Séverine VIALON
À l'abri de la différence Roman
I – L'abri
Éditions Sevylivres
Petite Fleur Que fais-tu là petite fleur ? Que fais-tu là prête à éclore ? Il n'y a de place dans mon cœur, Que pour cette absence que je déplore. Mais dis-moi petite fleur, Dis-moi pourquoi tu explores Tous les secrets de ma demeure, Toi qui fais partie d'une autre flore ? Es-tu en moi petite fleur ? Ou n'est-ce qu'un petit mirage, Qui prend d'un coup une grande ampleur Lorsque mon âme manque le virage ? Seras-tu petite fleur ? Seras-tu la simple image, Qui quittera mes profondeurs Lorsque je rejoindrai le rivage ?
1
Couchée au milieu des blés, Émilie écoute le vent qui secoue les épis. Une vague déferle puis le silence revient sur le plat pays de Beauce. Émilie pense à sa vie, pleine de couleurs, parfois, comme ces paysages de culture au printemps. À perte de vue se côtoient le jaune du colza, le vert du blé pas encore mûr, le marron des champs en attente. Elle a eu de bons moments dans ses vingt années écoulées, mais elle a aussi eu ses périodes de platitude où rien de spécial, rien de coloré, rien de passionnant ne vient perturber le cours cyclique de la vie. Les terres sont travaillées, semées. Les cultures poussent, mûrissent. Vient alors le temps de la récolte et tout recommence. Émilie se lève, va à l'école, au lycée, en fac, fait son travail, se couche et tout recommence. Les couleurs des champs, ces contrastes qui ne durent que quelques semaines, elle aurait pu les garder, les figer si seulement elle avait su, si seulement elle avait pu… La lune éclaire les blés qui cachent la nostalgie des temps passés où la Beauce était recouverte de magnifiques lacs, où Émilie baignait dans le bonheur, certes éphémère, mais existant. Elle se relève et à la lumière blanche de l'astre de la nuit, remonte le chemin jusqu'au village qui, en plein jour, fait tâche au milieu des champs. Elle rentre chez elle, du moins chez ses parents qui sont absents, ce qui lui a permis ce petit bain de minuit dans l’océan
des blés. La maison est silencieuse, comme le village, comme les champs. Connaissant la maison par cœur, elle n'a pas besoin d'allumer pour atteindre sa chambre qui est à l'étage. Seule la lune, toujours présente dans le ciel, guide ses pas et illumine la pièce dont le volet est resté ouvert. Elle dépose ses vêtements sur sa chaise, puis passe son pyjama avant de se glisser sous ses draps. Le coassement des grenouilles, le bruit des vagues causées par le vent dans les champs, emmènent Émilie dans le monde irréel des rêves. Un monde éphémère qui nous fait vivre des situations aussi idéales que délirantes. Un monde inconnu dont on revient avec ou sans souvenir. Ce monde dans lequel Émilie est plongée depuis des minutes, des heures. Qui sait ? Un bruit ! Est-il dans ce monde ou dans l'autre ? D'où vient-il ? Elle ouvre les yeux et regarde autour d'elle. Rien ne paraît bouger. Tout semble calme. Elle sourit. Cela devait venir de son rêve. Parfois les deux mondes se mêlent et on a besoin de quelques secondes pour faire la part entre le réel et l'imaginaire. Elle referme les yeux, remonte le drap sur ses épaules et s'assoupit de nouveau. Une main se plaque sur sa bouche. Réel ou imaginaire ? Elle se débat, se sent attrapée de toutes parts, mais il est impossible de se dégager. Une odeur étrange lui chatouille les narines. Plus rien. Où est-elle ? Encore dans ces fameux univers dont on n'a aucun souvenir au réveil ? Où va-t-elle se réveiller ? Dans un autre songe qui fera passer celui-là dans la catégorie des mauvais rêves, voire des cauchemars ? Dans son lit, en pleine nuit, en nage après tant d'émotions irréelles ? Ou dans le néant des rêves qu'on oublie aussi vite ? Ou… Elle essaie d'ouvrir les yeux, ses paupières sont lourdes, très lourdes, trop lourdes. Sa tête la fait souffrir. Ses yeux s'ouvrent à peine, sa vision est floue. Elle ne voit que du marron. Elle referme les yeux, tourne et retourne. Elle a dû attraper froid dans les blés. Et voilà que maintenant elle est malade. Une bonne fièvre, sûrement, qui la fait délirer et avoir ces horribles cauchemars. Elle s'agite encore puis repart dans le néant. Combien de temps ? Elle ne sait pas, mais quand son esprit se
réveille, quand ses sens se remettent en route, sa tête ne lui fait plus mal. Elle se sent moins lourde. Son esprit est embrumé, mais elle perçoit des voix dans le brouillard. Ses parents seraient-ils de retour ? Combien de temps a-t-elle dormi ? — Toi, là, viens ici. — Moi ? — Oui, toi, approche. La jeune femme se lève et avance vers l'homme qui vient de s'adresser à elle. — Comment t'appelles-tu ? — Anna. — Très bien. Tu vois la jeune femme là-bas ? — Oui, comment ne pas la voir. Tout le monde ne parle que d'elle. Elle ne devrait pas être là. Elle fait partie de nos… — Tais-toi. Je ne veux pas entendre ce genre d'horreur. Si elle est là, c'est qu'elle doit l'être. — Mais… — Pas de mais, et je te la confie. Tu t'occupes d'elle. Si elle a besoin de quelque chose, tu le lui donnes, dans la mesure de nos capacités bien sûr. — Mais… — Qu'est-ce qui te gêne, hein ? Elle ne va pas te faire de mal. En plus, elle ne sait rien. Je préférerais d'ailleurs que tu ne lui dises rien. Je lui expliquerai le moment venu. Maintenant, je dois sortir. Alors, garde un œil sur elle. Anna n'a pas le temps de répondre, et elle sent bien que cela aurait été inutile. L'homme qui les a amenés ici et qui paraît tout diriger ne lui a pas vraiment laissé le choix. Elle s'installe en vue de la jeune femme tout en restant avec le reste du groupe. Des enfants gesticulent, commencent à s'énerver. Le temps leur semble long. Leurs mamans les rouspètent, ils se calment cinq minutes avant de recommencer. Anna leur fait signe de s'approcher. Ils ne se font pas prier, c'est l'occasion de bouger de quelques centimètres. Tout en gardant un œil sur sa mission, Anna propose un jeu calme aux enfants. Une maman s'interpose. — C'est ce qu'il t'a demandé de faire ?
— Non, j'ai juste pensé… — Pensé à quoi ? Tu crois que c'est le moment de jouer ? Tu imagines qu'on a la tête à s'amuser et à rire ? Ta jeunesse te rend inconsciente ! — Bien au contraire. Nous sommes coincés là, et alors ? Vous pensez tous rester assis à ne rien faire, sans rien dire ? Vous comptez prendre racine ? Combien de temps allonsnous rester là ? Deux jours, deux semaines ? Deux mois ? Plus peut-être. Et vous allez tous attendre ainsi ? Vous ne croyez pas qu'on devrait s'organiser une vie ici pour mieux supporter ce moment ? C'est assez grand pour s'installer correctement et peut-être pourrait-on se trouver des petits coins pour que chaque famille ait un peu plus d'intimité. Nous devons trouver une activité et nous bouger. Nous ne pouvons pas rester inertes. — Tu as peut-être raison. Les hommes, vous pourriez explorer le coin. Nous allons voir pour le repas. Et toi, tu t'occupes des enfants. Les grands vont t'aider. — Très bien, mais je dois également veiller sur la jeune femme. — Elle ! Ce n'est pas nos oignons ! — Pas le vôtre mais c'est devenu le mien. Émilie ouvre les yeux. Face à elle, tout est sombre. Elle regarde ses mains, ses vêtements. Non, sa vue n'est pas trouble. Tout est bien marron devant elle, au-dessus aussi. Mais où est-elle ? Elle se souvient alors de cette nuit, le bruit, puis la main sur sa bouche. Ce n'était donc pas un rêve. Elle a été enlevée et déposée elle ne sait où. Elle essaie de se retourner et aperçoit quelqu'un qui s'approche. Elle se remet face au mur. — Bonjour, je m'appelle Anna. Tu es réveillée ? Émilie referme les yeux et ne répond pas. — Si tu as besoin de quelque chose, n'hésite pas. Émilie ne répond toujours pas. Elle a de l'humour celle-là. Si elle a besoin de quelque chose ? Mais bien sûr, elle a besoin de quitter cet endroit et de rentrer chez elle. Elle l'enlève et lui demande si elle a besoin de
quelque chose. C'est une blague, non ? Anna reprend. — Tu sais, je ne suis pas loin, je m'occupe des enfants, tu n'as qu'à me faire signe. Des enfants ! Parce qu'en plus elle agit en étant entourée de ses enfants ! Ou alors, on l'a obligée, elle le fait pour les protéger ! Elle est forcée d'obéir pour ne pas qu'on leur fasse du mal. Mais alors, peut-être pourrait-elle s'enfuir facilement… Et si cela entraînait des problèmes pour les petits… Tout s’enchaîne dans l'esprit d'Émilie. Elle ne sait plus ce qu'elle doit faire. De toute façon, elle est bien décidée à ne pas se précipiter. Observer, écouter, lui paraît la meilleure solution pour le moment, essayer de comprendre le rôle de cette femme qui ne lui paraît plus si antipathique. Anna retourne près des enfants. D'un œil, elle aperçoit la jeune femme qui se met sur le dos. Elle a bien compris qu'elle ne dort pas et qu'elle refuse la communication. Des liens peuvent difficilement se créer dans ces conditions, pourtant l'épreuve en serait moins difficile à supporter. Anna ne sait trop que faire. Qui pourrait l'en blâmer ? L'homme qui lui a confié la mission ? Les enfants la tirent rapidement de ses pensées. Ils ont encore toute leur innocence et ne se rendent pas compte de tout ce qui se joue autour d'eux. Les occuper n'est pas la tâche la plus simple. Il n'y a rien pour aider, leur raconter une histoire, chanter, leur apprendre une poésie, faire quelques jeux calmes… Anna en revient vite aux mêmes activités. Les enfants en sont conscients mais préfèrent la répétition à la station assise, sans bouger contre un mur. Le temps leur paraît moins long et les hommes qui les ont amenés ici sont de retour. Dès leur arrivée, ils sont surpris par tant de remue-ménage. Le meneur vient se renseigner auprès de la jeune femme. — Anna, que se passe-t-il ? — Quitte à rester ici, nous nous organisons pour mieux vivre ensemble. — Je vois, et tu es à l'origine de tout cela ?
— C'est un reproche ? — Non, je me renseigne. — Puis-je te demander ton nom ? Ce serait plus simple pour s'adresser l'un à l'autre. — On m'appelle Yan. — C'est ton prénom ? — On m'appelle ainsi, c'est tout ce que tu as besoin de savoir. Alors, est-ce toi ? — Disons que j'ai un peu secoué tout le monde pour les sortir de leur léthargie. On n'allait quand même pas rester contre ce mur ? — Très bonne initiative. Et la jeune femme ? — Elle est réveillée mais refuse tout contact. — Tu as essayé ? — Oui, mais dès que je m'approche, elle se tourne et ferme les yeux comme si elle dormait. — Comment sais-tu alors qu'elle est réveillée ? — Parce que je la surveille de loin, tout en m'occupant des petits. — Bien, tu me fais visiter ? — Moi ? Non. Je n'ai pas géré l'installation. Les hommes feront les guides mieux que moi. Mais je vais suivre aussi, si cela m'est permis. — Bien sûr, je vais demander à un de mes gars de prendre ta relève. Yan demande à l'un de ses hommes de veiller sur sa prisonnière puis, accompagné de Anna, va rejoindre les autres. Ils s'enfoncent dans le fond de la grotte et découvrent les pièces réservées à chacun. Il a la surprise de se voir attribuer un coin bien à lui, alors que ses hommes sont à plusieurs dans une chambre. La suprématie du chef ? Il ne se sent pas dirigeant pour deux sous, pourtant la tâche qui lui a été confiée l'oblige à commander d'autres hommes et à aller contre ce qu'il est dans l'âme. La mission, il n'était pas obligé de l'accepter. Pourtant, il n'a pas hésité longtemps, quitte à se faire violence pour être ce qu'il n'est pas. Cette mission, il doit la mener à bien, il ne le conçoit pas autrement. — Yan, nous allons manger.
Il se rend compte qu'il est resté immobile dans son antre. Plongé dans ses pensées, il ne s'est pas aperçu que tous se sont retirés. Chassez le naturel et il revient au galop ! Non, il ne doit pas se laisser distraire ainsi, ou il pourrait faire chou blanc. Il n'en a pas le droit. Il quitte son espace et rejoint tout le monde dans la pièce principale. Des caisses ont été placées les unes à côté des autres pour faire une table autour de laquelle chacun s'est installé. Les femmes ont trouvé la vaisselle et la nourriture. Tout a été bien préparé, sûrement depuis des mois. Il y a tout ce qu'il faut pour vivre ici un bon moment. Anna se lève avec une assiette et un couvert et se dirige vers Émilie qui s'est vite retournée face à son mur. Elle ne renonce pas pour autant, et lui dépose son repas. — Je sais que tu ne dors pas. Si tu veux te joindre à nous, tu peux. Viens avec ton assiette. Émilie ne réagit pas. Elle n'a pas envie de communiquer avec cette femme. Vu le bruit qu'elle entend, personne n'a l'air retenu contre son gré. Dès qu'elle se sent seule, Émilie se retourne sur le dos, en faisant attention à ne pas renverser la nourriture. Elle ne compte pas y toucher mais ne veut pas non plus salir son petit espace. Elle aperçoit son garde. Même pour le temps du repas, elle n'est pas laissée en paix. Impossible de prendre la clé des champs, il y a toujours quelqu'un. Et vu le monde dans la pièce principale, difficile de passer inaperçue. Peut-être que pendant la nuit… D'ailleurs, est-ce le jour ou la nuit ? D'où elle est, elle a du mal à faire la différence. Elle aimerait bien savoir ce qu'elle fait là, mais personne ne lui dit rien, et elle, elle refuse de leur parler, alors, que faire ? Comment savoir ? Attendre, elle n'a plus qu'à attendre. À table, les conversations vont bon train. Chacun a compris et fait bonne figure pour que le temps passé dans cette grotte soit le plus agréable possible. Yan est satisfait de cette ambiance et se sent ainsi mieux dans son rôle. Navré de devoir quitter cette atmosphère devenue enfin respirable, il se lève et annonce son départ. — Je dois encore sortir cette nuit. Je n'emmène que quelques hommes. Cela ne devrait pas être long. Avez-vous
besoin de quelque chose ? — À part… rentrer chez nous… — Vous savez que ce n'est pas possible, pas maintenant, mais j'espère le plus vite possible et tous. — Oui, désolée, ma remarque est déplacée. C'était plus fort que moi. — Ce n'est rien, je comprends. La situation est difficile pour nous tous. Alors ? Anna intervient. — À priori, tout a été bien organisé : l'hygiène, la nourriture, rien ne manque, pour le moment du moins. C'est juste pour les enfants, le temps est long pour eux. J'essaie de les occuper mais si tu trouves des jeux ou du papier, des crayons… — Je vais voir ce que je peux me procurer, mais je ne promets rien. Anna, tu fais attention à elle. — Comme d'habitude. Un petit sourire échangé et Yan se dirige vers la sortie, accompagné de quelques hommes. Les autres paraissent soulagés de faire une pause et de rester tranquilles. Les discussions reprennent et une maman se rend compte d'un manque. — On aurait dû lui demander une pendule pour qu'on puisse respecter les horaires d'une vie normale. Le jour filtre un peu, mais on a du mal à se repérer dans le temps. J'ai toujours le nez sur ma montre. — Tu as raison mais trop tard. D'ailleurs, il est temps de coucher les enfants et de libérer Anna. — Me libérer ? J'aime l'expression, surtout en ce moment ! Personne ne relève et Anna retourne au chevet d'Émilie qui a repris sa position de punie. Elle retrouve l'assiette telle qu'elle l'a laissée. — Tu n'as pas mangé ? Tu n'es pas raisonnable. En plus, tu crois que c'est bien de gâcher le peu que nous avons ? Tu devrais faire un effort ! Anna repart fâchée. Qui est cette fille qui se prend pour un mur ? Émilie a bien failli casser sa loi du silence. Elle n'a rien
demandé qu'elle sache : ni d'être là, ni nourriture. Être raisonnable ? Mais qu'est-ce qu'elle croit celle-là, et pour qui se prend-elle pour lui parler de la sorte ? Qu'elle s'occupe de ses enfants et qu'elle la laisse tranquille ! Qu'elle la laisse rentrer chez elle où elle acceptera de manger ! Ce n'est pas dans ses habitudes de gaspiller, mais elle ne mangera pas, elle refusera tout ce qui vient d'eux. Son estomac a bien réclamé, mais il s'est vite tu et Émilie est bien déterminée à le faire taire un bon moment. Son cœur a, en général, le dessus sur son corps. Quand elle décide, le reste suit. Sa force de caractère lui permet de tenir ce qu'elle décrète, tant que le cœur y est. Les femmes sont de retour et débarrassent la table. La vaisselle est placée dans des bassines et à l'ancienne, elles descendent vers le bas de la grotte où elles trouvent une rivière souterraine. Quelques hommes les éclairent. L'eau est froide mais bien utile. Fatigués par la journée, les nouveaux habitants du lieu agissent en silence, l'esprit sûrement hors de ces murs. Les gestes sont rapides et efficaces, les tâches bien réparties… Une qui lave, l'autre qui essuie, une dernière qui range, un vrai travail d'équipe comme si elles se connaissaient depuis toujours. Très vite, les femmes sont prêtes à remonter. De nouveau, les hommes les encadrent avec la lumière et le petit groupe entame sa remontée vers la pièce principale. À peine en haut, un son étrange attire leur attention. Ils s'arrêtent, le bruit reprend de plus belle. Des cris ? « Les enfants ! » Les femmes sont prêtes à se précipiter, mais les hommes les retiennent vivement. — On ne sait pas ce qui se passe là-bas. Avançons doucement et discrètement. Les affaires posées, les hommes en première ligne, le petit groupe avance vers la source du bruit. Le cœur battant à tout rompre, les femmes craignent pour leurs petits. Les cris sont de plus en plus forts et ne font plus aucun doute. Il s'agit bien de quelqu'un qui hurle. Arrivée à la pièce principale, Anna n'en croit pas ses yeux. Ce qu'elle voit dépasse ce qu'elle peut imaginer. Pas dans la situation où ils se trouvent, cela ne peut être. Et pourtant, ce
sont bien deux des hommes de Yan qu'elle voit occupés à agresser la jeune femme dont elle a la charge. Son sang ne fait qu'un tour. Elle se précipite sur eux. Émilie est déjà à moitié nue, les vêtements déchirés. Mais elle ne se laisse pas faire et se débat autant qu'elle le peut. Mais face à deux hommes, le combat est presque perdu d'avance. Anna hurle presque autant qu’Émilie. — Laissez-la ! — Fiche-nous la paix et va voir ailleurs. L'un d'eux la jette contre une paroi. Elle se relève et s'aperçoit que les autres regardent sans lever le petit doigt. Elle s'insurge. — Mais bon sang, aidez-moi ! — Elle n'est pas des nôtres ! — Et alors, cela leur permet de tout faire ! Parce qu'elle n'est pas des nôtres, ils ont le droit de l'agresser, de la blesser dans son intégrité ! Et vous les femmes, vous pensez vraiment qu'elle le mérite ?! Devant l'inertie de ses compagnons, Anna reprend son combat au côté d'Émilie. À deux, elles n'y arriveront peut-être pas, mais elles peuvent au moins reculer l'inévitable. Anna est constamment refoulée contre un mur, ce qui permet à Émilie d'envoyer de grands coups de pieds à celui qui reste. Leurs cris sont bientôt couverts par un seul plus fort.
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