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GraNd dossiEr

OÙ SE CACHE

LE BONHEUR arGENt � NEUroNEs � ProsPérité � HorMoNEs iNdiCE dU BoNHEUr NatioNal BrUt � éCoNoMiE aMitié � joUrNéE iNtErNatioNalE dU BoNHEUr

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Volume XXI, n˚ 6 Montréal, 15 mars 2014

www.itineraire.ca

ENtrEVUE : sErGE BoUCHard ZooM sUr BErtraNd dEroME FEU VErt À GHislaiN tasCHErEaU

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E G PA

O B E SD

R U E NH



Bertrand derome Camelot No : 919 | Âge : 54 ans Point de vente: rue Principale à Sutton

A

ppelez-le Monsieur Sutton, c'est ainsi qu'on le surnomme à L'Itinéraire. Il a le nom de sa ville d'adoption tatoué sur le front, brodé sur son éternelle tuque. C'est en s'installant dans les Cantons-del'Est que le camelot a pu repartir à zéro. «Avant, je couchais dans la rue à Montréal pour regarder les étoiles. Aujourd'hui, je peux les regarder à travers le puits de lumière de ma chambre», lance-t-il non sans sourire. Le parcours de Bertrand Derome fut semé d'embûches pour arriver à sa nouvelle tranquillité. Natif de Napierville, près de la frontière américaine, il flirte avec les motards dès l'âge de 12 ans. «J'ai toujours vendu de la dope. C'est l'histoire de ma vie depuis que je suis jeune.» En 2001, après 10 ans de pénitencier, le camelot «quête et puffe dans Outremont». Pour en finir avec ce mode de vie marqué par 36 ans de consommation de drogues dures, il entreprend une retraite spirituelle en Estrie. Tombé amoureux de la région, il s'y installe pour de bon. Le 18 août 2008 marque son anniversaire de sobriété. Trois ans plus tard, il vend L'Itinéraire à Sutton. Rester sobre est un défi de tous les jours pour le camelot. «Je suis sorti de la rue, mais la rue n'est pas sortie de moi», répète-t-il à plusieurs reprises en entrevue. La vie paisible de Sutton permet à Bertrand Derome de se recentrer. «Je fais du bicycle, de la pêche sur glace, du bénévolat…», dit-il tout en montrant des photographies de sa nouvelle vie. Dans un avenir proche, le camelot aimerait vendre L'Itinéraire à Granby. Un trajet d'autobus devrait prochainement voir le jour entre cette ville et Sutton, ce qui lui permettrait de développer une nouvelle clientèle. tEXtE : MariE-lisE roUssEaU PHOTO : GOPESA PAQUETTE

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Nos PartENairEs EssENtiEls dE lUttE CoNtrE la PaUVrEté

L'Itinéraire a pour mission de combattre la pauvreté et l'exclusion par le travail et une place en société. Notre organisme soutient et fait travailler quelque 200 personnes par semaine. Le magazine est donc une entreprise d'économie sociale qui s'autofinance. Mais son volet services sociaux comprend différents programmes pour offrir de l'aide psychosociale, du soutien alimentaire et en logement ou encore des services adaptés aux jeunes. Sans nos partenaires principaux qui contribuent de façon importante à la mission ou nos partenaires de réalisation engagés dans les programmes, nous ne pourrions aider autant de personnes. L'Itinéraire, c'est aussi plus de 2 000 donateurs individuels et corporatifs qui aident nos camelots à s'en sortir. Merci à tous! la direction de L'Itinéraire tient à rappeler qu'elle  n'est pas responsable des gestes des vendeurs  dans la rue. si ces derniers vous proposent tout  autre produit que le journal ou sollicitent des  dons, ils ne le font pas pour L'Itinéraire. si vous  avez des commentaires sur les propos tenus  par les vendeurs ou sur leur comportement,  communiquez sans hésiter avec sylvie Gamache,  directrice générale adjointe par courriel à  sylvie.gamache@itineraire.ca ou par téléphone au 514 597-0238 poste 222.

PartENairEs MajEUrs

nous  reconnaissons  l'appui  fi nancier  du  gouvernement du canada par l'entremise du Fonds  du canada pour les périodiques, qui relève de  patrimoine  canadien.  les  opinions  exprimées  dans cette publication (ou sur ce site Web) ne  refl ètent pas forcément celles du ministère du  patrimoine canadien.

PriNCiPaUX PartENairEs dE ProjEts ISSN-1481-3572 n˚ de charité : 13648 4219 RR0001

DU MONT-ROYAL

Desjardins

l'itiNérairE Est MEMBrE dE

Le magazine  l'itinéraire a été créé en 1992 par Pierrette Desrosiers, Denise English, François Thivierge et Michèle Wilson. À cette époque, il était destiné aux gens en difficulté et offert gratuitement dans les services d'aide et les maisons de chambres. Depuis mai 1994, l'itinéraire est vendu régulièrement dans la rue. Cette publication est produite et rédigée par des journalistes professionnels et une cinquantaine de personnes vivant ou ayant connu l'itinérance, dans le but de leur venir en aide et de permettre leur réinsertion sociale et professionnelle. convention de la poste publication no 40910015, no d'enregistrement 10764. retourner toute correspondance ne pouvant  être livrée au canada, au Groupe communautaire  l'itinéraire 2103, sainte-catherine est,  Montréal (Québec) h2k 2h9

Québecor est fière de soutenir l'action sociale de L'Itinéraire en contribuant à la production du magazine et en lui procurant des services de télécommunications.


Volume XXI, n˚ 6 rédaCtioN Et adMiNistratioN 2103, Sainte-Catherine Est Montréal (Qc) H2K 2H9 lE CaFé l'itiNérairE 2101, rue Sainte-Catherine Est téléPHoNE : 514 597-0238 téléCoPiEUr : 514 597-1544 sitE : WWW.ITINERAIRE.CA

lE MaGaZiNE L'ITINÉRAIRE : éditeur : Serge Lareault rédacteur en chef : Sylvain-Claude Filion Chef de pupitre actualités : Marie-Lise Rousseau Chef de pupitre développement social : Gopesa Paquette infographe : Louis-Philippe Pouliot stagiaires à la rédaction: Marie-Christine Gaudreau et Valentine Bourgeois Collaborateurs : Sophie Chartier, Geneviève Gangé, Éric Godin et Denyse Monté adjoints à la rédaction : Caroline Velleca, Hélène Filion, Julie Locas, Lorraine Pépin et Marie Brion illustration de la Une : Matthew Billington révision des épreuves : Michèle Deteix, Lucie Laporte et Sabine Schir design et infographie du site internet : Vortex solution CoNsEillÈrEs PUBliCitairEs renée larivière : 514 461-7119 | renee.lariviere18@gmail.com josée Poirier : 514 273-5002 | josee.poirier@itineraire.ca lE CoNsEil d'adMiNistratioN Président : Stephan Morency Vice-président : Gabriel Bissonnette trésorier : Yvon Brousseau secrétaire : Serge Lareault Conseillers : Yvon Massicotte, Jean-Paul Lebel, Philippe Allard et Martin Gauthier l'adMiNistratioN directeur général : Serge Lareault directrice générale adjointe : Sylvie Gamache sylvie.gamache@itineraire.ca directrice du financement et des partenariats : Sylvie Bouchard Conseillère au financement et aux partenariats: Elisabeth Julien-Rocheleau adjoint au développement social : Philippe Boisvert responsable de la comptabilité : Duffay Romano adjoint aux communications et relations de presse : Dorian Keller éQUiPE dE soUtiEN aUX CaMElots agent d'accueil et de formation : Pierre Tougas agent de soutien communautaire : Geneviève Labelle agent de développement : Shawn Bourdages GEstioN dE l'iMPrEssioN TVA Studio | 514 848-7000 directeur général : Robert Renaud Coordonnatrice de production : Andrée-Anne Gauthier imprimeur : IMPRIMERIE SOLISCO

Des félicitations M. Filion, toutes mes félicitations pour votre excellent éditorial Du pain, des jeux et du fric. Je suis entièrement d'accord avec vos propos ! Je trouve cette bulle olympique totalement indécente ! Vous écrivez très bien, cher monsieur, et c'est un plaisir de vous lire. Monique Durand Bonjour. Nous lisions les 4 articles parus sous la rubrique mots de camelots et nous aimerions féliciter les camelots qui ont réussi à nous émouvoir par le témoignage de certains aspects de leurs vies et expériences. Bravo! Marie-Isabelle et Jean-Marc Dubé De la part d'Émilie… Je m'appelle Émilie Paré et j'ai 12 ans. Cette année, à Noël, au lieu de recevoir des cadeaux comme la plupart des enfants, j'ai eu l'idée de prendre l'argent servant à acheter mes cadeaux et de le donner à des gens qui en ont plus besoin que moi. Donc, je me suis questionnée à savoir qui recevrait cet argent et j'ai choisi L'Itinéraire car je vois souvent vos camelots à divers coins de rue et j'ai de la compassion envers eux car, beau temps mauvais temps, ils vendent leur journal dont ils sont si fiers. Merci. Émilie Être ou ne pas être itinérant Quelle est la différence entre : artiste, médecin, avocat, policier, toxicomane et itinérant? La toxicomanie et l'itinérance ne sont pas des choix de carrière. « Dismoi, mon petit Thomas, qu'est-ce que tu voudrais faire quand tu seras grand? Oh, je sais pas, ne pas avoir de maison? Pleurer tout le temps, entendre des voix qui me consolent et faire vivre un ou deux revendeurs de drogue! » Les troubles mentaux ne se vendent pas sur eBay, quoique les psychoses toxiques se vendent à tous les coins de rue, avis aux intéressés. J'ai côtoyé plusieurs personnes qui, à un moment donné de leur vie, se sont trouvées sans domicile fixe. J'ai connu des êtres humains qui ont dû composer avec un trouble mental, avec des problèmes de dépendances. Artiste, médecin, policier, avocat, chauffeur d'autobus, fermier... personne n'a le monopole de la santé ou de la maladie mentale. Le danger est de ne plus voir l'être humain derrière le toxicomane, l'itinérant. D'oublier que cette personne est l'enfant de ses parents, le frère, la sœur, le parent, l'ami(e), le collègue... Je préfère parler d'une personne qui vit avec un problème de dépendance, qui vit avec un trouble mental ou qui est sans domicile fixe. Question de ne pas perdre de vue son humanité. C'est une des raisons pour lesquelles j'ai un attachement si particulier à L'Itinéraire. L'Itinéraire nous présente le parcours de vie d'êtres humains. Parents, grandsparents, frères, sœurs, enfants qui se sont retrouvés à vivre des difficultés telles qu'ils se sont retrouvés dans la rue. J'ai été très ébranlée par le décès tragique d'Alain Magloire. J'ai été heureuse de lire des articles où l'on parlait d'Alain Magloire l'homme, le fils, le frère, le père, le conjoint, l'étudiant, le collègue...l'être humain. Je souhaite que l'enquête publique débouche sur des recommandations constructives, qu'elles soient appliquées, et que des vies soient sauvées. Quelles qu'elles soient. Julie Béliveau Conseillère clinique, CRC Waseskun

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15 mars 2014

aCtUalités 7 Éditorial 8 rond-point 11 sErGE BoUCHard l'anthropologue rebelle 14 Grand dossier

À la CoNQUÊtE dU BoNHEUr

› attrape-le si tu peux › le bonheur est dans les neurones › le bonheur, unité de mesure économique › au pays du bonheur

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lE CŒUr dE l'itiNérairE

26 le Cœur 28 les mots des camelots 35 info rapsiM 36 Justice 37 ianik Marcil

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PaNoraMa

38 aUtoPortait saNs Moi   un homme, cinquante visages 42 ViVre 43 liVres 44 dÉtente 46 Feu Vert À…

GHislaiN tasCHErEaU

Ce magazine coûte

LES CAMELOTS SONT DES TRAVAILLEURS AUTONOMES 50 % DU PRIX DE VENTE DU MAGAZINE LEUR REVIENT


Une Centrale au service des personnes, en mouvement avec son temps

GRAND DOSSIER

OÙ SE CACHE

LE BONHEUR 07_Itinéraire_mars2014.pdf 1 2014-02-24 13:58:08

à lire en page 14

csq.qc.net

facebook.com/lacsq twitter.com/csq_centrale 1213-47


éditorial

Enfin une politique nationale de lutte à l'itinérance! Après huit ans de demandes des organismes d'aide aux démunis, des centaines de mémoires déposés, plusieurs commissions et tables de concertations, le Québec a enfin une politique nationale de lutte à l'itinérance. La ministre déléguée aux services sociaux et à la protection de la jeunesse, Mme Véronique Hivon, a livré la marchandise le 27 février dernier, dans les locaux du refuge pour femmes itinérantes de la Mission Old Brewery. Sa politique est solide et répond à la majorité des besoins exprimés par les regroupements et organismes communautaires. Serge Lareault | serge.lareault@itineraire.ca

L

e Réseau solidarité itinérance Québec (RSIQ) et l'incubateur du grand décrochage que représente l'itinérance. Mais les astres n'ont jamais été aussi bien alignés pour le Réseau des personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM) demandaient depuis plusieurs que les choses changent, espérons-le. Le maire de Montréal, années une politique. Ils avaient créé une plateforme de Denis Coderre, affirme haut et fort qu'il veut faire bouger les choses et semble capable de parler revendication qu'ils ont présentée très avec le gouvernement du Québec. La souvent aux élus et aux divers responLes citoyens Politique vient renforcer l'espoir qu'elle sables du Réseau de la santé et des seret groupes soit suivie d'actions concrètes. vices sociaux. Les élections provinciales, dont le La politique de la ministre Hivon comcommunautaires déclenchement est imminent au moprend cinq axes d'intervention prioritaires pour répondre aux besoins les plus devront maintenir ment d'aller sous presse, auront pro­ pour effet d'avoir ralenti le importants : le logement, les services de la pression pour bablement processus pour la création d'un plan santé et sociaux, le revenu, l'insertion et l'éducation, la cohabitation sociale que cette politique d'action. D'ores et déjà, la ministre Hivon a annoncé 6 millions $ et la création et les enjeux liés à la judiciarisation. Elle fasse réellement de 500 logements sociaux au Quéa mobilisé 13 ministères et institutions Avec des dizaines de milliers de pour rédiger la politique. Les cinq axes de l'itinérance une bec. personnes itinérantes au Québec, 500 d'intervention comportent chacun un ensemble d'actions pour rehausser les priorité nationale. logements ne videront pas les rues. Et les besoins en soins de santé et revenus, assurer l'accès au logement et psychiatriques seulement risquent de aider à résoudre les problèmes sociaux. coûter pas mal plus cher que 6 milComme le disait Pierre Gaudreau du RAPSIM, une politique permet de mobiliser les gens lions $. Espérons donc que nous verrons en 2014 un autour de la problématique à résoudre. C'est affirmé, plan d'action qui se devra d'être musclé. Les besoins inscrit dans une volonté politique. Mais bien sûr, la sont grands. Les gouvernements ont laissé traîner les volonté politique est souvent une faculté qui s'évapore choses pendant 30 ans et les problématiques sociales bien vite. Le Québec a eu sa Politique de lutte con- se sont accumulées. Comprenez notre impatience: tous les jours, des pertre la pauvreté au début des années 2000, ce qui n'a pas vraiment changé les choses. Et la pauvreté, c'est sonnes souffrent et meurent dans la rue.

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roNd-PoiNt

Par ValENtiNE BoUrGEois, MariE-CHristiNE GaUdrEaU, ériC GodiN Et MariE-lisE roUssEaU

questions à

photo: seMaine d'actions contre le racisMe

Frantz Voltaire Président de la Semaine d'actions contre le racisme qui a lieu du 21 au 30 mars Par MariE-CHristiNE GaUdrEaU

la semaine d'actions contre le racisme en est à sa 15e édition. Quelle est la programmation prévue pour souligner cet anniversaire?

Le thème de cette 15e année est la diversité. On s'attarde à toutes les formes de discrimination, pas seulement au racisme pur. On souhaite sensibiliser la société à la marginalité, que ce soit celle des communautés défavorisées, des sans domicile fixe ou de la couleur de peau.

le rsiQ fête ses 15 ans Le Réseau SOLIDARITÉ itinérance du Québec (RSIQ), principal regroupement de lutte contre l'itinérance au Québec, vient de célébrer son quinzième anniversaire. Parmi les dossiers dont s'occupe l'organisme : le maintien de l'approche généraliste du programme fédéral de la Stratégie des partenariats de lutte contre l'itinérance (SPLI) au fédéral et la mise en place de la politique en itinérance au Québec. (MLR)

où en est le racisme en 2014?

On voit encore du racisme. Il a changé, il est sous une nouvelle forme plus marquée: pensons au débat sur le voile ou aux gens qui sont agressés gratuitement. La cause du racisme est un combat, ce n'est jamais gagné. Il faut constamment rappeler aux gens que nous sommes tous dans la même partie qu'est la vie, peu importe nos différences. photo : Mario reYes

Manifestation du RSIQ à Ottawa en décembre dernier pour le maintien de la SPLI

Ça change pas le monde, sauf que… L'argent rend plus conservateur. C'est ce que révèle une étude britannique réalisée auprès d'un millier de gagnants à la loterie. Il en est ressorti que plus les gens avaient gagné d'argent, plus ils avaient de chances de voter à droite aux prochaines élections et à s'opposer aux politiques sociales de leur gouvernement. Cette étude vient appuyer d'autres résultats déjà obtenus voulant que l'argent et le pouvoir soient associés à une perte d'empathie et à une préférence marquée pour la droite. (VB)

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le débat sur la Charte des valeurs québécoises a-t-il des répercussions sur le racisme?

La Charte n'a pas déclenché de vague de racisme. Il y a eu des dérapages, mais ça, il y en a toujours. Les autorités publiques doivent faire attention de ne pas sombrer dans la démagogie; elles doivent donner l'exemple. Il ne faut pas oublier que les flots de paroles peuvent déclencher des flots de sang. Il faut être vigilant, sensibiliser les gens à l'importance de dénoncer les actes de violence.

Quel est le plus grand défi de lutte contre le racisme?

La société est de plus en plus diversifiée et nous devrons apprendre à composer avec cela. Le peuple québécois est considéré comme étant tolérant; il devra témoigner de cette ouverture encore plus dans les prochaines années.


Investissement pour l'économie sociale Vingt-quatre entreprises d'économie sociale montréalaises se sont vu attribuer le montant de 977 700 $ par le Forum jeunesse de l'Île de Montréal (FJÎM) et son Fonds régional d'investissement jeunesse. Le FJÎM, un organisme de concertation de la Conférence régionale des élus de Montréal (CRÉ), représente plus de 500 groupes jeunesse de la région. Cet argent permettra aux organisations choisies de mettre sur pied des projets destinés au bien-être des jeunes de 12 à 30 ans. Parmi la centaine de dossiers reçus, le FJÎM a retenu les projets qui démontraient une grande connaissance des enjeux montréalais tout en présentant des idées et des solutions novatrices. Cette initiative profitera à plus de 13 200 jeunes. (VB)

les artistes de L'Itinéraire Parmi nos camelots et participants se cachent des artistes de grand talent! Certaines de leurs œuvres seront présentées à l'exposition de la Semaine québécoise des adultes en formation du 19 mars au 6 avril à l'Écomusée du Fier Monde. De quoi épater la galerie! (MLR)

la ministre Hivon à l’itinéraire Après l’annonce de la Politique nationale de lutte contre l’itinérance le 27 février dernier, la ministre déléguée aux Services sociaux et à la Protection de la jeunesse, Mme Véronique Hivon, a visité L’Itinéraire. Vous pourrez lire prochainement l’entrevue qu’elle a accordée à nos journalistes. Mme Hivon a rencontré notre camelot France Lapointe qui lui a raconté qu’elle a dû dormir dehors pour payer sa dette à l’Office municipal d’Habitation afin d’être à nouveau éligible à un logement social. La ministre a été émue du courage et des efforts que France a déployés pour se sortir de la rue. Notre camelot est depuis tout récemment heureuse d’avoir retrouvé un logement social sécuritaire. (SL)

Charlot à l’accueil Bonneau Réalisé sous la forme d’un faux documentaire, La quête du réalisateur Christian Picone présente l’univers de Marc, un itinérant. Le film sera présenté le 18 mars à la Cinémathèque québécoise dans le cadre d’une campagne de financement pour l’Accueil Bonneau. Le comédien Mario Saint-Amand, porte-parole de l’organisme, et Karim Diouf, auteur-compositeur-interprète, seront de la soirée. (MLR)

Jean-Philippe Grondin, formateur au CREP, en compagnie de quelques artistes de L'itinéraire : Norman Rickert, Josée Cardinal et Gilles Leblanc.

lE NoMBrE

6 millions $ C'est le montant supplémentaire alloué à la lutte contre l'itinérance dans le dernier budget provincial. Un million $ de ce montant sera consacré à contrer l'itinérance chez les autochtones. (MLR)

L'itinéraire sème le bonheur Le magazine L'Itinéraire est heureux de s'associer à Équiterre et à la Maison du développement durable afin de célébrer, pour la première fois au Canada, la Journée internationale du bonheur. Au menu : une table ronde de discussion et une exposition de la photographe Mishô. L'événement a lieu à la maison du développement durable le 20 mars à 12 h 15. Plus de détails dans notre dossier à lire en page 14.

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roNd-PoiNt iNtErNatioNal états-UNis | interventions fatales

rOYauMe-uNI | travaux forcés ?

La police américaine tue entre 375 et 500 personnes souffrant de problèmes de santé mentale chaque année. C'est ce que révèle une enquête conjointe du Portland Press Herald et du Maine Sunday Telegram. Les intervenants déplorent cette situation en pressant les autorités d'étendre les formations en intervention de crise déjà offertes dans 2000 communautés. Pour le moment, les services de police ne forment qu'une portion de leurs officiers. Seulement 8 % le sont dans la ville de Berkeley, alors que Portland a formé l'ensemble de son corps policier, un geste que l'on voudrait voir s'étendre au reste du pays. (IPS) Kayla Moore est morte en février 2013 lors d'une intervention policière alors qu'elle était en crise. photo : douG oakleY/ips

Aboli en 1948, le travail obligatoire des prestataires d'aide sociale a été réintroduit par le dernier gouvernement travailliste et est maintenant largement utilisé par les entreprises et les organismes de charité. Jugeant hypocrites les arguments justifiant ce programme de «travail forcé», la coalition Boycott Workfare estime que les organismes de charité en sont devenus dépendants pour assurer leurs activités. Un rapport émis par le Département du travail et des retraites en 2012 concluait que ces mesures ne faisaient rien pour améliorer les perspectives professionnelles à long terme des participants. (The Big Issue in the North) L'année dernière, le gouvernement a annoncé un plan pour obliger 200 000 chômeurs de longue date à suivre de tels programmes de réinsertion professionnelle. PHOTO : REUTERS/LUKE MACGREGOR

FraNCe | tous les chemins mènent aux roms MeXIQue | Du maïs à la mari

Les drogues remplacent lentement le maïs dans les champs des régions les plus touchées par la chute de 59 % du prix du maïs au Mexique entre 1990 et 2005. En même temps, les meurtres liés à la drogue ont bondi de 62 % dans les régions les plus dépendantes de la culture du maïs. Là où la chute des prix a eu le plus d'effet, les fermiers se tournent vers les trafiquants pour assurer leur subsistance. Des observateurs y voient les effets de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) entré en vigueur en 1994 qui a rendu les fermiers dépendants des fluctuations des marchés internationaux. Trois millions de fermiers cultivent huit millions d'hectares de maïs au pays, les 2/3 pour la consommation personnelle. photo: reuters/bernardo MontoYa

Durant la première moitié de 2013, 10 000 Roms ont été évincés de leur demeure par les autorités françaises. Le gouvernement socialiste avait établi un comité interministériel pour assurer une gestion humaine de la situation, mais Amnistie internationale affirme que le manque de volonté politique entretient un cycle d'évictions répétées des Roms. L'organisme donne en exemple une communauté de 800 Roms évincés en septembre 2013 dans les environs de Lille. Une des déplacées âgée de 26 ans vivait sa 15e éviction et depuis, les autorités n'ont relogé qu'une douzaine de familles. (INSP) La police française inspecte un camp rom à Aix-en-Provence pour contrôler l'identité des occupants. photo: reuters/philippe laurenson

L'Itinéraire est membre du International Network of Street Papers (Réseau International des Journaux de Rue - INSP). Le réseau apporte son soutien à plus de 120 journaux de rue dans 40 pays sur six continents. Plus de 200 000 sans-abri ont vu leur vie changer grâce à la vente de journaux de rue. Le contenu de ces pages nous a été relayé par nos collègues à travers le monde. Pour en savoir plus, visitez www.street-papers.org.

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rENCoNtrE

Serge Bouchard n'est pas de ce monde. Lorsqu'il nous parle derrière son micro durant Les chemins de travers ou qu'il nous écrit dans sa série De remarquables oubliés, il communique depuis une autre planète. Une planète où il ferait bon vivre, semble-t-il, car on y accorde de l'intérêt au temps, à la nature, aux gens.

sErGE BoUCHard l'anthropologue rebelle

Dans notre monde d'instantanéité, Serge Bouchard pose un véritable geste de rébellion à chacune de ses émissions de trois heures qu'il consacre à des sujets aussi variés que marginaux. Voilà pourquoi il s'identifie au mammouth laineux, cet animal d'une autre époque. L'anthropologue rebelle est aussi rusé: il a su trouver ses espaces de liberté dans la modernité. Voyage sur sa planète.

Par MariE-lisE roUssEaU PHOTOS : GOPESA PAQUETTE

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«Ce qui est fatigant avec les itinérants, c'est de les voir. Ils nous montrent l'échec de la société.»

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«Pour tout le confort matériel et l'efficacité technologique qu'on se donne, on s'affaiblit sur le plan de l'humain.»

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ous rencontrons le mammouth laineux dans son habitat, à l'extrême nord de l'île de Montréal, là où jadis, pour se déplacer, les Amérindiens empruntaient la rivière qu'on voit de sa fenêtre. Le mammouth est fort accueillant. Bavard, aussi. Il a soif de partager ses nombreuses connaissances, lui qui a une mémoire d'éléphant. On pourrait le qualifier de savant fou, tant il a étudié les gens, leur milieu, leurs façons de faire. «Quand je dis fou, c'est positif! assure-t-il. Je suis devenu une encyclopédie ambulante!» En 1970, alors que tout le Québec n'a d'yeux que pour la crise d'Octobre, Serge Bouchard, alors âgé de 23 ans, est déjà sur une autre planète : celle des Amérindiens au nord du 50e parallèle. «J'étais déjà en marge. Mes chums me trouvaient curieux, parce qu'en anthropologie à l'époque, on allait en Australie ou en Afrique. Aller chez les Indiens du Québec, franchement, il fallait manquer d'imagination! C'était ça, la révolution pour moi.» Encore aujourd'hui, les jeunes préfèrent aller chercher l'exotisme à l'autre bout du monde plutôt qu'à quelques kilomètres de chez eux. «Tout le monde aime les chamans, le teint cuivré... T'as juste à aller à Mingan, tu vas en avoir pour ton argent!», lance Serge Bouchard, qui témoigne à ce sujet dans le documentaire Québékoisie.

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Marginal malgré lui

L'anthropologue est marginal malgré lui. S'il s'est intéressé aux Indiens d'Amérique, c'est d'abord par passion et non par quête idéologique. Malgré ses décennies d'études, force est de constater que les Québécois sont encore très ignorants de la réalité des peuples autochtones. «Je sais tout sur eux, mais personne ne veut en entendre parler.» Il écorche au passage les grands médias qui font appel à ses connaissances à chaque crise autochtone. «Je n'en peux plus de me faire demander d'expliquer Idle no more en 30 secondes. Si t'as juste 30 secondes à mettre dessus, j'ai pas grand chose à dire... C'est toute l'histoire de l'Amérique, des politiques gouvernementales, des francophones... c'est compliqué!» Résultat de cette méconnaissance, les autochtones ne sont pas invités au projet national. «L'identité québécoise est un chemin douloureux qui est encore en train de se faire, mais les Indiens ne font pas partie de notre questionnement... Pourtant, nous sommes tous des métis.» Pis encore, ils se retrouvent de plus en plus nombreux dans les centresvilles, parmi la population sans-abri. «C'est une tragédie qui se déroule sous nos yeux», dit-il gravement

Mammouth grincheux

L'itinérance en elle-même est une tragédie, selon lui. «Ce qui est fatigant avec les itinérants, c'est de les voir. Ils nous montrent l'échec de la société.» L'anthropologue note que dans les sociétés anciennes, tout le monde en avait pour son compte. «Aujourd'hui, nous carburons à l'exclusion.» Le mammouth laineux se montre très critique envers la société moderne et il relève avec finesse ce qui ne tourne pas rond. «Pour tout le confort matériel et l'efficacité technologique qu'on se donne, on s'affaiblit sur le plan de l'humain», répète-t-il. Notamment en reniant le temps qui passe. «Quelle idiotie de croire qu'on ne vieillit pas et qu'on ne mourra pas!» À son avis, nous ne sommes pas armés pour affronter la vie et sa fatalité. Surtout, on oublie l'essentiel : l'humain a besoin des autres pour survivre. «On est des êtres sociaux, il faut s'aimer les uns les autres, s'aider les uns les autres. Mais notre monde de consommation nous pousse à la solitude autant par en bas - si tu es exclu, tu n'as rien, que par en haut : j'ai tout, mais je suis seul.» Dites-lui que vous ne devez rien à personne et le poil lui hérissera sur les bras. Au contraire, croit-il, nous devons tout à tout le monde. «Tu n'existerais pas deux secondes s'il n'y


avait pas les autres!» lance-t-il, indigné. S'il n'en tenait qu'à lui, on demanderait à nos proches de prendre soin de nous lorsqu'on vieillit. «Je viens de dire un sacrilège dans la société moderne. C'est pourtant ainsi que toutes les sociétés humaines ont toujours vécu sauf la nôtre!» Parole d'anthropologue.

Ne lui parlez pas d'autonomie

La fois où Serge Bouchard s'est senti le plus démuni «J'ai été 27 ans avec une femme qui est morte dans un processus long et cruel : cinq cancers sur 12 ans. On est le plus démuni quand on est placé devant quelque chose qu'on ne peut pas changer. L'impuissance, c'est être démuni. La mort prématurée est parmi les plus grandes injustices de la vie. Avant, on avait des explications religieuses, mais, aujourd'hui, va donc savoir... C'est scandaleux, la souffrance, et elle vient de la vie. C'est plus fort que nous; c'est la condition humaine.»

De la gratitude, Serge Bouchard en a à revendre. D'abord envers ses parents, issus du milieu ouvrier de l'est de l'île de Montréal, qui ont reçu peu d'éducation, mais qui lui ont transmis les valeurs essentielles. «Ma mère était très critique envers le clergé et les riches. J'ai eu d'elle un cours de conscience sociale sans m'en rendre compte. Elle me nourrissait de livres. Ça m'a donné des armes, se souvient-il. Mes parents ont naturellement compris dans leur intelligence que l'éducation était une arme pour bien vivre, sans égard à l'argent qu'on gagne», dit-il, ajoutant qu'un des plus grands crimes actuels de l'humanité est de ne pas éduquer les enfants. «Le reste, je le dois à mes profs, à la société dans laquelle j'ai vécu, aux bonnes personnes que j'ai rencontrées, à Bernard Arcand, mon directeur de

le bonheur selon serge Bouchard «Le bonheur est un état d'esprit. Il fait partie du contrat de la condition humaine autant que le malheur : l'un ne va pas sans l'autre. Un des plus grands bonheurs est l'amour, mais quand on aime quelqu'un, on s'expose au malheur de le perdre. Le bonheur absolu serait de n'aimer et de n'être aimé de personne, de n'avoir aucun attachement, que des biens matériels. Mais l'être humain est un animal social.»

thèse devenu grand ami [décédé en 2009, avec qui il a entre autres écrit Les lieux communs]. Conclusion : je dois tout à tous. Alors ne me parlez pas d'autonomie!» Redevable, Serge Bouchard transmet ses passions de sa voix grave et apaisante de conteur à ses auditeurs de Les chemins de travers, diffusé sur Ici Radio-Canada Première depuis 1998. L'anthropologue apprécie la délinquance avec laquelle il peut amener ses sujets, qu'il qualifie de réactionnaires. «Juste avant que vous arriviez, on se disait que ce serait bon un dimanche soir de parler des castors pendant trois heures à la radio nationale. Personne n'a fait ça. C'est une façon hypocrite de parler d'histoire», explique-t-il, le sourire en coin. Tout sujet est intéressant d'un point de vue anthropologique et voilà la beauté de cette science humaine. Serge Bouchard a lu des centaines d'ouvrages, roulé des milliers de kilomètres, est devenu une encyclopédie sur deux pattes et n'a toujours pas fini d'apprendre et de partager ses connaissances. Devant notre précipitation collective, il fait bon de prendre un moment pour voir le monde à travers ses yeux.

À lire : C'était au temps des mammouths laineux, livre personnel où Serge Bouchard médite magnifiquement sur la mort, les Autochtones, la nature, l'Histoire; bref, sur la vie. (Boréal, 221 pages).

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dossier

À la conquête du bonheur En juillet 2012, à l'initiative du Bhoutan, l'Organisation des Nations Unies adoptait la résolution 66/281 proclamant le 20 mars Journée internationale du bonheur. Le secrétaire général Ban Ki-moon a déclaré que le monde «a besoin d'un nouveau paradigme économique qui reconnaît la parité entre les trois piliers du développement durable. Les bien-être social, économique et environnemental sont indissociables. Ensemble, ils définissent le bonheur brut mondial». Alors que Montréal est aux premières loges de la première célébration officielle de cette journée mondiale, L'Itinéraire s'est lancé à la poursuite du bonheur. UN GRAND DOSSIER PRÉPARÉ PAR: VALENTINE BOURGEOIS, SOPHIE CHARTIER, GENEVIÈVE GAGNÉ ET MARIE-CHRISTINE GAUDREAU ILLUSTRATIONS : MATTHEW BILLINGTON

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Attrape-le si tu peux

I

Le philosophe humaniste Abraham Maslow disait que, pour être heureux, il fallait d'abord être soi-même. Pour y arriver, il faut se défaire des conditionnements sociaux en étant fidèle à ses opinions et ses à principes. Mais trouver le chemin de l'authenticité ne se fait pas facilement, il faut apprendre à dire non et courir le risque de déplaire.

« l existe deux formes de bonheur, explique la psychologue positive Lucie Mandeville, il y a le plaisir immédiat comme celui que l'on éprouve en mangeant une bonne crème glacée et il y a le bonheur à long terme qui est lié à une satisfaction de soi et à un sentiment de fierté.» Considérée comme la spécialiste de la psychologie positive au Québec, Lucie Mandeville est auteure de plusieurs livres sur le sujet. Elle est aussi de son propre aveu une de ces personnes que l'on dit douées pour le bonheur. La psychologie positive étudie ces gens pour essayer de comprendre ce qui leur permet de toujours voir le bon côté des choses. Bonne nouvelle pour les éternels pessimistes : la pensée positive s'apprend, mais non sans effort. L'un des premiers exercices que donnent les psychologues est de penser à trois bonnes choses qui sont arrivées dans notre journée chaque soir avant de se coucher. «C'est un exercice qui habitue la personne à voir les belles choses dans sa vie, mais ça a aussi un effet sur son cerveau», explique Mme Mandeville.

PAR VALENTINE BOURGEOIS

tu désires est plus important que ce que tu as présentement, tu vas être malheureux.» La comparaison avec les autres peut souvent être source de découragement, surtout quand on se compare toujours à mieux que soi. À l'inverse, penser à ceux qui souffrent plus que nous permet d'être satisfait de la vie que l'on mène et nous empêche de nous fixer des buts souvent irréalistes. Ne dit-on pas que le malheur des uns fait le bonheur des autres?

Le casse-tête du bonheur

Selon Pierre Côté, fondateur de l'Indice relatif du bonheur (voir encadré), le bonheur peut se comparer à deux morceaux de casse-tête : «Un est la vie réelle et l'autre est la vie rêvée. Pour être heureux, on doit pouvoir les faire entrer l'un dans l'autre.» Une certaine marge de manœuvre est permise, mais, si les deux morceaux sont trop différents, le bonheur sera toujours hors d'atteinte. Lucie Mandeville abonde dans le même sens : «Si ce que

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L'indice Relatif de Bonheur (IRB) Fondé en 2006, l'IRB est la création de Pierre Côté, qui œuvre dans le milieu du marketing et des communications depuis plus de 30 ans. Ses sondages auprès des Québécois lui ont permis d'isoler 24 facteurs ayant une influence sur notre bonheur. Son objectif? «Faire du bonheur une variable sociale pour évaluer le bien-être d'une société.» L'IRB propose d'évaluer soi-même son niveau de bonheur en se basant sur une échelle prédéterminée. indicedebonheur.com

L'Indice du vivre mieux L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) propose depuis 2011 à ses 34 pays membres l'Indice du vivre mieux. Les professeurs Marcelin Joanis et Luc Godbout de l'Université Sherbrooke ont adapté l'Indice du vivre mieux au Québec en se basant sur les 11 critères sélectionnés par l'OCDE. Il en est ressorti que, au niveau de la satisfaction à l'égard de la vie en général, les Québécois sont parmi les peuples les plus satisfaits au monde, avec la Norvège, le Danemark, l'Australie et le reste du Canada.

Pas de la psycho-pop

Qui ne s'est jamais fait dire «Quand on veut, on peut»? Pierre Côté s'insurge contre ce dicton populaire, le qualifiant d'irresponsable et vide de sens. «Il faut vouloir en fonction de qui on est. Il faut être conscient de ce dont on est capable.» Selon l'IRB, le premier facteur déterminant de notre bonheur est l'accomplissement. «En regardant derrière, c'est important d'éprouver une certaine fierté, une certaine estime, et d'être satisfait, au moins en partie, de ce qu'on a réalisé», explique Pierre Côté. Pour ce faire, il faut se fixer des objectifs réalistes, en fonction de nos forces et de nos faiblesses. Accéder au bonheur, c'est apprendre à être fidèle à nos envies et non à celles dictées par la société. Comme l'explique Mme Mandeville : «Les conventions sociales nous dictent ce qui devrait nous apporter du bonheur, comme avoir de l'argent, s'acheter des choses, avoir un travail prestigieux.» Pourtant, le fait de posséder tout ça ne garantit pas d'être heureux.

Le don de soi

Le droit à la poursuite du bonheur Ratifiée le 4 juillet 1776, la Déclaration d'indépendance des États-Unis marque le début d'un vent nouveau pour le pays. Avant ce jour, l'accent était mis sur les libertés collectives, auxquelles on préfère maintenant les libertés individuelles. Thomas Jefferson y écrit : «tous les hommes sont créés égaux ; ils sont doués par le Créateur de certains droits inaliénables; parmi ces droits se trouvent la vie, la li­ berté et la recherche du bonheur.» Parmi les inspirations du président : les penseurs et philosophes des Lumières, en particulier John Locke et son Second Traité sur le Gouvernement, et la Ligue des Iroquois. À propos de ceux-ci, il dira d'ailleurs quelques années plus tard : «Je suis convaincu que les sociétés indiennes qui vivent sans gouvernement jouissent globalement d'un degré de bonheur bien supérieur à ceux qui vivent sous les régimes européens.»

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«Les conventions sociales nous dictent ce qui devrait nous apporter du bonheur, comme avoir de l'argent, s'acheter des choses, avoir un travail prestigieux.» Lucie Mandeville, psychologue positive

Dans une société de consommation, il est facile de confondre la notion de bonheur avec celle de confort. «Le vrai bonheur, dit Lucie Mandeville, celui qui va durer plus longtemps et qui est plus significatif, c'est celui qu'on trouve dans les petits plaisirs au quotidien, souvent dans les relations qu'on a avec les gens, dans le fait de sourire à un passant qui nous rend notre sourire, par exemple.» Dans les sondages effectués par Pierre Côté, les gens qui font du bénévolat récoltent toujours un indice de bonheur plus élevé que les autres. «Le don de soi, le temps qu'on investit pour les autres nous apporte beaucoup plus de bonheur que le don d'argent.» Toutes les recherches sur le sujet s'entendent pour dire que le bonheur que nous procurent les biens matériels est toujours éphémère. Lucie Mande­ville, qui a écrit un livre sur les gens malades mais heureux, raconte que «quand on interroge les gens sur le point de mourir pour connaître leurs regrets et ce


qui est important pour eux, ils ne parlent pas de la maison qu'ils ont eue, mais plutôt des moments intenses de bonheur qu'ils ont vécus avec leurs proches».

Mes amis, mes amours

Des liens directs existent entre les gens sociables et le bonheur. Ils vivent plus longtemps, en meilleure santé et se rétablissent plus ra­ pidement en cas de maladie. On parle ici de résilience sociale. «Ce sont des gens bien entourés qui vont aller chercher dans leur entourage une réponse à leurs besoins», dit Mme Mandeville. Avoir quelqu'un à qui on peut se confier quand ça ne va pas est très important pour notre bien-être. Le morcellement des familles augmente l'importance de l'amitié. Pierre Côté explique qu'à l'époque, les membres de la famille composaient la grande partie d'un réseau social. Les familles étant moins nombreuses de nos jours, les amis deviennent des ressources indispensables. Le célibat n'étant pas valorisé dans notre société, les personnes seules voient leur niveau de bonheur affecté par leur état matrimonial, davantage quand il ne s'agit pas d'un choix. L'amour se classe pourtant après le traPierre Côté, vail et l'argent sur le palmarès fondateur de l'Indice de l'IRB, ce qui n'en fait pas relatif du bonheur une prio­r ité pour la majorité des gens. Pierre Côté a une hypothèse sur le sujet : «L'amour n'est pas quelque chose que l'on «On parle contrôle, c'est un souhait, une va­ leur ajoutée, mais la vie n'arrête toujours de la pas quand on ne l'a pas.» Le bonheur est dans l'air du quête du temps, on en a fait un sujet à bonheur, la mode. Peut-être que si on se moins de pression pour on est toujours mettait l'atteindre à tout prix, il viendrait à la course à nous plus facilement. Pierre Côté approuve cette idée : «On pour l'améliorer. parle toujours de la quête du bonon est toujours à la course Moi j'aurais heur, pour l'améliorer. Moi, j'aurais plutôt tendance plutôt tendance à dire au bonheur de courir après moi.»

à dire au bonheur de courir après moi.»

L'argent fait-il le bonheur?

C

omme le dit le vieil adage, «l'argent ne fait pas le bonheur», mais… il y contribue! Dans une société de consommation comme la nôtre, on pourrait penser qu'avoir plus d'argent rend plus heureux, mais la réalité n'est pas si simple. Les études démontrent que, une fois atteint un certain niveau de richesse, l'argent ne suffit plus pour satisfaire ceux qui le possèdent. Plusieurs autres critères doivent être pris en considération et, parmi ceux-ci, la richesse du pays où on habite. Étudiante à la maîtrise en économie à l'Université de Sherbrooke, Évelyne Beaudin confirme que «ce n'est pas toujours la quantité d'argent qui est importante mais plutôt les inégalités à l'intérieur d'un pays.» Entre deux personnes vivant dans deux pays différents et jouissant de la même richesse, celle qui vit dans le pays avec la plus grande inégalité sera la plus malheureuse. Le fait d'être au bas d'une hiérarchie sociale est un obstacle au bonheur. En regardant l'Indice du vivre mieux de l'OCDE, le Québec arrive en tête sur à peu près tous les points, sauf au niveau économique. Les Québécois seraient ainsi parmi les peuples les plus heureux du globe, sans être les plus riches. Selon Marcelin Joanis, professeur à l'Université de Sherbrooke, «le premier message-clé, c'est que le bonheur et le bien-être sont des réalités multi-dimensionnelles dont l'argent est une composante indéniable, sans être suffisante.»

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dossier «Le cerveau est un muscle et, comme on le fait au gym pour notre corps, il faut l'entraîner.» Martine Labrèche, psychologue positive

Le cerveau : un muscle à entraîner

Le bonheur est dans les neurones Vous avez l'impression de ne pas être doué pour le bonheur? Normal, puisqu'il existe une prédisposition naturelle au bonheur. Plus qu'un concept philosophique, les composantes biologiques jouent un rôle important dans notre niveau de bonheur. Bonne nouvelle : on peut s'entraîner à être heureux. PAR MARIE-CHRISTINE GAUDREAU

M

ais d'abord, un peu de science. On a récemment découvert le gène du bonheur, le gène 5HTT, associé au transport des protéines produisant la sérotonine, hormone liée au bonheur, rapporte Jean-Pierre Ternaux, coordonnateur de l'Observatoire du bonheur en France. La prédisposition au bonheur est modifiée selon qu'on soit un gros ou un petit transporteur de sérotonine. «Les gros transporteurs seront plus aventureux et moins portés à être monogames, tandis que les petits transporteurs auront une vie familiale rangée, un quotidien

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plus monotone. Ils seront plus sujets à la dépression», explique le neurobiologiste retraité. «En moyenne, 50 % de la notion de bonheur dépend du bagage génétique duquel on hérite. L'autre 50 %, on doit le travailler», résume Martine Labrèche, psychologue positive, qui croit aussi que certaines personnes sont plus portées à être heureuses. La dynamique coach de vie reconnait que la notion scientifique du bonheur est très complexe. L'équilibre des hémisphères droit et gauche du cerveau dans une harmonie de plusieurs zones telles que l'hypothalamus, le thalamus et le cortex préfrontal en serait la clé.

«Malgré les inégalités génétiques, tout le monde est en mesure de conquérir le bonheur au même niveau», assure Jean-Pierre Ternaux. Il insiste sur l'importance de se donner des objectifs. La quête du plaisir, selon lui, contribue à «mettre en musique» ses circuits cérébraux. Il nous met toutefois en garde : les circuits de récompense impliqués dans le plaisir sont les mêmes qui mènent à la dépendance. Ain­ si, un coureur qui active continuellement ses neurotransmetteurs par la pratique du sport pourrait développer des difficultés à sécréter la sérotonine, la dopamine, l'endorphine ou la noradrénaline autrement. Martine Labrèche perçoit le cerveau comme étant plus qu'un organe. «C'est un muscle et comme on le fait au gym pour notre corps, il faut l'entraîner», soulève-t-elle. La psychologue adopte le concept de neuroplasticité dans son approche professionnelle. Ce principe veut que le cerveau se transforme, qu'il soit dynamique et s'adapte continuellement. Si nous reprenons souvent nos mauvaises habitudes qui nous empêchent de progresser vers le bonheur, c'est parce que le cerveau choisit la voie facile. La psychologue positive compare ce phénomène à la conduite automobile. «Lorsque nous conduisons toujours sur la même route, à un moment donné nous ne sommes plus consciens du paysage qui défile. C'est pareil pour le cerveau; nous avons besoin de faire un effort de conscience pour prendre le


Le bonheur en atomiseur

Le bonheur, unité de mesure économique

Incroyable mais vrai : l'hormone ocytocine, connue depuis longtemps pour intervenir lors de l'accouchement et dans l'attachement mère/enfant, est désormais commercialisée en aérosol. «Elle aurait eu des effets prometteurs lors d'essais cliniques sur les autistes, pauvres en sécrétion», rapporte Jean-Pierre Ternaux, neurobiologiste français.

De plus en plus de chercheurs choisissent de s'intéresser au niveau de bien-être des populations pour déterminer les mesures les plus susceptibles de contribuer à l'avancement de nos sociétés. Selon Chris Barrington-Leigh, professeur adjoint et économiste à l'Institut des politiques sociales et de la santé de l'Université McGill, le bonheur collectif passe par l'abolition des barrières socio-économiques. PAR SOPHIE CHARTIER

contrôle sur le chemin à suivre», illustre-t-elle. Par ailleurs, Martine Labrèche affirme que les nombreux changements apportés au mode de vie dans les 60 dernières années nuisent à la conquête du bonheur en attirant le cerveau vers les émotions négatives. «Le cerveau n'est pas conçu pour traiter autant de stimuli et être exposé à autant de stress», déplore-t-elle. Elle considère aussi que la limitation des relations interpersonnelles liée aux nouvelles technologies est inquiétante. Selon elle, les contacts réels sont essentiels à la stimulation des hormones.

Méditer son bonheur

La méditation ou état de pleine conscience permettrait, selon elle, d'exercer le cerveau à porter attention aux choses positives. «Les émotions positives permettent au cortex préfrontal gauche de libérer la sérotonine aidant à diminuer le stress», précise la psychologue positive. Des études menées par le neuroscientifique Richard Davidson à l'Université du Wisconsin sur le moine Matthieu Ricard ont démontré que la méditation est très influente sur les états émotionnels. Ce dernier est considéré comme étant l'homme le plus heureux au monde en raison de la suracti­ vité de son cortex préfrontal gauche lors de ses séances de méditation qui le prédispose anormalement au bonheur. Autant le neurobiologiste que la psychologue s'entendent pour dire que la compréhension du mécanisme cérébral cons­ titue un atout important pour la quête du bonheur. Une évidence en ressort : le bonheur est bel et bien dans la tête. Toutefois, la génétique à elle seule ne peut assurer le bien-être. La gymnastique cérébrale est nécessaire à l'hygiène mentale.

Pourquoi s'intéresser au niveau de bien-être des gens en économie? L'économie n'est-elle pas une science des chiffres?

Il fallait des mesures plus humaines pour parler de l'avancement des sociétés et de leurs richesses. À la surprise de personne, sauf peut-être des économistes eux-mêmes, les interactions sociales, par exemple, sont tout aussi importantes pour mesurer le niveau de satisfaction dans un groupe. Si vous voulez savoir si une personne est heureuse, vous devrez la questionner sur son sentiment d'appartenance et son identité sociale. Est-elle satisfaite dans son travail, de sa vie privée, de son gouvernement?

Vos recherches avancent que les sociétés dotées de programmes sociaux ont tendance à avoir un niveau de satisfaction plus élevé.

L'un des facteurs les plus importants du niveau de bien-être des répondants est de savoir s'ils sentent une connexion avec leur quartier, leur ville, leur province et même leur pays. De nombreuses mesures ont été mises en place pour assurer un sentiment d'appartenance à la société québécoise, par exemple. La moyen­ne de satisfaction au Québec est parmis les plus élevées au monde. Ça démontre bien qu'il ne faut pas que s'attarder aux biens matériels et à la richesse personnelle pour évaluer le bienêtre. Au contraire, offrir l'opportunité aux gens d'aider leurs pairs augmente grandement le sentiment d'inclusion.

Il doit être très intéressant pour un chercheur comme vous de se trouver au Québec.

Le cas du Québec est unique. C'est un cas assez important dans la littérature savante, car en 25 ans, le Québec est passé d'être la pro­vince canadienne avec le taux de satisfaction le plus bas à l'une des plus heureuses. Comment expliquer cette ascension? Les strates les plus insatisfaites ont élevé leur niveau de bien-être, réduisant l'écart entre les groupes de répondants. On imagine donc qu'en diminuant les inégalités économiques entre les personnes, on observe une amélioration dans le niveau de satisfaction général. Ceci est vrai, mais insuffisant pour expliquer la montée du Québec. Mon hypothèse personnelle est la suivante : dans une société où les personnes sont moins jugées de façon superficielle sur leur niveau socio-économique, ce ne sont pas que les plus défavorisées qui deviennent plus heureuse, mais l'ensemble de la société. On perd alors le sentiment d'être jugé pour son statut. Se défaire de l'impression d'infériorité par rapport aux personnes plus fortunées, par exemple, permet aux gens de vivre leur vie avec beaucoup moins d'angoisse et de stress.

Comment les chercheurs fontils pour calculer le niveau de satisfaction chez les répondants?

Une seule question, assez simple, peut être posée pour la collecte des données : «Toutes choses considérées, quel chiffre donneriez-vous au niveau personnel de satisfaction dans votre vie, 1 étant le plus bas et 10 le plus élevé?». Le pays avec la moyenne la plus élevée est le Danemark, avec la note de 8/10.


Le bonheur c'est… «Appartenir à un lieu et à un groupe, se sentir capable et apprécié.» — Chris Barrington-Leigh

«Le bonheur, c'est une harmonie entre ce que l'on ressent à l'intérieur et ce qu'on vit à l'extérieur.»

«Le bonheur, c'est une construction tout au long de la vie qui dépend de facteurs environnementaux, biologiques et philosophiques.» — Jean-Pierre Ternaux

«Le bonheur est un château de sable. La mer en emporte une partie et puis on le reconstruit.» — Martine Michaud

«Le bonheur dépend de bien trop de dimensions pour être défini en 140 caractères!» — Marcelin Joanis

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La photographe Martine Michaud (Mishô) a longtemps été fascinée par le Bhoutan, minuscule pays enclavé entre les deux géants asiatiques, l'Inde et la Chine. C'est dans cette parcelle de terre empreinte de félicité qu'elle découvrira la face cachée du bonheur, une valeur synonyme de prospérité pour ce pays. Son exposition «Sur la route du bonheur national brut» est présentée à la Maison du développement durable dans le cadre de la Journée internationale du bonheur. PAR GENEVIÈVE GAGNÉ

À

deux reprises, Mishô s'est rendue au Bhoutan pour immorta­ liser les regards pétillants de ses habitants et explorer leur perception du bonheur. Une richesse pour le pays qui, depuis les années 1970, a décidé de troquer le Produit intérieur brut (PIB) contre le Bonheur national brut (BNB), indice beaucoup plus précis pour calculer la réelle prospérité d'une nation. Lors de ses deux séjours, caméra au cou, elle a pris de nombreux clichés des habitants pendant des fêtes, des célébrations ou tout simplement sur le vif. Une opération qui ne les intimidait aucu­ nement, tout le contraire. «Ils voulaient se faire prendre en photo. C'est un vrai Photo tirée de l'exposition «Sur la route du bonheur national brut» de Martine Michaud (Mishô)

photo : Martine Michaud (Mishô)

— Martine Labrèche

Au pays du bonheur


Le bonheur c'est… À deux reprises, la photographe Martine Michaud (Mishô) s'est rendue au Bhoutan pour immortaliser les regards de ses habitants et explorer leur perception du bonheur.

moment de générosité que de se faire photo­ graphier, raconte-t-elle, et ils ne gâchent pas la photo avec un sourire Colgate comme on nous l'a enseigné ici. Ils ne cherchent pas à se montrer heureux.» Mishô a ressenti une béatitude chez ses sujets qui se manifestait de différentes façons : le calme, la patience - malgré la pauvreté certaines fois -, une sorte de bonheur tranquille qui se vit à la fois en collectivité et individuellement. «Le bonheur est une harmonie entre moi et les autres. Être heureux à tout prix, c'est une approche égocentrique. Je crois que le bonheur, c'est de s'engager dans sa communauté et d'être de meilleures personnes. Il faut avoir un projet collectif autre que de s'enrichir individuellement et de spolier l'environnement», croit-elle.

La journée internationale du bonheur à la Maison du développement durable

«Le bonheur, c'est d'être en paix, avec soi-même et avec les autres.»

Le 20 mars, la Maison du développement durable, L'Itinéraire et Équiterre célébreront ensemble la Journée internationale du bonheur. Cette journée a été décrétée par l'ONU afin de reconnaître que le bonheur n'est pas seulement une aspiration universelle, mais qu'il devrait aussi être pris en compte dans les objectifs politiques de nos dirigeants. Au menu de la journée, une table de discussion animée par le rédacteur en chef de L'Itinéraire Sylvain-Claude Filion et réunissant Renaud Gignac de l'IRIS, Steven Guilbeault d'Équiterre et l'économiste indépendant Ianik Marcil, ainsi que l'exposition Sur la route du bonheur national brut de la photo­ graphe Martine Michaud (Mishô). Pour réserver : lamdd.org/rsvp

— Pierre Côté

«Ressentir un bienêtre dans l'immédiat et de façon durable.» — Lucie Mandeville

«L'être humain doit être capable d'accueillir de façon inconditionnelle un paradoxe : qu'on peut être heureux et qu'on peut être malheureux en même temps. Le bonheur, c'est tout ça en même temps. Les moments de grande joie ne devraient pas effacer les moments de peine. Il faut être capable d'accepter ces deux polarités, et accepter que la vie, être heureux, c'est pas juste gagner à la 6/49 tout le temps. Le bonheur ultime, c'est être capable d'accueillir les deux pôles.» — Jean-Marie Lapointe

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CÉLÉBRATIONS

JOURNÉE INTERNATIONALE

DU BONHEUR Le jeudi 20 mars à 12 h 15

Grand panel : Sur la route du bonheur national brut Sylvain-Claude Filion

rédacteur en chef de L’Itinéraire

Renaud Gignac

chercheur à l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques

Steven Guilbeault

directeur principal d’Équiterre

Ianik Marcil

économiste indépendant

Du 20 mars au 10 avril

Exposition sur le Bouthan

Martine Michaud (Mishô) artiste multidisciplinaire

lamdd.org

50, rue Sainte-Catherine Ouest Montréal (Québec) H2X 3V4 info@lamdd.org 514 394-1108


les Mots de

CAMELOTS

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définition du bonheur

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CHEMiN FaisaNt

Une année en blues

Par dan et rozi

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Hors PistE

rien

photo : Wood_123Fr.coM/brandonbourdaGes

Par linda Pelletier

Portrait d'alain Magloire, cet homme atteint de détresse psychologique tombé sous les balles d'un policier du service de police de la Ville de Montréal le 3 février dernier, réalisé par l'artiste montréalais d'origine algérienne izemrasen (izemrasen.com).


le cŒur

Définition du bonheur Insaisissable, indéfinissable, le bonheur n'est pas facile à décrire. Selon le Petit Robert, le bonheur c'est : I. Chance. II. 1º État de la conscience pleinement satisfaite. 2º Par ext. Ce qui rend heureux. Nos camelots, ne manquent pas de mots pour décrire ce que représente pour eux le bonheur. Et ils sont particulièrement bien placés pour décrire le bonheur comme étant la chose la plus simple au monde. Presque une leçon de vie.

My Spiritual Happiness

Garder son bonheur Gilles Bélanger Camelot, Complexe Desjardins

Bonjour à vous tous, mes chers clients et clientes. Qu'est-ce que le bonheur pour vous? Pour moi, c'est un état de satisfaction. C'est aussi l'absence d'inquiétude et de préoccupation. En fait, le bonheur prend des formes différentes selon les personnes et les valeurs qui leur sont propres. L'important, quand on l'a trouvé, c'est de le conserver. La chose la plus importante à faire, pour garder votre bonheur, c'est de rester vraiment très positif. Il ne faut jamais désespérer. Il convient aussi de prendre les choses au jour le jour et ne pas regarder en arrière, mais aller de l'avant. Pour aujourd'hui, tâchez de garder votre beau sourire et la journée sera excellente. En terminant, je voudrais envoyer une très belle pensée au magazine L'Itinéraire dont c'est le vingtième anniversaire cette année. Merci à mes lecteurs pour leur générosité.

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Petits bonheurs Benoit Chartier Camelot, métro Radisson et IGA, place Bercy

Il y a différentes façons d'envisager le bonheur, dépendant des gens et des choses qui nous entourent et des évènements qui surviennent. Avec les gens, un sourire peut devenir contagieux et un refus d'acheter le magazine L'Itinéraire peut nous rendre malheureux. Comme un chauffeur d'autobus m'avait raconté, il faut préserver notre bonheur. Il disait qu'il mettait son cœur dans le tiroir avant de partir au travail et qu'il le reprenait en rentrant chez lui. Cet exemple-là est très difficile à suivre. Souvent, je dois prendre un temps d'arrêt pour me ressourcer afin de continuer mon travail de camelot. C'est de cette façon que je conserve mon esprit positif. Cultivez vos petits bonheurs!

What is happiness for me? Well, I like to watch sports. My favorite team is the Boston Red Sox since the Montreal Expos aren't around anymore. Happiness for me is just enjoying another day of living and talking to people about what's happening in the world. Happiness for me is smoking cigarettes and maybe cigars if I can afford them. Also, I enjoy the four seasons of the year; it's great to feel the change. It makes life interesting. My favorite month is December because of Christmas. I feel happy when working, selling my magazines, and giving my custo­mers something good to read. Writing articles gives me great pleasure. It's a gift that I can do it. I write my articles all by myself, except for the topic and corrections. I feel so proud when I finish and see it published - like I've done something positive instead of something negative. Happiness means I can live a better life. It means learning to live, love, and share, and having the freedom to improve my future. I don't know where I would be without all these things. I thank God for my happiness.

illustration : Louis-philippe pouliot

Daniel Grady Camelot, angle Saint-Laurent/des Pins


La base du bonheur PiErrEttE Camelot, épicerie Metro rue Saint-Hubert

Pour certains, le bonheur c'est d'avoir une grosse cabane bien remplie. J'estime plutôt qu'il est constitué par le milieu où l'on naît, les expériences qu'on y vit, qu'on enregistre et porte en soi toute sa vie. Par leurs comportements et attitudes, les parents apprennent à leurs enfants. Ces derniers peuvent alors recevoir ou non les éléments favorables suivants : la confiance en l'autre et dans la vie, la perception réelle des choses, l'autonomie et l'estime, l'initiative, la confiance de faire, la connaissance de soi, etc. Les parents accomplissent cela par leur amour inconditionnel, mais ils ne tolèrent pas tous les comportements. Ils doivent donner un cadre clair qui n'est pas rigide, mais où les manquements entraîneront des conséquences connues. Le tout fait dans le respect et adapté à l'âge pour que les jeunes puissent développer leur autonomie graduellement. Les parents peuvent aider leurs enfants à se bâtir une fondation intérieure solide qui soutiendra une maison interne tout aussi stable. Les enfants devenus adultes ne seront pas à l'abri des épreuves, toutefois si leur construction interne en prend un coup, leur fondation solide leur permettra de passer à travers sans en être tout démoli. Cette source est synonyme de bonheur, car elle permet de mieux prendre la vie avec ses hauts et ses bas. Il n'y a pas de parents parfaits, mais si les adultes sont constants dans des comportements et attitudes favorables au bon développement de leurs enfants, ils contribueront à cette construction. Les jeunes n'ayant pas eu cette chance auront à composer avec les blessures que leurs parents leur ont apportées et à apprendre de nouveaux comportements et attitudes plus profitables, ce qui est une tâche ardue.

Ma plus grande source de joie yaNiCk laroUCHE Camelot, métro Atwater

Une de mes plus grandes sources de joie, en ce moment, c'est mon petit bonhomme. Il a cinq ans, il est en santé et plein de vie. J'en ai la garde partagée une semaine sur deux. Quand il vient à la maison, on se fait plaisir en allant jouer dehors au moins une fois par jour. En hiver, par exemple, on va glisser, on fait des bonshommes de neige, on se promène en traîneau, etc. Récemment, même, on est allé pêcher sur la glace dans le Vieux-Port. L'été, on fait de la bicyclette, on va s'amuser au parc et se baigner à la piscine. Toutes ces activités me rappellent ma propre enfance, mais surtout, je ressens de la joie à voir le plaisir de mon petit qui découvre plein de choses à travers nos jeux. Et si tout cela se déroulait à la campagne plutôt qu'en ville, ce serait encore mieux, parce que la vie à la campagne est moins stressante et offre une plus grande variété d'activités extérieures. De plus, vivre à la campagne serait pour moi une autre source de joie, et je souhaite pouvoir y retourner, avec mon petit garçon qui me donne beaucoup de bonheur.

Bonheur franc GaétaN PriNCE Camelot, métro Bonaventure et Promenade Masson

Est-ce que c'est rendre les autres heureux, se rendre heureux? Est-on obligé de faire quelque chose pour susciter le bonheur chez les autres? C'est recevoir ou donner? Est-ce possible de toujours nager dans le bonheur? Pourquoi, quand quelqu'un leur demande comment ça va, la plupart des gens répondent automatiquement que ça va bien? Moi, je pense qu'on peut être franc et se permettre de dire que ça ne va pas. De cette façon, on donne l'occasion à nos amis et connaissances de s'intéresser à nous et de nous formuler des encouragements. Par le fait même, ça nous remonte le moral. Le bonheur, c'est surtout un état d'esprit qui fait qu'on apprécie les moindres petits moments agréables et qu'on relativise ceux qui sont plus pénibles, pour aller de l'avant. Et cet état d'esprit, ça se cultive. Par exemple, quand je me lève le matin, même si le temps est gris et que la déprime me guette, je me dis que ça va être une bonne journée et c'est parti! Rendu à mon point de vente, je rencontre mes rayons de soleil (comme j'appelle mes clientes et clients) et nos échanges de sourires et de quelques mots contribuent à augmenter mon sentiment de bonne humeur que je conserve ainsi pour le reste de la journée. En plus, quand je regarde les grandes catastrophes qui se passent un peu partout dans le monde, je pense qu'on peut se sentir privilégié. Jour après jour, c'est ma recette du bonheur. Et vous, quelle est votre recette? Venez m'en parler.

15 mars 2014 | ITINERAIRE.CA

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Mots de camelots L'expérience de vie, une richesse infinie Retour au bercail

Lorsque le chaos se pointe à l'horizon, je peux chercher un réconfort à l'extérieur de moi-même, mais cette solution ne sera pas éternelle. Je peux fuir et anesthésier la souffrance, mais en fin de compte la réalité me rattrape et je dois l'accepter. Une impulsion de vie crie alors en moi : «Continue d'espérer, continue d'avancer malgré toutes les difficultés.» C'est à ce moment que la force intérieure intervient sous forme de courage et d'énergie qui me propulse vers l'avant. Les expériences vécues pleinement se transforment en sagesse. Je réalise que mon expérience peut profiter aux autres et je par­ tage ma richesse intérieure avec qui le veut. Mon vécu prend alors plus de sens et je me sens enfin utile. Je peux aussi faire preuve d'empathie envers ceux qui traversent les mêmes épreuves que moi. Un grand merci à toutes les personnes qui m'encouragent dans mon travail de camelot.

Daniel Prince Camelot, métro McGill et angle Fabre/Mont-Royal

À partir du 1er février, après presque deux ans d'arrêt, j'ai repris la distribution du journal dans les locaux de L'Itinéraire, en après-midi. Ce travail ne m'empêche pas de continuer mes ventes en avant-midi et en fin d'après-midi. Cela comble le vide entre mes deux périodes de vente et me permet de réintégrer la grande famille de L'Itinéraire de façon plus régulière. Avec cet emploi, je vais revoir les camelots que je connaissais déjà et faire connaissance avec les nouveaux. Un des défis que je me donne, c'est de développer ma concentration, car j'ai vraiment de la difficulté à fixer mon attention et c'est ce problème qui m'a obligé à abandonner mon cours de soudure l'automne dernier. Je sentais que 2014 m'apporterait de bonnes choses et avec le printemps qui arrive, je pète le feu.

photo: pascal dumont

Marie-Andrée Camelot, métro Préfontaine

Une peintre

photo: laurence boucher

Gisèle Nadeau Camelot, métros Jarry et D'Iberville

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Une dame peintre en bâtiment professionnelle. Elle est originaire de Chicoutimi au Saguenay Lac-SaintJean. Elle a aussi étudié à l'université et suivi des cours de secou­ risme, c'est une personne très cultivée. Elle ne se fait pas prier pour aider des personnes âgées, lorsque des situations se présentent. Elle m'achète aussi le magazine L'Itinéraire à la station D'Iberville. Je me sens heureuse de l'avoir comme cliente, car je trouve qu'elle a un sens de l'humour et est très sociable envers les personnes qu'elle côtoie. Elle est très encoura­geante et sincère, comme bien d'autres d'ailleurs. Merci, sincèrement, à toute ma clientèle.

ITINERAIRE.CA | 15 mars 2014

Le printemps approche! Cybelle Pilon Camelot, angle Jean-Talon/Saint-Hubert

Enfin le printemps qui approche. La saison des amours, et de Pâques, un temps qui surgit après l'hiver, un temps merveilleux, heureux, plein d'amour dans l'air, il ne faut pas rester seul, trouvez l'amour où qu'il soit, il doit se cacher quelque part. Sortez! Respirez le printemps! J'aime respirer les fleurs et le chocolat, les oiseaux gazouillent et le monde est plus beau en cette saison. Le lapin de Pâques et ses œufs débordent de bonheur juste d'y penser avec ma panse. En cette époque de l'année, nous avons tous à l'intérieur un petit enfant à cajoler et à aimer, trouvez le vôtre. Il y a sûrement dans votre cœur un petit être qui ne demande qu'à être écouté. Si vous avez de bonnes oreilles, vous pourrez l'entendre vous murmurer d'une voix enchantée que si vous passez à côté de l'amour et des chocolats vous pouvez faire une croix sur ce monde enchanté. Mais si vous avez de la chance, peut-être des sentiments jailliront. Reprenez votre sourire et bonne saison! Je crois en l'amour.


CHEMiN FaisaNt

Une année en blues daN Et roZi | Chroniqueur de rue

J

'ai assisté à quelques shows de blues l'été dernier, le premier était celui du MontTremblant. C'est sûr que quand t'es là, t'es vraiment dans un festival baignant dans le blues. La montagne tremble et tout le monde aussi, tu côtoies des vrais bluesmen pendant dix jours. Tu parles blues, tu manges blues, tu rencontres des chanteurs, et tu peux aussi t'acheter des CD. Pour rester sur le site durant le festival, le stationnement coûte 15 $. Si jamais tu dois te déplacer, le mieux est de prendre un vélo puisque si tu quittes le site, tu dois payer à nouveau. Le samedi après-midi, j'ai fait une grande marche sur la montagne avec Rozi, pour sa fête, le long du ruisseau jusqu'au sommet du Mont-Tremblant. Rozi était folle de joie, le bonhomme un peu moins, mais je ne regrette rien. J'ai assisté à la dernière fin de semaine de ce festival le 13 juillet, où les meilleurs artistes se présentaient. Le meilleur était Anthony Gomes, il se produisait le samedi soir sur la plus grosse scène. Le dimanche, il a joué le même show à nouveau, cette fois-ci sur une petite scène, avec uniquement une guitare sèche. Et Rozi était la vedette du show du dimanche matin! Couchée en avant de la scène, les spectateurs la

photographiaient avec le musicien. Le dernier show du dimanche soir était hot! Tout le monde sur la même scène : Guy Bélanger, Normand Brathwaite, Carl Tremblay et plus encore. Rozi était encore la star photographiée. Par la suite, je suis allé au Festiblues au mois d'août : le pire festival de Montréal! Il empire d'année en année. C'est Loco Locass, un groupe de hip-hop, qui a ouvert ce festival de blues. Ce groupe est plus populaire aux Francofolies, il aurait été alors plus pertinent d'inviter des groupes de blues pour l'ouverture. Au Québec, nous avons de grands noms du blues! Nanette ou Martin Deschamps. Le vendredi soir, Garou était invité. Je me suis déplacé pour son show. J'ai été très déçu, après deux chansons de blues, il s'est concentré sur son répertoire. Peu à peu, les spectateurs sont partis. Je me suis déplacé dans l'espoir de blueser, mais quelle ne fut pas ma déception!

Le samedi, la première scène a été tenue par Bryan Tyler, puis la seconde scène a accueilli Melissa Bel, à la voix douce, qui a charmé le public. Lors du dernier show du dimanche soir, Bob Walsh et Guy Bélanger se sont partagé la scène. Nanette et Martin Deschamps ont été invités à les rejoindre. Ce show était le plus beau du festival, une chance! Au cours de septembre, le festival Lachute en Blues a été annulé. En octobre se tenait Octobre Blues auquel je n'ai pas pu assister à cause d'une blessure. La diva du blues Layla Zoe, la belle à la longue chevelure rousse et aux yeux couleur du blues, est passée au Bistro à Jojo au mois d'octobre. Lorsqu'elle monte sur scène avec son band, un drum, une basse et deux guitaristes, elle arbore un style vestimentaire Peace and Love. Elle est pieds nus et charme son public. Elle donne des frissons et interprète ses chansons avec une voix de velours. La première fois que je l'ai vue en show intime sous un petit chapiteau à Lachute en Blues, j'étais assis en avant-centre et elle a donné un show à nous faire danser avec elle. À la fin du show, elle signait ses CD. Je suis passé le dernier et je lui ai fait signer mon coat de jean pour ne pas oublier son nom et le show. Elle nous amène avec elle sur scène avec une voix qui nous transperce le corps. Un show à ne pas manquer, elle s'appelle la diva Layla Zoe, un nom à retenir!

15 mars 2014 | ITINERAIRE.CA

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Mots de camelots Augmentez l'aide sociale Tarek Ayari Camelot, métro Mont-Royal

Mamies merci Jean-Paul Lebel Camelot, métro Berri-UQÀM

Merci à Mamie Hamelin (ma mère adoptive) qui a su m'apprendre les vraies valeurs de la vie malgré un départ fucké. Merci à Mamie Yvette Brady qui a fait de sa petite-fille Julie (mon ex-compagne et grande amie qui m'a si bien aidé à cheminer) une femme si merveilleuse qu'elle a réussi à me faire aimer la vie. Chères Mamies, vous êtes les personnes les plus précieuses que j'ai eues dans ma vie. Vous êtes de ces personnes qui savent faire grandir l'humain avec tout le res­ pect que vous lui donnez. Vous êtes, ni plus ni moins, des anges. Merci pour tout ce que vous m'avez apporté et apportez aux autres sans jamais rien demander. Vous donnez, donnez, donnez à ceux que vous aimez et même aux autres, ce que j'espère un jour réaliser. Vous êtes des exemples à suivre et si tout le monde était comme vous, les hommes, les femmes et la planète iraient beaucoup mieux. Merci d'être.

Bonjour, moi Tarek Ayari, je suis itinérant ou presque. Avec le chèque d'aide sociale, je paye mon loyer et mon Hydro. Je fais en sorte d'avoir un toit. Je suis malade, je suis diabétique et j'ai de la haute pression. J'ai eu plusieurs accidents de travail au dos. Si je reste trois heures debout, pour récupérer il me faut deux heures allongé dans mon lit. Alors L'Itinéraire m'aide beaucoup en me donnant plusieurs repas chauds par semaine. Quand je suis à mon spot métro Mont-Royal, je ne vends pas beaucoup de magazines, mais je suis très très étonné de la générosité des Québécois. Avec tout ça je peux remplir mon frigidaire et, de temps en temps, gâter mes enfants, les amener au cinéma. J'ai trois enfants de 13, 12 et 8 ans. Je suis divorcé depuis 2007. Je ne sais pas ce que j'aurais fait sans L'Itinéraire. Parce que je suis diabétique, il faut que j'aie tout le temps quelque chose à manger à la maison ou dehors. Je fais beaucoup d'hypoglycémie. Mon corps demande du sucre et si je ne lui en donne pas, je perds connaissance et ça peut devenir grave. Alors je demande à la ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, Madame Maltais : s'il vous plaît, augmentez le chèque des personnes qui ont une contrainte sévère à l'emploi de 20 %, parce que quelqu'un comme moi paye son loyer 688 $ plus l'Hydro. Il ne me reste plus rien après. Nous n'avons aucun recours; on a perdu notre identité et notre fierté. Il nous reste la soupe populaire et la mendicité. S'il vous plaît, Madame la Ministre, on n'est pas beaucoup à avoir une contrainte sévère à l'emploi. Merci beaucoup aux ministres et merci beaucoup à tous ceux qui ont été généreux avec moi depuis que je suis au métro Mont-Royal. Tout ce que j'ai affirmé sur ma santé est vrai et vérifiable.

Une merveilleuse journée! Richard T. Camelot, métro Place-des-Arts

Le 4 février, lors de la journée Camelot d'un jour, pour le 20e anniversaire du magazine L'Itinéraire, j'ai eu la chance de rencontrer Louise Portal. Nous avons vendu ensemble le magazine à la station de métro Place-des-Arts. Cette journée a été extraordinaire! Je ne pensais pas avoir la chance un jour de rencontrer une femme comme elle. C'est une femme vraie. Elle est à la fois à l'écoute et très compréhensive compte tenu de son parcours personnel. Très rapidement nous avons échangé sur notre passé. Elle s'est confiée à moi tout comme je me suis livré à elle. Cet échange a été très bénéfique pour moi, nous nous sommes trouvé des points communs, et j'y ai trouvé l'occasion de libérer ma conscience. Après avoir échangé avec elle, j'ai été fier de la présenter à mes clients fidèles. Suite à la vente, elle m'a proposé de continuer à discuter autour d'un repas. À la fin de cette journée, Louise Portal avait apprécié son expérience de vente avec moi tout comme j'avais apprécié cette rencontre. Merci Louise d'avoir partagé cette si belle journée avec moi!

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ITINERAIRE.CA | 15 mars 2014


hors piste

Rien Elle se sentait comme une baloune crevée après une fête ratée. Les yeux vides, l'esprit ailleurs, seule une vague angoisse oppressait sa respiration. Une dernière gorgée de café froid, une grimace. Soudain, elle s'ébroua, se mit debout et appuyée sur le rebord de la table, elle décida qu'elle ne faisait rien aujourd'hui. Par Linda Pelletier | Chroniqueuse de rue

R

ien, c'est difficile à faire. Ne serait-ce que respirer, autorité, elle s'abstint d'écouter le message. ce n'est pas rien. Elle aurait pu décider de mettre L'idée de ne rien faire, d'abord anodine, prit au fil des fin à cette respiration opprimante, mais non, pas heures des proportions gigantesques. Elle avait bien disaujourd'hui, elle ne ferait rien. Le ciel d'un gros bleu la séqué le problème : «rien faire», qui regardait cruellement, il l'accusait de ne rien faire alors n'était pas certes le synonyme d'être que tout l'interpellait au-dehors : ce beau soleil jaune, ce fainéant ou paresseux, car la fainéantise ciel d'un bleu, cette herbe vert tendre et son vélo rouge. et la paresse dénotent un manque noMais elle avait décidé de ne rien faire. Comment? Peut- toire d'ambition, alors que «rien faire» être là se trouvait la source de son angoisse; ce vieux lui paraissait le projet le plus ambitieux combat entre ne pas savoir vivre ni mourir. Alors ce de son existence. neutre rien s'avérait irréalisable. Elle dormit, se réveilla affamée. En se coulant dans le fauteuil moelleux du salon, «Merde». Pour oublier qu'elle aurait à se rendre là-bas elle méditait. «À moins, songea-tdans la cuisine, elle se mit à chanelle, d'élaborer dans tous ses raffinetonner tout bas «le petit bouddha, ments, un art, l'art de ne rien faire.» le petit bouddha». Le bouddhisme! «rien faire» lui «Ouf! Quel travail», expulsa-t-elle C'était ça la solution! Devenir paraissait le dans un soupir. Cela supposait nonne contemplative. Mais quel des recherches anthropologiques, travail que de se rendre au Tibet! projet le plus fouiner dans les bibliothèques aux Premièrement, il fallait travailler! ambitieux de C'était contre son éthique. Comquatre coins de la ville, car qui sait, une civilisation, une tribu dissémiment travailler et ne rien faire à la son existence. fois? née, une femme, un homme, auUne job au gouvernement raient pu possiblement concevoir bien sûr, mais cela s'avérait aussi cet art de ne rien faire. Cependant, rare que de la merde de pape. le paradoxe apparaissait flagrant : Si elle pouvait écrire un bestpourquoi, après tant d'efforts afin seller de six cents pages sur l'art d'édifier une si belle philosophie de vie, se de ne rien faire, une ligne par jour, quarante donner la peine de la transmettre à d'autres? lignes par pages, donc quarante jours pour Le plan de sa journée était tout tracé : se di- une page, fois six cents pages, son cerveau riger vers la causeuse en silence puis, dans s'embrouilla; elle s'évanouit. Revenant à l'après-midi, réfléchir aux moyens d'atteindre elle, «le coma?» se demanda-t-elle. «Voilà son objectif ultime, celui de ne rien faire. la solution! À l'hôpital, ploguée végétative.» Puis, petit à petit, à tant économiser son Car, pour tout dire, un obstacle majeur se présentait à elle : l'alimentation, le plus dan- énergie physique, elle sombra dans une dépression nerveuse dont elle ne sortit gereux frein à son immobilisme. Le téléphone sonna. «Ha le maudit!» Elle jamais plus. Le système hospitalier dut n'avait pas prévu ça. Elle pensa à s'affoler, la prendre en charge, la placer dans un mais se retint. En effet, sa boîte vocale centre spécialisé, car sans qu'aucun més'enclenchait après quatre sonneries; il decin ne puisse expliquer la cause souou elle n'aura qu'à laisser un message. daine de cet état catatonique, elle ne «Qu'elle serve cette boîte vocale». Avec bougeait plus. Enfin!

15 mars 2014 | ITINERAIRE.CA

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Donner, c’est encourager

JOUR APRÈS JOUR les aptitudes dont font preuve nos camelots.

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PHOTO: GOPESA PAQUETTE

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Dons et abonnement disponibles en ligne au www.itineraire.ca


la Fondation j. armand Bombardier soutient notre mission Pour une deuxième année consécutive, la Fondation J. Armand Bombardier soutient la mission de réinsertion sociale par le travail du Groupe communautaire L'Itinéraire. Par sylViE BoUCHard

Partenaires de L'Itinéraire depuis 2010, la Fondation J. Armand Bombardier choisit pour une deuxième année consécutive d'appuyer la mission de notre organisme, nous confiant le soin d'identifier les besoins prioritaires. Grâce à un don annuel de 10 000 $, cette dernière appuie nos efforts et nous permet d'offrir de la formation et des services psychosociaux à nos camelots. Monsieur J. Armand Bombardier a misé sur le travail en tant que valeur pour construire l'une des plus grandes entreprises qui emploie des milliers de personnes au Québec et dans le monde. Nous sommes fiers que sa fondation reconnaisse nos efforts pour améliorer la condition de vie des plus démunis par la création de travail adapté à leurs conditions. Créée en 1965, la Fondation souhaite perpétuer l'œuvre humanitaire de Joseph-Armand Bombardier et ainsi

Don pour soutien aux

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contribuer à la réalisation de la responsabilité sociale de Bombardier. Les orientations de cette Fondation sont inspirantes, car elles prônent le fait que les organismes communautaires agissent en complémentarité et que chacun d'entre eux possède une partie de la solution. En 2010, la Fondation J. Armand Bombardier dépassait le cap des 100 millions de dollars versés à des milliers d'organismes d'aide et de santé partout au Québec. Depuis 2011, elle offre un programme de développement des capacités organisationnelles aux entités qui reçoivent du financement, les aidant ainsi, au-delà du soutien financier, à la création d'une communauté qui favorise de meil-

leures pratiques. En 2015, la Fondation J. Armand Bombardier fêtera ses 50 ans. L'Itinéraire la remercie de faire une différence et d'être promoteur de changements pour une société plus juste et plus équitable.

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Deuxième édition du mardi des tuques pour L'Itinéraire Le mardi 4 février dernier, un groupe dynamique de bénévoles constitué de professionnels œuvrant chez Intact s'est réuni au métro McGill. En collaboration avec le l'équipe de L'Itinéraire, le groupe a échangé avec le public afin de les inciter à se procurer une tuque, symbole de leur engagement envers la cause de l'Itinérance. PAR ÉLIZABETH JULIEN-ROCHELEAU

Intact s'allie à titre de partenaire principal à la campagne nationale des tuques chapeautée depuis plus de 15 ans par l'organisme Chez Toit. Cet événement se déroule dans plusieurs grandes villes canadiennes le premier mardi de février chaque année. Il vise à sensibiliser la population au problème de l'itinérance tout en récoltant des fonds finançant des actions locales réalisées par des organismes partenaires ou comme L'itinéraire. Les fonds amassés durant cette campagne furent di-

visés entre plusieurs organismes travaillant auprès des sans-abri et les différentes initiatives nationales de Chez Toit visant à apporter des solutions à long terme au phénomène. Intact accomplit un geste engagé et exemplaire envers la cause des sans-abri. C'est pourquoi L'Itinéraire est fier d'être un partenaire dans cette campagne, dont les résultantes agissent directement sur l'élaboration de solutions viables envers les plus vulnérables de notre société.

L'équipe de bénévoles Intact, lors de la campagne des Tuques Chez Toit 2014

PROGRAMME ACTION Action est un programme de pré-employabilité dont l’objectif est de permettre aux personnes éloignées du marché du travail de cheminer personnellement et professionnellement. Cette expérience se vit dans un cadre préparatoire à un retour sur le marché du travail. Pour participer au PROGRAMME ACTION La personne doit être prestataire du Programme d’aide sociale ou du Programme de solidarité sociale et présenter des caractéristiques associées aux personnes éloignées du marché du travail. Si vous désirez participer au PROGRAMME ACTION, veuillez communiquer avec Sylvie Gamache par courriel à sylvie.gamache@itineraire.ca ou par téléphone au 514 597-0238 poste 222.

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l'adoPtioN dE la PolitiQUE EN itiNéraNCE :

Une avancée majeure ! Le 27 février dernier, le gouvernement du Québec annonçait l'adoption de sa Politique nationale de lutte à l'itinérance. «Enfin !» ont déclaré tant le RAPSIM que le Réseau SOLIDARITÉ itinérance du Québec (RSIQ), qui portaient cette demande depuis 2006, poussant aussi un gros un soupir de soulagement que celle-ci soit lancée avant le déclenchement des élections. Car une fois adoptée, cette Politique ne pourra être remise en question et représente maintenant un levier pour obtenir les actions globales qui doivent être menées pour réduire et prévenir l'itinérance.

iNFo raPsiM

PiErrE GaUdrEaU | coordonnateur du RAPSIM

(crÉdit photo : Marco carpintero)

P

our le RAPSIM, l'adoption de cette politique positionne l'itinérance comme un enjeu majeur, dépassant les plans d'action et la durée de vie des gouvernements. À l'instar de la politique en matière de violence conjugale et de celle contre l'homophobie, une Politique en itinérance permet de faire de cette question un enjeu de société. Elle affirme aussi le refus de voir l'itinérance comme une fatalité. En identifiant différents axes d'intervention pour prévenir et réduire le phénomène, tels le logement, les services de santé, le revenu et la réinsertion sociale, l'espace public et le besoin de formation, cette politique répond à la complexité et la diversité des situations vécues par les personnes itinérantes. Malgré ce que certains avancent, il n'y a pas de solutions magiques dans la lutte à l'itinérance, ni une seule solution pour répondre aux besoins. Dans son budget déposé mais non adopté, le gouvernement avait annoncé 3250 nouveaux logements sociaux, dont 500 pour les personnes itinérantes. Une annonce qui était dans la bonne voie pour le RAPSIM, qui demande que cette mesure soit reprise et bonifiée, et ce, sur plusieurs années par le prochain gouvernement. Il Anne Bonnefont , cooret Nathalie faut agir aussi comme le prévoit la poli- donnatrice Rech ex coordonnatrice tique sur de nombreux autres fronts. Les du Réseau SOLIDARITÉ partis devront dans les prochaines élec- itinérance du Québec a été à l'origine de la tions s'engager à mettre en œuvre cette qui demande d'une Politique politique avec les moyens adéquats . en itinérance.

deux autres bonnes nouvelles! La lutte à l'itinérance a reçu deux autres appuis importants cet hiver. Fin janvier, les gouvernements fédéral et québécois convenaient d'une entente pour maintenir en 2014-2015 l'aide apportée aux différentes actions soutenues par la Stratégie de partenariats de lutte contre l'itinérance (SPLI). Depuis déjà un an, le gouvernement fédéral vise à orienter la SPLI vers le Housing first, un modèle d'intervention ciblé sur une réponse en logement privé pour une partie de la population itinérante. Cette vision a rencontré depuis une opposition ferme du gouvernement du Québec, de la Ville de Montréal et du milieu communautaire. La suite de la SPLI pour 20142019 reste à voir, mais le maintien pour cette année de l'aide apportée à Montréal à 25 000 personnes dans plus de 50 d'organismes est une très bonne chose. Ensuite, il faut souligner l'effort important fait par l'Agence de la santé de Montréal qui, au début février, a voté des crédits récurrents de 1,3 millions $ pour appuyer le soutien communautaire en logement social. Cette intervention permet de soutenir la stabilité résidentielle de locataires en difficulté. Plus de 500 000 $ ont alors été affectés à des organismes offrant du logement à des personnes en situation ou à risque d'itinérance.

15 mars 2014 | ITINERAIRE.CA

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Faisons paye les pauvres r

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Comment établir la curatelle d'un père âgé, inapte, si les trois (3) enfants ne se parlent pas et s'il n'y a pas de mandat en cas d'inaptitude ?

A

u dernier numéro, nous avons expliqué qu'en matière d'incapacité, un rapport d'évaluation médicale et un rapport d'évaluation psychosociale doivent être obtenus pour prouver l'incapacité. Si un mandat d'inaptitude existait, la procédure est l'obtention d'un jugement en homologation du mandat. En l'absence d'un mandat d'inaptitude, un régime de protection à un majeur doit être créé. Une requête est déposée, accompagnée du rapport d'évaluation médicale et du rapport d'évaluation psychosociale démontrant l'inaptitude. Cette requête demande au juge d'ordonner la convocation d'un conseil de famille. Pour nommer un curateur et un conseil de tutelle, ce conseil de famille se tiendra devant le greffier spécial de la Cour supérieure. Doivent être convoqués à cette assemblée tous les ascendants, tous les frères et sœurs majeurs, le conjoint et les enfants majeurs. Le Curateur public du Québec doit être mis en cause. Lors de l'assemblée de famille, au moins (5) cinq personnes devront être présentes. Ces personnes devront s'entendre sur la nomination d'un curateur et d'un conseil de tutelle d'une (1) ou trois (3) personnes, suivant les circonstances. Le curateur n'est pas membre du conseil de tutelle, lequel conseil de tutelle aura comme devoir la surveillance du curateur. À défaut d'entente, le dossier sera transféré devant le juge de la Cour supérieure, qui choisira le curateur et le conseil de tutelle. Ce curateur aura les simples pouvoirs d'administration (pas le pouvoir de disposer de biens de valeur sans la permission du Tribunal) et d'un conseil de tutelle. Si aucun intéressé ne désire être curateur ou membre du conseil de tutelle, le Tribunal nommera le Curateur public du Québec à ces deux (2) postes.

Découvrez les grandes innovations sociales, parcourez des entrevues inspirantes et des dossiers fouillés préparés par des journalistes professionnels dans la section ACTUALITÉS. Laissez-vous toucher par nos camelots qui prennent la plume pour s’exprimer dans LE CŒUR DE L’ITINÉRAIRE, où se trouvent également les chroniques JUSTICE, INFO RAPSIM et les analyses pertinentes de l’économiste indépendant IANIK MARCIL. Détendez-vous au fil des pages de la section PANORAMA avec ses chroniques VIVRE, LIVRES, ses portraits de créateurs et ses suggestions culturelles stimulantes.

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ITINERAIRE.CA | 15 mars 2014

FEU VERT À EDGAR BORI


L'argent fait le bonheur Si vous n'aviez que 700 $ par mois comme revenu, seriezvous heureux ? Que nous le voulions ou non, nous sommes imbibés de l'héritage moral judéo-chrétien : l'argent ne fait pas le bonheur, il pourrait même alimenter notre malheur. Et pourtant...

ianik marcil

PAR IANIK MARCIL | Économiste indépendant

photo: kim auclair

L

'appel au dépouillement, à la vie frugale et au détache- aux revenus modestes contribuera davantage à stimuler ment matériel du Christ, de Saint-François d'Assise ou l'économie locale par sa consommation que la personne d'à peu près toutes les grandes figu­res de toutes les re- riche qui soit épargnera ce 100 $ supplémentaire, soit le ligions est séduisant. Intuitivement, nous avons l'impression, dépensera possiblement en consommant des babioles sinon la certitude, que le bonheur se situe ailleurs que dans venues de l'étranger. la possession matérielle. L'accomplissement de soi, l'amour, Mais ceci est une autre histoire. L'important est que l'argent l'amitié, la création, la justice et la liberté fait le bonheur, particulièrement lorsqu'on constituent autant d'aspirations plus noest pauvre. L'argent libère, la richesse perbles que les «vulgaires» gains matériels. met l'accomplissement humain. Il s'agit La science là d'une réalité que nous avons de la diféconomique a, Et pourtant... ficulté à accepter. La science économique Si vous n'aviez que 700 $ par mois a, depuis plus de 150 ans, essayé de depuis plus de comme revenu, comment pourrieznous faire croire que le bien-être matévous espérer atteindre ces buts ? Bien 150 ans, essayé de riel équivalait au bien-être tout court – au entendu, nul besoin d'étaler une liasse bonheur. Loin s'en faut, évidemment. nous faire croire C'est la raison pour laquelle des évalude billets de banque sur la table de cuisine pour prouver son amour ou pour quantitatives, rationnelles, chifque le bien-être ations apprécier toute la beauté d'un poème. frées du bien-être dépassant la richesse En revanche, si votre horizon se limite matériel équivalait économique ont été proposées. bien malgré vous à l'échéance fatidique Du «bonheur national brut» du Bhouau bien-être tout tan à l'Indice relatif du bonheur québécois, de la fin du mois, il y a fort à parier que le fait que votre énergie, votre concen- court – au bonheur. gouvernements et scientifiques cher­ chent à mesurer, à quantifier ce qui cons­ tration et vos priorités soient orientées titue notre bien-être. Il y a là une notion vers la survie vous empêchera de goûter un peu coloniale du «bon sauvage» qui sereinement ces aspirations. s'exprime, mine de rien : l'Africain idéCar voilà, l'argent libère, en quelque sorte. Particulièrement lorsqu'on est pauvre. Si vous alisé dans sa communauté n'a-t-il pas des besoins plus donnez 100 $ à quelqu'un qui reçoit 700 $ par mois, modestes que les nôtres pour être heureux ? N'y a-t-il l'impact ne sera évidemment pas le même que si vous pas une morale asservissante qui nous fait croire que donnez le même 100 $ à quelqu'un qui gagne 7000 $ nous devrions rejeter les petits plaisirs de la vie occidenpar mois. Pour la première personne, il y a fort à parier tale au profit d'un idéal de vie frugale ? Racontez cela à qu'elle consommera ce 100 $ et améliorera sa qualité celle ou celui qui gagne 700 $ par mois et qui peine à voir de vie, alors que, pour la seconde, le même montant le premier du mois arriver. Êtes-vous libres ? ne changera pas grand-chose. Qui plus est, la personne

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Dignité Pauvreté

Plus de six millions de personnes à travers le monde votent pour la dignité en achetant un journal de rue. En agissant ainsi, ils participent à changer la vie de 27000 camelots dans 40 pays, représentant plus de 120 journaux de rue différents. En retour, les lecteurs profitent d’un journalisme indépendant de qualité, tout en sachant qu’ils ont fait une différence.

Votez pour la dignité.


PaNoraMa

Par sylVaiN-ClaUdE FilioN

le diamant qu'on n'attendait plus Un cas sans doute unique dans les annales d'ici : un nouvel album original après 28 ans de silence. On aurait pu craindre le pire, mais au contraire, tout l'amalgame Fiori y est, et plus encore : douceurs atmosphériques, densité musicale dans des arrangements de dentelle, quelques pointes de blues (Démanché, Zéro à dix), cuivres élégiaques dans Laisse-moi partir, la nécessaire mais réussie toune radio (Le monde est virtuel) et surtout, des rimes rares comme seuls les créateurs inspirés peuvent en commettre : J'aimerais tellement ça que tu me dises/Les mots qui chantent dans son église (Seule). Chez Fiori, tout est yin/yang, force/fragilité, le prosaïque du quotidien côtoie le spleen baudelairien et, magie, sa voix intacte nous ramène 40 ans en arrière tout en offrant un propos non pas contemporain, mais intemporel. En ouvrant enfin son huître, Fiori n'accouche pas d'une perle, mais d'un véritable diamant.

sErGE Fiori

Serge Fiori, GSI Musique

l'art rend-il heureux? Jean-Sébastien Ouellet en fait la preuve par sept, avec autant de portraits de personnalités qui s'avèrent aussi dissemblables les unes que les autres. Sept parcours qui démontrent comment la découverte, la pratique et l'amour des arts visuels peuvent améliorer une vie. Parmi ces portraits, celui de Gilles Leblanc, participant à un programme de L'Itinéraire, qui réalise des toiles et des collages. Le documentaire sera présenté dans le cadre du 32e Festival International du Film sur l'Art (FIFA).

L'ART FAIT DU BIEN

Mardi 25 mars, 18h30 et jeudi 27 mars, 13h30 Musée des beaux-arts de Montréal Auditorium Maxwell-Cummings

toute la gamme et toute la gomme Critique musical redouté à la plume parfois corrosive, Claude Gingras partage à coups d'anecdotes et de confidences ses 60 années à courir les coulisses de la scène musicale. Présenté sous la forme d'un abécédaire, il y parle des maestros, compositeurs, interprètes, ensembles et événements qui ont marqué les dernières décennies. Tour à tour croustillant, attendrissant, érudit et d'une authenticité à faire grincer des dents, Gingras n'est toutefois jamais méchant – à peine entrevoit-on le sourire de celui à qui le temps a donné raison - d'autant plus que le prodigieux savoir de cet homme illumine l'ouvrage, qui est beaucoup trop court!

photo: Martin Gros

NOTES

de Claude Gingras, Les éditions La Presse, 214 pages.

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autoportrait sans moi

Un homme, cinquante visages La nature des hommes sans artifices, voilà ce que nous propose le cinéaste Danic Champoux avec Autoportrait sans moi. Le réalisateur sortant d'une résidence de deux ans à l'Office national du film (ONF), présente un documentaire fort en émotions, braquant les projecteurs sur les confidences d'une cinquantaine d'individus. Par Marie-Christine Gaudreau

e sont les personnages et leur authenticité qui font qu'un film est bon. L'histoire qu'ils racontent n'a pas tellement d'importance, il s'agit de la manière dont ils le font», raconte Danic Champoux en réponse à son questionnement à savoir ce qui fait qu'un film est bon ou ne l'est pas. Le réalisateur désirait mettre en scène des personnages attachants, de ceux que l'on ne veut plus quitter. Comme le titre du film l'indique, le documentariste a choisi de s'ef-

facer complètement pour donner la parole à Monsieur et Madame Tout-le-monde. Les parcelles de chacun, assemblées par le cinéaste, finissent par lui ressembler. Danic Champoux a reçu 300 candidatures pour son projet. Il en a retenu 150 qu'il a passées en entrevue et une cinquan-

À l'ère où les caméras font partie intégrante de notre quotidien, Danic Champoux remarque que les gens se confient plus facilement à elles qu'à leurs proches. «Malgré la spontanéité des réseaux sociaux pour exprimer ce que l'on ressent à la vue de tous, l'intérêt que l'on y porte est superficiel, déplore-t-il. Que quelqu'un soit là pour les écouter avec un réel intérêt pour leur histoire a contribué à obtenir des témoignages aussi touchants.»

«Beaucoup de gens ont été pris au jeu en se confiant plus qu'ils n'auraient cru le faire.»

Une cinquantaine de personnes se confient à la caméra dans Autoportrait sans moi.

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taine d'entre elles se retrouvent dans le film. «J'ai voulu créer une ambiance intime, propice à la confidence. J'ai eu l'impression que beaucoup de gens ont été pris au jeu en se confiant plus qu'ils n'auraient cru le faire», constate le réalisateur.

la mort, sont autant de sujets qui sont abordés durant le parcours déstabilisant que nous fait vivre Danic Champoux. «Mon but n'était pas de produire un film dramatique. D'ailleurs, j'aurais pu faire quelque chose de beaucoup plus noir avec les histoires que j'ai entendues en entrevue», confie le cinéaste. Il explique la détresse qu'on ressent dans le documentaire par la volonté des gens à livrer quelque chose de gros. «Les gens savent qu'ils vont passer au grand écran et ils ne veulent pas y raconter des banalités. J'ai dû intervenir à plusieurs reprises pour

Confiez-vous, vous êtes filmés

Le documentaire au style épuré et intime nous plonge dans les histoires plutôt sombres de ses sujets. La solitude, la séparation, la dépendance, la violence,

PHOTO : ONF

C

«

Picolo, itinérant bien connu du Plateau Mont-Royal qui s'est enlevé la vie l'automne dernier, a participé au documentaire.


détendre l'atmosphère en abordant des sujets plus légers pour sortir du drame», continue-t-il. Les témoignages se déroulent sur fond blanc. Le documentariste a fait ce choix par souci de neutralité. «Je voulais mettre les gens à nu pour qu'il n'y ait pas place au jugement. Le fond blanc est neutre. Je ne voulais pas aller les rencontrer chez eux, c'est trop

«Je voulais mettre les gens à nu pour qu'il n'y ait pas place au jugement.»

l'ombre et la lumière sont exploitées sur plusieurs plans, à même les personnages. «Dans ces cas-là, j'y suis vraiment allé selon mes envies. J'ai donné de la lumière ou de l'ombre à qui je le désirais selon ce qui me plaisait, me touchait ou me répugnait dans leurs témoignages», confie le cinéaste. Le réalisateur se plaît à nommer ces apparitions de lumières «les petits démons». «Il ne faut pas oublier la notion d'autoportrait», rappelle Danic Champoux pour expliquer ses choix. Selon lui, l'image physique ne dit rien sur une personne. Il a voulu prendre sa place, exposer ses goûts à travers la vie des gens. Il dit avoir fait le portrait de ce qu'il considère être son intériorité à la manière d'une petite œuvre d'art. «Tout est subjectif dans ce film, du début à la fin», avoue le réalisateur. Il souligne qu'il n'y a Danic Champoux, réalisateur pas de message précis derrière d'Autoportrait sans moi, docule procédé. «Les gens sont libres mentaire créé lors d'une résidence de deux ans à l'ONF. de l'interpréter à leur manière. Toutefois, j'ai remarqué que, personnel, ça en dévoile trop», dans l'ensemble, les gens sont soutient-il. déçus par la vie. Elle ne répond pas à leurs attentes, même si Un tableau à mon image elle est généreuse», constate Outre lors des transitions, Danic Champoux.

Picolo, itinérant bien connu du Plateau Mont-Royal qui s'est enlevé la vie l'automne dernier, a participé au documentaire. Le réalisateur s'étonne de la vivacité de ce dernier. «C'est la personne qui a eu la vie la plus difficile, il a toujours vécu dans la rue et pourtant on respire quand on le voit. Il est resplendissant, il fait du bien! Depuis le tout début, c'était évident qu'il serait dans le film», raconte le cinéaste. À la suite de son décès, le film lui a été dédié. Une note commémorative apparaît à la fin du générique.

Autoportrait sans moi, une production de l'ONF par Danic Champoux, sort en salles le 14 mars 2014 au cinéma Excentris. Le documentaire sera aussi disponible en ligne au www.onf.ca.

public en lui faisant vivre une expérience. «Je veux susciter des réactions, des émotions», confiet-il. Il considère que le visionnement de son documentaire nécessite une certaine sensibilité à l'art, mais qu'il est accessible à tous. «Tout le monde peut être touché. D'ailleurs, j'annonce dès le départ les couleurs du film; je présente des gens simples, sans artifices. Tout le monde peut s'y reconnaître quelque part.»

Expérience hors du commun

Danic Champoux dit être sorti grandi de son expérience. Il est conscient qu'il ne vivra plus jamais une chose pareille, qu'il a goûté à un sentiment de liberté unique. «J'ai eu la chance de sortir de ma zone de confort encadré par une équipe formidable et ça m'a permis de comprendre qu'il y avait différents styles de documentaire», se réjouit le résident sortant. Avec Autoportrait sans moi, Danic Champoux espère toucher son

«Dans l'ensemble, les gens sont déçus par la vie. Elle ne répond pas à leurs attentes.»

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ViVrE

Par dENysE MoNté

Blé noir, teint rose

photo : 123Fr.coM/lJupcosMokoVski, andreYstarostin, sarah holMlund

Très riche en magnésium, en protéines, en fibres, en composés antioxydants, le sarrasin n'en finit p l u s d 'av o i r des qualités! Un autre de ses atouts : il ne contient pas de gluten. Son index glycémique bas en fait un aliment de choix pour les personnes souffrant de diabète. C'est un allié des probiotiques. Il renforce leur action, favorisant ainsi une flore intestinale saine, grâce à la précieuse fagomine qu'il contient. Des chercheurs espagnols se sont activement intéressés à cette molécule, car elle représente une arme efficace pour lutter contre l'obésité, en ralentissant l'absorption des glucides et retardant la sensation de faim. Galettes, croquettes, céréales chaudes, pain ou recettes au kasha (sarrasin grillé)... Ensoleillez vos assiettes avec le «blé noir».

Crue, la caro tte

Badminfun Un volant, une raquette poids plume, un partenaire de jeu poids santé, pas de contre-indication médicale, c'est tout ce qu'il vous faut pour devenir badiste, c'est-à-dire adepte de badminton, et éventuellement, passionné de ce sport complet. Pourquoi complet? Parce qu'il fait travailler le corps de bas en haut, jusqu'aux fonctions cérébrales; il améliore les capacités psychomotrices, l'acuité visuelle, l'endurance, les réflexes, la précision, l'équilibre, la concentration et la coordination. Enfin, le badminton est aussi un bon remède contre le surpoids, le stress et l'anxiété et puis, il «fait sortir le méchant». Une suggestion : le badminfun récréatif, une activité offerte au Centre Jean-Claude Malépart pour les joueurs débutants (cjcm.ca).

Le mois de la nut suit. Pour cert rition se pouraines person nes, le crudivorism e (manger cr u) est LA façon de s'al être en santé imenter pour , considérant que la cuisson dét ruit une bonn e partie des en zymes conte nus dans les alim ents. Mais se lon le Centre de Il vaudrait mieux dire adieu à cette bonne (?) vieille référence sur l'alimentation eau de Javel qu'on utilise depuis le XVIIIe siècle, de l'Université de Montréal, selon les spécialistes de l'environnement. Vouloir les dans la nourrit enzymes tout désinfecter chez soi serait peine perdue, parce ure ne sont pas indispen qu'une pièce nettoyée se contamine aussitôt qu'on sables à la digestion, les y circule. Cette pratique favorise de surcroît les bacorganes digestifs sécr téries résistantes dans nos maisons. Rejetés dans étant toutes les en l'environnement, les javellisants libèrent du chlore. Il zymes nécessaires à en résulte des composés très toxiques pour la faune et ce processus. Un bo pour nous aussi, puisqu'ils s'accumulent dans la chaîne n côté de l'alimenta alimentaire. Alternatives : les javellisants sans chlore et les tion vivante, c'est produits faits maison à base de vinaigre, jus de citron, bicarqu'elle comporte un bonate de soude, borax, vapeur d'eau chaude ou peroxyde ap port considér d'hydrogène et huiles essentielles. able en antioxydan ts en raison d'u ne forte consom mation de graines, noix , fruits et légumes frais. À grande épreuve, grand bénéfice. Tel est le curieux adage que laisse inspirer une récente étude menée à l'Université de la Colombie-Britannique. Des scientifiques ont mis en évidence le fait que vivre des moments difficiles — maladie grave, divorce, faillite, décès — augmente la capacité future de l'individu à reconnaître et à apprécier les aspects positifs de son existence. Pour arriver à ce résultat, les chercheurs ont analysé les réponses de 15 000 volontaires à leur questionnaire portant sur l'aptitude à savourer la vie. Il est clairement apparu que cette disposition ne se développe que lentement et progressivement à la suite de l'événement difficile.

Clore le bec au chlore

le malheur rend plus optimiste?

Sources : nutriting.com, cjcm.ca, journaldelascience.fr, consoGlobe. 15 mars 2014 | ITINERAIRE.CA

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L'ITINÉRAIRE rECoMMaNdE

Grâce au génie de Moment Factory, BIORAMA est une expérience sensorielle hors du commun qui vous attend à la zone d'introduction à la visite du Biodôme (4777, avenue Pierrede-Coubertin, espacepourlavie.ca). On le dit virtuose incomparable, charismatique, incontournable. Vient le jour où il faut bien aller vérifier soi-même si le violoncelliste YO-YO MA est à la hauteur de sa légende. Avec sa complice la pianiste Kathryn Stott, il interprète des œuvres de Brahms, DeFalla, Guarnieri, Messiaen, Piazzolla, Stravinski et Villa-Lobos dans un récital présenté en coproduction avec Pro Musica, le mercredi 19 mars, à la Maison symphonique de Montréal (osm.ca). C'est pour souligner le 30e anniversaire de sa création que Lorraine Pintal a mis en scène ALBERTINE EN CINQ TEMPS de Michel Tremblay, chef-d'œuvre de notre dramaturgie contemporaine. Jusqu'au 10 avril au Théâtre du Nouveau Monde (tnm.qc.ca). Empowerment et sexualisation du corps de la femme en danse moderne : Jade Marquis teste ses possibilités dans MISS et la contorsionniste Andréanne Leclerc questionne la pratique qui l'a « doucement dévorée de l'intérieur » dans MANGE-MOI. Tangente présente ces deux visions chorégraphiques au Studio Hydro-Québec du MonumentNational du 20 au 23 mars (tangente.qc.ca). Revoir dans sa version originale anglaise le monumental GLENGARRY GLEN ROSS de David Mamet est un plaisir que nous propose le Centre Segal des arts de la scène jusqu'au 30 mars, dans une mise en scène de David Flicker (segalcentre.org). De beaux textes et de la verve dans l'opus LE SANS VISAGE de DAN BIGRAS, son premier disque depuis près d'une décennie. Si la pièce titre fait référence à l'itinérance, le reste de l'album est parfois festif, parfois grave. Plusieurs invités dont les joyeux compères improvisés de La Touiteure Gospeule Coailleure.

Par ValENtiNE BoUrGEois, sylVaiN-ClaUdE FilioN Et GENEViÈVE GaGNé

liVrEs

allergiques au débat? Souvent considérés comme fuyant la polémique, les Québécois ne seraient peut-être pas aussi allergiques aux débats et à la chicane qu'on le pense. C'est ce que ce livre dévoile en revenant sur des événements significatifs de l'actualité québécoise des années 1990 et 2000. L'affaire Mordecai Richler en est un exemple. À la suite d'un article publié dans le magazine américain New Yorker, l'auteur montréalais connu pour ses positions controversées sur la loi 101 sème toute une polémique dans la province. S'ensuivront de vifs débats d'idées sur cet essai provocateur. Le livre fouille les répercussions et parfois les glissements des débats publics survenus dans la Belle Province. On s'attarde même aux débats dans le web à travers le phénomène des blogues comme outil de discussion. (GG)

Un Québec polémique : Éthique de la discussion dans les débats publics

Par Dominique Garand, Laurence Daigneault Desrosiers, Philippe Archambault. Hurtubise, 452 pages.

toujours d'actualité La réputation d'agitateur de Noam Chomsky n'est plus à faire. Dans Le bien commun, condensé de sa pensée politique exposée maintes fois au cours des 20 dernières années, il écorche au passage la rectitude politique de la gauche américaine, les relations internationales et les médias. Pour ce faire, le célèbre linguiste s'est entretenu avec le journaliste indépendant David Barsamian avec qui il a déjà collaboré pour plusieurs livres. Bien que les entretiens aient été réalisés entre 1996 et 1997, les réponses demeurent actuelles et peignent un portrait bien sombre de notre démocratie. Tout espoir n'est pas perdu, car en conclusion, Chomsky propose des pistes de solutions pour s'attaquer à ce qu'il appelle le capitalisme d'État ordinaire. (VB)

Le bien commun

Par Noam Chomsky. Écosociété, 190 pages.

irrévérencieux cri du cœur Ronflements, douleurs arthritiques, faire pipi et autres petits bobos finissent par devenir des préoccupations lorsqu'on franchit le cap de la cinquantaine. Ex-prof et ex-directeur d'école, Yvon Lemieux se raconte dans cet essai aussi lucide que ludique, se déployant sous forme de tranches de vie qui ne sont que des prétextes pour relater le passé tout en interrogeant le présent. Il oppose ainsi la saine simplicité d'autrefois aux excès consuméristes et futiles de la société actuelle. Avec un verbe plein de verve et un humour acidulé, l'auteur dresse un constat critique du monde «moderne», mais soulève surtout une interrogation qui nous concerne tous : quelles traces laisserons-nous derrière, quand viendra la fin? (SCF)

Hanté par son âge – Un homme se raconte Par Yvon Lemieux. Éditions Publistar, 198 pages.

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À ProPos dU...

BoNHEUr

Le bonheur ne s'écrit pas, il est comme les étoiles filantes: celui qui ne le voit pas ne le verra jamais.

MarCEl aCHard

HaFid aGGoUNE

Le bonheur, c'est avoir une bonne santé et une mauvaise mémoire. iNGrid BErGMaN

Le bonheur, c'est la somme de tous les malheurs qu'on n'a pas.

Quand j'étais petit, ma mère m'a dit que le bonheur était la clé de la vie. À l'école, quand on m'a demandé d'écrire ce que je voulais être plus tard, j'ai répondu «heureux». Ils m'ont dit que je n'avais pas compris la question, je leur ai répondu qu'ils n'avaient pas compris la vie. joHN lENNoN

Le bonheur consiste dans l'égalité des désirs et des forces.

Le bonheur arrive à ceux qui rient. ProVErBE jaPoNais

EUGÈNE FroMENtiN

Le bonheur compense en intensité ce qui lui manque en durée.

Un problème se résout dans la souffrance ou dans la joie. Cela dépend de vous. roBErto sHiNyasHiki

roBErt Frost

C'est important le bonheur, parce que si t'as pas le bonheur, t'es pas heu-reux ! yVoN dEsCHaMPs

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Si tu veux comprendre le mot bonheur, il faut l'entendre comme récompense et non comme but. aNtoiNE dE saiNt-EXUPéry

solidarité daNs lE Métro

il me manquait 25 cennes Quand mon mari est mort, comme nous n'avions pas d'enfants, je me suis retrouvée toute seule pour m'occuper de tout. J'ai été mal conseillée et j'ai perdu notre maison. J'ai été en appartement à Trois-Rivières, puis j'ai fini par déménager à Montréal pour travailler au salaire minimum dans un restaurant. Je m'étais trouvé un demi-sous-sol à Longueuil. J'en arrachais beaucoup. Y a des soirs où j'avais tellement peu de pourboires. Un soir, en rentrant du travail vers 11 h, après avoir eu pas de clients parce que la place marchait pas beaucoup, je fouillais dans ma sacoche pour payer le prix du métro. Il me manquait 25 cennes. Y avait un homme derrière moi, j'avais peur qu'il s'impatiente. J'étais tellement découragée que j'ai pas pu m'empêcher de commencer à pleurer. La guichetière était en train de me faire un signe qui disait «allez-y madame c'est correct». Mais il y avait l'homme derrière moi qui attendait et je pensais qu'il était fâché. Il s'est penché vers moi pour me dire «prenez votre temps madame, vous êtes pas la première en à arracher» et en même temps, il me mettait quelque chose dans la main. Il a dit : «C'est tout ce que j'ai sur moi». En attendant le métro, j'ai regardé; il y avait 17 $ en change. Pour moi, c'était comme s'il m'avait donné 17 000 $. Je le voyais à l'autre bout du quai. J'ai compris alors qu'il aurait été gêné si j'étais allée le voir pour lui dire merci. Aujourd'hui, je profite de vos pages pour lui dire MERCI. S. Lalonde

Envoyez-nous vos propres histoires de solidarité ou de beaux gestes dont vous avez été témoin ou partie prenante dans le métro et les autobus de Montréal à : courrier@itineraire.ca


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détENtE

Mots croisés L'Itinéraire - 15 mars 2014 1

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HORIZONTALEMENT Ne sortent pas facilement. Prêtera l'oreille - Après lui, le déluge? Recyclé - En terre. Pas contents - Gnon. Rocher à visiter - Pleure sûrement. Envoyée dans le champ - Air de diva - Préposition. Lèverai certaines pattes - Presqu'en état. Tour complet - Mise en place. Possessif - En Ille-et-Vilaine. Levant - Famille italienne - Fourrage.

1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12.

VERTICALEMENT Figure de style. Pointu - Mariés. Gavée - Fin de projet. Port d'Inde (et non pas cochon d'Inde...). Le feu au pavillon - Une sainte grand-mère. Courant africain - Riches. Passer très près. Fatigué - Roche. Brisée. Quartier de Berne - Eau des Pyrénées - Jouait de la lyre. Couche de luxe - Rêve d'athlète. Se déroulent quand on les lance.

6 7 8 9 10 Solution dans le prochain numéro

HORIZONTALEMENT 9. 1. AllureNe - À cesortent moment-là. pas facilement. Jeu10.réalisé MaxwoodMedia | grille@maxwood.ca Couvertepar de flocons. Prêtera l'oreille - Après lui, le déluge? 11. 2. Décoratif. 12. Giflées en sortant - Berges. 3. Recyclé - En terre. NIVEAU DE DIFFICULTÉ: MOYEN du 1er mars 4.Solutions Pas contents - 2014 Gnon. SOLUTION du 1er mars 2014 1 5. 2 Rocher 3 4 5 6à visiter 7 8 9 -10Pleure 11 12 sûrement. 8 4 2 1 S T R I D U L A T I O N 2 T 6. O Envoyée U B I B dans C le R champ R E - Air de diva - Préposition. 3 E N D I V I S I O N N E 6 1 7. Lèverai certaines pattes - Presqu'en état. 4 R U E S Q U E T E E S 5 I 8. S Tour Tcomplet U E R - Mise I M en place. 7 1 8 9 6 L E C R I S A G E S 9. Possessif - En Ille-et-Vilaine. 7 I N D U I T O L E N 9 6 5 1 8 S10. O Levant I R E -E Famille V O italienne U T A - Fourrage. 9 E N T E R P E R S A N 2 9 4 10 R E VERTICALEMENT E R M I S S E L S 1. Figure de style. 3 2. Pointu - Mariés. 3 9 1 6 3. Gavée - Fin de projet. 4 6 8 3 4. Port d'Inde (et non pas cochon d'Inde...). 5. Le feu au pavillon - Une sainte grand-mère. 1 8 6. Courant africain - Riches. Solution dans le prochain numéro 7. Passer très près. Jeu réalisé par Ludipresse | info@les-mordus.com 8. Fatigué - Roche. Feuil1

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Placez un chiffre de 1 à 9 dans chaque case vide. Chaque ligne, chaque colonne et chaque boîte 3x3 délimitée par un trait plus épais doivent contenir tous les chiffres de 1 à 9. Chaque chiffre apparaît donc une seule fois dans une ligne, dans une colonne et dans une boîte 3x3.

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FEU VErt À… GHislaiN tasCHErEaU

Passages obligés Vous allez faire une ballade en forêt. Sur les 2 ou 3 kilomètres que vous parcourez, vous voyez un coyote éborgné, un chevreuil à trois pattes, un lièvre pris au piège, une corneille en cage, un renard évanoui, une perdrix en crise et un raton laveur qui vomit. Vous sortez de la forêt traumatisé.

D La volonté politique n'existe plus. Il nous reste notre volonté à nous.

e retour en ville, vous marchez jusqu'au métro. Chemin faisant, vous croisez un mendiant qui tend un gobelet, un ivrogne qui chancelle, un sans-abri, par terre, enroulé dans son sac de couchage, un chanteur mendiant, un camelot de L'Itinéraire, une jeune fille édentée qui parle toute seule et deux distributeurs de journaux gratuits. Vous atteignez finalement le métro sans être le moins du monde traumatisé. Vous ne vous étonnez plus du tout de ces icônes de la misère et de la pauvreté car, pour vous, ce ne sont plus que des passages obligés. Parmi vos nombreux passages obligés, vous vous arrêtez presque uniquement aux journaux gratuits. C'est clair, puisqu'on les voit traîner un peu partout dans le métro. Et vous y lisez quoi ? Ce que l'«élite» veut bien que vous y lisiez. On y raconte, par exemple, que le Québec est dans le rouge et que vous devez vous serrer la ceinture. On vous annonce, sans gêne, que les banques ont fait des profits record. On vous balance quelques choquants témoignages de la commission Charbonneau (mais vous ne lisez pas les plus importants parce qu'ils sont interdits de publication). Dans un fouillis d'«informations» qu'on biaise du mieux qu'on le peut, on vous inonde de malheur pour entretenir votre impuissance.

Vous auriez dû acheter L'Itinéraire…

Chez l'«élite», chez ceux qui ont le pouvoir, il n'y a aucune volonté de changer les choses. Disons même : il n'y a aucune volonté, tout court, à part la volonté d'être réélu, de sauver les banques, la volonté de s'enrichir et d'enrichir les amis. Il y a cependant une volonté d'apparence, une volonté médiatique, une volonté polie. Mais il n'existe plus de volonté politique. Ne reste plus que cette volonté polie. Et la volonté polie est le propre des prometteurs, des vendeurs, des calculateurs, des menteurs.

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ITINERAIRE.CA | 15 mars 2014

Surgissent parfois quelques braves qui veulent vraiment changer les choses. Mais quand elle a envie de poindre, de sortir un peu la tête de l'eau, la volonté politique est aussitôt noyée dans un bain de liquide, de lobbys, d'allégations, de menaces, de salissage, de collusions, de corruption, d'àplat-ventrisme et de journalisme propagandiste.

je vous le dis: la volonté politique n'existe plus.

Mais alors, qui paiera pour les crimes commis, encore et encore, contre les Montréalais ? Contre les Québécois ? Personne, dites-vous ? Vous avez tort. Il n'y aura pas qu'apparence de justice, comme vous le croyez, car il y a déjà justice. Oui, oui, la justice opère déjà. Ceux qui payent pour tous les crimes de jadis et ceux relatés à la commission Charbonneau, nous les croisons tous les jours : ce sont nos passages obligés. Je vous le répète : la volonté politique n'existe plus. Heureusement, il nous reste la volonté du peuple. Il nous reste notre volonté à nous. Votre volonté à vous. Procurez-vous L'Itinéraire autant de fois que vous le pouvez. Votre volonté servira vraiment à quelque chose. Lisez L'Itinéraire autant de fois que vous le pouvez. C'est le seul et le dernier journal à vous dire toujours la vérité. À L'Itinéraire, les journalistes ne sont pas faits de plasticine. Ils sont droits et dignes. Ils sont authentiques. Procurez-vous vite et souvent L'Itinéraire afin que les passages obligés ne deviennent jamais des passages oubliés. Ghislain Taschereau est un touche-à-tout qui jongle dans le milieu artistique depuis plus de 25 ans. Il est comédien, narrateur, auteur et réalisateur, mais il se définit surtout comme un individu. À la télévision et à la radio, Ghislain a surtout œuvré avec les Bleu Poudre. Il est également l'auteur de quatre romans best-sellers, dont la trilogie de L‘Inspecteur Specteur. Ghislain publiera un cinquième roman à l'automne 2014.



Chez Tim Hortons, si nous ne pouvons servir notre café de première qualité dans les vingt minutes suivant sa préparation, nous ne le servons tout simplement pas. C’est pour cette raison qu’à chaque nouvelle carafe que nous préparons, nous y inscrivons l’heure. De cette façon, vous êtes assurés que nous vous servons un café toujours savoureux.


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