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viSaGeS de

Pierrette robitaiLLe découvrez les sept autres à l'intérieur!

Marie-HéLÈne FaLCon Quitte La SCÈne ZooM Sur tarek ayari Le tanGo de L'HoMoPHobie Feu vert À JaSMin roy

BIENS DE CONSOMMATION

Pas faits pour durer?


présente :

Accueil • Formation • Emploi • Régions • Entrepreneuriat • Installation

9 - 10 MAI 2014

Palais des congrès de Montréal

170 exposants Conférences gratuites Ateliers sur inscription

Entrée gratuite

www.salonimmigration.com Organisateur :

Commanditaires :

Partenaires :


tarek ayari Camelot No : 1142 | Âge : 49 ans Point de vente: Métro Mont-Royal

N

é à Tunis, Tarek a une belle enfance. À l'âge de 16 ans, il fait ses bagages afin d'aller découvrir le monde. Il fait le tour de l'Europe, puis revient chez lui en 1983 avec le sentiment d'avoir accompli ce qu'il avait à faire. À ce moment, il entreprend des démarches pour venir s'installer à Montréal. Il s'intègre bien et en 2006, il trouve un emploi qui le passionne. Tarek est agent de sécurité, tout se déroule à merveille. Mais il est diabétique et pour ne pas compromettre son contrat, il choisit de ne rien dire à son employeur. Jusqu'en 2012, il réussit à camoufler ses problèmes de santé. Puis, lors de son dernier contrat à la cité du commerce électronique, son secret finit par être révélé. Il se fait mettre à la porte. S'en suivent le chômage, puis l'aide sociale et les dettes. Tarek n'arrive plus à payer la totalité de son loyer, il se fait menacer d'expulsion. Il survit difficilement en vendant ses biens sur Internet. Confronté à son réfrigérateur vide, Tarek en vient à l'évidence qu'il doit agir pour ne pas mourir de faim. C'est au métro Laurier qu'il rencontre Samir, au printemps 2013. Le camelot lui parle de L'Itinéraire et il décide de venir voir. Il a trouvé ses débuts difficiles. «Ça prend énormément de courage pour crier L'Itinéraire dans le métro», confie-t-il. N'ayant jamais été dans la rue, n'ayant jamais mendié, ni manqué de rien, il a été difficile pour lui de s'avouer qu'il était passé d'un niveau de vie convenable pour se retrouver au bas de l'échelle sociale. «Le plus dur, c'est que les gens nous regardent comme des mendiants», explique-t-il. Tarek travaille présentement à l'écriture d'un spectacle humoristique avec lequel il souhaite faire un peu d'argent. Il espère aussi obtenir la garde de ses trois enfants les fins de semaine, mais pour cela, il devra se trouver un appartement plus grand. teXte : Marie-CHriStine Gaudreau PHOTO : GOPESA PAQUETTE

1er mai 2014 | ITINERAIRE.CA

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noS PartenaireS eSSentieLS de Lutte Contre La Pauvreté

L'Itinéraire a pour mission de combattre la pauvreté et l'exclusion par le travail et une place en société. Notre organisme soutient et fait travailler quelque 200 personnes par semaine. Le magazine est donc une entreprise d'économie sociale qui s'autofinance. Mais son volet services sociaux comprend différents programmes pour offrir de l'aide psychosociale, du soutien alimentaire et en logement ou encore des services adaptés aux jeunes. Sans nos partenaires principaux qui contribuent de façon importante à la mission ou nos partenaires de réalisation engagés dans les programmes, nous ne pourrions aider autant de personnes. L'Itinéraire, c'est aussi plus de 2 000 donateurs individuels et corporatifs qui aident nos camelots à s'en sortir. Merci à tous! la direction de L'Itinéraire tient à rappeler qu'elle  n'est pas responsable des gestes des vendeurs  dans la rue. si ces derniers vous proposent tout  autre produit que le journal ou sollicitent des  dons, ils ne le font pas pour L'Itinéraire. si vous  avez des commentaires sur les propos tenus  par les vendeurs ou sur leur comportement,  communiquez sans hésiter avec shawn Bourdages,  coordonnateur au développement social par  courriel à shawn.bourdages@itineraire.ca ou  par téléphone au 514 597-0238 poste 222.

PartenaireS MaJeurS

nous  reconnaissons  l'appui  fi nancier  du  gouvernement du canada par l'entremise du fonds  du canada pour les périodiques, qui relève de  Patrimoine  canadien.  les  opinions  exprimées  dans cette publication (ou sur ce site Web) ne  refl ètent pas forcément celles du ministère du  Patrimoine canadien.

PrinCiPauX PartenaireS de ProJetS

ISSN-1481-3572 n˚ de charité : 13648 4219 RR0001

DU MONT-ROYAL

Desjardins

L'itinéraire eSt MeMbre de

Le magazine l'itinéraire a été créé en 1992 par Pierrette Desrosiers, Denise English, François Thivierge et Michèle Wilson. À cette époque, il était destiné aux gens en difficulté et offert gratuitement dans les services d'aide et les maisons de chambres. Depuis mai 1994, l'itinéraire est vendu régulièrement dans la rue. Cette publication est produite et rédigée par des journalistes professionnels et une cinquantaine de personnes vivant ou ayant connu l'itinérance, dans le but de leur venir en aide et de permettre leur réinsertion sociale et professionnelle. convention de la poste publication no 40910015, no d'enregistrement 10764. retourner toute correspondance ne pouvant  être livrée au canada, au Groupe communautaire  l'itinéraire 2103, sainte-catherine est,  montréal (québec) h2K 2h9

Québecor est fière de soutenir l'action sociale de L'Itinéraire en contribuant à la production du magazine et en lui procurant des services de télécommunications.


Volume XXI, n˚ 9 rédaCtion et adMiniStration 2103, Sainte-Catherine Est Montréal (Qc) H2K 2H9 Le CaFé L'itinéraire 2101, rue Sainte-Catherine Est téLéPHone : 514 597-0238 téLéCoPieur : 514 597-1544 Site : WWW.ITINERAIRE.CA

Le MaGaZine L'ITINÉRAIRE : éditeur : Serge Lareault rédacteur en chef : Sylvain-Claude Filion Chef de pupitre actualités : Marie-Lise Rousseau Chef de pupitre développement social : Gopesa Paquette infographe : Louis-Philippe Pouliot Stagiaire à l'infographie : Antonio De La Cruz Stagiaire à la rédaction : Catherine Morasse Collaborateurs : Valentine Bourgeois, Sophie Chartier, Marie-Christine Gaudreau, Éric Godin, Denyse Monté et Annie-Kim Plante adjoints à la rédaction : Caroline Velleca, Hélène Filion, Lorraine Pépin et Marie Brion Photo de la une : Mario Jean (MADOC) révision des épreuves : Michèle Deteix, Lucie Laporte et Sabine Schir design et infographie du site internet : Vortex solution ConSeiLLÈreS PubLiCitaireS renée Larivière : 514 461-7119 | renee.lariviere18@gmail.com Josée Poirier : 514 273-5002 | josee.poirier@itineraire.ca Le ConSeiL d'adMiniStration Président : Stephan Morency vice-président : Gabriel Bissonnette trésorier : Yvon Brousseau Secrétaire : Serge Lareault Conseillers : Yvon Massicotte, Jean-Paul Lebel, Philippe Allard et Martin Gauthier L'adMiniStration directeur général : Serge Lareault Conseillère au financement et aux partenariats: Elisabeth Julien-Rocheleau Conseiller au développement social : Philippe Boisvert Coordonnatrice de l'administration et des ressources humaines : Duffay Romano adjoint aux communications et relations de presse : Dorian Keller éQuiPe de Soutien auX CaMeLotS Coordonnateur au développement social : Shawn Bourdages agent d'accueil et de formation : Pierre Tougas agent de soutien communautaire : Geneviève Labelle agent de soutien milieu de vie : Christian Torres GeStion de L'iMPreSSion TVA ACCÈS INC. | 514 848-7000 direCteur GénéraL : Robert Renaud CHeF deS CoMMuniCationS GraPHiQueS : Diane Gignac CoordonnatriCe de ProduCtion : Édith Surprenant iMPriMeur : Transcontinental

1er mai 2014

aCtuaLitéS Merci Nicole! Je souhaite dire un petit merci particulier à la camelot Nicole de la station de métro Longueuil pour sa bonne humeur contagieuse. À chaque fois que j'achète L'Itinéraire, je la trouve toujours gentille et elle est drôle à part de ça! C'est elle qui m'a fait découvrir les cartes repas de L'Itinéraire. J'en ai acheté quelques-unes et les gens à qui je les ai distribuées étaient tous très heureux de les recevoir, cela m'a fait chaud au cœur. C'est une très belle initiative qui saura profiter à tous! Demain je vais acheter mon macaron pour les 20 ans de L'Itinéraire et je vais l'accrocher fièrement à ma sacoche, car j'admire le travail de tous ceux et celles qui y participent de loin ou de proche. Fanny Adieu, Alain Charpentier Ça me chagrine de voir un autre bon bonhomme tomber au champ de bataille de la vie. Tout ce que je peux lui offrir, c'est une prière et une messe. […] Les exclus de notre supposée société super évoluée! Faites-moi rire, nous vivons dans un système basé sur l'hypocrisie et le mensonge. […] Les bien nantis se sont toujours fichés de ces morts en sursis, que sont les sans-abri. Cependant, je suis heureux, qu'il y ait un organisme comme L'Itinéraire. Michael À propos de la chronique Payer ou souffrir de Jean-Marc Boiteau M. Boiteau, je tiens à vous féliciter pour votre excellent article! [ndlr : édition du 1er avril] Une autre mesure simple pour réduire rapidement la souffrance des Québécoises et Québécois serait d'inclure certaines médecines douces à la carte soleil, dont la massothérapie. Des milliers de compétents thérapeutes sont disponibles à travers le Québec et soulagent déjà toutes sortes de maux au quotidien. Que ce soit dans le public ou le privé, payer ET souffrir, c'est un traitement inhumain qui ne fait qu'empirer le problème de santé publique et ironiquement améliore le PIB… Misez sur des bonnes habitudes de vie et son entretien, car plus on se frotte, plus on brille! raymond Lord, massothérapeute agréé

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7 ÉDitorial 8 ronD-Point 11 les 9 vies de

Pierrette robitaiLLe

14 Dossier

obSoLeSCenCe ProGraMMée

19 métro, boulot, Bonneau 20 HoMoPHobie   Deux pas en avant, deux pas en arrière

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Le CŒur de L'itinéraire

24 Le Cœur 26 Les mots des camelots 33 info raPsim 34 Justice 35 ianiK marcil

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PanoraMa

38 Marie-HéLÈne FaLCon   sortie de scène 41 ViVre 43 liVres 44 DÉtente 46 feu Vert À…  JaSMin roy

Ce magazine coûte

LES CAMELOTS SONT DES TRAVAILLEURS AUTONOMES 50 % DU PRIX DE VENTE DU MAGAZINE LEUR REVIENT


ENSEMBLE ! CONTRE LES POLITIQUES D’AUSTÉRITÉ JOURNÉE INTERNATIONALE DES TRAVAILLEUSES ET DES TRAVAILLEURS

csn.qc.ca

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éditorial

La culture du déni Reconnaître ses fautes est un vecteur de croissance personnelle. Que doit-on comprendre lorsque deux policiers du SPVM accaparent l'appareil judiciaire pendant douze ans et vont jusqu'en Cour suprême pour faire annuler une décision du Comité de déontologie à leur endroit? Sylvain-Claude Filion | sylvain-claude.filion@itineraire.ca

L

es faits. Le 5 septembre 1999, le sans-abri Jean-Pierre policiers. Pour un matricule 728 ingouvernable ou un Lizotte, alors intoxiqué, se touche le zizi devant les agent qui menace d'attacher un itinérant à un poteau à clients du Shed Café sur le boulevard Saint-Laurent. – 20° Celsius, il existe tout plein de policiers qui agissent Arrivé sur les lieux, l'agent Giovanni Stante laboure Lizotte avec bienveillance envers les sans-abri. à coups de poing pendant que le portier du bar maîtrise Déplorons plutôt la culture du secret qui régit les for­ l'itinérant en lui tenant les mains dans le dos. ces de l'ordre. En 1999, la police a attendu 53 jours pour La colonne vertébrale fracturée, Jean-Pierre Lizotte meurt, révéler publiquement la mort de Jean-Pierre Lizotte. On paralysé, quelques semaines après. En 2002, l'agent Stante peut imaginer qu'ils ne voulaient pas trop publiciser cette est acquitté des accusations d'homicide involontaire et bavure policière qui rappelait trop tristement le sort de de voies de faits graves, mais le Comité Richard Barnabé, battu à mort quelques de déontologie policière les blâme, lui et années auparavant dans la cellule d'un Personne n'est poste de police. son collègue Sylvain Fouquette, d'avoir «fait preuve de négligence et d'insouciance» récemment, le SPVM a refusé parfait; tout le dePlusrendre dans une intervention ayant causé mort publiques les mesures discid'homme. Et, détail sordide, de ne pas monde a le droit plinaires imposées à l'agent Gauthier, ceavoir informé l'infirmière, à l'urgence, que la qui a menacé un itinérant de l'attacher à l'erreur. Mais lui victime avait été rouée de coups. La peine à un poteau le 2 janvier dernier. Pourquoi est fort clémente : 25 jours de suspension si peu de transparence? Pourquoi nier pourquoi une sans salaire. que des erreurs se produisent? erreur policière S'en sont suivis tollé, manifestations, Elle inquiète, cette culture du pouvoir mais surtout, contestation de la part des parallèle qui semble régner au sein des est-elle si difficile corps policiers, surtout à la Sûreté du deux policiers. Il y a quelques jours, la Cour suprême a refusé de les entendre. Il faut Québec. Déjà, le Rapport Poitras sur les à admettre? s'interroger sur la motivation de ces derméthodes d'enquêtes de la SQ concluait niers, qui ont passé plus d'une décennie à en janvier 1999 que la SQ viole régucontester leur sanction devant les tribulièrement les droits démocratiques des naux. Personne n'est parfait; tout le monde accusés et les principes de la subordinaa le droit à l'erreur. Mais pourquoi une erreur policière est- tion des forces policières au système législatif. Des 175 elle si difficile à admettre? Pourquoi cette culture du déni? recommandations du rapport, aucune n'a été suivie. Pourquoi mobiliser un système judiciaire déjà enOn entend souvent dire que les policiers veulent qu'on gorgé et gaspiller l'argent des contribuables pour tenter les traite comme des êtres humains; qu'ils ne sont pas de faire casser une sanction non seulement méritée, des bœufs, des poulets ou des chiens. Mais pour ça, il mais franchement indulgente? Aller jusqu'à pleurnicher faudrait d'abord qu'ils cessent de se prétendre au-dessus devant la plus haute instance au pays, vraiment? Quel est des lois et qu'ils admettent humblement leurs fautes, l'intérêt public d'un pareil acharnement? lorsqu'ils en commettent. Gardons-nous bien de critiquer l'ensemble des corps Car l'erreur, justement, est humaine.

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PAR MARIE-CHRISTINE GAUDREAU, ÉRIC GODIN, CATHERINE MORASSE, ANNIE-KIM PLANTE ET MARIE-LISE ROUSSEAU

ROND-POINT

Les pommes de la colère

questions à

Manon Massé La cofondatrice de Québec Solidaire a été élue députée dans Sainte-Marie-Saint-Jacques, circonscription de L'Itinéraire. Quelles sont vos priorités comme nouvelle députée?

PAR CATHERINE MORASSE

Croquer dans une pomme et retrouver sa chair blanche comme neige des heures plus tard, un scénario de science-fiction? Au contraire! D'ici deux ou trois ans, la société britanno-colombienne Okanagan Speciality Fruits devrait mettre en marché les premières pommes génétiquement modifiées au Canada, conçues pour ne pas brunir. Greenpeace et d'autres groupes environnementaux craignent que la quantité inhabituelle de pollen produite par les pommiers contamine l'environnement. Sans parler de l'apparence trompeuse des pommes, qui pourraient être périmées sans en avoir l'air… (CM)

Tout un cadeau!

Photo : Delphine Delair

Le Parti Québécois prévoyait mettre en place sa politique en itinérance, mais elle est tombée à l'eau avec le déclenchement des élections. Je vais tout faire pour qu'elle se concrétise. Au point de vue local, je compte soutenir le développement de la coop Les Valoristes. Cette initiative permet aux gens à faible revenu de revendre des bouteilles consignées. C'est un très beau projet qui valorise les gens qui ramassent des bouteilles – d'où leur nom!

Avec un gouvernement Libéral majoritaire, quels défis s'imposeront à vous?

Le défi, c'est qu'on n'a pas le même point de vue dans les luttes contre les injustices sociales. On va les questionner en matière de justice sociale et d'environnement, surtout pour le forage d'Anticosti et le pipeline d'Enbridge. Québec Solidaire est le seul parti qui sert les intérêts de tous, et non d'une minorité. Nous allons utiliser notre levier pour diminuer les impacts négatifs sur la population.

Quelles solutions proposez-vous à l'itinérance?

Il faut reconnaître les droits des itinérants. C'est comme si on ne voulait pas les reconnaître comme étant des citoyens. Personnellement, j'en connais des dizaines par leur nom, car je les aime et les considère comme des humains normaux. La lutte à l'itinérance doit arrêter de faire la lutte aux itinérants.

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Pour célébrer son 15e anniversaire, le programme «La lecture en cadeau», de la Fondation pour l'alphabétisation, offrira un livre neuf à 38 504 enfants durant le mois de mai. Près de 400 000 livres ont été donnés depuis 1999. (MLR)


GODIN DANS LA RUE

ancrage pour nouveaux arrivants Pas facile de trouver ses repères lorsqu'on vient d'arriver dans un nouveau pays. C'est pourquoi le Salon de l'immigration et de l'intégration au Québec ouvre ses portes les 9 et 10 mai prochains au Palais des congrès. L'édition propose 170 exposants, une dizaine de conférences et 35 ateliers abordant les dix préoccupations les plus fréquentes des nouveaux arrivants telles que la vie à Montréal, le réseautage, l'intégration et le travail. (MCG) salonimmigration.com

Le noMbre

Le temps, c'est de l'argent!

Photo: Phocal.com/Denis roGer

C'est ce que démontre Bénévotemps, avec son encan des plus originaux. Le concept? Miser des heures de bénévolat plutôt que de l'argent pour se procurer une œuvre d'art. La troisième édition se déroule le 8 mai au Centre des sciences de Montréal. (MLR) benevotemps.ca

10,35 $

C'est le salaire minimum en vigueur depuis le 1er mai; une augmentation de 0,20 $ depuis l'an dernier.

Pas d'été sans calèche Imaginez-vous le Vieux-Port de Montréal sans ses calèches emblématiques? C'est ce que souhaiterait voir la SPCA de Montréal. Tout comme la ville de New-York qui a interdit les tours de calèche chez elle, la SPCA s'oppose à l'utilisation des chevaux pour tirer les calèches, car cette pratique nuit à la santé des chevaux. La SPCA est toujours en attente d'obtenir gain de cause. (AKP)

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rond-Point internationaL

Pologne | Médecine de rue

états-unis | Moins d'itinérants

L'Arizona semble en bonne voie pour loger ces vétérans sans-abri. Au cours des trois dernières années, la population itinérante a diminué de 3510 personnes et on attribue ce succès au Projet H3. Le projet mise sur la maison, la santé et l'espoir en appliquant l'approche du logement d'abord pour loger les vétérans sans-abri. La première étape est de trouver un logement pour ensuite fournir l'appui et les ressources nécessaires pour assurer une pleine transition vers un logement permanent. Les responsables admettent qu'on est loin de la perfection, mais l'approche semble donner de bons résultats. (Spare Change News)

Plusieurs Polonais n'ont pas d'assurance-maladie, alors Stowarzyszenie Lekarzy Nadziei (les Médecins de l'espoir) fournit des soins gratuits aux habitants de Cracovie et de Varsovie. Initialement une branche locale de Médecins du monde, l'organisme adopte une approche globale des soins de santé. Il regroupe généralistes, dentistes, dermatologues, cardiologues, chirurgiens et travailleurs sociaux. 10 000 interventions ont lieu chaque année dans les deux cliniques qui reçoivent jusqu'à 50 patients par jour, dont une grande partie d'itinérants. (WSPAK) La clinique des Médecins de l'espoir à Varsovie. Photo: aDrian szczePaniK

Le logement d'abord est en place à Phoenix en Arizona et à Salt Lake City dans l'Utah. Photo : sPare chanGe neWs

Monde | Wikileaks pour éléphants

En février, un groupe d'organisations internationales luttant contre le trafic d'animaux sauvages a lancé un site web pour encourager les dénonciateurs à les aider dans leur combat. WildLeaks est un portail en ligne où l'on peut fournir de manière anonyme des informations sur les crimes contre la faune et la flore. Le commerce illégal d'animaux sauvages rapporte 17 milliards $ par année, dont une partie servirait à financer le terrorisme en Afrique. WildLeaks réunit un ensemble d'anciens policiers, de journalistes et d'ONG environnementales. (IPS)

Éléphants des îles Andaman et Nicobar.

Photo : malini shanKar/iPs

australie | en attente

Deux nuits d'émeutes au début de l'année ont mené à la mort d'un demandeur d'asile dans un centre de détention australien à Manus au large de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Le centre détient près de 1100 personnes refoulées au large des côtes australiennes et les autorités restent muettes sur le traitement des demandes ou une éventuelle libération des réfugiés. Les politiques australiennes d'accueil des réfugiés ont été resserrées drastiquement en 2012 et depuis une seule demande du centre de traitement des demandes de Manus a été acceptée. (Open Democracy) Des soldats australiens patrouillent au

large des côtes du nord-ouest du pays. Photo : reuters/DaViD GraY

L'Itinéraire est membre du International Network of Street Papers (Réseau International des Journaux de Rue - INSP). Le réseau apporte son soutien à plus de 120 journaux de rue dans 40 pays sur six continents. Plus de 200 000 sans-abri ont vu leur vie changer grâce à la vente de journaux de rue. Le contenu de ces pages nous a été relayé par nos collègues à travers le monde. Pour en savoir plus, visitez www.street-papers.org.

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renContre

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Les visages de Pierrette robitaille Sacrée meilleure actrice aux Jutra pour Vic + Flo ont vu un ours, Pierrette Robitaille a créé la surprise avec un rôle où personne ne l'attendait. L'actrice, présente sur les planches comme à l'écran depuis déjà 37 ans, a longtemps été reconnue pour son habileté à nous faire rire. Or, c'est avec un rôle dramatique qu'elle a volé la vedette cette année, comme quoi il est toujours possible de surprendre son public, même à 64 ans. teXte : vaLentine bourGeoiS PHOTOS : MARIO JEAN

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V

ive le talent! Vive l'audace!» s'est exclamée l'actrice au moment d'aller cueillir son prix. Du talent, Pierrette Robitaille en a à revendre, comme elle l'a maintes fois montré depuis sa sortie du Conservatoire d'art dramatique de Québec en 1976. Depuis, elle n'a cessé d'être présente au théâtre, son premier amour. De Tremblay à Molière, en passant par Shakespeare et Brecht, elle a joué les plus grands. Le public la connaît surtout pour ses rôles au cinéma - on l'interpelle encore sur la rue pour lui parler de son rôle de Madame Therrien dans C't'à ton tour Laura Cadieux - ou à la télévision. Elle a aussi démontré son intensité dramatique dans le très touchant rôle de Bernadette dans Nos étés. Lors de sa rencontre avec L'Itinéraire après une joute d'improvisation, l'actrice est étonnamment calme et posée, loin de l'image de la comique à la voix haut perchée que l'on connaît.

«

Pierrette, la comique

Lorsqu'on l'interroge sur ses incarnations marquantes, la comédienne réfléchit: «J'ai fait beaucoup de rôles, mais, à chaque fois que j'en aborde un nouveau, il devient le plus marquant pour moi. C'est celui-là que je dois réussir et qui devient difficile.» Elle nommera tout de même le personnage de Toinette dans Le malade imaginaire, le classique de Molière. Si le public la perçoit surtout comme une actrice comique, la principale intéressée croit que c'est parce que «les gens aiment tellement rire, c'est rare qu'ils viennent nous voir [les acteurs] pour nous dire qu'on les fait pleurer.» Pourtant, dans le domaine de la comédie, rien n'est gagné d'avance. Les textes drôles sont rares et, aux dires de l'actrice, les

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«Quand on est sur scène, on parle au monde, c'est pour ça qu'on est là, distribuer la bonne nouvelle ou dénoncer des choses.» livrer exige un rythme et une énergie particuliers, sans oublier une grande générosité. «Les gens dans la salle ne sont pas nécessairement prêts à rire non plus, peut-être qu'ils ont des problèmes, qu'ils viennent de se chicaner ou ont eu de la difficulté à se trouver une place de stationnement!» Pour Pierrette Robitaille, le meilleur truc reste d'être le plus vrai possible. Même dans le théâtre d'été où les situations sont souvent loufoques, «il faut avoir installé une crédibilité et un lien de confiance avec l'auditoire pour que ça passe, sinon tu perds ton monde», explique-t-elle.

Pierrette, la dramatique

Remporter un Jutra pour un rôle dramatique la rend particulièrement fière, elle qui croit que l'on a souvent tendance à ranger les acteurs dans des boîtes. Éternels pigistes, ils doivent répondre à la demande et n'ont pas toujours le choix des rôles qui leur sont proposés. Pourtant, elle affirme ne jamais avoir souffert de la situation. «Pour moi, aborder une comédie ou une tragédie, c'est le même travail, la même façon de faire.» Bien que Denis Côté lui ait confié avoir écrit le rôle pour elle, l'actrice reste dans le flou quant aux motivations du réalisateur. «On m'a déjà dit qu'il y a une certaine mélancolie dans mes yeux, quelque chose de triste dans mon jeu, mais ce n'est pas tout le monde qui le perçoit. Peut-être que c'est

ce que Denis a vu?», s'interroget-elle. Un rôle comme celui-là, Pierrette Robitaille le qualifie de pied-de-nez aux archétypes, mais refuse de le voir comme un contre-emploi. «Ça n'a pas été difficile pour moi de jouer Victoria, c'est une femme de mon âge, avec mon apparence.» Comme elle l'aurait fait pour n'importe quel rôle, elle s'est nourrie des émotions du personnage : l'amour, la tendresse, la méfiance, la méchanceté, le bonheur.

Pierrette, la passionnée

Longtemps reléguée aux rôles de servantes, la comédienne a souffert de son physique qui ne correspondait pas aux canons de beauté. «Moi qui étais déjà un peu complexée, je me demandais ce que j'avais et je trouvais ça difficile. Ça me faisait de la peine de me faire renvoyer une image qui n'était pas nécessairement belle.» Avec le temps, être une actrice de caractère a eu ses avantages puisque, même à 64 ans, sa carrière ne semble pas sur le point de s'essouffler. Sourire en coin, l'actrice confie: «Au contraire, c'est drôle, j'ai beaucoup plus de commentaires positifs sur mon apparence aujourd'hui que quand j'avais 20 ou 30 ans. On me dit souvent que je suis belle.» Pas étonnant avec cette flamme vive qu'elle a dans le regard. Une flamme toujours allumée par l'amour du jeu, une seconde nature chez elle. «J'ai une disponibilité aux

autres, c'est ce qui me nourrit en tant qu'actrice et c'est comme ça que je vis ma spiritualité. Je ne me protège pas, même si je peux être déçue et avoir de la peine. Je trouve que ça vaut la peine de se mouiller et je n'ai jamais regretté d'avoir fait confiance ou d'avoir été généreuse.»

«J'ai foi en la jeunesse. C'est notre avenir et je les trouve tellement brillants.» Monter sur scène par égoïsme, pour le vedettariat, ça ne fonctionne pas, affirme Pierrette Robitaille. Pour durer dans le métier, il faut une véritable volonté de communication. «Quand on est sur scène, on parle au monde, c'est pour ça qu'on est là, distribuer la bonne nouvelle ou dénoncer des choses.»

Pierrette, la solidaire

«Quand on fait ce métier-là, on est impliqué qu'on le veuille ou non parce que les auteurs écrivent pour parler aux gens. On parle des problèmes qu'ils vivent, de situations vécues. Ça aide les gens à comprendre ou à se sentir compris, à ouvrir leurs horizons», croit la comédienne. Elle donne en exemple son

La fois où

Pierrette robitaille

s'est sentie le plus démunie. «Ce que je trouve le plus difficile à vivre c'est le mépris. Les gens qui se croient supérieurs et qui te regardent avec condescendance. Quand on passe des auditions, on peut ressentir ce jugement-là, sur ce qu'on est, la façon dont on joue. Je peux devenir maligne dans ce temps-là. On est déjà assez durs sur nous-mêmes, personne n'a besoin d'un jugement comme ça sur soi. Ça m'est arrivé dans mon travail de me sentir jugée et j'ai beaucoup de misère à vivre ça. C'est dans ces moments-là que je me sens démunie.»


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ouie éPan

FoFoLLe

thérapie faciale avec Pierrette Actrice disponible s'il en est, Pierrette Robitaille a bien voulu exprimer une série d'émotions sur commande pour notre photographe. personnage dans Vic + Flo ont vu un ours. «C'est une personne qui a probablement assassiné quelqu'un, mais on ne le dit pas parce qu'on n'a pas à la juger, on la prend où elle est rendue et elle a déjà payé sa dette à la société.» Porte-parole pour différentes causes par le passé, Pierrette Robitaille ne se décrit plus comme une personne impliquée, mais avoue que L'Itinéraire occupe une place particulière dans son cœur. «Quand j'ai découvert ce milieu-là, je les ai trouvés [les camelots] très attachants. C'est certain qu'ils ont des problèmes, mais ce n'est pas une cause perdue, on peut encore faire quelque chose pour eux. J'ai beaucoup d'espoir en ces gens-là, je crois en leur réhabilitation, leur changement de vie.» Quand elle participe à des quiz télévisés, elle remet toujours l'argent gagné à L'Itinéraire. Il lui arrive de répondre à d'autres demandes d'aide, mais rarement. Elle explique que «s'il fallait que je réponde à toutes les causes que l'on me propose, je n'aurais plus de temps». Ce qui ne l'empêche pas de faire preuve de solidarité dans la vie de tous les jours. «Je trouve qu'on devrait toujours avoir le besoin d'aider à l'intérieur de soi. Ça peut être tellement simple, une voisine, une personne malade ou âgée, il y a toujours quelqu'un qui a besoin d'aide», résume-t-elle doucement. Il lui arrive de prendre deux minutes pour bavarder avec une personne qui a l'air seule. Parfois, ça n'en prend pas plus pour transformer la journée de quelqu'un.

Pierrette Robitaille a choisi de vivre simplement. «Faire confiance et arrêter d'avoir peur tout le temps», voilà qui pourrait résumer sa philosophie de vie.

Pierrette, la philosophe

Quand on lui demande si elle a l'intention de brûler les planches encore longtemps, l'actrice répond candidement être «sur la fin de sa run». Modeste, elle avance: «Je n'ai pas la prétention de penser que je suis indispensable et que j'occupe une place

«Je trouve qu'on devrait toujours avoir le besoin d'aider à l'intérieur de soi, il y a toujours quelqu'un qui a besoin d'aide.» exceptionnelle dans le métier. Je ne pense pas que je vais créer un manque.» De son côté, pas de risque d'ennui, car elle pense déjà à ce qui la tiendra occupée. «Je pense que je ferai du bénévolat, de la création, de la sculpture, j'apprendrai d'autres langues.» Après réflexion, elle ajoute: «J'aimerais faire de la couture, du dessin, écrire peut-être. Faire de

la mise en scène.» C'est toujours de la retraite dont on parle? Elle aimerait voyager, mais se rend compte que, plus on Gée vieillit, moins on va Coura é d loin. Mais elle ne regrette rien, des voyages elle en a fait. À 20 ans, en auto-stop dans plus de 20 pays, Pierrette Robitaille avait déjà la passion et mille projets en tête. Des années plus tard, elle est toujours la même, bien consciente de la chance que l'on a ici. e «J'ai foi en la jeunesse. C'est notre euS r u o avenir et je les trouve tellement rat brillants.» Elle a la voix vibrante quand elle raconte l'espoir qu'elle place en l'avenir et notre capacité à «vivre de notre temps». Pas de doute, Pierrette Robitaille, elle, ne sera jamais démodée.

où voir Pierrette robitaille dans les prochains mois

Po Li SS on ne

À la télévision

aHurie

Toi et moi, malgré tout à Radio-Canada

au cinéma

La passion d'Augustine de Léa Pool

au théâtre

La monnaie de la pièce, dans une mise en scène de Benoît Brière, au théâtre du Vieux-Terrebonne cet été.

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doSSier BIENS DE CONSOMMATION

Pas faits pour durer Le premier réfrigérateur de vos grandsparents a rendu l'âme après 25 ans de loyaux services. Et le vôtre, combien de temps vivra-t-il? Sept ans, peut-être huit? Ce n'est pas une légende urbaine. L'obsolescence programmée réduit la durée de vie de nos biens matériels et régit la société de consommation, nous obligeant à dépenser toujours plus. Comment changer la donne?

Pour en finir avec l'obsolescence programmée «Un jour t'achètes, un jour tu aimes, un jour tu jettes, mais un jour tu payes», chante Stromae sur sa pièce Carmen. La société de consommation nous pousse à acheter toujours plus, au point où, pour ce faire, elle programme une durée de vie prédéterminée aux biens matériels. Et nous en sommes en partie responsables. Par Marie-LiSe rouSSeau

L

e nerf de la guerre? La croissance économique. Quand la croissance va, tout va. Serge Latouche, économiste français et auteur de Bon pour la casse (Les liens qui libèrent, 2012), identifie trois ingrédients nécessaires au bon fonctionnement de la société de croissance : la publicité, qui crée des besoins, le crédit, qui donne les moyens de les combler, et l'obsolescence programmée, qui oblige à consommer même lorsque les deux premiers ingrédients ne fonctionnent pas. Qu'est-ce que l'obsolescence programmée au juste? Le dictionnaire Larousse la définit comme la «dépréciation d'un matériel ou d'un équipement avant son usure matérielle». M. Latouche la classe en trois types.

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L'obsolescence technique, liée à l'amélioration technologique des biens; l'obsolescence psychologique, qui influence le comportement des consommateurs par le biais de la publicité et l'obsolescence programmée, volontairement induite par les fabricants pour assurer le maintien et la progression des ventes. L'obsolescence programmée s'étend à tous les biens de consommation… sauf le piano! C'est ce qu'a affirmé la présidente de l'Association des con-


Ce gâchis consommatoire est une catastrophe! Serge Latouche, économiste français et auteur de Bon pour la casse

sommateurs américains à l'auteur Vance Packard dans son best-seller The Waste Makers, ouvrage qui a révélé les rouages du phénomène au grand public en 1960.

Le club des 100 watts

L'obsolescence programmée ne date pas d'hier. Le premier exemple et le plus connu est celui de l'ampoule. En 1924, la durée de vie moyenne des ampoules atteignait 2 300 heures. Le progrès technologique faisant diminuer la demande pour ce produit, le cartel Phoebus fut mis sur pied pour limiter la durée de vie maximale des ampoules à 1 000 heures. La technologie permet pourtant de fabriquer des ampoules d'une durée de vie de plus de 100 000 heures. Dans une caserne de pompiers de Livermore en Californie, une ampoule brille sans interruption depuis 1901! Une webcam diffuse 24 heures sur 24 son image en direct sur Internet. Comble de l'ironie : l'ampoule a survécu au remplacement de deux webcams… Bernard London, riche agent d'immeuble new-yorkais, a baptisé le concept dans son pamphlet Ending the depression through planned obsolescence en 1932. Pour en finir avec la crise économique, il suggérait d'attribuer une date d'expiration sur chaque produit de consommation. Sa proposition a été refusée. C'est General Motors qui créé l'obsolescence psychologique. Voulant concurrencer Ford, qui fabriquait la moitié des modèles de voitures sur

un scandaleux gaspillage Lorsque Dwight D. Eisenhower, 34e président des États-Unis, demandait à ses concitoyens de consommer plus en temps de crise, la Terre était considérée comme une ressource inépuisable. Aujourd'hui, on constate le gâchis environnemental que cause l'obsolescence programmée, particulièrement dans les pays du tiers-monde. Des images saisissantes de montagnes de déchets électroniques sont montrées dans le documentaire Prêt à jeter de Cosima Dannoritzer. Des tonnes de ces déchets arrivent par bateau dans les pays pauvres. Ces décharges sont illégales, mais facilement contournées par les marchands qui les décrivent comme des produits d'occasion. Le cinquième rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), rendu public en avril, confirme l'ampleur du drame environnemental qui se produit actu-

ellement. Serge Latouche, auteur de Bon pour la casse, se montre alarmant : «Ce gâchis consommatoire est une catastrophe!» L'auteur milite pour la décroissance, afin de nous sortir du «cycle infernal de produire toujours plus, consommer toujours plus et donc détruire toujours plus de ressources naturelles et engendrer toujours plus de pollution.»

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doSSier le marché, GM n'a pas commercialisé un modèle plus performant, plus durable ou plus efficace; il a tout simplement conçu une Chevrolet plus jolie et moins chère que sa rivale. De là s'est amplifié le goût des consommateurs pour la dernière mode. Dès les années 50, le désir d'achat chez les consommateurs bat son plein. En 2014, il est plus fort que jamais.

Je consomme donc je suis

Avoir le nouveau modèle d'iPhone avant tout le monde, être à l'affût des tendances, voilà ce qui valorise aujourd'hui de nombreux consommateurs, qui ne distinguent plus l'envie du besoin. Sont-ils victimes du système? «On ne naît pas consommateur, on le devient», souligne Serge Latouche. Sylvain Desrochers, responsable du

certificat en publicité à l'Université de Montréal, explique que la publicité joue sur des approches de psychologie en créant un sentiment d'appartenance chez le consommateur. «Si je suis le premier à posséder un nouvel appareil, je suis cool», nous fait ainsi croire la publicité. Il serait toutefois trop facile de jeter tout le blâme sur la société de consommation, car le consommateur demeure libre de ses choix. La publicité l'incite à dépenser, mais elle ne l'y oblige pas. Selon M. Desrochers, c'est une question d'éducation. «C'est aux parents que revient l'obligation de montrer à leur enfant qu'il ne sera pas plus heureux avec le nouveau iPod.»

Faites valoir vos droits!

Même en tant que consommateur responsable, nous sommes malgré nous victimes de l'obsolescence pro-

«L'obso l program escence mée, c'e inculqu st e r à l ' a le désir c de poss heteur éd que cho se d'un er quelrécent, un peu peu plus mei un peu plus tôt lleur et qu qui est nécessa e ce ire .» - Brook s Steve ns, designe r indus triel américa in en 1954.

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Prolonger la vie des biens matériels Diverses initiatives voient le jour pour récupérer les objets qu'on pensait désuets et leur donner un nouveau souffle. En voici quelques unes : - Les friperies, comme Renaissance, l'Armée du Salut ou le Village des Valeurs, vendent des biens de seconde main à prix accessible. Les trouvailles y sont infinies! - Kijiji, site de petites annonces, permet de donner, vendre ou échanger vos biens matériels dont vous ne voulez plus et ce, partout au Québec. kijiji.com - La boutique Lampadis œuvre dans la récupération de vieilles lampes et abat-jour pour les restaurer et en faire de toutes neuves et à transformer un vieil objet pour en faire une lampe. lampadis.ca grammée. Si votre ordinateur rend l'âme au bout de quatre ans, il vous faut le remplacer. Quels recours existe-t-il contre ce genre de situation? L'Office de la protection du consommateur et Recyc-Québec parlent d'une même voix : faites valoir vos droits! Dans la Loi sur la protection du consommateur, l'article 38 stipule qu'«un bien qui fait l'objet d'un contrat doit être tel qu'il puisse servir à un usage normal pendant une durée raisonnable, eut égard [en tenant compte] à son prix, aux dispositions du contrat et aux conditions d'utilisation du bien.» Pour vulgariser ce type d'informations, l'Office a conçu une trousse sur la durée de vie raisonnable des biens. Les étapes à suivre pour faire valoir vos droits? «D'abord faire une démarche officieuse auprès du fabricant, ensuite lui envoyer une mise en demeure, et enfin, si nécessaire, aller aux petites créances», énumère Jean-Jacques Préaux, porteparole de l'institution, qui encourage les consommateurs à utiliser les tribunaux pour faire valoir leurs droits. «Plus on les utilise, plus la modification des lois est envisageable à long terme.» Ces démarches individuelles demandent du temps et de l'énergie, mais à long terme, elles pourraient mener à des réglementations plus strictes. Car pour l'instant, aucune loi n'existe au Québec pour contrer l'obsolescence pro-


s lion s l i m r 150 inateu és d rt d'or anspo ns les e. t tr ée da mond n o s n se an u tier ateaux u q cha eries d 500 b t le e a t ois het han déc que m s le G ent des Cha nt ver tienn ls que te ua on vog éria c xiques ickel, Nig its to , du n u d re du pro mercu enic et du . 'ars de l plomb

grammée. L'Office de la protection du consommateur et Recyc-Québec mentionnent tous deux qu'elle fait partie de leurs préoccupations, sans plus.

en finir une fois pour toute

De nombreuses solutions existent pour mettre fin à l'obsolescence programmée; il suffit de les mettre en action. Les premières sont entre nos mains. Tel qu'indiqué plus haut, faire valoir ses droits et entreprendre les démarches juridiques pour les faire respecter en est une première. «Il faut que les consommateurs commencent par devenir citoyens, que les citoyens commencent à se réapproprier le pouvoir confisqué par les lobbies et les médias..., résume Serge Latouche. C'est évidemment un programme révolutionnaire.» Chez Recyc-Québec, on propose de remettre en question nos habitudes de consommation. «Le mieux est de réduire à la source, indique Jérôme Cliche, agent de développement industriel. Avant d'acquérir un bien, il faut se poser la question : de quoi a-t-on besoin?» Divers projets de loi contre l'obsolescence programmée ont été déposés de l'autre côté de

durée de vie moyenne des appareils Appareils électroménagers courants : de 6 à 9 ans. Ordinateur portable : 5 ans Imprimante : 3 ans Télévision : 8 ans Téléphone portable : 4 ans

(à noter que les consommateurs les remplacent aux 18 mois)

Habitudes d'achat des Québécois Acheté Acheté neuf d’occasion

Autres

Odinateurs portables

69,9%

22,1%

8,0%

Ordinateurs fixes

65,8%

25,9%

8,3%

Imprimantes

81,0%

11,4%

7,6%

Appareils photos

75,4%

14,3%

10,3%

Jouets pour enfants

54,7%

36,0%

9,3%

Articles pour bébé

55,6%

31,3%

13,1%

Bijoux & montres

77,2%

17,2%

5,6%

Cd, dvd & blu-ray

52,7%

29,7%

17,6%

Lecteurs mp3

73,8%

14,8%

11,4%

Tablettes électroniques

81,8%

10,4%

7,8%

Jeux vidéos & consoles

49,1%

35,6%

15,3%

Livres

38,0%

36,7%

25,3%

Meubles

50,4%

38,7%

10,9%

Électroménagers

65,7%

28,7%

5,6%

Vélos

40,1%

45,6%

11,3%

Voitures

35,6%

53,4%

11%

Vêtements

62,0%

27,8%

10,2%

Cellulaires

82,9%

8,4%

8,7%

le plus acheté usagé

le plus acheté neuf

SOURCE : Observatoire de la consommation responsable 1er mai 2014 | ITINERAIRE.CA

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doSSier

l'Atlantique, notamment en France et en Belgique. En Californie, un recours collectif a été intenté contre Apple en 2012 (voir encadré). Le procès n'est jamais arrivé à terme, mais l'avocate Elizabeth Pritzker a conclu une entente à l'amiable avec le géant, qui a dû s'engager à mettre en place un service de remplacement des batteries et prolonger la garantie de ses produits à deux ans.

La révolution de la décroissance

Selon Serge Latouche, les actions citoyennes ne suffiront pas. L'économiste prône un changement radical de paradigme : la décroissance. «Le paradigme sur lequel est construite la société de croissance et de consommation en est un d'illimitation», explique-t-il. Retrouver le sens des limites est crucial, sans quoi on fonce droit dans un mur, avertit l'auteur de Bon pour la casse. Décroissance ne rime pas avec retour à l'âge de pierre, nuance-t-il. «Il s'agit d'inventer un futur durable.» À cela doit s'ajouter une véritable volonté politique. D'ici à ce que celle-ci se manifeste, la récente popularité des brocantes et des friperies auprès d'un grand nombre de jeunes urbains fait un pied de nez à l'obsolescence programmée en donnant une deuxième vie aux biens matériels d'une autre époque, qui retrouvent du coup une valeur sentimentale auprès de leurs nouveaux propriétaires.

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une , e i forn le sans 1! i l a En C ule bril uis 190 4 p o amp tion de iffuse 2 e ag rup cam d r m i e t n in web r 24 so ernet. e n U su ur Int e : s e r heu irect s e l'ironi au en d ble d urvécu Com ule a s nt de me po l'am mplace cams… re web x u de

Le cas apple S'il y a un champion de l'obsolescence programmée, c'est bien Apple. Son astuce? Combiner une durée de vie limitée de ses produits et un rythme hallucinant de mise en marché de ses nouveautés. Et ça marche : la compagnie a enregistré un chiffre d'affaires trimestriel record de 57,6 milliards de dollars américains en décembre dernier. Le iPod classique et le iPod Nano ont connu six versions en six ans, le iPhone en est à sa cinquième génération en cinq ans et le iPad a connu quatre versions en trois ans.


avez-vous 30 secondes? 30 secondes. Ce sera tout le temps nécessaire pour offrir du soutien aux plus démunis à l'occasion de la neuvième édition de Métro-Bonneau-Boulot, qui se tient le mardi 6 mai à Montréal. Par CatHerine MoraSSe

D

«Toutes les fois, on revient le cœur conquis par la générosité des gens.» Michel Jeanotte, col bleu et participant depuis 9 ans

ès six heures du matin, une armée de quelque 200 membres du Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal prendra d'assaut plusieurs entrées de métro et coins de rues passants. Munis d'une casquette, d'un tablier et de pancartes, ils feront secouer bruyamment leur tirelire dans le but de récolter des fonds pour permettre à l'Accueil Bonneau de continuer d'offrir ses services aux moins nantis. «C'est une journée assez éprouvante. On se lève très tôt pour récolter, vers cinq heures du matin, explique le col bleu Michel Jeanotte, qui en est à sa neuvième récolte. À toutes les fois, on revient le cœur conquis par la générosité des gens.» Selon la coordonnatrice de MétroBonneau-Boulot, Chantal Racette, les cols bleus ont la cause de l'itinérance à cœur. «Les cols bleus, on est des employés de la Ville de Montréal. On travaille dans la rue. Alors l'itinérance, on la voit, on la vit. C'est un devoir pour nous d'être là», déclare-t-elle.

objectif : 20 000 $

L'an dernier, l'organisme a amassé 17 466,32 $. «Cette année, on vise 20 000 $ en restant réalistes. Mais on aimerait recevoir entre 25 000 $ et 30 000 $. Plus on en a, mieux c'est!», souhaite la responsable des événements et des communications de l'Accueil Bonneau, Paule Brisson. Pour la première fois, l'organisme a créé un code QK. Celui-ci peut être scanné avec un téléphone intelligent pour faire un don électronique. Michel Jeanotte observe que les femmes et les étudiants sont habituellement les plus prompts à donner pour la cause. «Peut-être que ça pourrait être un défi qu'on lance aux hommes, cette année, d'être plus généreux?», dit-il avec un sourire dans la voix. L'Accueil Bonneau offre de nombreux services aux démunis et aux sans-abri de Montréal, dont des studios habitables, des repas, des ateliers d'art et plusieurs autres activités. On y sert environ 800 repas par jour.

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HoMoPHobie

deux pas en avant, un pas en arrière Après des années de lutte, les gais et les lesbiennes ont connu d'importantes avancées dans leur droit de cité. Pourtant, ces derniers mois, l'homophobie déclarée en Russie et en Ouganda, par exemple, a défrayé la manchette. Entre avancées et reculs, où en est la cause homosexuelle autour du globe? Par Marie-CHriStine Gaudreau

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pays condamnent encore l'homosexualité, dont une dizaine par la peine de mort. L'Afrique est le continent où la problématique est la plus visible. 38 de ses 54 pays criminalisent encore les divergences sexuelles. «Il s'agit de l'endroit où il y a le plus grand taux de viols et de meurtres de lesbiennes, gais, bisexuels et transgenres au monde», déplore Anne Ste-Marie, responsable aux communications à Amnistie Internationale. Toutefois, d'autres pays de l'Europe et de l'Asie prennent encore part à la chasse aux homosexuels.

appel à la violence

Selon Anne Ste-Marie, ce ne sont pas tous les pays qui appliquent strictement les lois homophobes prescrites, mais leur existence suffit à appeler la population à dis-

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criminer les minorités. «En Zambie, on publie régulièrement des listes de noms de présumés homosexuels à titre d'invitation pour le peuple à se faire justice. Ce sont même souvent les policiers, supposés protéger, qui agressent les homosexuels», scande-t-elle. À Haïti, le groupe Kouraj, qui milite pour les droits des LGBT, a été attaqué par des hommes armés de machettes qui ont réquisitionné la liste des gens bénéficiant des services du groupe, selon la porte-parole d'Amnistie Internationale. «Ces gens sur la ligne de feu sont admirables et nous

devons les soutenir», poursuit-elle. Line Chamberland, titulaire de la Chaire de recherche sur l'homophobie à l'Université du Québec à Montréal, s'alarme de constater que les récentes lois mises en place en Russie et en Ouganda ne rejoignent plus seulement les principaux intéressés, mais tous les gens qui se mobilisent pour la cause. «L'Ouganda interdit la propagande et oblige la dénonciation de l'homosexualité, il devient difficile pour les mouvements LGBT de s'organiser car leurs actions sont rendues criminelles», explique-t-elle.


17 Mai

Journée internationale contre l'homophobie La fondation Émergence invite la communauté à participer à la levée du drapeau arc-en-ciel en grand nombre. La fondation met à la disposition du public des affiches promotionnelles, ainsi que du matériel web de sensibilisation. Elle propose diverses actions à poser au sein de la communauté, notamment dans les écoles, les familles et les milieux de travail, pour contrer l'homophobie. Les écoles peuvent aussi participer à l'activité Dix minutes à dix heures contre l'homophobie. Les enseignants sont invités à consacrer une dizaine de minutes à la lecture d'un texte sur le thème de l'homosexualité et ensuite proposer aux élèves de discuter sur le sujet. Pour plus de détails, consultez le guide d'activités à homophobie.org.

Les facteurs de l'intolérance

Line Chamberland soutient que plusieurs facteurs peuvent expliquer ce recul législatif. «Dans un premier temps, il s'agit d'une réponse aux avancées. Les minorités sexuelles prennent de plus en plus de place et réclament plus de droits. Par conséquent, les régions conservatrices réagissent pour mettre un frein aux revendications par peur que ça ne se développe trop», constate l'enseignante en sexologie. Elle remarque aussi une influence des tendances fondamentalistes dans les religions. «Certains groupes

Situation juridique de l’homosexualité à travers le monde ILLÉGALE Sanction: Peine de mort

ILLÉGALE

Sanction: Emprisonnement

LÉGALE

Mariage ou Union civile

religieux qui contrôlent le mode de vie de leurs adeptes exercent de la propagande haineuse, scandant que Dieu n'aime pas les homosexuels», explique Line Chamberland. Pour Steve Foster, directeur général du Conseil québécois LGBT, organisme militant pour les droits des minorités sexuelles d'ici et à l'international, la problématique passe beaucoup par la précarité économique qui mène à un repli. «En Espagne par exemple, avec l'accès restreint à l'avortement, la qualité de vie s'est détériorée et les gens sont devenus moins tolérants envers les différences», démontre-t-il. «Les LGBT sont les boucs émissaires et tant que les pays ne reconnaîtront pas leur situation, ils s'acharneront sur eux», ajoute Line Chamberland.

Les théories de l'évolution

Plutôt que d'influencer positivement le courant par nos avancées, la représentante d'Amnistie Internationale rapporte que l'homosexualité est souvent perçue comme un mal apporté par les Occidentaux, une invention contraire à l'identité nationale et religieuse. Selon elle, la clé du succès réside dans la coopération internationale. Elle croit, entre autres, que le Canada doit donner l'exemple et soutenir les militants à l'étranger. Line Chamberland est plutôt d'avis que le travail doit être fait au sein de l'ONU puisqu'il s'agit d'une entité neutre. «Les recommandations des pays sont perçues comme une tentative de domination de l'étranger, des pays riches sur les pays pauvres, la plupart du temps», remarque-t-elle. À l'heure actuelle, il n'existe pas de consensus à l'ONU, ni de recours légaux pour les victimes de discrimination sexuelle et la Déclaration universelle des droits de l'homme n'est pas adaptée aux réalités actuelles. Pour Steve Foster, la situation évoluera nécessairement de manière positive. «Historiquement, la société avance. Il y aura certes encore des reculs, mais nous avons seulement à regarder l'exemple de l'évolution du Québec depuis 60 ans pour comprendre. Le reste du monde n'est pas différent», souligne-t-il.

une pétition contre l'homophobie Une pétition réclamant la décriminalisation de l'homosexualité circule actuellement sur le web. Elle a été initiée par Stephen-Guy Sévigny, qui a lui-même été victime d'actes d'intimidation et de violence liés à son homosexualité. La pétition, adressée au premier ministre Stephen Harper, demande une mobilisation du Canada. Elle réclame des pressions sur l'ONU pour que celle-ci impose à tous ses pays membres de ne plus criminaliser quelque forme qui soit de divergence sexuelle. Stephen-Guy Sévigny souhaite atteindre les 20 000 signatures avant de présenter sa demande. Pour signer la pétition rendez-vous au: https://secure.avaaz.org/fr/ petition/Faisons_pression_sur_ le_Premier_Ministre_du_Canada_ Monsieur_Stephen_Harper_que_ lONU_vote_une_loi_pour_decriminaliser_lho/?pv=62

Résultats provenant de l’IRIS, Janvier 2013 *Pays en blanc: N/D 1er mai 2014 | ITINERAIRE.CA

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Une Centrale au service des personnes, en mouvement avec son temps

csq.qc.net

facebook.com/lacsq twitter.com/csq_centrale 1213-47


les mots De

CAMELOTS

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Mamma Mia

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CHeMin FaiSant

La danse des sœurs ouellette

Par Hélène ouellette

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HorS PiSte

Sujet déprimant, initiative positive

Photo: Photcal.com

Par norman rickert


Le CŒur

! a i m a m m Ma C'est le mois de mai, c'est le mois de Marie et c'est le mois de toutes les mères, que nous célébrons le dimanche 11 mai. Sujet aussi universel qu'inépuisable, les mères inspirent. Témoignages de nos camelots.

Le cœur sur la main

Ma mère était une femme au grand cœur qui donnait toujours aux autres sans compter. Je n'ai pas donné la vie facile à ma mère, mais malgré tout, elle a toujours été là pour moi et mes frères et sœurs. Elle nous refu sait rarement quelque chose. Quand on avait besoin de que lque chose, on pouvait compter sur elle. Ma mère a toujours été présente pour ses enfants. Elle a été une vraie maman au foyer qui avait comme priorité sa famille. J'ai été choyé d'av oir ma mère pendant 51 ans de ma vie.

riCHard touZin Camelot, métro Place-des-Arts

trice Mère proteces parents nous ont of-

jeune, m e travaillait Quand j'étais fance. Ma mèr en lle be ès tr 'a beaucoup fert une us gâter. Elle m . Je garde no ur po t en seulem soit bien le pour qu'elle des partys du aidé avec ma fil irs en uv beaux so ait. Ma mère ar vraiment des a mère prép m e qu n l'A vraiment soin jour de l», elle prenait he ic M e èr «m était de ses enfants. rtier MiCHeLine Fo l Hôtel-Dieu ta Camelot, Hôpi

Maman d'amour

Ce que je me souviens de ma mère, c'est qu'à toutes les années à la fête des Mè res, je lui offrais des fleurs et elle était contente. J'aimais lui faire plaisir parce qu 'elle était toujours fine et attentio nnée avec moi. Quand je pense à un mot pour décrire ma mère, c'est le mot «amo ur». JoHanne beSner Camelot, angle Amher st/Sainte-Catherine

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aternelle Grand-mère m en-

ns mon lle que j'ai eue da La figure materne une femme d-mère. Elle était fance est ma gran e à donner êt pr s i était toujour qu ur cœ d an gr au er et ne dennait sans compt aux autres. Elle do amour que n en retour. Mon mandait jamais rie je lui dois à elle. j'ai pour les gens, JaCQueS éLiZé e du Nouveau Mond Camelot, Théâtre


mour a ' d p ou Beauc ré tout cau, ce qui ée g s t l n e a r m té diffé re est tomb ir è jours é

am even s tou oi avon lits. Quand m planifié de d ut ça, m t e e f r o Ma mè ent des con as vraiment és. Malgré t tiens p uv re ult it o ic a s je f v if e it 'a d u a n s Ce q p de elle . trau t , r o e a t c p u m in a a fem e ais ence de s u be e c r n é u u v o it a m m a t , a t mère e urs senti de l' 'est qu'elle é aillant qu'elle i ma S c v jo . , a u e r e t il r o t i è ic i s f s a m j' ma e au ait dif is qu'elle r t t e 'é 'ê d c d s e é era le plu . J'ai essay le qu ui, j'aim croyab rtir. te vaillan tellement in nte aujourd'h ent à m'en so a it elle éta ait encore viv is tranquillem t ss mère é oir que je réu v e s uin puis éLoQ M eP i-UQÀ andr aLeX , métro Berr t Camelo

Protection maternel le

En vieillissant, je me suis rendu compte que ma mè re était une femme protectrice. Ma mère n'é tait pas une femme qui donnait beaucoup de câlins, mais on sentait trè s bien son amour. Je me suis toujours sentie en sécurité dans les bras de ma mère. Ça n'a pas toujou rs été facile comme relation, mais je sais qu'ell e m'aimait.

Manon Fortier Camelot, métro Saint-L aurent

bliable! u o n i e r ns penAventu i, nous allio ndrye ille et mo re

, ma fam de La Vé Chaque été aine, dans le parc res mains sem e nos prop rty pod ti â b s dant une n Nous y avio is. Le soir venu, le pa ane. en Abitibi. ab bo avoir une c e en plein une caban s n'étions pas seuls à autour. Ces vaou er aient tout gnait, car n s s'éparpill r moi de me retrouv e ill m fa s e u er o p ss a n D'autr o m si ient l'occa is le seul à vouloir ra aire. ff cances éta a ta n j'é o bien m ère, car avec ma m ec elle, ce qui faisait 'a dit de ne pas v m a re ts è e Ma m ême les bleu u un ours. v ue. Il s'est m ent a q n a o tt a r, s u u o n m Un jo 'il u se q u re ur ne pas s, mais heu bouger, po deux patte est reparti. Je m'en s se r su t u mis debo minutes, il rminables nse! après d'inte ujours : il était imme . Tout à to i inait pas là e suis ra d rm n te ie se souv e n uets et je m saventure Mais la mé ne grosse talle de ble e ma mère m'a uu 'est là qu coup, j'ai v cueillir. Et c il y avait un précipice s le r u o p é précipit -shirt, car ! r mon tee lle journée attrapé pa mber. Que to u p is ra u l j'a dans leque uay LuC tanG sonneuve arché Mai M t, lo e Cam

Femme fonceuse

deux de mes Ma mère m'a transmise brouillardise dé la és, alit plus grandes qu toujours senti et la détermination. J'ai même si elle de l'amour de ma mère ysiquement. ph ne le démontrait pas protéger et us no su Elle a toujours prenant soin nous faire sentir bien en ne sont pas de nous. Les moments s très bien sai je is toujours faciles, ma me que je fem la de e qu'elle est fièr deviens. nanCy bouCHer /Sainte-Catherine Camelot, angle Bleury

Fêtez vos mères

Bonjour à tous. Bonne fêt e des Mères en cette gra nde occasion de la journée des ma mans. En ce grand jour, il faut que les enfants soulignent et démontrent qu'ils n'oublien t pas l'apport inestimable que leur mère a représenté po ur eux. Elle les a mis au monde, les a dorlotés et a assuré une présence constante auprès d'eux po ur qu'ils grandissent tout en grâce et en sagesse. Si vous leu r demandez ce dont elle s sont le plus fières, les mamans rép ondent toutes que c'est de voir leurs enfants heureux et épanouis. Alors, n'oubliez pas de les inviter au restaurant en ce magnifique jour de la fête des Mères et de souligner vot re amour en lui offrant un magnifique bouquet de roses ou de lilas. En ce qui me con cerne, je n'ai plus ma mère, ma is j'y pense très souvent. Moi qui ai été placé en famille d'accu eil de quatre à quatorze ans, je demeure très ému quand je me rappelle la première fois que j'ai revu ma mère biologique. Ce jour-là, ma mère et tou te la famille étaient réunies et no us nous sommes pris dan s les bras tous ensemble. C'était le plus beau jour de ma vie . Et vous, chers lecteurs et lectrices, que ferez-vous pour vot re mère, le 11 mai prochain? Et le 14 mai, viendrez-vous me sou haiter «Bon anniversaire»? Je vou s attendrai avec plaisir à mon point de vente. Merci à tous, gar dez votre beau sourire. GiLLeS béLanGer Camelot, Complexe De sjardins

La force d'une mère

est sa force e je retiens de ma mère Le plus beau souvenir qu elle a su se , vie difficile qu'elle a eue et son courage. Malgré la nous hair, urr no us pouvoir pour no battre et faire tout en son une miliit éta i mo ur po ole. Ma mère biller, nous envoyer à l'éc ser re ait une iété d'aujourd'hui, ma mè tante. Si je regarde la soc ole et conl'éc force pour retourner à femme exemplaire. Ma au cadeau be s plu le , je lui dois. C'est tinuer à améliorer ma vie qu'elle a pu m'offrir.

anne-Marie bonin aubien/Saint-André Be le ang Camelot,

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Ordre et chaos

Mots de camelots

Robert Ménard Camelot, angle Mont-Royal/Rivard

Le Survivant Benoit Chartier Camelot, métro Radisson et IGA Place Bercy

Jonathan Lemieux a publié aux Éditions Transcontinental Survivre avec une poignée de change. Lemieux a fait l'expérience de se nourrir pendant 3 ans au magasin à 1 $. Il m'a surpris par son sens aigu de la débrouillardise. Son livre peut aider les plus démunis à se nourrir convenablement sans défoncer leur budget. J'ai essayé plusieurs de ses 85 recettes; j'en connaissais déjà quelques-unes, mais d'autres m'ont grandement étonné. Par exemple, je faisais un pâté chinois au poulet et aussi au jambon; par contre, j'ai appris que je pouvais également le faire avec du corned-beef haché. Règle générale, il utilise de la mayonnaise pour remplacer les œufs et de l'huile pour le beurre et la margarine. Je faisais depuis longtemps de la sauce tartare avec de la mayonnaise et de la relish et je l'ai retrouvée dans ses suggestions. Toutes ses recettes sont agrémentées avec humour des commentaires de l'auteur. C'est un excellent livre que je conseille à tout le monde, même les nuls en cuisine.

Avancer simplement

Nietzsche et Platon écrivaient que le rôle de l'homme était de mettre de l'ordre dans le chaos. La vie m'ayant donné des talents en mathématique, je préfère les formes pures plutôt que les objets aux contours irréguliers. Mais j'aime aussi être confronté aux œuvres éclatées. Ce contraste ressemble au contact du chaud et du froid de la vie. Ainsi, en informatique, j'ai étudié la nécessaire convivialité des logiciels. Par exemple, la recherche sur les robots japonais cherche à leur donner un côté amical et affectif. Comme j'aimerais avoir un de ces automates qui me dirait : «Bonjour, comment ça va?» tous les matins en m'apportant mon déjeuner au lit! Et vous, ça vous dirait?

L'insertion scolaire Yanick Larouche Camelot, métro Atwater

Marie-Andrée Camelot, métro Préfontaine

Je crois que la vie est un chemin pour apprendre qui je suis, et apprendre à le vivre pleinement, c'est-à-dire ÊTRE. Un jour à la fois, je mets en pratique un mode de vie spirituel. Je fais de mon mieux afin de trouver un équilibre entre l'avoir et l'être. Je prends soin de moi. Je prends le temps de vivre, de savourer le temps qui passe. J'ai besoin de m'entourer de calme, de ralentir mes pensées et de respirer profondément. Lentement mais sûrement, c'est comme ça que je fais les choses. Je peux aller à mon rythme, car la vie n'est pas une course. Le rythme effréné lié à la performance au travail nuit à ma santé. En étant camelot, j'ai un horaire flexible et une meilleure qualité de vie. Je me fixe des objectifs en fonction de mes besoins. J'ai le pouvoir de faire les choses qui me rendent heureuse et c'est ce que je fais en vendant le magazine L'Itinéraire. Merci à tous ceux et celles qui croisent ma route.

Vers le printemps

François Gauthier Préposé à la réception

Depuis trois mois déjà, je souffre du temps froid qui s'abat sur Montréal et aujourd'hui, je me rends compte que la fin de l'hiver est là. Je travaille à L'Itinéraire depuis trois ans et le plus difficile pour moi c'est de me rendre au métro tous les matins. J'aime bien travailler ici. Je m'occupe de la réception du troisième étage. J'aime répondre aux gens, les guider dans la bonne direction. On a une équipe formidable de gens qui se dévouent pour la cause de L'Itinéraire. Ça me fait sortir de mon isolement et ma santé, morale et physique, s'est grandement améliorée. Je pense à ma clientèle de la rue Laurier et j'espère qu'elle ne m'a pas oublié. Je compte reprendre la vente du journal au printemps pour renouer avec ma clientèle, pour les contacts humains et le peu d'argent que ça procure. Même s'il fait froid je suis de bonne humeur aujourd'hui. Merci à tous.

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ITINERAIRE.CA | 1er mai 2014

À mon premier jour d'école, j'ai cassé le nez d'un autre enfant. Les années suivantes ont aussi été rythmées par des bagarres fréquentes. Rapidement, je suis devenu le centre de l'attention, celui qui se bagarre souvent, celui qu'on accuse. Même lorsque je n'étais pas coupable, j'étais désigné comme tel. Je me suis habitué à cette image, je m'amusais de me donner en spectacle. Aujourd'hui, trente ans plus tard, mon petit gars connait le même sort. Son handicap, ses problèmes de langage l'isolent des autres enfants. À l'école, ses camarades le rejettent, l'excluent voire, le craignent. De plus, l'école ne répond pas à ses besoins. Face à cette situation, il arrive fréquemment que mon petit gars pousse les autres enfants. Peut-être dans un but d'intimidation, pour se faire voir, se faire sentir ou tout simplement avoir une place. Il y a de ça quelques semaines, j'ai acheté un chandail à mon petit gars. Après l'avoir porté une fois à l'école, il a refusé de le porter à nouveau, les autres enfants s'étant moqués de lui. Cet événement m'a marqué. J'ai alors expliqué à mon enfant que ce chandail représentait ses choix, s'il le portait il pouvait s'imposer, exister. Il a accepté de porter le chandail une nouvelle fois, malgré l'avis de la maîtresse elle-même. La journée s'est très bien déroulée.


CHeMin FaiSant

œurs ouellette s s e d La danse HéLÈne oueLLette | Chroniqueuse de rue

J

adis, lorsque j'étais plus jeune ou moins vieille, il y exaspéré, lui mordilla à plusieurs reprises les jarrets! Suavait des danses dites sociales comme le mambo, le zanne, en maudit, toute concentrée à son effet éventango, la valse, le cha-cha, le merengue, le rock, le tuel au cours de la soirée, prit tout de même le temps de slow et ainsi de suite. choisir quelque 78 tours qui ne lui plaisaient pas et asJe trouve triste de voir maintenant la danse se réduire somma ma pouliche de sœur Rolande qui s'écroula, plus juste à se pâmer en plein vacarme et de ou moins théâtralement tout en se relefaire en «solo» des distorsions relativement vant avec de grands rires après quelques Ma sœur intéressantes tout en reluquant et espérant minutes de silence affolantes. Suzanne, Cet après-midi-là, bien qu'il date d'une qu'un autre s'approche pour «triper» sur cinquantaine d'années, est devenu un ces mêmes grouillements. les fins de J'avais beaucoup de plaisir, vers la fin des anbeau souvenir pour moi. Vraiment, je dois dire que j'excellais et nées 50, lorsque mes deux sœurs se prépasemaine, excelle toujours dans les danses sociales raient le samedi après-midi pour aller danser se prenait grâce à mes deux sœurs. C'est dommage le soir même, au Golden de la rue Masson, dans que ces danses n'existent presque plus le Vieux-Rosemont. J'étais la plus jeune, tout pour Susan dans les discothèques! D'après moi, en ayant aussi, une grande différence d'âge avec elles. Mes sœurs se pratiquaient donc Hayward ou c'était là une manière plus socialisante, esthétique et créative souvent les samedis pour être de bonnes danZsa-Zsa Gabor de s'exprimer physiquement. seuses lors de cette soirée et se relaxer afin de Mes sœurs partaient donc, pouvoir affronter encore de longues heures de vers les 7 heures du soir, travail au cours de la semaine à venir. Mais surtout, elles aimaient danser! Et c'était rieuses, toutes contentes avec moi qu'elles faisaient leurs répétitions. Peut-être était- de la promesse ce aussi une manière de s'occuper de la petite sœur dé- d'une belle soirée, laissée, de l'intégrer, je ne sais pas, ou de lui donner un peu me laissant seule, d'attention et d'affection dans un contexte familial qui deve- avec la télévision et nait de plus en plus désordonné au cours des années. Mais mes parents. Dès 8 heures, à mon grand bonheur, nous étions les trois ensemble dans mon père mobilisait la télévision ces moments-là. Au quotidien, j'étais l'enfant d'un couple pour la soirée afin d'écouter le hockey, âgé qui avait eu une autre fille trop tard dans sa vie. puisqu'il était «l'homme à bord!». Nous Par un beau samedi, ma sœur Rolande décida qu'elle se autres, «les femmes», comme il aimait transformait, à ma grande joie, en mon cheval. Elle avait neuf nous appeler d'un ton méprisant, soit ans de plus que moi et était presque aussi jeune de caractère ma mère, Jeannette, ma précieuse puisqu'elle avait et a encore le sens de l'humour. Elle était tante et moi, reléguées à la cuisine, fatiguée par toutes ces pratiques et surtout par l'autorité de lisions, jouions aux cartes et discunotre sœur Suzanne, de 13 ans de plus que moi. tions. Finalement, ces samedis soirs Rolande à quatre pattes et moi bien en selle sur son dos, nous ont cultivées et solidarisées. nous étions en train de niaiser ma sœur Suzanne qui, les C'est l'une des nombreuses situafins de semaine, se prenait pour Susan Hayward ou Zsa- tions qui aide à façonner une enZsa Gabor, selon son humeur! Et Rolande, en bon cheval fant au féminisme!

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Mots de camelots

Gilbert Pouliot Camelot, palais de Justice

Vive le printemps! France Lapointe Camelot, angle Mont-Royal/Mentana

Le mois de mai est arrivé. L'hiver est achevé pour de bon. Je déteste l'hiver! La pire saison de l'année… la saison morte! Nous nous emmitouflons comme des Esquimaux, de grosses mitaines, de gros foulards, de grosses bottes. Qu'estce qu'on se sent lourd! Vive le prin­ temps! Les arbres commencent à bourgeonner, les jardins se colorent, peu à peu nous enlevons des épaisseurs, et nous apprécions le soleil qui réchauffe notre visage! Allongés au bord de l'eau ou sur une plage, nous nous couvrons comme en hiver, mais cette fois-ci de bonne crème protectrice et épaisse! Nous pouvons apprécier la nature, en faisant du camping ou tout simplement en restant allongés sous la chaleur de l'été. J'ai toujours aimé les pays chauds, les palmiers, les plages, le paradis! Mais ici au Québec, nous avons quatre saisons, ce n'est pas toujours facile l'hiver entre le pelletage, les grosses tempêtes, et le frette. Je suis née en été, vive l'été!

Pour faire changement avec les révélations parues dans L'Itinéraire sur mon passé difficile et un peu houleux, voici un mot de camelot plus encourageant. Tout d'abord, je mentionne avoir réussi à atteindre un temps d'abstinence significatif de toute substance qui altère le comportement. Autre point positif, j'aimerais remercier Tout le monde en parle d'avoir invité Serge Lareault et Gabriel Bissonnette de L'Itinéraire. L'entrevue s'est révélée très efficace pour la vente du numéro en cours, dans lequel j'avais la chance d'être le camelot en vedette (le Zoom camelot). En effet, j'ai plus que doublé mes ventes, comme quoi il n'arrive pas que des malheurs dans la vie. Je continue d'écrire avec régularité pour profiter de l'opportunité qui m'est donnée de rester populaire pour la clientèle de L'Itinéraire, ce qui me tient à cœur. Et avec le beau temps, je recommence à jouer de la guitare et à chanter, un autre gage de réussite de ma réinsertion. Enfin, j'aime le monde, surtout ceux qui interagissent avec moi, que ce soit grâce à la musique ou au magazine L'Itinéraire.

Donnez au suivant, y croyez-vous? Anne-Marie Bonin Camelot, angle Beaubien/Saint-André

Le jeudi 20 février dernier j'ai vendu L'Itinéraire à une personne qui s'appelle Émilie. Ça fait déjà quelques fois qu'on jase. Elle m'a demandé si j'avais besoin d'appareils ménagers et a fini par me donner un réfrigérateur. Je remercie son extrême générosité et celle de sa mère qui me l'a livré. En réalité elle m'a donné plus que cela : elle m'a donné du carburant pour continuer à me battre. J'avais les batteries à terre et je me demandais qu'est-ce que j'allais faire de ma vie, car j'étais écoeurée et royalement déprimée parce que je n'ai pas d'aide pour améliorer ma qualité de vie et parce que je hais faire pitié. Pour moi, avoir une vie de qualité c'est pouvoir payer des taxes et donner au suivant en corrigeant les injustices. J'ai pleuré de recevoir autant d'amour qui m'a fait chaud au cœur. Pour finir, je souhaite à Émilie un bon cheminement, je serai toujours disponible si elle a besoin d'aide et je l'embrasse très fort, car j'ai senti son authenticité. Profitez du printemps tout le monde!

Comment j'ai commencé 2014

Nicole Camelot, métro Longueuil

En janvier de cette année, je me suis rendue à l'Hôtel-Dieu, inquiétée par des grains de beauté. J'y ai découvert que j'avais un cancer. Dans la même journée, je me suis faite opérer afin de retirer les grains de beauté cancéreux présents sur mon nez, et une semaine après sur mon bras. Plus jeune, je me suis beaucoup exposée au soleil, et aujourd'hui j'en subis les conséquences. Quelques semaines après, la police est venue m'interrompre dans ma vente de journaux alors que j'étais placée devant la Brasserie du métro Longueuil pour m'informer que je n'avais pas l'autorisation de vendre à cet endroit. Cela faisait un an que je vendais sur ce lieu très fréquenté. Aujourd'hui, après trois interdictions de la police, je ne peux plus retourner vendre mes journaux devant la Brasserie sous peine de recevoir un ticket. Je souhaite indiquer à mes clients que je me trouve désormais devant les tourniquets. J'alterne entre les deux sorties de métro, tous les deux jours, afin de rencontrer un maximum de personnes. Malgré ces événements, hier était une belle journée! Nous sommes allés manger dans une cabane à sucre à Saint-Grégoire avec L'Itinéraire. Nous avons partagé un bon repas, nous avons dégusté des œufs, de la soupe, du jambon et des patates, le tout arrosé généreusement de sirop d'érable ! Cette journée nous a aussi permis de partager une belle promenade ensoleillée durant laquelle nous avons observé des cochons, des coqs, des poules… Pour finir, merci à mes clients, à Philippe et à L'Itinéraire, de m'avoir soutenue dans mes démarches afin de continuer ma vente à la Brasserie du métro Longueuil, votre soutien m'est précieux.

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ITINERAIRE.CA | 1er mai 2014

Photo: Gopesa Paquette

Le meilleur reste à venir


hors piste

Sujet déprimant, initiative positive Norman Rickert | Chroniqueur de rue

A

u moment où j'écris ces lignes, un vent glacial plateformes pétrolières ou bouchant des puits avec de souffle depuis des semaines sur la métropole la mélasse me viennent tout à coup. Mais voyez-vous, je québécoise. Les températures moyennes sont de n'ai pas le courage qu'ont certains militants de protester dix degrés Celsius en dessous des normales. Un vrai hiver de la sorte. d'antan. Le réchauffement climatique, me direz-vous, il Facile de déprimer et se cacher la tête dans le sable est où? Pourtant, on sait que la température moyenne quand on constate tous les malheurs mondiale n'a cessé d'augmenter depuis le début de l'ère qui s'abattent sur notre pauvre planète : industrielle. Cherchez l'erreur. Malgré tout, certains en- détournement des rivières et inondadroits, comme l'océan Arctique, connaissent une augmen- tion de milliers de km2 de terres à cause de projets hydroélectriques comme tation substantielle de leur température, même en 2014. Moi qui croyais le gouvernement péquiste plus favo­ celui de la Romaine pour générer de rable aux énergies renouvelables, le voilà qui donne le l'électricité dont on n'a absolument pas feu vert à l'exploration pétrolière sur l'île d'Anticosti pour besoin, présence de plus en plus accrue l'été. L'État investirait 100 millions $ dans deux pro- d'énormes étendues de plastique dans les océans, etc. grammes pour de possibles retombées de 45 milliards. Je suis essoufflé tellement il y a de catastrophes. On se Non seulement n'a-t-on jamais extrait la moindre goutte rappelle tristement le déraillement à Lac-Mégantic, caude pétrole dans l'île d'Anticosti, mais même si l'on y trou- sant la mort de 47 personnes. De plus en plus de gens vait de l'or noir, il y a fort à parier qu'il ne serait pas du tout prennent des antidépresseurs, dont moi, en partie à rentable de l'exploiter, puisque seulement 1 à 2 % des cause d'une énorme impuissance à changer le cours des quelque 46 milliards de barils présents dans l'île seraient choses. Le philosophe et chroniqueur Normand Baillarrécupérables. Pas sûr que les habitants geon l'explique mieux que moi : «Dans de cette île enchanteresse aimeront se quelle mesure notre système économifaire casser les oreilles avec le bruit des Je suis essoufflé copolitique est-il juste? Que penser… des foreuses. Croisons-nous les doigts pour ententes économiques négociées plus ou tellement il y a de moins en secret entre États et mégacomqu'un désastre comme celui de BP dans le golfe du Mexique ne survienne jamais pagnies qui les rendent possibles?» catastrophes Malgré mon impuissance, j'ai comdans l'estuaire du Saint-Laurent. mencé il y a quelques années à conLa récente décision d'inverser le cours server les emballages, coquilles d'œufs, du pétrole par le groupe albertain Enstylos, cartons, fils de cuivre, etc., pour bridge n'a rien pour nous rassurer quand on sait que Richard Kuprewicz, consultant pour les projets employer ces matériaux dans mon art. Mes recueils de de pipeline, reproche surtout à l'entreprise une culture de poésie de 2007 étaient fabriqués en partie avec des la sécurité assez laxiste, des méthodes d'inspection ina- matériaux de récupération. Par ailleurs, je suis conscient déquates et la persistance d'un «risque élevé» de fuite depuis un bon quart de siècle de la perte de la biodiversité. dans un avenir proche. Avec la quantité faramineuse Vous avez certainement entendu l'affirmation suivante : d'eau employée pour extraire le pétrole des sables bi- penser localement pour agir globalement. C'est ce que je tumineux, monsieur et madame Tout-le-monde vont tente de faire depuis plusieurs années. déprimer encore plus. Des visions de gens enchaînés aux Mon site web : http://leseditionsnormartmuse.wordpress.com

1er mai 2014 | ITINERAIRE.CA

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Don en cartes-repas Un repas à la carte En offrant une carte-repas à 5 $, vous permettez à une personne démunie de manger avec dignité un repas complet au café L’Itinéraire. La carterepas solidaire est aussi échangeable auprès des organismes Comité social Centre-Sud, MultiCaf, Resto Plateau, Le Phare et Chic Resto Pop. Donnez autrement, aidez des gens dans le besoin à manger à leur faim! Grâce à vos dons, L’Itinéraire sert gratuitement plus de 17 000 repas complets par année aux personnes démunies. Les cartes-repas peuvent vous être envoyées pour vous laisser le soin de les donner, ou être distribuées par des bénévoles et nos intervenants qui offrent ainsi réconfort et service d’aide pour la réinsertion sociale. Un projet de L’Itinéraire appuyé par L’œuvre Léger, Moisson Montréal et la fondation Tirelire

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La Fondation Intact brise le cycle de l'itinérance chez les jeunes La Fondation Intact soutient L'Itinéraire depuis maintenant quatre ans. Elle représente un partenaire engagé et d'une grande valeur pour notre mission. En soutenant de nombreux organismes canadiens luttant contre le phénomène de l'itinérance, la Fondation vise à en briser le cycle à l'échelle nationale. Par Élisabeth Julien-Rocheleau

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Camelots Les besoins sont toujours grandissants. Faites un don maintenant et aidez-nous à soutenir nos Camelots et à appuyer notre mission. Pour les modalités, consultez notre formulaire dans le magazine ou sur notre site web :

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d'intervenants spécialisés les encadre et leur offre des expériences d'apprentissage dans les domaines de la communication événementielle et de l'insertion sociale. En intégrant l'équipe de L'Itinéraire, les jeunes œuvrent à l'élaboration de kios­ ques d'informations à Montréal portant sur l'itinérance et la pauvreté. Ils offrent

Photo: Dorian Keller

L

'aide financière octroyée vise à soutenir en particulier les jeunes. Elle a pour objectifs de favoriser la résilience, de développer l'estime de soi, de stimuler les comportements et styles de vie sains, d'encourager l'apprentissage et la formation liée à l'obtention d'un emploi ainsi que d'améliorer la qualité de vie par des expé­ riences positives. L'appui de la Fondation au programme d'insertion jeunesse de L'Itinéraire permet d'offrir un avenir meilleur aux jeunes vulnérables se retrouvant dans un contexte d'itinérance. Il rend possible l'élaboration de solutions durables pour contrer leurs problématiques. L'Itinéraire intervient auprès de plusieurs participants dont l'âge varie entre 18 et 30 ans. Ils reçoivent un accompagnement au niveau de la résolution de problèmes personnels tout en faisant l'acquisition de compétences leur permettant de retourner aux études ou d'accéder directement au marché du travail. Une équipe

un service communautaire destiné aux personnes de la rue afin de les guider vers les ressources sociales appropriées. L'Itinéraire souhaite offrir ses remerciements sincères à la Fondation Intact pour son implication dans la lutte contre l'itinérance au Canada. Cette visée socioresponsable améliore le bien-être de nombreuses personnes demeurant dans une état de grande précarité et nous permet de leur fournir une présence et un accompagnement indispensables. Notre équipe salue chaleureusement leur engagement exemplaire et solidaire envers les plus vulnérables.

Mme Roxanne Drouin, spécialiste de l'engagement communautaire chez Intact, Serge Lareault, directeur général de L'Itinéraire et M. Pierre Francoeur, directeur documents et comptes clients chez Belair Direct

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Madame Caroline Boudreault, cadre chez Metro (3800, Rue Ontario Est) et Madame Claudine Boucher, camelot et collaboratrice au comité des loisirs de L'Itinéraire.

Nous souhaitons remercier chaleureusement tous ces partenaires pour leurs contributions généreuses destinées à notre organisme au cours des derniers mois. Leur appui fait toute la différence!

L'Itinéraire souhaite manifester toute sa reconnaissance à Hydro-Québec pour son soutien à Camelot d'un jour qui s'est déroulé le mardi 4 février dernier. Nous sommes très heureux de pouvoir compter Hydro-Québec parmi nos partenaires engagés et solidaires.

PAR CLAUDINE BOUCHER

� Épicerie Metro (3800, rue Ontario Est), pour le don d'une carte-cadeau de 75 $ vouée au souper communautaire des camelots de L'Itinéraire. � Épicerie Metro Plus Dorion pour le don de trois cartes cadeaux d'une valeur de 25 $ chacune à nos camelots. � Pharmacie Brunet – Guy Lachance, propriétaire, pour le don de deux cartes-cadeaux d'une valeur de 25 $ chacune et leur contribution annuelle en sacs de plastique destinés à la distribution de la Moisson de L'Itinéraire. � Ameublement Elvis pour le don d'un congélateur et d'une laveuse à notre organisme.

PROGRAMME ACTION Action est un programme de pré-employabilité dont l’objectif est de permettre aux personnes éloignées du marché du travail de cheminer personnellement et professionnellement. Cette expérience se vit dans un cadre préparatoire à un retour sur le marché du travail. Pour participer au PROGRAMME ACTION La personne doit être prestataire du Programme d’aide sociale ou du Programme de solidarité sociale et présenter des caractéristiques associées aux personnes éloignées du marché du travail. Si vous désirez participer au PROGRAMME ACTION, veuillez communiquer avec Sylvie Gamache par courriel à sylvie.gamache@itineraire.ca ou par téléphone au 514 597-0238 poste 222.

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Les mercis de Claudine


« LeS vraieS aFFaireS »

L'itinérance sera-t-elle à l'agenda? Le 7 avril dernier, la population a donné un mandat majoritaire fort au Parti Libéral pour gouverner le Québec et s'occuper des «vraies affaires» (selon leur slogan). Quelle place cela accordera-t-il au déploiement de la Politique nationale de lutte à l'itinérance enfin adoptée tout juste avant les élections? Que contiendra le Plan d'action en itinérance découlant de cette Politique et dont l'adoption est attendue ce printemps?

inFo raPSiM

Par Pierre Gaudreau | coordonnateur du RAPSIM

N

ul ne le sait, malgré les demandes bien exprimées par le RAPSIM et le Réseau SOLIDARITÉ itinérance du Québec, le PLQ s'est refusé à tout engagement sur l'enjeu de l'itinérance, comme sur la pauvreté et sur le logement social…

Que le passé ne soit pas garant

Le premier ministre du Québec Philippe Couillard s'était opposé, lorsqu'il était ministre de la Santé, à la mise en place d'une politique globale en itinérance. Le gouvernement libéral refusait aussi cette idée malgré la recommandation unanime de la Commission santé et services sociaux suite à Commission parlementaire tenue sur l'itinérance en 20082009 et qui concluait à la nécessité d'une Politique globale pour prévenir et réduire l'itinérance. Le gouvernement avait préféré adopter en 2009 un plan d'action sans vision et sans portée, avec très peu de moyens pour faire face à un problème déjà grandissant. Sans surprise, ce plan ne sut endiguer l'accroissement du phénomène. En 2011, pour faire le bilan de son plan d'action à l'Assemblée nationale, la ministre Dominique Vien eut une vision très large de la lutte à l'itinérance y intégrant, «la mise en place de supports à vélos, de corridors piétonniers et de menus santé dans les écoles». Pendant ce temps, les différents ministères concernés ont continué à naviguer pour agir sur le phénomène sans plan de match global du gouvernement et l'itinérance n'a cessé de croître. À Montréal, depuis huit ans, les refuges accueillent sans cesse plus d'hommes, les ressources d'hébergement pour femmes effectuent plus de refus faute de place, et on voit davantage de personnes itinérantes aux visages variés dans un nombre croissant de quartiers.

La Politique en itinérance doit vivre

Cette Politique en itinérance était demandée pour donner au gouvernement une vision globale de la question, pour identifier la responsabilité du gouvernement, ce que fait la politique adoptée. Elle identifie aussi des orientations qui doivent se retrouver dans le plan d'action pour que celui-ci ait une portée significative. Pour le RAPSIM, il est essentiel que ce plan : › prévoie un rehaussement du revenu des personnes seules et améliore les programmes de réinsertion sociale; › augmente le budget destiné au logement social pour notamment permettre la sauvegarde des maisons de chambres; › intervienne pour que les villes revoient les règlements discriminatoires, ou appliqués comme tel, à l'endroit des sans-abri; › revoie les pratiques du réseau de la santé pour améliorer l'accès des personnes itinérantes aux différents services; › améliore la formation offerte aux intervenants travaillant avec les personnes itinérantes; › tienne des campagnes de sensibilisation sur la réalité de l'itinérance.

un budget pour le logement et les sans-abri

Le vendredi 16 mai à Québec, le FRAPRU tiendra une marche pour le logement social. Dans le budget que le gouvernement péquiste avait déposé avant les élections, 3250 logements sociaux étaient prévus, dont 500 pour les sans-abri. Le nouveau gouvernement doit maintenir sinon accroître cette mesure des plus pertinentes. Le RAPSIM se joindra à cette action qui portera aussi la demande d'autres investissements dans la foulée de la politique en itinérance. Pour y participer 514 879-1949.

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JuStiCe

retrouvailles payantes ou non? Par Me doMiniQue rateLLe

Un enfant adopté qui retrace sa mère ou son père biologique peut-il exiger une pension alimentaire ou des droits dans leur succession ? L'article 577 du Code civil du Québec prévoit que le jugement d'adoption confère à l'adopté une filiation qui se substitue à sa filiation d'origine. L'adopté cesse d'appartenir à sa famille d'origine pour faire partie, dorénavant, de sa famille d'adoption. En conséquence, l'adopté n'a plus aucun lien juridique avec sa famille d'origine. En d'autres mots, la famille d'origine n'existe plus légalement pour l'adopté. L'adopté a exactement le même statut que s'il était né de l'union de ses nouveaux parents. Les conséquences juridiques sont que ni l'enfant adopté ni les parents biologiques ne peuvent faire valoir de droits alimentaires l'un contre l'autre. Ils ne peuvent hériter l'un de l'autre, en l'absence de testament. En quelques mots, juridiquement, la famille biologique et l'adopté deviennent des étrangers.

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La noblesse perdue du travail

ianik marcil

Le 1er mai est la Journée internationale des travailleurs. On y commémore les luttes syndicales de la fin du XIXe siècle, qui revendiquaient la journée de huit heures. Plus particulièrement, la fameuse grève survenue à Chicago en 1886. 125 ans plus tard, les conditions de travail ont-elles beaucoup changé ? PAR IANIK MARCIL | Économiste indépendant

photo: kim auclair

B

ien sûr, les travailleuses et les travailleurs jouissent celle du pouvoir sans bornes des patrons. Les mouvements ouvriers et syndicaux luttaient maintenant de protections diverses. Les lois protègent leur santé et leur sécurité, des filets sociaux d'abord et avant tout contre cette domination. John comme l'assurance-emploi amortissent les coups durs et Locke, le philosophe anglais précurseur du libéralisme, de nombreuses normes empêchent les patrons de faire affirmait que la liberté individuelle se fondait sur la propriété de tous sur son propre corps. Cette liberté, ce qu'ils veulent avec leurs employés. La situation des travailleurs en ce début de XXIe siècle qui ne devait être aliénée sous aucune considération, n'est pas comparable au calvaire des assure la propriété du fruit du travail ouvriers du XIXe. En revanche, depuis de chacun. Or, le pouvoir démesuré de nombreuses années, la situation du des patrons d'usines au XIXe siècle Le grossier violait profondément cette liberté. marché du travail se dégrade. La prébourgeois des À ce pouvoir un peu primaire, disonscarité semble de plus en plus caractéris­ le, s'est substitué 125 ans plus tard un tique de nos vies. Un simple exemple : caricatures pouvoir beaucoup plus insidieux, car il l'an dernier, le Québec a perdu 59 000 emplois à temps plein et il s'est créé... d'autrefois a été est dépersonnalisé. [Le grossier bourgeois des caricatures d'autrefois a été 54 000 emplois à temps partiel. remplacé par les remplacé par les lois du marché, la conTravail à la pige, contrats de courte ducurrence internationale et les impératifs rée, emploi à temps partiel, burnouts à lois du marché, productivistes. De nouveaux maîtres, répétition, âge de la retraite de plus en la concurrence insaisissables et impersonnels, dont le plus tardif... les conditions de travail se pouvoir est d'autant plus efficace.] dégradent plus qu'elles ne s'améliorent. internationale Les combats du présent siècle ne sont La revendication des huit heures par pas ceux du XIXe. Mais ils doivent retroujour du mouvement ouvrier ne visait et les impératifs ver l'esprit de ces luttes pour la noblesse pas que l'amélioration des conditions productivistes. et la dignité du travail. Les travailleuses de travail. Elle s'inscrivait aussi dans un et les travailleurs font fonctionner la combat plus large pour la dignité et la machine économique – ils n'en sont pas noblesse du travail et pour la reconnaisqu'un simple rouage. sance de l'apport des travailleuses et des Il me paraît à cet égard impératif qu'ils travailleurs à la prospérité économique. Les promesses du libéralisme d'affranchir tous et bénéficient de la prospérité économique qu'ils créent chacun du joug de l'arbitraire politique avaient été jour après jour. La noblesse du travail n'est pas qu'une jotrahies, à l'heure de ce capitalisme triomphant. La lie expression : elle doit se traduire concrètement par des servitude du féodalisme avait été remplacée par conditions qui en soient dignes.

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Folle équipée Un homme et une femme que tout sépare se rencontrent dans un bar, un soir de solstice d'été. C'est le début d'une escapade échevelée et saugrenue dans les repaires secrets d'un Édimbourg cher au dramaturge écossais David Greig, maître de sa génération. Pour incarner Bob et Helena en théâtre et en chansons, un duo explosif connu pour son engagement musical : Isabelle Blais (Caïman-Fu) et Pierre-Luc Brillant (Les Batteux Slaques). La folle équipée prend ensuite le chemin de la tournée pour toute la saison 2014-2015.

panorama PAR sylvain-claude filion

MIDSUMMER

Du 5 au 30 mai

(4559, rue Papineau, theatrelalicorne.com) Théâtre La Licorne

STORYTELLING

De l'autre côté du mur

Jusqu'au 21 juin Galerie Art-Mûr (5826, rue Saint-

Photo: Nicolas Ruel

Art au poil Cette deuxième édition de la seule bien­ nale exclusivement consacrée à l'art contemporain autochtone propose une exploration de la notion de récit chez les différentes nations autochtones. Deux lieux, deux pôles, pour découvrir le regard moderne des nations ancestrales d'ici.

Hubert, Montréal, artmur.com)

Galerie d'art Stewart Hall (176, chemin du Bord-du-Lac-Lakeshore, PointeClaire, pointe-claire.qc.ca)

Originaire de Berlin, la chorégraphe montréalaise Isabel Mohn est bien placée pour parler des murs qui tombent. La compagnie Danse-Cité met à contribution un décor fait de matériaux de contruction pour permettre aux quatre danseurs d'exprimer la déconstruction des sentiments. Guy Corneau anime une causerie en compagnie des artistes le 8 mai.

BE SOMEBODY ELSE Adriam Stimson, Beyond Redemption, 2010

Du 1er au 10 mai Théâtre Prospero (1371, rue Ontario Est, danse-cite.org) 1er mai 2014 | ITINERAIRE.CA

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MARIE-HÉLÈNE FALCON

Sortie de scène En 1985, elle a entrepris d'assouvir la soif de théâtre des Québécois. Trente ans plus tard, une brillante carrière et le Grand Prix du Conseil des arts de Montréal en 2013, Marie-Hélène Falcon cède les rênes du Festival TransAmériques, l'âme en paix. Par Catherine Morasse

L

undi matin. Le printemps pointe enfin timidement le bout de son nez. Au huitième étage d'un immeuble de la rue Sainte-Catherine, le bureau aux murs tapissés d'affiches des éditions précédentes du Festival TransAmériques (FTA) baigne dans une lumière chaude et diffuse. La pièce est occupée par une petite femme au sourire espiègle et omniprésent. Marie-Hélène Falcon est à l'image de son bureau : lumineuse, cha­ leureuse et sereine. Rien dans son attitude ne ressemble à la lourdeur qui accompagne habituellement les départs. «Ça fait 30 ans que je suis là, c'est assez! Il est temps que le festival passe à d'autres imaginaires», commente-t-elle. Le théâtre, Marie-Hélène Falcon est tombée dedans quand elle était petite, pendant son passage à la «p'tite école». Elle entame ensuite des études «un peu en théâtre, un peu en philosophie», mais c'est l'école de la vie qui lui enseigne son futur métier. «Je ne suis pas du tout un modèle pour les études!», ajoute la

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Montréalaise avant d'éclater de rire. La jeune Marie-Hélène effectue ses premiers pas sur le marché du travail au milieu des années 1970, où elle atterrit à l'Association québécoise de jeune théâtre, à Lac-Mégantic. Làbas, elle travaille comme coordonatrice pour deux festivals, l'un destiné aux enfants, l'autre réunissant de jeunes troupes en voie de professionnalisation. «Un festival, ça réunit dans un même espace-temps une grande quantité et une grande diversité de points de vue, de paroles fortes, et de gens qui viennent de partout, ditelle. Ça a été ma piqûre.» La naissance d'un festival «Dans les années 60, 70, 80, il y avait une très belle vie théâtrale… mais pas au Québec!, explique la directrice. Je voyageais et je voyais ce qu'on faisait ailleurs. Je trouvais que ça n'avait pas de bon sens qu'on n'ait pas une telle vie chez nous! De là est né le goût de créer un festival international.» Du désir de découvrir et de par­ tager naît le Festival de Théâtre des

« La culture est aussi fondamentale que l'éducation. Tous les deux font partie de la formation générale des citoyens. »

Amériques, en 1985. L'événement se déroule chaque deux ans et accueille des troupes originaires de partout en Amérique du Nord et du Sud. «Le Québec était isolé sur le plan culturel, dit la fondatrice de l'événement. Je voulais ouvrir les fenêtres, ouvrir les esprits, et surtout ouvrir les échanges.» Le festival a-t-il été populaire aussitôt? «Oui! bondit Mme Falcon. Il y a un public curieux, qui est avide de création. Le festival abreuve cette soif de voir autre chose que le divertissement télévisuel. Et la réponse du public est d'une qualité toujours incroyable depuis 1985.» À l'aube du nouveau millénaire, un autre événement culturel, le Festival international de nouvelle danse (FIND), doit arrêter ses activités par manque de financement. En 2007, après des appels d'offres de la Ville de Montréal, le festival de Marie-Hélène Falcon fusionne avec le FIND et de­ vient le Festival TransAmériques, tel qu'on le connaît aujourd'hui, annuel et réunissant danse, théâtre et autres


« Le FTA tente de nourrir un besoin essentiel chez l'humain, qui est de comprendre et d'exprimer son humanité. »

arts de la scène. Pour les spectateurs, ce changement représente une bonne nouvelle. «Diversifier le contenu du festival a amené le public du théâtre vers la danse, et celui de la danse vers le théâtre», observe la directrice. Le FTA «se veut une vaste exploration de la nature humaine», selon sa créatrice. Les thèmes de la paix, de la mémoire et de la justice sont récurrents dans ce festival reconnu mondialement, qui ne fait aucune concession ni sur le contenu, ni sur l'esthétique. Le plus beau métier du monde Pendant 30 ans, Marie-Hélène Falcon a parcouru 45 pays pour assister à 400 spectacles. Munie d'un flair exceptionnel, elle a déniché des artistes émergents pour les faire rayonner sur scène à Montréal. Parmi eux, le Théâtre du Soleil, Anatolt Vassiliev, Franz Castorf, Christof Marthaler… La liste tiendrait sur des kilomètres.

La directrice le dit elle-même : elle exerce le plus beau métier du monde. Son départ lui laisse cependant un léger goût amer. «On vit dans une société dont la valeur principale est l'argent. Cela limite considérablement l'accès à la culture, se désole-t-elle. La culture est aussi fondamentale que l'éducation. Tous les deux font partie de la formation générale des citoyens. Mais je ne vois pas beaucoup de signes pour l'évolution des choses.» Malgré ce pincement au cœur, MarieHélène Falcon quitte l'âme en paix. «Le FTA sera pris en charge par des gens qui vont pousser plus loin et l'amener dans de nouvelles directions.» Le nouveau directeur sera Martin Faucher, son allié de toujours. Et ses projets futurs? «Je n'en ai aucune idée! Je n'ai pas le temps ni l'envie d'y penser. C'est un départ, mais ce n'est pas forcément la fin.»

FTA

Du 22 mai au 7 juin : 17 jours de fête, 27 spectacles et quelques recommandations de L'Itinéraire...

Les Thermes

Passants, touristes et travailleurs en pause sont invités à plonger – littéralement! – dans la philosophie. Cinq artistes originaires de Lille et de Bruxelles ont versé dans une piscine 25 000 balles sur lesquelles sont gravées des citations stoïciennes, comme «Accommode-toi aux choses». Il sera possible de patauger dans ce «remède inespéré à l'individualisme urbain» en compagnie de différents philosophes sur l'esplanade de la Place des Arts du 22 au 27 mai.

Le NoShow

L'Histoire révélée du Canada français, 1608-1998

Dans une saga à la fois comique et pédagogique, Alexis Martin et Daniel Brière revisitent l'histoire du Québec en trois volets. La trilogie qui marque les 35 ans du Nouveau théâtre expérimental ne sera présentée en entier qu'à l'occasion du FTA, les 23, 24 et 25, 30 et 31 mai et le 1er juin.

Alexandre Fecteau met en perspective le tabou de l'argent dans le domaine artistique. Les choses n'y sont pas faites à moitié : même les acteurs habitent des tentes plantées devant la Place des Arts. Le spectateur est invité à prendre position sur la question en choisissant le prix du spectacle parmi six options, dont la gratuité. Du 3 au 5 juin, à la cinquième salle de la Place des Arts.



vivre

Par Denyse Monté

BBQ, AH?

La voix

En mai, c'est le temps de le déhousser, tout en se rappelant que la cuisson sur barbecue présente des risques pour la santé, car elle transforme des composés inoffensifs présents dans la viande en amines hétérocycliques (AH). Ces composés augmenteraient le risque de plusieurs types de cancer. Conseils : réduire la chaleur du barbecue, éviter le contact de la viande avec les flammes, diminuer l'épaisseur des morceaux à cuire et faire mariner la viande. Des chercheurs ont utilisé des poitrines de poulet dont la moitié avait été traitée avec une marinade à base de citron, d'huile d'olive et de vinaigre de cidre, alors que l'autre moitié avait été grillée sans avoir été marinée. Après 20 minutes sur le barbecue, les concentrations d'AH étaient 100 fois moindres dans la viande marinée!

Vous ne voyez plus le temps passer tandis que l'amitié passe en dernier, ou pas du tout? Pourquoi ne pas prendre le téléphone pour parler à un ami? Laissons reposer les doigts et leurs tweets, courriels, blogs, etc., pour privi­légier, ne serait-ce qu'un instant, la communication par la parole. Une étude menée par une équipe de l'université du WisconsinMadison a déjà démontré le pouvoir bienfaisant de la voix. Chez des fillettes placées en situation angoissante, le taux d'ocytocine avait grimpé lorsqu'elles avaient entendu leur mère au téléphone. Leur contact auditif avait eu pour effet de libérer cette hormone antistress. Il serait amusant de tester ce pouvoir réconfortant de la voix sur nos amis.

Lotto vitalité Une pomme, une poignée de raisins, deux clémentines, deux petites carottes, une tomate. Voilà une combinaison gagnante. Selon une étude britannique publiée en mars dernier dans le Journal of Epidemiology & Community Health manger sept portions de fruits et légumes par jour permet d'abaisser son taux de mortalité de 42 % par rapport à une personne n'en consommant qu'une portion par jour. La très sérieuse étude britannique s'est étalée de 2001 à 2013. Les chercheurs ont également découvert qu'un tel régime alimentaire avait pour effet supplémentaire de réduire le risque de décès par cancer de 25 %, et le risque de mortalité relié à une pathologie cardiaque de 31 %. (Source : journaldelascience.fr)

Chez le dentiste, en attendant votre tour Plutôt que de vous faire du mauvais sang, faites des pressions sur vos points énergétiques. Dans une salle d'attente, la nervosité est généralement au rendez-vous, elle aussi. Ne la laissez pas vous voler votre place. Un truc bien simple pour la repousser : posez votre pouce au milieu de la paume de la main. Massez profondément en appuyant sur les aiguilles d'une montre imaginaire, en partant du centre vers l'extérieur de la paume, de droite à gauche. Ensuite, saisissez chaque doigt entre le pouce et l'index et glissez, étirez, en exer­çant un petit pincement à l'extrémité du doigt, pour finir. Faites ces exercices avec chaque main et le trac se dissipera en douceur. (Source : topsante.com)

On y va pas... à pas Pratiquer la marche, cinq fois 30 minutes par semaine, c'est s'engager sur le chemin de la santé. Trop facile comme exercice, direzvous? Visez les côtes. Ennuyeux? Trouvez votre partenaire de marche. Sinon, vous pouvez joindre un club de marche. Visitez le site de la Fédération québécoise de marche (www.fqmarche.qc.ca). Vous y découvrirez une mine de renseignements qui vous donneront le goût de fixer un podomètre à votre ceinture et go! Il est recommandé de viser 10 000 pas par jour. Un adulte en santé en fait en moyenne 7 000 par jour; il n'en faut donc que 3 000 de plus pour atteindre cet objectif. Ces 3 000 pas peuvent être accumulés en aussi peu que 30 minutes de marche modérée.

Photos : 123fr.com/Andres Rodriguez, 123rf.com/Somsak Sudthangtum. Illustrations: Antonio delacruz.

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L'ITINÉRAIRE reCoMMande

Par SiMon Cordeau, annie-kiM PLante et Pierre Saint-aMour

LivreS

L'anarchie de père en fils Anne-Marie Cadieux incarne MOLLY BLOOM dans l'adaptation du roman Ulysse de James Joyce, traduite par Jean-Marc Dalpé et mise en scène par Brigitte Haentjens. À l'espace GO du 6 au 31 mai (espacego.com).

Saviez-vous que le mot «démocratie» avait, jusqu'au XIXe siècle, une connotation péjorative comparable à celle que le mot «anarchie» peut avoir dans nos sociétés occidentales? Pour les détenteurs de la richesse, l'idée - inconcevable - que les pauvres puissent s'approprier de leurs biens et de leurs pouvoirs constituait une hérésie menant inévitablement au chaos et à... l'anarchie. Mais qu'est-ce que l'anarchie exactement? C'est à cette question, posée par Thomas Déri à son fils Francis, que cet ouvrage tente de répondre. Présenté sous la forme d'un dialogue entre le père et le fils, ce petit livre, admirable de concision, brosse un portrait de l'anarchie telle qu'elle s'est manifestée à travers ses divers courants, depuis ses origines à nos jours. Conçu pour toucher un vaste public, cet ouvrage se déguste comme un hors-d'œuvre. (PSA)

L'anarchie expliquée à mon père

Par Thomas Déri et Francis Dupuis-Déri, Lux Éditeur, 240 pages.

L'économie pour les nuls Que des femmes autour du spectacle multimédia théâtral et musical PASSION ELLES TANGO, qui s'intéresse aux racines féminines de la légendaire danse contact née dans les lupanars de Buenos Aires. Le 4 mai, 20 h 30, au Théâtre Rialto (theatrerialto.ca).

Du 1er au 18 mai, musique, arts visuels, danse, cinéma, arts culinaires et nouveaux médias colorent la 19e édition du FESTIVAL ACCÈS ASIE, qui met en vedette la créativité d'une quarantaine d'artistes canadiens d'origine asiatique au centre-ville de Montréal (accesasie.com).

La francophonie est en feu durant la tenue du 13e FESTIVAL DU JAMAIS LU, qui fait du Théâtre Aux Écuries (7285, rue Chabot, jamaislu.com) le carrefour de 22 événements animés par 35 auteurs en provenance de 9 pays francophones des deux hémisphères. Lectures publiques, prises de parole engagées, discussions enflammées… ce sera vivant!

Acheter ou louer? Taux fixe ou taux variable? Comment fonctionne la Bourse? L'économie est à la fois concrète et incroyablement abstraite. Gérald Fillion, journaliste économique à RadioCanada, avec l'aide de l'économiste François Delorme, démystifie tous les concepts importants dans cet abécédaire. Il explique en des termes clairs et simples tout ce que vous souhaitez (et devriez) savoir. Il répond même avec une pointe d'humour à quelques questions que vous ne vous posez pas : Quel est le cours de la brique LEGO? Est-il payant de «s'avantager» sur les sites de rencontre? Les réponses démontrent que les principes de l'économie s'appliquent à toutes les sphères de la vie. Il est donc impératif de les comprendre. Avec ce livre essentiel, c'est fait. (SC)

Vos questions sur l'économie : 75 questions – 75 réponses

Par Gérald Fillion et François Delorme, les éditions La Presse, 232 pages.

Sortir de l'ombre L'homophobie est loin d'être chose du passé. À l'âge adulte, nos choix peuvent s'avérer plus facile à affirmer. C'est une toute autre chose à 14 ans, devant l'inconnu, quand tout n'est pas si simple. Le sociologue spécialiste de la sexualité et conférencier Michel Dorais livre ici une des premières études québécoises sur l'homosexualité chez les jeunes. 259 gais, lesbiennes, bisexuels et transsexuels de 14 à 21 ans ont répondu à un questionnaire sur leur vie familiale, sociale et amoureuse. Le sociologue analyse ce à quoi ils sont confrontés tous les jours afin de réussir à vivre en toute fierté. Plusieurs témoignages touchants et surprenants sauront vous faire sentir les joies et les peines que vivent ces jeunes au quotidien. (AKP)

De la honte à la fierté

Par Michel Dorais avec la collaboration de Manuel Mendo et Annie Vaillancourt Vlb Éditeur, 182 pages.

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À ProPoS deS...

MÈreS

L'étrange chose que d'être mère! Ils ont beau nous faire du mal, nous n'avons pas de haine pour nos enfants.

SoLidarité danS Le Métro

Une maman, c'est comme du coton: elle est douce à l'intérieur comme à l'extérieur et nettoie tous les maux.

SoPHoCLe

Le cœur d'une mère est le thermomètre des sentiments de ses enfants.

Jean GaStaLdi

SHe Lao

Les mamans, ça pardonne toujours; c'est venu au monde pour ça.

L'asile le plus sûr est le sein d'une mère.

aLeXandre duMaS

Dieu ne pouvait être partout, alors il a créé la mère.

Jean-Pierre FLorian

Proverbe JuiF

Il n'y a aucune recette pour devenir une mère parfaite, mais il y a mille et une façons d'être une bonne mère. JiLL CHurCHiLL

Le singe est toujours une gazelle dans les yeux de sa mère. Proverbe éGyPtien

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En tant qu'employé dans le métro, chaque bonjour de la clientèle ajoute du soleil dans ma journée. Quand les gens nous disent que ça leur fait plaisir de nous voir, que ça les rassure de savoir que l'on est là, ça fait vraiment chaud au cœur. L'une des choses que je préfère en travaillant pour la sécurité dans le métro, c'est de pouvoir travailler en amont avec les jeunes en difficulté. Avec la gare d'autocars, la station Berri-UQÀM est la porte d'entrée pour beaucoup de jeunes fugueurs des régions. Quand on en retrouve un et qu'on peut l'amener au bon endroit et éviter ainsi qu'il soit récupéré par les gangs de rue, c'est une fierté pour moi. Les gens sont sensibles à ça aussi, ils n'hésitent pas à faire appel à nous s'ils voient quelque chose de louche. On dit que les gens sont devenus indifférents, ce n'est pas vrai pour tout le monde. Lieutenant Sylvain Crevier, sûreté et contrôle pour la STM

Une mère doit toujours réfléchir deux fois, une fois pour elle-même, une fois pour son enfant. SoPHia Loren

Le cœur d'une mère est un abîme au fond duquel vous trouverez toujours le pardon. Honoré de baLZaC

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aider les jeunes en difficulté

Envoyez-nous vos propres histoires de solidarité ou de beaux gestes dont vous avez été témoin ou partie prenante dans le métro et les autobus de Montréal à : courrier@itineraire.ca


Feuil1

détente

Mots croisés L'Itinéraire - 1er mai 2014 1

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Feuil1 HORIZONTALEMENT Ne plaisent pas au palais. 9. 1. Léger. Jeu10.réalisé MaxwoodMedia Eau des par Pyrénées - Avoir en main. | grille@maxwood.ca l'humidité - Équipe. 11. 2. Donc,De sont en usage - Dieu solaire. 12. Tentatives - Projetés hors du gobelet. 3. Écriras ses commentaires - En apnée. NIVEAU DE DIFFICULTÉ: MOYEN du 15 avril 2014 - Bande magnétique. 4. Solution Se lamente - Bougie SOLUTION du 15 avril 2014 Petit singe. 1 5. 2 Permission 3 4 5 6 7 de 8 sortir 9 10 11- 12 1 P A R A D I S I A Q U E 6. Fut transformé en fleur - Résistance. 2 E N A M O U R E E S S S 3 R 7. A Douleur D C L - Possédé C R O -I(S')exclame. S 4 S T I C K E R I O T A 8. Infinitif - Donne - Lettres d'Aquitaine. 5 I O N I E E D E sommeil E I 6 F 9. M Titre R E C E N T E S - Note - Bond. 7 L I E N T I N E S 8 E10. Q Ébauche U I T A - TPossessif. I O N D 9 U U C E E E I R E VERTICALEMENT 10 R E V E R B E R E R A S 1. Malade de Molière. 2. Relatifs à la monnaie. 3. Exploite à ciel ouvert - En musique. 4. Dieu solaire - Au Japon. 5. Laves. 6. C'est peu profond - Courants. Solution dans le prochain numéro 7. Se trompais - Monceau. Jeu réalisé par Ludipresse | info@les-mordus.com 8. Faciles à saisir.

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Feu vert À…

JaSMin roy L'homophobie est toujours omniprésente dans les écoles Le 17 mai prochain, nous soulignerons la journée internationale contre l'homophobie. Même si au Québec la reconnaissance juridique de la communauté gaie est acquise, nous n'avons toujours pas enrayé l'homophobie de nos écoles.

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omment se fait-il que nous n'arrivions toujours pas à appliquer les lois dans les établissements d'enseignement en 2014? Pourquoi notre société tarde-t-elle à mettre en place des plans d'action efficaces qui enraieraient une fois pour toute cette forme de violence si répandue et qui se manifeste surtout chez les garçons? Nous devons arrêter d'afficher des posters sur les murs des écoles et passer à l'action. Les écoles secondaires devraient avoir l'obligation de créer un comité LGBT au sein de leur établissement. La Fondation Jasmin Roy remet chaque année, et ce, depuis quatre ans, un prix pour encourager la lutte à l'homophobie. En 2012, le prix a été remis à l'école polyvalente Le Carrefour de Gatineau afin de mettre en place un comité LGBT pour changer les perceptions et faciliter l'intégration des jeunes gais, lesbiennes, bisexuels et transgenres chez les élèves. Les résultats de cet exercice furent exceptionnels. La communauté LGBT doit mettre tous ses efforts afin de contrer l'homophobie dans nos écoles. Trop de jeunes, encore Acteur et animateur à la télévision, Jasmin Roy est présentement chroniqueur culturel à l'antenne du 98,5. En 2010, il a publié l'autobiographie Osti de fif ! dans laquelle il témoigne de l'homophobie dont il a été victime. La même année, il créait la Fondation Jasmin Roy, qui a pour mission de lutter contre la discrimination, l'intimidation et la violence faite aux jeunes en milieu scolaire.

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ITINERAIRE.CA | 1er mai 2014

aujourd'hui, sont privés du droit fondamental à l'éducation à cause de l'intimidation homophobe. Plusieurs adolescents décrochent ou souffrent de problèmes de santé mentale, qui sont en lien direct avec les agressions qu'ils subissent au quotidien. Un changement durable doit nécessairement passer par l'éducation.

Les vrais héros

Ceux qui méritent un prix de lutte contre l'homophobie, ce sont tous ces jeunes qui vivent ouvertement leur orientation et qui expriment leur nature dans un milieu hostile. Dans les dernières années, nous avons mis beaucoup d'efforts pour éliminer l'homophobie chez les aînés et je salue cette initiative ; maintenant, occupons-nous de nos jeunes. Intégrons dans la loi sur l'instruction publique, l'obligation de créer un comité LGBT dans toutes les écoles secondaires de la province de Québec. C'est à nous, membres de la communauté LGBT, adultes qui avons été victimes d'intimidation homophobe, de nous lever debout et de protéger les prochaines générations. Il ne faut pas leur promettre qu'un jour ça ira mieux comme on l'a si maladroitement fait dans la campagne « It Gets Better ». Il faut mettre en place des plans d'action pour que les choses aillent mieux dès aujourd'hui, et non pas dans dix ans. À l'heure actuelle, le tiers des jeunes victimes d'homophobie sont convaincues que les adultes sont inaptes à régler leur problème. Nous devons être des modèles et prouver aux jeunes que nous pouvons les soutenir adéquatement.



Chez Tim Hortons, si nous ne pouvons servir notre café de première qualité dans les vingt minutes suivant sa préparation, nous ne le servons tout simplement pas. C’est pour cette raison qu’à chaque nouvelle carafe que nous préparons, nous y inscrivons l’heure. De cette façon, vous êtes assurés que nous vous servons un café toujours savoureux.


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