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Volume XXI, n˚ 18 Montréal, 15 septembre 2014

www.itineraire.ca

GUYLAINE TREMBLAY

DROIT AU CŒUR DOSSIER AGRICULTURE URBAINE ZOOM SUR RAOUL JOUBERT IANIK MARCIL : MANGEZ VOS ORDURES JOURNÉE INTERNATIONALE DE LA PAIX L'INNOVATION SOCIALE À HEC NOUVEAU : CALENDRIER CULTUREL



Raoul Joubert Camelot No : 1250 | Âge : 74 ans Point de vente: Métro Montmorency

D

ès sa naissance, les paris n'étaient pas en faveur de Raoul Joubert. Les docteurs ne donnaient pas beaucoup de temps à vivre au petit bébé de 3 livres qui venait de naître. Les parents s'étaient servis d'un four ouvert en tant qu'incubateur. C'était le 31 décembre 1943. Aujourd'hui, à 70 ans, Raoul est toujours en vie et devrait encore vivre pas mal de temps. Après avoir travaillé 12 ans dans une biscuiterie, le camelot se retrouve sans emploi à l'âge de 30 ans à la suite de la délocalisation de son entreprise. Pendant les 30 années suivantes, il enchaîne les petits boulots. Arrivé à 60 ans, il commence à toucher une pension de vieillesse. C'est durant cette période qu'il découvre le Café L'Itinéraire qui offre des repas abordables. À 66 ans, il commence à travailler en tant que camelot pour arrondir ses fins de mois. «J'aime beaucoup vendre et en plus, j'apprécie le fait de travailler pour L'Itinéraire.» Désormais, il est présent à la station de métro Montmorency pour vendre ses magazines. «Je suis à la campagne et à la ville en même temps. Quand on sort, c'est la campagne, l'air est meilleur que la ville.» Depuis qu'il vend L'Itinéraire, Raoul recommence à faire des projets. «J'avais perdu mon ambition pendant que j'étais inactif et maintenant je l'ai reprise». Il compte s'acheter une voiture afin de voyager «jusqu'à la fin de ses jours». Les docteurs lui ont récemment dit qu'il vivrait jusqu'à 100 ans. «Je n'ai jamais consommé de drogues, de cigarettes ou d'alcool», dit-il fièrement. Il affirme que c'est surtout depuis le début de son traitement contre son arthrite qu'il a retrouvé l'énergie de sa jeunesse. «J'ai l'impression d'avoir 20 ans à nouveau !» Pas mal pour un poupon à qui on ne donnait pas grand chance... !

tEXtE Et pHOtO : adIL BOUkINd

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Le  Groupe  L'itinéraire  a  pour  mission  de  réaliser  des  projets  d'économie  sociale  et  des  programmes  d'insertion  socioprofessionnelle,  destinés  au  mieux-être  des  personnes  vulnérables,  soit  des  hommes  et  des  femmes,  jeunes ou âgés, à faible revenu et sans emploi, vivant notamment en situation  d'itinérance,  d'isolement  social,  de  maladie  mentale  ou  de  dépendance.  L'organisme  propose  des  services  de  soutien  communautaire  et  un  milieu  de vie à quelque 200 personnes afi n de favoriser le développement social et  l'autonomie fonctionnelle des personnes qui participent à ses programmes.  sans  nos  partenaires  principaux  qui  contribuent  de  façon  importante  à  la  mission  ou  nos  partenaires  de  réalisation  engagés  dans  nos  programmes,  nous  ne  pourrions  aider  autant  de  personnes.  L'Itinéraire  c'est  aussi  plus  de 2000 donateurs individuels et corporatifs qui aident nos camelots à s'en  sortir. Merci à tous!

NOs paRtENaIREs EssENtIELs dE LUttE cONtRE La paUVREtÉ

La direction de L'Itinéraire tient à rappeler qu'elle  n'est pas responsable des gestes des vendeurs  dans la rue. si ces derniers vous proposent tout  autre produit que le journal ou sollicitent des  dons, ils ne le font pas pour L'Itinéraire. si vous  avez des commentaires sur les propos tenus  par les vendeurs ou sur leur comportement,  communiquez sans hésiter avec shawn bourdages,  chef du développement social par courriel  à shawn.bourdages@itineraire.ca ou par  téléphone au 514 597-0238 poste 222.

paRtENaIREs MaJEURs

Nous  reconnaissons  l'appui  fi nancier  du  gouvernement du Canada par l'entremise du Fonds  du Canada pour les périodiques, qui relève de  Patrimoine  canadien.  Les  opinions  exprimées  dans cette publication (ou sur ce site web) ne  refl ètent pas forcément celles du ministère du  Patrimoine canadien.

pRINcIpaUX paRtENaIREs dE pROJEts ISSN-1481-3572 n˚ de charité : 13648 4219 RR0001

DU MONT-ROYAL

Le magazine L'itinéraire a été créé en 1992 par Pierrette Desrosiers, Denise English, François Thivierge et Michèle Wilson. À cette époque, il était destiné aux gens en difficulté et offert gratuitement dans les services d'aide et les maisons de chambres. Depuis mai 1994, L'itinéraire est vendu régulièrement dans la rue. Cette publication est produite et rédigée par des journalistes professionnels et une cinquantaine de personnes vivant ou ayant connu l'itinérance, dans le but de leur venir en aide et de permettre leur réinsertion sociale et professionnelle.

Desjardins

L'ItINÉRaIRE Est MEMBRE dE

Convention de la poste publication No 40910015, No d'enregistrement 10764. retourner toute correspondance ne pouvant  être livrée au Canada, au Groupe communautaire  L'itinéraire 2103, sainte-Catherine est,  Montréal (Québec) h2k 2h9

RÉdactION Et adMINIstRatION 2103, Sainte-Catherine Est Montréal (Qc) H2K 2H9 LE caFÉ L'ItINÉRaIRE 2101, rue Sainte-Catherine Est tÉLÉpHONE : 514 597-0238 tÉLÉcOpIEUR : 514 597-1544 sItE : WWW.ITINERAIRE.CA

RÉdactION Éditeur aux contenus : Sylvain-Claude Filion chef de pupitre, actualités : Martine B. Côté chef de pupitre, développement social : Gopesa Paquette Infographe : Louis-Philippe Pouliot stagiaires à la rédaction : Magda Ouanes, Laure Peinchina, Adil Boukind collaborateurs : Simon Cordeau, Marie-Lise Rousseau, Catherine Morasse adjoints à la rédaction : Sarah Laurendeau, Hélène Filion, Lorraine Pépin, Hélène Mai, Carolyn Cutler photo de la une : Mario Jean/Madoc Studio Révision des épreuves : Paul Arsenault, Audrey Besnier, Emmanuel Dupont, Lucie Laporte, Michèle Deteix

Québecor est fi ère de soutenir l'action sociale de L'Itinéraire en contribuant à la production du magazine  et en lui procurant des services de télécommunications.

adMINIstRatION direction générale par intérim : Libera, Ressources humaines inc. chef de l'administration et des ressources humaines : Duffay Romano conseiller au développement social : Philippe Boisvert chef du financement et des partenariats par intérim : Shawn Bourdages conseillère au financement et aux partenariats : Élisabeth Julien-Rocheleau chef des communicationsmarketing par intérim : Sylvain-Claude Filion

ÉQUIpE dE sOUtIEN aUX caMELOts chef du développement social : Shawn Bourdages agent d'accueil et de formation : Pierre Tougas agent de soutien communautaire : Geneviève Labelle agent de développement : Yvon Massicotte

cONsEIL d'adMINIstRatION président : Stephan Morency Vice-président : Gabriel Bissonnette conseillers : Philippe Allard, Geneviève Bois-Lapointe, Martin Gauthier, Julien Landry-Martineau, Jean-Paul Lebel Jean-Marie Tison

GEstION dE L'IMpREssION TVA ACCÈS INC. | 514 848-7000 dIREctEUR GÉNÉRaL : Robert Renaud cHEF dEs cOMMUNIcatIONs GRapHIQUEs : Diane Gignac cOORdONNatRIcE dE pROdUctION : Édith Surprenant IMpRIMEUR : Transcontinental

VENtEs pUBLIcItaIREs 514 597-0238, poste 241 CONSEILLÈRES : Renée Larivière 450-541-1294 renee.lariviere18@gmail.com ann-Marie Morissette 514-404-6166 514-597-0238 – poste 246 am.mori7@itineraire.ca Édith provost (+1) 450-745-0176 eprovost@cgocable.ca


Volume XXI, n˚ 18

15 septembre 2014

actUaLItÉs

caRREFOUR

cULtURE

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biLLet

12 DaNs La tÊte Des CaMeLots

37 PaNoraMa

par Sylvain-Claude Filion

Le retour du petit pain

8  roND-PoiNt 10  roND-PoiNt iNterNatioNaL 11 CoMPtes À reNDre   par Ianik Marcil 14 reNCoNtre

GUyLaINE tREMBLay dROIt aU cOEUR

Mon plus grand regret

18 28 29 30 30 34 35 40

MOts dE caMELOts  Gilles bélanger bill economou Daniel Grady richard touzin Nancy boucher réal Lambert Jacques Élizé Gisèle Nadeau

iNFo-raPsiM Comédienne d'exception, on l'aime aussi  31 L'aménagement urbain pour parce qu'elle est altruiste, engagée et sincère.

tous les membres de la cité

Dossier 19 aGRIcULtURE URBaINE

� Montréal : les défi s de l'avant-garde � technologie : agriculture 2.0 � L'agriculture urbaine en chiff res

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Gestionnaires innovants en devenir

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38 La fureur de lire

FestivaL iNterNatioNaL  De LittÉratUre Jusqu'au 21 septembre, le FiL propose  une fête des mots, de la lecture et de  la poésie dans un contexte éclaté, avec  un grand souci d'accessibilité.

41  vivre 42  Le Petit FLÉChÉ De JosÉe

43 L'ItINÉRaIRE REcOMMaNdE votre nouveau guide de sorties  culturelles.

par Bernard Saint-Jacques

CheMiN FaisaNt

44  Livres 45  DÉteNte 46  À ProPos De… La PaiX

On ne peut faire revivre Jacinthe, mais... par Jean-Marc Boiteau

ÉDUCatioN

soCiÉtÉ 26 allez et fêtez en paix

Ça fait du bien

LES CAMELOTS SONT DES TRAVAILLEURS AUTONOMES 50 % DU PRIX DE VENTE DU MAGAZINE LEUR REVIENT

Juste quelques mots pour vous dire à quel point votre parution du 1er août 2014 sur «l'éloge de la lenteur», comme le titre du livre de l'un de vos collaborateurs, Carl Honoré, m'a été bénéfique. Ça m'a fait du bien, beaucoup de bien, de lire tous les articles. J'aurais même aimé pouvoir offrir un exemplaire à l'une ou l'autre de mes connaissances. Mais cette édition est épuisée, je le crains. (J'ai déjà acheté la parution «Je me souviens... de quoi?».) Je vais demander à la camelot du coin Peel et Sainte-Catherine (elle est par fois dans le métro Peel). Merci de votre créativité pour les sujets que vous choisissez, deux fois par mois. Je trouve que votre magazine en vaut bien un autre plus connu ou prestigieux, même si certaines chroniques sont difficiles à lire,

tant j'aimerais pouvoir aider toutes les personnes dans le besoin. Malheureusement, «à l'impossible nul n'est tenu» et je me console en achetant L'Itinéraire pratiquement tout le temps (je donne 5 $ au camelot). Merci encore pour tout votre travail soigné et votre implication sociale, Annik de Brouwer NDLR : Il est généralement possible de vous procurer des exemplaires passés de L'Itinéraire en en faisant la demande auprès de votre camelot ou en vous présentant directement aux bureaux de L'Itinéraire.

ÉCRIVEZ-NOUS ! à cOURRIER@ItINERaIRE.ca Des lettres courtes et signées, svp! La Rédaction se réserve le droit d'écourter certains commentaires.

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ILS HABITENT

NOS RUES.

DONNER, C'EST HABITER

LEUR VIE Vous êtes partie prenante de la solution.

Camelots: Jean Guy Deslauriers Robert Ménard Franck Lambert Gabriel Bissonnette France Lapointe

Maude Guérin, porte-parole du 20e, en compagnie des camelots

PHOTO: SYLVIANE ROBINI

En appuyant L'Itinéraire, vous nous aidez à leur offrir les outils nécessaires pour reconstruire leur vie, trouver un logement, se nourrir sainement et briser leur isolement.

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Le retour du petit pain On a beau savoir que le discours des politiciens est souvent synonyme de bouse de taureau, il est révoltant de constater combien les compressions à la Santé et à l’Éducation vont faire très mal aux milieux les plus défavorisés.

BILLEt

syLVaIN-cLaUdE FILION | Éditeur aux contenus

L

e ministre de l’Éducation Yves Bolduc, celui qui fait preuve d’une rare adresse pour profiter du système de santé et qui juge qu’il y a trop de livres dans les bibliothèques scolaires, avait juré que les compressions de 150 millions $ infligées aux commissions scolaires ne toucheraient pas aux services aux élèves. À l’heure de la rentrée des classes, voyons plutôt où le ministère a coupé : l’aide aux devoirs, les berlingots de lait pour les démunis, le transport scolaire, les services professionnels et la francisation des écoliers immigrants. Quand on sait que les enfants vivant dans un milieu défavorisé ont déjà un risque plus élevé d’avoir des problèmes d’apprentissage, c’est une bien mauvaise nouvelle. Au ministère de la Santé et des Services sociaux, on ampute 600 millions $ sur quatre ans qui auront pour conséquence de voir les services de première ligne, déjà déficients, se détériorer davantage. Comme les statistiques prouvent déjà que ce sont les classes défavorisées qui éprouvent le plus de problèmes de santé, on voit déjà qui va en souffrir. Si l’on décortique un tant soit peu le budget adopté en juin dernier, on voit tout de suite que les coupes portent un préjudice à la classe moyenne et aux plus pauvres de notre société, en les privant de moyens qui leur permettraient d’améliorer leur sort. On parle d’un tas de petites coupures en apparence insignifiantes, mais qui en disent long sur les intentions du budget Leitao : on retranche 55 millions $ à l’aide à l’emploi et à la solidarité sociale ; 25 millions $ dans l’agroalimentaire et l’inspection des aliments ; 9 millions $ au secrétariat à la jeunesse et 11 % du budget du secrétariat des aînés (3 millions $). On coupe aussi dans l’accessibilité à la justice (3 millions), la Régie du logement (1 million), les musées nationaux (2 millions), les bibliothèques et les archives nationales (1 million), la gestion du patrimoine (1 million). Cela peut sembler

peu, mais on parle de postes budgétaires déjà indigents. La vision du futur du gouvernement libéral est bien étroite : il injecte de l’argent dans l’économie et les études supérieures, soit, mais il réduit de 1,5 milliard le budget d’investissements en sport, loisirs, culture et communications. Il coupe près de 50 millions $ dans le développement durable, la protection de l’environnement et la gestion des ressources naturelles. 50 millions, c’est justement la somme octroyée par Québec pour garder l’édifiant et polluant Grand Prix Les orientations de Formule Un à Montréal. Ajoutons maintenant l’insulte à du budget 2014l’injure : plutôt que de taper sur les doigts de certains ministres qui ont les 2015 ont le mérite mains dans le plat de bonbons, Philippe d’être limpides : Couillard a publiquement donné son appui, en juillet dernier, un rapport préle gouvernement conisant une augmentation de plus de Couillard mise sur 50% du salaire de base des députés de l’Assemblée nationale. Ce n’est pas fait, l’ignorance et sur j’en conviens, mais comme on dit, c’est l’intention qui compte. l’inaccessibilité à la Les orientations du budget 2014-2015 ont le mérite d’être limpides : le gouver- justice sociale pour nement Couillard mise sur l’ignorance les moins nantis. et sur l’inaccessibilité à la justice sociale pour les moins nantis. En clair : on ne va pas aider ceux qui n’ont pas eu la chance d’aller gagner des millions en Arabie Saoudite, de s’enrichir par la spéculation ou de profiter des failles d’un système de plus en plus oligarchique. Jadis, on disait des Québécois qu’ils étaient nés pour un petit pain. Le gouvernement Couillard nous renvoie le même message réducteur et rétrograde : né pour un petit pain. Ça a bien l’air que c’est ça, les vraies affaires.

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paR MaRtINE B. côtÉ, MaGda OUaNEs Et LaURE pEINcHINa

RONd-pOINt appelez-la Radio VM

Radio Ville-Marie change de nom, mais pas de mission. À quelques mois de célébrer ses 20 ans, la chaîne devient Radio VM, mais demeure tournée vers l’analyse de l’actualité et la réflexion. Du haut de ses 50 ans de carrière, Pierre Maisonneuve reprend son micro du jeudi 11 h, Louise Harel et Michel Rioux animent Sociétés ouvertes les lundis à 11 h et Marcel Leboeuf est de retour avec ses Passions les mercredis à 11 h. Pour les auditeurs qui préfèrent leurs matins en musique, Radio VM offre de nombreuses émissions musicales autour des musiques sacrées, du classique et de la chanson francophone. Au 91,3 FM et à radio villemarie.com pour une écoute sur le web. (MBC)

En arrière, les pauvres

Une porte pour les riches, une autre pour les pauvres. À Londres, des édifices à logements de luxe adoptent des pratiques aux allures ségrégationnistes. Pour faire face à la crise du logement, la ville oblige les promoteurs en construction à inclure des unités à loyer modéré dans leurs nouvelles habitations. L’idée : favoriser la mixité sociale et éviter que la ville ne devienne un « ghetto à riches ». Mais il semble que cette politique ait eu l’effet contraire, car ces deux classes de résidents n’entrent pas dans leur édifice par la même porte. Les riches propriétaires sont accueillis à l’avant, dans un lobby digne des grands hôtels, tandis que les locataires doivent emprunter des entrées derrière les bâtiments ou adjacentes aux ruelles. Heureusement pour Montréal, encore rien de tel à l’horizon. (MO)

La marche pour la prévention du suicide avec les comédiens de Yamaska aura lieu à Granby le 28 septembre

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QUEstIONs à

anne Boyer coauteure du téléroman Yamaska

Vous êtes sensible à la cause pour la prévention du suicide, pourquoi ?

Au Québec, trois personnes se suicident chaque jour. Les jeunes sont également très touchés. Le fait d’en parler, de rendre ce sujet-là moins tabou, ça peut changer beaucoup de choses. Un de mes fils ne parle pas beaucoup. Ça m’a inquiétée et donné l’idée d’en parler. On a eu le réflexe d’appeler l’Association québécoise pour la prévention du suicide pour voir avec eux comment aborder la question. On avait le souci de bien faire pour limiter les impacts. Le suicide, c’est une solution permanente à un problème temporaire. Je trouvais ça important de faire notre part là-dedans.

comment est venue l’idée d’organiser la marche yamaska pour la vie ?

La scène dans laquelle Rachel, interprétée par Nathalie Mallette, s’est suicidée a créé une onde de choc. Dans la série, mais aussi chez les téléspectateurs. Notre communauté Facebook est très importante avec près de 106 000 membres. Dans la série, Étienne, l’ex de Rachel, incarné par Patrick Labbé, décide d’organiser une marche pour la prévention du suicide. Cette marche, on a décidé de l’organiser pour de vrai à Granby le 28 septembre. C’est quelque chose qu’on fait beaucoup dans la série, amener la fiction dans la réalité. Des images seront spécialement tournées pour l’occasion et insérées dans l’émission du lendemain. Cette journée-là, vous pourrez donc marcher en compagnie de nos comédiens. Les gens doivent s’inscrire au yamaskapourlavie.ca

Qu’est-ce qui s’en vient pour le téléroman Yamaska ?

Michel d’Astous et moi avons commencé à écrire la septième et dernière saison. On va donc boucler la vie de nos personnages. Ça nous réserve de belles surprises ! Les gens qui nous écoutent, tout comme Michel et moi, sommes très attachés à eux. Il nous reste encore beaucoup de choses à dire mais on s’est gardé quelques surprises nous aussi pour avoir du plaisir jusqu’à la fin ! (LP)


GODIN DANS LA RUE

Vous avez dit Ice Bucket quoi? Au moment de taper ces lignes, le monde entier se déverse des chaudières d’eau glacée sur la tête, dans une sorte de jeu de tague à l’échelle mondiale. Au moment où vous lisez cette page, le fait-on encore? Se souvient-on de la cause pour laquelle on s’auto-douchait ainsi? Surtout, en sait-on plus sur la sclérose latérale amyotrophique? Le magazine Vice dressait récemment une liste des bonnes causes tombées dans l’oubli tels Livestrong, BringBackOurGirls et autres campagnes de levées de fonds précédées d’un dièse. Le movember n’estil pas devenu une occasion de parler moustache davantage que de prostate? À ce jour, 90 millions ont été amassés, dont plus de 250 000 au Québec, pour la SLA, aussi appelée maladie de Charcot. Espérons que le soutien à cette association perdure au-delà de son #icebucketchallenge, qui s’annonce comme le phénomène viral LE NOMBRE de l’année 2014. (MBC)

Bilan meurtrier

Intérêt à être membre

2,4 millions

Vous avez un compte dans une banque et vous souhaitez retirer un petit 20$ dans un guichet des caisses Desjardins ? Attendez-vous à des frais instantanés de 4$. Depuis juillet, le réseau des caisses a augmenté de un dollar le coût de la transaction dans ses guichets pour un non-membre. En général, les transactions faites dans un guichet d’une autre institution financière que la vôtre s’accompagnent de frais de 2 à 3$. Même chose pour les machines ATM qui trônent dans les bars et les dépanneurs. L’ Union des consommateurs plaide depuis longtemps pour un plafonnement des tarifs. D’ici là, elle recommande de profiter d’une transaction Interac pour retirer quelques billets supplémentaires ou de retirer vos billets verts à même un guichet de votre institution. (MBC)

de Québécois n’ont pas C’est bien connu, la rue, ça tue. Mais combien de sans-abri ont perdu la de régime de retraite vie dans la solitude, le silence et l’inSource : Régie des rentes différence la plus totale? Les données du Québec québécoises sur ce thème sont quasi inexistantes. Outre-Atlantique, le collectif français Mort de la Rue publie chaque année des statistiques sur ce sujet sombre. En 2013, 454 itinérants français sont morts, dont 5 nouveaux-nés et 10 enfants âgés en moyenne de quatre ans. Le conseiller de Snowdon dans Côte-des-Neiges-Notre-DameLe collectif souligne que ce décompte est loin de-Grâce presse le maire Coderre d’adopter un plan d’action ciblé d’être exhaustif. Il recueille ces informations en itinérance cet automne. Marvin Rotrand propose d’importer auprès d’associations, du Samu social, des foyers deux idées développées dans la ville de Vancouver. d’hébergement, des mairies, de la population ou • Une direction des services pour les personnes itinérantes (avec de la morgue. pouvoir de juridiction et ressources financières) pour travailler de À Montréal, aucun recensement des itinérants pair avec les organismes communautaires. de Montréal n’a été réalisé depuis 15 ans. Le • La nomination d’un protecteur, sorte d’ombudsman indépendant, issu du milieu. maire Coderre s’est engagé à le faire. Promesse À Vancouver, Judy Graves a exercé pendant 20 ans ce rôle de Protectrice des perà suivre. (MO) sonnes itinérantes, appelé là-bas «homeless advocate». Sa successeure, Ethel Whitty, est elle aussi une travailleuse de terrain, nommée pour conseiller les élus municipaux sur les questions touchant l’itinérance. Le vote sur la motion est prévu pour la mi-septembre. (MBC)

Faire comme à Vancouver

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RONd-pOINt INtERNatIONaL

kENya | sables mouvants

Une nouvelle loi sur la protection de l’information publique est décriée comme une attaque envers la liberté de la presse. Le gouvernement peut maintenant empêcher la divulgation d’informations qu’il juge délicates pour une durée de 25 ans en les décrétant «secret d’État». Les critiques dénoncent une définition floue permettant aux autorités de masquer leur corruption. D’autant plus que les délais de prescription pour inculper les employés de l’État seraient largement dépassés au bout d’un quart de siècle. (IPS)

Photo: theLMa MeJÍa/iPs

HONdURas | Motus et bouche cousue

L’industrie du sable est accusée d’exploiter massivement les enfants attirés par le manque d’alternatives économiques. Les salaires de misère qu’ils y gagnent s’ajoutent à des conditions de travail dangereuses et parfois mortelles. Le boom dans l’industrie est alimenté par l’augmentation des constructions dans les métropoles africaines. Ce secteur emploie près de 30 000 personnes y compris des milliers d’enfants. Malgré le danger, plusieurs préfèrent ce travail parce qu’il est plus accessible que d’autres. (IPS)

L'Itinéraire est membre du International Network of Street Papers (Réseau International des Journaux de Rue - INSP). Le réseau apporte son soutien à plus de 120 journaux de rue dans 40 pays sur six continents. Plus de 200 000 sans-abri ont vu leur vie changer grâce à la vente de journaux de rue. Le contenu de ces pages nous a été relayé par nos collègues à travers le monde. Pour en savoir plus, visitez www.street-papers.org.

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ITINERAIRE.CA | 15 septembre 2014

Photo : robert kibet/iPs

Depuis 2007, la ville de Seattle emploie des musiciens de rue pour jouer dans les parcs dangereux du centre-ville. Ils sont 25 à divertir ainsi les touristes, les travailleurs pendant leur pause lunch et les itinérants qui y dorment. Les musiciens ne gagnent pas une fortune, mais leur présence détend l’ambiance parfois survoltée. L’un d’eux affirme que les gens semblent plus respectueux et moins bruyants lorsque les musiciens jouent. C’est aussi une belle manière d’inclure dans l’espace public des musiciens aux parcours souvent atypiques. (Real Change)

Photo: soPhie boNoMi

États-UNIs | Bande son

Les producteurs laitiers de Larissa, au centre du pays, contournent la bureaucratie complexe du pays en vendant directement aux clients grâce à des machines distributrices de lait. Plusieurs ont pu baisser leurs prix en coupant les intermédiaires et les clients semblent heureux d’encourager les agriculteurs locaux. Un groupe de producteurs de patates avait lancé ce mouvement de vente directe qui englobe une panoplie croissante de denrées de base. Ils s’installent dans des stationnements pour éviter les supermarchés et vendent de la farine autant que des produits nettoyants. (Reuters)

Photo: reUters/YorGos karahaLis

GRÈcE | distribution aux consommateurs


Mangez vos ordures C'est entre le quart et le tiers de la nourriture produite dans le monde qui est jetée aux ordures, selon la Banque mondiale. Cela représente 296 kilos par habitant par année en Amérique du Nord, soit près de 1kg/jour par personne, nourrissons inclus. De ce gaspillage, plus du tiers est fait à la maison, par le consommateur final. Il est facile de se culpabiliser : finis ton assiette, il y a des petits Africains qui meurent de faim.

comptes à rendre

ianik marcil | Économiste indépendant

E

n mangeant littéralement nos ordures, sauverionsnous le monde de la famine ? C'est oublier que si ce tiers du gaspillage alimentaire est de notre responsabilité, les deux-tiers sont causés par les méthodes de gestion de l'industrie. En fait, la moitié du gaspillage se fait dans les étapes de la production et du transport des aliments. La production alimentaire est pourtant fortement industrialisée. Elle devrait, ce faisant, être rationnellement organisée et très efficace. Comment se fait-il qu'elle dilapide autant de sa propre production ? On peut apporter deux éléments de réponse à cette question. D'une part, la valeur des produits alimentaires n'est pas assez élevée pour éviter ce gaspillage. Si le kilo de tomates se vendait au prix de l'or, 45 000$ le kilo, il y a fort à parier que le producteur ne laisserait pas une seule tomate pourrir sur son plant. Si autant de denrées sont gaspillées dès leur étape de production, c'est qu'il n'est pas rentable de les exploiter, une fois la première récolte réalisée, par exemple. D'autre part, nous sommes, consommateurs, res­ ponsables et victimes d'une industrie qui cherche à standardiser les produits. Nos fruits et nos légumes doivent être aussi parfaits, sur l'étal du marchand, que ceux qu'on admire sur les photos des livres de cuisine. Nous avons oublié qu'une carotte peut être rabougrie ou qu'une tomate peut arborer une forme bizarre et quelques taches noires tout en étant déli­ cieuses. L'industrie agroalimentaire nous a habitués à des produits presque trop parfaits et nous demandons donc, brainwashés par ce marketing, des carottes bien droites et des tomates bien rondes. Aux poubelles, les fruits et légumes moches. En France, certains supermarchés ont lancé ces derni-

ers mois une campagne marketing pour valoriser ses «légumes moches», vendus à meilleur prix que les «beaux» légumes. L'initiative a remporté un succès qui a dépassé les attentes. Reste à évaluer son impact réel sur le gaspillage. Mais L'industrie on peut raisonnablement supposer qu'il ne s'agira finalement agro-alimentaire que d'une opération marketing qui ne changera pas grand chose nous a habitués d'autre que de donner bonne à des produits conscience aux consommateurs. C'est un peu comme recycler soipresque trop gneusement ses bouteilles d'eau parfaits et nous en plastique : on a l'impression d'être un citoyen consciencieux demandons donc, de l'environnement, ce qui permet à l'industrie de nous vendre brainwashés par de l'eau embouteillée qui néces­ ce marketing, site, pour la fabrication de chacune d'elle, trois fois plus d'eau que des carottes bien ce qu'elle contient. Manger les aliments qui devien­ droites et des draient autrement des ordures tomates bien est certes une bonne chose ; nul ne peut être contre la vertu. rondes. En revanche, avec cette campagne des légumes moches, les consom­mateurs sont encore les dindons de la farce. Comme dans le cas du recyclage, nous ne pouvons pas raisonnablement nous y opposer, mais en l'encourageant, nous avalisons la perpétuation d'une industrie agroalimentaire polluante, inefficace et inéquitable.

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daNs La tÊtE dEs caMELOts

Mon plus grand regret Dans la vie, on fait des choix en fonction des circonstances du moment. Avec le temps, on se demande si l’on n’aurait pas pu faire les choses autrement. Si l’on avait pu. Si la vie nous en avait donné le choix. Car parfois c’est elle qui semble choisir pour nous. Nos camelots prennent un peu de recul et partagent les regrets qui les habitent encore. paR catHERINE MORassE Et adIL BOUkINd

de sincères condoléances Ma campagne et mes blondes

JOHaNNE BEssNER Camelot, angle Amherst/Beaudry

syLVaIN cLOt Préposé à l'entretien ménager

Je regrette d'avoir perdu ma famille. J'ai perdu ma sœur et ma tante quand j'étais très jeune. Puis j'ai perdu mes amis, mes parents... Et ici, on vient de perdre un camelot.

Mon plus grand regret est d'être parti de ma campagne où j'ai eu mes premières amours. J'habitais à Mont-Laurier. Cette décision s'est prise sur un coup tête et aujourd'hui je me dis que je n'aurais jamais dû venir ici. Je n'aurais pas eu les problèmes que j'ai en ce moment. Je suis un grand brulé et je me dis que si je n'étais pas parti à 32 ans, tout cela ne serait probablement pas arrivé. Je m'ennuie de ma famille et de mon ex. J'avais même un meilleur salaire là-bas.

aucun regret

yes, no, toaster! BENOÎt cHaRtIER Camelot, IGA Place Bercy

Au secondaire, j'ai eu une bourse pour aller passer l'été à l'université York. Tout ce que j'aurais eu à payer, c'était mes crayons, mon papier et mon transport. Ça aurait été une immersion totale. Mes parents ont préféré que j'aie mon premier emploi d'été. Alors je me suis payé des cours du soir à McGill, mais de ne pas faire une immersion totale, ça m'a coupé beaucoup de possibilités. J'aurais été complètement bilingue!

cyBELLE aUBERtIN Camelot, angle Place-des-Arts/Saint-Urbain

Des regrets? Je n'en ai pas! Je ne peux pas changer les choses qui sont déjà arrivées. Comme le décès de ma mère; je la regrette, mais je ne peux rien y changer. Je ne me flagelle pas avec les choses qui ne sont pas de ma faute.

Vivre sans regret RaOUL JOUBERt Camelot, métro Montmorency

Je n'ai pas vraiment de regret, j'essaie de ne pas en avoir. Pour vous dire, le seul regret que j'ai est de ne pas avoir eu de voiture plus rapidement. Je suis assez heureux dans la vie actuellement.

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Une famille éclatée MIcHEL HOULE Camelot, angle Saint-Hubert / Ontario

Je regrette d'avoir disloqué ma famille. Quand mes filles ont décidé de partir en appartement avec leurs amis, j'ai décidé de quitter ma femme. Je la connaissais depuis que j'avais cinq ans. Je l'ai quittée à 50 ans. Je l'aime encore aujourd'hui. C'était une terrible erreur. J'ai récemment repris contact avec mes filles. En revanche, ma femme ne veut plus m'adresser la parole depuis.


Le mauvais monde yaNNIck LaROUcHE Camelot, métro Atwater

payer ses factures

Mon plus grand regret est de rester ici à Montréal. Je viens du Lac-Saint-Jean. Je suis à Montréal à cause du travail. Mais au final les gens ici sont bizarres, c'est une autre planète. Voilà 15 ans que je suis ici. Le fait que j'aie un enfant m'empêche de partir de cette ville. La campagne me manque.

à qui la chance? FRaNck LaMBERt Camelot, métro Frontenac

C'est d'être célibataire! Je trouve ça plate d'être tout seul, de ne pas avoir la compagnie d'une femme. Je n'ai jamais su comment les approcher. Et quand j'essaie, j'essaie trop, et ça leur fait peur!

JOsEpH cLERMONt Camelot, métro Papineau

Mon plus grand regret est de ne pas avoir payé mes tickets de voiture. Je travaillais comme chauffeur de camion à l'époque. Si j'avais réglé ces factures, j'aurais encore mon emploi et je ne serais pas obligé de vendre L'Itinéraire. J'ai accumulé 3000 $ de dettes sans les intérêts. J'ai ensuite eu un accident dans lequel je n'avais pas de plaques d'immatriculation ni d'assurances. L'accident a ajouté 10 000 $ à mes dettes vu que je devais payer l'autre véhicule. Je n'ai jamais été capable d'avoir à nouveau mon permis. Sans cette perte de permis, je n'aurais jamais été dans la rue.

Un appartement plein d'enfants JEaN-GUy dEsLaURIERs Camelot, Promenade Masson

L'attrait de l'argent stÉpHaNE aVaRd Camelot, métro Place d'Armes

Mon plus grand regret est de ne pas avoir réussi à compléter ma technique d'usinage. Je suis tombé sur le marché du travail et quand on commence à faire des sous, on a moins envie d'étudier. En plus, je ne travaillais que pour 4 $ par heure. Je pourrais retourner aux études pour obtenir mon diplôme, mais je me dis que je suis trop vieux.

Mon seul grand regret c'est de ne pas avoir eu d'enfants et de fonder une famille. Ça m'aurait pris une blonde. Je n'ai jamais été marié. J'ai réussi à faire le deuil de mon échec professionnel, mais jamais celui de ne pas avoir eu de famille. Bon nombre d'entre nous (les camelots) sommes seuls et vivons dans l'isolement.

se flamber la santé GILLEs FERLaNd Camelot, angle Saint-Laurent/Prince-Arthur

Avoir commencé à fumer la cigarette quand j'avais 15 ans. C'est ce qu'il y a de plus dur à arrêter!

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rencontre

Droit au cœur

Ses yeux pétillent et sa voix, à la fois rauque et mielleuse, apaise. Elle nous a fait rire dans La Petite vie, elle nous fait pleurer dans Unité 9. Actrice accomplie sautant aisément d'un registre à l'autre, du théâtre au cinéma, avec un pied bien ancré au petit écran, Guylaine Tremblay fait partie de ces rares personnalités qui créent l'unanimité. Elle est une comédienne d'exception, qui sait toucher droit au cœur, mais on l'aime aussi parce qu'elle est altruiste, engagée et sincère. Rencontre. PAR MARIE-LISE ROUSSEAU

Tu joues un rôle secondaire dans le film Qu'est-ce qu'on fait ici? de Julie Hivon. Peux-tu nous parler de ton personnage?

C'est l'histoire d'une bande d'amis qui vivent le deuil d'un des leurs. Je joue la mère du personnage principal féminin. C'est une barmaid de 50 ans, habillée comme une fille de 25, trop sexy, trop Ça me fait ben décolletée, trop toutte! rire, le monde C'est un beau personElle a beaucoup qui va aux Indes nage. de spontanéité, beaucoup de fraîcheur. rencontrer des

vieux sages... Pis ta grand-mère qui est au foyer, ça fait combien de temps que t'es pas allée la voir?

Il y avait un petit moment qu'on ne t'avait pas vue au cinéma?

Les rôles au cinéma ne sont pas forcément pour les femmes de mon âge. C'est pour ça que j'étais contente de jouer Nicole, une femme de 50 ans complètement assumée. J'en ferais bien plus souvent, mais encore faut-il qu'il s'écrive des scénarios avec ce genre de rôle.

Manque-t-il de rôles pour les femmes dans la cinquantaine?

Au cinéma, on n'en voit pas comme rôle principal, il y en a beaucoup de secondaires intéressants, comme celui-ci. Mais une femme de 50 ans qui a un film sur le dos? On ne voit pas ça, alors qu'on le voit du côté des gars, avec des films mettant en vedette Michel Côté par exemple. Mon dernier a été Contre toute espérance, de Bernard Émond (2007).

PHOTOS : MARIO JEAN/MADOC STUDIO

Mommy va arriver avec Anne Dorval, mais à part ça.... Il en faudrait plus.

Par contre, tu as un rôle en or dans Unité 9.

C'est un grand cadeau, un rôle comme Marie Lamontagne. C'est un rôle difficile parce qu'elle n'a pas de particularités. Elle n'est pas un cliché, ça pourrait être n'importe qui. C'est un beau défi, parce que je dois toujours travailler en finesse. C'est une fille qui a beaucoup de silences, beaucoup d'ombres, beaucoup de cachettes, comme bien des victimes d'inceste.

Comment le sujet de l'émission te rejoint-il?

Je suis une femme, j'ai des filles. Je ne peux pas m'empêcher de penser à quel point ma vie et leurs vies seraient brisées si on avait eu à vivre un drame pareil. L'inceste, c'est terrible. Depuis que je fais le show, j'ai eu des aveux de gens qui m'ont fait tomber à terre. Jamais je n'aurais pensé. C'est ça le drame de l'inceste : c'est un gros processus de camouflage. Mon personnage est prof au secondaire, mariée, mère de deux enfants... personne n'aurait pu s'en douter. C'est terrible à quel point on côtoie des gens brisés et on ne le sait pas. Si ce show permet de briser le silence, ça va être déjà beaucoup.

Tu es porte-parole de l'organisme La Maison Bleue, qu'estce qui t'as attirée vers eux?

Je l'ai choisie parce qu'elle vient en aide aux femmes enceintes en difficulté. C'est beaucoup des femmes immigrantes qui n'ont aucune famille ici, qui ne parlent pas la langue et qui sont

seules avec leur petite vie dans leur ventre. À La Maison Bleue, il y a tous les services sous le même toit et on prend soin de la femme et de l'enfant jusqu'à ce qu'il ait cinq ans. Ça brise l'isolement, parce que ça recrée un noyau familial avec les autres femmes dans la même situation. Il y a parfois des histoires horribles, certaines femmes enceintes arrivent d'autres pays avec un enfant d'un viol, ça demande tout un processus d'acceptation, c'est pas évident.

Ton engagement social ne s'arrête pas là. Tu as participé à notre journée Camelot d'un jour en février dernier. Comment as-tu vécu cette expérience?

J'ai vendu L'Itinéraire avec Joseph, au métro Papineau. J'ai super aimé ça! Je savais bien que plein de monde m'achetait des journaux parce que je suis Guylaine Tremblay et que je suis connue, mais j'ai pris conscience que plein de gens passent tout droit sans même regarder. C'est ce que Joseph vit chaque jour. Moi je suis habituée de me faire sourire, dire bonjour. [Ce qui arrive à quelques reprises par des passants au cours de notre entrevue.] Il faut être fait fort pour supporter cette indifférence sur soi.

Tu as deux filles de 14 et 17 ans, adoptées à Taiwan. Qu'est-ce que tu tiens le plus à leur transmettre comme valeurs?

Le courage, le sens de l'indignation... Ça prend du courage pour traverser la vie, et il faut s'indigner, mais sans péter des vitres. Je dis toujours à mes filles de l'exprimer clairement

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quand elles voient quelque chose d'inacceptable, sans pogner les nerfs, sinon ça n'a pas d'impact. Et aussi il faut leur montrer à aller au-delà du premier jugement. Si un enfant voit une personne obèse, il va tout de suite dire : il est gros, c'est laid! Il faut demander à l'enfant : penses-tu qu'il a choisi d'être gros? L'amener à réfléchir plus loin.

Qu'est-ce qui t'indigne?

Tout ce qui est abus de pouvoir de plus gros sur des plus faibles, ça me dégoûte. On en voit quotidiennement, tous les jours. Je sais bien qu'au plan international je ne peux pas y faire grandchose, mais dans la vie de tous les jours, si je vois un abus, c'est à moi de le manifester. Les gens qui se disent : «moi ça va bien, j'ai une maison, de l'argent, une job, un char» et qui ferment les yeux làdessus... ça marche pas! J'ai beaucoup de misère avec cette pensée.

Tu as dit que l'adoption est le plus beau geste de désobéissance. Pourquoi?

Mon corps ne voulait pas. Je suis tombée enceinte, puis, je n'arrivais

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C'est terrible à quel point on côtoie des gens brisés et on ne le sait pas.

pas à garder les bébés. Mais je voulais être une mère. Ce que la biologie ne pouvait faire, je l'ai fait autrement. En ce sens, j'ai désobéi à une loi naturelle. La désobéissance, c'est nécessaire. On ne peut pas traverser la vie sans ça, mais encore faut-il le faire intelligemment avec des arguments. Une désobéissance donne une ouverture plus grande.

Tu as aussi dit qu'être une femme, c'était être féministe, le crois-tu toujours?

Selon moi, les deux notions sont inséparables, tu ne peux pas être une femme et être contre les femmes. Ici, on est dans une situation particulièrement bonne comparé à plein d'endroits dans le monde, mais il n'y a rien d'acquis. Les filles qui présentement au Québec disent qu'elles ne sont pas féministes, qu'elles aillent lire un petit peu! Elles ont seulement besoin de reculer de 40, 50 ans en arrière, - pas loin! -, pour voir les acquis qui ont été faits de peine et de misère par leurs grand-mères. Ces acquis sont toujours fragiles. Une fille de 20 ans qui dit qu'elle n'est

pas féministe, c'est qu'elle est dans l'ignorance.

Dans ce numéro, nous publions un dossier sur l'itinérance des person­nes âgées. Comment ce sujet t'interpelle-t-il?

J'ai partagé la chambre de ma grandmère jusqu'à l'âge de 16 ans. Je trouve que nous sommes une société complètement épaisse de ne pas profiter des personnes âgées, de leur savoir, de leur expérience, de leur tendresse, de leur acceptation de la vie. Ça me fait ben rire, le monde qui va «aux Indes» rencontrer des vieux sages... Pis ta grand-mère qui est au foyer, ça fait combien de temps que t'es pas allée la voir? Tellement de vieux sont abandonnés seuls et se retrouvent dans l'itinérance. C'est un signe qu'on ne va pas bien quand on ne s'occupe pas des plus fragiles. Je le répète depuis des années : comment ça se fait que chaque garderie n'est pas systématiquement mise dans un foyer de vieux? Il me semble que tout le monde profiterait de cet échange. Moi, ma grand-mère m'a

apporté beaucoup. À la place, on les parque et on leur demande de ne plus participer à notre société.

Tu reçois des tonnes de prix de popularité, es-tu tannée de te faire dire que tu es la personnalité chouchou des Québécois?

On ne peut pas être tannée de l'amour, c'est le plus grand cadeau! C'est un grand privilège. Des fois les gens me demandent si je suis blasée; voyons donc ! Comment peux-tu être blasée de milliers de personnes qui te disent aimer ton travail et qui t'encouragent à continuer! Je vois ça comme un moteur.

Qu'est-ce qu'on fait ici?

Un film de Julie Hivon avec Maxime Dumontier, Sophie Desmarais et Guylaine Tremblay En salles le 26 septembre

Unité 9

Le mardi à 20h, sur ICI Radio-Canada Télé

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MOt dE caMELOt Gilles à la ferme Quand j’étais jeune, nous étions une grosse famille de 11 enfants : sept garçons et quatre filles. Mon frère Robert et moi étions placés chez des cultivateurs à Saint-Esprit. Nous travaillions sur la ferme et allions à l’école à Saint-Roch -de - l’Achigan. À notre retour, vers 15h30, on travaillait dans les champs de légumes. C’était un genre de pension en attendant de retourner chez mes parents à Montréal. Ce que j’aimais beaucoup à la campagne, c’était de travailler au grand air et de semer les légumes. Sarcler les rangs de patates était une de mes tâches préférées. On trimait fort, mais on était bien nourris. C’était un endroit très enrichissant pour des adolescents. Même si ce fut une période heureuse, j’ai été très content de revenir chez mes parents. Et vous, mes lecteurs et lectrices, j’espère que vous avez eu un été magnifique.

GILLEs BÉLaNGER

Camelot, Complexe Desjardins

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dOssIER

Agriculture et ville. Voilà deux mots qu'il n'est pas commun d'associer. Et pourtant, de Tokyo à New York, Paris, Londres, Bruxelles, Montréal ou Toronto, l'agriculture urbaine foisonne dans les grandes villes du monde, troquant son image champêtre pour celle de l'innovation et du génie. Le mouvement connaît un essor formidable. Et puisque voici venu le temps des récoltes, posons la question : à l'automne 2014, qu'en est-il des fruits de ce mouvement?

AGRICULTURE URBAINE Moisson passion

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dossier

Un avenir à cultiver Avec plus de 128 hectares d'initiatives agricoles, Montréal est considérée comme une des pionnières en agriculture urbaine. Regroupant chercheurs, entrepreneurs, décideurs politiques et milieux communautaires, cette nouvelle passion urbaine est bien partie pour révolutionner notre façon de concevoir l'alimentation et l'urbanité. PAR MAGDA OUANES

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elon la Ville de Montréal, le nombre de jardins communautaires a doublé en 30 ans, passant de 43 en 1981 à 97 en 2011. Mais l'agriculture montréalaise comprend aussi des producteurs à grande échelle, en plus des potagers individuels et les jardins entretenus par les entreprises et les institutions. Plusieurs groupes de recherche de l'UQÀM ont mis sur pied une plateforme interactive d'informations sur les activités en agriculture urbaine à Montréal, agriculturemontreal.com, qui permet de suivre le foisonnement des initiatives montréalaises. Que ce soit dans un jardin communautaire, sur des terrains vagues, sur leur toit, leur balcon, leur terrasse ou dans la moindre parcelle entourant leur demeure, la Ville estime qu'en 2013, 42 % des Montréalais pratiquent l'agriculture urbaine. Pour sa part, l'organisme Alternatives soutient, étude à l'appui, que ce sont 51 % des foyers montréalais qui s'adonnent à une forme ou une autre de production agricole. En plus de la prolifération des espaces alloués à la culture maraîchère, le nombre de ruches ne cesse d'augmenter. Alors qu'en 2012 on comptait 165 ruches, majoritairement situés en zone périurbaine, aujourd'hui, Agriculturemontréal.com en répertorie 282. La coopérative Miel Montréal a joué un rôle majeur dans leur valorisation et leur installation en milieu urbain. Sa mission première est de sauvegarder les abeilles, indispensables à la production agricole et au maintien de la biodiversité

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urbaine. Ses ruches représentent une production de plus de trois tonnes de miel montréalais par an. Dès lors, plusieurs questions s'imposent : qu'y-a-t-il d'aussi attrayant dans la pratique de l'agriculture urbaine? Qui la pratique, et surtout, comment s'explique cette nouvelle fureur agricole?

Une pratique bien enracinée

Comme le souligne Éric Duchemin, chercheur spécialisé en agriculture urbaine à l'Institut des sciences de l'environnement de l'Université du Québec à Montréal, «l'agriculture urbaine est un mouvement qui ne date pas d'hier». «Cette pratique est apparue dans les années 1970, au moment où il y a un choc pétrolier et une crise économique substantielle, poursuit-il. À cette époque, dans les villes issues des pays industrialisés, la plupart des gens se sont remis à l'agriculture urbaine afin de survivre à l'instabilité économique, et, essentiellement, afin de remédier aux problèmes d'insécurité alimentaire». C'est dans ce contexte que dès 1975, «poussée par un mouvement citoyen», précise Éric Duchemin, Montréal s'est dotée d'un programme municipal visant le développent de jardins communautaires en ville. Avant l'avènement de l'ère industrielle, la production agricole a occupé une place prépondérante dans la plupart des villes. Si dans certaines villes du Sud l'agriculture est demeurée une pratique liée à la subsistance, dans les villes occidentales, elle est devenue synonyme de loisir et d'autoproduction. Hormis la hausse des coûts des aliments engendrée par la crise, le chercheur ajoute que les préoccupations grandissantes au sujet de la provenance et de la valeur nutritive des aliments, ainsi que les inquiétudes au sujet de l'environnement ont également contribué à l'expansion du mouvement. «Ce qui se passe depuis quelques années, c'est que ce mouvement-là a été re-


joint par le mouvement environnementaliste, ajoute-t-il. De plus en plus de gens ont exprimé le désir de verdir leurs villes, de lutter contre les îlots de chaleur, de réduire leur empreinte écologique en limitant l'usage de la voiture, tout en favorisant l'accessibilité à une alimentation de proximité, abondante, saine et abordable».

Vecteur de changement social

Ces 20 dernières années, un grand nombre d'organismes communautaires ont privilégié l'agriculture urbaine pour briser l'isolement social, favoriser l'intégration des minorités ou encore pour apporter un soutien alimentaire aux personnes vulnérables de notre société. Créé en 1995, le Santropol Roulant livre quotidiennement à travers son service de Popote roulante des repas chauds souvent préparés à partir d'aliments cultivés sur leur toit, afin de favoriser l'accès à une nourriture saine et équilibrée aux personnes en perte d'autonomie. Depuis sa création, l'organisme utilise la nourriture comme outil pour lutter contre l'isolement social et économique chez les aînés. À ce jour, le Santropol Roulant a livré plus de 465 000 repas à des personnes en perte d'autonomie, et a offert plus de 300 emplois et stages à des jeunes Montréalais dans le cadre des multiples activités qu'il poursuit. Bien que la Popote roulante constitue le cœur de la mission de l'organisme, le Santropol explore de nouvelles manières de s'alimenter en ville de manière saine et écologique. En 2012, il met sur pied un projet de ferme urbaine, la Ferme du Zéphyr, située à Senneville sur une des rares terres agricoles de Montréal. Cette ferme certifiée biologique fournit la Popote tout en explorant les possibilités offertes par une agriculture urbaine à grande échelle. En collaboration avec le Santropol, le projet du collectif Des Fruits Défendus s'inscrit également dans cette logique de partage, d'exploration et d'expansion de l'agriculture urbaine à Montréal. Menée essentiellement par des bénévoles, cette initiative vise à mettre en réseau des propriétaires d'arbres fruitiers et des cueilleurs afin de réduire le gaspillage et rendre cette cueillette locale acces-

sible à tous. Une fois récoltés, les fruits sont partagés en trois parties égales : un tiers pour le propriétaire de l'arbre, un tiers aux bénévoles et un tiers à des organismes favorisant la sécurité alimentaire, tel que le Santropol Roulant. Comme le projet Des Fruits Défendus, l'initiative internationale Les Incroyables Comestibles a également fait de la justice alimentaire son cheval de bataille. Le principe est simple : cultiver des légumes dans le moindre coin de terre libre et laisser tout un chacun cueillir ce qui lui plaît. Née en Angleterre dans la ville de Todmorden, ce mouvement a fait le tour du monde. À Montréal, il prend d'abord forme dans le quartier de Westmount, pour ensuite gagner le cœur des habitants du Plateau-Mont-Royal et de Rosemont-La Petite-Patrie.

Une industrie en croissance

Avec une superficie de 2880m2, 2,5 millions d'inves­tissements privés, 10 000 consommateurs et 30 employés, la serre commerciale Lufa est la première de ce genre dans le monde. Située dans le secteur du Marché Central, dans Ahuntsic-Cartierville, cette ferme urbaine chef de file dans son domaine produit des aliments locaux, sans pesticide et hautement nutritifs. La ferme propose une quarantaine de variétés de légumes vendus sous forme de paniers en ligne, qu'elle dessert aux consommateurs sur une base hebdomadaire dans plusieurs points de chute à travers la ville. Inaugurée en 2011 par Mohamed Hage et Kurt D. Lynn, avec son modèle d'affaires à succès et sa technologie de pointe, la Ferme Lufa a transformé le visage de l'agriculture urbaine. Une seconde ferme a ouvert ses portes à Laval, en 2013 et on parle même d'une incursion future aux États-Unis. Le modèle Lufa inspire et des projets similaires ont essaimé à Vancouver, Toronto et New York qui accueillera bientôt à Brooklyn une première serre commerciale sur le toit d'un supermarché. Dans la catégorie des modèles d'affaires qui fonctionnent, on compte également la ferme Pousse-menu. Œuvrant dans le secteur de l'alimentation biologique depuis 1988, son patron Philippe Robillard semble avoir trouvé une niche fertile : une gamme complète d'aliments vivants et ultra santé, essentiellement des pousses et des germinations avec un cycle de production de deux semaines, le tout distribué le jour même, toute la semaine, partout au Québec. Favoriser la biodiversité, diminuer nos émissions de gaz à effet de serre, améliorer la qualité de l'air, promouvoir la justice alimentaire, ou encore renforcer les collectivités. Les bienfaits liés à l'agriculture urbaine sont multiples. Faisant de cette pratique un véritable modèle d'innovation sociale et environnementale, dont l'avenir se cultive, au jour le jour, sur les toits.

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dossier

Montréal : les défis de l'avant-garde Avec 8500 parcelles cultivables et une centaine de jardins collectifs, l'agriculture urbaine à Montréal se porte bien. Près de la moitié des Montréalais participent à cet élan dynamique. Mais des obstacles se dressent. Quels défis Montréal doitelle relever pour maintenir son leadership? PAR Laure Peinchina

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i Montréal a des défis à surmonter en agriculture urbaine, l'espace occupe certainement la première place. «Le conflit d'usage de l'espace est extrêmement irritant pour l'agriculture urbaine. Si on pense à une agriculture urbaine qui nourrit, ça prend de l'espace et l'espace en ville, ça coûte cher, puis c'est rare, affirme Jean-Philippe Vermette, cofondateur de l'École d'été en agriculture urbaine. C'est pour ça que de plus en plus de gens pensent à jardiner sur les toits.» Appelé plus communément la cinquième façade par nos voisins américains, le toit est un espace oublié. Pour Eric Duchemin, chercheur à l'Institut des sciences de l'environnement de l'UQÀM, le potentiel en superficie est considérable. «Il y a des centaines d'hectares disponibles à Montréal. On pourrait facilement se réapproprier ces toits qui sont des espaces délaissés.» Cette avenue prometteuse ne fait pourtant pas l'unanimité. «Il y a des blocages qui ne sont pas nécessairement reliés à la Ville de Montréal, mais à la Régie des Bâtiments du Québec (RBQ), explique le chercheur. La RBQ travaille à établir des critères de construction sur les toitures végétales qui inquiètent certains professionnels, car aucune réglementation ne s'appliquait jusqu'à présent.»

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Leadership et gouvernance

Depuis les recommandations émises par l'Office de consultation publique de Montréal dans son rapport sur l'état de l'agriculture urbaine en 2012, la Ville a mis sur pied un comité de travail permanent en agriculture urbaine. «La Ville de Montréal et les arrondissements réalisent qu'ils ont un rôle à jouer pour mettre en place des politiques, programmes et règlements qui encadrent et facilitent les initiatives et les activités en

agriculture urbaine, poursuit Éric Duchemin. L'arrondissement Rosemont-La Petite-Patrie a mené un projet pilote en 2011 pour autoriser les poulaillers urbains sur son territoire, mais depuis plus rien ne se passe.» Pour Jean-Philippe Vermette, la question de la poule à Montréal a été évacuée comme un mauvais feuilleton. «Est-ce qu'on pourrait imaginer des poulaillers communautaires où les Montréalais iraient chercher leurs œufs le matin, nourrir les poules sans que celles-ci ne soient abandonnées parce que le poulailler serait géré par un animateur ?», s'interroge le coordonnateur. «Il y a place à du développement, à des mesures réglementaires. Des exemples qui permettraient de reconnaître l'agriculture urbaine comme quelque chose de pas juste folklorique, mais comme quelque chose qui nourrit réellement le monde», conclut-il.


Technologie : agriculture 2.0 Les nouvelles technologies appliquées à l'agriculture urbaine multiplient les initiatives inspirantes. Par la gestion des productions à distance, la mise en réseaux des acteurs du mouvement, l'élargissement des marchés, elles sont un véritable moteur du développement de l'agriculture urbaine. PAR Laure Peinchina

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es technologies de l'information sont relativement récentes dans le paysage de l'agriculture urbaine. Leurs premières applications ont permis d'augmenter la production agricole en ville. Les Fermes Lufa en sont un bel exemple. Elles sont les premières à avoir construit une serre commerciale en 2011. Avec une deuxième serre intelligente située à Laval, toutes les opérations de production sont gérées au moyen d'ordinateurs ou d'iPad depuis les quartiers généraux à Ahuntsic. Une révolution qui permet d'améliorer les rendements de production. Une autre expérience inspirante utilise les données ouvertes des municipalités pour ramener les abeilles en ville. Le projet Alvéole utilise ces informations pour évaluer la capacité d'un quartier à accueillir des ruches. Mieux encore, la santé des abeilles pourra être évaluée au moyen de capteurs placés autour de la ruche. De quoi faciliter le travail des apiculteurs qui n'auront plus besoin de se déplacer ou presque. Au-delà des gains de production, c'est par la mise en réseaux que les technologies de l'information transforment le travail des agriculteurs urbains. Par exemple, percer le marché de la restauration est un défi pour les producteurs. Le distributeur Provender met en relation des producteurs périurbains et les chefs de restaurant, les hôtels, les cuisines commerciales via une plateforme web. Les problèmes de traçabilité des aliments, de fraîcheur des produits et gaspillage alimentaire sont ainsi mieux gérés. L'engouement pour les nouvelles technologies dans le milieu est sans précédent. Les développeurs d'applications et les agriculteurs urbains sont conscients des enjeux liés à la durabilité de nos villes et offrent de nouvelles perspectives pour les marchés. Alex Aylett, directeur et fondateur d'ÉcohackMtl, est enthousiaste: «La production locale ne s'adresse pas seulement aux gens qui vont faire leur course au marché Atwater, cela concerne l'ensemble de la population montréalaise. C'est essentiel. Si l'on veut créer du changement, c'est en créant des exceptions que les règles du jeu changent.»

Écohack

ÉcoHack est principalement un hackathon social dédié au développement durable : il vise autant à créer un réseau d'innovateurs qu'à créer le prochain «killer application». La deuxième édition d'ÉcohackMtl aura lieu le 18 octobre prochain à Montréal. Il réunira cracks en informatique et acteurs de l'agriculture urbaine pour développer des solutions innovantes. Hackathon : un hackathon est un événement où des développeurs se réunissent pour faire de la programmation informatique collaborative, sur plusieurs jours. Le terme est un mot-valise constitué de hack et marathon.

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dossier L'agriculture urbaine en chiffres À Montréal on trouve :

282 ruches 97 jardins communautaires 70 jardins collectifs 60 jardins d'institutions et d'entreprises 15 producteurs

Qui cultive?

81 % des personnes qui cultivent depuis moins de 10 ans résident en majorité dans le centre et l'est de l'île 71 % sont des travailleurs 76 % ont entre 18 et 49 ans

Où le font-ils ?

34 % des agriculteurs urbains cultivent sur le balcon dans les différents secteurs de la ville. Le taux grimpe à 43 % dans le secteur centre. 64 % dans la cour arrière d'un bâtiment 8 % dans un jardin communautaire 1 % sur le toit

Comment le font-ils?

23 % des agriculteurs urbains pratiquent le compostage 19 % des agriculteurs urbains récupèrent l‘eau de pluie pour irriguer les cultures 80 % des agriculteurs urbains estiment que l'activité améliore les rapports entre les gens

Les Fruits défendus

Récolte en 2013 : 2545 kilos de fruits provenant de 82 arbres sur 43 sites de récolte

Les fruits de Montréal Baies d'amélanchier Griottes Poires Pommes Prunes Rhubarbe Raisins Groseilles

(Sources : Ville de Montréal – Cabinet du Maire et du comité exécutif, Agriculture Montréal et Ville de Montréal et Les Fruits défendus.)

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éducation

UNE PREMIÈRE À HEC

Gestionnaires innovants en devenir Ça y est. La première cohorte officielle de la nouvelle maîtrise en Gestion en contexte d'innovations sociales est actuellement assise sur les bancs de l'École des Hautes études commerciales. Oui, oui, HEC, terreau de la finance et du business, s'ouvre aux questions sociales et écologiques. Par Martine B. Côté

Photo : Yves-Marie Abraham

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pontanément, un bachelier en travail social ou en géographie ne pense peut-être pas à HEC pour poursuivre des études supérieures. Rêver de devenir un cadre dirigeant, encore moins. Avec une nouvelle spécialisation qui lie gestion et innovation sociale, la grande école de commerce compte attirer celles et ceux qui «ne veulent plus d'un discours classique sur la croissance et le progrès technique», affirme le responsable du programme Yves-Marie Abraham. Avec un taux de placement à la maîtrise qui cartonne à près de 100 %, un diplôme HEC vaut cher sur le marché, le traditionnel ou celui de l'économie sociale et solidaire. «C'est un secteur en développement, qui aura besoin de gestionnaires, et le sceau HEC est reconnu partout dans le monde.» Depuis 12 ans, le sociologue Yves-Marie Abraham fait partie de la branche la plus progressiste de HEC Montréal, soucieuse d'offrir une alternative à l'entrepreneuriat dominant. «Il est urgent d'innover sur le plan social pour contrer les inégalités grandissantes, l'affaiblissement de la démocratie, qu'on voit de plus en plus dans la répression, notamment policière, et pour contrer la crise écologique», explique-t-il. Au programme de la nouvelle maîtrise, un cours sur la gestion de coopératives, un autre sur la responsabilité des entreprises en matière de développement durable ou sur la décroissance soutenable, «un cours qui, à ses débuts, a amené plus de bruit que d'étudiants!» HEC est l'une des rares institutions dans le monde à offrir un cours sur ce thème qui donne la frousse ou l'envie de rire aux capitalistes endurcis. Qui sont ces moutons noirs inscrits à ce nouveau programme? Des femmes, à 80 % pour l'instant. Des bachelières, âgées de 23, 24 ans, quelques travailleurs du milieu communautaire, un cinquantenaire. «Des gens engagés socialement, qui ont envie de contribuer à changer le monde. Rien que ça!», affirme, rieur, le professeur Abraham. L'édifice de HEC, son amphithéâtre Banque Nationale et sa salle Investissement Québec n'ont qu'à bien se tenir.

Avec une nouvelle spécialisation qui lie gestion et innovation sociale, la grande école de commerce compte attirer celles et ceux qui ne veulent plus d'un discours classique sur la croissance et le progrès technique.

Ce que les étudiants liront L'obsolescence de l'homme, de Gunter Anders Dès les années 1950, le philosophe, mari de Hannah Arendt, se penchait sur la destruction de l'humanité.

Les limites à la croissance (dans un monde fini), de Dennis Meadows, Donella Meadows et Jorgen Randers On l'appelle parfois le rapport Meadows, l'une des plus puissantes critiques du consensus sur la croissance économique.

Le Système technicien, de Jacques Ellul

L'un des trois livres qu'a consacré le penseur français au lien entre les développements techniques et l'aliénation.

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sOcIÉtÉ

allez, et fêtez en paix Le 21 septembre prochain se tiendra la 33e Journée internationale de la paix. Si les Nations Unies célébreront en faisant tinter la Cloche de la paix à New York, les Montréalais ne seront pas en reste et pourront participer à une ribambelle d'activités soulignant la fraternité et l'absence de conflits. paR catHERINE MORassE | Collaboration spéciale

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u'ont en commun le jazz, les vidéos de chats et la paix? Tous ont un festival dédié en leur honneur. Initié par l'organisme Cercle de Paix, le Pacifest veut promouvoir une culture de paix à Montréal. La Journée internationale de la paix vous excite tellement que vous n'en dormez plus la nuit? Vous ne tenez plus de fébrilité à l'approche du 21 septembre? Le Pacifest a prévu le coup. Le jeudi 18 septembre, le Concert pour la Paix 2014 se tiendra au Lion d'Or. Un imposant défilé de représentants de la scène musicale québécoise compose le menu de cette soirée. Nanette Workman, François Lachance – oui, le même qu'à Star Académie! –, Jeff Fisher, Lesley Snooky Alston, Jimmy James, Sweetfield sous la direction de Sonja Ball, Zale Seck accompagné du fougueux batteur David Devine, Megan & Lauren et finalement Cavalaire avec Alain Lapointe, issu du groupe Les B.B., prendront d'assaut la scène du cabaret. Le dimanche 21, le Pacifest se poursuit sur les pavés de la place d'Armes. Au lever du soleil se tiendra une cérémonie traditionnelle du calumet en compagnie d'un chef algonquin, suivie d'une séance de yoga. À midi, participez à une minute de silence et à une méditation pour se remémorer les horreurs des guerres. Ensuite, une marche vous guidera vers la place de la Paix, où un village tout aussi thématique regroupera des kiosques d'organismes et des jeux pour les enfants, en plus d'une foule d'activités pour tous. «Ça reste très humble comme festival. C'est difficile de vendre la paix, car c'est quelque chose qu'on donne gratuitement, affirme le président et fondateur du Cercle de la paix, Jean Trudel. «On espère que ça va grossir!»

porteurs de paroles

Si vous préférez prendre un café après une grasse mati-

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née à fumer le calumet au lever du soleil, six organismes ont joint leurs efforts pour vous proposer une autre recette. Antennes de Paix, le centre de formation MarieGérin-Lajoie, le Comité Central Mennonite, Initiatives et Changements, la Maison de l'amitié et Religions pour la paix Québec vous convient à décorer le parc Laurier de brins de sagesse dans le cadre de l'activité pacifique et artistique Porteurs de paroles. «Le concept, c'est qu'on se place dans le parc avec un grand chevalet et on va poser une question au public. Les gens pensent, et s'ils aimeraient passer un commentaire, ils l'écrivent sur un morceau de papier. On affiche ensuite les réponses sur des cordes à linge un peu partout dans le parc», explique le directeur de la Maison de l'amitié Luke Martin. Dès 11 heures, un hot-dog gratuit à la main, vous pourrez écouter des spectacles de musique et assister à la plantation de l'arbre de la paix. Les festivités se termineront à 16 heures autour du piano public de la station Laurier, en chorale improvisée, en entamant des airs de paix comme Imagine et We Are the World. Alors, célébrer la paix, ça vous tente? L'invitation est lancée!

pour plus d'information paix-21septembre.org/

pacIFEst :

facebook.com/Pacifest

cONcERt pOUR La paIX :

Cabaret Le Lion d'Or : 1676, rue Ontario Est. Billets disponibles au coût de 25 $, lavitrine.com/activite/Concert_pour_la_paix


paR ÉLIsaBEtH JULIEN-ROcHELEaU, Et catHERINE MORassE

caRREFOUR

La star de sutton

sur le gril Le troisième BBQ estival de L’Itinéraire s’est déroulé le mercredi 27 août sous le pont Jacques-Cartier à Montréal. Avec l’aide de plus d’une dizaine de bénévoles provenant de chez Great-West London Life Canada Vie, cet événement fort réussi a permis de nourrir gratuitement plus de 350 personnes incluant les camelots de L’Itinéraire ainsi que des gens provenant de la rue et des refuges voisins. (EJR)

Photos : Mario reYes et JeaN-GUY DesLaUriers

Les camelots de L'Itinéraire forment-ils une clique exclusivement composée de Montréalais? Que nenni! Voilà deux ans et demi que Bertrand Derome assure la distribution du magazine de rue dans le stationnement du bureau de Postes Canada non pas dans la métropole, mais à Sutton dans les Cantons de l'Est! Après avoir été le centre d'intérêt d'une chronique Zoom dans notre édition du 15 mars dernier, le camelot a reçu des félicitations officielles de la part du conseil de sa ville. Puis, le 24 juillet, le revoilà en deuxième page de journal La Voix de l'Est! Bravo «M. Sutton»! (CM)

Maylina, Véronique, Nathalie et Marie.

Les mystères d'amandine Une rumeur circule parmi les camelots de L'Itinéraire. Il paraît que la pâtisserie Les Délices d'Amandine (2181, rue Sainte-Catherine Est) augmenterait sa production pour donner davantage de viennoiseries à son voisin de l'angle de l'avenue De Lorimier. L'équipe a démenti cette rumeur, ce qui ne l'empêche pas de remettre chaque semaine au Café L'Itinéraire un énorme sac de petits régals qui ont le tour de ravir les papilles des camelots... et des employés! (CM)

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MOt dE caMELOt

dreams and desires

BILL EcONOMOU

Camelot, Marché Atwater

2_Itinéraire_sept2014.pdf 1 2014-08-27 11:41:01

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I think everyone has dreams and desires during the course of their lifetime, I know I have had some. My parents first promised me in the late 1970’s that we were going to live in Greece where I thought everything would be rosy. Instead, after a month of being there in 1979, I wanted to return to Montreal. I ended up living there two school years and my main interest was geography. When I returned to Montreal in 1981, I continued this same desire in geography and did well in that course. The following year I found myself interested in electricity. When I went out to a Greek restaurant, I was asking an electricia n questions and he recognized my interest in the field. As I progressed in high school, I became interested in studying engineering. In 1986, I was accepted to Pure and Applied Sciences in college. As the semester progressed, I was not serious enough and the program was difficult and made me realize I had to make a change. The following year, I switched to a three year program in Electrotechnology. I studied

hard and did well, but later on it became harder and I failed a few courses, but managed to complete it. After graduating, I had some difficulties finding the right job. In 1989, I started becoming a more serious body builder. Months later I saw some results and years later I achieved my goals. Today, I go the gym and continue to stay in good shape. In the fall of 1989, I showed more interest in reading the Bible. In the following years I studied it heavily and gained more knowledge. Now, I read it often, go to church and watch Christian programs. Some of these dreams and desires have remained today and I look forward to a better future.


MOt dE caMELOt

Regrets in my life

daNIEL GRady

Camelot, angle Saint-Laurent/ des Pins

My biggest regrets are when I was 17 when I was in the 3rd Army Field Engineers and I was in Farnham for a week. Then I came back to Montreal for a week and I was supposed to go to Valcartier for two months and three weeks. I regret not going, but if we would have gone from Farnham to Valcartier, I would have gone. Another regret I have is that when I was 17 and I was in a foster home I was going to a high school in Grade10. I was doing well in high school, but I wanted to go home. So I told the people at the foster home I am tired of being here and I am 18 now and I am going home and also I quit school. Also because there were a lot of drugs at the school and I didn’t want to have anything to do with the school. To succeed in life you have to be surrounded by good people. You also need to be in a drug free world. You have to pray to the Creator to help you. My theory is work hard, drink coffee and lots of milk. I don’t let my regrets get in the way of my life now. I try not to think of the past. I try to move on with my life as best as I can. Love is something from my past that keeps me going in life. My heart is strong and I have to keep on moving forward and share my love with my readers who enjoy reading my articles. The future looks bright and we have to remember that we all have a special purpose on this planet.

Photo : LoUis-PhiLiPPe PoULiot

ZOOM BÉNÉVOLE

Juan carlos M

exicain d'origine, au Québec depuis quatre ans, Juan Carlos Jimenez est programmeur-analyste, mais il s'éclate aussi avec la photo, la vidéo, la musique et aussi avec divers projets d'ingénierie amateurs. C'est l'envie de créer qui lui donne le goût de se lever chaque matin. Il vient aider l'équipe de L'Itinéraire depuis deux ans en mettant à contribution ses compétences en informatique. S'il a des difficultés à intégrer le marché de l'emploi (il bénéficie de l'aide sociale), il tient à redonner à la communauté en aidant un organisme d'économie sociale, concept qui lui tient à cœur. Du coup, il acquiert aussi de l'expérience concrète en milieu de travail à Montréal tout en élargissant son réseau social. (GP)

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MOt dE caMELOt adieu Nancy J'ai beaucoup de regrets que mon amie Nancy Boucher nous ait quittés si vite et sans préavis. C'est triste de la voir partir aussi rapidement puisque c'était une fille très aimable. Elle ne se confiait pas à tout le monde, mais seulement aux gens qu'elle aimait. Elle était ouverte, mais elle ne parlait pas beaucoup. Pourtant, elle me confiait beaucoup de choses et elle avait confiance en moi puisqu'elle savait que je n'allais pas le répéter à quiconque. Elle est venue à L'Itinéraire pour être camelot à l'angle de Bleury et Sainte-Catherine. Je la connaissais depuis environ deux ans. Nous étions très proches entre camelots. Nous étions comme une famille qui s'entraide. Nancy! Je te souhaite d'être bien auprès de Dieu et d'être heureuse avec les gens qui t'entourent au paradis. Je suis vraiment touché par ton décès. Tu as été une grande amie pour moi. Reposetoi en paix. D'un ami qui t'aime beaucoup et de manière sincère. Adieu Nancy.

RIcHaRd t.

Camelot, métro Place-des-Arts

[NDLR] Voici le dernier texte qu'a écrit Nancy Boucher avant de nous quitter. En sa mémoire, nous le partageons avec les lecteurs de L'Itinéraire.

Ensemble NaNcy BOUcHER

Ensemble, on devient fonctionnels. Ensemble, nous sommes comme un grand feu, Si on retire l'un ou l'une d'entre nous, nous mourons. Séparés, nous sommes dysfonctionnels, Mais unis, nous sommes comme une bombe atomique qui fait éclater la vie. C'est magique! Nos forces, même nos faiblesses contribuent à notre évolution, Peu importe le temps que ça prendra. Ensemble, nous pouvons bâtir des cathédrales, voir des villes gigantesques. Les gens nous voient parfois comme des faibles, mais en réalité, Ils ne voient pas à quel point nous sommes forts. L'amour est notre force unique, on le voit tellement peu autour de cette terre! Ensemble, nous sommes une famille, Notre union déclenche parfois des raz-de-marée de chicanes, Mais au moins, nous avons la force de nous parler dans le blanc des yeux, De nous dire les vraies choses. Nous sommes une famille, comme dans le temps de nos parents, Tous nos biens nous les partageons. L'entraide est la leçon que nous pouvons vous enseigner À vous, les grands de ce monde. Nous sommes petits, mais l'amour nous grandit. Réunis, nous sommes aimés du Père céleste, peu importe nos origines.

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L'aménagement urbain pour tous les membres de la cité

INFO RapsIM

BERNaRd st-JacQUEs | Organisateur communautaire

Montréal grouille de projets et d'initiatives d'aménagement urbain qui s'accompagnent d'enjeux pour les personnes en situation d'itinérance. On n'a qu'à penser aux pics installés devant le magasin Archambault pour éviter que les sans-abri s'y assoient. L'exemple, comme d'autres moins extrêmes, illustre l'importance de tenir compte des conditions et des droits de chacun fréquentant l'espace public, avant leur mise en place. La revitalisation urbaine, qui permet de rendre notre centreville plus séduisant et d'inciter de nouveaux citoyens à l'habiter, ne s'accompagne pas toujours d'une approche des plus tendres à l'endroit des personnes en situation de marginalité. Dans bien des secteurs, on a sanctionné par des contraventions et déplacé des personnes itinérantes présentes depuis des décennies. En outre, on a parfois visé la réappropriation de certains parcs par l'ensemble de la population avec l'idée d'inviter les sans-abri, comme au Parc Émilie-Gamelin (près du campus de l'UQAM), mais sans vraiment leur demander leur avis. En fait, les enjeux de l'espace public revêtent un caractère complexe et les relations y sont souvent tendues en raison du motif de son utilisation, variable d'une personne à l'autre. Les projets d'aménagement se doivent donc d'être réalisés en tenant compte de la réalité de l'ensemble des citoyens et non des seuls impératifs de la revitalisation urbaine.

projets à venir et potentiel de démocratisation

De récentes initiatives traduisent autant les enjeux que le potentiel réel de leur réalisation plus démocratique. Le Parc Cabot (métro Atwater) fait actuellement l'objet de travaux majeurs tout en tenant compte de la population itinérante qui y est présente. Une mobilisation locale, ponctuée de discussions avec des citoyens et d'un Forum sur l'itinérance, a permis l'atténuation de préjugés en même temps que la mise en branle du réaménagement du parc. On perçoit des signes d'ouverture à l'approche d'autres travaux de

réaménagement, notamment de la rue Sainte-Catherine Ouest et du recouvrement de l'autoroute Ville-Marie, qui aura des incidences certaines sur le Carré Viger et les sans-abri qui le fréquentent depuis longtemps. Devant les projets qui changent le portrait de notre communauté, la mise en place d'une approche régulière de consultation des personnes itinérantes par la Ville de Montréal serait pertinente afin de les inviter dans les débats sur des enjeux qui les concernent. C'est ce que révèle une étude sur le partage de l'espace public du chercheur Michel Parazelli, dans laquelle on aborde les conditions de réalisation des projets urbains en tenant compte de la situation des sansabri. On insiste sur la nécessité d'un examen préalable des effets des projets sur les conditions de vie des personnes. De plus, on se doit «d'aborder l'analyse des enjeux avec les acteurs sous la forme d'hypothèses et non d'opinions tranchées [et] ne pas accepter d'amalgames entre des comportements qui ne sont pas de même nature et de gravité (attitude antisociale versus acte criminel).»1 Bref, tout comme la Politique en itinérance lancée cette année, une vision d'ensemble doit être portée tout en évitant la simplification du phénomène de l'itinérance, un regard trop manichéen ou la recherche de solutions magiques (appelées best practices). Les projets ayant des impacts sur les personnes itinérantes doivent, à chaque occasion, s'accompagner d'une réflexion préalable sur le potentiel de leur participation comme citoyen. En plus d'assurer une plus grande réussite de ces initiatives urbaines, de telles démarches permettent, comme société, de nous inscrire en faux contre les pratiques de profilage social et l'accentuation de l'exclusion de ces personnes, elles aussi membres à part entière de la cité. 1 PARAZELLI, Michel et al., Les enjeux du partage de l'espace public avec les personnes itinérantes et sa gestion à Montréal et à Québec, rapport scientifique, UQAM, 2013, page 13.

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chemin faisant

On ne peut faire revivre Jacinthe, mais... Ma recherchiste, une amie et complice, a récemment mis fin à ses jours. Se sentant à court de force et de ressources, elle s'est pendue à un arbre dans ma cour, au milieu du magnifique jardin de fleurs qu'elle avait elle-même semées. En moyenne, plus de 1 100 personnes se suicident chaque année au Québec. Jean-Marc Boiteau | Journaliste de rue

F «C’est sur nous que repose la responsabilité de faire accepter au patient l’idée qu’il est dans son intérêt de se faire soigner en pleine connaissance de cause.» Gilles Chamberland, psychiatre à l’Institut Philippe-Pinel de Montréal

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amilles et amis ont beau vouloir les aider, mais ils se heurtent à un cul-de-sac puisqu'on ne peut soigner ces malades contre leur volonté. Les institutions ont aussi les mains liées. Se croyant souvent victimes d'une simple mauvaise passe, ces personnes vont plutôt faire porter le blâme à leur entourage, qualifié de persécuteur. Gilles Chamberland, psychiatre et directeur des services professionnels à l'Institut Philippe-Pinel de Montréal, va plus loin. «On assiste à une sorte d'hypocrisie de la part de la société, dénonce-t-il. Nous savons que plus les personnes progressent dans leur détresse psychologique, moins elles possèdent le jugement nécessaire pour évaluer si elles sont malades ou pas». Le psychiatre précise que le fait de refuser de se faire soigner est susceptible d'entraîner des gestes regrettables pour soi-même ou pour la société. La vie se passe à un rythme accéléré, voire affolant, laissant peu de recul à une personne en bonne santé pour résoudre ses problèmes. Les difficultés, lorsqu'elles s'accumulent, peuvent déstabiliser une personne jusqu'à provoquer une dépression ou un syndrome d'épuisement (burnout). Tant à la division ÉMRII de la police de Montréal, qu'aux Services sociaux et à l'Institut Philippe- Pinel, on s'entend pour réclamer des moyens supplémentaires axés sur la prévention du suicide. «Le processus actuel conduisant à la prise en charge d'un individu qui se retrouve en crise à l'urgence est fastidieux», explique Dr Chamberland. «Lorsque le malade se

présente à l'hôpital, il est évalué par un médecin, puis par un psychiatre, afin de déterminer s'il représente un danger pour lui-même ou pour la société. Par la suite, le psychiatre doit en référer à un juge pour obtenir une ordonnance afin que cette personne soit prise en charge. La difficulté réside dans le fait qu'il faut prouver que la personne représente un réel danger en s'appuyant sur des gestes déjà commis.» Résultat, plusieurs individus qui souffrent ne peuvent être soignés de façon préventive. Autre problème, les familles désirent évidemment le bien de leur proche en crise, mais sont rebutées par les démarches fastidieuses afin d'obtenir une ordonnance de la Cour pour contraindre celui-ci à se faire soigner. La Charte des droits et libertés de la personne stipule que l'on ne peut soigner une personne contre sa volonté! Pour ce qui est du respect de l'individu, c'est une bonne chose. Cependant, il faut tout de même trouver le moyen de venir en aide aux personnes en crise. Combien de temps - et de suicides faudra-t-il encore avant d'apporter un simple changement dans le processus d'évaluation et de prise en charge pour des interventions plus efficaces et immédiates ? Le psychiatre propose une solution. «Une équipe de première ligne composée d'un psychiatre et d'un procureur ayant l'autorité pour ordonner la prise en charge immédiate et assignée en permanence à l'urgence éviterait le renvoi du malade à la maison ou à la rue.» Ne serait-il pas plus


simple d'apporter une modification, pour des cas d'exception, à la Charte des droits et libertés? Le psychiatre n'est pas d'accord. «Dans l'état où se présente le patient, il est possible qu'il soit enclin à accepter n'importe quoi pourvu qu'il puisse être soulagé. Je crois que nous ne devons en aucun cas apporter des modifications à la Charte afin de respecter les droits fondamentaux des individus. C'est sur nous que repose la responsabilité de faire accepter au patient l'idée qu'il est dans son intérêt de se faire soigner en pleine connaissance de cause.» Après avoir pris connaissance de mon texte, la soeur de Jacinthe, Lucie Bertrand, m'a fait parvenir un vibrant témoignage: «Je viens de lire ton texte, très bon texte d'ailleurs, mais tu sais, moi je suis madame “Oui, mais..”.» Elle ne croit pas que quoi que ce soit ait pu être évité dans le cas de Jacinthe. Jacinthe soupçonnait un problème de sang, mais il aura fallu visiter quatre hôpitaux avant que quelqu'un finisse par la prendre au sérieux. «Lorsqu'ils ont fini par faire le test, poursuitelle, et qu'il s'est avéré qu'elle avait raison, ce fut la panique sur le Titanic. Si elle se cognait, elle pouvait faire une hémorragie interne ou si elle se coupait, elle se vidait de son sang. Son fameux médecin généraliste, dont elle avait une peur bleue, ne voulait pas l'entendre. Il avait décidé qu'elle devait prendre un antidépresseur tellement puissant, qu'au beau milieu de la dose, Jacinthe avait juste envie de dormir. Ma soeur ne pouvait accepter un avenir semblable!» Choquée, Lucie croit que tous les médecins et leur pharmacopée en sont venus à bout! «Celle qui a posé ce geste le 8 juin, n'est pas la Jacinthe que je connais, mais une Jacinthe sous l'influence de médicaments inappropriés.» Dans ces conditions, elle ne peut que respecter son choix même s'il est très douloureux pour tout le monde. «Ma soeur s'est battue, elle a été un bon petit soldat jusqu'à la fin, mais elle était usée et fatiguée de se battre, alors...» Un avocat spécialisé en droit médical JeanPierre Ménard rappelle qu'il y a 500 000 accidents reliés aux soins de santé par année au Québec...126 décès auraient pu être évités en six mois. Les chutes et les erreurs de médicaments représentent 65 % des erreurs médicales «répertoriées!» Peut-être vaudrait-il mieux se faire accompagner pour une visite chez le médecin ou dans les hôpitaux?

La STM et l'âme des laissés-pour-compte

La Société de Transport de Montréal ajoute sa participation financière à celle de la fondation J.-A. Bombardier, Makivik et d'autres donateurs privés pour propager l'art auprès des bénéficiaires de la Mission St.Michael's, située dans le Quartier des spectacles. Les courtiers en valeurs sociales de la Société de développement social de Ville-Marie offrent désormais des activités artistiques pour la clientèle de ce centre de jour. Grâce à l'aide d'experts en la matière et à l'audace du Fonds des employés de Bombardier, les clients du pôle de service auront l'occasion de bénéficier d'un nouveau service original destiné à renforcir leur âme, leur dignité et leur fierté. On parle d'arts plastiques, de danse, de musique, de littérature. Des artistes établis viendront aussi à la rencontre des participants. Ensuite, les créations seront diffusées. Voilà une possibilité de plus pour ceux qui vivent dans l'ombre, de réintégrer la lumière.


MOt dE caMELOt toute une aventure! L'été est arrivé, c'est l'année de l'Expo 1967. On s'est préparés, mon frère et ma sœur, avec nos parents, à se rendre à Montréal avec la voiture de mon père. Nous avons hâte d'arriver à destination, de voir les pavillons et d'essayer le monorail ainsi que les jeux de La Ronde. C'est un dimanche, le temps se gâte et il pleut. Nous devons faire la file, mais nous réussissons tout de même à voir trois pavillons : la France, l'U.R.S.S. et les États-Unis. Mon frère et moi décidons d'aller à La Ronde pour essayer les jeux. Nous essayons les autos tamponneuses, mais en sortant du manège je ne le vois plus. J'avertis mes parents, mais eux non plus ne le trouvent pas. Nous avertissons un garde de sécurité en lui donnant une description de mon frère. Mon père et moi faisons le tour de La Ronde et les autres attendent à la sortie sur un banc en vain, car on ne le trouve pas. L'heure de fermeture arrive, et il apparaît. Nous sommes contents qu'il soit là. Lui s'était amusé dans les manèges et nous on s'était beaucoup inquiétés pour lui. Il n'avait que treize ans. Nous pouvons enfin retourner à la maison, mais en cours de route, la voiture de mon père se met à chauffer. Nous sommes obligés d'arrêter et d'enlever le bouchon du radiateur pour laisser échapper la vapeur. Pendant ce temps, je vais chercher de l'eau. Puis on s'arrête dans un garage trois fois de suite. La première fois, on change le thermostat, l'autre, la courroie, et la dernière fois la pompe à eau. La voiture continue tout de même à chauffer. Nous devons coucher à l'hôtel et attendre le lendemain pour continuer la route. Enfin, nous arrivons à la maison et mon père va voir son garagiste habituel. Il lui dit que ce sont les conduits du radiateur qui avaient besoin d'être nettoyés. Pour éviter ces mésaventures, il aurait fallu faire une inspection mécanique avant de partir. En plus, mon frère étant petit, il aurait fallu qu'il soit habillé de couleur vive pour ne pas qu'on le perde dans la foule.

RÉaL LaMBERt Camelot, angle Laurier/de Lanaudière

Dignité Dignité Pauvreté Dignité Dignité Dignité Pauvre Pauvreté Pauvre Pauvreté Plus de six millions de personnes à travers le monde votent pour la dignité en achetant un journal de rue. En agissant ainsi, ils participent à changer la vie de 27000 camelots dans 40 pays, représentant plus de 120 journaux de rue différents. En retour, les lecteurs profitent d’un journalisme indépendant de qualité, tout en sachant qu’ils ont fait une différence.

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pIstE

cOMMUNaUtÉ L’île du renouveau

Photo : kiMMaNLeYort

Au large de Terre-Neuve, une petite île est en train de renverser le pessimisme présent dans plusieurs anciennes communautés de pêcheurs. Avec ses 2700 habitants, l’île de Fogo est en train de se refaire une santé après les temps difficiles de la crise de la pêche en suivant un modèle novateur de développement économique communautaire. C’est grâce à Zita Cobb, une riche philanthrope de 55 ans née dans une famille de pêcheurs de l’île, que de nouvelles perspectives se sont offertes à cet endroit à l’autre bout du monde.

à lire aussi sur piste.itineraire.ca aLIMENtatION

MOt dE caMELOt Injustice sociale Monsieur Harper, en tant que premier ministre du Canada, vous avez mentionné que vous alliez faire des coupures dans les organismes sociocommunautaires. Je voudrais vous rappeler que les organismes communautaires ont pour but la réinsertion sociale et la diminution de l'isolement des gens seuls. Pour chaque personne qui sort de chez elle et qui fréquente un organisme, vous lui permettez de continuer d'avoir son autonomie et de se rendre utile à la société. Donc je pense que vous avez les sous pour maintenir ces organismes. En tant qu'artiste-peintre, cela permet aussi à nos ateliers de rester ouverts. Il ne faut pas oublier que les organismes créent des emplois comme ceux en intervention, en rédaction, en infographie, en journalisme et dans l'alimentation, et que ces gens-là paient de l'impôt, ce qui est une raison de plus de ne pas faire de coupures. Alors tout ce qu'il reste à faire, c'est d'y réfléchir avant de poser un geste négatif. Pensez au bien-être des gens pour une fois, peut-être que vous feriez une bonne chose.

JacQUEs ÉLIZÉ Camelot Théâtre du Nouveau Monde et Théâtre du Rideau Vert

Piger dans le frigo. Une épicerie coopérative abordable

LOGEMENt Toit à moi. Le crowdfunding pour loger les itinérants.

REVENU Un café-bistro à saveur sociale

Pour innover socialement tous ensemble piste.itineraire.ca

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PAR sylvain-claude filion

panorama

Being at home avec Benoît McGinnis

BEING AT HOME WITH CLAUDE Du 16 septembre au 11 octobre, 20 h

Théâtre du Nouveau Monde tnm.qc.ca

PHOTO : JEAN-FRANÇOIS GRATTON/UNE COMMUNICATION ORANGETANGO

Créé à Montréal en 1985 avant d’être joué à Londres, Paris, Florence et Barcelone, le texte phare de RenéDaniel Dubois demeure un cri du cœur qui n’a rien perdu de son urgence, ni de son intensité. Pour préserver sa pureté, l’amour doit-il être sanctifié par la mort? Frédéric Blanchette met en scène Marc Béland et Benoît McGinnis dans ce duel verbal qui compte parmi les chefs-d’œuvre de la dramaturgie québécoise.

Voir sans voir L’humain d’aujourd’hui ressent une fascination certaine pour la vitesse et les technologies, à un point tel que les traces qu’il peut laisse derrière lui peuvent prendre la forme de sillages indicibles. L’artiste montréalais Bertrand R. Pitt s’intéresse à ce rapport ambigu entre le corps et le paysage avec deux installations interactives et une sélection de tirages numériques.

COMPOSER AVEC L’HORIZON

Jusqu’au 5 octobre Maison de la culture Frontenac – Studio 1 2550, rue Ontario Est, accesculture.com

PHOTO : MARIE-CLAUDE HAMEL

Le goût du goulag Evguénia Guinzbourg n’a publié qu’un seul texte, mais il mérite de figurer parmi les plus bouleversants de la dramaturgie moderne. Douze ans après sa libération, l’historienne et journaliste raconte son calvaire dans le goulag où Staline l’avait confinée en 1937 en raison de ses opinions politiques. Pour célébrer son 30e anniversaire, le Théâtre de l’Opsis réunit 30 femmes sur scène. On en ressortira le cœur pétri.

LE VERTIGE

Jusqu’au 4 octobre ESPACE GO 4890, boulevard Saint-Laurent espacego.com

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FESTIVAL INTERNATIONAL DE LITTÉRATURE

La fureur de lire Tout comme L'Itinéraire, le Festival international de littérature célèbre ses 20 ans. Et a encore beaucoup de mordant. Jusqu'au 21 septembre, le FIL propose une fête des mots, de la lecture et de la poésie dans un contexte éclaté, avec un grand souci d'accessibilité. Par Martine B. Côté

L

a directrice de l'événement, Michelle Corbeil, en poste depuis les débuts, ne s'attarde pas longtemps sur les bilans, sauf pour constater qu'au début du festival, des bonzes de la littérature comme Anne Hébert ou Gaston Miron étaient encore de ce monde alors que les figures montantes tels Alain Farah ou Perrine Leblanc n'étaient que des enfants. Le mot d'ordre, vingt ans plus tard, reste le même : donner envie de lire. Furieusement envie, même. «La programmation est pensée dans le but que les gens sortent des spectacles, veuillent lire les textes et en redemandent d'autres», affirme Mme Corbeil. Consciente que plus de 33 % des Québécois ont de grandes difficultés de lecture, la directrice du festival se fait un devoir de faire une place à tous les types de lecteurs. En collaboration avec L'Atelier des lettres, des gens qui ne savaient ni lire ni écrire lors de l'édition 2013 proposent cette année une lecture de poèmes qu'ils ont eux-mêmes écrits. Imaginez le chemin parcouru... Un rendez-vous incontournable le 15 septembre en matinée à la Bibliothèque du FIL, dans le Quartier des spectacles.

De grands noms

Charlotte Rampling, Gilles Vigneault et Richard Desjardins font partie des belles prises de la 20e édition. Les grandes dames d'abord : Charlotte Rampling, connue pour sa voix splendide et son accent franco-britannique charmant, actrice-amie de François Ozon (Sous le sable, Swimming Pool, Jeune et jolie, etc.) récitera la poésie de Sylvia Plath, figure féministe tragique de la littérature américaine, sur la musique de Benjamin Britten interprétée par la violoncelliste Sonia Wieder-Atherton. Les échos du spectacle, présenté en France au prin-

temps dernier, laissent prévoir le meilleur. Danses nocturnes est présenté du 19 au 21 septembre, à la Cinquième Salle de la Place des Arts. Un lien naturel unit Richard Desjardins et Federico Garcia Lorca, tous deux poètes, chanteurs, et artis-

Des gens qui ne savaient ni lire ni écrire lors de l'édition 2013, proposent cette année une lecture de poèmes qu'ils ont eux-mêmes écrits.

tes combattants. L'Espagnol, lui, a péri sous les balles pour ses positions contre le fascisme et la guerre. Sur scène, Richard Desjardins, en mode diseur, et le violoniste Alexandre Da Costa. Soirée humaniste en perspective le 18 septembre, 20 h, Théâtre Outremont. Est-ce une conférence, un récital, une rencontre avec le public ? C'est un peu tout ça, L'Atelier de Gilles Vigneault, prévu le 21 septembre à 15 h au Théâtre Outremont. L'événement se fera entre autres sous forme de questions-réponses, posées à la fois par l'animatrice Françoise Guénette et par les spectateurs, appelés à interroger le grand sage. Mais Michelle Corbeil rappelle que «quand tu t'appelles Gilles Vigneault, c'est difficile de se retenir de chanter, donc c'est possible qu'ils répondent aux questions du public en chantant !»

photos : Laure Morali, Marthe-Lemelle, Pierre-Crepo, Memoire-d-encrier, Yves Renaud-LR, Jean-François Gratton, Jean-Charles Labarre

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culture

L'Itinéraire recommande... De Profundis

Après une série de procès qui l'ont ruiné, Oscar Wilde est condamné à la prison pour « grave immoralité», entendre ici « pour homosexualité ». De Profundis est le titre de la longue lettre qu'on l'autorise à écrire à son ancien amant. Wilde n'est plus le chantre du plaisir et de la décadence, mais un homme privé de sa liberté. Lu par René-Richard Cyr, le texte émeut par sa puissance, à la fois lettre d'amour et règlement de comptes. 15 et 16 septembre, 21 h, Salle Claude-Léveillée de la Place des Arts

Montrez-moi le monde

Le festival a toujours entretenu un lien fraternel avec Haïti. Cette fois, les poètes haïtiens invités feront entendre la voix de camarades québécois ! C'est gratuit, le 18 septembre, 19 h, à la Grande Bibliothèque.

Parlures et parjures

Michel Faubert, emblème du conte, entend prouver que la turlute et le rigaudon peuvent rimer avec la musique actuelle. Trois musiciens sur scène forgeront ce mélange décapant le 17 septembre, 20 h, au Cabaret Lion d'Or.

Mingan mon village

Sacré Prix Jeunesse des libraires du Québec l'an passé, l'œuvre prendra vie au FIL 2014. Six des élèves de l'école Teueikan, qui signent les poèmes de ce livre illustré par Rogé, feront le voyage depuis Ekuanitshit pour réciter leur texte, accompagnés de Joséphine Bacon, Rita Mestokosho et Laure Morali. À voir le 20 septembre, 19 h, à l'Auditorium de la Grande Bibliothèque.

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MOt dE caMELOt L'honnêteté Lorsque je travaille à la station D'Iberville, je vais toujours prendre ma pause-café au même restaurant, Le petit coin du Mexique, sur la rue Jean-Talon. Dernièrement, il m'est arrivé une belle aventure, que je n'attendais pas. J'étais en train de lire mon magazine L'Itinéraire, tout bonnement et simplement, en prenant mon café. Comme à l'habitude, après avoir fini de boire mon café, je m'en vais le payer à la caisse. Je sors pour m'en aller à la station. Tout à coup, je vois mon serveur, derrière moi, dehors. Il me dit : «Madame, madame, j'ai une cliente qui a payé le café pour vous.» Comme je ne savais rien de cela, s'il n'avait pas été honnête, le jeune homme, il ne serait pas venu me voir et il aurait gardé le paiement du café que j'avais donné au caissier. Ce fut une belle et bonne surprise pour moi et je lui en suis très reconnaissante en le remerciant très sincèrement. Merci à ma clientèle de continuer à me soutenir.

GIsÈLE NadEaU Camelot, métros Jarry et D'Iberville

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Laissez-vous toucher par touchants, nos parfois camelots qui prennent parfois grinçants, la plume pour s’exprimer dans toujours en L’ITINÉRAIRE, phase avec LE CŒUR DE l’air du temps. où se trouvent également les chroniques JUSTICE, pages axées INFO Des RAPSIM et les analyses pertinentes de l’économiste sur la détente, le indépendant IANIKles MARCIL. mieux-vivre,

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vivre

Par Denyse Monté

Redécorer avec du vieux Jupes mini ou extralongues, chemises à carreaux, meubles sixties... les tendances mode de l'automne ramènent le passé au goût du jour. Tout revient toujours à la mode. Portés par ce vent de vintage, redécorer avec une touche rough luxe serait de mise. En période de «serrage de ceinture», le style poorgeois (fusion des mots pauvre et bourgeois), dérivé du concept rough luxe, est tout indiqué. Il invite à la revalorisation des objets au lieu de jeter et d'acheter. On peut créer nos propres décors suivant cette tendance, à partir de meubles anciens récupérés et savamment relookés style bohème chic. Suffit ensuite de les laisser trôner avec éclat sous des plafonds dont la peinture est écaillée avec soin, entourés de murs au papier peint qui retrousse et de boiseries volontairement défraîchies. Mais attention, décrépit ne veut pas dire ici insalubre. Il s'agit plutôt d'un rejet calculé du modèle de production et de consommation valorisant le clinquant et l'éphémère.

photos : 123Rf.com/piccia neri, cseh ioan, tetiana vitsenko et lightwise

Comment alléger son cerveau Oublier des personnes aimées disparues, des noms, des souvenirs et quoi encore! Il le faut. Parce que sans oubli, nous ne pourrions pas vivre, affirme le psychiatre Simon-Daniel Kipman dans son livre L'oubli et ses vertus. Pour lui, passer sa vie à répéter, c'est rester figé dans le passé, ce qui équivaut ni plus ni moins à une mort psychique. L'oubli nous permet d'être disponible à la découverte, à la surprise, à la création... Il est un mécanisme de défense formidable contre l'angoisse que peut générer l'excès d'émotion, explique l'auteur. Par exemple, c'est «ce qui permet de redécouvrir tous les matins la personne à côté de laquelle on dort et de l'aimer encore», illustre l'éminent médecin de l'âme. Vous en souviendrez-vous ? Pour en savoir plus : lexpress.fr le droit à l'oubli ou la liberté de se souvenir

On s'agrippe et on monte?

Avant de s'attaquer à l'Everest, on peut viser plus modeste avec l'escalade de murs intérieurs. Un défi qui a l'avantage d'être à la portée de tout le monde. Et pas d'achat d'équipement. Déjà au primaire, des enfants en font l'expérience dans leur école. Il est même possible de fabriquer des structures d'escalade chez soi, Globe Escalade à Boucherville se spécialise dans ce domaine. Si l'espace vous manque, Altitude Gym en Outaouais propose une expérience d'escalade excitante avec une infinité de parcours verticaux de toutes hauteurs et difficultés. À Laval, chez Escalade Clip ‘n Climb, on vous fait grimper jusqu'à dix mètres bien retenus par un système automatique. Et à Sherbrooke, on peut aller gratter le ciel. Exactement! Une église a été transformée en centre d'escalade, au joli nom laïque de Vertige.

La pharmacie du verger Digestion difficile... courbatures... hoquet, rhume... pellicules? Le vinaigre de cidre de pomme a réponse à tous ces bobos. On doit sa popularité à un médecin du Vermont, le Dr D.C. Jarvis, qui dès 1958 recommandait le vinaigre de cidre comme cure universelle. Sa potion magique pour être en forme consistait tout simplement à mélanger du vinaigre de cidre et du miel dans un verre d'eau. Des effets prodigieux sur la santé seraient attribués à cet élixir. Règle essentielle : utiliser un vinaigre de cidre pur à 100 % vieilli en fût de chêne et non pasteurisé. Pour en savoir plus sur l'histoire et la fabrication du vinaigre du cidre de pomme : un excellent site Internet, celui de la vinaigrerie Gingras à Rougemont : www.cidervinegar.com/fr/. Pour d'autres détails : masantenaturelle.com - Dr Jarvis

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noeud

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le petit fléché de Josée

communiquer oriental

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Dorénavant, à chaque numéro, Josée Cardinal, qui travaille depuis plusieurs Réponses du 15 septembre 2014 années à la distribution du potentilles meure Noeud plantes E chrétienmagazine A possédaL’Itinéraire A cérium etPqui fortune se passionne pour les mots O P Uet lesLjeux, E propose N Cun E petit communiquer fléché à nos lecteurs. I N F U S E R oriental

béquilles disposé étende cale

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L'ItINÉRaIRE REcOMMaNdE tHÉÂtRE LE paIN Et LE VIN

D’Alexis Martin Ambitieuse saga historico-théâtre explorant le Canada français de 1608 à 1998. Danielle Proulx y incarne Jehane Benoît! Du 23 septembre au 11 octobre Espace Libre

BEING at HOME WItH cLaUdE

De René-Daniel Dubois Marc Béland et Benoît McGinnis se partagent les rôles de l'enquêteur et du suspect. Du 16 septembre au 11 octobre 2014 Théâtre du Nouveau Monde tnm.qc.ca

pOUR RÉUssIR UN pOULEt

De Fabien Cloutier L'univers cinglant de Cloutier dans la bouche, entre autres, de Denis Bernard. Du 23 septembre au 1er novembre Théâtre La Licorne

OpENING NIGHt

Le film de John Cassavetes adapté et traduit par Fanny Britt. Sylvie Drapeau campe le rôle principal. Jusqu'au 27 septembre Théâtre de Quat'Sous

spEctacLEs saLIF kEIta

L'Olympia 17 septembre, 20 h 30

catHERINE MaJOR

Maison de la culture Marie-Uguay 18 septembre, 20 h Gratuit

aRts VIsUELs WORLd pREss pHOtO 2014 Marché Bonsecours Jusqu'au 28 septembre marchebonsecours.qc.ca

dEstINatION QUÉBEc. UNE HIstOIRE ILLUstRÉE dU tOURIsME

Centre Bell 18 septembre, 20 h

Salle Gilles-Hocquart de la BAnQ Affiches, publicités : comment on a vendu les charmes du Québec aux touristes depuis le 19e siècle. Jusqu'au 4 janvier 2015

LEs VIOLONs dU ROy : tHaRaUd, BEEtHOVEN Et MOZaRt

Bd EN MUsIQUE

tHE BLack kEys

Maison symphonique de Montréal 19 septembre, 19 h 30

EMMaNUEL BILOdEaU : ONE MaNU sHOW

Le comédien se fait un peu humoriste, beaucoup polémiste. Monument-National 25 au 27 septembre, 20 h

BRyaN FERRy

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La crème des bédéistes exposent dans la maison du jazz. Jimmy Beaulieu, notre collaborateur Éric Godin, Fred Jourdain, Julie Rocheleau, Philippe Girard et bien d’autres dévoilent quelques planches inédites. Jusqu’au 23 novembre Gratuit Galerie de la Maison du Festival de jazz de Montréal montrealjazzfest.com

Théâtre Saint-Denis 26 septembre, 20 h

ORcHEstRE syMpHONIQUE dE MONtRÉaL : LEs tROIs accORds Maison symphonique de Montréal 30 septembre et 1er octobre, 20 h

daNsE EMpty MOVEs (paRts I, II & III)

D’Angelin Preljocaj En clôture du festival Quartiers Danse, trois œuvres explorant l’œuvre sonore de John Cage par l’illustre Ballet Preljocaj. Amphithéâtre du Gesù 19 et 20 septembre, 19 h 30

tROIs dÉcENNIEs d'aMOUR cERNÉ

De Thomas Lebrun Une réflexion sur le sida, dansée en quatre segments et cinq danseurs. Agora de la danse Du 23 au 26 septembre, 20 h

FLORILÈGE : 40 aNs dE pOÈMEs cHORÉGRapHIQUEs paR MaRGIE GILLIs

La légende de la danse dans quelques-uns de ces plus beaux solos. Maison de la culture Marie-Uguay 28 septembre, 14 h Gratuit

8-9-10-11 octobre

À tous ceux qui n’ont jamais vu les Beatles et à ceux qui veulent les revoir... en vente fo et billets beatlesexperience.com In emont.ca

theatreoutr

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Par SIMON CORDEAU, Martine B. CÔTÉ, SYLVAIN-CLAUDE FILION et MARIE-LISE ROUSSEAU

Livres

Pour et par le peuple Dans une véritable démocratie, le pouvoir appartient au peuple en tout temps et non seulement une fois aux quatre ans lors d’une élection. Or, il n’en est rien au Québec actuellement. Devant ce constat désolant, Roméo Bouchard suggère une réforme en profondeur de nos institutions afin que la gouvernance serve véritablement les intérêts de la population et non ceux des diktats du marché. Pour s’assurer d’une totale impartialité, sans influence idéologique ou partisane, Bouchard propose de se doter d’une constitution rédigée par une assemblée citoyenne tirée au sort. L’idée paraît utopique, mais il la défend avec conviction. Le plus dur sera de briser le cynisme et l’individualisme ambiants afin de redonner à la population l’envie de s’engager politiquement. (MLR)

Dans les coulisses rigolotes de l’ethnologie En nous faisant visiter, pièce par pièce, le presbytère anglais construit en 1851 et qu’il vient d’acheter, l’auteur d’American rigolos et d’Une histoire de tout ou presque réalise un autre exploit qui fascine dès les premières pages. De digression en digression, il raconte mille et une anecdotes servant à illustrer comment le génie de l’homme, conjugué avec les améliorations de l’ère industrielle, ont façonné le monde moderne. Instructif, iconoclaste, souvent étonnant, parfois renversant, voilà une brique qui se dévore à belle dents – on en redemanderait. Soulignons l’excellente traduction française. (SCF)

Une histoire du monde sans sortir de chez moi Bill Bryson, Payot, 608 pages.

Constituer le Québec

Roméo Bouchard, Atelier 10, 108 pages.

Ni gentil ni méchant Thomas d’Ansembourg croit que l’on est trop gentils. Pas gentils généreux, mais gentils trop polis, trop timides. D’où son cri du cœur: Cessez d’être gentil, soyez vrai! Mais alors, comment être vrai sans être méchant? En étant d’abord honnête avec soi, en apprenant à s’affirmer et en utilisant la CNV (hein?), la communication nonviolente. Au départ un ouvrage plus complet, Cessez d’être gentil... est ici illustré par Alexis Nouailhat. Le mélange entre bédé et manuel rend la lecture facile et agréable. Et l’humour bon enfant qui en ressort transforme un sujet profond en un petit livre inoffensif... en apparence. Un livre qui vous fera sourire à la première lecture, et vous gratter la tête à la deuxième. (SC)

Cessez d’être gentil, soyez vrai!

Thomas d’Ansembourg, Les Éditions de l’Homme, 152 pages.

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Les inégalités racontées en 950 pages Reçu par le président Obama, décrié ou adulé par les publications les plus prestigieuses, Thomas Piketty est devenu une vedette de l’économie. Mais qu’y a-t-il donc dans le bouquin de l’économiste français? D’abord, des tableaux, simples à lire, qui montrent en un coup d’œil la situation des inégalités depuis 200 ans et, surtout, qui prouvent leur retour en force. Depuis les années 1980, non seulement les inégalités repartent en vrille mais elles prennent de nouvelles formes. Aux écarts de salaires s’ajoutent un autre phénomène : la concentration des capitaux entre les mains de moins en moins de personnes. En plus, le rendement de ces fameux capitaux augmente plus vite que la croissance des revenus nationaux. Alerte rouge. Pour nous permettre d’absorber tout ce contenu, Piketty utilise quelques références littéraires, de Balzac à Austen, qui ont décrit par leurs fictions des situations bien réelles d’inégalités. À lire, à petites doses, ne serait-ce que comme le dit Piketty : «il ne faut pas laisser l’économie – qu’il refuse d’appeler une science - aux seuls économistes». (MBC)

Le Capital au XXIe siècle

Thomas Piketty, Seuil, 950 pages.


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Mots croisés L'Itinéraire - 1er septembre 2014

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HORIZONTALEMENT 1. Révocations. 2. Partais en éclats - Comprimée. 3. Égarés - Empereur. 4. Harpies - Caractère ancien. 5. Mettraient à niveau. 6. Bas - Ni vous ni moi. 7. Singeais - Parfaitement unie. 8. Donc, on lui a dit bonjour - Ressemblent à des images? 9. Il est salé - Recommandera à Dieu. 10. Quartier de Londres - Riposteras. VERTICALEMENT

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1. Faire une montagne avec un rien. 2. On recherche ses plumes - Pas polie. 10 3. Antilope - Rivière d'Asie. 4. Amenés vers soi - Liquider. 5. Descend des Alpes - Dégagé. Solution dans 6. N'a plus qu'à savourer. 7. Vieille clef - Connais - Un peu de bonheur. 8. Suit le tic - Bout de persil - Monnaie. 9. Le 38 en France - Capital d'Afrique du Sud. Jeu10.réalisé MaxwoodMedia grille@maxwood.ca Au pied par des Pyrénées - Faire quelque| chose. 11. Éliminera. 12. Fromage - Causeras un préjudice.

HORIZONTALEMENT

1. 2. 3. 4. 5.

le prochain numéro

1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12.

HORIZONTALEMENT Vaut quelque chose si elle est numérotée. On ne lui obéit pas - Une île pour Tintin. Appartient au mariage. On y fait le fromage d'Auvergne - Ne partit pas. Mauvais jour pour César - Communauté économique européenne - Comporte une date. Négation - Avant déjà - Ancêtre de l'ONU. Très étonnés - La fin de l'État. Au centre de Berlin - Textuel - Portique japonais. Allégée - Sinon, c'est l'aile? Juguler - Quartier de Berne. VERTICALEMENT Gaspilleras du temps. Imperceptible. Marquis - Disque solaire. Donne dans l'exploit - Détériorer. Câble marin - Arbuste. Utile en cas de crevaison. Bouts de forêt - Dans la ponctuation. Tours de Terre - Liquide. Peut être chiche - Le petit est très corsé. Interruption - Suivent Q. Dublinoise. Zone de libre-échange - Complet.

1. Vaut quelque chose si elle est numérotée. 7 On 1ne lui obéit pas - Une île pour Tintin. 2. 3. Appartient au mariage. 2 3du 1er septembre 2014 NIVEAU DE DIFFICULTÉ: FACILE Solutions 4. On y fait le fromage d'Auvergne - Ne partit pas. SOLUTION du 1er septembre 2014 3 1 5.2 Mauvais - Ut ou fa - Comporte une date. 3 4 5 6jour 7 pour 8 9 César 10 11 12 4 8 1 D E S T I T U T I O N S 6. Négation - Avant déjà - Ancêtre de l'ONU. 2 R I A I S T A S S E E 4E S C E S A R 6 3 A 7. D Très I R étonnés - La fin de l'État. 4 M E G E R E S R U N E 25 A 8.R Au - Portique A centre S E R de A Berlin I E N- Textuel T 1 japonais. 6 7 5 6 T V I L I L 9. Allégée - Sinon, c'est l'aile? 7 I M I T A I S R A S E 1 7 8 S10. A Juguler L U E -EQuartier S A de G Berne. E S 9 E T I E R B E N I R A 4 3 VERTICALEMENT 10 R E R E P O N D R A S

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Placez un chiffre de 1 à 9 dans chaque case vide. Chaque ligne, chaque colonne et chaque boîte 3x3 délimitée par un trait plus épais doivent contenir tous les chiffres de 1 à 9. Chaque chiffre apparaît donc une seule fois dans une ligne, dans une colonne et dans une boîte 3x3.

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1. Gaspilleras du temps. 2 1 5 9 3 2 7 6 8 10 000 sudokus inédits de 2.4Imperceptible. 4 niveaux par notre expert, 8 6 9 1 5 7 4 3 2 Fabien Savary. En vente 3.3Marquis Disque solaire. exclusivement sur 7 2 4 8 6 5 1 9 notre site. 8 6 3dans 2 1l'exploit 9 4 5- Détériorer. 4.7Donne 6 8 5 4 2 3 www.les-mordus.com 2 9 3 6 4 5 8 7 1 5.5Câble marin Arbuste. 4 1 8 7 9 6 2 3 1 8 5 9 Page 1 6.6Utile 2 8en5 cas 1 4de3crevaison. 9 7 Solution dans le prochain numéro 5 7 de 2 forêt 6 3 -1 Dans 8 4 la ponctuation. 7.9Bouts 1 3 4 7 9 8 2 5 6 Jeu réalisé par Ludipresse | info@les-mordus.com 8. Tours de Terre - Liquide. 9. Peut être chiche - Le petit est très corsé. 5 2 4 3 8 7 6 9 1 10. Interruption - Suivent Q. 3 9 8 6 2 1 7 4 5 15 septembre 2014 | ITINERAIRE.CA 45 1 6 7 9 5 4 2 8 3 11. Dublinoise. 8 5 1 2 7 9 4 3 6 12. Zone de libre-échange - Complet. 7 4 9 8 3 6 1 5 2


à pROpOs dE...

LA PAIX La paix est un rêve suspendu. kOFI aNNaN

La paix nourrit, le trouble consume.

Ne nous reposons pas sur nos acquis, mais efforçons-nous de construire la paix, de vouloir que la paix soit dans le cœur et dans l'esprit de chacun.

pROVERBE IsLaNdaIs

JOHN FItZGERaLd kENNEdy

S'il n'y avait en Angleterre qu'une religion, le despotisme serait à craindre; s'il y en avait deux, elles se couperaient la gorge; mais il y en a trente, et elles vivent en paix et heureuses. VOLtaIRE

Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté. saINt LUc

En politique comme en amour, il n'y a point de traités de paix, ce ne sont que des trêves. dUc dE LÉVIs

La paix est une création continue.

Tous les peuples sont pour la paix, aucun gouvernement ne l'est. On trouve toujours de l'argent pour faire la guerre, jamais pour vivre en paix.

RayMONd pOINcaRÉ

paUL LÉaUtaUd

aLBERt BRIE

La paix n'est pas un don de Dieu à ses créatures. C'est un don que nous nous faisons les uns aux autres.

Pour faire la paix avec un ennemi, on doit travailler avec cet ennemi, et cet ennemi devient notre associé. NELsON MaNdELa

La grande illusion, c'est la guerre. La grande désillusion, c'est la paix. MaRcEL acHaRd

ELIE WIEsEL

Il n'y a jamais eu de bonne guerre ni de mauvaise paix. BENJaMIN FRaNkLIN

Les parents se fichent de la justice… Ce qu'ils veulent c'est avoir la paix! BILL cOsBy

La paix n'est pas l'absence de guerre, c'est une vertu, un état d'esprit, une volonté de bienveillance, de confiance, de justice. BaRUsH spINOZa

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ITINERAIRE.CA | 15 septembre 2014



E A U T A B L

D E

B A R

FAITES-VOUS UN PORTRAIT DE VOTRE CONSOMMATION D’ALCOOL. Avec le tableau de bar. Cet outil vous permet de suivre et de comprendre votre consommation d’alcool. Il en clarifie plusieurs aspects, comme les effets sur la santé, les calories, les exercices, les équivalences en nourriture et plus encore. Rendez-vous à tableaudebar.com

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