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HOP HOP HOPE
from Activmag_octobre2020
by Sopreda 2
Annabel Brourhant
UNE FEMME SUR DEUX EST TOUCHÉE PAR UNE DÉPRESSION PLUS OU MOINS PROFONDE APRÈS LES TRAITEMENTS CONTRE UN CANCER. POUR LES ACCOMPAGNER, L’ASSOCIATION HOPE ET ANNABEL BROURHANT, ANCIENNE JOURNALISTE, ARTISTE PEINTRE SURVOLTÉE ET ÉQUI-PÉE, LÂCHENT LES CHEVAUX.
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PAR MÉLANIE MARULLAZ
Aquelques jours d’Octobre Rose, elles sont 12 à participer à l’un des stages proposés gratuitement chaque année par Hope. Il y a Marion, 31 ans, qui rend visite à d’autres malades dans les hôpitaux du sud de la France, “parce que quand je serai capable d’écouter les gens qui vivent ce que j’ai vécu sans l’associer à moi, ça ira…” ; Véronique, 39 ans, marcheuse émérite qui a vaincu le Grand Paradis et le Mont-Blanc, à qui tout le monde dit qu’elle est forte, mais qui réclame le droit de ne pas l’être; Audrey, 36 ans, qui ne dit rien à la maison pour protéger ses deux enfants ou encore Cynthia, 42 ans, fiancée au moment
du diagnostic, mais: “le cancer a eu raison de nous, il m’a volé du temps, des années”. Chacune vient déposer son histoire, ses douleurs, ses colères contre ce coup du sort, “coup de pied au cul” ou “coup de tonnerre”, cette grande “injustice” qui a bouleversé leur quotidien et le bouleverse encore. Et si chaque parcours est unique, une connexion se noue quasi instantanément entre toutes ces femmes, comme un lien invisible que
cheval Remède de Remède de
© Emmanuel Berrod
la maladie aurait tissé. “On connaît l’importance du groupe, le fait de se rencontrer et de se dire qu’on n’est plus seule”, rappelle Annabel Brourhant dont la chambre, à l’hôpital, ne désemplissait pas de copines. Elle s’est sentie “tellement soutenue par cette force, cette solidarité” qu’elle a eu envie de la partager.
LE PIED À L’ÉTRIER
Annabel est une cavalière passionnée depuis l’enfance, qu’elle a passée à chevaucher dans les bois et les prés de Saint-Cergues, à côté d’Annemasse. Une première vie de journaliste TV l’éloigne du Genevois, elle anime d’abord des émissions pour la Cinquième, France 3, LCI puis pour la RTBF à Bruxelles. Ce sont les pérégrinations professionnelles de son homme qui ramènent la famille aux abords du Léman, il y a une quinzaine d’années. Malgré ce retour aux sources, Annabel est formelle, elle ne vivra pas à Saint-Cergues. Mais ses rêves de petite fille la rattrapent dans les ruines du Château de Neydens, où, petite, elle traînait souvent les sabots. Le bâtiment attise convoitises et plans de promotions, Annabel convainc pourtant la mairie de la laisser tenter une rénovation et la construction d’écuries, entourées de chemins et de milliers d’arbres. En 2014, elle a 44 ans et quatre enfants quand son projet est validé… Et son cancer du sein diagnostiqué.
CHEVAL DE BATAILLE
Devant la liste d’oncologues qu’on lui propose, elle ferme les yeux et plante le doigt sur le nom de Nicolas Chopin, chirurgien à Léon Bérard, à Lyon, et cavalier lui aussi. “Du coup, je ne crois plus du tout au hasard !” s’amuse-t-elle. “Je déclare la maladie au moment où les écuries se font, et plouf, je tombe sur un médecin qui monte à cheval… C’est comme si j’avais eu le cancer pour faire ça, pour créer l’association !” Parce qu’à force de parler plus juments que traitements, tout en voyant les écuries se construire, la patiente et son spécialiste envisagent d’y accueillir des femmes que le crabe a pincées et qui, pour une grande majorité, se retrouvent en dépression. Quand elle a un coup de mou - ce qu’on n’imagine même pas quand on voit cette « tornade blanche » en mouvement -, Annabel, elle, peint ou monte, pour se vider la tête. Alors en 2017, ils fondent Hope, pour Helping wOmen by Painting and Equestrian Experience. “Ce nom, c’est le fruit d’un brainstorming familial”, sourit-elle. “Mon mari m’a dit : « choisis quelque chose d’international, parce que te connaissant, ça va se développer ! ».” Au programme de l’asso, des événements et des partenariats, pour financer une journée de découverte alternant équi- et art-thérapie, et quatre demi-journées de suivi, dans l’une ou l’autre des disciplines.
EN ÉQUI-LIBRE
Dans le manège ce matin, c’est avec Arizona qu’Audrey, 47 ans aux très beaux cheveux gris-blanc, s’est laissée aller. “Je ne m’attendais à rien de particulier, mais j’ai été surprise par ce que j’ai ressenti : la chaleur qui se dégageait de l’animal, très calme, à l’aise, vraiment posé sur ses pattes arrière. Je n’arrêtais pas de le toucher, j’ai fermé les yeux, et j’étais toute seule avec lui, le monde s’arrêtait.” Autour d’elle, il y a pourtant Pile Poil,
le demi-poney dont les grands yeux doux ont conquis Sylvie, la psycho- logue, et Magie, l’Alezane d’Annabel Brourhant. “Les juments sont souvent moins câlines”, explique-t-elle. “Magie était un peu fougueuse quand je l’ai eue, elle ne me ménageait pas, me collait contre le pare-bottes (paroi du manège), mais quand je l’ai remon- tée, trois semaines après ma recons- truction mammaire, elle était com- plètement à l’écoute. Là, elle regarde les femmes, se tourne vers elles. Et demain, après avoir reçu toutes leurs émotions, elle sera complètement HS !” Cheval vidé, âmes rechargées!
MODE HOPE-RATOIRE
“Et nous aussi, ces journées nous re- chargent !” complète Nicolas Chopin, le chirurgien, qui est là pour répondre aux interrogations des stagiaires. “Ici, ce ne sont pas des malades, on sort du cadre formaté de l’hôpital. Et même si je suis l’empêcheur de tour- ner en rond, très cartésien de par mon métier, à l’opposé des méde- cines alternatives, je sais aussi que la médecine classique ne se suffit pas à elle-même, qu’il faut du sou- tien psychologique dans l’avancée du parcours de soins. Globalement, en partant d’ici, les femmes vont bien, mais est-ce que ça durer ?” Signe des temps, et de la considération crois- sante pour ces alternatives, l’universi- té de Metz voudrait justement monter à Saint-Cergues une étude clinique pour en mesurer les effets, et Hope a ouvert, mi-septembre, une antenne en région parisienne. De quoi être Hope’timiste!
+ d’infos : hope-association.com N le 3 octobre, La Foulée Annemasse s’unit à Hope afin d’organiser les
Foulées Roses, autour du Château de
Neydens - marche nordique, courses enfants et relais adultes - Inscriptions:
l-chrono.com/inscriptions-foulees-roses
N du 7 au 10 octobre : exposition itinérante « Cicatrices - Portraits de femmes » par Emmanuel Berrod, à l’Espace 55 à Poisy.
© Emmanuel Berrod
© Emmanuel Berrod