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DOSSIER COVID-19
juin 2020
Directives ASSM-SSMI
Définir les critères d’admission aux soins intensifs en cas de saturation Face à un possible risque de surcharge des ressources et de pénurie de personnel aux soins intensifs durant la pandémie de Covid-19, l’Académie suisse des sciences médicales (ASSM) et la Société suisse de médecine intensive (SSMI) ont publié courant mars des directives nationales portant sur le triage des patients dans une telle situation. Explications.
E
n tant que président de la SSMI, j’ai contacté mon homologue de l’ASSM durant le weekend du 14-15 mars 2020, pour mettre en place un groupe de travail visant à compléter les directives sur les mesures de soins intensifs de 2013, applicables dans une situation de disponibilité normale des ressources de soins intensifs, mais probablement insuffisantes en cas de pandémie. Nous devions en effet à tout prix éviter que la situation alarmante vécue par nos confrères italiens et français ne se reproduise en Suisse, d’autant plus que l’afflux rapide de malades sévères au Tessin laissait entrevoir la possibilité de dépassement de nos capacités d’accueil. Il devenait dès lors indispensable de définir une base de décision commune pour le triage des patients, pour aider les médecins devant assumer cette responsabilité dans les unités de soins intensifs, et pour éviter des décisions trop inégales entre les services dans notre pays. Nous avons donc jugé qu’une annexe spécifique aux recommandations de 2013 devait être rapidement disponible. SAUVER AUTANT DE VIES QUE POSSIBLE
Prof. THIERRY FUMEAUX PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ SUISSE DE MÉDECINE INTENSIVE
Les recommandations et directives sont habituellement établies sur la base des évidences disponibles dans la littérature médicale. C’est le cas également des directives éthiques de l’ASSM, qui sont ensuite approuvées par la chambre médicale de la FMH et intégrées dans le code de déontologie, ce qui leur donne force de loi. La situation était assez différente pour le Covid-19: aucune pandémie comparable n’étant survenue dans les dernières décennies, peu de données solides étaient disponibles dans la littérature. Notre groupe de travail a donc évalué les aspects
éthiques et médicaux soutenant les décisions de triage, en se basant sur les avis d’experts émis dans le contexte de la grippe saisonnière ou H1N1, ou du SARS-CoV-1 en 2003. Il a fallu prendre des décisions, basées sur les meilleures données disponibles, et assumer certains choix difficiles. Les directives proposées ont donc pour but de sauver le plus de vies possible: il faut alors passer d’une logique de soins centrée sur le patient individuel à une logique centrée sur la collectivité, comme dans la médecine de catastrophe. Cela signifie que les patients dont le pronostic vital va être le plus favorablement influencé par une prise en charge intensive deviendront prioritaires, sur la base de critères les plus objectifs possible. Il est également fondamental d’offrir les mêmes chances à tous les patients, qu’ils soient infectés par le SARS-CoV-2 ou non! Evidemment, ces directives ne doivent être appliquées que si la capacité d’accueil aux soins intensifs arrive à saturation. C’est dans ce but que deux niveaux de saturation ont été définis. Quand des places sont encore disponibles mais insuffisantes pour accueillir tous les patients, il faut décider quels patients admettre. Quand le système est complètement saturé, il faut alors décider également pour quels patients poursuivre le traitement. Ce sont des décisions très dures pour ceux qui trient, et évidemment pour les patients et les proches. UN PRINCIPE FONDAMENTAL D’ÉQUITÉ
Les principes éthiques de base doivent être respectés et, comme pour toute décision médicale, l’âge, le sexe, la nationalité ou encore le statut social ne doivent pas être des facteurs de discrimination. Les critères de