L'itineraire No 05 : 2014-03-01

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Volume XXI, n˚ 5 Montréal, 1er mars 2014

www.itineraire.ca

Dossier

l'itinÉranCe

en rÉgion renContre

Denis CoDerre renÉ Derouin : l'artiste Migrateur ZooM sur JosePH ClerMont-MatHurin Feu Vert À louise Portal

shandy, sally… et CatHerine-anne touPin la nouVelle CHroniQue De

ianik MarCil


LE PROGRÈS SOCIAL DÉPEND DE NOUS. CSN.QC.CA


Joseph Clermont Mathurin Camelot No : 425 | Âge : 52 ans Point de vente: métro Papineau

J

« 'étais un gars assez rough and tough», lance Joseph d'entrée de jeu, pour parler de son «ancienne vie». Repenti du milieu de la criminalité, il a baigné dans la délinquance durant des années. «J'ai grandi làdedans. J'ai vendu de la drogue, fréquenté des motards; j'étais dans le milieu complètement», avoue-t-il. De cette vie rock'n'roll, Joseph ne garde aujourd'hui que son surnom de Rock et son franc-parler de dur à cuire. En parallèle, Joseph a été camionneur jusqu'en 2005, où il se fait suspendre son permis à cause d'amendes impayées. Frustré, c'est à ce moment qu'il commence à «débarquer pour de bon du système». Privé de chômage, il se retrouve vite à la rue. Il se réfugie alors sous le pont Jacques-Cartier, où il va dormir pendant des mois. «Je capotais, se souvient-il. Quand il faisait trop froid, je dormais dans les halls des édifices, mais je me faisais chasser souvent à coups de pieds.» Se sentant rejeté par tous, Joseph commence à faire la quête devant le métro Papineau, proche des locaux de L'Itinéraire. Il y fait la connaissance d'un intervenant qui lui propose de devenir camelot; une activité qu'il occupe depuis huit ans maintenant. «Vendre le magazine m'a permis de me réinsérer en ayant un travail honnête. Aussi, ça m'a aidé à changer et à prendre conscience que je pouvais devenir quelqu'un d'autre», témoigne Joseph. Joseph se dit satisfait de la vie qu'il mène à présent et n'a pas d'autres projets que de s'investir dans L'Itinéraire à l'avenir. «Je suis un autre homme. J'ai toujours le sourire et je suis tellement plus heureux qu'avant! Ça me suffit!», s'exclame-t-il. teXte : naFi aliBert pHoto : gopesa paquette

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nos Partenaires essentiels De lutte Contre la PauVretÉ

L'Itinéraire a pour mission de combattre la pauvreté et l'exclusion par le travail et une place en société. Notre organisme soutient et fait travailler quelque 200 personnes par semaine. Le magazine est donc une entreprise d'économie sociale qui s'autofinance. Mais son volet services sociaux comprend différents programmes pour offrir de l'aide psychosociale, du soutien alimentaire et en logement ou encore des services adaptés aux jeunes. Sans nos partenaires principaux qui contribuent de façon importante à la mission ou nos partenaires de réalisation engagés dans les programmes, nous ne pourrions aider autant de personnes. L'Itinéraire, c'est aussi plus de 2 000 donateurs individuels et corporatifs qui aident nos camelots à s'en sortir. Merci à tous! La direction de L'itinéraire tient à rappeler qu'elle n'est pas responsable des gestes des vendeurs dans la rue. si ces derniers vous proposent tout autre produit que le journal ou sollicitent des dons, ils ne le font pas pour L'itinéraire. si vous avez des commentaires sur les propos tenus par les vendeurs ou sur leur comportement, communiquez sans hésiter avec sylvie gamache, directrice générale adjointe par courriel à sylvie.gamache@itineraire.ca ou par téléphone au 514 597-0238 poste 222.

Partenaires MaJeurs

nous reconnaissons l'appui financier du gouvernement du Canada par l'entremise du fonds du Canada pour les périodiques, qui relève de patrimoine canadien. Les opinions exprimées dans cette publication (ou sur ce site Web) ne reflètent pas forcément celles du ministère du patrimoine canadien.

PrinCiPauX Partenaires De ProJets ISSN-1481-3572 n˚ de charité : 13648 4219 RR0001

DU MONT-ROYAL

Desjardins

l'itinÉraire est MeMBre De

Le magazine L'itinéraire a été créé en 1992 par Pierrette Desrosiers, Denise English, François Thivierge et Michèle Wilson. À cette époque, il était destiné aux gens en difficulté et offert gratuitement dans les services d'aide et les maisons de chambres. Depuis mai 1994, L'itinéraire est vendu régulièrement dans la rue. Cette publication est produite et rédigée par des journalistes professionnels et une cinquantaine de personnes vivant ou ayant connu l'itinérance, dans le but de leur venir en aide et de permettre leur réinsertion sociale et professionnelle. Convention de la poste publication no 40910015, no d'enregistrement 10764. retourner toute correspondance ne pouvant être livrée au Canada, au groupe communautaire L'itinéraire 2103, sainte-Catherine est, montréal (québec) H2k 2H9

Québecor est fière de soutenir l'action sociale de L'Itinéraire en contribuant à la production du magazine et en lui procurant des services de télécommunications.


Volume XXI, n˚ 5 rÉDaCtion et aDMinistration 2103, Sainte-Catherine Est Montréal (Qc) H2K 2H9 le CaFÉ l'itinÉraire 2101, rue Sainte-Catherine Est tÉlÉPHone : 514 597-0238 tÉlÉCoPieur : 514 597-1544 site : WWW.ITINERAIRE.CA

le MagaZine L'ITINÉRAIRE : Éditeur : Serge Lareault rédacteur en chef : Sylvain-Claude Filion Chef de pupitre actualités : Marie-Lise Rousseau Chef de pupitre Développement social : Gopesa Paquette infographe : Louis-Philippe Pouliot stagiaires à la rédaction: Marie-Christine Gaudreau et Valentine Bourgeois Collaborateurs : Nafi Alibert, Simon Cordeau, Éric Godin et Denyse Monté adjoints à la rédaction : Caroline Velleca, Hélène Filion, Lorraine Pépin et Marie Brion Photo de la une : Mario Jean révision des épreuves : Michèle Deteix, Lucie Laporte et Sabine Schir Design et infographie du site internet : Vortex solution ConseillÈres PuBliCitaires renée larivière : 514 461-7119 | renee.lariviere18@gmail.com Josée Poirier : 514 273-5002 | josee.poirier@itineraire.ca le Conseil D'aDMinistration Président : Stephan Morency Vice-président : Gabriel Bissonnette trésorier : Yvon Brousseau secrétaire : Serge Lareault Conseillers : Yvon Massicotte, Jean-Paul Lebel, Philippe Allard et Martin Gauthier l'aDMinistration Directeur général : Serge Lareault Directrice générale adjointe : Sylvie Gamache sylvie.gamache@itineraire.ca Directrice du financement et des partenariats : Sylvie Bouchard Conseillère au financement et aux partenariats: Elisabeth Julien-Rocheleau adjoint au développement social : Philippe Boisvert responsable de la comptabilité : Duffay Romano adjoint aux communications et relations de presse : Dorian Keller ÉQuiPe De soutiens auX CaMelots agent d'accueil et de formation : Pierre Tougas agent de soutien communautaire : Geneviève Labelle agent de développement : Shawn Bourdages gestion De l'iMPression TVA Studio | 514 848-7000 Directeur général : Robert Renaud Coordonnatrice de production : Andrée-Anne Gauthier imprimeur : IMPRIMERIE SOLISCO

Bijou Je vous écris pour vous faire part de mon commentaire très positif au sujet de votre bijou de journal L'Itinéraire, qui met à jour des sujets intéressants concernant les inégalités sociales, ainsi que le suivi avec les camelots que j'admire beaucoup, entre autres, Gabriel Bissonnette. C'est vraiment le périodique essentiel, intéressant et innovateur dont nous avons réellement besoin aujourd'hui. Merci mille fois pour votre compétence et votre approche professionnelle pour nous le livrer aux quinze jours. Croyez-moi, j'ai toujours hâte de le lire. Bravo! Gérard Bouchard À conserver… J'ai beaucoup aimé le dernier numéro de L'itinéraire (Volume XXI, no. 3, 1er février 2014). Particulièrement le zoom avec Gilbert Pouliot, l'éditorial en relation avec l'autre article de Info Rapsim, et les réflexions de Maude Guérin. J'ai l'intention de conserver ce numéro en archive pour me donner du courage dans la vie. Félicitation à toute l'équipe et merci à mon camelot Tuan du métro Henri-Bourassa. François Quintal Propos «enracinés» Je viens d'entendre M. Lareault avec Bazzo à la radio concernant le tragique destin de M. Magloire... J'ai grandement apprécié ses propos très nuancés et bien «enracinés» dans du concret et du pragmatique. Il me rejoint dans ce que je vis, ai vécu et vivrai avec et pour mon fils de 25 ans qui lui, vit à plein temps depuis 8 ans avec la schizophrénie profondément ancrée en lui. Mais fort heureusement, à force de combats de mon épouse et moi, parfois contre, parfois avec les services de santé, de justice et policiers, nous sommes, avec notre fils (grâce à sa grande collaboration) arrivés à créer un climat serein pour qu'il vive mieux et entretienne ce mieux-être malgré la maladie qui le hante. Merci à vous tous de L'Itinéraire! Vous êtes des champions. Claude Martineau Précision Je vous remercie pour l'article sur le projet-pilote Pause Santé qui est paru dans le volume XX, no 23. Cette visibilité est vraiment très appréciée. Cependant, je dois vous informer de deux erreurs qui se sont retrouvées dans l'article : «Depuis le printemps, 13 résidents sur 14 en sont sortis complètement guéris» et «Les résidents sont libres de faire ce qu'ils veulent et ne sont pas contraints de diminuer leur consommation de drogue et d'alcool. L'intervenante fait remarquer que la majorité des résidents le font tout de même de leur propre gré.» Voici selon les faits : depuis le printemps, huit résidents ont terminé leur traitement avec succès, toutefois, nous devons attendre encore six mois avant de nous prononcer sur leur guérison définitive. Ensuite, les personnes admises ici doivent être stables au niveau de leur consommation et de leur santé mentale. Nous travaillons dans une approche de réduction des méfaits, toutefois nous les encourageons fortement à diminuer leur consommation de drogue et d'alcool pendant le traitement de leur hépatite C afin qu'ils bénéficient du maximum de chance de réussite. L'intervenante fait remarquer que les résidents ont en effet diminué leur consommation de façon notable. Bien à vous, Alain Bernier, adjoint administratif CAPAHC (Centre Associatif Polyvalent d'Aide Hépatite C)

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1er mars 2014

aCtualitÉs 7 éditoriaL 8 rond point 11 shandy, sally... et

CatHerine-anne touPin

14 dossier

itinÉranCe en rÉgion

20 renContre

Denis CoDerre

22 26e semaine québécoise de la déficience intellectuelle

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le CŒur De l'itinÉraire

26 le Cœur 28 les mots des camelots 35 info rapsim 36 JustiCe 37 ianik marCiL

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PanoraMa

38 renÉ Derouin L'artiste migrateur 42 vivre 43 Livres 44 détente 46 feu vert À… louise Portal

Ce magazine coûte

LES CAMELOTS SONT DES TRAVAILLEURS AUTONOMES 50 % DU PRIX DE VENTE DU MAGAZINE LEUR REVIENT


SUNDERLAND de Clément Koch mise en scène et adaptation de Serge Postigo Catherine-Anne Toupin Eloi ArchamBaudoin Karine Belly Frédéric Blanchette Debbie Lynch-White Marie-Claude Michaud Marie-Ève Milot Henri Pardo décor Jonas Veroff Bouchard costumes Daniel Fortin éclairages Matthieu Larivée musique Christian Thomas accessoires Normand Blais

Du 19 février Au 29 MArS


ÉDitorial

«La laine des moutons...» «...c'est nous qui la tondaine, la laine des moutons, c'est nous qui la tondons.» C'est cette comptine de mon enfance qui me trotte dans la tête en préparant cet édito. sylVain-ClauDe Filion | sylvain-claude.filion@itineraire.ca

I

l paraît que nous vivons dans un pays riche. Mais cette définition concerne de moins en moins de citoyens. La classe moyenne est en voie de disparition, la cohorte des pauvres est en passe de constituer la majorité. Où va donc tout cet argent généré par ce pays qu'on dit prospère? En 2013, les cinq grandes banques canadiennes (Royale, CIBC, TD, BMO et Scotia) ont engrangé des profits sans précédent de 29,25 milliards $. Ce qui ne les a pas empêchées de procéder à des mises à pied durant le dernier trimestre de l'année. Le NPD de Thomas Mulcair a demandé que les frais bancaires, qui peuvent atteindre jusqu'à 3 $ par transaction au guichet automatique, soient ramenés à 50 ¢ - une motion qui sera vraisemblablement rejetée par les Conservateurs. Alors que le prix du baril de pétrole est resté stable en 2013, les détaillants ont augmenté leur marge de profit de 14 % sur les prix à la pompe. Et quand aux impôts, ils sont loin d'être répartis équitablement. Il semble plutôt que plus on est riche, moins on en paie.

le paradis canadien

Dans un essai publié il y a quelques jours par Alain Deneault1, on apprend qu'en 2012, 155 milliards $ ont été placés par des Canadiens dans les sept principaux paradis fiscaux. Comment font ces milliardaires pour s'enrichir ? Le taux d'imposition des entreprises, au fédéral, est passé de 37,8 % en 1981 à 15 % en 2012. On a éliminé la taxe sur le capital en 2006. Le pourcentage imposable des gains en capitaux a été abaissé à 50 %. Les grandes entreprises peuvent reporter indéfiniment le paiement de leurs impôts et certaines compagnies minières, pétrolières et gazières peuvent se constituer en fiducies de revenus non imposables. Bref, depuis une quinzaine d'années, le Canada serait devenu un paradis fiscal. Professeur de droit fiscal à l'Université McGill, Allison Christians pointe du doigt «la concurrence que se livrent les États sur le plan de la fiscalité pour séduire le capital et privilégier certaines industries. Ce faisant, ils imposent au reste de la

société des coûts dont on ne mesure pas l'ampleur.» En février, le Congrès américain a réduit d'un autre 8,6 milliards sur dix ans le budget alloué au programme de bons alimentaires auquel ont recours quelque 47 millions d'Américains. Drôle de retour des choses, ce sont des chaînes comme Wal-Mart qui pourraient voir leur chiffre d'affaires diminuer puisque c'est là que les plus pauvres vont acheter leurs denrées.

silence, on tond

Ce que l'on constate, c'est que l'écart avec les ultra riches et les plus pauvres ne cesse de s'accroître dans les pays industrialisés. Éric Desrosiers a rapporté dans Le Devoir que selon l'ex-secrétaire américain au Travail Robert Reich, «l'affaiblissement des syndicats et la précarité du marché de l'emploi font que les gens n'osent plus dénoncer leurs conditions.» Il ajoute que les étudiants «sont trop endettés pour se permettre de passer pour des fauteurs de troubles aux yeux de possibles employeurs» et que «les gens ont perdu toute confiance dans la capacité et la volonté de leurs gouvernements de changer les choses». On baigne dans l'inertie! Et on reproche aux simples citoyens d'être surendettés. Mais quand arrive la fin du mois et qu'on en est réduit à utiliser sa carte de crédit pour acheter du bœuf haché, peut-on reprocher au citoyen de s'endetter ? Et si les électeurs finissaient par exiger une meilleure répartition des richesses? Et si ça pouvait devenir un enjeu politique, à l'heure où Stephen Harper se met en mode préélectoral et que Pauline Marois s'apprête à déclencher des élections ? Claude Péloquin, qui avait fait scandale en écrivant «vous êtes pas tannés de mourir, bande de caves» sur la murale du Grand Théâtre de Québec, graffiterait peutêtre aujourd'hui «vous êtes pas tannés de vous faire tondre, bande de moutons ?» 1 : Paradis fiscaux, la filière canadienne, Alain Denault, éditions Écosociété.

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PAR VALENTINE BOURGEOIS, SIMON CORDEAU, MARIE-CHRISTINE GAUDREAU, ÉRIC GODIN ET MARIE-LISE ROUSSEAU

ROND-POINT questions à

Mélanie Maynard

et que les gens se prennent en main. On tient la santé pour acquis, mais il y en a beaucoup qui sont encore très loin de manger équilibré.

Qu'y a-t-il de spécial cette année pour la 10e édition?

Ricardo s'est joint au Défi Santé en proposant 10 recettes dans le passeport IGA. En s'inscrivant au défi, on reçoit un passeport avec des rabais pour ses recettes. Il y a aussi l'objectif équilibre qui vise à améliorer la qualité du sommeil. Il y a un quiz et des tests à faire sur le site avec plein d'autres outils et des accompagnements MP3 pour guider la personne ins­ crite dans sa démarche.

La comédienne et animatrice est porteparole du Défi Santé 5/30 Équilibre du 1er mars au 11 avril. Par Valentine Bourgeois

En quoi consiste le Défi Santé 5/30 Équilibre?

Le Défi Santé 5/30 c'est s'engager pendant six semaines à manger cinq portions de fruits et légumes et à bouger 30 minutes par jour. C'est un petit objectif qu'on se donne pour améliorer sa qualité de vie.

Pourquoi avoir accepté d'en être la porte-parole?

Les artistes sont beaucoup amenés à solliciter les gens, mais cette cause est noble et en plus on ne vend rien, il y a même des prix à gagner. C'est juste une initiative pour que le Québec soit plus en forme

Un mot d'encouragement pour les gens qui hésitent à s'inscrire au défi?

À peu près tout le monde a accès à un ordinateur et le seul effort à faire au début c'est d'aller s'inscrire. Avec un peu de motivation, ça devrait se faire tout seul. Je garantis qu'après six semaines, au moins le tiers des habitudes qu'ils vont avoir appliquées pendant le défi vont se garder; ce sera toujours ça de pris. D'année en année, le nombre d'inscriptions va en augmentant et les gens aiment ça, beaucoup se réinscrivent l'année suivante! defisante.ca

Première victoire contre les pesticides Femmes clés Un vent de victoire plane sur les environnementalistes qui ont forcé Ottawa à revoir sa décision quant à l'utilisation de pesticides dans les cultures canadiennes; pesticides déjà bannis en Europe. À l'origine de ce changement de cap : Équiterre et la Fondation David Suzuki, qui ont intenté une poursuite contre le ministère de la Santé et l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire en août dernier, dénonçant leur refus d'examiner l'homologation de pesticides riches en ingrédients actifs. Ces ingrédients toxiques pour la santé et pour l'environnement sont responsables de nombreux cancers et de la contamination de l'eau. (MCG)

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Des clés à la portée de toutes, voilà le thème retenu cette année pour la Journée internationale des femmes qui se tient le 8 mars. Ces clés expriment les nouveaux espaces conquis, au fil du temps, par les femmes et présente le féminisme comme une vision d'espoir. Pour l'occasion, la Fédération des femmes du Québec présente une soirée publique et ouverte à tous sur le thème «Résistances et alternatives féministes contre le néo-libéralisme» le soir du 5 mars. (VB) ffq.qc.ca

Crédit : Le Collectif 8 mars, Huguette Latulippe/ Promotion inc. Illustration : Geneviève Guénette


Crédits photo : Martine Michaud (Mishô)

GODIN DANS LA RUE

L'Itinéraire du bonheur Saviez-vous que le 20 mars a été décrété Journée internationale du bonheur par l'ONU en 2012? La première célébration de cette journée au Canada se tiendra à Montréal et L'Itinéraire y prend part! Un panel intitulé «Sur la route du bonheur national brut» animé par notre rédacteur en chef Sylvain-Claude Filion se tiendra le jour même à la Maison du développement durable. Notre chroniqueur économique Ianik Marcil, Renaud Gignac, chercheur à l'Institut de recherche et d'informations socio-économiques et Steven Guilbeault, directeur principal d'Équiterre, prendront part à un échange sur cette thématique universelle. Pour l'occasion, l'exposition Le Bhoutan : sur la route du bonheur national brut de la photographe Martine Michaud sera présentée à la Maison du développement durable jusqu'au 10 avril. (MLR)

LE NOMBRE

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Une femme sur 14 a été agressée sexuellement par une personne autre que son partenaire, selon la première étude mondiale de la violence sexuelle contre les femmes publiée dans la revue médicale britannique The Lancet.

Montréal 3 fois au top Ces trois œuvres montréalaises créées l'an dernier lors du festival MURAL se retrouvent dans le top 25 des plus belles murales du monde, selon le magazine Complex. MURAL a pour objectif de contribuer à la transformation durable du paysage urbain. (MLR)

Suffit le contrôle! Pas de contention, pas d'isolement et pas de substances chimiques pour contrôler les personnes atteintes de maladie mentale : voilà ce que prône l'Association des groupes d'intervention en défense des droits en santé mentale du Québec. Dans son manifeste, l'Association reproche au ministère de la Santé et des Services sociaux de ne pas avoir mené à bien son plan d'action de 2002. Il réclame également l'élimination de ces mesures de contrôle et émet des recommandations, notamment l'implication du patient dans les décisions qui le concerne. (SC)

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ronD-Point international Les travailleurs de Wal-Mart se joignent au mouvement national pour l'augmentation du salaire minimum. Peu payés, les travailleurs de Wal-Mart n'ont pas d'heures garanties ce qui en force plusieurs à avoir recours aux allocations gouvernementales et à l'aide alimentaire pour nourrir leur famille. Wal-Mart engrange 17 milliards $ en profits annuels et ses critiques soutiennent que cela n'est possible que parce que le gouvernement débourse plus d'un milliard $ de fonds publics en soutien divers aux employés du géant du détail américain vivant sous le seuil de la pauvreté. (Homeward Street Journal) L'organisation OURWalmart dénonce les conditions de travail des 1,4 million employés de la firme.

royauMe-uni | nationalisations en vue ? Selon un sondage du Centre for Labor and Social Studies, les Anglais veulent que l'État intervienne plus dans l'économie. 70 % des répondants ayant voté pour les conservateurs en 2010 affirment ne pas bénéficier personnellement de la relance économique vantée par le premier ministre David Cameron. Sept répondants sur dix veulent que le gouvernement puisse contrôler les prix de l'énergie et du carburant alors que six sur dix pensent qu'on devrait tout bonnement nationaliser les industries du transport et de l'énergie. Un désir évident d'effacer le legs de Margaret Thatcher. (Open Democracy) Les tarifs ferroviaires du Royaume-Uni augmentent trois fois plus vite que les salaires.

pHoto : REUTERS/JOE SKIPPER

aFriQue Du suD | Pilule dorée

argentine | Court-circuit

Six personnes sont décédées pendant les fêtes lors d'une vague de chaleur en Argentine. La consommation d'électricité a atteint des niveaux record, causant des pannes d'électricité de deux à dix jours dans plusieurs quartiers de Buenos Aires. Les Argentins sont descendus dans la rue pour décrier ce qu'ils jugent être une conséquence directe de la privatisation du secteur énergétique au cours des années 1990. Les infrastructures en mauvais état n'ont pas tenu le coup et les manifestants reprochent aux entreprises énergétiques de ne pas avoir suffisamment investi pour les entretenir. (IPS)

La mission de Médecins Sans Frontières (MSF) en Afrique du Sud utilise depuis peu une nouvelle drogue pour traiter les gens souffrant de la tuberculose multi-résistante. Le linezolid fabriqué par Pfizer est très coûteux et les lois de la propriété intellectuelle sud-africaines empêchent d'avoir accès à sa variante générique vendue au dixième du prix. Les grandes pharmaceutiques profitent des lois du pays pour rallonger la période de protection sur leurs brevets en effectuant des modifications minimes à leurs produits, qui leur donnent à chaque fois une extension de protection de 20 ans. (The Big Issue South Africa)

Les habitants de Buenos Aires furieux contre les pannes de courant lors de la pire vague de chaleur à frapper le pays en 100 ans.

Une infirmière de MSF dispensant des médicaments pour la tuberculose au Lizo Nobanda TB Care Centre à Khayelitsha.

pHoto : faBiana frayssinet/ips

PHOTO: MSF

L'Itinéraire est membre du International Network of Street Papers (Réseau International des Journaux de Rue - INSP). Le réseau apporte son soutien à plus de 120 journaux de rue dans 40 pays sur six continents. Plus de 200 000 sans-abri ont vu leur vie changer grâce à la vente de journaux de rue. Le contenu de ces pages nous a été relayé par nos collègues à travers le monde. Pour en savoir plus, visitez www.street-papers.org.

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pHoto : REUTERS/PAUL HACKETT

États-unis | Profits subventionnés


rencontre

Shandy, Sally... et

CATHERINE-ANNE

TOUPIN Impossible de parler d'elle sans mentionner Shandy, la colorée prisonnière à la sexualité débordante dont elle a repris le rôle avec brio dans Unité 9. Depuis qu'elle chausse les souliers de Suzanne Clément, son ancienne interprète, CatherineAnne Toupin est plus en demande que jamais. Non loin de l'univers carcéral féminin du téléroman chouchou des Québécois, la blonde aux yeux verts incarne présentement Sally, une jeune femme issue d'un milieu pauvre, dans la pièce Sunderland, qui vient de prendre l'affiche au Théâtre Jean-Duceppe. La comédienne confie se retrouver davantage dans l'interprétation de femmes issues de milieux difficiles, empreintes de force et de détermination. Des personnages qui rejoignent davantage ses préoccupations sociales. PAR MARIE-LISE ROUSSEAU PHOTOS : MARIO JEAN

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la fois où Catherine-anne toupin s'est senti le plus démunie Comment t'es-tu préparée pour ce rôle?

J'ai ça en moi. On me fait souvent jouer les femmes un peu fofolles, riches, sexy et, depuis quelques temps, on me lance sur autre chose avec des projets comme Unité 9. On me fait aller ailleurs, dans quelque chose qui est beaucoup plus proche de moi. Quelque chose de plus grave, plus descendu, plus bas, plus Québécois, plus ancré. Et je trouve formidable d'avoir la chance d'aller là. Pour moi il y a un lien direct entre la pièce et ce que je fais dans Unité 9.

C

omment décrirais-tu Sunderland dans tes mots?

C'est l'histoire de trois filles qui mènent une vie rough dans une petite ville du nord de l'Angleterre. Une vie loin de ce que je fais ici. L'usine de poulet de la ville ferme à cause de la grippe aviaire et tout le monde perd sa job, y compris Sally. N'ayant plus d'argent, le gouvernement veut lui retirer la garde de sa jeune sœur autiste, sa seule famille. Sally va tout faire pour la garder auprès d'elle. Elle se lance donc dans des projets, comment je dirais… moralement ambigus, mais à la fois très drôles, pour faire de l'argent.

Moralement ambigu… c'est intriguant! Peut-on en savoir plus?

Sally décide de devenir mère porteuse. Ce qui est beau dans cette histoire est qu'elle n'a jamais eu de mère, car la sienne l'a abandonnée. Et là elle se ramasse avec cette réalité d'avoir un bébé, mais de devoir l'abandonner aussi. Tout ça a l'air bien lourd, parce qu'il y a des thèmes forts et dramatiques, mais la beauté de cette pièce est que c'est traité avec un humour formidable. On rit et on pleure. L'habileté de l'auteur, Clément Koch, est d'avoir tissé une pièce où chaque scène nous fait passer de l'un à l'autre. Les trois filles, - Ruby, la colocataire, Sally et sa jeune sœur - sont comme trois fleurs qui poussent dans la garnotte. Leur milieu est rough, mais elles sont remplies de forces, de soleil, de vitalité, de couleur.

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Ce sont des milieux marginaux…

Oui, exactement! C'est sûr que c'est pas le même personnage, puisque Sally n'a aucune once de sexualité. Elle n'est même pas au courant qu'elle a un corps. Tout le contraire de Shandy! Mais il y a une parenté dans ces filles par le milieu d'où elles viennent. Ce sont des filles qui n'ont pas grand-chose, mais qui font tout pour s'en sortir. Ça m'interpelle.

En sortant du Conservatoire, ça m'a pris du temps à travailler de manière rémunérée comme comédienne. Je faisais des projets en théâtre, mais ça ne me donnait pas une cenne. J'ai donc eu des jobines. Quand le magasin où je travaillais a fermé, je me suis ramassée avec rien. Je me souviens m'être dit : «Oh my god, je ne suis pas sûre comment je vais faire pour payer mon prochain loyer!» Ce qui me sauve est que j'ai des parents. Au début, je ne voulais pas leur demander. Finalement je l'ai fait. Ils m'ont aidé selon leurs moyens et, peu de temps après, je me suis trouvée une job comme prof d'anglais. J'imagine que des gens font face à ça régulièrement et n'ont pas une personne ressource pour les aider. Et ça… wow! Je me serais démerdée je suis sûre, mais ça a aidé d'avoir Pierre et Marie Toupin au bout du fil!

«Ça fait quand même 14 ans que je travaille sans arrêt en théâtre et en télé. Mais c'est la première fois que j'ai de l'attention médiatique.»


«On me fait souvent jouer les femmes un peu fofolles, riches, sexy et, depuis quelques temps, on me lance sur autre chose avec des projets comme Unité 9.»

Quand tu es sortie du Conservatoire d'art dramatique, tu as fondé le théâtre ni plus ni moins. est-ce qu'il existe toujours?

Oui. On est un peu moins actifs pour la simple et bonne raison qu'avoir sa compagnie prend un temps qui dépasse l'entendement. Mais l'écriture est très proche de mon cœur et j'ai très hâte de pouvoir m'attaquer à nouveau à ça.

Comment est-ce que ces sujets viennent te chercher?

Je vais te raconter une anecdote. Micheline Lanctôt et moi, pour Unité 9, on a tourné toute une journée dans le parc Émilie-Gamelin. C'est un coin que je connais bien, j'y passais tout le temps pendant mes études. Mais je ne m'y étais jamais arrêtée pour passer toute une journée là. C'est quand tu t'arrêtes et que tu vois les gens qui sont là, qui passent non seulement leur journée, mais leur semaine, leur mois là, que tu les vois faire du crack en arrière dans le coin, qui fument un joint, qu'ils viennent te parler parce qu'ils aiment tellement Unité 9, que ça te rentre dedans. Parce que moi après ma journée de tournage, je retourne dans mon condo et j'ai pas à me poser de questions sur comment je vais manger demain. De passer la journée là, à parler avec plusieurs de ces personnes entre les prises, pour savoir qui ils sont, écouter leur vie… Ça m'a pris une semaine à le digérer.

est-ce que ça a changé la perception que tu avais de ce milieu?

Je suis naturellement quelqu'un qui a beaucoup d'empathie et de compassion. J'ai de la misère à écouter des documentaires sur des jeunes défavorisés; je vais brailler tout le long! En fait, ce n'est pas que ça a changé ma perception, car je savais que tout ça existait, mais ça a encore plus ancré mon désir de vouloir parler de ces gens là, de vouloir les côtoyer, de ne pas vouloir qu'ils soient mis à l'écart de la société. Parce qu'on ne les voit pas. Quand je passais tous les jours au parc Émilie-Gamelin, je ne les voyais pas. Pas parce que je suis niaiseuse et prétentieuse, juste parce que je suis affairée, j'ai ma journée dans le corps. C'est seulement quand tu t'arrêtes que tu te dis «Oupelay, y a

sur quoi aimes-tu écrire?

des gens pour qui c'est pas mal plus dur que pour moi». Ça remet les valeurs à la bonne place.

est-ce que certaines causes te tiennent plus à cœur?

J'affectionne beaucoup les Auberges du cœur. J'ai eu la chance de naître dans un milieu privilégié au plan de l'amour, pas beaucoup de superflu, mais tout l'essentiel était là. Beaucoup de jeunes ne naissent pas avec ça. C'est une espèce de loterie de la vie et y a du monde qui pige vraiment un meilleur numéro que d'autres. Aux Auberges du cœur, beaucoup de jeunes n'ont pas eu la chance que j'ai eue et si on changeait les rôles, j'y serais à leur place. S'ils avaient eu mes parents, ils ne seraient pas là, c'est impossible. Si tu pars solide dans la vie, même si des fois tu pognes de la grosse garnotte, tu peux retrouver tes assises. Mais quand tu pars tout croche, my god, c'est plus difficile.

on ne peut pas passer à côté de shandy, dont tu as repris le rôle dans Unité 9. sens-tu qu'il y a un avant/ après shandy dans ta carrière?

Oui, je le sens. Mais il ne faut pas mélanger le travail avec l'attention médiatique. Ça fait quand même 14 ans que je travaille sans arrêt en théâtre et en télé. Mais c'est la première fois que j'ai de l'attention médiatique. Et c'est là qu'on voit à quel point ça a une importance, parce que tout d'un coup les gens savent que j'existe. Je le prends comme un cadeau du ciel.

J'aime partir de l'humain. Ma première pièce portait sur les relations de couples, parce qu'à cette période de ma vie, la mi-vingtaine, ça m'obsédait. Maintenant, je suis parfaitement heureuse, je suis pas mal casée! [NDLR : elle est la conjointe d'Antoine Bertrand.] Dans ma deuxième pièce, je parlais de quelque chose que mes parents ont vécu : la perte d'un enfant. J'avais envie d'en parler parce que ça m'a beaucoup habité. Mais qu'est-ce que ce sera dans un an, dans deux ans? Je ne peux pas te le dire.

t'inspires-tu beaucoup de ton vécu?

Je trouve important de partir de soi, mais ce n'est jamais autobiographique. Je trouve que la beauté dans l'art est de partir d'une parcelle de soi et de l'amener plus loin. D'en faire une fiction. C'est là que l'histoire devient de l'art.

sunderland De Clément Koch, mise en scène et adaptation de Serge Postigo, avec Catherine-Anne Toupin, Éloi ArchamBaudoin, Karine Belly, Frédéric Blanchette, Debbie Lynch-White, MarieClaude Michaud, MarieÈve Milot et Henri Pardo.

Jusqu'au 29 mars

Théâtre JeanDuceppe (duceppe.com)

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Dossier

Des Québécois errants CE N A R É ITIN ON I G É R EN

S

Par siMon CorDeau

férentes de l'itinérance.» Pour plusieurs, l'itinérance se manifeste comme une instabilité résidentielle. «Ils ne savent pas où ils vont pouvoir vivre demain matin», illustre Mme Bellot. Bien définir le phénomène et ses chiffres est d'autant plus difficile, dû à cet aspect caché, admet Mme Bonnefont. «Ils n'utilisent pas toutes les ressources», indique-t-elle. La plupart des chiffres sont donc souvent endessous de la réalité.

Manque de ressources

Un enjeu important est le manque pur et simple de ressources. «Il y a une dif-

férence de concentration entre Montréal et les région. À Montréal, il y a plus de personnes, donc plus d'organismes», explique Mme Bonnefont. En région, c'est l'inverse. Mme Bellot parle aussi de la difficulté de mettre en place des ressources spécialisées, étant donné cette absence de densité. «On ne pourra pas créer des refuges dans chaque petite ville.» Selon elle, il ne reste qu'à créer des programmes généraux, qui s'appliquent aussi aux régions. Malgré l'éparpillement des itinérants, les besoins sont là. Et la tendance va en s'accroissant. À Sainte-Adèle, L'Écluse des Laurentides rejoint près de 1000 personnes par année avec

pHoto: 123fr.Com/giuseppe aneLLo

elon Anne Bonnefont, coordonnatrice du Réseau solidarité itinérance du Québec (RSIQ), l'itinérance en région est souvent invisible, cachée. Mais elle existe bel et bien. «En région, l'itinérance chronique est rare. Elle est plus circonstancielle ou cyclique. Aussi, elle est moins visible parce qu'elle est moins dans la rue», affirmet-elle. Le phénomène n'est pas reconnu depuis longtemps, d'après Céline Bellot, professeure de l'École de service social de l'Université de Montréal. Avant, on parlait surtout de Montréal et de Québec. «Cette reconnaissance de l'itinérance en région passe par la reconnaissance de formes dif-

L'itinérance ne se passe pas que dans la rue. Ou qu'à Montréal. Dans les régions du Québec, certains errent de logement en logement, dorment sur le canapé d'un ami, dans leur voiture ou cohabitent à dix dans un minuscule appartement. Le tout, discrètement, sans être vu. Le tout, ignoré.

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son travail de rue. Le Transit de Sept-Îles, seul refuge de la Côte-Nord, accueille 300 personnes par année... mais reçoit 1000 demandes. À Terrebonne, la Hutte ne devait servir que l'hiver. Pour répondre à la demande, elle accueille 500 personnes par année, toute l'année. «Je pourrais vous donner plusieurs autres exemples», ajoute Mme Bonnefont. Pour certains groupes, ce manque de ressources est criant. Les femmes victimes de violence conjugale, par exemple, sont privées d'aide spécialisée. Les jeunes peuvent être plus facilement marginalisés, par exemple s'ils sont homosexuels. Sans compter les enjeux auprès des populations autochtones... La solution, pour plusieurs est de migrer vers Montréal, là où sont les ressources et les organismes. «Les jeunes viennent à Montréal aussi pour diluer leur marginalité dans l'anonymat de la ville», affirme Mme Bellot. Avec cette délocalisation, les itinérants perdent leurs liens, leurs affiliations, leurs repères. Cela contribue à leur isolement. Les régions ont également leurs forces, nuance Mme Bellot. «Les mécanismes de solidarité y sont beaucoup plus développés. Il y a plus de proximité avec la famille et avec le voisinage. Ça permet une meilleure intervention.» Fournir davantage de ressources aux régions pourrait freiner cette migration vers les grands centres. Cela permettrait d'utiliser les liens que les gens ont déjà avec leur région, de les aider chez eux. «Pour la plupart des jeunes, ajoute Mme Bellot, leur projet de sortie de rue, c'est de retourner en région.»

une politique nationale

La nouvelle Politique sur l'itinérance du gouvernement du Québec (pas encore rendue publique au moment de mettre sous presse) devrait aider les choses, espèrent le RSIQ et Mme Bellot. Mme Bonnefont espère spécialement y voir des réponses structurelles, qui s'attaquent aux causes plutôt qu'aux conséquences de l'itinérance, comme l'éducation, le logement, les revenus, etc. «Elle s'inscrit dans le temps, contrairement à un plan d'action qui a une échéance. Là, tous les gouvernements futurs seront tenus d'agir dans le cadre de la politique.» Mme Bellot souhaite aussi que la Politique évite de faire un clivage entre les régions et les grandes villes. «Il faudrait que les services soient disponibles équitablement, peu importe où se trouve le besoin.» Elle prend l'exemple de la construction de logements sociaux, qui est beaucoup plus lourde sur l'économie d'une petite ville que sur celle de Montréal. «Parfois, on tente de financer avec des activités de financement, comme des soupers spaghetti. Mais il en faut, des soupers spaghetti!» En définissant les grands axes sur lesquels intervenir, la nouvelle politique devrait permettre de mettre en place divers plans d'action et de débloquer les ressources nécessaires à leur réalisation. Contactée par courriel, la ministre responsable du dossier, Véronique Hivon, nous a assuré que les régions étaient au cœur des réflexions concernant cette politique. Elle a toutefois préféré attendre la publication de la politique avant d'émettre plus de commentaires.

L'itinérance situationnelle

pHoto: 123fr.Com/WeerapatWattanapiCHayakuL

est temporaire et se stabilise rapidement. Elle survient souvent à la suite d'une crise, par exemple une rupture ou une perte d'emploi. Elle est la forme d'itinérance la plus fréquente au Québec.

L'itinérance cyclique est caractérisée par un phénomène de va-et-vient dans les ressources d'hébergement. La personne réussit momentanément à s'en sortir, puis vit une situation qui la ramène dans l'itinérance.

Les jeunes viennent à Montréal pour diluer leur marginalité dans l'anonymat de la ville. Céline Bellot, professeure de l'École de service social de l'Université de Montréal

En région, l'itinérance est moins visible parce qu'elle est moins dans la rue. Anne Bonnefont, coordonnatrice du Réseau solidarité itinérance du Québec

L'itinérance chronique est la plus visible, mais la plus rare. Elle caractérise les sans-abri qui n'ont pas de logement stable depuis une longue période. Ils se retrouvent fréquemment dans les refuges et dans la rue. (MLR) 1er mars 2014 | ITINERAIRE.CA

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Dossier

l'itinérance, région par région

Par Valentine Bourgeois et Marie-lise rousseau

Huit régions du Québec où l'itinérance est en voie de devenir une problématique socioéconomique.

Val-d'Or entre itinérance autochtone et boom minier On les trouve couchés dans les entrées de guichets automatiques, dans les parcs et jusque dans des bennes de poubelles. La majorité des sans-abri de Val-d'Or provient des réserves amérindiennes du Grand Nord. En perte de repères, rejetés par leur communauté, en rupture avec la société et victimes de préjugés, ces itinérants trouvent trop souvent refuge dans la consommation de drogues et d'alcool. «Il y a une grande méconnaissance de l'autre», déplore Véronique Gagné, directrice générale de La Piaule de Val-d'Or, ressource majeure d'accueil des itinérants. Pour répondre aux besoins des personnes intoxiquées, habituellement

refusées dans les ressources d'hébergement traditionnelles, La Piaule de Val-d'Or a ouvert un hébergement d'urgence qui leur est réservé. Il n'y a pas que chez les autochtones que l'itinérance frappe à Val-d'Or. Le boom minier qui se développe en Abitibi-Témiscamingue cause une crise du logement qui ne dérougit pas. Selon le FRAPRU, le taux de logements inoccupés n'a pas dépassé 0,2 % depuis 2005. «On est devenu la plaque tournante du Grand Nord», résume Véronique Gagné, qui observe une augmentation d'achalandage à La Piaule de Val-d'Or. (MLR)

Gatineau, à la frontière de l'itinérance Croyez-le ou non, il est plus cher de se loger à Gatineau qu'à Montréal. Voisine d'Ottawa, la ville compte parmi ses habitants plusieurs ménages à revenus élevés travaillant dans la fonction publique canadienne. Résultat : les familles de Gatineau peinent à se loger convenablement. Le hic? Les ressources en itinérance ne sont pas adaptées pour accueillir des familles. «Il n'est pas rare de voir une famille être hébergée dans des refuges séparés, explique Alexandre Ranger, coordonnateur du Collectif régional de lutte à l'itinérance en Outaouais. Les jeunes se retrouvent

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dans les Auberges du cœur, le père dans un refuge pour hommes et la mère dans une ressource pour femmes.» Malgré tout, les logements restent plus abordables à Gatineau que dans la province voisine, ce qui amène des itinérants de l'Ontario à traverser la rivière Outaouais. Les ressources d'hébergement ne prennent pas en compte la provenance des itinérants qui s'y abritent. «On collabore pour répondre aux urgences, mais il faut faire plus de ponts entre les organismes», estime Alexandre Ranger. (MLR)


La face cachée des Laurentides On en parle peu, parce qu'on ne la voit pas. L'itinérance dans les Laurentides est pourtant la réalité de plusieurs. Entre les chalets des plus fortunés et les lieux de plaisance, elle demeure cachée. «Ici, on vit plus d'instabilité résidentielle, de l'itinérance dans la rue comme à Montréal, on n'en a pas», explique Émilie Rouleau, directrice générale de L'Écluse des Laurentides, un organisme qui rejoint sa clientèle par des travailleurs de rue. Le problème étant moins apparent, les ressources se font rares et les subventions, insuffisantes. Frédérick Gagnon, directeur adjoint de Centraide, abonde dans le même sens. «Il n'y a pas vraiment de reconnaissance de l'itinérance dans la région», se désole-t-il. Plusieurs n'ont pas d'adresse fixe mais trouvent quand même un endroit où dormir pour un temps, que

ce soit chez un ami, dans un motel ou un centre d'hébergement. Certains pratiquent même le camping, surtout en été. Des familles vivent dans des chalets trois saisons sans eau courante. «C'est accepté de vivre dans des conditions inacceptables», déplore M. Gagnon. Certains itinérants se rendent à Montréal ou à Joliette pour trouver de l'hébergement, mais plusieurs refusent de quitter leur village. (VB)

Investir dans l'urgence à Trois-Rivières Le nombre de personnes différentes hébergées au refuge Le Havre à Trois-Rivières a augmenté de 300 % entre 1990 et 2011. Cette croissance révèle une augmentation significative du nombre de personnes en rupture sociale. Comment expliquer une telle croissance depuis plus de 20 ans? Il est difficile de répondre à cette question avec certitude, mais il ne s'agit pas d'une simple crise passagère. Selon le Réseau solidarité itinérance du Québec, on peut affirmer qu'elle est liée à des facteurs structurels qui affectent en profon deur le développement des sociétés modernes. Michel Simard, coordonateur du Havre, mise sur l'intervention

d'urgence pour aider le plus grand nombre de personnes itinérantes. «Notre objectif est de créer un plan d'intervention d'urgence pour aider chaque personne à sortir de son impasse», explique-t-il. Pour se faire, il évalue l'urgence d'une situation à partir de trois paramètres : l'absence de logement ou la précarité extrême (insalubrité, menaces du propriétaire, etc.), le manque de revenu pour subvenir à ses besoins et l'absence d'un réseau social. L'an dernier, Le Havre a inauguré une nouvelle maison de transition destinée aux personnes en rupture sociale désireuses de retrouver une vie plus stable. (MLR)

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Dossier

Itinérance âgée au Saguenay Le vieillissement de la population donne du fil à retordre aux organismes qui viennent en aide aux itinérants au Saguenay. À Chicoutimi, les moyens pour les accueillir sont limités face aux besoins grandissants des aînés. À la Maison d'accueil des sans-abri, un service est offert spécialement pour les 45 et plus. «Ils sont beaucoup plus âgés que ça dans leur tête et dans leur corps», indique Denis Marcotte, coordonateur de la Maison, faisant référence à leur trajectoire de vie difficile. À cet âge, les individus se découvrent souvent des problèmes de santé plus graves. Les moyens des organismes sont limités alors que les besoins augmentent. «Ils restent chez nous six mois, parfois un ou deux ans… Certains vont y finir leurs jours», explique M. Marcotte. Faute de ressources suffisantes pour traiter certains problèmes de santé des résidents, la Maison d'accueil des sans-abri doit faire appel aux CHSLD. «Souvent on n'a plus le choix, affirme tristement Denis Marcotte. Parfois nos résidants s'y font refuser l'accès. Nous devons alors les garder chez nous. Où iraient-ils de toute façon?» (MLR)

Les Rimouskois se serrent les coudes Comment se porte l'itinérance dans la ville la plus heureuse du Québec*? Dur à évaluer, car comme dans plusieurs régions, les données sont absentes. Le phénomène est moins visible, mais n'en demeure pas moins présent. Avec la croissance de la population de cette ville du Bas du Fleuve vient un accroissement de la population

itinérante. C'est ce qu'observe Gilles Tanguay, fondateur de l'Arbre de vie, un organisme présent depuis 30 ans qui accueille chaque jour une cinquantaine de personnes démunies. Bien qu'il soit rare de voir des gens dans la rue à Rimouski, Gilles Tanguay voit beaucoup de nouveaux visages venir chercher des services

*Selon le plus récent recensement de l'Indice relatif du bonheur (IRB)

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dans son organisme. Les problèmes de santé mentale sont souvent la cause première de leur détresse. À défaut de bénéficier d'un regroupement d'organismes dans le Bas-SaintLaurent, les ressources et la population de Rimouski peuvent compter sur l'appui de la population locale, très sensible à la cause. Marguerite Pelletier, directrice générale du cen-


L'itinérance rajeunit à Sept-Îles La présence d'industries minières à Sept-Îles incite beaucoup d'adolescents de la région à abandonner leurs études pour aller gagner de l'argent rapidement. Mais les industries exigent désormais un diplôme de secondaire 5. Résultat : la Côte-Nord détient le plus haut taux de décrochage scolaire de la province, ce qui transforme radicalement le visage de l'itinérance dans la région. «On observe de plus en plus une baisse

de l'âge des itinérants au Transit de SeptÎles», note son directeur Doris Nadeau. Ces jeunes souffrent d'instabilité résidentielle, se baladent d'une ville à l'autre en quête d'emploi et vivent un sentiment de découragement. L'absence de construction de nouveaux logements pour héberger les nouveaux arrivants en quête d'emploi n'aide en rien à la crise. «Tout ce beau monde veut travailler à La Romaine ou dans les mines, mais rien

n'est mis en place pour les accueillir! On est rendu à voir des familles s'entasser dans des appartements comme à Montréal ou à Québec», déplore M. Nadeau. Le Transit est le seul centre d'hébergement pour itinérants de toute la Côte-Nord. Il reçoit 1000 demandes d'aide par année, mais ne peut répondre qu'à 300 d'entre elles. (MLR)

La Gaspésie, refuge de rêve?

tre d'hébergement Le répit du passant, fait part d'une grande entraide entre les citoyens, le corps policier et les itinérants. «Les gens ont le réflexe de nous passer un coup de fil lorsqu'ils voient un itinérant en train de quêter. Cela nous permet de prendre immédiatement la situation en charge.» (MLR)

Avec ses paysages à couper le souffle et son air salin rafraîchissant, la Gaspésie est un refuge de rêve contre la grisaille du quotidien. Mais la réalité n'est pas une carte postale. La pénurie d'emplois et de logements frappe les plus vulnérables de plein fouet. «Dans une région rurale, les propriétaires reconnaissent les gens et se donnent le droit de refuser certains locataires ayant vécu des difficultés», explique Dominique Bouchard, directrice générale du centre Accalmie. À Gaspé, l'itinérance est devenue visible aux yeux de la population locale. Dans le centre commercial, les sans-abri se font systématiquement mettre dehors, une situation que dénonce Mme Bouchard. «Il y a beaucoup de préjugés. Certains citoyens ne se sentent pas en confiance parce qu'ils les croient dangereux.» Par ailleurs, l'éloignement de la Gaspésie limite l'accès aux formations et au personnel, ce qui complique l'intervention. Pour pallier ce problème, le modèle des maisons multi-clientèles s'est développé dans cinq centres d'hébergement de la région. Ces centres ne ciblent pas de clientèle à trouble particulier, «ce sont des maisons d'hébergement pour toute personne en difficulté», résume Mme Bouchard. (MLR)

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entreVue

Denis Coderre et la lutte à la pauvreté Le 4 février dernier, le maire de Montréal Denis Coderre est venu encourager les camelots et les participants à l'occasion de l'événement Camelot d'un jour. Il s'est ensuite entretenu avec l'éditeur Serge Lareault et le rédacteur en chef Sylvain-Claude Filion. L'Itinéraire lui a posé onze questions. PHotos : Mario langlois

l

'itinÉraire : il y avait longtemps qu'un maire de Montréal n'avait pas annoncé, haut et fort comme vous le faites, son intention concrète de solutionner l'itinérance. Qu'est-ce qui vous motive tant?

comprendre l'importance des besoins des individus. Les consultations et les sommets, c'est assez. On a l'avantage de bien s'entendre, la ministre Véronique Hivon et moi. Tout le monde veut vraiment faire quelque chose, on sent que les planètes s'alignent.

Denis CoDerre : Le rôle d'une personnalité publique

le fédéral apporte un financement essentiel aux organismes de Montréal. Mais il veut changer les règles de sPli et tout axer vers le logement d'abord. Quelle est votre position?

- maire, député, peu importe – c'est d'aider les plus vulnérables et j'ai toujours eu cette vocation sociale. Je suis parrain des Fourchettes de l'Espoir, qui aide la réinsertion sociale par la bouffe. Je crois qu'il faut être là pour ceux qui en ont vraiment besoin, même si ce n'est pas toujours sexy. J'ai eu des parents qui m'ont donné de belles valeurs alors qu'il y a des gens qui n'ont pas l'aide nécessaire pour grandir. Ma contribution, c'est aider mon prochain et

Chaque fois que j'en ai l'occasion, je parle de l'itinérance dans une perspective de lumière au bout du tunnel.

Je suis en désaccord et je rencontre bientôt le premier ministre Harper. Pour la question du logement, tu ne peux pas avoir un one size fits all. Ça peut aller pour d'autres provinces, mais pas au Québec. On a besoin de faire comprendre qu'il y a une réalité qui est autre. Les défis sont diversifiés : logement communautaire, logement social, et le but, ce n'est pas juste de rétablir la dignité d'avoir un toit, c'est aussi d'avoir un encadrement qui les aidera à retrouver leur dignité à eux. Dans la pyramide de Maslow, tout en haut, il y a l'estime de soi.

Pourquoi tenez-vous à réaliser un recensement de la population itinérante?

Il n'y en a pas eu depuis 1998, on parle toujours de 20 000, 30 000 sans-abri et ça augmente partout dans les refuges. Il est normal de vouloir documenter tout ça et ça ne se fera pas au détriment des ressources pour autre chose. J'ai bonifié notre budget de lutte à la pauvreté en augmentant d'un million le montant de 1,6 million, pour montrer au gouvernement du Québec qu'on fait un effort supplémentaire.

Le maire de Montréal, Denis Coderre, à notre conférence de presse du 4 février dernier.

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Vous avez déclaré que 10 millions $ manquent à Montréal. D'où vient cette évaluation?

Une de mes sources, c'est Olivier Farmer, psychiatre à NotreDame, qui, en entrevue avec Paul Arcand, disait que c'est ce qui manquait. Au RAPSIM on m'a parlé du même montant. Si les ressources ne sont pas là, c'est qu'il doit y avoir un problème de volonté politique. C'est pour ça que je disais que les planètes s'alignent. On sent une volonté politique, on veut le faire, alors je dis : grouillez-vous!

Comment pensez-vous vous entendre avec Mme Hivon?

Il y a eu un travail qui s'est fait en 2011 qui tient compte des différentes demandes, tout le monde a donné son point de vue, que ce soit au niveau de la santé mentale, du logement, de l'emploi... l'itinérance c'est aussi une réa­lité rurale, il n'y a pas juste le centre-ville. Il va y avoir une politique qui va être déposée, et on va peut-être se retrouver en campagne électorale. Il reste à mettre en branle un plan d'action et on a déjà planifié des sessions de travail pour ça.

L'Office municipal d'habitation a une liste de 25 000 personnes en attente d'un logement. Comment pensez-vous que l'on va résoudre ce besoin?

On doit établir une politique du logement avec Québec. Tout le monde comprend qu'il y a une obligation de bâtir plus de logements, par l'entremise de notre propre réserve foncière, et en revoyant notre façon de faire quand il y a des gros buildings qui se bâtissent, afin d'avoir une mixité. Il y a aussi la réalité de la santé mentale, ça prend des logements spécifiques pour ceux qui en souffrent, il faut donc nécessairement un encadrement aussi.

Le SPVM est souvent critiqué depuis quelque temps pour son attitude envers les sans-abri. En demande-t-on trop aux policiers, sont-ils adéquatement outillés?

Ça demande du développement, c'est pour ça que des escouades comme EMRII ont été créées. C'est un début, et quand on parle de plan d'action, on a des solutions. C'est la première fois cet hiver qu'on a une escouade du froid, les policiers vont voir les sans-abri, leur demandent s'ils sont corrects, ils s'assurent qu'ils ont des ressources, il y a des équipes qui continuent à aller dans la rue même après avoir terminé leur shift. Mais il y a toujours la réalité de la formation.

On parle d'insécurité à Montréal, dans le Village notamment. Qu'en pensez-vous?

Il va y avoir un débat sur la vidéosurveillance avec un encadrement légal, par exemple qui peut ouvrir la «boîte noire», pour s'assurer qu'on puisse protéger notre population. Quand j'étais ministre de l'Immigration, tout de

suite après les événements du 11 septembre, j'avais un agenda, qui peut s'appliquer encore aujourd'hui, et qui était d'avoir un équilibre entre l'ouverture et la vigilance.

Denis Coderre, Serge Lareault et SylvainClaude Filion dans la salle de rédaction de L'Itinéraire

Vous projetez toujours de créer une agence sociale?

Je veux un organe de coordination, pour éviter les dédoublements. Créer un outil qui va nous permettre de se parler et de trouver des solutions, qu'il s'agisse de logement, d'emploi, de judiciarisation. Ce ne sera peut-être pas une agence, mais l'idée est de créer un genre de guichet unique qui nous permettra d'être plus cohérent et plus efficace. Je veux créer une table des maires d'arrondissement, ça fait longtemps que les maires ne se sont pas rencontrés en gang. On va le faire quatre fois par année pour développer une meilleure coordination, une meilleure sensibilité, car on peut tous apprendre l'un de l'autre.

Quelle est votre priorité dans la lutte à la pauvreté?

C'est qu'on ait des outils et des moyens pour la réussir. Il faut agir positivement. Étant donné que je suis très médiatisé, je me dois d'être un outil de conscientisation face à l'itinérance. Chaque fois que j'en ai l'occasion, je parle de l'itinérance, pas dans un contexte misérabiliste, mais dans une perspective de lumière au bout du tunnel.

Il y a des modèles qui vous inspirent pour lutter contre l'itinérance?

J'ai vu ce qui se passe à Calgary, à Toronto, mais il faut aussi gagner la sensibilité du gouvernement fédéral. Je ne suis pas un gars qui va dire qu'il faut que les autres le fassent. Je prends mes responsabilités et mon bâton de pèlerin, car il faut que Montréal redevienne incontour­ nable, rassembleuse. Je crois aux Montréalais, je crois que la ville a une âme extraordinaire.

Si les ressources ne sont pas là, c'est qu'il doit y avoir un problème de volonté politique.

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26E Semaine québécoise de la déficience intellectuelle

Pas si différents, les déficients… Faire une place dans la société aux déficients intellectuels et combattre les préjugés, voilà ce à quoi aspire la 26e édition de la Semaine québécoise de la déficience intellectuelle qui se tient du 9 au 15 mars. Car la perception de la déficience intellectuelle change, mais elle change lentement. PAR SIMON CORDEAU

L

a responsable des communications, Annick Larose, rappelle qu'il ne s'agit pas d'une semaine de revendications, mais plutôt de sensibilisation. D'abord, il faut démystifier ce qu'est la déficience intellectuelle. Les gens la confondent souvent avec les problèmes de santé mentale. «Il est important de distinguer les deux», selon Mme Larose. Alors que la santé mentale peut toucher n'importe qui, la déficience intellectuelle est un état. «C'est souvent une difficulté à accomplir des tâches, ou à généraliser une information, à faire de l'abstraction. Ils ont de la difficulté avec la notion de chiffre ou de temps. Ce sont des personnes qui vivent dans le concret.» Une part importante des préjugés est due à la méconnaissance, qui engendre la peur. «Certaines personnes ont peur des problèmes de comportement, ou de l'agressivité. Mais ils sont plutôt rares. Souvent, c'est causé par une frustration chez la personne, qui a de la difficulté à communiquer, à se faire comprendre.» Qui ne le serait pas, lorsque l'on est trop souvent mal compris? Une autre partie passe par le langage. «On ne "souffre" pas de trisomie 21, affirme Mme Larose. Si vous

Annick Larose

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regardez ma fille, elle ne souffre pas.» Professeure au département de psychopédagogie de l'Université de Montréal, Nathalie Trépanier est bien d'accord. «À la radio, ou quand les enfants parlent entre eux, il y a une connotation avec le terme "déficient". Pourquoi est-ce que c'est aussi péjoratif?», questionne-t-elle.

Comme on se ressemble

Le slogan de la Semaine, organisée par l'Association du Québec pour l'intégration sociale, est : «Comme on se ressemble». «Nous avons beaucoup plus de points en commun que de différences», insiste Mme Larose. La Semaine sert aussi à rappeler que les personnes vivant une déficience sont des personnes à part entière. «Elles ont les mêmes besoins que nous, comme l'appréciation et l'autonomie. Elles ont besoin de s'affirmer, de s'autodéterminer.» Cet épanouissement passe par une famille aimante, selon Mme Larose, mais aussi par l'intégration à l'école régulière. «C'est le premier rôle de l'école : apprendre aux enfants à faire partie de la société, rappelle Mme Trépanier. On fait une mauvaise presse à l'intégration en disant que ça ne marche pas, avant de penser aux enfants.» Selon la professeure, la société envoie un message contradictoire : d'un côté on doit correspondre à une norme pour s'intégrer, mais de l'autre, on insiste sur l'importance de s'affirmer, d'être soi et d'être bien dans sa peau. Cette intégration revêt une importance particulière. Selon l'AQIS, 3 % de la population est atteint d'une déficience intellectuelle, et, de ce chiffre, 80 % sont atteints d'une déficience légère. «Ça peut être un voisin, celui qui va promener son chien, ou même des parents. Il s'agit d'adultes, qui ont des droits», explique Mme Trépanier. Enfin, selon Mme Larose, en les côtoyant, on apprend la tolérance et l'ouverture à la différence. «Quand on ouvre la porte à la différence, c'est le signe de la santé d'une société.» Et l'ouverture, elle guérit aussi l'indifférence, le racisme, la xénophobie...


VinCent-guillauMe otis

Porter la parole de son frère Vincent-Guillaume Otis, qu'on a pu voir incarner Babine et Paul Rose au grand écran, est porte-parole de la Semaine québécoise de la déficience intellectuelle depuis 2008.

Quel message voulez-vous livrer en tant que porte-parole de la semaine québécoise de la déficience intellectuelle?

Il y a trois messages que je veux livrer. D'abord, remercier mon frère, qui est atteint d'une déficience, pour ce qu'il m'a donné. Ensuite, par solidarité et par fratrie, pour tous les grands frères et les petites sœurs. Ce n'est pas toujours rose et on a le droit de le dire. Mais ils donnent plus qu'on leur donne. Enfin, pour rendre hommage à tous ceux qui travaillent sur le terrain, d'arrache-pied, pour les intégrer.

Voyez-vous une différence dans la perception qu'ont les gens de la déficience intellectuelle?

Depuis 30 ans, je remarque une amélioration. On en parle de plus en plus. Des films comme Gabrielle et Babine portent un message. Un peu de chemin est fait, mais ce chemin est encore fragile. Une petite affaire et tout pourrait être à recommencer. Comme porteparole, je veux parler aux parents. Le travail se passe aussi au souper, à la maison.

au niveau personnel, quelle influence votre frère a-t-il eu sur vous?

C'est aussi directement et indirectement une influence de mes parents. Je leur donne tous les lauriers. Si je trouve ça important, c'est parce que mes parents m'ont élevé avec des valeurs d'ouverture à l'autre. Le racisme ou l'homophobie, je n'ai pas de tendances vers ça. Je considère que, peu importe comment tu es, tu es mon égal. Ce qui entraîne le rejet, c'est souvent l'ignorance. Et tout jeune, j'ai appris qu'il n'y avait rien d'épeurant dans la différence.

aVale

Remettre en question qui peut faire du théâtre : voilà la mission première de la troupe Joe Jack et John. «Nous avons un mandat de casting hors normes», explique la metteure en scène, Catherine Bourgeois. La troupe utilise cette diversité de talents au cœur même de sa démarche artistique. La dernière création de Joe Jack et John, intitulée AVALe, aura pour thème la colère. «C'est sur ce qu'on avale : les échecs, les frustrations, l'impuissance. Mais aussi sur ce qui vient en aval de ça, sur ce qui vient après.» Mme Bourgeois promet par ailleurs des personnages explosifs, qui craquent après toutes ces années à encaisser. La distribution sera composée de Michael Nimbley, acteur qui a une déficience intellectuelle, d'Anthony Dolbec, autiste asperger, et de Jacqueline van de Geer, immigrante récente.

AVALe | du 11 au 29 mars | Théâtre Aux Écuries | 7285, rue Chabot, auxecuries.com

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TraiTeur

Cocktails • Événements corporatifs ou privés • Repas pour écoles et CPE • Service de comptoir alimentaire • Pâtisseries pour cafés, restaurants, cafétérias ou pour vos occasions personnelles • Service aux tables • Location de salle. Bis est une entreprise d’insertion sociale et professionnelle à but non lucratif spécialisée dans la restauration.

w w w.t r a i t e u r b i s .q c.ca

514 721-1747


Les mots de

CAMELOTS

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Besoin pour vivre

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CHeMin Faisant

un baume sur les injustices sociales Par Jean-MarC Boiteau

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Hors Piste

Bref essoufflement Par gilles leBlanC

roDrigue MarsHall | Camelot, métro De Castelnau pHoto: ariane CLément


Besoin pour vivre «J'ai besoin pour vivre sur Terre D'essayer que les êtres Ne manquent jamais de rien Besoin de travailler rien que pour vous donner Car je ne pourrais pas exister»

Qu'est-ce qui nous aide à sortir du lit le matin ? Qu'est-ce qui nous pousse à continuer quand on rencontre des difficultés? Au célèbre refrain de Claude Dubois, nos camelots ajoutent chacun leur couplet.

- Claude Dubois, Besoin pour vivre

Parler avec les autres J'aime voir le monde, j'aime les gens et entrer en contact avec le public. Je me lève le matin pour vendre mon journal et pouvoir parler avec eux. Richard T. | Camelot, métro Place-des-Arts

Mon petit garçon

Gagner de l'argent pour mon petit garçon de cinq ans. C'est difficile de trouver un travail parc e que je l'ai une semaine sur deux et il va à l'éco le à temps partiel, il est en prématernelle. L'Itin éraire m'aide beaucoup. Mon petit garçon, c'est vraiment ma joie de vivre. Yannick Larouche | Camelot, métro Atwater

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Gâter ses enfants

elot sinon je n'ai pas Je n'ai pas le choix d'être cam me donnent plusieurs red'argent pour vivre. Ici, ils mettent de gagner ma vie, pas par semaine et me per x e le matin. Après ça je peu c'est pour ça que je me lèv les et is tro ants - j'en ai offrir des cadeaux à mes enf a. ém amener au cin Mont-Royal Tarek Ayari | Camelot, métro

Connaître l'avenir

Voir le futur. Je ve ux voir les avancé es technologiques et si la paix va triompher sur la guerre. Je ve voir quelle tournu ux re vont prendre to us les débats de société. J'ai déjà vé notre cu plusieurs époq ues, j'ai connu de hauts et des bas s et je veux voir ce qui s'en vient. Robert Ménard | Ca melot, angle Berr i/Mont-Royal


Aider les autr es

Avant c'était la su son de vivre c' rvie. Maintenant que je suis est d'aider les heureux, ma ra nouveaux cam gens en diffic iulté. Travailler elots et les aut c'est un privilè da re ns s le pu bl ge, je suis bien ic ça fait partie là-dedans et de moi, aider mes co j'ai toujours fa llègues à amél it ça. J'aime iorer leurs ve veux apprend ntes et leur jo re aux gens qu urnée. Je e les méchants et qu itinérants ce ne sont pas de s 'on a tous Gabriel Bisso nnette | Camel droit à notre chance. ot, métro Ber ri-UQÀM

Le contact humain J'aime rencontrer le monde. Je ne suis pas dans la rue, j'ai un appartement, mais je n'ai pas la santé, c'est pour ça que je suis ici. Quand les gens sourient et disent bonjour même quand ils n'achètent pas le magazine, ça fait ma journée. Alain St-Germain | Camelot, métro Beaudry

L'espoir fait vivre

L'espoir. Tant que j'ai l'es poir de faire mieux, c'est ce qui me donne une rai son de vivre. Espérer qu e les choses vont s'arrang er. Mon autre raison de vivre, c'est mon fils de 20 ans qui est une grande inspiration pour moi. Céline Marchand | Récep tionniste à L'Itinéraire

Faire des sous

Aller vendre le journal et avoir une routine de vie un peu plu s normale. Ça me permet de rencontrer ma clientèle qui est super gentille et faire des sous pour arrondir mes fins de mo is. Daniel Richer | Camelot, métro Place Bonaventure

L'entraide Me rendre utile envers les autres. Ça me fait chaud au cœur et ça me fait oublier mes petites bibittes à moi. Ça me valorise et c'est bon pour mon estime personnelle, ça m'empêche de me sentir inutile. Si je suis plus serviable et capable de rendre aux autres et leur permettre d'atteindre leur but, ça m'aide beau coup. Ça me rend fière. Si tout le monde faisait quelq ue chose pour quelqu'un d'autre, je pense que la planète irait mieux, alors moi je donne l'exemple. France Boisvert | Camelot, métro Préfontaine

Profiter de chaque instant

On a juste une vie à vivre et il faut en prof iter intensément. C'est 24 heures à la fois et j'essaie de profiter de chaque moment pour prendre de l'expérience. Il y a des bons et des mauvais jours, mais ça fait partie de la vie. Je me considère comme un bon vivant et quand il fait soleil c'est enco re mieux! Denis Trudeau | Camelot, angle Saint-And ré/De Maisonneuve

Vivre normalement

L'art guérit tous le s maux Je vis pour regard

er les autres vivre ments difficiles, je . Dans les moprends mon pinc eau et une toile et je m'amuse. Je pa rticipe même à de s expositions de Jacques Élysée | temps en temps. Camelot, Théâtre du Nouveau Mond e

Être active et travailler. De poume tout le monde. voir faire des choses normales com Avoir des projets Se lever à l'heure et être ponctuelle. er des choses. pay se et faire de l'argent pour pouvoir yal/Mentana t-Ro Mon le ang , elot France Lapointe | Cam

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Mots de camelots

Panhandling in the streets

photo: Gopesa Paquette

Daniel Grady Camelot, angle Saint-Laurent/des Pins

The one time I panhandled, I sat outside Guy metro for about an hour. I was a little bit embarrassed. I felt scared. I didn't know what the people would say to me. I felt like I didn't belong. And I didn't even get any money. I only tried it that once, and I never did it again. Working for L'Itinéraire, selling the magazine on the street, I don't feel embarrassed at all. Because I'm working; I'm talking to lots of people. Customers listen to what I say and give me good feedback. They care for me. And they help me by buying the magazine. They want to see me happy and succeed. We joke and laugh together. It's different working for the magazine, because represen­ ting the company means you have to be drug and alcohol free. I like that it makes me more disciplined. It feels rewar­ ding. Customers are happy to see me; they get to know me; I become part of their family. They bring the magazine back to their homes; it becomes a part of their way of life. They know my values, like a brother or sister. There are resources for the panhandlers; it's not all downhill for them. There's Alcoholics Anonymous, the Aboriginal Center if you're native, and St. James' Apostles Church where they have art classes and activities. Unlike when I panhandled on the street, when I sell the magazine I don't feel ashamed; I feel proud. L'Itinéraire has become my home.

J'ai un rêve montréalais Del Wilkey Camelot, angle Sainte-Catherine/Peel

J'étais là quand Martin Luther King a prononcé «j'ai un rêve». J'ai réalisé alors qu'un seul homme avec une idée naissante au bon moment pouvait changer quelque chose dans le monde. Mon rêve à moi c'est que Montréal soit une ville libre, comme Singapour, Tanger… Une ville qui a le pouvoir de collecter ses impôts, de faire des traités internationaux (pour la défense, le commerce…). Bien qu'originaire d'un milieu anglophone, j'ai appris le français comme il faut. Les deux solitudes de Montréal sont fières de son aspect international, réalisé, entre autres, par l'Expo de 1967. Un groupe qui revendique l'indépendance de Montréal est né, c'est le début de la réalisation de mon rêve. Un des aspects qui me tient à cœur c'est qu'une partie des revenus de Montréal pourrait servir pour lutter contre la pauvreté. Une autre fois, je vous raconterai comment les camelots sont des soldats à la frontière de la pauvreté.

Remerciements à mes clients Nicole Giard Camelot, métro Longueuil

Je tiens à remercier tous mes clients et clientes du métro Beaubien et de la Plaza Saint-Hubert de m'avoir encouragée pendant presque quatre années. Je dois dire que lorsque j'ai décidé de ne plus vendre dans ce quartier, c'était parce que demeurant à Longueuil, j'ai enfin eu la possibilité de vendre à ce métro, car le camelot qui y travaillait depuis longtemps a pris sa retraite. C'est avec beaucoup de regrets que j'ai quitté mes anciens clients, mais j'aurai bientôt 60 ans et les voyagements me fatiguaient énormément ainsi que le froid en hiver. En même temps, je veux aussi remercier les gens de Longueuil de m'avoir accueillie chaleureusement et d'avoir eu, pour moi, autant de petites attentions durant le temps des Fêtes.

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Hors Piste Des DenrÉes aBorDaBles en teMPs De Crise :

un baume sur les injustices sociales Cela fait quelques années que je me dis qu'il faut faire quelque chose pour se défendre contre l'inflation du prix des denrées essentielles. Le meilleur moyen serait de créer des épiceries économiques de quartier partout au Québec. Avec l'idée d'en instaurer une dans mon quartier, je suis allé rencontrer des responsables de la Maison de quartier Villeray qui gère justement une épicerie économique. Par Jean-MarC Boiteau | Chroniqueur de rue

L

es personnes à faible revenu sont les utilisateurs des d'urgence comme c'est le cas à la Maison de Quartier. services offerts depuis 2005 à la Maison de Quartier Villeray : des prestataires de la sécurité du revenu, l'accès à des denrées des chômeurs, des retraités, des étudiants et des familles Dans mon quartier, quand il m'arrive de recourir à l'aide alià faible revenu. Plus de quatre-vingts ménages dans Ville- mentaire, j'ai souvent droit à des légumes et du pain que je ray bénéficient d'une aide alimentaire deux fois par mois. Il dois manger le jour même puisque dans les deux jours qui n'y a pas que l'arrondissement Villeray où les citoyens sont suivent la moisissure gangrène déjà mes produits. Aussi, la étouffés par la crise et l'inflation. C'est pour cela qu'il faut majorité des organismes de distribution alimentaire n'ofdavantage de ressources du genre au Québec. Magdouda fre pas de la viande et des produits laitiers, car ils ne possèdent pas les installations nécessaires à Oudjit, directrice, et Amina Bouacida, orleur conservation. Il y a quelques mois, à ganisatrice communautaire, ont réalisé la «Il est aussi RDI, les nouvelles faisaient état des enpertinence et l'impact d'un tel projet au droits à Montréal où il n'existait pas de sein de la communauté. important centre d'aide alimentaire accessible à la Petits moyens, gros besoins marche. Des points rouges sur la carte requ'il puisse Mme Oudjit répond que pour y arriver, ils présentant les endroits où il n'y a pas de leur rester de doivent diversifier et jumeler les services services d'aide couvraient une très granalimentaires offerts à la population : «Avec de partie des territoires. Les personnes à l'argent pour l'aide de bénévoles, nous aménageons des mobilité réduite ou trop pauvres pour s'y sortir et vivre jardins et recueillons les légumes qui profirendre en transport en commun n'ont tent à la cuisine collective. Nous accueillons pas accès à ces organismes. Ce sont ces un peu.» en plus des produits provenant de Moisson raisons qui me motivent dans mon projet Montréal pour le volet dépannage alimend'instaurer une épicerie économique en taire. Nous avons aussi ajouté les services partenariat et en complémentarité avec d'une épicerie économique.» La directrice des banques alimentaires classiques, afin précise que les utilisateurs des dépannages alimentaires ne de répondre et contrer les effets de l'inflation sur le prix des sont pas que des personnes qui mangent et c'est tout. «Il denrées. Parmi les centres de distribution alimentaire, il y en est aussi important qu'il puisse leur rester de l'argent pour sor- a qui possèdent un volet épicerie économique offrant de la tir et vivre un peu.» Une personne isolée est susceptible de viande, des produits laitiers, des produits d'hygiène et aussi développer des problèmes reliés à la santé mentale comme des chips avec de la liqueur. Les utilisateurs paient à peu près l'anxiété et la dépression. Bien qu'il y ait des barèmes pour moitié prix les denrées qu'ils achètent. Cette formule est pouvoir bénéficier d'une aide alimentaire, un ménage qui a idéale puisqu'elle permet d'adhérer au code de la santé aliun revenu plus élevé et qui éprouve tout de même des mentaire établi par Santé Canada. Plus de choix pour mieux difficultés à se nourrir doit aussi avoir droit à une aide manger et mieux se porter!

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Mots de camelots Anecdote à l'aveugle

photo: Emmanuel Lapointe

Michel Dumont Camelot, angle Mansfield/René-Lévesque

Chers lecteurs et lectrices, tout d'abord je vous souhaite une bonne année. Voici un événement spécial que j'ai vécu en octobre 2013, quelque part à Mont­ réal, et que j'aimerais partager avec vous devant un bon café. Métro Joliette, le soir, quelques personnes passent tranquillement. Je remarque un homme aveugle que j'ai déjà vu. Il a l'air de chercher son chemin. Je lui demande s'il a besoin d'aide. Il me dit qu'il veut aller rue Joliette vers le sud. Je l'accompagne. Pour le mettre en confiance, je lui dis que je travaille pour L'Itinéraire. Tout surpris, il me demande le prix et me l'achète pour sa sœur. Belle preuve de confiance! Quand on s'est laissés, il m'a remercié pour ma gentillesse et le geste que j'ai posé envers lui. J'ai écrit cette anecdote pour vous prouver qu'on peut vendre L'Itinéraire à n'importe qui, même à une personne aveugle!!!

Keeping a Secret Bill Economou Camelot Marché Atwater

With today's technology it's easier to find out what's going on in the world. I remember in the early 1990's, when I needed information about a subject and I had to go to the library to do research. Now with the convenience of the Internet, life has changed saving me time. I appreciate living my life more con­ veniently but I'm still careful. Some people I know are not supposed to be informed about everything I do. Kee­ ping secrets is important to protect others and myself and having a more peaceful life. It only takes one wrong person to find out before others get to know. Other times secrets should not be kept, because it will be harmful to others and myself. This way the problem could be resolved faster with fewer problems. I try to mind my own business, but unfortunately I've noticed others near me that don't do that. This has become annoying these past few years. By getting older and wiser I'm coping with things better.

Au revoir, Julien Jacques Élysé camelot au TNM

À nous, membres et moi-même, tu nous as appris le 20 décembre 2013 que tu quittais ton emploi. Tu nous as vraiment surpris. On ne s'attendait pas à celle-là. On veut te remercier pour le surplus d'efforts que tu donnais à l'organisme en général. Peutêtre que tu seras remplaçable, mais ça ne sera pas facile. Pour accomplir toutes tes tâches, tu te donnais à 150 %. Je voudrais utiliser d'autres mots qu'un simple remerciement. Tu vas me manquer, tu vas nous manquer à tous. Tu te dévouais tellement que j'ai pu me rendre compte que tu te déplaçais même pour aller conduire des membres chez le médecin. Comme on te connaît, tu ne serais pas capable de revenir juste à temps partiel. Ça serait plus fort que toi, tu ferais plus que du temps partiel. En te remerciant encore des milliers de fois de tout l'amour que tu as voulu partager avec nous autres, dans ton milieu de travail. Tu vas nous manquer. Nous te souhaitons bonne chance à ton nouvel emploi. De tous les membres et moi-même. ERRATUM Une erreur s'est glissée dans le numéro du 15 janvier, l'illustration accompagnant le texte «Soins hospitaliers» de Jacques Élysé devait en fait accompagner le présent texte. Toutes nos excuses.

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Ah! Ce plaisir interdit! Robert Ménard Camelot, angle Berri/Mont-Royal

«Souffre!», me disait ma mère. Travaille, mets des efforts dans ce que tu fais et Dieu te récompensera. Mais (je prends toujours ma mère comme exemple) la récompense ne vient pas nécessairement de notre vivant. Elle s'est sacrifiée toute sa vie en s'oubliant complètement. Et si la récompense venait sans effort, la considéreriez-vous comme une chose non méritée, une chose interdite, c'est-à-dire un péché? Bizarre quand même que le plaisir soit souvent associé au péché. Serait-ce un relent du fameux fruit défendu qui a chassé Adam et Ève du paradis terrestre et de la malédiction qui s'ensuivit? Ne pourrait-on pas allier l'utile à l'agréable, soit le travail au plaisir? Cessons donc de nous sentir coupable et prenons le plaisir lorsqu'il vient, ici et maintenant.


hors piste

Bref essoufflement e

mis de bureau à L'Itinérair

Gilles Leblanc | Com

(amis, nérabilité. Son entourage luci- de dévoiler sa vul hal fuient une qui t s sen gen res des ias tels Os t avril 2013. , famille), il le voi ues lèg col Sa ur. que cœ le ime er lité. Osias est nante douleur lui transperc la simple idée de la morta à bâdu che mè la respiration est comme leur est nécessaire. en brûlant. Pris au cela rcit cou est responsable de sa rac qui ite am dyn ton de Malgré les apparences, il d, les tar s plu s ute min hantent. Ses idées q Cin . . La jalousie et l'envie le dépourvu, il fait le 911 ère col am les par vis de peu Isolé et replié sur luipompiers débarquent, sui sa vision en sont la cause. et son de l vita e gan , l'or er les autres et s'y combulanciers. Bien que lucide même, il ne peut qu'idéalis ne he. un de ses amis croyants thorax flanche en catastrop de parer. À ses yeux, auc la lité Ce réa e nu. dur con la e par nd inté mo ére ce r uiet de quitte inq Cet homo introvertus, ble sem t voi re, son ter de son parcours sur pabilité vis-à-vis explique en partie sa cul sombrer avec brutalité son vie après la mort. Seul la à e fac manque de foi r nie der , vie sur de ct instin ! . comme ça… tu crèves s rempart contre l'adversité entes spécialités médicale fér dif de urs cte do s De e nsé tre pe no ble de L'in con tou rna iser la rareté du cas - s'appliquent à expert qu'est sa propre mort le ter le cerveau, le ventre et les ur, cœ rôle principal. Le e. anc une enf son uis dep rorise maintes fois. Diagnostic : le poumons sont testés érép s aut ass les s sou Rien de nouveau sous ves du cœur a flanché val des r jou un des it do ,9 % e soleil, tout êtr (infection). Dans 99 - tés d'une endocardite composer avec cette incon boîte qui repose au frais six la s dan cas, le corps est inson d ren rep vie La . nue pieds sous terre. morceau de la tuvestissement. scénario évité, un minime tre Au que n'a e nag Notre person e meur valvulaire se détach quelques instants pour se récer le s dan Isolé et replié et va se loger signer et faire la paix avec luique cla me hom tre s- veau. No même. Le véhicule de tran nse r sur lui-même, . sub ite me nt. Qu e pe ine hem s'ac port prioritaire - d'un miracle? il ne peut Osias se console avec le sou , il devient ées ann les c Ave nvenir des paroles de la cha lab le qu'idéaliser . sé de nt air e, se mb son; Ma vie c'est d'la marde de Sta du s ion dat fon aux humour. les autres et Le cardiaque conserve son mp iqu e. L'in div idu est oly mCo ge. tria au e nd ue Il passe devant tout le mo protégé par une génétiq s'y comparer personnel de l'urgence. le e injug il asi , qu ude e bit lair l'ha scu à -va me dio car lui ils et, pulaire à ce suj L'endocardite à Qu'importe la croyance po dépit du fait vulnérable. en ts, ien pat t son Ils . e de l'infarctus le sursauvent la vie toujours de l'être. l'origin pas nt pte cce n'a nts clie que leurs nd donc grandement. n de sa tre héros le bouscule pre no de al dic mé -Bedaine doit prendre soi te tex con Le en car- Monsieur Grosse n val que atio che alis de pit ve val hos le n vel So . ne, surtout de la nou dans son quotidien son per by. nd. sta nné en vro semaines chirurgien che diologie s'étire, déjà trois lui a transplantée au cœur le ion la sat nti ité scie xim con pro la de à t c tant Son attitude de victime nui Il ne ressent jamais ave e. vid son du nt que vie ogi de i hol qu pat ur, r ate d'autre chose que sa peu saine présence de son cré sur cette terre est que Même si son éducation r. teu ocu erl int pal Rien à faire, la seule justice nci pri firmation de sa mère el, lui suggère le célè­ l'on meurt tous un jour. L'af catholique, héritage patern faite», il choisit de cla­ est-elle pertinente ? bre : «que ta volonté soit ti­ hos n So le. icib ind , ère d'avoir peur de vivre!». Il doit lutter contre sa col force mer : «Plein le cul s'ef Il en. om abd son s lité se comprime dan

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Collage fait par Gilles Leblanc

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ILS HABITENT

NOS RUES.

DONNER, C’EST HABITER

LEUR VIE Vous êtes partie prenante de la solution.

Camelots: Jean Guy Deslauriers Robert Ménard Franck Lambert Gabriel Bissonnette France Lapointe

Maude Guérin, porte-parole du 20e, en compagnie des camelots

PHOTO: SYLVIANE ROBINI

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Postez ce formulaire de don et votre chèque au Groupe communautaire L’Itinéraire : 2103, Sainte-Catherine Est, 3e étage, Montréal (Québec) H2K 2H9. Pour toutes questions, contactez-nous au 514-597-0238 poste 231.

Dons et abonnement disponibles en ligne au www.itineraire.ca


Notre porte-parole Maude Guérin à la station Berri-UQAM.

Les médias ont répondu à l'appel de L'Itinéraire pour couvrir l'événement.

Cet événement visait à amasser des fonds destinés aux programmes de l'organisme et à sensibiliser un large public à la réalité des personnes itinérantes œuvrant courageusement à se sortir de la rue. Maude Guérin, porte-parole des célébrations entourant le 20e anniversaire du magazine, a démarré les festivités en compagnie d'une quarantaine de personnalités publiques et d'affaires qui, pendant une heure, ont solidairement vendu le magazine avec des camelots expérimentés. L'Itinéraire souhaite souligner l'implication généreuse d'Éric Bernier, Isabelle Blais, Phil Branch, Pierre Brassard, Patrice Coquereau, Stéphane Gendron, Gabriel Grégoire, Patrick Hivon, Guy

Nathalie Clément, Lorraine Sylvain et Pierrette Robitaille au métro Peel.

CARTES-REPAS Faites un don autrement. Le Groupe L’Itinéraire, par le biais du Café L’Itinéraire, offre la possibilité à des personnes à revenus modestes de se nourrir avec dignité. Pour les modalités, consultez notre formulaire dans le magazine ou sur notre site web www.itineraire.ca

pHoto: gopesa paquette

Par ÉlisaBetH Julien-roCHeleau

Ghislain Taschereau au métro McGill.

En vous abonnant, vous encouragez la cause des plus démunis qui se prennent en main pour améliorer leur sort.

ABONNEMENTS SOLIDAIRES AUX CAMELOTS Pour les modalités, consultez notre formulaire dans le magazine ou sur notre site web :

www.itineraire.ca

pHoto: gopesa paquette

Le mardi 4 février s'est tenue en plein cœur du centre-ville de Montréal la première édition de l'événement Camelot d'un jour, dans le cadre de la Semaine internationale des camelots de journaux de rue et du lancement des festivités entourant le 20e anniversaire du magazine L'Itinéraire.

pHoto: CHristian riCHard

un succès retentissant !

pHoto: JuLes marCHetti

CaMelot D'un Jour


Les participants de l'événement Camelot d'un jour pHoto: CHristian riCHard

Denis Coderre, Maire de Montréal, entouré du président de la STM, Philippe Schnobb et du député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, Daniel Breton, lors de la conférence de presse.

pHoto: mario LangLois

pHoto: JuLes marCHetti

Marie-Ève Tremblay, Jean Paul Lebel et Guy Jodoin ont battu un record de ventes : 157 journaux en une heure!

Jodoin, Chantal Lamarre, Claude Legault, Pascale Lévesque, Pénélope McQuade, Louise Portal, Pierrette Robitaille, Louis T, Ghislain Taschereau, Charles Tisseyre et Guylaine Tremblay. L'Itinéraire souhaite aussi remercier le maire de Montréal, Monsieur Denis Coderre, le Président de la Société des transports de la ville de Montréal, Monsieur Philippe Schnobb, et le député de SainteMarie-Saint-Jacques, Monsieur Daniel Breton, qui ont, par leur présence, accordé un appui significatif à la mission de L'Itinéraire. La participation de vingt personnalités d'affaires a permis d'amasser un montant total de 51 524 $. Cette somme est vouée intégralement aux programmes et services sociaux offerts à plusieurs centaines de personnes itinérantes à Montréal. L'Itinéraire est fier de souligner l'engagement exemplaire de: Philippe Allard, Kamala Balu, Yvon Brousseau, Nathalie Clément, MariePier Coll, Rémy Deloume, Léo Drolet, Philippe Dunsky, Éric Gauthier, Martin Gauthier, Amélie Laframboise, Renée Larivière, Jacques Létourneau, Émilie Moreau, Stéphan Morency, Michel Péloquin, Ron Rayside et Marie-Ève Tremblay. L'expérience Camelot d'un jour fut enrichissante, chaleureuse et empreinte de compassion pour tous les participants. Fort de son succès, l'événement sera réitéré en 2015 afin de poursuivre un engagement solidaire envers les plus vulnérables de notre société.

La Société des transports de la ville de Montréal entretient depuis 20 ans un partenariat loyal et engagé envers L'Itinéraire. Elle permet aux camelots de vendre le magazine et de se réchauffer dans le métro. L'Itinéraire n'aurait pu se développer ainsi et aider plus de 150 personnes par semaine à poursuivre leur démarche de réinsertion socioprofessionnelle sans cette entente essentielle à son fonctionnement.

Joseph Clermont-Maturin et Guylaine Tremblay ont vendu L'Itinéraire devant le métro Papineau.

PROGRAMME ACTION Action est un programme de pré-employabilité dont l’objectif est de permettre aux personnes éloignées du marché du travail de cheminer personnellement et professionnellement. Cette expérience se vit dans un cadre préparatoire à un retour sur le marché du travail. Pour participer au PROGRAMME ACTION La personne doit être prestataire du Programme d’aide sociale ou du Programme de solidarité sociale et présenter des caractéristiques associées aux personnes éloignées du marché du travail. Si vous désirez participer au PROGRAMME ACTION, veuillez communiquer avec Sylvie Gamache par courriel à sylvie.gamache@itineraire.ca ou par téléphone au 514 597-0238 poste 222.

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pHoto: mario LangLois

un partenariat exceptionnel avec la stM


itinÉranCe

Faut-il chercher à avoir un nombre? Régulièrement la question est lancée : combien y-a-t-il de personnes itinérantes à Montréal, au Québec et au Canada? En 2005, dans le cadre d'une consultation qu'il menait sur son projet de Stratégie sur le logement et l'itinérance, le gouvernement fédéral évaluait à 150 000, dont 30 000 à Montréal, le nombre de personnes qui se retrouvaient en situation d'itinérance durant l'année.

inFo raPsiM

Par Pierre gauDreau | Coordonnateur du RAPSIM

D

epuis le chiffre de 30 000 est repris et aussi critiqué. Combien sont-ils vraiment? Pas facile à dire. L'itinérance, l'absence d'un toit stable, c'est toutes sortes de réalités : des personnes qui vont dans les refuges et différents hébergements, se retrouvent à l'hôpital, dorment dans la rue et des abris de fortune, squattent, trouvent refuge pour quelques soirs en s'entassant dans le logement ou la chambre surpeuplés de connaissances ou en dormant sur le divan (couchsurfing) d'amis / d'un ex /de clients / de proxénètes. Cette réalité est en mouvement. Certaines personnes sont en situation d'itinérance chronique, un peu plus faciles à compter, bien que tous ne vont pas dans les hébergements. Chose certaine, les chiffres le montrent : leur nombre est en croissance. À Montréal, les refuges ne cessent d'accueillir davantage d'hommes, 5 % de plus en 2013 pour 210 000 nuitées. Les hébergements pour femmes effectuent un nombre sans cesse croissant de refus, faute de places. Dans Hochelaga-Maisonneuve, Saint-Henri et Rosemont-Petite-Patrie, on constate un nombre grandissant de personnes à la rue. Des ressources en itinérance existent dans un nombre croissant de régions au Québec et plusieurs, de Sept-Îles à Trois-Rivières, font face à un accroissement et un débordement.

Vers un dénombrement…

Malgré les limites reconnues de l'exercice, le gouvernement fédéral met de l'avant la tenue d'un dénombrement annuel de l'itinérance dans les grandes villes. La

formule existe. À une date nommée, on sort compter les personnes qui sont dans les refuges, sont visibles dans la rue et on calcule ainsi un chiffre. Un tel chiffre sousestimera l'itinérance de façon globale, mais particulièrement celle des femmes et des jeunes, des immigrants et des réfugiés, qui utilisent moins les ressources, de même que l'itinérance hors des grandes villes. Une démarche est en cours par le gouvernement du Québec, visant à se doter d'un portrait de l'itinérance au Québec, à partir de différents indicateurs de la fréquentation des ressources (refuges, hébergement court/moyen terme), cela dans l'ensemble des régions du Québec. Sans arriver à chiffrer l'impossible situation de toutes les réalités de l'itinérance, cela établira un portrait plus large et plus juste de l'itinérance que celui que produirait un dénombrement. À Montréal, il y a une volonté claire du maire Coderre, malgré l'investissement déjà en cours par Québec, d'affecter une partie des fonds supplémentaires qu'il annonçait en janvier à un dénombrement. Cela pour permettre d'orienter les demandes de la ville et les fonds disponibles. On voit l'importance de la question. Réunis en assemblée générale début février, les membres du RAPSIM ont voté pour maintenir la participation du RAPSIM à la démarche du portrait de l'itinérance, dont un premier rapport est prévu pour juin. Il suivra aussi celle du dénombrement, en soulevant ses limites pour éviter que les actions ne soient alignées que sur une partie de la réalité de l'itinérance.

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CÉLÉBRATIONS

JustiCe

Curatelle et bisbille Par Me ratelle

Comment établir la curatelle d'un père âgé et inapte, si les trois (3) enfants ne se parlent pas et s'il y a un mandat en cas d'inaptitude ? Le Code civil du Québec présume que chaque individu a sa capacité légale. L'incapacité doit être prouvée. Pour prouver cette incapacité, un rapport d'évaluation médicale doit être émis par un médecin. Tout intéressé, notamment un des enfants, pourrait voir le médecin avec son père pour obtenir ce rapport. Si le père refuse de voir le médecin, il y a toujours la possibilité de faire une requête pour évaluation psychiatrique, s'il peut être dangereux pour lui-même ou pour les autres. Le rapport d'évaluation médicale met en marche l'évaluation psychosociale. Une fois le rapport d'évaluation médicale et le rapport d'évaluation psychosociale obtenus, tout intéressé fera une recherche auprès du Barreau du Québec et de la Chambre des notaires du Québec pour savoir s'il y a un mandat d'inaptitude publié au Registre des mandats d'inaptitude. Le mandat non publié échappe à cette recherche. Les papiers personnels de la personne inapte doivent être vérifiés en conséquence. S'il y a un mandat d'inaptitude, une requête doit être déposée devant la Cour supérieure afin d'obtenir un jugement en homologation du mandat. Le mandataire aura alors les pouvoirs d'administration prévus au mandat et, à défaut, les simples pouvoirs d'administration prévus au Code civil du Québec (pas le pouvoir de disposer de biens de valeur sans la permission du Tribunal). Dans le prochain numéro, nous étudierons la procédure, s'il n'y a pas de mandat d'inaptitude.

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JOURNÉE INTERNATIONALE DU BONHEUR

Le jeudi 20 mars à 12 h 15

Grand panel : Sur la route du bonheur national brut Sylvain-Claude Filion rédacteur en chef de L’Itinéraire

Renaud Gignac

chercheur à l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques

Steven Guilbeault directeur principal d’Équiterre

Ianik Marcil économiste indépendant

Du 20 mars au 10 avril

Exposition sur le Bouthan Martine Michaud (Mishô) artiste multidisciplinaire

lamdd.org

50, rue Sainte-Catherine Ouest Montréal (Québec) H2X 3V4 info@lamdd.org 514 394-1108


Je paye, moi non plus ?

ianik marcil

N'est-il pas moralement justifié que l'utilisateur d'un service public en défraie les coûts ? Le principe semble, a priori, légitime. Je n'ai pas de voiture, alors pourquoi paierais-je pour la reconstruction du pont Champlain ? PAR IANIK MARCIL | Économiste indépendant

photo: kim auclair

D

e la même manière, si je suis malade, en partie cela n'est directement utile à quiconque. Mais selon le parce que je ne fais pas assez de sport et que je principe opposé, celui en vertu duquel même principe m'alimente mal, pourquoi ma voisine pétante de si je n'en retire aucune utilité j'accepterais de le financer santé paierait pour mes soins ? L'argument de l'utilisateur- grâce au fisc parce qu'elle sert l'ensemble de la société, payeur est facile à vendre aux électeurs. cette recherche n'apporte strictement rien d'utile à la soMais ce faisant, où tracer la ligne ? Pourquoi les coûts ciété, et ne mérite donc pas son financement collectif. d'un service comme la santé ou la construction d'un pont Dans les deux cas, on ne financera uniquement que les devraient être soutenus financièrement par leurs utilisa- projets collectifs perçus comme étant utiles, donc, trop teurs, mais pas l'éducation ? souvent, dans une perspective de court L'argument généralement utilisé en déterme. L'utilisateurfaveur de la tarification des services pu­ L'économie comme le politique sont blics est tout aussi pernicieux que ceux qui basés sur des considérations éthiques. payeur n'a aucune Moralement, l'argument de l'utilité cherchent à les défendre : il serait légitime de s'opposer à la tarification en ce que considération pour sociale favorise l'étiolement du lien l'ensemble de la société en bénéficie, de solidarité entre les membres de la son semblable. même indirectement. Appelons cet argucommunauté politique – tout comme, ment celui de l'«utilité sociale». bien sûr, celui de l'utilisateur-payeur. Ce triomphe de Par exemple : si nous finançons collecL'utilisateur-payeur n'a aucune consitivement la construction d'un nouveau l'individualisme dération pour son semblable. Je n'ai pas pont Champlain par nos impôts, c'est d'enfants – je n'ai pas à payer pour la sape les l'ensemble de la collectivité qui en bénéscolarité de ceux qui en ont. Je n'ai pas ficiera, puisque des camions de livraison de voiture et j'habite au centre-ville – je fondements de de marchandises que nous achetons au n'ai pas à payer pour ces automobilistes supermarché, sur l'Île, l'emprunteront. de la banlieue. la solidarité. Même raisonnement pour le financeMais ce triomphe de l'individualisme ment public du système d'éducation qui se déploie tout autant au cœur de profiterait à toute la société. l'argument de l'utilité sociale, car il sape Économiquement, cet argument charrie des effets per­ les fondements de la solidarité. Nos évaluations morales vers. Les services les moins utilisés seront systématique- ne sont possibles que par notre rapport à l'autre – nous ment ceux qui recevront le moins de financement. Qui vou- ne sommes pas des Robinson Crusoé. Elles devraient dra financer la recherche fondamentale en astrophysique, être fondées sur une solidarité commune, qui implique les réflexions d'une philosophe ou la création d'un poète ? le partage de finalités collectives qui nous dépassent inSelon le principe d'utlisateur-payeur, personne, puisque dividuellement.

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Chez Tim Hortons, si nous ne pouvons servir notre café de première qualité dans les vingt minutes suivant sa préparation, nous ne le servons tout simplement pas. C’est pour cette raison qu’à chaque nouvelle carafe que nous préparons, nous y inscrivons l’heure. De cette façon, vous êtes assurés que nous vous servons un café toujours savoureux.


panorama

PHOTO NICOLAS RUEL – ILLUSTRATION : EMMANUELLE CALVÉ

PAR sylvain-claude filion

EMMAC TERRE MARINE

du 5 au 15 mars Théâtre Rouge du Conservatoire (danse-cite.org)

LES TROIS JOURS DE CASTELIERS du 6 au 9 mars

(festival.casteliers.ca)

Fils conducteurs Pour transposer le conte inuit La femme squelette, la chorégraphe Emmanuelle Calvé et ses acolytes Jean-François Blanchard et Jody Hegel ont recours à la danse contemporaine, à l'art de la marionnette et au théâtre. Un spectacle hybride empreint de magie nordique auquel participent

également Richard Desjardins pour les textes et la narration et Jorane à la trame musicale. La représentation du 7 mars a lieu dans le cadre du 9e Festival international Les Trois Jours de Casteliers, qui, heureux choix de calendrier, a lieu en plei­ ne semaine de relâche scolaire.

Photo: ulysse del drago

Ou comme dans la vraie vie pourrait-on dire puisque l'intrigue de ce théâtre vérité est centrée sur le personnage d'une mère qui vient d'être jugée non coupable du meurtre de ses deux enfants. Accu­sateurs et accusés se disputent le contrôle de la vérité dans cette pièce à saveur documentaire où le questionnement éthique et l'engagement social n'affadissent en rien le crescendo dramatique de ce «théâtre du responsable». Treize acteurs sur scène et sur vidéo, dont Évelyne Brochu, Josée Deschênes, Henri Chassé et Luc Senay, dans une mise en scène de Sylvain Bélanger.

COMMENT S'OCCUPER DE BÉBÉ

de Dennis Kelly, traduction d'Olivier Choinière du 4 au 22 mars Théâtre La Licorne (theatrelalicorne.com)

PHOTO : AURÉLIE CHARTENDRAULT, EXEKO

Comme dans Les grands procès…

Regards à regarder

La gang à Rambrou, en 2013.

D'année en année, l'exposition fait de plus en plus de bruit. Pour sa 9e édition, l'événement multidisciplinaire rassemblant plus de 200 artistes performeurs avec ou sans déficience intellectuelle ou trouble envahissant du comportement sort du confort de ses murs pour imbriquer dans ses activités des classes ouvertes au Centre des Arts de la scène les Muses, une exposition aux Compagnons de Montréal, des projections du film Gabrielle et une avant-première de la pièce AVALe au Théâtre aux Écuries. Tout ça en pleine Semaine québécoise de la déficience intellectuelle.

D'UN ŒIL DIFFÉRENT

du 5 au 16 mars | Écomusée du fier monde (ecomusee.qc.ca)

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René Derouin

L'artiste migrateur Depuis plus de 50 ans, René Derouin s'intéresse à l'identité et au territoire. Après avoir passé une grande partie de sa vie à voyager sans pouvoir trouver un port d'attache, il a finalement trouvé ancrage dans les Laurentides. L'artiste pluridisciplinaire retrace son cheminement dans l'exposition Fleuve, présentée jusqu'à la fin mars à la Grande Bibliothèque. Par Valentine Bourgeois

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a prend un lieu d'ancrage. On dit que l'art est universel et international, je ne suis pas d'accord.» L'artiste se décri­ vait comme étant «en état de migration constant». C'était jusqu'en 1994, quand il pose un geste aussi surprenant que spectaculaire : larguer dans le fleuve Saint-Laurent quelque 20 000 figurines fabriquées pour son installation Migrations. C'est à ce moment que René Derouin s'installe pour de bon à Val-David. Le largage de ses œuvres lui a permis de régler un problème d'identité. «J'ai toujours continué à voyager, mais je ne migre plus, c'est terminé.» Comme pour confirmer son ancrage, il crée l'année suivante sa fondation, Les Jardins du précambrien, qui compte aujourd'hui trois kilomètres de sentiers peuplés d'œuvres d'art.

«

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Du deuil à la création

tinction accordée par le gouvernement du René Derouin quitte le Québec pour la Mexique à un étranger. «C'est à 19 ans, au première fois en 1955, à l'âge de 19 ans, Mexique, que j'ai découvert que j'étais ignoébranlé par la mort de son jeune frère et de rant par rapport aux autres. Je ne pouson père, tous deux noyés dans le fleuve vais pas échanger avec eux parce que je ne Saint-Laurent. Inspiré par ses lectures ado- savais pas qui j'étais.» Selon René Derouin, l'identité n'est pas quelque chose de stalescentes sur Gauguin et ses voya­ tique, elle est en constante ges à Tahiti, il part pour le définition et se voit perpéMexique. C'est là qu'il détuellement enrichie par le couvre que la colonisation contact de l'autre. ne marque pas le début de «J'ai toujours «La culture mexicaine notre Histoire et qu'il est continué à m'a appris quelque chose initié à l'art précolombien. Encore aujourd'hui, de très profond sur la vie voyager, mais l'artiste entretient un rapet la mort.» Rétrospecport privilégié avec le pays tivement, il se considère je ne migre plus, et s'est vu remettre, en chanceux d'avoir connu c'est terminé.» 2006 l'Ordre de l'Aigle le malheur tôt dans sa vie aztèque, la plus haute diset d'avoir dû apprendre à


composer avec celui-ci. Une expérience qui lui servira des années plus tard, lorsqu'il vivra le troisième grand deuil de sa vie, celui de son fils aîné.

La chance d'être un artiste

On dit souvent que l'art est stimulé par le malheur, mais René Derouin refuse de s'apitoyer sur son sort. «Je ne me plains pas de ça, je ne suis pas malheureux parce que j'ai perdu mon frère, mon père et mon fils.» Au contraire, il a fait de sa souffrance une œuvre qu'il continue de développer encore aujourd'hui, à 77 ans. «J'ai tellement été chanceux d'être un artiste parce que j'ai pu m'en nourrir.» Quand il a largué les 20 000 figurines de Migrations dans le fleuve, il n'en était pas conscient à ce moment-là, mais il s'agissait d'un rituel de deuil. Symboliquement, il perdait le statut d'immigrant qu'il s'était attribué en déposant les sédiments de son histoire au fond de l'eau. Ce geste artistique a pris une signification tout autre sur le plan personnel. «En y repensant, je me suis dit : c'est très curieux de voir comment le largage a décidé de mon ancrage.»

Apprendre sous la contrainte

Si le Mexique lui a appris à mieux se connaître, le Japon, lui, a influencé ses techniques de travail. Son expérience en résidence d'artiste à Tokyo, en 1968, a été un choc et une période de sa vie qu'il qualifie de «contraignante». René Derouin y a découvert une culture extrêmement concentrée, d'attention et de discipline, mais aussi de respect. «Je me suis rendu compte que je devais beaucoup à la

culture japonaise dans ma façon de travailler et d'organiser mon temps.» En tant que travailleur autonome, l'artiste estime que la discipline personnelle est primordiale, tout comme l'organisation. «Si les choses sont en désordre autour de moi, je ne peux créer que du désordre», remarque-t-il.

Transmettre ses valeurs

Très humble par rapport à son art, René Derouin croit que les artistes sont des transmetteurs plutôt que des créateurs. Il affirme que, puisque toutes les images existent déjà dans l'univers, il revient à l'artiste d'être dans un état de sensibilité propice à les recevoir. «Comme un enfant qui n'a pas encore appris quelque chose parce qu'il n'est pas rendu à cette étape de son développement.» Il donne en exemple l'exposition sur les constellations qu'il a préparée pour le festival Montréal en lumière en février dernier. «Tout un univers que j'ignorais s'est déployé devant moi, ce n'est pas parce qu'il n'existait pas; c'est parce que je l'ignorais.» La collecte d'informations avant de se mettre à l'œuvre est une étape importante pour lui puisque la connaissance est au nombre des valeurs qu'il souhaite véhiculer. Tout comme la liberté, la compassion et la découverte de l'autre. Engagé, René Derouin? Pour lui, la question ne

se pose pas, car «pratiquer un art, c'est être engagé», affirme-t-il. L'engagement fondamental de l'artiste réside dans le fait de travailler au service de son œuvre pour la défense de la liberté. «Pas besoin de l'écrire sur une pancarte et d'aller dans la rue», conclut-il.

Fleuve – René Derouin

50 ans d'art et d'américanité Fleuve est une exposition composée de cinq zones retraçant le cheminement de l'artiste. Chose rare, René Derouin tenait à remplir lui-même le rôle de commissaire afin que l'exposition soit grand public «sans être filtrée par les gens de l'histoire de l'art». À travers la centaine d'œuvres exposées, l'artiste nous parle sans intermédiaire des thèmes de l'identité, de la mémoire et du territoire. Jusqu'au 23 mars dans la salle d'exposition principale de la Grande Bibliothèque (niveau M). 475, boulevard de Maisonneuve Est Entrée libre du mardi au jeudi de 12h à 21h et du vendredi au dimanche de 10h à 17h

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ViVre

Par Denyse MontÉ

8 mars et non-violence sur les répercussions de la violence conjugale en milieu de travail. Les données recueillies pourraient déboucher sur des politiques publiques pour éradiquer ce fléau. Vous avez jusqu'au 6 juin prochain pour répondre au questionnaire en ligne : fluidsurveys.com/s/violence_conjugale/

lin-dispensable Utilisé jadis par les Égyptiens pour momifier les morts, le lin, aujourd'hui, servirait plutôt à revigorer nos corps. Cette noble fibre naturelle, hautement écologique, est un isolant naturel : parfait en temps de canicule, il tient au chaud en hiver. On le dit également antiallergique et... reposant. Bien calés dans des draps en lin, on s'endormirait plus vite et le sommeil serait moins agité, plus profond, bref, merveilleusement réparateur.

Merci, mon chou! Les choux consommés régulièrement peuvent prévenir certains types de cancer (colorectal, prostate, ovaires, reins). Le brocoli, notamment, est bénéfique pour le cœur, la santé des yeux (cataractes), et pour ralentir la progression de l'arthrose. On recommande de manger le brocoli frais, rehaussé de raifort, de moutarde ou de wasabi, pour accroître l'efficacité de l'enzyme myrosinase qui lui donne son pouvoir anti-cancer. C'est ce que nous apprennent différentes études scientifiques. Plus récemment, des chercheurs de l'Université de Georgetown ont découvert que les crucifères peuvent protéger l'organisme contre la radioactivité, grâce à une molécule produite lors de la digestion du brocoli. Les syndromes aigus liés à une irradiation, due soit à u n a cc i d e nt radiologique ou à une catastrophe nucléaire, seraient alors atténués.

ITINERAIRE.CA | 1er mars 2014

Mariage heureux égale meilleure densité osseuse. Seule condition : avoir été marié («accoté» : on ne le mentionne pas…) après l'âge de 25 ans. C'est l'étonnant constat qu'ont révélé des chercheurs de l'université de Californie, tout récemment. Ils ont observé que les hommes divorcés, remariés, veufs ou célibataires avaient une colonne vertébrale en moins bon état que les sujets menant une vie à deux de qualité. Chez les jeunes de moins de 25 ans, il semble que le stress occasionné par les responsabilités familiales ne fait pas bon ménage avec les os.

le ventre aussi aime se faire masser Le ventre étant considéré comme notre deuxième cerveau, le chi nei tsang est une approche alternative tout indiquée pour le soigner. La technique consiste à libérer les énergies négatives prisonnières dans le corps par des mouvements sur la région abdominale. À Montréal, ce type de traitement est offert par Katia Quijano, que recommande fortement sa collègue massothérapeute Isabelle Bouchard. Vous pouvez apprivoiser le chi nei tsang sans danger par un léger automassage. En position couchée sur le dos, jambes repliées, les pieds posés à plat sur le sol, frottez vos mains ensemble puis exercez un doux mouvement circulaire à partir du creux du nombril et tout autour vers la périphérie. Puis, inversez le massage dans l'autre sens. Bien-être assuré.

Sources : Futura-Sciences, semencemag.fr, journaldesfemmes.com

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Bon couple, bons os

pHoto: 123fr.Com/BouvinCi, gennadiy poZnyakov, maksym narodenko, aLeXvarLakov

Des clés à la portée de toutes, thème de la Journée internationale des femmes, le 8 mars, sollicite notre solidarité pour ouvrir la porte à un monde de liberté, d'égalité, de paix, de justice. Contrer la violence conjugale figure en tête de ces visées. Pour sa part, le Congrès du travail du Canada, en partenariat avec l'Université Western, lançait, en décembre dernier, une enquête


L'ITINÉRAIRE reCoMManDe

D'aucuns se rappelleront son premier album, lancé en 2008. D'autres l'auront vu accompagner Moran ou faire les premières parties de Karkwa en tournée. Avec ce nouvel album LES ROSES portant l'empreinte du réalisateur Pierre Marchand, l'auteur-compositeur, qui signe toutes ses interprétations, fait le pari de la chanson vérité en parlant du début et de la fin de tout : l'amour. Une voix granuleuse dont les modulations rappellent celle du bluesman Paul Personne, une simplicité qui évoque une certaine naïveté, KEVIN THOMPSON vient peut-être de trouver le ton juste, celui du cœur. À écouter : T'es belle. (Audiogram). Un étudiant devient trieur d'objets au soussol de l'Armée du Rachat. Dans cet espace réduit où trône littéralement une pyramide vertigineuse de cossins, l'expérience d'une hiérarchie oppressante l'amène à vouloir changer le système. Théâtre musical, fable glauque, ironique utopie… il y a un peu de tout ça dans AS IS (TEL QUEL) avec Denis Bernard, Marie Michaud et plusieurs autres, du 11 mars au 5 avril, au Théâtre d'Aujourd'hui (theatredaujourdhui.qc.ca). Et si, après une tragédie personnelle, un homme et une femme avaient recours aux principes de l'architecture pour se reconstruire? Voilà la piste originale qu'explorent Paula de Vasconcelos et Évelyne de la Chenelière dans L'ARCHITECTURE DE LA PAIX. Cette nouvelle création de Pigeons International, coproduite avec le Teatro Sao Luiz de Lisbonne, met en scène Pascale Montpetit, Daniel Parent, Ana Brandao et Philippe Thibault-Denis. Du 4 au 22 mars au Théâtre ESPACE GO (espacego.com). (SCF)

Par soPHie CHartier, Marie-lise rousseau et Pierre saint-aMour

liVres

lire les images A-t-on perdu l'art de lire les images? La question se pose, surtout depuis que tout le monde peut s'improviser photographe avec son cellulaire. Lévesque nous rappelle ici la force narrative de l'image photographique dans son essai visuel d'une grande sensibilité. L'artiste s'est immergé dans l'univers de la lutte de sous-sol d'église à Jonquière pour y produire des clichés qui parlent autant que les mots. Il porte une attention particulière à la composition de ses photos, privilégiant le noir et blanc pour mettre en valeur ses sujets et les détails qui les caractérisent. Que ce soit un regard déchaîné d'un lutteur tenant son adversaire, un mouvement chorégraphique sur le ring ou le sourire survolté d'un spectateur, Lévesque dresse un portrait émouvant et saisissant de cette passion universelle. (MLR)

LUTTE

Nicolas Lévesque, La Peuplade, 23 pages.

Pointe-saint-Charles, ville ouverte Retour sur la lutte du Collectif 7 à nous, groupe d'action populaire dans le quartier PointeSaint-Charles, pour l'obtention du Bâtiment 7, ancien entrepôt ferroviaire du Canadien National, par la collectivité. Le récit, complet malgré ses quelque cent pages, permet de prendre connaissance d'une très importante lutte populaire peu rapportée dans les médias nationaux. Le Bâtiment 7 a depuis été converti en centre social autogéré destiné aux résidents de Pointe-Saint-Charles. Une lecture intéressante et inspirante pour qui s'intéresse aux histoires du type «David l'emporte sur Goliath». À lire aussi pour se rappeler que la persévérance collective peut avoir raison du cynisme. (SC)

Bâtiment 7 – Victoire populaire à Pointe-Saint-Charles La Pointe libertaire avec Judith Cayer, Écosociété, 105 pages.

l'éloquence de la discrétion Alors qu'en Orient, on croit que : «Ceux qui savent ne parlent pas; ceux qui parlent ne savent pas» (Lao-Tseu), on soutient en Occident que «le discours est la civilisation (...) : c'est le silence qui isole» (Thomas Mann). Les deux points de vue, bien qu'opposés, se valent. En réalité, ils se fondent sur deux aspects distincts mais complémentaires du tempérament de l'être humain : l'introversion et l'extraversion. Comme la société occidentale privilégie l'action, la réflexion est souvent reléguée au second rang, au grand malheur des introvertis. Susan Cain, une intellectuelle diplômée de Princeton et de Harvard, retrace dans La force des discrets les plus récentes découvertes scientifiques sur le cerveau humain à ce sujet, dans une langue accessible et agréable à lire. (PSA)

La force des discrets

Susan Cain, Éditions JC Lattès, 339 pages.

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À ProPos De...

la VolontÉ

Trente moines et leur abbé ne peuvent faire braire un âne contre sa volonté.

Vouloir, c'est oser et persévérer.

Miguel De CerVantÈs

anDrÉ Maurois

Les érections de la pensée sont comme celles du corps: elles ne viennent pas à volonté. gustaVe FlauBert

La volonté s'appelle persévérance pour une bonne cause et obstination pour une mauvaise. laWrenCe sterne

Mon Dieu, que votre volonté soit fête!

Mon corps est un jardin, ma volonté est son jardinier.

FrÉDÉriC DarD

WilliaM sHakesPeare

Rien n'est impossible à la mauvaise volonté de l'homme. renÉ BarJaVel

Les gens qui ont le menton en galoche et dont les dents se déchaussent y mettent vraiment de la mauvaise volonté. Pierre DaC

En vérité, le chemin importe peu, la volonté d'arriver suffit à tout. alBert CaMus

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La force ne vient pas des capacités corporelles; elle provient d'une infaillible volonté. ganDHi

soliDaritÉ Dans le MÉtro

J'aurais voulu dire merci J'ai 60 ans et je sais que j'ai toujours été gai. Dans les années 70, il y avait des bars gais sur la rue Stanley dont on ne parlait jamais sauf lorsqu'il y avait des descentes. J'avais 19 ans, j'arrivais à Montréal. J'avais peur et en même temps je voulais tellement rencontrer un homme. Je commençais à peine à comprendre qu'il y avait des bars pour «les hommes spéciaux comme moi». Je prenais le métro matin et soir pour travailler comme commis de bureau. En me rendant à mon travail, ou en revenant à la maison, il m'arrivait souvent de voir le même homme d'âge mûr, dans le même wagon que moi. Il me regardait avec intensité. Je comprenais que je devais l'attirer, mais je le trouvais vieux. Un certain vendredi soir, vers 10 heures, je sortais à la station Peel pour aller au bar Mystique. Et là, je vois sur le mur du métro un graffiti écrit à la peinture où c'est écrit «Peel = fag station». Je ne peux m'empêcher de dire «beurk». Soudain, l'homme d'âge mûr que je voyais souvent dans le métro passe à côté de moi et chuchote : «vous autres, les plus jeunes, vous allez vous battre, pis vous allez gagner.» Ce soir-là, ce monsieur m'avait indisposé plus qu'autre chose. Puis, des années plus tard, j'ai compris qu'il avait été la première personne à me donner confiance en moi malgré ma différence. Je regrette de ne pas avoir pu lui dire merci. En lisant que vous recherchez des témoignages de solidarité dans le métro, ça m'a rappelé ce fait qui est arrivé il y a maintenant 35 ans.

Pascal, Montréal

Envoyez-nous vos propres histoires de solidarité ou de beaux gestes dont vous avez été témoin ou partie prenante dans le métro et les autobus de Montréal à : courrier@itineraire.ca


Feuil1

DÉtente

Mots croisés L'Itinéraire - 1er mars 2014 1

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1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. Vous Feuil1 trouverez la solution dans l'édition du 15 mars 2014 10. HORIZONTALEMENT 11. 8. Fin précipitée. 12. 9. Eau de Berne - Du sel pour le chimiste.

HORIZONTALEMENT Sort de la cigale. Docteur - En crise - Bas de gamme. Groupe des unités militaires. Protestes - Demandées avec insistance. Est anglais - Liquider - Dans les limbes. Couches sur papier - Pas jeunes. Conduit à une action. - Commune de Belgique. Réception - Courba. Greffer - Chat ou tapis. Crier en forêt - Accompagnent à la messe. VERTICALEMENT Empêcher la famille. Vigueur - Heure romaine. Bourru - Publie. Sacré en Égypte - Racler. Un peu de divertissement - Classer. Faculté d'être en plusieurs lieux. Travailles fort - Des chiffres et une lettre. Alliage - Ornements. Allure - À ce moment-là. Couverte de flocons. Décoratif. Giflées en sortant - Berges.

1. Sort de la cigale. Docteur - nœud. En crise - Bas de gamme. 11. 2. Coupe le haut - Tête de 12. Sonneras l'alarme. 3. Groupe des unités militaires. NIVEAU DE DIFFICULTÉ: FACILE du 15 février 2014 4.Solutions Protestes - Demandées avec insistance. SOLUTION du 15 février 2014 1 5. 2 Est 3 4 anglais 5 6 7 - 8Liquider 9 10 11 12 Dans les limbes. 1 M A I S O N N E U V E 6. Couches jeunes. 2 E C R I T E sur A Upapier E T- Pas A 3 C I R E E S T A E L 7. Conduit à une action. - Commune de Belgique. 4 A D E R C H A R T E 5 N 8. E Réception S M U S- Courba. A R D E R 6 I P O I S O N T 9. Greffer - Chat ou tapis. 7 Q U E U E B A N A N E 8 U10. N Crier C I N B O R enE forêtS -AAccompagnent à la messe. 9 E A T N O V I C E A 10 S U VERTICALEMENT V E N I E L L E S 1. Empêcher la famille. 2. Vigueur - Heure romaine. 3. Bourru - Publie. 4. Sacré en Égypte - Racler. 5. Un peu de divertissement - Classer. 6. Faculté d'être en plusieurs lieux. Vous trouverez la solution dans l'édition du 15 mars 2014 7. Travailles fort - Des chiffres et une lettre. Jeu réalisé par Ludipresse | info@les-mordus.com 8. Alliage - Ornements. Jeu10. réalisé par MaxwoodMedia grille@maxwood.ca Cale - Quartier de Bordeaux - Mauvais| frère.

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1er mars 2014 | ITINERAIRE.CA

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Feu Vert À…

louise Portal

Camelot d'un jour

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ITINERAIRE.CA | 1er mars 2014

Pour geler, endormir la douleur, bien des avenues se présentent, qui peuvent nous mener à la rue. N'oublions pas que personne n'a pour objectif d'avenir de se retrouver à la rue! Personne! Richard m'a raconté son parcours. Quand il est arrivé à L'ITINÉRAIRE, il y a vingt ans, plus rien n'allait pour lui. Son chagrin se noyait dans l'alcool et son cœur se gelait dans la drogue. Depuis plusieurs années, il a acquis sa sobriété : plus d'alcool, plus de drogue, plus de tabac. En riant, je lui ai dit, en lui caressant affectueusement le ventre : « mais pas de sobriété de tarte! » Il m'a répliqué en me regardant d'un œil humide et espiègle : « Quand je suis arrivé à L'ITINÉRAIRE, j'étais rendu au bout de ma route. Je pesais 145 livres et je n'avais plus rien à quoi m'accrocher. Aujourd'hui ça va mieux. Je paye mon loyer, mes frais, je joue au bowling avec ma fille chaque semaine, j'aime mon travail. L'ITINÉRAIRE m'a redonné une vie. L'ITINÉRAIRE m'a sauvé la vie. » Merci Richard pour ce moment si inspirant. Depuis, je pense souvent à toi et aussi à cette horde de six étudiantes qui nous ont acheté chacune un exemplaire du journal. Voir cette belle jeunesse faire une différence dans ta vie mon beau Richard, fut, ce jour-là, un cadeau d'espérance.

pHoto : mario LangLois

J

'ai vécu une expérience forte et émouvante, le 4 février dernier, comme camelot d'un jour. Pour souligner le 20e anniversaire de L'ITINÉRAIRE, nous avons été invités l'homme d'affaires Yvon Brousseau et moi, à accompagner un camelot du journal: Richard Touzin qui, depuis 20 ans, se présente quatre à cinq jours par semaine à son poste de vente : le métro de la Placedes-Arts. Toute une aventure fut celle de vivre, sur le terrain, la réalité des camelots : L'INDIFFÉRENCE! On peut refuser d'acheter le journal, mais on peut tout au moins répondre «non merci» avec un sourire, un petit salut de la tête ou un simple bonjour à la personne qui pose un geste de réinsertion sociale, qui travaille à sortir de L'ITINÉRANCE. Pendant l'heure où nous avons été postés à ce point de vente, des dizaines de personnes sont passées sans nous voir ou nous saluer, tentant d'éviter notre regard ou marmonnant des paroles peu flatteuses ou simplement bêtes. Heureusement, beaucoup d'autres passants, moins pressés, moins fermés à cette réalité des plus démunis, nous ont parlé et ont acheté le journal. Il faut mentionner que Richard, au fil des années, s'est monté une clientèle fidèle et aimable dont il prend bien soin, se rappelant le nom de chacun et devenant parfois le confident de certains. J'aimais déjà beaucoup L'ITINÉRAIRE, j'en reconnaissais l'action essentielle auprès de ses camelots et dans sa mission de sensibiliser les gens au problème de l'itinérance en nous informant des besoins criants pour y remédier. Mais ma participation comme camelot d'un jour m'a donné une meilleure compréhension de la réalité du camelot qui a vu sa vie changer grâce à L'ITINÉRAIRE. Chaque client qui lui achète le journal vient faire une différence tangible dans la vie de celui qu'on croyait laissé-pourcompte. À lire les témoignages de plusieurs d'entre eux, on réalise qu'il y a de l'espoir après les dérives. Personne n'est à l'abri, un jour ou l'autre, d'une dérive : perte de travail, chagrin d'amour, rupture, maladie, isolement. Bien des revers peuvent mener à des problèmes d'alcool, de dépendance aux substances de toute sorte.

Actrice, chanteuse, écrivaine, Louise Portal joue présentement dans le téléroman Destinées. Ce mois-ci, elle publie Écrire la mouvance de mes jours aux éditions Trois-Pistoles et sera présente au Salon du livre de Paris à la fin du mois. En attendant de revenir au petit écran dans les séries 19-2 et Toute la vérité, elle sera de la distribution du film Les loups de Sophie Deraspe, qui prendra l'affiche cet automne.




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