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DOSSIER COVID-19
juin 2020
Au cœur de l’EMS Les Lys
«Les propositions d’aide étant arrivées trop tard, nous avons dû nous adapter» L’EMS Les Lys, à Prilly, a payé un lourd tribut à la pandémie, avec plus d’un tiers de ses résidents décédés du Covid-19. Son directeur, Christian Weiler, revient sur les différentes mesures prises par son établissement. Au 14 mai 2020, quel est le bilan des résidents de l’EMS Les Lys touchés par le Covid-19?
Sur nos 59 résidents, nous avons eu 39 cas positifs Covid et nous déplorons 22 décès à ce jour. Concernant les collaborateurs, nous avons eu 70 absents sur 240, 15 personnes ont été testées positives et une dizaine a présenté des symptômes douteux. Comment expliquer cette importante mortalité?
La première raison est que nous hébergions des personnes présentant une très grande fragilité juste avant que le Covid-19 n’apparaisse. La seconde raison est que nous avons été massivement infectés par nos apprentis, dont sept ont été infectés au cours d’une soirée, la première semaine. Les 17 résidents qui ont attrapé la maladie en premier sont tous décédés. Enfin, les mesures barrières sont difficiles à appliquer avec des personnes souffrant de troubles démentiels. Quelles mesures avez-vous prises?
Nous avons très rapidement créé une unité extensive Covid-19 (de 2 à 18 patients), autonome, à l’accès direct et limité à des collaborateurs bien formés et équipés. Les mesures de prévention ont tout de
Les directives cantonales étaient peu claires au départ et peu adaptées au matériel disponible. Nous avons fait marcher notre bon sens et notre connaissance pratique du terrain pour mettre en place un système D en lien avec les informations qui nous parvenaient. Nous avions des masques chirurgicaux en réserve et je suis allé moi-même chez un paysan acheter de l’alcool distillé pour ensuite le faire transformer en solution hydroalcoolique chez notre pharmacien. J’ai aussi obtenu des lunettes de protection dans un magasin fermé et nous avons bricolé des visières pour effectuer sur place les tests nasopharyngés. Avez-vous eu recours aux équipes mobiles pour vous aider?
suite été mises en place, la température des résidents et des collaborateurs contrôlée tous les jours. Tous les résidents symptomatiques ont été isolés et testés. Nous avons compris trop tard que la température est un symptôme qui arrive tardivement chez les personnes contaminées. Durant la crise, nous avons arrêté toute admission de nouveaux résidents. La zone Covid, qui va bientôt fermer, sera utilisée dorénavant comme zone de quarantaine pour toute nouvelle admission. Durant cette première vague, avezvous bénéficié de tout le matériel nécessaire pour la protection des soignants et des résidents?
On les a fait intervenir lorsque c’était nécessaire. Nos besoins n’étaient alors pas de l’ordre de conseils de seconde ligne, mais de gestes concrets de soins directs de première ligne. Les tests ont été réalisés sur place et l’accompagnement en soins palliatifs fait partie des compétences essentielles à notre mission. La décision tardive du médecin cantonal de rendre obligatoire la collaboration avec les équipes mobiles a été vécue à l’interne comme un manque de confiance et une humiliation. Cette forme de «contrôle» après plus de trois semaines de lutte était non seulement une perte de temps, mais aussi peu valorisante pour notre