2014-08-01_IT-15

Page 1

3

$

Volume XXI, n˚ 15 Montréal, 1 août 2014 er

www.itineraire.ca


ANNONCEZ APPUYEZ

Suivez L’Itinéraire sur le web

www.itineraire.ca VOTRE AVIS

NOUS INTÉRESSE Nos articles vous font réagir ? Les mots des camelots vous touchent ? Vous avez des suggestions ou des commentaires ?

Écrivez-nous par courriel à courrier@itineraire.ca Ou à l’adresse suivante : Groupe L’Itinéraire À l’attention de Marie-Lise Rousseau 2103, Sainte-Catherine Est, 2e étage Montréal (Québec) H2K 2H9

Affichez votre solidarité sociale en étant présent dans L’Itinéraire, le magazine socio-responsable branché sur Montréal

514 597-0238 poste 241 publicite@itineraire.ca

FAITES UN DON Aidez-nous à soutenir nos camelots et à appuyer notre mission. www.itineraire.ca


Ginette lamarche Camelot No : 1278 | Âge : 74 ans Point de vente: SAQ angle Lajeunesse/Fleury

O

riginaire de Valleyfield, mais vite arrivée à Montréal, Ginette Lamarche garde de bons souvenirs de son enfance. «J'ai eu une belle enfance, considère-t-elle. J'ai eu une bonne éducation dans un couvent de Sainte­Anne­de­Bellevue.» Mme Lamarche était la cadette d'une famille de trois enfants. Le moment difficile de sa vie, c'est sa séparation avec son mari. «Tout d'un coup, je devais tout gérer toute seule, dont mes finances, relate-t-elle. C'est là que j'ai réalisé que j'étais dépendante affective et ça m'a fait vivre des situa­ tions difficiles.» Son mari était alcoolique et est devenu de plus en plus violent. La raison pour laquelle elle a enduré les sévices de son mari pendant si longtemps, c'est parce qu'elle a vécu le rejet de son père qui fut absent jusqu'à l'âge de 8 ans. Elle souhaitait être aimée et acceptée par un homme. «Quand j'étais jeune, mon père s'occupait plus des autres, dit-elle. Il n'était pas violent, mais il ne me disait jamais rien, il ne s'occupait jamais de moi.» Elle a fini par se séparer de son mari, mais elle a pris plusieurs années avant de divorcer. C'est à partir de ce moment qu'elle a pu tranquillement tourner la page sur ses années difficiles. Pour s'en sortir, elle a d'abord assisté à de nombreuses rencontres organisées par les Alcooliques Anonymes pour les femmes battues. «À travers tout ça, j'avais foi en une puissance supérieure, affirme Mme Lamarche. Me guérir de ma dépendance affective a été très long, j'ai étiré le temps : chaque petit pas fut une liberté supplémentaire.» Maintenant comme toujours, ses enfants l'aident à se redresser psychologiquement. Quatre enfants, dont trois sont les siens, forment une cohorte qui lui apporte beaucoup. «Ils m'ont aidée à progresser, mais m'ont aussi éveillée à la réalité de l'itinérance, souligne-t-elle. Un de mes fils Gilbert consom­ mait et s'est retrouvé dans la rue un certain temps.» Malgré l'impulsivité et la violence, Mme Lamarche estime qu'il règne beaucoup d'amour dans sa famille. teXte : cHriStoPHe Perron-martel PHOTO : GOPESA PAQUETTE 1er août 2014 | ITINERAIRE.CA

3


noS PartenaireS eSSentielS De lutte contre la Pauvreté

L'Itinéraire a pour mission de combattre la pauvreté et l'exclusion par le travail et une place en société. Notre organisme soutient et fait travailler quelque 200 personnes par semaine. Le magazine est donc une entreprise d'économie sociale qui s'autofinance. Mais son volet services sociaux comprend différents programmes pour offrir de l'aide psychosociale, du soutien alimentaire et en logement ou encore des services adaptés aux jeunes. Sans nos partenaires principaux qui contribuent de façon importante à la mission ou nos partenaires de réalisation engagés dans les programmes, nous ne pourrions aider autant de personnes. L'Itinéraire, c'est aussi plus de 2 000 donateurs individuels et corporatifs qui aident nos camelots à s'en sortir. Merci à tous! La direction de L'Itinéraire tient à rappeler qu'elle n'est pas responsable des gestes des vendeurs dans la rue. si ces derniers vous proposent tout autre produit que le journal ou sollicitent des dons, ils ne le font pas pour L'Itinéraire. si vous avez des commentaires sur les propos tenus par les vendeurs ou sur leur comportement, communiquez sans hésiter avec shawn Bourdages, coordonnateur au développement social par courriel à shawn.bourdages@itineraire.ca ou par téléphone au 514 597-0238 poste 222.

PartenaireS maJeurS

nous reconnaissons l'appui financier du gouvernement du canada par l'entremise du Fonds du canada pour les périodiques, qui relève de patrimoine canadien. Les opinions exprimées dans cette publication (ou sur ce site Web) ne reflètent pas forcément celles du ministère du patrimoine canadien.

PrinciPauX PartenaireS De ProJetS ISSN-1481-3572 n˚ de charité : 13648 4219 RR0001

DU MONT-ROYAL

Desjardins

l'itinéraire eSt membre De

Le magazine L'itinéraire a été créé en 1992 par Pierrette Desrosiers, Denise English, François Thivierge et Michèle Wilson. À cette époque, il était destiné aux gens en difficulté et offert gratuitement dans les services d'aide et les maisons de chambres. Depuis mai 1994, L'itinéraire est vendu régulièrement dans la rue. Cette publication est produite et rédigée par des journalistes professionnels et une cinquantaine de personnes vivant ou ayant connu l'itinérance, dans le but de leur venir en aide et de permettre leur réinsertion sociale et professionnelle. convention de la poste publication no 40910015, no d'enregistrement 10764. retourner toute correspondance ne pouvant être livrée au canada, au Groupe communautaire L'itinéraire 2103, sainte-catherine est, Montréal (québec) h2K 2h9

Québecor est fière de soutenir l'action sociale de L'Itinéraire en contribuant à la production du magazine et en lui procurant des services de télécommunications.


Volume XXI, n˚ 15 réDaction et aDminiStration 2103, Sainte-Catherine Est Montréal (Qc) H2K 2H9

actualitéS

le caFé l'itinéraire 2101, rue Sainte-Catherine Est

7 ÉDitoriaL

téléPHone : 514 597-0238

8 ronD-point

télécoPieur : 514 597-1544 Site : WWW.ITINERAIRE.CA

réDaction éditeur aux contenus : Sylvain-Claude Filion chef de pupitre, actualités : Marie-Lise Rousseau chef de pupitre, Développement social : Gopesa Paquette infographe : Louis-Philippe Pouliot Stagiaires à la rédaction : Adil Boukind et Laurence Laplante collaborateurs : Simon Cordeau, Cylvie Gingras, Éric Godin, Anne Frédérique Hébert-Dolbec, Ianik Marcil, Denyse Monté, Christophe Perron-Martel et Pierre Saint-Amour adjoints à la rédaction : Marie Brion, Hélène Filion, Hélène Mai et Lorraine Pépin illustration de la une : Louis-Philippe St-Laurent révision des épreuves : Paul Arsenault, Audrey Besnier et Michèle Deteix

illuStration De la une :

LOUIS-PHILIPPE ST-LAURENT est un illustrateur montréalais qui œuvre surtout dans le domaine de la publicité. Dès sont plus jeune âge, il dessinait et s'intéressait à tout. S'étant rendu compte que «tout» représentait beaucoup de choses différentes, il a choisi le dessin comme prétexte pour continuer à explorer tout, partout. Vous pouvez d'ailleurs suivre ses explorations sur son blog à banuo.blogspot.com

aDminiStration Direction générale par intérim : Libera, Ressources humaines inc. chef de l'administration et des ressources humaines : Duffay Romano conseiller au développement social : Philippe Boisvert chef du financement et des partenariats par intérim : Shawn Bourdages conseillère au financement et aux partenariats : Élisabeth Julien-Rocheleau chef des communications-marketing par intérim : Sylvain-Claude Filion équiPe De Soutien auX camelotS chef du Développement social : Shawn Bourdages agent d'accueil et de formation : Pierre Tougas agent de soutien communautaire : Geneviève Labelle agent de développement : Yvon Massicotte conSeil D'aDminiStration Président : Stephan Morency vice-président : Gabriel Bissonnette conseillers : Philippe Allard, Geneviève Bois-Lapointe, Martin Gauthier, Julien Landry-Martineau, Jean-Paul Lebel Jean-Marie-Tison

11 ianiK MarciL 12 StéPHane laFleur cinÉaste pas D'casque 16 GranD Dossier

ralentiSSeZ!

25

le cŒur De l'itinéraire

26 le cœur

venteS PublicitaireS 514 597-0238, poste 241

Conseillères : renée larivière 450-541-1294 – renee.lariviere18@gmail.com ann marie morissette 514-404-6166 – am.mori7@itineraire.ca 514-597-0238 – poste 241 Josée Poirier 514-273-5002 – josee.poirier@itineraire.ca

1er août 2014

28 les mots des camelots 33 piste bravo Gilles

Je désirais souligner le courage de votre camelot Gilles Bélanger. Depuis plus de 10 ans je suis témoin du fait que, beau temps mauvais temps, pluie ou neige, chaleur insupportable ou froid sibérien, il est présent au Complexe Desjardins pour effectuer son travail. En prime, il nous offre sa bonne humeur qui ne se dément jamais même lorsque les gens passent tout droit lorsqu'il leur offre son journal! Bel exemple de service à clientèle que je voulais souligner. Micheline Gagnon, lectrice de l'Itinéraire

Vos commentaires sur Facebook À propos de Découvrir Montréal autrement (numéro du 15 juillet) Bravo! Pleines d'idées très intéressantes!! Je viens d'acheter ma copie (auprès d'une camelot chanteuse qui a une très belle voix, à la gare Villa Maria du métro orange). Carola Degreef J'aime passer mes vacances en ville (j'habite à Longueuil) et je puiserai sûrement des idées dans votre numéro pour diversifier mon temps libre. Entre autres, je suis intéressée à un tour de l'art urbain, par les tours Kaléidoscope. Merci beaucoup pour toutes ces bonnes idées à la découverte de Montréal! Michelle Nadeau

ABONNEZ-VOUS !

ÉCRIVEZ-NOUS !

au WWW.itineraire.ca ou par téléphone au 514 597-0238 poste 231

à courrier@itineraire.ca Des lettres courtes et signées, svp! La Rédaction se réserve le droit d'écourter certains commentaires.

35 info rapsiM

37

Panorama

38 sous nos pieds

l'HiStoire

41 ViVre 43 LiVres 44 DÉtente 46 Feu Vert maniFeSte De l'aSSociation SloW FooD

ce magazine coûte

LES CAMELOTS SONT DES TRAVAILLEURS AUTONOMES 50 % DU PRIX DE VENTE DU MAGAZINE LEUR REVIENT


ILS HABITENT

NOS RUES.

DONNER, C'EST HABITER

LEUR VIE Vous êtes partie prenante de la solution.

Camelots: Jean Guy Deslauriers Robert Ménard Franck Lambert Gabriel Bissonnette France Lapointe

Maude Guérin, porte-parole du 20e, en compagnie des camelots

PHOTO: SYLVIANE ROBINI

En appuyant L'Itinéraire, vous nous aidez à leur offrir les outils nécessaires pour reconstruire leur vie, trouver un logement, se nourrir sainement et briser leur isolement.

AIDEZ L'ITINÉRAIRE : DONS ♦ CARTES-REPAS ♦ ABONNEMENT IDENTIFICATION

DON Je fais un don de :

$1

CARTES-REPAS2 J'offre cartes-repas à 5 $ chacune =

$1

ABONNEMENT AU MAGAZINE Je m'abonne pour une période de : 12 mois, 24 numéros (124,18 $ avec taxes) 6 mois, 12 numéros (62,09 $ avec taxes)

$ $

$

Notes 1 Vous recevrez votre reçu d'impôt début janvier suivant votre don. 2 Les cartes sont distribuées par L'Itinéraire, mais si vous voulez les recevoir pour les donner dans la rue, cochez ici et nous vous les enverrons avec le Guide du bénévole. Cochez ici

M.

Nom : Nom de l'entreprise (Don corporatif) : Adresse : Ville : Province : Téléphone : ( ) Courriel : MODE DE PAIEMENT

Nom ou No de camelot (s'il y a lieu) : TOTAL DE MA CONTRIBUTION :

Mme

Prénom :

Code postal :

Visa, MasterCard Chèque au nom du Groupe communautaire L'Itinéraire

No de la carte : l___l___l___l___l___l___l___l___l___l___l___l___l___l___l___l___l___l Expiration

(Mois)

/

(Année)

Signature du titulaire de la carte

Postez ce formulaire de don et votre chèque au Groupe communautaire L'Itinéraire : 2103, Sainte-Catherine Est, 3e étage, Montréal (Québec) H2K 2H9. Pour toutes questions, contactez-nous au 514-597-0238 poste 246.

Dons et abonnement disponibles en ligne au www.itineraire.ca


éDitorial

Ô temps, suspends ta course folle Combien de temps mettrez-vous à lire ce billet éditorial? Combien d'entre vous vont lire l'exergue en gros caractères pour se dire «je le lirai au complet plus tard». Parce que pas maintenant, pas le temps, trop pressé, trop de priorités. Aujourd'hui, ce cher Lamartine, en contemplant son ineffable Lac, ne pourrait plus écrire simplement «ô temps, suspends ton vol», il écrirait plutôt «suspends ton vol supersonique»... Sylvain-clauDe Filion | Éditeur aux contenus

N

otre vie de tous les jours est segmentée en une succession de comptes à rebours : 30 secondes avant les informations télévisées, 10 secondes avant de pouvoir regarder la vidéo, 40 secondes avant la prochaine partie sur Facebook. On ne mesure plus le temps en jours ou en heures, mais en secondes. Nous élevons des enfants qui ont des agendas de ministres, nous courons du matin au soir et la nuit venue, on dort mal parce qu'on a peur d'avoir oublié quelque chose ou - pire - on a peur à l'avance d'oublier quelque chose le lendemain. Il y a 100 ans, l'humain dormait en moyenne neuf heures par jour. Selon un rapport publié par l'Insee en 2012, le Français moyen dort maintenant 7 heures 11 minutes par nuit. Quelques-unes de plus ici selon une étude réalisée par Le plaisir de vivre Statistique Canada en 2005. Ce rapport nous apprend aussi que les employés à est peu à peu temps plein stressés par leur travail dorremplacé par le ment une demi-heure de moins que la nationale. besoin d'être hyper moyenne L'ère industrielle nous a donné des vies efficace et partout plus remplies et des moyens d'exécution plus rapides, mais l'ère technologique a en même temps. dopé le rythme auquel nous vivons. Il y a eu les amphétamines et la coke pour nous faire aller plus vite, puis les boissons énergisantes, et en mai dernier, aux États-Unis, une 18e personne est morte d'une surdose de caféine pure. Au rythme où ça va, on va bientôt sniffer du café moulu pour que le rush soit instantané.

Pourquoi court-on?

Pour être plus productifs. Pour répondre aux diktats de l'industrie qui a pour unique aune sa marge de profits. Les

coupes dans le personnel, à tous les niveaux, sont de plus en plus massives. On a vu le printemps dernier que plusieurs compagnies de télémarketing vont jusqu'à chronométrer le temps que leurs employés utilisent lorsqu'ils vont aux toilettes. Comment recevoir la nouvelle que le Japon vient de créer des robots à apparence humaine? Des replicants, comme dans Blade Runner. Qui en profitera? Ni vous, ni moi. On peut plutôt s'attendre à encore plus de mises à pied, encore plus de dépossédés de leur travail et en bout de ligne, encore plus de pauvreté. Et la technologie, qui a déjà largement envahi nos vies, nous engourdit avec les blandices de ses vices visqueux qui s'infiltrent en nous comme le plus suave des poisons. Cet urgent besoin de conquérir l'ubiquité. À une heure du matin, une personne sur dix ne dort pas, «occupée» à se divertir, probablement sur un ordinateur. Le plaisir de vivre est peu à peu remplacé par le besoin d'être hyper efficace et partout en même temps. Tout comme la technologie, le temps nous asservit. Et qui contrôle le temps, contrôle ses semblables. Quelqu'un a-t-il remarqué que les empires financiers d'aujourd'hui sont d'abord les nouveaux dieux de la technologie et des télécommunications? Du divertissement et de la consommation rapide? Une poignée de multimilliardaires joue aux osselets avec l'Humanité. Comment renverser la vapeur? Comment retrouver le temps d'être? Il est impératif de se déconnecter, de nous rebrancher sur nous-mêmes, de rebooter notre âme. Après, seulement, on pourra réaliser une nécessaire révolution sociale. Sinon, je crains qu'à force de courir sans répit à une aussi frénétique cadence, notre destin collectif est de foncer vers un mur. sylvain-claude.filion@itineraire.ca

1er août 2014 | ITINERAIRE.CA

7


ronD-Point

Par aDil boukinD, éric GoDin, laurence laPlante et marie-liSe rouSSeau

queStionS À

le bonheur est au costa rica Vous cherchez le pays où l'on est le plus heureux sur Terre? Vous n'êtes pas au bon endroit. Le Costa Rica vient d'être déclaré pays le plus heureux du monde par l'organisation Happy Planet Index grâce à sa faible empreinte écologique et sa lutte contre les inégalités. En plus, il y fait chaud à longueur d'année! (AB)

100

e

anniversaire du club rotary Une plaque commémorative a été inaugurée le 18 juillet dans le Vieux-Montréal pour célébrer le 100e anniversaire du Club Rotary, une organisation dédiée au développement social. Pour l'occasion, des dons majeurs ont été remis à La rue des Femmes et à la Fondation SOPAR. (MLR)

michel venne

Directeur général de l'Institut du Nouveau Monde (INM) Par aDil boukinD

qu'est-ce que l'école d'été de l'inm?

C'est une activité qui dure trois jours où près de 400 jeunes se réunissent pour acquérir des connaissances et des compétences en matière de responsabilité citoyenne. Cette année, l'événement fête sa onzième année et se tiendra du 13 au 16 août.

en quoi consiste cette école?

Durant ces quelques jours, les jeunes ont la chance d'assister à des conférences, des tables rondes, des ateliers de formation et à la présentation de nouvelles idées. À la fin, tous les participants sont invités à prendre la parole et à exposer leurs idées. À cela s'ajoute des rencontres avec des personnalités publiques qui viennent partager leur expérience. Les conversations sont souvent liées à l'actualité. La participation est le sujet transversal. On apprend essentiellement à prendre des initiatives. On l'aborde sous différent angles : environnement, entreprenariat, syndicalisme, politique gouvernementale, engagement social, etc.

qu'est-ce qui différencie cette édition des précédentes?

Chaque année, un thème prédomine. Pour cette édition, on se concentre sur la voix publique et la nécessité de s'exprimer sur la place publique. Le but est d'encourager les jeunes à sortir de chez eux pour s'exprimer et mettre de l'avant leurs idées. Cette école est, pour chaque participant, une source de motivation et une occasion de rencontrer du monde. C'est très motivant. Ça donne le goût de s'investir en faveur d'un avenir meilleur.

le nombre 8

ITINERAIRE.CA | 1er août 2014


GODIN DANS LA RUE

Placotage sur le Plateau Le Plateau-Mont-Royal crée de nouveaux espaces publics. L'arrondissement à récemment inauguré son premier placottoir. Aménagés devant des commerces, ces terrasses, ouvertes à tous, sont réservées à la détente et au placotage. Aucune vente n'y est permise. Si on en compte qu'un seul pour l'instant, plusieurs placottoirs devraient voir le jour dans un futur proche. (LL)

camps verts Il n'est jamais trop tôt pour se conscientiser à l'environnement. Cet été, les bouts de choux de 37 camps de jour vivent le programme Un camp zéro déchet à Montréal. On y encourage des enfants de tous âges à respecter l'environnement, à pratiquer le compostage et le recyclage. Ce programme, présent depuis huit ans, inaugure cet été un projet pilote dans deux de ces camps : offrir aux enfants des boîtes à lunch écologiques afin de réduire le gaspillage. (LL)

(Source : Y des femmes)

visages de montréal Les camelots Gaétan Prince, Daniel Grady et André Desrochers font partie des Montréalais qui se sont fait croquer le portrait par un des photographes de Portraits de Montréal. Leur mission? Aller à la rencontre des Montréalais pour raconter leur histoire. (MLR)

3/4 des femmes fréquentant les refuges au canada ont été victimes d'abus.

portraitsdemontreal.com

1er août 2014 | ITINERAIRE.CA

9


ronD-Point international bréSil | coca-cola montrée du doigt

Au Brésil, les tensions liées aux délocalisations des populations autochtones se sont aggravées. Coca-Cola s'est récemment trouvée au cœur d'une controverse. La compagnie aurait acheté du sucre du géant agroalimentaire Bunge qui a exproprié des communautés indigènes en Amazonie. Selon une étude réalisée par 23 universités, dont l'Université de Barcelone, le Brésil serait le deuxième pays ayant rencontré le plus de conflits liés à l'environnement. La majorité de ces conflits seraient liés à la gestion du territoire, car l'expulsion des autochtones demeure monnaie couphoto : hecho en Buenos aires rante. (Hecho en Buenos Aires)

lybie | vestiges profanés

Quand les chats sont partis, les souris dansent. En Lybie, des gravures rupestres datant de la préhistoire ont été vandalisées dans une région au sud du Sahara. La montagne Tradart Acacus, regorgeant de gravures d'animaux et classée au patrimoine mondial par l'UNESCO, semble avoir été la plus touchée. La destruction a débuté en 2009, mais s'est accentuée depuis la chute du régime de Khadafi en 2011. Cette zone est particulièrement vulnérable aux pilleurs.(Reuters) photo: reuters/aiMen eLsahLi

aFGHaniStan | une guerre tribale

Les forces anglaises ont-elles rencontré de véritables talibans dans la province de l'Helmand en Afghanistan? Le capitaine de l'armée britannique Mike Martin croit que non. Les forces armées de Sa Majesté faisaient plutôt face à des tribus qui les ont instrumentalisées. C'est la conclusion à laquelle arrive le vétéran dans son livre An intimate war : An oral history of the Helmand Conflict. Il résume un rapport commandé par l'armée anglaise qui désavoue pourtant l'auteur. (The Big Issue UK) photo: reuters/ahMaD MasooD

auStralie | vieilles dames abandonnées

Des coupes de 44 millions dans l'aide à l'itinérance ont été annoncées par le ministre australien de la sécurité sociale. Ces coupes toucheraient particulièrement les femmes âgées qui ont grossi les rangs des personnes itinérantes ces dernières années. L'inéquité salariale, couplée avec des divorces à la hausse, expliquerait l'augmentation. Pour endiguer le phénomène, la professeure Eileen Webb, de l'université d'Australie-Occidentale, propose de rendre le logement plus accessible. (The Conversation) PHOTO : REUTERS/DaViD GraY

L'Itinéraire est membre du International Network of Street Papers (Réseau International des Journaux de Rue - INSP). Le réseau apporte son soutien à plus de 120 journaux de rue dans 40 pays sur six continents. Plus de 200 000 sans-abri ont vu leur vie changer grâce à la vente de journaux de rue. Le contenu de ces pages nous a été relayé par nos collègues à travers le monde. Pour en savoir plus, visitez www.street-papers.org.

10

ITINERAIRE.CA | 1er août 2014


ianik marcil

Ça presse Avoir un enfant avant qu'il ne soit trop tard. Faire le marathon avant d'être trop vieux. Avoir visité Rome, Bucarest et la Thaïlande pendant qu'on a la forme. Économiser le plus tôt possible pour ne pas se retrouver fort dépourvu quand la bise sera venue. Voir Aznavour avant qu'il ne meure. Ça presse. ianik marcil | Économiste indépendant

L

a vie moderne nous presse de toutes parts, aux sens littéral et figuré. Être pressé est la condition de l'Homme contemporain, alors qu'il se fait presser comme un citron par la marche du temps et les possibilités d'expériences démultipliées. En réalité, cela n'est pas caractéristique de la modernité, mais bien de notre richesse. Nos grands-pères et grands-mères avaient peu de loisirs entre les travaux agricoles ou la vie ou­vrière et les exigences multiples du quotidien des familles nombreuses. L'essor de la classe moyenne après la Deuxième Guerre mondiale a permis à une vaste majorité d'entre nous de bénéficier de temps de loisirs multiples. Grâce aux luttes sociales, héritières de celles du XIXe siècle, nous bénéficions de congés parentaux, de CPE, de vacances plus longues, de conditions de travail physiquement moins dangereuses et moins éreintantes et de technologies diverses, qui rendent nos vies plus agréables. Paradoxalement, cette même classe moyenne dont nous faisons partie, se fait bombarder par mille ateliers de gestion du temps et du stress. Elle s'épuise dans les embouteillages des heures de pointe et par mille activités familiales qu'elle se sent obligée d'accomplir, parce que les voisins le font. Nous voilà donc coincés, pressés, par le chronomètre qui nous aliène. L'horloge a été inventée avant tout pour mesurer le temps de travail. En plein Moyen Âge, au XIIIe siècle, apparaissent les horloges publiques. Enfin ! le Temps pouvait être mesuré. C'est-à-dire que les détenteurs de pouvoir pouvaient contrôler le rythme de la vie sociale auquel nous sommes asservis.

Dans un très beau livre, le sociologue allemand Hartmut Rosa, Aliénation et accélération, montre à quel point notre vie moderne est soumise à l'accélération. Le temps vécu se compresse, nous nous «approprions» de moins en moins le temps. Il nous est extérieur. La véritable révolution sociale sera peut-être celle contre l'horloge et le chronomètre. Celle de la langueur contre toutes ces pressions qui nous accablent et nous rendent malheureux. Le Droit à la paresse de Paul Lafargue (1880) contre la fureur du La véritable monde, en somme. J'ai un petit potager en pots révolution sociale sur mon balcon. Les yeux encore collés de sommeil, je vais sera peut-être celle voir, impatient (ah! l'urgence du contre l'horloge et temps!), sa croissance tous les matins. Je suis moderne, je suis le chronomètre riche d'épisodes d'expérience, pour reprendre les mots du philosophe Walter Benjamin, mais bien pauvre d'expériences vécues, à part ce potager. Car je cours, comme vous. Je surveille mon Face­ book et mon Twitter, question de savoir si, dans les six dernières minutes on ne m'a pas signalé une publication. J'essaie de me faire croire qu'il y a un temps pour le temps en observant mon potager, mais j'aimerais tant accomplir avant qu'il ne soit trop tard... Ça presse.

1er août 2014 | ITINERAIRE.CA

11


rencontre

«Notre façon de vivre, d'interagir, nos malaises, nos forces, nos faiblesses, nos maladresses... tout ça m'intéresse!» 12

ITINERAIRE.CA | 1er août 2014


StéPHane laFleur

L

cinéaSte PaS D'caSque

a canicule avait duré près de cinq jours; Dans Continental, on tournait autour de qua­ Son petit dernier, Tu ce matin gris et venteux du début de tre personnages, En terrains connus, de deux, dors Nicole, a créé juillet était attendu avec impatience. Le et là tout se passe autour de Nicole... Donc, le un véritable buzz café où Stéphane Lafleur nous donne ren- prochain va être sur une chaise!», plaisante-t-il. est plein à craquer. Nous essuyons Plus sérieusement, Tu dors Nicole rejoint ses au dernier Festival dez-vous les gouttes de pluie tombées sur la terrasse précédents films en brossant le portrait du de Cannes. Ses pour s'asseoir sur le côté de la rue Henri-Ju- quotidien dans toutes ses subtilités. Cette deux précédents lien, dans Villeray, quartier où réside l'artiste. fois, il explore un créneau d'âge plus jeune, le Le quotidien de Stéphane Lafleur a ralenti début vingtaine. «J'avais envie de m'intéresser à films, Continental, depuis son retour de Cannes, où son plus cet entre­deux de la vie où les premières expéri­ un film sans fusil et récent film, Tu dors Nicole, a connu un franc ences de l'adolescence sont passées, mais où on à la Quinzaine des réalisateurs. «Aus­ n'est pas tout à fait dans la vie adulte», expliEn terrains connus, succès sitôt que tu annonces que ton film va être à que le cinéaste dans la fin trentaine. ont été remarqués Cannes, on dirait que le téléphone se met à son­ Stéphane Lafleur qualifie cette période de respectivement à la ner», raconte-t-il, reconnaissant que ses films flou artistique de la vie. Est-ce par nostalgie voyagent autant. qu'il s'est plongé dans cet univers tourné en Mostra de Venise et à la Même s'il l'admet, donner des entrevues n'est noir et blanc? «Ce n'est pas tant une nostalgie Berlinale. En parallèle, pas l'aspect de son métier qu'il préfère. «C'est de cet âge là, que de notre rapport à l'été à cet d'attention sur moi pendant un laps de âge, affirme-t-il. J'ai un rapport amour­haine son groupe de musique beaucoup temps très court, où je ne fais que me répéter et avec ce sentiment, car à force de trop regarder Avec pas d'casque a le parler de moi... Comme là, je vais partir d'ici et en arrière, on ne profite pas de ce qui est là et vent dans les voiles, au je ne saurai rien sur toi!», exprime-t-il au bout devant soi, mais je ne peux pas nier qu'il y en a d'une trentaine de minutes de conversation. une grosse part dans ce film.» point où il devient de À l'avant plan lorsqu'il chante et gratte sa L'absence de couleur donne un caractère inplus en plus difficile de guitare sur scène dans son groupe, Stéphane temporel à ce long métrage. «Je voulais laisser concilier son horaire – Lafleur demeure beaucoup plus à l'aise dans place au sentiment d'avoir cet âge plutôt que de l'ombre que sous les projecteurs. Ce trait de prétendre faire un film sur les jeunes en 2014.» «beau problème», personnalité transparaît dans ses films, idenreconnaît-il. On dirait tifiables par leur tempo lent et leurs histoires l'angoisse d'exister Le cinéaste décrit ses personnages comme que tout ce que touche douces-amères. des gens figés, qui ont de la difficulté à bouger. Stéphane Lafleur se tu dors nicole «J'essaie de leur dire de vivre maintenant. Je les in­ Tu dors Nicole ne fait pas exception à la rècite à l'action, peu importe laquelle. Il y a beaucoup transforme en succès gle. Situé dans un décor de banlieue aisée, il d'espoir là dedans», décrit-il, mentionnant avoir critique. Derrière les présente Nicole, 22 ans, qui passe l'été dans beaucoup d'empathie pour ses personnages. éloges, se cache un la maison familiale avec sa meilleure amie. En Lafleur est un fin observateur des comdes parents, le foyer est pris d'assaut portements humains. «Notre façon de vivre, créateur discret et l'absence par son frère et son groupe de musique qui y d'interagir, nos malaises, nos forces, nos faibles­ introverti, habité par les établissent leur studio d'enregistrement. Leur ses, nos maladresses... tout ça m'intéresse!» Il grandes questions présence vient ébranler la relation entre les a le don de décrire et de montrer le mal de deux filles, ce qui aggravera la tourmente et vivre qui accable une grande partie d'entre de la vie. l'insomnie de Nicole. nous. «Ça revient toujours à la même affaire : Par marie-liSe rouSSeau PHOTOS : MADOC

Où le cinéaste situe-t-il ce troisième long métrage dans son parcours? «On dirait que de film en film, j'essaie de me concentrer sur de moins en moins de personnages, observe-t-il.

comment on se démène dans un concept aussi absurde que la vie, sachant qu'il y a une finalité. En prenant du recul, on se rend compte qu'il y a beaucoup de futilité dans ce qu'on fait. En

1er août 2014 | ITINERAIRE.CA

13


même temps, il faut s'y engager, car ça nous prend un but... Je baigne dans les grandes ques­ tions!», finit-il par dire avec le sourire. Ces grandes questions sont récurrentes au long de notre rencontre. «C'est une obses­ sion. Plus je vieillis, plus ça prend de la place. C'est lourd!, dit-il en échappant un petit rire. Je n'arrive pas à faire abstraction de ça : pourquoi je me démène à faire ce que je fais, qu'est­ce que ça donne au final?» Ces questions existentielles se retrouvent non seulement dans ses films, mais aussi dans son œuvre musicale et dans le livre illustré Mon ami Bao (La Pastèque), dont il signe le texte et qui porte sur la dépression d'un proche. Quand on lui demande si ce sujet vient le chercher, Stéphane Lafleur pouffe de rire, puis réfléchit un moment. «C'est surtout le sentiment d'impuissance, soutient-il. On con­ naît tous des amis pour qui il n'y a plus de mots pour leur faire voir le bon côté des choses.» L'artiste reconnait revenir souvent aux mêmes thèmes. «C'est peut­être thérapeu­ tique!, lance-t-il mi-figue, mi-raisin. Je ne suis pas la personne la plus optimiste, mais j'essaie de l'être dans ce que je fais. Souvent, j'ai ten­ dance à voir le verre à moitié vide, mais je tra­ vaille à le remplir un peu pour me donner une chance. Cela dit, je ne suis pas quelqu'un de déprimé, mais je pense que c'est un exutoire, tant en cinéma qu'en musique...», déclare le rouquin avec un sourire timide.

Humour, fantaisie et liberté

Tout ça semble bien lourd, mais il reste qu'on rit un bon coup en regardant Tu dors Nicole.

14

ITINERAIRE.CA | 1er août 2014

Stéphane Lafleur voit le comique dans les situations banales du quotidien. Ajoutez à cela une touche de fantaisie et vous aurez un film unique en son genre. «J'aime ajouter une touche de magie au réalisme, ça contraste avec la monotonie du quotidien.» Sans révéler l'élément fantaisiste – et complètement décalé! – qu'on retrouve dans son nouveau long métrage, on pense à l'homme du futur dans En terrains connus qui débarque dans la vie des personnages. «Ce sont des présences qui permettent au film d'aller dans d'autres direc­ tions et qui stimulent l'imaginaire du spectateur. Je trouve qu'on n'en a pas assez dans le monde dans lequel on vit», commente le cinéaste. Stéphane Lafleur travaille dans différents domaines artistiques en toute liberté. Refusant de se définir – «c'est toi qui es pognée pour le faire dans ton article!», dit-il en rigolant –, on peut le qualifier d'électron libre. Se sentant privilégié de bénéficier d'une aussi grande liberté, il se surprend d'autant plus du succès d'Avec pas d'casque. «Ça fait 10 ans qu'on joue ensemble pour le fun. Je ne pensais jamais que des gens connaîtraient mieux ma musique que mes films.» Ses projets après la promotion de Tu dors Ni­ cole? «Faudrait que je peinture la clôture chez nous!» Du côté professionnel, il y aura beaucoup d'écriture, notamment de chansons et de scénarios. Il adaptera le roman Baldam l'improbable (Quartanier) pour un collègue cinéaste. Peu importe le médium, les créations de ce touche-à-tout ont ceci en commun : «Elles passent par mon filtre à moi, c'est un peu mon Brita personnel!»

la fois où Stéphane lafleur s'est senti le plus démuni «En voyage, dans un pays où on ne connaît pas la langue, où on est perdu... On n'est plus du tout dans sa zone de confort! Avec les films, je me promène pas mal. Je me suis senti dé­ muni en Chine, perdu dans un taxi avec un chauffeur qui ne connaissait pas son chemin, j'étais incapable de communiquer... Au­delà de ça, quand on est proche de quelqu'un qui vit quelque chose de très difficile... Je pense que c'est ça le moment où on se sent le plus démuni. On voudrait être un super héros et avoir des pouvoirs. Je pense que l'impuissance est ce qui rend le plus démuni.»

cinéaste de la lenteur Notre grand dossier de cette édition porte sur la lenteur et les films de Stéphane Lafleur sont reconnus pour leur tempo adagio. Nous lui avons demandé ce qu'évoque ce sujet chez lui. «Je trouve ça très actuel. C'est fou comme on a de plus en plus de misère à re­ garder un film de 1h30 d'une traite, alors qu'on est capable de se taper quatre épisodes d'une série télé de suite. Notre rapport au temps est un peu chamboulé. Ce qui est bien du cinéma en salles, c'est qu'il oblige à tout éteindre, à se concentrer entièrement sur le film.»

Tu dors Nicole

À l'affiche dès le 22 août


Saison creuse pour les banques alimentaires L'été est souvent associé à l'abondance et à la diversité des récoltes. Pour les banques alimentaires, la réalité est toute autre; l'arrivée de la belle saison représente généralement une période difficile. Par Anne Frédérique Hébert-Dolbec

D

«

ans les quatre dernières années, j'ai constaté que les difficultés sont liées aux changements de saisons, explique Danny Michaud, directeur général de Moisson Montréal. Du côté des fruits et légumes, en hiver, on reçoit beaucoup de produits frais qui viennent d'ailleurs. L'été, il y a une transition vers les produits locaux. Les deux der­ niers printemps, par exemple, ont été extrêmement tardifs. Ça ralentit le processus de transition et ça cause quelques semaines de creux.» En été, le contenu de l'assiette change en entier, tout comme celui des supermarchés. On passe de la nourriture réconfortante - le riz, les pâtes, les soupes et les sauces - aux produits frais et aux grillades, difficilement récupérables dans les épiceries.

du cosmétique, entre autres. Des produits qui ont atteint leur date de pé­ remption sont retirés chaque jour des comptoirs et disposés immédiate­ ment au congélateur», souligne Danny Michaud. Progressivement, ces initiatives changent les mentalités, se réjouit le directeur général de Moisson Montréal. «Tous nos programmes fonctionnent encore mieux que l'on prévoyait. La culture des détail­ lants en alimentation est en voie de changer, notamment en ce qui concerne les produits périssables, et c'est une excellente nouvelle.» Un pas en avant considérable pour les banques alimentaires, mais aussi pour la lutte au gaspillage!

Des solutions

Pour remédier à la situation, Moisson Montréal travaille actuellement sur un projet de transformation alimentaire. Les excédents de fruits et de légumes reçus pendant la période plus abondante sont congelés pour être servis en saison creuse. L'organisme a aussi une entente avec plusieurs supermarchés pour récupérer les viandes et les grillades. «La congélation permet de récu­ pérer des centaines de tonnes d'aliments qui prenaient jusqu'ici le chemin des poubelles ou étaient transformées pour être revendues à l'industrie

1er août 2014 | ITINERAIRE.CA

15


RA LEN TIS SEZ! Au moment de mettre ce dossier en pages, nous sommes tous à la course : il faut assurer les suivis auprès des collaborateurs, corriger les textes des stagiaires, accomplir les tâches d'un collègue en vacances, compléter la recherche de visuels et écrire à la dernière minute un encadré manquant. Entre le travail, les amis, la famille, on a l'impression de toujours manquer de temps. Conséquences : stress, fatigue, essoufflement... «Ralentissez!», implorent les adeptes du mouvement Slow, une tendance internationale qui prend de l'ampleur. Premier défi : prendre le temps de lire ce dossier au complet.

16

ITINERAIRE.CA | 1er août 2014


t

en

e

pp ili

ur a L St

s-ph

i ou :L

ns

tio ra

t us l il

1er ao没t 2014 | ITINERAIRE.CA

17


le mouvement Slow ou la nécessité de ralentir

«C'est l'idée qu'il faut trouver la bonne vitesse pour chaque moment. Il s'agit de trouver l'équilibre entre le lièvre et la tortue.»

Les paresseux ont joué avec notre patience. Les médias étaient d'abord invités au dévoilement de l'installation Les lents de nature au Biodôme le 5 juin dernier. Il aura fallu attendre deux semaines de plus pour que les mammifères arboricoles aux longs poils et au museau sympathique soient acclimatés à leur nouvel environnement et prêts à nous recevoir. Nous avons dû suivre leur rythme, celui de la lenteur. Par marie-liSe rouSSeau

E

«

n 2014, dépêchez-vous de ralentir», invite le programme estival d'Espace pour la vie. Conçu par l'artiste Marie-Claire Lagacé, Les lents de nature est un parcours en cinq temps qui invite le visiteur à diminuer la cadence et à s'adapter au tempo des paresseux. «La philosophie complète du projet s'inscrit dans le mouvement Slow», atteste l'artiste rencontrée au Biodôme. Lieu habituellement grouillant de monde, il émane le calme depuis que les paresseux y ont pris leurs aises. Tout a été pensé pour favoriser la détente : de grands coussins disposés tout autour de l'installation invitent à se prélasser en écoutant la musique apaisante qui sort des haut-parleurs. «C'est la première fois de ma carrière que je suis forcée de ralentir, c'est un très grand défi!, reconnaît Marie-Claire Lagacé. J'ai passé beaucoup de temps à m'asseoir dans la salle du Biodôme pour en prendre l'ampleur. Je ne l'avais jamais fait, même si ce n'est pas ma première exposition ici.»

la piqûre de la lenteur

L'artiste a eu la piqûre de la lenteur en montant cette installation. Et elle n'est pas la seule. Le mouvement Slow, né en Italie avec le Slow Food en 1986, fait de plus en plus de petits. Son leitmotiv? Cesser de courir contre la montre, prendre le temps nécessaire pour chaque chose et surtout, ne plus être esclave de la vitesse exigée par notre société de performance. Bref, vivre à son propre tempo giusto. Le mouvement Slow se décline dans tous les aspects de la vie : Slow Food, Slow Wine, Slow Travel, Slow Sex... (voir encadré Slow Toutte) «Le Slow s'applique à n'importe quoi. C'est l'idée de faire une activité avec un autre esprit», explique en entrevue Carl Honoré, auteur du best-seller Éloge de la lenteur, véritable spécialiste de ce mouvement. Même le milieu de la mode, reconnu pour ses cycles de tendances éphémères, a son Slow Fashion, qui remet en question ce rythme effréné.

Pourquoi ralentir?

La vitesse est associée au progrès, à l'avenir, à la modernité. Alors pourquoi un mouvement qui nous incite à ralentir? Pour réellement profiter de la vie, pour sa santé mentale et physique, son bien-être personnel ainsi que celui de la planète. La vie est courte et, contrairement à ce qu'on essaie de se faire croire, elle n'est pas éternelle. «Moi qui est arrivée à la cinquantaine, je sens qu'il y a une date de tombée à notre vie, exprime Clémence Boucher, fondatrice de la Journée internationale de la lenteur. La société profite de ça pour nous pousser à toujours consommer, être plus efficace et aller plus vite.»

18

ITINERAIRE.CA | 1er août 2014

Carl Honoré, auteur d'Éloge de la lenteur

Mais à tout faire toujours plus vite, on met à profit la quantité au détriment de la qualité. «Surtout dans les relations humaines : en amour, en amitié ou en famille, ce sont des choses qui ont leur rythme propre», explique Carl Honoré, joint par téléphone chez lui, en Angleterre. Selon Serge Mongeau, auteur, éditeur et père de la simplicité volontaire au Québec, notre productivité sans cesse croissante avec les nouvelles technologies n'a pas servi à nous libérer du temps. «Ça a servi à enrichir ceux qui nous engagent», dénonce-t-il. Résultat : on a l'impression d'effleurer la vie plutôt que de la vivre. «Ce n'est pas une façon de vivre sainement!, s'indigne-til. Selon lui, la simplicité volontaire chemine dans la même direction que le mouvement Slow. «Si on veut apprécier la vie, il faut avoir le temps de réfléchir, le temps de la vivre.»


DoSSier

«C'est être capable, à tout moment de la journée, de s'écouter davantage.»

ralentir rend plus productif

Vous avez bien lu! Parmi les bienfaits du ralentissement, on retrouve la productivité en plus de la créativité, des valeurs chères aux employeurs. Des grandes entreprises comme Google et Microsoft l'ont compris et commencent à appliquer les principes du mouvement Slow, en offrant par exemple des salles de méditation ou encore des horaires plus flexibles à leurs employés. «Même le milieu de la finance commence à ralentir», se réjouit Carl Honoré, précisant que cela aurait été impensable il y a quelques années. L'auteur et conférencier voit cette ouverture comme un cheval de Troie. «On arrive avec ce cadeau qui peut améliorer la produc­ tivité des entreprises, mais en dedans, le vrai message est que l'être humain est fait pour autre chose qu'être une machine à productivité.» Ralentir rend plus efficace au travail, mais peut être angoissant sur le plan personnel. «Une fois que les gens ralentissent, ils commencent à se poser de grandes ques­ tions», explique Carl Honoré. Lorsqu'on a passé le plus clair de son temps de vie à courir contre la montre, le face à face avec soi-même est déstabilisant. D'où l'importance de prendre son temps... pour ralentir! «Ça prend du temps retrouver le contact avec soi­même, il faut laisser passer des heures, des jours, des semaines... C'est une longue réflexion», poursuit le journaliste.

trouver sa tortue intérieure

Pas facile de ralentir! Parlez-en à Clémence Boucher, qui a démarré la Journée internationale de la lenteur en 2001. «À l'époque, j'étais mère de trois ados et je finissais un BAC. J'étais continuellement sur la go!» Pour un cours en communication, elle devait monter un projet. L'idée d'une journée de la lenteur lui est venue. «Parce que j'en avais vraiment besoin!», lance-t-elle en riant, attablée au Café L'Itinéraire.

Marie-Claire Lagacé, conceptrice de l'installation Les lents de nature au Biodôme

Depuis, tous ses 21 juin sont consacrés à une seule chose : regarder le temps passer lors de la journée la plus longue de l'année. Aujourd'hui, elle se sent mieux et sa sérénité est palpable. Des ateliers de méditation et la fasciathérapie l'ont grandement aidée à retrouver son tempo. «Je ne suis plus la même», assure-t-elle. Dans Éloge de la lenteur, Carl Honoré explore différentes approches pour incorporer la lenteur à son quotidien. Il suggère de commencer par de petits pas, comme éteindre les appareils technologiques pendant un certain temps avant d'aller au lit, laisser tomber une activité par semaine à son agenda ou encore incorporer une activité lente à son quotidien, comme le yoga ou la méditation. À force de baigner dans le sujet, il est devenu un apôtre de la lenteur. «J'ai un avant et un après très clair. Avant, je courais tout le temps, j'étais stressé, chaque moment de ma vie était une course contre la montre. Aujourd'hui, c'est tout le contraire. Je dis non à beaucoup de choses ­ ce que je ne faisais jamais avant ­ et j'ai changé mon rapport à la technologie.» Sans prétendre que ralentir garantit une bonne santé, Serge Mongeau, assure être en excellente forme grâce à son mode de vie plus lent. À 77 ans, il s'entraîne pour le demi-marathon de Montréal en novembre prochain, et exerce tous ses déplacements à vélo en plus de manger sainement. «Et je ne vois pas de médecin, car je

19


Slow toutte suis toujours en bonne forme!», se réjouit-il, ajoutant que «nos maladies sont des maladies de civilisation causées par la surconsommation».

la révolution de la lenteur

Malgré les avancées, il existe un tabou très fort contre la lenteur. Clémence Boucher l'a constaté lors d'une recherche Internet du mot «lenteur». «Les premiers résultats m'amenaient à des sites traitant de la lenteur des procédures juridiques», ditelle. Le mot a une connotation négative, devenu synonyme de paresse et d'anti-modernité. Comment mettre fin à ce tabou? En en parlant, suggère Carl Honoré. «J'ai expliqué à mes amis et à mes collègues pourquoi je ralentissais et ça a créé une réaction en chaîne, relate-t-il. Je les ai contaminés du virus de la lenteur!» De son côté, Serge Mongeau assume ses choix, quitte à passer pour un marginal. En décidant de ralentir et de vivre plus sobrement, le père de la simplicité volontaire au Québec a trouvé le temps de s'engager socialement et d'agir afin de rendre le monde meilleur. Nous sommes seulement aux balbutiements de la révolution de la lenteur. Carl Honoré compare les débuts actuels du mouvement Slow à ceux de la révolution féministe des années 70. «Il y a une trentaine d'années, on ne prenait pas ce mouvement au sérieux, mais regardez aujourd'hui!, dit-il. On n'a pas encore créé l'égalité, il reste beaucoup à faire, mais en 40 ans, on a quand même changé le monde.» La révolution de la lenteur sera... lente! prévient-il. «C'est la grande ironie de notre époque. On est tellement contaminé par le virus de l'impatience qu'on veut ralentir rapidement, ce qui est complètement absurde, soulève Carl Honoré. Mais il faut entreprendre cette démarche le plus vite possible... Je veux dire le plus tôt possible!»

«C'est donner une qualité à notre vie, pas juste de la quantité.»

Serge Mongeau, père de la simplicité volontaire au Québec

20

ITINERAIRE.CA | 1er août 2014

Le mouvement Slow s'applique littéralement à toutes les sphères de la vie. En voici les principales déclinaisons. Par cHriStoPHe Perron-martel

Slow Food - Première initiative du mouvement Slow. Tout débute en Italie, en 1986, quand Carlo Petrini réagit contre l'implantation de chaînes de restauration rapide dans son pays. Le Slow Food valorise une alimentation saine et locale. (Lisez le manifeste du Slow Food en page 46.) Slow management - C'est une réaction au fast manage­ ment qui fait primer la productivité avant tout dans le monde du travail. Il faut valoriser les employés, les faire participer et impliquer l'entreprise dans le développement social et durable. Slow money - Le capitalisme financier vise à faire du profit rapidement, sans que chacun puisse combler ses besoins de base comme se loger et se nourrir. La finance doit donc se reconnecter sur l'économie dite réelle. Slow art - Le Slow Art a pour principe que l'artiste doit se concentrer uniquement sur l'art et ne doit pas se laisser distraire par les nécessités de la vie quotidienne. Slow city - C'est une façon de concevoir l'urbanisme qui prend en compte le développement durable et la décroissance économique. Quelques critères des villes Slow : être peu bruyantes, non polluantes et favoriser le développement local. Slow travel - Il s'agit d'aller à contre courant du tourisme traditionnel, de prendre le temps d'explorer convenablement les lieux et de rencontrer la population locale, tout en utilisant des moyens de transport non-polluants. Slow Parenting - Au lieu de réagir promptement aux actions de vos enfants, prendre le temps de les interroger et de trouver des solutions avec eux. Les laisser apprendre à se découvrir eux-mêmes. Slow Sex - Remettre en question l'aspect performance et comptable des relations sexuelles modernes. Le mouvement propose aux partenaires de s'éloigner de cette vision et de s'interroger sur quand commence et finit une relation sexuelle.


dossier

Place au iSlow Difficile de comprendre l'émergence du mouvement Slow sans prendre en compte la question du progrès technologique. Il a révolutionné nos vies, pour le meilleur et pour le pire. En bout de ligne, la technologie a-t-elle rendu nos vies plus conviviales ou nous a-t-elle asservis? C'est la question que pose le mouvement Slow Technology. PAR CHRISTOPHE PERRON-MARTEL

L

e mouvement Slow Technology critique la façon dont les médias numériques de masse sont utilisés de nos jours. Loin des promesses qu'ils ont fait miroiter, les iPad, iPhone et autres technologies de ce monde nous auraient asservis plutôt de de nous faire gagner du temps. Voilà pourquoi une réflexion sur les usa­ges des nouvelles technologies s'impose. Quelques inventions ont déjà été élaborées dans cette optique. Par exemple, le designer anglais Hugo Eccles a créé des minuteries pour faire prendre conscience aux usagers du temps qu'ils passent sur Facebook ou Twitter. Il a même conçu un thermostat technologique pour les différentes pièces de la maison. Le salon est un lieu social «chaud», donc les nouvelles technologies peuvent y être utilisées abondamment, mais pas la chambre à coucher, qui est un lieu «glacial». Ces inventions s'inscrivent dans le mouvement Slow Technology, car elles incitent davantage à la réflexion qu'à la consommation de ces technologies.

Mieux profiter du temps

Selon Thierry Bardini, professeur en communications à l'Université de Montréal, l'horloge est la grande innovation de l'époque moderne. Depuis, c'est la capacité à effectuer rapidement une activité qui détermine la pertinence d'une innovation technologique. «Peu importe l'invention, l'important maintenant, c'est la maîtrise du temps, affirme le professeur. On est présent à plusieurs en­ droits simultanément avec nos téléphones, nos courriels et nos répondeurs, mais on oublie que devoir répondre à tous ces stimuli peut devenir fatigant.» À cet égard, il cite plusieurs discussions ayant eues lieu en France au cours des années 2000. Au cœur du débat : les nouvelles technologies et la séparation entre la sphère privée et publique. «Les Français réagissent, notamment pour ne plus travailler les fins de semaine, car les nouvelles technologies les maintiennent en contact per­ manent avec leur lieu de travail», soulève-t-il. Est-ce que couper tous les liens technologiques nous libérerait? «Il faut seulement déterminer quelle place la technologie doit occuper dans nos vies.»

Vincent Guillin, professeur de philosophie à l'UQÀM, porte lui aussi un regard critique sur les récentes avancées technologiques. «Les té­ léphones intelligents sont des produits addictifs et en les achetant, on devient dépendant financière­ ment, déclare-t-il. Les nouvelles technologies peu­ vent mobiliser davantage, on se rejoint plus facile­ ment aussi, mais au niveau de la sociabilité, on est encore en phase d'adaptation.» Jean-Yves Duclos, économiste à l'Université Laval, juge quant à lui qu'il ne peut y avoir de croissance économique sans développement technologique. «C'est le facteur prédominant

«L'utilisation de la technologie, dans un système capitaliste est dangereuse, car elle est toujours basée sur le profit à courtterme, jamais sur une réflexion à long terme.»

Bertrand Schepper, chercheur l'IRIS

21


de la croissance et de la productivité, affirme-t-il d'emblée. Une nouvelle technologie amène une con­ naissance nouvelle qui fait hausser la productivité, ce qui a pour effet d'augmenter les salaires.» La décroissance économique n'est tout simplement pas une option, selon lui. «Quand certaines ressources sont rares, on en trouve d'autres ou bien on trouve une technologie différente pour les utiliser, dit-il. Bien que les questions environnementales soient im­ portantes, on aura toujours besoin de ressources.»

Le progrès face aux défis climatiques

Le progrès technologique ne peut tout régler. Il peut améliorer nos conditions de vie, mais il peut aussi amener une perte d'autonomie, estime Bertrand Schepper, chercheur à l'Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS). «Le progrès peut nous aider à réduire notre consommation d'énergie, mais il peut également nous asservir si on ne maîtrise pas les objets qu'on utilise», soutient-il. Selon lui, la crise climatique engendrée par le progrès à tout prix nous amène à réfléchir sur l'avenir de notre

«On est présent à plusieurs endroits simultanément avec nos téléphones, nos courriels et nos répondeurs, mais on oublie que devoir répondre à tous ces stimuli peut devenir fatigant.» Thierry Bardini, professeur en communications à l'Université de Montréal

planète. «L'utilisation de la technologie, dans un sys­ tème capitaliste est dangereuse, car elle est toujours basée sur le profit à court terme, jamais sur une réfle­ xion à long terme, explique-t-il. Si on continue à con­ sommer à court terme de manière effrénée, on se dirige vers un mur climatique.» Selon lui, la réflexion sur les nouvelles technologies est aussi importante sinon plus que l'efficacité de leur utilisation. Alors comment utiliser les technologies à bon escient? Pierre Morin, porte-parole au Québec de Participaction, un organisme sans but lucratif qui fait la promotion de l'activité physique, avance que l'activité physique rend moins dépendant des objets technologiques. Il juge que la technologie rend les Canadiens plus sédentaires que jamais; il faut donc l'utiliser de manière équilibrée. «La technologie, dans cette optique, nous gruge plus de temps qu'elle nous en sauve car on est toujours en train de mesurer le temps au lieu d'en profiter», dit-il. Bref, il faut savoir prendre du temps pour soi afin de décrocher du rythme effréné qu'engendrent les nouvelles technologies dans nos vies.

Lents de nature Nez à Nez avec Les paresseux au Biodôme 7 juiN au 26 octoBre Billets en ligne : espacepourlavie.ca

VIAU

22

ITINERAIRE.CA | 1er août 2014

espacepourlavie.ca


DoSSier nouvelle tenDance

la tecHno-DétoX Les règles sont simples : pas de téléphone, d'ordinateur, de tablette ou de montre, ni de discussion à propos du travail. Place au yoga, à la marche, aux concours de rire et autres ateliers d'écriture. Bienvenue au Camp Grounded, en Californie, une des premières initiatives à proposer des fins de semaine de détox numérique. L'objectif : se déconnecter complètement pour reconnecter avec soi-même. En d'autres mots, reformater son disque dur. Nous sommes rendus à ce point dépendants de la technologie numérique qu'elle a pris le dessus sur ce qui compte réellement : nos rapports humains. Elle crée une dépendance toxique, qui a des conséquences aussi graves que l'anxiété. De plus en plus de gens ressentent le besoin de décharger tous leurs appareils électroniques le temps de recharger leur âme. Des initiatives semblables sont offertes un peu partout dans le monde. À Dublin, en Irlande, un hôtel confisque tous les gadgets de ses clients le temps de leur séjour. En échange, il leur offre un kit de survie composé d'un jeu de société et d'une carte de la ville. Le Québec n'est pas en reste : l'agence Vayas Voyage offrira une fin de semaine de détox numérique en septembre dans la région de l'Outaouais. De quoi calmer l'urgence de commenter un statut Facebook, de retweeter un lien ou de liker une photo sur Instagram! (MLR)

Slow tv

mode passagère ou retour de balancier? Le rythme frénétique des films et des émissions d'aujourd'hui a-t-il atteint ses limites? Le curieux mouvement Slow TV, apparu il y a cinq ans, a ses adeptes et persiste. Par Sylvain-clauDe Filion

À

l'occasion du 100e anniversaire de la ligne ferroviaire Bergen-Oslo, la chaîne publique NRK a diffusé en direct le périple du train à travers les fabuleux paysages de la campagne norvégienne. Une émission d'une durée de 7 h 16, suivie par 1,2 million de téléspectateurs – le cinquième de la population norvégienne! Dix-mois plus tard, la diffuchaîne norvégienne NRK a diffusé le périple du train sion en direct du voyage du La Bergen-Oslo pendant plus de 7 heures MS Nordnorge, de Bergen à Kirkenes, d'une durée de 134 heures (5 jours et demi!), attire au cumulatif 3,2 millions de curieux. Puis, en novembre 2013, NRK diffuse National Knitting Night, l'historique de la fabrication d'un pull en laine, depuis la tonte du mouton jusqu'au travail des tricoteuses. Si la Slow TV est une façon de faire déjà abordée par le passé, elle est en train de prendre du galon. Appelé téléscargot en France, la tendance est en fait de la téléréalité dans le sens le plus littéral du terme. Ici, en réaction au montage épileptique des séries d'action, on diffuse des images de la vraie vie, en direct.

une invention... qui date des années 60

C'est la chaîne new-yorkaise WPIX qui, la première, aurait diffusé, pendant les heures de la nuit les images d'un feu de foyer en 1966. Idée reprise par Télévision Quatre-Saisons en 1986 (avec images d'un aquarium en été), puis, durant le temps des fêtes l'an dernier, par Illico et Bell Fibe. L'idée de diffuser en temps réel n'est pas nouvelle, mais on assiste à un regain d'intérêt. À l'instar du film L'Arche russe réalisé en 2002 par Alexandre Sokouvov et constitué d'un seul plan-séquence de 96 minutes, il y a une demande pour cette forme plus formelle de téléréalité. Selon Arve Hjelseht, professeur de sociologie à l'Université des sciences et de la technologie de Trondheim, c'est une réponse logique du rythme de vie effréné des sociétés occidentales, «l'occasion de s'asseoir, de relaxer et de contempler quelque chose.» En avril dernier, la chaîne France4 a proposé sa première téléscargot avec Tokyo Reverse, qui montrait le photographe Ludovic Zuili marchant à reculons dans la capitale japonaise pendant un peu plus de neuf heures. Cet été, British Airways propose sur ses vols long-courriers les images du train Bergen-Oslo, afin d'apaiser les voyageurs trop souvent stressés. Et le site de streaming FreeboxTV propose aussi la chaîne Purescreen HD Nature, qui diffuse, sans publicité, une succession de plans fixes de dix minutes tournés dans des lieux naturels. Quelle sera la première chaîne québécoise à nous offrir la Slow TV ?

1er août 2014 | ITINERAIRE.CA

23


PISTE

Pour innover socialement tous ensemble

Dans le cadre de son 20e anniversaire, L’itinéraire a lancé en mai dernier la plateforme web PISTE (Pour Innover Socialement Tous Ensemble) La PISTE a été créée en collaboration avec l’Institut du Nouveau Monde (INM), le Réseau québécois en innovation sociale (RQIS), le Centre de recherches interdisciplinaires en sciences humaines et sociales (CRISES), Imagination For People et le Centre de liaison sur l’intervention et la présention psychosociales (CLIPP).

Décrochez la

Bourse Fondaction en innovation sociale d’une valeur de

5000$ Vous êtes une entreprise située au Québec, déjà en activité et ayant un projet de développement en innovation sociale? Présentez votre candidature avant le 30 septembre 2014. En ligne : www.itineraire.piste.ca Par courriel : bourse.innovationsociale@fondaction.com Par la poste : Fondaction CSN a/s Bourse Innovation sociale 2175, boulevard de Maisonneuve Est, bureau 103 Montréal (Québec) H2K 4S3 Les innovations sociales sont ces idées nouvelles ou oubliées qu’on applique aux défis sociaux d’aujourd’hui. Que ce soit en créant des solutions inventives aux problèmes de l’insécurité alimentaire, la précarité économique, l’isolement social ou tout autre problème touchant l’ensemble de la population, l’innovation sociale contribue à la qualité de vie et au bien-être individuel et collectif.


Les Mots De

CAMELOTS

26

24 heures chrono !

29 cHemin FaiSant

Si peu de tant Par Gilles leblanc

27 HorS PiSte

Pour qui, les pistes cyclables?

Par Jean-marc boiteau

Gilles bĂŠlanger camelot, complexe Desjardins photo: Gopesa paquette


le cŒur

rêves d'azur FranÇoiS GautHier Préposé à la réception

24 heures chrono24!heures à vivre, que

'il ne vous reste que urs proches Si vous appreniez qu t de se retirer avec le en ai sir oi ch ns ai rt ssible. feriez-vous? Ce us normalement po pl le ts en om m rs ie leurs limites et de vivre leurs dern ient pour dépasser ra ite of pr en , ire ra camelots. D'autres, au cont les réponses de nos i ic Vo . ve rê un r ise ou pour réal

bon vivant raoul Joubert ntmorency Camelot, métro Mo

chamJe boirais un peu de s trois rai ge an m pagne. Je ofiterais pr Je . as rep s nt excelle que la ce chaque seconde de ps tem le ur po vie a à m'offrir re. viv à ait ter res qu'il me

Simplicité

la famille avant tout

yveS G. Préposé à la distribution

S'il me restait 24 heures à vi vre, je boirais probablement, comme à tous vois pas trop ce les jours. Je ne que je pourrais faire de différen que d'habitude en si peu de te t mps. Je pense j'essaierais de que retourner en G aspésie ou dans bas du fleuve. le Je me ferais un e bonne bouffe .

Souffrance inutile ricHarD t. Camelot, métro Place-

des-Arts

Si j'apprenais qu'il me res tait 24 heures à vivre, je préférerais mourir tout de suite, plutôt que de vivre encore de la souffrance. Quand tu as souffert tou te ta vie, 24 heures suppléme ntaires, ça ne sert à rien.

26

ITINERAIRE.CA | 1er août 2014

S'il me restait 24 heures à vivre, je prendrais l'avion pour me rendre sur la Côte d'Azur. C'est un rêve qui m'habite depuis qu'un de mes copains a fait un voyage là-bas. Beaucoup de choses m'y attirent : la plage de galets, le casino, la bonne bouffe et bien sûr, les magnifiques Françaises. J'ai vécu 2 ans avec une Bretonne et elle m'a beaucoup appris de la vie. Je me lèverais donc aux aurores et irais prendre un café et des croissants à la terrasse voisine de mon hôtel tout en zieutant la plage pas loin. Par la suite, j'irais me promener sur le boulevard et prendre un petit bain de soleil avant que ce dernier soit trop chaud. Puis, j'irais me baigner et quand il y aurait trop de monde, je remonterais à ma chambre pour faire une petite sieste. Au réveil, je prendrais ma douche et vêtu d'une belle chemise blanche, je me rendrais sur une terrasse pour dîner, comme disent les Français. Ma journée se terminerait au casino où je gagnerais une fortune que je partagerais avec mes amis, vu que je ne pourrais pas en profiter.

réJeanne maSSon Camelot, métro Square-Victoria

J'irais voir ma fille, mes petits-enfants et mon arrière-petite-fille. Je passerais du temps de qualité avec ma famille. Je pense que c'est l'essentiel.

er Je voudrais voir la m n lorr aine Sylvai el Pe tro mé , Camelot

leur annonavec mes enfants. Je Je prendrais contact un dernier je leur demanderais cerais la nouvelle, et mmunauto Co e erais de louer un ne ou au service. Je leur propos tag on m ne au sommet d'u et d'aller ensemble ve au meilleur udrais qu'on se retrou bord de la mer. Je vo tranquillement suite, je regarderais endroit possible. En nd milliseco es. passer les dernières


vivre l'idéal Franck lambert Camelot, métro Frontenac

S'il me restait 24 heures à vivre, je ferais quelque chose que je n'ai jamais fait. Je trouverais une femme, je me marierais et on ferait le tour du monde. Du moins, j'aimerais visiter le plus de pays possible en 24 heures. J'aimerais vraiment enfin rencontrer la femme de ma vie. En plus, je n'ai voyagé qu'une seule fois en dehors du pays. C'était en Europe en 1989. Je rêve de voir plus d'endroits.

Débrouillez-vous!

un homme mé thodique mic Hel marcil e Sainte-Cathe rine/Saint-And

Camelot, angl

Je préparerais mon ments funéraire départ. Je prendrais mes ar ranges. Je ferais me salutations à to proches. Je fera us mes is la paix avec moi-même. Je nerais mes de rnières volont donés, comme un tament. Je suis mini-tesune personne très méthodiqu e.

tuan trieu-HoanG Camelot, métro Henri -Bourassa

J'essaierais de contacter le plus de monde possi ble que j'ai connu dans le pa ssé par tous les moyens qui sont à ma disposition . J'appellerais d'abord ceu x qui m'ont dit qu'ils ne vo ulaient plus jamais me voir, même si ça paraît absurde. Je leur dirais : «Il me reste 24 heures à vivre, déb rouillez­vous!»

testament DeniS bourGeoiS Plongeur

Je ferais mes dernières prières. J'irais visiter mes voisins, mes amis et ma tante pour leur laisser mon héritage. Je leur distribuerais mes biens, plutôt que de tout officialiser avec un notaire et de l'écrire dans un testament. Ensuite, j'irais voir un prêtre. Je me confesserais, je demanderais pardon pour tous mes péchés et je lui demanderais de prier pour moi. Enfin, je dirais mes dernières volontés à ma tante. Je voudrais être incinéré et enterré dans le même cimetière que mes grandsparents, le plus près possible d'eux.

médit ation robe r

Camelo t ménarD t, Mét ro McG ill

Je pens e un mo que j'irais me nastère cloîtrer . Je vie que d j'ai pas méditerais s ans s'en vie sée, su u r la mo r la nt rt pense . Je voudrais q être se qui voyage ue je serais ul. Je m . De to ute faç ieux qu'en o les mo yens d n, je n'ai pas 'y aller .

Dialogue avec Dieu GilleS lebl anc Commis archiviste

e je ne veux . Je lui expliquerais qu eu Di n Bo au s rai rle Je pa ns qui me pousexpliquerais les raiso pas m'en aller, je lui Je lui demanderais is continuer à vivre. mort. C'est sent à croire que je do ind de ne pas cra re la rce fo la er nn do e m t le seul à me aussi de en parler, puisqu'il es ais urr po je i qu à ul le se re quelque chose s essentiel que de fai comprendre. C'est plu dont j'ai toujours t, ou quelque chose j'aime. que je n'ai jamais fai ssi tous les gens que rêvé. J'appellerais au

24 hours left to live Daniel GraDy Camelot, angle Saint-Laurent/des Pins

If I only had 24 hours left to live, I guess I would want a woman by my side. I would also want a case of 24 of beer, but I wouldn't want any drugs. I don't think I would be scared but I would be a little nervous. In a way, maybe, I might be happy knowing that I have peace of mind with the world, and knowing that I am going to heaven. I would have peace of mind with my creator of heaven and earth. I would call all my friends and say: “Have a good life and take care of yourselves!” I guess our journey through life can be cut short, and we have to make the best of it, and accept a short term stay. Life has meaning, so you have to let nature take its course when you're given such a short notice as 24 hours to live. You've got to make the best of it. Love is waiting for you on the other side. If you think that life has been good to you so far, just think of how good it's going to be when you're buried, and then going to paradise. 24 hours wouldn't end my life; it would just be the beginning. The world wouldn't end; the world would just keep going on and on. For some people, maybe they couldn't accept it, 24 hours to live, they might go into shock, or have a heart attack, or a stroke. We have to accept what life brings us and carry on whatever the cause and don't give up on our dreams and ambitions. And love one another the best we can. And remember the only way to that is peace.

1er août 2014 | ITINERAIRE.CA

27


Mots de camelots Le zouf! Benoit Chartier Camelot, IGA place Bercy

Plus jeune, je faisais assez d'argent pour bien vivre. Suite à une peine d'amour, je ne voulais plus m'engager et je rencontrais des femmes dans des clubs. Un jour, j'en invite une chez moi pour souper, pensant que la meilleure façon de guérir cette peine d'amour, c'était de retomber en amour. (Pourtant, je n'ai jamais été le gars d'un soir.) En même temps, une autre amie m'appelle et je lui réponds que je ne peux la recevoir, car je soupe et je sors. Une troisième sonne à ma porte et qui vois-je derrière elle? La copine qui venait justement de me téléphoner. Conclusion : je suis devenu rouge comme une tomate et très mal à l'aise. Quant aux trois filles, elles se sont fâchées contre moi et fières de leur nouvelle amitié féminine, elles m'ont laissé là et sont parties prendre une bière ensemble. Je suis donc resté seul depuis ce temps. Aujourd'hui, je ne me tiens plus dans les clubs, car cet événement m'a donné une leçon.

Maudite détresse psychologique Daniel Richer Camelot, Place Bonaventure

Difficile de voir une personne dans cet état d'esprit et d'humeur. Et encore plus quand c'est ton enfant. Voilà ce que j'ai à vivre. Ma fille dans la trentaine a décidé de tout abandonner: enfants, animaux et maison. N'étant plus une jeunesse, mon énergie s'éteint peu à peu. Malgré tout, mon rôle de père l'emporte. Alors, sachant qu'elle couchait dans son auto et qu'elle avait pris une tangente destructive et dangereuse, j'ai décidé de l'aider en l'invitant dans mon modeste studio. Mon ouverture d'esprit, ma patience et mon amour inconditionnel me font espérer au plus profond de mon cœur une amélioration et un changement majeur de direction. Il semble y avoir un progrès tangible, mais encore fragile. Je rêve de pouvoir goûter et savourer une vie calme et sereine, mais je dois poursuivre ma croisade contre ce mal de l'âme qui afflige mon enfant et réussir coûte que coûte. Je reste optimiste devant l'adversité et je ne baisserai pas les bras.

Une photographe

Ouverture d'une porte Geneviève Bois-Lapointe Camelot, métro Laurier

Depuis mon dernier mot de camelot, plusieurs choses me sont arrivées. J'ai été refusée à l'assurance-emploi et à l'aide sociale. J'ai contacté au moins 20 entreprises et organismes communautaires dans le but de trouver un programme de formation professionnelle rémunéré par Emploi-Québec. Mais j'ai appris que je n'étais pas admissible à plusieurs endroits. Heureusement, une porte s'est ouverte à moi : L'Itinéraire m'a offert de travailler à la distribution des magazines, en après-midi, et je peux donc continuer mes ventes en fin de journée. Mon travail à la distribution me permet de faire connaissance avec plusieurs camelots et de créer des liens avec eux et aussi avec le personnel. Depuis ma venue à Montréal, après de nombreuses démarches auprès de différentes ressources, je peux dire que c'est à L'Itinéraire que je me sens le plus à ma place. Bref, je suis optimiste face à l'avenir.

28

ITINERAIRE.CA | 1er août 2014

Nous avons eu une belle surprise, hier, mon mari et moi, en sortant d'un dépanneur sur l'avenue MontRoyal. Nous avons rencontré celle qui nous avait pris en photo à la station D'Iberville en avril 2013. Cela me fit un bien grand plaisir de la revoir, car j'ai gardé un excellent souvenir de cette jeune femme. Ce fut une très belle expérience pour moi, ces prises de photos, un peu partout sur mon point de vente, au restaurant où je vais prendre ma pause, en avant du dépanneur et bien sûr à la station D'Iberville en haut et aussi en bas. Je peux dire qu'elle a beaucoup de talent en tant que photographe et une très belle attitude envers les gens; une approche très délicate et aussi très sociable. J'ai bien aimé être en sa présence. C'est madame Ariane Clément.

photo: Laurence Boucher

Gisèle Nadeau Camelot, métros Jarry et D'Iberville


cHemin FaiSant

Si peu de tant Comment ignorer la douleur des gens, le besoin d'amour et de reconnaissance? Laisser la détresse les enterrer, avoir raison d'eux? Les écarter du revers de la main, ou encore, les foutre dans l'container? C'est facile lorsque la conscience les ignore. Ils sont de plus en plus nombreux, qu'on les considère ou non. GilleS leblanc | Commis archiviste

› Premier tant... Naître qu'enfant. Petit ou grand, adulte en dedans. Vieux et savant, pas de notre temps. Le concept du chacun pour soi qui découle de l'individualisme amène à considérer l'intérêt personnel comme principal ingrédient à l'origine de toute forme de réussite.

la compassion bon marché, amoindrie ou dépourvue de sentiments, d'émotions. L'habitude de ce genre de relation influence, régente nos vies. Il est vrai d'affirmer que la vie éprouve tout le monde, et que la solution optimale parait être l'empathie. Résultat : une distance émotionnelle s'installe entre l'intervenant et son client.

› Deuxième tant... L'autosatisfaction maintient l'horizon. L'acharnement est combustion. L'orgueil, un diapason. Éviter d'agir à la manière de nos prédécesseurs, qui dompaient les autochtones dans des réserves. Soumettre à la ressemblance provoquant la perte d'essence. Expulser les indésirables. D'aspect banal, la solution n'est pas simplement de les relocaliser.

› Sixième tant... Usagers des dépendances, perdre pied, chavirer. Les rêves authentiques chassent le côté risible de la folie. Aboutir avec en reste le bon sens. La perspective des émotions déboussolées insécurise. Il y a malaise à s'introduire dans le bouleversement de quelqu'un. À l'encontre de ses besoins, on lui fait jouer le rôle du personnage perturbateur. Pourtant, il suffirait de l'accompagner en lui tendant la main.

› Troisième tant...Au jardin, une chrysalide assoupie. Renouveau magnifique : un papillon prend souffle. À tout vent, remarquable. De vie unique et précieuse. Inconcevable d'être blessé. Inacceptable. Comment se protéger des états d'âme qui assaillent le client au moment même où il communique son égo en lambeaux? Savoir recevoir ce qui habite le mal-aimé. Le thérapeute garde à l'esprit son bouclier protecteur de vie privée; bien plus discret et adaptable qu'une armure complète. › Quatrième tant... Puissant ! Profond instant qui transporte le tant. Embarras, tu souris à ton heure! Cette attitude détachée, d'apparence bien gentille et appropriée dans les manuels, est loin de la réalité sur le terrain. La souffrance d'autrui cesse d'être une théorie, une idée abstraite. Le tourment apparaît sous son vrai visage, celui d'un instrument de travail essentiel à ceux qui choisissent de faire une différence. › Cinquième tant... Aimer mal : adoucir et non retraiter. Ange qui déploie, utilise, ne néglige ni périt. Mon expérience avec les psys m'indique que l'empathie est de

› Septième tant... Dévoiler son cœur diamanté, remonter sans cesse la rivière aux lèvres assoiffées. Une possibilité : exposer son vécu devant celui que personne n'écoute. Lui faire accepter, comprendre que la confiance réciproque existe encore. Cette proximité émotionnelle permet d'approfondir le lien d'intimité. Rire à gorge déployée, s'épancher si le contexte est propice. À terme, la personne est simultanément donatrice et bénéficiaire. › Huitième tant... À la patience imparfaite, l'amour ne cesse de se révéler. Elle cherche la simplicité des splendeurs. Se compromettre, avoir de la compassion. S'investir dans la vie d'autrui. Considérer ses besoins, ses attentes. Se laisser toucher par les tribulations de l'autre. Laisser s'exprimer la sensibilité. Elle qui dévoile en transparence les beautés insoupçonnées. › Neuvième tant... Diversité des formes et investigation des impressions, la poésie, grandiose beauté des tragédies, énonce la valeur du sentiment.

29


Dénoncer la pédophilie

Un temps d'arrêt

Cécile Crevier Camelot, métros Fabre et L'Assomption

Guy Thibault Camelot, avenue du Mont-Royal

Il y a une trentaine d'années, j'ai vu une jeune fille se faire agresser sexuellement par trois hommes. Elle n'avait que dix ans. J'ai pris mon courage à deux mains et je suis allée la chercher, même si moi-même je n'avais que dix-huit ans. Assez étonnamment, les trois hommes n'ont pas opposé de résistance, ils ont même semblé avoir peur de moi. J'ai ensuite amené la jeune fille à un endroit sûr d'où nous avons appelé les policiers. La jeune fille est restée longtemps tremblante de peur. Imaginez son soulagement d'avoir été sauvée. Vous-mêmes, mesdames et messieurs, ne vous arrive-t-il pas d'être témoins de certains actes de pédophilie? Parfois on ferme les yeux en se disant que ce n'est pas de nos affaires. Mais au contraire, il faut être vigilants et dénoncer cette forme de violence envers l'enfance qu'est la pédophilie. Si chacun d'entre nous veillait au grain, les enfants se sentiraient plus en sécurité, surtout ceux qui sont réellement victimes de ces abus et qui n'osent plus sortir jouer dehors. Merci de me lire. À bientôt.

En quelques mots, je tiens à ce que mes clients et amis sachent ce qui se passe avec Guy, le camelot du Plateau. Après une première année tumultueuse comme camelot à L'Itinéraire, j'ai choisi de prendre un temps d'arrêt de deux semaines. Pour m'énergiser, faire une désintox et surtout pour remettre mes idées en place. Par respect, je sens le besoin de vous dire d'où je viens, où je me suis ramassé et où je veux me rendre. Toute ma vie, j'ai travaillé : de l'âge de 14 ans jusqu'à l'âge de 50 ans. J'ai toujours aimé m'occuper en travaillant. J'ai toujours cru au travail comme valeur. J'y ai toujours cru, beau temps mauvais temps. Malheureusement, à l'aube de mes 50 ans, j'ai crashé. Une dépression due à mon âge et à plusieurs événements désagréables. Je me suis ramassé à la rue en juin et un ami d'enfance, Gabriel, m'a parlé de L'Itinéraire et j'ai décidé d'essayer ça. Donc depuis un an, je vends le magazine sur l'avenue du Mont-Royal, plus spécifiquement coin de Lanaudière sinon je le vends en me promenant entre Saint-Denis et Papineau. Je suis le seul qui vend jusqu'aux petites heures de la nuit et même 24 sur 24. Ma première année m'a amené à côtoyer toutes les couches de la société. J'ai vécu une année où j'ai appris à mettre mes préjugés de côté, mon orgueil aussi. Je n'ai que beaucoup de respect pour les camelots, mais aussi j'ai un grand respect pour tous ceux qui ne m'ont pas jugé. Je pense aux mesdames ou aux messieurs qui vont au JeanCoutu et qui fouillent dans leur petit change pour m'acheter le journal, et les propriétaires de bar ou les serveuses qui m'encouragent à ne pas lâcher aux petites heures de la nuit. Pour moi, votre soutien a été salutaire. Merci. Mainte­ nant, je prends soin de moi pour que ma 2e année soit dans la sobriété. Ma dépression est passée. Maintenant, je m'attaque à mon problème de consommation. Je vais m'en sortir. Je n'ai aucun doute. Je veux continuer à vous servir votre magazine de façon assidue. Et je vous remercie du fond de mon cœur de m'avoir encouragé. Vous ne serez pas déçus. Bonne 2e année à mes clients de jour comme de soir. Merci.

Merci Raoul Joubert Camelot, métro Montmorency

Je suis né le 31 décembre 1943 à Rimouski. À ma naissance, je pesais trois livres. En guise d'incubateur, on a utilisé le four, ouvert bien sûr. Ce jour-là, le curé et le docteur sont arrivés en même temps à la maison. Le docteur a prédit que j'allais mourir, mais le curé a plutôt affirmé que j'allais vivre et que je serais chanceux. Je le suis, en effet, puisque je travaille comme camelot à L'Itinéraire. J'apprécie ce travail. Ici tout le monde sourit. Je remercie ma clientèle du métro Montmorency où je vends la revue. Les gens sont tous fins, surtout les femmes, les hommes aussi. Ils sont toujours de bonne humeur. Pour moi, être poli et sourire, c'est important. À bientôt.

30

ITINERAIRE.CA | 1er août 2014

photo: Gopesa Paquette

photo: Lucie Larin

Mots de camelots


hors piste

Pour qui, les pistes cyclables? Les pistes cyclables ont été conçues à priori pour la sécurité des gens privilégiant le vélo comme moyen de transport. En principe, le mot cyclable signifie «utilisation d'un réseau routier à l'usage exclusif des cyclistes qui pédalent pour se rendre du point A au point B». Dans les faits, on y côtoie des engins électriques ou à essence qui roulent à plus de 45 km/h. La sécurité des usagers est compromise. Jean-Marc Boiteau | Chroniqueur de rue

J'aime bien enfourcher mon vélo pour rouler le long des rives de Montréal où je vais me détendre, écrire ou lire. Nous sommes à l'été 2013, il fait un temps radieux et je roule relax sur une piste cyclable. Sans avoir entendu d'autres sons que le chant des oiseaux, je me fais surprendre tout à coup par deux personnes âgées qui me dépassent sur ma gauche à 35 km/h. Ce n'est pas qu'ils sont plus en forme que moi, mais parce qu'ils conduisent des véhicules à trois roues propulsés par moteur électrique! Ces situations récurrentes montrent qu'il n'est peut-être plus si sécuritaire d'emprunter les voies «cyclables»... Des véhicules comme des vélos biénergie, qui ne demandent que deux coups de pédale pour que le moteur électrique prenne la relève, nous entraînent sans effort jusqu'à destination. La loi du moindre effort! Ces cyclistes électriques empruntent allègrement les pistes cyclables atteignant parfois 45 km/h. Ce n'est pas que je sois complexé d'aller moins vite que d'autres, mais j'appréhende le jour où je tenterai de bifurquer sur la voie de gauche afin d'éviter un nid-de-poule — il y en a aussi sur les pistes cyclables — et me ferai happer par un de ces engins silencieux! Une autre anecdote : par une belle journée estivale, j'emprunte de nouveau la piste cyclable sur laquelle je me fais dépasser, cette fois, par un scooter qui passe en coup de vent. Un vrai danger public! En 2011, Gino Desrosiers, porte-parole de la Société de l'assurance automobile du Québec, annonçait la création d'un comité d'étude afin de déterminer les types de véhicules qui seront autorisés à utiliser les pistes cyclables. «Les scoo­ters électriques dont les moteurs développent 500 watts ne seront plus autorisés à emprunter

nos réseaux de sentiers cyclables» disait-il, spécifiant qu'il était urgent de légiférer. Aujourd'hui en 2014, je croise encore ces véhicules motorisés sur les sentiers! Qu'attendent les élus municipaux pour appliquer et afficher des règlements sensés interdisant à tout véhicule qui ne corres­ pond pas à la définition de bicyclette, l'accès aux pistes cyclables? Entre-temps, j'anticipe avec horreur le jour où des parents qui utilisent une bicyclette tandem, avec un enfant à l'arrière, seront heurtés par un vélo électrique ou même un scooter; sachant qu'un impact à 35 ou 40 km/h peut causer des dommages irréversibles chez un individu! «Il est certain que les véhicules comme les scooters ne devraient pas se retrouver sur les pistes cyclables», dit Suzanne Lareault, pdg de l'organisme Vélo Québec qui promeut la sécurité des cyclis­tes depuis 1967. «Les utili­ sateurs de ces sentiers doivent faire preuve de plus de jugement et de civisme», ajoute-t-elle, se disant impatiente que le SPVM applique les recommandations du rapport interdisant l'accès des pistes cyclables aux véhicules qui possèdent des moteurs développant 500 watts. Ce comité mandaté pour définir les véhicules qui seront autorisés à emprunter ces pistes a déjà soumis son rapport en 2012. «Je suis en faveur d'une réglementation plus sévère sur les types de véhicule, autorisés à utiliser nos pistes cyclables», précise-t-elle. Mais si la réglementation est une chose, Suzanne Lareault estime qu'il faudrait aussi beaucoup plus de pistes cyclables communicantes pour éviter les accidents!

1er août 2014 | ITINERAIRE.CA

31


Bienvenue au CREP Le Centre de ressources éducatives et pédagogiques (CREP) est issu de la rencontre du monde de l'éducation et de celui d'organismes œuvrant au mieux-être des individus dans divers quartiers défavorisés de l'île de Montréal. Par Jean Philippe Grondin

L

'embryon qui devient le CREP (1982-1984) vise d'abord à répon­ dre à trois besoins de base néces­sitant une intervention spécifique : l'alphabétisation, la francisation et l'éducation populaire. Par la suite, cette offre de service allait se déployer pour offrir la formation à l'intégration sociale, l'intégration socio-professionnelle ainsi que bien d'autres volets susceptibles de répondre aux besoins contemporains. Le CREP est un partenaire de L'Itinéraire de longue date. Quelques années d'exploration et de réflexion ont conduit à la mise sur pied d'un programme original et flexible centré sur l'apprenant. Tous les bénéficiaires de L'Itinéraire peuvent profiter de ces services, mais historiquement, ce sont surtout les participants au programme PAAS (programme d'aide et d'accompagnement social) qui s'inscrivent aux activités offertes. Une approche centrée sur l'apprenant implique que ce dernier fixe lui-même les objectifs qu'il poursuit. Il se peut qu'une médiation de l'enseignant soit nécessaire, mais de

manière générale, le participant peut identifier lui-même les éléments qu'il souhaite atteindre et la manière qu'il utilisera pour y arriver. Le rôle de l'enseignant se bornera à être celui d'un accompagnant qui clarifie et aide à structurer le projet (identifier et ordonner les étapes), qui donnera une rétroaction ou qui mettra en œuvre des moyens de mesurer la progression des apprentissages. L'intégration sociale vise l'acquisition de compétences qui permettront au participant d'être un agent social plus actif. À L'Itinéraire, le volet artistique qui a été déve­ loppé a permis de visiter des expositions au Musée des beaux-arts. Ces visites guidées offrent l'opportunité de discuter de divers aspects de l'art, mais aussi du message véhiculé par les œuvres. Le travail en atelier développe le sens artistique, c'est évident, mais cela permet aussi les échanges, la coopération et le travail en équipe, des composantes fondamentales de la vie en société. Les expositions qui jalonnent ces processus agissent comme des sommes qui permettent de mesurer le travail accompli. Le projet d'art est devenu un axe incontournable, car il répond aux besoins de plusieurs personnes à L'Itinéraire. Cela tient sans doute à l'essence particulière de l'organisme qui a fait de l'écrit une route privilégiée dans la quête du mieux-vivre.

CARTES-REPAS

Don pour

Faites un don autrement. Le Groupe L’Itinéraire, par le biais du Café L’Itinéraire, offre la possibilité à des personnes à revenus modestes de se nourrir avec dignité.

Camelots

Pour les modalités, consultez notre formulaire dans le magazine ou sur notre site web www.itineraire.ca

soutien aux Les besoins sont toujours grandissants. Faites un don maintenant et aidez-nous à soutenir nos Camelots et à appuyer notre mission. Pour les modalités, consultez notre formulaire dans le magazine ou sur notre site web :

www.itineraire.ca


Pour innover socialement tous ensemble

PiSte

piste.itineraire.ca alimentation Donnez vos restes sur internet ! En Allemagne, plus de 80 kg de nourriture par personne sont jetés à la poubelle chaque année, alors que plus de la moitié pourrait être utilisée. Un projet appelé foodsharing.de a pour but de renverser cette tendance. Lancé il y a un mois, ce projet permet aux utilisateurs inscrits au site Internet foodsharing.de de donner de la nourriture à d'autres personnes. Ceci aide à empêcher le gâchis alimentaire et permet à ceux qui sont concernés par le sujet de communiquer entre eux. Le processus d'inscription se fait en deux clics : il suffit d'insérer un nom et une adresse courriel afin de pouvoir créer des «paniers alimentaires». Ces paniers sont en fait des listes virtuelles d'excédents alimentaires. Les paniers sont alors localisés sur une grande carte, montrant ainsi ce qui est disponible dans chaque quartier. Quelques clics suffisent pour permettre aux utilisateurs de bloquer quiintégral: est disponible et il ne leur reste plus Pour lire le ce texte piste.itineraire.ca

communauté les sans-abri sur les planches polonaises Un nouveau théâtre polonais offre aux sans-abri et aux chômeurs de Varsovie — ainsi qu'à quelques vendeurs du journal de rue local WSPAK — la chance de se retrouver sous les feux de la rampe. Le programme offert aux sans-abri et aux vendeurs de journaux de rue à Varsovie a été lancé par Gregory Bands, un étudiant de l'École des hautes études en sciences sociales. Afin de finaliser la mise en scène de la pièce (dont la ligne directrice est celle des relations entre les sans-abri), des ateliers ont été organisés. Pour lire le texte intégral: piste.itineraire.ca

revenu Humaniser l'économie La crise majeure qui paralyse l'Espagne suscite l'émergence de solutions créatives, comme le propose Okonomía, un projet pédagogique qui aide les personnes et les collectivités à comprendre le fonctionnement de l'économie. Ainsi, les citoyens deviennent mieux armés pour prendre des décisions financières dans leur vie courante. «Les gens perdent leur emploi, leur maison et voient leurs économies s'envoler. Des mesures doivent être prises pour leur fournir les moyens de s'en sortir», explique l'économiste et activiste Raúl Contreras, l'un des chercheurs à l'origine de ce projet. «Les doutes, l'ignorance et la peur sont à l'origine de mauvaises décisions, d'erreurs qui auraient pu être évitées si ces personnes étaient mieux informées», déclare-t-il sur le site Web de son entreprise Nittúa. Pour lire le texte intégral: piste.itineraire.ca

1er août 2014 | ITINERAIRE.CA

33


au Coup de pouce Centre-Sud Au cœur des gens depuis 40 ans L'histoire d'Au Coup de pouce Centre-Sud débute en 1973. Quelques femmes décident alors de se réunir pour échanger et discuter afin de trouver des solutions aux différents problèmes rencontrés. Elles se rassemblent autour d'un projet collectif et posent les pierres d'assise de l'organisme. Au Coup de pouce Centre-Sud, les citoyens ont d'ores et déjà un espace de prise de parole et des moyens pour mettre de l'avant leurs projets de vie.

A

u cours de la première décennie, l'organisme se dote d'une charte, d'un mode de fonctionnement, bref, d'une logistique procédu­ rière d'usage. Viennent les années 80 avec leurs luttes po­pulaires et revendications citoyennes tous azimuts, ère d'effervescence accompagnée d'un hymne à la défense des droits et à l'expression de la liberté sans ménagement. Les années passent et, à la fin des années 1990, l'organisme emménage au deuxième étage de la Place Frontenac dans un local plus spacieux. Il attaque la machine du siècle, l'informatique, et ajoute les volets formation et employabilité à ses services. Dans le contexte de la politique de reconnaissance communautaire par le gouvernement émerge, paradoxalement, une course au financement des organismes. Certains organismes en éducation populaire se sectorisent alors pour répondre aux créneaux des bailleurs de fonds, égarant parfois leur mission de base. Après avoir traversé le bogue de l'an 2000, Au Coup de pouce se recentre sur sa mission de base: l'éducation populaire pour, par et avec les gens du quartier. Depuis le tournant de 2010, le quartier foisonne de projets et l'organisme y participe. Bien enraciné au cœur de Sainte-Marie-Saint-Jacques, Au Coup de pouce Centre-Sud est toujours à l'écoute des gens du quartier qui se diversifient, mais dont le besoin d'être accueillis, écoutés et outillés demeure présent. Au Coup de pouce perpétue sa mission d'échange, de solidarité et d'entraide. Avec ses 40 années d'existence, l'organisme est un témoin privilégié du quartier et de sa population.


3 millions non investis par ottawa Dans le cadre de la Stratégie de partenariats de lutte contre l'itinérance (SPLI), plus de 3 millions disponibles pour Montréal cette année n'ont pas été engagés. Ce soutien financier pourtant budgété par le gouvernement fédéral fait gravement défaut alors que l'itinérance est en croissance et que de nombreux organismes tentent d'y apporter des réponses.

inFo raPSim

Par Pierre GauDreau | Coordonnateur du RAPSIM

D

epuis plus de 12 ans, l'aide fédérale à la lutte à l'itinérance joue un rôle crucial dans le soutien aux actions menées par les organismes, tant au niveau de l'intervention que des mobilisations. De la Maison du Père à L'Itinéraire, de CACTUS à Chambreclerc, les refuges, les hébergements et les centres de jour ont pu accroître et améliorer leurs installations et des centaines de logements sociaux pour sans-abri ont pu se réaliser avec une aide complémentaire de la SPLI. Que ce soit pour l'accueil, l'accompagnement, le soutien communautaire en logement et le travail de rue, la SPLI soutient aussi de façon majeure l'intervention menée pour prévenir et réduire l'itinérance. En 2014-2015, c'est l'action de plus de 90 intervenants dans une cinquantaine d'organismes qui est ainsi appuyée à Montréal. En 2013, le gouvernement fédéral a annoncé la poursuite de la SPLI pour cinq ans, de 2014 à 2019, avec une volonté d'orienter son aide vers sa vision, celle du Hou­ sing first, qui passe par une aide en logement privé pour une population en situation d'itinérance chronique. Cette volonté a rencontré une opposition unanime du Québec, de la Ville de Montréal et du milieu communautaire. L'aide fédérale doit continuer de soutenir une diversité d'actions «pour éviter la rue et en sortir», comme se nomme la Politique nationale de lutte à l'itinérance adoptée au Québec.

une entente canada-québec presse

Les négociations se poursuivent pour conclure une entente Canada-Québec sur la SPLI. De telles ententes ont permis depuis 2001, le déploiement avec succès des fonds fédéraux au Québec. Pour 2014-2015, une année de transition a été convenue, permettant de maintenir le soutien à l'intervention déjà appuyée par la SPLI, engageant seulement 4,5 millions sur le budget de 7,8 millions disponibles. Pendant ce temps, de nombreux organismes ont besoin de l'aide fédérale pour compléter le financement de leur projet de logement social et d'amélioration des installations. Alors qu'il n'y a même pas d'appel de projets à l'horizon, la longueur de traitement de ces dossiers permet de craindre qu'aucune somme ne soit disponible avant 2016, alors que les besoins sont immédiats.

l'exemple du 3911 Sainte-catherine est En décembre dernier, L'Avenue Hébergement communautaire achetait avec l'aide du programme québécois Accès-Logis et du Fonds d'acquisition de Montréal, le 3911 Sainte-Catherine Est, un immeuble connu pour son état de délabrement et pour les activités illicites qui s'y déroulent. En achetant le 3911, L'Avenue veut contribuer à améliorer le quartier et offrir 26 logements aux jeunes en difficulté. Cet organisme gère déjà plus de 70 places en hébergement et en logement social avec soutien communautaire. Les fonds d'Accès-Logis ne sont pas suffisants pour réaliser ce projet cet automne. Le bâtiment est insalubre, contaminé. Y construire de bons logements demandera des investissements importants. La SPLI a toujours joué ce rôle en complétant l'aide accordée par Québec et Montréal. Paradoxalement, en allant vers le Housing First passant par une aide privée, Ottawa minerait la réalisation de tels projets qui contribuent de façon durable à l'offre de logements.

1er août 2014 | ITINERAIRE.CA

35


Dignité Pauvreté

Plus de six millions de personnes à travers le monde votent pour la dignité en achetant un journal de rue. En agissant ainsi, ils participent à changer la vie de 27 000 camelots dans 40 pays, représentant plus de 120 journaux de rue différents. En retour, les lecteurs profitent d’un journalisme indépendant de qualité, tout en sachant qu’ils ont fait une différence.

Votez pour la dignité.


Panorama

photo: 123rF.coM/MariDaV

Par Sylvain-clauDe Filion

liebestod sous les étoiles Peut-on souhaiter instant plus sublime : entendre le somptueux et dramatique chant final de l'opéra Tristan und Isolde de Wagner, au sommet du Mont-Royal, sous les étoiles, avec la silhouette des gratte-ciel de Montréal pour décor… L'occasion nous en est offerte dans le programme que proposent Yannick Nézet-Séguin et l'Orchestre Métropolitain, dans le cadre d'une soirée consacrée à Richard Wagner et son compatriote Beethoven. L'événement fait partie des Concerts Campbell, la série de spectacles gratuits qui fête ses 90 ans cet été. Passionné de culture, l'avocat Charles Sandwith Campbell, décédé en 1923, a laissé par testament une somme rondelette destinée à organiser des concerts gratuits, dans les parcs, pour le bénéfice des Montréalais. On dit merci à ce généreux mécène. ORCHESTRE MÉTROPOLITAIN ET YANNICK NÉZET-SÉGUIN Jeudi 7 août, 19h Vendredi 8 août, 19h30 Site du Chalet du Mont-Royal Parc de West-Vancouver, En cas de pluie, le concert aura lieu sur l'Île-des-Sœurs à l'intérieur du chalet.

La salle à manger, vue de la rue, photo de Basil Zarov prise en 1952.

un siècle de smoked-meat On n'oubliera pas de sitôt le légendaire restaurant Bens, qui a eu pignon au coin de la rue Metcalfe et du boulevard De Maisonneuve pendant 98 ans. Passage obligé pour toutes les stars du showbiz, vedettes du sport et altesses royales, Bens a aussi été le rendez-vous de six générations de Montréalais. Le mythique delicatessen revit en les murs du musée McCord, notamment grâce à des reconstitutions réalisées avec des artefacts récupérés avant sa démolition et qui recréent l'atmosphère des années 50, laquelle était demeurée inchangée au moment de la fermeture en décembre 2006. Démoli en 2008, le bâtiment a cédé sa place à l'hôtel St-Martin.

benS, le léGenDaire Déli

Jusqu'au 23 novembre 2014 Musée McCord

www.musee-mccord.qc.ca 1er août 2014 | ITINERAIRE.CA

37


Sous nos pieds...

l'Histoire

Saviez-vous qu'il existe plus de 125 sites archéologiques à Montréal? Et que le Musée Pointe-à-Callière se trouve sur le lieu de fondation exact de la ville? Ce patrimoine est mal connu des Montréalais. Dans le cadre du mois de l'archéologie, voici un portait des fouilles et des découvertes qui se déroulent présentement sur le territoire de Montréal. PAR ANNE FRÉDÉRIQUE HÉBERT-DOLBEC

S

ur le chantier de l'école de fouilles de l'Université de Montréal, deux portes à l'ouest du Musée Pointe-à-Callière, les étudiants s'affairent. À l'aide de pieux, ils grattent le sol à la recherche de trésors, de vestiges et de traces qui trahissent la présence de nos ancêtres. 2014 est la dernière de 13 années de fouilles sur le chantier école du musée. Les archéologues ont pu y repêcher 290 000 objets de toutes les époques. Les différentes couches de sol, aussi appelées séquence de dépôt, ont permis d'associer les objets aux années durant lesquelles ils ont été abandonnés, soit de 1642 à 1968. «On se trouve présentement sur un site archéologique de grande valeur, soutient Brad Loewen, archéologue et professeur au département d'anthropologie de l'Université de Montréal. Les Français ont foulé ce sol en 1642 lors de la fonda­ tion de Montréal. Le territoire était alors considéré comme menacé par les Iro­ quois qui étaient contre la colonisation. Les colons ont donc construit le fort de Ville-Marie, qui se trouve sous nos pieds. On a trouvé des pieux de palissades et des fosses qui étaient sous le bâtiment.» Le fort était présent dans les archives écrites. Les historiens connaissaient son existence, mais aucune découverte archéologique n'avait été faite à son sujet.

D'innombrables richesses

Solène s'affaire à prélever les derniers centimètres présents sur le site du remblai de Callière posé en 1688.

38

ITINERAIRE.CA | 1er août 2014

L'école de fouilles a aussi permis de trouver les vestiges de la résidence de l'ancien gouverneur de la Nouvelle-France, Louis-Hector de Callière, cons­ truite sur le même site vers 1695. Pour Marie-Élodie Molle, responsable des communications au Musée Pointe-à-Callière, «ces fouilles ont encore plus d'importance si l'on pense que c'est uniquement par la recherche archéologique que nous pouvons améliorer nos connaissances sur les modes de vie au début de la période historique du Régime français, période pour laquelle nous disposons de très peu d'archives écrites.» Coordonné par le Musée de Lachine, le site archéologique de la Maison LeberLe­moyne a également été le théâtre de découvertes enrichissantes dans les 15 dernières années. Les archéologues ont entre autres trouvé des indices d'une présence amérindienne préhistorique au cœur de la Maison. Leurs recherches ont aussi permis de documenter une période méconnue de notre Histoire, le XVIIe siècle.

Une bibliothèque sous terre

Depuis 2010, Pointe-à-Callière a réalisé quatre campagnes de fouilles et devrait en entreprendre une nouvelle en 2014 sur la place d'Youville Ouest, dans le Vieux-Montréal. Elles ont permis de découvrir des traces du Marché


Sainte-Anne (résidus de nourriture, insectes, graines de plantes), ainsi que du premier Parlement permanent de la province, bâti à Montréal lors de la fusion du Haut et du Bas-Canada en 1847. «Au total, près de 50 000 artefacts et écofacts ont été mis au jour en plus des restes calcinés de 35 livres sur le chantier de fouilles qui est situé sous un ancien stationnement de la Ville de Montréal où se trouvent les vestiges de ces lieux his­ toriques», explique Marie-Élodie Molle. Les livres, qui se trouvaient probablement dans l'ancienne bibliothèque du Parlement, sont rédigés en français et traitent de géographie, d'économie et d'agriculture. Ils constituent une découverte inestimable, puisque ce sont les premiers volumes à être découverts sur le territoire québécois grâce à l'archéologie.

Archéologie de sauvetage

À Montréal, très peu de fouilles sont effectuées à des fins de recherches universitaires historiques. Chaque année, Québec offre environ 200 permis de recherches archéologiques. De ceux-ci, seulement cinq sont commandés par les universités. Les 195 autres sont dédiés à l'archéologie de sauvetage. «Les promoteurs immobiliers sont tenus d'effectuer une fouille archéologique avant de construire sur un terrain vierge, pour s'assurer qu'il n'y a pas de vestiges essentiels, rappelle l'archéologue Brad Loewen. Avec le développement galo­ pant, on peut se réjouir que la loi soit respectée et appliquée à Montréal.» En archéologie de sauvetage, les contrats d'échantillonnage sont d'une durée d'une semaine à un mois. Pour Brad Loewen, l'empressement avec lequel les évaluations sont effectuées comporte des risques. «Il faut garder en tête que chaque fois que quelqu'un creuse un trou, il passe à travers des couches an­ ciennes de sol et des bribes d'Histoire. Les délais sont très courts. C'est sûr que parfois, on passe à côté de choses importantes. En même temps, on peut difficile­ ment se plaindre. C'est le développement qui fait vivre les archéologues.» Par conséquent, la principale difficulté pour les archéologues en milieu urbain n'est pas le développement actuel, mais plutôt l'importante industrialisation du XIXe siècle. Les bâtiments instaurés à cette époque ont été cons­ truits avec une absence totale de conscience archéologique et patrimoniale. De nombreux trésors insoupçonnés se cachent ainsi sous nos pieds!

Le mois de l'archéologie Durant tout le mois d'août, l'organisme Archéo-Québec vous offre la chance de vous familiariser avec l'archéologie et avec les découvertes récentes partout au Québec. Le porte-parole de l'événement, le comédien Jici Lauzon, a choisi de s'y impliquer par passion. «Je suis un passionné d'histoire. En quatre ans, j'ai visité une douzaine d'emplacements en famille.» À Montréal, ce n'est pas le choix qui manque. Au Musée Marguerite-Bourgeois, une exposition regroupant les artefacts retrouvés sur le site Bonse­ cours nous en apprennent au sujet de l'alimentation des Premières Nations et des colons français et britanniques. La Ville organise des visites guidées de sa Réserve des collections archéologiques. Des simulations de fouilles pour petits et grands sont également organisées par le Musée Pointe-àCallière, le Moulin Fleming et la Maison Nivard-de-Saint-Dizier. «L'objectif est de découvrir nos richesses patrimoniales, culturelles et histo­ riques, ajoute Jici Lauzon. J'encourage les gens à aller découvrir les vestiges de nos ancêtres. Les archéologues font un travail essentiel et admirable et ils le font souvent dans l'anonymat.» archeoquebec.com/fr/activites/le-mois-de-larcheologie

Tiziana, assistante de fouilles, médite sur les traces de la palissade du fort de Ville-Marie.

1er août 2014 | ITINERAIRE.CA

39


adeau certificat-c.ca sur druide

fête ses 35 ans!

Les produits DRUIDE sont disponibles dans plus de 250 magasins de produits naturels, épiceries santé et boutiques plein air au Québec. DRUIDE 154 Oneida, Pointe-Claire, QC Sans frais: 1-800-663-9693 info@druide.ca facebook.com/infodruide

Fier partenaire

+ de 100 produits de soins corporels naturels


vivre

Par DenySe monté

n'achetez pas, Quinze dollars, ce plant de rhubarbe au marché? Non, merci! Gratuits, les vivaces que le voisin a divisées, les arbustes ou les surplus de récolte disponibles dans le quartier, la région? Oh,oui! Partage végétal, aussi appelé Plant Catching, est un mouvement citoyen

ne jetez pas! qui s'installe progressivement au Québec. Il permet soit de trouver tout ce que les jardiniers de cheznous ont à offrir GRATUITEMENT, soit d'annoncer ce que l'on veut soi-même partager. Des trésors à la pelle: plantcatching.com.

Source : kangooclubquebec.com

alors, on saute! Depuis deux ans et demi, Jessica Desrosiers fait sauter les 7 à 77 ans avec des bottes trampolines importées d'Europe grâce au club Kangoo qu'elle a fondé à Montréal. Conçues à l'origine dans un but de réadaptation à l'entraînement, ces chaussures de rebond sont maintenant associées à une activité de plus en plus populaire : le saut kangoo. On peut en faire l'essai dans le Vieux-Port de Montréal, où se trouve un kiosque de location. Et pour qui adorera cette sensation de s'envoyer en l'air avant de retomber sur ses pattes en douceur, il est possible d'aller plus loin et plus haut dans ce sport. Des instructeurs répartis dans tout le Québec offrent des cours et des séances d'essai supervisées. Le saut kangoo se pratique sur toutes les surfaces, en gardant le dos droit et les abdos engagés. Il crée moins d'impact sur les articulations que la course à pied, puisque c'est l'élastique de la botte qui absorbe les chocs.

la culture du bien-être Le moine bouddhiste Matthieu Ricard nous suggère un exercice de base qui consiste à faire venir une pensée d'amour bienveillant à l'égard de quelqu'un et, pour éviter qu'elle disparaisse au bout de 15 secondes, nourrir, fertiliser cette pensée. Mais avant tout, il faut avoir une attitude chaleureuse envers soi-même et décider que désormais nous ne voulons que nous faire du bien. Cette pratique, dit-il, pourra être étendue même à ceux qui nuisent aux autres, en faisant le vœu qu'ils abandonnent leur cruauté et qu'ils deviennent soucieux du bien des êtres vivants.

une bombe d'effets bienfaisants La grenade inhibe des processus impliqués dans les métastases du cancer du sein. Comme l'a expliqué l'oncologue français David Khayat dans Le Vrai régime anticancer, ce fruit gorgé de perles rubis a des effets anti-inflammatoires, antioxydants et antiprolifération qui ralentissent la progression des cellules cancéreuses. Son action sur les cancers du sein et de la prostate s'explique par son effet régulateur sur les œstrogènes. Aussi, des expériences sur des animaux de laboratoire à l'Université de Californie Riverside ont déjà prouvé que le jus de grenade pouvait supprimer de façon significative la capacité des cellules cancéreuses de migrer et même de stopper leur croissance. L'effet protecteur des antioxydants du jus de grenade serait plus puissant que celui du thé vert et du vin rouge.

Sources : Ça m'intéresse et mathieuricard.org

lire d romes ans

En plein cœur des lectures estivales, quoi de plus rassurant que cette conclusion d'une étude américaine selon laquelle les romans peuvent aider à mieux comprendre les autres et améliorer notre conscience sociale! Parce qu'ils ont la particularité de traiter des interactions des humains et de leurs émotions, les récits aident à réfléchir sur autrui. Lire des romans nécessite de l'empathie émotionnelle, car la fiction incite à s'identifier avec les personnages, ce qui permettrait de développer notre capacité d'adopter le point de vue des autres, de deviner et de comprendre leurs actes. Source : carnets2psycho photo: 123rF.coM/DZianis MiraniuK, ViteZsLaV VaLKa, taWeesaK BoonWirut, VaLentYn VoLKoV VoLKoV et picsFiVe

1er août 2014 | ITINERAIRE.CA

41


ABONNEZ-VOUS À UN MAGAZINE SOCIALEMENT ENGAGÉ Découvrez les grandes innovations sociales, parcourez des entrevues inspirantes et des dossiers fouillés préparés par des journalistes professionnels dans la section ACTUALITÉS.

Pour vous abonner, consultez le bon de commande en page 30. 6

Laissez-vous toucher par nos camelots qui prennent la plume pour s’exprimer dans LE CŒUR DE L’ITINÉRAIRE, où se trouvent également les chroniques JUSTICE, INFO RAPSIM et les analyses pertinentes de l’économiste indépendant IANIK MARCIL. Détendez-vous au fil des pages de la section PANORAMA avec ses chroniques VIVRE, LIVRES, ses portraits de créateurs et ses suggestions culturelles stimulantes.

Disponible le 1er et le 15 de chaque mois

Faisons paye les pauvres r

HENKEL DANIÈLEla dragonne Le feu de

CATHERINE PROULX-LE MAY MA

avec La rue des Femmes

3$

Volume XX, n˚ 20 Montréal, 15 octobre

www.itineraire.2013 ca

3$

3$

volume XX, n˚ 21 2013 er Montréal, 1 novembre

www.itineraire.ca

Volume XX, n˚ 22 n˚ Montréal, 15 novembre

2013 www.itinerair neraire.ca

3$

3$

n˚ 23 Volume XX, 2013 décembre Montréal, 15

www.itinera

ire.ca

On vous dit

MERCI !

ITINÉRANCE DES FEMMES

ÉTAT D'URGENCE

Monique Proulx Les banques alimentaires en

N D BRANSO RICHAR niste essman huma Le busin

R

S LES DIMANCHE DU CONTE

ZOOM SUR ES DANIEL RODRIGU

s

ANDRÉE

D'AUTEUR L D'IRVIN RSZOOM SUR DEL WILKEY RE DE NOË DESLAURIE UNE HISTOI JEAN-GUY FEU VERT À CHRISTIAN ZOOM SUR NADEAU

ZOOM SUR FEU VERT À

EDGAR BORIPIERRE FOURNIER

Viande à chien! n! Fin novembre avec l’ATSA

Faisons connaissance

n˚ 4 Volume XXI, février 2014 15 Montréal,

www.itinera

ire.ca

DOSSIER

VAINCRE LAN DÉPRESSIO E LA NOUVELL DE CHRONIQUE

IANIK MARCIL

ÉMA IT SON CIN EL MELOT FA UN EX-CAR JEAN-PAUL LEB TTE ZOOM SU À HANS MARO FEU VERT

Cocktails • Événements corporatifs ou privés • Repas pour écoles et CPE • Service de comptoir alimentaire • Pâtisseries pour cafés, restaurants, cafétérias ou pour vos occasions personnelles • Service aux tables • Location de salle.

Nous sommes vos PÉRISOIGNANTS On accueille, assiste, sourit, dose, analyse, nourrit... On cuisine, répare, entretient, nettoie, prépare, soutient... On renforce, rééduque, archive, transporte, radiographie, stérilise... On travaille pour les Québécois de mille et une façons à la grandeur du réseau public de la santé et des services sociaux.

AS CPAS_l’itinéraire_09_13.indd

3$

LE

LACHAPEL a vie! de m C'est le rôle E WELSHART, RUE ET DROITS

manque de fond

MAUDE

GUÉRIN DE PRESTANCE ET DE PAS

SION ÉLECTIONS MONTRÉAL FEU VERT À SŒUR ANGÈLE ZOOM SUR GILLES BÉLA NGE

Volume XXI, n˚ 2 Montréal, 15 janvier 2014

www.itineraire.ca

Bis est une entreprise d’insertion sociale et professionnelle à but non lucratif spécialisée dans la restauration.

Venez nous voir à perisoignants.com

WWW.TRAITEURBIS.QC.CA

1

N DE DOSSIER O

DOCKET NUMBER

CPAS_L’ITINÉRAIRE_09_13

FORMAT 2013-09-11 13:15DU

PAP

ARTWORK DIMENSIONS

514 721-1747


Par Simon corDeau, cylvie GinGraS, anne FréDérique Hébert-Dolebc et Pierre Saint-amour

livreS

Plus vrai que nature Les six premiers chapitres débutent chacun par une annonce dans le journal. À travers elles, nous suivons le présent et le passé de protagonistes. Dans ce roman montréalais des plus actuels, il y a Jane, jeune escorte accro au crack, Stéphane Bellevue pédophile incarcéré à vie pour le meurtre d'un jeune garçon, un ex-enquêteur qui traque les prédateurs sexuels, un tenancier d'une maison de passes et un revendeur de drogue. Marie Dumais, journaliste d'enquête, trouvera-t-elle l'amour dans les bras du libraire? Les personnages de ce roman portent en eux leurs plus profondes blessures, mais seulement quelques-uns basculeront. Ce deuxième roman de Katia Gagnon, journaliste à La Presse, est un véritable page turner. (CG)

Histoire d'ogres

Par Katia Gagnon, Boréal, 245 pages

blowin' in the wind 1962. Soupçonné d'un viol qu'il n'a pas commis, Romain Carrier, à l'âge de 17 ans, se voit contraint de fuir sa Gaspésie natale pour échapper à la justice. Sans ressources, il débarque à New York, entraîné malgré lui dans un tourbillon qui le conduira, au fil de ses rencontres et de ses pérégrinations, à tisser son propre destin. Roman initiatique, Métis Beach, par le biais de son protagoniste, entraîne le lecteur de New York à San Francisco, dans une Amérique secouée par un irrépressible désir de changement et de liberté. Tous les grands combats qui marqueront la génération des babyboomers sont abordés : ségrégation raciale, guerre du Vietnam, féminisme, mouvement hippie, etc. Journaliste et présentatrice de nouvelles, Claudine Bourbonnais propose au lecteur un très bon premier roman qui se distingue par une indéniable qualité d'écriture et une vaste érudition. À lire. (PSA)

métis beach

Par Claudine Bourbonnais, Boréal, 451 pages

Sous le superficiel «Face à cette industrie aliénante, tout le monde est moche!» Léa Clermont-Dion n'y va pas de main morte pour critiquer et questionner le culte de l'image. À coup d'entrevues fortes et d'intervenants mis à nu, elle explore l'anorexie, la boulimie, l'industrie du maquillage et de la chirurgie plastique et plus largement, le narcissisme de notre époque. Tout pour comprendre la place qu'occupent la beauté et l'image dans notre société. L'auteure, qui a elle-même souffert d'anorexie, nous offre un essai complet et personnel. Parfois le style est un peu trop scolaire, mais le contenu est pertinent et la réflexion, indispensable. Dommage qu'il soit ternis par autant d'erreurs typographiques. (SC)

la revanche des moches

Par Léa Clermont-Dion, VLB, 303 pages

inégalités toxiques La sociologue Marie Duru-Bellat pose une question fondamentale : comment expliquer l'indifférence générale devant les millions d'enfants qui meurent de faim chaque année dans le monde? Sans offrir de réponse, elle propose de mettre en place des structures de justice globale qui travailleraient à réduire les inégalités économiques entre les pays. Selon elle, il en va de la survie de notre planète, car les inégalités sociales seraient directement liées à la dégradation de l'environnement. Tout le monde aurait donc avantage à contribuer à la lutte. En voulant offrir une solution universelle aux inégalités, Marie Duru-Bellat laisse de côté les problématiques internes des pays défavorisés - corruption, dictatures, guerres civiles - qui nuisent de manière cruciale au développement. (AFHD)

Pour une planète équitable - l'urgence d'une justice globale

Par Marie Duru-Bellat, Éditions du Seuil, 101 pages

1er août 2014 | ITINERAIRE.CA

43


la lenteur

À ProPoS De...

Réfléchis avec lenteur, mais exécute rapidement tes décisions iSocrate

Notre époque est obsédée par le désir d'oubli et c'est afin de combler ce désir qu'elle s'adonne au démon de la vitesse milan kunDera

La rapidité est sublime, et la lenteur majestueuse antoine De rivarol

Dans tout ce que tu fais, hâte-toi lentement Proverbe FranÇaiS

Portez votre main rapidement à votre chapeau et lentement à votre bourse Proverbe DanoiS

Tout ce qui est exquis mûrit lentement

Une sage lenteur a raison de la hâte tHéoGniS De méGare

Sois prompt à écouter, et lent à donner une réponse

artHur ScHoPenHauer

ben Sira

Tout ce qui doit durer est lent à croître louiS De bonalD

Le monde a tué la lenteur. Il ne sait plus où il l'a enterrée cHriStian bobin

44

ITINERAIRE.CA | 1er août 2014

SoliDarité DanS le métro

chemin retrouvé Ma compagne et moi sommes venus visiter Montréal pour la première fois cet été. Nous rêvions de voyager au Canada depuis si longtemps! Le séjour fut meilleur que tout ce qu'on aurait pu espérer. Notamment grâce à la générosité d'un musicien du métro. Vivant dans un tout petit village de Bourgogne, nous nous sommes un peu sentis perdus lors de nos premiers jours de vacances. Notre hôtel était situé près de la station de métro Mont-Royal et nous voulions aller au Biodôme. Nous avons eu le malheur de nous tromper de direction et nous en sommes rendus compte à la station Jean-Talon. Égarés, nous avons faits je ne sais plus combien de va-et-vient dans les longs couloirs de la station afin de retrouver notre chemin. Un saxophoniste qui jouait dans la station a remarqué notre confusion et nous a interceptés entre deux morceaux de jazz. «Vous m'avez l'air un peu perdus, pourraisje vous aider?», nous a-t-il gentiment demandé. Le musicien a alors rangé son instrument dans son étui et a pris le temps de nous accompagner à une carte du réseau de métro de Montréal et de nous expliquer où aller et comment transférer de ligne de métro. En plus, il nous a recommandé une panoplie d'endroits à visiter, tous plus charmants les uns que les autres. Il va sans dire que notre séjour à Montréal fut mémorable grâce à la générosité des gens comme ce musicien du métro. Nous espérons revenir très bientôt! Sandrine et Didier

Envoyez-nous vos propres histoires de solidarité ou de beaux gestes dont vous avez été témoin ou partie prenante dans le métro et les autobus de Montréal à : courrier@itineraire.ca


Feuil1

Feuil1

Détente

Mots croisés L'Itinéraire - 15 juillet 2014

Mots croisés L'itinéraire - 1er août 2014

1 1

2

3

4

5

6

7

8

9

10 11 12

2 3

1

4 5

2

3

4

5

6

7

8

9

10 11 12

16 7

28 9

3

10

4

HORIZONTALEMENT Infatuée. L'été, selon le cinéaste Jean Becker - En Russie. Cumulus - Le 88 des Français. Se passe à l'intérieur - Il a un petit lit. Parlent beaucoup - Égal - Préfère les hommes. Kent Nagano le dirige - Parapher. Stade - Écharpe. Bois - Au Japon. Sotte au Québec - Jeu en Chine. Tranche de rutabaga - Jeton. VERTICALEMENT 1. Tout-puissant. 2. Rassemblés - Agence américaine. 3. République d'Amérique centrale. 4. Presses - Fait du mal. 5. Façon d'être - Tamise. Solution dans 6. Finir à la fin - Recouvertes de tuiles. 7. Séjour - Appris. 8. Rappelle le roi des animaux - Deux points. 9. Parlé en Irlande - L'eau y est salée. Jeu10.réalisé Rebondi.par MaxwoodMedia | grille@maxwood.ca 11. S'écoulera très lentement - Une jambe à Londres. 12. Sèche - Oui au sud.

5 6 7 8 9

1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10.

3 10 9 4 1 7 9 5 6 4

4 2 HORIZONTALEMENT

2. Pas mal déconnectées - Précèdent les coutumes. 3. Certains ont du génie - Début d'époque.

1

3 N 4 I

6 O

9

2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 5. Défalque - Remarquiez. R G U E I L L E U S E

E Bout U 9 R TdeR seringue I E R U S 6. - Lainage épais - Retira. U

A

G

E

V

O

S

G

E

7

S

7. N Vin T E - SPousse T I Nen E Afrique R U - Ses fleurs sont bleues.

7 4 5 2 6 3

2 T 9. Partie A N A de L la verge E T 6 - Personnel. - LContient le feu E C L U S E S I E N10. I Indispensables. A I S E U S E G O 3 7 8 T A T E S S E R E C VERTICALEMENT 7 4 3 1 9 6 8 2 5 7 1.3 Il4 grossit. 7 2 6 5 4 3 9 1 8 3 1 2 2.5 Cesserais. 8 9 7 1 2 6 4 3

5 P

10

NIVEAU DE DIFFICULTÉ: FACILE

Solutions du 15 juillet 2014

4. Ne reconnaît SOLUTION du 15 juillet 2014 plus - Petite pièce - Personnel.

2 M

8

1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12.

HORIZONTALEMENT Pas mal maigre. Pas mal déconnectées - Précèdent les coutumes. Certains ont du génie - Début d'époque. Ne reconnaît plus - Petite pièce - Personnel. Défalque - Remarquiez. Bout de seringue - Lainage épais - Retira. Vin - Pousse en Afrique - Ses fleurs sont bleues. Halte - Gradin. Partie de la verge - Contient le feu - Personnel. Indispensables. VERTICALEMENT Il grossit. Cesserais. Impératrice - Éculés. Souvent bleu - Souvent rouge. Gardons. Ré - Poésie chantée - Do. Attaque simultanée - Éclaté. Stupéfiant ou peut être stupéfiante - Giflé en arrivant. Bien bâtie - L'ami de Maupassant. Père des Rougon-Macquart. Surpris, on en tombe - Résonne. Grandes chez Dickens.

1. Pas mal maigres.

1 O

7

le prochain numéro

1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10.

I

E

S

U N

I

8. HalteS- Gradin. S M I G N E

G R O S

A

Y E E

1 3 6 7 4 -8 Éculés. 2 5 3.9 Impératrice 4 5 2 8 3 1 7 9 6

4.6 Souvent rouge. 7 8 2 5bleu 9 1 - 3Souvent 4 6 4 3 9 5.1 Gardons.

7 5 8 2 8 3 5 1 2 6 4 7 9 6.2 Ré - Poésie chantée 9 7 4 8 5 3 6 1

8

Page 1

6

NOTRE LOGICIEL DE SUDOKUS EST MAINTENANT DISPONIBLE.

1 8 8 5 1 4

10 000 sudokus inédits de 4 niveaux par notre expert, Fabien Savary. En vente exclusivement sur notre site.

www.les-mordus.com

Jeu réalisé par Ludipresse | info@les-mordus.com

8. Stupéfiant ou peut être stupéfiante - Giflé en arrivant. 9. Bien bâtie - L'ami de Maupassant. 10. Père des Rougon-Macquart.

4

Solution dans le prochain numéro

- Do.

7. Attaque simultanée - Éclaté.

9

9

Placez un chiffre de 1 à 9 dans chaque case vide. Chaque ligne, chaque colonne et chaque boîte 3x3 délimitée par un trait plus épais doivent contenir tous les chiffres de 1 à 9. Chaque chiffre apparaît donc une seule fois dans une ligne, dans une colonne et dans une boîte 3x3.

9 1 2 6 5

8 3 4 2 1

6 1 7 3 4 7 4 5 2 6 1er août 2014 | 5 8 6 9 3 8 9 1 5 7 3 7 8 4 9

2 5 8 9 ITINERAIRE.CA 7 1 3 4 6 2

45


Feu vert

maniFeSte De l'aSSociation SloW FooD

N

otre siècle est né et a grandi sous le signe de la civilisation industrielle, qui a d'abord inventé la machine pour en faire ensuite son modèle de vie. La vitesse est devenue notre prison et nous sommes tous atteints du même virus : la fast life qui bouleverse nos habitudes, nous poursuit jusque dans nos foyers, nous conduisant à nous nourrir de fast­food. Toutefois, l'Homo Sapiens se doit de recouvrer la sagesse et se libérer du carcan de la vitesse s'il ne veut pas devenir une espèce en voie de disparition. Aussi contre la folie universelle de la fast life, prenons la défense du plaisir de vivre. Contre ceux, et ils sont légion, qui confondent efficacité et frénésie, nous proposons ce vaccin : jouir sûrement, lentement, pleinement, et sans excès des plaisirs des sens. Afin de lutter contre l'avilissement

du fast­food, commençons par la table avec le slow food et redécouvrons la richesse et les saveurs de la cuisine traditionnelle. Au problème que cause la fast life qui, au nom de la productivité, a profondément modifié notre mode de vie et menace l'environnement, le slow food apporte une solution d'avant-garde. C'est dans le respect du goût et non dans son appauvrissement que réside la véritable culture d'où peut surgir le progrès avec notamment les échanges, sur le plan international, des projets, et dans le domaine des connaissances et de l'histoire. Le slow food assure un avenir. Meilleur. Le slow food est un concept qui a besoin de soutiens nombreux et qualifiés, afin de faire de ce (lent) mouvement, dont l'escargot est le symbole, un mouvement de dimension internationale.

mouvement international pour la sauvegarde et le droit au plaisir Slow Food rassemble des millions d'individus passionnés et dédiés à l'alimentation bonne, propre et juste : chefs, jeunes, activistes, exploitants, pêcheurs, experts et universitaires dans plus de 150 pays. Le réseau compte 100 000 membres Slow Food rattachés à 1500 antennes locales du monde entier (appelées Conviviums) qui contribuent au mouvement grâce aux adhésions, mais aussi aux événements et campagnes qu'elles organisent sans oublier les 2000 communautés de la nourriture Terra Madre qui produisent, à petite échelle et de manière durable, des aliments de qualité.

46

ITINERAIRE.CA | 1er août 2014



Chez Tim Hortons, si nous ne pouvons servir notre café de première qualité dans les vingt minutes suivant sa préparation, nous ne le servons tout simplement pas. C’est pour cette raison qu’à chaque nouvelle carafe que nous préparons, nous y inscrivons l’heure. De cette façon, vous êtes assurés que nous vous servons un café toujours savoureux.


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.