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Volume XXII, n˚ 12 Montréal, 15 juin 2015

www.itineraire.ca


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2015-05-15

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J'Y CROIS DONC J'LE CRÉE

ÉDITORIAL

À la une de ce présent numéro, le « 100% nous » surgissant de la mosaïque de visages de ceux et celles qui l'ont pensé et conçu, et des mains desquelles vous l'avez sans doute acheté, nous rappelle que « le tout est plus que la somme des parties ». JEAN-MARIE TISON | Camelot rédacteur

N

é du désir profond et impérieux de créer quelque chose par et pour nous-mêmes, l'idée de ce projet collectif a d'abord soulevé l'enthousiasme. Puis, dans l'ombre du doute, de vieux fantômes sont revenus nous hanter, comme cette peur de l'échec inhérente ou conséquente de conditions vécues depuis trop longtemps par bon nombre d'entre nous. Malgré tout, le projet s'est peu à peu animé et poursuivi dans un esprit plus près du processus caractérisant la création d'une œuvre que celui d'un travail typiquement journalistique. Un processus qui, à terme et à leur propre étonnement, a révélé à ses créateurs une part jusque là inconnue d'euxmêmes ! Le produit fini, l'œuvre, a participé ainsi à faire de ses créateurs l'objet d'une autre création toujours inachevée et sans cesse renouvelée, qui fait d'eux des êtres qui tiennent à la fois du médium et de l'alchimiste ; artisans et témoins de ce qu'ils sont !

Le médium est le message (Marshall McLuhan)

Depuis l'invention des premiers clichés photographiques, l'adage selon lequel une image vaut mille mots fait figure de vérité absolue. Quel peut bien être aujourd'hui le poids d'un mot dans un topo télévisé de 90 secondes, à raison de 24 images secondes ? De fait, trop souvent, les mots ne servent qu'à orner l'image. Ils la renforcent uniquement et ne la questionnent plus. S'il y a une chose que la science tient pour acquise c'est bien qu'aucune vérité n'a de valeur absolue ! Derrière la réalité immédiatement perceptible, il y a une autre réalité. Voir ne signifie pas nécessairement comprendre. Nos jugements se forgent presque exclusivement à partir d'images dont on nous inonde quotidiennement. À quoi bon les mots, l'histoire, ses origines et ses enjeux, puisqu'on a un instantané qui nous fera distinguer les bons des méchants. Nos regards interrogent maintenant celui que vous

porterez à cette chose et qui lui confèrera une nouvelle vie. Sachez qu'à travers cette courtepointe de textes et d'entrevues, brodée de mots et d'images aux accents touchants, candides, drôles ou graves, s'est écrit une histoire que vous ne pourrez ni voir ni lire dans les pages qui suivent. L'histoire d'un passage de la préhistoire à l'Histoire ! D'une rencontre avec nous-mêmes comparable à celle de pierres taillées à même la roche brute et du polissage que nous n'avions jamais eu l'occasion de faire, qui rehaussera leur valeur. Une sorte de « un pour tous et tous pour un » impliquant une trentaine de mousquetaires âgés de 25 à 64 ans. L'histoire d'un imposant travail logistique nécessitant un dialogue laborieux, en immersion dans un intense et constant exercice démocratique oscillant entre l'anarchie et la dictature. La coopération d'une bande de pionniers et de cobayes volontaires donnant 100 % de ce qu'ils ont dans le cadre étroit et ingrat d'une page ou deux chacun. Une expérience sans précédent où chacun, brûlant de s'exprimer, tentera de vous toucher à travers un sujet qui lui tient à cœur. Au fil des disputes et des réconciliations, des consensus et des compromis douloureux nécessaires à l'accomplissement d'un tel projet, il y a aussi eu du temps et de l'espace pour la joie et les rires. Et cette espèce de révélation tardive que le projet n'est ni lui, ni elle, ni moi, comme vous l'expliquera Sylvio, puisque l'expérience, en fin de compte... C'était et c'est encore nous ! Nous ne sommes plus le nous d'avant ! Mais ça, comment le sauriez-vous ? Bonne lecture et bonne fête à nous tous, Québécois et Québécoises !

P.S.: On dit que toute création est le fruit de 10 % d'inspiration et de 90 % de transpiration... C'est vrai !

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NOS PARTENAIRES ESSENTIELS DE LUTTE CONTRE LA PAUVRETÉ

Le Groupe L'Itinéraire a pour mission de réaliser des projets d'économie sociale et des programmes d'insertion socioprofessionnelle, destinés au mieux-être des personnes vulnérables, soit des hommes et des femmes, jeunes ou âgés, à faible revenu et sans emploi, vivant notamment en situation d'itinérance, d'isolement social, de maladie mentale ou de dépendance. L'organisme propose des services de soutien communautaire et un milieu de vie à quelque 200 personnes afin de favoriser le développement social et l'autonomie fonctionnelle des personnes qui participent à ses programmes. Sans nos partenaires principaux qui contribuent de façon importante à la mission ou nos partenaires de réalisation engagés dans nos programmes, nous ne pourrions aider autant de personnes. L'Itinéraire c'est aussi plus de 2000 donateurs individuels et corporatifs qui aident nos camelots à s'en sortir. Merci à tous ! La direction de L'Itinéraire tient à rappeler qu'elle n'est pas responsable des gestes des vendeurs dans la rue. Si ces derniers vous proposent tout autre produit que le journal ou sollicitent des dons, ils ne le font pas pour L'Itinéraire. Si vous avez des commentaires sur les propos tenus par les vendeurs ou sur leur comportement, communiquez sans hésiter avec Shawn Bourdages, chef du développement social par courriel à shawn.bourdages@itineraire.ca ou par téléphone au 514 597-0238 poste 222.

PARTENAIRES MAJEURS

Nous reconnaissons l'appui financier du gouvernement du Canada par l'entremise du Fonds du Canada pour les périodiques, qui relève de Patrimoine canadien. Les opinions exprimées dans cette publication (ou sur ce site Web) ne reflètent pas forcément celles du ministère du Patrimoine canadien.

PRINCIPAUX PARTENAIRES DE PROJETS ISSN-1481-3572 n˚ de charité : 13648 4219 RR0001

DU MONT-ROYAL

Desjardins

L'ITINÉRAIRE EST MEMBRE DE

Convention de la poste publication No 40910015, No d'enregistrement 10764. Retourner toute correspondance ne pouvant être livrée au Canada, au Groupe communautaire L'Itinéraire 2103, Sainte-Catherine Est, Montréal (Québec) H2K 2H9

RÉDACTION ET ADMINISTRATION 2103, Sainte-Catherine Est Montréal (Qc) H2K 2H9 LE CAFÉ L'ITINÉRAIRE 2101, rue Sainte-Catherine Est TÉLÉPHONE : 514 597-0238 TÉLÉCOPIEUR : 514 597-1544 SITE : WWW.ITINERAIRE.CA RÉDACTION Rédacteur en chef : Josée Panet-Raymond Chef de pupitre, Actualités : Nafi Alibert Chef de pupitre, Société : Alexandra Guellil Responsables à la production écrite des camelots : Charles-Éric Lavery et Réal Noël Infographe : Louis-Philippe Pouliot Stagiaires à la rédaction: Laurence Richard, Julie Levasseur, Héloîse Bargain et Alexandra Nadeau Collaborateurs : Martine B. Côté, Ianik Marcil Adjoints à la rédaction : Christine Barbeau, Julian Ballester, Robin Bélanger, Marie Brion, Dany Chartrand, Sarah Laurendeau, Hélène Mai, Éliane Thivierge Photos de la une : Simon Posnic Révision des épreuves : Paul Arsenault, Lucie Laporte, Michèle Deteix

Le magazine L'Itinéraire a été créé en 1992 par Pierrette Desrosiers, Denise English, François Thivierge et Michèle Wilson. À cette époque, il était destiné aux gens en difficulté et offert gratuitement dans les services d'aide et les maisons de chambres. Depuis mai 1994, L'Itinéraire est vendu régulièrement dans la rue. Cette publication est produite et rédigée par des journalistes professionnels et une cinquantaine de personnes vivant ou ayant connu l'itinérance, dans le but de leur venir en aide et de permettre leur réinsertion sociale et professionnelle.

Québecor est fière de soutenir l'action sociale de L'Itinéraire en contribuant à la production du magazine et en lui procurant des services de télécommunications.

Directrice générale : Christine Richard ADMINISTRATION Chef des opérations et des ressources humaines : Duffay Romano Responsable de la comptabilité : Philippe Boisvert Adjointe administrative : Nancy Trépannier Responsable du financement : Gessi Vanessa Sérant

ÉQUIPE DE SOUTIEN AUX CAMELOTS Chef du Développement social : Shawn Bourdages Agent d'accueil et de formation : Pierre Tougas Agents de soutien communautaire : Geneviève Labelle, Jean-François Morin-Roberge Agent de développement : Yvon Massicotte Agent de milieu: Dominic Grenier

GESTION DE L'IMPRESSION TVA ACCÈS INC. | 514 848-7000 DIRECTEUR GÉNÉRAL : Robert Renaud CHEF DES COMMUNICATIONS GRAPHIQUES : Diane Gignac COORDONNATRICE DE PRODUCTION : Marilyn Fortin IMPRIMEUR : Transcontinental

CONSEIL D'ADMINISTRATION Président : Philippe Allard Administrateurs : Jean-Marie Tison Guy Larivière Julien Landry-Martineau, Stephan Morency Geneviève Bois-Lapointe, Jean-Paul Lebel Pierre Saint-Amour

VENTES PUBLICITAIRES 514 597-0238

CONSEILLÈRES : Renée Larivière 450-541-1294 renee.lariviere18@gmail.com Ann-Marie Morissette 438-350-5330 am.mori7@itineraire.ca


100 % Nous, une édition entièrement imaginée et réalisée par les participants de L'Itinéraire. 15 juin 2015 Volume XXII, n˚ 12 MOI, LE CAMELOT

EDITORIAL 3 J'Y CROIS DONC J'LE CRÉE par Jean-Marie Tison 8

L'évolution des camelots

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Survivre à la rue

par Gabriel Bissonnette

par Benoît Chartier

NOUS, LE GROUPE

17 Il était une fois Montréal par Serge Trudel

30 Comment j'ai retouvé ma fille

18 Fascination par Tuan Trieu-Hoang La politique pour tous par Marc-André Picard

32 Piano des villes

19 Naître pour être ! Être pour renaître !

10 Bande dessinée par Siou

VOUS, LE PUBLIC

par France Lapointe

propos recueillis par Cybelle Pilon

14 L'Itinéraire, un monde d'émotions par Manon Fortier

par Josée Cardinal et Mario Reyes Alberto Zamora

par Marie-Andrée B.

par Lorraine Sylvain

39 À la rencontre de mes clients par Michel Dumont 40 Un monde dangereux par Guy Boyer

26 Le buzz de la vente par Céline Marchand

27 Sortie de la boisson et de la drogue

COMPTES À RENDRE 16 Bâtir sa pyramide

28 Au pays des itinéraires

par Ianik Marcil

par Pierre Gaudreau

par Cindy Tremblay

24 Le Quiz de L'Itinéraire

par Maxime Valcourt

INFO RAPSIM 34 3es États généraux de l'itinérance

38 Sondage 23 Une renaissance

15 Souvenirs d'un baby-boomer

par Jean-Guy Deslauriers

36 La bonté humaine existe 20 Entrevue de Bob Harrisson par Daniel Touchette

12 Comment L'Itinéraire nous permet d'avancer

par Jean-Paul Lebel

par Sylvio Hébert

11 Devenir itinérant

42 Le Québec, nouvelle nation du monde par Guy Thibeault 44 LE JOSÉE FLÉCHÉ

par Richard T.

45 DÉTENTE

L'Itinéraire veut vous lire !

par Geneviève Bois-Lapointe

46 COMPTE-RENDU

50 % DU PRIX DE VENTE DU LES CAMELOTS SONT DES MAGAZINE LEUR REVIENT TRAVAILLEURS AUTONOMES

Un article du magazine vous a spécialement marqué et vous fait réagir ? Un camelot a attiré votre attention et vous voudriez lui communiquer un message ? Un thème vous interpelle et vous avez envie d'écrire à ce sujet ? Le courrier des lecteurs est là pour ça ! Vous êtes notre lectorat, et nous avons envie de vous lire aussi. Vos commentaires, vos réactions et vos critiques nous tiennent à cœur, et nous aimerions avoir la chance de publier vos impressions dans cette section.

Faites nous parvenir de courtes lettres signées à courrier@itineraire.ca afin que notre équipe puisse vous publier. Sans ses lecteurs, L'Itinéraire ne pourrait pas accomplir sa mission, c'est pourquoi nous tenons à vous donner la parole dans nos pages. Nous avons hâte de vous lire ! ÉCRIVEZ-NOUS ! à COURRIER@ITINERAIRE.CA Des lettres courtes et signées, svp! La Rédaction se réserve le droit d'écourter certains commentaires.


Don en cartes-repas un geste solidaire!

Le don d’une carte-repas à 6$ permet à une personne démunie de s’alimenter gratuitement au Café L’Itinéraire ou chez l’un de nos partenaires : Comité social Centre-Sud, MultiCaf, Resto Plateau, Le Phare et Chic Resto Pop. Grâce à vos dons, plus de 15 000 repas complets sont servis chaque année aux personnes se retrouvant dans le besoin. Vous pouvez choisir de les distribuer vousmême ou bien nous laisser le soin de le faire pour vous à travers notre service d’intervention et de réinsertion sociale. Pour plus d’informations ou faire un don en ligne : www.itineraire.ca

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Nom : Nom de l’entreprise (Don corporatif) : Adresse : Ville : Province : Téléphone : ( ) Courriel : MODE DE PAIEMENT

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Dons et abonnement disponibles en ligne au www.itineraire.ca


PREMIÈRE PARTIE

Moi, le camelot La majorité d'entre nous sommes arrivés à L'Itinéraire alors que nous étions à terre. Le fait de fréquenter d'autres camelots qui s'en sont sortis nous a donné l'espoir d'évoluer positivement. La vente du journal, le contact avec les clients, le changement de cadre de vie nous ont permis de retrouver de la confiance en nous et une meilleure estime de nousmêmes. L'Itinéraire nous donne la chance d'avancer et de nous reprendre en mains.

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L'évolution des camelots Je ne vous parlerai pas de mon évolution personnelle mais plutôt des différentes transformations qui ont pu affecter les camelots, des plus anciens aux nouveaux. Nous sommes plus d'une centaine de camelots mais nous n'avons pas le même vécu. Nous sommes tous différents et notre cheminement l'est aussi. PAR GABRIEL BISSONNETTE | Camelot métro Berri-Uqam

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ment votre 3 $ qui compte, mais aussi votre sourire, votre écoute et votre compréhension. Ce minimum qu'on vous demande, c'est la clé d'une possible nouvelle vie beaucoup plus agréable et confortable. Ce minimum pour vous peut représenter pour d'autres un maximum ! En gagnant leur dignité et avec votre jovialité, le processus d'évolution des camelots est enclenché. On les voit alors plus propres, plus gras et plus souriants. Quand je les vois se métamorphoser, je suis fier d'eux mais aussi de vous, car vous participez à leur évolution personnelle et à leur intégration dans notre société ! Je vous remercie au nom de tous mes collègues, à vous la classe moyenne qui se fait surtaxer constamment et aux « 1 % qui pourraient faire mieux ». Continuez à changer les choses en aidant une par une des personnes dans le besoin. C'est ça qui permettra l'évolution des hommes et des camelots. Merci mille fois ! Un camelot qui grâce à vous est réinséré, amoureux et en évolution constante

Gabriel Bissonnette et Serge Lareault, ancien rédacteur en chef et directeur de L'Itinéraire. La première photo a été prise aux débuts du groupe communautaire, il y a plus de 20 ans. La seconde date de 2014, sur le plateau de Tout le monde en parle.

PHOTO : LYNE-MARIE ROY

I

l y a des choses en commun entre nous : la souffrance, les différentes maladies, ces malaises qui ne se mesurent pas, qui ne se pèsent pas et surtout ne se comparent pas. Mais ce qui nous rassemble, c'est de vouloir démontrer notre place dans la société d'aujourd'hui. Le fossé entre la classe itinérante, celle des pauvres, toxicomanes, malades, marginaux (ou tout le kit) et la classe moyenne s'élargit. Et si je regarde de l'autre côté de la rive, entre la classe moyenne et les gens riches (le fameux 1 %) ce n'est pas mieux ! Nous savons que la classe moyenne est de plus en plus taxée. Les riches, eux, donnent-ils plus ? Quel sera l'avenir de cette société qui paye de plus en plus et qui s'appauvrit ? Je vous attends, vous allez me dire : « C'est quoi le rapport entre les écarts de société et l'évolution des camelots ? ». Nous savons tous que le camelot est la première personne qui se donne la chance de s'en sortir et de repartir à neuf, à son beat. En vendant le magaC'est le zine, les camelots prennent leurs camelot qui responsabilités, ils s'engagent à être à l'heure à leur poste, et décide de s'en leur présence soutenue sur leur de vente est importante. sortir ou pas point C'est là que reprend leur évolution. Les premières semaines sont cruciales. Après 21 ans à L'Itinéraire, j'en ai vu passer des camelots ! À leurs débuts, on les voit souvent fatigués, tannés de la vie, et comme rendus au bout du rouleau. Des fois aussi, leur pauvreté, leur apparence négligée et leurs problématiques de toutes sortes se lisent sur leurs visages. L'Itinéraire est leur dernier espoir de retrouver de la dignité et un peu de cash. Les camelots sont fiers de vous vendre un produit de qualité, auquel ils participent par l'écriture. « Rien dans les mains, rien dans les poches mais un journal dans la tête », disait notre slogan, ou encore « Donner la parole aux sans-voix ». Mais les personnes les plus importantes dans l'évolution des camelots... c'est vous, les lecteurs ! Ce n'est pas seule-


Survivre à la rue Quand un ex-itinérant gagne au loto-logement, qu'il essaie de le meubler et de l'entretenir, la vente de L'Itinéraire lui permet tout juste de se maintenir à flots. Une fois qu'il est sorti de la rue, il doit se construire une barrière psychologique, une bulle. En même temps, il doit refaire son réseau d'amis, retrouver sa santé et reprendre le sommeil perdu. Il est fragile. PAR BENOÎT CHARTIER| Camelot métro Radisson

S

PHOTO : NAFI ALIBERT

Je veux me sauver moi-même

urgit alors un problème qu'il n'avait pas prévu. Les gens de la rue qu'il a connus s'accrochent et commencent à vouloir profiter de lui. Combien de gens ai-je vus sur le trottoir essayer de soutirer de la nourriture à une personne en sachant très bien qu'elle a maintenant un toit sur la tête, sans plus, et que sa situation est précaire. Ça commence par un café, une cigarette, un repas, une douche ou un morceau de vêtement, l'hébergement pour une nuit… et ça finit par durer deux semaines. Il y a des gens de la rue qui ne sont pas reposants car ils s'incrustent et s'ingèrent dans vos affaires personnelles. Ne tombez pas dans le panneau, comme on dit. Personnellement, je dois me battre contre mes chimères et résister à ceux qui exploitent mes faiblesses. Ce sont de vrais parasites, pires que les punaises. Ils ne veulent pas se conformer aux règlements des dortoirs. Ils sont souvent rendus au point de non-retour dans leur consommation de drogue. Le 21 mars 2015, on a vidé le carré Viger. Ainsi, des gens n'ont pas d'endroit où aller, comme à chaque printemps, sans trouver de solution permanente. Ces personnes n'ont pas voulu être recensées le 24 mars car plusieurs d'entre elles ont commis des crimes et larcins de toutes sortes. Elles ne veulent pas répondre à vos questions, même si vous êtes travailleur de rue ou bénévole, de peur d'être judiciarisées. D'un autre côté, il y a des itinérants qui sont réellement malchanceux et je ne veux pas les juger. Je veux juste me sauver moi-même car « charité bien ordonnée commence par soimême ».

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Devenir itinérant Aucune personne fière ne choisit de devenir itinérant. C'est comme une conséquence de notre vulnérabilité. On est dans les bas-fonds et on ne voit aucune porte de sortie. On devient faible et on se sent écrasé par les regards méprisants. PAR FRANCE LAPOINTE | Camelot Mentana / Mont-Royal

ILLUSTRATION : LOUIS-PHILIPPE POULIOT

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a vérité, c'est que la perception des gens est basée sur notre apparence. Ensuite, il y en a qui nous font parler de notre vie personnelle, mais sans pour autant vouloir nous écouter vraiment, comprendre notre situation. J'ai déjà été itinérante. J'ai dormi sous le pont JacquesCartier, dans des entrées de commerces et d'immeubles, dans des guichets de banques, etc. On dort mal parce qu'on ne sait jamais si quelqu'un va nous agresser ou essayer de nous voler. Plusieurs choisissent de ne pas fréquenter les refuges parce que là aussi, il y a des problèmes. Il n'y a pas de fierté à retirer de vivre comme ça. Pour manger, il y a les soupes populaires et différentes autres ressources. Le jour, pour s'occuper et essayer de s'en sortir, on quête ou on trouve des petits travaux à faire. L'important, c'est d'être actif et de faire des contacts

pour retrouver sa place. L'accès à un logement à prix modique est très difficile et ça prend des années avant de l'obtenir, à moins d'être un cas urgent, comme avoir passé au feu ou avoir un diagnostic de santé mentale ou physique grave. Auparavant, j'habitais dans des appartements à problèmes. Des locataires ne respectaient pas leurs voisins et le concierge ne faisait rien pour les calmer. Je me faisais harceler et j'ai dû quitter. Une autre raison qui peut conduire à l'itinérance est l'absence de liens familiaux. J'ai été rejetée d'une famille dysfonctionnelle qui favorisait plus les garçons que les filles, les mal aimées. La solitude est pesante pour moi. Je ne veux pas faire pitié parce que je veux absolument améliorer mon sort, m'intégrer à des groupes et me sentir plus forte et appréciée.

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ON LLE PIL

YBE S PAR C ert I L L I E S RECU int-Hub PROPO ean-Talon / Sa tJ Camelo

Ça me fait une activité qui me permet de me prendre en charge moi-même. J'ai une meilleure santé et je trouve que je me suis retrouvé un but en travaillant ici. Stéphane Avard, métro Place d'Armes et Maisonneuve / De Lorimier

Être camelot, ça me fait rencontrer du monde, ça me permet de me socialiser. L'événement qui m'a marqué, c'est la mort de l'épouse d'un pompier, qui me rappelait la mort de ma mère. J'ai été sensible à cette histoire car ma mère est morte du cancer, elle aussi. Serge Trudel, camelot Morgan / Sainte-Catherine est

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Michel Houle, camelot Champlain / Sainte-Catherine

D'abord, vendre L'Itinéraire était assez facile. Je trouve que je m'adapte bien et j'aime bien les gens qui m'entourent à L'Itinéraire. Ce que je trouve plaisant maintenant, c'est d'aller vendre L'Itinéraire en groupe dans le même arrondissement. Cybelle Pilon, camelot Jean-Talon / Saint-Hubert

Je me disais Tabarnak, si je pouvais avoir mieux ? Ça m'a appris à avoir du contrôle sur mon argent. Ça m'a appris aussi à avoir des bonnes valeurs, à développer ma patience, et j'ai appris à socialiser avec des inconnus. Alex Péloquin, camelot métro Berri

PHOTO : 123RF.COM/KRZYSZTOF WIKTOR

t n e m Com e r i a r é n L'Iti t e m r e p s u o n r e c n a d'av

J'ai arrêté de boire et d'errer dans les rues dans le but de boire. Je me suis pris en main, je me suis mis de l'argent de côté, je dépense mon argent ailleurs que dans la boisson. Je suis devenu un vrai camelot.


Devenir camelot, c'est se prendre en charge. Le personnel est à l'écoute et me donne différents outils comme les réunions, l'écriture, la vente, l'art et les programmes. Ça aide mon cheminement et c'est bon pour mon inclusion sociale.

J'étais dans un endroit où il peut y avoir de la criminalité. J'étais là au mauvais moment. En avançant vers L'Itinéraire, j'ai trouvé un moyen de sortir de là. Quand j'ai hérité de l'emplacement métro Honoré-Beaugrand en plus du Village Champlain pour vendre L'Itinéraire, ça m'a permis de gagner plus d'argent pour m'en sortir, pour continuer à avancer dans ma vie et être en meilleure santé.

Denis Bourgeois, préposé à la cuisine

Manon Fortier, camelot Village Champlain et métro Honoré-Beaugrand

Sylvio Hébert, camelot Maisonneuve / De Lorimier

Ma vie de camelot a changé après mon hospitalisation, en février 2013. Je suis devenu camelot actif lors de ma sortie de l'hôpital cette année-là, et depuis, je suis toujours un camelot actif. Robert Ménard, camelot métro McGill

Je suis dans la cuisine depuis le début et maintenant, je suis camelot en plus. Ce qui me marque, c'est quand je vends L'Itinéraire et que les gens me donnent 5 $ et me laissent le change. Ça me fait du bien, ça m'encourage. Je me trouve expressif et bon vendeur.

Être à L'Itinéraire, je trouve que ça me valorise, et ça me fait toujours un petit quelque chose dans les poches et quelque chose de plus dans ma tête. Quoi dire de mieux ?

Un événement qui m'a marqué, c'est ma rencontre avec Yvon Massicotte. C'est mon mentor, il est mon inspiration et j'ai entièrement confiance en lui. C'est d'ailleurs lui qui m'a tout montré et qui m'a aidé à gravir les échelons. J'aime aussi beaucoup André-Guy et Gabriel. Gabriel, je le connais depuis longtemps, et André-Guy me fait beaucoup rire. Guy Thibault, camelot Plateau Mont-Royal

Sylvain Clot, camelot Saint-Denis / Ontario

Devenir camelot m'a permis de lâcher prise sur la drogue et sur mes consommations. Je me sens mieux depuis que je suis sobre.

Ce qui change ma vie, c'est le fait que l'on me fasse confiance pour faire la distribution au métro Berri. Je me sens changé, je me sens un meilleur homme. Ça rehausse mon estime personnelle, et ça, ça ne s'achète pas au gramme. Yannick Brassard, camelot René-Lévesque / De Lorimier

Richard Touzin, camelot Place des Arts

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L'Itinéraire, ns o i t o m 'é d e d n un mo PAR MANON

ot Village RTIER | Camel

FO

Champlain et

-Beaugrand

métro Honoré

nus nte Jouer l'innoce éraire. Deux inconnus sont ve  » ey tin L'I on Je débutais à t : « Give me m

rataplan ! Et vlan dans le vendre mon journal.

de e deux J'étais en train p'tit coin, entr au is la al n 'e Je m fait abordée e je me suis qu rs lo , es nt ve ! Salut ! On Il me dit : « Hé  chemin. par un homme. on m ». J'ai continué pas !? ». Je me !  s'connaît  me r'connais « Hé ! Quoi ? Tu mon retour, p'tit coin et à au ue nd re is su la charge. Je là. Il revient à il était toujours en le regarhée et lui ai dit, me suis approc uoi ? Juste Q «  :    les yeux ns da t oi dr dant moi, on se passes devant parce que tu e je porte t pas parce qu i je suis. connaît ? ». C'es it re qu'il sa qu ai ér tin L'I de e la vest u hésitant : d'un air un pe ée rd ga re 'a Il m  ». Et là, j'ai s'connaît pas… « Heu… Non, on s j'veux pas onnaît pas… Pi de ! ». Il ajouté : « On s'c m déjà mon on i J'a ! e  tr aî nn te co pour partir. e. J'en ai profité bé he uc bo t ai ét isser faire et t de ne pas se la C'est importan fendre. de savoir se dé

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oubelle La jupe et la p rès-midi, je posais mon

d'ap Un jour, en fin térieure en de poubelle ex an gr e un r su sac de camelot. cher ma carte granit pour cher on sac sur le es effets de m J'ai mis quelqu risqué ! Ils rd du trou : très le. J'étais couvercle, au bo el ub po nd de la fo au s bé m to sont i m'arrivait e jolie robe qu habillée avec un suis penchée à quatre me ents car à mi-cuisse. Je oments différ m s de à s, ssants. La reprise y ait plus de pa n' 'il qu is da en j'att s cuisses et ivait en haut de ent. Imapoubelle m'arr ncher énormém e histoire, je devais me pe tt ce orale de m La ! e  èn sc la ginez être perçu mment on peut co ir vo de st c'e toutes mes abituellement, par les gens. H les, que je ne dans les poubel ilité aux vidanges vont en une hypers sib ption i j'a r ca s pa fouille e exce ur-là, j'ai fait un microbes. Ce jo avec courage ! sir

grand plai les cadeaux gestes de générosité et c'est un , un tapis de us to r te p ce s petits manteau Ne pas ac heteurs de leur que ce soit un ces-

ac x, ce n'est pas né ent des cadeau Je remercie mes s les condoms, reçoit directem ai M ot . el rie m femme qu'il te ca lo le d quan est le style de c' des billets de x, et au up de co ca au es qu'il vit avec. aille be bain, des cart femme, mais ouve que je trav sa tr ec nt av ça ttes. e er an m ic m rs en ch quet de cigare saire ! Un co qu'il est toujou comme un pa , ué une in iq r so pl ce be ex en i 'a m j'a m m aime. Il t d'en co ut ce dont an to t av ai n er tio èt la ch re 'a m suis pas la ir une Il m'a dit qu'il moi, il faut fin us voyez, je ne ur vo e po m e, m qu Co . ué affaire paquet de ciga Je lui ai expliq n'est pas mon m'acheter un ce , t lé ai al es t ét an i es ic Il qu ch . s s es s autr condom autre. Leur e les maris de vu la boîte de dr ns i en da j'a e pr e sé qu va i po là qu dé st l'ai femme ent. C'e cette boîte. Je ute donné rapidem s qu'il reprenne ai se faufiler à to ul vu i vo rettes qu'il m'a l'a je je s, i rè id ap -m s n ès ur so jo pr s l'a ns ue de da urner . À la fin dessus. Quelq ndoms et reto son commerce co de de s re îte tt le bo x la boîte au s, prendre la boîte aux lettre e à cacher ? allure vers sa os ch ait-il quelque commerce. Av

PHOTO : CHARLES-ÉRIC LAVERY

di rs moi et m'ont ire signe subitement ve ain pour me fa m la ec av e st ge açants, en un m nt en faisa sistants et in t en ai ét Ils . l'innocente, de leur donner viron. J'ai joué en es ut in m parlé anglais, ça a duré cinq enais pas. J'ai pr m co for ne je : « Three dollars comme si parler français  s ns, ai ge ul s vo de je t ai si même qu'il y av vu t on ils nd so ua rès, ils nt newspaper ». Q ois et demi ap m s oi Tr . te vi passé de la ils ont filé très e coup. Ça s'est êm m le auire fa e st un moyen d' revenus m l'innocente, c'e r rre ue te Jo à n. ed ço pi fa tre mon même ive aussi de met rr 'a m Il e. ns fe todé a réputation. pour protéger m


Souvenirs d'un baby-boomer PAR MAXIME VALCOURT | Camelot Fleury / Christophe-Colomb

Le Midway

Le Midway, c'était près de Saint-Laurent et Sainte-Catherine. Quand j'étais jeune dans les années 1980, je croisais tous les gens de la rue là-bas. C'était un bar où tout le monde pouvait rentrer, et où on pouvait changer les chèques de l'aide sociale. Tous les itinérants allaient là, c'était comme le Far West de la société. Juste à côté, il y avait les prostituées et ça vendait de la drogue. Les serveurs étaient très gentils avec le monde, ils étaient chaleureux, on se sentait bien ac-

pour les itinérants. Il y avait un souper, on faisait un grand feu dans le parc. Tout le monde se retrouvait là pendant trois ou quatre jours, on s'amusait, on était comme une grande famille.

Ce qu'ils sont devenus

On a tous pas mal vieilli depuis cette époque. J'ai gardé quelques amis, mais il y a aussi beaucoup de gens que j'ai perdus de vue. Avec des problèmes de drogue et d'alcool, ce n'est pas facile de remonter la pente, mais certains y arrivent. Quand tu es itinérant et que tu te réinsères petit à petit, tu te trouves une chambre, une place où t'installer, et tu t'éloignes petit à petit des ces gens-là. Il y a des gens qui ont connu la souffrance et qui ont des bons jobs maintenant, il y a des gens qui sont partis ailleurs, il y a aussi beaucoup de gens qui sont décédés.

L'itinérance hier et aujourd'hui

PHOTO : JEAN VAILLANCOURT

cueillis et pas rejetés comme dans d'autres endroits. Toutes les fins de semaines, il y avait un orchestre et des chansonniers. Je connaissais tout le monde, il y avait une bonne amitié. Les gens se parlaient à l'époque, c'était moins froid qu'aujourd'hui. Ce lieu m'a appris bien des choses, c'est là que j'ai rencontré le plus de gens. Ça a l'air niaiseux de dire ça, mais cet endroit nous manque aujourd'hui.

Dans les années 1980, il y avait beaucoup moins de services, on n'avait pas d'aide sociale, pas d'adresse, on couchait dehors à -30°C et on mangeait moins bien. Il fallait se débrouiller, il fallait quêter. Tu étais

Des événements pour les itinérants

Toute l'année, les organismes se relayaient pour organiser des journées pour les itinérants, des fêtes ou des soupers communautaires. La plus belle affaire que j'ai connue, c'était au parc Berri. Au mois de novembre, il y avait comme une grosse fête organisée

Une fresque réalisée en 2009 lors d'un événement organisé par l'ATSA (Action terroriste socialement acceptable) en faveur des itinérants.

dans la rue et tu y restais. Mais à côté de ça, il y avait une meilleure mentalité, plus de solidarité entre les gens de la rue, plus de contact humain. On se disait bonjour. Ça rendait la vie moins dure, et c'était peutêtre plus facile de vivre dans la rue qu'au-

En compagnie des militants de l'ATSA.

jourd'hui. Avant quand on était dans la rue, on n'était pas du tout aidé, mais on avait ce sentiment de liberté, c'était dur mais on vivait notre aventure. En vieillissant, je deviens un peu aigri et parfois je regrette ces jeunes années. Et je me dis que c'est encore plus difficile pour les jeunes qui se retrouvent à la rue aujourd'hui. La société a changé. On a l'impression qu'on fait moins la sourde oreille et qu'on se préoccupe plus des itinérants. Il y a de la communication et de l'information sur l'itinérance, on a fait le dénombrement, on essaie d'enlever la pauvreté avec des subventions, on fait de plus en plus pour lutter contre l'itinérance mais ça continue de monter. On nous donne de l'espoir mais au final, on fait de nous des moutons, on nous donne un chèque et puis on ferme les yeux. A force de construire des condos et des hôtels, on oublie les gens qui sont dans la rue, on pense plus aux gens riches qu'aux pauvres.

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COMPTES À RENDRE

Bâtir sa pyramide C'est devenu un lieu commun de la « socio-pop » : la pyramide de Maslow. Selon ce schéma, simplificateur à outrance, tous les humains chercheraient à combler d'abord des besoins de base (avoir un toit, s'alimenter, être en sécurité) avant d'atteindre des niveaux « supérieurs de satisfaction », comme l'éducation ou la reconnaissance sociale. IANIK MARCIL | Économiste indépendant

L

e psychologue Abraham Maslow a élaboré sa théorie de la motivation dans les années 1940. Elle est finalement plutôt élémentaire en ce qu'elle explique que nous sommes d'abord motivés à combler nos besoins primaires (la base de la « pyramide ») avant d'être en mesure de combler les besoins supérieurs. Autrement dit, notre volonté individuelle permettrait de gravir les échelons de l'accomplissement personnel. Il faut le vouloir pour l'avoir. Comment peutMais qu'est-ce qui permet d'atteindre cet accomplissement? La seule volonté on atteindre ces individuelle est-elle suffisante? Bien sûr niveaux supérieurs que non, puisque nous ne sommes pas égaux devant les aléas de la vie. Les de sécurité et de tous bases de la pyramide des besoins seront quiétude sans nos de fait atteintes par les plus privilégiés de la vie sociale, dès leur prime enfance. proches ? Ils posséderont ainsi, littéralement, les bases de la sécurité physique, psychologique et sociale qui leur permettront de bâtir une vie meilleure.

Un modèle presque parfait

On l'a critiqué à de multiples reprises. Le modèle de Maslow semble oublier les déterminants sociaux qui font en sorte qu'on bâtit sa vie et sa sécurité différemment selon nos origines. Que pourraient être nos aspirations sans le support de nos semblables?

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Imaginer que nous puissions gravir les échelons de la pyramide de Maslow, c'est oublier que nous devons la bâtir, cette pyramide. Elle n'est pas donnée d'avance, elle n'existe pas sans nous au préalable. Mais comme tout édifice qu'il nous faut construire, il ne peut s'ériger sans l'aide de connaissances ni celle de la contribution de nos semblables. Garantir l'accès à une certaine sécurité physique et psychologique afin d'atteindre un niveau supérieur de qualité de vie nécessite la collaboration des membres de sa communauté. Nul ne peut l'atteindre seul. C'est ce que le modèle de la pyramide de Maslow occulte. On ne bâtit pas une pyramide seuls. Si la rue est notre refuge, si être locataire ou encore propriétaire de notre logement nous apporte la paix de l'âme, comme on le disait, tant mieux. Définir les bases de cette pyramide nous appartient à chacun et à chacune. Mais si le définir nous est propre, le réaliser est collectif. À moins de rêver d'une utopique autarcie, nous ne pouvons nous libérer de notre dépendance salutaire à l'autre. Salutaire ? Oui ! Parce qu'elle tisse des liens de solidarité qui nous permettent de construire notre pyramide. De nous élever au-dessus des besoins primaires de la sécurité d'un toit et d'atteindre ce que nous sommes – ou plutôt ce que nous pouvons être. Des êtres meilleurs, non pas en plus grande sécurité, mais doués d'empathie et en bénéficiant d'assez de sécurité pour être en mesure d'inventer un monde tout aussi meilleur.


Il était une fois Montréal « Oh toi ! Île de nos amours, ville de tant de beaux détours ! Maisonneuve t'a fait naître en te découvrant Drapeau t'a fait grandir avec le temps Montréal, bientôt 375 ans et encore de belles années à venir » PAR SERGE TRUDEL | Camelot Morgan / Sainte-Catherine est

PHOTO : MARIO REYES

U

n certain 16 mai ou dans la nuit du 16 au 17, dans l'année de grâce 1642, un homme du nom de Paul Chomedey de Maisonneuve, militaire de formation, après quelques semaines de températures polaires, vint dans le but d'évangéliser le peuple amérindien au nom du roi de France, Louis XIV. Sur une île entre deux eaux, le Saint-Laurent au sud et la rivière des Prairies, au nord. Cette ville s'appelle maintenant Montréal, bientôt 375 ans, la troisième plus vieille ville d'Amérique. Une ville de culture, avec le Quartier des spectacles, la Place des Arts, les multitudes de salles de cinémas et de concerts. La Cité des ondes, dans le même quartier la maison de RadioCanada, en face TVA, plus à l'est Télé-Québec, vers l'ouest à l'angle de Papineau et De Maisonneuve se trouve CTV (réseau anglais). Le sport bat son plein dans la métropole. Le hockey, le Canadien de Montréal au Centre Bell, le seul club de hockey à avoir remporté 24 coupes Stanley. Le soccer, avec l'Impact de Montréal au Parc olympique, dans l'est de Montréal. Côté transports, le 14 octobre 1966, Montréal accueillie son métro dont la ligne la plus longue est la ligne orange, de la station Côte-Vertu jusqu'à la station Montmorency à Laval depuis quelques années. En 1967, lors du centième anniversaire de la confédération canadienne, l'exposition universelle s'est tenue sur le site de deux îles : Notre-Dame et Sainte-Hélène, où se situe maintenant le parc Jean-Drapeau. Neuf ans plus tard, ce furent les Jeux de la XXIIe olympiade sur Pie-IX, question de développer le secteur est de Montréal. Il y eut la Reine des Jeux Nadia Comaneci, première gymnaste à obtenir la note parfaite de 10/10. Côté enseignement de haut-niveau, Montréal se vante d'être à l'avant-garde des villes d'Amérique du Nord, d'avoir quatre universités dont deux prestigieuses : McGill, qui est la première université à Montréal, et l'Université de Montréal, la plus importante université francophone d'Amérique. Par la suite, il y eut deux autres universités, UQÀM et Concordia (anglophones). Tous ces projets et ces immenses bâtiments sont devenus réalité grâce à un homme pour qui j'ai beaucoup de respect et d'admiration : monsieur Jean Drapeau.

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s u o t r u o p e u La politiq RD | Camelot

NDRÉ PICA PAR MARC-A

Saint-Laurent

/ Prieur

de L'Itinéraire ! eurs et lectrices éro spécial pour vous parler ct le s er ch ur onjo num fants et aux ccasion de ce expliquée aux en un livre qui Je profite de l'o ue iq lit po La che d' ntitule d'un livre qui s'i peu ce sujet, j'étais à la recher cile. Donc, à la ès fa tr t et an e ss pl proche sim ap autres. Connai e un ec av estion enis Langlois. aborderait la qu ouvé cet ouvrage écrit par D ue comj'ai tr er que la politiq qu ar m re bibliothèque, it fa e école, par uteur nous onne. À la petit rs Tout d'abord, l'a pe cturer e un d' e façons de stru t dans la vi x-mêmes des évieu mence très tô e nt ut se to ni e D ga or fants récréation. la de rs lo ts exemple, les en to en es us urs divertissem et statut social, nous somm leurs jeux et le e âg portent notre dence, peu im t expliqués : la la politique. r sont clairemen y concernés pa es c. èm th ux incipa les libéraux, et Ensuite, les pr nservateurs et co ves dé le à , r  » te eu oi ct le « dr r invite le eu ut l'a « gauche » et la e qu qu t finir ce i lui ressant, c'es ique afin de dé lit Ce qui est inté po é. de on m vivre en sociét re idée du notre façon de lopper sa prop ce ns , da ue s iq lit pa po ou able r à la vie semble conven . désirant s'initie us to ne à on le rs ib pe ss e ut atière, acce m la Donc, pour to en ée tr une belle en livre constitue e

B

ainsi qu ma clientèle, ercier et saluer m t-Laurent. re in s ai Sa r er su im , PS : J'a Michel Ricard o ig ov Pr de e toute l'équip

Fascination

i-Bourassa

ot métro Henr

| Camel IEU-HOANG PAR TUAN TR

découvrir la me permet de ux na t ni ur jo s de endre Le monde n'es la l'être humain. de de re nd tu pe na dé e ut ai vr 'il est. To qu ce t es il , id beau, ni la de n de chacun. n, un coucher tio ep perc té de la Créatio e au un be , la ns r éa pa é e des oc Je suis fascin ament, la faun e m bl fir sa du de s le ns ai oi gr soleil, les ét iné par les sc fa is e du su sé Je ro t. noui u de la fleur qui s'épa r la goutte d'ea pa é auté in be sc fa la r is su veillé pa sur la plage. Je nt. Je suis émer fa en e. un êm d' -m ire oi matin, le sour en paix avec m des lacs. Je suis des rivières et

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Naître pour être ! Être pour renaître ! Nous sommes du groupe communautaire Qui s'appelle L'Itinéraire Un journal, pas cher, pour plaire Ça ne nous rend pas peureux, joual vert Toujours poches creusent monétaire Ce qui nous rend heureux volontaires PAR SYLVIO HÉBERT | Camelot De Lorimier / Maisonneuve

Moi

Nous En route vers notre conception d'espoir Accompagnons l'être et non le mal-être Rêvons du but d'espoir comblé de voir Désir être nous, pour nous les êtres

J'ai le cœur meurtri, comme un animal Pas comme des pommes, immangeables Nos soucis sont pondéraux, lamentables Comme les idées, toutes mentales D'une obsession complètement centrale

Toi Qu'est-ce qu'on voit en général Si ce n'est qu'un jeu théâtral Lorsque rien n'est fondamental De tout voir, santé mentale, normal

Vous Le cœur prend l'eau de nos peines perçues Reçoit nos joies, d'eaux remplies de cœur Pour être ivre d'agir, afin de s'assagir Pour nos plaisirs de nous lire et vivre

Eux Lui Tous ces gestes de détresse Comme on délaisse, on les jette Bel exemple d'humanité déshumanisée Soyons heureux d'y voir un malheureux aimé

Quand j'aime, je sème Quand tu aimes, c'est pour semer Quand il aime, c'est semé Quand nous aimons, nous envahissons Quand vous aimez, c'est pour moissonner Quand ils aiment, écoutons lorsqu'ils sèment

Faisant tout, par nous, pour vous. Ça c'est nous.

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ENTREVUE

Bob Harrisson, le petit drummer devenu un grand chanteur de blues Le Québécois Bob Harrisson, d'abord batteur du groupe de rock Offenbach, est aujourd'hui un bluesman reconnu par le public et par ses pairs. Nous l'avons rencontré au Bistro à Jojo, le célèbre bar de Montréal où il s'est produit régulièrement. PAR DANIEL TOUCHETTE | Camelot Jarry / Lajeunesse

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PHOTOS : CHARLES-ÉRIC LAVERY

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ob Harrisson a grandi dans les Cantons de l'Est. Son père et sa mère étaient musiciens, ils animaient des noces un peu partout dans la région. Sa mère était pianiste. Son père jouait plutôt pour le fun, il pratiquait plusieurs instruments sans connaître la musique. Après les répétitions, les musiciens ramenaient leurs instruments avec eux. Seule la batterie restait chez les parents de Bob, et c'est comme ça que Bob s'est développé une passion pour le drum à l'âge de six ans. Son père a tout de suite vu que son fils avait du potentiel. Dès l'âge de neuf ans, il s'est mis à accompagner le groupe de ses parents. Inspiré C'était plus rentable pour son père, car il payait Bob au Seven Up, plutôt que de payer un vrai batteur. par les Bob a essayé plusieurs styles de musique. Il a d'abord commencé par jouer du western. En OntaBlues rio, Bob s'est retrouvé à faire de la batterie avec une Brothers foule de grands noms comme Willie Nelson. À dixhuit ans, il est déjà reconnu dans le milieu comme étant le meilleur drummer country. C'était une bonne expérience mais il n'aimait pas vraiment ça. Avec son frère Jacques, il a formé le groupe Dillinger, et a fait notamment la première partie de Rush dans les années 1970. Il a ensuite été le premier batteur d'Offenbach. Après des années de gros shows rock, il a redécouvert le blues. Cette musique simple, basée sur trois accords, réside dans l'intensité qu'elle dégage et dans l'interprétation des musiciens. C'est là qu'il a décidé de lâcher la batterie pour le chant. En voyant le film Les Blues Brothers, qui est toujours son film préféré aujourd'hui, Bob a eu le goût de chanter le blues. Il a formé le Bob Harrisson Blues Band et a commencé à chanter dans les bars et les grands rassemblements de blues du Québec. Il a organisé ses propres festivals, et a fait jouer des artistes de renommée internationale comme BB King…


Bob, tu as joué au Festival de blues de Mont-Tremblant, devant 30 000 à 50 000 personnes, mais tu as aussi joué dans des bars avec à peine 100 personnes. Comment comparerais-tu les deux ?

Au point de vue sentimental, il n'y a aucune différence. Quand on joue, on a la satisfaction personnelle de la soirée qu'on fait ou de la manière qu'on joue. Ce qui est important, c'est l'ensemble du band et la couleur qu'il apporte. Dans les gros shows, on peut avoir l'impression de manquer d'intimité. Mais l'intimité, c'est le partage musical qu'on cherche avec les gens qui nous écoutent, c'est là qu'on voit si c'est mission accomplie ou non.

Je vais toujours chercher mes chansons avec mes tripes

Quelle a été ta plus belle expérience dans le blues ?

Une chose qui m'a marqué, c'est la première fois qu'on a fait le Forum avec Offenbach en 1979. Je n'ai jamais eu autant la peur de jouer de la musique de toute ma vie. Il y avait 100 000 personnes. J'étais déjà nerveux. Pas à peu près nerveux, mais très nerveux. J'étais le premier à monter sur le stage. Là, les gens se sont mis à crier, ça a fait du vent, ça a déplacé l'air. J'ai senti physiquement une pression et j'ai reculé d'un pas. Quand j'ai embarqué sur le drum, j'ai crié tout le long de la première tune pour faire ressortir ma nervosité.

Comment expliques-tu que le blues ne soit pas très populaire au Québec ?

Au Québec, on est francophone. Et en général, le blues ne plaît pas aux Français. Les Québécois ont tendance à aimer les paroles poétiques. Les paroles dans le blues, ce n'est pas un grand char, ce n'est pas de la poésie. Les couleurs bluesy, expliquer l'amour, dire à une fille que tu l'aimes, c'est plus facile en anglais. Ceux qui vont apprécier le blues, c'est pour le feeling général qu'ils vont ressentir.

En tant que vétéran du blues, dirais-tu que le blues a changé à travers les années ?

Le blues est moins tabou qu'avant, mais on a aussi plus de place pour travailler qu'avant. À partir des sessions blues en province, on a développé beaucoup de festivals. Mais à un moment donné, les gens sont passés à autre chose. Ce n'est pas tout le monde qui aime le blues. Les gens aiment le blues quand ils l'entendent, mais quand le show est fini, ça ne les intéresse plus.

Le stress, tu connais encore ça ?

À tous les shows, même les petits, j'ai toujours peur. J'ai toujours été comme ca. Mais dès que la première chanson est partie, c'est fini.

Quel est le musicien qui t'a le plus inspiré ?

C'est difficile de répondre à cette question. J'ai toujours eu la chance de travailler avec des bons musiciens, comme Paul Deslauriers ou Steve Hill. Chacun a apporté sa couleur et je me suis nourri de tout ça. Je ne peux pas vraiment dire qui m'a apporté le plus.

ILLUSTRATION : LOUIS-PHILIPPE POULIOT

Quand tu as commencé à accompagner des groupes western, imaginais-tu devenir un artiste de blues reconnu comme aujourd'hui ?

Non, parce que j'étais drummer et qu'un drummer est toujours en arrière. Un jour, j'ai tenté l'expérience de partir en avant de la scène. Je n'étais pas un bon chanteur mais j'ai quand même essayé et ça a marché. J'apprends encore à chanter. Actuellement, en faisant mon album, je prends la tune que je viens d'enregistrer, je l'écoute, je m'aperçois que ce n'est pas tout à fait ça et je recommence. Je suis plus méticuleux.

As-tu tout le temps eu cette voix ?

J'ai tout le temps chanté comme ca, mais aujourd'hui je n'ai plus besoin de forcer ma voix. J'ai encore une nervosité et je vais toujours chercher mes chansons avec mes tripes, mais je chante mieux aujourd'hui.

Après son premier album Entre nous, sorti en 2009, Bob Harrisson enregistre actuellement un nouvel album.

Tu as réalisé un de tes rêves, qui était de faire le Forum. As-tu d'autres rêves aujourd'hui ?

Ça ne serait pas un gros show. J'ai soixante-cinq ans, ce qui m'importe, c'est vraiment de sortir un bon album qui soit très bien apprécié. Quels que soient les spectacles que ça va apporter, ça va me faire plaisir de les faire. Un bon album, ça sera ma carte de visite pour entrer dans le monde du blues avec fierté. Aujourd'hui, je me considère comme un artiste, j'ai une oreille musicale. Mais je n'ai pas encore eu la crème de la crème. Il me manque ce petit bout-là.

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DEUXIÈME PARTIE

Nous, le groupe A L'Itinéraire, plusieurs activités sont en place ou peuvent être créées à l'initiative des participants. La diversité des comités permet de venir chercher l'intérêt de chacune des personnalités du groupe. Notre approche basée sur l'empowerment est la clé pour mobiliser nos troupes vers des projets en lien avec la mission de L'Itinéraire. Il suffit d'être à l'écoute du potentiel de nos participants, respecter leur rythme, leur offrir les outils nécessaires puis les amener à se réaliser. En leur faisant vivre des succès, on leur permet d'améliorer leur estime et leur confiance en eux. Avec un peu de volonté et beaucoup de motivation, tout est possible !

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Une renaissance PAR CINDY TREMBLAY | Camelot Beaubien / 29e Avenue

Une poète se prête aux mots Ses maux ne veulent pas guérir Elle décide d'ouvrir ses crocs Car elle ne veut pas mourir   Son passé la fait souffrir Son présent la déchire Son futur la bouleverse Ses cauchemars la transpercent   Sa naissance est une erreur Elle le sait à l'intérieur Elle voudrait rejoindre sa sœur Qu'elle comprend avec son cœur   Sa vie n'est pas réussie Ses choix ne sont pas droits C'est une rebelle endurcie Qui se drogue avec ses lois   Elle décide d'affronter son enfer Elle se regarde dans un miroir Son reflet éclate, elle le paye cher Son chemin change sa trajectoire

Elle voit son visage en mille morceaux Avant de s'effondrer en sanglots Perdue et à genoux devant ces couteaux Son cœur saigne de nouveau   Nue, elle sent battre sa poitrine Sur son corps, sa sueur dégouline Elle respire en un soupir lointain Chantonnant des cris enfantins   Elle voit des chats abandonnés Elle voudrait tous les adopter Ses blessures deviennent des cicatrices Avec ces êtres magnifiques   L'Itinéraire est une famille pour elle Cet endroit unique lui donne des ailes Elle y découvre la fraternité Elle ressent chaleur et humanité   Elle s'épanouit à travers ces entités Elle y découvre des esprits passionnés Une famille naît dans son jardin Elle ose enfin croire en son destin

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LE QUIZ DE L'ITINERAIRE

L'Itinéraire en 15 questions PAR JOSÉE CARDINAL | Préposée à la distribution

1) Quelle coopérative est devenue, en 2015, le fournisseur de télécommunications de L'Itinéraire ?

6) Quel est le réalisateur du documentaire L'Art fait du bien présenté au Festival international des films sur l'art de 2014 auquel L'Itinéraire a contribué ?

A. Proxi télécom B. CoopTel C. Télécommunauté.

A. Jean-Sébastien Ouellet B. Yves Hébert C. Richard Boutet

2) Quel prix décerné par l'Alliance des professeurs de Montréal aux alliés de l'école publique L'Itinéraire a-t-il reçu le 20 mars 2015 ? A. Le prix Léo-Guindon B. Prix André- Guérin C. Prix Léon-Gérin

12) En 1998, quel organisme de journaux de rue d'Amérique du Nord tenait une conférence internationale à Montréal ?

A. À pieds joints B. Bon pied bon œil C. Le 3e œil

A. NASNA B. INSP C. RIOCM

3) Dans la section Livres de L'Itinéraire du 15 avril 2015, Alexandra Guellil faisait la recension d'un ouvrage retraçant l'histoire d'un journal québécois. Lequel ? A. Québec-Presse B. Le Nationaliste C. Le Jour

A. Marie-Lise Labelle B. Isabelle Rousseau C. Marie-Lise Rousseau

A. Cartes de Noël B. Porte-documents C. Calendrier-agenda

5) En quelle année la campagne Parcodon de L'Itinéraire a-t-elle commencé ? A. 2007 B. 2008 C. 2010

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A. Pas de la rue B. Les Auberges du cœur C. Chez toit

7) En septembre 2006 naissait un magazine sur DVD à L'Itinéraire. Quel en était le nom ?

8) Quelle collaboratrice de L'Itinéraire gagnait la bourse Arthur-Prévost, reconnaissant le talent de journalistes prometteurs, en 2013 ?

4) En plus du magazine L'Itiné­ raire, que pourront vendre les camelots dès le 15 octobre 2015 ?

11) Quel groupe de lutte à l'itinérance organise chaque année une campagne de vente de tuques ?

9) Combien L'International Network of Street compte-t-il de journaux de rue ? A. Environ 100 B. Environ 110 C. Environ 120

10) Quel film de Robert Morin, dont l'action se déroule dans une piquerie, met en vedette JeanMarie Tison, Cylvie Gingras, Claude Brûlé et James Bond, camelots et chroniqueurs de L'Itinéraire ? A. Quiconque meurt, meurt à douleur B. Requiem pour un beau sans-cœur C. Les 4 soldats

13) Quel bédéiste a créé Baptiste le clochard, qui a déjà flâné dans les pages de L'Itinéraire ? A. André-Philippe Côté B. Guy Delisle C. Michel Rabagliati

14) Selon la chronique INFO RAPSIM du 15 avril 2015 de L'Itinéraire, combien le gouvernement de Philippe Couillard promettait-il de logements sociaux dans son budget 2014-2015 ? A. 3000 B. 9000 C. 12000

15) Quel organisme a offert à des jeunes en difficulté au Café sur la rue de L'Itinéraire des formations d'aide-cuisinier ? A. Cuisiniers sans frontières B. Chefs sans frontières C. Cuisiniers du monde


Les journées internationales PAR MARIO REYES ALBERTO ZAMORA | Préposé à la cuisine

Une journée internationale concerne une cause ou un problème d'intérêt international et a pour but d'attirer l'attention à son sujet. Trouvez la thématique de la journée internationale qui est associée à l'énoncé. 16) En 2014, l'UNICEF estime qu'il y en avait 250 000 dans une vingtaine de pays du monde. 17) Cet évènement a été créé en 1988. Il rassemble 870 millions de personnes. 18) En 2006, Statistique Canada estimait que le taux de chômage chez les minorités visibles est environ trois à quatre fois plus élevé, notamment au sein de la communauté maghrébine et des communautés noires, comparativement au reste de la population. 19) Plus d'un milliard de personnes dans le monde n'y ont pas accès. Dans certaines régions du globe, des femmes et des filles doivent marcher plus de six kilomètres par jour.

27) Elle désigne habituellement un état de calme ou de tranquillité comme une absence de perturbation, d'agitation ou de conflit. Elle est parfois considérée comme un idéal social et politique.

21) Le comédien Claude Legault est porte-parole de cette cause.

23) On estime que 4 à 7 % des aînés sont touchés par cette problématique.

25) Elle est une association autonome de personnes volontairement réunies pour satisfaire leurs aspirations et besoins économiques, sociaux et culturels communs au moyen d'une entreprise dont la propriété est collective et où le pouvoir est exercé démocratiquement. 26) Elle est une aide d'urgence et ponctuelle mise en place lors d'une situation de crise exceptionnelle ou de catastrophe naturelle.

20) Quelque 6,3 millions d'enfants de moins de cinq ans sont morts en 2013. Plus des deux tiers de ces décès sont dus à des maladies pouvant être évitées.

22) Désigne les attitudes négatives pouvant mener au rejet et à la discrimination envers les personnes LGBT.

24) Elle s'applique à « toute personne qui, craignant avec raison d'être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays ».

28) Elle caractérise la situation d'un individu qui ne dispose pas des ressources réputées suffisantes pour vivre dignement dans une société et son contexte. 29) Cette journée est caractérisée par la bonté et le comportement de bienfaisance, caractère doux, tendre et soucieux des autres. Elle est connue comme une vertu, et reconnue comme une valeur dans de nombreuses cultures et religions.

30) 71 300 Canadiens vivaient avec à la fin de 2011.

Un abonnement d'un an à gagner Envoyez vos réponses dans la section « Nous joindre » de notre site www.itineraire.ca avant le 1er juillet 2015 et courez la chance de gagner un abonnement d'un an à L'Itinéraire ! Les réponses et le nom du gagnant paraîtront dans notre édition du 15 juillet 2015.


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Sortir de la boisson et de la drogue J'ai commencé à consommer de l'alcool à l'âge de onze ans. Ensuite, j'ai consommé d'autres substances. Aujourd'hui, je ne consomme plus d'alcool, de drogue ni de tabac. PAR RICHARD T. | Camelot Place des Arts

S

i je pouvais revivre ma vie, j'aurais fait des études plus poussées pour avoir un meilleur emploi. C'est un travail comme les autres de vendre L'Itinéraire mais nous n'avons pas un salaire fixe. Il est donc impossible de faire un budget comme les autres travailleurs autonomes. J'aurais aimé être ébéniste. J'avais même commencé un début de programme en ébénisterie mais je ne l'ai pas fini à cause de la boisson. Cela m'a amené à consommer d'autres substances plus fortes. Quand j'ai commencé à travailler pour L'Itinéraire il y a 21 ans, j'étais sobre pendant mes quarts de travail le jour, mais le soir, je me gelais et je buvais. Un soir, alors que je n'avais plus d'argent pour manger, je me suis assis sur mon lit et je me suis demandé : est-ce que j'arrête de travailler pour le journal et je me gèle tout le temps ou bien est-ce que je continue à travailler pour le journal et j'arrête de me geler ?

ILLUSTRATION : LOUIS-PHILIPPE POULIOT

J'ai décidé d'arrêter

Trois mois après avoir débuté à L'Itinéraire, j'ai pris la décision d'arrêter de consommer parce que je dépensais mon argent pour rien et je n'avais jamais de nourriture pour le lendemain. J'étais toujours fauché alors j'ai décidé d'arrêter. C'est pourquoi aujourd'hui, cela ne me dérange pas que des mendiants viennent quêter à mes côtés quand c'est pour avoir à manger. Par contre, s'ils mendient pour de la drogue ou de la boisson, cela me dérange puisque je n'aime pas les voir se détruire. J'ai également vécu cette expérience donc je n'aime pas voir les autres le vivre. J'ai pris la décision d'arrêter puisque cela ne nous donne rien de prendre de la drogue ou de l'alcool. La vie est plus belle lorsqu'on est abstinent. De cette manière, on sait ce que l'on fait dans sa vie et on est sur le bon chemin. J'ai également arrêté de fumer en 2002, ce dont je suis fier. Passez un bel été et de bonnes vacances.

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Au pays des itinéraires Les chemins sont nombreux pour parvenir à trouver sa voie. La carte routière des trucs et embûches est grande, mais grâce à nos intervenants et pairs aidants, on apprend à s'orienter en dehors du néant. PAR GENEVIÈVE BOIS-LAPOINTE | Camelot Saint-Hubert / Boucher

J'

ai découvert L'Itinéraire à l'hiver 2014. Je venais de déménager seule dans un petit un et demi, j'étais sans réseau social, sans travail et sans repère, mais j'étais bien déterminée à me construire une vie. J'ai frappé à la porte de ce groupe communautaire et on m'a accueillie à bras ouverts. Je me suis tout de suite sentie à ma place et du coup je suis devenue camelot. C'est-àdire, une personne qui travaille à la création ou à la vente du magazine.

ger au conseil d'administration. Un poste s'était ouvert parce qu'Yvon Massicotte (ancien camelot), devenait employé comme agent de soutien en développement communautaire, une première à L'Itinéraire ! Il est devenu un modèle pour les autres ; après sept ans dans la vente du magazine, il a eu l'opportunité de passer de camelot à employé au sein de l'organisation. Je m'étais également portée candidate à ce poste mais il était évident que c'était fait pour lui. Lors de l'assemblée générale annuelle, j'ai confronté ma Perception plus grande peur à nouveau. J'ai fait un discours électoral Au début, je ressentais un certain malaise à l'idée que les devant une centaine de membres afin de les convaincre passants puissent me percevoir comme une itinérante. que j'étais la personne idéale pour le poste d'administraJ'avais peur de ne pas avoir l'air suffisamment démunie trice au sein du conseil d'administration. Du coup, j'ai été pour qu'ils comprennent que j'avais besoin d'aide. Par élue pour un mandat d'un an. la suite, j'ai réalisé que L'Itinéraire était Pour la première fois de ma vie, grandement plus diversifié que ce que j'avais l'impression d'accomplir la majorité des gens peuvent imaginer. quelque chose de sérieux. C'était pour Pour certaines La souffrance et l'appel à l'aide peuvent moi une opportunité d'apprentissage prendre plusieurs visages, dont le mien. grandiose, mais j'étais un peu inquiète personnes, se Alors, je me suis donné le rôle de briser ne pas être capable de remplir mes diriger vers une de les préjugés en affirmant mon exisresponsabilités et engagements, par tence en toute authenticité. Quelques place en société ou manque de connaissances. Et c'est semaines plus tard, le chef du dévevrai que c'est énormément d'informamême s'en créer tions à intégrer, surtout le contenu du loppement social, Shawn Bourdages, m'offrait de travailler à la distribution du des règlements généraux de la une, est un combat guide magazine aux camelots. J'avais prouvé corporation ! Mais je suis curieuse de qu'on pouvait me faire confiance et j'en de tous les jours comprendre l'ensemble de la strucressentais une certaine fierté. ture de l'organisation afin de pouvoir Lors d'une réunion de camelots qui m'y accomplir pleinement. avait pour objectif d'élire un représentant, j'ai pris mon courage à deux mains et j'ai « foncé dans le tas ». J'ai pré- Vers le 100 % camelots senté ma candidature en faisant un discours devant une À L'Itinéraire, j'ai participé à plusieurs activités en équipe : cinquantaine de personnes. J'avais le cœur qui battait fort élaborer des stratégies de visibilité, bâtir des projets publicicar je faisais face à ma plus grande peur : parler en public ! taires, des vidéos et des actions chocs avec le comité marHeureusement, j'en ai gardé le souvenir d'une expérience keting. C'est un processus très intéressant de partir d'une positive malgré que je n'aie pas été élue. De toute façon, idée, puis de fusionner celles des autres pour en arriver à mon rival était Gabriel Bissonnette, un camelot présent une action commune ou chacun exerce son rôle avec le depuis 20 ans. Il était donc tout à fait normal qu'on lui meilleur de ses compétences. J'ai également été coordonatrice d'une équipe de cinq personnes pour le comité de confie ce rôle. Un jour, l'ancien directeur général, Serge Lareault, m'a l'édition du magazine 100 % fait par les camelots. Lorsque ce projet nous a été proposé, je trouvais l'idée approchée en me demandant si je serais intéressée à sié-

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Coin De Lorimier / Sainte-Catherine photoshopé à la main

très bonne car nos membres exprimaient très fort leur ardent désir de pouvoir se manifester plus amplement dans l'écriture du magazine. Cependant, c'était un projet de grande envergure où les risques d'échec étaient clairement présents vu que c'était la première fois qu'on s'acquittait d'une si grande responsabilité. Puis, ce fut un succès ! J'ai aimé l'expérience de faire un suivi avec chacun des membres de mon équipe et de m'assurer qu'ils remettent leurs productions écrites tout en respectant les lignes directrices qu'on s'était données pour les sujets. Le plus difficile était de réussir à amener mon équipe à respecter les échéanciers. À la date butoir, aucun de mes cinq camelots ne m'avait remis son travail. Heureusement, j'avais préparé mon coup, je m'étais donnée une marge de manœuvre pour des situations de ce genre. Donc, tout s'est bien passé et j'ai été capable de rendre le travail de mon équipe au responsable de la production écrite dans les délais ! Ce fût une belle expérience professionnelle qui m'a permis de gagner en confiance car le « moi » d'il y a un an ou deux aurait refusé cette opportunité à cause de mon manque d'estime et de mon anxiété / phobie sociale qui me paralysait. Lorsque j'étais au secondaire et au cégep et que les profs nous disaient qu'on allait faire des travaux d'équipe ou des communications orales, je partais en panique ! C'est-à-dire que je figeais de l'extérieur parce que je vivais l'apocalypse dans mon intérieur et j'attendais que quelqu'un me trouve une solution pour m'intégrer aux autres ou bien je fuyais, je me sauvais. Malgré mon intérêt et ma forte volonté de vouloir performer à travers mes études, je n'arrivais pas à déconditionner mes mécanismes de défense qui me mettaient des bâtons dans les roues entre mon « moi » et la carrière professionnelle que je voulais avoir. Bref, avec L'Itinéraire j'ai l'occasion de confronter mes peurs et de vivre des succès. Parmi toutes les solutions que j'ai cherchées et essayées, la vérité reste qu'on doit affronter ce qui nous fait peur pour s'en libérer. Sur mon chemin, j'ai souvent bifurqué vers le néant, car je trouvais la réalité trop pénible. Mais après quatre dépressions de six mois chacune, à regarder le plafond, j'ai choisi de prendre tous les moyens possibles pour m'aider à me construire une vie à la hauteur de mes ambitions, et L'Itinéraire me permet de le faire. Je me rappellerai toujours de cette rencontre avec mon médecin, lorsque j'étais dans une période sombre, qui m'avait dit : « Tu sais Geneviève, personne n'a dit que la vie était un escalier roulant qui nous mène jusqu'au ciel. Il faut monter une marche à la fois, étape par étape et parfois on tombe, mais c'est pour mieux repartir. Il ne faut jamais abandonner ! »

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Comment j'ai retouvé ma fille Grâce à L'Itinéraire, j'ai eu un premier contact téléphonique avec ma fille Valérie après 14 ans sans lui avoir parlé. En 2010, je l'ai retrouvée sur Facebook et appris qu'elle était en famille d'accueil à Saint-Eustache. J'ai eu vraiment tout un choc en voyant sa photo, car elle ressemble beaucoup à mes deux autres filles, Brenda et Roxanne, que je vois régulièrement.

C'était un des plus beaux moments de ma vie !

PAR JEAN-PAUL LEBEL | Camelot Saint-Denis / Émery

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La première rencontre

Après la lecture de l'article, Valérie m'appelle pour la première fois en 14 ans, émue par l'entrevue et touchée de voir que je parlais d'elle. On s'est retrouvé finalement le 22 septembre 2014 à Deux-Montagnes où elle habite. Nous nous sommes bien entendus et nous avons échangé sur nos parcours respectifs. Nous avons remarqué que l'on avait de nombreux points en commun. Elle m'a expliqué qu'elle avait fait une rechute en sortant de thérapie et qu'elle aimerait bien s'en sortir. C'est après cette rencontre que Valérie a arrêté de consommer, s'est trouvée un appartement et est retournée à l'école. Un mois après notre première rencontre, nous sommes allés à la pêche. C'était la première fois que Valérie allait en bateau et pêchait. Pour couronner le tout, ce fut une pêche miraculeuse : treize grosses perchaudes en deux heures. C'est juste si les poissons ne sautaient pas dans le bateau ! Autres retrouvailles émouvantes, Valérie a rencontré ses sœurs, ses nièces et son neveu pour la première fois début décembre. C'était la première fois que Valérie prenait un bébé dans ses bras. Ce fut un moment vraiment magique d'avoir mes trois filles et mes quatre petits-enfants auprès d'un papa/papy pas peu fier. Je suis heureux d'avoir retrouvé ma fille. C'est vraiment spécial, après tant de temps sans se voir, de l'avoir près de moi et de lui parler. On communique tellement bien, c'est comme si on s'était toujours connu, comme avec mes deux autres filles. C'est mon enfant, mon sang et ça, je le ressens tout au fond de moi, en moi. Valérie, je t'aime !

PHOTO : JULIE BELIVEAU

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e lui ai proposé qu'on se rencontre et elle m'a demandé de passer par sa travailleuse sociale. La DPJ demandait plusieurs rencontres à intervalle de quelques mois afin de s'assurer du sérieux des démarches et d'éviter de perturber Valérie. Après 5-6 rencontres avec la travailleuse sociale, nous avons pris rendez-vous au siège social de la DPJ. C'était en 2011. Valérie ne me connaissait pas et ne se sentait pas prête à me rencontrer. Nous avons gardé tout de même contact sur Facebook. En 2012, elle m'écrit qu'elle aimerait qu'on se rencontre. Après deux rendez-vous avec la travailleuse sociale, nous avons décidé de nous rencontrer dans un café. Mais, Valérie a expliqué à sa travailleuse sociale qu'elle n'était pas encore prête. Alors je me suis dit que, de toute façon, ce sera plus facile de se voir à ses 18 ans, en décembre 2013. En février 2014, j'ai fait le Zoom camelot de L'Itinéraire. Dans ce texte, j'expliquais mes démarches pour revoir ma fille, Valérie. À la suite de cela, j'ai communiqué avec la travailleuse sociale qui m'apprend que Valérie est en thérapie à Portage. J'ai décidé de lui écrire, de lui envoyer des photos de ses sœurs et une copie de L'Itinéraire en question.


CSQpubitineraire.pdf

Marc Garneau

Député Member of Parliament Westmount—Ville-Marie

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2015-05-13

11:54

Je vous souhaite une superbe St-Jean et une merveilleuse fête du Canada I wish you a superb St-Jean and a marvellous Canada Day

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M

J

CM

MJ

4060, Sainte-Catherine Ouest/West Suite 340 Montréal (QC) H3Z 2Z3 514-283-2013 marc.garneau@parl.gc.ca marcgarneau.liberal.ca CJ

CMJ

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La Centrale des syndicats du Québec est fière de s’associer à la Fête nationale du Québec lacsq.org


CULTURE

Piano des villes, dextérité et interprétation phalangienne

PAR JEAN-GUY DESLAURIERS | Camelot Promenade Masson

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uite à son lancement en 2008 à Birmingham, Grande-Bretagne, plusieurs villes dont Hangzhou en Chine, New-York, Paris, Sydney et Toronto vont s'inspirer de ce concept fort original et inattendu de Sharrow Vale Road et de l'artiste Britannique Luke Jerram et emboîter le pas. Nous retrouvons aujourd'hui ces pianos dans les rues de quarante-sept villes dans le monde, dénombrant pas moins de 1 333 pianos. Depuis son envolée à Montréal, le 4 juin 2012, le grand public est rapidement séduit et conquis par la mécanique festive du projet. Inauguré pour la première fois sur le Plateau, par les artistes Patrick Watson et Victor Simon, cet instrument souverain et accueillant va rapidement devenir un symbole de vie de quartier. Aujourd'hui, grâce à la générosité de nos églises, des

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particuliers et de nos écoles, on ne compte pas moins d'une quarantaine de ces pianos, répartis sur l'ensemble du territoire montréalais. Julien Lebond (accordeur et respectueusement gardien des pianos) assisté de son père, de son frère et de sa petite fille de sept ans, s'évertue depuis 2012 à revamper ses pianos à la plus grande joie de tous les adeptes et passionnés de la musique. Tantôt jazz, tantôt blues, les styles s'entrechoquent dans la plus belle des ambiances d'improvisation et de talents. Peints aux couleurs d'artistes locaux, ces pianos de rue gagnent rapidement en popularité. Harmonies symétriques de notes noires et blanches, les passants s'accordent sur un tempo clairement défini, tantôt avec finesse, tantôt avec maladresse, au son parfois audacieux.

Le 20 août prochain, à midi précisément, l'ensemble des pianos de rue s'accoreront au son de « La vie en rose », à la mémoire, d'Édith Piaf qui aurait eu 100 ans.

PHOTOS : JEAN-GUY DESLAURIERS

ILLUSTRATION : LOUIS-PHILIPPE POULIOT

J'ai été séduit par Chopin, par Tchékhov et Beethoven, déconcerté par la dextérité et l'interprétation phalangienne de certains de ces musiciens, consterné, comme s'ils nous avaient été parachutés de nulle part.


Audrey Barabé, 5 ans : « Des fois c'est long pour faire du piano, mais quand tu fais du piano c'est beau la musique ! Pis j'aime la Reine des Neiges ! »

La fierté de ce concept s'assure la ferveur et l'attention de la communauté, d'un parent, d'un enfant, d'un curieux, attiré par l'audace d'un moment. Nous accordons un enthousiasme sans faille à ce mini festival urbain, devenu avec les années un incontournable. Les pianos sont mis à la disposition du public sans gêne, pour tous ceux et celles qui le désirent, de la mimai à début septembre. D'une parfaite résistance aux bruits ambiants de toutes sortes, rien ne saurait perturber l'engouement frénétique des participants, d'une prestation à l'autre. Ces espaces publics sont aujourd'hui des lieux de rencontre et de rassemblement, d'échange, d'amitié et de création. C'est un rendez-vous: Piano des villes, Montréal 2015, depuis la fin mai. Bon été en musique à tous et à toutes !

Les propriétaires, originaires de Middlesbrough, Angleterre, vont voir leur piano, chéri et aimé depuis des décenies, se retrouver à la rue suite à leur déménagement à Sheffield. Dans l'impossibilité de pouvoir le transporter jusqu'au haut de leur nouvelle maison, ce premier piano de rue va devenir un sujet de conversation au conseil de ville, le qualifiant d'objet d'abandon et bon pour la scrap. Une campagne va rapidement s'organiser pour protéger l'avenir de ce piano orphelin et remporter la victoire. Il va être remplacé par un modèle plus récent et le concept va poursuive sa route à l'international.

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3es États généraux de l'itinérance

Les pouvoirs de faire la différence INFO RAPSIM

Les 15 et 16 juin, le Réseau Solidarité itinérance du Québec (RSIQ) organise les 3es États généraux de l'itinérance au Québec pour faire le point, voir comment continuer la lutte contre l'itinérance et donner une nouvelle impulsion à la mobilisation sur cet enjeu. Voici un extrait du mot du président livré à cette occasion. PAR PIERRE GAUDREAU | Coordonnateur du RAPSIM et président du RSIQ

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es progrès importants ont été faits et des gains significatifs ont été marqués depuis les 1ers États généraux il y a dix ans. Le phénomène et sa diversité sont davantage reconnus, mais l'itinérance a cependant continué de croître. Ce 3e grand rendez-vous national est l'occasion de revenir sur l'état des lieux, approfondir notre connaissance des réalités de l'itinérance en 2015, échanger sur nos stratégies, de même que celles des gouvernements et des villes. La large participation de plus de 250 personnes aux États généraux est un élément dont il faut se réjouir. Durant deux jours, on y retrouvera des personnes provenant d'organismes communautaires, des centres jeunesse, des CLSC, des services en habitation et de la police. Y seront aussi tant des personnes en situation ou à risque d'itinérance, le FRAPRU, que des élu(e)s, dont la ministre responsable du dossier Lucie Charlebois. Le RSIQ a réussi son pari. Des débats importants traversent le mouvement de lutte à l'itinérance au Québec, mais aussi ailleurs dans le monde. Vers quelles populations doit-on agir, avec quelles stratégies, quelle cible peut-on viser à atteindre ? Avec sa plate-forme pour une Politique en itinérance, le RSIQ, dès 2006, identifiait clairement que l'on peut juguler l'accroissement de l'itinérance et la faire reculer dans la mesure où une telle politique soit adoptée et où s'en suit une action conséquente. Une action qui reconnaît le déni de droits que constitue l'itinérance et qui travaille à leur reconnaissance. Or, ces actions n'y sont pas.

Choix budgétaires

Au Québec, l'adoption en 2014 de la Politique nationale de lutte contre l'itinérance constitue certes un gain historique pour le RSIQ. Le plan d'action interministériel qui en a découlé

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est insuffisant et le 2e budget du gouvernement Couillard a encore réduit les moyens pour agir. Il faudra réussir à passer au travers ce cadre d'austérité, se servir de l'effet de levier que cette politique donne, pour obtenir les investissements nécessaires à son déploiement au niveau du logement, de la sécurité du revenu, de l'éducation et de la santé, axes clés sur lesquels il faut agir comme le prescrit la politique nationale adoptée. À Ottawa, le cap dans les choix budgétaires sur l'accroissement des écarts de richesse fait le contraire de ce qui devrait être mené pour combattre l'itinérance. De plus, ce gouvernement a orienté son programme de lutte à l'itinérance vers un modèle. Tout autant Housing first que celui-ci soit, il ne contribue en rien au développement de nouveaux logements. Alors que des élections fédérales sont à nos portes, le débat sur cette approche est important, d‘autant plus que celle-ci est loin d'être l'apanage du parti conservateur. Il y aussi les villes qui sont des acteurs importants, notamment avec leur intervention en logement et leur service de police. Alors que Montréal vise à obtenir davantage de pouvoirs, dont celui d'intervenir en itinérance, cela pose bien des questions. Quels moyens auront-elles pour agir et avec quelles balises et obligations ? Avec son thème, Les pouvoirs de faire une différence, les 3es États généraux, ont un objectif ambitieux. La mobilisation qu'ils suscitent est cependant porteuse d'espoir. Pour un, le RSIQ continuera à entretenir celle-ci, pour que bien avant notre prochain rendez-vous dans cinq ans, des gains encore plus importants aient été marqués dans la lutte pour réduire et prévenir l'itinérance. C'est possible, nous y sommes.


TROISIÈME PARTIE

Vous, le public Peu importe l'heure, nous sommes dans le métro et nous attendons que les gens passent. Parfois ils nous ignorent, ils sont pressés, ils nous sourient, ou bien ils s'arrêtent pour nous parler et acheter le magazine. À travers ces rencontres, il y a des moments privilégiés durant lesquels les étiquettes sociales tombent pour laisser la place à l'être.

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La bonté humaine existe Percevant le monde comme étant hostile, j'ai longtemps adopté une attitude de méfiance. Tranquillement mais sûrement, j'apprends à faire confiance en côtoyant des personnes bienveillantes. Deux clientes de L'Itinéraire m'ont aidée dans ce processus, en échangeant régulièrement avec moi à mon point de vente. Voici le portrait de ces deux femmes qui font toute la différence dans ma vie. MARIE-ANDRÉE B. | Camelot métro Préfontaine

Marjorie, cliente de L'Itinéraire depuis 10 ans

C

oordonnatrice en maison de jeunes, elle est dynamique et trouve qu'elle n'en fait jamais assez pour aider les gens. Ses parents lui ont transmis une volonté d'engagement social, des valeurs d'empathie, de solidarité et de partage. Son énergie est contagieuse et je la prends pour modèle.

revenus des camelots et de discuter avec des personnes intéressantes. C'est important d'encourager des organismes qui prônent un changement social.

Pourquoi achètes-tu L'Itinéraire?

Durant mes études universitaires, mes prêts et bourses ne me permettaient pas de payer mes dépenses. J'ai dû abandonner mes études pour survivre. Je devais trouver rapidement une solution et je suis allée au bureau de l'aide sociale. Avec peu d'expérience de travail, j'ai décidé de devenir bénévole dans une banque alimentaire, ce qui m'a permis de me nourrir malgré mon faible revenu. De plus, j'habitais dans une coopérative d'habitation et dans ce temps-là, les logements coûtaient moins cher. Aujourd'hui, je n'y arriverais pas. Finalement, en cumulant des expériences de travail et de bénévolat, je suis devenue coordonnatrice dans une maison de jeunes bien que je n'aie pas de diplôme en travail social.

J'aime m'informer par des sources d'information qui sont alternatives aux médias de masse. J'ai plus confiance aux camelots pour me parler de certains sujets, car ils s'inspirent de leur vécu. Cela me permet de comprendre pourquoi plusieurs personnes se retrouvent dans des situations de vie précaires. Je ne pourrais pas retrouver ces informations dans la presse à sensation. De plus, acheter le journal me permet de contribuer financièrement aux

Est-ce que tu as vécu des périodes de pauvreté dans ta vie?

Oui, un homme avec qui j'ai participé à des luttes sociales pendant plusieurs années. Quand je l'ai vu vendre L'Itinéraire, j'ai été surprise. Nous nous sommes salués. J'ai continué ma route et quand j'ai réalisé ce qui venait de se passer, j'ai rebroussé chemin, mais il n'était plus là. Cette rencontre m'a bouleversée et m'a fait de la peine. En même temps, je suis contente qu'il ait trouvé une porte d'entrée à L'Itinéraire. Le voir tenir son magazine, c'était comme le voir tenir un bouquet de fleurs. Je sais que tout le monde peut traverser une période difficile, mais dans cette situation, j'ai été touchée encore plus profondément. Lire le Zoom camelot me secoue également. Cela étant dit, on ne sait jamais ce que la vie nous réserve.

Moi et Marjorie

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PHOTO : CHARLES-ÉRIC LAVERY

Est-ce que ça t'est déjà arrivé de rencontrer une connaissance qui vend L'Itinéraire?


Geneviève, cliente de L'Itinéraire depuis 15 ans

T

ravailleuse sociale dans un Centre de santé et de services sociaux, Geneviève est sensible aux autres depuis son tout jeune âge. Naturellement, elle parle aux gens qui se présentent sur son chemin. C'est une cliente en or, elle rayonne et donne de l'espoir aux gens. Un jour, elle m'a aidée à régler une situation conflictuelle. Dans le métro où je vends, un homme qui quête pensait que ma présence lui enlèverait une source de revenus. Heureusement, Geneviève lui a expliqué que ce n'est pas la même chose d'acheter un magazine pour le lire que de donner de l'argent à quelqu'un. Finalement, elle m'en a acheté un et elle lui a donné 5 $. Depuis ce temps, il règne un climat harmonieux entre cet homme et moi. Il partage régulièrement avec moi la nourriture qu'il reçoit des clients de la STM.

je ne suis pas remplacée et ce sont mes collègues et les usagers qui en subissent les conséquences. Comme je suis mon propre outil de travail, mon mal-être affecte la qualité de mes services. Souvent, les gens qui se présentent au CLSC sont démunis et

Pourquoi achètes-tu le magazine?

J'achète le magazine pour le lire et non pas par charité. J'achète un produit innovateur qui véhicule des valeurs sociales qui me rejoignent en plus d'encourager l'action communautaire.

Est-ce que ça t'est déjà arrivé de rencontrer une connaissance qui vend L'Itinéraire?

Une fois, j'ai croisé un de mes anciens collègues qui n'était pas itinérant et qui vendait le magazine. J'ai compris que ce n'était pas juste des sans-abris qui vendaient le journal. Certaines personnes ont besoin de vivre différemment en exerçant un travail qui leur permet de respecter leur rythme de vie.

PHOTO : MIKAEL THEIMER

Est-ce que tu arrives à mettre tes limites dans ton travail?

Mes conditions de travail ne me le permettent pas toujours. Dans le contexte actuel d'austérité, le nombre de postes est réduit et j'ai de plus en plus de dossiers à gérer. Une fois, j'étais sur le bord d'un épuisement professionnel et ce n'était pas possible de ralentir, car il fallait que je respecte mes engagements. Si j'arrête,

ils n'ont plus l'énergie nécessaire pour aller cogner à d'autres portes. C'est important de leur apporter une aide rapide et adéquate. D'ailleurs, je participe à la défense des droits des travailleurs en m'impliquant dans mon syndicat afin d'améliorer les services que l'on offre aux usagers.

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SONDAGE

« Et vous, que feriez-vous si un de vos proches devenait camelot ? » J'avoue avoir été émue, bouleversée même, en apprenant que certains d'entre vous me confieraient leur mère, leur frère ou leur ami si jamais l'un d'entre eux en venait à envisager le travail de camelot pour L'Itinéraire afin de se tirer d'affaire. Voici ce que j'ai entendu un matin, au Métro Peel, sortie Stanley, à l'heure de pointe, alors que le service était au ralenti, et même brièvement interrompu. PAR LORRAINE SYLVAIN | Camelot métro Peel

Zaki, l'enfant au visage pur, et Lyes, avec son inaltérable bonté.

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Denise, qui depuis plus d'un an m'enchante avec sa phrase préférée : « Qui sommes-nous pour juger ? »

PHOTOS : CHARLES-ÉRIC LAVERY

L

es gens, déjà pressés, s'arrêtent encore moins lorsqu'un es-tu tu rendu là ? Est-ce que ça va ? » D'autres suggéreraient de se retard, même léger, s'accumule. Dès que le bruit de renseigner sur ce que cela implique, en mettant l'accent sur la difchaque rame s'atténue, je m'écrie en brandissant mes ficulté de ce travail, du courage que cela demande. Quelqu'un fait revues : « Qui veut répondre à une question pour remarquer que l'important est de faire ce qui nous L'Itinéraire ? » Comme à chaque jour, quel que rend heureux ! soit le slogan utilisé, j'obtiens le même résultat : On souligne aussi que « les camelots de L'Itinéraire en très grande majorité, les gens passent, sans sont motivés, un bon groupe, la cause est belle, leur Le sourire des regarder, sans sourciller, happés par la vie qui sourire met de la gaieté dans le cœur des gens ». Une camelots met de femme deviendrait elle-même camelot au besoin. leur commande de se rendre au boulot, aux rendez-vous, à tout ce qui justifie qu'on s'arrache à personnes croyaient qu'il fallait avoir connu la beauté dans le Deux un lieu pour être propulsé dans un autre. l'itinérance pour obtenir ce travail. L'éternel : « C'est Je me rabats sur ceux qui ont un contact oculaire mieux que quêter » revient aussi. Une réponse est cœur des gens avec moi : la moitié sont des clients, réguliers ou incompréhensible, mais semble positive. Un autre occasionnels. Les autres sont ceux qui me souconseillerait à son ami d'apprendre l'anglais et de rient ou me saluent en passant. Je leur fais signe, s'appliquer à parler français avec l'accent parisien aucun ne refuse de s'approcher, et je cueille leurs réponses sur le pour pouvoir sortir de la pauvreté. Une seule personne, une jeune vif, celles qu'ils fournissent à brûle-pourpoint, car l'heure qui tourne femme, a répondu qu'elle lui achèterait le magazine, et lui demanles tire vers l'avant. Quarante-cinq personnes interrogées en deux derait de quoi d'autre il aurait besoin. Peut-être dois-je prendre cela heures. Quelques commentaires recueillis la veille, quelques-uns le comme un bon signe : je ne perdrais pas mes clients ! lendemain. J'ai apprécié ces deux Plus du tiers des gens ap- heures de travail avant déprouveraient et encourage- jeuner, l'inattendu à chaque raient un proche à devenir instant, comme lorsqu'on camelot. « Je le féliciterais. se promène dans un parc Je le remercierais. Ce n'est inconnu, le long des senpas indigne. Rien de mal. tiers sinueux, ignorant Pas de sot métier. Vas-y. Belle lequel va s'embourber, lejob. Tant mieux. O.K. Un quel va nous offrir un banc travail honnête. » Certains ensoleillé, et lequel nous demanderaient : « Pourquoi ramènera à la maison.


À la rencontre de mes clients Chers lecteurs et lectrices, votre opinion compte ! Pour vendre plus de magazines, il faut écouter ce que vous dites. Il ne faut pas que vous ouvriez la revue et qu'après deux pages, vous ayiez envie de la refermer. La revue doit être di-ver-ti-ssante ! J'ai interviewé deux de mes clients à L'Itinéraire pour avoir leur opinion générale du magazine. PAR MICHEL DUMONT | Camelot métro Joliette

J'

ai rencontré Jean-Pierre au métro Joliette. Il était changeur à la STM. La première journée où j'ai vendu la revue à la station, j'ai tout de suite commencé à lui parler. Que voulez-vous, je suis tellement sociable !

J'

ai rencontré Jean-Claude Nault pour la première fois dans un casse-croûte angle Nicolet et Ontario. On a parlé d'Elvis, on est tous les deux de grands amateurs. Si tu aimes Elvis, c'est sûr que je vais t'aimer ! Il est devenu un bon ami et aujourd'hui, on se donne toujours un coup de main.

Comment as-tu connu L'Itinéraire ?

Je voyais souvent des camelots au coin des rues. Puis je t'ai rencontré. Tu m'as parlé de L'Itinéraire, tu m'as dit que je devrais devenir camelot, ça me ferait sortir de chez moi. En plus que je n'ai pas d'emploi actuellement... ça me permettrait de me faire un peu d'argent. Me voici donc camelot angle Saint-Laurent/Sainte-Catherine !

Je travaille souvent comme changeur aux stations de métro. Toi et d'autres camelots y vendent L'Itinéraire. J'ai commencé à les encourager, pour moi c'est important de remonter la pente dans la vie et ça prend un petit coup de main.

Que préfères-tu dans le magazine ?

PHOTOS : CHARLES-ÉRIC LAVERY

J'aime beaucoup la variété dans le contenu. Il y a différents types de camelot, avec différents types de personnalité. Chacun met en valeur ses idées. Les reportages sont très intéressants. J'ai beaucoup aimé l'entrevue avec Claude Robinson. C'est un homme admirable, qui s'est battu jusqu'au bout pour défendre son œuvre.

Quand les camelots parlent! Ça me touche, ce que les camelots ont vécu et vivent aujourd'hui. Et c'est important. Quand les gens lisent le magazine, ils peuvent comprendre leur réalité et avoir moins de préjugés.

Et à l'inverse, qu'est-ce que tu aimes le moins ?

Pas grand-chose en fait. Je trouve qu'il met en valeur toutes les idées, toutes les opinions.

Il n'y a pas assez de visibilité donnée aux organismes qui viennent en aide aux personnes. S'il y en avait plus, le client pourrait agir s'il voyait quelqu'un qui a besoin d'aide... ou si lui-même en avait besoin !

Si tu devenais responsable du magazine demain matin, quels changements ferais-tu pour que jamais le lecteur ne quitte le magazine des yeux ? Je rajouterais des sujets pour davantage attirer la curiosité des gens. Une petite rubrique sciences, peut-être. J'aimerais qu'on parle du pour et du contre de certaines nouvelles technologies, parce que la technologie a une place importante dans notre vie, et pas toujours positive.

Les histoires que m'a racontées Jean-Pierre m'ont fait découvrir que chaque personne possède un petit trésor en-dedans d'elle.

Je mettrais la banderole avec le logo de «L'Itinéraire» et le 3 $ sur la page couverture un petit peu plus gros, pour qu'ils soient plus facilement remarqués. Les images devraient être plus grosses et plus colorées.

Jean-Claude participe à des compétitions de personnificateur d'Elvis. Saint-Cibole-d'Hérode ! 15 juin 2015 | ITINERAIRE.CA

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Un monde dangereux Je suis un survivant de l'itinérance et un plateaupithèque. Néanmoins, je suis assez bien informé. Je lis, je visionne des documentaires et reportages. Je m'assure un tant soit peu de la crédibilité de ces informations. Je m'intéresse, lorsque c'est possible, à tout ce qui n'est pas de la fiction. Les théories du complot, très peu pour moi. C'est la curiosité qui me garde vivant. PAR GUY BOYER | Camelot Saint-Denis / Duluth

D

e Socrate ou Voltaire, je ne connais que le nom nées. Athènes était le centre du monde. Une puissante et leur rayonnement culturel et intellectuel. De flotte maritime sillonnait la mer Égée, la Méditerranée et Hayek, de Keynes, Friedman et très récemment au-delà. Le commerce florissait et ainsi, Athènes attisait Thomas Piketty, je ne connais que leurs théories écono- la convoitise de villes voisines, surtout Sparte. miques en général. Bin oui, je m'intéresse à la philosoPourtant, bien avant les Grecs, d'autres civilisations ont phie et à l'économie. Pourtant, je ne suis entré dans les prospéré. La dynastie zéro ou l'Égypte des Pharaons universités que pour y faire des livraisons alors que j'étais remonte à quelque 5 000 ans. Plusieurs fois millénaire, messager dans les années 2 000. cette civilisation est unifiée sous le premier pharaon de Les grands penseurs de la Grèce androit divin, Narmer. Elle nous a laissé les tique, environ 500 ans av. J.-C., Socrate, tombeaux monumentaux que l'on sait. Platon, Aristote et leurs contemporains, La tombe de Narmer est plutôt moqui sont encore étudiés aujourd'hui, deste. Une cave de pierres et un monHa ! sont les fondateurs de la philosophie et ticule de sable. Plus tard, sous Ramsès, inventeurs de la logique, de la géoméThoutmosis, Aménophis, par exemple, La convoitise, trie et de l'astronomie, de la médecine, les tombeaux sont gigantesques : les voilà où tout jetant les bases de la science moderne, pyramides. L'Égypte devient le premier mettant l'homme et la femme au cœur État territorial de l'Humanité. Les toma commencé de leur réflexion, délaissant les dogmes beaux des pharaons contiennent toutes religieux ou mythologiques. Ce fut sortes d'objets précieux qui accoml'apogée de la civilisation grecque. Les pagnent le roi au royaume des morts, un vieux sages grecs ont sans doute beaucoup péroré et attachement bien particulier à des objets matériels. Au tergiversé sur la Pnyx (bin oui une colline), devant l'Ecclé- Moyen-Orient, dans le triangle fertile, aujourd'hui l'Irak, sia, siège de l'assemblée des citoyens. Ils ont été les pre- les Sumériens de Mésopotamie fondent villes et villages miers démocrates. La rhétorique et la politique, et cultivent la terre par l'irrigation. Ce peuple, appales deux mamelles, les deux jumeaux ou les deux maux dans le berceau de la démocratie étaient

PREMIÈRE PARTIE 40

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Une trière, bateau de combat utilisé durant la Grèce antique.


remment pacifique, une rareté de tout temps, invente la peut constater que Sapiens et les siens sont des artistes. roue pour l'irrigation et le transport. Il invente une forme En Ardèche, en France, dans des gorges vertigineuses à de comptabilité, l'écriture et divise le temps en secondes Vallon-Pont-d'Arc, trois spéléologues ont découvert une et en minutes. Le langage est le « code source » des lan- de ces grottes en 1994. Ils ont été soufflés par ce qu'ils gues modernes occidentales. Cette civilisation née dans ont découvert (voir DRDA La grotte aux merveilles – la nuit des temps (environ 10 000 ans) finit par s'estom- Youtube). Si Dieu voulait bien me prêter un peu d'argent, per, on ne sait pourquoi, 2 000 ans av. J.-C.. Mais moi, mon ultime pèlerinage se ferait là-bas pour visiter ce site je m'en doute. Les récits des Sumériens, où vécurent mes plus vieux ancêtres décryptés par des spécialistes, ont insâgés de quelque 40 000 ans. Mais piré nos mythes fondateurs. La Bible et Dieu est assez pingre et plutôt capile Coran ont préservé une partie de leur taliste, à l'image des hommes. Car ma mémoire. Ils ont écrit l'Histoire de l'Huprofonde conviction est que l'Homme manité à ses balbutiements. Les Suméest naturellement capitaliste ; que cette Sapiens riens ont inventé le concept de contrat. disposition naturelle nous vient du plus l'itinérant Une véritable économie se dessine sur profond des âges ; que c'est le seul sysles bords du Tigre et de l'Euphrate. Le tème économique viable. travail et l'agriculture sont les fondeAvec un grand bond dans le temps, au ments d'une économie aussi élémensiècle des Lumières, avec Voltaire et ses taire soit-elle. contemporains, on poursuit la quête Avant les Sumériens, il y avait l'Homo sapiens, notre du bonheur et de la connaissance. Diderot est le porteancêtre à tous, l'homme le plus évolué après le singe, étendard par excellence du siècle des Lumières qui, selon animal adorable au demeurant, végétarien avec le sens Larousse, a le culte des idées, de la raison humaine et du de la famille et tout. Sapiens, lui, est descendu des arbres progrès. Avec plusieurs contributeurs, il rédige, publie et se tenant debout, il peut voir l'horizon, le danger qui et diffuse L'Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des approche, envisager l'avenir. Voyant ses congénères, sciences, des arts et des métiers entre 1750 et 1780. Une concubines et la marmaille se faire croquer par les ani- œuvre titanesque. Quant à Diderot, il dira : « Cet ouvrage maux féroces et affamés, pas très friands de verdure, il produira sûrement avec le temps une révolution dans les inventa des outils. esprits, et j'espère que les tyrans, les oppresseurs, les fanaSapiens et ses concubines ont un cerveau évolué et tiques et les intolérants n'y gagneront pas. Nous aurons commencent à s'en servir décemment. Ils habitent des servi l'Humanité ». C'était sans compter sur l'apparition grottes un temps car ce sont des nomades, des itinérants de l'industrialisation et le capitalisme à grande échelle. La quoi. Dans ces grottes, un peu partout en Europe, on morale et l'humanisme allaient être mis à rude épreuve. Pour suivre les dérives du capitalisme dans la modernité, lire la suite dans un prochain numéro…

Dans les grottes de Vallon-Pont-d'Arc, en France, on a retrouvé des œuvres préhistoriques très bien préservées. 15 juin 2015 | ITINERAIRE.CA

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OPINION

Le Québec, e d n o m u d n io t a n nouvelle un sujet st nce car pour moi, c'e da en ép nd l'i r su e xt ns J'écris ce te je vous dirais au moi , ps m te ng lo s trè it mmunauté d'actualité. Cela fa i un buzz dans la co nt se s pa ai n' je e . qu depuis 1994, e fait chaud au cœur m ça et t, en m te en és comme je le sens pr u Mont-Royal

LT | Camelot Platea

PAR GUY THIBEAU

s depuis que j'ai dépendance au moin l'in ur po is su je et i if de liberté de mon ai 52 ans aujourd'hu J'ai hérité de cette so s. an in 34 is pu de it so rtance d'être souvera l'âge de voter, ujours parlé de l'impo to ter a ep m' i cc qu s'a , s uis pa Lo ne défunt oncle us différencie, de la fierté de ce qui no pas se mettre à et indépendant, de Québécois, et de ne s de tre d'ê r fie tre d'ê s, comme des colonisé e d'autre. a ni devant personn rre Karl, tout taw Ot nt va de ux no ge voir le succès de Pie de r fie t rai se cle on on m e qu Je peux dire is. nées, le voir triomcomme moi je le su ons dans quelques an cti éle es ain ch pro x au r ance. Pour être enfin J'espère voir PKP entre peuple vers l'indépend le er en sa am ir vo le et nt debout et qui prend pher majoritairement, e un peuple qui se tie mm co r tie en e nd mo reconnu dans le fois pour toutes… pt Heures. Pourdestinée en main, une me le Bonhomme Se m co P PK e re ind pe dé rsonnage n'existe qu Ses adversaires vont au Québec, que ce pe es ez ult rd ad ga , les , QS us les to quistes et tant, nous savons nc les libéraux, les ca Do ts. fan en ur s. po ure dans les contes nhomme Sept He  : il n'existe pas, le Bo i est le Québec. vous une petite gêne vers notre pays qu er en am us no ur po gues du Parti QuéPKP a l'envergure i, assisté de ses collè qu ois éc éb ous du Qu e iqu r. Peuple, méfiez-v C'est le seul et un s voix, peut y arrive ur le de po  % er 50 ss s pa oin re m fai u saient de le bécois et d'a es i qu ns ge s en de es s ut iez-vou pour to monde jaloux, méf et croyons une fois és um all z ste Re s. ure Bonhomme Sept He iver. arr d'y s en oy m s no le Québec libre ! Vive le Québec, vive

J'

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ÉDUC’ALCOOL L’alcool et la fête nationale:

Inséparables?

Pour plusieurs, la Saint-Jean-Baptiste et l’alcool vont main dans la main, tels d’inséparables compagnons de veille. On croit même, à tort, que tout est permis le soir de la fête nationale, même de consommer de l’alcool dans la rue. Pourtant, les mêmes règles s’appliquent quand vient le temps de célébrer notre nation que tout au long de l’année. Prendre un verre pour se mettre dans l’ambiance, c’est bien, mais attention de ne pas gâcher votre soirée en la terminant la tête dans la cuvette des toilettes, ou pire, sur une civière d’hôpital! C’est malheureusement le cas pour certains fêtards qui, chaque année, se rendent malades avec une consommation excessive et sont hospitalisés pour une intoxication à l’alcool. Parfois, leur état va même leur coûter leur permis pour conduite en état d’ébriété, ou pire, les rendre responsables d’un accident de la route! Ne vaut-il mieux pas avoir toute sa tête pour fêter et passer de bons moments avec ses amis? Il serait dommage d’avoir complètement oublié la soirée que vous assez passée ou de commettre l’irréparable. Fêter fort tout en buvant modérément, c’est possible. Car après tout, le Québec, ça se fête debout! Bonne fête nationale à tous!

Quelle est, selon vous, la meilleure façon de célébrer la SaintJean-Baptiste? a) Faire un barbecue en famille ou entre amis avant de se rendre à l’une des nombreuses fêtes de quartier pour entonner en chœur les plus grands succès de la musique québécoise.

Les conseils du pro

b) Passer l’après-midi entre amis, pique-niquer et prendre un verre, question de ne pas se ruiner en alcool au parc plus tard!

• Attention aux abus. L’ambiance festive peut vous amener à avoir le coude léger. Pourtant, votre fin de soirée risque d’être beaucoup plus agréable si vous modérez vos ardeurs! • Laissez votre voiture à la maison. Vous vous rendez à une fête de quartier où vous savez que vous consommerez de l’alcool? Pourquoi ne pas utiliser les transports en commun plutôt que votre voiture? Vous serez ainsi assuré de rentrer chez vous en toute sécurité.

c) Dévaliser les dépanneurs de leurs provisions de bière le 23, pour être sûr de ne pas en manquer le 24! Boire tout l’après-midi et se rendre au parc Maisonneuve déjà bien avancé, tout en ayant pris soin de transvider de l’alcool dans des bouteilles d’eau!

Complétez la phrase: « La Fête nationale du Québec c’est... a) Une belle occasion de célébrer notre nation avec ceux qu’on aime, tout en restant responsable. » b) Une belle occasion de rendre hommage à notre peuple avec ceux qu’on aime et de prendre un coup! »

• Soyez présent. En tant que bon ami, si un membre de votre groupe se trouve en état d’ébriété, assurez-vous que sa vie, ou celle des autres, ne soit pas mise en danger par son comportement.

c) Une belle occasion de se paqueter la fraise. »

• Prenez une bouchée. Un pique-nique ou un barbecue avant de se rendre à la fête, quelle bonne idée! Un repas complet vous permettra d’être plus en forme pour aller fêter et vous permettra de mieux tolérer l’alcool ingurgité plus tard. • Écoutez-vous. Vous fêtez depuis des heures et votre corps essaie de vous dire « stop »? Fête nationale ou pas, rien ne vous oblige à dépasser vos limites. Si vous sentez que vous avez assez fêté, c’est le temps de rentrer pour un repos bien mérité!

Prendre un p’tit coup... Quiz utile et agréable

Vous faites la fête depuis des heures et vous commencez à vous sentir fatigué. Comment savoir que c’est maintenant le temps de rentrer? a) Vous avez la voix éraillée à force d’entonner des refrains et vos pas de danse ont l’air d’un mélange entre La danse à Saint-Dilon et le Achy Breaky Dance. b) Les yeux rougis, vous n’arrivez plus à vous rappeler les paroles de Dégénération, que vous connaissez pourtant par cœur, et vous avez la bouche pâteuse. c) Vos amis vous retrouvent au son que vous faites en vomissant derrière un buisson alors que vous essayez, en même temps, de chanter Gens du pays.

La modération a bien meilleur goût.

educalcool.qc.ca


employée atelier pour le de ferreur dallage signer morceler

violine

travail forcé

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invariable

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« Je m'appelle Josée, je travaille à la distribution et voici mon fileras petit fléché »

fixé de nouveau

munissais cent quatred’un siège députés titane mesurées firmaments meurt

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DU 1 Réponses duSOLUTION 1er juin 2015 Réponses du 15 juin 2015

particule élémentaire

qualifie un contrat heureuses abusif interjection enfantine

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P

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avironna mille cent

cent quatre

frustre

C mesurées meurt

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LE JOSÉE FLÉCHÉ

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Solution dans le prochain numéro

MS RE CP P A PR AT RA AG PE HR E V I RO EL CA LC OE U I SV E LE LL AU IS S M E CT IR EE UE XS E CR HI ET R SI E K N A A RE L I L BE I T P I LR OE ME B E E E N EA N CO L I AL V U OE RM SA N ED TE S T IA R O I SE ES R E VE E LA UN S SE E atelier travail de ferreur forcé signer droit de proprité

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particule élémentaire

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mille cent

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métaux

perroquet

puis

note

conjonction

poilu

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baie

à lui

JUIN

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DÉTENTE 1 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

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1 2 3 4HORIZONTALEMENT 1. Partisanes d'un État centralisé. -­‐ Erbium. 52. Coquerets. 3. Court. -­‐ Qui ont deux côtés égaux. Retenu. -­‐ Radon. -­‐ Puis. 64. Fonça. -­‐ 5. Interrogea. Mauvaise odeur. 76. Bondit. -­‐ 7. Transpirations. -­‐ Condensation. Pronom. -­‐ Nazi. 88. Personnage cinématographique. -­‐ 9. Relative à un groupe. -­‐ Prêtresse d'Héra. 910. Plantes. VERTICALEMENT 4 101. Gesses. 2. Tas. -­‐ Véhicules.

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HORIZONTALEMENT 1. Cuisiner. - Coup de baguette. 2. Qualifie des transformations sans échange de chaleur avec l'extérieur. 3. Tsigane. - Élimer. - Celés. 4. Assortissais des couleurs. - Divinité hindoue. 5. Ci. - Prêtresse d'Héra. - Dessins des lettres en relief s'imprimant sur le papier. 6. Tisseuse. 7. Our. - Natte. - Adjectif démonstratif. 8. Regroupe. - Moulure. 9. Dieu gaulois. - Mouche. 10. Suc. - Que tu habilles. VERTICALEMENT 1. Ornements. 2. Édulcoreras. 3. Mettais en vers. - Actionnés. 4. Gallium. - Congestion. 5. Canons 6. Amas. - Frère d'Électre. 7. Existez. - Enzymes. 8. Rigolerions. - Électronvolt. 9. Navire de guerre. Solution dans le prochain numéro 10. Forêt. - Armée médiévale. 11. Monnaie. - Invente. 12. Aidée.

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9 10 11 12

6 HORIZONTALEMENT 5 1. Cuisiner. -­‐ Coup de baguette. 2 2. 9Qualifie des transformations sans échange de chaleur avec l'extérieur. 3. Cavalier russe. -­‐ Pulsions. 4. À quel endroit ? -­‐ Se dit d'un frère. 5. Cassées. -­‐ Champion. 6. Nés. -­‐ Terre entourée d'eau. 7. Nouveau. -­‐ Tour. -­‐ Monnaie. Jeu8. Récipient. réalisé par Josée Cardinal | joseecardinala1@yahoo.ca 9. Art théâtral. 10. Alu. -­‐ Sortis. -­‐ Au. 11. Qui concernent les peuples de la mer Égée. NIVEAU DE DIFFICULTÉ: FACILE Solutions du 1er juin 2015 12. Demeurâtes.

3. Tsigane. -­‐ Élimer. -­‐ Celés. Placez un chiffre de 1 à 9 dans chaque case vide. 14. 2Assortissais 3 9 4 5 6 d7es 8couleurs. 9 10 11 -­‐12 Divinité hindoue. 7 1 Chaque ligne, chaque 1 J A C O B I N E S E R colonne et chaque boîte 'Héra. des lettres en relief s'imprimant sur le papier. 2 A5. MCi. O-­‐ PUrêtresse R S E dN C A -­‐ D G essins E 3x3 délimitée par un trait 2 7 8 5 3 R A S I S O C E L E S plus épais doivent contenir tous les chiffres de 1 à 9. 4 O6. STisseuse. A S U R N E T Chaque chiffre apparaît 8 5 3 9 Q U E S T I O N N A 15 U7. Our. donc une seule fois dans -­‐ N atte. -­‐ A djectif d émonstratif. 6 S A U T E R E L E N T une ligne, dans une colonne et dans une boîte 3x3. 7 S U E E S R O S E E 9 1 4 7 8 E8. TRegroupe. R I-­‐ M L oulure. G S S 9 S O C I A L E I O LOGICIEL 8 5 3 NOTRE 10 9. SDieu A Ngaulois. S E V-­‐ M I ouche. E R E S DE SUDOKUS EST MAINTENANT DISPONIBLE. 4 6 10. Suc. -­‐ Que tu habilles. 10 000 sudokus inédits de 2 5 9 1 4 6 8 3 7 niveaux par notre expert, 7 3 6 8 9 2 5 4 1 VERTICALEMENT 2 3 7 4Fabien Savary. En vente exclusivement sur 4 8 1 3 7 5 9 6 2 notre site. 1. O9rnements. 1 8 2 3 4 7 5 6 6 8 9 www.les-mordus.com 6 4 7 5 1 2 9 8 2. É35dulcoreras. 2 7 6 8 9 4 1 3 7 3 8 2 7 5 e 4n 1vers. 8 3-­‐ A2ctionnés. 9 3. M6 ettais Solution dans le prochain numéro 1 9 3 5 2 7 6 8 4 4. G8allium. 4 2 9-­‐ C6ongestion. 3 1 7 5 Jeu réalisé par Ludipresse | info@les-mordus.com 5. Canons 4 6 3 9 2 5 7 1 8 6. Amas. -­‐ Frère d'Électre. 1 2 9 7 8 4 5 3 6 15 juin 2015 | ITINERAIRE.CA 45 8 5 7 6 1 3 9 2 4 7. Existez. -­‐ Enzymes. 9 1 4 8 3 6 2 7 5 2 8 6 5 7 9 1 4 3 8. Rigolerions. -­‐ Électronvolt.


COMPTERENDU

Un trésor caché PAR CHARLES-ÉRIC LAVERY | Responsable de la production écrite des camelots

L

a première fois qu'on entre à L'Itinéraire, ça ne s'oublie pas. On est accueilli par le vacarme intimidant de la cafétéria : les sons des voix parfois emportées et plaintives et des pas des camelots se mélangent à ceux de la cuisine, de la télévision, de la sonnette de la porte d'entrée qui annonce les innombrables allées et venues. Mais rapidement, on se rend compte qu'il n'y a rien d'intimidant. On prend le temps d'observer, d'écouter… Ça jase fort de politique comme de hockey entre deux bouchées d'omelette ou de couscous marocain, ça raconte des anecdotes de vente savoureuses, ça rit entre deux blagues que je ne conterai certainement pas ici, ça joue aux échecs, ça lit du Stefan Zweig ou du Philippe Konaté entre deux débats sociophilosophiques, ça

écrit des poèmes sur l'humour ou sur les belles femmes, ensuite récités de façon un peu trop théâtrale… Et puis on se rend compte, en discutant avec eux, qu'ils sont, oui, camelots, mais aussi poètes, raconteurs, blagueurs, philosophes, peintres, explorateurs, photographes, musiciens, intellectuels adeptes de la critique sociale... Ils ont des histoires fascinantes, touchantes, parfois tragiques à raconter. Ils ont des idées et des projets (parfois trop !), des rêves, des ambitions…On réalise que même leurs plaintes recèlent des trésors cachés, ont une profondeur insoupçonnée. Ils sont un trésor. Un trésor qu'ils méritaient de vous faire découvrir.

Du « 100 % camelots » au « 100 % nous » PAR SIMON POSNIC | Accompagnateur du projet

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e numéro que nous avions d'abord appelé en interne le « 100 % camelots » a laissé une place à tous ceux qui ont voulu s'y associer. D'abord à travers l'élection d'un comité de rédaction, chargé de définir les grandes lignes du magazine et d'assurer la coordination du travail. Très attaché au principe démocratique, le comité de rédaction a invité tous les candidats à soumettre les sujets qu'ils voulaient écrire ou voir paraître dans cette édition, et a retenu toutes les propositions. Le comité a réparti les articles dans différentes rubriques et a donné ses consignes aux rédacteurs. Il a dessiné la pagination du magazine, a mis au point un échéancier tenant compte des délais qu'exigent l'écriture des articles et leur révision avec l'équipe de bénévoles, le choix des illustrations, la mise en page, la correction et l'impression.

Valoriser l'invisible

Les membres du comité, en passant de l'autre côté du décor, ont pu assimiler les outils et techniques inhérents à toute organisa-

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ITINERAIRE.CA | 15 juin 2015

tion. Un travail de l'ombre pas forcément visible mais qui reste indispensable à nos yeux dans le développement personnel des participants. L'exercice tend à s'essaimer dans toutes les activités du groupe communautaire et s'inscrit pleinement dans sa mission. Sans jamais chercher votre compassion, les rédacteurs de cette édition depuis longtemps demandée ont voulu vous parler de leur parcours, de leur quotidien, de ce qu'ils font et de qui ils sont vraiment. Ni des itinérants, ni des camelots mais des collègues, des hommes et des femmes qui, au moment où ils et elles ont poussé la porte de L'Itinéraire, étaient déjà déterminés à se reprendre en main. L'Itinéraire, c'est d'abord leur magazine, c'est ce qui les rassemble. Et il leur est apparu comme une évidence, à la relecture des pages de ce numéro, de le rebaptiser le « 100 % nous ».




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