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Le pari des cinq métaux

En 1968, le biologiste et professeur américain Paul Ehrlich publie The Population Bomb. Dans ce texte, il explique que l'humanité dans son ensemble se dirige vers une catastrophe démographique. Citant les pressions malthusiennes, il met en avant le fait que la population mondiale aura doublé entre les années 1950 et 1987 et évoque de potentiels effets dévastateurs : un conflit pour accéder à des ressources devenues rares et une famine massive. Il s’agit de la justification académique d’une panique généralisée qui marque les années 1960 et 1970 – entretenue par les médias et divertissements de cette période, comme Soylent Green et Stand On Zanzibar.

C'est là qu'intervient le professeur de commerce Julian Simon. Il s'oppose à Ehrlich au motif que, grâce à l'innovation et au progrès, l’humain trouvera toujours un moyen de relever les défis. Les deux hommes sélectionnent cinq métaux -le chrome, le cuivre, le nickel, l'étain et le tungstène -et parient sur leurs prix ajustés à l'inflation d'ici 1990. Si leurs prix augmentent, cela prouvera que la thèse d'Ehrlich sur la rareté des ressources était correcte. S'ils diminuent, cela validerait l'argument de Simon selon lequel l'innovation prévaudrait.

Arrive alors la révolution verte : des percées technologiques entre les années 1950 et la fin des années 1960 (engrais chimiques, irrigation mécanisée...) et la possibilité de cultures à haut rendement. La productivité agricole explose. L'un des personnages clés de cette révolution, l'agronome Norman Borlaug, reçoit le prix Nobel de la paix pour avoir sauvé environ 1 milliard de personnes de la famine. On constate une diminution de la pauvreté, de la mortalité infantile, et même des émissions carbone alors que la surface des terres disponibles pour le reboisement augmente. Aujourd'hui, nous sommes plus nombreux que dans les années 1960, et nous sommes aussi la population la mieux nourrie de toute l'histoire de l'humanité. En octobre 1990, Simon reçoit une lettre d'Ehrlich, avec un chèque de 576 $ et 7 cents qui confirme qu'il a bien gagné le pari.

A path forward:

So what does the price of Tungsten in 1990 and efficient agriculture have to do with demographic aging? The Simon-Ehrlich Wager reflects a broader mechanic in the Anthropocene. In many ways, technological innovation is one of the main forces that our future is dictated by. Hence, an incoming “crisis” can be annulled before its effects can come to be felt if innovators, the private sector and policymakers preempt it through investment, enterprise and shrewd policy.

From my own personal perspective, I see two technological branches which hold extreme promise in this regard: artificial intelligence and bio-tech. In terms of the former, research by PwC led them to argue that AI can contribute $15.7 trillion to the global economy by 2030, an output higher than the GDP of China and India combined. Its ability to augment productivity to offset any shortfall would be monumentally important in the near future. Artificial intelligence also comes with the added benefit of increasing productivity while also reducing the necessity for the human element, making it the perfect remedy for this specific issue.

AI CAN CONTRIBUTE $15.7 TRILLION TO THE GLOBAL ECONOMY BY 2030, AN OUTPUT HIGHER THAN THE GDP OF CHINA AND INDIA COMBINED

Une voie à suivre

Alors, qu'est-ce que le prix du tungstène en 1990 et une agriculture efficace ont à voir avec le vieillissement démographique ? Le pari Simon-Ehrlich est le reflet d’une tendance plus large ; à bien des égards, l'innovation technologique est l'une des principales forces qui dicte notre avenir. Par conséquent, une « crise » imminente peut être contrée avant que ses effets ne se fassent sentir si les innovateurs, le secteur privé et les décideurs politiques s'attaquent au problème avec les solutions suivantes : des investissements, des entreprises et des politiques judicieuses.

Je pense personnellement à deux branches technologiques extrêmement prometteuses à cet égard : l'intelligence artificielle et la biotechnologie. En ce qui concerne la première, les recherches de PwC leur permettent d’affirmer que l'IA peut apporter 15,7 billions de dollars à l'économie mondiale d'ici 2030 (une production supérieure au PIB de la Chine et de l'Inde réunis). Sa capacité à augmenter la productivité pour compenser tout manque à gagner sera d'une importance monumentale dans un avenir proche. L'intelligence artificielle permet également d'augmenter la productivité tout en réduisant le besoin de l'élément humain. C’est le remède parfait à ce problème spécifique.

The latter, bio–tech, refers to a broad array of fields in medical and biological technology. In what the World Economic Forum has termed “The Longevity Effect”, advances in bio-tech could come to mean that the average person would be able to live a longer, healthier and more productive life that would dull any expected damage from a demographic shift. We can see the beginning of this phenomenon today. Japan has both a demographic trend towards aging as well as one of the most globally renowned healthcare systems. It may therefore be surprising to note that, according to a state survey in this very same year, over 40 percent of Japanese aged 60 and above were willing and even motivated to continue working. We also see a lot of overlap between the two areas. AI has already shown to be a powerful tool in the diagnosing of cancer, healthcare pertaining to Alzheimer’s disease and in putting aggregate data to good use. If we play our cards right, we may see a future where less people would be able to work less hours while living at the peak of their health for longer.

Quant à la biotechnologie, elle fait référence à un large éventail de secteurs liés à la technologie médicale et biologique. Le Forum économique mondial a nommé “effet de longévité” les progrès de la biotechnologie qui pourraient nous permettre de vivre une vie plus longue, plus saine et plus productive. Tout cela atténuerait les dommages d'un changement démographique. Au Japon, on constate que la tendance démographique est au vieillissement. Dans ce pays qui possède l'un des systèmes de santé les plus renommés au monde, plus de 40 % des Japonais âgés de 60 ans et plus (selon une enquête d'État réalisée cette même année) étaient en mesure et même motivés à continuer à travailler. Nous constatons également de nombreux chevauchements entre les deux domaines. L'IA s'est déjà révélée être un outil puissant dans le diagnostic du cancer et pour les soins de santé liés à la maladie d'Alzheimer. Si nous prenons les bonnes décisions, nous pourrions profiter d’un avenir dans lequel nous pourrions travailler moins d'heures tout en vivant plus longtemps et en bonne santé.

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