SAINT-PIERRE, La capitale du Sud
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Textes :Danièla SOUNDRON Photographies: mairie de Saint-Pierre (Service de Communication)
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PREFACE
Un maire est toujours intarissable quand il parle de sa commune. Pour ne pas encourir cet aimable reproche, je résumerai ma pensée en disant que Saint-Pierre est une ville moderne qui anime la région Sud et qui s’ouvre au monde. Reprenons chacune de ces assertions. Que saint-Pierre soit une ville moderne, chacun en conviendra. Ses vastes pentes ensoleillées où l’urbanisation le dispute à l’agriculture dominent la ville, le port, la plage. La ville dispose des équipements les plus modernes, que ce soit dans le domaine de l’économie, de la culture, de la santé, de la formation ou de la recherche. Les différents quartiers de la commune font l’objet d’extension, de réhabilitation et se dotent de tous les équipements de proximité dont ont besoin les habitants. Le port de pêche et de plaisance ainsi que la plage protégée par le lagon font du front de mer de Saint-Pierre le plus agréable des villes de La Réunion. Saint-Pierre polarise tout le Sud de La Réunion, depuis les Avirons jusqu’à Saint-Philippe, en passant par Cilaos. Elle en est la sous-préfecture ; elle accueille le siège de l’intercommunalité ; la Région et le Département y ont installé une antenne… La zone de chalandise de ses magasins et de ses grandes surfaces recouvre tout le Sud. Et souvent même, Saint-Pierre rayonne sur l’ensemble de l’île par l’Institut Universitaire de Technologie, le Centre Hospitalier Universitaire ou encore le Régiment du Service Militaire Adapté. Ville de son temps, Saint-Pierre s’ouvre sur l’océan Indien et le monde. Elle abrite le siège d’une autre collectivité territoriale de plein exercice, les Terres Australes et Antarctiques françaises ; elle « possède » la station de réception des images satellitaires SEAS-OI ; le CIRAD (recherche agronomique) est implanté sur son sol. L’aéroport de Pierrefonds dessert déjà des destinations régionales. Il doit diversifier ses missions et, pourquoi pas ? explorer les voies offertes par les activités déconcentrées de l’aéronautique et l’espace… Saint-Pierre a ainsi non seulement un passé, mais aussi un présent et se tourne vers des activités de l’avenir.
Mieux qu’un maire, qui peut toujours être soupçonné de parti-pris, cette
publication en rend compte. J’en remercie les auteurs et vous propose de mieux connaître SaintPierre, cette commune où il fait si bon vivre. Michel FONTAINE Sénateur-Maire de Saint-Pierre
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SAINT-PIERRE LA CAPITALE DU SUD Saint-Pierre est une des plus anciennes et des plus importantes communes de La Réunion. Elle s’étend sur 96 Km2,
ne se classant qu’au 12e rang des communes de l’île pour la superficie.
Cependant, elle est très densément peuplée, avec 80 823 habitants, ce qui fait d’elle la 3e commune de La Réunion après Saint-Denis et Saint-Paul, et la 56e plus grande commune de France du point de vue de la population. La ville elle-même est la 2e de l’île par sa population et ses activités, tant administratives, agricoles, industrielles et tertiaires. Née de la colonisation, elle s’est appuyée sur un riche arrière-pays agricole et a toujours voulu développer des activités urbaines et portuaires. L’évolution récente l’a confortée comme pôle régional moderne. « Métropole d’équilibre » par rapport à Saint-Denis, Saint-Pierre est la capitale du Sud, un vaste ensemble allant des Avirons à Saint-Philippe en passant par Cilaos, soit 10 communes sur 24 regroupant 35% de la population réunionnaise.
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UNE DES COMMUNES LES MIEUX DOTEES PAR LA NATURE
Un relief calme Le territoire communal dessine un quadrilatère limité à l’ouest par le bras de la Plaine et la rivière Saint-Etienne, à l’est par la ravine de l’Anse et à l’amont par la courbe de niveau des 400 mètres. Il se prolonge au nord-est par une longue bande de 2 Km large bornée par la ravine de PetiteIle et la ravine de l’Anse, qui rejoint le haut du versant de la rivière des Remparts, portant le point culminant de la commune (1642 mètres). Le relief est d’une grande simplicité. Il est formé par la partie basse des pentes régulières conduisant à la Plaine des Cafres et au versant occidental de la rivière des Remparts. Il a été construit par les coulées les plus anciennes du massif de la Fournaise. Ces pentes, qui constituent des planèzes, se divisent en deux ensembles : A l’est de la rivière d’Abord, les pentes de la Commune, vieilles de plus de 340 000 ans, se redressent jusqu’au versant occidental de la rivière des Remparts assimilé à un rebord de la caldeira. Les plus hautes pentes sont vallonnées et disséquées par de nombreuses ravines. Des éruptions fissurales plus récentes ont construit des pitons qui surmontent
les pentes (Piton de
Mont vert, Piton de Bassin Martin) et émis des coulées qui rajeunissent les sols. Les basses pentes sont plus amples et plus régulières, drainées par des ravines espacées mais encaissées, aux versants boisés constituant rappelant des « forêts-galeries ». Elles annoncent, par leur physionomie, le deuxième ensemble, les admirables pentes se déployant à l’ouest de la rivière d’Abord, formées par des coulées vieilles de plus de 150 000 ans. La planèze est peu pentue et uniforme, limitée à l’ouest par le versant abrupt du bras de la Plaine. Les ravines sont plus rares et peu encaissées ; seules les plus importantes (Ravine Blanche, Ravine des Cabris) présentent un enfoncement plus marqué, bordant de vastes interfluves propices aux activités humaines.
Les pentes du Sud. Au fond à gauche, le piton Mont Vert. Côte rocheuse à Terre Sainte/Grands Bois.
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Au sud-ouest de la commune, ces pentes débouchent sur les calmes horizons de la plaine de Pierrefonds. Il s’agit d’une plaine alluviale reposant sur des coulées du massif du Piton des Neiges, l’autre stratovolcan qui forme la partie nord-ouest de l’île. Cette plaine a son pendant en rive droite de la rivière Saint-Etienne, la plaine du Gol, qui fait partie de la commune de Saint-Louis Les rares épisodes explosifs des volcans qui ont formé La Réunion ont projeté dans l’atmosphère des cendres et des tufs pyroclastiques qui se sont déposés à Bois d’Olive et surtout près de la pointe du Diable, à la sortie ouest de la ville. Ces derniers ont, un temps, été exploités pour la fabrication de ciment (clinker).
Relief de Saint-Pierre : Les pentes de l’est sont plus raides que celles de l’ouest et les cours d’eau y sont davantage encaissés.
La commune s’ouvre largement sur la mer. Sauf au droit de la plaine de Pierrefonds où elle est régulière, basse et alluviale, la côte est partout rocheuse, élevée à l’est de la rivière d’Abord, basse à l’ouest. Elle est dentelée avec des caps et de petites anses. A certains endroits comme à Grands Bois, à Terre-Sainte ou à Saint-Pierre, des récifs coralliens isolent un lagon, ourlant le rivage de plages de sable blanc.
Un climat sous le vent Comme toute La Réunion, Saint-Pierre jouit d’un climat tropical océanique, chaud et humide, assez uniforme tout au long de l’année. Il comporte toutefois deux saisons, l’une, « l’été », chaude et
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humide, de novembre à avril, qui est aussi la saison des cyclones, l’autre, « l’hiver », plus fraîche et plus sèche, courant de mai à octobre. La température moyenne annuelle atteint 27°. Elle évolue peu au cours de l’année, la moyenne du mois le plus chaud atteignant 30° en janvier et celle du mois le plus frais 24° en août. L’amplitude thermique annuelle n’est que de 6° contre plus de 16° à Paris. Les précipitations totalisent 940 mm d’eau par an dont près des deux tiers se produisent de janvier à mai. Le mois le plus arrosé est février tandis qu’octobre est le mois le plus sec. Le nombre de jours de pluie est relativement faible, 115 par an en moyenne. Cette irrégularité des pluies au cours de l’année se retrouve aussi d’une année sur l’autre : ainsi, il est tombé 1160 mm de pluie en 1967 et 935 mm en 1970 pour ne prendre que deux exemples.
Diagramme ombro-thermique de Saint-Pierre (en rouge les températures, en bleu les précipitations)
Ce climat relativement chaud et sec à l’échelle de l’île est dû à la position de la commune sur la côte sud, en situation sous le Vent. Le vent dominant, l’alizé, souffle du secteur est et se heurte à une barrière montagneuse orientée du nord-ouest au sud-est. Il perd alors son humidité et c’est un vent asséché qui descend sur Saint-Pierre. Ou bien le vent souffle parallèlement à la côte, arrivant du sudest et n’apporte pas de pluies, ne rencontrant aucun obstacle majeur.
Des aptitudes naturelles reconnues En raison de l’irrégularité des pluies et de l’importance de l’évapotranspiration, la commune souffre de la sécheresse. Pour la régularité des récoltes, l’irrigation se révèle nécessaire en dessous de 200 mètres et souhaitable jusqu’à 400 mètres d’altitude au moins.
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Les sols sont, dans l’ensemble, riches. Au sud-ouest, les sols alluviaux de Pierrefonds sont fertiles mais pierreuses et perméables. Ils sont relayés à l’est par des sols bruns jeunes riches en éléments minéraux ; et en altitude par des sols ferralitiques plus évolués et lessivés ainsi que par des sols ferralitiques beiges plus acides donc moins fertiles. Mais, globalement, les sols saint-pierrois sont utilisables à l’état naturel et ont fait la richesse agricole de la région, d’autant plus que l’étagement selon l’altitude favorise la pratique de cultures diversifiées. Son climat ensoleillé, son relief calme, ses sols riches, les aménités de son littoral font de Saint-Pierre une des communes réunionnaises les mieux dotées par la nature. S’il existait un déterminisme géographique naturel, c’est Saint-Pierre, située au centre du plus vaste ensemble cultivé d’un seul tenant rencontré dans l’île, qui aurait été la capitale de La Réunion. Mais l’histoire en a décidé autrement.
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UN PEUPLEMENT ET UNE MISE EN VALEUR DETERMINES PAR L’AGRICULTURE DE PLANTATION Origine et développement du quartier Le Sud de l’île, malgré ses richesses naturelles, n’est occupé et mis en valeur qu’un demisiècle après le peuplement définitif de Bourbon du coté de Saint-Paul et de Sainte-Suzanne. A partir de 1717, Bourbon ne se contente plus de produire des vivres pour les navires de passage : elle se met à produire en grand du café à destination de la Métropole. Entre 1719 et 1728, des concessions sont donc accordées dans le Sud, d’abord entre l’étang du Gol et la rivière Saint-Etienne, ensuite autour de la rivière d’Abord et même jusqu’à la rivière des Remparts. Les premières concessions sont de grandes dimensions à l’image de celles déjà accordées à Saint-Paul ou à Sainte-Suzanne, mais très vite, devant l’ampleur de la demande, on dut se résoudre à les réduire. Un travail d’arpentage sans équivalent dans l’île délimite les concessions, non plus seulement « entre deux ravines, du battant des lames au sommet des montagnes », mais aussi en découpant les pentes selon les courbes de niveau des 100 mètres (Ligne Paradis), des 200 mètres (Ligne des Bambous), des 400 et des 600 mètres. Ces lignes d’arpentage sont devenues des chemins parallèles au rivage qui ont fixé un habitat linéaire qui fait l’originalité de l’arrière-pays saintpierrois. Les colons affluent : il s’agit de Réunionnais déjà installés à Saint-Paul, mais aussi de personnes venues de France, d’anciens militaires, de pirates repentis…Ils mettent en valeur leurs « habitations » avec l’aide d’esclaves africains, malgaches et même indiens. Si le café est la culture dominante, elle partage le sol avec les cultures vivrières (maïs, blé, riz, légumes) et l’élevage. En raison des difficultés de circulation, les « habitations » tendent vers l’autarcie. Mais tout cela ne va pas bien loin : en 1735, le quartier de Saint-Pierre et de Saint-Louis qui s’étend des Avirons à la rivière des Remparts ne compte que 290 habitants « libres » et 1525 esclaves. La nécessité se fait jour cependant de la création d’un comptoir. L’embouchure de la rivière d’Abord s’imposa : même si cette rivière est presque toujours à sec, une résurgence fournissait de l’eau ; un petit barachois (anse) pouvait abriter les barques nécessaires à des liaisons par mer avec Saint-Paul. Le Gouverneur Dumas fait dessiner en 1733 le premier plan d’une ville qui ne sera cependant créée qu’en 1736 par Labourdonnais : la ville s’appellera Saint-Pierre comme l’un des prénoms de Pierre Benoit Dumas. Un nouveau plan en damier, avec 230 emplacements, est dessiné par
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Gabriel Dejean qui constitue le cadre de la ville actuelle. Saint-Pierre est un petit centre administratif (siège du commandant du quartier), religieux (une église est construite en 1754) et commercial, réceptionnant les marchandises et expédiant le café étant relié à Saint-Paul par voie de terre et par mer. En 1777, Banks améliore le plan de la ville qui, en 1786, ne doit pas compter plus de 4 à 500 habitants.
Saint-Pierre, fleuron du système de plantation La concurrence des Antilles pèse sur la production de café à Bourbon qui se mit à cultiver aussi des épices (girofle, poivre…). La perte de l’Ile de France (Maurice), productrice de sucre, en 1815, fait entrer La Réunion dans un nouveau cycle économique, celui du sucre. Saint-Pierre, comme le reste de La Réunion, pratique alors une polyculture, avec à la fois des denrées d’exportation et des produits destinés à l’alimentation de la population.
L’usine sucrière de Pierrefonds.
Progressivement, la culture de la canne à sucre devient dominante : elle s’étendait à SaintPierre sur 13,4% des terres cultivées en 1832 et sur 61,5% en 1856. C’est une culture industrielle, qui est transformée dans des moulins, plus tard dans des usines, ce qui réclame des capitaux. Les structures foncières se modifient en faveur de la grande propriété : d’une part, il faut agrandir les exploitations pour rentabiliser les usines ; d’autre part, avec l’abolition de l’esclavage, les petits
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propriétaires qui subsistaient grâce au travail de quelques esclaves, ne purent payer des affranchis ou des engagés et cessent leurs activités. De grandes propriétés se constituent. Mais la plus grande parte des terres est accaparée par le Crédit Foncier et surtout la « dynastie » des Kerveguen qui a possédé jusqu’à 30 000 ha dans toute l’île dont l’essentiel des terres du Sud entre les Avirons et Saint-Philippe. Avec l’essor de la canne, la population saint-pierroise augmente : entre 1779 et 1848, la population passe de 4916 habitants à 15454 sous l’effet de l’excédent des naissances sur les décès et d’apports extérieurs à la commune. La constitution de grands domaines favorise, après 1848, l’appel aux engagés venus d’Afrique et de l’Inde, immigration portant la population à 30 000 habitants en 1872. La ville elle-même s’étoffe, le petit bourg se transformant en petit centre régional. Elle abrite 3287 habitants en 1834 et 6500 en 1931. Elle s’étend, occupant l’espace qu’elle gardera jusqu’à la départementalisation en 1946 : à l’ouest jusqu’à la rue Suffren, au nord, jusqu’aux Casernes. Elle est alimentée en eau par le canal Saint-Etienne,
construit en 1827, qui dérivait l’eau de la rivière du
même nom, irriguait les terres de Pierrefonds, alimentait la ville et les usines sucrières. La fonction commerciale se développe par l’intermédiaire de navires qui mouillent au large: Saint-Pierre commercialise et transporte les produits de sa région (sucre, rhum, café) et l’approvisionne en produits importés (riz, marchandises de France). Un commerce de gros pour redistribuer les marchandises dans une zone allant de Saint-Louis à Saint-Philippe et un commerce de détail pour la clientèle locale prospèrent. Grâce au sucre, Saint-Pierre est une petite ville dynamique dont l’influence s’étend sur l’ensemble du Sud.
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Lavandières le long du canal Saint-Etienne
Une crise sucrière aggravée par la construction du port La prospérité apportée par la canne, ne dura pas. L’économie sucrière entre en crise sous l’effet de causes internes et externes. En 1859, une épidémie de choléra décime la main d’œuvre ; en 1863, le borer s’attaque aux plantations ; le paludisme fait son apparition et devient la première cause de mortalité. Plus fondamentalement, le sucre réunionnais est concurrencé sur le marché français par le sucre de betterave et sur le marché mondial par le sucre de Cuba. Les prix baissent et la rentabilité du sucre réunionnais fondée sur des méthodes culturales et des processus industriels vieillis n’est plus assurée. Les surfaces cultivées diminuent, la production de sucre passe à Saint-Pierre de 7000 tonnes en 1871 à 3100 tonnes en 1885. On chercha des solutions dans la mise en valeur des hauts1, en y développant la culture du géranium à partir du Tampon, selon des méthodes archaïques : cultures sur brûlis et distillation des feuilles dans des alambics. La Guerre permit de relancer la culture de la canne et à partir de 1920 l’économie sucrière se réorganisa. Les latifundia sont démantelés en grandes et moyennes propriétés appartenant à des familles ou à des sociétés anonymes. Les usines se modernisent et se concentrent (Grands Bois, Casernes, Pierrefonds).
La rivière d’Abord et le port de Saint-Pierre
La partition des Mascareignes en 1815 et l’économie sucrière rendent nécessaire la réalisation d’un vrai port de commerce. Trois rades foraines sont alors ouvertes au commerce international, SaintDenis, Saint-Paul et Saint-Pierre. Saint-Denis voulait du port de commerce pour affermir son rôle de 1
Saint-Pierre s’étendait alors jusqu’à la Plaine des Cafres et Petite-Ile.
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capitale régionale, Saint-Pierre pour s’affirmer comme centre régional. Dès 1854 fut posée la première pierre du port saint-pierrois. Malgré les problèmes techniques et financiers, l’opposition des gens du Nord et de l’Est, les travaux sont entrepris. Avec la crise sucrière, ils sont interrompus en 1867. L’Etat décide, en 1875, de construire un port à la pointe des Galets et un chemin de fer de Saint-Pierre à Saint-Benoit en passant par Saint-Denis. La ville de Saint-Pierre n’abandonne pas pour autant son projet portuaire et emprunte pour pouvoir le réaliser. Les travaux reprennent en 1879 et se terminent en 1883. Concurrencé par le port de la Pointe des Galets ouvert en 1886, le port de Saint-Pierre n’a jamais vraiment fonctionné dans de bonnes conditions économiques et a été totalement abandonné entre 1935 et 1952, Conséquence de ces difficultés, entre 1872 et 1940, la population stagne. Plus que la création de la commune de l’Entre Deux en 1882 à partir de la commune de Saint-Pierre, c’est l’arrêt progressif de l’immigration étrangère qui explique cette stagnation. A partir de 1921, la croissance démographique reprend mais sous l’action de l’excédent des naissances sur les décès, malgré des nouvelles amputations du territoire communal par la création des communes du Tampon en 1925 et de Petite-Ile en 1935. L’éloignement de Saint-Denis et la richesse de son arrière-pays agricole ont permis à SaintPierre de s’imposer dans le Sud. Peuplée de 8017 habitants, elle joue à l’aube de la départementalisation le rôle d’un petit centre régional d’équilibre et constitue un relais de la capitale avec des équipements administratifs, politiques, judiciaires (tribunal), sanitaires (hôpital) et économiques (succursales bancaires). Terminus du
chemin de fer, la ville jouit d’une certaine
autonomie par rapport à Saint-Denis, avec ses propres maisons d’import-export et une bourgeoisie commerçante et industrielle peu nombreuse mais dynamique
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LA POPULATION SAINT-PIERROISE
La croissance de la population Comme l’ensemble de La Réunion, depuis 1921, Saint-Pierre est entrée dans la transition démographique qui s’accélère après la Guerre. La population communale s’établit, en 1946, à 22 334 habitants. Elle augmente rapidement avant de connaître une croissance plus ralentie. Ainsi, entre 1946 et 1954, à l’instar d’autres villes de La Réunion, Saint-Pierre augmente sa population de 24,1% au lieu de 13,5% pour La Réunion, une urbanisation pathologique génératrice de bidonvilles à Saint-Pierre comme à Saint-Denis ou au Port. Freinée par l’urbanisation du Tampon, la croissance de la population saint-pierroise se fait ensuite à un rythme proche de celui de la population de l’île, contrairement aux autres villes à la démographie plus dynamique. Toutefois, entre 2007 et 2012, l’augmentation a été soutenue à cause d’un solde migratoire qui s’est renversé, devenant positif au cours de cette période, contrairement à La Réunion. Au total, la commune de Saint-Pierre est peuplée de plus de 82 000 habitants. Selon les projections de l’INSEE, elle en comptera 96 000 habitants à l’horizon de 2030.
Marché forain de Saint-Pierre
La croissance de la population reflète une transition démographique qui traine en longueur. Le taux de mortalité s’est effondré, passant de 11,5°/°° en moyenne entre 1961-1967 à 8,6°/°° entre 19671974 pour s’établir à 5,4°/°° entre 2007 et 2012. Le recul du taux de natalité a été plus ralenti, partant
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d’un sommet de 50,4°/°° en 1950/1957 pour passer à 30,8°/°° en 1961/1967 et 17,3°/°° en 2007/2012. Le solde naturel s’est ainsi réduit de 35,5°/°° en 1950/1957 à 17,9°/°° entre 2007 et 2012, mais reste important. D’une manière générale, la natalité est plus faible à Saint-Pierre et la natalité plus forte que la moyenne de l’île.
Les structures de la population Concernant la répartition par âges de la population, les taux saint-pierrois sont légèrement inférieurs à ceux de La Réunion, hormis pour les adultes en âge d’activité où ils leur sont supérieurs. La forte natalité est responsable de la jeunesse de la population. A Saint-Pierre comme à La Réunion, près d’un tiers de la population a moins de 20 ans, alors qu’en France, la proportion se tient autour du quart. Dans les trois cas, il y a davantage de jeunes garçons que de jeunes filles. A l’inverse, on compte, proportionnellement, deux fois plus de personnes âgées de plus de 65 ans en France par rapport à La Réunion et à Saint-Pierre. Mais dans cette tranche d’âge les femmes sont beaucoup plus nombreuses que les hommes, ce qui est en conformité avec leur espérance de vie supérieure. Tableau n°1 : Répartition par sexe et par grands groupes d’âge (2012) Saint-Pierre La Réunion France métropolitaine Hommes Femmes Hommes Femmes Hommes Femmes 0-19 ans 33,8% 30,0% 34,5% 31,1% 26% 23,3% 20-64 ans 58,5% 59,4% 57,5% 58,7% 57,4% 55,9% 65 ans et 7,7% 10,5% 8% 10,2% 16,6% 20,8% plus Source : Insee, Recensement de la population
Globalement, l’âge moyen la population saint-pierroise est légèrement plus élevé que celui de La Réunion. Saint-Pierre comporte moins de jeunes et pratiquement autant de personnes âgées que l’île dans son ensemble. En revanche, la population adulte âgée de 20 à 64 ans y est plus nombreuse : c’est l’âge actif où la demande d’emploi et de logement est la plus élevée, ce qui pèse sur l’offre municipale. La répartition par sexes montre un déséquilibre en faveur des femmes qui forment 51,7% de la population saint-pierroise, proportion équivalente à celle de La Réunion (51,6%). Ce déséquilibre est plus accentué qu’en France : le sexe ratio (nombre d’hommes pour 100 femmes) atteint 93,43 à SaintPierre, 93,92 à La Réunion et 94,82 en France.
La répartition de la population La densité moyenne est très élevée de fait d’une urbanisation poussée : 842 habitants par kilomètre carré (La Réunion, 333). A la fois rural et urbain, le territoire communal de Saint-Pierre présente de grands contrastes de peuplement. Les zones urbanisées (le centre-ville, Basse-Terre, TerreSainte, Casernes) dépassent 4500 hab. /Km2. A l’inverse, les champs de cannes de Pierrefonds ou des
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pentes de l’Est de la rivière d’Abord sont vides. Traditionnellement, cette répartition était liée dans le monde rural aux structures foncières et à la présence d’anciennes usines sucrières. Ainsi, la zone littorale, hormis la ville elle-même, aux fortes densités, est peu habitée à l’ouest, davantage occupée à l’est. La zone moyenne était traditionnellement peu peuplée, seuls quelques colons s’étaient fixés audessus du canal Saint-Etienne au milieu d’une zone sèche, sorte de savane arborée de « poivriers », d’aloès et de tamarins d’Inde. Avec la périurbanisation, les densités augmentent rapidement le long des routes (Bois d’Olive, Ligne Paradis). La partie haute, plus ventilée et moins chaude, attire ruraux et citadins et se transforme à vue d’œil : Ravine des Cabris, désormais intégrée dans l’agglomération de Saint-Pierre au sens large, Ligne des Bambous, Terre-Rouge, Mont-Vert…
Des « vides » et des « pleins » : des densités de populations très contrastées.
La composition socio-professionnelle L’évolution récente de la composition socio-professionnelle montre, sans surprise, un baisse des agriculteurs exploitants agricoles ; une
forte hausse du nombre d’artisans, de
commerçants et de chefs d’entreprise ; une hausse significative du nombre de cadres, de professions intellectuelles supérieures et de professions intermédiaires ; une augmentation du nombre d’employés et d’ouvriers… Pour autant, la population saint-pierroise a une composition socio-professionnelle plus proche de celle de La Réunion dans son ensemble, que de celle de Saint-Denis ce qui peut étonner pour la
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seconde ville de l’île. Les agriculteurs exploitants restent bien représentés malgré l’urbanisation étalée et diffuse, mais ils bénéficient des bonnes aptitudes des terroirs saint-pierrois. Les chômeurs et les personnes sans activités auraient être moins nombreux sans le déficit de formation de l’ensemble de
la population en âge de travailler. Les cadres et les professions intellectuelles supérieures auraient pu être davantage représentés sans la proximité de villes résidentielles comme Le Tampon. Il en est de même des ouvriers, dont la proportion est minorée par l’attractivité de la ville au cœur de sa région. Tableau n°2 : Ménages selon la catégorie socio-professionnelle de la personne de référence (2012) Nombre de Population Ménages ménages concernée Réunion (%) Ensemble 30 255 79 468 100% (100%) (100%) Agriculteurs exploitants 445(1,5%) 1419 (1,8%) 1,5% Commerçants, artisans, chefs d’entreprises 1684 (5,6%) 4834 (6,1%) 5,4% Cadres et professions intellectuelles supérieures 1368 (6,2%) 4960 (6,2%) 6,2% Professions intermédiaires 4073 (13,5%) 10361 (13%) 12,5% Employés 5827 (19,3%) 15349 (19,3%) 18,2% Ouvriers 5763 (19%) 18 566(23,4%) 21% Retraités 5907 (19,5%) 11296 (14,2%) 20,4% Sans activités 4687 (15,5%) 12684 (16%) 14,7% Source : Insee, Recensement de population
Cette relative sous-représentation des catégories dirigeantes est d’ailleurs une caractéristique de la population saint-pierroise. « Entrepreneurs, professions libérales, cadres de la fonction publique ou des entreprises représentent moins de 9% des actifs employés sur Saint-Pierre, contre 12,7 à SaintDenis et 9,3 pour la moyenne départementale »2. En matière de fonctions d’encadrement, la sousreprésentation du secteur privé et de l’Etat est compensée par une place plus importante des collectivités locales. Quoi qu’il en soit, cette composition socio-professionnelle reflète l’économie de la capitale du Sud qui doit composer avec la présence des villes voisines.
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Actif (Nelly) : « Saint-Pierre, pôle d’emploi marqué par le chômage », in Economie de La Réunion, n° 115, 1er trimestre 2003.
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UNE ECONOMIE EQUILIBREE ET DYNAMIQUE
Héritière d’une économie de plantation, « pôle régional d’équilibre », menant une politique d’industrialisation volontariste, la commune de Saint-Pierre présente une structure économique diversifiée. Le potentiel fiscal par habitant est le troisième de l’île, devancé par ceux du Port
et de
Saint-Denis.
Les traits généraux L’économie de Saint-Pierre s’inscrit dans celle de La Réunion dont elle partage les grandes caractéristiques. C’est surtout une économie de services, souvent de proximité. L’économie présentielle concentre ainsi autour de 57% des établissements et 80% des salariés. Dans cet ensemble, le secteur public se taille la part du lion avec 37% des emplois. La sphère productive fournit le reste : 43% des établissements et 20% des salariés seulement. Il en découle que les établissements sont de petites dimensions. 72% (Réunion, 73%) d’entre eux n’emploient aucun salarié ; 23% moins de 10 (Réunion, 21,5%). Les établissements de plus de 50 salariés sont rares : 79 soit 0,8% du total (Réunion, 0,94%). Ils appartiennent aux secteurs de l’industrie, de la grande distribution, de la fonction publique. L’hôpital de Saint-Pierre est le plus gros employeur du Sud. Tableau n°3 : Etablissements et emplois selon les secteurs d’activité (2013) Etablissements Saint-Pierre Réunion Agriculture 12,2% 5,3% Industrie 6,7% 7,4% Construction 8,2% 9,8% Commerce, transports, Services 57,4% 62,4% Administration, enseignement, 15,6% 15% santé, action sociale Ensemble 100% 100% Source : INSEE
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Emploi total Saint-Pierre 833 2,5% 2603 7,9% 1638 5% 13158 39,8% 14830 44,9%
Réunion 3,5% 6,9% 7% 39,3% 43,3%
33068
100%
100%
La répartition des établissements par grands secteurs économiques laisse cependant apparaître des différences : Si on ne s’en tient qu’à l’emploi, le secteur primaire et la construction fournissent proportionnellement moins d’emplois à Saint-Pierre que dans le reste de l’île. Par contre, pour l’industrie et les services publics et privés, les taux saint-pierrois dépassent la moyenne insulaire. L’économie de Saint-Pierre apparaît moins déséquilibrée que celle de La réunion dans son ensemble.
Une agriculture modernisée L’agriculture reste une activité importante. La SAU atteint 5280 ha dont 3330 destinés à la sole cannière, la troisième de l’île en surface après Saint-Benoit et Saint-Paul. Elle se divise en un millier d’exploitations, pour les trois quarts consacrées à la canne. Les usines sucrières ont fermé, mais celle du Gol se trouve à proximité. L’irrigation moderne à partir du bras de la Plaine en 1970 et la réforme foncière menée par la SAFER permettent de bonnes performances de l’agriculture et une diversification des cultures, favorisée de surcroît par le changement des habitudes alimentaires et le développement du marché urbain. Cultures maraîchères et fruitières ainsi qu’élevage complètent ainsi la gamme des productions agricoles. Saint-Pierre joue un rôle majeur dans le développement agricole de la Réunion, aussi bien de l’élevage par une laiterie et un abattoir que des cultures par son Marché de gros. Elle possède en outre un centre important de recherche agronomique (Pôle 3P du CIRAD).
Station expérimentale du CIRAD à Bassin Plat, au milieu d’une riche zone sucrière
Le 2e centre de pêche de La Réunion 22
Saint-Pierre est devenu le deuxième centre de pêche de La Réunion après Le Port. L’activité de pêche, traditionnellement localisée à Terre-Sainte, s’est développée aussi dans le port de SaintPierre, une fois celui-ci transformé en port de pêche et de plaisance. La capacité du port a été portée à 380 anneaux. Outre la pêche artisanale, des palangriers pratiquent la pêche au large sur les 7 DCP (dispositifs de concentration de poissons) immergés au large des côtes du Sud.
Les potentialités touristiques Saint-Pierre est la plaque tournante du tourisme du Sud, vers Cilaos, la plaine des Cafres et la Volcan ou encore vers le sud sauvage. La présence de la plage et l’existence du port de plaisance font de Saint-Pierre la station balnéaire la plus avenante de l’île. Un touriste sur cinq qui vont à la plage à La Réunion a fréquenté la plage de Saint-Pierre Les Jardins de la plage ont été aménagés en 2005. Toute une vie sociale, économique, culturelle et de loisirs s’est développée sur le front de mer, le plus agréable et le mieux aménagé de La Réunion. Le tourisme n’y a pas encore cependant toute la place qui devrait être la sienne, même si Saint-Pierre est, après Saint-Denis et Saint-Gilles-les-Bains, la 3e ville de l’île la plus visitée par les touristes.
Le dynamisme industriel et commercial 23
Les activités industrielles et tertiaires bénéficient de bonnes structures d’accueil. D’importantes Zones d’activités sont localisées à l’ouest de Saint-Pierre. Couvrant 111 ha, elles constituent le 3e pôle de l’île après Le Port et Saint-Denis. Elles comprennent 6 zones d’activités. La plus ancienne est la Zone Industrielle n°1 située à Ravine Blanche. Créée en 1968, elle est dominée par la grande distribution (alimentaire et automobile) et constitue une sorte « d’entrée de ville » de Saint-Pierre par l’ouest. La ZI n°2 (Ligne Paradis), au nord-ouest de la ville, se consacre depuis sa création en 1974 principalement aux activités de production. On y trouve les grandes entreprises saintpierroises (CILAM). Au milieu de champs de cannes, à l’ouest de la ville, s’étendent les Z1 n° 3 et 4 et la zone Pépinières. La ZI n° 3 fait partie des zones emblématiques de Saint-Pierre. Elle accueille deux équipements structurants pour le Sud, l’Abattoir et le Marché de gros. Elle se prolonge à l’ouest par la Zone Industrielle n°4, aménagée en 2006. Au sud de la ZI 3, de l’autre côté de la quatre voies, la zone Pépinières est d’initiative privée et à dominante commerciale. La commune développe aussi la Zone d’Aménagement Concerté Canabady
à vocation commerciale : hypermarché et sa galerie
commerciale, magasin d’articles de sports, magasins de surgelés, concessionnaire automobile….avec de vastes parkings. De l’autre côté de la ville, à l’est, se développe la ZAC océan Indien, avec notamment l’IUT et une antenne de réception d’images satellitaires. Plus à l’est encore, à Cafrine, le pôle de proximité de Maxime Rivière a été créé en 1994. Il est consacré à des activités liées à l’automobile, la logistique-distribution (dépôts), ainsi qu’aux activités de production…
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SAINT-PIERRE, LA VILLE « Saint Pierre, la capitale du Sud, s’est toujours voulue animée et exubérante, au centre d’une belle et riche campagne, au débouché de la route des Plaines, la seule qui traverse l’île, au terminus de l’ancien chemin de fer »3. Le site est aussi favorable que la situation : l’embouchure de la rivière d’Abord forme une petite anse qui abrite les barques et une résurgence de la rivière fournit de l’eau. La ville s’étend sur 487 ha ; sa structure urbaine oppose le centre et les quartiers périphériques.
Le centre-ville Peuplé de 11 000 habitants, le centre-ville s’étend sur 230 ha entre la rivière d’Abord à l’est, l’océan au sud, la rue Lorion à l’ouest et le canal Saint-Etienne au nord. Les rues se coupent à angle droit, bordées de magasins, de bureaux, d’immeubles, de villas…. A l’est, la mairie, la souspréfecture, le tribunal, les services du Conseil Général et du Conseil Régional forment une ébauche de quartier administratif, tandis que la poste se tient excentrée à l’ouest. Au nord du centre-ville, les pentes ventilées portent de belles villas créoles le long des rues Babet, Archambaud ou Marius et Ary Leblond. Mais l’aspect général reste bien celui d’une ville coloniale quadrangulaire, sorte de lotissement à vocation résidentielle, dépourvu de centralités bien affirmées, en dehors du quartier de l’hôtel de ville et du port. Le centre-ville regroupe 11 000 emplois, répartis entre 1200 établissements publics ou privés. Même si certains équipements publics ont une vocation « régionale », les autres répondent surtout aux besoins de la population résidente (établissements scolaires, sécurité publique, action sociale…). De même, le secteur marchand bénéficie d’une clientèle « régionale », mais s’oriente principalement vers la fourniture de biens et services de proximité. Le commerce de détail alimentaire, non alimentaire ou
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Bertile (Wilfrid) : Géographie de la Réunion, tome II de l’Encyclopédie de La Réunion, Livres Réunion, SaintDenis, 1982.
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automobile est le secteur le mieux représenté, suivi par les services à la personne qui fournissent un tiers des emplois. L’attrait du bord de plage et du port multiplie les hôtels, les restaurants et les activités de loisirs.
Le centre-ville de Saint-Pierre
Les quartiers périphériques Les quartiers périphériques ont longtemps été pauvres. A partir de 1850, la ville s’étend sur la rive gauche où s’édifie le quartier de Terre Sainte, lieu de vie des ouvriers et des artisans construisant le port. La pêche s’est développée à partir de 1880 à l’abri de la jetée est du port. C’est le seul endroit de l’île se présentant comme un « village » de pêcheurs, avec ses barques tirées sur la grève à l’ombre de banyans, son mode de vie, ses ruelles étroites et en pente, ses escaliers, ses modestes maisons étagées.... Sur les pentes et le long de la RN2 vit une population plus aisée. Le quartier de Terre Sainte a été restructuré et modernisé. Il s’est étendu vers l’est, enrichi d’importants équipements (lycée, Iut, Régiment du Service Militaire Adapté). Il se transforme avec la ZAC Océan Indien. Sa population tourne autour de 10 000 habitants. A l’ouest, Ravine Blanche était un « faubourg » où des bidonvilles se mêlaient à une ruralité marquée par la sécheresse. Dès les années 1960, elle devenue un des premiers quartiers réunionnais où ont poussé les « grands ensembles ». Plus de 2000 logements à 75% composés de logements sociaux locatifs ont été construits. Ravine Blanche est devenue une « ville nouvelle » de 7000 habitants avec
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zone industrielle, logements, commerce automobile, grande distribution…Son littoral a été aménagé (pique-nique, boulodrome, surf, Beach volley, marché forain…).
Saint-Pierre : l’hôtel de ville, ancien magasin de la Compagnie des Indes
Au nord, à la fois rural et urbain, le quartier des Casernes gravitait autour de l’usine sucrière du même nom ; celle-ci a été fermée et subsiste un centre de réception des cannes à destination de l’usine du Gol. Il se prolonge au nord-ouest par le quartier pauvre de Basse-Terre traversé par le canal Saint-Etienne. Avec Joli Fond, l’ensemble va vers les 9000 habitants. Ces quartiers ont, fait l’objet d’une réhabilitation. La grande distribution s’y implantée (Casernes, ZAC Canabady).
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LE PAYS SAINT-PIERROIS Séparés par des étendues vides vouées à l’agriculture, des quartiers contrastés s’étendent à l’ouest et à l’est de la ville proprement dite, avec deux centres depuis longtemps, identifiés : Ravine des Cabris et Grands Bois.
Les quartiers de l’ouest Située dans la partie nord-ouest de la commune, Ravine des Cabris, s’étend sur des pentes douces entre 100 et 300 mètres d’altitude. En dépit d’une certaine sécheresse et de sols parfois caillouteux, c’était une zone agricole prospère avec le café puis la canne, occupant de grands domaines (latifundium de Kervéguen dans la deuxième moitié du XIXe siècle). La population est dispersée et l’urbanisation s’est étalée, grignotant les espaces irrigués. La population atteint 12 000 habitants. Services, équipements et commerces se regroupent au centre qui prend un aspect plus urbain. Bois d’Olive se situe à l’aval de Ravine des Cabris. C’était un quartier populaire où résidaient dans de modestes maisons les agriculteurs du domaine cannier de Pierrefonds. Il est connu par l’action du Père Favron qui y a installé un hospice en 1952, puis un centre d’accueil pour enfants handicapés, une maison de retraite, une école d’aides-soignantes… Une ZAC a créé des centaines de logements sociaux et des équipements dont un lycée. Gardant une certaine ruralité, avec ses vergers et sa verdure, Bois d’Olive est devenue une zone résidentielle recherchée. Elle compte près de 8000 habitants. Si Ravine des Cabris et Bois d’Olive ont fini par se joindre, avec les Assises, en une seule agglomération à l’ouest de la commune, ce n’est encore le cas de Ligne des Bambous et de Ligne Paradis, situés dans la partie centrale du territoire communal, près de la RN3. Située le long de la RD 28 dont elle porte le nom, Ligne des Bambous se prolonge en direction du Tampon par Condé Concession. C’est un quartier encore rural, situé sur les premières hauteurs, qui s’urbanise notamment sous forme de villas. Il possède tous les équipements de proximité. Ses 6000 habitants se répartissent à part à peu près égales entre Ligne des Bambous et Condé Concession. En contrebas, le long de la RD 38 ainsi nommée, Ligne Paradis présente lui aussi un visage résidentiel et rural, accueillant plus de 3500 habitants.
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Isolé à l’ouest de la commune, Pierrefonds est un vaste espace agricole, traversé par des voies à grande circulation et ponctué de hameaux dont le village de Pierrefonds. Celui-ci est né de l’usine sucrière du même nom, la plus ancienne de Saint-Pierre, bâtie entre 1820-1830. Elle a été fermée en 1970. Les anciennes maisonnettes qui logeaient la main d’œuvre sont rénovées et cohabitent avec de nouvelles villas. En attendant les bouleversements attendus de l’aménagement concerté de la zone, Pierrefonds compte quelque 2000 habitants.
La plaine de Pierrefonds. Au premier plan l’aéroport, au centre la ZAC. Au fond, les pentes de Saint-Louis et de l’Entre-Deux surmontées par le piton des Neiges.
Les quartiers de l’est A l’est de la ville de Saint-Pierre, Grands Bois constitue l’agglomération principale. Linéaire, elle s’étire sur trois kilomètres le long de la RN2, de la ravine des Cafres à la ravine de l’Anse, Elle est peuplée de 6000 habitants. Son développement est lié à l’économie sucrière depuis 1834 qui y a fixé des esclaves et des engagés. La fermeture, en 1991, de l’usine qui occupait, avec les saisonniers, aux champs et à l’usine,
jusqu’aux deux tiers des salariés
du bourg, l’a freiné dans son
développement. Commerces et services ont tourné au ralenti, malgré la présence d’un littoral « balnéaire ». Avec la déviation construite entre 2007 et 2010, la réhabilitation du cœur historique, entre 2010 et 2012, comportant commerces, services, logements autour de l’ancienne usine et à l’emplacement de l’ancienne piste d’aviation, Grands Bois devrait connaît un nouveau départ. A l’amont et à l’ouest s’étendent des quartiers encore dominés par l’agriculture que grignote l’urbanisation. Entre Ravine des Cafres et Terre Sainte, Terre-Rouge accueille le grand centre hospitalier du Sud. Les champs de canne débouchent sur un littoral boisé qui surplombe l’océan par
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une falaise et se déploient à l’amont sur Bassin Plat et Bassin Martin. L’ensemble ne regroupe encore qu’un peu moins de 2000 habitants. Mont Vert les Bas s’étire en bordure de la ravine des Cafres, entre 300 et 450 mètres, dominé par un cône volcanique, le Piton Mont Vert, haut de 636 mètres, au cratère égueulé, qui accroche, de partout, les regards. Au caractère rural encore plus marqué, à 650 mètres d’altitude, Mont Vert les Hauts se raccroche à la route Hubert de Lisle entre Bérive (Tampon) et Piton des Goyaves (Petite-Ile) avec lesquelles il tend à ne former qu’une seule agglomération. Il s’adonne à l’élevage bovin et porcin ainsi qu’et aux cultures maraîchères et fruitières dont celle de la fraise dont il s’est fait une spécialité. Le Domaine Vidot témoigne du développement du « tourisme vert ». Un peu plus de 5000 habitants se partagent entre Mont Vert les Bas et Mont Vert les Hauts.
Des niveaux de développement contrastés Saint-Pierre fait partie des communes de l’île où les disparités de développement entre quartiers sont les plus marquées. Quartiers déshérités et quartiers agricoles couvrent la plus grande étendue du territoire communal. Les premiers s’étendent au nord et à l’ouest du centre-ville. Partant des Casernes et de Basse-Terre, ils vont jusqu’ à Ravine des Cabris et Condé Concession en passant par Ligne Paradis et Bois d’Olive. S’y rattache la partie est de Terre Sainte. Ils abritent la moitié ( !) de la population de Saint-Pierre. Le chômage frappe 40% des chefs de ménage et même 56% dans le quartier Trou du Chat à Terre Sainte. L’habitat est en majorité de type individuel et souvent médiocre. Mais il s’améliore rapidement et les logements sociaux se font plus nombreux. Des catégories sociales dirigeantes ou intermédiaires s’y installent comme à Condé Concession, 3e quartier saint-pierrois pour le nombre de ménages aisés.
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Source : INSEE
Les quartiers agricoles occupent l’ouest (Pierrefonds) et l’est (Montvert les Hauts et Montvert les Bas) où 20% des ménages vivent de l’agriculture. Cette activité reste très présente à Grands Bois, Ligne des Bambous et Ravine des Cabris. Plus développés sont les quartiers urbains de Saint-Pierre centre et du centre de la Ravine des Cabris. Ils sont caractérisés par un certain dynamisme commercial, économique et culturel entraînant la présence de commerces spécialisés et de nombreux services. Un cinquième des Saint-pierrois y vit, avec une composition sociale variée, comportant des catégories favorisées. Les chefs de ménages se répartissent pratiquement en trois tiers. Près de 3 d’entre eux sur 10 sont cadres, chefs d’entreprises ou font partie des professions intermédiaires. Près d’un autre tiers est ouvrier ou employé. Un autre tiers encore est au chômage. Certains quartiers sont, socialement, « typés ». « L’hyper centre », autour de la mairie, concentre plus qu’ailleurs, les catégories sociales aisées et moyennes (40% des ménages). A l’ouest du centre-ville, une partie de Ravine Blanche constitue un « quartier ouvrier » de 2400 habitants, logés dans un habitat social ancien. Les catégories sociales y sont plus modestes et le chômage plus prégnant qu’en centre-ville. 24% des chefs de ménages sont ouvriers, 20% employés. Le quartier « Terre Rouge/Bassin Plat/Bassin Martin » occupe lui aussi une position particulière. Il est à la fois agricole et résidentiel. Effectivement, 13% des ménages vivent sur de petites exploitations et les actifs agricoles forment 26% du total. Situé en bordure de la route menant
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au Tampon et à proximité de la ville de Saint-Pierre, le quartier attire des populations aisées : 13% des chefs de ménages appartiennent aux catégories dominantes, soit davantage qu’en ville et le chômage y est aussi plus faible, sauf dans « l’hyper centre ».
PROBLEMES ET PERSPECTIVES D’UN « POLE D’EQUILIBRE REGIONAL » Comme la plupart des villes, Saint-Pierre doit faire face à des problèmes d’aménagement et de développement
Les problèmes sociaux Le choix du Tampon comme ville résidentielle a privé Saint-Pierre de catégories aisées de la population qui y travaillent mais n’y résident pas. Ainsi, le revenu médian n’atteint même pas la moyenne réunionnaise et situe Saint-Pierre au 14e rang des 24 communes de La Réunion. Cette pauvreté relative des habitants se reflète dans des indicateurs plus dégradés que ceux de l’ensemble de La Réunion comme les taux relativement élevés des allocataires de minima sociaux, de ménages non
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imposables sur le revenu, de la population sans diplômes, des ménages ne disposant pas d’automobile… Le chômage est davantage présent que dans le reste de l’île : 37,7% contre 35,9% (au sens du recensement). Cette situation est d’autant plus paradoxale que Saint-Pierre est un important pôle d’emploi pour la population des communes voisines. La question du logement est d’une réelle acuité. Les logements précaires et insalubres sont relativement nombreux et se concentrent dans certains quartiers. On a pourtant beaucoup bâti : le taux de logements sociaux dépasse celui de La Réunion. Pourtant, en 2013, il y avait 3812 demandes de logement social en instance4. Tableau n°4 : Composition des ménages (2012) Nombre de ménages Ensemble Ménages d’une seule personne Autres ménages sans famille Couples sans enfants Couples avec enfants Familles monoparentales
Nombre 4446 1070 118 1043 1622 592
% 100% 24,1% 2,7% 23,5% 36,5% 13,5%
Population des ménages Réunion% 100% 24,5% 3% 16,8% 35% 20,6%
Nombre 11 558 1070 324 2262 6242 1661
% 100%
Source : Insee, Recensement de la population
L’aménagement du territoire Les inégalités de développement des quartiers et l’urbanisation poussée d’un territoire relativement étroit font de l’aménagement du territoire communal une priorité. Chaque quartier fait l’objet d’un programme d’aménagement spécifique. Dès le départ, Saint-Pierre s’est inscrite dans la Politique de la Ville qui a transformé ses quartiers et changé la vie de leurs habitants.
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Soit 11% des ménages. La moyenne réunionnaise est de 12% ; Le Tampon est à 6%, Le Port à 26% !
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Le CHU de Saint-Pierre est 43e des 50 meilleurs hôitaux de France
Trois grands projets sortent du lot. L’aménagement du secteur de Pierrefonds est, on l’a vu, d’intérêt régional. A l’est de Terre Sainte, la ZAC de l’océan Indien accueillera des équipements importants (station de réception d’images satellitaires…). C’est cependant le « cœur de ville » qui fait l’objet depuis 2002 d’un Programme de Renouvellement Urbain (PRU): entre la rivière d’Abord et Ravine Blanche, sur 153 ha vivent 5700 habitants. La revitalisation du centre-ville se doit de le densifier et d’y attirer des habitants, d’aménager la ville en s’appuyant sur sa trame initiale, et sur sa façade maritime, de renforcer son attractivité économique (commerces, services…), de conforter son identité et d’améliorer ses infrastructures. D’ici à 2011, il devrait passer de 6000 à 11000 habitants. L’artère commerciale de la rue des Bons Enfants a été réhabilitée, le port et les jardins de la plage aménagés. Les principaux projets portent sur le marché couvert qui devrait devenir une halle alimentaire en conservant son style Baltard ; la ZAC du Mail avec une rue de 13 mètres de large entre le marché couvert et la rivière d’Abord, avec une quinzaine de commerces dont Virgin Mégastore ; une cité administrative municipale à l’emplacement de la poste et de la gendarmerie de la rue des Bons Enfants ; un parc culturel en contrebas de l’Hôtel de ville dans les Entrepôts kervéguen ; le multiplexe « Ciné Grand Sud » avec 7 salles sur le front de mer Deux autres projets présentent un intérêt régional évident. Cela va de soi pour l’aménagement du secteur de Pierrefonds, inscrit comme tel au Schéma d’Aménagement Régional. Il se compose de deux ensembles. D’une part, la ZAC Pierrefonds-Village, dans le quartier de l’ancienne usine sucrière, vaste de 70 ha dédiés à la construction de 800 logements, d’équipements publics, d’activités tertiaires et de services. D’autre part, la ZAC Pierrefonds-Aérodrome dont les 87 ha accueilleront des industries, une unité de valorisation des déchets (méthanisation), une base logistique (LogistiSud, port sec), des
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commerces, des activités tertiaires, des hôtels, un palais des congrès, une gare multimodale…Les travaux ont commencé en 2013.
Le port de Saint-Pierre. Au fond, le piton Mont Vert
A l’est de Terre Sainte, la ZAC de l’océan Indien accueille des équipements dont l’intérêt dépasse l’horizon de la ville et même de La Réunion. (station de réception d’images satellitaires SEAS-OI…). Elle s’étend sur 72 ha entre l’hôpital et la rivière d’Abord, dans une zone au relief vallonné : 12 ha sont déjà urbanisés et 17 sont occupés par des ravines et des taillis. On y construit 700 logements, une zone d’activités économiques, des équipements (extension de l’IUT, crèche, école, piscine, SDIS,...) et le Parc Technopolitain – Z.IRST (Zone innovation et recherche scientifique et technique), deuxième technopole, la deuxième de La Réunion axée sur
la
santé, l’énergie,
l’agroalimentaire et l’environnement.
Saint-Pierre, pôle régional Saint-Pierre est, sans conteste, la deuxième ville de La Réunion. Non pas pour la population : la commune, avec se situe derrière Saint-Denis et Saint-Paul, l’agglomération elle-même, étant moins peuplée que celle du Tampon. Mais, après Saint-Denis, c’est à Saint-Pierre qu’on a davantage l’impression à La Réunion d’être en ville. Par son poids économique, par ses équipements, par son dynamisme, Saint-Pierre se situe en deuxième place dans la hiérarchie urbaine de La Réunion et constitue une « métropole d’équilibre » par rapport à Saint-Denis en étant la capitale régionale du Sud.
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Les mouvements pendulaires concernant Saint-Pierre.
Second centre administratif de l’île, Saint-Pierre a tiré parti de l’éloignement de Saint-Denis, la capitale, et de l’importance de la population du bassin Sud pour créer des services diversifiés, à la fois publics et privés. Saint-Pierre est érigée en sous-préfecture en 1964 et accueille de nombreuses annexes des administrations étatiques, départementales et régionales ainsi que des organismes socioéconomiques implantés à Saint-Denis. L’éducation et la santé sont deux secteurs particulièrement bien
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représentés avec une annexe de l’Université au Tampon et le Groupe Hospitalier Sud, l’hôpital le plus moderne de l’océan Indien, à Saint-Pierre. Depuis 1997, saint-Pierre accueille le siège de l’administration des Terres Australes et Antarctiques Françaises, à la place de Paris. Le commerce de gros, le commerce de distribution, les services de proximité n’ont rien à envier à ceux d’autres régions de La Réunion. C’est un pôle régional et un pôle d’emploi. C’est là que l’on rencontre, après Saint-Denis, le plus grand nombre d’emplois stratégiques qui témoignent des fonctions de commandement de la ville. Pour l’emploi total offert, Saint-Pierre est aussi la commune qui en fournit le plus après Saint-Denis. Elle concentre plus 40% des emplois du Sud, ou encore de 12,4% des emplois réunionnais, pour 9,5% de la population. C’est le pôle d’emploi le plus attractif de l’île après Le Port, le taux d’attraction de l’emploi y étant de 134,4% (Le Port, 182,7% ; Saint-Denis, 125%). Ce pôle d’emplois rayonne sur sa région : parmi les 33 186 personnes qui y travaillent en 2012, 9384 n’y résident pas. Ce sont les habitants des communes voisines qui effectuent chaque jour le trajet jusqu’à Saint-Pierre. Non seulement le flux intercommunal domicile-travail entre Saint-Pierre et Le Tampon est le plus important de la Réunion, mais aussi de Saint-Louis, de Saint-Joseph et de Petite Ile, des travailleurs affluent et le trafic automobile s’en ressent. Les embouteillages se retrouvent ainsi aux entrées ouest, nord et est de la ville. Enfin Saint-Pierre possède le second aéroport de l’île, situé à Pierrefonds, à l’ouest de la ville. Il s’agit d’un petit aérodrome militaire qui s’ouvre au trafic civil en 1998, avec Madagascar et Maurice. Il a fallu pour cela améliorer la piste de 1500 mètres et construire une aérogare. On allonge la piste à 1850 mètres en 2000 afin de pouvoir recevoir des avions moyens courriers de type Boeing 747. La mise aux normes des installations conduit à allonger en 2002 la piste une nouvelle fois jusqu’à 2100 mètres et à consolider les installations de sécurité incendie.
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Tables des matières Un des communes de La Réunion les mieux dotées par la nature
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Un relief calme Un climat sous le Vent Des aptitudes naturelles reconnues Un peuplement et une mise en valeur déterminés par l’agriculture de plantation Naissance d’un quartier et d’une ville Saint-Pierre, fleuron du système de plantation Une crise sucrière aggravée par la construction du port La population saint-pierroise La croissance de la population La structure de la population La composition socio-professionnelle Une économie équilibrée La révolution agricole Les réussites de l’industrialisation Le développement du tertiaire Saint-Pierre : la ville L’évolution de la ville Le centre-ville Les quartiers périphériques Le pays saint-pierrois Les quartiers de l’est : Grands Bois et Ravine des Cafres ; Mont-Vert les hauts et les bas La Ravine des Cabris Les quartiers linéaires Problèmes et perspectives d’un pôle d’équilibre régional Les problèmes sociaux L’aménagement du territoire Saint-Pierre, pôle régional
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