions de détention conformes à leurs besoins ainsi que les dispositions légales. L’article 111 de l’OPAn stipule la nécessité de la remise de ces documents lors de la vente d’animaux à titre professionnel. À Villeneuve, la PSA n’a toutefois trouvé des feuilles d’information que chez deux vendeurs. Il est impossible de savoir si les autres vendeurs remettaient du matériel d’information. Dans l’ensemble, on ne peut qualifier de satisfaisante l’information pratiquée à Villeneuve. La PSA estime par ailleurs qu’il faudrait toujours installer des terrariums de démonstration lors des bourses. Ces terrariums sont spacieux et agencés correctement; ils servent de bons exemples et illustrent bien la différence entre des conditions de vente temporaires et un mode de détention permanent à la maison. Malheureusement, on a de nouveau laissé passer cette belle occasion de sensibiliser le public à Villeneuve.
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Comptoir Suisse Lausanne Du 14 au 23 septembre 2018, visité les 18 et 19 septembre 2018
Le Comptoir Suisse, «le rendez-vous de la Ville et de la Campagne», est la plus grande foire grand public du canton de Vaud. On y retrouve plus de 400 animaux exposés.
I. Généralités Généralités sur la foire
Le Comptoir Suisse s’est déroulé durant 10 jours à Beaulieu Lausanne. Il s’agit de la foire annuelle la plus importante du canton de Vaud. Pour sa 99e édition, il a accueilli 61 000 visiteurs. On y trouvait un espace dédié aux nouvelles technologies, un secteur du terroir, des animations et des ateliers pour enfants, de nombreux exposants commerciaux et un nouveau secteur exclusivement réservé aux femmes. La ferme du Comptoir accueillait cette année 400 animaux, répartis dans les halles 13, 16 et 18. On y retrouvait des animaux de rente (bovins, cochons, moutons, chèvres), des chevaux, des poneys, des lapins, des cochons d’Inde, des volailles domestiques (poules, oies, cailles), des pigeons domestiques et des oiseaux d’ornement.
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Généralités sur la détention des animaux
De grandes améliorations ont été faites cette année dans la détention de certains petits animaux (lapins, poules et pigeons domestiques). Les détentions des animaux de rente, des chevaux, des poneys et des oies sont restées très semblables à celles de l’an dernier. La détention des oiseaux d’ornement, elle, a malheureusement empiré. Les animaux étaient propres et soignés et ils avaient pour la plupart un comportement détendu. Plusieurs moutons et quelques bovins souffraient toutefois de la chaleur élevée qui régnait dans la halle et respiraient fortement, même au repos. Mis à part trois poneys et une chèvre, tous les animaux étaient détenus en groupes. Tous les enclos étaient pourvus de nourriture, d’eau et, à part dans certaines volières, de litière propre et sèche en quantité suffisante. Quelques enclos avaient des dimensions exemplaires (cochons, vaches mères, oies, lapins, cailles, certains oiseaux d’ornement et certaines chèvres).
La plupart des animaux exposés au Comptoir Suisse étaient calmes et détendus. Certains animaux avaient des moyens d’occupation à disposition, par exemple sous forme de branches pourvues de feuilles (oiseaux d’ornement), de possibilités de grimper (chèvres) ou de balles de jeu (chevaux). Il manquait des possibilités d’occupation dans les enclos des cochons d’inde, des lapins, des volailles domestiques ainsi que dans les enclos de certaines chèvres et de certains oiseaux d’ornement. Du point de vue de la PSA, un effort devrait être fourni pour que tous les enclos disposent de suffisamment de possibilités d’occupation et d’un aménagement diversifié. Les poules, les pigeons domestiques, les cailles adultes, les lapins et les cochons d’Inde avaient la possibilité de se mettre à l’abri des regards des visiteurs, ce qui n’était malheureusement pas le cas pour tous les animaux. Les abris des moutons n’étaient pas suffisamment grands pour que tous les animaux puissent s’y retirer en même temps. Les abris des cochons, des chèvres et des oies n’offraient pas de protection contre les regards. Les cailleteaux n’avaient pas de cachettes à disposition. Certains enclos étaient visibles et / ou accessibles de tous les côtés par les visiteurs (chevaux, poneys, veaux, vaches mères, certains oiseaux d’ornement).
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Certains enclos, à l’exemple de cette volière, étaient visibles et accessibles de tous les côtés par les visiteurs. Des protections contre les regards sur au moins deux côtés seraient souhaitables afin d’offrir aux animaux un sentiment de sécurité. L’enclos détenant des chèvres du Toggenbourg était cette année aussi bien structuré avec des palettes en bois permettant aux animaux de grimper et de se coucher sur des surfaces surélevées. D’autres chèvres étaient détenues dans des enclos plus petits qui ne disposaient d’aucune structure leur permettant de grimper. Des moutons étaient détenus en plein air dans le jardin du Comptoir. Ils avaient de l’eau et du foin à disposition et un grand arbre leur fournissait de l’ombre. Pour une détention prolongée en plein air, un abri permettant aux animaux de se retirer devrait être aménagé.
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La détention des moutons en plein air correspond aux besoins naturels des moutons. Les deux moutons détenus dans le jardin du Comptoir disposaient d’un grand enclos. En cas de détention prolongée en plein air, les animaux devraient disposer d’un abri dans lequel ils puissent se retirer.
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La Protection Suisse des Animaux PSA critique le fait qu’au Comptoir Suisse 2018 certaines conditions minimales de détention prescrites par la loi n’étaient pas respectées. Par exemple, un box détenant deux poneys était plus petit que les dimensions minimales légales. Les juments poulinières avec leurs poulains et les poneys ne bénéficiaient pas de sorties quotidiennes. Certains oiseaux d’ornement ne disposaient pas de possibilités de se baigner ni de perchoirs souples. Une chèvre était détenue seule et un Diamant à longue queue était détenu sans congénère de la même espèce. Les cochons d’Inde n’avaient pas d’objets à ronger à disposition ni de nourriture fraîche riche en vitamine C. Du point de vue de la PSA, les expositions, même temporaires, devraient montrer des détentions d’animaux exemplaires. Les conditions minimales légales devraient toujours être respectées.
Généralités sur les promenades à poney
Comme l’an dernier, les promenades à poney se sont déroulées de manière exemplaire sur la grande terrasse bétonnée qui se trouvait au même étage que la ferme du comptoir. Les responsables conduisaient les poneys au licol sur une distance d’environ 70 m et retour. Par cette occupation, les poneys pouvaient prendre l’air et avoir du mouvement. Le tout se déroulait très calmement.
Les promenades à poney se sont déroulées de manière exemplaire.
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II. Ce qui nous a plu du point de vue de la protection des animaux • Tous les animaux exposés étaient propres et soignés et ils avaient pour la plupart un comportement calme et détendu. • Tous les animaux avaient de la nourriture et de l’eau à disposition. La nourriture était le plus souvent placée de façon à ce que les animaux puissent manger sans être dérangés par les visiteurs. • Hormis certains oiseaux d’ornement, tous les animaux disposaient de litière appropriée, propre, sèche et en quantité suffisante. • La majorité des enclos avaient une surface satisfaisante et certains enclos avaient même des dimensions exemplaires (cochons, vaches mères, oies, cochons d’Inde, cailles, certains oiseaux d’ornement et certaines chèvres). • Les lapins, les cochons d’inde et les cailles adultes disposaient d’une zone de retrait adaptée et leurs enclos n’étaient visibles que d’un ou deux côté par les visiteurs. • Mise à part trois poneys détenus seuls dans un box et une chèvre, tous les animaux étaient détenus en groupes. • Les vaches détenues à l’attache ne pouvaient pas être caressées par les visiteurs. Les génisses et les vaches mères disposaient d’enclos suffisamment grands pour pouvoir se retirer loin des caresses des visiteurs. • Des pancartes d’information affichées sur les enclos des vaches mères mettaient en garde les visiteurs sur le fait que les vaches mères protègent leurs petits et qu’il faut faire preuve de prudence. L’un des enclos détenant une vache mère et son veau était entouré d’une barrière de sécurité empêchant les visiteurs de s’approcher trop près. • Comme l’an dernier, certaines chèvres disposaient d’un grand enclos de 60 m2, aménagé avec de nombreuses possibilités de grimper, des surfaces surélevées sur lesquelles elles pouvaient se coucher ainsi qu’un abri. • Les boxes attenants des juments poulinières avec leurs poulains étaient séparés par une cloison en bois. Une jument et son poulain disposaient de balles de jeu comme moyen d’occupation.
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Les chèvres du Toggenbourg semblaient très à l’aise. Elles étaient curieuses, allaient d’elles-mêmes vers les visiteurs et appréciaient leurs caresses.
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Certains animaux disposaient de zones de retrait qu’ils utilisaient volontiers.
Les dimensions de certains enclos étaient exemplaires. Des pancartes affichées sur les enclos des vaches mères mettaient en garde les visiteurs sur le fait que les vaches mères protègent leurs petits et qu’il faut faire preuve de prudence. En plus, une barrière de sécurité autour de l’enclos empêchait les visiteurs de s’approcher trop près des animaux.
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La majorité des animaux disposaient de moyens d’occupation. Des balles de jeux étaient présentes dans le box d’une jument et de son poulain.
III. Ce qui s’est amélioré par rapport à l’année passée • D’importantes améliorations étaient visibles dans la halle des petits animaux, où, cette année, la qualité primait sur la quantité. Un nombre réduit d’animaux étaient exposés et détenus dans des enclos d’exposition développés par Petits Animaux Suisse. -- Les enclos détenant des poules étaient plus grands que ceux de l’an dernier et disposaient d’un espace intérieur dans lequel les poules étaient à l’abri des regards des visiteurs. -- La volière des pigeons était plus grande que celles de l’an dernier et disposait d’un grand espace intérieur dans lequel les animaux pouvaient se retirer. Une possibilité de se baigner était aménagée dans l’espace extérieur. Il n’y avait pas de pigeons de races pouvant présenter des caractéristiques d’«élevage extrême» exposés. -- Tous les lapins étaient détenus en groupes dans des enclos plus grands que l’an dernier. Les zones de retrait offraient suffisamment de place pour que tous les animaux puissent s’y réfugier en même temps. • Les poneys pouvaient manger leur foin sans être dérangés par les caresses des visiteurs. • Le niveau sonore d’environ 75 db qui régnait dans les halles était acceptable pour les animaux.
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Les enclos des poules domestiques étaient plus grands que ceux de l’an dernier. Ils disposaient d’un espace intérieur dans lequel les poules étaient à l’abri des regards des visiteurs.
La volière des pigeons domestiques aussi était plus grande que celle de l’an dernier et elle disposait d’un grand espace intérieur dans lequel les pigeons pouvaient se retirer. Une possibilité de se baigner état disponible dans l’espace extérieur.
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La détention des lapins a été nettement améliorée par rapport à l’an dernier. Tous les lapins étaient détenus en groupes, sur de plus grandes surfaces et disposaient de zones de retrait obscurcies. Le toit plat de la maisonnette pouvait également servir de surface surélevée. Des aménagements plus riches seraient toutefois souhaitables (cachettes et surfaces surélevées supplémentaires, objets à ronger adaptés).
IV. Ce qui ne nous a pas plu du point de vue de la protection des animaux et devrait être amélioré Les points suivants ne respectaient pas la loi sur la protection des animaux • Deux poneys shetland étaient détenus dans un box de 9 m² alors que la loi prescrit une surface minimale de 11 m². • Les juments poulinières avec leurs poulains et les poneys ne bénéficiaient pas de sorties quotidiennes. • Dans l’une des volières détenant des canaris, les branches fixées aux deux extrémités ne faisaient pas office de perchoirs souples. • Il manquait une possibilité de se baigner dans trois volières (une volière détenant des Inséparables et deux volières détenant des canaris). • Une chèvre était détenue seule et un Diamant à longue queue (appartient à la famille des Estrildidés) était détenu sans congénère de la même espèce. • Les cailleteaux n’avaient pas de cachettes à disposition. • Les cochons d’Inde n’avaient pas d’objets à ronger à disposition ni de nourriture fraîche riche en vitamine C.
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Généralités • La température de 25 degrés qui régnait dans les halles était, du point de vue de la PSA, trop élevée pour la plupart des animaux. De nombreux animaux, en particulier les moutons et certains bovins, montraient des fréquences respiratoires fortement augmentées. Le ventilateur installé dans la halle principale ne suffisait pas à rendre le climat supportable pour les animaux. • Il manquait du personnel de surveillance du côté des animaux. Lorsqu’un enfant est passé avec son ballon sous les barrières de protection qui entouraient les vaches détenues à l’attache, cela n’a suscité aucune réaction de la part du personnel présent. Une meilleure surveillance serait souhaitable, car beaucoup de visiteurs ne respectaient pas les panneaux qui indiquaient qu’il ne fallait pas caresser les animaux et certains enfants criaient autour des enclos. • Des informations sur les races exposées et sur les conditions de détention des animaux manquaient sur beaucoup d’enclos. • Une pouliche et des chèvres étaient à vendre. La PSA est critique face à la vente d’animaux lors d’expositions, car cela peut inciter les visiteurs à des achats spontanés. Détention des cochons • L’enclos était visible de tous les côtés et l’abri ne protégeait pas complètement des regards des visiteurs. Une zone obscurcie permettant aux animaux de se retirer serait souhaitable. • Un enclos mieux structuré avec des possibilités d’occupation serait plus intéressant pour les animaux et plus attractif pour les visiteurs. • Il manquait des informations sur les animaux, leurs conditions de détention, les races exposées ainsi que les coordonnées des propriétaires. Détention des bovins • La plupart des veaux se tenaient dans l’enclos le plus loin possible des visiteurs. Une protection contre les regards sur au moins deux côtés serait souhaitable. • Les vaches détenues à l’attache avaient des fréquences respiratoires augmentées à cause de la chaleur. • Il manquait des informations sur les races des vaches détenues à l’attache et des veaux exposés. Détention des moutons • Les enclos des moutons disposaient chacun d’un demi-abri d’une surface d’environ 1 m². Ces abris n’étaient pas suffisamment grands pour que tous les animaux puissent s’y retirer en même temps et ne protégeaient pas complètement les animaux des regards des visiteurs. • De nombreux moutons avaient une fréquence respiratoire fortement augmentée et certains haletaient, même lorsqu’ils étaient couchés. Il faisait beaucoup trop chaud dans la halle pour ces animaux dont la plupart n’étaient pas tondus. • Des moutons à un stade avancé de gestation étaient exposés. Or, le stress lié au transport et à l’environnement inconnu d’une foire devrait être évité à ces animaux. • Les moutons détenus à l’extérieur dans le jardin du Comptoir n’avaient pas d’abri à disposition dans lequel ils puissent se retirer. Une place de couchage propre et sèche en cas de mauvaises conditions météorologiques devrait être aménagée. • Il manquait sur certains enclos des informations sur les animaux, leurs conditions de détention, les races exposées ainsi que les coordonnées des propriétaires.
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Détention des chèvres • Une chèvre Boer était détenue seule. • Les chèvres naines, les chèvres Paon et la chèvre Boer ne disposaient pas de possibilités de grimper ni de surfaces de couchage surélevées. • Certaines chèvres étaient à vendre. • Sauf pour les chèvres naines, il manquait des informations sur les animaux, leurs conditions de détention, les races exposées ainsi que les coordonnées des propriétaires. Détention des chevaux et poneys • Un box détenant deux poneys avait une surface de seulement 9 m², alors que, selon la loi, deux poneys devraient disposer d’un boxe d’au moins 11 m². • Les boxes des chevaux et des poneys étaient très exposés aux regards des visiteurs. Il faudrait que les boxes disposent d’une protection visuelle sur au moins 2 côtés. • Une pouliche était à vendre. • Les chevaux et les poneys n’ont pas bénéficié de sorties durant tout leur séjour à la foire. Or, selon l’Ordonnance sur la protection des animaux, les juments poulinières avec leurs poulains et les autres équidés qui ne font pas l’objet d’une utilisation doivent pouvoir bénéficier de sorties tous les jours. On entend par sortie le fait, pour l’animal, de se mouvoir librement en plein air en décidant lui-même de son allure, de sa direction et de sa vitesse de déplacement sans être entravé dans ses mouvements par des attaches, brides ou autres liens semblables. Détention des oies • L’enclos des oies manquait de structures, telles que des herbes ou des arbustes, qui fourniraient aux animaux des protections contre les regards ainsi que des possibilités d’occupation. • L’accès au bassin n’était pas évident pour les oies de Toulouse qui font partie des espèces lourdes d’oies. L’aménagement d’une rampe large, antidérapante et plate pourrait faciliter cet accès. • Les oies étaient moins nerveuses que l’an dernier, mais elles se tenaient toutefois le plus souvent au centre de l’enclos, manifestant une certaine insécurité. Des possibilités de se cacher les auraient certainement rassurées. L’abri à disposition ne protégeait pas des regards des visiteurs. Détention des poules domestiques • Dans les parties extérieures des enclos, il y avait un nid à disposition pour 2 à 4 poules. Les nids étaient constitués de harasses posées à même le sol. Leur emplacement situé à proximité des visiteurs n’était pas idéal. Du point de vue de la PSA, il serait recommandé d’installer dans les petits poulaillers, deux nids dans un endroit sombre et tranquille. Les nids devraient avoir des dimensions d’environ 30 x 30 x 40 cm pour les petites races et d’environ 40 x 40 x 45 cm pour les grandes races (ex. poules Brahma). Pour être adaptés, les nids devraient être fermés sur trois côtés et sur le dessus. • Des possibilités d’occupation supplémentaires seraient les bienvenues, par exemple sous forme de nourriture fraîche, de graines réparties sur le sol et d’un bain de sable. • Les enclos extérieurs étaient visibles et accessibles de trois côtés par les visiteurs. Il serait recommandé d’installer des plantes ou des barrières de protection autour des enclos pour éviter que les visiteurs ne puissent s’approcher trop près.
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Détention des pigeons domestiques • Une possibilité de se baigner était aménagée dans l’espace extérieur de la volière. Cependant, les bords de la piscine étaient un peu hauts et rendaient son accès difficile. L’installation d’un bassin moins haut ou d’une rampe d’accès adaptée serait souhaitable. • Les deux perchoirs présents dans l’espace extérieur de la volière étaient placés à la même hauteur. Il serait judicieux d’installer un plus grand nombre de perchoirs et de les placer à différentes hauteurs. • Des nids permettant aux pigeons de se retirer devraient être aménagés dans la volière. Détention des cailles • Les deux enclos qui détenaient des cailles adultes auraient dû, du point de vue de la PSA, disposer de protections contre les regards supplémentaires (par exemple sous forme d’herbes ou d’arbustes). • Les cailleteaux n’avaient pas de cachettes à disposition et leur enclos manquait de structures. Détention des oiseaux d’ornement • Dans l’une des volières détenant des canaris, les branches fixées aux deux extrémités ne faisaient pas office de perchoirs souples, ce qui est pourtant prescrit par la loi. • Il manquait une possibilité de se baigner dans trois volières (une volière détenant des inséparables et deux volières détenant des canaris). • Un Diamant à longue queue était détenu sans congénère de la même espèce. • Des possibilités d’occupation supplémentaires devraient être aménagées, par exemple sous forme de litière et de feuillage frais. • Une alimentation variée et riche en aliments frais constituerait également une occasion de diversifier les activités des oiseaux. • Aucune volière ne disposait de niches dans lesquelles les oiseaux pouvaient se retirer. Ceux-ci sont pourtant indispensables pour les inséparables (Agapornis spp.) et les estrildidés. • La position de la volière attenante à l’escalier roulant n’était pas idéale. L’espace qui se trouvait proche de l’escalier roulant n’était d’ailleurs pas utilisé par les oiseaux. Des perchoirs supplémentaires auraient été appréciés dans cette volière. • Certaines volières étaient visibles et accessibles de tous les côtés par les visiteurs, encore plus que l’an dernier. Des protections contre les regards sur au moins deux côtés ou des barrières de protection autour des volières devraient être installées afin d’offrir une zone de retrait protégée aux animaux. • Il n’y avait pas de personnel de surveillance à proximité des volières. • Du côté des volières du rez-de-chaussée, il manquait des informations sur les espèces exposées, leurs conditions de détention ainsi que les coordonnées des propriétaires. Détention des lapins • Les lapins disposaient de beaucoup d’espace, mais leur enclos était peu structuré. Des cachettes ainsi que des surfaces surélevées supplémentaires devraient être aménagées. • Les tasseaux de bois durs ne sont pas des objets à ronger adaptés. Les lapins devraient disposer d’objets à ronger adéquats tels que des branches fraîches (noisetier, saule, sapin) ou des morceaux de bois tendre non traité. • Une lapine de race néo-zélandaise a couru plusieurs fois nerveusement à toute vitesse dans son enclos. Il faudrait renoncer à exposer les animaux stressés par l’environnement inconnu d’une foire. Détention des cochons d’Inde • L’enclos des cochons d’Inde était peu structuré. Des possibilités de retrait supplémentaires auraient dû, du point de vue de la PSA, être aménagées. Il manquait aussi des objets à ronger ainsi que du fourrage riche en vitamine C. Des barrières de protection autour des enclos auraient permis d’éviter que les visiteurs ne puissent s’approcher trop près et effrayer les animaux.
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Ces deux poneys shetland étaient détenus dans un box de 9 m² alors que la loi prescrit une surface minimale de 11 m².
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Il manquait dans cette volière des branches souples fixées à une seule extrémité ainsi qu’une possibilité de se baigner. Dans branches fraîches avec des feuilles offriraient des moyens d’occupations supplémentaires aux oiseaux et leur procureraient une protection visuelle.
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Une chèvre Boer était détenue seule dans un enclos. Elle ne disposait pas de possibilités de grimper ni de surfaces de couchage surélevées. L’abri de son enclos était cassé et de nombreux clous sortaient des palettes en bois, représentant un risque de blessures pour la chèvre.
Les cailleteaux n’avaient pas de cachettes à disposition et leur enclos était pauvrement aménagé. Il manquait des barrières de protection empêchant les visiteurs de s’approcher trop près de l’enclos.
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Les cochons d’Inde n’avaient pas d’objets à ronger ni de nourriture fraîche riche en vitamine C à disposition. L’enclos était peu structuré et il manquait des barrières de protection empêchant les visiteurs de s’approcher trop près.
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La température de 25 degrés qui régnait dans les halles était trop élevée pour de nombreux animaux. Le ventilateur installé dans la halle principale ne suffisait pas à rendre le climat supportable pour les animaux.
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Des barrières de protection autour des enclos et du personnel de surveillance sont indispensables afin d’éviter que les visiteurs ne dérangent et n’effraient les animaux.
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Les veaux étaient détenus dans des enclos visibles de tous les côtés. Des protections contre les regards sur au moins deux côtés seraient souhaitables.
Les abris des moutons n’étaient pas suffisamment grands pour que tous les animaux puissent s’y retirer en même temps et ne protégeaient pas complètement les animaux des regards des visiteurs.
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L’enclos des oies manquait de structures, de possibilités d’occupation et de zone de retrait permettant aux animaux de se mettre à l’abri des regards des visiteurs. Il manquait des rampes larges, antidérapantes et plates pour accéder au bassin.
Dans les enclos des poules, il serait recommandé d’installer deux nids dans un endroit sombre et tranquille. Des plantes ou des barrières de protection autour des enclos permettraient d’éviter que les visiteurs ne puissent s’approcher trop près des animaux.
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V. Bilan De nombreuses détentions d’animaux ont été clairement améliorées au Comptoir Suisse cette année, en particulier dans la halle des petits animaux. Par exemple, les enclos des poules, des pigeons et des lapins étaient plus grands que ceux de l’an dernier et ils disposaient de zones de retrait dans lesquels les animaux pouvaient se mettre à l’abri des regards des visiteurs. Les pigeons avaient la possibilité de prendre un bain et tous les lapins étaient détenus en groupes. Les poneys pouvaient manger sans être dérangés par les caresses des visiteurs. Du point de vue de la PSA il est cependant inacceptable que certaines dispositions minimales légales ne soient pas respectées. Une exposition animalière devrait servir d’exemple aux visiteurs et présenter des détentions respectueuses des besoins des animaux allant au-delà des exigences minimales légales. La PSA espère que le Comptoir Suisse va continuer de faire des efforts dans ce sens et que de nouvelles améliorations seront apportées l’an prochain pour sa 100e édition. Des détentions d’animaux exemplaires sont également un plus pour la foire, puisqu’elles sont aussi plus attractives pour les visiteurs. Les palettes en bois servant de possibilités de grimper et de surfaces surélevées aux chèvres devraient être présentes dans tous les enclos des chèvres. Les abris des moutons devraient être agrandis afin que tous les animaux y trouvent de la place en même temps. Tous les animaux devraient avoir la possibilité de se mettre à l’abri des regards des visiteurs, soit en aménageant des cachettes, soit en protégeant leurs enclos des regards sur au moins deux côtés. Les enclos des cochons, des oies, des cailles et des cochons d’Inde devraient être mieux structurés et offrir aux animaux des possibilités supplémentaires d’occupation. Les chevaux qui sont détenus dans des boxes et ne font pas l’objet d’une utilisation doivent, selon l’Ordonnance sur la protection des animaux, être sortis tous les jours. La PSA recommande de présenter les chevaux dans un système de détention moderne et actuel tel qu’une stabulation libre. Tous les oiseaux d’ornement devraient disposer de possibilités de se baigner. Le climat régnant dans les halles devrait être adapté aux animaux exposés et ne pas les faire souffrir de difficultés respiratoires, comme c’était le cas cette année avec la chaleur élevée. Des informations sur les animaux, leurs conditions de détention, les races exposées ainsi que les coordonnées des propriétaires devraient être affichées sur chaque enclos. De plus, une meilleure et constante surveillance de la part du personnel présent serait souhaitable pour éviter que les visiteurs n’effraient et ne dérangent les animaux. En prenant les mesures proposées, le Comptoir Suisse pourrait s’orienter vers une foire exemplaire en matière de détention d’animaux.
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OLMA ST-GALL
Olma St-Gall Du 11 au 21 octobre 2018, visité le 17 octobre 2018
Bilan La PSA trouve que l’OLMA est vraiment en bonne voie en matière de détention des animaux au cours de ces dernières années. Certains enclos pour animaux que la PSA avait dernièrement critiqués et souhaité voir améliorer l’ont même été cette année. L’OLMA se situe maintenant à un niveau élevé dans le domaine de la protection des animaux. Cette fois-ci, toutes les chèvres ont bénéficié de plateformes surélevées et d’occupation. Les truies avec des porcelets avaient des possibilités de retrait, les moutons avaient plus de place derrière l’écran et la foire a démontré sa supériorité avec des enclos exemplaires pour les cochons d’Inde. Les vaches ont eu régulièrement droit à circuler librement dans l’arène. L’OLMA donne ainsi un bon exemple, c’est la première foire grand public qui accorde également aux vaches à l’attache le plus de liberté de mouvement possible. Les moutons et les oies en ont aussi profité. La PSA s’est également réjouie de l’annexe au règlement qui interdit d’enduire d’huile et d’onguent le pis des vaches laitières, de raser de près, teindre ou enduire d’huile les côtes. Il serait également souhaitable d’interdire de couper les poils tactiles des bêtes. Dans la mesure de ce que nous avons observé, les exposants ont respecté le règlement et bien traité tous les animaux d’exposition. Néanmoins, certains déficits ont encore été constatés. Il manquait, par exemple, dans au moins un cas, les nids dans les enclos pour les poules et les perchoirs utilisés étaient soit non conformes à la loi (nombre de perchoirs), soit peu utilisables. L’enclos des canards de Poméranie doit être amélioré, il a besoin d’un espace de baignade plus grand et d’une possibilité de s’abriter des regards. La possibilité de baignade des oies de pâturage, leur abri et l’aire de sortie ne répondaient pas aux exigences légales minimales. Nous préférions l’emplacement des box des chevaux de l’année précédente. Les chevaux étaient, cette année, plus exposés, directement sous les haut-parleurs de l’arène et les box actuels ne prenaient
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OLMA ST-GALL
guère en considération la distance nécessaire entre chaque animal dans le cadre d’une exposition. La PSA déplore que l’OLMA n’ait installé aucune barrière pour les visiteurs, cette année non plus, et qu’il ait été possible de toucher constamment de l’arrière, et parfois sur le côté, les vaches laitières attachées. Elles n’ont pas eu la possibilité de se mettre en retrait et de se reposer pendant les heures d’ouverture. Néanmoins, pour des raisons de praticabilité et de sécurité, les couloirs de l’étable étaient fermés pour permettre l’évacuation du fumier, pour alimenter les animaux ou les faire entrer dans l’arène. Le bien-être des vaches laitières lors des foires grand public y gagnerait considérablement si les animaux disposaient régulièrement de moments de repos au cours de la journée et/ou si des barrières empêchaient correctement les visiteurs de toucher les animaux. La PSA se réjouit que la direction de la foire ait souhaité dialoguer en amont de l’exposition, ainsi que sur place et après, et qu’elle soit prête à apporter d’autres améliorations. Elle a, par exemple, promis à la PSA de corriger les défauts en matière de détention des poules et d’offrir aux chèvres encore plus d’espace (double enclos plus petit) et d’occupation (p. ex., aussi des branches de sapin). Le vêlage sur place est un sujet délicat à aborder. La PSA continue d’estimer que le transport et la naissance sur place constituent pour les vaches laitières des sources de stress importantes qui ne se justifient pas. En revanche, la direction de la foire évalue différemment le stress supplémentaire dû au transport et à l’exposition pour les animaux. La PSA aimerait émettre un autre souhait à l’adresse des organisateurs de la foire: on pourrait montrer aux visiteurs un élevage de porcs véritablement respectueux des animaux comme celui du grand enclos avec détention en groupes familiaux à la BEA. En revanche, la BEA pourrait peut-être prendre en exemple l’emplacement du box pour la truie avec ses porcelets.
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BOURSE AUX REPTILES LAUSEN
18 ème Bourse aux reptiles, Lausen Dimanche 28 octobre 2018
Bilan Conformément à l’art. 104 de l’Ordonnance sur la protection des animaux (OPAn), les bourses aux animaux sont soumises à une autorisation liée à des obligations. Il est recommandé aux personnes responsables de la manifestation d’intégrer lesdites obligations dans un règlement de la manifestation. Ces règlements existent désormais dans de nombreuses bourses aux reptiles, comme c’est le cas à Lausen. Ils comportent généralement des directives sur la taille minimale, l’aménagement, la visibilité et l’étiquetage des conteneurs. Toutefois, ces réglementations varient d’une bourse à l’autre. Malheureusement, la PSA a pu observer que ces règles sont encore trop rarement appliquées et contrôlées. Plusieurs exemples ont aussi permis de constater à Lausen que le règlement de la bourse était à maintes reprises ignoré – sans que les organisateurs n’interviennent. Le dysfonctionnement des instances de contrôle n’est pas tolérable du point de vue de la PSA. Nous exigeons par conséquent un contrôle systématique par le service vétérinaire ainsi que par les organisateurs avant et pendant les bourses. Les vendeurs qui ne se conforment pas aux dispositions devraient faire systématiquement l’objet d’un rappel à l’ordre et être exclus en cas d’infractions répétées. Les bourses qui n’appliquent ni ne contrôlent le règlement de la manifestation ne devraient plus recevoir l’autorisation des offices vétérinaires. Depuis mars 2018, l’OPAn comporte des réglementations supplémentaires relatives au traitement réservé aux animaux durant des manifestations. Elle autorise, en conséquence, pour les événements de courte durée, à diminuer légèrement les dimensions minimales requises pour les enclos, à condition que cela soit compatible avec les conditions fixées dans l’autorisation délivrée par l’office vétérinaire. En revanche, les dispositions de l’OPAn relatives à l’aménagement s’appliquent indépendamment de la durée d’une manifestation.
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BOURSE AUX REPTILES LAUSEN
Les conditions relatives aux bourses diffèrent dans certains cas de celles des expositions d’animaux à proprement parler puisqu’il s’agit de conditions de vente. Pour cette raison, et aussi parce que la PSA constate régulièrement l’absence de contrôle et le défaut d’application des réglementations lors des bourses, il serait utile d’édicter des dispositions valables pour toute la Suisse pour l’exposition et la vente de reptiles dans le cadre de bourses. Par rapport à la bourse visitée pour la première fois à Lausen en 2014, la bourse aux reptiles de cette année s’est présentée sous un jour légèrement meilleur. Il y a eu des améliorations, en particulier concernant la présentation empêchant la manipulation des animaux et la fourniture d’informations. Les terrariums individuels bien aménagés pour respecter les besoins des animaux méritent compliments. Dans l’ensemble, cependant, les conditions de détention des animaux restaient peu adaptées aux animaux. Il y a encore beaucoup de progrès à faire s’agissant notamment de la visibilité des conteneurs, des aménagements et, dans certains cas, de la taille des conteneurs. Les logements des animaux doivent être au moins assez grands pour leur permettre d’y adopter une position naturelle, de bouger sans crainte et de se retourner sans difficulté. De plus, les animaux ne devraient pas passer plus de six heures dans les conteneurs. La PSA estime de surcroît que les conteneurs ne doivent être visibles que d’un seul côté. La PSA estime que tous les conteneurs doivent également avoir au moins des possibilités de retrait et un substrat, comme le prescrit l’OPAn. Il faudrait faire de la réduction du stress la priorité majeure. Les animaux pour lesquels les petits conteneurs sont à l’évidence générateurs de stress doivent être transférés dans des logements plus spacieux ou ne plus être exposés. Tant qu’aucun achat n’est effectué, il faut aussi veiller à empêcher la manipulation des animaux et des conteneurs. En cas d’achat, les animaux doivent être placés au calme ou transférés immédiatement par l’acheteur dans leur futur terrarium. Les animaux qui, selon les termes de l’ordonnance de l’OSAV sur la protection des animaux dans le cadre de l’élevage, présentent un niveau de contrainte moyen à sévère doivent être exclus de la vente dans le règlement de la manifestation. Il faut aussi accorder une grande importance à l’information, car, lorsque les détenteurs des animaux ont des connaissances suffisantes, c’est une bonne base pour les détenir correctement. Il est donc essentiel d’informer les acheteurs par écrit sur les espèces animales, leurs besoins et le mode de détention approprié. À cet effet, toutes les informations sur les animaux (nom de l’espèce en latin, âge, sexe, longueur du corps, origine, statut de protection, autorisation nécessaire, le cas échéant) devraient être affichées sur leurs conteneurs. Par rapport à la bourse visitée en 2014, les étiquetages se sont nettement améliorés, mais il reste toutefois encore à faire. La PSA estime qu’il est, en outre, nécessaire de remettre des fiches ou des brochures d’information expliquant les besoins des animaux, les conditions de détention conformes à leurs besoins ainsi que les dispositions légales. L’article 111 de l’OPAn stipule l’obligation légale de la remise de ces documents pour la vente d’animaux à titre professionnel. La PSA estime par ailleurs qu’il faudrait toujours installer des terrariums modèles lors des bourses. Ces terrariums sont spacieux, ont un aménagement et un agencement adaptés aux animaux ainsi qu’un excellent éclairage. Ils servent d’exemples pour illustrer la différence entre un logement temporaire dans le cadre d’une vente et les conditions de détention permanente à la maison. La bourse de Lausen a, malheureusement, laissé passer cette belle opportunité d’y sensibiliser le public. Les conférences auxquelles les visiteurs pouvaient assister gratuitement méritent nos compliments. La PSA pense qu’il serait bon de développer ce mode d’information.
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EXPOSITION CANINE INTERNATIONALE GENÈVE
Exposition canine internationale Genève Du 9 au 11 novembre 2018, visité le 10 novembre 2018
Les petits couples les plus beaux et les plus racés partageaient la vedette avec des représentants d’élevages extrêmes – comme ceux aux longs poils (premier plan, Shih Tzu d’Italie) et d’autres quasiment glabres (arrière-plan, chiens nus mexicains de France). Ce type de caractéristiques confère aux deux races la réputation d’élevages extrêmes.
I. Généralités
L’exposition canine internationale, organisée chaque année à Genève par la Société Cynologique Suisse (SCS), section vaudoise, s’est déroulée dans une des grandes halles du parc des expositions qui recevait simultanément les Automnales et une exposition féline internationale. Au total 4370 chiens en provenance de 31 pays, représentant quelque 230 races différentes, ont été évalués par 22 juges originaires de 18 pays. Genève a été aussi le théâtre de l’attribution du titre de Champion des Alpes ainsi que de celui de Champion Suisse de Beauté et du «Swiss Top Dog». La température de la halle oscillait entre 19 et 22° C, une température agréable pour les chiens. Le niveau sonore se situait à environ 80 décibels (dB), ce qui peut être classé comme tolérable pour les chiens. Dans et à proximité immédiate du ring principal, le niveau sonore mesuré était nettement plus fort et dépassait les 100 dB lors des présentations et de la sélection du champion. Ce niveau a été considéré comme tolérable pour de brèves apparitions sur le ring. La PSA estime cependant que le niveau sonore était bien trop élevé pour les chiens que l’on toilette autour de ce ring et qui devaient patienter là toute la journée. Le parking était pratique à Genève – la plupart des véhicules sont garés sous un toit ou en parking souterrain, de sorte que les chiens qui y étaient hébergés ne couraient pas de gros risques climatiques.
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EXPOSITION CANINE INTERNATIONALE GENÈVE
Des installations de nettoyage mises à disposition devant la halle ont été utilisées intensément. Les exposants avaient le droit de quitter le parc des expositions avec leur chien (y compris durant l’exposition ce qui constitue une nouveauté) et de se promener dans le grand parc voisin, un progrès également utilisé. Comme lors des autres grandes expositions canines organisées par la SCS, les exposants ont été informés, aussi bien à l’inscription que directement sur place, des formalités à respecter pour la conformité au règlement d’exposition de la SCS et à l’Ordonnance sur la protection des animaux (interdiction de caudectomie, aucun surtoilettage en dehors du peigne et de la brosse (no powder, no spray, no problem), pas de chien âgé de moins de 3 mois, pas de collier étrangleur sans bloqueur, pas de collier à clou, pas de système de harnais avec des éléments orientés vers l’intérieur, pas de rigueur excessive, une relation avec les chiens toujours respectueuse et responsable).
II. Ce que nous avons apprécié lors de l’exposition en matière de protection des animaux • Propreté: en dépit du grand nombre de chiens et des emplacements parfois exigus, la halle est restée remarquablement propre. Les émissions olfactives (urine, excréments) augmentaient l’après-midi, mais restaient dans l’ensemble supportables. •
Une activité fébrile régnait dans la grande halle d’exposition. Les exposants s’étaient installés autour du ring et il était parfois difficile d’y accéder ou de se croiser dans les allées.
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• Situation et environnement de la manifestation, conditions d’accueil des chiens, des exposants et des visiteurs: le Parc des Expositions est un peu à l’écart, mais reste bien accessible en voiture et en transport en commun. Un grand parc arboré et avec des espaces verts se trouve à proximité immédiate. Cet environnement verdoyant était ouvert aux chiens et à leurs propriétaires pour la promenade, ce qui a permis aux uns et aux autres de se divertir et de se ressourcer quelque peu pendant ces journées d’exposition éprouvantes. La configuration du site du parc est également pratique et adaptée aux animaux – la plupart des automobiles pouvaient être garées sous un toit ou dans un garage souterrain. Les chiens hébergés dans les véhicules n’encouraient aucun risque climatique. Bien que la halle d’exposition soit très grande, une foule dense se tenait principalement entre les rings et dans les allées. Il n’était pas toujours très facile pour les visiteurs et les chiens de se croiser.
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EXPOSITION CANINE INTERNATIONALE GENÈVE
Le parc offre aux propriétaires et aux chiens la possibilité de se déplacer à l’extérieur de l’exposition. Il est juste dommage que le caniche ne soit pas autorisé à avoir un contact avec le sol et doive porter des chaussures. • Contact largement plus calme et plus amical avec les chiens: il faut évaluer positivement le contact détendu, amical et conforme à l’espèce maintes fois observé de quelques détenteurs de chiens, ce qui a produit manifestement un effet très positif sur les chiens.
L’exposante s’occupe avec amour de son chien – et celui-ci semble l’apprécier complètement.
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EXPOSITION CANINE INTERNATIONALE GENÈVE
Le braque de Weimar, qui n’est pourtant pas un bichon, s’est installé confortablement sur les genoux de son propriétaire. • Logement des chiens sur l’exposition: la majorité des chiens était, à notre avis, bien logée et de façon respectueuse des animaux. Nombre d’entre eux avaient leur «propre» cage, suffisamment grande pour s’y trouver à l’aise.
Un chien par cage. Les huskies avaient suffisamment de place pour s’étendre.
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• Nul besoin d’étranglement: quelques détenteurs de chiens ont prouvé qu’avec l’entraînement nécessaire et une bonne relation homme-chien il est totalement possible d’évoluer sur le ring sans étranglement.
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EXPOSITION CANINE INTERNATIONALE GENÈVE
Ce bouledogue français a été présentés sur le ring sans étranglement et de manière exemplaire avec un bloqueur sur la laisse de présentation. • Stand délivrant des informations et de nombreux renseignements sur la brachycéphalie ou le museau aplati et sur les problèmes de santé qui en résultent pour les chiens:
Un large partage de connaissances sur ce museau excessivement aplati et ses conséquences sur les chiens a été délivré aux personnes intéressées sur le stand de l’Association Suisse pour la Médecine des Petits Animaux ASMPA, de la SCS, de l’Association Vétérinaire Suisse pour la Protection des Animaux AVSPA et de la Protection Suisse des Animaux PSA dans le cadre de la campagne d’informations «Ensemble contre la brachycéphalie canine».
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EXPOSITION CANINE INTERNATIONALE GENÈVE
• «Élevage rétro» – l’exemple d’un boxer: Un groupe de jeunes boxers a été présenté sur le ring principal lors d’une démonstration spéciale. Tous avaient les oreilles tombantes et une longue queue ainsi qu’un museau largement normal sans crâne fortement brachycéphale.
Ce boxer est représentatif d’une forme d’élevage saine – des oreilles tombantes, une longue queue, un dos droit et un museau pas trop court.
III. Ce qui s’est amélioré par rapport à la dernière exposition à Genève (2016: • Moins de surtoilettage: à notre satisfaction, à la suite de l’interdiction des sprays, tresses, coupes, etc. le surtoilettage des chiens semblait être moindre, ou était moins manifeste cette année à Genève. Il y avait malheureusement encore quelques «partisans de la ligne dure» parmi les exposants. Voir Chapitre IV. • Contrôleurs: les organisateurs ont veillé à augmenter le nombre de contrôleurs dans les halles d’exposition et à ce qu’ils procèdent sans relâche à des rondes. Ainsi, comme à l’accoutumée, les exposants ont transporté de nombreux produits de coiffure, particulièrement pour les races de petits chiens, mais les ont visiblement utilisés moins «ouvertement». La PSA recommande qu’au moins un tiers du personnel de contrôle soit identifiable comme tel et disponible sur la manifestation. • Un contact moins rude et de façon générale plus respectueux avec les animaux: par rapport à 2016 seuls quelques cas ont été observés où les contacts entre exposant et chien étaient rudes, exagérément durs voire hostiles. Nous avons cependant observé quelques relations avec les animaux qui, de notre point de vue, n’ont pas leur place lors d’une exposition canine. Par exemple la saisie par de nombreux exposants de la zone anogénitale de leur chien lors de la présentation sur le ring ou sur la table des juges.
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Immobiliser» le chien en le saisissant par la zone anogénitale est non seulement désagréable pour le chien, mais du point de vue de la protection des animaux, constitue aussi une atteinte à sa dignité.
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IV. Ce qui ne s’est pas amélioré voire a empiré par rapport à la dernière exposition à Genève (2016) • Étranglement: certes il est écrit partout depuis 2014 (et c’est un point qui est également mentionné lors de l’inscription à l’exposition) que les colliers étrangleurs ou les laisses de présentation sans bloqueur sont interdits – cependant l’objectif visant ainsi à épargner douleur, souffrance et peur au chien par des colliers trop serrés et un étranglement n’est pas atteint, loin s’en faut. Tous les juges savent, selon les informations des responsables d’exposition, que l’étranglement déclenché par une traction trop serrée avec un collier et/ou une laisse est interdit en Suisse selon l’Ordonnance sur la protection des animaux (OPAn), et pourtant, cet étranglement reste à l’ordre du jour lors des expositions. Par exemple un champion de catégorie parmi les bouledogues français s’est présenté en laisse sans bloqueur fonctionnel, y compris sur la table des juges.
Vainqueur de catégorie étranglé par une laisse sans bloqueur fonctionnel lors de l’évaluation sur la table des juges.
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Le schnauzer aussi était étranglé. Certes, il a été présenté avec une laisse munie d’un bloqueur – mais celui-ci était tellement serré que le chien a quasiment été étranglé tout le temps durant la présentation.
Tout à fait conforme à la loi et bien plus respectueux de l’animal: bouledogue français lors de la présentation sur le ring (avec le même juge que ci-dessus) avec laisse et bloqueur (fonctionnel) et revêtement supplémentaire large et protecteur dans la zone du larynx.
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• Surtoilettage: ainsi que mentionné précédemment, on peut affirmer que la majorité des exposants ne se singularise plus maintenant par un surtoilettage des chiens. Cependant, de nombreux exposants emportent comme toujours des produits de coiffage dans leurs bagages et il faut partir du principe qu’en dépit des contrôles et de nos impressions, ces produits sont toujours utilisés, bien qu’en cachette et discrètement. La PSA souhaiterait recommander aux responsables d’exposition, d’attirer l’attention des exposants non seulement sur l’interdiction du surtoilettage, mais également sur l’obligation de renoncer à emmener les produits de coiffage nécessaires à cette opération.
L’exposant a non seulement brossé excessivement son chien (et à cet effet, l’a sans cesse tiré vers le haut comme sur une potence et l’a étranglé), mais a utilisé de façon illicite pour le coiffage des sprays coiffants (le spray L’Oréal derrière l’étui de la caméra est bien caché).
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Même le juge a saisi la brosse … et a procédé à des retouches?! Le chien est toujours tracté vers le haut et étranglé …
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Les poils sur la tête de la femelle Yorkshire ont été tressés pour l’exposition, de façon non autorisée. La chienne a l’air triste et semble ne pas se sentir à l’aise avec ses barrettes gênantes.
Les poils de ces deux yorkshires ont eux aussi été tressés sans autorisation.
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Certes ce caniche royal n’avait pas été tondu ou coiffé sur l’exposition (ce qui aurait été par ailleurs interdit) – mais pour obtenir à l’exposition ce look de caniche très spécial et totalement artificiel, il a été coiffé, passé au peigne fin et peigné en conséquence pour la présentation sur le ring. Par ailleurs, les poils de la tête ont été attachés après la présentation. Le chien a ainsi perdu une grande partie de son champ de vision et de communication: il avait une énorme houppe sur le haut du crâne qui chancelait à chaque mouvement, ce qui le dérangeait, et ses oreilles tombantes ont été nouées sous le menton, ce qui limitait ses mouvements de tête et son champ de vision. Ceci influençait à son tour de façon sensiblement négative ses possibilités de communication et son comportement vis-à-vis des autres chiens.
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• Chiens trop maigres: nous avons remarqué ces derniers temps que la tendance perdure parmi certaines races de chiens (les représentants des lévriers, chiens de berger, chiens de chasse et boxers), à les maintenir particulièrement maigres et à les présenter dans cet état aux juges.
Le Saluki au premier plan de la photo est bien trop maigre, par rapport à son copain en arrière-plan.
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Les lévriers, en particulier le Saluki, sont certainement plutôt minces de nature – mais ici la limite de maigreur a été nettement dépassée.
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Même ce jeune boxer était sous la limite de l’état nutritionnel conforme à l’espèce et à l’âge.
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• Exposition de caractéristiques d’élevage extrêmes et absence de sélection par les juges voire de prix pour les chiens qui ne sont pas élevés de façon saine:
Exemple Vainqueur de la catégorie Basset Hound
Basset Hound: Ce Basset Hound a été désigné vainqueur de sa catégorie malgré quelques caractéristiques d’élevage extrême fortement marquées (surabondance de plis sur la tête, le cou, la poitrine, les membres et les articulations, paupières très tombantes, pieds plats devant avec axe voûté (mauvais appui des deux côtés à l’avant), dos trop long, jointures arrière trop molles (le jarret est presque au sol lorsqu’il court) sternum trop bas (seuls quelques centimètres l’éloignent du sol). Seules les oreilles du chien n’étaient pas tout à fait aussi longues que chez certains autres Basset Hounds ayant reçu des prix.
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A gauche: Les paupières tombantes fortement marquées montrent des deux côtés un tissu conjonctif fortement enflammé. Selon l’Ordonnance sur la Protection des Animaux, de telles caractéristiques sont à l’origine de contraintes d’élevage moyennes à lourdes. Selon l’Ordonnance, l’élevage de tels chiens ne doit pas être pratiqué ou de façon limitée (pas de reproduction (catégorie de contrainte 3) ou la reproduction doit avoir pour objet une réduction des contraintes (catégorie de contrainte 2)).
Le pendant apparemment plus sain et élevé normalement de ce congénère est le Basset Artésien Normand:
Cet exemplaire ne montre quasiment pas de caractéristiques extrêmes par rapport au Basset Hound. Le mâle n’a pas de pli excessif, pas de paupières tombantes, un dos plus court, une distance plus grande entre le sternum et le sol (plus de liberté de mouvement) et des oreilles sensiblement plus courtes. Le seul point commun, mais important du point de vue de la PSA, est visible dans les pieds plats des membres antérieurs avec de même un axe courbe, ce qui doit être évalué comme défaut des membres antérieurs.
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Exemple du vainqueur de catégorie Carlin
Ce vainqueur de catégorie se caractérisait par une brachycéphalie marquée et un aspect particulièrement juvénile. Il n’avait quasiment plus de museau, son visage était même concave, orienté vers l’intérieur, ce qui prédispose à des problèmes de santé des voies respiratoires, voire des difficultés respiratoires surtout à hautes températures. Les nombreux plis du visage pouvant provoquer des inflammations cutanées chroniques sont une autre marque d’un élevage extrême et se concluent en règle générale par un accroissement des frais de soins et de thérapie vétérinaire. En outre, le carlin a une ossature large et trapue (surtout au niveau de la poitrine), ce qui peut provoquer des mises-bas difficiles lors de la reproduction. Par ailleurs, ce spécimen était trop gros, de l’avis de la PSA.
Exemple bouledogue français et bouledogue anglais
Sur les bouledogues français, on a observé que le juge ne tenait pas compte des chiens avec un museau plus prononcé et moins de brachycéphalie pour l’attribution de prix. Par ailleurs, nous avons dû constater que presque tous les bouledogues français n’avaient pas de fouet ou alors un moignon très court (la plupart du temps rabougri ou en tire-bouchon). Un seul chien avait un fouet un peu plus long – mais à l’inverse quasiment pas de museau et de très nombreux plis. Un moignon de queue ou une absence de queue implique par principe des malformations vertébrales fréquentes et des problèmes de dos ainsi que des séquelles neurologiques dégénérant souvent en paralysie. Ces chiens souffrent de violentes douleurs et de pertes massives de mobilité et meurent souvent prématurément.
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Ce bouledogue français brachycéphale avait un museau fortement raccourci, sa face était plate, sa tête ronde aux proportions particulièrement juvéniles. Un pli très profond recouvrait le museau (qui impliquait sûrement de réels frais d’entretien). Par ailleurs, il n’avait qu’une attache de queue très courte. Ses possibilités de communication avec d’autres chiens étaient par conséquent limitées. La brachycéphalie marquée a provoqué des problèmes de communication et d’intimidation avec les autres chiens du groupe, ce qui encore une fois peut influencer négativement et durablement le modèle comportemental du chien. En raison de leur ossature massive, la plupart des bouledogues français sont incapables de se nettoyer eux-mêmes l’arrière du corps. Ils dépendent donc de leur détenteur pour les soins.
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Les caractéristiques d’élevage extrême sont également manifestes chez les bouledogues anglais, tout comme les problèmes de santé qui en découlent. Ils se caractérisent entre autres par le physique extrêmement «trapu» lié à l’élevage avec une poitrine très large et massive, qui rend généralement impossibles les mises-bas normales ou en d’autres termes: les césariennes sont préprogrammées chez les bouledogues anglais. En outre, ils ont bien souvent les pieds plats et des défauts au niveau des membres, une formation de plis extrême sur la tête, avec un épais bourrelet de peau retombant sur l’arête du nez très courte en la recouvrant partiellement (lourd et désagréable à nettoyer pour le chien). Par ailleurs, les inflammations des tissus conjonctifs et des paupières tombantes sont fréquentes. Les bouledogues anglais sont dépourvus de fouet ou présentent des moignons de queue (la plupart du temps rabougris ou en tire-bouchon). Ces caractéristiques vont fréquemment de pair avec des déformations vertébrales à l’arrière, ce qui peut générer encore une fois des problèmes de dos, des séquelles neurologiques ainsi que des paralysies.
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L’épais tissu sous-cutané provoque un dos et un torse ratatinés. De nombreux représentants de la race se distinguent par un dos très nettement retombant, fréquemment associé à différents problèmes de dos. Les oreilles rabougries provoquent aussi des problèmes – à commencer par une difficulté de nettoyage des conduits auditifs suivie d’otites chroniques.
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Images en haut et en bas: De tels représentants de la race ne sont vraisemblablement pas nés de façon naturelle. La filière pelvienne de la mère est en général trop étroite. Une grande partie des animaux souffrent de dystocie ou naissent (obligatoirement) par césarienne.
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Images en haut et en bas: Mais ce sont justement les bouledogues anglais, à notre avis trop «trapus», qui ont remporté la première place dans leur catégorie.
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Du point de vue de la protection des animaux, il est incompréhensible que, lors de la sélection des vainqueurs de la catégorie des chiens d’eau espagnols, ce soient justement les individus sans queue ou avec un moignon de queue qui aient été désignés par le juge – bien que des représentants de la race portant une longue queue développée normalement aient également été présentés.
Le Welsh Corgi Cardigan montre toujours une queue longue et puissante, bien marquée. À l’inverse de son pendant, le Welsh Corgi Pembroke qui, la plupart du temps, est doté d’un moignon de queue, il peut communiquer sans restrictions avec les autres chiens et développer ainsi un modèle comportemental normal et sain.
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Le Yorkshire Terrier et ses longs poils tombant jusqu’au sol (voire plus) était très fortement limité dans sa mobilité et ses déplacements. Il ne pouvait voir que si ses poils étaient relevés et tenus par une barrette sur la tête. Il a été en permanence tiré vers le haut avec une laisse de présentation très serrée à la gorge et brossé toutes les deux minutes par l’exposant. En outre, il a subi un surtoilettage, ce qui est interdit (Voir aussi page 10 et 11). Il a cependant remporté la première place de sa catégorie.
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Ce bouledogue mâle français avait une gynécomastie plutôt rare, ce qui se traduisait extérieurement par de grosses mamelles inhabituelles chez un mâle. Mais les testicules se sont avérés plutôt petits comparativement à d’autres mâles (sains). Sa progéniture également présentée au juge présentait les mêmes caractéristiques. La gynécomastie est souvent associée à des modifications prostatiques et à des tumeurs (des testicules). Comme le mâle lègue manifestement ses propriétés à sa descendance, la PSA est d’avis de l’exclure de la reproduction.
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V. Bilan Cette année, l’exposition canine internationale de Genève a fondamentalement offert de bonnes conditions aux animaux et aux exposants, avec le parc voisin pour se promener (avant, pendant et après l’exposition) ainsi que les places de parking proches des halles d’exposition. Même le spacieux espace de nettoyage a été utilisé rapidement et efficacement, de sorte que la halle d’exposition a largement été exempte d’odeurs et de traces de matières fécales. En dépit d’un généreux espace par rapport aux autres halles d’exposition, une foule dense se tenait principalement entre les rings et dans les allées. C’est pourquoi il n’était pas toujours très facile pour les visiteurs et les chiens de se croiser. Par rapport à l’ECI de Genève visitée en 2016 par la PSA, les places individuelles pour chiens représentent une amélioration: en grande majorité, les chiens ne devaient plus patienter durant plusieurs heures dans des cages ou des box trop petits, ou partager un espace déjà exigu avec des congénères. Nos critiques à ce sujet ont été entendues, les inconvénients ont fait plus fréquemment l’objet de réclamations, et des améliorations ont été entreprises. Avant et pendant l’exposition, les organisateurs ont largement informé les exposants et les juges des dispositions en vigueur de protection des animaux et du règlement d’exposition (par exemple interdiction du surtoilettage, interdiction des colliers étrangleurs et des laisses sans bloqueur, etc.), y compris par des affiches et des inscriptions au sol sur le ring, reprenant le slogan: No Powder – No Spray – No Problem. Cependant, ces mesures informatives ont parfois manqué leur but: certes, la tendance au surtoilettage semble être moins répandue que lors des expositions précédentes, ce qui est réjouissant. Néanmoins, lors de cette exposition, nombre de chiens étaient étranglés pendant le toilettage et la présentation – même si l’interdiction d’utilisation de colliers étrangleurs et de laisses sans bloqueur aurait dû l’empêcher. De nombreux exemples sont documentés par des photos dans le présent rapport. Le manque de sensibilité des exposants, mais malheureusement aussi des juges, à cette problématique semble fondamental. Il est une fois de plus manifeste que les interdictions sont vaines si leur respect n’est pas parallèlement exigé. La crédibilité des organisateurs en pâtit, y compris vis-à-vis des exposants et des éleveurs: l’utilisation de colliers étrangleurs et de laisses sans bloqueur ainsi que le surtoilettage au-delà du brossage et du peignage étaient certes explicitement interdits, mais le non-respect de ces réglementations a peu porté à conséquence. En dépit de contrôles réguliers par quelques personnes sur place, il nous semble toujours que le recours à ces contrôleurs a été trop limité, voire que leurs observations n’ont pas été prises au sérieux. Ce manque de considération a été manifeste dans l’application de l’interdiction des colliers étrangleurs et des laisses sans bloqueur: d’un côté, de nombreux exposants ont tout bonnement transgressé la réglementation autour du ring et sur le ring, d’un autre côté, de nombreux chiens étaient simplement étranglés par des dispositifs de blocage trop serrés, une forte traction et leur laisse. L’application des réglementations devrait par conséquent être contrôlée de façon à empêcher effectivement la tenue serrée à l’aide d’un collier et d’une laisse (y compris avec bloqueur) ainsi que l’étranglement des chiens. La Protection Suisse des Animaux PSA demande donc que les organisateurs ainsi que les juges, contrôlent plus sévèrement le respect des dispositions de protection des animaux et du règlement d’exposition et sanctionnent les infractions en conséquence. Nous considérons en outre qu’il est du devoir des juges de sanctionner dans leurs évaluations les caractéristiques distinctives d’un élevage extrême. La nécessité d’agir efficacement reste encore très grande dans ce domaine. Ce n’est qu’ainsi que l’élevage d’animaux sains, non soumis à des extravagances zootechniques, pourra être durablement garanti. Les responsables de l’exposition et les juges portent une lourde responsabilité et ont un rôle de modèle. Ces aspects de leur fonction doivent être encore mieux perçus, car malheureusement nous avons pu à maintes reprises observer à Genève, que les chiens aux caractéristiques d’élevage extrêmes ont même été classés vainqueurs de leur catégorie et que les risques manifestes pour la santé ont été encouragés. La PSA souhaite que la branche s’appuie de façon uniforme sur l’Ordonnance de protection des animaux pour la reproduction, afin que l’élevage de races soit à nouveau plus sain et orienté vers le bien-être des individus (à 4 pattes).
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La PSA souhaiterait exprimer ses critiques en ce qui concerne la remise du Swiss Top Dog Award à une conductrice professionnelle (professional handler). Ces conducteurs/conductrices dirigent les chiens de manière professionnelle à la demande du détenteur ou du juge et pour la présentation aux juges sur le ring. La plupart du temps, ils dirigent un grand nombre de chiens. Selon nos observations, ils utilisent aussi des potences pour le toilettage des chiens et, ostensiblement, des moyens souvent interdits tels que des sprays ou des poudres. Dans le meilleur des cas, le comportement avec les animaux qui leur sont confiés est neutre et rarement amical, il est souvent même grossier (voir rapport de la PSA sur l’ECI à Kreuzlingen en 2017 et celle d’Aarau en 2018. À cette occasion, la conductrice et la ou les personnes qui l’accompagnaient ont fait à nouveau mauvaise impression, car elles avaient parfois préparé les terriers noirs russes (ainsi que d’autres chiens) de façon très grossière et les avaient constamment présentés sur le ring ainsi que sur le podium d’une main dure et inflexible). Pour couronner le tout, de tels conducteurs/conductrices sont encore fréquemment récompensés pour leur comportement contraire aux règles: il n’est pas rare que justement «leurs» chiens et leurs présentations soient récompensés (voir ECI Aarau 2018 et aussi le journal Chiens 12/2018, page 31, où la conductrice et gagnante du Swiss Top Dog Award a déjà récolté plus de 20 titres Best-in-Show et, dans au moins 10 pays différents, a déjà conduit «avec succès» sur le podium les chiens qui lui avaient été confiés). La PSA exige à juste titre que toute manipulation professionnelle soit réalisée dans la reconnaissance et le respect sans équivoque des dispositions légales applicables aux expositions ainsi qu’en adaptant un comportement amical et responsable envers les chiens. Toute autre attitude serait à nos yeux non-professionnelle.
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2ème Bourse de poissons d’ornement, de coraux et de plantes aquatiques Dimanche 25 novembre 2018
Bilan Conformément à l’article 104 de l’Ordonnance sur la protection des animaux (OPAn), les bourses aux animaux sont soumises à une autorisation liée à des obligations. Il est recommandé aux personnes responsables de la manifestation d’intégrer lesdites obligations dans un règlement de la manifestation. De nombreuses bourses aux animaux ont prévu de tels règlements comme c’est le cas à Domat / Ems. Ces règlements comportent généralement des directives sur la taille minimale, l’aménagement, la visibilité et l’étiquetage des conteneurs, mais varient d’une bourse à l’autre. Malheureusement, la PSA a pu observer que ces règles sont encore trop rarement appliquées et contrôlées. À Domat / Ems, de nombreux exemples ont également permis de constater que certains points du règlement de la bourse étaient fréquemment ignorés – sans que les organisateurs n’interviennent. La PSA estime qu’il n’est pas tolérable que des instances de contrôle qui fonctionnent mal empêchent l’application des dispositions de protection des animaux. Nous exigeons par conséquent un contrôle systématique par le service vétérinaire ainsi que par les organisateurs, avant et pendant les bourses. Les vendeurs qui ne se conforment pas aux dispositions doivent faire systématiquement l’objet d’un rappel à l’ordre et être exclus en cas d’infractions répétées. Qui plus est, les bourses qui n’appliquent ni ne contrôlent le règlement de la bourse ne devraient plus être autorisées par les offices vétérinaires. Depuis mars 2018, l’OPAn comporte des réglementations supplémentaires relatives au traitement réservé aux animaux durant des manifestations. En conséquence, elle autorise, pour les
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BOURSE DE POISSONS
événements de courte durée, une légère diminution des dimensions minimales requises pour les enclos, à condition que cela soit compatible avec les conditions fixées dans l’autorisation délivrée par l’office vétérinaire. Les réglementations relatives à l’aménagement et à l’éclairage ainsi que les exigences climatiques minimales (température de l’eau) de l’OPAn s’appliquent quelle que soit la durée d’une manifestation. Les conditions durant les bourses diffèrent en partie de celles des expositions animales proprement dites, car il ne s’agit pas uniquement d’exposer, mais aussi de vendre des animaux. Pour cette raison, et aussi parce que la PSA constate régulièrement l’absence de contrôle et le défaut d’application des réglementations lors des bourses, il serait utile d’édicter des dispositions valables pour toute la Suisse pour l’exposition et la vente de poissons et d’invertébrés aquatiques dans le cadre de bourses. À Domat / Ems, certaines conditions de détention satisfaisantes se conformaient aux obligations légales. Mais dans l’ensemble, les conditions de détention des animaux étaient peu respectueuses de ces derniers. Il y a encore beaucoup de progrès à faire s’agissant notamment de la visibilité des conteneurs, des aménagements et, dans certains cas aussi, de la taille des conteneurs. La PSA est d’avis que les conteneurs ne doivent être visibles que sur un seul côté, ce qui signifie qu’au moins deux côtés adjacents doivent être imperméables aux regards. De plus, selon l’OPAn ainsi que du point de vue de la PSA, tous les conteneurs doivent disposer au minimum de possibilités de retrait. Il faudrait faire de la réduction du stress la priorité majeure. Les animaux qui sont manifestement stressés dans de petits conteneurs doivent être impérativement logés dans de plus grands aquariums (OPAn, article 30a, al. 1 let. c). Il faut aussi accorder une grande importance à l’information, car une connaissance suffisante du propriétaire constitue la base d’une détention respectueuse des animaux. Il est donc essentiel d’informer les acheteurs par écrit sur les animaux, leurs besoins et le mode de détention approprié. À cette fin, les conteneurs doivent comporter les informations complètes concernant les animaux qui y sont hébergés (nom de l’espèce en allemand et nom scientifique, âge, taille requise du bassin, paramètres requis pour l’eau, taille définitive de l’animal, provenance, statut de protection, obligation éventuelle d’autorisation). La PSA estime qu’il est, en outre, nécessaire de remettre des fiches ou des brochures d’information expliquant les besoins des animaux, les conditions de détention conformes à leurs besoins ainsi que les dispositions légales. L’article 111 de l’OPAn stipule l’obligation visée par la loi de la remise de ces documents pour la vente d’animaux à titre professionnel. La PSA estime par ailleurs qu’il faudrait toujours installer des aquariums de démonstration équipés pour le bien-être des animaux lors des bourses. L’idéal serait de disposer de différents bassins en fonction des espèces. Les petites bourses peuvent également l’illustrer par des photos ou des films. Ces aquariums sont spacieux et aménagés correctement; ils servent de bons exemples et illustrent bien la différence entre des conditions de vente temporaires et un mode de détention permanent à la maison. À Domat / Ems, des films présentés sur des écrans placés à l’entrée de la bourse ont permis de suggérer comment détenir les animaux et aménager les aquariums.
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SWISS EXPO LAUSANNE
Swiss Expo, Lausanne Du 10 au 13 janvier 2018, visité le 12 janvier 2018
En raison du fort gonflement des pis, une démarche normale est pratiquement impossible.
I. Généralités Swiss Expo était organisée pour la 22e fois dans les locaux d’Expo Beaulieu à Lausanne. En plus d’une exposition mettant l’accent sur la technique agricole, la sylviculture et les énergies renouvelables, le salon accueillait, selon ses organisateurs, le plus grand concours de bovins d’Europe. En tout, plus de 1000 bêtes de huit races laitières (Simmental, Swiss Fleckvieh, Montbéliarde, Brune originale, Jersey, Brown Swiss, Red Holstein, Holstein) étaient inscrites à l’exposition. Durant les quatre jours, ces animaux ont été présentés et primés par races et groupes d’âges. Les vaches participantes provenaient pour l’essentiel de Suisse, mais également de France, d’Italie, du Luxembourg, d’Allemagne, du Danemark, de Belgique et d’Autriche. En plus des animaux détenus à l’attache, un enclos abritait deux veaux de la race Normande. Le jour de notre visite, les bovins de la race Brown Swiss étaient évalués dans 14 catégories, suivis de ceux de la race Red Holstein dans 17 catégories. Les différentes catégories ont été
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présentées successivement dans le ring, les animaux les plus jeunes ouvrant la marche. Le volume sonore dans le ring était d’environ 88 décibels (dB), avec des pointes occasionnelles à 94 dB durant la remise des prix, ce qui a paru déranger quelques animaux seulement. Au niveau inférieur des étables, les haut-parleurs étaient fixés juste au-dessus des vaches à l’attache. Lors d’annonces, le volume excédait 100 décibels, ce qui est nettement excessif, surtout que les bêtes ne pouvaient pas se soustraire au bruit. Dans certains espaces réservés au clippage des animaux, de la musique de fête était diffusée en permanence. Ce genre d’exposition permanente au bruit, à un niveau sonore entre 95 et 100 décibels, est une charge supplémentaire pour les vaches à l’attache.
II. Ce qui nous a plu du point de vue de la protection animale • Détention des animaux: toutes les vaches disposaient de couches suffisamment spacieuses et avaient accès aux abreuvoirs et à du foin. Les litières étaient très propres et généreuses. • Lumière du jour dans les étables: à l’exception de quelques rares animaux, placés à côté du ring et exposés uniquement à la lumière artificielle, tous les autres bénéficiaient de lumière naturelle en abondance dans les étables.
Positifs: litière et foin en abondance, lumière du jour et un ventilateur en plus. • Ventilateurs: de grands ventilateurs avaient été disposés à plusieurs endroits dans les étables, pour assurer une meilleure aération. • Attitude générale à l’égard des animaux: tant les animaux que le personnel chargé de les conduire dans le ring ou de les soigner dans les étables donnaient l’impression, à quelques exceptions près, d’avoir suffisamment de routine et d’être calmes. Dans les étables, calme, détermination et soins attentifs étaient à l’ordre du jour. • Soins aux animaux: les animaux étaient constamment sous la surveillance de gardiens, qui retiraient par exemple le fumier immédiatement ou récoltaient les excréments directement dans des seaux. Même si les étables étaient ouvertes au public, les vaches étaient protégées d’éventuelles intrusions de visiteurs par la présence de nombreux gardiens. 108
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III. Améliorations par rapport à la dernière exposition évaluée par la PSA • Nouveau règlement plus strict de l’exposition: en décembre 2017, la Communauté de travail des éleveurs bovins suisses (CTEBS) a validé un nouveau règlement d’exposition, qui prévoit entre autres aussi de nouveaux examens des pis par ultrason. • Pas de mesures de contrainte douloureuses non autorisées: le jour de la visite, nous n’avons pas observé d’application directe de mesures de contrainte douloureuses telles que l’utilisation d’entraves ou de pince-queue. Dans quelques cas, des vaches avaient une patte attachée pour éviter qu’elles ne donnent des coups de pied et/ou pour qu’elles restent tranquilles. Pendant la visite, nous n’avons observé aucune tentative de tirer la queue des vaches vers le haut, une manipulation douloureuse.
IV. Absence d’amélioration ou même dégradation par rapport à la dernière exposition évaluée par la PSA • Manque d’espace pour donner de l’élan avec la tête: comme les années précédentes, les animaux étaient placés face à une paroi verticale, à laquelle ils étaient attachés. Les colliers de certaines vaches étaient par ailleurs très serrés. Une situation que nous dénonçons, cette année encore. Les attaches en partie très courtes de certaines bêtes les empêchent de jouir de la marge de manœuvre nécessaire pour se relever, se coucher, se nettoyer et se lécher, ou même pour pouvoir reculer, conformément à leurs besoins et comme l’exige le manuel de contrôle «Protection des animaux» pour les bovins édité par l’OSAV.
Vache attachée trop serré l’empêchant de se coucher et de se relever correctement. • Air étouffant dans les étables à l’étage inférieur: alors que la température dans les étables de l’étage supérieur était d’environ 18 °C et qu’une quantité généreuse d’air frais entrait par les grandes portes, la température dans l’étable inférieure était d’environ 20 – 21 °C, une atmosphère en partie étouffante et trop chaude. La fréquence respiratoire de plusieurs vaches stationnées à l’étage inférieur était très élevée (> 120 respirations/min; alors qu’une fréquence de 10 à 30 respirations/min est normale au repos).
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• Volume sonore en partie très important à proximité des animaux: au niveau inférieur des étables, les haut-parleurs étaient fixés trop près des couches des vaches. Lors d’annonces, des pics à 100 dB ont été enregistrés. Autour de certaines cages de clippage, le volume sonore de la musique diffusée en permanence atteignait 95 à 100 dB, une charge supplémentaire pour les animaux immobilisés et toilettés.
Dans les étables du niveau supérieur, les bêtes bénéficiaient en principe d’un bon climat, avec de la lumière du jour en abondance et la possibilité de laisser entrer l’air frais par les portes. Le bruit diffusé par les haut-parleurs, placés trop près des couches des animaux, représentait toutefois une source de nuisance et de stress, tout comme la diffusion permanente de musique près de certaines cages de clippage. • Rasage intégral, rasage des poils tactiles, clippage excessif: toutes les vaches ont, une fois encore, été tondues et rasées de manière radicale jusqu’à la ligne dorsale (topline). Tous les poils de la tête, intérieur et extérieur des oreilles compris, en passant par les pattes et jusqu’aux sabots, les trayons, la zone sensible de l’intérieur de la cuisse, la queue (à l’exception d’une touffe de poils) ainsi que tous les poils tactiles du museau et des sourcils ont été coupés ou rasés. L’ordonnance sur la protection des animaux interdit explicitement cette pratique pour les chevaux. Afin de souligner leur silhouette, toutes les vaches avaient les côtes rasées des deux côtés et enduites de vernis transparent ou d’huile afin d’en dessiner la forme. De notre point de vue, les procédures de clippage et de toilettage excessives vont non seulement à l’encontre de la dignité des bêtes, mais enfreignent également les prescriptions de la protection des animaux. En comparaison, tout ce qui va au-delà du brossage et du peignage des chiens est par exemple explicitement interdit dans les expositions canines, qu’elles soient nationales ou internationales. Si l’on considère l’aspect de la protection des animaux, le fait de ne pas appliquer de règles équivalentes aux expositions de vaches, bœufs et veaux ne se justifie pas. Après de telles procédures, il manque aux animaux le pelage protecteur nécessaire au début de la période de pâturage, particulièrement au niveau des oreilles, pour se protéger des caprices de la météo et des insectes. Les poils tactiles sont par ailleurs des organes sensoriels importants qui ne repoussent que très lentement et parfois partiellement. Ce faisant, ils perdent leur signification essentielle: la perception de stimuli minimes, servant par exemple à l’orientation dans l’obscurité, à la détection des dangers ou à la localisation et à l’absorption de nourriture. 110
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Sans pelage protecteur, ce veau complètement rasé jusqu’à la ligne dorsale avait froid et tremblait. Il cherchait chaleur et protection dans la paille.
À la recherche d’un abri, ce veau s’est couché sous l’abreuvoir, contre la paroi, dans le coin, épuisé et grelottant (car entièrement rasé jusqu’à la ligne dorsale).
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Même les sabots ont été colorés en noir.
L’utilisation de tondeuses mécaniques peut aussi provoquer des blessures: coupure fraîche sur le
112 dos d’une vache de la race Holstein.
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Vache entièrement rasée, côtes bien dessinées, pis pleins et brillants dans le ring de présentation. • Vaches attachées la tête haute aux cages de clippage: lors des préparatifs pour le défilé dans le ring, les vaches étaient immobilisées dans les cages de clippage, disponibles en grand nombre, le cou et la tête excessivement tirés vers le haut. Lorsque la présence des collaborateurs de la PSA était remarquée, les attaches étaient en partie relâchées. Souvent, un licol sans arrêtoir était utilisé. Les tentatives des animaux de reposer leur tête et leur nuque ont été observées. La tension ayant pour effet de resserrer davantage les licols, les vaches étaient toutefois contraintes de relever sans cesse la tête. L’expression des animaux (regard fixe, blanc des yeux visible, oreilles tirées vers l’arrière, salivation, etc.) signale un stress auquel ils ne sont pas en mesure de se soustraire. Des professionnels ont entrepris de donner aux bêtes l’apparence souhaitée pour leur présentation dans le ring, un travail s’accompagnant de mesures importantes sur des animaux attachés. Seuls de rares cas de vaches tenant leur tête naturellement dans les postes d’attache ont été observés. Si «l’immobilisation démesurément longue des animaux dans une posture non naturelle» est interdite par le règlement, le texte n’indique pas ce qui doit être considéré comme «démesurément long». L’immobilisation par la contrainte et de longue durée des vaches la tête et la nuque tirées vers le haut ne semble pas non plus être considérée comme une posture corporelle non naturelle. Les personnes chargées des contrôles ne sont en tout cas pas intervenues, bien qu’elles soient chargées de vérifier et de faire appliquer le règlement sur place, comme celui-ci le prévoit.
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Cette vache a été attachée trop serré et trop haut à une latte en bois pour le clippage. L’animal a été contraint de rester la tête attachée trop haut et trop serré, le cou et le dos étirés dans une position non naturelle, jusqu’à la fin du clippage, procédure qui a duré une trentaine de minutes.
114 La même vache est maintenant séchée et brossée.
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Tête relevée sous la contrainte d’un licol trop serré. La vache salivait.
Il est aussi possible de faire autrement: vache calme, dans une posture naturelle, dans une cage de clippage.
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• Utilisation de nombreux produits pour la préparation des vaches: les toiletteurs ont utilisé de nombreux produits pour préparer les animaux. Il est ici permis de se demander si tous les produits utilisés «ne provoquent ni irritations ni dommages et (sont) inoffensifs du point de vue de la loi sur les denrées alimentaires», comme l’exige le règlement. Il est en tout cas apparu que le nombre de produits visibles était nettement moins important que l’année dernière. Les toiletteurs ont toujours rangé la majeure partie des articles utilisés dans des caisses ou des armoires une fois leur travail terminé.
Ce toiletteur avait à disposition tout un arsenal de produits cosmétiques. Ici, il était en• train de tondre la tête d’une vache, dont il a coupé aussi les poils tactiles des sourcils et du 116 museau.
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• Trayons collés et obstrués: des trayons collés ont été observés sur presque toutes les vaches. Cette pratique est expressément autorisée. Le seul produit permis à cette fin est du Collodium 8%. Un examen visuel ne permet pas de constater si du Collodium plus fortement dosé ou de la colle instantanée ont été utilisés à la place. Après la présentation, les gardiens étaient contraints de retirer péniblement le produit avant la traite. Une procédure qui provoquait des réactions de défense violentes de la part des vaches.
Trayons collés et obstrués.
Ici, les trayons ont été préparés pour être collés par un gardien, pendant que l’autre lui tendait le produit destiné à être appliqué sur leurs extrémités. Il n’était pas possible de vérifier quel adhésif en quelle concentration était effectivement utilisé.
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Mouvement de défense violent après la présentation dans le ring. Le retrait de l’adhésif appliqué sur les trayons avant la traite était une procédure visiblement désagréable pour la vache.
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Avant de pouvoir traire cette vache, ses trayons ont sans cesse été malmenés pour les libérer de l’adhésif et permettre d’y fixer enfin l’appareil de traite mobile destiné à soulager l’animal.
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• Vidange du lait sans surveillance vétérinaire: dans plusieurs cas, nous avons constaté que du lait était prélevé de quarts de pis au moyen de canules (non stériles), sans qu’un vétérinaire supervise la procédure – bien que le règlement l’exige spécifiquement.
Vidange du pis en l’absence du vétérinaire (Team France).
Vidange du pis non autorisée à l’aide de canules. La vidange du pis devait permettre ensuite de coller les trayons et d’assurer leur étanchéité. Le pis était déjà fortement sous pression et présentait un écoulement de lait. Pour que l’adhésif garantisse l’étanchéité du trayon, la pression doit d’abord être réduite et le flux de lait brièvement interrompu. Souvent, l’adhésif est séché à l’aide d’un sèche-cheveux, afin d’accélérer et d’améliorer son adhérence.
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• Administration de médicaments en l’absence du vétérinaire: selon le règlement, les traitements ne peuvent être effectués que par le vétérinaire de l’exposition. Les médicaments ne peuvent être administrés que sous le contrôle de ce professionnel, après qu’il a établi un diagnostic. Nous avons toutefois observé des gardiens qui ont attendu que la vétérinaire ayant soigné une vache à proximité quitte l’étable pour pouvoir administrer à «leur» vache un traitement intramammaire dans les quatre quarts de pis (Team France). • Animaux malades à l’exposition: le jour de la visite, deux vétérinaires étaient occupés 24 heures sur 24 à soigner des animaux visiblement malades. Du point de vue de la protection des animaux, nous saluons expressément le traitement aussi rapide que possible des animaux malades, pour leur permettre de se rétablir. Plusieurs fois, nous avons cependant observé que les bêtes malades et traitées prenaient ensuite quand même part aux spectacles et aux remises des prix. Les vaches malades ou dépassées et stressées par leur participation à l’exposition n’ont pas leur place sous les feux de la rampe et devraient, à notre avis, être épargnées et ramenées chez elles, à l’étable, dans leur cadre habituel, où leur traitement et leur rétablissement pourra se poursuivre. Si ce n’est pas possible, elles devraient au moins pouvoir se retirer et se reposer dans une zone à part, sous la surveillance de professionnels. Pour des raisons sanitaires, leur participation au concours doit être interrompue, comme l’exigent les dispositions légales. Depuis le mois de mars, les règles s’appliquant aux manifestations et aux expositions avec des animaux sont en effet plus sévères. Selon celles-ci, seuls des animaux sains peuvent être exposés. Les exposants et les responsables doivent assurer le bien-être des animaux en tout temps. Les animaux dépassés par la situation doivent bénéficier de soins adéquats dans des conditions acceptables. Ceci implique aussi de leur faire quitter les locaux de la manifestation et de les placer hors du secteur accessible par le public, pour les ménager, sans oublier l’encadrement et le traitement professionnel des animaux souffrants. Des phases de repos et de détente convenables doivent en outre être accordées au bétail. Nous estimons par ailleurs qu’une vache traitée avec des substances analgésiques, anti-inflammatoires, antipyrétiques, stimulant la circulation et/ou antibiotiques est avantagée par rapport aux animaux non traités, que cette situation soit volontaire ou non. Au vu de l’épreuve que représentent l’exposition et le concours (stress physique et psychique, trayons sensibles à la pression et à la douleur, œdèmes et inflammations mammaires, irritations cutanées, démangeaisons, nervosité, peur, fatigue, etc.), les animaux «non traités» devraient souffrir nettement davantage que leurs concurrents.
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Veaux primés souffrant de «décalage horaire». Après le concours, les animaux étaient excessivement fatigués, épuisés et souvent plongés dans un sommeil profond. La tête fortement inclinée sur le côté, le système cardiovasculaire tournant au ralenti, ils écoutaient leurs propres battements de cœur (auto-auscultation). De notre point de vue et selon notre expérience, ce sont là des mécanismes d’autoprotection permettant aux animaux de fuir les situations difficiles et stressantes. Le veau à droite de la photo s’était soulagé durant son sommeil, il était immobile et inconscient.
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Ce veau «absent» se trouvait aussi en «auto-ausculation» dans un profond sommeil.
Ces vaches de la race Montbéliarde étaient fatiguées et apathiques le jour suivant leur présentation
122 dans le ring. Une partie d’entre elles étaient aussi en auto-ausculation.
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Vache Montbéliarde souffrant de «décalage horaire», en auto-ausculation. • Utilisation de «pommade verte forte» et d’autres produits sans surveillance vétérinaire: cette année aussi, la «pommade verte forte» et d’autres pommades et émulsions contenant du camphre et de l’eucalyptus étaient utilisées. Le règlement de l’exposition autorise «l’utilisation de produits cosmétiques, huiles ou pommades, pour autant qu’ils ne provoquent ni irritations ni dommages et qu’ils soient inoffensifs du point de vue de la loi sur les denrées alimentaires». Les médicaments ne peuvent être administrés que sous le contrôle du vétérinaire, après qu’il a établi un diagnostic. Du fait de ses composants, la «pommade verte forte» pénètre profondément dans les tissus, où elle a un effet antiseptique et analgésique, et stimule la circulation sanguine. Lorsqu’elle est appliquée sur le pis, le lait ne peut pas être utilisé pendant les trois jours qui suivent. Les indications de cette pommade dans le domaine vétérinaire prévoient avant tout des traitements locaux au niveau des articulations et des muscles, en cas d’arthrite et d’hématomes. Dans la notice d’emballage du médicament, il est précisé que l’utilisation de cette pommade est contre-indiquée en cas de maladies cutanées inflammatoires, d’eczémas et de blessures. La pommade ne doit pas être appliquée sur les muqueuses et les blessures. Par ailleurs, elle peut provoquer des réactions d’hypersensibilité locales. Une application généreuse peut ainsi occasionner des réactions cutanées excessives. Nous avons observé à Swiss Expo que les pis de plusieurs vaches étaient généreusement frictionnés de «pommade verte forte» un certain temps avant leur présentation dans le ring. Outre ce produit, d’autres pommades et émulsions contenant du camphre et de l’eucalyptus ont aussi été utilisées. Du point de vue de la protection des animaux, il est contre-indiqué de frictionner les trayons avec ces dispositifs (en quantité généreuse). Et ceci particulièrement après le rasage de près, la peau étant déjà irritée et particulièrement sensible. Les microlésions provoquées par le rasage sont inévitables, raison pour laquelle les frictions au moyen de substances stimulant la circulation sanguine, irritantes et brûlantes, doivent être une torture pour les animaux.
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Ici, le pis a été enduit d’une épaisse couche de gel huileux, pour le faire briller. • Prise des ganaches pendant la présentation dans le ring: presque tous les concurrents pincent un pli de peau au niveau de la mâchoire de l’animal pour que celui-ci positionne sa tête à la hauteur souhaitée pendant toute la durée de la présentation.
Illustration en haut et page 19 en haut: pincement d’un pli de peau («prise des ganaches») pour
124 que la tête reste haute pendant toute la durée de la présentation.
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• Présentation des vaches dans le ring, pis trop pleins: dans le ring, la plupart des vaches portaient un licol à chaîne coulissant, passé autour du museau et sous le menton. La plupart des concurrents atténuaient toutefois l’effet de la chaîne, du moins en partie, en maintenant celle-ci directement sur la tête de la vache. En raison de leurs pis très pleins et durs, les vaches marchaient les pattes écartées, effectuant d’amples mouvements d’évitement pour ne pas les toucher. Pour que les vaches adoptent la posture et la position souhaitée, les participants exerçaient une certaine pression, p. ex. à l’aide du pied ou d’une chaussure, sur le bourrelet coronaire. Les pis étaient luisants, notamment grâce aux gels huileux et aux sprays brillants humides utilisés pour le toilettage; ils étaient pour l’essentiel trop pleins et de couleur rose à rouge (en raison de substances destinées à stimuler la circulation sanguine et utilisées en friction avant la présentation). Les vaisseaux sanguins de la partie inférieure du ventre et du pis étaient nettement apparents et saillants, de manière peu naturelle.
En raison de son pis dur et extrêmement plein, cette vache Brown Swiss avait beaucoup de peine à marcher «normalement» et était contrainte d’écarter ses pattes arrière pour contourner son appendice.
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En haut et à gauche: cette Brown Swiss présentait également une démarche modifiée en raison de son pis immense, dur et trop plein. Le lait gouttait déjà malgré la colle, montrant que la pression dans les trayons était extrême et que la vache n’avait plus été traite depuis longtemps.
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Cette vache ne pouvait pas non plus marcher normalement en raison des dimensions extrêmes de son pis, dur et très gonflé. Elle ne voulait plus avancer et la personne chargée de la conduire devait sans cesse tirer violemment sur son licol (et sa tête) pour qu’elle fasse au moins quelques pas.
En haut et page 22: une image toujours identique: des pis immenses et brillants, si pleins que les animaux ne veulent plus avancer et qu’ils marchent comme sur des œufs, contraints de contourner leur pis durs et douloureux en écartant largement les pattes arrière pour éviter de les toucher. On ne peut pas parler de participation et de déplacement volontaires dans pareils cas. Les bêtes sont marquées par l’épreuve, les intervalles de traite allongés et la situation d’exposition les stressant visiblement (toilettage excessif compris).
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Ce concurrent appuie du pied sur le bourrelet coronaire, une zone sensible. Sous l’effet de la douleur, la vache a retiré immédiatement sa patte, comme souhaité.
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En haut et en bas: la double gagnante et quelques vaches dans le rang derrière elle, ainsi que les vaches sur la photo ci-dessous, ont régulièrement eu à supporter des corrections de posture par pression sur le bourrelet coronaire.
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Une autre méthode courante de correction de la posture est d’appuyer sur le dos ou dans les flancs avec les doigts. Ces deux régions sont particulièrement sensibles à la pression.
Des méthodes et des produits de styling variés permettent de mettre les pis et les vaisseaux sanguins en évidence de manière peu naturelle.
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La vache est tenue fermement et la chaîne du menton fortement tirée. L’animal salive abondamment et paraît stressé. • Contrôle visuel du remplissage des pis avant l’entrée dans le ring: le règlement d’exposition exige un contrôle visuel du remplissage des pis avant l’entrée des vaches dans le ring. La commission de contrôle a indiqué que ces vérifications avaient été effectuées visuellement. Il y avait bien 1 à 2 personnes présentes dans la zone d’entrée du ring chargées d’effectuer ces contrôles, mais elles étaient surtout occupées à contrôler la présence des animaux et à déterminer leur ordre d’entrée dans le ring. La zone était par ailleurs mal éclairée par rapport au reste du ring et sans cesse occupée par des vaches et leurs gardiens en train d’attendre leur tour. Un contrôle du niveau de remplissage des pis n’est, du point de vue visuel, pas une mince affaire. Dans les conditions sur place, il n’était pas non plus possible. • Contrôle des pis aux ultrasons après la remise des prix: le règlement d’exposition prévoit désormais un contrôle des pis aux ultrasons directement à la fin du concours, et ceci pour chaque catégorie. Il s’agit d’examiner si les intervalles prolongés entre les traites et la pression intérieure dans le pis qui en résultent provoquent une accumulation d’eau dans les tissus du pis (œdème mammaire). Si l’échographie est positive, cela signifie d’une part que la vache n’a pas été traite à intervalles suffisants (ce qui est expressément interdit aux termes de l’ordonnance sur la protection des animaux [art. 16, al. 2, let. i et art. 17, let. h] et du règlement CTEBS [chiffre V, let. h]) et prouve en outre l’atteinte au bien-être et un état de santé non physiologique de l’animal. Suivant la gravité, ce processus est de plus en plus douloureux pour l’animal et présente un risque d’inflammation du pis; c’est un signe indiquant clairement que la vache aurait dû être traite depuis longtemps. Les études scientifiques démontrent par ailleurs que les œdèmes du pis sont un symptôme clinique apparaissant relativement tardivement et qu’en règle générale, la vache présente des signes de souffrance tels que le stress, des sensations de pression et de tension désagréables et des douleurs plusieurs heures auparavant. Lorsque le vétérinaire constate un œdème mammaire dans le cadre d’une exposition, il y a donc à la fois infraction à l’ordonnance sur la protection des animaux et au règlement CTEBS. Ce dernier prévoit comme sanction en cas d’œdèmes mammaires l’exclusion de l’animal du concours et un avertissement mais aussi, suivant le degré de gravité, la traite partielle ou complète ou la vidange du lait à titre de mesure immédiate visant à soulager l’animal. 132
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Les contrôles aux ultrasons étaient effectués dans une zone séparée et invisible du ring. Sur demande, une collaboratrice de la PSA a été aimablement autorisée à assister à ces examens. Comme prévu dans le règlement, les contrôles étaient réalisés par seulement deux vétérinaires accrédités. La sélection des vaches à examiner était effectuée par la commission de contrôle. Selon les directives, 1 à 4 vaches doivent être contrôlées par catégorie. Sur place, 2 vaches étaient examinées pour chaque catégorie, soit les deux bêtes placées en tête du classement. Dans l’ensemble, la PSA a observé les contrôles aux ultrasons de 5 catégories. Les deux vaches examinées ne présentaient pas d’œdème dans une seule catégorie, alors que dans les 4 autres, une vache présentait un œdème de degré 1 à chaque fois. Les œdèmes mammaires graves de degré 2 et 3 n’ont pas été observés en présence de collaborateurs de la PSA. La veille, les vétérinaires en avaient décelé, notamment chez les vaches de la catégorie Jersey. Selon le règlement, outre l’avertissement de l’exposant et son exclusion du concours, la vache souffrant d’un œdème de degré 1 doit être en partie traite. Dans la pratique, cela signifie qu’un litre de lait doit être prélevé à la machine dans chaque quart de pis ou, en guise d’alternative, qu’un litre de lait doit être vidangé par quart de pis au moyen de canules introduites dans les trayons, le tout en présence d’un vétérinaire. Le jour du concours, un œdème mammaire n’avait pas d’autres conséquences – contrairement à ce que prévoit le règlement. Les prix attribués n’ont pas été retirés aux vainqueurs et aucun animal n’a été exclu de la suite de la compétition. Par ailleurs, aucun exposant n’a reçu d’avertissement! En cas d’œdèmes de degrés 2 ou 3, seules les chances de gagner lors de concours ultérieurs étaient moindres, le pis devant être entièrement vidangé. Dans ce cas, la vache ne correspondait plus à l’idéal visé (pis remplis) lors de sa présentation dans le ring (ce qui réduisait d’autant ses chances de décrocher un prix). Chaque œdème mammaire doit en outre être déclaré au vétérinaire cantonal. Les conséquences pour les propriétaires des animaux ne sont en revanche pas connues. La vidange partielle du lait au moyen de canules a été effectuée par la plupart des exposants, directement derrière le ring, afin de permettre aux vaches de se présenter aux autres concours. Le déplacement à pied jusqu’au stand de traite, la traite à cet endroit et le retour à pied jusqu’au ring aurait empêché toute autre participation. La vidange du lait, effectuée par l’un des vétérinaires appelés par la commission de contrôle, provoquait parfois des réactions de défense violentes de la part des vaches. Malheureusement, nous avons constaté que malgré le diagnostic aux ultrasons, une partie des animaux concernés n’a pas subi de traite ou de vidange, même partielle.
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Un gardien et une vache classée première ou deuxième attendent devant l’entrée de la zone d’examen des pis au moyen d’un ultrason. L’examen lui-même ne durait généralement que quelques minutes.
V. Conclusion Le règlement d’exposition a de nouveau été remanié par la Communauté de travail des éleveurs bovins suisses (CTEBS). Désormais, les pis des vaches sont examinés par échographie après les concours. Si nos observations montrent que les examens à proprement parler ont été réalisés de façon sérieuse et que les mesures prévues dans le règlement ont en partie aussi été imposées aux gardiens et propriétaires d’animaux souvent clairement récalcitrants, la question de savoir pourquoi les examens n’ont lieu qu’après la remise des prix se pose et pourquoi les diagnostics positifs n’ont pas conduit à l’exclusion du concours, comme le prévoit le règlement, et pourquoi les prix attribués aux exposants de vaches souffrant d’œdèmes mammaires n’ont pas été retirés. Il serait souhaitable que le règlement soit appliqué de manière conséquente à ce niveau. Si les exposants n’ont pas à craindre de conséquences sérieuses malgré les comportements fautifs que nous avons observés, la situation des pis excessivement pleins et le stress pour les animaux risquent de perdurer à l’avenir. Ceci bien que des fonds conséquents aient été investis dans le développement d’une méthode élaborée de dépistage des œdèmes mammaires par ultrasons, dans le but d’apaiser le public et de nombreux défenseurs des animaux, mais surtout de favoriser les éleveurs qui, pour des raisons de protection des animaux, ne souhaitent pas repousser les limites.
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Tant que le constat d’œdème mammaire n’aura pas de conséquences décisives pour les exposants (et ceci dès le degré 1), comme l’avertissement et l’exclusion du concours, une interdiction de participer prolongée après le 2e avertissement, une dénonciation pour violation de l’ordonnance sur la protection des animaux, etc., elle n’aura pour effet qu’une légère amélioration en matière d’intervalles de traite. En revanche, elle ne représente malheureusement pas une mesure / méthode préventive efficace pour protéger les animaux des contraintes évoquées et interdites par l’ordonnance sur la protection des animaux. La seule méthode efficace pour éviter les pis trop pleins lors des expositions et des concours de bétail est, à notre avis, d’imposer un intervalle de traite obligatoire de 12 heures maximum. Cette règle devrait être contrôlée et appliquée par blocs lors des expositions, et valoir pour toutes les vaches laitières. Il devrait par ailleurs être interdit de coller les trayons des vaches. Le pis peut aussi être évalué par les juges lorsque le lait se met à couler, comme le démontre un concours de vaches Holstein en Allemagne (Nacht der Holsteins, www.tierschutz.com/tierausstellungen/holsteins/index.html). Comme nous l’avons déjà dénoncé plusieurs fois, les vaches continuent d’être traitées au moyen de nombreux produits, afin de correspondre autant que possible à l’idéal recherché. Outre l’application de substances chimiques ainsi que de pommades et crèmes médicales, elles sont soumises à un toilettage exagéré. L’application de produits de styling peut non seulement provoquer des dommages et un stress, mais exige en plus que les bêtes soient fixées longuement dans une posture non naturelle. Le toilettage exagéré est interdit dans les expositions canines depuis plusieurs années. Nous estimons qu’il n’existe pas de raison justifiable et raisonnable de ne pas l’interdire également lors des expositions de bétail. Par ailleurs, il est toujours permis de coller les trayons avec du Collodium, ce qui empêche un soulagement naturel de la pression par l’écoulement du lait et expose la vache à un stress supplémentaire (douleurs et pression interne accrue dans le pis, application désagréable voire douloureuse de la colle suivant la méthode utilisée et retrait désagréable voire douloureux du produit avant la traite, irritations et dommages cutanés suivant l’adhésif utilisé). Nous aimerions que des mesures judicieuses soient prises pour les expositions et concours de bétail et de vaches laitières afin d’éviter les pis excessivement pleins et nous en appelons aux organisateurs pour faire en sorte que tous les exposants soient soumis aux mêmes conditions lors des compétitions. Nous souhaitons par ailleurs que les animaux ne soient ni stressés, ni exposés à la douleur, et qu’ils soient présentés le plus naturellement possible. Le stress, la douleur, le bruit, les médicaments, les adhésifs, les sprays, les gels et les vernis n’ont rien à faire dans l’environnement naturel des vaches laitières, même à titre exceptionnel lors d’expositions. Pour le bien-être des animaux, nous attendons des organisateurs et des exposants qu’ils respectent sans exception les dispositions de la protection des animaux et que les abus soient sanctionnés en conséquence et fermement.
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Tier & Technik, Saint-Gall Du 22 au 25 février 2018, visité le 23 et le 24 février 2018
Cette vache Jersey a pu garder ses poils tactiles importants autour du muffle et des sourcils, marquant des points du côté de la protection des animaux.
I. Généralités La 18e Foire internationale pour l’élevage d’animaux de rente et la production agricole, le salon «Tier & Technik», a eu lieu du 22 au 25 février 2018 dans l’aire de la foire OLMA à Saint-Gall. Cette manifestation a enregistré un total de 34 000 entrées durant les quatre jours, elle a accueilli 480 exposants / stands ainsi que plus de 200 taureaux, vaches et veaux, principalement en stabulation à l’attache. Chaque année, et donc le 23 février 2018, la foire Tier & Technik abrite également le concours «les plus belles parmi les meilleures» ainsi que la vente aux enchères organisés par la Communauté d’intérêts de la race Brune suisse (IGBS). Le nouveau Règlement d’exposition de la Communauté de travail des éleveurs bovins suisses (CTEBS) a été appliqué lors de la foire Tier & Technik. Au total, 154 bovins de diverses races se tenaient sur le ring pour les remises des prix et, dans chaque catégorie, une échographie des pis a été effectuée sur les 136 animaux placés aux deux premiers rangs. Selon le rapport de presse final de la foire Olma, trois
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réclamations ont été émises à cet égard, précisant qu’aucune vache gagnante n’était concernée. Le coup d’envoi du concours dans plusieurs catégories a été donné dans la soirée du 23 février 2018, vers 19h, suivi par la remise des titres de championnes, dont celui de championne du pis junior et senior, de grande championne et de championne junior. Le concours IGBS s’est terminé vers 23h30. Le samedi 24 février 2018, les races Jersey, Holstein ainsi que diverses sections de Fleckvieh ont défilé sous l’œil du jury. Au total, 118 vaches de la race Brune suisse, 20 de la Race brune originale, 10 Swiss Jersey, 15 Red Holstein et 21 Holstein étaient présentées. De plus, on comptait six représentantes de races autrichiennes, dont une Fleckchen d’élevage, deux Pinzgauer, une Tux et deux Tiroler. Une Black Angus et un groupe de race Grise ainsi que deux bœufs de pâturage bio étaient également présentés. A l’exception des animaux gardés en groupe et de quatre veaux de la race Brune suisse, qui étaient hébergés dans de petits enclos, tous les animaux étaient présentés attachés, dont 12 jeunes de race Brune suisse âgés de 4 mois à 2 ans et demi. Dans les espaces extérieurs, 12 poules étaient exposées dans un poulailler non surveillé (sans autres informations sur les conditions de détention ni sur l’âge et la race). Depuis l’arrivée à l’exposition jusqu’au transport de retour, les animaux présentés et mis aux enchères ont dû passer cinq jours et quatre nuits en tout dans l’aire d’exposition. La température de la halle était de 18° C en moyenne, ce qui était agréable pour la majorité des animaux. A proximité des grandes portes coulissantes, la température pouvait cependant être assez fraîche, en particulier dans la salle de clippage, ainsi que pour les veaux et les génisses en stabulation à l’attache, en raison du courant d’air – surtout parce que la majorité de ces animaux ont eu le poil protecteur rasé complètement ou jusqu’à la ligne dorsale. Quant au bruit, on enregistrait environ 95 dB au restaurant de la halle, à proximité des vaches Holstein et Jersey. Sinon, le niveau sonore était tolérable, avec une moyenne de 80 – 90 décibels, et même la salle de clippage n’était pas trop bruyante cette année. Il convient cependant de s’interroger sur le fait que les animaux passent de longues journées et nuits contraignantes et bruyantes dans l’exposition, et qu’ils ne peuvent retrouver le calme qu’après le show, bien après minuit. Pendant l’exposition, seul le vétérinaire de la foire était habilité à prodiguer les soins vétérinaires. Les animaux exposés étaient pris en charge par une équipe de 24 collaborateurs responsables de la stabulation, qui s’occupaient de la traite, de l’affouragement, du fumier, des soins, de la surveillance nocturne et apportaient leur aide lors des présentations. Avant l’exposition, le vétérinaire cantonal a publié un règlement détaillé, avec les prescriptions relatives à la foire Tier & Technik 2018, et l’IGBS a édité pour sa part une feuille d’information à l’attention des exposants. Il était expressément précisé que les dispositions légales sur la protection des animaux et le règlement CTEBS devaient être observés, et que des contrôles ainsi qu’une échographie des pis seraient effectués. Les exposants étaient appelés à fournir en tout temps – aux personnes chargées des contrôles – les informations souhaitées et de leur laisser l’accès aux moyens utilisés pour la préparation des animaux, etc.
II. Ce qui nous a plu du point de vue de la protection animale • Détention des animaux: tous les veaux, génisses et vaches disposaient de suffisamment d’espace pour se coucher et d’accès aux abreuvoirs automatiques et au foin. Les couches étaient maintenues très propres; elles étaient couvertes de litière abondante.
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Illustrations ci-dessus et ci-après: tous les animaux avaient accès au foin et à l’eau des abreuvoirs automatiques. Ils se tenaient debout ou se reposaient sur des couches paillées épaisses et douces. Dans la mesure où les animaux n’étaient pas attachés trop court, ils avaient suffisamment de marge pour se lever et se coucher sans problème, d’un mouvement de la tête propre à l’espèce. Malheureusement, la plupart des vaches de la race Brune étaient totalement rasées, y compris les poils tactiles. La courbure des côtes était également rasée pour être mise en valeur. Cela donnait aux animaux une allure atypique et guère naturelle.
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• Comportement général avec les animaux: les animaux et le personnel dans les bâtiments étaient calmes et semblaient habitués à la situation. En général, les employés se comportaient avec calme et sérénité. Cependant, on a observé à plusieurs reprises que des personnes tentaient sans ménagement, à coups de pied, de remuer les vaches qui se reposaient pour qu’elles se lèvent. Malheureusement, personne n’est intervenu, malgré la souffrance évidente des animaux. • Encadrement des animaux: les animaux étaient majoritairement sous surveillance constante, l’urine et les déjections étaient en général enlevées immédiatement ou réceptionnées directement sous l’animal dans des seaux par l’équipe d’encadrement. De ce fait, les animaux et la stabulation étaient globalement très propres. • Traite rapide des vaches après les présentations ou les classements sur le ring: on a remarqué qu’après les présentations sur le ring, la plupart des animaux étaient amenés rapidement aux installations de traite. • Haute densité de contrôle assurée par la présence de plusieurs vétérinaires officiels et d’un personnel attentif de la commission de contrôle de la CTEBS: pendant l’exposition, on a observé en permanence plusieurs vétérinaires officiels dans leur travail et leur activité de contrôle. Presque rien n’a échappé non plus à l’œil attentif et précis du personnel de contrôle de la commission de la CTEBS. Compte tenu de la haute densité de contrôle, il a été possible d’exclure en grande partie des manipulations interdites sur les trayons et les pis des animaux exposés. • Vidange du pis et traitements exclusivement sous surveillance vétérinaire, respectivement sous ses instructions et son contrôle: la vidange du lait se déroulait généralement sous la surveillance du vétérinaire. L’administration de médicaments ou d’ocytocine avant la traite faisait également l’objet d’un contrôle vétérinaire et était exécutée sous ses instructions précises. • Administration de médicaments réservée au vétérinaire: le règlement précise que les traitements sont pratiqués exclusivement par le vétérinaire désigné par l’organisateur de l’exposition ou sur son ordonnance. L’utilisation de médicaments est permise sous contrôle vétérinaire et sur la base d’un diagnostic. Le jour où nous avons visité l’exposition, nous n’avons pas observé de remise de médicaments aux vaches, génisses ou veaux. Un collaborateur chargé de l’encadrement avait injecté de l’ocytocine à une vache avant la traite, sur instruction du vétérinaire. En revanche, nous n’avons constaté aucune administration non autorisée de médicaments. Dans la mesure de nos observations, la plupart des animaux exposés semblaient en bonne santé et le règlement a été respecté sur ces points. • Rafraîchissement des pis à l’eau courante froide: l’utilisation de glace dans un sachet pour rafraîchir les pis est expressément interdite par le règlement CTEBS. Cette interdiction peut toutefois perdre tout son sens lorsque que le pis est refroidi à l’eau froide pendant une assez longue durée, comme nous l’avons régulièrement observé dans le cadre d’expositions. Cette manière de procéder n’a pas été remarquée à la foire Tier & Technik. • Diversité des races à l’exposition: aux yeux de la PSA, les expositions d’animaux revêtent une grande importance pour la société. C’est le point de rencontre des éleveurs, des amis des animaux et de la population intéressée. Compte tenu de la grande valeur pédagogique de telles expositions, il nous semble également important de présenter d’autres races de vaches laitières et de bœufs, tout comme les besoins propres aux races respectives. Le critère concernant la diversité des races a été satisfait à la foire Tier & Technik. En effet, hormis la race Brune, des animaux des races Jersey, Holstein, Black Angus, Swiss Fleckvieh, vache Grise suisse et tyrolienne, Pinzgauer et Tux ainsi que d’autres races à viande ont été présentés. Du point de vue de la protection des animaux, il serait aussi important que les visiteurs voient la meilleure forme possible de détention de ces diverses races. Cet aspect a été pris en compte pour les races à viande, mais la majeure partie des animaux était présentée en stabulation à l’attache.
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Diverses races étaient manifestements présentées à la foire Tier & Technik, ce que la PSA salue vivement. Cependant, les animaux d’Autriche ont été présentés dans l’ensemble sous une détention à l’attache un peu moins respectueuse des animaux; ils pouvaient être touchés sans obstacles de l’avant et de l’arrière en tout temps et par quiconque, ne disposaient pas de lumière naturelle et étaient en partie exposés durablement à un fort bruit de fond (restaurant, stand). • Diverses détentions de vaches en groupe ou de vaches mères (Black Angus, vache Grise, bœufs de pâturage bio): la PSA approuve formellement que d’autres formes de détention modernes et conviviales pour les animaux soient présentées aux visiteurs. Ainsi, trois formes diverses de détention de vaches mères ou de détentions en groupe étaient exposées dans de grands enclos. Comme l’année dernière, la tonte des Black Angus, y compris de la plupart des poils tactiles, était un point critique. Dans la mesure du possible, les groupes devraient être exposés de manière à refléter leur environnement «normal». Les animaux tondus, en particulier les jeunes au système immunitaire encore fragile, ont absolument besoin de leurs poils protecteurs pour la détention en plein air et pour la saison de pâturage à venir. De plus, les détentions en groupe pourraient être améliorées au moyen de surfaces encore plus généreuses et en limitant l’accès aux enclos pour le public à seulement deux côtés et / ou si en donnant des possibilités de repli aux animaux, avec séparation visuelle.
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Illustrations ci-dessus et ci-après: la vache Grise suisse, la Black Angus et les détentions en groupe en pâturage bio avaient l’air paisible, et disposaient de beaucoup de place. Pourtant, les animaux se retiraient soit au centre, soit derrière la paroi publicitaire, afin de s’éloigner le plus possible des nombreux visiteurs. Les animaux utiliseraient probablement très volontiers un moyen de se retirer, avec séparation visuelle.
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Illustrations ci-dessus et page 8 en haut: en particulier, la brosse rotative permettant aux animaux de se gratter a eu un grand succès chez les grands comme chez les petits de la famille du bétail 142 Gris.
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Dans le groupe des Black Angus, tous les animaux adultes étaient complètement rasés et leurs poils tactiles l’étaient partiellement aussi. Tout au moins, le veau n’était que partiellement tondu. En comparaison avec le bétail de la race Grise, il lui manquera toutefois le poil protecteur sur son dos lors de la prochaine saison de pâturage.
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Le veau de la race Grise était l’un des rares animaux de l’exposition à ne pas être tondu. Il peut donc affronter la prochaine saison de pâturage en bénéficiant entièrement de la protection de son poil.
III. Ce qui s’est amélioré par rapport à la dernière exposition Tier & Technik (2017) évaluée par la PSA • Nouveau règlement d’exposition plus strict: la Communauté de travail des éleveurs bovins Suisse CTEBS a de nouveau adapté le règlement d’exposition à fin 2017. Désormais, une échographie des pis est également prévue. Il s’est avéré que le règlement n’est pas encore appliqué uniformément dans les expositions de vaches. Ce règlement n’est en partie pas appliqué conformément aux exigences de la CTEBS ou aux prescriptions de l’ordonnance sur la protection des animaux (voir points IV et V). • Prescriptions détaillées du service vétérinaire: le service vétérinaire du canton de Saint-Gall a publié des règles détaillées concernant le comportement à adopter avec tous les animaux mentionnés, ayant fourni des informations préalables exhaustives à tous les exposants. Ces règles mentionnent (hormis des mesures de police des épizooties) des dispositions de la législation sur la protection des animaux pertinentes pour la manifestation. Il est notamment précisé que de trop longs intervalles entre les traites ne sont pas autorisés, car ils peuvent entraîner un état de remplissage du pis contre nature. Il également interdit d’utiliser des colles telles que la colle instantanée pour sceller les trayons – mais aussi du collodion si son usage nuit au bien-être de la vache. Pourtant, nous avons malheureusement constaté la manière dont les trayons d’une vache avaient été scellés avec de la colle instantanée (voir ci-après). • A nouveau aucune utilisation de dispositifs de blocage ni de pince-queue: nous n’avons observé aucune mesure de contrainte comme l’usage d’un dispositif de blocage ou d’un pince-queue à l’étable ou lors du clippage de la vache. • Moins de nuisances sonores: dans l’ensemble, le niveau sonore de la halle a été jugé acceptable et supportable, à 80 décibels en moyenne. La zone de clippage a également subi moins de nuisances sonores que l’année précédente. Le niveau le plus fort atteignait environ 90 – 95 dB près du restaurant de la halle, à proximité des vaches Holstein et Jersey. Il se peut que l’exposition durable au bruit ait nui au bien-être des animaux. 144
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• Modes de comportement respectueux des animaux: dans l’aire d’entrée, nous avons aussi rencontré des exposants ou des présentateurs se comportant de manière très positive avec leurs animaux. Ils les caressaient, les apaisaient et les traitaient gentiment et délicatement en les conduisant.
• Contrôles visuels du remplissage des pis avant l’entrée dans l’arène: le règlement d’exposition exige un contrôle du remplissage des pis avant l’entrée dans l’arène. Selon les renseignements de la commission de contrôle, celui-ci a lieu visuellement. Une à deux personnes se tenaient constamment dans la zone d’entrée de l’arène pour procéder au contrôle lors des présentations. Par rapport à d’autres concours de vaches laitières (par exemple Swiss Expo Lausanne), la zone était par ailleurs bien éclairée, permettant de procéder aux examens visuels du remplissage des pis et aux observations. En principe, la vérification visuelle de l’état de remplissage des pis n’est pas facile, elle exige beaucoup d’expérience, des conditions d’eclairage favorables ainsi qu’un bon œil.
IV. Ce qui ne s’est pas amélioré par rapport à la dernière exposition Tier & Technik (2017) évaluée par la PSA, voire ce qui a empiré • Une détention des veaux guère respectueuse de l’animal: par rapport à l’année dernière, les enclos offraient davantage de place et d’espace pour se mouvoir, ceci étant imputable à la détention en solitaire. Cette année encore malheureusement, on a constaté l’absence de toute autre structure ou aménagement de l’enclos pour les veaux. Les jeunes animaux n’avaient donc plus de brosse à disposition pour se gratter. De plus, les veaux n’avaient à nouveau aucune possibilité de se retirer. Les visiteurs pouvaient aisément les toucher, depuis plusieurs côtés.
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Illustrations ci-dessus et ci-dessous: les quatre veaux de race Brune suisse étaient voisins, mais malheureusement détenus en solitaire dans de petits enclos, sur la paille. Ils disposaient d’eau et de nourriture – mais il leur manquait la détention en groupe favorisant un comportement social. L’absence de lieux de repli doit également avoir été contraignante pour eux.
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• Dans la zone de la traite et dans celle du clippage, on pouvait observer la queue tournée à la main vers le haut ou plaquée en position basse: contrairement à l’année dernière, on a retrouvé cette année l’utilisation de ce genre de dispositif douloureux pour les animaux, lors du clippage et de la traite.
Le maintien de la queue plaquée en position basse est douloureux pour les animaux. En règle générale, ils restent tranquilles durant cette mesure contraignante et ne bougent plus afin d’éviter d’autres souffrances.
Ici, la vache se défendait contre l’opération consistant à retirer la colle obstruant le pis. Afin qu’elle demeure tranquille et ne rue pas, sa queue était maintenue en position haute, ce qui lui causait des douleurs.
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• A nouveau: davantage de vaches avec flux de lait, trayons collés et scellés ainsi que pis surchargés: vendredi en fin d’après-midi et le soir ainsi que samedi matin, plusieurs vaches étaient agitées et présentaient des pis fortement remplis, voire surchargés, avec écoulement de lait. Les trayons de la plupart des vaches étaient scellés avec de la colle. Le comportement des vaches montrait que la pression sur le trayon augmentait et qu’elles auraient apprécié un intervalle de 12 heures entre les traites, comme d’habitude. On peut au contraire en conclure que, s’agissant du concours du soir (après 19h), les vaches n’ont pas été traites le matin comme d’habitude, mais encore plus tôt, la veille en soirée. Pour le show des races du samedi après-midi (Jersey, Holstein, Red Holstein, Fleckvieh), de nombreuses vaches ont été traites pour la dernière fois la veille au soir; c’est ce que nous ont communiqué des exposants et des éleveurs en répondant à nos questions. Nous pouvons en conclure que l’intervalle entre deux traites était bien supérieur à 12 heures pour la plupart des vaches, et que la traite habituelle – une fois le soir ou le matin – a simplement été négligée. On a observé chez de nombreuses vaches des trayons collés, voire dans quelques cas scellés plusieurs fois. Le scellement des trayons est expressément admis par le règlement CTEBS, mais uniquement avec 8 % de collodion. Or ce dernier étant souvent transvasé dans d’autres contenants, il est difficile de vérifier si seul du collodion a été utilisé ou s’il s’agissait d’un collodion plus concentré. En outre, on a malheureusement constaté le jour de notre visite l’utilisation de colle liquide ou instantanée. Après la présentation, les employés devaient retirer les scellements au stand de traite, ce qui déclenchait de vives réactions de défense chez les vaches.
En raison du collage et du scellement des pis autorisés par le règlement il faut, avant la traite, tirer de plus en plus sur les trayons afin d’ôter la colle. Les vaches ont trouvé cela très désagréable et se sont parfois violemment défendues.
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Illustrations ci-dessus et page 15: on a malheureusement observé quelques pis surchargés à la foire Tier & Technik.
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Flux de lait issu des 4 quartiers.
Trayons collés. • Utilisation de colle ou de colle instantanée: on a également constaté que les trayons ont été scellés avec de la colle instantanée. De plus, il était clair que de la cire avaient été introduite auparavant dans les canaux des trayons afin d’empêcher, par scellement, un important flux de lait.
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Pour procéder au collage et au scellement prévus des trayons, la cavité du pulvérisateur retourné a été préalablement remplie de collodion.
Afin que la colle prenne mieux et plus rapidement sur les trayons, une vidange de lait a encore été effectuée au préalable alors qu’elle n’est pas autorisée; cela réduit en général la pression exercée 152 sur le pis ainsi que le flux de lait.
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Les trayons ont été plongés plusieurs fois dans du collodion pour obtenir un collage et un scellement plus sûrs.
Le flux de lait devait être stoppé avec le collodion. Mais au lieu de cela, le collodion a retiré, avec le filet de lait, la cire introduite au préalable dans le canal des trayons. L’opération de scellement des trayons au moyen du collodion ayant manifestement échoué, on a finalement complété le processus avec de la colle instantanée.
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L’important flux de lait a expulsé simultanément une partie de la cire introduite dans les trayons au préalable.
154 On passe alors à l’utilisation de colle instantanée.
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Illustration ci-dessus et ci-dessous: visiblement, on a utilisé ici plus que le «seul» collodion pour agir sur les trayons. Le mot «glue» figure sur l’étiquette, probablement une colle liquide ou une colle instantanée permettant un scellement rapide et solide.
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• Une attache souvent trop courte: attachées de manière trop courte, les vaches n’avaient pas la marge de manœuvre nécessaire pour pouvoir se lever, se coucher, se nettoyer, se lécher et se retirer conformément aux besoins de l’espèce, ainsi que l’exige également le Manuel de contrôle Protection des animaux concernant les bovins, édité par l’OSAV, et comme le voudrait une détention respectueuse des animaux.
Cette vache était attachée de manière bien trop courte et, en stabulation à l’attache, elle n’avait aucun moyen de se mouvoir d’une manière un tant soit peu conforme aux besoins de son espèce. Elle n’a jamais réussi à atteindre l’abreuvoir automatique, sans parler de la possibilité de se lever, de se coucher ou de prendre soin de son corps.
156 Cette vache aussi pouvait à peine atteindre l’abreuvoir et ce, seulement au prix d’un grand effort.
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Les animaux destinés aux enchères étaient en partie encore très jeunes (à peine plus de quatre mois) pour être détenus durablement à l’attache. D’autre part, ils étaient tous rasés jusqu’à la ligne dorsale, y compris les poils tactiles, et la plupart d’entre eux étaient aussi attachés de manière trop courte. De ce fait, ils n’avaient guère de place pour se mouvoir raisonnablement selon leurs besoins. De toute façon, la PSA estime que la détention à l’attache n’est pas conforme aux besoins de l’espèce pour les jeunes animaux qui aiment bouger. Ils seraient mieux logés au sein d’un groupe avec d’autres jeunes congénères, où ils pourraient mieux satisfaire leurs besoins de bouger, de sauter et d’avoir des contacts sociaux, dans des enclos communs plus vastes. • Tonte radicale, rasage des poils tactiles, toilettage excessif: comme l’année précédente, presque toutes les vaches de race Brune CTEBS étaient intégralement rasées, sauf sur la ligne dorsale: tous les poils de la tête, oreilles incluses, étaient complètement rasés, les pattes à l’intérieur et à l’extérieur jusqu’aux onglons, le pis, l’intérieur des cuisses qui est particulièrement sensible, la queue tondue de la racine jusqu’au toupillon; tous les poils tactiles du mufle et des sourcils étaient coupés ou rasés – ce que la législation sur la protection des animaux interdit explicitement pour les chevaux. Après le recours à ces procédés, les animaux n’ont plus le poil qui les protégera lors de la période de pâturage imminente, en particulier contre les effets désagréables – et perturbateurs pour les oreilles – des intempéries et des insectes. Les poils tactiles sont de surcroît des organes sensoriels importants; leur repousse est très lente et seulement incomplète. Les poils tactiques perdent ainsi leur efficacité, notamment la perception de stimuli minimaux, par exemple l’orientation dans l’obscurité, en cas de danger et pour trouver et absorber de la nourriture. Par ailleurs, chez de nombreux animaux la forme des côtes a été soulignée par l’utilisation de la tondeuse afin de souligner la silhouette. A notre point de vue, ces procédures de clippage et le toilettage excessif témoignent d’un manque de respect et sont, pour diverses raisons, contraires à la protection animale. Ces procédures de clippage démesurément longues entraînent de nombreuses contraintes pour les animaux, par exemple le fait d’être longuement et inhabituellement attachés dans le stand d’immobilisation, attache de la tête tirée vers le haut avec
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la nuque, le cou et le dos en surextension, l’application de nombreux produits chimiques sur la peau fraîchement tondue et en partie nue (vaporisateurs, laque, gels, émulsions favorisant la circulation sanguine), l’attache parfois grossière, au moyen de licols qui fréquemment se resserrent ou, suite à des mouvements de défense, viennent se placer sur les yeux, ou dont les chaînes fort serrées en raison de la traction exercent une pression très douloureuse sur la peau et l’os de la mâchoire inférieure. Certains animaux manifestaient leur souffrance en salivant, ou par un regard fixe, un comportement craintif dans une posture artificielle, des mouvements de défense, des tentatives de fuite. Le surcroît de chaleur créé par de puissants faisceaux lumineux et l’utilisation de séchoirs à cheveux étaient souvent ressentis comme une contrainte par les animaux. Or, ces contraintes impliquent chez eux stress, douleur, anxiété, nervosité et agitation, ce qui est formellement interdit aux termes de l’ordonnance sur la protection des animaux. A titre de comparaison: dans des expositions canines, le toilettage excessif tel qu’on le connaît dans les expositions de vaches est interdit depuis des années. Cette interdiction est inscrite depuis près de 10 ans dans le règlement d’exposition de la Société Cynologique Suisse SCS et se fonde sur les dispositions en vigueur de la législation sur la protection des animaux. Du point de vue de la protection des animaux, rien ne justifie le fait que cela ne soit pas également applicable aux vaches, bœufs et veaux dans les expositions. • Utilisation d’une multitude de produits pour la préparation des vaches: les clippeurs professionnels utilisent de nombreux produits pour le clippage des vaches. Il convient de s’interroger pour savoir si tous les produits utilisés, comme l’exige le règlement, «ne provoquent ni irritations ni dommages et qu’ils sont inoffensifs du point de vue de la loi sur les denrées alimentaires». Il s’agit essentiellement de produits contenant de nombreux additifs chimiques, qui peuvent sans autre provoquer des irritations de la peau.
Cette vache présentait de petits boutons sur tout le corps, ce qui peut être le signe d’une réaction allergique (démangeaisons, urticaire) et être tout simplement imputable à la composition fortement 158 chimique des produits de clippage.
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Dans la zone d’entrée de l’arène, cette vache a reçu directement dans les yeux le jet d’un spray donnant du brillant aux poils (Doc Brannen’s Final Mist Spray). L’animal ne pouvait pas s’en défendre. Une brume de pulvérisation s’est formée sur toute la tête, irritant les yeux et les muqueuses.
Cette vache a également subi des excès, la ligne dorsale a été pulvériée de toutes parts. On pouvait aisément voir et sentir la brume de pulvérisation. L’animal ne pouvait pas l’éviter, et il devait non seulement tolérer le spray, mais aussi en respirer les émanations.
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Un toupillon de queue a été collé artificiellement à cette vache, au moyen d’un fixateur queue assurant un maintien très ferme (Sullivan’s Tail Adhesive Spray).
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Le propriétaier de cette vache de race Brune suisse était manifestement respectueux des animaux: malgré la tonte de la tête, la vache avait encore une grande partie de ses poils tactiles.
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• Attache haute de la tête des vaches dans les stands d’immobilisation: pour les préparer à la présentation dans l’arène, de nombreuses vaches étaient attachées dans les multiples stands d’immobilisations disponibles, la tête tirée vers le haut. Pour ce faire, on a utilisé fréquemment des licols sans arrêtoir. On a pu observer comment les animaux essayaient constamment de se libérer la tête et le cou. Etant donné que le licol se resserrait à chaque traction, les vaches devaient toujours lever la tête. La contrainte subie par les animaux était manifeste (regard fixe, blanc de l’œil visible, oreilles plaquées en arrière, salivation, etc.). Des clipppeurs professionnels ont tout mis en œuvre pour donner aux vaches l’aspect souhaité pour l’arène. Les vaches attachées dans les stands d’immobilisation avec la tête en posture naturelle ne représentaient que quelques exceptions. Si «l’immobilisation démesurément longue des animaux dans une posture «non naturelle» est interdite dans le règlement, aucune personne chargée du contrôle n’est intervenue contre l’immobilisation contraignante et de longue durée des vaches ayant la tête et le cou en surextension, tout comme la nuque et le dos.
Attache trop haute de la tête de cette vache dans le stand d’immobilisation. Le licol se resserrait en cas de traction et de mouvements de défense. La vache devait tolérer le toilettage surfait en ayant la nuque, le cou et le dos en surextension.
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Dans la salle de clippage, l’attache de la tête de cette vache était haute et, en même temps, deux personnes la pulvérisaient à divers endroits. A cet effet, plusieurs produits différents ont été utilisés simultanément, en couches multiples. • Application de pommades vasodilatatrices sur les pis: conformément aux directives du service vétérinaire cantonal et aux dispositions du règlement CTEBS, «l’utilisation de produits cosmétiques, huiles ou pommades, pour autant qu’ils ne provoquent ni irritations ni dommages et qu’ils soient inoffensifs du point de vue de la loi sur les denrées alimentaires» est permise. L’utilisation de médicaments est autorisée exclusivement sous contrôle vétérinaire et sur la base d’un diagnostic. En raison des substances qu’elles contiennent, la plupart des pommades vasodilatatrices telles que le «baume du cheval», pommade Phlogal, gel vert, onguent de cheval, etc. pénètrent dans les tissus en profondeur, ont une action antiseptique et antalgique et favorisent l’irrigation sanguine. Le lait d’un pis enduit de ces pommades ne peut pas être utilisé pendant trois jours. Les indications dans le domaine de la médecine vétérinaire prévoient avant tout des applications locales pour les douleurs articulaires et musculaires, pour l’arthrite et les hématomes. La notice des médicaments mentionne que leur utilisation est est contre-indiquée en cas de dermatoses inflammatoires, d’eczémas et de plaies. De plus, ces pommades ne doivent pas être appliquées sur les muqueuses ni sur une blessure de la peau, risquant de déclencher des réactions d’hypersensibilité. Une application en couche épaisse peut entraîner des irritations cutanées excessivement fortes. On a pu observer comment, peu avant d’entrer dans l’arène, les pis de plusieurs vaches ont été enduits d’une épaisse couche de pommades et d’émulsions vasodilatatrices à base de camphre et d’eucalyptus. Sous l’angle de la protection animale, l’utilisation des produits précités est contre-indiquée pour une application sur les pis, et ce tout particulièrement sur une peau fraîchement rasée qui, de ce fait, est déjà irritée et hypersensible. Du fait des microlésions inévitables après un rasage, l’application de ces substances favorisant l’irrigation sanguine, irritantes et causant une sensation de brûlure a dû être une véritable torture pour les animaux et porter atteinte à leur bien-être. De plus, quelques préparations nécessitent des délais d’attente pour le lait – par conséquent, elles ne sont pas hors de tout soupçon du point de vue de la législation sur les denrées alimentaires. L’utilisation de ces produits devrait être réglementée et contrôlée plus strictement, dans l’esprit des dispositions légales et des règlements. 162
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Certaines vaches se sont vu appliquer des pommades vasodilatatrices en épaisse couche sur les pis alors qu’elles étaient encore dans l’allée de la stabulation. Une forte odeur de camphre régnait tout au long de l’allée. • Présentation et comportement avec les vaches dans l’arène: pis surchargés, prise des ganaches, pincement de la peau des ganaches sur le côté / zone axillaire, pressions exercées avec le pied ou la chaussure sur le bourrelet coronaire. La majorité des vaches portaient dans l’arène un licol muni d’une laisse en chaîne qui était passée comme un licol de traction autour du nez et sous le menton. Comme il n’y avait généralement pas d’arrêtoir, la traction resserrait le licol causant ainsi des douleurs à la tête (menton, région du nez, arrière des oreilles). La plupart des vaches qui furent présentées le vendredi soir après 19h et respectivement le samedi matin avançaient les pattes écartées et les membres postérieurs devaient contourner le pis dur et fortement rempli. Chez de nombreuses vaches, les pis avaient été collés et scellés et du lait était poussé à l’extérieur ou gouttait déjà. De plus, les pis avaient un aspect brillant anormalement mouillé / humide. Du fait de l’application sur les pis de substances favorisant la circulation sanguine, la peau prenait une coloration partiellement rose, voire rouge. Les veines sous le ventre et au pis ressortaient généralement très clairement et de manière non naturelle. De nombreux présentateurs (hommes et femmes) pinçaient les plis de la peau des ganaches, ou des flancs et des aisselles des animaux, pour obtenir la position souhaitée de la tête vers le haut pendant toute la présentation. Dans l’aire d’entrée de l’arène, nous avons assisté à des scènes fâcheuses et à des pratiques grossières pour les animaux.
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Cette vache a été tirée violemment par le licol dans l’arène, ressentant des douleurs particulières aux endroits sensibles, derrière les oreilles et sous le menton.
Prise de la peau des ganaches et tenue ferme par le licol, une expérience certainement très dé-
164 sagréable pour l’animal.
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Ici, tout était réuni: tenue ferme par le licol provoquant douleur au menton et à la mâchoire inférieure – la vache tentait d’éviter la forte prise en relevant très haut la tête. De plus, on la pince dans la région des épaules et on exerce une pression sur le bourrelet coronaire sensible afin que la vache adopte la position souhaitée devant le juge.
Après s’être défendue contre le licol serré étroitement et la tenue ferme, la vache avait le licol de cuir dans les yeux. La pression sur les parties sensibles du corps (derrière les oreilles, sous le menton, sur la mâchoire inférieure, à l’œil ou juste au-dessous de celui-ci) crée des contraintes supplémentaires pour l’animal.
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Cette vache ne voulait absolument pas entrer dans l’arène et s’est vivement défendue. Elle n’avait cependant aucune chance contre le licol de présentation avec chaîne et la main ferme du présentateur.
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Cette vache salivait fortement pendant la présentation dans l’arène et semblait très accablée et nerveuse.
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Même pour la photo du vainqueur, on a contraint la vache à prendre la position souhaitée au moyen d’une pression exercée sur le bourrelet coronaire.
Cette vache aussi a tenté d’éviter la forte prise et la tenue ferme au moyen du licol et du licol de présentation avec chaîne. On voit combien la forte pression de la chaîne comprime la peau du menton et l’oppresse.
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Illustrations ci-dessus et ci-après: la plupart des vaches avaient grand peine à se déplacer de l’allée de la stabulation jusqu’à l’arène et ne pouvaient avancer que les pattes écartées et les membres postérieurs devaient contourner le pis dur et surchargé. Les pis énormément gonflés modifient nettement la démarche. Les vaches marchent comme sur des œufs et tentent ainsi d’éviter la douleur et la pression. Par ailleurs, les pis paraissent anormalement rouges et mouillés / humides.
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Les énormes pis très humides ressortent de façon non naturelle, avec leurs vaisseaux fortement dessinés et saillants. • Animaux surmenés et / ou sollicités à l’excès par ce qu’ils vivent dans l’exposition: après les cérémonies éprouvantes des prix ou après les enchères, quelques animaux étaient excessivement fatigués, épuisés, et souvent profondément endormis en dépit du brouhaha de la foire, comme s’ils étaient sous l’effet d’un décalage horaire. Les animaux concernés se montraient apathiques, se retiraient au maximum et semblaient indifférents, voire «absents». Ils penchaient fortement la tête sur le côté, réduisaient leur circulation sanguine au minimum et écoutaient leurs propres battements de cœur (auto-auscultation). A notre point de vue et selon notre expérience, ce sont là des réactions d’autoprotection des animaux, qui leur permettent le seul retrait possible par rapport à la situation contraignante et stressante à laquelle ils sont confrontés. Depuis le mois de mars, les manifestations et expositions impliquant des animaux sont soumises à des dispositions légales plus strictes pour leur protection. Selon ces dispositions, seuls des animaux en bonne santé peuvent être exposés. Les exposants et les personnes responsables doivent alors garantir en tout temps le bien-être des animaux. Des animaux surmenés par la situation doivent être hébergés de façon appropriée et recevoir tout ce dont ils ont besoin. Cela inclut aussi l’éloignement des locaux de la manifestation et un hébergement qui leur soit propice, à l’extérieur du domaine accessible au public, ainsi que l’encadrement et le traitement professionnels des animaux subissant ces contraintes. De surcroît, il s’agit de leur garantir des phases adaptées de repos et de récupération.
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Ce veau voué aux enchères a été rasé complètement jusqu’à la ligne dorsale, y compris les poils tactiles. Il s’est entièrement replié sur lui-même, écoutant ses battements de cœur (auto-auscultation); il était manifestement épuisé et dormait profondément. Il est dépourvu de la protection importante de son poil pour la saison de pâturage imminente.
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Illustrations ci-dessus et page 36 en haut: Vache Brune sous l’effet du «jetlag», en auto-auscultation.
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Même la vache Fleckvieh était particulièrement «absente», dans un sommeil profond et en auto-auscultation.
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• Contrôle des pis par échographie après la distribution des prix: désormais, le règlement de l’exposition prévoit un contrôle des pis par échographie directement après la distribution des prix de chaque catégorie. Il s’agit là d’examiner si, à cause de l’intervalle prolongé entre les traites et de la haute pression subie à l’intérieur des pis, une plus grande quantité d’eau s’est déjà accumulée dans le tissu mammaire (œdème mammaire). Le constat positif d’un tel œdème révélé par l’échographie confirme d’abord qu’il y a eu un intervalle excessif entre les traites chez la vache concernée (ce qui est expressément interdit selon l’ordonnance sur la protection des animaux (art. 16, al. 2, let. i et art. 17, let. h) et conformément au Règlement CTEBS (V. lettre h)) et prouve par ailleurs l’atteinte portée ainsi au bien-être de l’animal, ainsi qu’un état de santé non physiologique. Suivant le degré de gravité, ce procédé est de plus en plus douloureux pour l’animal, implique le risque d’inflammation des pis et est un signe évident que la vache aurait dû être traite depuis longtemps. Des découvertes scientifiques établissent en outre qu’un œdème mammaire apparaît d’abord comme un symptôme clinique relativement tardif et qu’en règle générale, les vaches manifestent des signes de contrainte déjà quelques heures auparavant: stress, états de pression et de tension désagréables ainsi que douleurs. Le constat vétérinaire d’un œdème mammaire pendant l’exposition prouve donc une violation de l’ordonnance sur la protection des animaux et du Règlement CTEBS. En cas d’œdèmes mammaires, ce dernier exige à titre de sanction contre l’exposant l’exclusion du concours pour l’animal touché ainsi qu’un avertissement et, selon le degré de gravité, la traite partielle ou complète ou la vidange des pis en tant que mesure immédiate de soulagement pour l’animal. L’exécution de contrôles par ultrasons a également été protégée, à la foire Tier & Technik, de «l’organisation du spectacle et de la foire». En effet, comme prévu par le règlement, les examens ont été exécutés par des vétérinaires accrédités. Le choix des vaches à examiner a été confié à la commission de contrôle. En vertu des prescriptions, il a fallu faire des échographies sur une à quatre vaches par catégorie. Sur place, il y a toujours eu examen de deux vaches par catégorie, à savoir pour les animaux classés au premier et au deuxième rang. Selon les déclarations de l’organisateur CTEBS, il n’y a eu aucun diagnostic positif chez les vaches primées le vendredi soir. Le communiqué de presse des foires Olma paru ensuite a fait état de trois réclamations à la foire Tier & Technik, mais qui ne concernaient pas des vaches primées. En vertu du règlement, il a fallu, en sus de l’avertissement donné à l’exposant et de l’exclusion du concours pour un œdème mammaire de degré de gravité 1, procéder à la traite partielle de la vache. En pratique, cela signifie qu’en présence d’un vétérinaire, soit 1 litre de lait par quart de pis doit être soutiré par une machine à traire ou, alternativement, 1 litre de lait par quart de pis doit être vidangé au moyen de canules introduites dans les trayons. D’autres conséquences durant la journée du concours n’étaient cependant pas prévues – à l’encontre du Règlement et de l’ordonnance sur la protection des animaux. Un éventuel diagnostic positif n’aurait donc aucune influence sur les prix décernés ou les rangs obtenus. Les prix déjà acquis auraient dû être retenus, aucun animal n’a été exclu non plus des concours suivants! Seules les chances de gagner lors de concours ultérieurs seraient moindres en cas d’œdèmes mammaires de degré de gravité 2 et 3, car le cas échéant, la vache devrait être intégralement traite et ne correspondrait plus alors,à l’image actuellement recherchée de pis remplis si elle était de nouveau présentée dans l’arène (d’où moins de chances d’être primée). D’autre part, chaque œdème mammaire implique une communication à l’attention du vétérinaire cantonal – mais il n’a pas été possible d’expérimenter quelles sont les conséquences qui en découlent pour le propriétaire de l’animal.
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Même les vaches de la race Jersey ont dû subir l’échographie des pis après la distribution des prix.
V. Conclusion Le Règlement d’exposition de la Communauté de travail des éleveurs bovins suisses a été de nouveau remanié. Désormais, l’échographie des pis est exécutée après les distributions respectives des prix. Certes, l’échographie proprement dite a été faite de façon sérieuse selon nos observations. Il convient cependant de s’interroger pourquoi l’examen n’est effectué qu’après la distribution des prix et pourquoi un diagnostic positif n’entraîne pas (comme le veut le règlement) l’exclusion du concours et, enfin, pourquoi les exposants ayant reçu un prix avec une vache présentant un œdème mammaire ne se voient pas retirer le prix. A cet égard, une application rigoureuse du règlement serait souhaitable. Malgré la manière de procéder que nous avons observée, pas un seul des exploitants n’a été menacé de conséquences sérieuses en dépit d’actes répréhensibles, ce qui nous amène à penser que la situation ne changera guère à l’avenir en ce qui concerne les pis surchargés et les contraintes infligées aux animaux. Et ce, malgré le développement d’une méthode onéreuse de dépistage de l’œdème mammaire par échographie moyennant de gros investissements qui vise à calmer le public et de nombreux protecteurs des animaux mais aussi à améliorer la position pour ces éleveurs qui, pour des raisons de protection animale, refusent absolument d’aller jusqu’à la limite. Tant que la constatation d’un œdème mammaire n’entraîne pas de conséquences décisives pour l’exposant (dès le degré de gravité 1), comme l’avertissement et l’exclusion du concours et, après le deuxième avertissement, un plus long blocage, une plainte pour violation de l’ordonnance sur la protection des animaux, etc., un tel constat aura dans le meilleur des cas pour seul effet qu’on «tentera un peu moins le coup de poker» en ce qui concerne les intervalles de traite; ce constat de
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l’œdème ne constitue malheureusement pas une mesure / méthode efficace, préventive, destinée à protéger les animaux des contraintes mentionnées et interdites en vertu de l’ordonnance sur la protection des animaux. L’unique méthode véritablement efficace à nos yeux, apte à empêcher des pis surchargés lors d’expositions et de présentations de bétail serait de fixer obligatoirement un intervalle normal de 12 heures entre les traites. Celui-ci devrait être contrôlé et exécuté en bloc à l’occasion des expositions et concerner toutes les vaches laitières. L’interdiction du scellement des trayons des vaches serait également utile. Un juge peut également évaluer l’état des pis lorsque le lait s’écoule, comme le montre un concours de vaches Holstein en Allemagne (Nacht der Holsteins, www.tierschutz.com/ tierausstellungen/holsteins/index.html). Cette situation a déjà fait couler beaucoup d’encre: le traitement des vaches avec de nombreux produits se poursuivra afin d’atteindre au mieux l’idéal souhaité. Pour ce faire, elles seront préparées au moyen de substances chimiques et de crèmes médicalement efficaces et leur toilettage sera toujours excessif. Outre d’éventuels dommages et contraintes liés à l’application de produits de clippage, les animaux doivent rester longtemps attachés, dans une posture non naturelle. Le toilettage surfait est, à titre de comparaison, interdit depuis de longues années dans des expositions canines et, à notre avis, il n’y a aucune raison compréhensible et justifiable pour que ce ne soit pas le cas non plus dans les expositions de bovins. En outre, le scellement des trayons au moyen du collodion est toujours autorisé, ce qui empêche une décharge naturelle de la pression exercée sur le pis par le flux de lait, exposant la vache à des contraintes supplémentaires (douleurs et pression interne accrue du pis; d’autre part, suivant la méthode, application désagréable voire douloureuse de la colle et retrait de celle-ci dans les mêmes conditions avant la traite, auxquelles s’ajoutent des irritations cutanées et des atteintes aux tissus en fonction de la substance adhésive utilisée). Nous souhaitons pour les expositions de bovins et les concours de bétail laitier des mesures pertinentes afin d’empêcher les pis surchargés. Nous en appelons aux organisateurs et à tous les exposants de faire en sorte que les conditions de concours soient les mêmes partout. Nous souhaitons par ailleurs des animaux qui ne soient exposés ni aux souffrances ni aux contraintes, dont l’apparence soit la plus naturelle possible dans les expositions. Stress, douleur, bruit, médicaments, substances adhésives, pulvérisateurs, gels et laques n’appartiennent définitivement pas à l’environnement naturel de nos vaches laitières – même pour les expositions. Pour le bien-être des animaux, nous attendons de la part des organisateurs, exposants et juges que les dispositions sur la protection des animaux soient observées sans exception et que des contraventions à la législation et aux règlements soient sanctionnées comme il se doit. A notre avis, les expositions d’animaux, respectivement les exposants et les propriétaires assument une grande responsabilité dans l’art et la manière de présenter les animaux, de les détenir et de se comporter avec eux en public. Ce sont eux qui donnent ou pourraient donner la possibilité aux visiteurs de faire preuve d’une détention exemplaire ainsi que d’un comportement digne et respectueux avec les animaux qui leur sont confiés.
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Expo Bulle 24 mars 2018
Apparemment, la devise à Bulle était «Plus le pis est plein, meilleure est la performance»
I. Généralités La manifestation, organisée et réalisée le samedi 24 mars 2018 par swissherdbook et Holstein Switzerland, avait pour objectif, selon les exposants, de faire de cette exposition nationale la fête de tous les éleveurs suisses de Holstein et Red Holstein. Les 227 vaches présentes (sur 349 annoncées) venaient à près de 60 % du canton de Fribourg. Elles ont été présentées au public à partir de 9h30, en 4 blocs (Red Holstein et Holstein Junior et Senior), dans le cadre de concours arbitrés par un juge canadien. Les vaches ont été réparties selon leur âge en 8 catégories pour les Red Holstein et 10 pour les Holstein; les 3 à 4 premières catégories étaient réservées aux vaches primipares (concours juniors). Les deux premières au classement se sont qualifiées pour la finale pour le concours junior, pour la gagnante nationale ainsi que pour le concours du beau pis qui ont succédé au classement des catégories. Les vaches sont arrivées deux jours plus tôt et ne sont reparties que le lendemain de la manifestation. Elles ont passé en tout 4 jours et 3 nuits au centre d’exposition Espace Gruyère à Bulle. On estime le nombre des visiteurs à près de 3800. Les principaux sponsors étaient la ville de Bulle, swissgenetics, swissmilk et granovit. Depuis mars 2018, des dispositions plus strictes de protection des animaux s’appliquent aux manifestations impliquant des animaux, en particulier aux expositions de plusieurs jours qui stipulent notamment que seuls les animaux en bonne santé (non malades et/ou souffrants) peuvent être exposés, que les organisateurs doivent employer un nombre suffisant de personnes qualifiées pour s’occuper des animaux et désigner une personne responsable de leur soin qui soit contactable à tout moment durant la manifestation. En outre, la manifestation doit être organisée et se dérouler de manière à ne pas produire pour les animaux de stress supplémentaires qui s’accompagnent de douleurs, de maux, de dommages ou de surmenage. Il faut, par exemple, éviter les temps d’at-
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tente inutiles entre les présentations de chaque animal, notamment pour les animaux des catégories qui ont déjà été classées et qui doivent se représenter plus tard pour la désignation de la gagnante au classement général. Cela prolonge les intervalles de traite et stresse encore plus les animaux. L’organisateur peut faire l’objet de poursuites administratives et pénales si les animaux souffrent ou subissent des dommages, ou s’ils sont inutilement surmenés ou souffrent, en raison d’une mauvaise planification ou du mauvais déroulement d’une manifestation. De plus, les animaux surmenés par la situation doivent pouvoir être mis à l’écart dans des conditions appropriées et recevoir les soins ad hoc. Il faut, autrement dit, éloigner des salles de la manifestation et amener avec ménagement en dehors des espaces accessibles au public les animaux dont le comportement s’avère clairement anormal ou qui présentent des symptômes de stress persistants afin de les soigner comme le requièrent leurs symptômes. Il ne doit y avoir aucun signe de stress excessif de l’animal. La manifestation doit également se dérouler de manière à accorder aux animaux des périodes de repos et de récupération adéquates qui prennent en compte les conditions climatiques et de bruit. L’accès du public aux animaux doit donc toujours être correctement régulé. Le niveau sonore et les températures dans l’étable étaient acceptables du point de vue de la protection des animaux. Dans l’arène, en revanche, on a pu mesurer un volume sonore d’environ 100 dB au moment de l’attribution des prix, ce qui a fait perdre leur calme à certains animaux et accroître le niveau de stress. Certains experts de la PSA ont été empêchés sur place, parfois par des menaces violentes et par des agressions physiques, de faire des observations et des évaluations concernant la protection des animaux ou de les documenter en conséquence (notamment confiscation d’un appareil photo). Ces incidents n’ont malheureusement pas permis de documenter suffisamment les efforts pourtant apparemment faits pour améliorer le bien-être et la protection des animaux à Bulle. Ces voies de fait ont entraîné une plainte déposée auprès de la police et l’ouverture d’une enquête judiciaire.
II. Points positifs pour la protection animale relevés durant l’exposition • Détention des animaux: Toutes les vaches avaient des couches suffisamment grandes, accès à des abreuvoirs automatiques et du foin. Les couches étaient très propres et il y avait beaucoup de litière partout. • Lumière naturelle dans les étables: Les vaches disposaient aussi de lumière naturelle dans les étables. • Ventilateurs: Des ventilateurs avaient été installés à divers endroits dans les étables pour permettre une meilleure aération. • Comportement général avec les animaux: Les personnes qui présentaient les animaux sur le ring et chargées du soin dans les étables semblaient dans l’ensemble expérimentées et calmes, comme le reflétait le comportement des animaux. Dans l’étable, les animaux semblaient généralement traités avec attention. • Soin des animaux: Les animaux étaient constamment sous la surveillance de personnes qui enlevaient, par exemple, immédiatement le fumier ou ramassaient directement les déjections dans des seaux. En dépit du libre accès des visiteurs aux étables et de l’affluence qui y régnait parfois aussi dans les couloirs, les animaux semblaient être bien soignés. • Moins de mesures de contrainte non autorisées et douloureuses: Le jour de la visite, aucune utilisation directe de mesures de contrainte douloureuses telles que le recours à des dispositifs de blocage contre les coups de pied ou à des pinces-queue n’a pu être observée. De temps à autre, les animaux étaient retenus par une patte pour les empêcher de donner des coups de pied et/ou pour qu’ils restent tranquilles. La flexion douloureuse de la queue vers le haut n’a pas non plus été observée lors de la visite. • Nouveau règlement d’exposition plus strict: En décembre 2017, la Communauté de travail des éleveurs de bovins suisses (CTEBS) a adopté 176
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un nouveau règlement d’exposition qui prévoit, entre autres, des contrôles des pis au moyen d’échographies effectués sur 1 à 4 vaches par catégorie. Les dispositions et les explications du règlement se fondent sur l’Ordonnance sur la protection des animaux qui interdit à l’art. 16, al. 2, let. i de procéder à des interventions sur les animaux ou de les omettre en vue d’une exposition, si ces actions causent des douleurs ou des maux à l’animal ou si son bien-être en pâtit d’une autre manière. En outre, l’art. 17, let. h interdit explicitement d’agir par des moyens mécaniques, physiques ou électriques sur la mamelle et prolonger les intervalles entre les traites afin de modifier la forme naturelle de la mamelle ou de la laisser se remplir au-delà des limites physiologiques.
III. Améliorations par rapport aux dernières évaluations d’expositions bovines par la PSA (Swiss Expo Lausanne 2018, Tier & Technik 2018) • Présence de plusieurs personnes pour renforcer la fréquence des contrôles: On a pu constater pendant l’exposition plusieurs personnes effectuant des contrôles. Par rapport à l’Expo Lausanne, le personnel de contrôle a été renforcé dans les zones d’entrée, d’étable et de traite ainsi que dans l’espace réservé aux examens échographiques. En outre, le vétérinaire cantonal était lui-même sur place. Une grande attention a été accordée aux activités de contrôle à l’entrée de l’arène, avec de meilleures conditions d’éclairage pour les contrôles visuels sur les pis, sans compter l’utilisation occasionnelle de lampes de poche. En revanche, il n’a pas été possible d’observer que des sanctions ou des mesures aient été prises en dépit de nombreux pis excessivement pleins. • Dispositions et instructions détaillées pour les exposants: Dès février 2018, les exposants ont été informés par écrit du règlement d’exposition actuellement en vigueur de la CTEBS et de son application prévue à l’exposition. Les exposants ont été avertis qu’ils étaient tenus de respecter strictement le règlement et les instructions de la CTEBS. Par ailleurs, tous les exposants ont été informés qu’à l’exception de l’ocytocine, toute présence de produits vétérinaires délivrés sur ordonnance était strictement interdite dans tout l’enceinte d’exposition et que des contrôles seraient effectués. • Pas de rafraîchissement des pis avec de la glace ou à l’eau courante froide: L’utilisation de packs de glace pour rafraîchir le ligament médian ou le pis est expressément interdite par le règlement de la CTEBS et n’a pas non plus été observée. Cependant, cette interdiction peut être assez facilement vidée de son sens, comme cela a été fréquemment noté lors d’expositions. Il suffit pour cela de rafraîchir les pis ou les ligaments médians à l’eau froide pendant une longue période. Une telle pratique n’a pas non plus été constatée à l’Expo Bulle. En revanche, la tentative de faire mieux ressortir le ligament médian d’une vache avec l’air froid d’un sèche-cheveux a été observée et documentée (voir ci-dessous). • Attaches généralement assez longues: Les attaches des vaches à leur place étaient généralement assez longues. Les animaux avaient suffisamment d’espace pour se lever et se coucher de la manière qui est propre à l’espèce. Le rayon n’était toutefois pas suffisamment long pour leur permettre de se nettoyer et de se lécher l’arrière du corps. • Moins de stress dû au bruit: Dans l’ensemble, le niveau sonore en moyenne de 80 décibels dans l’étable a été jugé acceptable et raisonnable. À proximité des stands de contention durant le clippage, les vaches étaient aussi beaucoup moins exposées au bruit comparativement à Swiss Expo Lausanne. • En général moins de vaches attachées trop haut et en surtension dans les stands de contention: Par rapport à Swiss Expo Lausanne et à Tier & Technik, on a pu observer à Bulle que les animaux dans les stands de contention étaient dans l’ensemble attachés moins haut – et que, par conséquent, le clippage s’effectuait aussi en partie avec moins de surtensions dans une posture complètement artificielle. Malheureusement, cela n’a pas été le cas pour tous les animaux (voir ci-dessous).
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Cette vache n’était pas attachée trop haut pour le clippage – mais encore un peu trop. Elle salivait fortement et semblait stressée. Un glaire sanguinolent s’écoulait également du naseau droit.
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IV. Absence d’améliorations, voire aggravations, par rapport aux dernières évaluations d’expositions bovines par la PSA (Swiss Expo Lausanne 2018, Tier & Technik 2018) • Vaches attachées partiellement trop haut dans les stands de contention: Une partie des vaches étaient attachées avec le cou trop étiré et la tête surélevée dans les nombreux stands de contention pour la préparation à la présentation dans l’arène. Parmi les points positifs susmentionnés, on peut signaler que les attaches ont aussi été occasionnellement desserrées et les animaux attachés moins haut avec moins de surtensions. Dans la majorité des cas, on a continué d’utiliser des licols sans arrêtoir. On a pu observer comment certains animaux attachés trop haut essayaient régulièrement de soulager leur tête et leur cou. Le licol se resserrant, les vaches étaient obligées de lever régulièrement la tête. Le comportement expressif des animaux (regard fixe, beaucoup de blanc (sclère) visible dans les yeux, oreilles inclinées vers l’arrière, salivation, etc.) signalait le stress auquel les animaux ne pouvaient pas échapper dans les stands de contention. Les clippeurs professionnels ont beaucoup travaillé sur les vaches immobilisées pour leur donner l’apparence désirée pour l’arène. Le règlement de la CTEBS interdit, certes, l’«immobilisation trop longue des animaux dans une posture contre nature», mais reste à savoir ce que l’on entend par «trop long». Qui plus est, l’immobilisation forcée et de longue durée des vaches avec la tête surélevée et le cou trop tendu ne semblaient pas être considérée dans tous les cas comme une posture anormale. La PSA n’a pas pu constater l’intervention du personnel de contrôle, en dépit de son obligation de contrôle et de faire appliquer le règlement sur place, conformément au règlement de l’exposition.
Cette vache a dû supporter les opérations de clippage avec plusieurs produits différents, la tête attachée nettement trop haut, le cou et le dos en surtension. Pour que l’animal reste tranquille et ne donne, par exemple, pas de coups de pied, il a été pincé douloureusement au pli du genou.
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• Tonte totale, rasage des poils tactiles, toilettage excessif: Une fois de plus, hélas, toutes les vaches ont été tondues et rasées très court jusqu’à la ligne dorsale (top line), cela inclut tous les poils de la tête, oreilles comprises, l’intérieur comme l’extérieur des pattes jusqu’aux onglons, les pis, l’intérieur extrêmement sensible des cuisses, la queue réduite à un toupillon, et même tous les poils tactiles du mufle et des sourcils. Le rasage des poils tactiles est explicitement interdit pour les chevaux par l’Ordonnance sur la protection des animaux. Sur toutes les vaches, la forme des côtes a été retondue des deux côtés pour accentuer la silhouette et, en outre, badigeonnée de vernis transparent ou d’huile pour briller. De notre point de vue, les opérations de clippage présentées et le toilettage excessif portent non seulement atteinte à la dignité des animaux, mais sont aussi contraires à la protection animale. À titre de comparaison, par exemple, tout ce qui va au-delà du brossage et du peignage des chiens est explicitement interdit dans les expositions canines nationales et internationales. La Protection suisse des animaux ne voit pas quelles raisons justifieraient que cela ne s’applique pas également aux vaches lors des expositions. Après de telles opérations, les animaux n’ont plus le poil qui les protège des conditions météorologiques et des insectes désagréables, en particulier sur les oreilles, pendant la période de pâturage. Les poils tactiles sont, par ailleurs, des organes sensoriels importants et ne repoussent que très lentement et parfois incomplètement. Ils ne jouent, par ailleurs, plus leur rôle essentiel qui permet de percevoir des stimuli minimaux, par exemple, pour s’orienter dans l’obscurité, signaler des dangers ainsi que trouver et absorber la nourriture.
Tous les poils de la tête de cette Red Holstein ont été complètement rasés – même les poils tactiles si importants. Elle était aussi attachée plutôt serrée et haut pour le clippage. • Pratiquement aucune vache avec un toupillon naturel: À Bulle, des toupillons postiches de poils véritables et synthétiques ont été collés sur presque toutes les vaches au moyen de sprays adhésifs très puissants (p. ex. Sullivan’s Tail Adhesive Spray).
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• Toute une gamme de produits de préparation des vaches: Les clippeurs utilisent de nombreux produits pour préparer les vaches. Reste à savoir si, comme le règlement l’exige, les produits utilisés «ne causent ni irritations ni maux et sont sans risque du point de vue de la législation alimentaire».
Ce pis à l’évidence peu naturel et excessivement rempli a été préparé avec divers produits de clippage pour le spectacle dans l’arène. Avant la dernière phase de finition, l’irrigation sanguine du pis a été stimulée par des pommades contenant du camphre, ce qui provoque le gonflement des veines. Après et juste avant le spectacle, une épaisse couche de gel huileux et un vernis brillant ont été appliqués pour donner un brillant humide et mouillé au pis et faire anormalement ressortir les veines.
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• Collage et scellement des trayons: On a pu observer sur toutes les vaches des trayons collés. Le scellement des trayons est expressément autorisé, toutefois à condition d’utiliser un collodion dosé à seulement 8 %. Il était impossible de constater à l’œil nu si l’on avait utilisé un collodion plus concentré non autorisé ou une colle instantanée. L’application répétitive du collodion ou de la colle liquide a toutefois pu être observée. Après la présentation, les soigneurs ou les présentateurs ont dû arracher avec difficulté la substance adhésive dans le stand de traite. Certaines vaches se sont violemment débattues pendant l’opération. Le règlement de la CTEBS, point IV, lettre f, permet le scellement extérieur des trayons avec des produits autorisés (collodion dosé à 8 %) tant qu’il ne nuit pas au bien-être de la vache. Hormis le stress dont souffrent les vaches qui ne sont pas traites et doivent supporter la pression excessive sur les pis due au collage et au scellement des trayons qui empêchent le flux de lait qui les soulagerait, les nombreuses tentatives des vaches de se défendre lors de l’enlèvement et de l’arrachement des substances adhésives permettent de conclure que toute cette procédure porte clairement atteinte au bien-être des animaux et que le personnel de contrôle sur place aurait dû l’empêcher et la sanctionner en conséquence.
Il n’a pas été possible d’observer une seule vache dont les trayons n’aient été collés pour la présentation dans l’arène.
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Il a même apparemment fallu retirer des restes de colle sur cette vache après la traite. Il faut laborieusement gratter la colle appliquée sur les trayons pour le spectacle. Il n’est pas rare de devoir appliquer plusieurs couches de collodion pour maintenir un scellement étanche. À en juger par le comportement expressif de la vache, l’opération de décollage ne lui était pas agréable.
«Traitement» et rafraîchissement du ligament médian et du pis, à l’aide d’un sèche-cheveux, probablement avec de l’air froid, comme le montrent également des enregistrements vidéo.
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• Administration de médicaments en l’absence du vétérinaire: Le règlement de la CTEBS stipule que les traitements des animaux ou l’utilisation de médicaments ne peuvent être effectués que par le vétérinaire de l’exposition ou sous sa supervision directe. Cela signifie que les médicaments ne doivent être administrés que sous contrôle vétérinaire direct et, cela va sans dire, uniquement sur la base d’un diagnostic. On a toutefois pu observer qu’un exposant avait administré des antibiotiques à une vache à Expo Bulle dans un quartier avec un cathéter de trayons. L’exposant a déclaré que le vétérinaire de l’exposition était au courant et qu’il n’«avait fait qu’un quartier...» à l’exposition.
Extrait de la lettre d’information des organisateurs d’Expo Bulle aux exposants en février 2018. • Administration d’ocytocine: L’ocytocine de synthèse est utilisée comme substitut hormonal en médecine vétérinaire chez les bovins pour soigner, entre autres, les troubles d’éjection ou de flux du lait pour obtenir le lait résiduel en soutien au traitement de la mastite et des mammites sans antibiotiques. Dans la glande mammaire en lactation, elle entraîne la contraction des cellules musculaires lisses entourant les canaux galactophores et les alvéoles. Cela favorise l’éjection du lait. Le règlement de la CTEBS autorise expressément l’administration d’ocytocine pour la traite. En l’occurrence, les trayons ne doivent pas être collés et la vache doit être traite immédiatement après l’administration de la substance hormono-active. À l’Expo Bulle, on a observé comment un exposant a administré une injection d’ocytocine par voie intramusculaire dans la patte arrière d’une vache pendant la traite – une opération douloureuse pour elle. Normalement, les vaches n’ont pas besoin d’ocytocine pour faciliter la traite. On ne rencontre de troubles de flux de lait que chez environ 1 % des vaches laitières. Ils sont principalement dus à l’absence ou l’insuffisance de sécrétion d’ocytocine endogène. L’administration de cette hormone à petites doses peut, dans ces cas-là, être une solution temporaire. Or les troubles de flux de lait qui surviennent lors des expositions en dépit des pis, comme souvent observé, très ou excessivement remplis, sont principalement le fait d’un stress psychologique. Les experts recommandent, par conséquent, de n’administrer qu’exceptionnellement de l’ocytocine pour la traite. Il faudrait plutôt veiller à un environnement et à une préparation à la traite aussi agréables que possible pour les vaches. Vu sous cet angle, il semble d’autant plus important que les injections d’ocytocine ainsi que toute autre administration de médicaments ne soient faites que sur la base d’un diagnostic précis et sous contrôle vétérinaire direct. Les organisateurs devraient également se préoccuper d’un environnement de traite plus calme et moins stressant.
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Photos ci-dessus et ci-dessous: L’exposant a administré à cette vache lors de la traite une injection intramusculaire d’ocytocine à l’Expo Bulle. Il a injecté la substance dans les muscles de la patte arrière. Les injections intramusculaires sont en général rarement indolores. Apparemment, l’animal, probablement stressé, ne voulait pas donner de lait en dépit d’un pis bien rempli. Les experts de la PSA avaient déjà remarqué cette vache dans l’arène à cause de son gros pis très rempli. Elle a été replacée, avec une couche supplémentaire de collodion sur les trayons, dans la file d’attente à l’entrée de l’arène malgré les résultats positifs à l’échographie avant le classement de la catégorie générale. Sur la base de nos observations et au vu du court laps de temps qui s’est écoulé entre l’examen échographique et la poursuite du concours pour la catégorie générale, il y a lieu de supposer que la vache n’a pas été traite pour être soulagée, comme le prescrit le règlement. Cette vache n’a été traite ici qu’après avoir été présentée deux fois avec des pis qui gouttaient et pleins à l’excès dans l’arène – ce qui n’a pu se faire qu’en lui administrant de l’ocytocine.
L’homme injecte l’ocytocine dans les muscles de la cuisse de la patte arrière gauche.
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Ces deux Red Holstein ont pu respirer: enfin traites, avec des pis moins lourds. • Animaux malades à l’exposition: Le jour de la visite, il y avait au moins un vétérinaire pour soigner les animaux malades. La Protection des animaux se félicite qu’il soit possible de soigner des animaux malades et de les guérir le plus rapidement possible. Cependant, il a été constaté à plusieurs reprises à des expositions bovines que les animaux malades et soignés participaient néanmoins plus tard aux spectacles et aux attributions des prix. À notre avis, les vaches malades ou surmenées et stressées par la situation d’exposition n’ont rien à faire dans des expositions et sous les feux de la rampe, mais devraient être rapatriées dans leur étable et continuer à être soignées dans leur environnement habituel pour se rétablir. Si cela n’est pas possible, elles devraient au moins pouvoir se retirer et se reposer dans un espace à l’écart, sous la surveillance d’une personne compétente. Il faut toutefois, pour des raisons de santé, renoncer à continuer de les faire participer aux concours, comme l’exige la loi. Comme exposé au début de ce rapport, des dispositions de protection des animaux plus strictes s’appliquent depuis mars aux manifestations et aux expositions auxquelles participent des animaux. En conséquence, seuls des animaux en bonne santé peuvent être exposés. Les exposants et les personnes responsables se doivent d’assurer en permanence le bien-être des animaux. Les animaux malades et/ou surmenés doivent être mis à l’écart dans des locaux appropriés et recevoir les soins ad hoc. Cela implique aussi d’éloigner les animaux stressés des salles de la manifestation et de les mettre à l’abri du public, de les confier à une personne compétente et de leur apporter les soins nécessaires. Il faut, de plus, accorder aux animaux des périodes de repos et de récupération raisonnables. De notre point de vue, il faut également prendre en considération que la participation à des concours d’une vache traitée avec des substances analgésiques, anti-inflammatoires, antipyrétiques, stimulant la circulation sanguine et/ou antibiotiques constitue un avantage concurrentiel, bien que non intentionnel, sur les animaux non traités. Ces animaux «non traités» devraient comparativement souffrir beaucoup plus que leurs concurrentes des fatigues de l’exposition et du classement (stress physique et psychique, p. ex. pis sensibles à la pression et à la douleur, œdèmes et inflammations des pis, irritations cutanées, démangeaisons, nervosité, anxiété, fatigue, etc.). 186
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On a pu également observer à Bulle comment un exposant traitait lui-même aux antibiotiques une vache avec des cathéters de trayons (voir ci-dessus) – en infraction aux directives. Il y a lieu de supposer que la vache était donc malade. Or la loi dispose que la participation au concours est strictement réservée aux animaux en bonne santé. • Utilisation de «Pommade Verte Forte» et / ou d’autres produits stimulant l’irrigation sanguine et anti-inflammatoires sans surveillance vétérinaire: Aux trois expositions de bétail visitées, des pommades et des émulsions à base de camphre et d’eucalyptus ont été utilisées. Le règlement de l’exposition autorise «l’utilisation de cosmétiques, d’huiles ou de pommades qui n’entraînent ni irritations ni maux et sont sans risques du point de vue de la législation alimentaire». Les médicaments ne doivent être utilisés que sous surveillance vétérinaire et sur la base d’un diagnostic. En vertu de leur composition, la Pommade Verte Forte ainsi que d’autres produits exerçant une action similaire (comme le Baume pour les chevaux, la pommade Phlogal, etc.) pénètrent profondément dans les tissus et ont un effet antiseptique, anti-inflammatoire, analgésique et activant l’irrigation sanguine. S’ils sont appliqués sur le pis, le lait ne doit pas être utilisé dans les trois jours suivants (délai d’attente). Les indications de la pommade en médecine vétérinaire concernent surtout les traitements locaux des douleurs articulaires et musculaires, l’arthrite et les ecchymoses. La notice du médicament précise que l’application est contre-indiquée en cas de dermatoses inflammatoires, d’eczéma et de plaies. La pommade ne doit pas être appliquée sur les muqueuses ni sur la peau abîmée. Elle peut provoquer des réactions d’hypersensibilité locales. L’application en couche épaisse peut entraîner des réactions cutanées excessives. On a observé que les pis de plusieurs vaches étaient enduits de pommades ou d’émulsions à base de camphre un certain temps avant la représentation dans l’arène. Du point de vue de la protection des animaux, l’onction (en couche épaisse) des préparations décrites sur le pis est contre-indiquée. Tout particulièrement après le rasage de près qui a probablement déjà irrité la peau alors extrêmement sensible. Les micro-lésions sont inévitables après le rasage, raison pour laquelle les onctions avec des substances irritantes et brûlantes qui favorisent l’irrigation sanguine sont probablement une torture pour les animaux.
Les pis de ces deux vaches Holstein ont été enduits avec des émulsions contenant du camphre à l’Expo Bulle.
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• Présentation des vaches dans l’arène, pis surchargés, excessivement pleins: La plupart des vaches dans l’arène portaient des licols de présentation avec une gourmette passées autour du nez et sous le menton. Certains présentateurs ont cependant atténué l’effet des gourmettes, au moins temporairement, en la tenant directement sur la tête de la vache. Les vaches marchaient les pattes largement écartées à cause des pis très remplis et durs et contournaient au maximum le pis avec leurs membres postérieurs. Pour amener les vaches à prendre la posture et la position désirées, on faisait, par exemple, pression avec le pied, c.-à-d. la chaussure sur le bourrelet coronaire sensible. Les pis brillaient notamment grâce aux gels huileux de clippage et aux sprays brillants mouillés-humides et étaient pour la plupart surpleins, avec une coloration partiellement rosée à rougeâtre (entre autres, à cause des substances activant l’irrigation sanguine précédemment appliquées). Les veines sur le bas-ventre et le pis étaient anormalement marquées et très saillantes.
Pis brillants, surpleins et durs. Les pattes postérieures doivent largement contourner le pis en avançant. La démarche est raide, les pattes fortement écartées.
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On voit ici deux Red Holstein avec des pis peu naturels, brillants, gonflés et surpleins. La vache de gauche sur la photo, classée deuxième dans sa catégorie, présentait à l’échographie des œdèmes des pis et a rejoint la file d’attente pour l’attribution des prix de la catégorie générale peu de temps après. Comme elle n’a pas réussi à se classer parmi les deux premières, elle n’avait plus besoin de se présenter ultérieurement au contrôle d’œdème des pis, ce qui n’a pas permis de constater cliniquement la présence d’un éventuel œdème (plus) sévère du pis. Il a toutefois fallu lui injecter de l’ocytocine pour la traite (voir ci-dessus). La vache de droite sur la photo a été amenée dans la position désirée devant le juge avec l’habituel coup douloureux sur le bourrelet coronaire.
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Photos ci-dessus et ci-dessous: La même vache que ci-dessus est restée avec un pis dur, gonflé et surplein. L’examen échographique du pis de l’animal était positif après l’attribution des prix (2e de la catégorie 3). Il n’a pas été possible d’observer si l’exposant et/ou la présentatrice de la vache ont pu soulager rapidement la pression en la trayant (en partie). La présentatrice a remis la vache dans la file après le placement dans la catégorie individuelle avec une nouvelle couche de colle au collodion (le lait gouttait déjà) dans la zone d’entrée pour la présentation imminente de la catégorie générale. Mais au vu du court laps de temps qui s’est écoulé entre l’examen échographique et la poursuite du concours dans la catégorie générale, il y a lieu de supposer que la vache n’a pas été traite pour être soulagée, comme le prescrit le règlement.
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La vache ne pouvait pratiquement plus marcher normalement avec le pis surchargé et devait contourner au maximum l’énorme pis avec les pattes arrière. On voit clairement à sa démarche modifiée combien elle est handicapée.
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On voit ici les deux gagnantes du concours Red Holstein Junior avec des pis peu naturels, brillants et surchargés. La vache de droite sur la photo, selon notre observation, qui venait de remporter la première place dans sa catégorie présentait à l’échographie un œdème du pis cliniquement attesté parce qu’elle était restée trop longtemps sans être traite. Le bien-être de l’animal en était ainsi affecté. Par conséquent, l’exposant contrevenait à la loi sur la protection des animaux ainsi qu’au règlement de la CTEBS. Il n’a néanmoins pas pu être observé que cela ait été suivi de mesures immédiates pour la vache ou de sanctions contre l’exposant. La vache n’a pas non plus été disqualifiée et a même remporté plus tard le premier prix de la catégorie nationale Red Holstein Junior, en infraction à la loi sur la protection des animaux, en dépit d’un œdème du pis et d’intervalles entre les traites manifestement trop longs.
La même vache que ci-dessus à droite sur la photo après sa victoire au Championnat national de la catégorie Red Holstein Junior (vers 13 h). En dépit d’un examen échographique, selon notre observation, du pis positif(vers 12h15) après avoir remporté la victoire dans sa catégorie (catégorie 1), elle 192 a dû endurer une heure supplémentaire avec un pis surchargé avant d’être enfin traite et soulagée.
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Photos ci-dessus et ci-dessous: Ces vaches Holstein ont été primées pour leurs énormes pis surpleins à l’Expo Bulle.
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Cet exposant et son partenaire ont présenté 11 vaches des races Red Holstein et Holstein à l’Expo Bulle, toutes avec des pis surpleins dans différentes catégories et ont ainsi remporté 7 premières et deuxièmes places. De plus, ils ont remporté le Championnat National Holstein, Reserve-Schöneuter Holstein, la 1ère place du classement des meilleurs éleveurs de Holstein et le prix d’honneur Red Holstein, le Championnat Red Holstein Junior et la 3 e place au classement des meilleurs éleveurs de Red Holstein. Lors de l’examen échographique, ces deux messieurs ont clairement manifesté leur mécontentement et n’étaient pas très compréhensifs envers les personnes 194 chargées des contrôles.
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Photos ci-dessus et ci-dessous: Une rangée de pis excessivement remplis, artificiellement préparés et grossis, anormalement brillants et pleins à éclater.
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• Prise de ganache lors de la présentation dans l’arène: Presque tous les présentateurs et présentatrices ont utilisé le pinçage du pli de la peau de la ganache pour maintenir le port de la tête haute comme souhaité tout au long de la présentation.
Pis énorme, pattes largement écartées et prise de ganache. Spectacle récurrent dans l’arène.
Même les vaches gagnantes ont aussi toutes été présentées sans exception avec la prise de ga-
196 nache dans l’arène.
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• Pis surchargés et surdimensionnés, très remplis dans l’étable: Dans l’étable aussi, on a pu documenter des pis surchargés et surdimensionnés à l’Expo Bulle. Ils n’avaient pas encore ce brillant anormalement humide et mouillé – mais on les remarquait immédiatement en raison de leur taille énorme et de leur degré de remplissage anormal.
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Le ventilateur installé au-dessus de ces vaches Holstein a contribué à un bon climat dans l’étable – mais leurs pis étaient énormes et remplis à éclater.
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• Contrôle visuel du remplissage des pis avant d’entrer dans l’arène: Le règlement d’exposition exige une vérification du volume des pis avant d’entrer dans l’arène. D’après nos observations, ce contrôle se faisait visuellement. Par rapport à Swiss Expo Lausanne, il y avait plus de personnes de contrôle (2 à 3) actives dans la zone d’entrée de l’arène de Bulle. Elles s’occupaient, en plus de vérifier la présence des animaux et de déterminer l’ordre d’entrée dans l’arène, de l’inspection visuelle des pis et de leur volume. Pour le permettre, la zone d’entrée était beaucoup mieux éclairée qu’à Lausanne et d’autres moyens d’éclairage (lampes de poche) ont, par ailleurs, été utilisés pour les contrôles. Il est néanmoins surprenant que dans la zone d’entrée il n’y ait eu aucune plainte, voire aucune sanction à cause des nombreux pis surchargés (alors que des œdèmes des pis ont été attestés un peu plus tard à l’échographie). Il n’est généralement pas facile de vérifier visuellement le degré de remplissage des pis, cela présuppose beaucoup d’expérience et un œil entraîné. Or selon le tableau des sanctions de la CTEBS, article VIII du règlement d’exposition, il est accordé une bien plus grande importance à ce contrôle visuel avant l’entrée dans l’arène qu’à l’examen clinique après le concours. Un œdème du pis découvert visuellement entraîne, par conséquent, la disqualification de l’animal et un avertissement de l’exposant. En revanche, l’œdème du pis cliniquement avéré et documenté par l’échographie après les concours implique «seulement» des mesures immédiates sur la vache, mais pas les mêmes sanctions pour les exposants que d’éventuels résultats positifs des contrôles visuels. Cela signifie que ni le règlement de la CTEBS ni les dispositions de protection des animaux ne sont correctement, logiquement ni systématiquement appliqués. Ce point devrait être modifié et mis en œuvre uniformément pour les prochains concours de bovins laitiers. • Examen échographique des pis après l’attribution des prix: Désormais, le règlement d’exposition prévoit l’examen échographique des pis juste après la fin de chaque catégorie. L’examen a pour objectif de contrôler un cumul d’eau (œdème du pis) plus important dans le tissu du pis en raison des intervalles de traite prolongés et de la forte pression à l’intérieur du pis qui en résulte. Un œdème du pis décelé à l’échographie confirme, d’une part, que l’intervalle de traite de la vache concernée est trop long (ce qu’interdisent expressément l’Ordonnance sur la protection des animaux, art. 16 al. 2, let. i et 17, let. h ainsi que le point V du règlement de la CTEBS) et atteste, d’autre part, une atteinte à sa bonne santé et à son bienêtre et un état de santé non physiologique. Selon la gravité, ce processus est de plus en plus douloureux pour l’animal, comporte un risque de mastites et indique clairement que la vache aurait dû être traite depuis longtemps. Il est, en outre, scientifiquement prouvé qu’un œdème du pis ne se manifeste comme symptôme clinique qu’assez tardivement et qu’habituellement les vaches présentent, plusieurs heures auparavant, des signes de malaise comme du stress, des états de pression et de tension désagréables ainsi que des douleurs. Lorsqu’un œdème du pis est constaté par des examens vétérinaires à l’exposition, on est alors en présence d’une double violation de l’Ordonnance sur la protection des animaux ainsi que du règlement de la CTEBS. Ce dernier exige, en cas d’œdèmes des pis, comme sanction contre l’exposant la disqualification de l’animal ainsi qu’un avertissement et, selon la gravité, la traite partielle ou complète ou de laisser le lait s’écouler afin de soulager immédiatement l’animal. Les contrôles échographiques ont été réalisés à l’abri des regards de l’arène, comme à Lausanne et à Saint-Gall. Comme stipulé dans le règlement, ils ont été exclusivement effectués par des vétérinaires accrédités. La Commission de contrôle a sélectionné les vaches à examiner. Selon les directives, l’examen concernait de 1 à 4 vaches par catégorie. Toutefois, seulement deux vaches ont été examinées sur place par catégorie, la première et la deuxième au classement, même si le temps aurait parfaitement permis d’en échographier davantage. Selon nos observations, il y a eu de nombreux résultats positifs et des œdèmes du pis cliniquement avérés chez les deux premières vaches arrivées en tête. Il n’a pas été possible de savoir quels degrés de gravité avaient été constatés et si les vaches devaient être partiellement ou complètement traites.
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Conformément au règlement, outre l’avertissement donné à l’exposant et la disqualification en cas d’œdème du pis de degré 1, il faut traire partiellement la vache. En pratique, cela signifie qu’il faut, en présence d’un vétérinaire, soit extraire avec une machine à traire un litre de lait par quartier de pis, soit faire écouler un litre de lait par quartier de pis au moyen de canules insérées dans le trayon. Cependant, contrairement au règlement, un œdème du pis n’a pas eu d’autres conséquences le jour du concours. Les prix remportés ont pu être conservés et aucun animal n’a été exclu des concours suivants ni aucun exposant n’a fait l’objet d’un avertissement! Seuls des œdèmes de gravité 2 et 3 diminuent les chances de gagner lors des concours ultérieurs, car il faut alors traire complètement le pis. La vache n’aura alors plus l’image désirée comme avec un pis plein (et donc moins de chances d’accéder à un prix) lors de la présentation dans l’arène. De plus, chaque œdème de pis implique l’envoi d’un signalement au vétérinaire cantonal – toutefois, il n’a pas été possible de savoir sur place quelles conséquences cela a pour le détenteur de l’animal. Comme il a été observé que des vaches présentant un œdème à l’échographie n’ont pas dû être traites, force est de constater, comme à Swiss Expo à Lausanne, qu’en dépit des diagnostics échographiques positifs, au moins une partie des animaux concernés n’est pas passée à la traite ou que l’on n’a pas laissé le lait couler bien que les dispositions l’exigent.
V. Conclusion Le règlement d’exposition a été remanié, fin 2017, par la Communauté de travail des éleveurs de bovins suisses. Désormais, après chaque prix, des examens échographiques des pis sont effectués. Bien que l’examen échographique réel ait été effectué sérieusement, selon nos observations, la question demeure de savoir pourquoi l’examen n’a été effectué qu’après l’attribution des prix et qu’un résultat positif n’a pas entraîné la disqualification et l’avertissement comme prévus par le règlement. On peut également se demander pourquoi les prix décernés n’ont pas été retirés aux exposants des vaches présentant un œdème du pis. Il serait souhaitable que le règlement soit appliqué de façon systématique en cas d’intervalles de traite prolongés et d’atteinte portée à la santé et au bien-être des vaches. Étant donné qu’aucun des exposants fautifs n’a (eu) à souffrir de conséquences graves avec les pratiques que nous avons observées, il est à craindre que peu de changements interviennent à l’avenir en matière de pis surchargés et de mal-être des animaux. Pourtant, un lourd investissement financier a été engagé pour mettre au point une méthode complexe de détection des œdèmes des pis à l’aide de l’échographie et pour apaiser le public ainsi que de nombreux défenseurs des animaux et, surtout, pour améliorer l’image des éleveurs qui, pour des raisons de protection des animaux, ne veulent pas aller au maximum. Tant que la détection d’un œdème du pis n’entraînera aucune conséquence lourde pour l’exposant, même dès un degré de gravité 1, comme un avertissement et la disqualification, une suspension prolongée après le deuxième avertissement, une plainte pour violation de l’Ordonnance sur la protection des animaux, etc., elle conduira au mieux à ce que l’on prenne juste un peu moins de risques avec les intervalles de traite trop longs. Elle ne constitue malheureusement pas une mesure ou une méthode efficace et préventive pour protéger les animaux des stress mentionnés et interdits par l’Ordonnance sur la protection des animaux. De notre point de vue, le seul moyen vraiment efficace d’empêcher des pis surchargés lors des expositions de bétail serait de fixer un intervalle de traite normal impératif de 12 heures au maximum. Il devrait être contrôlé, effectué par bloc lors des expositions et inclure toutes les vaches laitières. Il faudrait, en outre, interdire de coller les trayons des vaches. Le pis peut également être évalué par les juges lorsque l’écoulement du lait commence, comme le montre un concours de vaches Holstein en Allemagne (Nacht der Holsteins, www.tierschutz.com/tierausstellungen/holsteins/index.html). La critique n’est pas nouvelle: les vaches continuent d’être traitées avec de nombreux produits pour répondre au mieux à l’idéal désiré. Pour ce faire, on a recours à des substances chimiques, à
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des pommades et à des crèmes qui ont des effets médicaux ainsi qu’à un toilettage excessif. En plus de tous les dommages et des malaises causés par l’utilisation des produits de clippage, les animaux doivent rester attachés longtemps dans une posture la plupart du temps anormale. Le toilettage excessif est interdit dans les expositions canines depuis de nombreuses années et il n’y a, selon nous, aucune raison permettant de comprendre et de justifier pourquoi cela ne devrait pas s’appliquer aux vaches lors des expositions. Par ailleurs, le scellement des trayons au collodion est toujours autorisé, ce qui empêche de soulager naturellement la pression dans le pis de la vache par le flux de lait et expose la vache à des malaises supplémentaires (douleur et augmentation de la pression interne du pis; selon la méthode, application désagréable, voire douloureuse d’une colle qui doit être retirée dans les mêmes conditions avant la traite; en fonction de la colle utilisée, irritations cutanées et lésions tissulaires). Nous aimerions que soient prises des mesures pertinentes pour les expositions bovines et les concours de bovins laitiers afin d’éviter les pis surchargés. Nous lançons également un appel aux organisateurs pour qu’ils garantissent les mêmes conditions de participation aux concours pour tous les exposants. Nous aimerions aussi voir des animaux qui ne souffrent pas, ne sont pas stressés et dont l’apparence soit la plus naturelle possible. Le stress, la douleur, le bruit, les médicaments, les colles, les sprays, les gels et les vernis n’appartiennent absolument pas à l’environnement naturel de nos vaches laitières – pas même exceptionnellement à l’occasion d’expositions. Nous attendons des organisateurs, des exposants et des juges au nom du bien-être des animaux que les dispositions de protection des animaux soient respectées, sans exception, et que les infractions soient sanctionnées en conséquence. Nous estimons que les expositions animales resp. les exposants et les détenteurs d’animaux assument une grande responsabilité dans la manière dont ils présentent, détiennent et traitent les animaux en présence du public. Ce sont eux qui offrent la possibilité aux visiteurs (ou qui pourraient le faire) de voir à quoi ressemblent des conditions de détention exemplaires ainsi qu’une façon de traiter respectueusement et dignement les animaux qui leur sont confiés.
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