2014-11-01_IT-21

Page 1

les voies de l’éducation ZOOM : Claude Désilets ianik MarCil : liberté, égalité, éducation Je n'ai pas fait la nuit des sans-abris FrançOiS PeSant: Des vétérans dans la rue Bardés de diplômes et pourtant…


ABONNEZ-VOUS À L’ITINÉRAIRE LE MAGAZINE SOCIO-RESPONSABLE BRANCHÉ SUR MONTRÉAL

Inscrivez-vous en page 06 ou sur notre site web au www.itineraire.ca


Claude Désilets Camelot No : 160 | Âge : 39 ans Point de vente: Île-Perrot

N

é à Montréal, Claude a connu une enfance plutôt chaotique. Avant de devenir camelot, en 2005, Claude était technicien en salubrité alimentaire. Tout a basculé lorsqu'il se sépare de sa conjointe de l'époque après la naissance de sa première fille Claudia. Il sombre alors dans une grave dépression qui le mène à la rue. Pendant quatre ans, Claude dort sous les ponts. Un jour qu'il quémande, une femme lui offre un coupon repas du Café L'Itinéraire. «On m'a accueilli, on m'a nourri», se souvient-il. Rapidement, on lui propose de vendre le magazine. «L'Itinéraire m'a permis de reprendre confiance en moi, mais aussi d'apprendre plein de choses, comme de mieux gérer mon argent.» À cette époque, Claude consomme encore. Il trouve le courage de s'en sortir lorsqu'il fait une surdose, après qu'une femme lui ait donné le dollar manquant pour acheter sa drogue. «Quand je me suis réveillé à l'hôpital, l'infirmière qui s'occupait de moi était la même femme qui m'avait donné un dollar quelques heures plus tôt. C'était le destin.» En sortant de l'hôpital, il se décide à suivre une thérapie pour son problème de drogue. Il passe ensuite trois années en Gaspésie, histoire de changer d'air pour de bon. Après un retour chez sa mère à l'Île-Perrot, sa tante, Louise Bédard, l'aide à s'installer avec sa nouvelle conjointe et leur bébé, la petite Marie-Soleil. «C'est ma famille qui me donne le courage de continuer. Je vois maintenant mes filles toutes les semaines, même la deuxième, Amélie, née quand je vivais dans la rue. Elles sont ma fierté.» Claude veut maintenant retourner à l'école, pour apprendre à lire. Il souhaite également continuer à faire de menus travaux chez les résidents de l'Île-Perrot. «Je veux aussi mieux faire connaître L'Itinéraire à l'Île-Perrot, surtout aux itinérants. Il y a des itinérants partout, mais il n'y a pas de ressource partout. Je leur en parle, en espérant que ça les aide, eux aussi, à s'en sortir.» Par laurenCe laPlante PHOTO: GOPESA PAQUETTE

1er novembre 2014 | ITINERAIRE.CA

3


le Groupe L'Itinéraire a pour mission de réaliser des projets d'économie sociale et des programmes d'insertion socioprofessionnelle, destinés au mieux-être des personnes vulnérables, soit des hommes et des femmes, jeunes ou âgés, à faible revenu et sans emploi, vivant notamment en situation d'itinérance, d'isolement social, de maladie mentale ou de dépendance. l'organisme propose des services de soutien communautaire et un milieu de vie à quelque 200 personnes afin de favoriser le développement social et l'autonomie fonctionnelle des personnes qui participent à ses programmes. Sans nos partenaires principaux qui contribuent de façon importante à la mission ou nos partenaires de réalisation engagés dans nos programmes, nous ne pourrions aider autant de personnes. L'Itinéraire c'est aussi plus de 2000 donateurs individuels et corporatifs qui aident nos camelots à s'en sortir. Merci à tous !

nOS PartenaireS eSSentielS De lutte COntre la Pauvreté

la direction de L'Itinéraire tient à rappeler qu'elle n'est pas responsable des gestes des vendeurs dans la rue. Si ces derniers vous proposent tout autre produit que le journal ou sollicitent des dons, ils ne le font pas pour L'Itinéraire. Si vous avez des commentaires sur les propos tenus par les vendeurs ou sur leur comportement, communiquez sans hésiter avec Shawn Bourdages, chef du développement social par courriel à shawn.bourdages@itineraire.ca ou par téléphone au 514 597-0238 poste 222.

PartenaireS MaJeurS

nous reconnaissons l'appui financier du gouvernement du Canada par l'entremise du Fonds du Canada pour les périodiques, qui relève de patrimoine canadien. les opinions exprimées dans cette publication (ou sur ce site Web) ne reflètent pas forcément celles du ministère du patrimoine canadien.

PrinCiPaux PartenaireS De PrOJetS ISSN-1481-3572 n˚ de charité : 13648 4219 RR0001

DU MONT-ROYAL

Le magazine l'itinéraire a été créé en 1992 par Pierrette Desrosiers, Denise English, François Thivierge et Michèle Wilson. À cette époque, il était destiné aux gens en difficulté et offert gratuitement dans les services d'aide et les maisons de chambres. Depuis mai 1994, l'itinéraire est vendu régulièrement dans la rue. Cette publication est produite et rédigée par des journalistes professionnels et une cinquantaine de personnes vivant ou ayant connu l'itinérance, dans le but de leur venir en aide et de permettre leur réinsertion sociale et professionnelle.

Desjardins

l'itinéraire eSt MeMBre De

réDaCtiOn et aDMiniStratiOn 2103, Sainte-Catherine Est Montréal (Qc) H2K 2H9 le CaFé 2101, rue Sainte-Catherine Est téléPhOne : 514 597-0238 téléCOPieur : 514 597-1544 Site : WWW.ITINERAIRE.CA

réDaCtiOn rédactrice en chef par intérim : Mélanie Loisel Chef de pupitre, actualités : Martine B. Côté Chef de pupitre, Société : Gopesa Paquette infographe : Louis-Philippe Pouliot Stagiaires à la rédaction : Said El-Hadini, Mahaut Fauquet, Isaac Gauthier et Magda Ouanes Collaborateurs : Denyse Monté et Ianik Marcil adjoints à la rédaction : Sarah Laurendeau, Hélène Filion, Lorraine Pépin, Hélène Mai, Carolyn Cutler, Marie Brion Photo de la une : Jacques Nadeau révision des épreuves : Paul Arsenault, Audrey Besnier, Emmanuel Dupont, Lucie Laporte, Michèle Deteix

Convention de la poste publication no 40910015, no d'enregistrement 10764. retourner toute correspondance ne pouvant être livrée au Canada, au Groupe communautaire l'itinéraire 2103, Sainte-Catherine est, Montréal (Québec) h2K 2h9

québecor est fière de soutenir l'action sociale de L'Itinéraire en contribuant à la production du magazine et en lui procurant des services de télécommunications.

aDMiniStratiOn Direction générale : Christine Richard Chef de l'administration et des ressources humaines : Duffay Romano Conseiller aux ressources humaines et matérielles : Philippe Boisvert Chef du financement et des partenariats par intérim : Shawn Bourdages Conseillère au financement et aux partenariats : Élisabeth Julien-Rocheleau

équiPe De SOutien aux CaMelOtS Chef du Développement social : Shawn Bourdages agent d'accueil et de formation : Pierre Tougas agente de soutien communautaire : Geneviève Labelle agent de développement : Yvon Massicotte

COnSeil D'aDMiniStratiOn Président : Stephan Morency vice-président : Gabriel Bissonnette Conseillers : Philippe Allard, Geneviève Bois-Lapointe, Martin Gauthier, Julien Landry-Martineau, Jean-Paul Lebel Jean-Marie Tison

GeStiOn De l'iMPreSSiOn TVA ACCÈS INC. | 514 848-7000 DireCteur Général : Robert Renaud CheF DeS COMMuniCatiOnS GraPhiqueS : Diane Gignac COOrDOnnatriCe De PrODuCtiOn : Édith Surprenant iMPriMeur : Transcontinental

venteS PuBliCitaireS 514 597-0238, poste 241 CONSEILLÈRES : renée larivière 450-541-1294 renee.lariviere18@gmail.com ann-Marie Morissette 514-404-6166 am.mori7@itineraire.ca édith Provost (+1) 450-745-0176 eprovost@cgocable.ca


1er novembre 2014 Volume XXI, n˚ 21

aCtualitéS Éditorial

7 On a tous du génie ou presque

CarreFOur horS piSte

13 un voyage, pas comme les autres

par Mélanie Loisel

8 rond-point 10 rond-point international CoMpteS À rendre

11 liberté, égalité, éducation par Ianik Marcil

renContre

14 MarCel SaBOurin l'art de savoir se connaître par Mélanie Loisel

17 Je n'ai pas fait la nuit des sans-abri Par Martine B. Côté

doSSier

18 l'éducation populaire: le droit d'apprendre

› une dame de lettres et de fer › Canal éducation entrevue

26 FrançOiS PeSant : la vie de vétérans loin des champs d'honneur

Culture reportaGe

38 regardez-les dans les yeux par Martine B. Côté

par Benoît Chartier

15 28 32 34 36 36 39

Mots de camelots

rÉal laMBert CÉCile Crevier Jean-pierre MÉnard CindY treMBlaY GilleS BÉlanGer pierre Saint-aMour GiSÈle nadeau reportaGe

28 Bardés de diplômes et pourtant...

40 livreS 41 vivre 42 panoraMa 43 l'itinÉraire reCoMMande 44 le JoSÉe FlÉChÉ 45 dÉtente 46 À propoS du... Savoir

par Mélanie Loisel

danS la tÊte deS CaMelotS

30 Des ti-Joe connaissants 32 piSte horS piSte

33 un bouquet envoyé par les anges par Linda Pelletier

35 inFo-rapSiM 37 CarreFour

Par Martine B. Côté

50 % DU PRIX DE VENTE DU LES CAMELOTS SONT DES MAGAZINE LEUR REVIENT TRAVAILLEURS AUTONOMES Quel beau magazine que celui du 15 octobre, avec toutes ces rubriques sur l’art dans l’espace public ! J’aime le fait que L’Itinéraire ne voit pas l’itinérance de manière négative. Pauline Montréal

ÉCRIVEZ-NOUS ! à COurrier@itineraire.Ca Des lettres courtes et signées, svp! La Rédaction se réserve le droit d'écourter certains commentaires.

Dans le dernier numéro du 15 octobre erratuM 2014, nous avons malencontreusement omis d'indiquer le crédit des photos prises pour le reportage La

nouvelle députée à vélo. C'est notre précieux collaborateur Mario Jean de la compagnie MADOC qui a pris les photos de la députée Manon Massé dont le reportage a été publié dans les pages 14-15 et 17. Nos excuses sincères. Nous tenons aussi à présenter nos excuses à notre collègue Mario Reyes qui a pris les photos de la manifestation du RAPSIM organisée le 11 septembre et de celle de la troupe du théâtre Satellite le 18 septembre. Le crédit des photos aurait dû apparaître dans la section Carrefour dans le numéro du 15 octobre de l'Itinéraire.


Don en cartes-repas un geste solidaire!

Le don d’une carte-repas à 5$ permet à une personne démunie de s’alimenter gratuitement au Café L’Itinéraire ou chez l’un de nos partenaires : Comité social Centre-Sud, MultiCaf, Resto Plateau, Le Phare et Chic Resto Pop. Grâce à vos dons, plus de 15 000 repas complets sont servis chaque année aux personnes se retrouvant dans le besoin. Vous pouvez choisir de les distribuer vousmême ou bien nous laisser le soin de le faire pour vous à travers notre service d’intervention et de réinsertion sociale. Pour plus d’informations ou faire un don en ligne : www.itineraire.ca

AIDEZ L’ITINÉRAIRE : DONS ♦ CARTES-REPAS ♦ ABONNEMENT IDENTIFICATION

DON Je fais un don de :

$1

CARTES-REPAS2 J’offre cartes-repas à 5 $ chacune =

$1

ABONNEMENT AU MAGAZINE Je m’abonne pour une période de : 12 mois, 24 numéros (124,18 $ avec taxes) 6 mois, 12 numéros (62,09 $ avec taxes)

$ $

$

Notes 1 Vous recevrez votre reçu d’impôt début janvier suivant votre don. 2 Les cartes sont distribuées par L’Itinéraire, mais si vous voulez les recevoir pour les donner dans la rue, cochez ici et nous vous les enverrons avec le Guide du bénévole. Cochez ici

M.

Nom : Nom de l’entreprise (Don corporatif) : Adresse : Ville : Province : Téléphone : ( ) Courriel : MODE DE PAIEMENT

Nom ou No de camelot (s’il y a lieu) : TOTAL DE MA CONTRIBUTION :

Mme

Prénom :

Code postal :

Visa, MasterCard Chèque au nom du Groupe communautaire L’Itinéraire

No de la carte : l___l___l___l___l___l___l___l___l___l___l___l___l___l___l___l___l___l Expiration

(Mois)

/

(Année)

Signature du titulaire de la carte

Postez ce formulaire de don et votre chèque au Groupe communautaire L’Itinéraire : 2103, Sainte-Catherine Est, 3e étage, Montréal (Québec) H2K 2H9. Pour toutes questions, contactez-nous au 514-597-0238 poste 246.

Dons et abonnement disponibles en ligne au www.itineraire.ca


éDitOrial

On a tous du génie ou presque Personne n'est à l'abri un jour ou l'autre de se retrouver dans la rue ou du moins dans une situation d'extrême précarité. Avec des diplômes ou pas, quand la maladie frappe, quand les dépendances deviennent trop fortes ou que le couperet tombe, qui sait ce qui peut arriver ? Mélanie lOiSel | Rédactrice en chef par intérim

M

algré les épreuves inattendues, tout le monde a des compétences, des connaissances, du talent, du génie, bref une forme ou une autre d'intelligence! Depuis des années, de nombreux organismes communautaires ont su développer cette richesse humaine dans notre société. Avec des budgets souvent faméliques, ils réussissent à faire des miracles en venant en aide aux plus vulnérables, en leur offrant des soins, en leur trouvant un logement, en leur remplissant le ventre et en leur proposant des emplois pour subvenir à leurs besoins. Certains créent même de petits boulots pour des personnes atteintes de trisomie, d'autisme, de schizophrénie ou de toute autre maladie qui, autrement, ne pourraient jamais travailler. Mais voilà que le gouvernement Couillard a décidé de sabrer l'aide gouvernementale de ces organismes sous prétexte que tout le monde doit faire sa juste part. Même s'il est encore difficile de saisir l'ampleur des compressions, des groupes d'insertion sociale comme L'Itinéraire craignent d'être privés de certaines subventions permettant à quelques personnes d'occuper un emploi adapté. Le portrait de la situation reste encore flou. Les compressions risquent de se faire, au cas par cas, insidieusement et sournoisement. Québec a beau rabâcher qu'il s'agit de « mesures d'optimisation », que les services ne seront pas coupés, mais on ne sait toujours pas comment il compte s'y prendre et quelles sont les économies qu'il compte faire. Sans l'aide apportée aux organismes communautaires,

des centaines de personnes seront inévitablement laissées à elles-mêmes. Et tous les intervenants du milieu anticipent déjà les conséquences. Les travailleurs délaissés seront plus malades, consommeront plus, traîneront Le gouvernement plus dans la rue et finiront peutaurait donc être même en prison. Le gouvernement aurait donc intérêt intérêt à calculer à calculer non seulement les coûts des programmes, mais non seulement aussi les coûts supplémentaires les coûts des des soins de santé, des services juridiques, des services policiers programmes, mais et carcéraux. Parce que les dizaines de millions de dollars acaussi les coûts cordés aux organismes ne sont supplémentaires qu'une pacotille pour redonner la dignité aux plus vulnérables des soins de tout en assurant la santé et la sécurité dans notre société. Et santé, des services c'est, faut-il le rappeler, leur juridiques, des responsabilité d'y veiller. Alors au lieu de regarder une services policiers et seule colonne de chiffres dans carcéraux. son budget, en vue de réduire la dette, le gouvernement devrait peut-être aussi en rajouter une de plus, parce qu'il verrait que ses compressions sont loin d’être une idée de génie.

1er novembre 2014 | ITINERAIRE.CA

7


ROND-POINT

Par Martine B. Côté, Said Elhadini, Mahaut Fauquet, Isaac Gauthier,

Chère alimentation Au Québec, les ménages consacrent en moyenne près de 12 % de leurs dépenses totales à l'alimentation. Une proportion somme toute acceptable, sauf qu'elle est appelée à croître au cours des prochains mois. Et pour cause, le prix des aliments ne cesse d'augmenter. De 2013 à 2014, il a fait un bond de 4 à 5 %, selon SOSCuisine.com, un site créé par la société montréalaise Sukha Technologies. Cette montée en flèche des prix des produits alimentaires affecte surtout les Québécois à faible revenu, soit 8 % des ménages. Sylvain Charlebois, spécialiste de la distribution et des politiques alimentaires, en entrevue à la chaîne Argent, prédisait que le prix des fruits et légumes va bientôt bondir. Serrez vos ceintures et surveillez les spéciaux. (SE)

questions à

Etienne Dano La Floride, sensible aux dépenses publiques, examine l'approche «logement d'abord» comme une alternative moins chère aux problèmes de l'itinérance. Un rapport du groupe Creative Housing Solutions démontre que l'état dépense annuellement 31 065 USD $ en incarcération par sans-abri, alors qu'il en coûterait trois fois moins cher de les loger. Ce nouveau regard sur l'itinérance survient à l'heure où la Floride la juge indésirable. Le comté de Osceola aurait à lui seul dépensé plus de 5 millions en dix ans pour emprisonner 37 sans-abri. La ville de Sarasota préfère se débarrasser du problème en offrant aux itinérants volontaires un billet d'autobus «aller simple» hors de la ville, une initiative qui a soulevé l'indignation. Un rapport de 2012 cite la Floride comme l'état le plus dangereux pour les gens de la rue, avec deux fois plus de crimes violents que la Californie, seconde sur la liste. (IG)

8

ITINERAIRE.CA | 1er novembre 2014

L'humoriste et animateur de radio devient porte-parole du Regroupement des maisons de jeunes du Québec (RMJQ). Qu'est-ce qui vous a décidé à devenir porte-parole du RMJQ ? J'ai beaucoup travaillé dans des maisons de jeunes, de 19 à 24 ans. J'ai vu, vécu et je connais la philosophie de ces maisons. Je n'ai pas hésité à accepter l'offre.

C'est encore important, les maisons de jeunes, en 2014?

Les maisons sont plus fréquentées que l'on pense. Les jeunes ont besoin de s'épanouir avec des adultes significatifs. Ils veulent rencontrer des adultes pas trop vieux, qui ne soient pas leurs parents ni leurs professeurs. Ça leur donne une autre vision de l'adulte, un autre cadre de référence. Les maisons accueillent des jeunes dont les parents sont absents ou des jeunes qui cherchent simplement un endroit pour faire des jeux, relaxer, plutôt que de faire des conneries dans les rues.

Quelles seront vos premières activités à titre de porte-parole ?

Je vais faire un tour des maisons, rencontrer des jeunes et des adultes dans le cadre de journées portes ouvertes. Il y a encore du travail à faire pour démystifier certains préjugés envers les maisons de jeunes et ceux qui les fréquentent. Plus tard, je profiterai de mes tournées de spectacles pour visiter des maisons en région et, à plus long terme, j'ai des projets plus artistiques, comme apprendre à des jeunes à écrire un sketch humoristique. (MF)

photo: Martin Girard

De criminel à locataire


Payés en bières

photoS : 123rF.CoM/aleXander rathS, ВЛАДИМИР ГРИГОРЬЕВ, KriSCKaM

Une journée à nettoyer la ville en échange de quelques bières, un demi-paquet de cigarettes, 1,25 euros par heure et un repas chaud, c'est le cœur du projet Pick up, à Essen, en Allemagne. Des travailleurs sociaux encadrent les journées de ménage et distribuent bières et cigarettes à des moments précis de la journée. Les gens visés par ce programme sont essentiellement des itinérants et des toxicomanes qui vivent autour de la gare centrale. Certaines associations d'aide aux sans-abri dénoncent la pratique, disant que le salaire est ridicule et qu'on encourage la consommation. D'autres, par contre, y voient une façon de mettre en action des personnes marginalisées, qui peuvent ainsi faire un pas vers la réinsertion sociale et une consommation plus régulée. Peter Renzel, chef du service des affaires sociales de la Ville, affirme que «sans alcool, ces personnes ne seraient pas capables de mener à bien leurs activités, car elles seraient sous la pression de leur dépendance.» Dossier à suivre... (MBC)

Coderre veut recenser les itinérants. Couillard veut recenser les fonctionnaires. (MBC)

l'auberge Madeleine rouverte

Quelques boîtes restent à défaire, une ou deux tablettes à installer, mais L'Auberge Madeleine a rouvert ses portes aux femmes en difficulté. La maison est beaucoup plus grande : l'Auberge est passée de 19 à 26 chambres. Après quatre années de travail acharné, l'équipe de l'Auberge peut offrir aux résidentes une chambre juste à elle dans un environnement sécuritaire. Évidemment, comme tous les refuges pour femmes, l'Auberge Madeleine compose avec un manque de ressources criant et doit refuser près de 4000 demandes d'accueil chaque année. Les sept nouveaux lits sont loin d'être de trop. (MBC)

Chaque année, les humains consomment des ressources équivalant à 150 % de ce que la planète est en mesure de produire sur une base annuelle. Source : WWF, rapport Planète vivante 2014

allez voter sinon... Yves Bolduc affirme que les prochaines élections scolaires seront déterminantes pour l'avenir des commissions scolaires. Pour le ministre, si le taux de participation aux élections scolaires «est très anémique, il faudra se poser de sérieuses questions». On ne sait pas ce que monsieur Bolduc considère comme anémique, mais on sait qu'en 2007, ce sont 8 % des électeurs qui se sont rendus voter. Et si on réformait plutôt le système d'élection à ce palier de pouvoir? La Fédération des commissions scolaires propose depuis plusieurs années d'adopter la façon de faire ontarienne : les élections scolaires et municipales simultanées. Le gouvernement Couillard, ouvert à l'idée, s'est engagé à réunir autour d'une table, d'ici l'élection de 2017, les deux fédérations de commissions scolaires (francophone et anglophone), l'Union des municipalités et la Fédération québécoise des municipalités, qui, elles, sont réticentes à partager leur scrutin. D'ici là, le devoir citoyen s'exerce le dimanche 2 novembre. Toute personne inscrite sur la liste électorale permanente du Québec peut voter, qu'elle ait des enfants ou pas. (MBC) Pour savoir où voter : monvote.qc.ca

1er novembre 2014 | ITINERAIRE.CA

9


photo: reuterS/roBert GalBraith

étatS-uniS | tu n'es pas qui tu crois

La communauté LGBT de San Francisco décrie la nouvelle politique de Facebook empêchant ses utilisateurs d'utiliser des pseudonymes. Les performeurs travestis sont particulièrement dérangés, car ils utilisent fréquemment des noms de scène afin de protéger leur identité de peur de représailles. Ils demandent à Facebook de débloquer les centaines de comptes récemment fermés. «Je suis Heklina depuis 20 ans et Facebook me dit que Heklina n'existe pas. Dans les faits, ils effacent ton existence», s'indigne un performeur. Entre-temps, d'autres usagers du réseau social ont vu leur nom de profil restauré à celui utilisé lors de leur inscription initiale et qui est parfois un pseudonyme. (Reuters)

ruSSie | ton nike contre mon topol

Des patriotes russes ont lancé une campagne proposant à leurs concitoyens d'échanger leurs t-shirts ornés de logos occidentaux contre des designs prorusses. 10 000 chandails auraient été échangés dans le but de réagir aux sanctions imposées contre le pays pour son implication dans le conflit ukrainien. Les t-shirts patriotiques arborent des slogans comme «Le Topol n'a pas peur des sanctions» sur une image d'un missile balistique intercontinental russe. Alors que les sanctions ont tari l'accès aux devises étrangères et ralenti la croissance du pays, la Russie réplique en multipliant le boycottage de produits étrangers. (Reuters)

photo: reuterS/MaXiM zMeYev

rOnD-POint internatiOnal

La loi sur l'immigration en Afrique du Sud permet aux policiers d'interpeller n'importe qui et de lui demander des preuves qu'il est au pays légalement. La police peut arrêter et détenir jusqu'à 48 heures quiconque est incapable de les fournir. Ces détentions sommaires renvoient le pays à l'époque de l'Apartheid alors que les Noirs craignaient constamment d'être contrôlés ou détenus par la police. Certains critiques des politiques d'immigration affirment que l'augmentation des arrestations possibles, mais non obligées par la loi, vient du fait que le gouvernement conçoit l'immigration comme étant une menace à la sécurité nationale. (The Big Issue South Africa)

aFGhaniStan | la retraite qui se fait attendre

L'illettrisme est un frein majeur à l'emploi en Afghanistan alors que près de 66 % des habitants et 82 % des femmes ne savent ni lire ni écrire. À cela s'ajoute une corruption qui va même jusqu'à obliger les parents à offrir des potsde-vin pour inscrire leurs enfants à l'école. À Kaboul, une véritable petite industrie de copistes a fleuri pour aider les gens à communiquer avec leurs proches et naviguer à travers une bureaucratie multiforme. Plusieurs employés retraités des administrations civiles y ont trouvé un revenu pour compléter leurs retraites piteuses. (IPS)

L'Itinéraire est membre du International Network of Street Papers (Réseau International des Journaux de Rue - INSP). Le réseau apporte son soutien à plus de 120 journaux de rue dans 40 pays sur six continents. Plus de 200 000 sans-abri ont vu leur vie changer grâce à la vente de journaux de rue. Le contenu de ces pages nous a été relayé par nos collègues à travers le monde. Pour en savoir plus, visitez www.street-papers.org.

10

ITINERAIRE.CA | 1er novembre 2014

photo: KarloS zurutuza/ipS

photo: reuterS/SiphiWe SiBeKo

aFrique Du SuD | vos papiers s'il vous plaît


Liberté, égalité, éducation

comptes à rendre

À quoi peut donc servir l'étude de la situation des femmes en France au XIIe siècle ? Celle de l'origine des trous noirs ? De l'évolution de la langue peul ? Des causes de la disparition des dinosaures ? Des critères esthétiques en danse contemporaine ? ianik marcil | Économiste indépendant

L

es critiques simplistes envers l'éducation supérieure dédiée aux savoirs fondamentaux, même si elles peuvent être formulées de manière plus élégante, se ramènent toujours à cette même question. À quoi ça sert tout ça ? C'est peut-être très intéressant, mais est-ce utile ? Notre société carbure à l'utilité. Toute décision, tout geste doivent servir à quelque chose. Même ce qui ne devrait normalement pas relever de cette analyse n'y échappe pas. On scrute les jeux des tout jeunes enfants afin de s'assurer qu'ils favoriseront leur développement cognitif. Plus question de faire du sport pour le plaisir – l'efficacité, donc l'utilité, de chaque exercice physique est mesurée et quantifiée. Même les relations humaines sont viciées par cette logique : « qu'est-ce que t'apporte cette relation ? », demandera-t-on à l'ami qui éprouve des difficultés en amour ou en amitié. Lentement mais sûrement, la logique d'utilité, d'efficacité et de rentabilité a pourri presque l'ensemble des gestes et des relations humaines. Au premier chef, l'éducation, de la petite enfance à l'université. La scolarisation devrait impérativement servir à quelque chose, plus particulièrement à décrocher éventuellement un emploi, à être utile à la société. Bien évidemment, le parcours scolaire inclut des apprentissages pratiques, qui seront utiles dans la vie personnelle, sociale et professionnelle des individus. Mais il ne s'y limite pas. Pas uniquement parce qu'aux côtés de l'enseignement élémentaire de la lecture ou des mathématiques, d'autres matières sont enseignées. Mais parce que l'enseignement des matières élémentaires, la trans-

mission des connaissances fondamentales et non appliquées sert aussi d'autres fins : développer l'esprit critique, comprendre la complexité de notre monde, être libres, en somme. Former des citoyens libres, tant au niveau primaire et secondaire qu'aux stades les plus poussés des études universitaires en humanités ou en science profite à l'ensemble de la société. Il ne s'agit pas ici de bénéfice immédiat, d'utilité économique ou scientifique. Il est question de l'intérêt général, du bien Lentement mais commun. Se former aux grandes œuvres sûrement, la de la littérature, des humanités et logique d'utilité, de la science constitue non seulement un prérequis à la liberté d'efficacité et de individuelle mais aussi à la liberté collective. « Un peuple instruit rentabilité a pourri jamais ne sera vaincu » a-t-on entendu scander à de nombreu- presque l'ensemble ses reprises dans les manifestades gestes et des tions lors de la grève étudiante de 2012. Ne sera pas vaincu de relations humaines. quoi ? De l'ignorance, de la peur ou de la collusion des puissants. Or ça n'est pas une éducation utilitariste qui le permet. Seule une éducation à la libre pensée et à l'analyse critique de notre monde pave la route vers cette liberté. À cet égard, l'enseignement des savoirs fondamentaux se doit plus que jamais d'être protégé. À l'école et hors de ses murs.

1er novembre 2014 | ITINERAIRE.CA

11


08.10.14 r i n 22.11.14 e v L’ a ( l ooki forw ng ard)

Krzysztof Wodiczko Homeless Projection : Place des Arts sur la façade du Théâtre Maisonneuve

Homeless Projection : Place des Arts, 2014, est présentée par BNLMTL 2104 : L’Avenir (looking forward), coproduite par le Musée d’art contemporain de Montréal (MAC), le Quartier des spectacles et le Centre Phi, en collaboration avec St Michael’s Mission. Collection du MAC.

Annoncez dans L’Itinéraire

VOTRE AVIS

NOUS INTÉRESSE Nos articles vous font réagir ?

VOTRE LOGO

Les mots des camelots vous touchent ? Vous avez des suggestions ou des commentaires ?

Écrivez-nous par courriel à

514 597-0238 poste 241 publicite@itineraire.ca

20 ans !

Et soyons fiers de l'Itinéraire

Merci d'exister !

courrier@itineraire.ca

Ou à l’adresse suivante : Groupe L’Itinéraire À l’attention de Marie-Lise Rousseau 2103, Sainte-Catherine Est, 2e étage Montréal (Québec) H2K 2H9

Une Centrale au service des personnes, en mouvement avec son temps csq.qc.net facebook.com/lacsq/csq_centrale twitter.com/csq_centrale

pubCSQ7,5x2,25.indd 1

2014-04-25 12:16


hOrS PiSte

un voyage, pas comme les autres BenOÎt Chartier | Chroniqueur de rue

photo: Yvon BoMBardier

Y

van Bombardier est un médiateur interculturel qui travaille auprès des Amérindiens. À chaque année depuis 2008, il organise un voyage de 10 jours entre Kahnawake et Québec en canots et en rabaskas. Cette aventure en plein air suscite le dépassement de soi. Les participants doivent être conscients de leurs limites et être prêts à se dépasser. La mission de ce voyage est de trouver la paix en eux, en partageant l'effort collectif tout en les aidant à laisser tomber certains préjugés envers les autres. Cela fait en sorte qu'il se tisse des liens amicaux si serrés que les participants reviennent d'année en année, pour renouer avec le vrai sens du mot «Famille». Femmes, hommes, grands-mères, grands-pères voyagent avec leurs ados, tous unis. Cette année, ils étaient 43 à faire partie de ce voyage. Certains sont novices et n'ont jamais pagayé, mais tous ont suffisamment d'énergie pour affronter leurs limites. Ils doivent ramer en moyenne de 4 à 8 heures et plus par jour. «L'an dernier, il nous a fallu 11 heures pour traverser le lac Saint-Pierre, avec des vents dominants contraires, cela a sûrement été l'étape la plus difficile, explique M. Bombardier. C'est un bon exercice de croissance personnelle.» Cette expédition vient de l'inspiration de poursuivre l'œuvre de Chomedey de Mai-

sonneuve, cofondateur de Montréal avec Jeanne-Mance. Yvan Bombardier travaille à renouer et à restaurer nos relations avec les Mohawks, les Innus, les Algonquins, les Métis et les autres nations autochtones. Ils viennent de toutes les régions du Québec pour naviguer ensemble sur la «route qui marche», c'est la façon dont les Amérindiens surnomment le fleuve Saint-Laurent. Tout au long du voyage, M. Bombardier conscientise les gens sur les enjeux environnementaux, tout en leur rappelant leurs responsabilités et leur devoir de protéger la Terre-Mère. À tous les ans, il plante un arbre sur le champ de bataille des plaines d'Abraham. «Nos ami(es) autochtones nous rappellent que l'eau est sacrée et que l'homme blanc, avec ses industries, l'a polluée au point où elle n'est plus potable, se désole-til. Nous ne pouvons plus nous nourrir de ses poissons. Le gibier se fait rare surtout sur les rives du Saint-Laurent et il n'y a plus de gros bouleaux blancs pour la fabrication des canots d'écorce.» Tout un style de vie est en train de disparaître. Quel héritage laisserons-nous à nos enfants? Dans le même esprit que la mission de paix en canots et pour rappeler les cérémonies traditionnelles familiales, l'orga-

nisation de M. Bombardier, La Famille, célèbre les cérémonies de la pleine lune sur le Mont-Royal, la fête de l'érable, la fête des petits fruits (concours de tartes aux fraises, aux framboises et aux bleuets), la fête des Trois Sœurs (célébration du maïs, haricots et la courge) et la fête de la récolte. En ces occasions, les ami(es) autochtones de la Famille viennent enseigner sur la médecine et leurs traditions. La philosophie de l'organisme est bien visible dans son drapeau qui représente un arbre dont les racines symbolisent les grands-mères et les grands-pères qui sont les garants de la transmission de nos traditions. Le tronc, quant à lui, représente le mariage dans l'amour de la mère et du père, alors que les branches symbolisent les enfants. Si on coupe les racines, les branches vont se dessécher, mourir et ne porteront pas de fruits; c'est pourquoi chaque génération doit protéger et nourrir ses racines. Le fond blanc représente la paix nécessaire à sa croissance, afin qu'à leur tour les branches puissent enfin fleurir et porter des fruits en abondance. Le feuillage, c'est l'environnement sain qui protège et nourrit la famille. Merci et longue vie à la Mission de Paix. Pour plus d'informations, visiter le site : www.famillesdumonde.org

1er novembre 2014 | ITINERAIRE.CA

13


rencontre

Marcel Sabourin

L'art de savoir se connaître À 79 ans, le comédien Marcel Sabourin est toujours aussi curieux, verbomoteur et touche à tout. Il a l'impression d'avoir encore tant de choses à apprendre et, en même temps, d'avoir appris tant de choses inutiles. Parce qu'il constate qu'il ne s'est pas toujours attardé au plus important : la connaissance de soi. Par Mélanie Loisel

Avec tout ce que vous avez appris au cours de votre carrière prolifique, que représente pour vous le savoir?

Le savoir commence d'abord par qui on est et notre relation aux autres. C'est quoi notre sensibilité? Est-ce qu'on est plus agressif ou plus tendre que les autres? Est-ce qu'on est capable de rire ou de pleurer? Ce que je trouve central dans le savoir c'est apprendre l'amour de soi. Parce que si on s'aime, on essaie de se connaître et plus on s'aime, plus on arrive à se connaître non pas en tant que personne, mais en tant que phénomène. Un être humain c'est un phénomène qu'on ne peut pas mettre en bouteille. Il est en évolution et en adaptation constante et c'est ce qui fait de lui un immense mystère.

Pensez-vous qu'il est quand même possible de mieux connaître les êtres humains?

Je dis qu'on est un mystère, mais on vient de l'ADN de nos pôpas et mômans, de nos grand-pôpas et grandmômans et ainsi de suite jusqu'aux grands singes, aux poissons et aux cellules! On est tous tributaires de ce legs de générations d'êtres vivants. Quand je m'arrête pour me demander, comment l'espèce humaine est faite, je trouve ça incroyable. Dire que dans notre cerveau, il se passe un million de milliards d'opérations à la seconde. C'est toute une merveille! Si on se rend compte que l'être humain est une merveille, que l'animal et les plantes sont aussi des merveilles, on ne peut pas faire autrement que de s'aimer, d'aimer les autres, de s'intéresser à eux et de communiquer avec eux. photo: Olivier Lauzon

14

ITINERAIRE.CA | 1er novembre 2014


MOt De CaMelOt l'homme et la bête

Mais vous savez comme moi que ce n'est pas toujours facile d'aimer... Pourquoi est-ce si difficile ?

Parce que c'est difficile de se connaître. Comme on se connait mal, on projette sur les autres des choses qui vont mal dans nos propres vies. Alors on voit les autres de façon déformée. N'importe quel psychanalyste vous le dira. On déforme les autres selon nos besoins, selon l'éducation reçue de nos parents, de nos aventures de jeunesse, de nos relations. Comme on projette tellement, il devient très difficile de communiquer parce qu'on communique avec une personne qui est fausse.

tion. Si tout le monde ensemble, on s'unit, on va savoir quoi faire.

Si se connaître est la chose la plus essentielle, pourquoi est-ce si souvent relégué au bas de la liste de nos priorités?

Vous venez de mettre le doigt sur le problème. Comme bien des gens, j'ai appris un tas de choses inutiles dans ma vie qui m'ont permis de me masquer. Mais en enseignant, j'ai compris que le plus important est d'acquérir les connaissances les plus fondamentales. Il y a une expression anglaise que j'aime bien qui dit : First things first. L'idée avez-vous un truc pour est de faire les choses les plus importantes apprendre à mieux se connaître? d'abord et, si on a le temps et l'énergie, on Il faut savoir se délester, rejeter tout ce qu'on fera le reste. traîne avec soi et qui n'est pas utile dans la joie de vivre. Comment? J'imagine que vous avez eu avez-vous l'impression qu'il y a donc un jour l'envie de brailler, de fesser, de crier, de une limite dans les connaissances sacrer et de ne pas le faire. On peut pourtant le qu'on peut acquérir? faire sans faire de mal à personne ni à soi-mê- La vie est très courte, le cerveau peut enreme. Si vous avez un bon matelas, par exemple, gistrer un très grand nombre de données, vous pouvez le frapper en pensant à votre fem- mais le temps, lui, ne peut pas s'étirer à me, à votre mari, à vos enfants, à votre boss, volonté. La règle du 20 % et du 80 % m'a pour faire sortir la colère. Vous verrez qu'après, beaucoup aidé dans la vie. Pendant 20% du cette colère sera partie. Sinon, il y a toutes sor- temps, vous pouvez faire 80% des choses tes de manière de faire sortir vos pleurs, vos importantes et l'autre 80% du temps, vous frustrations, vos déceptions, que ce soit en les allez le passer sur le 20% des détails inutiécrivant, en les dessinant, en faisant du sport. Il les. Si vous abordez les choses comme ça, faut trouver un moyen de les exprimer. Sinon, vous verrez que vous aller développer un esprit de synthèse qui est très important ça reste en dedans et ça fait des ravages! dans la transmission du savoir.

Pensez-vous qu'on devrait donner des cours pour apprendre à mieux se connaître?

Oui... Et on devrait enseigner l'optimisme. J'enseigne depuis que j'ai 23 ans et je montre aux élèves à voir que le verre est toujours à moitié plein, quoi qu'il arrive. Il y a toujours de la vie, il y a toujours quelque chose à faire qui va améliorer la situa-

la fois où il s'est senti le plus démuni

Quand j'ai eu un appendice rétro-caecale, je ne pouvais plus rien avaler, pendant quelques jours, j'étais vraiment malade. À toutes les fois que quelque chose qui déglingue en nous, on se sent toujours dépourvu et tout le monde est démuni devant la maladie ou un accident.

L'Homme (incluant la femme) a su rendre son milieu propice à la survie. Dès les débuts de la colonisation française, il a défriché la terre, l'a cultivée et a construit sa maison. Il a été capable de s'allier à d'autres races et défendre son territoire. Il a aussi créé des outils de travail pour faire des meubles. Au fil du temps, il a su comment améliorer sa productivité en rendant ses accessoires de travail plus performants. De plus, il a su transmettre son savoir pour que d'autres et sa progéniture puissent faire la même chose que lui. L'Homme a su comment chasser, se nourrir convenablement et cuisiner. Avec le temps, ses vêtements sont devenus de meilleure qualité. Il a été capable de composer de la musique et de chanter, créant des instruments de musique de plus en plus mélodieux. Par l'imprimerie, il a fait connaître des récits fabuleux et fait partager un savoir sur notre planète de plus en plus grand. Mais peu importe l'animal qui existe, il ne peut changer son milieu. Si son environnement n'est plus propice à la survie, il doit le quitter et aller à un autre endroit, autrement il mourra et disparaîtra. C'est pourquoi l'Homme a dû créer des zoos pour que les animaux en danger puissent continuer à se reproduire. L'Homme qui ne contrôle plus son milieu devient le plus grand prédateur des animaux. Ainsi ceux-ci disparaissent pour toujours. Par conséquent, l'Homme est supérieur aux animaux, peu importe qu'il soit bon ou méchant. Merci à tous les clients qui m'encouragent.

réal laMBert Camelot angle de Lanaudière/Laurier

1er novembre 2014 | ITINERAIRE.CA

15


Un toit, un droit

Pour une approche globale dans la lutte contre l’itinérance

Hélène Laverdière

Raymond Côté

Rosane Doré Lefebvre

Députée de Laurier–Sainte-Marie

Député de Beauport–Limoilou

Députée de Alfred-Pellan

514 522-1339 helene.laverdiere@parl.gc.ca helenelaverdiere.npd.ca

418 663-2113 raymond.cote@parl.gc.ca raymondcote.npd.ca

450 661-4117 rosane.dorelefebvre@parl.gc.ca rosane.npd.ca

Alexandre Boulerice

Thomas Mulcair

Tyrone Benskin

Député de Rosemont–La Petite-Patrie

Député d’Outremont

Député de Jeanne-Le Ber

514 729-5342 alexandre.boulerice@parl.gc.ca boulerice.org

514 736-2727 thomas.mulcair@parl.gc.ca

514 496-4885 tyrone.benskin@parl.gc.ca tyronebenskin.npd.ca

Sadia Groguhé

Marc-André Morin

Lysane Blanchette-Lamothe

Députée de Saint-Lambert

Député de Laurentides–Labelle

Députée de Pierrefonds–Dollard

450 646-2423 sadia.groguhe@parl.gc.ca sadiagroguhe.npd.ca

819-440-3091 marc-andre.morin@parl.gc.ca marcandremorin.npd.ca

514 624-5725 lysane.blanchette-lamothe@parl.gc.ca lysaneblanchettelamothe.npd.ca


Je n'ai pas fait la Nuit des sans-abri Par Martine B. Côté Photos: Mario Reyes Zamora

J'

avais hâte de vivre ma première Nuit des sans-abri. J'ai sorti pour l'occasion mes bottes de pluie, ma plus belle tuque et mes bas en laine de mérinos. Le gars à la boutique de plein-air m'a dit que ce serait les 25 $ les mieux investis de ma vie parce que c'est chaud pis que ça respiiiiiire, la laine de mérinos. Mais le matin du 17 octobre, j'avais un petit picotement dans la gorge. Celui qui annonce un rhume. Ma journée n'avait pas encore commencé que je rêvais à un bain chaud, une doudoune, mon sofa, un film et mon amoureux pour me prendre en pitié et caresser mon front faussement fiévreux. Mais je fais partie de la famille de L'Itinéraire alors je range mes rêves de soirée molleton et je me rends à la Nuit des sans-abri, surnommée dans le milieu la NSA. Contrairement à l'organisme de surveillance américain qui porte cet acronyme, ici, pas de cachette ni surveillance, l'ambiance est aux confidences. Dès 19 h, nous avons marché au rythme d'une fanfare brésilienne, des slogans et des discours des acteurs du milieu, qui nous ont rappelé les luttes à mener en matière d'itinérance. Je n'avais pas soupé, mais j'ai croisé des étudiantes en travail social du

Cégep Marie-Victorin, heureuses d'offrir des muffins aux participants de la Nuit des sans-abri. Nous avons déambulé sur Sainte-Catherine et sommes arrivés à notre lieu, le tronçon de rue entre Maisonneuve et Sainte-Catherine, sur la rue Saint-Denis. Pour ses 25 ans, l'équipe de la NSA a réussi à obtenir le droit d'occuper ce coin du centre-ville. Denis Coderre, venu faire son tour, m'a confirmé qu'il le permettrait aussi l'an prochain. Monsieur le Maire, je vous attends même heure même lieu en 2015... Les prestations musicales vont bon train, les lectures de textes sont touchantes, l'arrivée de Bernard Adamus frappe fort et les paroles du gars de la côte Fullum résonnent. La clinique mobile de Médecins du monde offre des prises de sang gratuitement, des vêtements d'hiver sont offerts aux gens de la rue,  Manon Massé vient voir son monde et Mic-Mac, 27 ans, une ex-itinérante, est là pour saluer ses anciens compagnons. Le brasero est bien allumé, l'ambiance est festive, tous sont conscients qu'être dehors un 17 octobre, c'est l'fun, mais qu'à l'année, ce serait une autre affaire. À minuit, j'ai quitté en douce vers chez moi. Je n'ai pas fait la Nuit des sans-abri et je m'incline bien bas devant celles et ceux qui ont dormi dans la rue, ce soir-là ou une fois dans leur vie. Le lendemain, si j'avais eu à me chercher un emploi ou à me planter à la sortie d'un métro pour vendre un magazine, je n'aurais pas pu. J'ai eu le luxe de rester couchée dans mes draps en flanelle neufs. Mais qui sait, si je n'aurai pas un jour à affronter la dureté d'une journée qui commence alors qu'on n'a pas dormi, qu'on a faim ou qu'on a dû se battre pour ne pas se faire voler sa couverture sale. Personne n'est à l'abri, ce n'est pas juste un slogan, c'est une réalité à garder en tête, plus qu'une fois par année.

1er novembre 2014 | ITINERAIRE.CA

17


dossier

L'éducation populaire :

Le droit d'apprendre «Sur les 700 000 heures que va compter votre vie, «seulement» 90 000 se dérouleront au travail», lance Paul Bélanger, professeur en sciences de l'éducation à l'UQÀM et directeur du Centre interdisciplinaire de recherche sur l'éducation permanente (CIRDEP). Il insiste : « toute l'éducation ne peut pas être liée à votre travail». L'éducation populaire a pour but de développer la capacité d'action des gens, les aider à devenir plus autonome dans tous les champs de leur vie. Par Martine B. Côté

L'

éducation populaire (parfois appelée permanente) a longtemps fait partie des politiques publiques. Le fameux Rapport Parent (1964), qui mena à la création du ministère de l'Éducation, y consacrait plusieurs pages. « L'éducation permanente ne doit-elle pas devenir un service aussi considérable, aussi répandu encore plus diversifié que l'éducation scolaire traditionnelle», peut-on lire dans le célèbre document qui contribua à sortir le Québec de sa noirceur. Les définitions de l'éducation populaire sont multiples, plusieurs courants se côtoient. Le professeur Bélanger privilégie celle qui décrit l'éducation populaire, comme «l'ensemble des pratiques éducatives répondant aux projets de développement personnel et social des individus et des groupes de la société civile». On accède à ces cours sans préalable et on n'obtient aucune certification. En éducation populaire, on devient un meilleur humain pas un meilleur employé. L'idée, c'est de continuer à acquérir des compétences pendant toute sa vie, dans tous les rôles de la vie, parental, grandparental, citoyen, etc.

18

ITINERAIRE.CA | 1er novembre 2014

Petite histoire d'un mouvement

L'éducation populaire prend forme en France, dans le bouillonnement post-révolution, en avril 1792, lorsque Nicolas de Caritat, marquis de Condorcet, affirme «que l'instruction ne doit pas abandonner les individus au moment où ils sortent de l'école : qu'elle doit embrasser tous les âges, qu'il n'y en a aucun où il n'est pas utile d'apprendre car l'instruction doit assurer aux hommes, dans tous les âges de la vie, la facilité de conserver leurs connaissances ou d'en acquérir de nouvelles». L'éducation populaire a aussi ses racines en GrandeBretagne avec des initiatives organisées pour, par et avec les travailleurs, les « Workers Educational Associations,» et pousse également dans les pays scandinaves avec les cercles d'études «study circles». Chez nous, l'éducation populaire a connu trois périodes, selon le professeur Bélanger. La première, avant la Révolution tranquille, avec des expériences d'éducation populaire liées à l'Église catholique ou aux mouvements ouvriers. La seconde, alors que la Révolution tranquille transforme le Québec. L'éducation populaire est désormais intégrée dans les commissions scolaires et dans ces


nouvelles institutions appelées CÉGEP. Et viennent les années 1980, la crise pétrolière frappe le monde : le Québec, comme bien des États, se désengage de l'éducation populaire. Heureusement, les groupes communautaires la récupèrent et font beaucoup avec peu.

Éducation populaire...autonome

Au début des années 1980, une scission s'observe au sein des groupes d'éducation populaire. Une branche se détache, le mot autonome s'ajoute à l'expression éducation populaire. Le Mouvement d'éducation populaire et d'action communautaire du Québec (MEPACQ) nait. À ce jour, il regroupe plus de 300 membres. La coordonnatrice actuelle, Caroline Toupin, raconte : « tous les cours étaient devenus de l'éducation populaire, l'expression était utilisée à toutes les sauces. Pour nous, il ne pouvait pas y avoir d'éducation populaire sans visées politiques. C'est une éducation « conscientisante » qui vise à acquérir un certain pouvoir vis-à-vis de l'État.» La Révolution tranquille a fait entrer le Québec dans la modernité, mais la modernité n'a pas profité à tout le monde. Les groupes communautaires se multiplient et une grande majorité d'entre eux offre de l'éducation populaire autonome. Imaginons une association de défense des personnes assistées sociales. Le groupe offre dans un premier temps les services pour lesquels il a été créé, par exemple des services juridiques aux personnes prestataires. Puis, dans un deuxième temps, fait de l'éducation populaire autonome en aidant ces gens à comprendre les coupes à l'aide sociale, à apprendre à s'exprimer là-dessus, à comprendre leurs conditions de vie. «Il y a une lutte sociale au bout de cette démarche», explique Madame Toupin. Les cuisines collectives relèvent de la même idée : des

Éducation populaire (ou permanente)

Éducation populaire autonome

• Des cours de toutes sortes visant à donner aux citoyens plus d'autonomie, de capacité d'action dans toutes les périodes de leur vie. Elle vise avant tout le développement des capacités individuelles et collectives dans une perspective de citoyenneté. • Inspirée par le Rapport Parent, Condorcet, etc. • Exemple : les cours gratuits d'initiation à l'informatique

• L'ensemble des démarches d'apprentissage et de réflexion critique par lesquelles des gens mènent collectivement des actions qui amènent une prise de conscience individuelle et collective au sujet de leurs conditions de vie et qui visent une transformation de la société. • Inspirée par Paolo Freire, Léa Roback et Idola Saint-Jean. • Exemple : les cuisines collectives

Les deux formes reposent sur l'idée qu'aucun préalable académique n'est requis et ne sont pas en lien avec le travail.

Upop

L'université pour tous Pour son 5e anniversaire, l'Upop s'est offerte une belle programmation et un slogan tout neuf : 5 ans à se coucher moins cave. Pas l'ombre d'un cave en ce pluvieux soir d'octobre, à la Bibliothèque Frontenac, pour le cours Marx&Co, une formation sur le grand Karl, les luttes d'émancipation passées et à venir. Dans la salle, Nathalie, 29 ans, en train de terminer son Barreau, vient à l'Upop pour une quatrième fois. À ses côtés, Fred, qui n'a jamais suivi de cours universitaires, gagne sa croûte comme humoriste et apprécie visiblement sa soirée. Louise, 62 ans, diplômée en théâtre, a l'impression de réviser ses compétences sur la naissance du capitalisme. Une trentaine de personnes, d'origine et d'âge différents, s'entassent dans ce petit local pour une session de deux heures. La première heure est menée rondement par Pierre Beaudet, professeur à l'Université d'Ottawa, qui a trouvé le bon ton pour s'adresser à son public inconnu. Personne ne dit d'où il vient et ce qu'il connait du sujet. Petite pause et place aux questions et à la discussion pour la deuxième heure. On l'entend, les élèves d'un soir sont politisés, curieux, informés. Depuis cinq ans, l'Upop offre six formations différentes, chacune composée de quatre à six séances. Cette session, on peut entre autres assister à Ces livres dont on ne sort pas intact-e ou La mesure du monde, une initiation à l'usage politique des statistiques et aux divers indicateurs (richesse, développement durable, etc.) On ne s'inscrit pas à l'Upop : on débarque, à l'une ou l'autre des séances, souvent dans des bars, d'ailleurs. Tout est gratuit, personne n'est rémunéré, pas même les profs. D'ici la gratuité scolaire, il y a au moins l'université populaire. www.upopmontreal.com

1er novembre 2014 | ITINERAIRE.CA

19


dossier

C'est pas juste de la couture! femmes, en situation de pauvreté, et de leur droit à obtenir de la nourriture. En se regroupant ainsi, elles obtiennent de meilleurs prix, gagnent en efficacité et, entre un mijoté et un potage, discutent de leurs conditions de vie et apprennent à comprendre le système social et politique dans lequel elles vivent. «On redécouvre l'éducation populaire en période d'austérité et de coupes, ce n'est pas pour rien.», affirme-t-elle.

Apprendre, quossa donne?

Vue trop souvent comme un passe-temps ou un luxe, l'éducation populaire souffre des préjugés. Paul Bélanger se souvient de Jacques Parizeau qui, pour annoncer le retrait de l'État de l'éducation populaire, avait tenu des propos méprisants, parlant des cours offerts comme d'un luxe. « Solange Gervais, influente présidente de l'Association féminine d'éducation et d'action sociale (AFEAS), avait dit à Jacques Parizeau : Monsieur Parizeau, vous me connaissez? Bien sûr, Madame Gervais, et je vous respecte beaucoup, avec le rôle que vous jouez... Bien, si ce n'avait pas été des cours de macramé que vous ridiculisez tant, je n'aurais pas pu obtenir de mon mari que je sorte le soir et je n'aurais pas acquis la confiance et les compétences qu'on me reconnaît aujourd'hui », raconte Bélanger, le sourire aux lèvres. L'éducation populaire, selon Paul Bélanger, c'est une forme de réponse à la crise de l'État-providence, notamment en matière de santé et d'environnement. Il évoque le mouvement Our bodies ourselves, né dans les années 1970, qui a permis aux femmes d'obtenir un meilleur rapport de force face aux médecins. En se regroupant, elles échangent des informations sur leur corps, leur santé et transmettent leurs connaissances aux autres femmes et aux médecins, contribuant à développer le savoir lié aux questions médicales qui les concernent. Ainsi, elles gagnent en autonomie, améliorent leur capacité d'action et bousculent la médecine, qui, dans les années 70, s'intéresse peu ou mal aux femmes. Paul Bélanger affirme qu'en ce qui concerne la santé ou certains gestes pour préserver la planète, l'éducation populaire peut répondre au désengagement de l'État.

Apprendre tout au long de la vie

«Il en est de la sexualité comme de l'éducation, à partir du moment où la sexualité cesse d'avoir son caractère fonctionnel, on la considère comme illégitime. Dès que

20

ITINERAIRE.CA | 1 novembre 2014 er

Texte et photos : Isaac Gauthier

Ç

a va mal aux Ateliers d'éducation populaire du Plateau (AEPP). Le directeur Benoît Lord garde tout de même le sourire devant le constat désolant. Aux AEPP, on parle d'un déficit annuel de 750 000$ en chauffage et maintenance, un bail qui prend fin en mai 2015 et un gouvernement provincial qui coupe dans les subventions. La disparition du centre est à nouveau plausible selon M. Lord. «Ça fait 40 ans qu'on se bat», dit-il avec accablement.

De l'extérieur, les Ateliers ont tout l'air d'une école primaire. Après tout, ils louent les locaux à la Commission scolaire de Montréal (CSDM). En 2005, les AEPP sont expulsés des deux étages supérieurs puisque la CSDM manque de place pour ses bureaux avoisinants. Le bâtiment n'est pas neuf non plus, Mots d'espoir et d'encouragement d'usagers des AEPP. des millions sont à prévoir en réparation structurelle. À l'intérieur, il y a une ambiance d'école en congé : de longs corridors silencieux, des salles vides et une cuisine collective qui roule au minimum (après un an de fermeture, faute d'argent). Seuls les occasionnels cris de la garderie brisent le silence. Mais pourquoi faudrait-il garder ça en vie? «Parce que l'éducation est le droit de chaque personne à devenir un citoyen actif», insiste M. Lord, citant Federico Mayor, ancien directeur général de l'UNESCO. L'éducation, ce n'est pas que des écoles primaires ou l'université, ou encore l'enseignement aux adultes. Selon lui, c'est aussi une garderie, des cours de poterie, d'initiation à l'informatique, de langue; un lieu de rencontre, d'apprentissage et de discussion. L'école n'est qu'une étape de l'éducation, un processus qui continue tout le long d'une vie, enchaine-t-il patiemment. Ce constat est particulièrement important puisque la population est vieillissante et il faut un endroit pour maintenir ces gens actifs et impliqués. C'est ce que font les Ateliers, avec un succès trop souvent oublié. M. Benoît Lord, directeur aux AEPP.


Malheureusement, les instances du pouvoir ne semblent pas convaincues : faute d'argent, la CSDM ne peut continuer à louer ses locaux aux AEPP après mai 2015. Le ministre Bolduc qualifie les six centres d'éducation populaire de Montréal de «beaux, bons, pas chers», oubliant qu'ils sont tous portés à disparaître dès l'année prochaine, faute de fonds. Le fédéral, lui, ne reconnaît tout simplement pas l'éducation en dehors du cadre de la formation à l'emploi. Selon la députée de Salle de jouets pour les enfants de la garderie. la circonscription Laurier-Sainte-Marie, Mme Hélène Laverdière (NPD), un nouveau gouvernement fédéral pourrait s'impliquer dans le milieu de l'éducation populaire, mais d'ici l'élection en novembre 2015, le mal pourrait déjà être fait. Dans ce contexte, l'éducation populaire est en crise. Pourtant, nombre de gens en dépendent : des gens comme Manon Dupuis, bénévole, qui vient aux AEPP depuis 26 ans. Selon elle, c'est la dynamique d'ouverture et de tolérance d'autrui qui est le principal atout des AEPP. La fermeture de ce centre serait une tragédie, estime-t-elle, et aurait comme résultat la disparition d'occasions d'apprentissages et d'enrichissements pour plus de 200 personnes. Quel avenir réserve-t-on à ces gens si l'on retire leur lieu d'échanges et de rencontres?

l'éducation cesse d'avoir sa fonction pour l'économie, on la considère comme un luxe, que chacun peut se payer ou pas.» affirme le professeur Bélanger. Il s'anime dès que l'on évoque l'éducation des personnes plus âgées, un facteur majeur de leur autonomie et de leur rôle dans l'économie informelle. Il rappelle qu'aux PaysBas, les cours d'initiation à l'informatique et à la vie numérique connaissent un succès monstre chez les personnes âgées. « De la même façon que les immigrants ont droit à des cours de français pour exercer leur citoyenneté dans le Canada, tous les citoyens ont le droit d'apprendre les outils technologiques pour fonctionner dans la société qui est la leur. On a réduit la vie des gens au travail, donc on a tendance à réduire l'éducation au travail.» Pour Paul Bélanger, c'est une question de droit : « comme grand-parent, ai-je le droit d'avoir accès à des cours pour me mettre à jour sur les nouvelles approches en mathématiques, pour aider mes petits-enfants dans leurs devoirs?»

L'éducation populaire en ligne

Acquérir des connaissances dans le confort de son chez-soi, c'est devenu possible grâce aux MOOC, massive open online course, traduit en français par formation en ligne offerte à tous. La TELUQ, pionnière de l'enseignement à distance, s'y est mise. Des cours accessibles gratuitement, sans aucun préalable académique. Depuis le 20 octobre, près de 3 000 personnes se sont inscrites au cours Conciliation travail-famille ou au cours Histoire politique du Québec. L'institution s'inscrit directement dans la lignée de l'éducation populaire en offrant deux cours destinés aux citoyens, aux parents que nous sommes ou deviendrons. Nous ne sommes pas que des travailleurs, après tout... Paul Bélanger salue ces nouvelles formes d'éducation populaire, mais rappelle que pour suivre ces cours, il faut avoir les outils informatiques nécessaires et des compétences technologiques. Donc des cours d'informatique gratuits et ouverts à toute cette partie de la population qui n'a pas ces compétences se révèlent nécessaires... Au Québec, l'éducation populaire a aussi sa branche universitaire, inspirées des universités populaires danoises ou des universités ouvrières françaises. Des branches des études supérieures, offertes à tous. Encore là, pas de critères d'admission. Populaire rime avec ouvert.

Suzanne, Sylvain et Manon, respectivement, employés et bénévole des AEPP. 1er novembre 2014 | ITINERAIRE.CA

21


DOSSier

JOhanne BeSner

une dame de lettres et de fer Johanne Besner est une dame sans histoire. Si ce n'est son parcours d'alphabétisation qu'elle a suivi avec dévouement pendant une dizaine d'années, faisant ainsi taire tous les préjugés sur les gens peu scolarisés. Portrait d'une femme dont la ténacité et la persévérance illustrent ce qui se cache derrière les chiffres alarmants sur les taux de littératie. Par SaiD el haDini Photo: Gopesa Paquette

L

es résultats d'une grande enquête internationale publiés en 2011 par le Programme pour l'évaluation internationale des compétences des adultes (PEICA), parrainée par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), sont alarmants. Les capacités de lecture de près de la moitié des Canadiens sont faibles au point d'entraver leur participation à la vie économique et sociale. Environ 22 % des adultes canadiens âgés de 16 ans et plus se sont classés au niveau le plus faible de capacités de lecture. Ces personnes ont beaucoup de mal à déchiffrer les imprimés et sont susceptibles d'admettre qu'elles éprouvent des difficultés de lecture. De même, près du quart des adultes se sont classés au deuxième plus faible niveau. Ces personnes réussissent à tirer leur épingle du jeu à condition que le texte soit simple, clairement présenté et ne présente pas de tâches complexes à exécuter. Ils lisent, mais pas très bien. C'est donc un total de 42 % de la population âgée de 16 à 65 ans qui ne possède pas les compétences de lecture suffisantes pour bien naviguer dans l'économie du savoir actuelle. Cela alors que 46% des Canadiens ont terminé leurs études secondaires. L'enquête révèle que les 58% les plus compétents en lecture gagnent en moyenne 20% de plus que les moins compétents. La proportion de Canadiens qui occupaient les niveaux

22

ITINERAIRE.CA | 1er novembre 2014

inférieurs sur l'échelle de la numératie était encore plus grande (55 %). Là aussi des écarts de revenus de 18% entre les moins compétents et les autres viennent souligner l'impact socio-économique de ces habiletés.

ni vieux ni immigrants

Selon la Fondation pour l'alphabétisation, 16 % des Québécois sont analphabètes et 33 % éprouvent de grandes difficultés de lecture. Et détrompez-vous, l'analphabétisme ne touche pas nécessairement les personnes âgées ou immigrantes. Des jeunes et des moins jeunes ont souvent de la difficulté à lire et à écrire, et partant à remplir des formulaires des plus basiques. Mais c'est loin d'être une fatalité. Des organismes, des groupes populaires en alphabétisation, mais aussi et surtout des personnes de bonne volonté ont depuis des années déjà retroussé leurs manches pour livrer une bataille sans merci à ce fléau. Et l'on peut dire que leurs efforts et leur acharnement sont concluants. Pour preuve, bon nombre de participants, ayant profité de leurs services, ont pu changer leur vie et maîtrisent aujourd'hui les techniques de la lecture et les rudiments de base de l'écriture. C'est le cas de Johanne Besner. Une dame de 55 ans pleine de grâce et de joie de vivre. A première vue, ce qui frappe en elle c'est sa fierté d'avoir accompli un long cheminement pour sortir des dédales de l'ignorance. Elle qui a quitté l'école à l'âge de 17 ans et est revenue aux bancs de l'éducation populaire 25 années plus tard. «Ça m'a ouvert sur de nouveaux horizons, de nouvelles perspectives. Maintenant je vois le monde différemment», nous confie-t-elle.


Des projets à bras le corps

C'est à l'Atelier des Lettres du Comité social du Centre Sud qu'elle a fourbi ses armes. «Un lieu qui n'est ni une école ni une classe traditionnelle. Mais plutôt un milieu de vie où l'on se sent en confiance, écouté et respecté», précise d'emblée Martine Fillion, coordonnatrice à L'Atelier des Lettres. Avant d'ajouter que «l'apprentissage se fait surtout à travers des projets, dont le thème est proposé par les participants eux-mêmes, visant à développer leurs compétences.» Des projets qui peuvent consister en des expositions, à écrire un livre ou encore a de la poésie. D'ailleurs, L'Atelier des Lettres a sorti en 2010 son livre phare De l'enfance à l'espoir contenant une dizaine de témoignages et de récits d'expérience des participants. La méthode adoptée par L'Atelier des Lettres consiste pour le participant à lire à haute voix son texte devant ses pairs. Cette lecture en public donne souvent des sueurs froides aux participants. Mais pas à Johanne Besner. Décomplexée, elle dit n'avoir jamais eu peur de prononcer ses mots. «Quand on leur donne la parole, c'est quelque chose de valorisant. La motivation se trouve décuplée et ils ont envie de recommencer», commente la coordonatrice de l'Atelier des Lettres. L'objectif est de stimuler le témoignage. Ça va plus loin que d'apprendre à lire et à écrire. «Le but ultime est de les aider à communiquer, que ce soit par des messages ou en structurant mieux sa pensée par écrit», renchérit Mme Fillion.

Des fautes à la pelle

L'histoire de Johanne Besner remonte au milieu des années 1990, Johanne travaille dans une compagnie de marketing, touche un bon salaire et gagne bien sa vie. Un brusque revirement de situation va tout chambouler. Pour des raisons de santé, Johanne perd son emploi et se trouve soudainement au chômage. Elle peine à joindre les bouts à la fin du mois et n'hésite pas à solliciter les services de la banque alimentaire du Comité social Centre-Sud (CSCS). Devenue habituée des lieux, elle fait la connaissance de Francine Lefebvre, la fondatrice de L'Atelier des Lettres. Une complicité s'installe et cette dernière remarque très vite ses difficultés de langue et l'invite à rejoindre les bancs de l'Atelier. «J'avais de la misère à écrire correctement. Dans une seule phrase, je faisais dix fautes. Je me consolais en me comparant avec des gens qui ne savaient même pas écrire leur propre nom», se souvient Johanne. Martine Fillion estime que ce constat est d'autant plus regrettable lorsqu'on vit dans une grande ville comme Montréal. «C'est souvent perçu comme une honte et une stigmatisation pour ces gens au parcours scolaire souvent négatif», déplore-t-elle.

l'éveil des sens

Johanne se lance alors corps et âme dans cette belle aventure qui dura une bonne douzaine d'années. Elle ne compte plus les projets auxquels elle a participé, toujours avec le même enthousiasme et un élan constamment renouvelé. «J'aime bouger, autrement je sens mon cœur comme malade», dit-elle. Résultat des courses : Johanne s'est appropriée haut la main les techniques de la lecture et le b.a-ba de l'écriture. «Mon cerveau était comme endormi. Les cours d'alphabétisation l'ont secouée. Enfin, tous mes sens sont maintenant éveillés», se réjouit Johanne. Et pour couronner le tout, cette courageuse femme a même pu décrocher, à travers le programme PAAS-Action d'Emploi Québec, un emploi comme réceptionniste à la direction de L'Itinéraire. Un poste qui lui sied à merveille avec son sourire jovial et son habilité à communiquer avec tact et politesse. Une belle consécration aussi pour cette dame qui a appris à ne jamais se laisser décourager par les aléas de la vie ni à lâcher prise. «Je dois avouer que j'ai hérité de ma mère cette ouverture d'esprit. Mais j'ai pu aussi développer mes relations sociales grâce aux nombreux programmes de bénévolat auxquels je participais. J'aime aller à la rencontre du monde, échanger avec autrui ou jaser tout simplement», conclut Johanne.

Des références de tout âges Dans la deuxième moitié du 20e siècle, plusieurs auteurs ont défendu des visions de l'éducation radicalement différentes de celle défendue aujourd'hui par le ministère de l'éducation du Québec. Voici quelques morceaux choisis qui ouvrent sur d'autres possibles éducatifs. «L'enseignement fait de l'aliénation la préparation à la vie, séparant ainsi l'éducation de la réalité et le travail de la créativité. Il prépare à l'institutionnalisation aliénatrice de la vie en enseignant le besoin d'être enseigné.» Une société sans école (1971) Par Ivan Illich, Les éditions du Seuil, 2003, 220 pages.

«Personne n'éduque autrui, personne ne s'éduque seul, les hommes s'éduquent ensemble, par l'intermédiaire du monde.» Pédagogie des opprimés (1974) Par Paulo Freire, La découverte, 2001, 197 pages.

«Qui enseigne sans émanciper abrutit. Et qui émancipe n'a pas à se préoccuper de ce que l'émancipé doit apprendre.» Le maître ignorant : Cinq leçons sur l'émancipation intellectuelle, (1987) Par Jacques Rancière, 10-18, 240 pages.

«...la comparaison des univers du travail en usine et de l'éducation à l'école est troublante...» Une éducation sans école Par Thierry Pardo, Écosociété, 2014, 208 pages.

1er novembre 2014 | ITINERAIRE.CA

23


DOSSier

un jour dans la vie de l'atelier des lettres texte et PhOtOS : iSaaC Gauthier

L'

horloge indique 9h, c'est le début des distrait et prête l'oreille cours à l'Atelier des Lettres du Comité au besoin. Elle est proCybelle, une étu l'Atelier, après la diante à social Centre-Sud (CSCS). La quinzaine fesseure, amie et théralecture de son mot de bienven d'éducateurs et d'étudiants se retrouvent dans peute en même temps. ue. Contrairement à la un grand salon aux couleurs chaudes, parsemé de plantes et de photos. Au menu du jour: éplu- croyance populaire, chage des journaux quotidiens autour d'un café, les étudiants ne sont pas tous des nouveaux immigrants ou des personnes âgées: plus de la moitié écriture de mots, organisation du calendrier et sont Québécois d'origine et leur âge varie entre lecture de recettes. Il ne faut pas Guy, Jacques un éducateur, 16 et 65 ans. Stéphane vient à l'Atelier des Lettres se méprendre, malgré , un aid un mot étudiant , à éce depuis dix ans, il considère le groupe comme une l'ambiance décontractée de bien r ir ve n u e . e réelle famille. Son but? Savoir bien lire et écrire, relevant plus de la salle « veux une job à temps plein», sans aucune gêne. «Je communautaire que de la raconte le volubile étudiant. Isabel, originaire de salle de classe, les gens sont ici pour apprendre. l'Angola, y vient depuis deux ans pour parfaire Planification mensuelle des classes et des activison français écrit. Vive d'esprit, elle est persuatés, lecture de groupe, mathématiques, leçon cividée qu'un pays peu éduqué, même riche, est que, tout se fait en groupe. À l'Atelier des Lettres, iante, e « un pays «nul». Selon elle, l'éducation popules élèves sont impliqués dans toutes les décisions, d u t é e, une nv e n u laire permet aux citoyens de «renégocier la de la gestion du budget à la composition des clasMaud mot de bie lit son société» et de défendre leurs droits. ses. L'effet est parfois surprenant : les élèves ont réMalgré l'ambiance optimiste, l'avenir de l'Atelier des cemment voté pour plus de cours d'alphabétisation, Lettres est incertain. Tout comme les six autres centres jugeant que deux ateliers par semaine (sur un maxid'éducation populaire à Montréal, le CSCS doit renémum de trois) étaient insuffisants! L'Atelier adopte l'approche «Reflect», méthode d'alphabétisation séné- gocier son bail en 2015 alors que les subventions gougalaise qui mise sur la participation active des élèves au vernementales passent à la tronçonneuse. L'Atelier des lieu de cours magistraux. L'idée est de Lettres n'a pour l'instant pas d'autre endroit s'il advient le développer le potentiel de chacun parce pire. Pour survivre, l'Atelier cherche du financement en se que l'analphabétisme n'est pas un pro- faisant connaître grâce à son livre De l'enfance à blème individuel, mais bien un problème l'espoir et un film à Télé-Québec, « social. «Les analphabètes n'ont pas de Nou, les écrivins. Si place dans notre société alors que le sys- ce n'est pas assez, produit explique l'édu- les étudiants devront tème scolaire en produit», catrice Noémie Pomerleau-Cloutier. L'an- probablement metcienne enseignante lance des blagues aux tre de côté leurs rêves Planif ication en gro upe du étudiants, gronde lorsque le groupe est de lecture. calendrier des activités.

24

ITINERAIRE.CA | 1er novembre 2014

iant l é tu d n o u ve é e n n e , n u , a n Bamb rigine gha oraire. h d'o ie son pl anif


Canal éducation Les grands diffuseurs publics, radio et télévision, ont longtemps été des moyens privilégiés de diffusions de contenus éducatifs. La génération Passe-Partout en sait quelque chose. Qu'en est-il aujourd'hui? Par Mahaut Fouquet

T

élé-Québec, anciennement Radio-Québec, a pu être créée grâce à son mandat éducatif et culturel. « Dans la loi qui existe depuis le début du 20e siècle, c'est le fédéral qui détenait le droit de posséder une radio et une télévision et non les provinces, explique Martin Claude, ancien professeur au département de communication de l'Université de Montréal.  Au cours de la Révolution tranquille, le Québec voulait donc une radio québécoise. La seule façon de l'obtenir a été de la créer avec un mandat éducatif, car c'est la province qui a la responsabilité de l'éducation. Mais le mot « éducatif « est devenu très flou, c'était juste un tour de passe-passe juridique ».

Éducation formelle, éducation informelle

Le ministère de la Culture définit deux types d'éducation. L'éducation formelle, qui « consiste en la diffusion d'émissions plus didactiques axées sur la formation et les programmes scolaires. Et l'éducation informelle, «qui se retrouve sous forme de reportages, des émissions ou de séries ayant un rôle de conscientisation, de sensibilisation et de formation générale ». Télé-Québec a abandonné l'éducation formelle en 2002. « C'est plus de l'éducation populaire, de l'information, mais pas de l'éducation scolaire formelle, explique M. Claude. On ne peut pas s'attendre à ce que Radio-Canada et Télé-Québec mettent des cours à leur horaire. Ça se faisait dans le temps, mais ça ne se fait plus maintenant.» Lors d'une révision des activités de Télé-Québec en 2006, le ministère conclut que la chaîne devrait s'en tenir à de l'éducation informelle pour remplir sa mission éducative afin « d'inculquer des valeurs aux jeunes, de les aider dans leur développement social et affectif, d'informer les citoyens sur les enjeux de société qui les concernent ou de leur «donner le goût du savoir»».En ce qui concerne l'éducation formelle, un partenariat majoritaire a été créé avec Canal Savoir.

Canal Savoir, la chaine éducative

Si l'on peut attribuer à Télé-Québec un mandat « d'éducation populaire », Canal Savoir remplit un réel mandat d'éducation formelle. Les deux chaînes sont très liées : membre au Conseil d'administration de Canal Savoir depuis plusieurs années, Télé-Québec en est le partenaire majoritaire depuis 2008. Il y a quelques années, la chaîne diffusait des cours crédités. C'était alors une réelle alternative à l'école, mais aujourd'hui, c'est Internet qui a pris cette place. « Avec l'ordinateur, on peut faire plus d'autocorrection, il n'y a pas d'horaire, c'est beaucoup plus souple, plus proche des besoins des gens à distance, explique Sylvie Godbout, directrice générale de Canal Savoir. On a toujours notre place pour donner le goût d'apprendre, de la recherche, des connaissances. De s'asseoir et d'apprendre quelque chose. Je pense qu'on est un complément à l'information que les gens peuvent avoir. On est un peu complémentaire à Télé-Québec dans notre rôle de vulgarisation des connaissances, mais on est plus là pour la valorisation des universités et des collèges ».

La télévision, un média dépassé ?

Le mandat éducatif des diffuseurs a évolué avec le temps. La concurrence des chaînes privées divertissantes, les restrictions budgétaires et le développement des cours en lignes apportent des difficultés pour maintenir un format purement formel. Selon Martin Claude, les diffuseurs gardent un rôle important dans l'éducation. « Dans beaucoup de pays, l'éducation se fait de manière informelle, par des émissions de divertissements. Les médias sont une école informelle. Une école qui ne porte pas le nom d'école », conclut-il. Convaincu par la nécessité d'avoir des chaînes publiques de qualité, il refuse de voir la télévision mourir. « Le web n'est pas régulé par l'État. Si les gens n'écoutent plus la télévision, la chaîne éducative va disparaître. C'est un combat à long terme de défendre la télévision publique, si la jeune génération ne l'écoute pas c'est encore plus simple de la fermer demain. Vous démontrez que la télévision n'a plus de pertinence. »

1er novembre 2014 | ITINERAIRE.CA

25


François Pesant :

la vie de vétérans loin des champs d'honneur Le photographe François Pesant fait plus qu'observer le monde à travers une lentille : il vit aux côtés des gens qu'il photographie, partage leur dur quotidien. On le joint à Mexico, où il est basé... pour l'instant! Grand voyageur, il a vécu entre autres en Inde et à New York. Son métier, le photodocumentaire, semble malheureusement en voie de disparition, mais qu'à cela ne tienne, Pesant parcourt le monde. Courez voir Vétérans sans-abri, fruit de son plus récent travail. par martine b. côté photos : François pesant

Qui sont les itinérants que vous avez rencontrés?

J'ai rencontré des vétérans du Vietnam et un jeune vétéran qui a fait l'Irak et l'Afghanistan. Aux États-Unis, jusqu'à tout récemment, un sansabri sur quatre était un vétéran. Depuis Obama, on est passé à un sur sept, mais quand même... Ce sont des hommes qui souffrent de dépression et de stress post-traumatique. Les vétérans du Vietnam, entre autres, ont vu des horreurs indescriptibles. Et il n'y avait pas de soutien pour eux à l'époque. L'expression «stress post-traumatique» n'existait même pas. Contrairement à ceux qui ont fait la Seconde Guerre, qui s'enrôlaient pour réagir à un envahisseur, ceux qui se sont battus au Vietnam, ils ne savaient pas trop pourquoi ils se battaient.

26

ITINERAIRE.CA | 1er novembre 2014


entrevue est-ce que ces vétérans sont amers? Se sentent-ils abandonnés par l'armée?

Non. Ils se sentent en marge de la société, ils trouvent la société pathétique à bien des égards, mais ils n'ont pas de ressentiment envers l'armée. C'est peut-être le monde militaire qui fait ça, je ne sais pas. Ils trouvent la société pathétique, se sentent en marge, mais ils n'en veulent pas à l'institution. Et ils savent que c'est quand même un peu leur faute s'ils sont tombés dans la drogue, que d'autres vétérans ont réussi à ne pas sombrer dans la consommation.

vétérans sans-abri

Maison du développement durable Du 4 au 22 novembre Gratuit

les qualités humaines sont sûrement aussi importantes que le talent artistique dans votre pratique?

Souvent plus, même! Je passe souvent plusieurs heures avec des personnes sans prendre une seule photo. Une grande partie de mon travail, c'est créer des contacts. Pour un de mes projets, en Inde, sur deux ans, j'ai passé trois mois à faire des photos, le reste du temps, à faire de la recherche et à parler aux gens. Pour mon projet avec les vétérans, j'ai entre autres passé des nuits avec Jack, 61 ans, qui dort dans le métro de NewYork. La nuit, le train du métro passe toutes les 20 minutes et chaque fois, il se réveille en sursaut en pensant que c'est un hélicoptère. Une nuit, il faisait trop froid pour dormir sur les rails donc on a passé la nuit à faire toutes les lignes du métro d'un bout à l'autre de la ville.

la fois où François Pesant s'est senti le plus démuni? J'étais en Inde. Je vivais avec des réfugiés environnementaux dans un camp de fortune. J'ai passé beaucoup de temps avec une famille composée d'une mère de quatre enfants agée de 26 ans et monoparentale. Elle mendiait pour manger mais un jour, elle n'avait rien, strictement rien. Pas même un peu de riz. Je me sentais tellement démuni. Démuni pour eux...

1er novembre 2014 | ITINERAIRE.CA

27


Besoin de changement Les lois ne sont pas assez sévères envers les voleurs et les abuseurs. Ils s'en prennent bien souvent aux moins nantis et aux plus démunis. Il y a beaucoup d'abus et au final, c'est le simple citoyen qui paye. La vie aujourd'hui est difficile et les gens ont moins de revenus, moins de ressources. Les simples travailleurs ne gagnent pas tous de gros salaires. J'aimerais que le gouvernement fasse quelque chose pour nous aider, nous autres, simples travailleurs, qui n'ont pas accès à un syndicat. Nous aimerions faire valoir nos droits et faire connaître nos opinions : nous sommes contre la violence, contre l'abus des gens. Chaque individu a ses droits, ses lois, et mérite un système qui le défend. Que les gens arrêtent d'abuser du système! Tout le monde fait la grève... Où est-ce qu'on s'en va à Montréal? Je trouve qu'ils abusent du simple travailleur. Le syndicat, selon moi, ambitionne trop sur les pauvres. Le simple citoyen, celui qui gagne sa vie honorablement, est surtaxé. Le système est vulnérable et j'aimerais que ça change.

CéCile Crevier Camelot, métros Fabre et L'Assomption

28

ITINERAIRE.CA | 1er novembre 2014

Bardés de diplômes Par Mélanie lOiSel Photos : Gopesa Paquette

« Ils ont souvent l'impression qu'on ne sait pas lire, ni écrire! » Richard Donnely, Pierre Fournier et Marie-Andrée Baril se moquaient légèrement des passants qui les regardent parfois d'un air méprisant lorsqu'ils les voient vendre L'Itinéraire dans la rue. Ces trois camelots sont pourtant loin d'être néophytes et encore moins analphabètes. Au contraire! Si vous croisez Richard rue Ontario à Montréal, il vous parlera de mécanique, de plâtrage, de béton. Ce technicien en génie environnemental a plus d'un tour dans son sac. « J'ai toujours été bon dans tout ce qui touche à la science », lance-t-il. Avec un certificat en animation culturelle et des études en littérature, Pierre Fournier vous parlera plutôt longuement des grands classiques si vous l'apostrophez rue Laurier. « Balzac, ça a toujours été mon préféré », note-t-il. En face du métro Préfontaine, Marie-Andrée aura certainement une bonne oreille pour vous écouter. Détentrice d'un DEC et d'un certificat en travail social, elle a toujours

voulu aider les plus vulnérables avant qu'elle n'ait, elle-même, besoin d'aide. « J'ai commencé à travailler dans mon domaine, mais je me fatiguais facilement, je ne supportais pas la pression et j'avais des troubles anxieux », confie-t-elle. Cette jeune femme de 31 ans voit alors ses rêves de carrière s'effriter doucement. Témoin de violence pendant son enfance, elle est consciente qu'elle souffre d'un stress post-traumatique. Marie-Andrée se voit ainsi forcée de quitter son emploi et de réclamer de l'aide sociale. « Mais comme j'avais étudié, je connaissais les ressources, j'ai été un peu ma propre travailleuse sociale et j'ai évité de me retrouver carrément dans la rue », raconte-t-elle. Une chance que n'a pas eue Richard, qui a été un grand consommateur de drogue et d'alcool. Pendant presque un an, il a dormi dans les parcs, couru les soupes populaires, quêté dans la rue pour pouvoir payer sa coke et son crack. « Ce n'était pas jojo! », avoue-t-il avec le sourire en coin. « Mais à 26 ans, j'ai décidé de me prendre en main et


reportage

et pourtant... de reprendre mes études. J'ai quitté le Québec pour aller en Ontario, où j'ai fait mon DEC et travaillé pendant huit ans dans une entreprise à Sudbury. » Tout allait bien jusqu'à ce que ses démons reviennent le hanter. Il recommence à consommer, à fumer son joint tous les soirs, à faire la fête pendant les weekends. « Je gagnais 23 $ l'heure et je pouvais flober ma paye en une soirée. À la fin, je devais 2000 $ à mon propriétaire », avoue-t-il. Richard décide alors de suivre une thérapie de sept mois, puis de revenir au Québec. Maintenant sobre, il se cherche du travail mais ce n'est pas évident. Ses cartes de construction de l'Ontario ne sont pas toutes reconnues ici et en plus, il traîne un casier judiciaire. « J'ai peut-être volé une ou deux fois pour consommer, mais je me suis fait pogner. Je n'ai jamais été un bon voleur! », lâche-t-il en riant en s'empressant de dire que toute cette période est derrière lui. Bilingue, instruit, expérimenté, il souhaite que les employeurs donnent une deuxième chance

aux gens qui, pour toutes sortes de raisons, se retrouvent parfois dans la rue ou dans des situations précaires. Pierre Fournier aimerait également que les compagnies et les organismes fassent davantage la part des choses. Il détient, lui aussi, un dossier pour avoir participé à une manifestation illégale dans les années 70, à l'époque de la crise d'Octobre. « Disons qu'il y avait quelques communistes dans le groupe », mentionne-t-il sur un ton ironique.  Quarante ans plus tard, il trouve absurde que cette tache à son dossier lui colle toujours à la peau et l'empêche même de faire du bénévolat. « À 21 ans, j'ai sombré dans une profonde dépression et ça m'a pris cinq ans à me relever. Mais je suis toujours un grand dépressif et c'est difficile pour moi de travailler sous pression », explique-t-il. Et ce n'est pas à défaut d'avoir essayé. Quand la maladie mentale frappe, il est souvent bien difficile pour toute personne d'être fonctionnelle. Pendant six mois, Pierre a même goûté à la rue. «  J'essayais de me te-

nir avec des gens plus réfléchis, mais un jour, un ami m'a dit : Le ciel est de glace et là, j'ai compris qu'il n'avait pas toute sa tête! » Avec l'aide de ses médecins, Pierre réussit depuis une quinzaine d'années à mener une vie plutôt équilibrée. Pendant ses temps libres, il dévore Chateaubriand, Homère et vend L'Itinéraire neuf heures par semaine. C'est son emploi. Et comme Marie-Andrée et Richard, il n'en peut plus d'entendre : « Pogne-toi donc une vraie job! » Tous trois possèdent les diplômes qu'il faudrait pour en avoir une, mais parfois la vie ne se passe pas toujours comme prévu. « Ça me fait toujours sourire quand on me dit : Tu n'as pas l'air d'une itinérante! Je pense que les gens devraient moins juger à première vue et faire l'effort de nous connaître », suggère Marie-Andrée. « Oui, parce que tout le monde a du talent, mais il y en a qui n'ont pas encore découvert leur capacité», renchérit Richard en échangeant un regard à Pierre, qui acquiesce. « On dirait qu'on a perdu notre côté humanitaire, faudrait juste qu'on s'intéresse plus à l'humain. »

1er novembre 2014 | ITINERAIRE.CA

29


DanS la tête DeS CaMelOtS

Des ti-Joe connaissants Ils vendent le magazine sur les coins de rue ou dans le métro, mais on oublie trop souvent que nos camelots recèlent des trésors de connaissances insoupçonnées. Plus d'une fois, ils nous ont étonnés avec leur bagage acquis au cours de vies bien remplies. Sans leur précieux savoir, le travail à L'Itinéraire tournerait beaucoup moins. On a fait le tour pour vous faire découvrir leurs petites perles.

un artiste underground

yanniCk leBlanC | Camelot, angle Pie IX/Sainte-Catherine

Moi je suis compositeur musical. C'est mon tuteur qui m'a encouragé à me lancer dans l'écriture, ça fait maintenant une dizaine d'années. J'ai aussi un bon vocal qui me permet de chanter des intonations des plus variées. Je penche toutefois vers le techno, mais un techno un peu plus élaboré et plus complexe à composer. J'ai déjà réussi à vendre quelques CD et je suis en train de composer deux nouvelles chansons. Je suis étiqueté artiste underground. Ce qui ne me gêne pas du tout.

Peindre pour vivre en paix

l'argent n'est pas tout

Jean-Pierre MénarD | Camelot, angle Saint-Zotique/Saint-Hubert

Mon domaine d'expertise à moi est l'événementiel. Le plus grand événement que j'ai organisé est le Carrefour de l'emploi à Verdun, qui a duré quatre jours. Il y avait 200 exposants et des dizaines de milliers de visiteurs. C'était grandiose. Ce n'était pas dans le but de faire de l'argent, mais plutôt de donner la chance aux étudiants de décrocher des emplois.

JaCqueS éliZé | Camelot, Théâtre du Nouveau Monde

En plus d'être camelot, je suis artiste-peintre. Je travaille plus avec de l'acrylique. J'ai découvert cette passion en l'an 2000. Je crois que c'est un don du Saint-Esprit. J'ai l'impression parfois que ce n'est pas moi qui suis en train de peindre. C'est très cosmique. Moi je conçois le monde différemment, un monde qui de nos jours va un peu mal. C'est pour cette raison que dans mes toiles j'essaie de transmettre un message de paix et d'amour. J'ai réussi à en vendre deux au prix de 100 dollars chacune.

Démonter de grosses machines ClauDe DeSiletS | Camelot, Île-Perrot

un pro de l'harmonica

Daniel MOrel | Camelot, angle Ontario/Valois

Je suis passionné par la musique et plus particulièrement par l'harmonica, que j'ai découverte voilà maintenant cinq ans, soit depuis l'âge de 18 ans. J'aime chanter surtout des sonorités blues. C'est un ami à moi qui m'a initié. J'ai performé aussi grâce à l'aide de certains membres de ma famille qui sont des musiciens dans l'âme. J'ai joué dans des festivals comme Trois-Rivières en blues. Maintenant, je possède une bonne dizaine d'harmonicas, et mon souhait est d'acheter un harmonica chromatique au coût de 250 dollars.

30

ITINERAIRE.CA | 1er novembre 2014

Moi j'excelle dans la salubrité alimentaire. C'est un métier que j'ai fait passionnément pendant une bonne dizaine d'années avant de tomber malade. Il s'agit de nettoyer et d'entretenir de grosses machines à fabriquer la bouffe, comme les friteuses par exemple. Il m'est arrivé de travailler sur une machine d'emballage de salades qui fait six à huit mètres de hauteur, qu'il faut démonter complètement. C'est un travail qui demande une grande dextérité et il vous faut une licence du gouvernement pour pouvoir pratiquer.


knowledge

Bill eCOnOMOu | Camelot, Marché Atwater

un sourire qui rapporte gros

riCharD t. | Camelot Métro Place des Arts

Moi je suis doué dans la vente des magazines L'Itinéraire. J'aime ce contact avec la clientèle et j'aime encore plus l'entretenir et la fidéliser. Tu sais des clients fidèles, de nos jours c'est très rare. N'empêche qu'avec le sourire et des mots bien placés, j'arrive à réaliser des ventes de 60 à 70 exemplaires par jour. Et ce n'est pas tout! J'ai même réalisé l'exploit de vendre plus de 100 exemplaires en une journée. Un record!

l'art d'écouter

Having knowledge about many different things is an asset. I've tried to learn about certain topics. When I was in high school, I was good in geography, history and math. I've retained and updated some of that knowledge in geography, but not in the other subjects. Greek is my mother tongue, but I started to increase my Greek vocabulary near the end of my collegial studies. Later on, I had to work harder to improve my knowledge of French and I'm always glad I know more than one language. When someone has studied a certain profession such as a doctor or a mechanic, I will respect their professionalism, but not necessarily agree with everything they say. These people have studied to help me and others who really need their services to live a better life. It's challenging to maintain a certain level of knowledge. In the future, I want to listen attentively to positive people and use my knowledge to better protect myself.

yanniCk larOuChe | Camelot, angle Beaubien/Saint-Hubert

Moi j'ai le don d'écouter les gens qui ressentent le besoin de parler à un inconnu. J'établis facilement une relation d'échange et de confiance, tout en gardant une certaine distance. L'anonymat est tout aussi important, puisque je ne connais pas mes interlocuteurs et eux non plus ne me connaissant pas. J'essaie de ne pas couper la parole et de laisser les gens vider leur sac, tout en donnant des petites suggestions à la fin. Il y en a qui apprécient cette écoute active et me filent quelques pièces de monnaie.

S'endurcir à coup de sciotte

BenOÎt Chartier | Camelot, IGA Place Berry et Métro Radisson

Mon domaine d'excellence à moi est la construction. J'adore manipuler des outils de toute sorte, au point où j'ai eu un choc électrique qui m'a rendu invalide. Moi je suis ouvrier de père en fils. Mon père était menuisier-charpentier. C'est lui qui m'a appris ce métier, non pas avec une tronçonneuse électrique, mais avec une sciotte. Quand je lui demandais pourquoi, sa réponse était : «Je voulais t'endurcir». Par la suite, je me suis spécialisé dans la rénovation. Et vous savez quoi, rénover coûte plus cher que construire du neuf.

une expertise titanesque

la poésie comme voie de salut

MiChel hOule | Camelot, angle Saint-Hubert/Ontario

CyBelle PilOn | Camelot, angle St-Hubert/St-Zotique

De l'humour à revendre

JOSePh ClerMOnt | Camelot, angle Dorion/Sainte-Catherine

Moi je suis passé maître dans l'art de faire rire les gens, tout en les aidant à faire leurs emplettes dans les supermarchés. Si par exemple quelqu'un me pose la question : «Comment ça va?» Je lui réponds : «Ça va se passer.» Mes jokes à moi, c'est plus de l'improvisation, dépendamment du contexte présent. Moi, je suis souvent de bonne humeur, rarement je ne le suis pas. C'est très contagieux. J'aime rendre les gens heureux et partager avec eux ma joie de vivre, voire les agacer parfois. Je suis comédien de nature et c'est ça ma partie de pêche.

Vu les problèmes que j'ai vécus par le passé et que j'endure encore, c'est dans la poésie et l'écriture que j'ai trouvé une échappatoire, voire une sorte d'exutoire. Je parle à plusieurs personnes âgées et j'essaie de profiter de leur expérience et de leurs conseils. Maintenant, j'essaie de mieux exprimer mes pensées et de bien les articuler. Je suis d'ailleurs en train d'écrire un poème sur la folie. C'est ça pour moi la poésie, c'est des frustrations emballées dans du papier à bonbons.

Mon domaine d'expertise à moi est le contrôle numérique à l'aide d'un langage binaire. J'ai travaillé pendant plus de trente ans dans l'usinage des pièces aéronautiques chez UDT Industries. J'étais contremaître et ma spécialité était le titane. On fabriquait des slat tracks. Nous on appelait ça des bananes en titanium. Ce sont des pièces qui contrôlent le tangage, la longitude et la latitude des appareils. Ce qui permet à un avion de maintenir son plan de mire. Dans ma famille, le métal de toute sorte n'a aucun secret. D'ailleurs, mon père était un scraper. C'est grâce à lui que j'ai appris tous les noms des métaux.

voir à la sécurité de tous

tarek ayari | Camelot, métro Mont-Royal

Depuis que je suis enfant, j'aime observer les gens et surveiller leur mouvement. C'est un don de la nature. D'où mon penchant pour la sécurité. Un métier où j'ai excellé pendant six ans, avant d'être expulsé pour des raisons de santé. Assurer la sécurité des gens, sécuriser les lieux et fouiller les gens suspects, tout ça me manque terriblement aujourd'hui. illuiStration: 123rF.CoM/oleG Gavrilov

1er novembre 2014 | ITINERAIRE.CA

31


MOt De CaMelOt nouvellement camelot J'aimerais vous parler aujourd'hui de mon expérience avec le magazine L'Itinéraire, pour lequel je travaille depuis peu. Jamais je n'aurais pensé en être rendu ici un jour dans ma vie. Il faut beaucoup de persévérance et de motivation pour faire le travail qu'on fait. C'est très difficile, car souvent on se sent ignoré par les gens dans le métro. La majorité des passants ne nous regarde pas du tout. La preuve : l'autre jour, j'ai souhaité «bonne journée» à quelqu'un. Ce dernier m'a répondu : «Non!» La preuve que les gens n'écoutent même pas ce qu'on leur dit. Je trouve dommage que beaucoup de gens nous jugent sans savoir notre passé, sans savoir ce qu'on a vécu. Par chance, ce n'est pas tout le monde qui agit ainsi et certains font preuve de gentillesse. D'ailleurs, ceux qui s'arrêtent pour acheter le magazine sont souvent ceux qui connaissent le produit et qui l'achètent depuis 20 ans.

PISTE

Pour innover socialement tous ensemble piste.itineraire.ca Piste.itineraire.ca est une plateforme qui diffuse des projets inspirants disséminés un peu partout au Québec et ailleurs dans le monde en regroupant à la fois des articles de L'Itinéraire et des autres journaux de rue de l'INSP (International Network of Street Papers), ainsi que des articles provenant de partenaires des secteurs communautaires, académiques et publics.

Les innovations sociales que vous trouverez sur la PISTE se veulent accessibles, réalisables et inspirantes, car tout comme nous, vous êtes des acteurs du changement! Nous vous invitons à participer à la PISTE en nous soumettant vos propres solutions sous forme d'article et à participer à la discussion, pour innover socialement tous ensemble.

Jean-Pierre MénarD Camelot, métro Sherbrooke

Nos partenaires

32

ITINERAIRE.CA | 1er novembre 2014


hOrS PiSte

un bo uquet par les envoy é anges

linDa

veCtorS: 123rF.CoM/valentY

J

Pelle

tier |

Chron

iq

ueuse e voula de rue is sœur Jo offrir un bo uq florale qui aurait 50 uet de fleur s pou ans le joli vas .ca, un mag nifique 2 juin. J'ai tr r la fête de m e octo ouvé, à gonal. a belle parlé a bouqu Alo et l'a v bouqu ec un monsie rs j'ai téléph de lys vena dresse www nt ave et, puis . oné po ur nom c un tr Je lui r ur le co il me d mé Fra ès ép m e ne peu onds que je mande mo nk. Je lui don mander. J'a n num i x pas c n n'en ai e le c éro de o plan : « p carte d ode du La fête mmander de as. Tout de e créd suite, il est au de ma bouqu it. dé b e m l'aurez but d'avril, je elle-sœur es t. Je lui expli e dit que je t q encaiss é, vous vais vous env au début de ue alors mo Sauf q n juin. Co oyer un pourre u e .. .j 'é zp m t que je c a n'allais is dans ma rocéder». Il hèque et qua me on es nd vou pé mes co p s mptes as bien du t riode de m t d'accord. o a une jo e n u t ie t . Je n'a j'avais , c urnée. e qui ve v dépen Il faut ce que ut dire sé mo ais payé ni dire n ginatio ous recevon que ce n'es n chèque d'a mon loyer n tp n! i s! Ça n id e dem as très diffic e sociale en Donc ande p ile à fa j'étais ire malad dans d as des e e trésors pour centre ux centres d et j'ai fait un d'imad e j'étais e crise, j'ai a crise. Pend séjour à l'hô confus ppelé ant qu p souven e. Je n e j'éta ital ainsi qu j'avais em is tà e éc l'avaien rit un petit p e souvenais www.florale au deuxième .c oème, t bien p a a , s du p parce jour, alo puis je reçu. F rix d que in t dire de rs que j'étais alement, je éléphonais p u bouquet e t encore o déchir le ur savo s ai p que je e ne par r mon chèq au centre de as mal acha ir s'ils u viendr rer mo ais pas e, parce que crise, j'ai app lés. Un n elé po à vend j'étais d'avoir chèque. Je ur re tro p t été trè éléphoné au leurais énorm des Itinéraire p malade e t s gent s s é s a i m fin sou en ille, ell me rep e m'a r vent. La da t. Je me suis d'honooser. me av épond excus Aux ale e u que ce n'ét c qui j'ai par ée me dis ntours de la a lé it rien a f et de b a beauco nt : «Linda, c ête de Jo, je ien 'e re u temps p trop. Ça m st un merveil çois un cou leux bo rriel de de la fê e remp uquet d te de m lit de jo Au déb celle-c e i e u ie que c'é t, je me dis s 50 ans. Me , je vais me lys, mais c'es ais : «M t rci à m s tait ww o u venir lo a belle ais que bouqu w.flora ng-sœ et lb le Je leur et j'ai pleuré .ca qui avait ouquet?» Pu ur et amie». is d cié tou ai envoyé le 'émerveillem envoyé gra j'ai compris cieuse t c ment du ma es les perso ourriel que ent. le nnes q j'avais gnifiqu re ç u d ui avaie m e rc i e bou e quet e au livr n Jo . J'ai re eur. Le t j'ai d t participé cier de merà la em le quand vive voix en ndemain, j'a andé qu'on fabrication i télép je suis dise u pleura h Frank qui m malade. J'ai nt encore. oné pour les n gros 'ont to Je suis aussi r suis ex re m e r em us h c désint lamée qu'au les deux dit ercié la réc ypersensible é re s s é e c p q o t u io n e ce trair nnis e nv e r s une in e, c'était trè n'était rien te et . co n n u s r a re e. ce bea Je me u gest e

1er novembre 2014 | ITINERAIRE.CA

33


MOt De CaMelOt Censure Je me censure pour plaire aux gens J'suis écœurée de vivre dans mon sang La lumière va-t-elle découvrir mon cœur Mon miroir reflète toutes mes erreurs Ce que je regrette le plus c'est me taire Je veux exploser mais je fige sans rien faire Écouter et vivre ses émotions est si important C'est un trésor qui mérite qu'on y prenne le temps

Ça prend plus que ça pour passer l’hiver au chaud.

Mes démons intérieurs creusent ma tête Je veux m'exprimer mais les diables font la fête Comment me débarrasser de mes vieux tiroirs Parfois je n'ose même plus y croire Être authentique est tellement libérateur Être soi-même, c'est dévoiler ses vraies couleurs Je crois que la peur arrête les sentiments Les mécanismes de défense prennent le devant Si je pouvais je marcherais nue Pourquoi être gênée de nos attributs La honte n'existe pas au Paradis Les hommes ont créé l'Enfer et ses cris La meilleure amie en moi me chuchote d'être vraie C'est dans ces moments que j'atteins la paix Peu importe la réaction des invités J'aurai craché et non ravalé

CinDy treMBlay Camelot, angle 28e / Beaubien

RECOURS DES SANS-ABRI

1 87 PAUVRETÉ

leger.org

34

ITINERAIRE.CA | 1er novembre 2014


Plan D'aCtiOn MOntréalaiS en itinéranCe 2014-2017 :

le maire Coderre met la barre haute

inFO raPSiM

Pierre GauDreau | Coordonnateur du RAPSIM

E

n dévoilant le 25 septembre dernier le Plan d'action montréalais en itinérance 2014-2017, l'administration municipale s'est donné un horizon ambitieux. La lutte à l'itinérance relève davantage d'actions que peut mener le gouvernement du Québec, mais la Ville a aussi des responsabilités et le plan les identifie bien. Aussi, le RAPSIM a commenté de façon globalement positive cette annonce qui répond à plusieurs de ses demandes. Le Plan comporte aussi une part d'inconnu et des avenues moins évidentes. Le Plan nomme bien la diversité des réalités de l'itinérance qui se vivent à Montréal, dont celle, croissante, vécue par les Premières nations et les Inuits, de même que celle issue de l'immigration. Il identifie moins bien la question de l'itinérance des femmes et les actions spécifiques à y apporter, alors que se vit pourtant depuis des années un manque criant de ressources.

logements. C'est tout un enjeu puisque Québec a coupé l'aide à la rénovation. À propos de la SPLI, la Ville demande le maintien de l'aide apportée au développement de projets de logements sociaux, le maire dénonçant une fois de plus, le one size fits all d'Ottawa.

1000 logements de plus !

Deux autres mesures phares ont été annoncées dans le Plan de la Ville. La volonté de réaliser un dénombrement à l'hiver et l'été 2015, et la création d'un poste de protecteur des itinérants. Sur la première, le RAPSIM a réitéré sa position prise en assemblée générale, alors que le gouvernement du Québec s'est doté d'un Portrait de l'itinérance par indicateurs. La quête d'un nombre pour illustrer l'itinérance est un exercice qui ne pourra pas être complet et qui sera coûteux. Quant à la création d'un poste de protecteur des personnes itinérantes à la Ville, il restera à voir l'impact réel de ce nouvel acteur, un modèle emprunté à la ville de Vancouver. Les trois années qui nous séparent des prochaines élections municipales passeront bien vite. La mobilisation dans la lutte à l'itinérance à laquelle la Ville a donné un nouvel élan devra se maintenir pour que les objectifs de la Ville soient atteints. Pour un, le RAPSIM contribuera sur plusieurs points à la réalisation de ce plan d'action.

Un point fort du Plan de la Ville est l'objectif d'ajouter 1000 logements pour personnes itinérantes ou vulnérables, dont 600 nouveaux logements sociaux avec soutien communautaire et 400 autres dans des projets novateurs avec la Société d'habitation et de développement de Montréal. En continuité de l'appui soutenu de la Ville à de tels logements depuis longtemps, le Plan Coderre garde aussi le cap repris il y a quatre ans par la Ville en ce qui concerne la sauvegarde des maisons de chambres, annonçant l'intention d'étendre le suivi de ce parc de logements qui a été mené dans trois arrondissements centraux. La Ville affirme sa volonté de faire des pressions pour obtenir les budgets nécessaires à l'implantation de ces

un bilan sur le profilage social et des SiS

La Ville s'engage aussi à faire un bilan public et à consulter la population sur ses actions en matière de profilage social, tout en poursuivant son travail pour réduire la judiciarisation. Un bilan qui s'impose car si des progrès ont été faits, trop de contraventions se donnent encore aux sans-abri et les abus demeurent importants. Dans son Plan, le maire apporte un soutien sans équivoque au développement de services d'injection supervisée (SIS), qui reprend une demande du milieu. « La Cour suprême a ordonné au fédéral de maintenir le soutien à Insite à Vancouver, dans cet esprit le fédéral doit soutenir les SIS à Montréal », a affirmé le maire.

un dénombrement et un protecteur des personnes itinérantes

1er novembre 2014 | ITINERAIRE.CA

35


MOt De CaMelOt un bel automne à tous! Chers lecteurs et lectrices, j'espère qu'on aura un bel automne, avec du beau temps, moins pluvieux que d'habitude, pour nous aider à garder notre bonne humeur. J'espère aussi que les travailleurs du Complexe ou de l'extérieur viendront me rencontrer. J'aime parler avec les gens et les encourager à l'occasion. Vous verrez aussi que je retiens vos noms. Plusieurs d'entre vous en sont très surpris. Cela veut dire que je m'intéresse à vous. Si jamais vous n'avez pas le temps de jaser, je vous suggère quand même d'échanger un beau bonjour avec moi et ça nous rendra la journée plus belle à tous les deux. En même temps, je vous enverrai une belle pensée qui vous aidera à garder votre bonne humeur ou à la retrouver si vous l'avez perdue. Merci beaucoup, on va se revoir bientôt. Je vous apprécie beaucoup.

GilleS BélanGer Camelot, Complexe Desjardins

Les calepins de Gérard-Horace Il maîtrisait tellement mal sa langue maternelle qu'il faisait des fautes même en lisant. Le virus Ebola est l'un s qui soit, dit-on, car il s'attaque directementdesaupiresyst ème humanitaire. Je viens d'apprendre, au journal télévisé, que le maire souffrirait d'un liposarcome particulièrement agressif.de Toronto, Rob Ford, naturellement. Je ne peux cependant m'empêcher deIl faut s'en désoler, tumeur est beaucoup plus maligne que la majorité de penser que cette l'électorat torontois. Les Écossais indépendantistes n'ont pas tout perdu. Il leur reste le scotch. Le problème, ce n'est pas que tu sois profondément comportes comme un parasite dégueulasse : c'est queidiot et que tu te tu l'acceptes. Stephen Harper croit qu'il faut combattre le groupe État islamique parce qu'il est composé de fanatiques religieux. Il croit que les hommes chassaient le dinosaure, il y a vingt également mille ans. Lorsqu'elle m'embrassa pour la première fois, je com que le réchauffement climatique était inéluctable.pris Au commencement était e. Puis il y eut les nom oms, les adjectifs, les conjonctions etle Verb les adverbes. Les fautes, c'ess,tlesvenpron u plus tard. Si Dieu se présentait aux élections, je voterais contre. Le livre qu'ils préfèren Yves Bolduc : Fahrenheit t451 Philippe Couillard : Cent ans de solitude Gérald Tremblay : Qua es La juge Charbonneau : Crimi edesetbrum châ time Tony Accurso : Les liaisons dangereusesnt Pauline Marois : En attendant Godot Le livre qu'ils devraien Yves Bolduc : La cérémonie tdeslireadieux Philippe Couillard : Les raisins de la colère Gérald Tremblay : Vivr avec l'Alzheimer La juge Charbonneau : Histe oire s extr Tony Accurso : Les Misérablesaordinaires Pauline Marois : Illusions perdues Le livre qui me résume Un homme et son péché Pierre Saint-aMOur | Cam

elot, métro Université-de-Montr

36

ITINERAIRE.CA | 1er novembre 2014

éal


CarreFOur

Flash rheo

in memoriam nino Perone

Notre camelot Rheo Gallant continue à se promener grâce au court métrage que la cinéaste Claire Sanford lui a consacré. Lundi le 3 novembre, le film sera projeté au Centre Phi dans le cadre du Air Canada EnRoute Film Fest.

Rendu célèbre par son «Do you want some of it bitch» dans les vidéos de Jon Lajoie, camelot à L'Itinéraire depuis le 1er mai 2014, Nino Perone s'est éteint. La nouvelle s'est répandue suite à un post émouvant publié sur la page Facebook de l'humoriste. Nino souffrait de déficience, de schizophrénie et avait un problème de jeu. Il faisait partie d'un programme de réinsertion depuis quelques années. Ceux qui l'ont connu au magazine s'entendent pour dire qu'il était surtout très souriant et profondément gentil. «C'était quelqu'un de très attachant, toujours de bonne humeur», explique Geneviève Labelle, agente de soutien communautaire à L'Itinéraire.

Rheo Lundi 3 novembre, 18 h, Centre Phi, 407 rue Saint-Pierre.

JOurnée SPaGhetti

Le Mercredi 12 novembre 11h30 à 20h

$ 5

Ouvert à tOuS! veneZ en Gr anD nOMBre

COMMunautique

photo : louiS-philippe pouliot

Charles-éric C

omment tenir à jour ces dossiers gouvernementaux en ligne sans une certaine familiarité avec l'univers numérique? Depuis plusieurs années, les gens de Communautique viennent s'installer dans les locaux de L'Itinéraire pour offrir des cours d'introduction à l'informatique aux camelots. Charles-Eric Lavery est le dernier de Communautique à venir officier chez nous. Ses efforts constants permettront de réduire un peu la fracture numérique qui en laisse beaucoup trop sur la voie d'accotement de l'autoroute de l'information. Au menu : une approche personnalisée qui part des projets des camelots et leur donne les outils informatiques permettant de les mener à terme. Ce faisant, ils apprennent les bases pour mieux naviguer dans une société qui s'appuie de plus en plus sur l'informatique.

1er novembre 2014 | ITINERAIRE.CA

37


reportage

Regardez-les dans les yeux Par Martine B. Côté

L

a Place des Arts est le théâtre d'une projection extérieure qui inspire le respect ces jours-ci. L'artiste polonais utilise la façade ouest de l'édifice pour présenter sa plus récente création, Homeless projection. En boucle, de la tombée du jour jusqu'au début de la nuit, le film propose aux passants de découvrir 21 personnes qui vivent ou ont vécu l'itinérance, des hommes et des femmes qu'ils ont sûrement croisés dans un coin ou l'autre de la ville. Cette fois, il faut lever les yeux au ciel pour les regarder. Et pour les entendre, il faut s'arrêter. Se tenir près de deux haut-parleurs et écouter. Même si la projection se déploie sur un mur immense et qu'on doit la regarder à distance, on ressent une forme d'intimité, la qualité audio crée une forme de bulle propice aux confidences qui enterre même les voitures qui filent sur Sainte-Catherine. Les personnes interviewées prennent place dans ce

38

ITINERAIRE.CA | 1er novembre 2014

qui ressemble à des gradins. À moins que ce ne soit une estrade de tribunal. Serions-nous en train d'être jugés? Pour toutes ces fois où nous les avons nous-mêmes jugés? On reconnaît Gabriel, qui a des mots durs pour la réinsertion, on y voit la belle Manon, camelot au Village Champlain, on assiste à un échange entre deux itinérants : « t'as un sac de couchage, toi? Où tu prends ta douche? Vas-tu dans les refuges?» Un des itinérants chante une ode à la soupe chaude en hiver, un autre en a marre du profilage et des accusations de vol. Pendant ce film d'une douzaine de minutes, projeté beau temps mauvais temps, le spectateur a accès à des confidences tout sauf misérabilistes, qui ne relèvent pas d'un exercice voyeuriste. Devant la caméra de Wodiczki, les gens de la rue ne sont pas des bêtes curieuses. Faut dire que le Polonais d'origine, sensible aux questions d'itinérance, travaille depuis les années 1980 à concevoir des dispositifs technoartistiques destinés aux exclus. En 1988, il crée Homeless vehicules, en collaboration avec des sans-abri, des véhicules multifonctionnels qui leur permettaient de transporter leurs biens, de se laver et de dormir à l'abri.


MOt De CaMelOt un quêteur Par un beau samedi de juillet, je m'en allais travailler à la station Jarry. Comme je demeure pas loin de la rue Papineau, je dois passer par la station Fabre pour m'y rendre. Il y avait un monsieur, assis sur un banc, il m'a demandé de l'argent pour manger. Sur le coup, j'étais très surprise, car il n'avait pas l'air d'être un quêteur. «Hé!» Je lui ai répondu, très sèchement : «Je n'ai pas d'argent, je travaille pour un organisme communautaire». Je suis partie et tout à coup, je me suis retrouvée à regarder dans sa direction, et je voyais bien qu'il était attristé de voir que je n'ai pas voulu l'aider. Lorsque j'ai vu cela, je suis retournée voir et je lui ai dit «Monsieur je n'ai pas d'argent, mais il y a quelque chose, que je peux faire pour vous.» J'ai pris deux cartes repas dans mon petit porte-monnaie et je lui ai données les explications nécessaires. Je dois vous dire que ce monsieur était très content de voir que quelqu'un lui donnait l'aide dont il avait besoin. Après cela, je me suis rendue à mon travail en me sentant à l'aise, moi aussi. PS : Merci à tous et à tous nos clients (es).

GiSèle naDeau Camelot, métros D'Iberville et Jarry

Homeless Projection

Sur la façade du Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts Jusqu'au 23 novembre Mercredi, jeudi et dimanche : dès la noirceur jusqu'à 23 h Vendredi et samedi : dès la noirceur jusqu' à 1 h Gratuit

Le créateur de l’œuvre Homeless Projection, Krzysztof Wodiczko.

photo KeS taGne

1er novembre 2014 | ITINERAIRE.CA

39


Par Mahaut Fauquet, MaGDa OuaneS et Pierre Saint-aMOur

livreS

les habitants des bidonvilles « Bidonville ». Un mot vu et revu qui évoque aujourd'hui la misère du monde. Pourtant, au cœur de ces maisons de fortune vivent des familles, des communautés, des hommes, des femmes et des enfants. Il existe une véritable logique dans la structure de ces « villages » bâtis selon les coutumes et les cultures. C'est ce que cherchent à montrer JeanNicolas Orhon et Nicolas Reeves dans leur livre, écrit comme un journal de bord, tiré du documentaire « Bidonville : architecture de la ville future. » Tout au long des chapitres nous découvrons leurs voyages, leurs photos, leurs rencontres et leurs réflexions personnelles sur les lieux que l'on appelle « maison ». (MF)

Parfaitement imparfaites Mesdames, vous êtes dépassées par votre vie familiale? Fatiguées de vous donner corps et âme pour vous fondre dans le moule de la femme parfaite? Pas de panique! Les journalistesblogueuses Nadine Descheneaux et Nancy Coulombe ont la recette qu'il vous faut. Dans ce guide du lâcherprise, rien de théorique. Tout ce qui s'y trouve est puisé de l'expérience de ces deux mères parfaitement imparfaites et allumées qui ont fait le choix d'être heureuses ainsi. Pour ne pas tomber dans le piège de la perfection, elles nous proposent d'accepter de perdre le contrôle, d'arrêter de prendre la maternité trop au sérieux et de cesser de se «documenter comme si on préparait un postdoctorat dès la première nausée». Cette obsession est la source du malaise éprouvé par toutes ces femmes, nous disent-elles. Une course qui détourne de l'essentiel, du plaisir simple et naturel d'être mère. Conçu pour déconstruire le mythe de la superwoman, avec humour et légèreté, le guide des Zimparfaites vous fera voir la maternité du bon côté. (MO)

assez, c'est assez!

Nancy Coulombe et Nadine Descheneaux, Druide, 392 pages.

la maison, la ville et les gens : le phénomène bidonville.

Par Jean-Nicolas Orhon et Nicolas Reeves. 296 pages.

riche : être ou ne pas être Dans la foulée des revendications étudiantes de 2012 et du mouvement Occupy, beaucoup d'encre a coulé à propos des bourgeois et de leurs desseins. Qui sont les gens qui forment le fameux 1 %, ceux qui contrôleraient supposément l'économie, la politique et les médias? Le sociologue Maurice Angers explore la vie parfois farfelue des ultra-riches dans son essai : Pourquoi ne pas devenir riche? Les dessous de la mobilité sociale. L'auteur y vulgarise à l'aide de graphiques les dernières analyses de l'ascension sociale et démontre comment il est de plus en plus difficile d'y parvenir. Volontairement accessible, l'essai plaira à ceux qui admirent (ou haïssent) les Warren Buffet de ce monde. (IG)

Pourquoi ne pas devenir riche? les dessous de la mobilité sociale Maurice Angers, Fides, 170 pages.

40

ITINERAIRE.CA | 1er novembre 2014


vivre

Par DenySe MOnté | montex9@videotron.ca

à vous d'œufs choisir C'est le temps du thym!

photoS: 123rF.CoM/andreY StaroStin, eKKapon Sriharun, arevhaMB, oStill

Herbe antiseptique par excellence, le thym renferme du thymol qui a la propriété de s'attaquer aux bactéries. D'où son utilisation dans la composition de certains savons, dentifrices et rince-bouche. Mais surtout, son action est championne dans le traitement de la toux, de l'inflammation des voies respiratoires et de la gastroentérite. Si les Romains faisaient brûler du thym pour purifier l'air, aujourd'hui quelques gouttes d'huile essentielle de cette plante dans un diffuseur ou dans un plat d'eau bouillante feront la vie dure aux germes dans une pièce. Et à l'hiver qui s'en vient avec ses atchoums!

la solution au vitrage mortel Des centaines de millions d'oiseaux sont tués chaque année en Amérique du Nord par des meurtriers géants au regard de glace : les immeubles vitrés! Comment stopper ce carnage à l'heure où le verre est de plus en plus utilisé en architecture moderne? Rendre visibles les surfaces transparentes ou réfléchissantes, car l'oiseau ne les perçoit pas. La verrerie montréalaise Walker a innové en ce sens en mettant au point un verre dépoli destiné au fenêtrage des bâtiments. Des métropoles comme New York et Toronto sont enfin sensibilisées au problème et recommandent dorénavant la construction d'immeubles sécuritaires pour la faune aviaire.

Une étude scientifique commandée par le Daily Mail à des laboratoires britanniques laisse croire qu'on peut conserver les œufs à l'air libre. Des chercheurs ont testé, pendant une quinzaine de jours, deux boîtes d'œufs identiques conservées l'une à température ambiante, l'autre au réfrigérateur (à 6°C). Au terme de l'expérimentation, aucune ne contenait de bactéries! Mais, selon le Centre de référence sur la nutrition de l'Université de Montréal, les œufs devraient toujours être conservés au réfrigérateur afin de prévenir la prolifération de bactéries, notamment la salmonelle. Et on les placera loin du camembert vieilli, les coquilles d'œufs étant poreuses, elles peuvent aussi bien absorber les senteurs que les microbes.

adieu stress! C'est l'un des meilleurs moyens d'attaquer novembre avec l'énergie d'un incroyable Hulk. On bouge, on sue, on décoince, on oublie tout. Chantal Ayotte enseigne la zumba depuis deux ans à raison de plusieurs cours par semaine. Grosse passion! « La zumba est un mélange de danse sur des musiques du monde et d'exercices aérobiques qui font travailler des parties spécifiques du corps. Ceux qui préfèrent cette ambiance de fête à celle des cours de fitness sont comblés. Les jeunes, dès l'âge de 4 ans, trouvent dans la zumba kids, un lieu de défoulement, de jeu et d'apprentissage de la danse. Les "jeunes depuis plus longtemps" ont leur zumba gold, qui comporte moins de sauts pour réduire l'impact sur les articulations. On peut aussi pratiquer la zumba sentao : chorégraphies autour d'une chaise, la toning, avec de légers poids dans les mains, l'aqua zumba dans l'eau et la zumba step, avec une marche à monter-descendre.» Fiou! Source : chantalayotte.zumba.com

Source : voirvert.ca

1er novembre 2014 | ITINERAIRE.CA

41


PanOraMa

Par Martine B. Côté

Des duos improbables mais probants Pour une deuxième fois, la compagnie de disques La Tribu s'est amusée à former des paires, en apparence dépareillées, le temps d'une chanson. Sur le premier album, on avait craqué pour la version de J'ai ta main, chantée par le couple Ariane Moffatt et Michel Louvain. Pour ce second disque, on écoute avec bonheur Gabrielle Marion-Rivard, la lumineuse actrice du film Gabrielle de Louise Archambault, en duo avec Yann Perreau sur Bravo Monsieur le monde. Clémence Desrochers mêle sa voix fragile à celle de Fred Pellerin pour entonner La grosse Raymonde. Accrochez votre chapeau avant d'écouter Lisa Leblanc et Patrick Bourgeois interpréter Donne-moi ma chance, classique du groupe les BB. Marie-Michèle Desrosiers, la belle, et Plume, un peu bête, interprètent Vous qui passez sans me voir dans une complicité amoureuse qui fait sourire. Un bon album pour une noble cause, celle des Impatients, qui vient en aide aux personnes atteintes de maladie mentale.

Jean-Marc Dalpé est un dramaturge, un poète, un traducteur et un homme engagé. Détenteur de deux prix du Gouverneur général, auteur de la télésérie Temps dur, diffusée à RadioCanada, l'homme multiplie les projets et les matériaux de création. Dalpé se fait ici acteur, dans ce texte puissant de Mansel Robinson. L'histoire est celle d'un policier canadien blanc et de son épouse, une médecin tunisienne musulmane. Au début, on croit à une chicane de couple. Rapidement, la discussion devient politique. «Comment as-tu réagi le matin du 11 septembre 2001?», demande monsieur à madame. La discussion devient une réflexion sur la paranoïa collective, les préjugés raciaux et la peur de l'Autre. Habilement construite, la pièce se déguste comme un solide suspense. Le spectacle II (DEUX) se promène sur les scènes de l'Ontario, du Québec et du Nouveau-Brunswick depuis 2012. Dernière chance de le voir?

II (deux) de Mansel Robinson, traduction de Jean Marc Dalpé dans une mise en scène de Geneviève Pineault Mardi 4 novembre, 20 h Maison de la culture Frontenac Gratuit

Deux semaines de documentaires Les Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM) s'amènent pour une 17e édition. En ouverture, le premier documentaire de Kim Nguyen, talentueux réalisateur de Rebelle, film qui l'avait mené jusqu'aux Oscars en 2013. Avec Le nez, il propose un voyage au pays d'un sens bien particulier, l'odorat. Peut-on vivre sans sentir? Quel est notre rapport aux odeurs? Le cinéaste délaisse la fic-

tion le temps d'une observation qui a du flair. En clôture, le 23 novembre, Spartiates suit le quotidien du propriétaire d'une école d'arts martiaux mixtes en banlieue de Marseille, qui accueille de nombreux jeunes hommes en perte de repères et en quête d'un exutoire musclé. On trépigne aussi à l'idée de voir L'empreinte de Yvan Dubuc et Carole Poliquin, qui ont suivi Roy Dupuis dans sa recherche personnel-

le des liens entre l'identité québécoise et l'héritage amérindien. À celles et ceux qui n'ont pas peur des expériences extrêmes, le photographe Antoine d'Agata présente Atlas, un documentaire qui donne la parole aux prostituées de dix villes différentes. Pour son film, d'Agata a vécu avec ces femmes, il a consommé les mêmes drogues et mené une vie de débauche à leurs côtés. Attendez-vous à du dur.

rencontres internationales du documentaire de Montréal (riDM) Dans une dizaine de salles Du 12 au 23 novembre ridm.qc.ca

42

ITINERAIRE.CA | 1er novembre 2014

photo: Mathieu Girard

ii (Deux) : théâtre


L'itinéraire recommande théâtre

spectacles

Danse

Cuisines & Confessions

Tête-à-tête

De Suzanne Lebeau La réputée dramaturge a écrit un spectacle solo sur un sujet percutant : les meurtres de femmes à Ciudad Juarez au Mexique, où l'on a retrouvé en dix ans près de 400 femmes assassinées. Des meurtres non résolus... Jusqu'au 21 novembre Espace GO

Florence K

Danielveilledanse.org

Oh Lord

La beauté des textes de cet auteurcompositeur-interprète n'a que d'égal ses mélodies folks délectables. 8 novembre, 20 h L'Astral

Rue Fable

De Jean Asselin, Réal Bossé, Sylvie Moreau Omnibus propose sa plus récente création autour des regards qu'on jette sur nos voisins, sur les fenêtres ouvertes sur leur vie. Jusqu'au 15 novembre Espace Libre

Chaine de montage

De Sonia Cordeau, Simon Lacroix et Raphaëlle Lalande Belle folie composée de saynètes, de courtes histoires, de moments décalés et de pièces musicales qui explorent le thème du folklore, du country et folk et des racines québécoises. Du 3 au 28 novembre Petite Licorne

Lumières, lumières, lumières

De Evelyne de la Chenelière L'auteure et actrice revisite Vers le phare, de Virginia Woolf. Sur scène, Anne-Marie Cadieux et Evelyne Rompré donnent vie aux deux personnages principaux. Du 11 novembre au 6 décembre Espace GO

Une toute nouvelle création des 7 doigts de la main imaginée par Shana Carroll et Sébastien Soldevila autour du thème de la cuisine comme lieu de gourmandises et de secrets. Jusqu'au 16 novembre La Tohu Après avoir exploré la bossa nova et le jazz, Florence K ajoute une corde à son arc avec un album plus rock et blues, toujours en douceur, paru sous la prestigieuse étiquette Universal. 6 novembre, 20 h Théâtre Maisonneuve

Patrice Michaud

Michel Rivard

40 ans de carrière, des musiciens fidèles, l'auteur-compositeur-interprète monte sur scène pour interpréter ses classiques et ses nouvelles créations issues de son album Roi de rien. 8 novembre, 20 h Théâtre Outremont

Tanya Tagaq

Elle est originaire du Nunavut, elle est au croisement de la culture occidentale et inuit : la jeune artiste, gagnant du Polaris 2014, s'est même fait inviter par Björk pour une collaboration. Une découverte décoiffante. 8 novembre, 20 h 30 Centre PHI

Par Martine B. Côté

De Stéphane Gladyszewski Un spectacle donné à une personne à la fois, sur rendez-vous. Une expérience immersive à la croisée du théâtre d'objet, de l'installation optique et du conte existentiel. 8-9, 15-16 novembre, de midi à 18h Agora de la danse

Débile Métal / We Used to See This

De Nancy Gloutnez Pianiste classique de formation, cette compositrice explore la gigue et sa musicalité. Sur scène, sept interprètes nous en mettront plein les oreilles grâce à cette podorythmie. 6-7-8 novembre, 19h30, 9 novembre 16h Monument national

arts visuels L'Avenir

Un parcours qui relie le Musée d'art contemporain de Montréal et 13 autres sites d'exposition pour un regard multiple sur l'art contemporain. Le travail d'une cinquantaine d'artistes y est présenté. D'ici le 4 janvier, 50 artistes de 22 pays participent exposeront 150 œuvres. Jusqu'au 4 janvier 2015 Dans le cadre de la Biennale de Montréal.

1er novembre 2014 | ITINERAIRE.CA

43


postulat

T U R L U P I N E R

T P T I L I E C U D I M L M I S L A N I E E G T U N V A S A R E E L A L E R I S E R

boutique tourmenter frivolité

F

anticipé

aphélies manie attaque

mamelle dans

écorce

limpide

peintures

contestai greffa couche

P

marches

avertir

plante

pilote

trace

égaliser

A

glaciation mer voilure monnaies

régissent id est article

U

élargis vocable imaginaire

I

bossué casseras alu cérumen

B

radon entourées

à moi

thunes exact

armée

ceinture

prince

pronom

flotte

à lui

le Josée fléché

cale

à la mode

P E I N E

saint

dans les...

chagrin entartrées

renard

T A R T R E E E S S B A U A S

Josée rêve de monnaie fabriquer un jour des ceintures fléchées. D'ici là, elle nous offre ses mots fléchés.

ouellé

usages

apparus

avalés

lave

Solution dans le prochain numéro

Solutions du 1er Octobre solution du 15 2014 Octobre er Réponses du 1 novembre 2014 anticipé cale postulat aphélies tourmenter frivolité

crues

F contestai couche

P pilote égaliser

A id est article

U élargis imaginaire

I

T F U T R E E L I U L P PL I E NG E V R MR A R CI boutique manie

écorce

peintures greffa

plante trace

régissent

thunes exact

vocable

bossué

casseras

B

alu

cérumen

P T R I I L I C C U N T M C U M I IA SN P E ET RU A OS OE TE BL O IS RE

mamelle attaque limpide

à moi

glaciation

mer

voilure

monnaies

armée

ceinture

flotte

A P P I O D A SS TI R G E N S A

chagrin dans

E T N A R C T E R I E N E T S L E SE S A E R A radon

entartrées

marches

entourées

avertir

prince

pronom

lave

à lui

P P R E E I V N U E

à la mode saint dans les...

S E T S

usages avalés apparus

N B E U S

V I E S A S T E I N S O U S E E L E E S

renard

monnaie

crues

ouellé

josée cardinal | Distributrice


1 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

2

3

4

5

6

7

8

9

10 11 12

Détente 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

1 2 HORIZONTALEMENT 3 1. Autrefois. 2. Rends avantageux. 4 3. Centimètre. – Pronom indéfini. – Écrivain étasunien. 4. Hostilement. 5 5. Donne congé. – Mépriseras. 6. Avancent. – Unité de sensibilité. – Saison. 6 7. Fait de prendre congé. – Rigolera. 8. Hic. – Berge. – Parcouru. 7 9. Épreuves. – ,Aigre. 10. Chef-lieu de canton de l’Orne. – Arête. – Cérémonie. 8 11. Européennes. 12. 6 Possédé. – Amorphe. 9 VERTICALEMENT 1. Classa. – Crochet. 10 2. Parasitose intestinale.

1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10.

HORIZONTALEMENT Particulariser. Comptons. – Parcouru. Qui appartient au côté. – Oublié. Électronvolt. – Bateaux à rames. Opération thermique. – Ventiler. Couper. – Rigolé. Pouah ! – Constituants des graisses animales. Bouturées. – Bourru. Jointure. – Chapelure. Rôda. – Titane. – Chef-lieu de canton de l'Orne.

1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12.

VERTICALEMENT Véhicule à deux roues, ancêtre de la bicyclette. Vaccin contre le venin. Oestrus. – Chiffres romains. – Luth. Diminuera. Plantes herbacées. Traînées. Dieu grec. – Rê. – Lettre grecque. Radon. – En cela. – Roulement. Séparerions. Vacherin. Choisisse. – Rivière de France. Ruisseaux. – Railleries.

7 transports. – Fleuve né en Mongolie. 8 2 3.4. Entreprise 5 9dedel’Eure. Solution dans le prochain numéro Affluent – Pronom personnel. – Mousseux. 5. Homme politique portugais. – Canton suisse. – Année. bene. – Fondu. – Retiré. 4 HORIZONTALEMENT 1 6.7. Nota Conjonction. – Signal de détresse. – Titre anglais. Jeu8.réalisé par–Josée Cardinal | joseecardinala1@yahoo.ca Vératres. 5 3 Conjonction. 9. Note. – Pronom personnel. – Vase. 10. Souhaiter. – Se joignit au Ralliement national et au Mouvement souveraineté-association. 1. Particulariser. 11. 8 Qui concerne le nouveau-né. – Adjectif possessif.NIVEAU DE DIFFICULTÉ: FACILE 9 Solutions du 15 octobre 2014 2. Comptons. Parcouru. 12 Mouche. – – Épuisés.

3. Qui appartient – Oublié. 1 2 3 4 5 6 au 7 côté. 8 9 10 11 12 8 1 A N C I E N N E M E N T 4. Électronvolt. 2 R E N T A –BBateaux I L I S à E rames. S 4 3 C M Othermique. 2N L P O E 6 1 5. Opération 4 H A I N E U S E M E– NVentiler. T 5 I T E S N O B E R A S 76. Couper. 4 –N Rigolé. 6 V O T I S O E T E 6 7 A D I E U R I R A 7. Pouah ! –S Constituants des 8 O R I V E L U graisses animales. 7 9 E S S A I S S U R S 8. Bouturées. 10 S E E S – Bourru. O S R I T E 11 S I T A L I E N N E S 1 2 9. Jointure. – IChapelure. 12 E U N E R T E S 10. Rôda. – 5Titane. – Chef-lieu de canton de l’Orne.3 9 8 2 1 3 7 6 4 4 3 8 1 2 6 7 9

2 1 3 7 6 4 8 5

6 7 5 9 4 3 1 2

9 4 7 6 1 8 5 3

5 6 4 8 3 2 9 7

VERTICALEMENT 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7.

7 8 2 5 9 1 4 6

3 2 1 4 5 9 6 8

1 5 9 2 8 7 3 4

8 9 6 3 7 5 2 1

5 6

9

1

2 3 7

5 1 9

9 9 8 4 7

Placez un chiffre de 1 à 9 dans chaque case vide. Chaque ligne, chaque colonne et chaque boîte 3x3 délimitée par un trait plus épais doivent contenir tous les chiffres de 1 à 9. Chaque chiffre apparaît donc une seule fois dans une ligne, dans une colonne et dans une boîte 3x3.

NOTRE LOGICIEL DE SUDOKUS EST MAINTENANT DISPONIBLE.

9 4 5 8

10 000 sudokus inédits de 4 niveaux par notre expert, Fabien Savary. En vente exclusivement sur notre site.

www.les-mordus.com

Véhicule à deux roues, ancêtre de la bicyclette. 4 Vaccin contre le venin. Solution dans le prochain numéro Oestrus. – Chiffres romains. – Luth. Jeu réalisé par Ludipresse | info@les-mordus.com Diminuera. Plantes herbacées. 3 1 8 7 9 2 6 4 5 4 9 6 1 5 3 7 2 8 Traînées. 1 novembre 2014 | ITINERAIRE.CA 45 2 7 5 8 6 4 3 1 9 Dieu grec. – Rê. – Lettre grecque. 8 5 4 6 7 1 9 3 2 er

1 2 3 5 4 9 8 7 6


a PrOPOS Du...

SAVOIR Celui qui est maître de l'éducation peut changer la face du monde.

Le savoir acquis dans un pays étranger peut être une patrie et l'ignorance peut être un exil vécu dans son propre pays.

leibniz

averroès

Oserais-je exposer ici la plus grande, la plus importante, la plus utile règle de toute l'éducation ? Ce n'est pas de gagner du temps, c'est d'en perdre.

L'éducation est une chose admirable, mais il est bon de se souvenir de temps en temps que rien de ce qui est digne d'être connu ne peut s'enseigner.

Oscar Wilde

Jean-Jacques rousseau

L'éducation ne consiste pas à gaver, mais à donner faim.

Ce que les hommes veulent en fait, ce n'est pas la connaissance, c'est la certitude. Bertrand russell

Michel tardy

L'éducation consiste à nous donner des idées, et la bonne éducation à les mettre en proportion.

Le doute est la clé de toute connaissance. Proverbe persan

Montesquieu

Les diplômes représentent un obstacle à la liberté de l'éducation. ivan illich

L'enseignement : apprendre à savoir, à savoir faire, à faire savoir. L'éducation : apprendre à savoir être. louis Pauwels

Face au réel, ce qu'on croit savoir clairement offusque ce qu'on devrait savoir. Gaston Bachelard

L'obligation de subir nous donne le Droit de Savoir. Jean rostand

Comment se fait-il que les enfants étant si intelligents, la plupart des hommes soient bêtes ? Cela doit tenir à l'éducation. alexandre Dumas, fils

46

ITINERAIRE.CA | 1er novembre 2014



Chez Tim Hortons, si nous ne pouvons servir notre café de première qualité dans les vingt minutes suivant sa préparation, nous ne le servons tout simplement pas. C’est pour cette raison qu’à chaque nouvelle carafe que nous préparons, nous y inscrivons l’heure. De cette façon, vous êtes assurés que nous vous servons un café toujours savoureux.


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.