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Expo vue

© Ron Haviv

Imagine

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Réflexions sur la paix

https://reflectionsonpeace.org blessés au Cambodge, en Bosnie- Herzégovine, au Rwanda, en Irlande du Nord ou à Sarajevo… Comment pouvoir dépasser la guerre et se reconstruire? Y aurait-il quelques signes d’espoir? Que des questions qui, actuellement, restent sans réponse, malheureusement. L’exposition se poursuit jusqu’au 10 janvier 2021, et des feuilles explicatives, par pays sont à disposition devant chaque panneau, alors allez vite voir ce projet ambitieux.

« La Paix est aussi fragile qu’une fleur » (un survivant de génocide)

Ne rêvons-nous pas tous de la Paix dans le monde ? Mais comment l’imaginer ?

Lors du vernissage de l’exposition au Musée du CICR le 15 septembre, j’ai pu découvrir des images étonnantes du point de vue purement formel, et des réflexions sur la Paix. La Paix serait-elle facile à imaginer mais si difficile à mettre en oeuvre ?

C’est en quelques photos que des photographes reporters, comme Roland Neveu ou Gary Knight, ont de vue bouleversantes, comme cet homme en premier plan, photographié en ex-Yougoslavie en 1992, « C’était un enfer… », Beyrouth sous les bombardements israéliens (1982), cet adolescent réfugié syrien qui relache un pigeon (2017)…et tous ces regards

tenté de le montrer avec leurs prises

© Don McCullin

En parallèle, la célèbre agence Magnum Photos propose un projet collaboratif sur le thème « Covid-19 par nous et par vous ». Béatrice Bauzin

Et un livre

© Nichole Sobecki

Dans le cadre de cette grande exposition, un livre de 408 pages, textes et photos, a été réalisé : Imagine : Penser la Paix. Le co-directeur de la Fondation de l’agence VII, Gary Knight, le présente dans l’excellente revue en ligne L’oeil de la photographie (abonnez-vous !!! ) dont l’essentiel est repris ci-après (texte original sous : https://loeildelaphotographie.com ).

Après des années à couvrir la guerre, Gary Knight a pensé à la paix. Ainsi est née l’idée d’envoyer des photographes dans les pays dont ils avaient couvert le conflit pour voir à quoi ressemblait la paix (Irlande du Nord, Bosnie, Rwanda, Liban, Cambodge et Colombie). Il y a trois ans l’équipe de la VII Foundation a commencé à travailler sur ce sujet. Trente hommes et femmes y ont participé, photographes, policiticiens, juges, et voix locales.

Gary Knight conclut ainsi: « À un moment où les problèmes nationaux dominent le cycle de l’actualité, j’espère que vous prendrez le temps d’échanger avec nous des préoccupations mondiales à plus long terme qui continueront de nous toucher tous. Merci d’avoir lu ce texte.»

www.redcrossmuseum.ch/expositions

Musée du CICR . Avenue de la Paix 17 - Genève > 10 janvier 2021

Annemarie Schwarzenbach

Départ sans destination

www.zpk.org/fr/expositions

Grande exposition au Musée Paul Klee de Berne des œuvres de la première Suissesse photoreporter des années 30 et de la femme hors normes qu’était Annemarie Schwarzenbach

Elle profite des diverses missions d’un mari diplomate qui l’emmène au MoyenOrient, en Asie, Afrique et Amérique pour couvrir en tant que journaliste des événements comme la crise de 1929. De l’Orient, elle cherchera à faire découvrir des cultures encore peu connues du grand public.

Son goût des voyages l’aurait de toutes façons poussée à partir toujours plus loin, toujours ailleurs jusqu’à cet incroyable périple en Ford avec la Genevoise Ella Maillard jusqu’en Afghanistan.

Leur odyssée, filmée par Maillard, est projetée au musée permettant au spectateur de mesurer leurs péripéties et avatars : incroyable itinéraire pour l’époque de deux femmes qui croisent des populations totalement inconnues dans les années 1930 qui elles-mêmes n’ont

Annemarie Schwarzenbach

jamais vu d’Occidentaux encore moins d’Occidentales ! Les nombreuses lettres de Maillard dévoilent aussi la détérioration des rapports entre les deux amies qui se sépareront et finiront le voyage chacune leur côté.

C’est une vie tragique que celle de Schwarzenbach. Une femme assurément mal à l’aise dans son siècle et surtout dans sa condition de femme. Ses photos montrent un esprit libre, à la recherche de l’image forte, pas encore vue, un désir de couvrir l’inattendu, l’insolite.

Son regard sur l’Europe - et également la Suisse - est lucide et nous fait revoir de grandes pages d’Histoire.

300 textes parus de son vivant, mais la plupart de ses 7000 photographies est restée inédite. Elles sont désormais conservées aux Archives littéraires suisses de Berne. L’exposition est riche en documents variés de toutes sortes présentés sous vitrines et qu’il faut prendre le temps d’observer, de lire.

Une exposition à ne pas manquer, et une belle occasion de faire de la photo d’architecture autour de ce musée unique !

Joëlle Kohler

Départ sans destination Paul Klee Zentrum Monument im Fruchtland 3, Bern > 03 janvier 2021

Werner Schwarz

Photographies

www.wernerschwarz.ch

trouvé le moyen de communiquer et de se faire accepter, lui et son boîtier : c’était l’époque d’avant le tourisme de masse !

Presque toutes ses photos sont des diapositives 6x6. Il y en a plusieurs milliers conservées dans les archives de la fondation qui gère le fond Werner Schwarz. Une sélection numérisée et imprimée a servi pour cette exposition qui vient de s’achever au Kornhaus forum à Berne.

Son travail photographique, cadrage et lumière impeccables, est aussi une belle découverte historique qui donne à voir dans ses images des mondes engloutis par la modernité. Joëlle Kohler

Tout simplement Photographies, le titre de l’exposition de ce discret mais grand photographe (1918-1994) grandi dans une ferme à Schliern (BE) et qui très tôt manifeste un penchant artistique (apprentissage de dessinateur de meubles, puis école des arts et métiers de Berne. En 1950, un irrépressible besoin de sortir de sa campagne natale le pousse, en 1950, sur les routes d’Italie, du Maroc, en Inde et jusqu’au Groenland qui lui inspirera des tableaux sur verre.

(In)visibles Aux Bastions

Il ne s’agit ni d’une exposition sur la violence faite aux femmes ou sur le réchauffement climatique, ni sur la pédophilie ou sur la faim dans le monde ou sur l’éternel Covid-19 mais sur l’homophobie : des photographies de couples LGTBIQ (Lesbiennes, Gays, Bisexuel·le·s, Transgenres, Intersexes, Queers) faites à Genève.

Ces familles quasi invisibles sont mises en avant, et quelques explications concernant leurs peurs, leurs insécurités, leurs discriminations, leurs espoirs nous sont données sous chaque image. C’est aujourd’hui, 11 octobre, qu’a lieu la Journée internationale du coming out. Il est important donc, de sensibiliser la population avec un tel message d’ouverture et de respect. Béatrice Bauzin

Le projet (In)visibles :

Buts du projet : visibiliser les couples et familles LGBTIQ+ au sein des espaces publics via plusieurs expositions photographiques accompagnées de témoignages.

Sensibiliser les jeune·x·s contre la transphobie, la biphobie et l’homophobie à travers des visites de l’exposition par des classes d’écoles.

Sensibiliser un maximum de personnes peu ou pas concernées par la thématique.

Fred Boissonnas et la Méditerranée

Une Odyssée photographique

L’exposition Une Odyssée photographique est consacrée à l’œuvre de l’un des plus grands photographes genevois, Fred Boissonnas (1858 -1946). Si son travail de portraitiste a été très diffusé à Genève, bien des familles possédant dans leurs albums des images provenant de l’atelier Boissonnas, cette exposition met en valeur un pan méconnu et crucial de sa carrière, celui consacré à la Méditerranée.

Après avoir photographié la campagne genevoise et les Alpes, Fred Boissonnas parcourut en effet, avec l’helléniste et géograhe Victor Bérard, les rivages méditerranéens durant les trois premières décennies du 20ème siècle à la recherche de la lumière, d’Ulysse, le héros d’Homère, des paysages bibliques, de la « Grande Grèce » ou de l’Égypte postcoloniale...

À l’aide de multiples collaborations, il exploita la richesse et la magie de la photographie en montrant sa capacité à connecter le visible et l’invisible, la géographie et la poésie, la science et l’imaginaire, pour proposer de nouvelles

Fred Boissonnas et la Méditerranée

interprétations des paysages et de l’histoire du monde.

Présentées pour la première fois, la majorité des œuvres provient de fonds patrimoniaux conservés par la Bibliothèque de Genève. Poétique et fascinante, cette exposition se veut aussi riche en enseignements sur l’histoire des relations ambivalentes et passionnées entre l’Europe et la Méditerranée. À la fois poétique et ludique, l’exposition montre la richesse du patrimoine genevois ; elle rappelle aussi la place fondamentale de la Méditerranée dans la culture suisse et européenne. Le parcours du visiteur est conçu comme un voyage dans la géographie et l’histoire de l’espace méditerranéen, de la Grèce au mont Sinaï, en questionnant les

liens qui les unissent à l’Europe. Il est ponctué d’instruments spectaculaires, qui font découvrir la magie des anciennes techniques photographiques, en noir et blanc ou en couleur. Les sections sur le voyage d’Ulysse et sur le mont Sinaï permettent de découvrir les liens entre les grands textes que sont l’Odyssée et la Bible, et la géographie. Eric Boillat

Fred Boissonnas et la Méditerranée Musée Rath, Place de Neuve > 31 janvier 2021

Attention ! réservations en ligne, jour et heure.

Fred Boissonnas et la Méditerranée

Un marathon photographique

A côté de la beauté des photographies exposées au musée Rath, l’œuvre de Fred Boissonnas laisse plus qu’admiratif devant des conditions de voyage et de travail qui dissuaderaient le plus courageux d’entre nous ! Il suffit au visiteur de poser son smartphone à côté de l’énorme chambre photographique et d’en déduire le volume et poids !

Quelle passion il aura fallu à ce pionnier, à cet amoureux de l’image, de la culture et de l’histoire pour déplacer des montagnes... de matériel (plaques de verre et produits chimiques y compris), à cheval, en barque, à travers déserts et rochers. Mais toute cette énergie, cette volonté, cette foi dans l’image ne lui auront pas épargné la faillite.

Merci au Fonds Borel-Boissonnas pour avoir rassemblé la somme des travaux de l’artiste confiés au Centre d’iconographie de la Bibliothèque de Genève en charge de leur conservation et de leur numérisation.

Quelques chiffres donnent la mesure de l’entreprise : 200’000 documents, 20’000 plaques de verres, négatifs et diapos, 60’000 tirages, 8 ans d’archivage, 13'815 reproductions numériques, 2676 documents en ligne et 9 expositions dont celle-ci que vous ne pouvez pas ignorer,

d’autant qu’elle dure jusqu’en janvier !

Fred Boissonnas et la Méditerranée

Amoureux du voyage, certes, mais avant tout, amoureux de la photographie. L’exposition révèle aussi le regard du photographe sur son propre son pays et les habitants du petit peuple, les gestes quotidiens, les métiers d’alors aujourd’hui disparus et que le visiteur redécouvre.

Œuvre immense, immense aussi l’impressionnant format des livres nés des cheminements domestiques et des périples lointains. C’était l’époque où le livre était encore un objet précieux porteur de merveilleux. Nouvelle tentative du visiteur d’en estimer mentalement les dimensions... et le poids sur ses genoux.

L’université de Genève a produit une video et des documents passionnants, dont certains en .pdf et téléchargeables qui vous aideront à préparer votre visite.

Vous recevrez avec votre billet d’entrée un joli fascicule de 80 pages émis par la Bibiothèque de Genève et le Fonds BorelBoissonnas. Joëlle Kohler

http://institutions.ville-geneve.ch www.unige.ch/sciences-societe https://bge-geneve.ch http://LODYSSEE_guide.pdf

Fred Boissonnas

Entre Méditerranée et Léman

Je suis allé jeter un coup d’œil aux Bains des Pâquis, là où les badauds tombent sur les panneaux explicatifs des fameux voyages de Victor Bérard, helléniste, et de Fred Boissonnas, photographe, partis en 1912 sur les traces de l’Odyssée. Cet accrochage fait écho à l’exposition qui se tient actuellement au musée Rath et présentée dans les pages précédentes.

Sur le mur des cabines de bains, une série de plaques décrit, textes et reproductions de clichés à l’appui, le périple et les découvertes des deux voyageurs partis dans les lointaines contrées de la Méditerranée d’alors. Le récit d’Homère a nourri l’imagination de tant de générations de lecteurs sur la beauté et les dangers de la navigation en Méditerranée que nos protagonistes décidèrent de courir sur les traces du héros de ce récit.

A Bérard, traducteur de l’œuvre, de localiser les lieux qui auraient inspiré Homère pour imaginer les aventures d'Ulysse ; à Boissonnas de couvrir l’événement et d’en rapporter les preuves. Il faut comprendre que ces deux explorateurs ont à cette occasion réalisé un sacré périple, ambitieux et compliqué à l’époque, afin de se rendre sur les lieux mythiques de cette épopée et de retrouver, à chaque étape, l’itinéraire de son héros.

Sur les panneaux exposés, de nombreux extraits de leur récit sont agrémentés par les superbes images, en noir-blanc, prises et traitées sur place. En effet, le photographe avait embarqué dans ses bagages de nombreuses plaques de verre et les produits chimiques nécessaires au développement immédiat des clichés, le tout souvent transporté sur un cheval.

Il repérait ses sujets et enrichissait à chaque étape sa collecte, comme par exemple dans le dangereux détroit de Messine où, sur leur frêle embarcation, il court de tribord à bâbord pour photographier le tourbillon associé à Charybde et de l’autre côté aux rochers abruptes de Scylla.

Un autre jour, à Pylos, Boissonnas photographie un homme vêtu d’une casaque bleue et coiffé d’un bonnet rouge qui le fascine par son regard ; il l’associe d’emblée aux descendants des personnages de l’Odyssée.

De son côté, Bérard était très satisfait de découvrir, sur l’île d’Ithaque et après treize heures d’une randonnée difficile, la source et l’abri du porcher qui accueillit Ulysse à son retour sur l’île.

Un autre jour, ils parcourent les vignobles du Pausilippe à la recherche de la caverne de Polyphème, le cyclope, et ils la trouvent ; c’est dans ce sombre tunnel que Boissonnas jette une chandelle magnésique (l’ancêtre du flash) et réussit un cliché reproduisant une fulgurante lueur et des ombres fantastiques.

Aujourd’hui, avec le phare des Pâquis comme symbole entre le Léman et la Méditerranée, c’est bien au cœur de Genève que la ville natale du photographe rend ainsi hommage aux deux explorateurs dont bien des Genevois d’aujourd’hui n’imaginent pas la richesse de l’homérique périple.

Si c’était une certaine façon pour eux de remonter au temps du poète grec, par cette exposition, c’est une certaine façon pour le visiteur de remonter à l’origine du reportage photographique : belle expérience revécue grâce à de superbes images noir/blanc. Eric Boillat

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