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CUL NUL EN BFC
by Sparse
Ah, le tatouage creux de reins...
Le ciel, le soleil & les poils
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Avec 2,6 millions de Français qui le pratiquent régulièrement et plus de 500 espaces dédiés, la France est la première première destination naturiste mondiale. Et la Bourgogne FrancheComté n’est pas la dernière à se mettre à nu. On a fait tomber slip et t-shirt pour un reportage en immersion chez les naturistes.
Texte et photos par Léos Van Melckebeke & Clément Guillet
explique Joël
« Bienvenue au Club du Soleil de Dijon ! » Joël m’ouvre le portail tout sourire en tenue d’Adam. Situé à Diénay, à une vingtaine de kilomètres de Dijon, au bout d’un chemin de terre en bordure de forêt, une minuscule pancarte en bois indique l’entrée du club. Trois hectares, soigneusement clôturés, sont dédiés à la pratique du naturisme. Joël, la soixantaine est le président de l’association depuis 2004 qui compte aujourd’hui une soixantaine de membres. Pétanque, barbecue, ping-pong, piscine ou bronzette, les activités proposées ici sont simples et bucoliques, sauf qu’elles se pratiquent à poil. À peine arrivé, comme une évidence, je fais aussi tomber le short et le slip pour mieux m’imprégner de mon sujet. On me tend deux boules et je commence une partie de pétanque avec mes hôtes. « C’est la première fois que tu te mets nu ? » me lance Joêl. « Et bien tu pourras plus le dire ! » Entre naturistes, le tutoiement s’impose très vite assez naturellement. Une fois déballée son intimité, difficile de continuer à se vouvoyer. « Ici on a un rapport plus direct aux gens, on fait tomber la chemise, mais aussi, l’uniforme. Ici, pas de médecin, de pompier, ou de prof : on est tous pareil quand on est à poil » explique Joël.
« Une manière de s’accepter »
« J’ai découvert le naturisme sur une plage vers Perpignan, j’ai beaucoup aimé le contact du soleil, de l’eau et du vent sans maillot de bain ». Nelly, la cinquantaine fait partie du club depuis 2014. « J’avais fait de la chirurgie esthétique, puis, je me suis mis au naturisme. Le naturisme décomplexe car il permet de voir d’autres corps et d’accepter les différences et les formes. » Paradoxalement exposer le corps ferait l’oublier, alors que l’habiller, soulignerait les formes et serait plus propice aux comparaisons. « C’est dans les lieux naturistes que l’on rencontre le plus de personnes en situation de handicap. Elles se sentent peut-être moins jugés ». renchérit Joël. « Aujourd’hui, je n’ai plus de complexes en voyant les gens en maillots de bain » conclut Nelly. L’écologie du naturisme. Proust naturiste ?
Une madeleine de Proust naturiste
Contrairement à ce que pense Joël, ce n’est pas la première fois que je me retrouve cul-nu en public. Jusqu’aux premiers jours de mon adolescence, mes souvenirs de vacances familiales ressemblent à tous ceux des enfants ayant connus les joies simples du camping en été : piscines bondées, sanitaires collectifs en béton et barbecues au milieu des guêpes. À un détail près : du maquis Corse aux dunes des Landes, tout le monde autour de moi était parfaitement nu, excepté les jours de pluie. « Ah mais je ne savais pas que tu étais naturiste ! » Lorsque j’évoque ces souvenirs, les réactions vont souvent du simple étonnement au léger malaise jusqu’au soupçon d’inceste parental et d’exhibitionnisme, voire aux amalgames avec le monde du libertinage. De mon côté, je me souviens plutôt avec nostalgie de ces
étés ensoleillés où la nudité était absolument naturelle et vite oubliée par tous, des fous rires partagés avec mes cousins et cousines lorsque mon oncle accrochait ses lunettes de soleil sur son pénis pour égayer les journées de baignades ou encore d’une rencontre atypique avec un couple de nains amis de PassePartout. Bref, des souvenirs de vacances heureuses et bucoliques. Venir au Club du Soleil allait-il faire remonter le plaisir du naturisme ? Me mettre cul nu avec Joël, ne serait-ce pas là ma madeleine de Proust naturiste ? En Bourgogne FrancheComté, chaque département compte aujourd’hui sur son territoire au moins un espace naturiste affilié à la Fédération Française de naturisme (FFN) – association, club ou camping – avec plusieurs centaines de membres. Le Club du Soleil de Dijon est le plus ancien de la région et accueille toute l’année ses adhérents. Créé en 1954 par un précurseur qui achète puis aménage le terrain, il a compté jusqu’à 250 membres dans les années 70. Mais lorsque Joël devient président de l’association en 2004, seuls 13 personnes poursuivent l’aventure. Joël va alors donner une nouvelle impulsion au club : création du site internet, achat d’une piscine... Mais toujours sans eau courante ni électricité « Plus on est écolo mieux ça vaut » précise-t-il. « Seuls deux panneaux photovoltaïques ont été installés en 2016 pour la piscine » précise Joël.
Le naturisme Pour les toilettes, l’eau de pluie est captée dans des réservoirs. En effet, l’écologie et le respect de décomplexe car la nature sont intrinsèquement liés au mouvement naturiste, comme il permet de voir le précise la FFN, qui définit ce dernier comme « une manière de d’autres corps vivre en harmonie avec la nature, caractérisée par la pratique de et d’accepter la nudité en commun, et qui a pour but de favoriser le respect de les différences soi-même, le respect des autres et celui de l’environnement. » C’est notamment ce qui le distingue du et les formes. simple nudisme – qui consiste à pratiquer des activités nu et notamment la baignade – tandis que le naturisme intègre une dimension comportementale voire philosophique : proximité avec la nature, style de vie sain et préservation d’un environnement naturel.
Les débutants ont encore la marque du slip.
« Le confinement a réenclenché mon envie de liberté et ce besoin de communion avec la nature pour retrouver le lien avec les autres, après cette longue période enfermée dans mon appartement. » Christelle, adhérente depuis quelques mois, a commencé le naturisme avec ses parents à l’âge de 5 ans. Pendant que je fais une partie de ping-pong avec elle, elle se confie. « On partait chaque été dans des grands campings sur la côte atlantique. Se baigner dans les vagues toute nue, c’est une impression extraordinaire de communion avec les éléments. À l’adolescence c’était un peu plus complexe entre jeunes, et certains restaient habillés ». Après de longues années sans pratiquer, la pandémie de Covid-19 a été l’occasion pour elle de renouer avec ses souvenirs d’enfance. « Le confinement a réenclenché mon envie de liberté et ce besoin communion avec la nature pour retrouver le lien avec les autres, après cette longue période enfermée dans mon appartement. Dans l’état d’esprit du naturisme je retrouve une ambiance bienveillante. »
Les textiles
La communauté s’organise-t-elle autour d’un séparatisme assumé contre les textiles – les campeurs et baigneurs habillés dans le jargon ? Au club de Dijon, la nudité n’est jamais imposée brutalement. « Un jour un membre m’a demandé si sa femme pouvait venir habillée » raconte Joël. « J’ai accepté et au bout de quelques semaines elle a essayé et ça lui a plu !» D’ailleurs, la nudité n’est pas systématique et dépend fortement des aléas météorologiques. « Quand quelqu’un a froid, il reste habillé. Et quand on fait des randonnées hors du club, on garde nos vêtements ! » Tous les membres n’en parlent pas avec la même facilité à leur entourage. Comme Christelle qui ne l’évoque pas avec ses proches. « Mes enfants me charrient un peu mais n’ont jamais critiqué mon choix », explique Nelly. Joël, ancien pompier, en parlait plus librement : même les colonels étaient au courant.
Cohabitation avec les voisins
Comment se passe la cohabitation avec les voisins ? « On a de bonnes relations avec les habitants. Avant ils nous appelaient les « culs-nus » mais maintenant ça se passe très bien. » explique Joël. « Le maire m’invite régulièrement aux réunions des associations. » Certains curieux se sont cependant risqués à entrer sans faire partie du club. « On était en train de jouer aux boules quand on a entendu des branches bouger dans la forêt. » raconte Nelly. Joël acquiesce : « Je n’ai pas pu le choper, sinon je lui aurais dit bonjour ! ». Mais ces cas sont exceptionnels et les intrus sont plus souvent liés à l’environnement. Si l’entretien du terrain requiert l’investissement de tous, la faune locale s’invite ainsi parfois aux festivités. « J’étais à poil sur le tracteur quand j’ai vu des sangliers sur le chemin, quatre, huit et puis douze ! » raconte Joël. « On a rebouché les trous dans le grillage ».
Doyenne du naturisme
Parmi la soixantaine d’adhérents du club, on retrouve des enseignants, policiers, médecins et beaucoup de retraités. « Certains viennent avec leurs petits-enfants ! » fait remarquer Joël qui a commencé à 14 ans avec un oncle naturiste. « J’ai continué et pendant des années j’ai fait du naturisme sauvage dans la Vallée de l’Ouche, avant de découvrir le club. ». Si les plus jeunes membres ont une quarantaine d’années, la plupart sont plus âgés tandis que la doyenne du club a fêté ses 91 ans. « Il paraît que les naturistes vivent plus longtemps » rigole Joël. À l’image de Christiane Lecocq, pionnière du naturisme en France décédée à 103 ans (voir encadré).
Journée galette des rois, cueillette du muguet et buffet de Noël rythment l’année, sans oublier les diverses journées portes ouvertes qui permettent aux curieux de découvrir la pratique du naturisme. Les activités ressemblent à celles de n’importe quelle association amicale : parties de pétanques, trempette dans la piscine et barbecues. Joël aimerait que plus de jeunes viennent découvrir le club : « J’ai même commandé une balançoire, pour les jeunes parents ».
Il n’est plus nécessaire de fournir un certificat de bonnes mœurs, un extrait de casier judiciaire et un certificat médical, comme c’était le cas dans les premiers clubs naturistes du début du siècle. Pourtant, l’adhésion au Club du Soleil de Dijon n’est pas automatique. « On demande une lettre de motivation, puis les nouveaux membres sont à l’essai pendant un an. » explique Joël. « Après si quelqu’un veut découvrir le club il suffit de passer un coup de fil et il pourra venir une journée ».
Avis aux lecteurs ! Pour ma pomme, l’été prochain, je n’hésiterai pas à partir bronzer sans mon slip.
L’ arrivée du naturisme en France
Né en Allemagne au XIXème siècle, le naturisme apparait en France au début du XXème siècle. Les véritables pionniers et initiateurs du naturisme pendant l’entre-deux-guerres sont deux frères médecins, André et Gaston Durville, qui fondent la Société naturiste en 1927 puis le camp de Physiopolis en région parisienne et enfin en 1932 le domaine d’Héliopolis sur l’île du Levant au large du Var. Le mouvement se démocratise aprèsguerre, notamment sous l’impulsion des époux Albert et Christiane Lecocq, naturistes militants qui créent les premiers Clubs du Soleil, puis le désormais célébrissime Centre Héliomarin de Montalivet et enfin la FFN – Fédération française de naturisme en 1950.
Je crois que j’aperçois le cochonet.