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FAITES ENTRER DOMINIQUE RIZET
by Sparse
même qu’il y a des stars du twirling bâton ; principalement des Japonais mais aussi des Français : « En France on a nos stars mais elles ne sont pas très connues. Jason Traver, Andy Morel, Sabrina Péan. C’est un sport où il y a de plus en plus de mecs. Il faut de la force dans les bras pour pouvoir lancer le bâton. Les hommes sont en général bien côté. ». C’est d’ailleurs un sport mixte, où les hommes et les femmes peuvent être dans la même équipe. Les filles de Beure Twirl’ (le nom du club de Beure) connaissent bien la star Andy Morel puisque c’est lui qui a conçu leur dernière création : « On fait venir deux entraîneurs, Andy Morel et un juge international qui font le montage des numéros ». Il s’agit d’une résidence de travail pour créer la chorégraphie. Ils sont venus en août 2019, pour travailler un spectacle à présenter aux prochains championnats puis il y a eu le Covid. Pour Émilie, cela a représenté un sacré coup pour la pratique : « C’est dur de se remettre dedans. Presque deux ans sans gymnase. On sentait qu’il y avait un engouement, c’est un sport qui intéressait de plus en plus, les adhésions montaient en flèche mais avec le Covid on a perdu beaucoup de licenciés. Il y a eu un Incroyable Talent à la TV qui nous a mis en lumière. Il y a aussi pas mal de vidéos TikTok, notamment des challenges entre les clubs ». On sent que le Covid à une influence importante sur les filles du Beure Twirl’ qui me présentent leur dernière création autour de la pandémie : « En compétition, ce sera plus impressionnant car on intégrera des masques dans nos costumes, dans la chorégraphie on se transmet le Covid, c’est pour ça que l’on finit au sol ». Ambiance…
Nelson Monfort & le Twirling
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Vous l’aurez compris à ce stade, le twirling bâton c’est une activité sportive qui mélange performance physique et artistique, alors pourquoi cette pratique n’est-elle pas présentée aux Jeux Olympique ? Émilie à bien évidemment la réponse : « Un jour il y aura du twirling bâton aux JO. Il faut un certain nombre de licenciés dans le monde et un certain nombre de pays. Il manque encore des clubs en Afrique et en Amérique du Sud, là où le twirling bâton est peu développé. Ça n’arrivera pas en 2024 mais peut-être en 2028 ». En attendant le sport se développe encore en France et prend aussi des ramifications avec la pratique du pompon (un mélange entre le twirling et le cheerleading). Cependant le sport pâtit du peu de reconnaissance du public et l’économie de ces clubs est précaire : « la location d’un gymnase à l’année, l’inscription à la coupe du monde et aux championnats, la logistique que ça engage représentent des coûts très importants pour des petites structures comme les nôtres » nous confirme Karine.
Last one for the road
Avant de partir, les filles me montrent leurs différents programmes, et force est de constater que la maîtrise du bâton est plus qu’impressionnante, que ce soit en solo, en duo ou en équipe. Les filles ont toutes choisi une chanson personnelle pour leur programme. C’est souvent un truc de dance ou un remix douteux d’un tube passé, version DJ Snake : « la musique n’a pas forcément besoin d’être hyper rythmée
C’est quoi mais il faut qu’elle soit entraînante ». Les programmes durent en le délire avec les moyenne 3 à 4 minutes et représentent un mix tenues originales de tout ce que l’on a cité précédemment : des figures de gymnastique, utilisées dans le des lancers de bâtons, des roulés à un rythme Twirling, un peu à assez effréné. Le plus impressionnant reste tout de même les lancers la manière du patin (c’est d’ailleurs pour ça qu’elles doivent s’entraîner à glace. Ambiance dans un gymnase car les lancers sont souvent à sequins, paillettes une dizaine de mètres de haut). J’en profite au passage pour demander et satin. quel est leur délire avec les tenues originales utilisées dans le Twirling, un peu à la manière du patin à glace. C’est plutôt grandiloquent, ambiance sequins, paillettes et satin : « La tenue ça fait partie du personnage. On a des couturières dans chaque club, nous, ce sont nos entraîneurs qui les font ». Karine me confirme : « On se met à la machine et on fait Mac Gyver. Les tenues doivent être en adéquation avec la musique ». Une façon de s’immerger dans le perso comme quand Candeloro ridait en Lucky Luke ! À les voir s’envoyer des bâtons à plusieurs mètres de haut on en vient à se poser la question fatidique : le twirling ce ne serait quand même pas un sport à risque ? Karine nous le confirme : « J’ai la cloison nasale déviée. Le bâton c’est de la ferraille : plus on le lance fort, plus il tourne et plus ça peut être dangereux ! ». Émilie rajoute : « ma sœur a failli me casser le nez avec le bâton. J’ai dû mettre des strips la veille d’une compétition ». Une raison de plus pour poser mon bâton, retourner au vestiaire et prendre ma retraite anticipée.
Black Friday.
Apprendre du passé pour anticiper l’avenir, c’est le travail de l’historien du climat, Emmanuel Garnier. Le bisontin coordonne actuellement avec les prestigieuses universités du MIT et de Harvard une étude visant à rendre nos villes plus résilientes face aux phénomènes climatiques à venir. Spoiler alert : Nous ne sommes pas prêts. Rencontre.
Vous avez reçu, en juin 2021, un financement du MIT et de Harvard pour le projet sur le climat intitulé « Paris facing the climatic crises or the little ici age 15th - 19th centuries », pouvez-vous nous expliquer en quoi consistent vos travaux de recherche ?
Le premier axe de ce projet consiste à construire une base de données en récoltant les archives conservées par la ville de Paris durant le petit âge glaciaire qui a frappé l’Europe entre le XIVe et la fin du XIXe siècle. Grâce à la création de cette base de données nous allons pouvoir comparer les événements climatiques que l’on vit aujourd’hui à ceux qu’ont vécu nos ancêtres et observer comment réagissaient les communautés urbaines. Ces retours du passé nous IL FAUT permettront d’aider à l’élaboration de la VÉRITABLEMENT stratégie d’adaptation de nos villes face PARLER DE aux événements climatiques futurs DÉRÈGLEMENT et aux conséquences qui en découlent, CLIMATIQUE CAR, À que ce soit liées au réchauffement ou aux CERTAINS ENDROITS, épisodes de grand froid. La finalité de NOUS AURONS ce projet est de savoir comment construire DES VAGUES DE la ville de demain. Pour cela, il faut CHALEUR ET DANS donc apprendre du passé pour anticiper D’AUTRES PARTIES l’avenir.
DU GLOBE DES Euh, attendez… J’ai bien entendu REFROIDISSEMENTS épisodes de grand froid ?
En effet ! La diminution, voir l’arrêt du Gulf Stream, fait craindre à un refroidissement net de l’Atlantique Nord, ce que les climatologues appellent un changement abrupt de température. Un risque, popularisé - mais très exagéré - par le film « Le Jour d’après ». Les récents travaux du MIT et de l’institut de recherche de Postdam en Allemagne avec les climatologues de Bordeaux indiquent que l’Atlantique Nord, comprenant les États-Unis et l’Europe occidentale, pourraient vivre un refroidissement climatique dans les 10 ans à venir de l’ordre de 2 à 3 degrés, c’est énorme et effrayant. Grâce à de nouveaux algorithmes, cette probabilité est passée de 10 % à près de 50 %. Mais attention, il ne s’agit en aucun cas de nier le réchauffement climatique, car ce refroidissement est bien une conséquence directe du réchauffement climatique : la fonte des glaces et le réchauffement des eaux planétaires sont en effet la cause du ralentissement du Gulf Stream. Les climatologues ont enfoncé le clou avec le réchauffement climatique, seulement ils ont été maladroits. Il faut véritablement parler de dérèglement climatique car, à certains endroits, nous aurons des vagues de chaleur et dans d’autres parties du globe des refroidissements. De toutes façon, c’est un avenir de tous les extrêmes qui se dessine. Ni l’un, ni l’autre ! Nos systèmes sont très vulnérables. On parle beaucoup de l’adaptation au chaud mais nous ne sommes pas du tout prêts au retour du grand froid. En cas de températures glaciaires mes craintes concernent les réseaux de communication et les moyens de transports. De facto, ceux utilisant l’électricité rencontreront de gros problèmes en cas de gel des caténaires, sans compter que RTE (et EDF) aura bien du mal à alimenter ces réseaux, les entreprises et les foyers. Quant aux axes routiers, je vous renvoie aux chutes de neige des 20 dernières années qui ont montré que quelques malheureux centimètres de neige suffisaient à paralyser la circulation en Ile-de-France, notamment le périphérique. De la même manière, la mauvaise isolation du parc immobilier français, comme pour les vagues de chaleur, ne permettrait pas de faire face à un refroidissement. Sans compter enfin les marchés d’approvisionnement en gaz et hydrocarbures incontrôlables pour nos Etats et qui attisent les braises de la hausse des prix.
Historien du climat, vous évoquez la nécessité d’apprendre du passé pour anticiper l’avenir ; aussi, comment nos ancêtres s’adaptaient aux événements climatiques ?
Et bien, prenons l’exemple des villes qui se développaient autour des cours d’eau pour favoriser le commerce. Ces villes, jusqu’aux années 1900, veillaient à créer des zones de protection, elles étaient conscientes du risque de vivre au bord d’une rivière, avec une mesure toute simple de précaution qu’était le maintien des « rubans verts » : ce sont des zones vertes de part et d’autre de la rivière qui restaient en fourrage ou en marais. En cas d’inondation, ces zones avaient un rôle d’absorption des crues. Certaines villes en Allemagne ou en Angleterre sont d’ailleurs revenues à ce système. Même si l’on pourrait penser que la situation de l’époque n’était pas comparable à celle d’aujourd’hui. Il ne faut pas oublier que nos ancêtres connaissaient également des catastrophes climatiques aussi violentes que de nos jours. Un orage ravageur, ou bien une sécheresse, pouvait par exemple engendrer une famine.
En quoi votre projet « Paris face aux crises climatiques du petit âge glaciaire, du XVe au XIXe siècle » a-t-il intéressé les chercheurs du MIT et de Harvard ?
Tout d’abord, c’est le côté interdisciplinaire de ce projet, qui mêle historiens et climatologues qui les a séduits. Pour resituer, le MIT c’est les sciences dures tandis qu’à Harvard, c’est plutôt les sciences sociales. En fait, les Américains constatent avoir atteint les limites des formules mathématiques pour prévoir le climat. Surtout à un moment où les nouvelles données climatiques tendent à 50/50 entre un refroidissement et un réchauffement de la planète. Ces modèles mathématiques leur servent aussi a entrevoir ce qu’il s’est passé autrefois, ce qui est ridicule puisque nous disposons en Europe, et notamment en France, d’une documentation qui est très riche et qui débute en matière climatique au moyen âge ! En récupérant ces données, nous pourrons refaire tourner leurs modèles mais cette fois avec des données tangibles et non des données mathématiques qui ne correspondent pas à la réalité historique. Or, ces données sont parfaitement conservées dans les archives françaises, en particulier parisiennes, en raison de la longue tradition bureaucratique de notre pays. Tous les aléas climatiques faisaient l’objet d’un enregistrement de la part du clergé, des administrations des villes, de l’Etat royal puis républicain (militaires, forestiers, marins…) depuis 300, 400 ans. Les rois de France souhaitaient, par exemple, affirmer la puissance scientifique de la France en créant l’observatoire de Paris où l’on a produit des séries météorologiques dès les années 1660. L’exemple français tranche avec les Etats-Unis qui, ayant été colonisés tardivement, n’ont commencé à faire des relevés météos qu’à la fin du XIXe . D’ailleurs ce pays « jeune » est largement dépourvu de monuments historiques et donc d’archives également.
Mais pourquoi faire appel à un historien plutôt qu’à un climatologue ?
Car nous sommes les seuls à avoir accès aux données climatiques sur des périodes aussi longues. Je travaille sur les 500 dernières années alors que les climatologues ne disposent pas de données très anciennes (depuis seulement les années 1950). Et aussi, nous ne travaillons pas sur les mêmes sources. La documentation historique, c’est de l’écrit. Notre savoir-faire est de traduire ces écrits en données exploitables scientifiquement.
Pouvez-vous nous donner des exemples ?
Et bien, par exemple, grâce aux marchés parisiens, nous pouvons reconstruire des données de température avec les dates d’arrivée du blé, ce que l’on appelle la phénologie. Autre exemple, du XVe au XIXe, l’Europe a donc connu une période froide que l’on appelle le petit âge glaciaire, mais il s’avère que ça ne « glaçait » pas tant que ça. Les hivers étaient certes plus rigoureux mais la période a connu des sécheresses et chaleurs terribles qui sont décrites par des gens de la Cour de Louis XIV, comme dans les lettres de Madame de Sévigné ou de la Princesse Palatine… Ces femmes décrivent ces vagues de chaleur dans leurs lettres à travers l’inconfort de leurs tenues qui n’étaient pas du tout adaptées à ce type de température. Un autre exemple de données historiques : à Besançon, quand il faisait très froid, le Doubs gelait, ce qui créait de très gros problèmes pour le transport du blé ( qui se faisait essentiellement par voie navigable ) et en 48h, les prix flambaient. Même si nous ne disposons pas de température, nous pouvons caler les températures moyennes qui expliquaient cette inflation.
Pourquoi s’intéresser, plus particulièrement, à la vulnérabilité des villes ? Et pour vous, c’est quoi une ville durable ?
Que serait une ville durable ? Ma foi, je dirais une ville la plus autonome possible en termes de production d’énergie et être de denrées alimentaires, un peu à l’image d’une ville comme Freiburgim-Brisgau où les immeubles sont à même de produire leur électricité (petites éoliennes installées sur les bâtiments) ou encore la re-création de zones humides maraîchères qui ravitaillent la ville en circuit court. Bref, des cités à l’image des villes anciennes, c’est à dire plus résiliantes face à la menace climatique.
On s’y intéresse plus spécifiquement car, dans les risques engendrés par le changement climatique, le risque urbain est plus important. Déjà, environ 70% de la population mondiale actuelle habite en ville. Or, en raison de la densité de la population et de l’artificialisation des sols, la ville est bien plus vulnérable aux événements climatiques car tout y est amplifié.
La nouvelle pépite du rap français est Gabonais. Il s’appelle Benjamin Epps et marche sur le rap game en allant puiser à la source des années boom bap, avec une technique et un flow qui rend fou, une voix reconnaissable entre mille et des productions offertes par l’énigmatique Chroniqueur Sale. Le jeune homme passait par la Rodia de Besançon cet automne. Un garçon posé, déterminé, très loin de l’image gangster du milieu, et très conscient de ce que veut dire le mot « game » de rap game.
Par Chablis Winston Photos : Nathan Roux et Max Rozzi
Tu viens du Gabon, t’as passé toute ton enfance a Libreville, quartier Bellevue. Toute cette jeunesse gabonaise, qu’est ce que ça t’apporte en plus que les autres rappeurs en France ?
Je crois que ça a tué un peu le truc, du coup la scène rap s’est tournée un peu vers les musiques africaines, un peu d’afro, un peu de musiques locales.
Toi gamin t’étais très branché rap français ?
Très branché rap français. Américain aussi mais très français. Mon frère a vécu en France et a rappé au milieu des années 90. Lui et tous ses potes, c’est une grande famille. Il m’ont fait écouter le rap français des 90’s : La
Cliqua, Time bomb etc… Donc tu vois, c’est avec tout ça que j’ai grandi.
T’as eu une petite carrière quand même au Gabon, sous différents alias, des scènes, des show radio... Mais quand t’arrives à Montpellier à 20 ans, tu reprends tout à zéro ?
Quand t’arrives à Montpellier, t’es personne, t’es juste un mec qui vient pour les études, t’es juste un étudiant quoi.
Tu débarques là, comment tu fais pour te faire remarquer ?
Y’ a une sorte de fatalisme que je n’ai pas. Y a plein de frères qui sont nés en île de France, qui pensent qu’ils ne peuvent pas s’en sortir et moi j’ai envie de leur dire que je viens du Gabon. Je pense que si tu commences à demander à la population française, tu demandes à des jeunes étudiants de Besançon c’est où le Gabon, ils sauront même pas te dire. Je viens de là...toutes les misères, c’est les misères, on compare pas, je suis pas en train de comparer les souffrances, mais je pense que dans la vie il faut savoir relativiser. Moi je viens d’un coin où c’est vraiment difficile. Les HLM ça n’existe pas. Les aides au chômage ça n’existe pas, les aides au logement ça n’existe pas. tu n’as même pas le temps de t’apitoyer sur ton sort, parce qu’il n’y a personne qui va venir te sortir de là où tu es.
Est-ce qu’il y a une scène rap qui est développée au Gabon ?
Au début des années 2000 oui, y avait une grosse scène, après je pense que le continent a souffert un peu de l’hégémonie américaine. Jusqu’à la fin des années 90, on s’était pris l’influence française à donf, IAM, NTM, Booba, Lunatic... Et finalement quand les américains ont commencé à vraiment s’imposer partout, bah nous on s’est pris ça et ça a complètement cassé le rap francophone. Au Gabon on a un président qui faisait un peu des folies, on a eu Ja Rule, on a eu Shaggy, Fat Joe, et les concerts étaient gratuits. Donc après ça quand tu as Busta flex qui veut venir à Libreville pour faire un concert on lui dit « mais mec nous on a vus, Shaggy, t’es qui ? »...
Open mic. Alors y a un petit quartier qui s’appelle Louis Blanc, et y avait un petit bar, un super bar hip-hop, et là j’ai fais des rencontres extraordinaires. J’allais là tous les jeudis à l’open mic, je faisais mon freestyle et déjà tu pouvais sentir dans le regard des autres que j’avais quelque chose. Quand je prenais le mic, je faisais mon truc, t’as plein de mecs qui venaient me voir «Yo frérot ? Tu fais quoi ? T’as un groupe ?» et ça, ça m’a boosté, je me suis dit y a quelque chose. En fait que tu viennes de Chine, du Japon, d’Espagne, le rap finalement c’est quelque chose qui parle à tout le monde. Moi je suis francophone donc j’étais tout à fait au bon endroit.
Ça marche sur Montpellier, pourquoi tu montes à Paris ?
Au gabon, tu n’as pas le temps de t’apitoyer Ça marche pas sur Montpellier. Je monte à Paris parce que sur ton sort, parce justement, les amis de mon qu’il n’y a personne grand frère me demandent «qu’est-ce que tu fais ? Nous on qui va venir te sortir apprend que tu fais des trucs, de la ou tu es. fais-nous écouter les trucs». Du coup pendant le confinement...
Ah oui, y’a très peu de temps finalement…
Bien sûr ! En fait tout s’est enchaîné très vite, comme ça. Pendant le confinement je fais des morceaux, je leur envoie, ils me disent « bah y a vraiment de la matière ».
Ton son, il a un côté boom bap un peu nostalgique mais y’a pas que ça, et je pense que ça a été travaillé avec le Chroniqueur sale, qui produit le dernier album, c’est aussi
C’est que le rap game.
un peu le futur. Toi tu voulais vraiment mélanger ce côté à l’ancienne que t’as dans ton flow avec des prods de maintenant.
Ouais c’était une vraie volonté. Quand j’ai commencé mon truc, tout le monde m’a dit ça va parler à ceux qui ont 40 ans-50 ans qui mettent des gros pulls (sic), et là ça fait 4 mois qu’on est en tournée, on a fait 15 dates, et j’ai jamais autant vu de mecs de 15-16-17 ans à des concerts. Moi même je me surprends. On partait dans un truc un peu nostalgique, quarantenaires, casquettes, grands t-shirts XXL, mais pas du tout. Finalement le rap ce n’est pas une question d’âge.
Je t’entendais dire tout à l’heure : « On est en 2021, on fait du rap de 2021 mais on prend l’héritage ». T’es pas dans la nostalgie quoi...
C’est-à-dire que moi toute la journée j’écoute pas Public Enemy. J’écoute pas non plus les derniers Damso, mais y a un entre deux quoi. En tant que jeune, en tant que mec qui a 25 ans, j’écoute des trucs de mon âge aussi, les trucs avec lesquels j’ai grandi. J’écoute Booba, Nekfeu, Alpha. Encore que Booba c’est un autre exemple mais c’est le parfait exemple en fait du mec qui a fait du boom bap et qui est là depuis 30 ans. Y a un entre deux, tout n’est pas tout noir ou tout blanc. On peut faire les deux. On peut tout écouter. Donc moi je suis vraiment de ces mecs là qui prennent absolument tout ce qu’il y a a prendre et qui essayent d’en tirer le meilleur.
Ton album, Fantôme avec chauffeur, référence au film avec Philippe Noiret et Gérard Jugnot ?
Ouais ! C’est pas le meilleur, mais c’est un souvenir de mon enfance et je trouvais que ça sonnait bien.
Quand on écoute tes paroles t’es à fond dans la compèt’, le clash, les choses comme ça, mais quand je t’ai en face de moi t’es un mec posé, calme, tranquille, c’est un peu ambivalent, t’es schizo ?
(Rires) On est tous un peu dans un rôle, dans un petit rôle, je joue le jeu. On appelle ça le game. Louis de Funès par exemple, il paraît que en coulisses c’était l’un des mecs les plus sérieux qui soit mais il a fait que des films de comédie quoi. Donc finalement on est tous un peu dans un rôle… Moi je ne braque personne, je ne vends pas de drogue. Mais dans ma musique il y a ce truc « allez je viens te prendre », il y a ce truc de compétition, un peu agressif, un peu insolent qui transpire de mes influences en fait. C’est tout ça que j’ai absorbé et que j’arrive à retransmettre, et si les gens arrivent à se prendre ça et à se dire « Le gamin est chaud. Il arrive, il clash tout le monde », ça veut dire que je réussis à faire parler de moi, voila, à donner ce que j’ai envie de donner à travers la musique. C’est que le rap game. Finalement crois-moi, Booba il tue personne, il braque personne. C’est de la com’.
Il est produit par le Chroniqueur Sale, comment elle se fait la rencontre avec le chroniqueur Sale (youtubeur, beatmaker, producteur masqué) ?
On a des copains en commun, mon manager a un copain avec lui en commun. Du coup mon manager fait écouter à son pote avant que les trucs ne sortent. Parce que le Chroniqueur Sale, les gens ne le savent pas mais il a 36 ans. Donc il a vécu pas mal de trucs dans le hip-hop. C’est un vrai bon gars et c’est un gars qui connaît le hip hop, son histoire, et c’est un ancien rappeur aussi. Et un très bon rappeur. Il me dit : « je vais te proposer des prods. T’es chaud on se fait un projet ensemble ? ». Je lui dit « bah écoute j’ai pas encore sorti mon premier maxi, Le futur, dès que je le sors on fait un projet ». De toute façon j’avais rien à perdre, au contraire j’avais tout à gagner. Le mec a quand même sa petite communauté donc pour moi c’était tout bénéf. Et je m’attendais pas à ce que Le futur prenne autant. Le truc à pris, les médias parisiens, tu connais le petit entre soi parisien, ils ont commencé à faire des articles. Pareil pour le projet avec le Chroniqueur Sale sort, très bon accueil, on était content. Mais le truc s’est fait, sorti du chapeau. On n’était pas amenés à se rencontrer. Comme quoi il n’y a peut être pas de hasard.