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La Belgique, territoire du numérique en devenir ?

Sur l’ensemble du territoire, la course au numérique s’intensifie. Pour gagner le pari technologique et faire de la Belgique une véritable nation compétitive à l’échelle internationale, trois experts nous expliquent les objectifs et outils mis en place.

André Blavier

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Directeur communication & écosystèmes numériques L’Agence du Numérique

Jeroen Fiers

Conseiller VLAIO

Bernard Clerfayt

Ministre de la Transition numérique Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale

Utiliser la puissance numérique pour entreprendre, interagir et anticiper l’avenir: un besoin actuel ou un objectif à long terme ?

« Les deux ! Suivant leur niveau de maturité numérique, les organisations peuvent utiliser la puissance numérique pour optimiser leurs activités, c’est-à-dire faire mieux, plus vite et à plus grande échelle que ce qu’elles font déjà. À court terme, on peut par exemple penser à améliorer une ligne de production grâce à la robotique ou la logistique de distribution avec des techniques d’intelligence artificielle. À long terme, envisager une véritable transformation de ces activités par le numérique peut aller jusqu’à l’évolution ou le changement du modèle business. Pour une entreprise, cela pourrait, par exemple, signifier passer d’une distribution traditionnelle à un système de vente en ligne ». « Pour le gouvernement flamand, il est crucial de ne pas manquer cette transformation. La puissance numérique et la transformation digitale sont des besoins actuels qui se sont accentuer avec la crise du Covid-19 et s’appliquent à toutes nos entreprises. Actuellement et à long terme, nous sommes convaincus de l’importance capitale que joue le numérique dans la compétitivité de notre Région et donc de la nécessité de faire évoluer le plus d’entreprises possibles dans ce sens. Sans processus, produits et services digitalisés, les entreprises ne seront plus compétitives et productives dans le futur. De manière générale, la numérisation est aussi un moyen de relever de nombreux défis sociétaux ». « C’est déjà une urgence aujourd’hui, mais c’est aussi une nécessité. Dans toute une série de processus d’interaction entre administrations, administrations et citoyens, usagers et entreprises, cette tendance de transition digitale (télétravail, visioconférence) déjà en cours s’est vue accélérée par la crise Covid. De par sa nature, ce développement technologique est une application des technologies de la communication à la vie courante, la vie des affaires, la vie sociale. Elle permet donc de communiquer plus et mieux, ce qui se traduit, en entreprise, par une hausse de la productivité, moteur de la croissance économique, et donc contribue directement à l’élévation du niveau de vie ».

Quels sont les aménagements mis en place par votre Région pour renforcer sa compétitivité numérique ?

Enjeux et opportunités : pourquoi est-il essentiel d’améliorer la qualité des infrastructures existantes ?

« La stratégie Digital Wallonia a été lancée en 2016 pour accélérer la transformation numérique de la Région. Elle s’articule en 5 grandes ambitions : le développement des compétences numériques pour tous, la transformation numérique des entreprises, l’équipement du territoire, les services publics numériques et le développement du secteur du numérique. Ces 5 ambitions se déclinent en une vingtaine de programmes structurants qui fédèrent les acteurs privés et publics et concentrent les moyens sur des objectifs opérationnels. Dans le cadre de Digital Wallonia, l’AdN propose le Digiscore, un outil en ligne gratuit qui permet à chaque entreprise de mesurer son niveau de maturité numérique ». « Notre responsabilité consiste à effectuer une mission de sensibilisation auprès des entreprises qui ne le sont pas encore et d’apporter soutien et coaching en matière de transformation numérique par le biais d’une série d’initiatives et d’activités. Dans le cadre de notre mission, nous nous assurons que la réflexion axée autour de cette digitalisation devienne une priorité pour toutes les entreprises. Et cela peu importe leur taille et degré de maturité en matière de numérique (réticentes, novices ou proactives). Dans la perspective de « l’échange fluide d’informations », la Région flamande travaille à la création d’une société flamande de services publics de données (DATANUTSBEDRIJF) ». « Au sein des administrations publiques bruxelloises, une gouvernance cohérente a été mise en place. Avec la législation Only Once, la collecte unique d’ information a été implémentée. Sur le plan structurel, il existe une plateforme d’échange de données sécurisées, Fidus. L’optimisation du réseau de fibre optique (1000 km de câbles) développé par la Région bruxelloise il y a 20 ans pour relier les administrations publiques (régionales et communales) a également été réétudiée. Jusqu’à présent exploité à 40%, ce réseau du secteur public bruxellois est désormais offert à d’autres opérateurs publics (STIB, Sibelga, etc) et la vente auprès de partenaires tiers est actuellement examinée ».

« À l’échelle des territoires comme à l’échelle des entreprises et des ménages, la transformation numérique repose d’abord sur un accès universel à un Internet à très haut débit, mais aussi sur la disponibilité permanente d’infrastructures physiques et applicatives performantes. La pandémie vient de nous le rappeler de manière spectaculaire. Sans connectivité, nos structures humaines auraient été paralysées. Sans le télétravail, l’e-commerce ou l’industrie 4.0, l’économie se serait effondrée. Sans les applications et canaux numériques, les services publics auraient cessé de fonctionner et il aurait été impossible de suivre l’épidémie en temps réel et d’organiser des campagnes de vaccination ». « Pour VLAIO, il est important de mettre l’accent sur les deux plus grands enjeux de la transformation numérique : la cybersécurité et les compétences des collaborateurs. En matière de cybersécurité, les incidents peuvent avoir d’énormes conséquences financières et mettre à mal des processus commerciaux cruciaux. De plus, les cyberattaques peuvent aussi endommager la réputation des entreprises auprès de leurs clients et fournisseurs. C’est pourquoi chaque PME a besoin d’une politique de cybersécurité. En matière de compétence du personnel, il faut impliquer les collaborateurs dès l’introduction d’une nouvelle technologie en entreprise. Et en mesurer l’impact sur l’organisation est également primordial ». « Pour réussir la transition numérique au plus vite et au mieux, la question très sensible de la fracture numérique reste un enjeu crucial. Beaucoup de citoyens vivent cette transition comme une vraie difficulté. D’après une étude partagée par la Fondation Roi Baudouin, 40% des Belges ont des difficultés à exploiter le numérique, 24% maîtrisent mal les outils et 15% sont incapables d’envoyer un email, de consulter un site internet ou encore de remplir un formulaire en ligne. Néanmoins, la transition numérique constitue une opportunité gigantesque d’amélioration de la qualité de vie des Belges dont on ne peut pas se priver. Aussi bien sur le plan économique que sur le plan de la vie courante ».

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