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Écologie et camaraderie : une expérience de découvertes et de réflexions
Je m’appelle Sarah. L’année dernière, j’ai été accueillie par les associations BioLiving et Verde à Valongo, près de Porto, au Portugal, pour un projet de volontariat. Deux semaines pour tenter de contrôler les espèces invasives, qu’est-ce que ça donne ?
Greener Park - Greener Future : un nom ambitieux
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Le projet auquel j’ai participé, Greener ParkGreener Future, visait principalement à contrôler les plantes invasives au Parque das Serras do Porto, une réserve naturelle protégée. Bien sûr, nous n’allions pas changer le monde en deux semaines. Comme nous l’avons d’ailleurs remarqué à plusieurs reprises, la préservation de la nature est un travail permanent. Cette nécessité de continuité nous a parfois frustré·es : à quoi ça sert, s’il faut de toute manière recommencer dans quelques semaines ? Mais c’est là que les activités organisées par BioLiving et Verde ont pris tout leur sens : présentations par les volontaires internationaux·ales de la biodiversité dans leur pays d’origine, séminaires de sensibilisation au déclin de la faune et de la flore au Portugal, jeux et animations éducatives… Sans oublier toutes les activités qui ont permis de tisser des liens solides entre tous·tes les volontaires !
Intensité et amitiés : deux semaines marquantes
Il faut bien admettre que le programme était chargé. Réveil en musique à 7h, départ à 8h30 tapantes pour une journée de travail dans la réserve, activité culturelle ou sportive en fin de journée, repas, séminaire ou activité ludique… Le programme n’était pas de tout repos ! Mais ces deux semaines condensées ont forgé de belles amitiés, que ce soit autour d’un arbre invasif difficile à déraciner, d’une balade à cheval ou de quelques verres. Parce que pour moi, les projets de volontariat, c’est ça : se réunir autour d’une cause qu’on trouve juste, partager à la fois des efforts et des moments conviviaux, acquérir un tas de savoirs et de savoir-faire et nouer des amitiés précieuses.
Vent de panique à Valongo
Lorsque nous sommes arrivé·es dans la réserve, les coordinateur·ices du projet nous ont tout expliqué : quels outils utiliser, comment s’en servir, quelles plantes contrôler, quelles autres tâches réaliser… Pourtant, à ce moment-là, c’était la panique à bord : « mais qu’est-ce que je fais ici ? Je ne vais jamais y arriver, je ne vais jamais tout retenir ! » C’était sans compter sur la bienveillance des volontaires. L’entraide a sans conteste été le mot d’ordre. Qui plus est, un projet de volontariat, c’est apprendre beaucoup de choses sur le monde, mais aussi sur soi-même. Ma leçon à moi a été de me rendre compte que si tout le monde apporte quelque chose au groupe, peut-être que, finalement, moi aussi.
Le patriarcat s’invite
J’ai pu redécouvrir un lien précieux avec la nature mais aussi, malheureusement, avec des comportements patriarcaux. Nous avons quelquefois remarqué que certains garçons se positionnaient comme des « sauveurs » en portant les outils les plus lourds ou en proposant leur aide plus que nécessaire. Je me suis parfois retrouvée à vouloir leur prouver que, moi aussi, j’étais capable de faire ce travail physique. Ces situations ont mené à de longues discussions et réflexions entre les volontaires. Mes deux conclusions, que je tente désormais d’appliquer, sont d’avoir confiance en mes capacités (je sais réaliser des travaux physiques) et de ne plus chercher à le prouver (la perception des autres reflète en fait leur manière de penser, pas qui je suis). Une thématique éloignée de celle du projet, mais qui résonne pourtant toujours dans ma vie aujourd’hui.
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Sarah Planche Volontaire au SCI
Tch Quie
Entre les arbres et les habitant·es de Merboltice, deux semaines pour apprendre à se dépasser
L'été dernier, j'avais besoin d'une aventure. J'avais terminé mes études et j'allais bientôt commencer mon premier emploi. J'ai choisi d'aller aider à rénover une vieille ferme à Merboltice, une petite ville en Tchéquie. Cette expérience a laissé une grande empreinte dans ma vie et m'a appris quelques leçons que je n'oublierai jamais.
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Je ne suis pas une personne impulsive. Au contraire, je suis très prudent et prévoyant. Pourtant, lorsque je suis arrivé à destination pour mon tout premier projet de volontariat, j'ai été frappé par le doute. Qu'est-ce qui m’a pris ? Je venais de terminer mes examens, j'avais passé quelques heures à planifier, fait mes valises, voyagé en train pendant 14 heures... Et puis je me suis retrouvé dans une vieille ferme rénovée, entouré de papillons de nuit et de la lumière orange de lampes poussiéreuses. Soudain, j'ai perdu confiance en moi, j'ai même eu peur. J'étais au milieu de l'inconnu. Ma tête explosait sous l'effet de toutes ces nouvelles impressions. Mais les êtres humains sont très flexibles. Mes co-volontaires m'avaient convaincu de passer la première nuit à ciel ouvert, pour compter les étoiles. Et lorsque le soleil m'a réveillé le lendemain matin, mon anxiété a fait place à l'acceptation. Mon aventure allait commencer.
La construction de Spolek Hvozd
La petite ferme de Merboltice est bien plus qu'une ferme. C'est la maison de ses hôtes Lukáš et Eva et de leurs deux adorables enfants. C'est un lieu de rencontre pour tous·tes celles et ceux qui veulent en savoir plus sur la permaculture, la nature, un mode de vie durable, les sujets politiques, l'artisanat et la musique. La ferme comprend un jardin comestible où les propriétaires prévoient de récolter suffisamment de noix et de baies pour que toute la ville puisse en profiter. Et ce n'est pas fini : l'ancienne remise devant être rénovée en cuisine extérieure, nous devions construire une douche extérieure et fabriquer de nouveaux bancs, tables et chaises. Le jardin comestible ayant également besoin d'être entretenu, nous avons coupé l'herbe avec des faux, élagué les arbres, coupé le bois mort et nettoyé les piscines. Nous étions début juillet, c’était le moment de cueillir des baies et de préparer une délicieuse marmelade. Beaucoup de travail pour 12 bénévoles, mais rien d'impossible !
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Étoiles et lucioles
Le travail était dur et fatigant et m'a confronté à mes limites physiques. Mais il m'a donné une énergie que je n'avais jamais connue auparavant. Être occupé au milieu de la nature, avec des gens que je commençais de plus en plus à apprécier, créer des choses qui avaient vraiment un but... Après chaque journée de travail, nous mangions ensemble et décidions comment nous allions passer la soirée. Nous avons escaladé une montagne et regardé le coucher de soleil, marché dans la forêt pour attraper des lucioles, parcouru 4 km jusqu'au bar le plus proche pour danser et être finalement invité·es à un feu de camp avec des locaux·ales. Par beau temps, nous dormions à la belle étoile. Par mauvais temps, nous jouiions à des jeux jusqu'à point d’heure. Malgré tout, nous avions beaucoup de temps pour réfléchir, pour parler, pour être seul·es. Nous avions du temps pour apprendre, pour découvrir et même pour enseigner. À la fin du projet, nous avons terminé la majeure partie du travail et nous avons aussi rempli nos têtes de nouvelles idées, nos cœurs de nouveaux et nouvelles ami·es et notre esprit d'une énergie renouvelée.
Leçons pour une vie pleine de sens
Ensemble, c’est mieux ! Je vous ai déjà parlé du choc culturel que j'ai subi à mon arrivée en Tchéquie, mais le choc à mon retour à la maison a été encore pire. La vie en Flandre est beaucoup moins détendue et plus individualiste que dans mes souvenirs. C'est comme si chacun·e vivait sur sa petite île et ne se souciait plus des autres. Merboltice m'a appris tout le contraire : il est important de s'occuper des gens qui nous entourent. En investissant dans votre communauté, vous la rendrez plus agréable à vivre, et vous en retirerez beaucoup ! Apprenez donc à connaître vos voisins, vos collègues et votre famille et montrez que vous êtes intéressé·e. C'est parfois difficile et bizarre dans le monde d'aujourd'hui, mais cela porte ses fruits.
La gentillesse a un impact ! C'est elle qui nous a fait grandir en tant qu'espèce et qui nous a amené·es là où nous sommes aujourd'hui. Nous sommes toustes confronté·es à des difficultés et, parfois, un petit coup de pouce supplémentaire peut faire la différence pour atteindre nos objectifs. Alors, faites le premier pas et faites preuve de gentillesse. Proposez votre aide ! Rendez visite à une tante isolée et rendez sa journée plus intéressante. Prenez le temps d'aider une association caritative locale. Soutenez les associations culturelles de votre ville. Ce n'est pas difficile, ce n'est pas cher et cela finira par rendre votre vie beaucoup plus riche. Dans la ville tchèque où j'ai séjourné, c'était tout simplement un mode de vie : le partage, l'échange de travail et l'aide sont ce qui maintient la ville en vie.
Réparer et reconstruire
En Flandre, je constate à quel point notre impact sur la nature est important. La biodiversité diminue, nous sommes à l'origine du changement climatique, la pollution est omniprésente... Nous ne sommes pas individuellement responsables de ces problèmes, mais nous pouvons contribuer à les améliorer en évitant d'aggraver la situation. À Merboltice, les habitant·es essayent de vivre de manière durable, en tant que partie intégrante de l'écosystème. Des jardins biodiversifiés sans clôtures, sans herbicides, une agriculture respectueuse de l'environnement... Le simple fait de se rappeler que nous faisons partie de la nature est déjà un grand pas en avant. Ici, en Belgique, il y a beaucoup de travail à faire. Nous pouvons commencer dès maintenant en faisant de nos jardins des paradis naturels et en proposant des solutions vertes au travail. Se rendre à Merboltice pour travailler et vivre dans une communauté pendant un certain temps n'a pas seulement été très amusant, cela m'a permis de voir la vie d'une manière complètement différente. Je suis reconnaissant des chances que j'ai eues, des personnes que j'ai rencontrées, des choses que j'ai apprises et j'emporterai ces leçons avec moi pour le reste de ma vie.
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