2. MODÈLE THÉORIQUE
II.1
« Le concept de la limite est un instrument opérationnel susceptible de redonner une unité complexe et vivante à un territoire qui a été divisé et traité à la manière des pièces d’une machine. Mais il s’impose aussi lorsqu’il s’agit de concevoir la renaissance identitaire des lieux en tant qu’entités singulières, mais dans le cadre d’une multitude de centralités.»1 Alberto Magnaghi, 2003
(1) Alberto MAGNAGHI, le projet local (P.90), Architecture+ Recherche/Mardaga,Sprimont 2003. II.3
II.4
II.5
En vue de simplifier les appellations, nous emploierons le genre masculin pour désigner les présidents et élus. Cependant, il serait souhaitable que la parité du genre soit respectée.
Vue microscopique d’une cellule du vivant.
II.6
Introduction Comme nous l’avons abordé dans le premier livret, la Métropole AixMarseille Provence relève d’enjeux très divers tant d’un point de vue spatial et symbolique que politique. La prise de recul nécessaire à la compréhension de la complexité des institutions nous amène à nous éloigner quelques instants de l’architecture bâtie. Nous envisagerons dans un premier temps un modèle théorique, qui pourrait selon nous répondre aux enjeux de la Métropole à plus grande échelle. Nous tenterons par la suite à la manière d’un scientifique de tester ce modèle à différentes échelles. Cela permettra de veiller d’une part à la cohérence des échelles, et d’autre part à valider ou invalider une telle démarche que l’on pourrait juger de «mécanique». La complexité de notre société et la réalité du quotidien de nos concitoyens nous amènerons, à certaines occasions, à commettre des incohérences nous permettant d’ouvrir le système pour une plus grande modularité d’usages. Enfin, nous tenterons de définir dans un dernier temps les grands principes de la nouvelle institution métropolitaine (rôle, pouvoir, fonctionnement). Ce système ne se veut pas «parfait», il comportera certainement des dysfonctionnements. Il nous permettra toutefois de dessiner librement le programme de notre terrain d’expérimentation que nous développerons dans le troisième livret.
II.7
II.8
LE MODÈLE THÉORIQUE « Il s’agit d’inventer de nouveaux modes d’agrégation (ou de désagrégation) à travers lesquels les villes, contenues potentiellement dans la métropole, pourraient affirmer leur propre identité, tandis que les nombreuses petites villes existant déjà sur un même territoire parviendraient à s’associer tout en préservant leur autonomie et leur différence » 1 Le modèle théorique que nous aborderons ici est issu de la mécanique des cellules du vivant. Le système d’agrégation des cellules étant d’une rare complexité, il serait difficilement envisageable d’apprendre à le comprendre dans un délai raisonnable. J’ai néanmoins eu l’occasion de rencontrer et d’échanger avec Nathalie Bufi, ingénieure doctorante en biologie, terminant sa thèse sur la mécanique des cellules intitulée « Rôle de l’Inflammation sur la Rhéologie des cellules présentatrices d’antigène : Perspectives pour l’activation du lymphocyte T. » (Université Paris-Diderot, Laboratoire Matière et Systèmes Complexes). Ils existeraient dans le vivant trois types de phénomènes cellulaires qui nous permettraient de faire certaines analogies avec les phénomènes urbains : Le premier cas, la dendritique, est une cellule qui se déforme le long de son territoire en évitant les cellules avoisinantes. Sa géométrie dépend de ce qui l’entoure. Ainsi, nous pourrions le comparer au cas actuel des villes de notre future Métropole. Prenons par exemple le cas de Marseille: la ville ne cesse de s’agrandir le long de son territoire avec une rapidité sans précédent. Son expansion est contrainte par des limites naturelles géographiques (topographie, hydrographie), par des limites construites infrastructurelles (autoroutes, voies ferrées, ouvrage d’art), par des limites réglementaires (zones naturelles protégées, zones inondables) ainsi que par des limites administratives (zones de compétences des communes). Ces limites permettent de contenir l’étalement urbain. Pourtant, il nous apparaît que celles-ci tendent à devenir floues et à s’effacer devant le prix II.9 P.Toesca Le forme di una cultura municipalista moderna, Milan, Eupolis, 1998 cité par Alberto MAGNAGHI dans le
projet local, p.99
du foncier qui ne cesse d’augmenter. Cela nous amène à exploiter des espaces naturels, mettant parfois ainsi en péril le patrimoine environnemental, et menaçant certains habitants (vivant dans des zones inondables par exemple). Conquérir des espaces toujours plus éloignés des centres-ville, peut influencer considérablement les modes de vie (temps de transport, rapports sociaux, modes de consommation). Si certaines limites physiques nous semblent indispensables pour circonscrire la ville dans un territoire défini, les limites administratives quant à elles peuvent paraître tout à la fois nécessaires et problématiques. Nécessaires car elles participent à créer une identité propre, favorisent un sentiment d’appartenance et renforcent ainsi les liens de proximité ; problématiques car les lieux de «l’entredeux» (la porosité de la limite), s’apparentent à des zones délaissées d’ampleur considérable. Ces territoires sont des zones non-planifiées et abandonnées par leurs autorités. Ceci semble être dû d’une part à l’expansion des villes suivant le modèle radiococentrique (engendrant l’éloignement géographique des centres-ville), et d’autre part à la complexité des champs de compétences de nos institutions. De manière concrète, une friche peut relever d’une commune sur sa moitié gauche, et d’une autre sur sa moitié droite. Elle peut jouxter une route relevant des compétences du département, avoir ses réseaux et canalisations relevant d’une communauté d’agglomération etc. Cette complexité engendre des «non-lieux» (Marc Augé) qui pourraient pourtant être exploités de manière profitable pour les communes ainsi que pour les populations voisines. Ces territoires sont également des points stratégiques, des nœuds indispensables dans le développement de la future Métropole. Le deuxième cas cellulaire est celui de la phagocytose. La cellule la plus forte, la macrophage, absorbe les entités plus faibles. Il s’en suit une cellule unique et une perte identitaire des cellules adjacentes. Ce cas pourrait s’apparenter II.10 selon nous au cas de la Métropole tel qu’il est envisagé actuellement et refusé par
les nombreux élus. Par la fusion des Communautés d’Agglomération et la surreprésentativité de Marseille et d’Aix-en-Provence au futur Conseil de la Métropole, les cellules les plus faibles, autrement dit les communes les moins peuplées, risquent certainement de voir leur pouvoir décisionnel s’amenuir voire disparaître. De plus, la Métropole s’emparerait de certaines prérogatives locales, permettant une homogénéité des processus (des permis de construire par exemple) mais engendrant une perte d’identité propre aux communes, affaiblissant ainsi les liens de proximité et le sentiment d’appartenance du citoyen. Le troisième cas, les jonctions intercellulaires, est le système que nous nous emploierons à défendre. Il s’agit d’un mode d’agrégation de cellules utilisant des récepteurs spécifiques. On pourrait l’apparenter à des bras servant à échanger des informations pour se régénérer. L’une prend ce qui l’intéresse de l’autre et inversement. Autrement dit, ces récepteurs permettent l’enrichissement mutuel des deux entités en leur apportant du savoir et les renforçant l’une l’autre. Ces récepteurs préservent aussi les identités en jouant le rôle de porte, de seuil. Si nous revenons au cas de la Métropole, les terrains de ces récepteurs existent déjà : il s’agit des «délaissés» entre les villes. Notons par ailleurs que certains récepteurs sont déjà présents. Prenons par exemple l’hôpital Nord. Ce dernier se situe sur le territoire Marseillais (quartiers Nord), à une faible distance de la frontière entre Marseille et deux autres communes : Septèmesles-vallons et Les Pennes-Mirabeau. C’est un lieu de savoir (hôpital, centre de recherche, Université de Médecine) qui enrichit les communes avoisinantes, rayonnant bien plus loin que son territoire. Il s’agit d’un équipement métropolitain. Par sa situation topographique et géographique surplombant l’autoroute, l’hôpital Nord fait office de porte d’entrée de l’agglomération marseillaise.
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Ces portes, éléments reconnaissables et identifiables sont nombreuses. Nous tâcherons dans la suite de ce travail de les repérer et de leur conférer, si ce n’est pas déjà le cas, un rôle de récepteur. Dès lors, nous appellerons ces récepteurs : «Métrolieux».
LES MÉTROLIEUX Concept : Les Métrolieux marquent spatialement les portes de nos villes. Ce sont des lieux de proximité, préservant et mettant en commun les identités plurielles. Ces lieux ont vocation à produire du savoir et du vivre-ensemble.
Cas 1 : Ville-Ville
Cas 2 : Ville-délaissés-Ville
Cas 3 : Ville-Nature-Ville
Les Métrolieux se situent dans le territoire de l’entre-deux, autrement dit sur les territoires jouxtant la frontière entre deux communes. Ces lieux ont des programmes variés répondant à leur rôle de producteur de savoir et générateur de vivre-ensemble. Leur échelle est elle aussi variable en fonction de la nature du programme : nous pourrions y retrouver par exemple un centre de recherche, un observatoire, un «fab-lab», une ferme pédagogique, des jardins partagés ou encore des ateliers artistiques. Ils s’implantent dans des lieux stratégiquement identifiables que l’on pourrait définir comme des «portes». Les Métrolieux peuvent investir des terrains vierges mais également tenter de valoriser des bâtiments existants.
Principes territoriaux Face à la complexité du territoire de la future métropole Aix-MarseilleProvence et de l’immense domaine naturel qu’il contient, nous tenterons de lier les programmes des métrolieux à leur implantation géographique. Cette implantation dans le territoire est définie suivant trois cas : Le premier cas est certainement le plus rare mais pourtant bien présent : le cas «ville-ville». Les deux communes se touchent et se confondent quelquefois, dû vraisemblablement à un élément géographique précis. En effet, en
II.12
présence d’un pôle d’attractivité fort comme la présence d’un littoral, d’un cours d’eau (vallée de l’Huveaune par exemple) ou encore d’une vue exceptionnelle sur un domaine naturel, les villes semblent accepter de s’étendre l’une vers l’autre. Il est compréhensible que les communes ne renoncent pas à une véritable richesse, tant symbolique que financière, pour autant que celle-ci doive être partagée. Dans ce premier cas, nous imaginerons la mise en place d’une porte, d’un métrolieu unique en favorisant si possible la valorisation de bâtiments existants. Le deuxième cas majoritairement prégnant est le cas «ville-délaissés-ville». Nous envisagerons ici un métrolieu unique situé à mi-distance des deux villes. Cette implantation tentera d’impulser l’urbanisation de part en part du métrolieu. Le troisième cas recensé sur notre territoire est le cas «ville-nature-ville». Le métrolieu sera composé de deux fonctions complémentaires et séparées spatialement. Ces doubles métrolieux ont pour ambition de préserver la nature qui les sépare. Ils seront reliés de manière physique par un chemin de transport doux (chemin pédestre, voie cyclable...) et de manière symbolique par leur nature complémentaire. Par exemple, nous pourrions penser une ferme pédagogique reliée par un chemin pédestre à un centre de compostage. Principes urbains et spatiaux
Principe 1 : contexte immédiat
Principe 2 : contexte local
Intention 3 : échelle du territoire
Bien que nous rechercherons une cohérence formelle des Métrolieux afin de les identifier comme des «lieux de la Métropole», leurs différentes échelles et leurs implantations hétérogènes dans le territoire (bâtiments existants, proximité avec la nature, «délaissés») ne nous permettent pas de définir des règles précises (gabarits par exemple).
II.13
Cependant, nous veillerons à trois principes répondant à différentes échelles de résonance du futur métrolieu : Le premier principe répond aux contraintes du «jeu d’échelles». En effet, si le métrolieu veut être le lien entre deux communes, il se devrait d’endosser ce rôle de seuil à toutes ses échelles et même aux plus infimes. Ainsi, nous pourrions imaginer que le métrolieu travaille des seuils entre ses pièces qui servent à l’une comme à l’autre, enrichissant les deux parties. À l’échelle de son contexte immédiat, nous envisagerons des seuils de nature différentes (pavements de sol, portes symboliques, bancs, végétation) permettant d’annoncer mais également de faire rayonner le métrolieu bien plus loin que le territoire qui lui est alloué. Le deuxième principe correspond à son contexte local. Conscients que les métrolieux se situeront majoritairement dans des tissus pavillonnaires périphériques, ils pourront impulser une densification de ces quartiers. Pour autant, ils ne doivent pas imposer une échelle de densification trop importante vis-à-vis du contexte immédiat, et devront proposer une adaptation d’échelle dans le temps. Nous privilégierons par exemple un système constructif modulable. Enfin, à l’échelle du territoire, nous préconiserons la mise en place d’un vide, appropriable de façon éphémère par les acteurs de la métropole et par la population aux alentours (terrains de sport, halle de marché, événements temporaires). Ce vide permettra un jour, si on le juge nécessaire, l’installation de transports doux (chemins pédestres, voies cyclables, tramway) permettant de relier les métrolieux entre eux. Ce vide sera de préférence en hauteur afin d’une part, de palier aux problèmes topographiques du territoire rendant la mise en place de transports doux complexe, et d’autre part, d’offrir une vue sur les deux territoires que le métrolieu scinde. Ainsi, les villes pourraient à travers cette liaison périphérique acquérir un «métrorampart» permettant à chaque citoyen d’être le gardien de sa ville, et de pouvoir acquérir une distance critique vis-à-vis de son évolution. En attendant, chaque métrolieu sera doté de bornes «cycles» (vélo,vélo-électriques, scooters éléctriques) et d’autopartage (voitures éléctriques, covoiturage). « La diffusion en réseau de services rares permet d’attribuer à chaque village urbain ou à chaque petite ville des fonctions spécifiques de type métropolitain, qui favorisent les échanges multipolaires et multisectoriels entre villages. A la différence des banlieues actuelles, ces lieux peuvent alors constituer des pôles aussi attrayant que l’ancien centre historique. »2 2. Alberto MAGNAGHI, le projet local, Architecture+ Recherche/Mardaga, (p.92) Traduit et adapté par Marilène Raiola II.14 et Amélie Petita. Sprimont 2003.
LES MÉTROPÔLES Concept : Les Métropôles marquent spatialement les portes de la Métropole. Ce sont des pôles d’expérimentation et de concertation, qui mettent en commun les savoirs des métrolieux, des communes et des associations. Ces pôles relient les métrolieux et les centres de nos villes.
Si les métrolieux marquent les territoires de l’entre-deux, les métropôles quant-à-eux, marquent les territoires de «l’entre-trois» (ou plus s’il s’agit d’un carrefour entre quatre ou cinq communes). Ainsi chaque ville peut posséder plusieurs Métropôles suivant le nombre de communes avoisinantes. Leur emplacement n’est pourtant pas systématique, il sera débattu au Conseil de la Métropole. Leur construction sera échelonnée dans le temps pour vérifier leur pertinence. (Notre cas d’étude portera sur l’un des premiers) Historiquement, ces zones étaient appelées les lieux du «sabbat»3. En effet, «les limites communales étaient dessinées en fonction de la distance parcourable à pieds le dimanche matin pour se rendre à l’église»3. Marseille par exemple, est la réunion d’une centaine de villages aujourd’hui considérés comme des quartiers, que l’on peut encore identifier comme tels grâce au nom de leur paroisse (saint Barnabé, saint Tronc, Notre Dame-du-Mont...). Quant aux lieux à la jonction entre trois communes, ils étaient considérés selon les croyances païennes, comme «les lieux où vivaient les sorcières»3 car trop éloignés de tout lieu de culte chrétien. II.15 3.Propos receuillis lors d’une rencontre avec l’architecte-urbaniste Michel Cantal-Dupart (02.06.14)
Si nous avons remarqué au cours de nos recherches beaucoup d’espaces délaissés entre deux villes, les «délaissés» entre trois villes (ou plus) sont souvent plus conséquents. Il nous paraît raisonnable de concevoir que plus la complexité d’acteurs est grande (compétences des institutions), plus ces zones semblent abandonnées de toute urbanisation. Nous verrons dans notre cas d’étude qu’ils sont aussi propices à être traversés par de grandes infrastructures métropolitaines (autoroutes, voies ferrées). La taille gigantesque de ces vides et l’intérêt stratégique d’une triangulation permettent de penser de grands pôles attractifs, des lieux de la Métropole qui s’affirment comme tels. Ces Métropôles veulent marquer les portes de la future Métropole. Leur échelle sera donc souvent bien plus vaste que celles des Métrolieux. Néanmoins nous caractériserons le Métropôle suivant ses trois organes fondateurs : 1. Un lieu de concertation des Métrolieux Les acteurs faisant vivre les Métrolieux auront besoin de dialoguer entre eux. Le Métropôle en sera leur lieu de concertation. L’assemblée se réunira plusieurs fois dans l’année afin de favoriser une cohérence d’ensemble, recenser les problèmes, créer des événements mutuels (festivités). Il y existera également des bureaux permanents permettant une gestion continue et une mutualisation de moyens (communication interne et externe, budget, ordre du jour et comptesrendu des assemblées, recrutement, dépôt d’idées, comptabilité). 2. Un lieu de concertation des associations et des citoyens Nous avons constaté aux cours de nos observations que l’un des liens les plus précieux entre nos institutions étatiques et les citoyens résidait dans le monde associatif. Il s’agit d’un véritable contre-pouvoir, créateur de lien social, qui peut se montrer force de propositions en de multiples occasions. Si la future Métropole Aix-Marseille Provence veut être proche de ses citoyens, améliorer leurs conditions de vie, elle se doit selon nous de valoriser leurs compétences et de faciliter leur fonctionnement. Bien qu’aujourd’hui certaines associations s’entendent à dialoguer suivant leur domaine de compétence, il n’est pas rare de constater que beaucoup d’entre elles restent isolées. C’est pourquoi, dans chaque Métropôle, seront implantés différents locaux associatifs ainsi qu’un espace dédié à leur concertation et à la mutualisation de leurs moyens (comptabilité, présence ponctuelle d’un Commissaire aux comptes, aide à la gestion et la communication etc.) 3. Un lieu de consultation de l’institution Comme nous l’avons déjà évoqué dans le premier livret, nous souhaiterions valoriser la participation des habitants et favoriser le dialogue avec les élus II.16 municipaux et métropolitains.
Dans ce but, les bureaux des élus de la Métropole seront implantés dans le ou les Métropôles de leur ville d’origine. Ils tenteront dans ce lieu permanent de se concerter de manière collégiale avec les élus municipaux et la société civile (Métrolieux, Associations). Des Assemblées populaires ainsi que des permanences des élus, ouvertes à tous, permettront à chacun d’y apporter ses revendications, ses questions et ses propositions. Ainsi, les élus de la Métropole pourront faire remonter les informations récoltées sur le terrain lors du Conseil de la Métropole. Grâce à la création de ce lieu, nous entendons créer une véritable institution de proximité, renforcer le pouvoir d’agir des communes et de la société civile, mettant en commun et préservant les identités plurielles, afin d’établir une véritable identité métropolitaine. Le Métropôle, géré par un Conseil d’Administration propre (composé d’élus locaux, de représentants associatifs, d’acteurs des Métrolieux et de personnalités extérieures) est aussi un pôle : - de rencontre des moyens de transports En matière d’infrastructure, le Métropôle devra être un nœud de liaison avec les les centres des villes qu’il côtoie. Il devra, si possible, privilégier les transports doux (train, tramway, vélo) et proposer des alternatives viables aux modes de transport polluants (aire de covoiturage par exemple). En somme, on pourrait le qualifier dans un premier temps de «pôle multimodal». Mais rappelons que nous projetons, dans le futur, la possibilité de pouvoir relier les Métrolieux entre eux par des transports propres en hauteur. Le Métropôle, en tant que rotule des différents «Métroramparts», doit adopter les mêmes principes urbains et spatiaux que ceux des Métrolieux (seuil, échelle modulable et vides en hauteur). Grâce aux Métropôles, nous pourrions ainsi naviguer de centre-ville à Métrolieu, de Métrolieu à Métrolieu, de centre-ville à centre-ville. - d’expérimentation Les programmes des Métrolieux et Métropôles devant nécessairement s’adapter au gré des besoins de la société, le Métropôle sera leur terrain d’expérimentation. On y viendra tester à grande échelle les futurs programmes des Métrolieux par la mise en place d’un espace extérieur modulable (grande place métropolitaine, série d’arcades). Nous y installerons d’autres types de programmes expérimentaux (métrologements, métrobureaux, métrocommerces) que nous évoquerons par la suite.
II.17
- d’une nouvelle manière de vivre dans la Métropole. Le Métropôle pourra inventer de nouvelles manières d’habiter, de travailler, de consommer, d’apprendre. Il les testera sur place avant de constater
Célibataires, familles, étudiants, couples, personnes agées... sans critère social
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Acteurs de la Métropole
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II.18
si le projet est recevable par le Conseil de la Métropole afin de les planifier à plus grande échelle. Notons ici que la liste de programmes qui suit n’est pas exhaustive. Chaque Métropôle pourra privilégier certains programmes en fonction des besoins des territoires qu’il jalonne. À titre d’exemple nous proposerons : -Les Métrologements : Gérés et attribués par le Conseil d’Administration, ces logements sont inspirés des «kots-à-projets» pour étudiants que l’on retrouve entre autres dans la ville-universitaire Belge de Louvain-la-neuve. Ici, nous étendrons le système à toute la population sans distinction d’âge, de nationalité, ou de classe sociale. L’ambition est de valoriser l’investissement associatif par une aide financière au logement. Ainsi chaque famille, personne âgée, étudiant, jeune actif, se verra attribuer un logement et une aide financière variable en fonction des besoins (directement soustraite de son loyer). Le locataire devra en échange pouvoir justifier d’un engagement dans une structure de l’économie sociale et solidaire (associatif par ex.) de quelques heures par semaine. Chaque logement est entièrement autonome pour préserver l’intimité et l’indépendance vis-à-vis du collectif. Néanmoins chaque Métrologement (composé en moyenne entre 2 et 9 logements) dispose d’un espace à conquérir de manière collective. Cette espace sera appropriable à des fins associatives d’utilité publique (projet social, projet éducatif, projet environnemental, projet culturel). En somme, chaque unité de voisinage s’investira dans le projet de son choix. Cette pièce appelée «agora» garantit à la Métropole et à ses habitants une pérennité et une continuité dans les projets menés (et ce même si certains locataires se retirent du projet). L’enjeu des Métrologements est d’impulser de nouvelles dynamiques associatives au service des habitants des alentours. -Les Métrocommerces : Les commercants, souvent rassemblés en coopératives, répondront à une charte commune privilégiant la vente de produits locaux issus de la Métropole. De manière hebdomadaire, le Métropôle accueillera aussi un marché permettant la rencontre des citoyens avec les producteurs et artisans. - Les Métrobureaux : Ces espaces sont dédiés au «coworking», autrement dit au travail mutualisant les moyens (imprimantes, fonctions de secrétariat, de comptabilité, charges de fonctionnement). Même si les travailleurs sont amenés à travailler de manière autonome, la mise-en-place d’un espace commun encouragera l’échange, l’ouverture et d’éventuelles collaborations.
II.19
- Les Métrobanques : Basés sur le modèle du «crowdsourcing», ces établissements financiers se réuniront sous forme de coopérative. On pourra y ouvrir un compte en banque, y placer son épargne ou faire une demande de prêt. Ces prêts se feront principalement sur le modèle du «peer-to-peer», organisant et encourageant le prêt entre citoyens.
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II.20
LA Métropole AIX-MARSEILLE-PROVENCE Concept : La Métropole est l’organe décisionnel permettant de préserver et mettre
en commun les identités communales, de renforcer le lien de proximité avec les citoyens, de favoriser la concertation de tous ses acteurs et l’expérimentation des pratiques. Les compétences de la Métropole sont déléguées par les Communes. Les décisions sont votées par le Conseil de la Métropole. Architecture politique Le Conseil de la Métropole sera composé des élus métropolitains et des présidents des Conseils d’Administration de chaque Métropôle. Contrairement à la Métropole envisagée (décrite dans le premier livret), le nombre de représentants ne sera pas proportionnel au nombre d’habitants de la commune : nous proposerons un seul représentant par commune, élu au suffrage universel direct.Cette représentativité unique permettra de considérer cette institution comme «neutre», garantissant une gestion du territoire dans son ensemble et préservant l’intérêt commun. Cela mènera aussi à la diminution du nombre de représentants (passant alors de 239 à 93) facilitant les discussions lors du Conseil de la Métropole. Des professionnels de la ville et du territoire seront invités pour apporter leur expertise (urbanistes, géographes, architectes, historiens, sociologues, travailleurs sociaux...). Architecture financière
Le montage financier de la future Métropole Aix-Marseille-Provence restera identique à celui prévu initialement : une partie de l’impôt local et de la taxe d’aménagement de chaque commune sera ponctionnée pour financer la Métropole. À cela s’ajoute une aide de l’État. La Métropole, en tant que lieu d’expérimentation, sera amenée à évoluer dans toutes les dimensions que nous venons d’évoquer (financière, politique, institutionnelle...)
II.21
cas 1 : modèle macrophage
rte des identités diverses
Risque d’étalement urbain, non préservation des vides
Vision commune : perte des identités diverses
recepteurs ponctuels
ponctuelles métropolitaines commun des compétences
Modèle monoco
d’expansion naturelle
hypothèse d’expansion naturelle
Risque d’étalement urbain, no
Modèle granulaire
Marquage des limites urbaines = identités révélées Préservation des vides, mise en commun des compétences
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cas 1 : mod
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cas 2 : modèle recepteurs ponctuels Mise en place de portes ponctuelles métropolitaines Programme : mise en commun des compétences
hypothèse d’expansion naturelle
Modèle
Marquage des limites ur Préservation des vides, mise
Vision commune
Modèle radioconcentrique multiple II.22
Absence de vision commune : repli sur soi. Périphérie délaissée
CONCLUSION Au point de départ cette partie théorique : le processus des jonctions cellulaires. Il nous a permis d’imaginer, en le déclinant suivant les problématiques et les échelles, une autre manière de penser la Métropole : territoriale, urbaine, sociale, économique... Les Métrolieux, lieux de proximité, jouxtent l’entre-deux villes. Les Métropôles (Métrolieux à plus grande échelle) renferment aussi les programmes institutionnels garantissant à la Métropole un lien avec ses citoyens. Ils se situent en lisière d’au moins trois communes. Ces programmes institutionnels m’ont amenée à m’interroger sur leurs fonctionnements et ainsi, au fil du raisonnement, à proposer un système institutionnel quelque peu différent de celui que nous connaissons actuellement. N’ayant pas l’ambition ni les compétences d’inventer un nouveau modèle politique, je considère cette proposition institutionnelle comme imparfaite, avec ses défauts et ses incohérences. Il faut reconnaître qu’il s’agit davantage d’un «jeu de l’esprit» que d’une véritable proposition réaliste. Pourtant, je crois que la création d’une nouvelle institution métropolitaine est une chance de concertation de nos représentants politiques. Je souhaite que ce soit l’occasion de rapprocher les citoyens de leurs élus et de les associer aux décisions qui les concernent. Enfin, j’espère que nous puissions expérimenter un nouveau modèle de fonctionnement, impulsant ainsi d’autres dynamiques dans les institutions déjà établies, souvent décriées par l’opinion publique, et ce dans le dessein de toujours plus de dialogue, de cohérence et de proximité. Malgré tous ses défauts et la complexité apparente de cette proposition, avoir imaginé un nouveau système Métropolitain a été pour moi, en plus d’un réel plaisir, le moyen de faire du Projet, d’écrire le programme de notre histoire. C’est ce que nous tenterons d’aborder dans le troisième livret.
II.23
II.24