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N° 29 • Été 2010

Spécial Espagne N AU PAYS DE CERVANTES ET DON QUICHOTTE N MARATHON DE BARCELONE

Rencontre STÉPHANE BERN ARISTOCRATIQUEMENT VÔTRE

> Entretien Ils sont venus à Genève N RACHIDA DATI N BERNARD KOUCHNER

Voyage LA ROQUE D’ANTHÉRON LA VILLE DONT LE ROI EST UN PIANO

NICOLAS HAYEK L’ENTHOUSIASME


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Sommaire

Éditorial

N° 29 • Été 2010 L’Espagne une nation fragmentée. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 04 Sur la liberté de vote aux parlements français et suisse . . . . . . . . . . . . . . . P. 06 Nicolas Hayek L’Enthousiasme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 08 Les Français face au droit suisse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 14 Expatria Cum Patria reçoit Rachida Dati à Genève . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 18 Hoc erat in votis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 22 Capital humain dans les services . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 26 Les eaux de forme. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 28 Hommage à Paul Clave. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 32 La Retraite d’Orléans . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 34 Alain Méar : « La Télévision Numérique arrive ». . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 36 Nationalité française : la preuve par 4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 41 Le “French Doctor” à Genève . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 44 La Corne de l’Afrique à la limite de la survie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 48 Au pays de Cervantes et d’El Ingenioso don Quichotte de la Mancha . . . . . P. 56 « Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre une voix de cette qualité ». P. 68 Barcelone : Au cœur du modernisme de Gaudi. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 70 Stéphane Bern Aristocratiquement vôtre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 77 Tricentenaire de la naissance de Jean-Jacques Rousseau . . . . . . . . . . . . . . P. 82 “Métronome” L’histoire du métro parisien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 86 La Roque d’Anthéron La ville dont le roi est un piano . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 90 Une Suisse paradisiaque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 96 Le tour du monde en 80 clics . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 100 L’Aviation au féminin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 102 Vignoble de Bellet Antiquité et son Histoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 104 Association “Les Frères Gastronomes” . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 110

Expatria Cum Patria Association nationale des Français établis hors de France - Loi 1901 Président-Fondateur : Serge Cyril Vinet Vice-Président : Jean-Jacques Poutrieux Secrétaire Général : Marie-Thérèse Clausen

Éditeur, Directeur de la Publication, Rédacteur en chef Serge Cyril Vinet Rédacteur en chef Adjoint Didier Assandri Éditorialiste Thierry Oppikofer Directeur de la Communication Victor Nahum Directeur du Comité de Rédaction Bernard Daudier Edito : Thierry Oppikofer Politique internationale : Antoine Frasseto Constitution : Jacques Neirynck Entretien : Serge Cyril Vinet Droit suisse : Patrick Blaser Événement : Serge Cyril Vinet Conjoncture : Marie-Ange Andrieux Santé prévention : Jean-Jacques Descamps Hommage : P. Oliviéro, J.-P. Capelli, M. Kaub, S. C. Vinet Carte Blanche : Jacques-Michel Tondre J’aimerais vous dire : Serge Cyril Vinet Diplomatie : Victor Nahum Humanitaire : Alex Wynter Le billet de Dany : Dany Vinet Le tour du monde des marathons : Patrick Blaser Chronique littéraire : Dominique Ortiz Carnets de voyage : Kathereen Abhervé Exposition : Corinne Charles Radioscopie : Joanna David-Mangin Femmes Formidables : Coralie Masle-Callu Écho du terroir : Alain Barrière Gastronomie : Jean-Jacques Poutrieux Régie publicitaire Daedalus Publi FM Imprimerie P.C.L. Lausanne Conception Graphique Raphis Tirage : 80.000 exemplaires vérifié par attestation notariale

ne équipe de football qui gagne sur faute et reçoit les félicitations gouvernementales. Un ancien ministre socialiste, « responsable mais pas coupable » dans l’affreuse affaire du sang contaminé, qui arbore le ruban rouge du Sidaction et parade sur les plateaux de télévision le Thierry Oppikofer jour de cette grande opération humanitaire et médiatique. Un convoyeur de fonds qui a volé son chargement et devient aussitôt une vedette. Un escroc, à peine sorti de prison, qui bénéficie d’une émission en « prime time » pour se vanter d’avoir roulé des « people », et que l’on voit arpenter des cités de banlieue en recevant l’hommage des petits caïds locaux. Un Guy Bedos quasi sénile qui compare le journaliste Eric Zemmour à Adolf Hitler et lui-même à Anne Frank. Un concours de photos organisé par la Fnac où une « œuvre » représente un quidam s’essuyant les fesses avec le drapeau national… Plus que jamais, l’actualité vient confirmer que le vrai héros de notre temps, comme disait un sage, c’est le père de famille. L’animateur Christophe Dechavanne l’a exprimé avec éloquence lors d’une émission de variétés dont il était l’invité (oui, nous parlons bien de Christophe Dechavanne, et c’est effectivement surprenant) : « Comment, dans la France d’aujourd’hui, puis-je apprendre à ma fille qu’il ne faut pas mentir, ni voler un caram’bar ? ». On pourrait tristement lui rétorquer que dans d’autres pays, c’est pire, ou qu’on a bien le droit de se nourrir lorsqu’on passe la nuit dans une gare TGV parce que, malgré la fermeture de l’espace aérien, les grévistes de la SNCF n’ont pas fait le moindre geste pour les milliers de compatriotes et de touristes en perdition. Est-il besoin, pour ajouter à ce tableau bien pessimiste, d’évoquer le feuilleton grand-guignolesque des rumeurs qui ont nourri les ondes et les colonnes de la presse nationale et internationale ? Entre l’alcôve et les chamailleries supposées dans l’entourage du président, ce sont, cette fois, les profs d’instruction civique (s’il y en a encore) qui ont dû se montrer aussi imaginatifs qu’héroïques pour (tenter de) motiver leurs élèves. Le monde politico-médiatique, comme il sied de le nommer, va-t-il reprendre conscience de ses responsabilités ? Peut-on imaginer qu’un jour, qu’outre Arte, qui fait de méritoires efforts, il sera possible de regarder autre chose à la TV que La ferme célébrités, Arthur, la biographie commentée des copains de foire de M. Hallyday, ou des journaux télévisés qui y ressemblent ? Nos quotidiens trouveront-ils des titres plus attrayants, sur le plan intellectuel, que le coût des chaussures d’une ministre ? On peut l’espérer. Après tout, fin avril, un citoyen a apporté au Service des objets trouvés genevois un porte-monnaie contenant l’équivalent d’une dizaine de milliers d’euros. Il n’était ni suisse, ni français, mais espagnol. Viva España !

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Époque formidable


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Politique internationale

L’Espagne Unenationfragmentée de l’Italie où la Ligue du Nord forte de son succès au récent scrutin régional, agite à nouveau le drapeau de la Padanie, qu’elle voudrait voir flotter sur les fertiles contrées traversées par le Pô, du Piémont à la Vénétie. Plus menaçant encore, le spectre de la partition s’est levé de nouveau en Belgique, où le fanatisme linguistique mêlé à des intérêts plus terre-à-terre risque de venir à bout de l’existence même du pays. Car il ne faut pas négliger l’un des ressorts de ces pulsions séparatistes, qui est l’égoïsme sacré des riches. Ni les Flamands, ni les Lombards ne veulent plus payer pour des compatriotes désœuvrés, indolents ou ruinés. Ils entendent garder pour eux le fruit de leur ingéniosité et de leur travail. Et partout, quand les leaders régionalistes s’en prennent à l’Etat central, c’est pour l’accuser de discrimination culturelle, d’exploitation économique ou d’oppression politique. Sans doute y a t-il là, pour une large part, l’explication des turbulences que connaît aussi l’Espagne, cette vieille nation d’Europe dont l’unité apparaît aujourd’hui en péril. Mais pour tenter de comprendre les problèmes qui lui sont propres, il faut se tourner vers son histoire, car chaque pays est bien l’héritier de son passé. D’abord, l’Espagne a été, depuis l’origine des temps historiques, un creuset de peuplements, où s’est déversée une foule d’occupants plus ou moins durables : Phéniciens et Grecs, Celtes et Ibères, Romains, Juifs et surtout conquérants arabo-berbères venus sous la bannière de l’Islam, ces Mores qui, pendant huit siècles, avec des flux et des reflux, vont laisser une empreinte profonde sur le territoire et l’imaginaire espagnols. Un moment maître de la péninsule, puis refoulé peu à peu vers le sud au fil d’une Reconquista qui va durer 400 ans, le pouvoir musulman n’a contribué en rien à forger le sentiment national. Sous l’autorité nominale d’un chef suprême, le Calife de Cordoue, il restera constamment fragmenté en multiples royaumes et principautés moins portés à s’unir qu’à se combattre. Quant aux Chrétiens réfugiés au Nord, ils se divisent eux aussi, et se subdivisent en royautés, vice-royautés et comtés, formant une carte politique instable et compliquée par les rivalités et les intrigues. Ainsi, tandis qu’au-delà des Pyrénées, la France poursuivait, autour de sa monarchie, un lent mais continuel mouvement

DANS UNE EUROPE QUI S’INTERROGE ANXIEUSEMENT SUR SON IDENTITÉ, À LA RECHERCHE DE SA COHÉSION ET DE SES FRONTIÈRES, LE LENT, PATIENT ET DIFFICILE MOUVEMENT VERS L’UNITÉ SE CONJUGUE AVEC UN AUTRE MOUVEMENT, APPAREMMENT CONTRADICTOIRE, QUI TEND AU MORCELLEMENT DE L’ESPACE POLITIQUE ET CULTUREL DU CONTINENT. QUAND LES INSTANCES COMMUNAUTAIRES PEINENT À DIALOGUER DANS LES QUELQUE VINGT-TROIS LANGUES DE L’UNION OÙ CERTAINS VOIENT LA RÉPLIQUE DE LA TOUR DE BABEL, ON ASSISTE À LA RÉSURGENCE NOSTALGIQUE, MAIS PARFOIS IMPÉRIEUSE, DES LANGUES RÉGIONALES ET LOCALES, QU’IL EST MALSÉANT DE TRAITER DE DIALECTES PUISQUE BEAUCOUP VEULENT LEUR PLACE AU PLUS HAUT NIVEAU DE L’ENSEIGNEMENT ET DU SAVOIR. u’on ne s’y trompe pas, ce paradoxe est dans la logique de l’Histoire. La résurgence des particularismes locaux est d’abord une réponse à l’uniformisation du monde ; elle est un réaction de défense, instinctive et parfois désespérée, à la standardisation des goûts et des modes de vie : ce sont les patois qui se dressent face à l’anglais basique et envahissant, les airs anciens et les recettes d’autrefois face à la chanson planétaire et au fast food. Loin de contredire le processus d’unification européenne qui, peu ou prou, affaiblit les Etats, l’irruption des revendications régionales en est pour partie la conséquence. Celles-ci ont bien mesuré l’avantage qu’elles pouvaient tirer de l’érosion des souverainetés nationales. Les partis qui les soutiennent se prennent à rêver, en beaucoup d’endroits, d’une Europe des Régions en lieu et place d’une Europe des Etats, faisant allégeance à un pouvoir lointain, certes tatillon mais moins oppressif que le pouvoir séculaire qui les a vassalisés. Ce mouvement centrifuge s’est exprimé, dans les dernières décennies, à deux niveaux : d’une manière radicale par la dislocation d’entités politiques préexistantes, pour des raisons multiples, mais toujours sous-tendues par la recherche d’une identité perdue, qu’elle fût religieuse, ethnique ou culturelle. Ainsi a-t-on vu la Tchécoslovaquie se diviser en deux Etats, et poussant le processus jusqu’à l’extrême, la Yougoslavie éclater en sept morceaux, dont certains (Bosnie, Macédoine, Kosovo) sont toujours en proie à des tensions communautaires. Et parmi les Etats qui tiennent bon, il en est plusieurs aujourd’hui dont l’unité est mise en cause et parfois en sérieux danger : tel est le cas du Royaume-Uni confronté au nationalisme écossais,

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Politique internationale vers son unité, l’Espagne des Rois Catholiques, celle de Charles-Quint et de Philippe II, celle qui règne sur un immense empire en Europe et bientôt dans le Nouveau Monde va rester, sous une façade unifiée, un assemblage de territoires et de sociétés lourds de leur propre histoire, puissamment attachés à leurs traditions et à leurs franchises, ces attributs de leur identité. C’est finalement la résistance farouche à l’invasion française en 1807 et à un monarque, Joseph Bonaparte, imposé par l’étranger, qui va galvaniser la conscience nationale du peuple espagnol, dressé dans la défense d’une patrie commune. Mais si le nationalisme, fondé sur l’idée d’une nation indivisible, est désormais entré dans les esprits, il ne cessera, dans les deux derniers siècles, de se heurter à la puissante revendication des régions, fortes de leur existence historique et de leurs particularités. Ces régions, certes, ont une personnalité différente, un poids économique et un patrimoine culturel inégaux, mais toutes, à des degrés divers, veulent être reconnues. Ainsi, à côté de la Catalogne qui se considère comme une nation à part entière, avec sa langue, son hymne et son drapeau, à côté du Pays Basque qui aspire à l’indépendance, c’est Valence, l’Andalousie, la Galice, la Navarre, les Asturies, l’Aragon, ce sont les Baléares et les Canaries qui alimentent ce “nationalisme périphérique” où se mêlent la fierté de la gloire passée, l’attachement à la langue et aux coutumes, et le souci pour les plus riches de conserver le produit de leurs efforts. Partout, la même méfiance vis-à-vis du pouvoir central, la même volonté de gérer ses propres affaires. Exalté durant la guerre civile, puis opprimé sous le régime franquiste, le régionalisme espagnol s’est manifesté de nouveau avec force au lendemain de la dictature. C’est ainsi que la Constitution dont s’est dotée l’Espagne en 1978, si elle proclame l’unité indivisible de la nation, reconnaît et garantit le droit à l’autonomie des nationalités et des régions. Ces “nationalités historiques” sont érigées en dix-sept “Communautés autonomes” disposant d’une assemblée législative et d’un Président élu par l’assemblée. Elles reçoivent de larges compétences, notamment dans le champ de l’économie et de l’aménagement du territoire. De surcroît, elles peuvent, de leur propre autorité, décider d’élargir l’étendue de leurs compétences, une brèche redoutable dans l’autorité du pouvoir central et la source de conflits inévitables avec ce pouvoir. Ce dispositif, qui fait de l’Espagne l’un des pays les plus décentralisés au sein de l’Union Européenne, n’a pas fait taire l’esprit particulariste ni bridé les pulsions séparatistes. Tout au contraire, il les a plutôt stimulés, plusieurs régions s’engageant dans une surenchère. Dans cette fuite en avant, la Catalogne tient la tête. Héritière d’un passé illustre, fière de sa culture, active et prospère, elle entend maîAntoine Frasseto triser ses choix et son destin. Le nouveau statut dont elle s’est dotée ANCIEN AMBASSADEUR en 2005, et qu’un vote populaire a DE FRANCE, ANCIEN CONSUL GÉNÉRAL DE largement approuvé, reconnaît le concept de “nation catalane”. Il FRANCE À GENÈVE

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étend ses compétences dans de nombreux domaines (éducation, justice, immigration, relations internationales). De son côté, le Pays Basque cherche sa voie entre l’autonomie dont il est déjà pourvu et l’indépendance que réclament, les armes à la main, les nationalistes les plus intransigeants. Dans cette course à l’autodétermination, peu de régions sont absentes : en 2006, c’est l’Andalousie qui proclame dans son nouveau statut “la réalité nationale andalouse”. Cette notion de nationalité est revendiquée par l’Aragon, mais aussi par les Baléares et par les Canaries. Un fort courant nationaliste exige pour l’archipel atlantique l’accès à la souveraineté : il a recueilli aux dernières élections un tiers des suffrages. L’un des terrains où se déploie avec le plus de vigueur le combat régionaliste est celui des langues. Réunion tardive de territoires longtemps souverains, l’Espagne est une mosaïque de langues. Si le castillan s’est imposé comme langue dominante, il n’a pas fait disparaître le catalan, ni le basque, ni le galicien ou l’occitan. Prenant acte de cette réalité, la Constitution désigne l’espagnol comme langue nationale officielle, mais elle stipule que les autres langues parlées dans les Communautés autonomes jouissent aussi d’un statut officiel. Dans plus d’un cas, dont la Catalogne et le Pays Basque, la langue régionale a alors pris le pas comme langue d’enseignement reléguant l’espagnol au deuxième rang, réduit parfois à trois heures de cours par semaine : cette langue à diffusion planétaire, parlée dans le monde par 4 à 500 millions de locuteurs, se trouve ainsi menacée dans son propre foyer. Cette dérive a paru suffisamment grave pour qu’un groupe d’intellectuels et d’écrivains hispanophones décide de sonner l’alarme. Ils ont récemment lancé un “Manifeste pour la langue commune”, où ils défendent le droit à pouvoir étudier en espagnol et condamnent le refus du bilinguisme (qui conduit à n’utiliser sur les documents et les panneaux que la seule langue régionale). Dans les faits, insidieusement, cet effacement de la langue emporte avec lui l’éloignement de la patrie commune et parfois son rejet, avec ses manifestations extrêmes qui ont pu conduire à Barcelone à piétiner et à brûler le drapeau espagnol, ou au refus de l’hymne national. Certes, l’Espagne n’est pas au bord de la partition. La monarchie reste, jusqu’à présent, l’un des symboles les moins contestés d’une nation chargée d’histoire, fière de son passé et jalouse de son rang. Mais la force et la permanence des tensions entre pouvoir central et régions, la vigueur des particularismes régionaux, l’attachement viscéral aux libertés locales font peser un risque réel sur l’unité et sur la cohésion du pays, au sein d’une Europe où la souveraineté des nations ne peut, dans l’avenir, que décliner.

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L’espagnol, à diffusion planétaire, parlée dans le monde par 4 à 500 millions de locuteurs, se trouve ainsi menacée dans son propre foyer. Cette dérive a paru suffisamment grave pour qu’un groupe d’intellectuels et d’écrivains hispanophones décide de sonner l’alarme.

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Constitution

Surla auxparlementsfrançaisetsuisse n France, l’Assemblée nationale fonctionne selon le principe quasi universel de la majorité et de l’opposition. Le gouvernement doit pouvoir compter sur sa majorité et les consignes de votes sont impératives. Il est même courant de voir des députés absents exprimer un vote en confiant leur clé à un collègue chargé d’assurer un soutien massif soit à la majorité,

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membres de l’Assemblée fédérale votent sans instruction. » Cela s’entend sans exception. Pas de consignes des partis, assorties de mesures de rétorsion si le parlementaire de base n’obéit pas à la direction. Pas de pressions douces ou insistantes des lobbies de tout poil, depuis l’économie jusqu’aux syndi-

Le parlement français. soit à l’opposition. Le gouvernement peut, du reste, mettre la majorité devant ses responsabilités en utilisant soit la procédure du vote bloqué selon l’article 44, alinéa 3, soit engager la responsabilité du gouvernement avec dépôt éventuel d’une motion de censure qui entraînerait la chute du gouvernement si elle était votée. En Suisse, il n’existe rien de la sorte. Les conseillers fédéraux sont élus pour quatre ans et inamovibles. Le gouvernement reste en place et navigue entre des majorités fluctuantes qui dépendent du choix individuel de chaque parlementaire. L’article 161 de la Constitution helvétique est limpide. « Interdiction des mandats impératifs : Les www.expatria-cum-patria.ch

cats, en passant par les humanitaires. De tous les articles de la Constitution helvétique, c’est sans doute le moins respecté, mais comme aucune sanction n’est prévue dans la loi sur le parlement ou les règlements des assemblées, cet article est, de fait, tombé en désuétude. Il est placé dans la Constitution pour énoncer un principe rassurant, pas pour le faire respecter. Il suffit de consulter les études de Michael Hermann et Bruno Jeitziner, chercheurs à l'Université de Fribourg, qui établissent un “rating” des votes de chaque parlementaire sur une échelle de -10 à gauche à +10 à

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jacques.neirynck@epfl.ch

Constitution

Jacques Neirynck CONSEILLER NATIONAL PROFESSEUR HONORAIRE À L’ECOLE POLYTECHNIQUE FÉDÉRALE

droite. En moyenne sur l’année 2005, le pourcentage de voix discordantes par rapport au parti est de 2,2% chez les Verts, de 4,5% pour le Parti socialiste (PS), de 13,9% chez l’UDC (Union démocratique du centre, à droite) lorsque les cinq dissidents du PBD (parti bougeois démocrate) en faisaient encore partie. Actuellement, ce taux devrait être pratiquement tombé à zéro. C'est au parti radical, centriste (PRD) (16,5% de voix discordantes) et au parti démocrate chrétien (PDC)(16,4%) que la discipline est la plus volatile. On peut également le constater dans le tableau qui positionne les parlementaires sur l'échelle gauche-droite. Alors que les conseillers nationaux, qui se situent aux deux pôles de l'échiquier, reflètent une certaine unité idéologique, le centre est plus éclaté. Le spectre du Parti radical va ainsi de Christa Markwalder

position populiste à un gouvernement auquel ils ne participent que du bout des lèvres. C’est la tactique qui consiste à être à la fois dedans et dehors pour bénéficier des avantages politiques de la majorité et de l’opposition. Il y a donc au parlement trois partis d’inspiration monolithique où l’unanimité des votes est attendue et se manifeste le plus souvent. Et deux partis du centre où les parlementaires obéissent à la Constitution en votant selon leur conscience. Or les partis à pensée unique sont le cimetière de la démocratie. Quand un conseiller vote, il ne doit de compte, selon la Constitution, qu’à sa conscience et à ses électeurs. S’il se plie à une discipline de parti, il fait passer l’intérêt de celui-ci avant celui du peuple dans le but de présenter aux élections un front uni et un visage lisse. Mais les partis du centre PDC et PRD souffrent de cette position d’équilibre et de liberté qu’ils s’effor-

Le parlement suisse.

(-1,2) à Filippo Leutenegger (+5,9). Le spectre du PDC s'étend de Meinrado Robbiani (-3,8) à Gerhard Pfister (+4,7). C'est le PDC qui se trouve le plus à cheval entre les deux moitiés du spectre : il a voté dans 71% des cas avec l'UDC et dans 70% des cas avec le PS. Il n’y a donc pratiquement pas de majorité possible sans le PDC, sauf dans le cas pathologique où UDC, Verts et PS forment ce que l’on appelle une alliance perverse pour des raisons qui, non seulement ne coïncident pas, mais sont même radicalement opposées. Ils tiennent ensemble à marquer qu’ils constituent une sorte d’op-

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cent de maintenir. Leurs perspectives pour les prochaines élections ne sont pas bonnes. En somme, le parlement fédéral suisse évolue petit à petit vers la situation qui prévaut partout ailleurs, sauf que la ligne de fracture n’est pas entre la droite et la gauche, mais entre les extrêmes et le centre. Or, l’expérience de la Ve république est constante : le centre en France a toutes les peines du monde à exister. On peut donc se demander si, lors des élections fédérales de 2011, la Suisse ne se retrouvera pas dans la situation classique par une polarisation résolue entre les deux extrémités du spectre politique.


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Entretien avec IL FAUT DONNER DU TEMPS AU TEMPS... (MIGUEL

NicolasHayek

L’Enthousiasme > France Magazine : De 1983 à 1986, vous réalisez la fusion entre la SSIH et ASUAG sous le nom de SMH. Vous en devenez le président et le directeur. A l’époque, cela représentait 5 marques de montres : OMEGA, TISSOT, LONGINES, RADO, ETA (composants). Combien de marques sont-elles aujourd’hui réunies sous votre label ? Cela représente combien d’employés ? Pour un Chiffre d’affaires...? Nicolas Hayek : 19 marques. 25 000 employés dans le monde entier. Chiffre d’affaires global d’un peu plus de 6 milliards de Francs www.expatria-cum-patria.ch

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Suisses équivalent à 4,2 milliards d’euros. Nous sommes le Numéro 1 Mondial de la Montre. > F M : Le Chancelier allemand Hemut Kohl vous nomme en 1995 membre du Concil for Research Technology and Innovation for the futur of Geramny and Europe. Quelles sont les grandes lignes

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Entretien avec

UEL DE CERVANTÈS - DON QUICHOTE) qui en ont découlé et percevez-vous, près de 15 années après, des réalisations tenant compte de vos prévisions ? N H : Vous savez que tout jeune homme, j’ai compris qu’il n’y avait pas de prophète dans son propre pays. Alors, vous savez que j’ai débuté dans

l’industrie métallurgique de la Rhur, c’était l’époque de la reconstruction. Je me suis énormément donné dans ce secteur. Par conséquent, j’étais très connu et respecté dans le monde industriel et dans la production de l’économie réelle. C’est la raison pour laquelle Helmut Kohl m’a choisi pour être dans son Comité comme le seul étranger. Ce Comité représentait les grands patrons allemands et les syndicats ouvriers allemands. J’étais assis entre les présidents de BMW et SIEMENS. Helmut Kohl a dû expliquer, le premier jour de la réunion, pourquoi ce Suisse. Je me rappelle, nous étions alors à Bonn, pas encore à Berlin ; nous buvions de la bière blanche. J’avais bu pour la première fois de la bière blanche à Munich avec Franz Joseph Strauss (le Taureau de Bavière) qu’Helmut Kohl n’appréciait d’ailleurs pas du tout. Il leur a expliqué que je faisais partie de l’histoire de l’Allemagne industrielle depuis

1955 - 1956. « Nous avons besoin de lui » a-t-il martelé ! Tout le monde me connaissait et j’ai eu droit aux applaudissements. Il y a eu beaucoup de résultats tangibles, mais ce Comité n’a pas su ou n’a pas pu convaincre le Gouvernement. La première chose que le Gouvernement aurait dû s’abstenir de faire immédiatement lors de la réunification des deux Allemagnes, c’est de rétablir une seule et même monnaie, le Deutsh Mark pour la RDA & la RFA. Ce fut un choc pour l’Allemagne communiste dont celleci ne s’est d’ailleurs toujours pas relevée. La deuxième, c’est de ne pas permettre aux syndicats ouvriers de distribuer l’intégralité des bénéfices à tout le monde. Cette manière de procéder a découragé et freiné les industriels pour investir plus massivement dans le secteur de l’Est. > F M : En 1996, c’est au tour du Gouvernement français (Premier ministre Alain Juppé) de vous nommer président du "Groupe de Réflexion" de la France, étudiant les futures stratégies économiques du pays. Pourriez-vous nous éclairer sur la nature de ces réflexions et ontelles été suivies d’effets ? N H : Je ne savais pas que c’était Alain Juppé qui m’avait nommé, je croyais que c’était Jacques Chirac. J’ai surtout beaucoup travaillé avec le ministre de l’Industrie de l’époque, qui est devenu ensuite Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin. D’ailleurs, son Chef de Cabinet d’alors travaille maintenant chez nous. Cela a commencé par un coup de fil de Jacques Chirac, alors Maire de Paris, à Edouard Balladur pour lui demander de me contacter pour installer SMART en France. J’ai été découvert à plusieurs reprises en France. Vous savez, les dirigeants français étaient très attentifs à mon parcours. Ils avaient vu ce que j’avais réalisé en Allemagne et, un jour, lors d’une visite en Suisse du Premier ministre français, je crois bien que c’était en 1990, j’étais invité à déjeûner à l’Ambassade de France à Berne. Je me suis trouvé face à Madame Edith Cresson. Elle m’a demandé mes coordonnées et, quelque temps après, j’ai été appelé par Jacques Delors qui m’a dit tout simplement : « J’ai besoin de vous ! » Son but était d’obliger Bruxelles à réfléchir sur les demandes incessantes de crédits par les industriels pour tenter de faire face à l’industrie japonaise, florissante à souhait, et bénéficiant, il est vrai, du soutien indéfectible de son gouvernement et de ses banques. Me mettant en exergue, face au marché japonais où je me battais tout seul, sans le soutien du gouvernement et encore moins des banques. J’ai beaucoup travaillé avec Jacques Delors. Je ne m’attarderai pas sur Madame Edith Cresson, au demeurant fort sympathique, mais je crois qu’elle manquait singulièrement de soutien et était surtout très mal conseillée. J’aime beaucoup la France ! Vous savez que tous mes diplômes sont Français, issus de l’Univer-

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Entretien avec >> sité de Lyon. Que ce soit avec Balladur, Cres-

son ou Chirac, j’ai essayé de leur démontrer que la force de l’Allemagne et de la Suisse, c’est l’Apprentissage ! Ce ne sont pas des X mais une force de Qualité qui anime notre Industrie. Ils étaient tous convaincus. Malheureusement, les fonctionnaires français ont tout bloqué. J’ai tenu tête avec Mercedes pour implanter la SMART en France. J’espère qu’on va pouvoir l’améliorer sensiblement ces jours prochains.

> F M : Parallèlement au monde horloger, vous vous intéressez à celui de l’automobile. Si, en 1991, vous avez lancé la SWATCH Volkswagen pour commercialiser la mini Swatch-mobile, vous rééditez l’opération en 1998 avec Mercedes-Benz pour la Smart Fortwoo. Quelles étaient vos projections ? N H : Je me considère comme un passager dans un vaisseau spatial qui s’appelle la Terre. Alors, comme passager, nous avons tous une responsabilité, c’est que la Terre ne soit pas détruite. Je considère également que nous sommes tous très, très petits. Quand je vois certaines personnes se gonfler d’importance, je crois qu’un peu de retenue, de modestie, ça ne fait pas de mal. Moi qui suis diplômé en mathématiques & chimie, évidemment, je savais qu’il fallait faire quelque chose comme la Swatch écologique, maniable, peu de volume et pas chère. Alors nous avons fondé ici à Bienne, avec Volkswagen, la SWATCH Group. 50% - 50%. Nous avons créé la Swatch avec l’ingénieur belge Dedéner, que vous connaissez bien puisqu’il était précédemment chez Renault. Malheureusement, n’étant pas allemand, il s’est fait virer par les syndicats allemands qui détenaient 50% des parts. Les raisons ? Il parle bien l’allemand, mais il n’est pas Allemand ! Zou... Ils ont pris à sa place Monsieur Piesch. Piesch, de la famille de Porsche, est venu me voir en me disant « ce que vous avez fait est formidable, mais moi je ne veux pas de voiture écologique. » Comme il venait d’être limogé par la famille Porsche, il voulait sa revanche en créant la Swatch Porsche. Je le connaissais bien parce qu’il était auparavant chez Audi où j’avais construit des usines pour Volkswagen. Donc divergences de vues. On s’est séparés ! www.expatria-cum-patria.ch

J’ai racheté ses parts et me suis tourné vers Renault avec Louis Dreyfus et Mercedes. Mercedes a été plus rapide. Pour commencer, Mercedes a exigé que je lui cède 2%, ce qui faisait 51% - 49 %. J’ai accepté. C’était une bêtise ! Si j’avais eu un peu plus d’expérience dans les finances, je n’aurais jamais dû accepter cela. Nous avons fait séparément une Swatch. La mienne que vous connaissez, "l’Hybride". Mercedes a eu peur. Je lui ai vendu mes actions pour 75 millions de DM. > F M : Vous transmettez la direction de SWATCH Group en 2003 à votre fils Nick, tout en restant Président du Conseil d’Administration. D’une aventure personnelle, cela devient une saga familiale. Aujourd’hui, à 82 ans, vous observez d’un œil bienveillant vos bébés grandir. Au sens propre comme au sens figuré. Quels sont les projets de SWATCH Group qui vous tiennent à cœur et que vous aimeriez voir se réaliser ? Bélénos Cleam Power ? N H : Je suis impliqué dans toutes les stratégies, dans tous les in-

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Entretien avec vestissements de SWATCH Group. Je viens tous les jours à mon bureau. Je conduis ma voiture moi-même. C’est vrai qu’aujourd’hui, je suis sur un projet Bélénos, en compagnie de la Deutsh Bank - l’Ecole Polytechnique Fédérale et George Clooney, etc. Qu’est-ce que c’est Bélénos ? C’est le Dieu Soleil des Celtes. C’est une Holding qui finance les joints-ventures, c’est-à-dire des compagnies qui développent des ressources en énergies. C’est tout à fait révolutionnaire. Si vous regardez bien certains projets, vous doutez. Vous vous dites « ce n’est pas possible, on ne réussira pas. » Finalement, vous le faites et ça marche ! C’est pour ça que je travaille plutôt avec des Physiciens qu’avec des Ingénieurs. Parce que les physiciens, ils peuvent encore rêver, munis d’un tout petit atome face à l’immensité de l’Univers. Alors, nous finançons des batteries spéciales, des panneaux solaires, etc. Pourquoi je ne fais pas ces investissements avec SWATCH ? Parce que je ne veux pas être confronté aux actionnaires qui ne font pas partie de ma famille et qui ne manqueront pas la critique envers selon eux, une énième lubie. Alors j’ai mis ma fortune personnelle, prévoyant un énorme succès. Mais j’ai réfléchi en pensant alors aux actionnaires de SWATCH Group qui me diront alors : « Regardez-moi ça, il ne nous a même pas mis dans le coup ! » J’ai pris alors Jo Akermann de la Deutsh Bank avec qui j’avais réalisé le joint-venure de Picard. Tout cela au nez de nos deux grandes banques enferrées dans la crise depuis 2008. Nous développons l’avion de Picard avec Nicolier, son pilote d’essai. D’ailleurs, ce dernier est membre du Conseil d’Administration de SWATCH Group & de Bélénos. Alors vous voyez donc qu’avec Bélénos, nous affrontons le futur avec

jourd’hui, de passer dans le même temps à la réalisation. Nous avons également une chance en Suisse, c’est que nous ne sommes pas soumis aux pressions des constructeurs automobiles ni à celles des compagnies pétrolières. Nous n’en possédons pas en Suisse.

> F M : De soubresauts en sursauts, Dieu sait s’ils furent nombreux, ont jalonné le XXe siècle. Le XXIe a même débuté avec le fameux 11 Septembre 2001. A l’orée de ce dernier, se dessinent de grandes incertitudes mais aussi de grands espoirs. Comment imaginezvous la place de la Suisse dans le monde au cours des 20 prochaines années ? Parmi les 27, ou, comme à son habitude, tirant habilement les conséquences de ses spécificités, pour finalement, conserver son identité d’une nation privilégiant l’intelligence à la violence, le travail à l’assistanat et la sécurité à l’aventure ? N H : Un journaliste de télévision m’a fait, hier, une confidence lors d’un entretien que nous avons eu : « Monsieur Hayek, vous faites partie de l’histoire de l’Europe dans la deuxième moitié du XXe siècle. » La Suisse se trouve momentanément dans une situation difficile pour plusieurs raisons : la première, comme toutes les familles riches, une partie des enfants de famille riche n’a pas appris à surmonter C’est Nicolas Hayek les obstacles. Parce que aisés, tout le qui fut à l’origine de la monde est gentil avec eux. Et, en général, marque Smart on n’apprend pas à surmonter les difficul(groupe Mercedes). De tés quand il n’y en a pas. g. à d. : la Fortwo, la Nous avons ici, chez nous, un tas de poliForfour et le Roadster. ticiens qui ne savent pas surmonter les obstacles. les énergies renouvelables. Nous comptons Vous l’avez souligné vous-même, que ce très bientôt récolter des résultats très intéressants. Oui, ça c’est passoit vis-à-vis de l’Amérique ou du Secret sionnant ! bancaire, nous sommes lestés de faiblesses énormes. > F M : Selon vous, quels sont les atouts de la Suisse dans ce Nous avons aussi des criminels, comme domaine ? dans tous les pays du monde. N H : La Suisse possède de nombreux atouts. Je suis en train de réNous ne sommes pas des Anges, nous diger un discours que je vais prononcer devant les Ecoles Polytechn’avons rien à faire avec des gangsters et ce, en aucune manière. niques Fédérales. Il faut avoir le Courage de dire NON et refuNous avons les Universités de Neuchâtel et de Zürich qui font des travaux remarquables sur les cellules photo-voltaïques, sur la foncser tout compromis avec la criminalité. Je suis un homme écouté parce que chacun tion “comment changer les rayons solaires en électricité”. sait, quel que soit le bord politique, que je Et puis, nous avons beaucoup de cash pour investir dans ces dosuis d’une neutralité à toute épreuve. maines. Et c’est là où je vous invite à prendre Nous essayons d’établir en permanence des recherches et au-

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Entretien avec >> connaissance de notre rap-

Alors vous pourrez négocier avec qui que ce soit en position de force, car vous serez armé du soutien populaire. Le succès prochain, me dites-vous ? Ce sera probablement dans les énergies renouvelables. Mais le succès que j’aimerais tant, c’est voir la Paix s’installer durablement dans une certaine partie du monde... Nous allons programmer une exposition de nos montres au Louvre. Ce sera la première fois, ça ne s’est jamais fait ! Pour le moment, nous sommes gâtés !

port annuel qui vient de sortir, où il est stipulé en quelques lignes que La Force de Frappe suisse réside là où le Politique faillit, le Peuple Souverain surgit et réagit. J’explique même que dans l’affaire des minarets, ce n’est pas une attaque contre la religion. Cela nous a valu une volée de bois vert de certains pays comme l’Allemagne et la France en particulier. Un sondage en direct à la Télévision allemande, réalisé auprès des téléspectateurs, révélait qu’après le verdict des urnes suisses avec 57% de non, ce sondage allemand, lui, ressortait avec plus de 87% de Nein.

> F M : Vous êtes, à un moment de votre vie, où, fort de votre longue expérience, fort de vos réussites, vous avez loisir de savourer vos succès. A quand le prochain ? N H : Je savoure tous les jours les succès, jour après jour. Vous voyez le rapport que vous avez entre vos mains, il est indiqué : « Attention, cette publication n’est pas recommandée aux acrobates et jongleurs du cirque financier actuel. » C’est le Président du Figaro qui l’a accroché dans son bureau, comme un tableau. Je n’ai jamais cherché à avoir de l’influence politique. C’est peut-être un tort, mais tous les sondages vous le confirmeront, si je me présentais à une élection, ce serait le succès assuré. Et c’est là que le Conseil Fédéral découvre que Nicolas Hayek est un catalyseur. En septembre dernier, nous avons fait une conférence de presse : Christoph Blocher (UDC) & Ph. Levrat (PS) = 53 % du peuple Suisse ainsi que Nicolas Hayek (représentant tous les entrepreneurs suisses) en disant ceci : « Si vous, le Conseil Fédéral, avez peur de telle ou de telle décision, présentezla en votation populaire, sous nos conditions. » www.expatria-cum-patria.ch

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Cet homme est habité et nourri par le plus beau mot de la langue française : ENTHOUSIASME !

HÉRITÉ DES GRECS QUI NOUS ONT LÉGUÉ LE PLUS BEAU MOT DE NOTRE LANGUE

(EN THEO : UN DIEU INTÉRIEUR).

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> F M : Des regrets...? Des espoirs...? N H : On a toujours des regrets. On se dit toujours « j’aurais pu faire ça un peu mieux. » Mais pas de regrets qui me pèsent. Je n’ai jamais essayé d’être arrogant. Finalement, je suis un homme heureux ! Heureux parce que je suis toujours habité par l’Optimisme. Vous voyez, la rapidité avec laquelle l’information se propage dans le monde va avoir une résultante sur les populations qui n’accepteront plus les dictatures. Bien sûr, subsisteront toujours des pays moins démocratiques que les nôtres ; mais vous verrez une amélioration significative de ce côté-là. Et je pense que nous irons un peu plus vers la Paix dans le monde chaque jour. C’est mon espoir. > F M : À un jeune Français qui envisagerait de s’établir en Suisse, quels conseils lui prodigueriez-vous ? N H : Ecoutez, il y en a tellement, de Français qui travaillent en Suisse. On ne fait plus la différence dans chaque marque que nous possédons, nous avons ici 30 ingénieurs, là 200... Notre chef de Brevets est Français, il travaille avec moi depuis plus de 25 ans. Les Français s’adaptent très rapidement à la Suisse. Ils ne sont pas du tout dans un environnement qui n’est pas le leur. SERGE CYRIL VINET


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Espace Nicolas Feuillatte - 254, rue du Faubourg Saint-Honoré 75008 Paris - www.palmesdor.com

L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ. À CONSOMMER AVEC MODÉRATION


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Droit suisse DANS LE CADRE DE CETTE NOUVELLE CHRONIQUE DE FRANCE MAGAZINE, ME PATRICK BLASER, AVOCAT À GENÈVE, PRÉSENTERA À NOS LECTEURS LES NOUVEAUTÉS DU DROIT SUISSE SUSCEPTIBLES DE CONCERNER AUSSI BIEN LES FRANÇAIS DOMICILIÉS EN SUISSE QUE CEUX QUI ENTRETIENNENT, DEPUIS LA FRANCE, DES RELATIONS PROFESSIONNELLES, COMMERCIALES OU PERSONNELLES AVEC LA SUISSE.

Les Français faceau droit suisse

a première partie de cet article est consacrée à l'Accord de Paris conclu entre la France et la Suisse qui permet à ces deux Etats de procéder, en particulier, à l'encaissement des amendes de circulation routière des deux côtés de la frontière. Dans la seconde partie, nous rendons compte de quatre décisions de principe rendues récemment par le Tribunal fédéral suisse, en les résumant, concernant des cas concrets de citoyens français ayant été confrontés en Suisse à des litiges ressortant respectivement au droit bancaire, au droit successoral, au droit des assurances sociales et, enfin, au droit de la famille.

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“L’Accord de Paris” Avec l'entrée en application de l'accord franco-suisse, dit “de Paris”, les amendes se joueront désormais de la frontière. Dans ce contexte, les chiffres sont parlants. En 2009, environ 14 000 amendes avaient été prononcées en France à l'encontre de citoyens résidant en Suisse. Or seul 50 % de ces amendes ont finalement été payées. Du côté suisse, ce sont près de 50 000 amendes qui ont été déversées à l'encontre de ressortissants résidant en France. Si 80 % de ces amendes ont été payées, cela est essentiellement dû à la perspective, pour les frontaliers, de pouvoir être interpellés à la frontière en raison de leurs arriérés d'amendes, ce qui constitue indubitablement un effet dissuasif non négligeable ! L'accord franco-suisse relatif à la coopération transfrontalière Depuis le 4 janvier 2010, la frontière franco-suisse ne constitue plus une barrière incontournable pour celui qui voudrait se soustraire au paiement de ses amendes. En effet, les autorités suisses et françaises ont signé un accord bilatéral, dit de Paris, intitulé “accord relatif à la coopération transfrontalière en matière judiciaire, policière et douanière” (tout un www.expatria-cum-patria.ch

programme) qui déploie, depuis le 4 janvier 2010, tous ses effets notamment en matière d'infractions aux prescriptions sur la circulation routière. L'objectif “avoué” de cet accord est de mettre fin aux amendes “virtuelles” prononcées, mais non payées, suite à la commission d'infractions routières. Par cet accord, la Suisse et la France peuvent désormais poursuivre sur le territoire de l'autre Etat contractant les conducteurs récalcitrants à l'idée de devoir payer leurs amendes “transfrontalières” et à propos desquelles ils bénéficiaient jusqu'à présent

d'une certaine impunité de fait. Cette collaboration franco-suisse accrue dans le domaine de la sécurité routière, qui va vite s'avérer d'une redoutable efficacité, repose sur la possibilité, pour les autorités de chacun des pays, de pouvoir identifier les détenteurs de véhicules coupables d'avoir commis une infraction au code de la route et de poursuivre ces derniers pour le paiement de leurs amendes. La clé du succès passe par le système européen EUCARlS (European Car and driving licence Information System). Ce système permet à l'autorité suisse, en l'espèce l'Office fédéral des routes (OFROU), et à l'autorité française d'obtenir l'identité du conducteur fautif (nom, prénom et adresse), ainsi que les données de son véhicule. Exécution forcée en cas de non-paiement des amendes Le prononcé de l'amende (qui comprend la description de l'infraction, les moyens de preuve, la désignation du véhicule, le montant de l'amende et la procédure d'opposition) peut ensuite être formellement notifié à l'automobiliste au lieu de son domicile en Suisse, respectivement en France. En cas de non-paiement de l'amende, l'Accord de Paris prévoit, et c'est la grande nouveauté, que la Suisse et la France, lorsque leurs autorités en sont requises, procèdent sur leur territoire à l'exécution forcée de la décision rendue par l'Etat requérant dans lequel l'infraction a été commise. En bref, la France peut désormais demander à la Suisse de recouvrer les amendes impayées, et réciproquement. Et c'est tout bénéfice pour l'Etat requis puisque c'est cet Etat qui encaisse pour son propre compte l'amende impayée dans l'Etat requérant ! Cette procédure ne s'applique toutefois que pour les amendes qui s'élèvent à un montant minimum de 70 euros ou de 100 francs suisses. En bref, les habitués des stationnements interdits ont encore de beaux jours devant eux puisque l'Accord de Paris ne s'applique pas

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Droit suisse à ces infractions “mineures”. Autres effets : droit de poursuite et d'observation transfrontalier. Cet Accord de Paris présente un champ d'application en matière de coopération judiciaire, policière et douanière plus vaste que le simple recouvrement des amendes impayées. Il prévoit, pour l'aspect le plus spectaculaire, les modalités d'un véritable droit de poursuite transfrontalière. Ainsi, les agents suisses ou français qui, dans leur pays, suivent une personne qui a été prise en flagrant délit sont autorisés à poursuivre cette personne sur le territoire de l'autre pays, étant précisé que cela peut aussi concerner les poursuites par moyens fluviaux et même aériens ! Ce droit de poursuite s'applique également en cas de non-respect d'une injonction de s'arrêter ainsi qu'aux passages de “vive force” dans la zone frontalière. Par contre, ce droit de poursuite ne comprend pas celui d'interpellation qui reste de la compétence exclusive des agents locaux. De même, l'Accord de Paris prévoit que les agents suisses ou français bénéficient d'un droit d'“observation transfrontalière” lorsqu'ils ont dans leur “collimateur” une personne présumée d'avoir commis une infraction d'une certaine gravité. Il s'agit là de la possibilité, pour les agents de chacun des deux Etats contractants, de pouvoir procéder à des investigations policières dans l'autre Etat. Dans ce cadre, les agents observateurs gardent certains de leurs moyens d'investigation, en particulier ceux utilisés pour la surveillance optique et acoustique, outre Par cet accord, la leur arme de service dont ils n'ont pas à se séparer. Suisse et la France “L'amitié franco-suisse”, scellée par l'Acpeuvent désormais cord de Paris, va même jusqu'à prévoir des patrouilles mixtes, comprenant des agents poursuivre sur le suisses et français, dans la zone frontalière territoire de l’autre dont l'objectif est de mener une coopération transfrontalière directe visant à prévenir des Etat contractant les menaces pour l'ordre et la sécurité publics, conducteurs à lutter contre les trafics illicites et l'immigration illégale. récalcitrants à

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RESUMES DE JURISPRUDENCES DU TRIBUNAL FEDERAL SUISSE Droit bancaire: responsabilité de la banque du fait de ses organes (arrêt du 10 février 2009, 4A 544/2008) Domiciliée en France, une française a confié des fonds à gérer à un cadre de banque, directeur adjoint d'une succursale à Genève. En fait de gestion, le banquier a dépensé l'intégralité des avoirs confiés pour ses besoins personnels. La cliente a intenté en Suisse un procès contre la banque en réparation de son dommage. La banque a contesté sa responsabilité au motif que la cliente n'était pas directement sa cocontractante puisqu'elle avait remis ses fonds au banquier pour qu 'il les dépose sur son propre compte. De surcroît, le cadre bancaire n'avait pas une activité spécifique de

l’idée de devoir payer leurs amendes “transfrontalières” et à propos desquelles ils bénéficiaient jusqu’à présent d’une certaine impunité de fait.

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gestionnaire mais s'occupait principalement de questions administratives. L'action diligentée par la cliente met en cause la responsabilité extracontractuelle de la banque, aucune relation contractuelle directe n'ayant été conclue entre les parties. La première question à résoudre était celle de déterminer si le cadre de banque était, ou non, un organe de la banque. Selon le droit suisse, la qualité d'organe, par opposition à celle d'employé, peut découler des trois situations suivantes : > Organe formel lorsque la personne est chargée par la loi ou les statuts de gérer et de représenter son employeur, > Organe de fait lorsque la personne, sans porter de titre, exerce effectivement une fonction dirigeante, > Organe apparent lorsque la personne est désignée par l'employeur comme disposant des pouvoirs d'un organe alors que tel n'est pas le cas. Dans le cas d'espèce, le Tribunal fédéral a jugé que l'employé indélicat ne présentait la qualité ni d'organe formel (son titre de directeur adjoint ne le plaçant pas directement sous l'autorité du conseil d'administration mais sous celle de son directeur), ni d'organe de fait (la banque ne lui avait attribué aucune fonction dirigeante indépendante), ni d'organe apparent (la banque n'a aucunement créé une apparence permettant de déduire une quelconque qualité d'organe). Sous cet angle, la responsabilité extracontractuelle de la banque ne pouvait par conséquent pas être engagée. Par contre, c'est la responsabilité de la banque pour ses employés qui a finalement été retenue. Selon le droit suisse, une telle responsabilité peut en effet être admise lorsqu'il existe une relation directe et fonctionnelle entre l'activité confiée à l'employé et l'acte dommageable que celui-ci commet. Tel était le cas en l'espèce puisque la banque avait toléré, et même encouragé, que son directeur adjoint, chargé de l'administration, développe également sa clientèle privée. Dans ce cadre, la banque peut toutefois s'exonérer de sa responsabilité si elle apporte la preuve, libératoire, qu'elle a surveillé son employé avec toute la diligence requise. Or tel n'a pas été le cas en l'espèce puisque la banque n'a mené aucune investigation sérieuse à propos de l'activité clientèle exercée par l'employé indélicat. C'est pour ces dernières raisons que la >>


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Droit suisse >> cliente spoliée par le directeur adjoint indé-

licat a obtenu gain de cause, la banque ayant été condanmée à lui rembourser intégralement le dommage subi.

Droit successoral : paiement de pénalités fiscales françaises (arrêt du 12 mai 2009, 5A_722/2008) Une Française, décédée en France, a laissé comme héritiers ses deux fils dont l'un est domicilié en Suisse. Un acte de partage notarié a été signé par les deux héritiers. Cet acte comprend une clause par laquelle chacun des héritiers s'engage à prendre en charge les conséquences fiscales de leurs attributions successorales, la déclaration fiscale de succession n'ayant pas été déposée dans les délais. L'héritier domicilié en France a payé les pénalités fiscales de retard lui incombant. L'héritier domicilié en Suisse n'a effectué aucun versement. L'autorité fiscale française s'est dès lors retournée contre 1'héritier domicilié en France pour obtenir, à titre de solidarité des héritiers pour les droits de succession, le paiement de la part impayée par l'héritier domicilié en Suisse. S'étant exécuté, l'héritier domicilié en France s'est ensuite retourné contre son frère domicilié en Suisse qui s'est refusé à rembourser sa part. Pour sa défense, l'héritier domicilié en Suisse a argué que les pénalités fiscales fixées par les autorités françaises étaient exclusivement imputables à son frère qui avait déposé avec retard la déclaration de succession. Dans ce contexte, le Tribunal fédéral a rappelé les règles fondamentales relatives à son pouvoir de cognition applicables à tous recours en matière civile. Le Tribunal fédéral statue en effet sur la base des faits établis par l'autorité cantonale précédente. Il ne peut s'en écarter que si ces faits ont été établis de façon manifestement inexacte ou en violation du droit. Le recourant qui soutient que les faits ont été établis d'une manière manifestement inexacte, à savoir arbitraire, doit démontrer, par une argumentation précise, en quoi consiste la violation. Le Tribunal fédéral n'examine la violation de l'interdiction de l'arbitraire que si un tel grief a été invoqué et motivé par le recourant, c'est-à-dire s'il a été expressément soulevé et exposé de façon claire et détaillée; les critiques de nature appellatoire sont irrecevables. Aucun fait nouveau ni preuve nouvelle ne peut être présenté à www.expatria-cum-patria.ch

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En principe, le travailleur salarié est soumis à la législation de son Etat d’occupation salariée, même s’il réside sur le territoire d’un autre Etat membre ou si l’entreprise ou l’employeur qui l’occupe a son siège ou son domicile sur le territoire d’un autre Etat membre.

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moins de résulter de la décision de l'autorité précédente. Le Tribunal fédéral se montre réservé quant à l'appréciation des preuves et à la constatation des faits, vu le large pouvoir qu'il reconnaît en la matière aux autorités cantonales. Il n'intervient que si le juge n'a manifestement pas compris le sens et la portée d'un moyen de preuve, a omis sans raisons objectives de tenir compte de preuves pertinentes ou a opéré, sur la base des éléments recueillis, des déductions insoutenables. En application de ces principes, le Tribunal fédéral a jugé dans le cas d'espèce que c'est sans arbitraire que la juridiction cantonale avait considéré que l'héritier domicilié en Suisse n'avait pas rapporté la preuve que son frère serait seul responsable du dépôt tardif de la déclaration de succession et, partant, à l'origine des pénalités du fisc français. L'héritier domicilié en Suisse n'a ainsi pas trouvé grâce auprès du Tribunal fédéral. Il a par conséquent été condamné à rembourser la part qui lui est imputable et qui a été “avancée” par son frère.

Assurances sociales : devoir de renseignements de l’assurance (arrêt du 7 septembre 2009, 8C_66/2009) Un Français, domicilié en France mais travaillant en Suisse, a été hospitalisé et mis au bénéfice d'une incapacité de travail suite à une hernie discale survenue lors d'un match de rugby. La Caisse Nationale suisse d'Assurances (CNA) a refusé de prendre en charge le cas au motif que le sinistre n'était pas dû à un accident. De son côté, l'assurance maladie privée française a également refusé de le prendre en charge au motif que l'assuré n'avait pas sollicité son accord préalable à propos de son hospitalisation. Le travailleur frontalier a dès lors assigné, en Suisse, la CNA pour le remboursement de sesfrais d'hospitalisation. S'agissant d'une relation transfrontalière, les Tribunaux ont d'abord examiné la question du droit applicable en matière d'assurance-maladie, le litige ne ressortant pas de l'assurance-accident. En principe, le travailleur salarié est soumis à la législation de son Etat d'occupation salariée, même s'il réside sur le territoire d'un autre Etat membre ou si l'entreprise ou l'employeur qui l'occupe a son siège ou son domicile sur le territoire d'un autre Etat membre. Le travailleur frontalier est donc soumis, en vertu de ce principe, à la législation de l'Etat où il travaille (principe de la lex loci laboris) ; l'Etat compétent est l'Etat d'emploi. Ce principe peut être assorti d'exceptions. Les personnes soumises aux dispositions légales suisses peuvent, sur demande, être exemptées de l'assurance-maladie obligatoire (LAMaI) en tant qu'elles résident en France et peuvent prouver qu'elles y bénéficient d'une couverture en cas de maladie. Cette ré-

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Droit suisse

patrick.blaser@borel-barbey.ch

glementation sur le droit d'option n'exige pas une couverture équià son domicile français en soutenant que le valente auprès d'un organisme d'assurance de droit public; il peut déplacement de l'enfant en Suisse était illiégalement s'agir d'une assurance conclue auprès d'un assureur cite. privé. Est considéré comme illicite le déplacement En fonction de ce droit d'option, les personnes qui résident en ou le non-retour d'un enfant lorsqu'il a lieu France et qui travaillent en Suisse peuvent ainsi être couvertes soit en violation d'un droit de garde, attribué à en Suisse soit en France. Elles ont le choix entre le régime d'assuune personne, seule ou conjointement, par rance-maladie suisse selon la LAMaI, le régime de la CMU et (pour le droit de l'Etat dans lequel l'enfant avait sa une période transitoire) l'assurance privée en France. C'est donc en résidence habituelle immédiatement avant application de la réglementation précitée que le recourant - travailson déplacement ou son non-retour. L'aplant en Suisse et résidant en France - a demandé et obtenu l'exemppréciation de l'acte illicite dépend donc de tion de l'assurance maladie obligatoire en Suisse selon la LAMaI au savoir où se situe la “résidence habituelle” profit d'une couverture d'assurance privée. de l'enfant. C'est en raison de ces circonstances que le frontalier s'est trouvé Est déterminant à cet égard le centre affecsans couverture d'assurance pour ses frais d'hospitalisation. Dès tif de vie de l'enfant et de ses attaches. Cela lors, le recourant a reproché à la CNA d'avoir attendu cinq mois, peut résulter soit de la durée de fait de la réaprès avoir payé les premiers frais sans faire de réserve quant aux sidence ou de la durée envisagée. Pour un frais d'hospitalisation, avant de l'informer qu'elle ne prendrait pas nouveau-né ou un jeune enfant, ses relaen charge ces derniers qui devaient être annoncés à son assurance tions familiales avec le parent en ayant la maladie française. Or, cette dernière a également refusé cette prise charge sont décisives en tant qu'indice de sa en charge au motif que le recourant n'avait pas obtenu son accord résidence habituelle; les liens d'une mère préalable. avec un pays englobent en règle générale En l'espèce, le Tribunal fédéral a confirmé que l'assureur social également l'enfant. Des interruptions moavait l'obligation d'attirer l'attention de la personne concernée sur mentanées de la présence, même si elles le fait que son comportement pourrait mettre en péril la réalisation sont de longue durée, n'excluent pas l'exisde l'une des conditions du droit aux prestations. tence (ou la poursuite) d'une résidence haLe défaut de renseignement dans une situation où une obligation de bituelle, aussi longtemps que le centre de renseigner est prévue par la loi, ou lorsque les circonstances vie est conservé. En l'espèce, les Tribunaux ont estimé que concrètes du cas particulier auraient commandé une information l'enfant avait conservé son domicile en de l'assureur, est assimilé à une déclaration erronée qui peut, sous Suisse malgré un séjour de quatre mois en certaines conditions, obliger l'autorité (en l'espèce l'assureur) à consentir à un administré un avantage auquel il n'aurait pu prétenFrance chez son père et le fait que sa mère dre, en vertu du principe de la protection de la bonne foi. D'après la avait déménagé des meubles au domicile du père. Au vu de ce qui précède, les Tribujurisprudence, un renseignement ou une décision erronés de l'adnaux suisses ont admis leur compétence ministration peuvent obliger celle-ci à consentir à un administré un pour statuer sur la requête déposée par la avantage contraire à la réglementation en vigueur, à condition que : mère en fixation de l'obligation d'entretien (a) l'autorité soit intervenue dans une situation concrète à l'égard du père et les relations persormelles de de personnes déterminées, l'enfant avec ce dernier. Au passage, le Tri(b) qu'elle ait agi ou soit censée avoir agi dans les limites de ses compétences, bunal fédéral a en outre jugé, conformé(c) que l'administré n'ait pas pu se rendre compte immédiatement ment aux conclusions prises par le père, que la Cour cantonale n'avait de l'inexactitude du renseignement obtenu, pas respecté l'exigence légale (d) qu'il se soit fondé sur les assurances ou le comportede célérité en prenant trois ment dont il se prévaut pour prendre des dispositions mois pour rendre une décision auxquelles il ne saurait renoncer sans subir de préjuet trois mois supplémentaires dice, pour notifier aux parties les et (e) que la réglementation n'ait pas changé depuis le moment où l'assurance a été donnée. considérants de sa décision. Finalement, le Tribunal fédéral a renvoyé l'affaire au juge Dans ce cadre, le Tribunal fédéral invite le recourant à agir en cantonal pour qu'il détermine si les conditions rappelées responsabilité de l'Etat contre le ci-dessus étaient, ou non, réalisées dans le cas d'espèce. canton pour l'éventuel domPatrick Blaser Droit de la famille : déplacement illicite d’un enfant mage subi par le père dans le AVOCAT, ETUDE (arrêt du 27 juillet 2009, 5A_427/2009) traitement trop lent de son dosBOREL & BARBEY Un Français domicilié en France, père d'un enfant que sa JUGE SUPPLÉANT À LA sier et ce pour autant que les mère avait emmené avec elle en Suisse, a introduit une conditions légales en soient réuCOUR DE JUSTICE, action judiciaire en Suisse pour obtenir le retour de sa fille nies. GENÈVE

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Événement

Quand

Expatria Cum Patria reçoit

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RachidaDati à Genève

idèle à son habitude, Expatria Cum Patria, après avoir reçu il y a quelque temps déjà, avec le succès que l’on sait, le Professeur Christian Cabrol traitant du sujet ô combien personnel “Les Dons d’Organes” par l’intermédiaire de son association Adicare. Puis Monsieur Dominique Paille, Conseiller du Président de la République, nous informant sur les objectifs politiques poursuivis par le Président. C’était au tour de Madame Rachida Dati, ancienne Ministre de la Justice et Garde des Sceaux du premier gouvernement Fillon et, depuis juin 2009, députée européenne, de nous faire le plaisir de répondre à notre invitation sur le thème “Les enjeux d’une politique industrielle européenne”. Consacrant bien volontiers aux rites d’une conférence de presse devant les principaux quotidiens romands et frontaliers, propos relayés sur les ondes par la Radio Suisse Romande, elle répondit sans sourciller aux différentes questions, se voulant disponible à aborder tous les sujets. Son passage en direct dans le journal télévisé de 19 h 30, présenté par Darius Rochebin, fut, à plus d’un égard, remarqué, tant par la densité de ses propos que

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sa volonté d’expliquer tel ou tel événement. Le dîner débat qui s’en suivit au Mandarin Oriental fut apprécié par les quelque 150 convives qui s’étaient donnés rendez-vous pour accueillir Rachida Dati. Venant de tous horizons, qu’il nous soit permis de remercier tous les participants sans exclusive, avec une mention particulière envers tous ceux qui se sont déplacés des départements limitrophes, attestant ainsi leur fidélité à toute épreuve. Les débats occasionnèrent bon nombre de questions mettant en évidence le désir de convaincre et de justifier ses positions face à une nouvelle politique industrielle européenne. Elle démontra à l’assistance, conquise, qu’elle ne rechignait en rien, même pas aux contraintes de l’horloge, répondant à toutes les questions qui lui furent soumises et notamment celles choisies par Darius Rochebin, journaliste et animateur chevronné de la TSR. Quel que soit l’événement, un succès n’a que plus de noblesse s’il est partagé. Jean-François Pissettaz et toute son équipe mérite amplement d’y être associé !

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LE COMITÉ DE RÉDACTION DE FRANCE MAGAZINE


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1. Rachida Dati en présence de Dany Vinet. 2. Rachida Dati, Nicolas de Ziegler (vice-président UMP Suisse) et Serge Cyril Vinet. 3. Pierre Oliviéro Conseiller élu AFE, Conseiller National UMP, Jean-François Pissettaz, Président UMP élu pour la Suisse, Nicolas de Ziegler, et Serge Cyril Vinet. 4. Serge Cyril Vinet en compagnie de Micheline Spoerri, ancienne vice-présidente du Conseil d’Etat de la République de Genève. 5. Darius Rochebin, présentateur du journal de la télévision suisse romande et animateur du débat de la soirée, et Dany Vinet. 6. La violoniste Sophie Wallez avec son mari et complice le violoniste et chef d’orchestre Jean-Pierre Wallez.

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Événement DISCOURS DE BIENVENUE À MADAME RACHIDA DATI

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tendions un regain de solidarité. Il suffit, pour s’en convaincre, d’observer ce qui se prépare avec la Grèce et, malheureusement, avec quelques nations qui vont suivre. Je vous le concède aisément, on ne peut pas malgré tout, rester les bras croisés. Il

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Madame la Ministre, Chère Rachida, Vous dire que c’est un bonheur de vous recevoir, ici à Genève, est un euphémisme ! Je vous remercie de tout cœur d’avoir accepté mon invitation, et, croyez-le bien, nous sommes ici tous sensibles à votre présence parmi nous ce soir. Je m’associe bien évidemment, sans réserve aucune, au message de bienvenue de mon ami Jean-François PISSETTAZ, valeureux président de l’UMP Suisse. Comme André Breton, Madame la Ministre, nous cherchions l’Or du Temps ! Vous êtes là, Lumineuse ! Je ne vais pas bercer dans la cantilène. Les reportages multiples font de vous une personnalité politique de tout premier plan, incontournable qui, par votre engagement au service des Parisiens et votre combat contre la déplorable gestion socialiste, n’attendent pas 2012 et 2014. Vous avez choisi comme sujet “Les Enjeux d’une Politique industrielle européenne”. Sujet crucial en vérité. Car dans ce concert européen, la France doit être la garante de notre Protection et de notre ouverture sur le monde. Aujourd’hui, le problème lancinant est la faiblesse de la Gouvernance européenne. Qui peut décider des mesures à prendre et d’en exiger leur application ? A mon sens, ils ne sont actuellement que trois : Monsieur TRICHET, Gouverneur de la BCE pour son diagnostic. Madame la Chancelière allemande accompagnée de son Ministre des Finances. Monsieur Nicolas SARKOZY et Madame Christine LAGARDE pour son exécution. Et c’est bien là tous les enjeux d’une politique industrielle européenne dans une société plus usée psychologiquement que physiquement. Elle gère son angoisse par une décharge d’agressivité, là où nous at-

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faut d’urgence se projeter dans l’avenir. C’est tout le challenge de votre génération : Aborder un monde nouveau avec de nouvelles règles. Mais le présent, c’est de rétablir les finances publiques. Sur le papier, cela paraît simple : soit on diminue les dépenses, soit on augmente les impôts. En ne perdant pas de vue qu’en démocratie, il y a deux écueils patents à éviter : Ne pas perdre les élections suivantes et ne pas soulever la rue. Ou les deux en même temps. On peut imaginer une autre solution, souscrire un emprunt européen auprès du FMI, ce qui ne nous exonèrera pas de la baisse des dépenses. C’est peu dire que les enjeux d’une politique industrielle européenne sont vitaux ; car vous voyez bien vers quel pari nous


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Événement nous dirigeons : les Recettes de la Reprise doivent impérativement augmenter plus vite que les dépenses de la Crise. Dans son discours inaugural du 11 novembre 1948 à ce qui deviendra plus tard l’Assemblée des Français de l’Etranger, Monsieur Robert SCHUMAN soulignait que les Français de l’Etranger avaient été trop longtemps négligés et pas utilisés comme ils le méritent dans le domaine de l’expansion française. Expatria Cum Patria – Expatrié avec ma patrie. Tout un symbole ! Nous sommes près de 2 500 000 Français qui avons choisi de vivre à l’étranger. Nous ne sommes pas des Français entièrement à part. Nous sommes des Français à part entière. La Suisse à elle seule comptabilise plus de 200 000 de nos compatriotes, faisant d’elle la communauté française expatriée la plus conséquente au monde. Depuis une dizaine d’années, cette frange de la population française progresse en moyenne annuelle de plus de 5%. Nous allons, au prochain recensement, atteindre les 2 000 000 d’inscrits sur les listes électorales. Cela va devenir immanquablement une force politique avec laquelle il va falloir compter très sérieusement. Ne la négligez pas Madame la Ministre ! Dans tous les combats que vous mènerez, vous pouvez être assurée de notre soutien inconditionnel. Vous pouvez compter sur nous. Marc CHAGALL nous rappelait que si toute vie va inévitablement vers sa fin, nous devons, durant la nôtre, la colorier avec nos couleurs d’amour & d’espoir. Donnez-nous de la couleur, Rachida ! Donneznous de la couleur !

SERGE CYRIL VINET CONSEILLER AFE SUISSE & LIECHTENSTEIN PRÉSIDENT FONDATEUR DE L’ASSOCIATION NATIONALE DES FRANÇAIS RÉSIDANTS HORS DE FRANCE “EXPATRIA CUM PATRIA”

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Diplôme

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Écologie Langage

Écologie

La Fondation a pour buts dans ses articles de : Art. 4 - But : • Développer et promouvoir le “Lycée Français Maurice Druon - Genève”, en particulier dans les six cantons romands (Fribourg - Genève - Jura - Neuchâtel - Valais - Vaud) ; • De rassembler tous les Français de Romandie y compris les binationaux, dans un esprit oecuménique ; • De promouvoir la pensée, la culture et la langue française. • La Fondation peut effectuer toute opération se rapportant directement ou indirectement à son but. Art. 7 - Ressources : Les ressources de la fondation sont les revenus de ses avoirs et de ses activités, ainsi que tous les dons, legs, subventions et autres attributions, de quelque nature que ce soit, qu’elle recevra, mais que le conseil de fondation est libre de refuser. Les biens de la fondation doivent être placés conformément aux éventuelles dispositions légales en la matière.

Est-il besoin d’apporter les précisions suivantes : • Les comptes de la fondation sont controlés à chaque exercice annuel par un audit agréé & indépendant. • Chaque opération requiert la double signature. • Les comptes annuels de la fondation “Lycée français Maurice Druon - Genève” dûment audités paraîtront dans France Magazine tous les ans. Le Conseil de Fondation : Madame Sandra Coulibaly-Leroy, Madame Marie-Thérèse Clausen, Madame Danielle Vinet, Monsieur François Bellanger, Monsieur Jean-Pierre Capelli, Monsieur Nicolas de Ziegler, Monsieur Marceau Kaub, Monsieur Pierre Oliviéro & Monsieur Serge Cyril Vinet. Souhaiterait lancer un appel à Souscription à tous les citoyens français ou double-nationaux qui résident dans les six cantons romans, soucieux de se voir ériger le lycée français auquel ils aspirent depuis bien longtemps.

COMITE d’HONNEUR Favorable au projet du Lycée Monsieur Claude Hagège, professeur au Collège de France Madame Jacqueline de Romilly de l’Académie française Monsieur Christian Cabrol, membre de l’académie de médecine, professeur de médecine - Monsieur Dominique Paillé, ancien conseiller du Président de la République Madame Christine Arnothy, écrivain - Monsieur Philippe d’Estienne du Bourguet, industriel - Monsieur Robert Berghe, Directeur de l’École Valmont, Lausanne - Monsieur Philippe Dubois, chef d’état-major de la police vaudoise Monsieur Michel Charasse, ancien ministre, sénateur du

Puy de Dôme - Monsieur Jean-Claude Casadesus, Chef de l’orchestre national de Lille - Madame Nicole Guedj, ancien ministre, Conseiller d’Etat - Monsieur Pierre Bergé, mécène - Monsieur Alain Larcan, ancien président de l’Académie de médecine, président de la fondation scientifique du Général de Gaulle - Monsieur David Khayat, membre de l’Académie de médecine, professeur de médecine Monsieur Christian Poncelet, ancien ministre, ancien président du sénat, sénateur & président du Conseil Général des Vosges - Monsieur Paul Lombard, Avocat.

Bon de Souscription

Je soussigné, m’engage à contribuer personnellement à l’édification du Lycée Français Maurice Druon - Genève par un versement annuel d’un montant de 500 chf (Cinq Cents Francs) pour une durée de Cinq années (5 ans) sur le compte bancaire de la fondation en constitution du même nom. La construction du lycée s’élevant à 35 Millions de Francs suisses (35.000.000 chf) ; si le projet ne démarrait pas, les souscripteurs se verraient intégralement remboursés de leurs dons. Faut-il préciser que les dons uniques sont les bienvenus. Nom : ......................................................................Prénoms : ........................................Date de naissance :……………………………… Profession :........................................................................................................................Nombre d’enfants scolarisés :……………… Adresse : ........................................................................................Code & Ville :..............................................Signature : Banque Cantonale de Genève - N° de prestation : 5017.95.54 Franc suisse - S. Vinet Rubrique LYCEE FRANCAIS MAURICE DRUON GENEVE - N° IBAN : CH6200788000050179554 N° BIC/SWIFT : BCGECHGGXXX - Clearing/CB : 788 - Uniquement par virement. À retouner dûment signé à Fondation Lycée français Maurice Druon - Genève 38A, Malagnou Park - CH 1208 Genève

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Conjoncture suite CET ARTICLE S’INTÈGRE DANS UNE SÉRIE DE PUBLICATIONS INITIÉE DANS FRANCE MAGAZINE N°27 “QUELS LEVIERS D’UNE CROISSANCE AUTRE ET DURABLE ?” 35 PROPOSITIONS DE LA COMMISSION INNOVATION & IMMATÉRIEL DU GROUPEMENT DES PROFESSIONS DE SERVICES. WWW.GPS.ASSO.FR. WWW.FRANCEMAGAZINE.ORG

CAPITAL HUMAIN DANS LES SERVICES

Quellestratégiepourun générateurde performancelongterme ? e capital humain est un facteur central de compétitivité dans les services, où une majorité des effectifs est en contact direct avec la clientèle et les parties prenantes. Cette interdépendance de l’entreprise de service avec son éco-système est catalysée par l’évolution rapide vers une économie de l’immatériel où les besoins des consom-acteurs passent de l’“avoir plus” au “vivre mieux” et “vivre autrement”. Les hommes des métiers de services sont dans une exigence permanente de veille stratégique pour capter les composantes de ces besoins immatériels croissants (santé, beauté, sécurité, style de vie, éthique, solidarité…) et structurer une offre immatérielle, qu’elle soit associée ou pas à un produit ou une technologie. Le capital humain exprime la capacité de l’entreprise à créer et à pérenniser de la valeur durable par sa force d’attractivité des compétences et d’alignement des talents avec sa stratégie, sa capacité à les fidéliser par la qualité de son savoir-faire et savoir-

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Marie-Ange Andrieux DIRECTEUR DES PARTENARIATS DELOITTE, CO PRÉSIDENT DE LA COMMISSION GPS INNOVATION ET IMMATÉRIEL

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être managérial, son expertise pour transformer en levier de croissance leur potentiel de créativité pour développer une offre répondant aux attentes non seulement des clients mais de l’environnement. Les propositions de la Commission GPS Innovation & Immatériel soutiennent une posture entrepreneuriale où les collaborateurs sont considérés comme des générateurs de valeur long terme et non des centres de coûts, trop souvent variables court terme d’ajustement en cas de crise. Réussir vraiment cette mutation au bénéfice de la croissance et de l’emploi suppose la mise en place de bonnes pratiques dans les entreprises et l’aménagement par les pouvoirs publics d’un environnement juridique, fiscal et économique favorable. Il s’agit de décliner pour le capital humain les trois équations de l’économie de l’immatériel. a) Valeur durable = Valeurs Dans un “open business model”, la création d’avantage compétitif différenciant repose


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Conjoncture suite sur une dynamique des comportements individuels opvariable assise sur des critères de performance métier timisés par l’efficience collective au service de la stratéessentiellement extra financiers exprimant la contribugie (Proposition 12 : développer un dispositif stratégique tion aux objectifs stratégiques déclinés le plus finement de gestion des emplois et des compétences). En effet, possible par unité de travail et catégorie de salarié. Des pour que le patrimoine d’une entreprise de services incitations fiscales devraient rendre cet effort accessible puisse intégrer de manière sécurisée et pérenne des à toutes les entreprises. composantes aussi dépendantes de l’extérieur que le capital clients, les relations avec les parties prenantes, la c) Valeur durable = Performance équilibrée notoriété, la réputation ou la reconnaissance d’une Développer une stratégie de capital humain est un inmarque, les hommes à tous les niveaux de l’entreprise vestissement de long terme qui contribue à renforcer doivent pleinement partager la vision stratégique et les les fondamentaux stratégiques de la valeur. Se différenvaleurs corporate, pour s’investir avec engatiant de la gestion des ressources humaines, gement et pertinence dans la construction il s’agit de mettre en place une gouvernance d’une relation client/prospect attractive, fidédu capital humain (“people governance”), soit lisante et porteuse de sens, avec des réseaux des règles et comportements menant à l’inpersonnalisés actifs. Il s’agit de mettre en tégration des questions d’ordre humain dans perspective l’engagement sociétal (Propositous les “process” et organes de décision de tion 6) au travers d’un “business plan capital Réussir vraiment l’entreprise. Le capital humain devrait être humain”, autour de cette culture et de ces vaà l’agenda du Conseil d’adminiscette mutation au usuellement leurs, qui constituent la valeur de l’entreprise. tration, et critère considéré dans les due diliAjoutons que la sensibilité grandissante des gence des opérations de croissance interne bénéfice de la consommateurs et des acteurs de l’environprojet) ou externe (fusions, acquisicroissance et de (grand nement aux valeurs de l’entreprise au-delà de tions, alliances stratégiques). Le Comité des ses marques crée une véritable exigence des l’emploi suppose la Rémunérations pourrait accroître son rôle marchés autour de la démarche. 10) relatif aux systèmes de motimise en place de (Proposition vation et rémunération des performances (cf. b) Valeur durable = Partage bonnes pratiques plus haut). Le “tone at the top” est essentiel à Dans l’économie de l’immatériel, la valeur cet égard. Un référentiel, éventuellement ren’est pas dans l’avoir mais dans le partage et dans les entreprises connu par les pouvoirs publics, (Proposition la circulation des connaissances et des pra- et l’aménagement 16) devrait compléter les “reportings” de tiques à l’intérieur comme à l’extérieur de de gestion avec des critères spécipar les pouvoirs contrôle l’entreprise. La valeur repose ainsi sur une infiques, extra financiers, mesurant la perfornovation co-créative de l’offre de services mance du capital humain, sa capacité de publics d’un entre les Hommes de l’entreprise et son écoau développement futur, les environnement contribuer système, première source de partage où l’enrisques correspondants. En complément des treprise et les parties prenantes juridique, fiscal et informations financières, la communication s’enrichissent conjointement. Pour favoriser extérieure de l’entreprise devrait être enrichie économique ce processus de management de l’innovation, d’informations qualitatives et quantitatives il faut certainement de l’innovation dans le sur l’efficience de la démarche capital hufavorable. management en mettant la créativité au cœur main, tant pour la transparence vis-à-vis des des activités (Proposition 15), en favorisant actionnaires et des partenaires opérationnels l’ingénierie de collaboration (Proposition 14), et financiers, que pour la valorisation équitaen développant des communautés professionble par les marchés de ces bonnes pratiques. nelles (Proposition 13) de bonnes pratiques, La qualité de cet argumentaire sera capitale de projets, d’apprentissage, de savoirs. pour convaincre de la valeur attachée à une L’implication des collaborateurs suppose un enrichissestratégie mobilisant toute l’entreprise autour d’un inment de leur propre capital immatériel personnel, vestissement long terme rééquilibrant les enjeux du concomitamment à celui de l’entreprise, deuxième long terme avec les exigences de court terme au sersource de partage, renforcée par la valorisation de la vice d’une performance équilibrée. gestion des connaissances de l’entreprise (Proposition L’engagement social des entreprises s’inscrit désor8), grâce aux technologies collaboratives. mais couramment comme un des trois piliers du déveUne troisième source de partage, de nature plus finanloppement durable, avec l’environnement et les aspects cière, repose sur le développement de systèmes de moéconomiques. Dans la course à la croissance et à l’emtivation et de rétribution des performances collectives ploi où sont nos économies, allons un cran au-delà avec (Proposition 9), pour associer les collaborateurs à la une stratégie de capital humain comme levier vers un réussite de l’entreprise à chaque niveau fonctionnel et développement durable au service de la performance opérationnel. La rémunération comprendrait une part durable.

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Santé prévention

Leseaux

deforme

e saviez-vous ? L'eau ne sait pas nager, la preuve elle coule…

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L’eau, la vie, la mort 1,1 milliard de personnes dans le monde n’ont pas accès à une eau de boisson de qualité et 2,4 milliards sont privées des services d’assainissement de base. Quinze mille personnes par jour meurent de maladies transmises par l’eau, un nombre dix fois supérieur à celui des victimes de guerres. Chaque année dans le monde, ce sont 2,2 millions de personnes qui meurent de diarrhées liées à des conditions insatisfaisantes d’approvisionnement en eau, ou à une hygiène défaillante. www.expatria-cum-patria.ch

L'eau source de vie Elle étanche notre soif mais surtout, elle est indispensable au bon fonctionnement de notre corps, et cela toute notre vie, d'ou l'importance d'augmenter l’apport hydrique en prenant l'habitude de boire chaque jour un litre à un litre et demi d'eau L’eau assure les échanges nutritionnels à travers tout l’organisme. Elle a une action directe sur la qualité de notre peau en limitant les phénomènes de vieillissement : elle favorise l’élimination des déchets et régularise le transit intestinal. Boire de l’eau ne fait pas grossir. Boire régulièrement et en quantité suffisante est un facteur essentiel de forme et de santé. Il faut se rappeler que durant la journée, les pertes d'eau sont très importantes par :

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Santé prévention • la respiration • la sudation • les urines • les selles Même si la sensation de soif est un un système d'alarme génial, il est préférable de boire avant d'avoir soif. Eviter l'eau glacée qui peut provoquer des réactions indésirables et inconfortables. La bonne température se situant entre 12 et 16 degrés. Attention ! • aux sodas qui peuvent contenir jusqu'à trente morceaux de sucre par litre. • aux personnes âgées dont la sensation de

soif diminue avec l'âge mais dont la quantité nécessaire est toujours la même. • Aux bébés qui ne peuvent pas toujours exprimer leurs besoins essentiels Quelques définitions Thermalisme : Ensemble des questions se rapportant aux sources thermales, à leur industrie, exploitation et utilisation. Crénothérapie : Ensemble de méthodes thérapeutiques utilisant les eaux minérales (composition, saveur, température, radioactivité…). Krênê en grec signifie source. Thalassothérapie : Emploi thérapeutique des bains de mer et des climats maritimes. Thalassa en grec signifie mer, et Thérapia traitement. Hydrothérapie : Emploi de l’eau sous toutes ses formes, thermales ou non. Hudôr en grec signifie eau. L'eau peut aussi être source de désagréments. L'eau est dans tout, tout est dans l'eau. Méfiez-vous de l’eau qui dort Car malgré sa tranparence et son symbole de pureté, l'eau peut être à l'origine de nombreux problèmes. • Le prurit aquagénique

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Il s’agit de démangeaisons qui se déclenchent sous la douche ou dans le bain. Beaucoup plus fréquent qu'on l'imagine, ce problème particulièrement inconfortable n'est pas signalé à son médecin par crainte d'être incompris ou d'avoir le sentiment d'être ridicule. Solution : le bouton de bigaradier sauvage. • Le lavage excessif ou TOC Le cas le plus célèbre est celui de cet adolescent d'une quinzaine d'années qui passait plusieurs heures par jour sous la douche. • La potomanie Les personnes concernées peuvent boire des quantités inimaginables (plus de dix litres par jour) essentiellement de l'eau. So-

lution : le bouton de bigaradier sauvage. • L'aquaphobie ou phobie de l'eau De nombreuses thérapies permettent, dans un pourcentage de cas importants, de surmonter cet handicap en particulier le Watsu. Là encore; le bouton de bigaradier sauvage peut être très utile. L'eau source de santé, de bien-être, de plaisir La meilleur thérapie 100 % naturelle, sans effets secondaires pour lutter contre les douleurs de l’arthrose. Pour lutter efficacement contre les effets de l'athrose, rien de plus efficace qu'une cure thermale. Une étude récente (thermartrose) a démontré, d'une façon indiscutable, l'efficacité d'une cure thermale sur la gonarthrose (arthrose des genoux) avec diminution importante des douleurs et une meilleure souplesse des articulations. L’aquajogging Courir dans une piscine sans toucher le fond, voilà qui procure un plaisir particulier. Des combinaisons spéciales permettent de flotter même en position debout, sans même savoir nager. L’aquajogging est une gymnastique appro-

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Santé prévention >> priée permettant d’améliorer vos conditions

physiques sans que vous soyez un(e) sportif (ve) accompli(e). L’aquajogging s’adresse, en fait, à tout le monde, puisqu’il ne provoque aucune agression musculaire, articulaire ou cardio-vasculaire. Les bienfaits de l’aquajogging • permet de courir dans l’eau, même si on ne pourrait le faire pour quelle raison que ce soit (blessures, handicaps, etc.) ; • empêche les tensions musculaires, tout en fortifiant la musculature du corps entier. Le fait de pouvoir se tenir droit dans l’eau détend énormément. Il est néanmoins possible de nager ;

• améliore grandement l’activité du système cardio-vasculaire et le retour veineux ; • ne provoque pratiquement pas de stress musculaire. Caresses sous la vague : le Watsu Imaginez que vous êtes couché, flottant dans l’eau chaude et que l’on masse et étire en douceur vos muscles et vos articulations. Le summum de la relaxation ? Sans doute, à en croire ceux qui l’ont pratiqué et qui, selon les témoignages, définissent leur séance de watsu comme une “expérience” ou un “voyage”. Né de la concentration de “water” (eau en www.expatria-cum-patria.ch

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Santé prévention anglais) et “shiatsu” (art du toucher japonais), le watsu a été inventé par un Californien, Harold Dull, voici une vingtaine d’années. « Le Watsu, précise Nathalie Tuberosa, thérapeute, est un mélange de massages ponctuels, d’acupressure, d’étirements et de décontraction. » Le but d’une séance est d’obtenir de la patiente ou du patient un abandon momentané et volontaire de son contrôle corporel. On parvient ainsi à un relâchement musculaire et physiologique, au sein de l’élément aquatique, similaire à l’état d’apesanteur. Le watsu calme les douleurs de dos, convient très bien aux personnes âgées, handicapées ou stressées, ainsi qu’aux femmes en-

ceintes. Cette pratique, encore relativement peu connue, procure un bien-être physique caractérisé à la fois par une grande détente et un effet dynamisant. Ils l’ont vécu et ils témoignent « Le plus difficile dans le watsu, c’est de revenir sur terre. Quel bonheur d’oublier pendant quelques instants les kilos superflus qui vous enquiquinent tout le reste de l’année : quel bien-être de ne plus sentir les articulations douloureuses et quelles merveilleuses sensations physiques et psychiques de pouvoir être en symbiose si totale avec l’eau. Je me réjouis beaucoup d’une prochaine rencontre avec le watsu. »

Cadeaux ! jjdescamps@thermalp.ch

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ous proposons d’offrir aux 20 (vingt) premières personnes qui téléphoneront au 021 626 04 41 un emballage de deux compresses Phytobain (1 Relax, 1 Tonic) à base de plantes bios en provenance du Jardin de Jacky.

Jean Jacques Descamps

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Hommage

Paul Clave

é en Tunisie vers la fin de l'année 1944, c'était un méditerranéen avant tout. Tourné vers l'extérieur, les voyages, il connaissait. Au tout début des années 1980, il devait séjourner quelques années dans la commune de Onex, avoisinante de la ville de Genève, là où nous avions fait sa connaissance.Bien avant qu'il ne s'installe définitivement à Berlin en 1982 devenant l'élu des Français de l'étranger en Allemagne. Elu au Conseil Economique & Social, c'est dans ce cadre qu'il fut élevé, le 17 juin 2005, Chevalier dans l'Ordre de la Légion d'Honneur.

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Paul Clave (à gauche) et Jean-Paul Demange, président du Conseil économique et social.

Cette distinction, amplement méritée, lui fut remise par notre Ami, l'ancien Ministre Michel Roussin, en présence de Madame Michèle Alliot-Marie, alors Ministre de la Défense et des Armées, et entouré de nombreux amis. Selon la formule consacrée, atteint d'une longue maladie, il a décidé de ne plus lutter. A l'orée de ce printemps, à 65 ans, il nous a tiré sa révérence Nous garderons tous en mémoire l'image d'un garçon chaleureux et généreux. France Magazine s’associe à la douleur de sa sœur, son épouse et sa famille, et leur présente ses sincères condoléances. Au Revoir Paul ! PIERRE OLIVIÉRO, JEAN-PIERRE CAPELLI, MARCEAU KAUB, SERGE CYRIL VINET

Dernier Hommage à notre Collègue et Ami

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FNACA Fédération Nationale des Anciens Combattants en Algérie, Maroc et Tunisie 37-39 rue des Gâtines - 75020 Paris • Tél. 01 44 62 86 62 • www.fnaca.org

Depuis 1958, la FNACA agit pour l’obtention des droits Anciens d’AFN, vous étiez 3 millions, nous sommes près de 400 000

REJOIGNEZ-NOUS pour défendre vos droits B U L L E T I N D ’A D H É S I O N À remplir et à envoyer à : FNACA - BP 438 - 1208 Genève Je soussigné souhaite adhérer à l'association la FNACA. NOM : ………………………………………………………… Prénom: …………………………………………………… Adresse : ………………………………………………………………………………………………………………………… Marceau KAUB Délégué Général de la FNACA pour la Suisse kaub@net2000.ch Tél.00.41.78.708.22.71

Tél: …………………………………………………… Courriel : ……………………………………………………………… Date et lieu de naissance : …………………………………………………………………………………………… Régiment : ………………………………………………………………………………………………………………………… Bon pour Accord (manuscrite) Lieu & Date

Signature

Victor NAHUM Délégué de la FNACA pour la Suisse Romande macnahum@bluewin.ch Tél. 00.41.79.789.00.00


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Carte blanche Dans la Revue internationale de la Croix-Rouge (www.icrc.org/Web/fre/sitefre0.nsf/htlm/5FZGGH), on trouve le récit de l’arrivée des “Bourbaki” aux Verrières, qui marque “l’internement” de la Première Armée française en Suisse, le 1er février 1871. Si l’on a, en Suisse, le souvenir de cette débâcle, peu de Français, hormis quelques historiens spécialistes de cette période, auraient la capacité d’en rendre compte. Le 1er février à l’aube, au poste frontière des Verrières, le général Hans Herzog, commandant en chef de l’armée suisse, et le général Justin Clinchant, général en chef de la première armée française, principal adjoint du général Bourbaki, signaient une convention qui autorisait l’armée de l’Est à pénétrer en Suisse, à condition de déposer les armes. Il se trouve que mon arrière-grand-père, Eugène Juteau, engagé à vingt ans pour défendre son Alsace natale contre les Prussiens, a déserté le 30 janvier 1871 et traversé le poste frontière des Verrières, 24 heures avant ses camarades. Passible, à ce titre, du peloton d’exécution, il a été considéré, ironie du sort, comme un précurseur. Cette guerre, digne de celles du “Sapeur Camember” et du “Brave soldat Chveik”, pullule de telles situations ironiques. Je la raconte dans “La Retraite d’Orléans” et, en guise de “Carte blanche”, je vous en propose les bonnes feuilles.

La

Retraited’Orléans Le 4 décembre 1870, les forces françaises subissaient à Orléans une défaite décisive face à l’armée prussienne. Ce n’était pas pour la France le premier échec de cette aventure militaire imprudemment déclenchée le 19 juillet. Sedan était tombé le 2 septembre, entraînant le Second Empire dans sa chute, Strasbourg avait capitulé le 28 septembre, après une résistance héroïque des Alsaciens durant 46 jours de siège, et Bazaine, qui plaçait ses ambitions personnelles au-dessus des intérêts de la nation, avait passé Metz par pertes et profits le 27 octobre. « Mais l’armée de la Loire, sous le commandement du général Louis d’Aurelle de Paladines, avait repris Orléans aux Prussiens le 10 novembre, et on avait pu se convaincre alors qu’il s’agissait d’un tournant dans le conflit. C’était d’ailleurs sur les bords de la Loire que devaient se regrouper les éléments valides destinés à se porter à la défense de Paris, assiégé depuis le 19 septembre. « Las ! La défaite d’Orléans et la débandade qui s’ensuivit ne laissaient plus aucun espoir de reconquête du terrain perdu. Cet hiver 1870-1871 fut particulièrement rigoureux. A 59 ans d’intervalle, d’aucuns, nourris du mythe des campagnes du Premier Empire ou instruits par quelque grand-père ou grand-oncle, affirmaient sans ambages que c’était pire que Jacques-Michel la retraite de Russie. Le sauve-qui-peut était à Tondre l’ordre du jour.

michel.tondre@laposte.net

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« La retraite d’Orléans consacrait l’effondrement d’une France qui voyait se dresser à ses frontières des nations nouvellement unifiées et allait se trouver amputée d’une partie de son territoire. Comble d’humiliation pour l’armée de l’Est, séparée à Orléans de l’armée de la Loire, l’affaire se terminera en Suisse où, en vertu d’un accord tripartite, les combattants français resteront en captivité l’histoire retiendra le terme d’“internement” - jusqu’à la conclusion d’un traité de paix. Le reste de l’armée de la Loire sera fait prisonnier et emmené en Allemagne. « Si la guerre de 1914-1918 est installée dans la mémoire collective, celle de 18701871 a été occultée par un ensemble de facteurs. Face à la brièveté des opérations militaires - six mois et demi – on aura préféré en étudier les tenants diplomatiques - la vacance du trône d’Espagne et la partie de bras de fer qu’elle entraîne entre la France et la Prusse jusqu’à la fameuse dépêche d’Ems - les aboutissants politiques - la chute de l’Empire, l’avènement de la IIIe République, la perte de l’Alsace et de la Lorraine et un mythe, celui de la Commune de Paris, dont toute une partie de la classe politique et du monde intellectuel français ne s’est toujours pas affranchie. S’y ajoute la volonté, sans doute, d’oublier un épisode peu glorieux de l’histoire de France. « Pourquoi remuer la plaie d’un inutile combat d’arrière-garde contre un inéluctable bouleversement du visage de l’Europe ? 1870, c’est l’unité de l’Italie qui met la main sur Rome, c’est l’expansion de la Russie qui abroge les clauses du traité de Paris sur la neutralisation de la Mer noire, c’est l’unité de l’Allemagne, agrandie de deux provinces françaises, c’est l’éveil de l’Espagne dont le trône a été l’enjeu du conflit, c’est l’ancrage en France de la République, promesse de soixante-dix ans de stabilité. « De la guerre franco-prussienne, Rimbaud, en pleine fugue du domicile parental de Charleville, a laissé une image idyllique, réduisant l’horreur des combats à “deux trous rouges au côté droit” du Dormeur du val. Il avait 16 ans. Son poème rend bien mal compte d’un conflit qui a fait cinq cent mille à six cent mille morts, dont cent mille à cent quarante mille militaires. Le devoir de mémoire est d’ailleurs né avec cette guerre, dont l’Œuvre des tombes, dès 1872, puis le Souvenir français, à partir de 1887, voudront honorer les victimes, quoique, le plus souvent, de façon anonyme.


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Carte blanche « Avant même la naissance de ces deux associations, la municipalité de Belfort aura lancé dès 1871 une souscription pour commémorer par un monument la résistance héroïque de sa garnison à l’envahisseur prussien. C’est le fameux Lion de Belfort, conçu par Frédéric Bartholdi, qui réalisera quelques années plus tard la statue de la Liberté, fierté de la baie de New York. Une réplique au tiers de ce lion couché de vingt-deux mètres de long sur onze mètres de hauteur trône à Paris sur la place DenfertRochereau, où elle a été installée en 1880. « Au total, compte tenu de la durée des hostilités, 1870 n’a pas grand-chose à envier à 1914-1918. Statistiquement, il n’est guère un Français ou un Allemand dont un ancêtre n’y ait participé. Si, dans tous les villages de France, les monuments aux morts de la Grande guerre sont considérablement plus nombreux, le mouvement amorcé par l’Œuvre et par le Souvenir ayant alors pris toute son ampleur, il s’agit parfois d’une stèle vieille de plus de quarante-cinq ans, sur laquelle on aura simplement rajouté les noms des poilus tués dans les tranchées. (...) « C’est aussi la première guerre à mettre effectivement en œuvre le principe, conçu en 1793, de la “levée en masse”, la première à opposer deux nations autant que deux Etats, la première à déployer, pour la défense du territoire national, annonce de futurs débats sur l’immigration, des tirailleurs algériens (l’argot de l’époque les désigne par le terme de “Turcos”), la première à voir se manifester des associations caritatives qui préfigurent les ONG des temps modernes (le Comité international de la Croix Rouge a été fondé en 1863 par Henry Dunant pour aider les militaires blessés), mais c’est la dernière à se dérouler sans autres moyens mécaniques que le rail et le télégraphe. On verra, au fil du récit, le rôle essentiel du chemin de fer, bien que la création de la Compagnie d’Orléans, première du genre en France, ne remonte qu’à 1838, et celle des compagnies du Nord et de l’Est à 1845. « En quarante-cinq ans, la France s’est couverte de plus de dix sept mille kilomètres de rails, illustration du développement foudroyant de la civilisation industrielle, même

si, le plus souvent, les soldats voyageaient dans des wagons à bestiaux, les gares servaient de centre de ravitaillement, les ambulances, comme les canons, étaient tirés par des chevaux. A cette époque, l’avoine revêtait la même importance qu’aujourd’hui le pétrole. Dans quarante huit ans, quand s’affronteront à nouveau la France et l’Allemagne, les armées disposeront de l’électricité, du téléphone, inventé en 1876 par Alexander Graham Bell, du moteur à explosion, de camions, de blindés, et d’avions. « Onze ans avant Jules Ferry, si un Français sur trois n’est pas encore alphabétisé, l’école publique a déjà produit quelques éléments suffisamment éveillés au civisme pour vouloir s’engager et défendre l’Alsace-Lorraine contre les prétentions territoriales de la Prusse ; suffisamment instruits aussi pour être capables de consigner d’une belle écriture moulée dans des carnets de campagne de format in16°, les dimensions d’une poche de veste, le récit de leur guerre au quotidien, une mine pour les historiens. « Le carnet de campagne de mon arrière-grand-père maternel, engagé à vingt ans, est le fil conducteur de cet ouvrage. Futile sous certains aspects (…), il évoque des désertions qui annoncent le drame du Chemin des Dames. En 1917, ces mutineries contre les ordres du général Robert Nivelle, prêt à sacrifier la vie de ses poilus pour tenter de rompre le front allemand entre Soisson et Reims, s’étaient soldées par cinq cent cinquante quatre condamnations à mort et quarante neuf exécutions effectives. Dans la désorganisation du commandement français de la guerre de 1870, ces manifestations d’indiscipline donneront lieu, par comparaison, à peu de sanctions. « Nous possédons aussi les lettres de mon aïeul à ses parents, qu’il a pieusement récupérées à son retour de la guerre, ayant brûlé avant son passage en Suisse toutes celles qu’il avait, pour sa part, reçues à l’armée. Elles constituent un commentaire en contrepoint du déroulement de la guerre. On ne raconte pas les événements à sa mère de la même manière qu’on en prend note pour soi. Ici, on se donne le beau rôle quand la réalité devrait inciter à plus de modestie, là on minimise la gravité des faits pour ne pas éveiller l’inquiétude. Au total, c’est l’histoire d’un jeune homme étonnamment proche de nous, que la guerre fait entrer dans le monde des adultes. « Quant à l’opinion publique, elle était livrée à un débat qui, toutes proportions gardées, préfigurait, à soixante-dix ans de distance, l’opposition entre collaborateurs et résistants, encore vivace dans notre société : les républicains dénonçaient une guerre de l’Empire, les bonapartistes exaltaient une guerre nationale. Avec trente ans d’avance sur le calendrier, nous étions déjà au tournant du siècle. Dès mars 1867, lors d’un débat à l’Assemblée nationale sur l’éventualité de l’annexion de la Belgique, Jules Favre s’était enflammé pour cette époque où “la vapeur et le télégraphe règnent sur le monde”. La mondialisation n’était-t-elle pas déjà en marche ? » Si j’ai réussi à retenir votre attention, vous irez, pour en lire la suite, sur le site The BookEdition.com, éditeur numérique, qui publie mon ouvrage.

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Entretien avec > France Magazine : Monsieur Alain Méar, vous êtes membre du CSA depuis quelque temps déjà. Pour nos lecteurs, comment vous présenteriez-vous ? Originaire de Bretagne, directeur de cabinet du Président Poncelet, puis Conseiller d’Etat... Alain Méar : Je suis originaire du léonard, c’est-à-dire de la Bretagne bretonnante. Conseiller d’Etat, je suis membre du CSA (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel) depuis 3 ans, donc à mi-mandat, puisque celui-ci est de 6 ans non renouvelable, ce qui est un gage d’impartialité. Au CSA, nous sommes 9 membres, dit “les 9 sages”, assisté, chacun, d’une équipe compétente dans les domaines que nous traitons. C’est une belle maison qui fonctionne remarquablement, qui distribue gratuitement les fréquences de la radio et de la télévision, étant entendu que ces dernières appartiennent à la Nation. Elle joue le rôle de régulateur de l’Audiovisuel auprès des différentes stations sélectionnées qui s’engagent sur des critères de productions bien définis. A bien des égards, ça a sauvé le cinéma français et les radios françaises avec les quotas de chansons françaises, d’où la vitalité actuelle de la chanson francaise. On a des portefeuilles de compétences, le mien comporte le développement de la TNT en France et en Outre-mer, la radio numérique et la production audiovisuelle. Vous voyez qu’il y a de quoi faire dans une longue journée de travail. Sinon, mon profil est classique, sciences po, doctorat en droit ; mon corps d’origine après concours est celui des administrateurs du Sénat. J’ai servi dans différents cabinets ministériels, collectivités locales et affaires européennes. Après avoir été directeur des services au Sénat, je suis devenu directeur de cabinet du président du Sénat. Pendant 7 années, j’ai œuvré auprès de Monsieur Christian Poncelet, avec pour ambition réelle de rénover et de moderniser le Sénat. Une période exhaltante et passionnante. Nommé Conseiller d’Etat, la boucle est bouclée ! A mes moments perdus, j’ai enseigné à sciences po et

Alain

Méar

fus même élu local, chez moi dans le finistère nord. Plus rien de tout ça aujourd’hui, puisque le mandat du CSA vous interdit tout autre mandat, fût-il du plus petit village. > F. M. : Quand vous sillonnez la France, à bien des égards, quelles ques soient les régions traversées, les toits des villages sont pour beaucoup habillés avec une antenne rateau (réception hertzienne terreste), faisant la joie des étourneaux et des hirondelles. Avec l’arrivée de la Télévision numérique, est-ce que tout cela va disparaître ? Qu’est-ce qui va changer pour le téléspectateur ? Quelle est la part financière qu’il va falloir assumer ? A. M. : Je vais vous surprendre, mais les antennes rateau vont subsister. Rien ne va changer dans le paysage et je m’en réjouis pour les étourneaux et les hirondelles lorsqu’elles sont de passage… Qu’est-ce que la TNT ? C’est tout simple, à l’intérieur d’un canal, vous passiez précédemment une chaîne de télévision. Aujourd’hui, ce sont 6 et, probablement, très prochainement, 10 chaînes. C’est un progrès de compression, mais ça peut emprunter la voie hertzienne que l’on connaît, d’où l’utilité de l’antenne rateau. Il ne faut pas changer les antennes, juste s’assurer qu’elles ne soient pas endommagées. C’est comme nous, tout s’use. Si vous possédez un poste de télévision depuis mars 2008, il vous suffit d’appuyer sur le bouton pour recevoir la TNT si votre région est couverte par le réseau. Votre poste plus ancien vous oblige à vous munir d’un adaptateur tout en conservant votre ancienne antenne et la réception se fera immédiatement. Le principe reste le même, c’est celui de la réception hertzienne. Je vous signale que le territoire hexagonal est couvert à 90%. La loi du 5 mars 2007 nous enjoint à atteindre un taux de couverture à 95% au plus tard au 30 novembre 2011. Pour les 5% restants, nous disposons de 3 modes alternatifs : 1 • Le satellite avec la parabole.

membre du CSA

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La Télévision numérique arrive…

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Entretien avec 2 • Le câble, là où il existe. 3 • l’ADSL, c’est-à-dire la prise téléphonique avec un triple usage : Ordinateur, Téléphone, Télévision. Avec ces différents modes de réception, la population devrait être couverte à 100%. La nouveauté est assez simple. Jusqu’alors, la population métropolitaine recevait 5 à 6 chaînes. Aujourd’hui avec la TNT, ce sont 18 et très prochainement 19, avec l’arrivée de France O, la chaîne d’outre-mer. C’était un vœu du Président de la République. Progrès quantitatif et qualitatif, offres variées et élargies pour le même prix. Mais c’est aussi le prochain défi, la Haute Définition. C’est le Nec le plus Ultra ! Comme le disait une ancienne publicité : l’essayer, c’est l’adopter ! Tout cela couvert par la redevance annuelle de 126 euros. Enfin, cela va être une floraison de radios locales, à condition qu’elles trouvent leur modèle économique, notamment avec les collectivités locales, tout en préservant leur indépendance éditoriale. À ce jour, 45 ont été autorisées d’émettre. Nous sommes malgré tout très en retard sur ce sujet par rapport à nos voisins. Nous avons de la marge pour satisfaire les demandes. > F. M. : Si vous n’êtes pas couvert par le réseau hertzien terreste, c’est encore assez fréquent dans les zones montagnardes, les campagnes reculées. Quelles solutions préconisez-vous ? A. M. : Comme vous l’avez vu, la télévision numérique est un enjeu de société et non politique. D’ailleurs, lors

des régionales, ça n’a pas été un enjeu, ni pour la droite ni pour la gauche. Nous assistons d’ailleurs à une mini révolution culturelle pacifique. C’est une ouverture sur le monde. C’est plus de choix, plus de liberté dans son choix. C’est la raison pour laquelle il est indispensable que toute la population ait accès à la télévision numérique. > F. M. : Pour ceux qui sont munis de paraboles, est-ce que le basculement se fait automatiquement ? Nous allons probablement être assaillis de propositions émanant de professionnels, quelques conseils ? A. M. : C’est très variable, je ne pourrai pas vous répondre précisément parce qu’il existe un bon nombre de cas de figure. Je ne saurais que vous encourager à demander le concours d’un antenniste signataire de la charte de bonne conduite sous la houlette du groupe France Télévision Numérique. Et, pourquoi pas, faire jouer la concurrence en interpellant plusieurs antennistes afin de comparer les devis et surtout, s’y prendre relativement à l’avance, prendre le temps de la réflexion et ne pas signer sous la contrainte. Je dois d’ailleurs vous confier que des aides sont prévues par deux canaux : le Fond Social & le Fond Territorial. Le Fond Social est destiné aux personnes exonérées de la redevance audiovisuelle, n’atteignant pas le plafond des revenus imposables. Une aide de 120 euros leur est attribuée pour la réorientation de l’antenne et une autre de 25 euros pour l’adaptateur.

Les membres du CSA. De gauche à droite : Alain Méar, Christine Kelly, Marie-Laure Denis, Michel Boyon (président), Sylvie Genevoix, Michèle Reiser, Françoise Laborde, Rachid Arhab et Emmanuel Gabla.

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Entretien avec >> Le Fond Territorial est accordé sans condition de res-

l’Iphone ou bien la radio sur internet. C’est vrai que ces modes de communication sont appelés à se dévelopsource, jusqu’à 250 euros, aux personnes qui ne peuper. Mais ils ne pourront pas se substituer à la radio vent pas échapper au satellite, puisque devant acquérir classique que nous connaissons, qui est et restera un une parabole. On l’appelle aussi Fond Parabole. Devant l’afflux des demandes, je ne saurais trop vous média populaire. Je suis désolé, un Iphone reste, un conseiller de vous y prendre à l’avance parce que nous tant soit peu, un côté élitiste, avec un certain coût. allons avoir inévitablement des goulots d’étrangleChanger un récepteur de radio avoisine les 30 euros. ment. Mieux vaut consulter le site CSA. Ne pas confondre complémentarité et substitution ! Vous savez que l’on éteint région après région. La téléSi nous donnons le top départ aujourd’hui pour la radio vision analogique n’existe déjà plus en Alnumérique, nous ne serons pas à pied d’œusace. Toutes les régions vont suivre jusqu’à la vre avant 10 ans. dernière, au plus tard le 30 novembre 2011. Evidemment, plus on prend de retard, plus on Nous avons également prévu, pour les pers’interroge si cela vaut la peine d’y aller. Voilà tout le débat. Nous attendons un signal sonnes âgées, une visite de ce que l’on apdu gouvernement. C’est cela que j’ai voulu pelle un Accompagnement Renforcé. Ce pourra être le postier ou le facteur qui les aiNous assistons dire lors d’une conférence que j’ai donnée dera à retrouver leurs chaînes favorites... dernièrement au Sénat. d’ailleurs à une Il faut que le gouvernement nous fasse Il ne faut pas que vos lecteurs s’imaginent un instant que le passage au numérique est mini révolution connaître clairement son choix. Car actuellequelque chose d’anxiogène. Bien que le ment, c’est plutôt les grandes radios privées risque zéro n’existe pas, on a tout fait pour culturelle pacifique. (citées plus haut) qui mènent le bal et je dois que cela se passe bien ! C’est une ouverture vous avouer mon sentiment, cela n’est pas très sain pour la République. Pour l’instant, sur le monde. C’est c’est le CSA qui est à la manœuvre et c’est > F. M. : Aujourd’hui, la RNT - Radio Numérique Terrestre - semble à la plus de choix, plus aussi le seul à croire à la RNT. croisée des chemins. Moment crucial, de liberté dans son > F. M. : Depuis le 12 février 2010, toutes dites-vous : « si elle ne démarre pas les grandes chaînes de télevision ont cette année, il n’y aura pas de RNT ! » choix. C’est la adopté le sous-titrage de leurs Par contre, d’aucuns avancent que raison pour laquelle émissions, journal télévisé compris, « considérer que 2010 soit la dernière pour les sourds et les mal entendants. chance tient du seul slogan. Les il est indispensable C’est onéreux et complexe dans Français ne réclament pas la RNT à cor que toute la l’application. Notamment pour les et à cri. Rien ne presse disent-ils. » journaux en direct. Quelles sont les Qu’en pensez-vous ? population ait accès solutions ? A. M. : La RNT est sans doute le dossier le à la télévision A. M. : La solution a été trouvée par le CSA plus compliqué. Pourquoi ? Nous l’avons vu lui-même, qui s’est battu pendant 3 ans pour pour la télévision, votre vieux poste muni d’un numérique. que nos concitoyens sourds et mal entenadaptateur, ça marche ! dants accèdent à la télévision. C’est un devoir En radio ? Impossible ! Il faudra donc jeter de solidarité. Nous leur devons bien cela. Aux tous les récepteurs radio ! chaînes de l’assumer. Ça a un coût, elles le Information : il y a en moyenne 6 récepteurs font de bonne grâce. radio par famille en France. Faites le calcul ! Nous avons demandé aux grandes chaînes 27 millions de foyers multipliés par 6, cela fait de télévision d’information de prendre leurs disposi160 millions de récepteurs radio à envoyer à la poutions afin qu’en permanence, une chaîne sur deux soit belle. 160 millions ! en permanence sous-titrée. Nous nous battons actuelCela ne peut donc pas s’exécuter en deux temps trois lement pour que les personnes non voyantes ou mal mouvements. Le parc de 160 millions de récepteurs voyantes puissent s’intéresser à la télévision par un radio ne pourra se transformer que progressivement. système d’audiodescription qui décrit les images aux Ce qui veut dire qu’au mieux, pendant une dizaine d’anpersonnes privées de la vue. Il en va de la cohésion sonées, vont devoir cohabiter la FM (radio analogique) et ciale, nous n’avons pas le droit de laisser sur le bord la radio numérique. Donc double coût. du chemin des personnes diminuées par un handicap. Curieusement, ce sont les radios locales et régionales, Lorsqu’on sait la place que tient la télévision dans nos catégories A & B, celles qui ont les plus petits moyens, vies quotidiennes, en moyenne 3 h 30. qui souhaitent passer tout de suite au numérique. La Télévision est une Compagnie. C’est un lien social Quant aux grands groupes, style RTL ou le groupe Laindispensable. gardère, etc., ils ne croient pas à la radio numérique. SERGE CYRIL VINET Ils estiment que c’est trop tard et que l’avenir c’est

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J’aimerais vous dire

Nationalité française

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Lapreuvepar

Le Certificat de Nationalité délivré par le Tribunal d’Instance. Cette loi de 1945 n’est pas nouvelle, mais désormais appliquée. Le Code de la Nationalité se résume en quatre traits :

n est très loin de la joie multicolore qui déferlait sur les Champs-Elysées où, en 1998, plus d’un million de nos compatriotes communiaient dans l’esprit black-blanc-beur à l’occasion du seul sacre mondial qu’ont offert à la France Zidane, Makélélé et tous leurs copains. Les Français de l’étranger, subissant la méfiance insidieuse... sont sommés d’apporter la preuve de leurs origines françaises, lors du renouvellement de leur carte d’identité ou de leur passeport. Je vous passe sous silence les multiples témoignages berçant dans l’absurde. L’administration devenant de plus en plus tatillonne, nous abordions le monde de Kafka tant les décisions arbitraires se multipliaient. Devant l’image écornée d’une France plurielle, la colère grondait et montait, au fur et à mesure qu’un renouvellement de pièce d’identité se transformait en imbroglio administratif. Selon le code de nationalité, un Français né à l’étranger, ou dont l’un des parents est natif d’ailleurs, doit justifier de son appartenance à la Nation. Seule preuve formelle :

serge.c.vinet@bluewin.ch

O

Serge Cyril Vinet CONSEILLER ÉLU À L’A.F.E. POUR LA SUISSE ET LE LIECHTENSTEIN

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1 > Le Droit du Sang On est Français parce que l’un des parents l’est. Les démarches, pour des personnes nées à l’étranger, peuvent parfois s’avérer difficiles. Si le droit du sang est perpétuel, il peut se perdre quand aucun membre de la lignée ne l’a pas revendiqué pendant 50 ans. Les anciennes colonies étant devenues indépendantes depuis plus d’un demi-siècle, c’est un problème qui survient beaucoup plus souvent qu’on ne le croit. 2 > Le Droit du Sol On est Français parce que l’on est né en France d’un parent également né en France. C’est facile à prouver, il suffit de produire les actes de naissance. 3 > La Naturalisation Permet à un étranger, majeur, de demander la citoyenneté française s’il réside depuis au moins 5 ans sur le sol français. 4 > Le Mariage Octroit le passeport Bleu - Blanc - Rouge, quelques mois après l’union. Devant un mécontentement grandissant bien compréhensible, le ministre des Affaires Etrangères vient de mettre un terme à ces tracasseries administratives, le 1er mars dernier par la promulgation d’une circulaire N° IOCK 1002582 C...

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SIMPLIFICATION DE LA PROCÉDURE DE DÉLIVRANCE ET DE RENOUVELLEMENT DES CARTES NATIONALES D’IDENTITÉ ET DES PASSEPORTS u cours de la période récente, nos concitoyens ont manifesté une incompréhension croissante face au nombre et à la nature des documents qui leur sont demandés lors de la délivrance ou du renouvellement de leur carte nationale d’identité (CNI) ou de leur passeport : pour l’ensemble des demandeurs, certaines des pièces exigées lors du recueil ou de l’instruction de la demande peuvent s’avérer superflues, particulièrement dans le cas d’un renouvellement avec présentation de l’ancien titre, comme l’a récemment montré un rapport de l’inspection générale de l’administration ; pour les demandeurs nés à l’étranger ou nés en France de parents nés eux-mêmes à l’étranger, la procédure actuelle conduit trop souvent à saisir le greffe du tribunal d’instance (demande d’un certificat de nationalité française), démarche très souvent superfétatoire et qui est perçue par les intéressés comme une remise en question, par l’Etat, de leur nationalité française. Dans ce contexte, nous avons décidé de mener à bien une simplification très significative des procédures applicables, dont bénéficieront tous les demandeurs. Cela permettra, en outre, de concentrer les efforts et les moyens de vérification sur les dossiers effectivement douteux et de maintenir, voire d’accroître, l’efficacité de la lutte contre la fraude à laquelle vous contribuez quotidiennement.

A

Quatre principes directeurs guident cette simplification : 1/ une procédure unifiée : pour l’obtention d’un titre, CNI et passeport sont désormais considérés comme interchangeables. Cela signifie en pratique que la possession d’une CNI plastifiée doit permettre d’obtenir un passeport sans avoir à nouveau à justifier de son état civil ou de sa nationalité française. Il en va de même de la possession d’un passeport électronique ou biométrique, qui doit permettre d’obtenir une CNI ; 2/ des documents à fournir moins nombreux lorsqu’il s’agit d’un renouvellement de titre : en particulier, la nationalité française du demandeur n’a pas à être vérifiée une nouvelle fois lors d’un renouvellement de titre, sauf cas spécifique. Dès lors que ni l’existence du titre à renouveler, ni l’identité du demandeur ne sont pas contestées par l’administration, il n’y a aucune raison que l’intéressé ait à fournir une nouvelle fois la preuve sa nationalité ;

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3/ un allègement supplémentaire des démarches sur présentation d’une CNI plastifiée ou d’un passeport électronique ou biométrique : dans cette hypothèse, qu’il s’agisse d’une première demande ou d’un renouvellement, les formalités doivent être réduites au minimum nécessaire puisque l’état civil du demandeur et sa nationalité française sont d’ores et déjà établis. De façon concrète, cela signifie qu’il n’y a plus lieu de demander un acte d’état civil, ce qui constituera pour les usagers, pour les communes et pour les préfectures un allègement considérable des charges administratives ; 4/ une vérification de la nationalité française moins contraignante pour le demandeur : dans les cas limitatifs où la vérification de la nationalité reste indispensable, les moyens les plus simples pour le demandeur doivent être impérativement privilégiés. En particulier, la saisine du greffe du tribunal d’instance en vue de la délivrance d’un certificat de nationalité française ne doit être envisagée qu’en tout dernier recours, une fois épuisées l’ensemble des autres possibilités de vérification de la nationalité. En application de ces principes, les demandeurs souhaitant renouveler leur carte nationale d’identité plastifiée ou leur passeport biométrique ou électronique n’ont désormais à fournir que les pièces élémentaires propres à tout dossier de demande de titre (photographies, justificatif de domicile, formulaire Cerfa, timbre fiscal le cas échéant). Ils n’ont plus à justifier de leur nationalité, ni à fournir un acte d’état civil. Vous trouverez dans les annexes ci-après la liste limitative des pièces à solliciter en fonction du type de demande considéré. Nous vous demandons de vous impliquer personnellement dans la mise en œuvre des présentes instructions. En particulier, vous devez les porter à la connaissance des agents placés sous votre autorité. A cette fin, vous organiserez sans délai une réunion pour leur expliquer les objectifs de cette réforme et les changements majeurs qu’elle implique dans le traitement des différents types de demande et de situation. Dans le même temps, vous inviterez les communes de votre département à une rencontre sur cette réforme de grande ampleur. Les communes assurant l’accueil des demandeurs, elles sont des partenaires tout à fait essentiels pour que ces

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J’aimerais vous dire

mesures de simplification soient immédiatement et durablement visibles par nos concitoyens, et comprises par eux. Enfin, vous ferez connaître à la population les conséquences pratiques des mesures décidées. Vous insisterez sur deux axes majeurs : la réduction au strict nécessaire des documents demandés, à efficacité inchangée de lutte contre la fraude ; l’allègement, pour les cas bien précis où elle est indispensable, de la vérification de la nationalité française des demandeurs.

Bernard Kouchner

Brice Hortefeux La présente fiche indique les pièces élémentaires qui sont nécessaires à tout dossier de demande de CNI ou de passeport. Le dossier déposé par le demandeur auprès de l’agent de recueil (agent de la commune, du poste consulaire ou de la préfecture selon le cas) doit comporter en toute hypothèse les pièces suivantes :

tance de loyer, d’un avis d’imposition ou de non-imposition, d’une facture d’énergie ou de télécommunications, voire d’une attestation d’hébergement (par exemple pour les jeunes majeurs). > Le cas échéant, un timbre fiscal : La CNI est gratuite, mais en application de l’article 1628 bis du code général des impôts, son renouvellement est soumis à un droit de timbre de 25 euros si l’ancienne carte ne peut pas être présentée ; Pour le passeport biométrique, le droit de timbre est prévu par l’article 953 du code général des impôts et fixé, depuis le 1er janvier 2010, à : • pour le demandeur qui ne fournit pas lui-même ses photographies d’identité : 89 euros, minoré à 45 euros pour les mineurs de 15 ans et plus, et à 20 euros pour les mineurs de moins de 15 ans ; • pour le demandeur qui fournit lui-même ses photographies d’identité : 86 euros, minoré à 42 euros pour les mineurs de 15 ans et plus, et à 17 euros pour les mineurs de moins de 15 ans. Quelques cas de gratuité du passeport existent aussi : changement d’état civil (par exemple, mariage ou veuvage), changement d’adresse, précédent passeport ne comportant plus de feuillets disponibles pour les visas ; ancien passeport ancien modèle dit "Delphine", délivré après le 25 octobre 2005, dont le titulaire apporte la preuve par tout justificatif d’un déplacement à venir pour les ÉtatsUnis (ou d’un transit à venir par les États-Unis) ; erreur lors de l’établissement du précédent passeport.

> Le formulaire de demande CERFA : complété et signé par l’usager ou, pour un mineur, par la personne exerçant l’autorité parentale. > Photographies d’identité : deux photographies d’identité de format 35 x 45 mm identiques, récentes et parfaitement ressemblantes, représentant le demandeur de face et tête nue. • pour une demande de CNI : elles sont apportées par le demandeur, qui a eu recours à un photographe professionnel ou à une cabine automatique agréée. • pour une demande de passeport : elles peuvent être, soit apportées par le demandeur, qui a eu recours à un photographe professionnel ou à une cabine automatique agréée, soit prises par l’agent de la commune ou du consulat équipé de la station de recueil biométrique. > Un justificatif de domicile ou de résidence : il peut s’agir notamment, sans que cette liste soit exhaustive, d’un acte de propriété, d’un contrat de location ou d’une quit-

Attention !

B

on nombre de Français ou de binationaux n’éprouvent pas le besoin de se faire connaître aux Consulats. Ils ont Tort ! Au ministère des Affaires Etrangères, on précise qu’un ressortissant inscrit auprès de sa représentation et régulièrement soucieux de ses devoirs civiques, sauf cas très exceptionnel, n’est en rien confronté à des difficultés pour renouveler ses papiers d’identité.

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Diplomatie

Le“FrenchDoctor” àGenève

LE 11 MARS DERNIER, MONSIEUR BERNARD KOUCHNER, MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGÈRES ET EUROPÉENNES, A EFFECTUÉ UNE VISITE À GENÈVE, EN PRÉSENCE DU MAIRE DE LA VILLE, DU DIRECTEUR GÉNÉRAL DE L’OFFICE DES NATIONS UNIES, DE LA CHANCELIÈRE D’ÉTAT ET DES AMBASSADEURS. ’intérêt de cette visite à Genève, organisée sous l’impulsion de l’Institut international des hautes études internationales, pour rendre hommage à l’engagement et à la mémoire de Sergio Vieira de Mello. Cette troisième conférence a été marquée par la présence des nom-

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breux jeunes étudiants, mais également par les représentants délégués des Français de Suisse, du Lichtenstein et des Ambassadeurs auprès des Nations Unies. La TSR, également présente, a posé des questions concernant les relations de la Suisse avec la France, suite et au-delà de l’affaire libyenne, et celui du secret bancaire. > TSR : On a l’impression qu’entre la France et la Suisse, quelque chose s’est grippé ses derniers mois. Que s’est-il passé selon vous ?


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Diplomatie Bernard Kouchner : À votre avis ? Il y quand même quelques petits problèmes ! > TSR : L’argent ?? BK : Notre amitié, nos échanges, nos frontières communes, et cette proximité absolue… Tout s’arrange, même si l’argent est un gros problème. > TSR : La Suisse membre de l’union, cela changerait-il vraiment ? BK : Vous allez bientôt accueillir le sommet de la Francophonie, et là, il n’y a pas eu de problème entre la Suisse et la France, au contraire. À Montreux, bravo ! Nous avons dit oui tout de suite. C’est cela qu’il faut retenir et pas les petites anicroches. Savez-vous comment nous appelons cela en diplomatie ? Les irritants. > TSR : La Suisse, par son refus de certains visas aux Libyens, a engagé l’espace Schengen. Ne pensez-vous pas qu'après les représailles, et le djihad lancé contre la Suisse par le président libyen, la décision de supprimer les visas aux libyens vers l'Europe se justifie pleinement ? BK : Nous attendons que cela s’arrange, mais je ne l’attends pas seulement de la Suisse. Il faut évidemment que la Libye y participe. Et je sais que des médiations sont en cours. D’ailleurs, j’ai dit à Mme Calmy Rey que j’étais à sa disposition. J’espère que les choses s’arrangeront.

macnahum@bluewin.ch

> TSR : Quelle pensée avez-vous pour Max Göldi, cet homme pris en otage là-bas ? Vous avez un grand poids international. Vous avez le portable de M. Kadhafi ? Donc, vous pouvez l’appeler directement. BK : Nous avons en effet des contacts avec les Libyens et nous nous en servons. Je vous assure, une fois de plus, de ma grande affection pour Mme Calmy Rey pour lui dire la disponibilité de la France à jouer le moindre rôle. Honnêtement, nous avons essayé !

Victor Nahum

> TSR : Vous avez heurté beaucoup de Suisses, par le fait que vous mettiez presque sur un pied d’égalité une très vieille démocratie et le régime libyen, en disant qu’ils devraient s’arranger un peu, cela nous a choqués. Etesvous conscient de cela ? Vous seriezvous un peu moqué des Suisses ?!

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BK : Pardonnez un peu mon humour ! Cela m’étonne que vous disiez cela. Non, je ne crois pas m’être moqué des Suisses. Je me suis exprimé avec beaucoup de sincérité, mais certainement pas avec moquerie. Mais il faut s’arranger. Il faut donc qu’on fasse comprendre aux uns et aux autres, pour des raisons très différentes et très inégales, vous avez raison, donc il vaut mieux s’arranger. Mais écoutez, je n’en possède pas la clé. Nous sommes simplement, la France et sa diplomatie, à la disposition de nos amis suisses s’ils le souhaitent. ar la suite, c’est avec une grande émotion que Monsieur le Ministre Bernard Kouchner a évoqué l’amitié envers son ami Sergio Vieira de Mello. Il a également rappelé les devoirs des Etats vis-à-vis des populations et des réfugiés victimes des crimes commis par des Etats. « Je suis très ému d’être parmi vous aujourd’hui, pour rendre hommage à l’engagement, à la pensée, à la philosophie de Sergio Vieira de Mello. Et je voudrais remercier Madame Vieira de Mello, ainsi que l’Institut des hautes études internationales et de développement de m’avoir invité à intervenir pour la troisième édition de cette conférence. Sergio a été pour moi, pendant trente ans, le compagnon exigeant d’une aventure obstinée. Nous nous sommes retrouvés aux quatre coins du monde. Mais surtout sur les chemins de la pensée. Sergio, cet homme de terrain, cet homme d’expérience, voulait poser quelques jalons pour l’avenir. Sa pensée humaniste a fait de lui un homme de terrain. Il disait : “ Confrontées à nombre d’excès les plus choquants des trois dernières décennies, quelques interrogations ont surgi de façon récurrente, et parfois obsessive, et je souhaiterais partager aujourd’hui ces interrogations avec vous. ” Je voudrais rendre hommage à cette sincérité, et vous faire partager à mon tour quelques interrogations qui sont le fruit de quarante années de lutte. Je voudrais le faire dans le même esprit : tenter de poser des jalons pour l’avenir. Quelque chose n’a pas changé ! Et ce qui n’a pas changé, c’est la nécessité de protéger la dignité humaine contre l’instinct de mort à l’œuvre dans l’histoire. Pourquoi ? Parce que le silence est insupportable. Parce que l’indifférence est insupportable. Parce qu’il faut appeler les choses par leur nom : un crime est un crime, le nombre n’y change rien.

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Diplomatie >> Parce que refuser de se taire, c’est déjà re-

lever l’homme - un peu. L’humanité a certes engendré Guernica, mais elle a aussi engendré Picasso. Sergio avait ses mots pour le dire : “ Le droit international a érigé beaucoup de remparts efficaces autour des Etats, mais pas assez autour de la personne humaine. ” Lutter contre l’irrationnel dans l’histoire, c’est lutter contre ces crimes muets, contre ce silence lourd de dissimulation et de mensonge. C’est lutter contre l’idée selon laquelle l’état moderne est la raison dernière de l’histoire – parce que l’état moderne enveloppe aussi sa part d’irrationnel. C’est tenter de diriger un ordre pour canaliser la violence des Etats, comme les états canalisent, ou tentent de le faire. Mes chers amis, je ne sais pas si l’on mesure encore le chemin qu’il a fallu accomplir – et ce n’est pas fini ! L’ONU a d’abord été créée pour le maintien

Sergio Vieira de Mello

C’EST AVEC BEAUCOUP D’ÉMOTION QUE BERNARD KOUCHNER A ACCEPTÉ DE RÉPONDRE AUX QUESTIONS DES INVITÉS ET DES CONFÉRENCIERS. > Vous avez évoqué, à côté des menaces inter-étatiques, les cas ou il y a violence à l’encontre des populations civiles. Or, comme vous l’avez évoqué, il y a des situations dans lesquelles les mécanismes des Droits de l’homme ne peuvent pas faire face, je veux parler de l’Iran. Ne pensez-vous pas qu’il est temps que le dossier des Droits de l’homme en Iran soit pris comme base en tant que telle de la réaction du Conseil de sécurité et que tout ne soit pas caché par le dossier sécuritaire, notamment le dossier nucléaire. BK : Vous avez raison, pourquoi n’intervenir que sur le danger nucléaire ? Mais nous n’intervenons pas uniquement sur le dossier nucléaire. Il y a les violations des Droits de l’homme, la répression des manifestations. Je vous confirme que la France, par la voix de son Président Nicolas Sarkozy et la mienne, a condamné très fortement ces violences et nous continuons à le faire. Est-ce que les violations des Droits de l’homme suffisent pour provoquer une réaction du Conseil de sécurité lorsqu’il s’agit d’un endroit extrêmement instable comme le Moyen-Orient, avec un circuit de pays et d’alliance entre les pays très dangereux ? Les sanctions ! Il est temps, bien sûr, et nous y travaillons. Mais j’ai dit tout à l’heure qu’il faut parler de sanctions qui ne pénalisent pas le peuple iranien. Le peuple iranien est pour une part dans la rue. Il y a un

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de la paix et la sécurité internationales. Il lui a fallu ouvrir les yeux sur d’autres violences commises à l’intérieur des Etats, et dont les civils toujours paient le prix fort, les réfugiés en particulier. Lors du sommet mondial des Nations Unies, en septembre 2005, a été défini le principe de la responsabilité, celui de protéger, que nous avons longtemps appelé devoir ou droit d’ingérence. Ce principe à été adopté à l’unanimité par consensus par les chefs d’États et de Gouvernements. Nul n’a le droit de prendre sa population en otage. Nul n’a le droit de laisser mourir son peuple, alors qu’il est possible de le sauver en ouvrant les portes aux personnels humanitaires. Fermer la porte aux personnels humanitaires, cela n’a rien à voir

mouvement de protestation depuis les élections. C’est leur affaire certes, mais c’est la nôtre aussi. Donc pourquoi pas des sanctions économiques, sur les circuits bancaires, assurances, etc. Nous sommes en train d’y travailler. Pour y travailler, il faut une majorité au Conseil de sécurité, et, en tout cas, il ne faut pas de veto. Mais malheureusement, on ne peut pas dire que ce soit complètement le cas pour le moment, même si le travail se fait à New York. En attendant, nous sommes aux côtés de ceux qui luttent pour les libertés d’expression, pour les élections libres. > Après les élections du président de la République, Nicolas Sarkozy, en 2007, un poste de Secrétaire d’État aux Droits de l’homme avait été créé sous votre responsabilité, confié à Mme Rama Yade. Ce poste à été créé en 2009 et, à cette occasion, vous avez déclaré au journal “le Monde” qu’une politique étrangère était difficilement compatible avec les Droits de l’homme. Il y a un aspect un peu tragique à cette déclaration, que vous avez évoqué tout à l’heure, et j’aurais aimé que vous reveniez là-dessus plus en détail après votre expérience de Ministre pendant trois ans et votre expérience humanitaire pendant de très longues années. BK : C’est tellement plus facile d’être engagé sur le terrain et tellement plus satisfaisant et plus efficace pour soi-même, surtout quant on est médecin.

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Diplomatie avec la souveraineté poussée jusqu'à l’absurde – qui se trahit elle-même. Je crois que la question mérite d’être posée. Chaque fois qu’un pays empêchera du personnel humanitaire de porter secours aux populations civiles, la France fera tout en son pouvoir pour condamner l’action de ce pays. Je veux répondre tout de suite à ceux qui disent : “ Ce n’est qu’un principe. Ce ne sont que des mots ”. Non ! Ce n’est pas qu’un principe. Parce que le fait a précédé le droit. Les Nations Unies sont d’abord intervenues sur le terrain, au Timor oriental, en Albanie, au Sierra Leone, au Kosovo. Elles ont consacré ensuite la responsabilité de protéger. On retrouve non seulement la trace et la mémoire, mais surtout l’esprit de Sergio Vieira de la Mello. Demain, les crimes d’Auschwitz et ceux des Khmers rouges seront plus difficiles à accomplir. On n’a pas seulement une loi. On a aussi le juge qui permet de sanctionner. Le complément indispensable de la responsabilité de

protéger, c’est la Justice pénale internationale. Il y avait eu le tribunal de Nuremberg et puis plus rien. Le silence des Nations. A la fin des années 90, l’indignation humanitaire a réveillé la conscience publique. Elle a obtenu la création de tribunaux de l’ONU pour la Yougoslavie et le Rwanda. Elle obtenue surtout la mise en place d’une Cour pénale internationale. Mutilez, coupez, tranchez, volez, annexez, démembrez : vous créez la haine profonde. Vous indignez la conscience universelle. La vengeance couve. L’explosion sera en raison de l’oppression. Quelle est la seule manière d’éviter que la haine, à nouveau, n’explose ? C’est d’empêcher que l’impunité soit de règle. Je pense à tous ceux qui ont cru qu’aucun drame n’était hors de portée de leur indignation. Je pense à ceux qui se sont dévoués au point d’en perdre la vie. Je pense à tous ceux qui partage cette devise, Chantée par Léonard Cohen et que je fais mienne : “ On m’a dit : résigne-toi. Je n’ai pas pu. ” »

On a le sentiment d’être plus utile parce que l’on obtient des résultats immédiats. Sur le terrain, j’ai compris que la solidarité humanitaire ne suffit pas. Je suis responsable d’une certaine façon de la question des Droits de l’homme à l’intérieur du gouvernement de la France. Avoir un Ministre des Droits de l’homme, je crois que c’est une erreur parce que cela nous bloque. Parce que l’on ne peut se contenter de ces actions sans rien faire d’autre. En fait, on est prisonnier alors que ce par quoi nous avons remplacé le Secrétariat des Droits de l’homme par un ambassadeur des Droits de l’homme et j’ajoute que Mme Rama Yade est à un nouveau secrétariat d’État, aux sports cette fois, une fonction qu’elle remplit d’ailleurs très bien. En fait, mieux vaut passer les messages par un Ambassadeur des Droits de l’Homme, poste occupé par François Zimeray, un homme très courageux et estimable, qui travaille avec moi tous les jours et moi avec lui. Il n’y a plus ou très peu de gouvernements qui comptent en leur sein un secrétariat d’État ou un ministère des Droits de l’homme. > Vous venez de rentrer du Kosovo, de Pristina et de Belgrade. Avez-vous observé des progrès dans la région ? BK : Au Kosovo, cela va mieux parce qu’à Belgrade, cela va mieux aussi, C’est bien, c’est un petit progrès, Est-ce suffisant ? Non !

> Vous avez parlé de compromis dans vos discours, vous avez parlé de l’article 4 de l’Union africaine. Je pense qu’il n'y a pas d’espoir parce que qu’en 1998, il y avait 80 000 Erythréens qui ont été expulsés sous le nez de l’Union africaine, pourtant nous n’avons pas vu venir l’espoir. Le 23 décembre 2009, l’Erythrée à été sanctionnée sur des allégations qui ne sont absolument pas fondées. Et l’on sait que vous avez, Bernard Kouchner, essayé de plaider contre la sanction mais cela n’a pas marché. La France a adhéré à cette sanction. Si nous parlons aujourd’hui de compromis, de négociation, de la paix, alors pourquoi cette sanction ? Comment croire le Conseil de sécurité des Nations Unis ? BK : Les pétionnaires des Droits de l’Homme, dont je suis, pourraient faire des textes et des textes, mais cela ne suffirait pas. Il y a déjà longtemps, j’ai rencontré les combattants de la libération de l’Ethiopie, L’un deux est le Président de l’Ethiopie. Ils combattaient ensemble dans le maquis, mais se disputent depuis des années. Que peut-on y faire ? De plus, il y a des alliances discutables, entre autres avec l'Iran. Nous avons été parmi les rares partisans de l’indépendance de l’Erythrée. Les “French Doctors” ont dit que quand un dogme se heurte aux combats entre les peuples, ils ne doivent pas être respectés. Aujourd’hui, ils se battent. Pour revenir à mon ami Sergio, il était intelligent, cultivé et courageux, et en plus, il était beau. Merci à tous.

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LaCornedel’Afrique àlalimitedela LE SPECTRE DE LA FAMINE PLANE SUR L’AFRIQUE DE L’EST. QUE PEUT FAIRE LE MOUVEMENT DE LA CROIXROUGE ET DU CROISSANT-ROUGE ?

survie

n ne saurait être plus dévoué à sa communauté que Salihu Sultan, le responsable de la section locale de la Croix-Rouge à Negele. Plutôt que de rejoindre sa femme et ses quatre enfants à Addis-Abeba, 600 kilomètres plus au nord, cet homme de 40 ans est resté dans sa petite maison d’une rue animée de ce gros bourg commerçant où se mêlent les ethnies tout au sud de l’Éthopie, là où la sécheresse frappe le plus durement.

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Avec ses volontaires et les membres de son conseil, il voit grossir les rangs des groupes vulnérables, en ville et dans les alentours. Faute de moyens, ils ne peuvent guère que constater le phénomène. La grande communauté des Marehan, par exempIe, une population tribale dont le bétail a été volé lors de raids, et qui vivent dans des abris de fortune aux abords de la ville. Ou les réfugiés éthiopiens qui avaient gagné la Somalie, entre 1974 et 1987, pour fuir le régime du Derg, puis sont revenus s’installer dans leur pays. Ou encore les exsoldats, devenus paysans, installés dans une ancienne caserne à la lisière de la ville et qui ont tout perdu pendant la sécheresse qui a détruit la première récolte de 2008.

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Humanitaire

À vrai dire, c’est surtout le sort des communautés nomades, éparpillées sur des milliers de kilomètres carrés de terres asséchées des deux côtés des pistes qui mènent vers le sud et la frontière du Kenya, qui le préoccupe. Beaucoup d’entre elles vivent dans la zone coloriée en rouge sur la carte du Réseau de systèmes d’alerte rapide en cas de famine (FEWS) : celle où les familles souffrent d’une grave pénurie d’aliments de base, qui les contraint à vendre dans l’urgence des biens productifs comme leur bétail et, selon le FEWS, les soumet à des « niveaux élevés de malnutrition aiguë », « La sécheresse est dramatique ici », explique Salihu Sultan, debout sur les berges de la rivière Chulul, une des principales sources d’approvisionnement en

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eau pour les communautés isolées de nomades, désormais asséchée. Une enquête réalisée en juillet dernier par des responsables locaux, remise à l’équipe d’évaluation de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge qui visitait la Corne d’Afrique dans le cadre de la préparation du nouvel appel, donne un aperçu détaillé de la crise et de ses retombées écologiques et humanitaires dans cette partie de la province d’Oromiya. Le rapport, rédigé en termes réfléchis, ne formule aucune demande spéciale pour la région. Au contraire, les experts de la province ont tout fait pour mettre en valeur la résilience qui fait la réputation des populations pastorales de la Corne d’Afrique. Dans un chapitre relatif aux mécanismes d’adaptation, les évaluateurs (responsables locaux, agronomes, hydrauliciens et infirmières) relatent en détail la manière dont les nomades partagent leurs possessions pour que nul ne soit totalement démuni, chassent des animaux sauvages, cueillent des fruits, déterrent des tubercules et se consacrent à de petites activités commerciales telles que la fabrication et la vente de charbon de bois, l’un des facteurs principaux du déboisement. Cependant, les personnes interrogées ont toutes déclaré que les trois dernières saisons des pluies ont été « tellement mauvaises que les conditions de vie du bétail se sont violemment détériorées ». Les herbages se sont réduits comme peau de chagrin en raison d’un « surpâturage dû à une sécheresse persistante » ; l’eau potable fait défaut pour la consommation humaine ; les récoltes sont insuffisantes en raison de « l’absence de pluies dans les périodes les plus cruciales » ; enfin, même la migration vers des régions voisines - solution traditionnelle pour les nomades - n’est plus une perspective : les conditions n’y sont pas meilleures. Au bord de la famine Pour des communautés qui dépendent presque entièrement de leurs animaux, c’est l’impact sur le bétail qui est le plus grave. « Avec la sécheresse persistante, le bétail n’a pas vêlé », dit le rapport, ajoutant qu’il n’y a « presque pas de lait disponible ». Le

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Humanitaire >> prix du verre de lait a triplé, atteignant

3 birrs éthiopiens (environ 30 cents des Etats-Unis). Le bétail meurt en quantités inhabituelles. Une visite effectuée par la Fédération internationale à Melka Guba, village presque à mi-chemin entre Negele et la frontière kenyane, le confirme : « Nous avons perdu plus de 1 000 bêtes rien que cette année, déclare le chef Dhane Gelgelo, et l’hécatombe se poursuit jour après jour. » Le cheptel s’élevait naguère à 6 000 têtes, il en reste à peine 2 000. Les bêtes survivantes, très affaiblies, s’efforcent de brouter les mauvaises herbes qui dessinent ça et là de trompeuses taches de verdure. « Nous en sommes à 620 familles frappées par des pertes de bétail », poursuit Dhane Gelgelo, qui explique que les villageois faisaient par le passé de longs trajets dans la brousse pour trouver des pâtures, mais qu’ils y ont renoncé, les recherches étant manifestement vouées à l’échec. « Une fois les ressources épuisées, les gens vont sans doute commencer à mourir », note-t-il, ajoutant que, dans la savane, loin de la route, des éleveurs seraient déjà morts de faim. Ici, la malnutrition ne saute pas aux yeux ; aucun centre de nutrition, pas trace de ces nourrissons déshydratés et mourants qui, par le passé, ont déclenché des opérations d’aide alimentaire à grande échelle en Afrique. Mais l’état du bétail ne trompe pas : la broussaille qui entoure le village est parsemée de squelettes soigneusement nettoyés par les hyènes qui rôdent chaque nuit. Comme la plupart des habitants de Melka Guba, Konso Aga, une femme de 45 ans, ne mange que deux fois par jour. « Des graines de maïs grillées ou, parfois, du kollo (orge) le matin pour le petit-déjeuner, et du maïs bouilli pour le dîner, explique-t-elle à la Fédération internation ale. Je mange aussi des buraogomde », des baies sauvages qui aident les nomades à faire face en temps de disette. Mais la viande, les fruits, les légumes et les produits laitiers ? « Jamais. » Lorsque les villageois disent qu’il n’y a plus depuis longtemps le moindre aliment spécial pour les enfants, qui passent directement du sein aux céréales - amollies dans l’eau ou grillées, mais encore indigestes pour les tout petits -, il n’est pas étonnant que les plus jeunes soient toujours les premiers à succomber à ce genre de crise. D’autant que leurs “repas” sont accompagnés d’une eau si manifestement insalubre

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Salihu Sultan

S

alihu Sultan dirige la section de Negele de la Croix-Rouge éthiopienne. Il est préoccupé par le sort des communautés nomades d’éleveurs dispersées sur des milliers de kilomètres carrés et touchées par la famine. « La sécheresse est dramatique ici. Si le fleuve Dawa devait tarir, ce serait une vraie catastrophe. »

qu’elle ressemble à du thé. « Si le monde ne réagit pas, nous allons droit vers une famine massive », déclare Bekele Geleta, Secrétaire général de la Fédération internationale, lui-même originaire d’Éthiopie. « Les sécheresses sont beaucoup plus fréquentes aujourd’hui, ajoute-t-il, et elles frappent de nouvelles régions et de plus en plus de monde. »

A Negele, les membres de la section locale de la Croix-Rouge éthiopienne et les responsables locaux s’accordent à dire que les effets de la sécheresse se sont aggravés depuis l’évaluation de juillet, qui avait recommandé une aide alimentaire d’urgence pour plus de 140 000 personnes dans les seuls deux woredas (districts) analysés : Liben et Goro-Dola. Le rapport faisait état d’une majorité d’habitants tombant progressivement dans la malnutrition par suite d’un “choc environnemental et de l’effondrement du marché”. Sur un total de près de 30 000 enfants de moins de 5 ans, 85 % avaient besoin d’une assistance nutritionnelle d’urgence et la moitié des quelque 6 500 mères allaitantes et femmes enceintes nécessitaient des rations d’appoint. Les auteurs de l’enquête avaient rencontré des mères allaitantes “émaciées”. Explosion des prix Les habitants de la Corne d’Afrique connaissent bien la sécheresse,

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Humanitaire mais ses effets sont exacerbés dans la région par des conflits qui durent parfois depuis des décennies, notamment en Somalie. « Nous constatons en Somalie une grave détérioration de la situation en termes humanitaires », dit Pascal Mauchle, chef de la délégation du CICR pour le pays, basé à Nairobi. « Des centaines de milliers de personnes ont fui les combats et la sécheresse. » L’an dernier, le CICR a presque triplé son aide alimentaire à la Somalie par rapport à 2007 (voir encadré). La Fédération internationale, active par le biais du Croissant Rouge de Somalie, la seule organisation bénéficiant encore de larges possibilités d’accès humanitaire, a lancé un appel afin d’étendre les ré-

accompagnée d'une “importante série de facteurs externes”, notamment la montée en flèche des prix internationaux des denrées alimentaires. Ce facteur est fondamental dans une région qui, même les bonnes années, dépend des importations. « L'impact des marchés internationaux sur la sécurité alimentaire des populations les plus vulnérables dans la Corne d'Afrique n'a jamais été aussi spectaculaire », affirme Roger Bracke, chef de l'équipe d'évaluation.

seaux existants de santé, de nutrition, d’eau et d’assainissement au Somaliland et au Puntland, conformément aux mandats formulés par la communauté internationale. Ces mesures seraient la meilleure manière de renforcer les activités humanitaires. L'évaluation multidisciplinaire de la Fédération internationale publiée en décembre souligne que si la région a été poussée au bord du gouffre en 2008, ce n'est pas seulement en raison du conflit qui persiste, mais aussi parce que, pour la première fois, la sécheresse est

Du point de vue des donateurs peut-être fatigués d'injecter des fonds dans une région souvent décrite comme un puits sans fonds - cette situation n'est pas “la routine habituelle”.

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Une crise humanitaire urgente Les chercheurs éthiopiens ont découvert

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Humanitaire >> que l'inflation des prix des produits alimen-

taires dans la zone étudiée était encore pire qu'escompté. Pendant l'été 2008, le prix du blé et du maïs avait augmenté, sur les 24 derniers mois, de 250 et de 344 %, respectivement. Quant au prix du teff, la céréale de base - un des principaux indicateurs humanitaires -, il a bondi de 245 %. Plus révélateur encore : durant la même période, alors que l'état du bétail se dégradait et que de plus en plus de familles vendaient leurs animaux, le prix d'un bœuf sur pied n'augmentait que de 9 %. Les communautés nomades, réduites à vendre leurs biens pour survivre, couraient donc à la catastrophe. En Ethiopie, le nombre de personnes ayant

blics. En janvier, le chiffre a baissé à un peu plus de 4,9 millions pour 2009, mais avec 1,2 million supplémentaire de mères et d'enfants de moins de 5 ans qui auront besoin d'une aide alimentaire. Les responsables éthiopiens ont toutefois souligné, en présentant l'évaluation “inter -institutions” pour 2009 aux donateurs et aux diplomates, que les chiffres risquaient de remonter si les pluies de mars n'étaient pas suffisantes ou s'il ne pleuvait pas du tout. Les Nations unies ont déclaré qu'à Djibouti, en Ethiopie, au Kenya et en Somalie, proportionnellement le pays le plus gravement touché des pays inclus dans l'appel lancé par la Fédération internationale, environ 17 millions de personnes étaient menacées en 2008. La Corne d'Afrique souffre donc de la crise humanitaire la plus urgente du monde pour ce qui est du nombre de personnes touchées. La région Afar, au nord de l'Éthiopie - où Karen Allen a filmé en juillet dernier pour la BBC des gens mangeant du fourrage pour bé-

besoin d'une aide alimentaire - le gouvernement et la communauté humanitaire s'accordent sur ce point - a augmenté inexorablement l'année dernière, pour passer de plus de 2 millions au moment où la Fédération internationale lançait son premier appel pour un montant de 1,8 million de dollars en mai, à 4,6 millions en juin, pour atteindre près de 6,5 millions en octobre, essentiellement dans les régions méridionales du pays. Ce chiffre n'incluait pas les 5,7 millions de personnes du “programme product if de sécurité alimentaire” des pouvoirs pu-

tail -, suscite aussi des préoccupations. Pour l'instant, les besoins humanitaires y sont amplement couverts par les mesures mises en place par le gouvernement. Ceci dit, la région partage un microclimat et une frontière avec Djibouti, où la sécheresse a chassé les nomades de leurs pâturages traditionnels, les poussant à gagner la capitale en nombre croissant. « Beaucoup de nomades de Djibouti sont bel et bien devenus des réfugiés écologiques dans leur propre pays », affirme Tarun Sarwal, délégué au relèvement de la Croix-Rouge britannique et membre de l'équipe d'évaluation. « Nous qui sommes tous expérimentés et qui avons vu la pauvreté sous ses pires formes dans bien des régions du monde, nous avons été choqués en voyant dans quelles conditions survivaient ces popu-

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Humanitaire lations. » Robert Fraser, spécialiste en eau et en assainissement, qui a vécu sur place il y a 20 ans, dit que Djibouti est désormais « complètement encerclée par des bidonvilles occupés par des gens qui ont fui la campagne par désespoir. Les gens que nous avons rencontrés dans l'arrière-pays rural s'accrochent à ce qui doit être considéré comme un mode de vie en voie d'extinction en raison de la disparition des sources d'eau et des herbages. » A Sankhal, par exemple - paysage lunaire de collines rocailleuses et brûlées par le soleil à quelque 110 kilomètres à l'ouest de Djibouti sur la frontière éthiopienne -, quelque 2 000 familles de nomades, déplacées par la sécheresse dans des régions encore plus reculées, essaient de se réinstaller. Les anciens nomades sont affamés, assoiffés et souvent malades. « Nous n'avons pas vu une goutte de pluie depuis un an », dit le chef Mahamoud Robleh, un homme de 60 ans, en pointant sa canne vers le ciel incandescent.

Les villageois n'ont qu'un puits presque à sec, dont l'eau est très insalubre. Les conséquences pour les très jeunes sont souvent fatales. « Hier, la diarrhée a emporté deux enfants, ajoute-t-il. Dans les huttes, beaucoup de gens sont malades. La plupart des femmes et des enfants, ajoute-t-il, souffrent de malnutrition. Des oueds à sec Quand on l’interroge sur la situation des femmes nomades, Muna Abdullahi, la Secrétaire générale de la section locale de la Société du Croissant-Rouge de Djibouti, évoque les nombreux problèmes auxquelles elles sont confrontées. « Elles luttent du matin au soir afin de trouver la nourriture et

Commande à distance Entretien avec Mathias Frese, responsable des programmes de sécurité économique du CICR pour la Somalie.

Comment décririez-vous la situation humanitaire en Somalie aujourd’hui ? Bien des gens vivent dans des conditions atroces. Les seuls mécanismes dont ils disposent pour faire face sont le ramassage du bois... et la mendicité. Si l’on tient compte des déplacements et des catastrophes naturelles, il y a aujourd’hui des centaines de milliers de familles qui ont besoin d’une assistance. Souvent, les personnes déplacées cherchent refuge auprès de membres de leur famille ou de leur clan. Dans le système traditionnel de la Somalie, la famille hôte est obligée d’aider la famille déplacée, mais vous imaginez bien le fardeau que cela représente. Pour la communauté nomade de Somalie, le nombre d’animaux des troupeaux a chuté de manière spectaculaire en raison de l’absence de pâturages, d’herbages et d’eau. Êtes-vous en mesure d’intervenir de manière rapide et efficace malgré les problèmes de sécurité sur le terrain ? De nombreux humanitaires ont été enlevés ou tués dans des actes d’une grande lâcheté ; nous agissons donc à partir du Kenya. Dans l’idéal, un délégué expatrié du CICR se rend sur le terrain avec des collègues somaliens et des gens du Croissant-Rouge de Somalie. Mais, dans la plupart des cas, nous dépendons d’informations obtenues dans des rapports, par téléphone ou lors de discussions. Au cours des cinq derniers mois de 2008, nous avons acheminé de l’aide alimentaire à près d’un demi-million de personnes. Dans la plupart des régions où le CICR est actif, nous avons une excellente collaboration avec la Société nationale à tous les niveaux, notamment pour nos grandes opérations de secours. Leurs experts et leurs volontaires nous aident pour l’évaluation, ils jouent un rôle clé dans la distribution, ils se rendent dans les communautés les plus éloignées. Ils sont un pilier très solide du travail qu’accomplit le CICR en Somalie. Comment savoir si l’aide n’est pas détournée ou revendue sur les marchés locaux ? Nous sommes en dialogue permanent avec les chefs des communautés et avec les anciens. Si l’aide était détournée, nous serions informés très rapidement par plusieurs sources. Nous agissons dans la transparence : la population sait ce que nous faisons, ce que nous fournissons et à qui. En outre, les gens savent que lorsque le CICR évalue une situation dans laquelle des populations sont déplacées ou vulnérables, nous ne les laissons pas tomber mais nous revenons leur apporter une assistance vitale. Propos recueillis par Pedram Yazdi, délégué communication du CICR pour la Somalie

l’eau indispensable pour leur famille. Les rares arbres encore debout ne donnent plus les fruits sauvages qu’elles avaient l’habitude de cueillir : ils ne servent plus que de bois à brûler. Nombreuses sont les personnes qui ont besoin d’un abri, de couvertures, de moustiquaires et de nourriture. » Le Croissant-Rouge considère que les nomades pourraient, avec un peu d'aide, trouver d'autres moyens d'existence, comme le tissage >>

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Humanitaire >> pour les femmes et l'agro-élevage pour

exception faite, peut-être, de certains aliments spéciaux pour nourrissons, affirment les logisticiens qui travaillent actuellement pour l'opération dans la Corne d'Afrique. En outre, selon Bekele Geleta, fervent partisan d'“alerte avancée, action rapide”, ce serait une erreur de donner de l'Éthiopie, et en particulier des zones où vivent les populations les plus nombreuses, une image entièrement négative pour essayer

les hommes : de l'horticulture à petite échelle associée à un peu d'élevage, éventuellement de chèvres, qui supportent mieux l'aridité. « Nous aimerions beaucoup faire davantage pour aider la population en apportant de l'eau et des projets d'assainissement », dit le Secrétaire général de la Société du Croissant-Rouge de Djibouti, Abdi Khaireh Bouh. « L'eau est la priorité absolue. » Son adjoint, Moussa Djama Warsama, le dit sans détour : « Tous nos oueds sont à sec. Les gens dépendent de puits souvent peu profonds et donc pollués ; creuser plus profondément coûte fréquemment très cher. »

Tout sauf la faim Comment le Mouvement de la CroixRouge et du Croissant-Rouge peut-il conjuguer ses forces pour bannir le spectre de la famine de la Corne d'Afrique ? Par son appel d'un montant de près de 100 millions de dollars, la Fédération internationale espère, si les donateurs internationaux se montrent à la hauteur, apporter une aide à 2,2 millions de bénéficiaires à Djibouti, en Ethiopie, au Kenya et en Somalie sur une période de cinq ans. A la fin du mois de février, une filière d'acheminement de vivres était en cours d'installation dans la région éthiopienne d'Oromiya, avec un centre de coordination à Negele, pour distribuer des denrées achetées en Ethiopie à 20 centres de distribution dans un rayon de 100 km. « On ne peut pas laisser la famine s'installer, insiste Roger Bracke. Il est inacceptable que les populations de cette région continuent de souffrir en silence. On ne peut pas se contenter de baisser les bras et d’accepter l’inacceptable. » Selon Pascal Mauchle, du CICR, « le caractère chronique de la crise a complètement épuisé la capacité des populations à faire face. » Et pourtant, dans une certaine mesure, l’appel de la Fédération internationale est lancé à titre préventif, et son financement est donc une gageure. Lorsque les images de gens affamés apparaîtront sur les écrans au journal télévisé du soir, il sera trop tard. Il faut des semaines pour mettre sur pied une opération de secours alimentaire, même si la nourriture est achetée sur place, comme ce sera le cas ici. Un pont aérien de denrées alimentaires est rarement la bonne solution, www.expatria-cum-patria.ch

d'amener les donateurs à desserrer les cordons de leur bourse. Il a déclaré à Croix-Rouge, Croissant-Rouge : « Je suis retourné récemment chez moi pour la première fois depuis 17 ans. Beaucoup de choses ont été réalisées en termes d'infrastructures, d'écoles, de cliniques, de communications, d'électrification, et l'action du gouvernement éthiopien n'a pas été appréciée à sa juste valeur. Cependant, le pays souffre des effets dévastateurs du changement climatique et ses capacités - comme celles de n'importe quel pays sont limitées. Le pays progresse, c'est indiscutable, mais la restructuration de l'économie risque de causer des bouleversements et du chômage, jusqu'à ce que les richesses puisse être réinvesties de manière productive. La diaspora éthiopienne doit maintenant se mobiliser pour contribuer à éviter cette catastrophe. Il nous faut moins de politique et davantage de développement. » ALEX WYNTER JOURNALISTE ET RÉDACTEUR INDÉPENDANT BASÉ À LONDRES

Mahamoud Robleh

L

e chef du village de Sankhal, à Djibouti, l'affirme : la plupart des femmes et des enfants sont sous-alimentés. « Hier, la diarrhée a emporté deux enfants. Dans les huttes, beaucoup de gens sont malades. »

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Cervantes donQuichottedelaMancha Aupaysde etd’ElIngeniosoHidalgo

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L’Ours et l’Arbusier, deux des symboles les plus emblématiques de Madrid, à la Puerta del Sol.


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Dossier Espagne MADRID olède, alors, capitale de l'Espagne, avec ses deux cathédrales et deux cardinaux, tenait, pour ainsi dire, sous sa coupe, le roi d'Espagne. C'est pourquoi, en mai 1561, Philippe II, fils de Charles Quint, nomma Madrid capitale de l'état et de l'Empire, mais n'y bâtit pas de cathédrale. Située au centre de la péninsule et de la “Meseta”, Madrid, capitale la plus haute d'Europe - 646 m - est une ville lumineuse et hospitalière au climat sec, très chaud en été et froid, bien qu'ensoleillé en hiver. Elle devint capitale au 16e siècle, au moment où l'Espagne régnait sur un vaste empire, d'où le soleil ne se couchait jamais... Ses principaux monuments furent élevés aux 17e, 18e, 19e siècles dans le style classique ou baroque. Grâce aux collections léguées par les Habsbourg et les Bourbons, Madrid est d'une richesse exceptionnelle dans le domaine de la peinture. Aujourd'hui, cette ville cosmopolite, qui a connu un développement extraordinaire lors de ces dernières décennies, frappe par son animation et le trafic intense de ses larges artères, parsemées de parcs splendides. On sent vite qu'il y fait bon vivre. Nous descendons pour cinq nuits à l'hôtel Ritz***** alliant tradition et grand luxe. Construit au début du siècle par le même architecte français qui conçut les “Ritz” de Paris et Londres, sa décoration est classique et d'une grande élégance : vastes salons confortables, terrasse jardin magnifique où l'on dîne tous les soirs. Très central, cet hôtel est entouré par les plus grands musées que nous pourrons visiter à quelques centaines de mètres de là. Ce sera la principale raison de notre visite à Madrid. La ville commence réellement à se développer avec les derniers des Halsbourg. La Plaza Mayor sera désormais le cœur de la ville. Philippe IV, amoureux des arts, protégea de nombreux artistes. C'est au 18e siècle, sous les Bourbons, que la ville connaît ses plus grandes transformations : construction du Palais Royal, du Prado et de la porte de l'Alcala. À son tour, la noblesse se met à construire des palais entourés de jardins, comme le palais de Liria, demeure de l'actuelle Duchesse d'Albe. On édifie de magnifiques places : la Plaza Mayor, de style baroque madrilène, représentera le style caractéristique de l'époque de la Maison d'Autriche ; la Plaza de la Villa, très connue à Madrid, car c'est depuis ici que

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De haut en bas : Cubeles - Madrid. Don Quijote et Sancho Panza - Madrid. Palacio Real de Madrid.

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Ci-dessus : “Las Meninas” de Velasquez. Ci-contre : le fameux et magnifique “Autoretrato” de Goya.

>> la ville a été gouvernée ; la Plaza de Oriente,

agréable zone de promenade. La Plaza de Cibeles est l'une des places les plus célèbres de la ville, avec ses fontaines. Au centre, le bassin, avec la déesse Cybèle, est un des plus beaux endroits de Madrid, avec ses perspectives de promenades et d'avenues qui y débouchent ; la Plaza d'Espagna avec son monument dédié à Cervantes... Si Madrid n'est pas aussi riche en monuments que Paris, ni aussi romanesque que Venise, mais la ville est pleine de charme, d'édifices splendides et de parcs romantiques. Musée du Prado C'est probablement la pinacothèque classique la plus importante du monde : 6 000 tableaux, 400 sculptures. Après la guerre d'indépendance, Ferdinand VII, reprenant à

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son compte le projet de Joseph Bonaparte de la création d'un musée, fit restaurer l'édifice pour y installer les collections royales de peinture espagnole réunies par les rois de la maison d'Autriche et les Bourbon, collections qui reflètent l'évolution du goût des rois d'Espagne, protecteurs des arts. Il possède aussi de précieuses collections de peintres flamands, rassemblés par les rois catholiques et de nombreuses œuvres de l'école italienne dont étaient amateurs CharlesQuint et Philippe II. L'Ecole espagnole tient une place privilégiée pour la quantité et la qualité de ses œuvres. On peut contempler au Prado une collection exceptionnelle, unique par la beauté des œuvres présentées, fruit du goût sûr que les monarques espagnols eurent pour les chefs-d'œuvre de la peinture durant plus de quatre siècles.


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Ci-dessous : magnifique plafond à Segovia. En-dessous, à gauche : Salle du trône du Palais Royal. À droite : lustre de la chambre officielle au Palacio Real de Madrid.

Vélasquez (1599-1660) Le Prado possède les œuvres maîtresses de Vélasquez, sans doute l'un des sommets de la peinture universelle de tous les temps. Ce peintre de génie est né à Séville (1599-1660). Sur les conseils de Rubens, il part en Italie. Il y peint "La forge de Vulcain". Sous l'influence du Titien et du Tintoret, sa palette s'enrichit et se nuance, ses formes s'intègrent dans l'espace : magnifique Christ en croix. A son retour d'Italie, il exécute “La Reddition de Breda” où ressort son originalité. Il découvre que la lumière, non seulement éclaire, mais permet de voir l'air entre les personnages et les objets : il met alors au point sa fameuse“Perspective aérienne" qui laisse certaines parties dans le flou pour rendre plus nets les principaux sujets. Il peint de célèbres portraits de la cour. Dans la dernière partie de sa vie, alors qu'il est comblé d'honneur et de fonctions officielles, il représente avec une grande liberté les

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jeunes princes et princesses comme l'Infante Marguerite d'Autriche. Son art culmine dans les "Menines", merveilleuse utilisation de la lumière et des couleurs. Goya Francisco Goya Y Lucientes, né en 1746, est l'une des figures les plus connues de la peinture universelle de tous les temps, l'un de ces personnages incroyables pour lequel le qualificatif de génie n'est pas trop grand. Sa personnalité humaine est tellement vigoureuse, sa capacité créatrice tellement riche et son œuvre tellement changeante et éblouissante que le nom de Goya n'admet aucune classification dans les coordonnées de l'art. Car Goya et son art écrasent, brûlent, inquiètent, obsèdent, nous retournent le sang, nous hallucinent, nous hypnotisent et suscitent en nous des sentiments contradictoires des idées changeantes ! Il nous immerge dans son océanique magma créateur. Il faut citer le fameux auto-portrait, la maya vêtue et la maya nue, un des tableaux les plus sensuels de tous les temps. “Le combat contre les mameluques” du 2 mai 1808, exécuté en 1814 pour perpétuer la glorieuse insurrection contre Napoléon, tyran d'Europe ainsi que les “Fusillés de la Moncloa”, (chemise blanche, bras levés), sont les plus impressionnantes de Goya. Delacroix et Monet s'en inspirèrent. On ne peut oublier ses terribles eaux-fortes des désastres de la guerre et de la tauromachie. Ses dernières œuvres, les peintures noires, conçues pour sa maison “La quinta del sordo” sont les cris d'angoisse d'un vision-

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Dossier Espagne >> naire fou sur les atrocités humaines et la

réalité espagnole décadente de son époque. Ecole Flamande, 15e-17e siècles Le Prado possède une collection exceptionnelle de peinture flamande due aux relations intenses de l'Espagne avec les Pays-Bas. Imaginez des Van der Weyden, Memling, Bosch, Breughel l'Ancien... Bien que né en Allemagne, Rubens, le meilleur représentant du baroque, donne une vigueur nouvelle à la peinture flamande. Le Palais Royal L'imposant édifice construit par les Bourbon fut la résidence officielle de la famille royale jusqu'en 1931. Aujourd'hui, il appartient au patrimoine national et n'est utilisé que lors de réceptions officielles. Le vieil Alcazar des Autrichiens fut détruit la nuit de Noël 1734 par un incendie : Philippe V chargea en 1738 l'architecte italien Felipe

Juvare d'élever un nouveau palais ; suivirent l'architecte Sachetti puis Ventura Rodriguez. Charles III en prit possession en 1764. C'est un quadrilatère de Granit de Guadarrama et de pierres blanches où alternent des colonnes ioniques aux pilastres doriques. On notera l'exceptionnelle chambre Gasparini décorée dans un style rococo raffiné et somptueux. Le salon de porcelaine est un chef-d'œuvre de la Manufacture Royale du Buen Retiro. Palais de l'Escorial L'impressionnant monastère de San Lorenzo el Real, plus connu sous le nom de l'Escorial, s'élève sous un splendide cadre naturel au pied du mont Abantos, sur le versant sud de la Sierra de Guadarrama. Il www.expatria-cum-patria.ch

est le monument le plus représentatif des aspirations idéologiques et culturelles du Siècle d'Or Espagnol, qui était la première puissance du monde, en raison non seulement de ses alliances dynastiques qui lui donnaient un important pouvoir territorial en Europe, mais également de sa domination sur la presque totalité des terres connues du continent américain. L'Espagne s'érige en défenderesse de la Contre-réforme catholique contre les pays qui avaient embrassé la réforme. La victoire de St Quentin sur Henri II de France, le premier grand triomphe militaire du règne de Philippe II, coïncide avec la fête de Saint Laurent, le 10 août 1557. La figure de Charles Quint, qui avait passé les dernières années de sa vie parmi les moines hiérominites de Yuste, eut une influence décisive sur la fondation, en raison de l'ascendant qu'il avait exercé sur son fils et de la nécessité de lui donner une sépulture

digne. Si les travaux gigantesques (1 200 portes et 2 600 fenêtres) ont accaparé 1 500 ouvriers, ils n'ont duré que 21 ans, d'où l'exceptionnelle unité de style de l'édifice. Les projets du premier architecte, Juan de Toledo, sont suivis dans leurs grandes lignes, après sa mort en 1567, par son assistant Juan de Herrera. Par réaction contre le style très orné du règne de Charles Quint, les architectes ont décidé de réaliser une œuvre sobre aux lignes majestueuses, longue de 206 m et large de 161 m. L'abbaye est bâtie en granit gris. La rudesse de la pierre accuse la sévérité des lignes architecturales ; l'édifice a la grandeur des palais et l'austérité des monastères. C'est très impressionnant.

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Ci-dessous, de gauche à droite : “El Gran Masturbator” de Dali, Musée National. “FemmeOiseau”, Étoile” de Miro. “Mujer sentada”de Picasso.


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Ci-dessus, de gauche à droite : Toile de Max Beckmann. Toile de Michel Sweerts. Toile d’Ernst Ludwig Kirchner.

Panthéon des rois Il est situé sous le chœur de l'église. Un escalier en marbre et jaspe permet d'y accéder. Presque tous les rois d'Espagne, depuis Charles Quint, y sont enterrés. La chapelle, de plan octogonal, fut commencée en 1617 et terminée en 1654. En face de la porte se trouve l'autel de jaspe et sur les murs, de part et d'autre, les vingt-six sarcophages de marbre et de bronze. Les rois se trouvent à gauche et les reines mères à droite. Dans le Panthéon des Infants, reposent les reines n'ayant pas eu de descendance couronnée et les infants. On notera le merveilleux christ crucifié de Benvenuto Cellini, le calvaire de Roger van der Weyden, le portrait de Phi-

diose et dramatique composé de blocs granitiques et de pinèdes. L'intérieur de la Basilique est impressionnante par son immensité. Au pied de l'autel se trouvent les dalles funéraires de José Antonio Primo de Rivera, fondateur de la phalange et du Général Franco. Des ossuaires contiennent les cercueils de 40 000 soldats et civils tombés pendant la guerre civile, quelle que soit leur appartenance politique. Une croix monumentale, œuvre de l'architecte Diego Mendez, se dresse au-dessus. Elle mesure 125 m de haut (150 avec le socle). Le monastère est occupé par des Bénédictins qui tiennent également un séminaire et un centre d'études sociales.

lippe par Antonio Moro, le martyre de St Maurice par le Greco...

Musée National Reine Sophie Sur la Glorieta de l'Atocha ou place Emperador Carlos V, face à la gare, se dresse l'ancien hôpital de San Carlos, créé par Charles III. Ce bâtiment en granit, grandiose et austère, présente une façade agrémentée d'ascenseurs extérieurs dans des cages en verre. A l'intérieur, les immenses salles voûtées forment un cadre remarquable pour les grandes expositions. Au deuxième étage, 17 salles sont consacrées aux œuvres espagnoles marquantes d'avant-garde et à leur contexte internationale, de la fin du 19e siècle aux années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale. Dans la galerie Picasso - salle 6 - toute l'attention est attirée par le célèbre ”Guernica“, réalisé pour le pavillon espagnol de l'Exposition

La Bibliothèque La salle longue de 54 m possède une magnifique décoration. Les étagères sont en bois précieux. On sera surpris par la présentation des livres dont le dos est tourné vers l'intérieur pour des raisons de conservation. Vallée de Los Caidos Au cœur de la Sierra de Guadamarrana, un gigantesque monument a été élevé de 1940 à 1958 à la mémoire des morts de la Guerre Civile (1936-1939). La vallée de Cuelgamuros, rebaptisée Valle de Los Caidos (vallée de ceux qui sont tombés), lui offre un site gran-

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Dossier Espagne >> Universelle de Paris en

La Plaza Major.

1937. Peint après l'atroce bombardement du village de Guernica, ce monumental tableau en noir et blanc, dont l'expressivité et le symbolisme ont fait couler des fleuves d'encre, est un gigantesque cri contre la guerre. Plus loin, une véritable rétrospective de l'œuvre de Miro se détache. Des superbes toiles de Dali, on notera, à côté d'une œuvre de jeunesse - 1925 (“Fillette à la fenêtre”), un superbe tableau surréaliste : “Le grand masturbateur”. Egalement de très beaux Oscar Dominguez. Dans les salles de peinture étrangère, sont représentés Bacon, Moore, Alechinsky, etc. Musée Thyssen-Bornemisza Le palais de Villahermosa, bel exemple d'architecture néo-classique de la fin du 18e - 19e siècle, a été aménagé par l'architecte Rafael Moneo pour accueillir la remarquable collection achetée par l'Etat Espagnol au Baron Hans Thyssen-Bornernisza. Cette collection, commencée dans les années 20, abrite quelque 800 œuvres illustrant les grandes écoles de peinture de la fin du 12e siècle à nos jours. SÉGOVIA Cette noble cité Castillane, résidence des rois Alphonse X le Sage et Henri IV, fut, au Moyen Age, un centre important économique et politique qui joua un rôle décisif dans l'histoire de la Castille. Ségovie jouit d'un site très original. Le cœur de la ville, entouré de murailles qui sont aussi des murs de soutènement, est perché à 1 000 m d'altitude sur un rocher triangulaire borné par l'Aqueduc. L'Aqueduc C'est l'un des monuments parmi les plus importants, les mieux conservés de l'époque romaine impériale. Construit il y a près de

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2 000 ans, il a été conçu pour amener à la partie haute de la ville les eaux du fleuve Acebeda. Ses arches de granit, qui, avec le temps, ont pris une couleur violet foncé, forment un grandiose spectacle dans le ciel intense de Castille. L’aqueduc, imposant et bien conservé, chef-d'œuvre de la technique hydraulique romaine, ne transporte plus l'eau de la Sierra de la Fuenfria, mais l'art est toujours présent dans chacune de ses pierres. Cette œuvre réunit les trois qualités de style les plus difficiles à rassembler dans une œuvre d'art : la simplicité, l'élégance, la grandeur. La cathédrale Sa belle pierre dorée, son chevet étagé, hérissé de panaches et de balustrades et sa haute tour confèrent aux formes massives de l'ensemble une grâce certaine. Sa construction sous Charles Quint est une survivance du style gothique du 16e siècle, alors en pleine période Renaissance. L'intérieur est lumineux et élégant.

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Ci-dessus, de gauche à droite : la maison aux coquilles Salamanca. Les murailles d’Avila. Le cloître du couvent.


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Dossier Espagne L'Alcazar Sur la roche sauvage, coupée en forme de proue, qui se dresse au confluent des rivières Eresma et Clamores, s’élève l'Alcazar. Château de ligne austère, il semble que son origine soit romaine ; il a été aussi un refuge pour les musulmans. Les archives militaires générales du royaume y sont installées depuis 1862.

De gauche à droite : l’église San Juan de Los Reyes. La cathédrale illuminée.

SALAMANQUE Matière et esprit La ville est un authentique musée de l'architecture. Toutes les époques et tous les styles y ont laissé leurs créations les plus représentatives. Les édifices sont construits en pierre tendre des carrières voisines de Villamagor. Celle-ci, finement travaillée, produisit, au 16e siècle, la merveilleuse filigrane d'un art qui, pour cela, fut appelé plateresque. C'est une pierre contenant du minerai de fer qui durcit et s'oxyde à l'air, prenant ainsi la belle couleur dorée qui caractérise la ville. Son esprit se concrétise dans la science et la culture, dans le style de vie universitaire et intellectuelle qui commence déjà à se manifester en 1218, quand Alphonse IX érige l'Université, presque en même temps que Paris et Bologne. L'âme de Salamanque est dans ses facultés et bibliothèques, dans l'animation et l'allégresse de ses jours et de ses nuits, autour de la Place Mayor, une des plus belles places d'Europe. La ville D'origine ibère, conquise

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par Hannibal au 3e siècle avant J.C., Salamanque est, sous les Romains, une cité florissante dont il subsiste un pont romain. C'est là que nous commençons notre visite, par une chaleur de 40°. Nous nous réfugions à l'ombre du seul arbre proche malgré les exhortations de notre guide. Détruite à plusieurs reprises par les Maures, elle est reconquise par Alphonse VI en 1085. La turbulence de sa noblesse cause de graves troubles aux 14e et 15e siècles, créant des “bandos”, style Capulet et Montaigu. Durant le Moyen Age, la ville devint peu à peu un centre religieux universitaire de grande importance. Au cours de la guerre d'Indépendance, Salamanque fut occupée à plusieurs reprises par les armées françaises. C'est au défilé d'Arapiles, toute proche, qu'en 1812, Wellington écrasa les troupes de Marmont. Ce désastre a joué un rôle déterminant dans l'évacuation de l'Espagne par les troupes de Napoléon. L'Université Elle se développe sous la protection des rois de Castille et de hauts personnages comme l'antipape Benoît XIII. La valeur de l'enseignement qui y est dispensé lui assure bientôt une réputation internationale ; au 16e siècle, elle comptera 70 chaires et jusqu'à 12 000 étudiants et participera efficacement à la contre-réforme catholique. En architecture, le 15e siècle a imaginé pour les patios salmantins un arc original, dont la courbe, cassée de contre-courbures, et inspirée de l'art Mudéjar. Son somptueux portail de 1534 est magistralement composé. Pour compenser l'éloignement, le relief s'accentue à chacun des trois registres. Au centre du premier, audessus de la double porte en anse de laurier, figurent dans un médaillon les rois catholiques ; au-dessus

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Dossier Espagne >> apparaissent les écus couronnés des

mêmes souverains de Charles Quint et de l'Empire ; tout en haut, le pape, entouré de prêtres et de Vénus et Hercule, accompagnés de médaillons évoquant les vertus. Le motif le plus célèbre est à mi-hauteur du pilastre de droite, la tête de mort surmontée d'une grenouille symbolisant le péché de luxure puni après la mort ! Nous l'avons bien aperçu après plusieurs essais infructueux !! Sur le patio, donnent les salles de cours. Dans la Grande Salle tendue de tapiseries de Bruxelles (17e), où avaient lieu les cérémonies officielles, on voit un portrait de Charles IV par Goya. La salle, où frère Don Luis de Léon enseignait la théologie, a gardé son mobilier du 16e siècle : la chaire du professeur avec son abat-voix préside les bancs grossièrement équarris, un luxe à cette époque où les étudiants étaient habituellement assis par terre. Tout est magnifique ! A l'étage, une galerie a gardé son riche plafond à caissons garnis de stalactites ; bibliothèque du 18e siècle qui recèle 4 000 volumes, des incunables et des manuscrits précieux !! Plaza Major Construite par Philippe V de Bourbon entre 1729 et 1755 pour récompenser la ville de sa fidélité pendant la guerre de Succession, c'est la plus belle place monumentale d'Espagne : d'un style homogène, elle est due aux frères Churriguera. Sur le pourtour, les galeries à arcades en plein cintre sont décorées de médaillons représentant les rois, où de personnages illustres comme Cervantes, le Cid, Christophe Colomb, Cortes... C'est l'endroit le plus vivant de la cité. C'est vers elle que convergent les rues les plus importantes. Bars, terrasses de café, restaurants à profusion... La Maison aux coquilles Du 15e siècle, elle voit la sévérité de ses murs égayé par un semis de coquilles StJacques, environ 400, du plus heureux effet. En bas, les baies sont closes par de somptueuses grilles de fer forgé. Le patio, véritable joyau du gothique Isabelin, possède une double galerie à arcade ornée de lions et de blasons.

La Nouvelle Cathédrale et l'Ancienne Bâtie de 1513 à 1560, elle fut l'objet d'adjonctions jusqu'au 18e siècle. L'intérieur frappe par la richesse des voûtes, la finesse www.expatria-cum-patria.ch

des corniches, l'élancement des piliers. Par bonheur, les constructeurs respectèrent l'Ancienne cathédrale, toute proche, peu visible de l'extérieur et écrasée par sa grande voisine. Elle date du 12e siècle. Les inscriptions en rouge qui apparaissent sur la plupart des monuments de la ville, et surtout ceux de l'Université, relèvent d'une traditoin remontant au 15e siècle : les étudiants, après avoir reçu leur diplôme, participaient à une corrida et, avec le sang du taureau qu'ils avaient tué, inscrivaient sur les murs “Victor” et la date. Le nouveau Doctor payait une tournée générale, mais si l'étudiant échouait, on le jetait dans le fleuve tout habillé ! Aujourd'hui, exécutée avec de la peinture, c'est une façon élégante de remplacer enseignes et plaques. AVILA Ville de pierres, ville de saints, Avila apparaît entre le moutonnement de ses murailles extraordinaires du 12e siècle remarquablement conservées. Perchée à 1 131 m sur les hauts

plateaux de la Meseta, c'est la capitale provinciale la plus élevée d'Espagne. A cette altitude, le rude climat castillan est encore avivé : l'hiver, froid et venteux y est très long. Les Murailles On a souvent dit que Avila est l'une des villes les mieux fortifiées du monde. On pourrait aussi dire qu'elle est aussi la plus jolie ville fortifiée de tout le Moyen Age. St Jean de la Croix écrivait à ce sujet des vers magnifiques : « l'air des créneaux, lorsque j'ébouriffais ses cheveux, de sa main tranquille, blessait mon cou, et suspendait tous mes sentiments... ». Les murailles sont le maillon de pierres ar-

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De gauche à droite : L’Aqueduc romain de Ségovia. La cathédrale. L’Alcazar.

tistiques historiques entre le présent et le passé de la ville. L'enceinte crénelée, ponctuée de 90 tours rondes saillantes et rapprochées, de 9 portes et diverses poternes, dessine un trapèze d'environ 900 m sur 450 m ; elle date en majeure partie du 11e siècle et fut créée par Raymond de Bourgogne sur commande du roi Alphonse VI afin de fortifier la corniche montagneuse contre les attaques arabes. Elles furent construites en 9 ans de 1 090 à 1 099. C'est un chefd'œuvre du génie militaire de l'époque. Les murailles entourent totalement la ville et ne formèrent pas uniquement un bastion imprenable face aux attaques musulmanes mais se conservèrent en parfait état au cours des siècles et représentent actuellement un monument historique et artistique de grande valeur.

La Cathédrale Son extérieur présente l'aspect d'une forteresse. C'est la première église construite en Espagne dans le style gothique. Deux caractéristiques, celle du temple, et celle de laforteresse s'associent harmonieusement. Ainsi, la place d'armes, près de la solide tour de la partie est du temple, servait à faire bouillir de grandes marmites de liquides destinées à être jetées sur l'ennemi ! Le chevet fortifié, en saillie, dans la muraille, y forme une tour rebondie à double couronne de créneaux.L'aspect extérieur est très austère. L'intérieur est tout autre, grâce à l'élévation des nefs gothiques. On y trouve de nombreux chefs-d'œuvre : les admirables stalles en noyer, les deux chaires en fer forgé finement ouvragées, etc.

Sainte Thérèse Sainte Thérèse de Jésus (1515-1582) fut l’une des plus grandes mystiques catholiques, dont les extases firent grande im-

TOLÈDE Au sommet d'une éminence granitique, cernée par le Tage, Tolède se profile comme un décor de théâtre sur le ciel castillan, souvent d'un bleu lumineux. A l'intérieur des rem-

pression sur ses contemporains. À une époque où la Réforme faisait de grands progrès en Europe centrale et en France, où les ordres monastiques par l'accroissement de leur pouvoir temporel abandonnaient la rigueur de leurs règles, Sainte Thérèse parvint à rétablir l'observance de la très austère règle du Carmel, à susciter maintes vocations et à fonder de nouveaux couvents. Elle écrivit de nombreuses lettres à St Jean de la Croix, son directeur spirituel et des livres : le livre de ma vie, récit de son évolution spirituelle, et le livre des demeures ou château intérieur, également publié en 1588. Canonisée en 1622, elle fut reconnue, fait très rare, Docteur de l'Eglise en 1970.

parts, la ville dissimule une multitude de monuments et l'étonnant dédale de vieilles ruelles tortueuses. Tout ici évoque le passé : outre qu'une histoire brillante a martelé chaque pierre de Tolède, sa richesse artistique reflète la fusion qui, au Moyen Age, s'est opérée comme à Cordou, entre les cultures chrétiennes, juives et arabes. Tolède est renommée pour ses objets damasquinés (acier bruni incrusté de fils d'or, d'argent et de cuivre). Le site incomparable de la ville s'admire des hauteurs écrasées de soleil qu'occupent les cigarrales, grandes demeures semblables à des mas provençaux, perdus dans les oliveraies où se trouve également notre très beau

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Dossier Espagne >> parador dont la terrasse et la vue de nos jo-

lies chambres ménagent des visions inoubliables de la cité. A la tombée du jour ou de la nuit, le spectacle est toujours aussi saisissant. Hélas, une grosse grue en contrebas gâche ce paysage unique. On n'arrête pas le progrès ! La ville impériale Appréciant la valeur stratégique du site, les Romains avaient fait de Toletumune une cité fortifiée. En 1085, Tolède est reconquise par le roi Alphonse VI, qui, deux ans plus tard, la choisit comme capitale. À Alphonse VI, qui se fait couronner empereur, Tolède doit son titre de ville impériale. Sa population mêlée fait bientôt sa prospérité. Charles Quint fait réédifier l'Alcazar. L'essor de Tolède s'interrompt en 1561 lorsque Philippe II fait de Madrid sa capitale. Ce ne sera plus qu'une capitale religieuse, siège du Primat des Espagnes. Tolède et les Juifs On pense que Tolède a été la ville la plus importante de toute l'Espagne hébraïque. Au 12e siècle, elle comptait plus de 12 000 Juifs. Leurs synagogues n'ont pas de style propre, mais s'inspirent de l'art musulman. L'importance culturelle de la ville s'affirme au temps de Ferdinand III (1217-1252), monarque tolérant qui permet l'éclosion, favorisée par la fusion des races, d'un grand foyer intellectuel. De même pour Alphonse X le sage, qui aime s'entourer de savants juifs et crée une école de traducteurs. En 1492, le décret de l'expulsion des juifs d'Espagne, promulgué par les rois catholiques, porte un coup rude à Tolède. L'Art Mudejar s'y épanouit dans la décoration des synagogues ou dans l'architecture des églises.

La Cathédrale Elle fut entreprise sous le règne de Saint Ferdinand III en 1227. Elle adopte le style gothique français. Sa construction, qui se prolonge jusqu'à la fin du 15e siècle, laisse ainsi apparaître tous les stades du gothique espagnol. La richesse de la décoration sculptée www.expatria-cum-patria.ch

et l'accumulation d'œuvres d'art en font un musée religieux de premier ordre. À noter l’immense retable sculpté polychrome, de style flamboyant, les magnifiques stalles du chœur, le célèbre Transparent, œuvre baroque de Narciso Tomé. Il compose une étrange tache baroque dans ce temple gothique considéré comme très discutable. Malgré la clarté apportée, je n’ai personnellement pas du tout aimé. La Sacristie abrite le celèbre Titien : “Le pape Paul III” et l'un des chefs-d'œuvre du Greco, “El Expolio”... El Greco C'est la gloire de Tolède. Né en Crète en 1541, le Grec Dominikos Théotokopoulos, dit le Greco, est l'un des très grands de la pein-

ture espagnole. Après avoir travaillé en Italie auprès duTitien, il arrive en 1577 à Tolède où il réside jusqu'à sa mort (1614). Il ne plaît pas au roi Philippe II, mais la ville qui l'adopte lui assure la fortune. Chez ce peintre formé aux techniques italiennes, prédomine plutôt une sorte de hiératisme byzantin qui se traduit par un allongement des silhouettes s'accentuant avec l'âge. On est étonné par l'éminente personnalité de son art visionnaire : les déformations, la crudité et la froideur des teintes, la violence des touches contribuent à créer une impression d'hallucination. L'obsession du surnaturel est présente dans toute son œuvre. Généralement, la composition de la toile est

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À gauche : le Pape Paul III par Titien Cathédrale de Tolède. A droite : Détail de la Sagrado Familia du Greco.


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Dossier Espagne étagée par deux plans : ciel et terre, car le Greco ne veut considérer la vie terrestre que comme une étape vers l'éternité. La plupart de ses modèles rayonnent d'une intense vie spirituelle. Dans le musée, on remarque particulièrement les tableaux représentant les Apôtres entourant le Christ bénissant. Le musée de Santa-Cruz possède également 18 toiles du Greco, donnant une idée véritable de l'œuvre du peintre. L'Eglise Saint Tomé abrite le plus célèbre tableau du Greco : “Les Funérailles du Comte d'Orgaz” qui fut exécuté vers 1586 pour cette église et n'en est jamais sorti. Vue générale de l’Alcazar.

Santa Maria la Blanca C'était à la fin du 12e siècle, le principal tem-

ple juif de Tolède. En 1405, elle fut offerte aux Chevaliers de Catrava transformée en église et reçut son nom actuel ! L'intérieur a gardé l'aspect d'une mosquée almohade. Cinq nefs de niveaux étagés se succèdent, séparées par des arcs en fer à cheval que soutiennent 24 piliers octogonaux. L'enduit blanc met en valeur les chapiteaux, combinant entrelacs et pommes de pins et la remarquable décoration de la partie supérieure. L'Alcazar Maintes fois détruit, l'Alcazar dresse sa

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masse énorme et orgueilleuse sur l'un des sommets de la cité. De l'ancienne forteresse du 13e siècle, dont le Cid avait été le premier gouverneur, Charles Quint décida de faire sa résidence. Le siège de 1936 n'en laissa que des ruines. Du 21 juillet au 28 septembre, les cadets de l'infanterie, sous le commandement du Colonel Moscardo, résistèrent aux assauts incessants des Républicains, maîtres de la ville. Leurs familles, environ 600 femmes et enfants, étaient réfugiées au sous-sol que l'on visite, ainsi que le bureau du Colonel Moscardo, qui, sommé par téléphone de rendre l'Alcazar sous peine de voir son fils fusillé, refusa héroïquement : l'exécution eut lieu un mois plus tard, le 23 août !

En route vers l'aéroport, nous terminerons ce magnifique voyage par une brève visite à : Aranjuez Très beau palais qui subit deux incendies, Aranjuez apparaît comme une oasis avec ses frondaisons, ses grandes avenues ombragées que les écrivains ont célébré, que les musiciens ont chanté (concerto d'Aranjuez de Rodrigo), et où les peintres, tel Rusinol, ont planté leur chevalet. C'est l'une des promenades préférées des Madrilènes, le dimanche. L’ombre de don Diego de Chimène plane encore…


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Le billet de Dany

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Nousnepouvonspasnouspermettre deperdreunevoixdecettequalité

EN 1986, ALORS QU’IL VENAIT DE TERMINER UNE TOURNÉE MONDIALE TRIOMPHALE, ÉBLOUISSANTE, SOUCIEUX DE NE PAS RÉCUPÉRER SA VITALITÉ NATURELLE COMME À L’HABITUDE, IL S’EN ALLA CONSULTER SES MÉDECINS.

Dany Vinet www.expatria-cum-patria.ch

eur diagnostic fut sans appel, comme un couperet : leucémie aigüe, dite Leucémie Lymphoïde. Chances de survie ? Une sur dix ! Foudroyé debout, au sommet de sa gloire ; son combat contre le cancer, contre la mort, ne fait que commencer. Très rapidement, d’un commun accord, ses médecins passèrent le relai à une équipe de spécialistes de Seattle sur la côte ouest des Etats-Unis. Chaque mois, ce sont des allers et retours incessants entre le nouveau continent et la ville de Barcelone. Anéanti, fatigué, plus que l’ombre de luimême, il n’est plus question de travailler dans ces conditions. Comme un malheur n’arrive jamais seul, les nombreux séjours hospitaliers et les traitements de pointe commencèrent par altérer

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singulièrement sa situation financière. C’est à ce moment-là qu’il découvrit une fondation qui vient en aide financièrement aux malades qui souffrent de leucémie. Pendant plus d’une année, la Fondation HERMOSA va permettre à Jose Carreras de se soigner et de refaire surface miraculeusement. Revenu à la vie, son premier souci fut de créer l’année suivante “La José Carréras International Leukaemia Foundation” ; organisation caritative de soutien à la recherche sur la leucémie. Chaque année, c’est près de 60 concerts qui sont donnés dans le monde entier au profit de sa fondation et ses galas de bienfaisance lui ont permis de recueillir à ce jour plus de 70 millions d’euros. Sa fondation comporte trois filiales : aux USA, en Allemagne et en Suisse. Joep Carréras i Coll vit le jour à Barcelone le 5 décembre 1946. Fasciné par Enrico Caruso, c’est à l’âge de 8 ans qu’il interpréta sur les ondes de la radio espagnole “La Donna è mobile”. Sorti du Conservatorio Superior de Musica del Licéo, son remier rôle au Liceu en tant que ténor fut Flavio dans Norma aux côtés de “La Caballé”. Sensible aux talents du jeune ténor, Montserrat Caballe lui fit obtenir le rôle dans Lucrezia Borgia de Gaetano Donizetti. De nouveau près de Montserrat Caballe en 1971 dans ses débuts londoniens avec “Maria Stuarda” et dans plus d’une quinzaine de productions ; sa carrière internationale est lancée. 1972 lui vit faire ses débuts sur le sol américain avec le rôle de Pinkerton dans “Madame Butterfly”. Puis c’est au tour de Vienne de l’accueillir pour la 1ère fois en 1974 dans le rôle du Duc de Mantoue... Comme cela arrive parfois, même dans le monde lyrique, la politique l’emporte sur la raison. Une inimitié terrible s’était instaurée au fil du temps entre Jose Carreras de Barcelone, le Catalan, et Placido Domingo de Madrid, le Madrilène. Un inimitié et c’est peu dire tant


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Le billet de Dany leurs contrats respectifs stipulaient que si l’un d’eux devait être l’interprète d’une œuvre, l’autre n’y serait pas. De tout temps, Barcelone la Catalane a été sensible aux sirènes de l’autonomie, voire même de l’indépendance... Madrid fut et reste Espagnole ! La rupture entre les deux hommes est consommée. Définitive ! En 1989, de nouveau sur les scènes lyriques internationales, Jose Carreras, s’assurant de la bonne marche de sa fondation et voyant sa fortune personnelle se reconstituer, se mit en quête de rejoindre les rangs de la Fondation Hermosa. Celle-là même à qui il doit une intervention encore exceptionnelle à l’époque : une greffe de moelle osseuse réalisée par le docteur Dannal Thomas, devenu, quelques années plus tard, Prix Nobel de Médecine. Quelle ne fut pas sa surprise de découvrir que le fondateur et le principal contributeur de la fondation Hermosa n’était autre que... Placido Domingo. Stupéfaction encore, lorsqu’il apprit que Placido Domingo avait créé cette fondation, sur-

En 1990, des centaines de millions de téléspectateurs du monde entier purent voir et entendre les “Trois Ténors” donner un concert pour l’ouverture de la Coupe du Monde de Football à Rome. Ce concert, initialement prévu pour recueillir des fonds pour la fondation Carreras, fut aussi l’occasion de retrouvailles solennelles

tout pour venir en aide à Jose Carreras et choisi de rester anonyme de peur que entre le ténor et ce dernier ne refuse l’aide de ses deux comL’amitié fut plus forte que la maladie. Placido Domingo son "ennemi". pères, Luciano et Luciano Pavarotti joignirent leur voix à celle de Par une belle soirée d’été Pavarotti et PlaCarreras pour la vaincre et former les Trois Ténors. madrilène, Placido interprécido Domingo. tait les fameux Zarzuela À un journaliste dans un concert en plein air. Du fond de la foule, celle-ci se retirait qui interrogeait Placido Domingo sur les vépour laisser passer un homme. Une clameur grandissante le suivit. ritables motivations de la fondation HerJose fendait la foule, s’avançait en silence jusque sur scène, rejoimosa, il lui répondit avec un large sourire qui gnant Placido. en disait long : « Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre une voix de cette quaHumblement, terrassé par l’émotion, il s’agenouilla à ses pieds et, lité. » publiquement, l’implora de son pardon. Une chose est sûre, la grande mission de Dignement, Placido l’aida à se relever et le serra dans ses bras. ces deux grands ténors devant l’éternel est Une grande accolade s’en suivit, scellant une profonde amitié de rendre les gens heureux. jusqu’à la mort.

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Le tour du monde des marathons

Barcelone Aucœurdu

modernismedeGaudi APRÈS ATHÈNES (France Magazine n° 27/2009) ET ROME (France Magazine n° 28/2010), NOUS AVONS JETÉ NOTRE DÉVOLU SUR LE MARATHON DE BARCELONE QUI A EU LIEU EN MARS DERNIER. UNE OCCASION UNIQUE DE DÉCOUVRIR, SOUS UN AUTRE ANGLE, CETTE VILLE SI RICHE EN CHEFS-D'ŒUVRE ARCHITECTURAUX. ET POUR CAUSE PUISQUE L'ARCHITECTE GAUDI, ET SON MOUVEMENT MODERNISTE, Y ONT ÉDIFIÉ DE NOMBREUX ÉDIFICES TOUT EMPREINTS DE LEUR ART AUX FORMES ET COULEURS SI FLAMBOYANTES DONT ON NE RETROUVE SON PAREIL NULLE PART AILLEURS. CELA VA DE L'IMPOSANTE, ET INQUIÉTANTE, CATHÉDRALE SAGRADA FAMILIA À L'ANCIEN HÔPITAL DE SANT PAU RÉPARTI SUR 16 PAVILLONS, LESQUELS CONSTITUENT AUTANT D'ŒUVRES D'ART, EN PASSANT PAR LES "TROIS GRÂCES MODERNISTES" QUI RIVALISENT D'ORIGINALITÉ SUR LE CÉLÈBRE PASSEIG DE GRÀCIA.

La Place d’Espagne.

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Le tour du monde des marathons tarabiscotées des façades, toits, balcons et des fenêtres, où le recours aux courbes transcendent les édifices, le disputent aux mosaïques polychromes faites de briques, céramiques et verres multicolores. A elles seules, ces merveilles de l'architecture, proches parentes de l'Art Nouveau en France et du Modern Style en Grande-Bretagne, méritent et justifient le déplacement à Barcelone. Cette architecture sait tour à tour frapper l'œil et interpeller l'imagination. Elle puise son inspiration en en faisant une synthèse, dans les styles gothiques, baroques, renaissance et mauresque, en les poussant à leurs extrêmes en guise de provocation. En tout état, le tracé du marathon a le bon goût de passer à proximité de ces nombreux chefs-d'œuvres architecturaux si caractéristiques de Barcelone. Du km 0 au km 10 : la place d'Espagne et le parc Miro Le marathon commence (et se termine 42 km plus La célèbre cathédrale tard !) à la place d'Espagne dominée par le Montjuïc “de la Sagrada Familia”. et son imposant Musée National d'Art de la Catalogne construit pour l'Exposition universelle de Le Parc Miro et la fameuse 1929. Après une boucle “Femme à l’oiseau”. d'une dizaine de kilomètres, qui permet de jeter un coup d'œil sur le stade, parmi les plus grands d'Europe, du célèbre club de football le "Barça", le marathon rejoint la place d'Espagne, et son public chaleureux, en longeant le parc Joan Miro qui comprend la gigantesque statue "Femme à l'oiseau" de l'artiste. L'invitation à visiter l'incontournable Fondation Joan Miro, magnifiquement implantée au sommet du Montjuïc et qui regroupe la plus impore marathon de Barcelone permet de traverser tante collection des œuvres de l'artiste, ne se refuse une ville pleine de contrastes entre, d'une part, pas (mais ce sera pour plus tard !). son centre historique où se mêlent immeubles baroques et gothiques, aux ruelles désordonnées et 3 kilomètres de modernisme exubérant sinueuses et, d'autre part, les quartiers qui l'entouLe marathon rejoint ensuite le centre moderniste de rent, dont les immeubles, de facture classique fin Barcelone où se succèdent les chefs-d'œuvre les XIXe - début XXe siècle, ont été édifiés comme sur un plus représentatifs de l'architecture de Gaudi et de damier en carrés imperturbablement réguliers trases principaux disciples, Montaner et Cadafalch. versés de larges avenues rectilignes. Contrastes enC'est d'abord, au Passeig de Gràcia, la Casa Batilo suite, et surtout, avec des bâtiments, disséminés aux puis la Casa Milà. Ces deux bâtiments sont tout en quatre coins de Barcelone, qui reflètent les délires contrastes. La Casa Batilo (du nom de son riche proarchitecturaux de l'école moderniste (avec comme priétaire et… mécène) est lumineuse, grâce aux efchef de file l'architecte Gaudi) où les formes les plus fets de ses carrelages bleus, verts et mauves, et

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Le tour du monde des marathons Différents aspects de “la Rambla”.

>> légère, grâce à sa façade ondulante. La Casa

Milà (encore un riche mécène !) est, quant à elle, uniformément grise et l'aspect ondulatoire de sa façade est renforcé par ses balcons en fer forgé. Par ailleurs, la Casa Batilo s'intègre dans le cadre d'un ensemble de trois demeures, surnommé "la pomme de la discorde" en raison de leur diversité architecturale que l'on doit aux trois architectes principaux (et rivaux ?) du modernisme, à savoir Gaudi, Montaner et Cadafalch. Plus loin c'est l'ancien hôpital de Sant Pau, au demeurant inscrit au patrimoine mondial de l'humanité de l'Unesco, qui ne manque pas d'impressiouner. Il s'agit d'un véritable centre hospitalier réparti en 16 pavillons différents mais tous de facture résolument moderniste que l'on doit à l'architecte, et philanthrope, Montaner. C'est enfin la fameuse "cathédrale" de la Sagrada Familia qui est l'oeuvre majeure de Gaudi et le point d'orgue de l'architecture moderniste. En travaux depuis maintenant 125 ans, son aspect vraisemblablement éternellement inachevé participe à son mythe. Visible de toutes parts, la Sagrada Familia impose à Barcelone ses multiples flèches tourmentées dont la plus haute ascende à 170 mètres. La façade de la Nativité impressionne par le foisonnement de ses sculptures où s'enchevêtrent scènes bibliques, espèces végétales et visages humains. Attention : si vous visitez Barcelone avec vos jeunes enfants, ceux-ci auront tendance à comparer la Sagrada Farnilia à l'Arche de

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La Tour Agbar illuminée.

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Le tour du monde des marathons Noé, les plus beaux édifices modernistes à Disneyland et les maisons Gaudi du Parc Güell à un village Schtroumpf. N'en soyez pas dépités : seule leur sculpture mériterait d’être légèrement réorientée !

L’Arc de Triomphe.

Km 22 : La Tour Agbar Tournant résolument le dos à la Sagrada Familia, le marathon se dirige vers un autre temple de l'architecture, cette fois résolument futuriste, la Tour Agbar que l'on doit à l'architecte Jean Nouvel. Sa forme de concombre se distingue également de loin. Achevée en 2005, la Tour Agbar, qui scintille de jour comme de nuit de milliers de reflets rouges et bleus, est d'une audace architecturale qui témoigne que Barcelone est résolument tournée vers le XXle siècle et non pas seulement vers son passé. Autres témoins de l'architecture du XXle siècle, le Centre des Conférences Internationales de Barcelone et le Fomm dû aux architectes suisses (ça fait du bien de le souligner !) Herzog et de Meuron. Ensuite, le marathon longe sur plusieurs kilomètres les plages de Barcelone au bord desquelles a été construit le Village des Jeux Olympiques de 1992 ainsi que, presque naturellement, le magnifique port olympique. Km 35 : L'Arc de Triomphe Après un passage dans le XXIe siècle, le marathon replonge dans la période gothique en traversant d'abord le parc de la Citadelle (forteresse construite par le roi Philippe V, non pour protéger Barcelone mais pour la... surveiller et, le cas échéant, la bombarder ; elle a été détruite pour faire place en 1888 à l'Exposition universelle de Barcelone). Avant de pénétrer dans le centre historique de Barcelone, les marathoniens passent sous le monumental Arc de Triomphe (de quel triomphe s'agit-il ? À part celui d'avoir déjà parcouru 35 km, personne ne le sait). Ce monument présente la caractéristique d'être, vous l'aurez deviné, d'obédience moderniste avec un zeste, mais pas plus !, de style mauresque. A cet endroit, Arc de Triomphe oblige, les marathoniens (quel que soit leur rang) défilent entre deux haies d'honneur de spectateurs qui ne ménagent pas leurs ovations (et l'ambiance restera la même pendant les sept derniers kilomètres !). Au passage, mais il mérite beaucoup plus, signalons que c'est à quelques rues de là que se situe le musée Barbier-Mueller d'Art

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Le tour du monde des marathons >>

ramiques polychromes. Bâtiment résolument délirant entre démesure baroque et surréalisme outrancier: le tout est du plus bel effet.

Bienvenue à Barcelone.

Km 38 : La Rambla On quitte naturellement le centre médiéval de Barcelone pour la célèbre Rambla, vaste boulevard piétonnier bordé d'arbres le long duquel se succèdent palais baroques, riches demeures, marchés animés, théâtres et églises. Ce boulevard (que l'on compare aux Champs-Elysées, la circulation en moins), est le plus animé, de jour comme de nuit, de Barcelone. Donc incontournable. Après leur en avoir mis plein les yeux, et les jambes, le parcours conduit les marathoniens en droite ligne (et Barcelone n'en manque pas) à la place d'Espagne où se situe l'arrivée et son public nombreux, chaleureux et... tonitruant.

précolombien que l'on doit au collectionneur genevois (ça fait aussi du bien de le signaler) Jean-Paul Barbier. Quelques enjambées plus loin, on peut apercevoir le fameux Palais de la musique catalane qui, outre d'être la plus importante salle de concert de Barcelone, est l'un des chefs-d'œuvre du modernisme (également classé au patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco). Son architecte, Montaner, y a érigé une monumentale verrière comportant d'innombrables vitraux. Le reste est un véritable feu d'artifice de verres et mosaïques multicolores, ainsi que de cé-

Km 42,195 La boucle est bouclée ; avec un impératif : celui de revisiter le tout en véritable touriste avec ses baskets mais sans chrono ni efforts immodérés !

patrick.blaser@borel-barbey.ch

Déjà parus

Patrick Blaser AVOCAT, ETUDE BOREL & BARBEY, GENÈVE www.expatria-cum-patria.ch

• Rome : au cœur de l’antiquité romaine (France Magazine No 28/2010) • Athènes : retour aux sources en 490 avant Jésus Christ (France Magazine n° 27/2009) • Pékin : de la cité interdite à la cité olympique (France Magazine n° 26/2009) • Les trois Suisses, Zermatt, Davos et Jungfrau (France Magazine n° 25/2009) • Marrakech, entre orangers et palmiers, le charme mauresque (France Magazine n° 24/2009) • Berlin, la Mecque européenne de l’architecture d’avant-garde (France Magazine n° 23/2008) • Boston, les charmes d’un marathon déjà centenaire (France Magazine n° 22/2008) • Chicago, le marathon de tous les contrastes (France Magazine n° 21/2008) • New York, un marathon mythique à ne pas manquer (France Magazine n° 20/2008)

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Je suis comme la peau du rhinocéros : dur à l’extérieur, sensible et tendre à l’intérieur.

CONFIDENCES EN SMOKING AU FOUR SEASONS HÔTEL GEORGE V

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Rencontre

FASCINÉ DEPUIS SON ENFANCE PAR LES MEMBRES DU GOTHA, STÉPHANE BERN N’EST PAS PRET DE TIRER SA RÉVÉRENCE. MÊME S’IL CARESSE LE RÊVE DE BÂTIR SON ROYAUME SUR SON ÎLE, EN GRÈCE, POUR SE LIVRER AU SEUL PLAISIR DE L’ÉCRITURE. SOURIANT, AFFABLE, MALICIEUX, ROMANTIQUE, DANS LA SUITE 627 DU GEORGE V, L’UN DES PLUS FABULEUX PALACES DU MONDE, IL LAISSE DEVINER DANS LE BLEU DE SES YEUX UNE NOSTALGIE POUR UN AILLEURS DIFFÉRENT. MEILLEUR ! ET LÈVE, SANS RETENUE, SA FLÛTE DE CHAMPAGNE MILLÉSIME POUR OFFRIR LE BONHEUR EN PARTAGE. À TOUTES ET TOUS. GÉNÉREUX !

StéphaneBern A

RISTOCRATIQUEMENT VÔTRE

omme tout un chacun, Stéphane Bern est bourré de contradictions. Il aime la compagnie des hommes célèbres, des têtes couronnées, des écrivains. Il adore les dîners de gala, les grands crus, la vie de château, mais sans se bercer d’illusions sur la réalité de ses liens et ses entractes enchantés. Lucide, très lucide. La tête dans les nuages mais les deux pieds sur terre. Prêt à relever un nouveau pari, l’animation sur France 2, l’après-midi, du lundi au vendredi de « Comment ça va bien ? », émission destinée avant tout aux femmes. Une quotidienne que lui avait prédit Yaguel Didier, la célèbre voyante, sa voisine, en Grèce.

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> Fou du Roi, mais aussi fou de travail. Écrivain, animateur, journaliste? Maître de cérémonie ? Vous avez plusieurs couronnes. Laquelle préférez-vous percher sur votre chevelure bouclée ? Celle de bosseur avant tout. Je n’ai pas honte de l’affirmer, alors que, manifestement, ce serait presque considéré comme un défaut de trimer. J’adore mon travail, j’adore varier les plaisirs. La polyvalence permet de révéler les multiples facettes de sa personnalité et de ne jamais s’ennuyer. Quand une de mes activités me lasse, je me régénére avec une autre. C’est une chance formidable.

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Rencontre >>

> Depuis 10 ans, sur France Inter, vous animez Le Fou du Roi, avec une équipe, des chroniqueurs, des invités aussi, qui vous mettent en boîte? Vous ne prenez jamais la mouche, avezvous vraiment bon caractère ? L’émission a fêté effectivement ses 10 ans en février avec toujours le même succès d’audience. Mon rôle est d’entretenir à l’antenne et, dans le studio, la bonne humeur, la gaieté de recevoir mes invités comme à la maison, de ne pas élever le ton, de ne pas me fâcher, même s’ils tiennent des propos désagréables, ce qui est rare. Je fais mienne la phrase de Cocteau : « Ce que les autres te reprochent, cultive-le, c’est toi. » > Vrai gentil ou gentil de circonstance ? Je suis gentil naturellement. Mon père me disait toujours que j’avais bon cœur. Je ne me force pas mais comme tous les scorpions, mon signe astrologique, si on me blesse, je sais ce qui touche et répond cruellement. Etre gentil facilite la vie. > Valet, courtisan, courtisé ou observateur ? Avant tout observateur. Mais nous, journawww.expatria-cum-patria.ch

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Si je pouvais changer le monde, je remplacerais les hommes de pouvoir par des femmes, il y aurait moins de conflits, moins de guerres, davantage de justice.

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liste, médias, nous sommes aussi des valets de gloire, dont le rôle consiste à servir la notoriété, l’ego des “people”. Je suis aussi un collecteur d’histoires, de celles des autres, de leurs bonheurs, de leurs malheurs. Comme une éponge, j’absorbe tout ce qu’on me confie. C’est parfois très lourd. > N’empêche, cette fascination pour le Gotha, les aristocrates est une constante chez vous ? Ils ne me fascinent pas. Ils me touchent, m’attendrissent. J’apprécie leur éducation, leur gentillesse, leurs engagements, leur retenue car même attaqués, ils ne se défendent pas. Ce sont des symboles vivants, des références utiles dans notre monde qui en possède de moins en moins. Je suis d’origine luxembourgeoise. Je passais toutes mes vacances chez ma grand-mère au Luxembourg et vais encore la voir fréquemment. La famille grand-ducale, il n’y a rien de supérieur sur terre pour les Luxembourgeois, alors vous imaginez mon émotion lorsque pour la première fois, je lui ai été présentée. > Stéphane Bern, une star ? Pas du tout. Je ne suis ni plus ni moins


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Rencontre classique. Actuellement, je suis plongé dans les écrits de l’auteur hongrois Sandor Marai, un antifasciste à la plume remarquable : "Divorce à Buda", "Les Confessions", "Métamorphose d’un mariage”… Tout me bouleverse. Et où que je sois, dans mon salon, ma voiture, en train, partout, la musique m’accompagne, avec un faible pour l’Opéra, la musique grecque et les variétés françaises. Je me régale avec les beaux textes, ceux de Brel, d’Aznavour, de Léo Ferré, Véronique Sanson, de Benjamin Biolay, Benabar, Camille. Je suis sensible à la musique des mots. > Récemment, vous avez confié avoir vécu plusieurs mois au Westin, grand hôtel parisien. La vie de palace pour vous ? Je ne vais pas jouer les hypocrites, c’était trés agréable. Le Westin est un hôtel international avec un personnel français qui me

qu’un médiateur entre le grand public et les stars. Ces journalistes plus stars que les stars, c’est une imposture. Je ne suis pas dupe du système. Tout peut s’arrêter du jour au lendemain, je garde les pieds sur terre et n’ai changé en rien mon comportement. Je jouis d’un capital sympathie extraordinaire. Les gens m’abordent toujours avec affection. Ils sont chaleureux parce qu’ils savent que j’ai beaucoup d’empathie et que je suis abordable. Le public, mais aussi certains de mes proches me répètent « c’est fou le succès que vous avez ». Moi je ne me trouve pas “successful”. Chaque matin je me lève pour aller travailler, parfois c’est dur, parfois je n’ai pas envie. Je suis comme tout un chacun avec des hauts et des bas. Lorsque vous jouissez d’une notoriété, les autres projettent leurs rêves sur vous sans imaginer votre quotidien, la réalité. Je suis l’opposé d’une star ! > Et quand le micro se ferme, que les sunlights s’éteignent ? J’écris. C’est essentiel à mon égotisme, à mon équilibre. C’est douloureux parfois mais c’est indispensable. Je lis aussi tous les soirs, que je sorte ou reste chez moi. J’apprécie autant les biographies que les romans contemporains et la littérature

Écrivain prolifique

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n l’espace de quelques mois, Stéphane Bern vient de publier trois ouvrages très différents. Très sollicité, il multiplie les signatures chez les libraires dans la France entière. • Oubliez-moi, roman Le décor est planté dès la couverture : la Grèce dans toute sa luminosité. La Grèce des passions, des Dieux et des secrets. Comme ceux que s’applique à taire « la dame de Tsoukalia », Française exilée en pays hellénique sans que l’on sache pourquoi. Un roman sur la célébrité, ses aléas et ses tourments. Un roman pétillant, déconcertant, étonnant comme son auteur. Ed Flammarion. • Une vie de chien, Les compagnons des grands de ce monde, «Album de famille illustré » Un sous-titre suffisamment explicite, pour que celles et ceux aimant ces animaux de compagnie et celles et ceux curieux des femmes et hommes de pouvoir réservent un réel succès à cet ouvrage, en cours de réimpression quelquesjours seulement après sa sortie. Ed. Albin Michel. • Au cœur de l’Ecosse, un art de vivre dans les Highlands, Beau Livre Guidé par Lady Cowdor, propriétaire du magnifique château éponyme, le lecteur au rythme des mots et des magnifiques photos signées Guillaumede Laubier, s’imprègne de la qualité de vie dans ces terres sauvages. Avec, en prime, un vrai carnet d’adresses pour un séjour épicurien. Ed. Flammarion.

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Rencontre >> connaissait bien, m’appréciait et me bi-

chonnait. Mais dans le lobby, au bar, au restaurant, je ne côtoyais que des étrangers qui ignoraient qui j’étais, ce qui préservait mon intimité. Et puis ne se soucier de rien, d’aucune contingence, quel luxe, quel bonheur ! C’était une parenthèse enchantée. J’ai retrouvé, ensuite, mon appartement, mes meubles, mon intérieur avec joie. > En dehors de cet épisode très particulier, vous allez souvent à l’hôtel ? Quand je voyage pour mon plaisir ou mon travail, oui. Mais je suis un incorrigible romantique, un nostalgique qui retourne toujours aux mêmes adresses, là où je suis sûr d’être bien, de bénéficier d’un service impeccable. > L’endroit au monde que vous préférez ? Sans aucune hésitation, la Grèce où je possède une maison. Je l’habite pendant deux mois et elle m’habite le reste de l’année. Mon souhait : que l’équation s’inverse, y passer la majorité de mon temps, à écrire. C’est un projet de vie, cela viendra. Pour le moment j’apprécie aussi de vivre à Paris, de bouger, de ne pas avoir un fil à la patte. > Diriez-vous que vous êtes un hédoniste ?

Non, ce n’est pas un trait de ma personnalité. > Épicurien ?

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Pour les fêtes, Jeff Leatham, le célèbre fleuriste du Four Seasons George V a créé, dans le lobby et le jardin, un décor éphémère or et rouge. Royal ! Sur un écran sont, en plus, projetés des Walt Disney pour les enfants.

Oui, davantage. J’apprécie les belles et bonnes choses. J’aime les bons restaurants, l’Apicius, Le Divellec, Le Plaza, Chez Pétrus, La Maison du Caviar, Mavrommatis, un excellent grec, rue Daubenton, Maison Blanche Paris, en attendant de découvrir son frère jumeau ouvert à Fès en mai dernier. > Le souvenir d’un dîner mémorable ? J’avoue que j’ai un faible pour les dîners de gala. Du temps de François Mitterrand, j’étais souvent invité à l’Elysée, un réel plaisir ; l’actuel président, en revanche, ne m’a jamais convié. J’aime aussi les dîners d’Etat à Versailles. Tout est fantastique, les www.expatria-cum-patria.ch

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Sèvres, la verrerie en Baccarat, en SaintLouis, l’argenterie, les fleurs, les grands vins, la gastronomie française, classée, ne l’oublions pas, au patrimoine mondial de l’humanité. Je me souviens ainsi d’un dîner fabuleux présidé par Madame Giscard d’Estaing. J’étais placé auprès de Souha Arafat, l’épouse de Yacer Arafat, Leila Chahid, déléguée de la Palestine en France, face à Rania AI-Abdullah, reine de Jordanie. Notre conversation roulait bon train. Tout le monde pensait que nous parlions politique, et dissertions sur la situation en Palestine. En réalité, je venais de suivre un régime protéiné qui intéressait ces dames et nous échangions sur ses mérites et ses aléas. Ces situations insolites me réjouissent. > Qu’est-ce qui vous comble ? Pas grand-chose car je suis un éternel insatisfait. La joie, le bonheur, sont fugitifs. Je ne sais pas me contenter de l’instant et suis comme la peau du rhinocéros, dur à l’extérieur, sensible à l’intérieur. N’empêche que grâce à mon émission sur France Inter, je ris au moins un quart d’heure chaque matin. Parfois, je débarque sombre, morose, il suffit d’une parole d’un de mes invités pour que je rayonne à nouveau. Quand j’ai la chance de recevoir un écrivain comme Paul Auster ou de rencontrer le gourou du Prince Charles d’Angleterre, parrain de son fils William, Laurens Van Der Post, l’auteur du « Monde perdu du Kalahari », alors je suis comblé. Laurens


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Rencontre Grands crus pour nobles invités

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pécialiste reconnu du Gotha et des têtes couronnées, imaginons que vous receviez les personnalités suivantes, quels vins ou quels alcools leur proposeriez-vous ? • La Reine d’Angleterre Du champagne Bollinger, son préféré. • Le Prince Charles Laurent Perrier Grand Siècle, il est fan de cet excellent champagne. • La Princesse Diane Un Coca Light, elle était trop soucieuse de sa ligne pour succomber aux charmes caloriques de l’alcool. • Le Prince Albert de Monaco Un rosé Côtes de Provence de derrière les fagots. • La Princesse Stéphanie Sous ses apparences, c’est une sage, qui sort peu et boit peu, un cocktail Margarita, peut-être. • Le Roi Louis XIV Un Sylvaner pour sa propension à passer les frontières à l’Est. • Clotilde Courau, Princesse de Savoie Du Chianti, sans hésiter. • Philomena de Tornos, duchesse de Vendôme Un champagne Billecart Salmon rosé, pour fêter la récente naissance de son fils, Gaston. • Carla Bruni-Sarkozi Une vodka, accompagnée d’un poème qu’elle pourrait mettre en musique puis interpréter de sa voix chuchotée. • Michele Obama Les services de sécurité auront goûté tant et tant le vin qu’il n’en restera goutte. Qui plus est, je pense qu’elle ne boit que de l’eau, alors une Chateldon, l’eau des rois dont Louis XIV vantait les mérites. • Lady Cawdor, châtelaine des Highlands chez qui vous avez séjourné pour écrire “Au cœur de l’Écosse” ? Difficile car c’est une épicurienne qui possède la plus belle collection de grands Bordeaux que je connaisse et notamment de Pétrus des années soixante. Je n’ai pas les moyens de rivaliser et lui offrirais donc un vin du nouveau monde. Un Cheval des Andes, par exemple, le petit frère argentin de Cheval Blanc. • Au Fou du Roi Champagne Ruinart, Dom Pérignon ou Laurent Perrier Grand Siècle. Je suis d’ailleurs membre du comité du Prix Laurent Perrier Grand Siècle qui honore des hommes et des femmes exemplaires dans leur domaine.

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Van Der Post, sans le savoir, en me confiant « N’oubliez jamais que l’autre est vousmême » a annihilé bien de mes peurs. Car qu’est-ce qui effraie chez l’autre ? C’est la différence, la crainte de l’incompréhension. Dès lors que l’on mesure qu’il est semblable à soi, on avance. > Si vous aviez le pouvoir de changer le monde, que feriez-vous ? Je remplacerais les hommes de pouvoir par des femmes. Il y aurait moins de conflits, moins de guerres, davantage de justice. Les femmes donnent la vie, elles la protègent, elles ne prendraient pas les armes au moindre prétexte. Et puis je freinerais le réchauffement puisque c’est lui qui menace notre planète de moins en moins bleue. > La devise de Stéphane Bern ? « Souris à la vie, elle te sourira. » > La personne que vous aimeriez rencontrer ? Le Dalaï Lama. > Votre rêve absolu ? Ecrire, écrire, écrire. C’est ce que je ferai dans quelques années, dans ma maison en Grèce.


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Tricentenaire de la naissance de Jean-Jacques Rousseau

“Portraits et postures rousseauistes”*

* “Portraits et postures rousseauistes” de Rémi Hildebrand www.expatria-cum-patria.ch

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Tricentenaire de la naissance de Jean-Jacques Rousseau

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BULLETIN DE COMMANDE DE L’OUVRAGE DE RÉMY HILDEBRAND Nom : ……………………………………………… Adresse……………………………………………………………………………… Prix de l’ouvrage aux lecteurs de France Magazine des Français établis hors de France : 15.- Euros (Prix en librairie : 20.- Euros)

Veuillez me faire parvenir …… exemplaire(s). Signature :

Date : ………… / ………… / …………

Rémy Hildebrand Prière de retourner cette commande Aux Editions Transversales 9, rue Henry-Spiess -CH 1208 Genève - Courrier: rhildebrand@cejjr.ch

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Littérature

Métronome L’histoire duPARmétro parisien LORÁNT DEUTSCH POUR LE MONDE ENTIER, PARIS EST CETTE CAPITALE BRILLANTE DE LA CULTURE ET DES PLAISIRS, D'UN CERTAIN ART DE VIVRE QUI FASCINE TOUT UN CHACUN AVEC SES AMBIANCES DE GRANDS BOULEVARDS, SES ÉTALAGES DE POISSONS ET SES METS CANAILLES QUE SERVENT ALLÈGREMENT LES BRASSERIES ET LES ÉCAILLERS.

e lieu magique immortalisé par Balzac où les ambitieux et les rêveurs aspirent tout ensemble à la gloire littéraire ou politique, rêvent de succès amoureux ou de réussite économique, s'enivrant par avance de soirées éblouissantes et de lumières étincelantes autant que de ces spectacles brillants auxquels n’assistent que les véritables privilégiés. Paris, qui fait dire à tous les Rastignac de la terre, du haut de leur montagne Sainte-Geneviève réelle ou fantasmée, le fameux “A nous deux” balzacien ou, parfois plus prosaïquement, face à une carte de l'Hexagone, religieusement déployée dans leur chambre de province, s'écrier comme un défi à leur milieu, à leurs parents ou à leurs amis le non moins fameux cri du cœur “demain je monte à Paris” si

dominique.ortiz@bcv.ch

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Dominique Ortiz

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riche de promesses. Toutes ces sensations réelles ou imaginaires, Loránt Deutsch semble les avoir ressenties à son tour pour nous livrer aujourd'hui, comme d'autres avant lui, un livre sur la capitale qui mérite, par son originalité, son style et sa réelle érudition, de retenir toute notre attention. Comédien et passionné d’histoire Loránt Deutsch n'est en effet pas seulement un de ces nouveaux acteurs du cinéma français qui s'impose dans des comédies à succès autant que dans des drames historiques. Ni ce comédien récemment à l'affiche du théâtre Marigny où il formait en ce début 2010 avec Eric Cantona un duo aussi attachant que percutant. Non, Loránt Deutsch se définit avant tout comme un passionné


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Littérature d'Histoire – matière que son métier de comédien lui permet accessoirement de côtoyer au quotidien – et, depuis son enfance, un amoureux fou de Paris. Authentiquement captivé par la capitale, qu'il a connu par bribes lors de passages occasionnels pendant son enfance passée dans la Sarthe, il n'a cessé, depuis son arrivée à Paris, à l'âge de 15 ans, de se documenter et de parcourir la ville en tout sens, afin de faire plus ample connaissance avec cet “être” intimidant qui le fascine tant.

À gauche : Loránt Deutsch dédicaçant son ouvrage “Métronome”. À gauche : Le boulevard Barbès et son métro, au début du XXe siècle.

Aujourd'hui, avec ce livre publié aux éditions Michel Lafon, Loránt Deutsch choisit de faire partager au lecteur sa passion pour la villelumière en adoptant une approche aussi originale qu'inattendue, à savoir parcourir celle-ci et son histoire à travers ses principales stations de métro. A l'évidence, ce choix s'avère d'emblée une très agréable manière de “voyager” à travers le temps autant qu'à l'intérieur de cette capitale si mythique et si idéalisée. Car il est vrai que, comme le disait Victor Hugo, Paris n'est pas une capitale comme les autres en ce sens qu'elle a, comme d’autres, une histoire propre mais que celle-ci se mêle intimement à tant d'autres histoires individuelles et collectives, françaises et étrangères, nationales et universelles, que le monde entier peut prétendre avoir non seulement une affection et une tendresse particulière pour Paris mais aussi des droits sur elle qui imposent à ses dirigeants et à ses élus de respecter celle-ci comme si ses destinataires n’étaient pas seulement ses habitants au quotidien mais tous ses visi-

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teurs actuels autant que pour les époques à venir. Et si l'histoire de France passe souvent par Paris comme se plaît à le rappeler Loránt Deutsch, tant cette ville a eu d'importance dès l'époque de l'empire romain et encore bien davantage lorsque le modèle centralisateur du pouvoir en France et de la monarchie française en fera le centre ultime de toute décision et le cœur de toute organisation territoriale ou administrative, il est vrai que Paris a une histoire à elle qui passe par de multiples phases, que les Parisiens euxmêmes ignorent souvent. Lutèce surgie des marais Passant de stations en stations dans ce métro parisien qui dessert toute la ville, l'auteur nous convie aussi à traverser les époques pour mesurer le chemin parcouru depuis les premiers jours jusqu'à notre XXIe siècle commençant. Et pour nous autres, lecteurs, que de poésie dans ce voyage et d'informations parfois étonnantes. Construite au bord de la Seine, ce fleuve si nécessaire à toute vie, qui permet à ses premiers habitants d'y puiser allégrement les bases de leur vie en agglomération, issue d’un univers plutôt rude, avec des marais s'étendant sur les deux rives du fleuve et un piton rocheux qui deviendra la Montagne Sainte-Geneviève, Lutèce est à l'origine une ville qui surgit des marais - ce que traduit d’ailleurs son étymologie des mots latins lutum (boue) et gaulois luto (marais). Une ville dont la Rive gauche moins inhospitalière sera à l'origine de la Cité avant que d'autres siècles mettent en valeur le territoire de sa Rive droite qui accueillera le pouvoir politique et les agents économiques face à cette rive gauche originelle qui demeurera le lieu du savoir et de l'Université. La ville de ces fiers gaulois Parisii, qui laisseront bientôt leur nom à l'ancienne Lutèce pour qu'elle vive désormais sous le nom de Paris et qui, malgré une idée reçue restée longtemps incontestée faute d'explication plus crédible, n’a pas pris forme comme on l'a cru longtemps sur l'île de la Cité, mais un peu plus haut vers l'Ouest, là où se situe la ville de Nanterre et où des fouilles récentes, et purement accidentelles - consécutives à la construction de l'A-86 - ont permis de retrouver dans son sous-sol les vestiges de l'agglomération gauloise d'origine que jamais l'on n'avait pu extraire du sous-sol de l'île de la Cité. >>


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Littérature >> Lutèce, résidence de l’Empereur Julien

Au fil des siècles, Paris ne sera cependant pas toujours ce lieu brillant qui s'est finalement imposé à la France et dans l'imaginaire du monde entier. En effet, des avancées consécutives à la romanisation de la Gaule sous l'empire romain, et qui font de Lutèce une ville galloromaine brillante – dont l'Empereur Julien s’éprit tant qu’il en fit sa résidence au IVe siècle - à la chute de cet empire qui compromet son statut ; de l'arrivée de la religion chrétienne qui s'étend en Gaule à la scission des Empires d'Orient et d'Occident ; de la fin de la puissance romaine à l'arrivée des Francs, Paris passe par des périodes contrastées où le centre du pouvoir déserte parfois les allées de la future ville-lumière pour des villes comme Tournai sous Childéric, ou Soissons lors du règne de son fils Clovis, lequel lui assurera cependant au tout début du VIe siècle son statut de capitale du Royaume des Francs. Par la suite, l'histoire de Paris verra de grandes transformations lors de multiples périodes successives, avec la présence des religieux qui laisseront à la ville tant de lieux aux noms évocateurs comme Saint-Germain-des-Prés ou SaintDenis. Subissant fortement la marque d’un roi conquérant et bâtisseur – Philippe Auguste – qui fera au XIIe siècle de la ville de Paris cette cité-forteresse enceinte d'un long et puissant mur de fortifications et de multiples tours de défense dont un formidable donjon circulaire quasi inexpugnable tout en consacrant son statut de véritable capitale de la France. Depuis le ciel, le quartier de En 1360, son lointain successeur l’Opéra, de la gare Saint-Lazare Charles V, quant à lui, consacrera et de la Trinité. à Paris la présence du pouvoir royal en faisant du Louvre le siège de sa résidence que tous les souverains successifs aménageront à leur goût, à moins que, tel Louis XIV, il ne s'en soit tellement méfiée, qu'il décide de la quitter pour s’établir dans un autre palais, à Versailles. Témoin de transformations radicales, les Parisiens vont voir leur ville évoluer grandement au fil du temps avec la destruction des fortifications de Philippe Auguste, rendant des espaces de promenades au citadin, en passant par les extensions vers la Rive droite si longtemps délaissée et que Napoléon, puis le Second Empire, vont tant dynamiser avec le quartier de l'Opéra et les Grands Boulevards. La disparition d'édifices et la naissance de nouveaux quartiers, les bouleversements liés aux guerres, la menace de crues récurrentes et si menaçantes de la Seine, dont celle d'il y a tout juste un siècle en 1910, vit les eaux du fleuve monter à plus de 8 mètres, noyant stations de métro et rues environnantes et menaçant les ponts de la capitale sous la terrible pression de ses eaux, seront aussi leur quotidien.

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Paris théâtre de rénovations incessantes Malgré des moments terribles et parfois presque destructeurs comme la guerre perdue contre la Prusse et la Commune de 1871, malgré la défaite de 1940 et l'humiliation des années d'occupation, Paris, au XXe siècle, consacrera son statut de grande capitale avec un art de vivre et du spectacle inégalables, une activité intellectuelle débordante, un univers culturel et de centre de la mode indépassables doublés d'un dynamisme architectural qui continueront de lui attirer d'innombrables visiteurs. Les transformations marquantes à l'intérieur de la ville lors de ces dernières décennies, comme les grands travaux impulsés par les Présidents de la Ve République successifs, la rénovation de quartiers entiers comme le XIIe arrondissement, ainsi que l'extension en direction de la Défense, voire jusqu’à RueilMalmaison, montrent que l'ensemble parisien change et évolue constamment pour tenter de relever les défis des grandes agglomérations du XXIe siècle. Et comme le note malicieusement Loránt Deutsch, cette extension nécessaire et ce déploiement successif de la capitale, de ce Paris vécu et sublimé par le monde entier - et qui continuera de charmer les âmes neuves et les poètes, pour les temps à venir comme pour ceux du passé - ce mouvement inéluctable vers son Ouest parisien en direction du Département des Hauts-de-Seine et des Yvelines font peu à peu revenir la capitale vers le lieu sacré de ses lointaines origines, c’est-àdire cette boucle fluviale de Gennevilliers où tout a vraiment commencé.

Erratum

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omme l’ont remarqué de nombreux lecteurs, une erreur de mise en page s’est malencontreusement glissée dans le n° 28 de notre magazine pour ce qui concerne l’illustration photos de l’article de M. Dominique Ortiz sur le Duc de Richelieu où les photos publiées représentaient en fait le Cardinal de Richelieu en lieu et place de son lointain descendant le Duc de Richelieu. Nous vous prions de nous excuser pour ce désagrément. ar ailleurs, nous avions fait paraître une photographie représentant Philippe Séguin accompagné d’une personne qui n’était pas son épouse, contrairement à ce qui avait été écrit. Toutes nos excuses pour cette erreur.

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Les carnets de voyage de Kathereen Abhervé

LaRoque d’Anthéron lavilledontleroi estunpiano

VOICI TRENTE ANS QUE SE RENOUVELLE CHAQUE ÉTÉ ENTRE DURANCE ET ALPILLES, LE MIRACLE DÛ À LA DÉTERMINATION DE DEUX HOMMES, PAUL ONORATINI ET RENÉ MARTIN QUI ONT RÉALISÉ LEUR RÊVE DE MUSIQUE EN CRÉANT UN FESTIVAL DE PIANO AU PIED DU LUBÉRON. TRENTE ANS QUE LES OMBRAGES SÉCULAIRES DU PARC DU CHÂTEAU DE FLORANS DE LA ROQUE D'ANTHÉRON ACCUEILLENT, DANS LA TIÉDEUR DES NUITS PROVENÇALES, PIANISTES DE RENOMMÉE INTERNATIONALE, JEUNES TALENTS ET MÉLOMANES VENUS DE TOUTE L'EUROPE. www.expatria-cum-patria.ch

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Pour la petite histoire Tout a commencé en 1971, lorsque Paul Onoratini, alors maire de la petite ville de La Roque d'Anthéron, programme, avec l'un de ses fils amateur de piano, une demi-douzaine de concerts à l'abbaye cistercienne de Sylvacane située à l'entrée du bourg. La Direction Régionale de l'Action Culturelle présente à cet élu mélomane, René Martin, un jeune stagiaire passionné de musique avec des projets plein la tête, qui cherchait à créer un festival de piano à Aix-en-Provence ou sa région. Le Parc du Château de Florans, havre de paix et de verdure au cœur de La Roque d'Anthéron représentait pour l'ambitieux jeune homme, le site idéal. Paul Onoratini, propriétaire des lieux, s'enthous i a s m e t e l le m e n t pour le projet, que le premier festival y est créé l'été 1981. La vaste prairie rectangulaire du parc, enchâssée dans une majestueuse haie de trois cent soixantecinq platanes centenaires, servit d'écrin aux premiers concerts de piano auxquels le ciel prêta son plafond d'étoiles. Pari risqué quand on connaît les exigences acoustiques du piano, mais pari gagné car le public fut aussitôt séduit par la magie du lieu. Des concerts de piano en plein air Dès l'année suivante, une conque acoustique est édifiée afin d'offrir aux concerts de plein air une qualité acoustique digne d'une salle fermée. Le festival attire dès lors les plus grands noms du piano qui lui resteront fidèles trente ans après. Très vite, la conque de la prairie ne suffit plus et des aménagements deviennent nécessaires, comme la mise en place de la scène et de la conque acoustique au dessus d'une pièce d'eau, l'édification de gradins, l'implantation de studios de répétition, de guichets d'accueil, de la billette-

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Les carnets de voyage de Kathereen Abhervé >> rie, de bureaux administratifs, de loges d'artistes et autres bâtis

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Un directeur pas comme les autres Créateur d'un des plus grands festivals de piano d'Europe, sinon du monde, son directeur artistique René Martin est un organisateur hors pair et un découvreur de talents. Il aime les musiciens et respecte les artistes ; il sait nouer avec eux des liens solides - la saga de La Grande de Meslay avec le pianiste Sviatoslav Richter en est la preuve -. Il les connaît et les comprend. Il a aussi du flair et de l'oreille sur lesquels le public compte à raison, pour que chaque édition du festival donne une nouvelle moisson de concerts mémorables. Le cumul des fonc- 2

© John Abbott

nécessaires aux répétitions et séances de travail. Tous ces aménagements progressifs n'altéreront toutefois jamais le charme du Parc du Château de Florans dont les arbres séculaires aux troncs altiers et puissants semblent l'incarnation même du Temps. Dans le Parc de Florans, au cœur des belles nuits provençales, les mélomanes recueillent chaque été des brassées d'émotion. Équilibre et harmonie offerts au regard par ce havre de verdure frémissante dans la chaleur de l'été bruissant d'insectes et grésillant de cigales enivrées, ravissent les festivaliers qui s'y promènent ou s'y assoient pour pique-niquer avant les concerts et aux entractes. Devant l'augmentation croissante du public, le nombre de gradins a dû être augmenté, passant de 1 450 à 2 450 et la grande scène se doter, en 2007, d'une nouvelle conque acoustique beaucoup plus spacieuse et pour laquelle des acousticiens chevronnés ont planché plusieurs années. Sa qualité acoustique et son élégance ont fait l'unanimité du public et des artistes les plus exigeants.

© Idd Carole Parodi)

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tions ne semble pas déranger René Martin, qui est aussi directeur de l'Abbaye Royale de Fontevraud et du Festival d'Art sacré à Guérande. Il a également créé les “Moments Musicaux de l'HermitageBarrière” à La Baule et la dorénavant très célèbre “Folle Journée de Nantes” servie par des centaines d'artistes, plébiscitée par le public, et qui a commencé à essaimer vers Tokyo, Bilbao et Rio. Les musiciens lui font confiance, le public applaudit ses choix et lui est fidèle, le taux de remplissage de ses salles de concerts fait pâlir d'envie plus d'un directeur de théâtre. Le festival de piano de La Roque d'Anthéron s'inscrit dans cette courbe ascensionnelle. L'été dernier, le festival, qui s'est déroulé du 24 juillet au 22 août 2009, a accueilli avec la même simplicité qu'à ses débuts, 80 600 spectateurs et plus de 400 artistes confirmés et jeunes talents, dont près de 80 pianistes, clavecinistes et organistes, au cours de plus de quatre-vingt-dix concerts et récitals. Le Festival de piano de La Roque d'Anthéron est l'exemple parfait d'une évolution réussie résultant d'une collaboration exceptionnelle entre le directeur artistique René Martin et le président Paul Onoratini qui, cet hiver, a tiré sa révérence, après une longue vie bien remplie (1920-2010). Il s'était retiré en 2007, laissant les commandes à deux de ses fils, Jean-Pierre et Michel, qui poursuivent dorénavant cette formidable aventure musicale. Cet été, le festival se sentira certainement un peu orphelin car pour la première fois depuis trente ans, les concerts se dérouleront sans sa chaleureuse présence. Un festival tentaculaire Trente ans après sa création, le festival de piano, né au cœur du Parc de Florans à La Roque d'Anthéron où une grande partie des concerts est toujours programmée, a investi de nombreux autres sites de la région choisis avec discernement, parfois avec audace, comme le magnifique domaine de l'Étang des Aulnes. Situé à Saint-Martin-deCrau, à une soixantaine de kilomètres de La Roque, ce site exceptionnel ouvre aux festivaliers ses allées bordées de lauriers roses menant à l'immense parc vallonné dont les pelouses descendent vers un plan d'eau. Dans ce cadre enchanteur, l'installation de 1. Sous la conque du parc du Château de Florans. 2. Chick Corea. 3. L'abbaye de Sylvacane. 4. Les carrières de Rognes.

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Les carnets de voyage de Kathereen Abhervé >> gradins et d'un espace scénique couvert ac-

cueillant les grandes soirées symphoniques, bénéficie d'une acoustique tellement admirable que l'on oublie les kilomètres séparant l'Étang des Aulnes de la Roque. Autre site particulièrement recherché par les mélomanes, les anciennes Carrières de Rognes qui, à 9 kilomètres de La Roque, offrent aux concerts de jazz, de musique contemporaine pour piano et de musique électronique, le décor naturel minéral de leurs hautes falaises. Le festival se déploie en éventail dans le val de Durance, sur la route des Alpilles et le proche Lubéron : le Temple de Lourmarin accueille les récitals

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pierre blonde, les proportions parfaites du grand vaisseau de son église, la sérénité de son cloître, en font un lieu d'exception pour les récitals de clavecin, de piano et de musique de chambre du festival de piano de La Roque d'Anthéron. Ce remarquable décor abrite, tout au long de l'année, de nombreuses expositions et les concerts de “Musique Vocale à Sylvacane” et du Festival International de Quatuors à Cordes du Lubéron. Au tout début du XVIIe siècle, une grande famille fait édifier, au centre du bourg, le Château de Florans, de style Renaissance provençale, qui devient, dans les années “50”, un centre médical spécialisé en diététique et

7 de clavecin et des orchestres de chambre, l'église perchée de Cucuron partage avec celle de La Roque et l'abbaye de Sylvacane les concerts de clavecin et d'orgue, le théâtre de Gordes, celui d'Aix-en-Provence et le Château de Mimet reçoivent orchestres philharmoniques et pianistes. Visite guidée de La Roque d'Anthéron La Roque d'Anthéron est un gros bourg de près de 5 000 habitants construit au bord de la Durance, face aux contreforts du Lubéron, à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest d'Aix-en-Provence. Son histoire marquée par les guerres de religions, est liée à l'essor de l'abbaye de Sylvacane, sœur cadette des abbayes provençales de Sénanque et du Thoronet, fondée en 1144 par Bernard de Clairveaux, après qu'une poignée de moines aient asséché les marais foisonnant de roseaux “Silva Cana” (forêt de roseaux) qui constituaient le site de La Roque d'Anthéron. Après la décadence de la règle de saint Bernard et les tribulations révolutionnaires, l'abbaye, qui a conservé en grande partie son aspect d'origine, est aujourd'hui magnifiquement restaurée. La sobriété de ses murs de

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5. Le trio Wanderer. 6. Martha Argerich. 7. Chick Corea. 8. Pierre Hantaï. 9. Paul Onoratini. 10. Le Président du festival (Jean-Pierre Onoratini), le Directeur artistique (René Martin) et le vice-Président (Michel Onoratini). 12. Volodas Arcadi.

dont le magnifique parc est aujourd'hui le cœur battant du festival. Outre la grande scène réservée aux concerts nocturnes, l'auditorium du Théâtre Forbin est ouvert, durant la journée, aux concerts de jeunes pianistes. La Mecque du piano Pour comprendre le surnom donné au Festival de piano de La Roque d'Anthéron, il suffit d'en consulter les affiches précédentes. Tous les grands pianistes y figurent régulièrement, certains revenant plusieurs années de suite pour des concerts ou des “Master classes”. Le directeur artistique René Martin, tout en restant à l'affût des talents émergents, monte des programmes fédérateurs comme les intégrales ambitieuses, les cartes blanches et les “Nuits du piano” en trois concerts, dédiées à un compositeur ou à un artiste. Pour la trentième édition du festival qui se déroulera du 23 juillet au 22 août 2010, les grands habitués reviennent, comme Martha Argerich, Brigitte Engerer, Zoltan Kocsis, Arcadi Volodos, Jean-Claude Pennetier, Boris Berezovsky et Claire Désert, Zhu Xiao Mei et Maria João Pires, le claveciniste Pierre Hantaï et Alexander Melnikov au piano-forte, invité pour l'intégrale des Préludes et Fugues de Chostakovitch donnée en trois concerts (les 31.07, 1er et 2.08). Nombre d'entre eux furent révélés au public à la Roque. Cet été encore, des ar-

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semble Orchestral de Paris, les pianistes Brigitte Engerer, Boris Berezovsky, la violoniste Deborah Nemtanu et le violoncelliste Henri Demarquette (25.07). Le Festival international de piano fête ses 30 ans Cette trentième édition du festival s'annonce particulièrement festive puisqu'elle donnera l'occasion de rendre hommage au compositeur estonien Arvo Pärt dont les œuvres seront interprétées par un trio de solistes et l'ensemble Vox Clamantis dirigé par Jaan-Eik Tulve (3.08). Les 85 ans de Pierre Boulez seront fêtés par l'Ensemble Intercontemporain dirigé par Susanna Mälkki (4.08) tandis qu'Aldo Ciccolini est attendu pour ses 85 ans dans un récital Chopin (15.08). Le bicente5 naire de la naissance du compositeur polonais sera également célébré par Nikolaï Lugansky (3.08), Arcadi Volodos (10.08), l'Orchestre de Chambre de Lausanne dirigé par Christian Zacharias (21.08) et le Sinfonia Varsovia (17.08). On retrouvera cette formation avec le pianiste Abdel Rahman El Bacha lors d'une soirée consacrée à Schumann (8.08), avec David Fray dans des concertos pour piano de Mozart (13.08) puis avec Nelson Freire qui interprétera le Concerto n° 2 de Chopin (17.08). Brahms sera à l'honneur de la soirée d'ouverture proposée par Nicholas Angelich et 10 12 l'Orchestre Philharmonique de l'Oural mené par la baguette de Dmitri Liss (23.07) qui interprétera également des œuvres de Rachmaninov tistes de renommée internationale, comme (24.07), de Saint-Saëns (26.07) et de Ravel (27.07). L'Orchestre Royal les pianistes Claire Désert, Emmanuel Strosde Chambre de Wallonie dirigé par le violoniste Augustin Dumay se ser et Christian Ivaldi et le Trio Wanderer, produira lors de deux soirées consacrées à Mozart (les 5 et 6.08). vont dispenser, dans le Parc de Florans, des Bien d'autres formations, pianistes, clavecinistes et organistes vont se cours publics aux jeunes talents des ensempartager l'affiche de cette trentième édition qui s'enrichira de plubles en résidence. Puis ces “artistes de desieurs ateliers-lecture proposés par le pianiste pédagogue Florent main” prendront le chemin de “La route de la Boffard (les 12, 13 et 15.08) et réservera quelques surprises avec une Durance aux Alpilles” pour offrir, durant une étonnante soirée intitulée “La lanterne magique de Monsieur Coupesemaine, une série de concerts gratuits dans les villes et les villages du département des rin” (20.08). Le festival s'achèvera par un grand concert pour fêter ses Bouches-du-Rhône (du 7 au 14 août). 30 ans, dont la programmation et les interprètes n'ont pas encore été Certains artistes recevront une carte révélés (22.08). Cette soirée exceptionnelle captée en direct par arte blanche. Parmi eux, Martha Argerich et ses sera certainement à la hauteur de l'événement ! amis (7.08), Bruno Mantovani avec Claire Désert et le Trio Wanderer (13.08), le violoniste Renaud Capuçon qui se produira avec Nicholas Angelich et le Quatuor Modigliani, puis Festival International de Piano avec la pianiste Kathia Buniatishvili et la SinPar téléphone : +33 442 50 51 15 fonia Varsovia placée sous la direction de Par internet : www.festival-piano.com Jacek Kaspszyk (16.08). Une “Nuit du piano” Par correspondance : en trois récitals sera consacrée à Schumann Festival International de Piano (30.07) et une seconde au pianiste de jazz Parc du Château de Florans Chick Corea lui-même au clavier (31.07). Un F – 13640 La Roque d'Anthéron spectacle original placé sous le signe de la Office Municipal du Tourisme danse avec les danseurs Saburo TeshigaTel : +033 442 50 70 74 Kathereen Abhervé wara et Rhihoko Sato achèvera une soirée Courriel : omt@ville-laroquedantheron.fr Saint-Saëns donnée par les solistes de l'En-

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k.abherve@geneveopera.ch

Renseignements


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Exposition

UneSuisse paradisiaque

Otto Baumberger, Lac des QuatreCantons, 1928, Museum für Gestaltung Zürich © Pro Litteris, Zurich.

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Exposition A ZURICH, UNE EXPOSITION DU MUSEE DU DESIGN REUNIT UN ENSEMBLE D'AFFICHES PUBLICITAIRES ET POLITIQUES SUR LE THEME D'UNE SUISSE PARADISIAQUE.

n ces temps où Suisses et étrangers s'interrogent sur les valeurs fondamentales helvétiques, le musée du Design de Zurich aborde un sujet d'actualité : quelle image de la Suisse véhiculent les affiches publicitaires et politiques de 1900 à nos jours ? L'institution zurichoise abrite 350 000 affiches - une des plus riches collections au monde de ce genre, dans laquelle 112 œuvres furent sélectionnées pour passer en revue le mythe d'une Suisse paradisiaque. La Suisse comme paradis est un concept de nostalgiques. « Les Suisses vivent paisiblement, trayant leur vaches » écrit Victor Hugo dans La légende des siècles (1859 – 1883). A cette vision idyllique, on peut opposer la

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À gauche : Herbert Matter, Pontresina, 1936, Museum für Gestaltung Zürich © auteur. À droite : Emile Cardinaux, Zermatt, 1908, Museum für Gestaltung Zürich © auteur.

phrase de Ben en 1992 lors de l'Exposition universelle de Séville – « La Suisse n'existe pas ». Entres ces deux projections se réalise une variété d'illustrations dues à des peintres, à des graphistes et, de nos jours, à des bureaux de publicité, tous ayant recours à différents symboles pour représenter la Suisse. La montagne – le Cervin – les lacs Certains thèmes sont devenus des sujets classiques lors de commandes d'affiches touristiques. Les Alpes suisses sont un sujet de prédilection pour promouvoir les mérites de la montagne – les représentations exaltent la pureté de l'air, le bien-être et la détente incomparables des séjours en altitude. Dès le début du XXe siècle, on fait déjà l'éloge

du retour à une vie plus saine, loin des villes polluées et bruyantes. Un tourisme alpin lié aux activités sportives, en particulier au ski, prend alors son essor et connaîtra un succès qui n'a fait que se confirmer. Dans son affiche pour la station de Pontresina, dans les Grisons, le peintre, photographe et graphiste Herbert Matter (1907 – 1984) associe

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>> plusieurs procédés pour suggérer les no-

tions de vigueur et de pureté : prise de vue en gros plan d'un visage éclatant de santé, en contraste avec une vision lointaine de sommets enneigés et d'un skieur dévalant une pente imaginaire entre ciel et montagne. La typographie participe à cet envol vers des cieux purs par la disposition montante du mot Pontresina. Déjà en 1936, soleil et bronzage sont liés à l'idée de vacances. L'image de la montagne, en particulier celle du Cervin, remplace presque celle de la Suisse sur les affiches touristiques. La renommée du Cervin dépasse les frontières du pays. En 1843, il est qualifié comme étant “le plus noble roc du monde” par le peintre et critique d'art anglais John Ruskin. La Suisse n'a pas réussi à faire de sa représentation un monopole national. Aux Etats-Unis, le logo de la Paramount montre un Cervin étoilé. En 1908, le peintre bernois Emil Cardinaux (1877 – 1936) va à l'essentiel dans son affiche créée pour Zermatt. Il définit l'icône

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par une nouvelle forme : peu de relief, des couleurs réduites, des contours marqués, un premier plan sombre de forêts pour que la lumière jaillisse du célèbre sommet. En corollaire au thème des montagnes helvétiques, celui des lacs, dont on doit vanter les eaux d'une transparence cristalline. Le peintre et illustrateur zurichois Otto Baumberger (1889 – 1961) réunit trois symboles nationaux (lac, montagne et croix suisse) sur son affiche Lac des Quatre-Cantons (1928). Même la fumée qui s'échappe de la cheminée du bateau ne semble pas ternir la pureté de l'atmosphère. La croix suisse Un retour sur l'histoire du drapeau suisse montre qu'il a, dès l'origine, été synonyme de qualité, tout comme l'arbalète, avec, par exemple, la machine à coudre Helvetia en 1942 ou avec l'œuf réalisé en 1971 par le peintre bâlois Niklaus Stöcklin (1896 – 1982). De nos jours, la croix suisse est une icône

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De gauche à droite : Anonyme, Helvetia Une amie pour la vie, 1942, Museum für Gestaltung Zürich © auteur. Niklaus Stöcklin, Œufs suisses, 1971, Museum für Gestaltung Zürich © 2010 Pro Litteris, Zurich. S. Mach, Love Switzerland, 1971, Museum für Gestaltung Zürich © auteur.


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Exposition 2002) ou, au contraire, le repli sur les frontières nationales (affiche de l'initiative antiminarets de 2009).

pour le label “Swissness”. Elle remplace le logo “Made in Switzerland”, lequel a perdu sa pertinence suite aux délocalisations industrielles. Mais elle véhicule un paradoxe : elle peut symboliser l'ouverture sur le monde (affiche de votation pour l'ONU en

Le costume folklorique – la vache Les différents costumes du folklore suisse continuent d'être utilisés dans l'affiche contemporaine. Ils sont en apparence déconnectés de toute connotation politique, voulant donner l'image d'une Suisse saine, solide, à la stabilité qu'on voudrait inébranlable. Mais ils constituent aussi un nouvel espace d'identification nationale dans un contexte social de plus en plus cosmopolite. Quant au projet d'affiche Love Switzerland de 1971, c'est le symbole traditionnel de la vache qui est choisi, mais il est traité dans une version pop renouvelée correspondant à l'esthétique et aux idéaux de la génération “Peace and Love”. Le musée du Design présente de nombreuses autres œuvres sur des thèmes à succès suisse comme le chocolat, les montres, le fromage. On voit combien l'affiche, allant au delà de la stricte publicité du produit qu'elle met en scène, est un miroir des aspirations, de l'histoire, de l'art, de la vie d'un pays. En proposant une rétrospective de ce média sur plus d'un siècle, l'exposition nous donne le recul nécessaire pour y réfléchir avec notre vision contemporaine. On appréciera l'humour, l'ironie ou l'autodérision de certaines images. Les plus anciennes dégagent un charme rétro, alors que celles qui veulent attirer la confiance du client (Affiches Swissair de 1952, 1954, 1961 ou Pour mon compte, j'ai choisi l'Union de Banques suisses, 1962) feront rêver les nostalgiques d'un paradis peut-être pas encore perdu, mais pour le moins entamé.

www.rezonance.ch/abecedart

L’exposition Paradies Schweiz Jusqu'au 25 juillet 2010 à Zurich, Musée du Design (Museum für Gestaltung) Ausstellungstrasse 60 - CH – 8005 Zurich Heures d'ouverture : Mar - Dim et jours fériés : 10 h - 17 h. Merc : 10 h - 20 h. Fermé le lundi.

La publication Corinne Charles DOCTEUR EN HISTOIRE DE L’ART

Paradies Schweiz – Paradise Switzerland, sous la direction de Cynthia Gavranic, éd. Lars Müller, bilingue anglais-allemand, 96 pages, 112 illustrations en couleur, CHF 36.-. ISBN 978-3-03778-205-7.

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Radioscopie PRATIQUES, ETHNIQUES OU SYMPATHIQUES, LES RÉSEAUX SOCIAUX DESTINÉS AUX EXPATRIÉS FRANÇAIS SE MULTIPLIENT. OÙ BOIRE UNE BOLÉE DE CIDRE AVEC UN AMI BRETON? DANS QUEL QUARTIER DE SINGAPOUR S’INSTALLER ? COMMENT TROUVER UNE FAMILLE D’ACCUEIL À NEW YORK ? LA RÉPONSE EST À UN CLIC. EN ROUTE. ettre en contact des gens qui vivent en dehors de leurs frontières et qui ont des intérêts communs, découvrir, partager et communiquer des informations sur son lieu d’accueil, telle est la vocation des réseaux pour Français expatriés. Le phénomène n’est pas nouveau mais l’apparition d’Internet a multiplié les platesformes d’échanges conviviaux. Petit tour d’horizon en forme d’introduction de quelques sites incontournables, avant de partir, dès le prochain numéro de France Magazine, à la rencontre de ceux et celles qui se rencontrent vraiment. Bretons du Monde (www.bretonsdu monde.org) rassemble les personnes originaires de Bretagne ou se reconnaissant dans l'identité bretonne. Ouverte à tous – sans distinction de sensibilité politique ou de religion – l’association rassemble et fédère les diverses composantes de la diaspora bretonne afin de leur permettre de jouer pleinement leur rôle d'accueil et de soutien aux expatriés bretons. Et la Bretagne vibre en Suisse comme dans le reste du monde ! L'Amicale des Bretons de Suisse (www.breizh-helvetia.org) offre aux Bretons résidant en Suisse la possibilité d'exprimer et de vivre leur identité, avant tout dans un contexte familial. Racines Sud accompagne les Languedociens expatriés dans le monde depuis 2006. Conscient de la force des réseaux, Racines Sud cherche à identifier toutes celles et ceux, originaires de la région et qui sont partis s’installer à l’étranger, afin de favoriser les contacts, les échanges, maintenir des liens privilégiés entre eux, voire encourager un éventuel retour. Sur le site (http://www.racines sud.com/), on trouve des conseils pratiques, des informations sur la région et un forum sur lequel les Joanna Languedociens du monde David-Mangin entier en général et de

joanna.david.mangin@gmail.com

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Letourdumonde en80clics Suisse en particulier peuvent communiquer. En Europe du Nord, les francophiles s’organisent. Le Francofil’ (http://www.lefrancofil.com/), site d’information sur l’Europe du Nord, se décline maintenant en version papier. Après le Danemark, il a ouvert en avril ses pages à la Norvège et à l’Estonie. Sa diffusion en Europe du Nord s’élargit de Tallinn à Oslo, de Tromsø aux rives de la Baltique. Un développement à suivre de près. Connexion française (http://www.connexion-francaise.com/) le site des expatriés français en Allemagne ou encore Cap London (http://www.caplondon.com/) tiennent leurs adhérents au courant de tout ce qu’il se passe dans l’endroit où ils vivent. Pour ne pas s’ennuyer à Singapour, Singafrog (http://www.singa frog.com/) aide les expatriés à se repérer dans la cité du lion. Les sites France-Japon (http://france-japon.net/) et France Corée (http://www.france-coree.net/) sont également des mines importantes d’information pour ceux qui ont choisi de s’installer en Asie. Last but not least, les Etats-Unis accueillent de nombreux sites destinés aux expatriés. French Morning (http://frenchmorning.com) a aidé de nombreux Français bloqués à New York après la fermeture des aéroports européens en avril dernier et trouvé un canapé chez leurs compatriotes résidents permanents de la Grosse Pomme. French Parents (http://www.frenchparents.com/) est LE réseau d'échange de conseils, de biens et de services pour tous les parents de la Cote Ouest. Sans oublier http://www.france-amerique.com/guides/les_cles_de_l_amerique/ ou encore… l’association des Bretons de New York (http://www.francophonieny.org/Societies/AssociationsBretons.htm) !

Cette rubrique est la vôtre Vous êtes expatrié et souhaitez partager votre expérience ? Envoyez-nous vos témoignages et vous serez peut-être sélectionnés par notre équipe pour apparaître dans notre rubrique... Bienvenue chez vous ! Radioscopie.francemagazine@gmail.com

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Femmes formidables CET ARTICLE EST UN MODESTE HOMMAGE À TOUTES CELLES ET CEUX QUI M’ONT APPRIS À PILOTER OU DONNER ENVIE DE VOLER : DANIEL GIRARDET (CANTON DE VAUD) ET MICHEL DISNER (VALAIS), MARIANNE SHAW (CAPTENS), MARYSE BASTIÉ, PATRICIA BREZUN (AF).

L’Aviation

auféminin

Brève revue d’histoire 1908 : création du GIFAS industrie aéronautique et spatiale française 1909 : la compagnie générale trans-aérienne exploite les dirigeables 1918 : Latécoère et Farman transporte le courrier 1927 : l’aéropostale en France, en Espagne, au Maroc et en Amérique du sud

1956 : Air France utilise les jets Boeing 707 1976 : le supersonique concorde est mis en service 2009 : la commandante de bord pilote l’A380

La Postale : sortie club Air France. Hommage à Mme Ravel, aéroclub Air France nord.

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QUELQUES FEMMES ONT RÉUSSI À DEVENIR PILOTE AU FIL DU TEMPS… Elysabeth Thible, le 7 juin 1784, a effectué un vol en ballon à 1500 m d’altitude pendant 45 minutes sur 3 km. Jeanne Labrosse fut la première femme a sauter en parachute.

Elise Deroche, anoblie par le Tsar Nicolas II. 1ère femme à avoir été brevetée pilote le 78 mars 1910. Elle est née le 22 août 1886 à Paris (elle a le brevet N36, Blériot fut le Brevet N1). C’est une contemporaine de Roland Garros. Elle vole avec Henri Farman le 17 septembre 1911, gagne la coupe Femina le 25 novembre 1913 et vole à 4800 m le 12 juin 1919.

Maryse Bastié Née le 27 février 1898, elle est pilote dès le 8 septembre 1925. Elle effectue un vol sans escale de 1058 km entre Paris et Treptow (record international en ligne droite). Elle est instructrice et obtient son brevet de pilote de ligne dès 1928. Elle obtient le record de durée avec un vol de 26 h 28 mn. Elle est décorée de la légion d’honneur en 1931. Elle est la première femme titulaire du brevet pilote d’avion. Elle crée en 1935 son école de

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Femmes formidables pilotage à Orly. Elle effectue un vol de reconnaissance avec Mermoz en Amérique du Sud. Le 30 décembre 1936, sous le regard de Guillaumet, elle survole 3 200 km d’océan de Dakar à Natal. Atteint en 12 h à la vitesse de 255 km/h.

Menu de 1935 signé par Maryse Bastié, Mermoz et Reine.

La parité des commandants de bords • En 1934, aux USA, l’américaine Helen Richey est la première femme pilote de ligne Washington-Michigan). Elle fut copilote d’Amélia Earhart course Bendix Nyla). • L’anglaise Beryl Markham. Née en 1902, elle parcourt 350 000 km entre 1930 et 1936. Cette blonde aux yeux bleus fut la première femme pilote commercial en Afrique. Elle réussit, sans radio et sans escale de nuit, un vol depuis le sud d’Oxford jusqu’à l’île de Cap Breton (traversée de l’Atlantique nord dans le sens est-ouest) en 21 h et 25 mn le 4 septembre 1936 (elle fut la maîtresse de St-Exupéry en 1940). • En 1984, chez Swissair, Gabriela Musy. Le 25 mars 1993, l’anglaise Barbara Hammer est la première femme à prendre les commandes du Concorde, suivie par la française Béatrice Vialle en 2001. • A 54 ans, Patricia Haffner collectionne les premières. Première femme à avoir intégré l’Ecole Nationale de l’Aviation Civile section pilote, première femme commandant de bord sur Boeing 777, et surtout première qualifiée sur Airbus A380 au sein d’Air France. Patricia Haffner aux commandes de l’A380, pour son 1er vol entre Paris et New York.

Maryse Hilz. Née le 7 mai 1903, pilote d’avion (et parachutiste). Elle entre dans la Résistance en 1941, puis dans l’armée de l’air en 1946. En 1934, elle relie ParisTokyo sur Bréguet 33R, puis elle bat le record du monde d’altitude à 14 310 mètres en Morane. Des femmes d’exception L’allemande Hanna Reistch est pilote d’essai pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle est née le 20 mars 1912. Elle teste des hélicoptères Fokke Achgelis, décroche la médaille d’argent du vol plané en Argentine. Elle teste des Messerschmidt Me163 (monte à 9000 m d’altitude en 90 secondes, à une vitesse de 1000 km/h). À 67 ans, elle bat son 40e record de planeur en 1979.

Aujourd’hui…

Beau Buckert en état de vol à l’aéroclub de Prangins La Cote.

Federation of European Women Pilots. France Association Française des Femmes Pilotes http://www.femmespilotes.com British Women Pilots’ Germany Vereinigung Deutscher Pilotinnen e.V. - http://www.pilotinnen.de Great Britian. Association http://www.bwpa.co.uk

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iaoranacorail@ifrance.com

L’association des femmes pilotes françaises (Michèle Magnien), en coopération avec la Suisse, organise en juin 2010 le grand rassemblement des femmes pilotes européennes à l’aérodrome de Bex en Valais (www.fewp.info/).

Coralie Masle-Callu


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Echo du Terroir

a.barriere@romandie.com

Vignoblede Bellet AntiquitéetsonHistoire… LE VIGNOBLE DE BELLET EST CERTAINEMENT L'UN DES PLUS ANCIENS DE FRANCE ET SA PLANTATION REMONTE VRAISEMBLABLEMENT À L'ÉPOQUE DE LA FONDATION PHOCÉENNE DE MARSEILLE. Alain Barrière e christianisme passa par là avec 2 saints Vincent. Il ne fait aucun doute que ce jour-là, toute la chrétienté fêtait le saint Vincent d'Espagne, martyrisé en 304 à Valence, et qui est devenu le saint patron des vignerons, sans doute parce qu'un des supplices qui lui fut infligé consista à l'étendre sur un lit de tessons de bouteille. Mais il se trouve que Nice, ou plutôt Cemenelum, revendique aussi un

qu'il couvrait à l'époque plus de 1 000 ha. En 1834, il est un produit d'exportation notable. Sous la révolution, le hameau de Saint-Roman de Bellet, au cœur de l’appellation, fut baptisé “Bacchus”, témoignant de la vocation viticole de cette région. Plusieurs fléaux l'ont menacé de disparition, le phylloxera et les deux guerres mondiales entraînèrent une chute spectaculaire des superficies en vigne et les producteurs se tournèrent vers la culture de l’œillet de Nice, plus L’église St-Roman lucrative. Le courage des vignerons, atde Bellet. tachés à leur cru local devait être récompensé par le classement du vin de Bellet en “Appellation d'Origine Contrôlée” (A.O.C.) le 11 novembre 1941. Les vins issus du Château de Bellet figurent sur les plus grandes tables. C’est un Château de Bellet Rouge qui fut servi au sommet de Versailles en 1982 et un Château de Bellet Blanc Cuvée Baron G. qui fut servi au sommet européen de Nice en 2000. Au Sommet de l'OTAN à Nice en février 2005, ont été servis le Château de Bellet côté cour. Vignoble Bellet domaine Toasc. Château de Bellet Blanc Cuvée Baron G et le Château de Bellet Rouge Cuvée saint Vincent, inséparable en fait de son compagnon de marRose de Bellet. tyre, Oronte. C'est l'historien niçois Pierre Gioffredo (16291692) qui rapporte cette légende : le saint Vincent de Cimiez Terroir et cépages devint patron des vignerons parce que, lorsqu'on lava les osActuellement, l'appellation couvre environ 650 ha, dont envisements des deux martyrs pour les placer dans un reliquaire, ron 50 ha en exploitation. Sur les coteaux des derniers contrel'eau se transforma en sang, que le rite assimile au vin au moforts des Alpes, à une altitude comprise entre 200 et 300 ment de la consécration. Cette tradition perdure, chaque 22 mètres environ, elle est intégralement située sur le territoire janvier, dans le terroir de Bellet. Le début du XIXe siècle marde la commune de Nice, dans le département des Alpes-Mariqua la période la plus prospère du vignoble puisque l'on pense

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Echo du Terroir times. Vous avez 12 domaines sur l’appellation : Clos Saint Vincent avec Sicardi et Sergi, Château de Bellet avec Ghislain de Charnacé, les Coteaux de Bellet SCEA avec Hélène Calviera, Collet de Bovis avec Jean Spizzo, Château de Crémat SCEA Kamerbeek, Domaine de la Source avec Jacques Dalmasso, Via Julia-Augusta avec Robert Cohendet, Domaine Saint Jean avec Nathalie Pacioselli, Domaine de Toasc avec Bernard Nicoletti, Clos Nicea avec Olivier Bettati, Domaine de Vinceline avec Vincent Dauby et Propriété Augier avec Rosette Augier. En pleine région méditerranéenne, ce vignoble jouit d'un bel ensoleillement (environ 2 700 heures par an), de pluies bénéfiques (838 mm par an) et d'un micro-climat particulier dû à son implantation en altitude et aux vents (mistral et tramontane) soufflant presque sans interruption dans la vallée. Le rendement à l’hectare se situe entre 30 et 45 hl. Ce caractère climatique permet un processus lent de maturation, indispensable notamment à la fraîcheur et à l'élégance des vins blancs et rosés. Les vignes s'enracinent dans d'étroites planches appelées restanca ou faissa constituées de galets roulés, mélangés à un sable très clair (Poudingue) avec quelques veines argileuses. Ces excellentes conditions réunies favorisent l'expression et la pleine maturité des raisins dans l'harmonie des vins rouges. Le décret de l'Appellation autorise un certain nombre de cépages. Certains sont typiquement niçois, comme le Rolle, cépage essentiel des vins blancs de l'appellation (80 à 90 %), la Folle Noire (ou Fouàla negro ainsi nommée pour son rendement capricieux d'une année à l'autre, cépages rouges ou rosés), ou le Braquet qui, fait unique, a donné son nom (à moins que ce ne soit l'inverse), à une famille toujours représentée dans le terVignoble Bellet Folle Noire Négrette.

Vignoble Bellet raisins blancs. roir. D'autres sont plus répandus, comme le Chardonnay (cépage blanc), le Grenache ou le Cinsault (cépages méditerranéens rouges ou rosés). Le ramassage manuel des raisins a lieu vers la fin septembre. Les vins blancs ont une robe profonde, étincelante et vive qui ne ternit pas avec le temps. Caractérisés par des nez de poire et de fleur blanche avec des touches légères de pierre à fusil, ce sont des vins séveux et gras qui vieillissent admirablement et peuvent donner des bouteilles d'exception avec des nez d'amande grillée et de coing et une longueur en bouche étonnante. Secs et fruités, ils peuvent se servir frais mais non frappés, en apéritif ou en accompagnement de poissons. A essayer sur la “bagna cauda”*. Les vins rouges ont une robe aux tons rubis intense. Le Braquet et la Folle Noire leur donnent de puissants arômes de rose sau-

Recette niçoise avec le Bellet Blanc, le Bagna Cauda Préparation : 15 mn - Cuisson : 15 mn - Ingrédients (pour 3-4 personnes) : 100 g d’anchois, 5 tranches de pain de mie, 25 cl de lait, 3 gousses d’ail, 3/4 de litre d’huile d’olive Pour la préparation, il faut hacher (au mixer), du pain de mie trempé dans du lait, de l’ail et des anchois à l’huile, afin de faire une crème assez épaisse de couleur beige. Il faut ensuite faire chauffer ce mélange à feu doux et y ajouter l’huile d’olive. On le sert dans un service à bagna cauda, c’est-à-dire des sortes de bols avec un emplacement pour une bougie dessous, mais vous pouvez le servir également dans des bols classiques. La préparation se consomme chaude ! En ce qui concerne les légumes qui peuvent y être trempés, afin de varier les plaisirs, on prend du choux-fleur, du fenouil, des petits artichauts violets, des radis, du céleri branche, du poivron coupé en lamelles, des gros champignons de Paris, des tomates, des carottes, du topinambour et du carde, le tout cru, bien entendu... Un truc pour que la sauce reste onctueuse : il faut tout simplement rajouter 2 à 3 cuillerées à soupe de crème fraîche épaisse et vous aurez alors une excellente sauce. vage, avec des notes d'épices et de poivre, voire de pinède s'ils sont élevés en fûts. D'une rare finesse, ils vieillissent parfaitement, avec des bouquets nobles et variés de fruits confits. Il s’apprécie avec des fromages, comme la tome de Roquebillière Les vins rosés, quand ils sont élaborés à partir du Braquet, ont de jolies teintes douces avec de tendres reflets dorés. Leur bouquet délicat à dominante de rose sauvage et d'églantine se fond harmonieusement avec la souplesse et la finesse de ces vins gouleyants d'été et de soleil, ils se servent à une température de 10-11°. Ils accompagnent tous les repas de cuisine méditerranéenne, exotique et niçoise, et plus particulièrement le “stockfish”. Le stockfish est un poisson qui n'est pas salé mais séché, d'origine scandinave, une morue ou un aiglefin boucané au soleil et sous la neige de Norvège, tendu sur des bâtons au grand air pendant plusieurs jours et que les marins du nord utilisaient comme monnaie d'échange lorsqu'ils faisaient escale en pays étrangers. L'étymologie du nom est fort compréhensible. Séchée, la morue devenait un poisson (fish) que l'on pouvait "stocker", c'est-à-dire entreposer sans risque de détérioration. C'est ainsi qu'il est devenu, au fil du temps, un plat authentiquement niçois et l'"estocafic", ce plat fabriqué en Norvège à partir de laitage devint, en France méridionale, un ragoût savamment dosé et tomaté du nom "d'estocaficada", cuit en cocotte avec de l'huile d'olive, des pommes de terre, de l'ail et

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des poivrons. Dans le sud de la France, le stockfish est mitonné en ragoût avec des tomates et des olives. Pour l'utiliser, il faut compter une semaine de trempage en changeant l'eau régulièrement. Organisme de Défense et de Gestion de l’Appellation Bellet : Clos Saint Vincent - Collet des Fourniers 06200 - Nice Tél. et Fax : 0033 4 92 15 12 69 Courriel : clos.st.vincent@wanadoo.fr

La morue “stockfish”.

Quelques spécialités niçoises • La salade niçoise est un mélange de légumes crus arrosés d'huile d'olive agrémentée d’oeuf dur et de filets d’anchois. • Le pan-bagnat, littéralement “pain mouillé”, est une salade niçoise entre deux tranches de pain frottées d’ail, imbibées d’huile d’olive. • La pissaladière, tarte aux oignons garnie d’olives et d’anchois, “pissala” en niçois lui donnent son nom. • La socca, grande galette à base de farine de pois-chiche cuite au four à bois sur une plaque de cuivre, se déguste brûlante et très poivrée. • La ratatouille, mélange de poivrons, courgettes, aubergines, tomates et oignons, doucement revenus à l’huile d’olive. • Les beignets de fleurs de courgettes, à la pâte légère, fine et croustillante La socca. • Le mesclun niçois, le mélange doit contenir du cerfeuil et 7 variétés de salades, telles la laitue, la feuille de chêne, la scarole, la romaine, la frisée ou la batavia, et obligatoirement la roquette piquante. • La poutine, alevins de poissons pêchés uniquement dans la Baie des Anges aux mois de février et mars, se cuisinent en omelette ou en beignets. • La tourte de blettes, entre deux couches de pâte, une farce sucrée, composée de blettes, de pignons et de raisins secs parfumés de pastis, constitue le plus surprenant des desserts niçois. • Les farcis, tomates, courgettes, poivrons, oignons et aubergines sont garnis chacun d’une farce spécifique. Un délice froid ou chaud. Le mesclun niçois et ”Marius Auda Fleurs”. Des tables à découvrir • L'Escalinada : un "temple de la cuisine niçoise", où bonne humeur rime avec saveurs du Comté (salade de poulpes frais, poivrons grillés à l'huile d'olive, tomates à la provençale). Voilà cinquante ans qu'elle tient le haut du pavé, cette simple auberge du Vieux Nice tenu par Henri Cagnoli, profitant de chaque accident du trottoir, de chaque renfoncement, pour étaler nappes rustiques et fumets authentiques. 22 rue Pairolière - 06300 - Nice - Tél : 0033 4 93 62 11 71 Courriel : contact@escalinada.fr • Don Camillo : le Don Camillo est revisité par Marc Laville, www.expatria-cum-patria.ch

avec un ton jeune, contemporain et de création, une ardoise vivante (Dôme de tomates confites au chèvre et caviar d'aubergines, sardines en beignets ; Crabe croustillant, soupe de poissons inversée ; Pressée de Foie Gras, mangue, magret fumé). Des desserts étonnants (Ananas rôti et son yaourt transparent, coriandre). Situé dans le centre-ville entre le cours Saleya, le château de Nice et la promenade des Anglais, le Don Camillo Créations vous fera découvrir une gastronomie méditerranéenne. 5 rue des Ponchettes – 0600 - Nice - Tél. : 033 4 93 85 67 95 Courriel : contact@doncamillo-creations.fr • Lu Fran Calin : une cuisine niçoise traditionnelle comme à la maison faite de gnocchi, daube, pissaladiere, farcis en plein coeur du Vieux-Nice. Ainsi que : Tian de courgettes, Pissaladière, Daube ou Farcis niçois sont toujours les piliers de la carte de l’établissement. Elvira, Daniel Silvetti et Joël Falcone accueillent leurs invités à deux pas de la place Rossetti. 5 rue Francis Gallo – 06300 – Nice - Tél. :0033 4 93 80 81 81 • Café de Nissa : plus qu'un café... un coin de soleil ! En plein cœur de Nice avec une cuisine du sud, des animations, soirées ambiance, bar à vins, tapas et cocktails. 55 rue Gioffredo - 06000 - Nice - Tél. : 0033 4 93 80 30 19. Si vous n’avez pas le temps d’aller cueillir vos fleurs dans le Val d’Anniviers, installée dans l'arrière-pays niçois depuis les années 40, l'entreprise familiale Marius Auda s'est spécialisée dans le maraîchage au début des années 60. De la préparation de la terre, à la récolte la société maîtrise toute la chaîne de production. En gamme, vous trouverez plus de cinquante sortes d’herbes aromatiques, de jeunes pousses de salades et les fleurs comestibles telles que bégonia, bourrage, muflier, fleur de courgette, tagète. Pour tous renseignements, c’est à Gattières, dans l’arrière-pays niçois. Tél.: 0033 4 93 08 10 30, courriel : contact@mariusauda.fr. Un été musical avec le “Nice Jazz Festival” qui est un rendez-vous unique en son genre. Depuis 1974, lorsqu'il s'installe dans les jardins et Arènes de Cimiez, haut lieu de la culture niçoise, il est devenu, au fil du temps, l'un des tout premiers, et sa notoriété est désormais mondiale. Quelques noms à l'affiche de cette édition 2010 : Al Jarreau, Herbie Hancock, Earth Wind & Fire, Kenny Garrett, Chick Corea, Rodrigo y Gabriela, Pat Metheny Group, Pink Martini, Jimmie Vaughan, Gurrumul… Du 17 au 24 juillet 2010. Un détour par Antibes en partenariat avec le C.M.E.F, le Centre Méditerranéen d’Études Françaises, céramic créa® vous invite à vivre un stage original pour découvrir Jean Cocteau, sa passion, et créer vos propres céramiques. 8 jours/7 nuits en pension complète pour vous ressourcer sur la Côte d’Azur, à Cap d’Ail aux portes de Monaco du 25 octobre au 1er novembre 2010. Renseignements : Pascale Pontet - Décoratrice céramiste 94 bd Beau Rivage Prolongé - 06600 - Antibes.

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Echo du Terroir Tél. : 0033 4 93 95 12 68, 00033 6 22 85 28 60. Pour finir sur une préface par Jean Vergé du livre de J.J. Ninon avec “Le vin de Bellet d'hier et d'aujourd'hui” : « Choisissons de boire jeunes ces vins de soleil, de pierre et de plantes fortes d'arômes, ils sont les derniers vins de l'est de la Provence. Les blancs se distinguent par leur couleur jaune tilleul et leur parfum de fleurs, de pamplemousse et d'abricot longtemps présents en bouche. Les rosés, de nuances légèrement safranées, sont vifs de couleur et laissent un goût de fruits rouges. En revanche, les rouges méritent un vieillissement qui révélera des tanins déjà fondus avec de l'amplitude sur des notes un peu évoluées de grillé et de pruneau ; un bel équilibre en bouche. Je n'hésiterai pas à boire quelques franches goulées de blanc

servi frais avec de belles tranches de pain de campagne grillé, tartinées d'anchoïade et de tapenade ou en croquant quelques frais légumes de ce terroir riche de belles primeurs. Pour les rouges, je jetterai mon dévolu sur un civet de lapereau cuit dans ce même vin qui l'accompagnera ensuite. Surtout, ne ménagez pas le thym frais, si abondant sur les collines de Bellet ! Finissons la ronde de ces vins par le rosé servi frais accompagné de ganses et d'une salade de fruits trempés dans le vin. Laissez la douceur caressante de ces senteurs exciter vos papilles, découvrez la tendresse sensuelle du vin allant à la rencontre de mets issus, de préférence, du même terroir. C'est ici la réussite d'un grand moment, d'un accord parfait, d'un instant de bonheur... C'est ainsi que l'on vit dans ce beau pays niçois, à Bellet. »

Émotionalpineen nne-Lise Bourgeois (la créatrice), Pascale Delaloye (la troubadour) et Muriel Macgeorge (la cheffe d’orchestre de l’équipe), trois filles qui pétillent, pour vous conter fleurettes des montagnes, vous faire sentir et découvrir la beauté du Val d’Anniviers, ont créé “Swiss Alpine Emotion” et ont concocté des randonnées pour chaque type de public et colorier les chemins avec nos connaissances et notre passion de les partager. Elles espèrent voir des PDG

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Anniviers Un pas après l’autre, chacun à son rythme, la forêt laisse poliment sa place aux pâturages fleuris les fleurs des Alpes, tel que Pulsatille (l’anémone soufrée), La Silène à Koll (la grandmère des Alpes), la Soldanelle est une des 1ère en montagne, La Benoîte des montagnes est jaune avec des feuilles lobées, on raconte que cette plante peut ensorceler celui qui la possède, la Potentille de la famille des fraisiers avec ses effets anti-inflammatoire, l’Imperatoire (Agro en patois) pousse jusqu’à 2 000 m ; elle cicatrise et aide la digestion. Il y a aussi la Valériane, la Carline, le Solidage, la Joubarbe, l’Ancolie ou la

assis dans l’herbe dégustant une raclette au feu de bois, sensibiliser les enfants des écoles à la nature par des parcours ludiques et expliquer les milieux, la richesse et la diversité de la montagne et de ceux qui y habitent en plongeant les personnes dans les coutumes et la culture locale.

Quelques sorties sont proposées Certaines épicuriennes d’une journée se déroulent de Vercorin à Grimentz, dans le val d’Anniviers avec une dégustation unique au milieu de l’alpage d’Orzival “Le bonheur d’une raclette sur l’herbette” ainsi qu’au barrage de Moiry mettant en éveil nos cinq sens « une parenthèse particulière de sensations trop souvent oubliées ».

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Bernard Crettaz.

Autre recette : les beignets à l’Imperatoire Ingrédients pour la pâte à beignets : 250 g de farine, env. 2,5 dl de lait ou de bière, 1/2 sachet de poudre à lever, 2 cuillerées à soupe d’huile, sel, poivre, muscade. Préparation : Faire une pâte assez épaisse avec les ingrédients, laisser reposer une heure. Laver et bien égoutter les feuilles d’Imperatoire, les hacher et les incorporer dans la pâte après repos. Former à la cuillère plusieurs fins îlots de pâte, couvrir. Cuire à feu doux 2 à 3 minutes. Retourner les beignets et finir la cuisson sans couvercle. Les égoutter sur un papier ménage avant de servir. PS : Les beignets sucrés se font de la même façon en sucrant la pâte, et/ou en roulant les beignets dans du sucre ou dans un mélange sucre et cannelle.

Dryade. D’autres sorties ont des airs mystérieux avec les contes et légendes dans un mayen d’Anniviers à Vercorin ou dans le Vallon de Réchy « A côté du fourneau, les mots nous font oublier le sablier 0». Venez cheminer dans la forêt sans se fatiguer, en prenant un grand bol d’air saupouwww.expatria-cum-patria.ch

dré du parfum de la mousse et en poussant la porte du mayen, et se sentir bien. En automne, qui n’a pas voulu entendre le brame du cerf criant son amour le soir au fond des bois, pas de ceux qu’il porte. Quand la nature s’endort, la forêt tremble en savourant le privilège de côtoyer le seigneur de la forêt. Le concert débute le long du bisse de Vercorin. Les couleurs flamboyantes de l’automne dansent et c’est là qu’il surgit. Swiss Alpine Emotion a le privilège d’avoir pour parrain Bernard Crettaz. Sociologue, ethnologue, écrivain, conteur, il est surtout une figure incontournable dans le val d’Anniviers.

L’été tire gentiment sa révérence pour céder sa place à l’automne flamboyant. Envie d’un bol d’air sportif ? Inscrivez-vous au tour du val d’Anniviers, en Valais. Pendant cinq jours, partez à la découverte de cette vallée où traditions et nature sont intiment mêlés, c’est une randonnée de difficulté moyenne. Avec Swiss Alpine Emotion, vous pourrez faire halte au gîte de St Jean avec sa cave de Vin des Glaciers, son dortoir super aménagé et sa salle de restaurant où vous seront préparés des plats végétariens des montagnes tel que “Tartare des Près” avec 11 sortes de plantes différentes telles qu’épinards, orties, berce, achillée, alchémille, thym, sarriette, silène, égopode et plantain. Avant de tartiner, prenez le soin de rajouter un filet de citron, du sel et du poivre.

Histoires et anecdotes du Val d’Anniviers Jusqu’à 1910, il n’y avait pas trop de fête pour le mariage, la cérémonie se faisait à 5 h du matin avant de travailler. Les glaciers en 1300 descendaient aux villages, les vins prirent le nom

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Echo du Terroir de “Vin des Glaciers”, ils étaient faits au baptême ou, au plus tard, au mariage pour pouvoir inviter famille et amis à son enterrement, l’espérance de vie était de 30 à 60 ans et ces vins, ainsi que les fromages étaient prêts pour sa mort. Valait mieux être un homme dans ce temps car les cloches sonnaient trois coups, seulement deux pour les femmes. Pas de chance pour les bâtards ou les protestants : aucun coup de cloche. Le Vin des Glaciers se trouve dans plusieurs de caves dans le Val d’Anniviers. Pour être authentique, il ne doit pas être mis en bouteille, mais consommé sur place. Si vous aimez le vin jaune du Jura, le Xeres ou le Malaga, c’est exactement le goût et l’arôme d’un vin à caractère oxydatif, avec un bon morceau de vieux fromage des alpages, c’est délicieux. Grimentz a commencé à voir des touristes en 1850, mais c’est avec la construction du barrage de Moiry avec ses 148 m de haut et ses 648 m de circonférence que ceux-ci sont arrivés avec une route élargie. C’est dans la salle bourgeoisiale datant de 1550 que l’ancêtre caviste Jean Vouardoux vous accueille et vous dit à propos de son vin : « pour l’apprécier, il faut boire la pre-

4 200 litres répartis en quatre tonneaux ; le vin le plus ancien date de 1886. Le tonneau aurait été construit en 1865 et rempli en 1866 et déclaré Glacier en 1886. Il porte le nom de “Tonneau de l’Evêque”. Ce tonneau a une contenance de 900 litres. Un deuxième tonneau très ancien contient du Glacier de 1888. D’une contenance de 1 300 litres, il porte une inscription sur sa face avant : LCG. Le troisième tonneau date de 1934 et contient 1 000 litres. Enfin, le plus récent date de 1969, c’est ce tonneau que l’on complète avec le vin de l’année. Ces tonneaux en mélèze contiennent de la Rèze et de la Marsanne. La vigne grandit à Sierre avec 7 400 m2 de surCave bourgeoisiale Jean Vouardoux Channe.

Vins des Glaciers Cave bourgeoisiale Jean Vouardoux.

mière gorgée pour se libérer l’esprit et le palais, car c’est aussi un peu d’histoire que l’on boit ». A propos d’histoire, dans cette salle, quand il y avait conseil, au rang du fond, les anciens s’asseyaient devant une table qui avait pour surnom “La Table des Morts”. Une grande collection de Channes Bourgeoisiales avec noms, grades et dates ; la plus ancienne date de 1815, elle arbore un dauphin sur le dessus, signe distinctif d’un roi de France. A l’époque, les gobelets en verre était plus rares, ils étaient plutôt en bois de frêne, de platane ou d’ormeau et moins cassables. Sa cave est la plus connue pour le « Vin des Glaciers » avec ses

face avec, comme cépage, du Chasselas (Fendant), Ermitage (Mars a n n e ) , Malvoisie, Petite Arvine, Syrah et Rèze. Le vin s’élève en remontant à Grimentz pour finir ses beaux jours. Anecdote : vous pourrez voir un césar, ou plutôt une “Jacinthe d’Or” pour un film de Rose Monay de Pinsec en 1979. Quelques années plus tard, dans un style différent, Bruce Willis a séjourné à l’ancien Hôtel Alamarenda. Tous les lundis, vous pourrez visiter la Bourgeoisie et le vieux village de Grimentz, de l’histoire du raccard à celle des Bourgeois de Grimentz, tout y est expliqué. Renseignements : Tél.: 0041 27 475 14 93 Fax : 0041 27 475 28 91 Courriel : grimentz@sierre-anniviers.ch Swiss Alpine Emotion Sàrl - 3961 Zinal (+41) 79 613 32 12 - Courriel: info@swiss-alpine-emotion.com

Comme on dit en Valais « Santé » ou « Chendaz » en Anniviard ! FRANCEMAGAZINE N°29 109 ÉTÉ 2010


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Gastronomie

Association“LesFrèresGastronomes”

TourdumondedesFrèresGastronomessurlathématique delaGastronomieFrançaise (Juillet2010-Juillet2011) ’association Les Frères Gastronomes a pour mission de transmettre le goût de la découverte, du savoir et du voyage en prenant comme thématique notre patrimoine gastronomique autour du monde.

sur le thème “découverte de la gastronomie française” en proposant des produits français aux populations locales. Mettre en relation les jeunes Français avec les acteurs rencontrés sur notre route.

Objectifs Interviewer au minimum 30 acteurs de la gastronomie française à l’étranger. Les filmer et les photographier dans leur travail. Organiser une dégustation temporaire

Notre cible en chiffres + 50 événements – 2 000 personnes/événement = 100 000 personnes + 200 écoles de formation hôtelières – 5 000 étudiants et anciens = + 250 000 personnes

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Résumé de notre Mission Nous sommes deux frères, Roland et Thibault, et nous voulons accomplir un tour du monde sur le thème de la gastronomie française. Nous soutenons le projet en faveur de l'inscription de la gastronomie française au patrimoine immatériel de l'Unesco. Nous avons créé une association qui a pour titre “Les Frères Gastronomes” à but éducatif et culturel. Notre mission se décline en quatre points : • Transmettre le goût de la découverte, du savoir et du voyage aux Français en prenant comme thématique notre patrimoine gastronomique autour du monde. • Faire prendre conscience aux jeunes du développement de la gastronomie française à l 'étranger et des opportunités liés au secteur de l'Hôtellerie et de la Restauration autour du monde. • Partager les informations et les témoignages collectés sur le thème de la gastronomie française par l'intermédiaire de notre blog. • Organiser un reportage photo au retour de notre voyage pour rendre compte de notre action sur le terrain. Notre action permettra aux amoureux de la gastronomie française, aux étudiants français et à toutes les personnes curieuses, de découvrir et voyager autour www.expatria-cum-patria.ch

d'un thème commun “la Gastronomie Française”. Opérateur et partenaire du Projet Les porteurs du projet : • Roland de Saint Blancard, 24 ans, diplômé de l'école de management hôtelière de Glion. « J'ai toujours éprouvé une passion pour l'Hôtellerie et la Restauration. Je me suis perfectionné dans l'art du service et dans le management hôtelier à travers des expériences en France, en Suisse, en Angleterre, au Vietnam et aux Etats-Unis. J'ai acquis des compétences de manager qui me permettront de mener l'organisation et la participation à ce projet de tour du monde. J'ai toujours aimé entreprendre et me dépasser moimême, ce qui dénote chez moi un caractère dynamique et volontaire. Concernant la cuisine, j'ai toujours su apprécier les bons plats et certains diront de moi, que je suis un bon vivant et parfois même un peu gourmand. J'aime aussi la photographie et le cinéma, c'est pourquoi je souhaite allier mes passions pour concrétiser notre projet de tour du

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+ 5 reportages photos en Yvelines et 1 reportage photo à Paris = + 250 000 personnes. Nos partenaires • Mairie du Vésinet (Yvelines) • Mairie de Chatou (Yvelines) • Le PIJ de Chatou • Société RI Conseil Pour devenir partenaire de notre projet ou simplement obtenir plus d’informations : www.lesfreresgastronomes.com lesfreresgastronomes@gmail.com

monde. Je souhaite aussi supporter une action d'intérêt général qui est l'inscription de la gastronomie française au patrimoine de l'Unesco et qui permettra à de nombreux métiers français d'être reconnu et protéger sur le plan mondial. » • Thibault de Saint Blancard, 22 ans, étudiant en école de commerce à l'Euromed Marseille. « Fort de mes acquis en classe préparatoire et en école de commerce, je vais mettre en application mes compétences pour assumer mon rôle de Trésorier au sein de l'association. J'ai acquis, lors de mes expériences en entreprise à l’hôtel Raphaël (établissement de luxe parisien), chez Nicolas (caviste), et chez Hédiard (épicerie fine), l'esprit de la Gastronomie Française. Enfin, j'ai développé mon autonomie et mon goût du challenge lors de mes voyages en deux roues à travers la France (Paris-Île de Ré, Paris/Toulon) ainsi que lors d'une course nautique (Course Croisière EDHEC 2010). En ce qui concerne notre projet, j'aime l’ensemble des métiers (cuisiniers, vignerons, épicier, crémier)


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Gastronomie qui permettent à la gastronomie française de vivre. Je souhaite faire ce tour du monde pour savoir si ce secteur est réellement fait pour moi. » Le Projet Contexte et problématique : Notre projet de tour du monde de la gastronomie française a vu le jour après la lecture d'un article dans Le Figaro relatant la visite de notre Président au Salon de l'Agriculture en février 2008. Dans cet article, nous apprenions que notre Président croyait fermement à l'idée que la France possède “la meilleure gastronomie du monde”. Dans cet élan d'enthousiasme pour notre culture gastronomique, Monsieur Sarkozy a fait part de son souhait de déposer le projet de candidature auprès de l'Unesco. Notre gastronomie doit être reconnue comme faisant partie ou non du patrimoine mondial de l'Unesco en automne 2010. Après de plus amples recherches, nous avons trouvé que cette idée a vu le jour fin 2006 par un groupe de gastronomes et de chefs français convaincus que la cuisine est un art. Plus de 400 chefs, parmi lesquels Paul Bocuse, Alain Ducasse, Pierre Troisgros, Marc Veyrat ou encore Michel Guérard ont soutenu cette idée que la cuisine est un art et relève du domaine culturel. Le Mexique avait déjà fait une demande concernant leur gastronomie mais celle-ci avait été rejetée en 2005. Depuis le salon de 2008, de nombreuses actions ont eu lieu pour promouvoir l'inscription de la gastronomie française au patrimoine culturel immatériel de l'Unesco. Le jeudi 19 mars 2009, un colloque s'est organisé au Sénat autour du thème “La gastronomie : un patrimoine culturel vivant”. Le but premier était de préciser le champ de la demande d'inscription de la gastronomie française au patrimoine immatériel de l'Unesco. Il y a trois points importants qui sont ressortis de cette journée de débat concernant la candidature de la France et sur lesquels tout le monde était d'accord : • La candidature n'a pas pour but de donner des leçons au Monde • Ne pas entraîner un centralisme sur le plan géographique • Éviter l'élitisme au niveau social Dans le même temps, la candidature

avance et les dates clés sont les suivantes : • avril 2009, remise du pré-dossier au ministère de la Culture pour la phase de validation • 31 août 2009, dépôt du dossier auprès de l'Unesco. Des éléments complémentaires peuvent être demandés jusqu'au 31 décembre 2009, phase de recevabilité • Janvier 2010, réception des candidatures 2009 • Jusqu'en mai 2010, examen des candidatures par l'organe subsidiaire. La candidature française sera analysée par les membres représentant 24 États • Automne 2010, annonce des éléments inscrits sur la liste représentative du Patrimoine Culturel Immatériel (http://positiveeatingpositiveliving. blogspot. com/2009103/la-gastronomiefrancaise- patrimoine.html) La candidature française a permis à certains Chefs de s'exprimer sur des problèmes plus concrets liés à la sauvegarde de nos arts culinaires et des différents métiers. Des personnalités telles que Guy Savoy, Alexandre Cammas, Jacques le Divellec et Eric Kayser ont mentionnés les enjeux autour de la gastronomie française : • Urgence de renforcer l'attractivité des “métiers de bouche” aux yeux des jeunes et des familles. • Difficultés de recruter dans des domaines telle que la pâtisserie, la boulangerie, la fromagerie et autres. • L'“intelligence du geste et de la main” est dévalorisée dans le système scolaire français. • L'information sur les métiers des “arts de la table” doit être plus concrète. (http://www.senat.fr /rap/r07-440 /r07440 _mono.html #toc 1) Autour de cette candidature, notre projet permettra de mieux comprendre la place de la gastronomie française dans le monde. Nous souhaitons donc offrir une meilleure visibilité sur les arts de la table, promouvoir les acteurs qui contribuent au développement de notre patrimoine gastronomique en France et à l'étranger. Enfin, nous souhaitons partager cette aventure humaine avec les jeunes français afin de leur transmettre le goût de la découverte, de l'aventure et de la gastronomie française.

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Objectifs du projet Dans la dynamique instaurée par le projet de candidature au patrimoine immatériel de l'Unesco, notre but général sera de promouvoir l'image de la gastronomie française en interrogeant les acteurs qui la développent autour du monde. Pour mener à bien notre projet, nous nous sommes fixé quatre objectifs : • Interviewer les acteurs de la gastronomie française à l'étranger. • Les filmer et les photographier dans leur travail. • Organiser une dégustation temporaire sur le thème “Découverte de la gastronomie française” en proposant des produits français aux populations locales. • Mettre en relation les jeunes français avec les acteurs rencontrés sur notre route.

> Interviewer les acteurs de la gastronomie française à l'étranger Notre mission va s'étendre sur un an, de juillet 2010 à juillet 2011, autour de la planète. Nous irons à la rencontre d'entrepreneurs passionnés par la gastronomie française qui auront bien voulu participer à l'aventure. Nous allons recueillir leurs témoignages grâce à un questionnaire que avons écrit afin de présenter leur motivation et leur choix de parcours. Cette interview sera transmise sur internet dans un format écrit. Nous introduirons chaque témoignage par un portrait afin de familiariser les internautes avec notre sujet. Nous comptons réaliser au moins une interview par semaine et nous espérons à la fin de notre projet rassembler un total minimum de 52 interviews à travers le monde. Pour nous permettre de retransmettre un maximum d'informations, nous utiliserons un dictaphone afin d'enregistrer tout les détails de nos entretiens. Ces interviews seront retranscrites en français et en anglais grâce aux compétences linguistiques des frères gastronomes. Ces derniers seront français ou étrangers mais leur point commun sera leur passion pour la gastronomie française. Nous tenterons aussi de connaître leur formation, la vision de leur expérience à l'étranger, leur point de vue sur la candidature de la France à l'Unesco et leur avis sur la formation des jeunes.

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Gastronomie > Filmer et photographier les intervenants dans leur travail Nous allons, à l'aide d'un appareil photo et d'une caméra numérique, présenter un portrait de chaque intervenant dans leur univers. Notre but étant de mettre un visage sur chaque personne interrogé. Exemple : filmer un chef préparant des plats français. Cela permet de voir les techniques utilisées dans les différentes cuisines du monde. Ces films permettront de présenter au public un support visuel mettant en avant le savoir d'un acteur da la gastronomie française. > Organiser une dégustation temporaire sur le thème “Découverte de la gastronomie française” en proposant des produits typiquement français aux populations locales Notre objectif est de partager avec les populations locales, que nous rencontrerons sur notre route, notre goût et passion pour la gastronomie française. Pour cet objectif, nous comptons sur l'aide des intervenants pour offrir l'opportunité à quelques personnes de déguster des plats français. Notre travail est d'aller faire déguster des produits devant notre caméra aux populations locales afin de mesurer le succès de la cuisine fran-

çaise. Pour ce faire, nous pensons emmener une table sur laquelle nous disposerons les plats aux couleurs de la France et du pays nous accueillant. Si nous en avons la possibilité, nous dresserons notre table devant une place ou un monument connu pour allier l'art culinaire à la culture historique du pays visité (la place rouge à Moscou, l'opéra de Sydney en Australie... ). Cette dégustation est un moyen pour partager un moment unique avec la population locale mais aussi de recueillir des avis, des conseils ou encore des critiques sur notre projet. C'est aussi notre manière de faire partager ce tour du monde au plus grand nombre.

accomplie, créer un dossier complet, que nous irons présenter lors de conférences. Nous souhaitons faire ces conférences pour des écoles, des associations de restaurateurs et pour toute autre personne qui souhaiterait en apprendre plus sur notre action. Ces conférences seraient présentées sous forme de reportage photos. Nous pensons que les rencontres post-tour du monde sont très importantes car elles permettront de transmettre notre expérience aux jeunes qui souhaitent travailler à l'étranger plus tard. Nous voulons aussi écrire un récit de voyage pour transmettre le goût de la découverte et la passion qui nous animent pour l'aventure et la gastronomie.

> Faire prendre conscience aux jeunes français des opportunités à l'étranger dans ce secteur Nous comptons, une fois notre mission

jjpoutrieux@bluewin.ch

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Pour en savoir plus Association “Les Frères Gourmands” 51 bis boulevard Carnot - 78110 Le Vésinet Roland : 06 01 75 92 50 - Thibault : 06 99 47 19 87 E-mail : lesfreresgastronomes@gmail.com Site web : www.lesfreresgastronomes.com

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Jean-Jacques Poutrieux

D ’ A D H É S I O N

Informations personnelles Nom : …………………………………………………………………………………………………… Prénom : ………………………………………………………………… Adresse : ……………………………………………………………………………………………… Code postal, ville : …………………………………………………… E-mail : …………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… Montant annuel de la cotisation 10 € Membre de soutien 50 € Membre actif 100 € Membre d’honneur + 100 € Membre Bienfaiteur Mode de paiement Chèque (à adresser à l’ordre de l’Association Les Frères Gastronomes) Espèce Fait le ………/………/20…… à ……………………………………………………………………………………………………………………………………………………… Je souhaite adhérer à l’association “Les Frères Gourmands” et m’engage à respecter les statuts dont je reconnais avoir pris connaissance (à consulter sur notre site). Les Frères Gourmands Signature précédée de la mention “lu et approuvé”

Association Les Frères Gourmands (régie par la loi du 1 juillet 1901 et le décret du 16 août 1901. Parution au Journal Officiel du 11 avril 2009) 51 bis boulevard Carnot - 78110 Le Vésinet. Roland : 06 01 75 92 50 - Thibault : 06 99 47 19 87 E-mail : lesfreresgastronomes@gmail.com - Site web : www.lesfreresgastronomes.com www.expatria-cum-patria.ch

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