SOCIÉTÉ
De quoi demain sera-t-il fait ?
ART Matisse, un fauve à Bâle
RENCONTRE
L’astrophysicienne qui fait parler les galaxies
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De quoi demain sera-t-il fait ?
ART Matisse, un fauve à Bâle
RENCONTRE
L’astrophysicienne qui fait parler les galaxies
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Qu’ont en commun Clara Schumann, Sophie Germain, Charlotte Perriand, Rosalind Franklin et beaucoup d’autres encore ? Sachant que leurs secteurs d’activité sont aussi divers que la musique romantique, le design, les mathématiques et la biologie génétique… Ces quatre femmes partagent le génie, – cette intuition phénoménale de penser, d’observer la nature ou de créer autrement –, capable de changer le monde. Sauf que le temps les a petit à petit effacées. Depuis vingt ans, elles ressurgissent enfin par le truchement de notre époque qui réveille ces destins injustement oubliés.
Rares sont les femmes qui ont réussi à se distinguer de leurs pendants masculins tout en maintenant leur place dans l’histoire. Clara Schumann, par exemple, était bien plus célèbre à son époque que son mari, le compositeur Robert Schumann. On lui reconnaissait d’ailleurs un génie qui lui était bien supérieur, aussi bien en composition qu’en interprétation. Les contingences domestiques décourageantes – le couple a huit enfants, Robert est lunatique et jalouse le succès de son épouse –, l’empêcheront de réaliser ses ambitions. À la mort de Robert, Clara abandonne la musique, persuadée, écrit-elle, « qu’une femme ne doit pas prétendre composer ». C’est l’anatomie d’une disparition. En fait, il n’y a guère que Marie Curie, première femme à avoir reçu le Prix Nobel, à n’avoir vu son génie occulté ni par son époque, ni par sa famille. Pierre, son mari, était non seulement son plus proche collaborateur dans ses recherches sur le radium, mais aussi son plus fervent admirateur.
Le dossier de cette édition d’Immorama consacré au génie ne se focalise pas uniquement sur les femmes. Il interroge l’évolution à travers l’histoire d’un concept né dans la Grèce antique. Avec le constat qu’il reste quand même l’apanage des hommes. Alors oui, on reconnaît désormais du génie à certaines femmes du passé. Dans un élan de la dernière chance, on l’accorde vite à celles qui sont encore en vie. On l’a récemment vu en peinture : des artistes longtemps invisibles, souvent en raison de leurs origines, accèdent au rang ultime. Souvent trop tard, leur carrière se trouvant loin derrière elles. Les « nouveaux génies » du XXIe siècle sont désormais tous issus des technologies, milieu très conservateur et hautement viril. Combien de femmes parmi eux ? Bonne question ! La postérité semble ne pas les avoir encore révélées.
MARIE BARBIER-MUELLER
VALENTINE
ADMINISTRATRICES DU GROUPE SPG
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Ont participé à ce numéro : Philippe Chassepot, Luc Debraine, Alexandre Duyck, Cora Miller
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Pages immobilières et marketing : Marine Vollerin
Graphisme et prépresse : SPG Publications & Communication
Correction : Monica D’Andrea
Distribution : Marine Vollerin et Julie Chat
Production : Stämpfli SA Berne
Tirage de ce numéro : 250’000 exemplaires
Tirage contrôlé (REMP 2023– 2024) : 249’535 ex. Couverture : © Dusan Stankovic
Paraît deux fois par an : mars et octobre
Cette revue, créée en 1997, est éditée par la SPG.
Tous droits réservés. © 2024 Société Privée de Gérance SA, Genève
Les offres contenues dans les pages immobilières ne constituent pas des documents contractuels. L’éditeur décline toute responsabilité quant au contenu des articles. Toute reproduction même partielle des articles et illustrations parus dans ce numéro est interdite, sauf autorisation préalable et écrite de la rédaction.
01 ÉDITORIAL
par Marie et Valentine Barbier-Mueller
04 LE MONDE SELON…
Françoise Combes : Vers l’infini et au-delà
DOSSIER
11 Coup de génie !
12 Une histoire géniale
18 Focus : Les génies oubliés
20 Le talent n’est pas le génie
24 Focus : Les petits génies
26 François Garçon : « En Suisse, le génie est très mal vu »
32 Focus : Les génies malheureux
34 URBANISME Architecture, en voiture !
39 HÉRALDIQUE Problème d’emblème
42 SOCIÉTÉ Imaginer l’inimaginable
48 EXPOSITION Matisse fait le fauve à Bâle PAGES IMMOBILIÈRES
55 Genève ‒ À vendre
74 Genève ‒ À louer
85 Genève ‒ À louer et à vendre
86 Vaud ‒ À vendre
96 Vaud ‒ À louer
103 Faites des folies !
Elle est une légende vivante de l’astronomie. Médaillée d’or du CNRS en 2020, titulaire de la chaire Galaxies et cosmologie au Collège de France et vice-présidente à l’Académie des sciences, Françoise Combes est, à 72 ans, toujours habitée par une sorte d’énergie renouvelable qui cherche à percer les secrets de l’Univers.
PAR PHILIPPE CHASSEPOT
À quoi ressemble le monde selon Françoise Combes ?
Comme je suis focalisée sur les galaxies, le ciel et l’Univers, je dirais que je suis actuellement très gâtée, dans mon monde astrophysique. Le lancement du télescope James Webb, fin 2021, nous a apporté énormément de nouveaux résultats. C’est même une révolution près du Big Bang : on découvre beaucoup plus de galaxies que prévu, et aussi beaucoup de galaxies spirales ou barrées, ce qu’on ne pensait pas trouver à ces distances-là. Le satellite européen Euclid est également censé nous apporter des informations sur les mystères de l’énergie et de la matière noires. Douze milliards de galaxies seront bientôt observables, pour d’immenses progrès à venir dans la compréhension de l’Univers. Le monde est très beau de notre côté. Plus bas, c’est une autre histoire, surtout en France avec la politique.
C’est compliqué de garder les pieds sur terre quand on vit dans les étoiles H24 ?
Non, on est comme tout le monde, certes centrés sur nos petites affaires, mais je reste très équilibrée. À l’Académie des sciences, nous avons deux ou trois réunions par semaine. Nous travaillons sur la politique, l’enseignement, sur des thèmes d’actualité comme les forêts, l’environnement, le climat et d’autres choses encore. Je ne suis pas seulement connectée au ciel.
Comment pourriez-vous expliquer l’infiniment grand à ceux qui manquent un peu d’imagination ou de compréhension rationnelle ?
C’est difficile, en effet. Il est compliqué de se rendre compte de la taille de l’Univers, d’autant qu’il a beaucoup grandi au cours des âges. On pourrait commencer par dire que le système solaire paraît très grand, alors qu’il est en réalité minuscule. Je dis grand, car par exemple, le satellite lancé l’an dernier vers Jupiter n’atteindra pas sa destination avant 2030, alors qu’il voyage pourtant à plus de 20’000 km/h. Et minuscule, car si on avance progressivement, on peut dire que le Soleil se situe à 150 millions de kilomètres de la Terre. Que sa lumière met huit minutes pour nous parvenir – à la vitesse de 300’000 km par seconde – et qu’il faut donc parler en minutes-lumière, puis en annéeslumière. Filons ensuite vers la Voie lactée, notre galaxie : entre 200 et 300 milliards d’étoiles, une longueur de 100’000 annéeslumière, on croit qu’on commence à toucher l’immensité, et
pourtant, c’est encore tout proche de nous. Peu à peu, on remonte le temps jusqu’à l’origine de l’Univers, et là il est question de milliers de milliers de millions d’années-lumière. Peut-être qu’on peut se rendre compte juste par les chiffres que nous ne sommes en fait presque rien du tout.
« Nous avons un horizon avec plein de choses au-delà qu’on ne pourra pas explorer, car la lumière n’a pas eu le temps de venir jusqu’à nous. »
Françoise Combes, astrophysicienne
Et il n’en finit pas de grandir, dites-vous ?
Oui, je dis qu’il est très grand, mais il n’est pas fini. Nous avons un horizon avec plein de choses au-delà qu’on ne pourra pas explorer, car la lumière n’a pas eu le temps de venir jusqu’à nous. Sans doute que l’Univers est infini. Ce qui est vraiment compliqué à concevoir.
L’infini est aussi inimaginable dans sa notion de temps. Le Big Bang a eu lieu il y a 13,8 milliards d’années. Qu’y avait-il avant, il y a 100 milliards d’années ? Ou même 100 milliards de milliards d’années ?
Nous avons énormément de théories qui circulent, même si pour l’instant, ce ne sont que des spéculations – les astronomes ont beaucoup d’imagination, je vous le rappelle. Toutes ne fonctionnent pas, mais celle qui marche le mieux, c’est la théorie de l’inflation. Il y a eu ce petit instant du Big Bang — 10 -32 secondes, c’est presque instantané – où l’Univers a subi une phase d’expansion énorme, qu’on a toujours du mal à faire comprendre. Ce qui voudrait dire que juste avant, se trouvait un vide sans rien du tout : pas d’énergie, pas de lumière, pas de particules.
Lorsqu’on essaie de créer un vide sur terre, le meilleur possible, c’est un vide quantique, avec une énergie du vide qui va rester, positive ou négative, et qui peut faire de petites fluctuations. Donc, avant le Big Bang, il y aurait du vide, sans début ni fin, avec un Univers qui apparaît de temps en temps.
Le physicien indien Rajendra Gupta a estimé l’an dernier dans une étude que l’âge de l’Univers pourrait être deux fois plus élevé, en utilisant la théorie de la « lumière fatiguée ». Vous trouvez ça crédible ?
Personne n’y croit. On a « vu » le Big Bang avec le télescope Planck, on a vu un milieu tout à fait homogène, on ne peut pas revenir en arrière. Remettre en cause l’âge de l’Univers, je pense que c’est perdu d’avance.
Les profanes, dont je fais partie, sont parfois parasités par des idées arrêtées ou imaginées par la pop culture. Par exemple : un trou noir qui va tout avaler, c’est vrai ou faux ?
Il y a une part de vrai et une part de faux, aussi. C’est faux, car le rayon d’action d’un trou noir est tout petit, quelques dizaines d’années-lumière, justement parce que les distances sont immenses. Le nôtre, on peut dire que c’est comme une tête d’épingle dans la Voie lactée. Il va donc avaler des épingles microscopiques qui se trouvent dans sa proximité. La galaxie n’a pas de soucis à se faire, on ne va pas se faire engloutir. Il faut également préciser qu’il existe des milliards de petits trous noirs qui passent dans notre voisinage. À la fin de vie des étoiles massives, des explosions de supernovæ peuvent devenir des trous noirs.
On estime qu’il y en a environ dix milliards qui voyagent dans la Voie lactée. Mais celle-ci est tellement vaste que jamais on n’entrera en collision avec un trou noir.
Donc le trou noir qui met fin à toute forme d’Univers, ce n’est pas pour nous ?
Ça relève plus du fantasme de cinéma. Cela peut arriver si on est très très proche de lui, mais pour ça, il faut aller très très loin dans l’espace. Et c’est impossible.
La planète Mars peut nous paraître bien éloignée, mais pour vous, c’est pratiquement la rue d’à côté. Vous êtes quand même intéressée par les recherches en cours là-bas, malgré sa « proximité » ?
Oui, Mars, c’est effectivement juste à côté en astronomie. On y apprend énormément de choses grâce à l’envoi de robots. Idem pour les astéroïdes : des missions japonaise et américaine ont ramené des centaines de grammes de matériel, en les protégeant de la contamination terrestre. On en sait désormais plus sur la composition de ces astéroïdes qui sont la matière primitive de la formation du système solaire. L’intérêt est énorme, car on peut prélever des choses, alors que nous ne pourrons jamais rien ramener d’autres galaxies. C’est pareil pour Jupiter : on a lancé Juice, un satellite qui va explorer ses lunes glacées, car on pense qu’il y a des océans sous la glace et que des formes de vies primitives pourraient exister, comme des bactéries, ou des débuts de protéines. Il ne faut pas imaginer des petits hommes verts non plus…
L’astrophysicienne en conversation avec Stéphane Corbel, astrophysicien et directeur de la station de radioastronomie de Nançay, dans la salle de contrôle du Grand Radiotélescope.
« L’Univers est constitué de 25 % de matière exotique, dont on ne sait pas du tout ce que c’est. Et aussi de 70 % d’énergie noire dont on ne sait rien, sinon qu’elle existe. »
Aujourd’hui, on en est à quel niveau de connaissance de l’histoire de l’Univers ?
Les progrès ont été conséquents depuis un siècle. N’oubliez pas que c’est seulement en 1929 qu’on a conclu qu’il existait des galaxies en dehors de la nôtre. Avant, on supposait qu’elles se limitaient à la bande blanche dans le ciel, la Voie lactée, car on ne connaissait pas la distance des objets observés. Puis on a découvert qu’Andromède se trouvait à plus de deux millions d’années-lumière, alors qu’on pensait que ce n’était qu’un nuage de gaz dans notre galaxie, comme la nébuleuse d’Orion. Aujourd’hui, on parcourt des distances hallucinantes, on peut observer les toutes premières galaxies, celles dites primordiales, qui sont nées juste après le Big Bang. On arrive à l’horizon de l’Univers, désormais.
Avec encore des questions.
Les mystères demeurent, oui. L’Univers est constitué de 25 % de matière exotique, dont on ne sait pas du tout ce que c’est. Et aussi de 70 % d’énergie noire dont on ne sait rien, sinon qu’elle existe.
Vous faites un drôle de métier : vous avez besoin de certitudes et en même temps, le doute vous habite, car tout reste possible. Ça demande de l’humilité ?
Les astronomes en ont beaucoup, je pense, car nous savons que nous sommes peu de chose.
La satisfaction est grande d’avoir déjà découvert tout cela, d’autant plus que d’autres découvertes arrivent tous les jours : des sursauts gamma (flambées énergétiques de rayons gamma, ndlr), des sursauts radio (sursauts d’ondes), les étoiles à neutrons, les trous noirs qui se forment, les fusions de trous noirs très rapides…
Est-ce qu’aujourd’hui encore, vous pensez vous fonder sur des choses complètement fausses qui seront corrigées à l’avenir, comme c’est souvent arrivé dans le passé ?
Oui, c’est une hypothèse absolument vraie. Ce secteur noir, qu’on l’appelle matière ou énergie, nous ignorons ce que c’est. Et peutêtre que la loi de la gravité n’est pas précisément celle qu’on croit. Newton a amené la gravité, Einstein la relativité générale, et aujourd’hui, des questions demeurent autour des galaxies et de cette matière noire. Est-ce qu’on se trompe ? Des gens travaillent sur cette question qui est loin d’être facile à aborder. Nous voyons des progrès d’un côté, tandis que de l’autre tout est en chantier. Mais si on extrapole à partir des immenses progrès réalisés ces vingt dernières années, on peut se dire qu’on va bientôt percer ces mystères. Et les autres…
Vous avez récemment déclaré : « Toutes les étoiles ont entre une et huit planètes. Dans la Voie lactée, il y a quelque chose comme 300 milliards d’étoiles. Et on parle juste de notre galaxie, alors qu’il y en a 2000 milliards comme la nôtre. La probabilité qu’il existe des planètes équivalentes à la Terre est proche de 1. » Quelles formes de vies peut-on imaginer ailleurs ? Eh bien toutes, en fait, comme sur Terre, où il y a énormément de diversité : des vies de quelques cellules, de quelques virus et bactéries, et puis ça se développe parfois vers des formes bien plus évoluées. Le milieu interstellaire est très riche de molécules – acétone, alcool, alcool éthylique, tout ça existe. On trouve des protéines dans les météorites, aussi. Des molécules ont été mesurées jusqu’au Big Bang, ce qui veut dire que quelle que soit l’époque ou la direction de l’Univers, ce sont toujours les mêmes molécules qu’on repère dans le milieu interstellaire. S’il y a une vie ailleurs, elle se sera faite sur les mêmes bases que chez nous. Avec, pourquoi pas, des formes de vies plus intelligentes que la nôtre.
Sécurité Entretien Conciergerie Travaux spéciaux
Qualité
Environnement
Sécurité
Qualité
Environnement
« Je suis personnellement convaincue qu’il peut y avoir d’autres
planètes habitables, sans doute quelques milliards, mais où ? Où la vie se sera-t-elle développée ? Au bord de la galaxie, ailleurs ? Je ne sais pas… »
En revanche, la communication s’annonce délicate ?
Quel que soit le niveau de l’intelligence, la communication est limitée par la vitesse de la lumière. On en revient au début de notre conversation : l’infini est vraiment très très grand… Je suis personnellement convaincue qu’il peut y avoir d’autres planètes habitables, sans doute quelques milliards, mais où ?
Où la vie se sera-t-elle développée ? Au bord de la galaxie, ailleurs ? Je ne sais pas… Et si on envoie un signal, il arrivera là-bas avec des millions d’années de retard… Notre civilisation aura peut-être disparu, ou alors la leur, donc la communication ne va pas être possible.
Vous brillez dans une discipline qui s’est longtemps montrée extraordinairement discriminatoire envers les femmes. Comment l’avez-vous vécu ?
Les portes commençaient à s’ouvrir dans les années 70, alors qu’au début du XX e siècle, les femmes étaient interdites à peu près partout, y compris dans les universités. Ça s’est développé assez rapidement ensuite, je trouve. Pensons au fait que les femmes en France n’avaient pas le droit de vote avant la Seconde Guerre mondiale, et que les femmes mariées devaient demander l’autorisation de leur mari pour ouvrir un compte en banque jusqu’en 1965. De son côté, l’École polytechnique ne s’est ouverte aux femmes qu’en 1972… Ce dont je ne me suis pas forcément rendu compte, au départ. C’est avec le temps qu’on se dit qu’il y a eu des discriminations un peu cachées et un manque d’égalité ici et là…
Selon vous, la jeune génération de chercheurs et chercheuses brille-t-elle du même feu que la vôtre ?
On voit désormais certaines personnes qui se « détachent » un peu et prennent le métier de chercheur pour un métier comme un autre, avec trente-cinq heures par semaine par exemple. C’est un peu étrange pour ma génération, qui ne marquait pas de limite entre les loisirs et le travail, même le week-end. Les choses changent, des personnes recherchent un mode de vie plus équilibré. Mais ce n’est pas universel : d’autres gardent tout de même notre mode de fonctionnement. ■
Qu’est-ce que le génie ? Un mélange d’intuition, d’extravagance et de connaissances alliées à une manière de penser différente. Et qui sont celles et ceux qui peuvent, aujourd’hui, y prétendre ?
À travers quelques grandes figures, tentons de découvrir ces génies de notre temps.
DOSSIER PRÉPARÉ PAR ALEXANDRE DUYCK, EMMANUEL GRANDJEAN ET CORA MILLER
« Le talent sans génie est peu de chose. Le génie sans talent n’est rien », écrivait Paul Valéry. Cela afin de mettre une bonne fois pour toutes d’accord tous ceux qui s’interrogent sur la différence entre génie et talent. En 2024, les talents ne manquent pas certes, mais qu’en est-il du génie ? Le terme revêt une noblesse, une manière d’élever celui qui pourrait y prétendre à des sommets inatteignables, tout en semblant appartenir à un temps révolu. Mozart, Michel-Ange, Victor Hugo, Albert Einstein : l’histoire est ainsi remplie de ces personnalités aux capacités sinon magiques, du moins surnaturelles. Rien à voir avec notre époque où on cherche en vain leurs équivalents.
Après les artistes, les intellectuels, les aventuriers et les scientifiques ayant repoussé nos frontières aussi bien intérieures qu’extérieures, c’est sur le dos des pionniers de la Tech que poussent les ailes du génie. Mais ne sont-elles pas un peu trop grandes pour Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon ? Ou pour Sam Altman, le coinventeur de ChatGPT ? Sans leur ôter de l’intuition et un certain talent pour prendre le vent de l’innovation, ils leur manque la folie, la culture et cette émotion qui, comme le pensait Bergson, libère la créativité bien plus que l’intelligence. Les pages qui suivent confirment surtout ce que l’on savait déjà : le génie est masculin ; il ne laisse aucune place aux femmes. Le plus étonnant, c’est que dans notre société qui vise à plus d’égalité, ce décalage reste malheureusement tenace.
Qu’est-ce qui distingue le génie du reste de l’humanité ? Ses talents exceptionnels ?
Ses fulgurantes intuitions ? Sans doute. C’est surtout son rejet des convenances et de la pensée admise qui en font cet être à part et surnaturel.
PAR EMMANUEL GRANDJEAN
« Le génie, c’est 1 % de talent et 99 % de travail acharné. »
La citation est bien connue. Elle est d’Albert Einstein, à qui on demandait le secret de ses géniales intuitions. Elle pourrait répondre, quatre siècle auparavant, à celle de Michel-Ange, autre génie devant l’histoire, mais dans un tout autre domaine : « Si les gens savaient à quel point j’ai travaillé pour développer ce talent, ils ne s’étonneraient plus. » Comme quoi l’idée de génie n’est déjà plus au XVI e siècle, en pleine Renaissance italienne, celle développée par les penseurs antiques, pour qui il était l’expression d’une inspiration divine. Il n’est plus uniquement ce médium à travers lequel les dieux communiquent avec l’humanité. Le génie sait aussi mouiller la chemise.
Artiste divin
C’est au Moyen Âge que la perception du génie change. Dans un contexte pourtant dominé par la religion, on assiste à l’émergence de figures considérées comme exceptionnelles pour leurs contributions à des disciplines, disons, plus terre à terre. Au génie intellectuel et spirituel incarné par saint Augustin, s’ajoute des personnalités telles qu’Albert le Grand, théologien mais aussi pionnier dans l’étude de la nature, et bien sûr les artistes. Même si le génie n’est plus une manifestation divine, l’idée reste qu’un peintre, un sculpteur, un architecte ou un orfèvre qui représente parfaitement l’image de la Vierge ou du Christ est directement inspiré par Dieu. Et qu’à ce titre, il occupe une place à part dans la société des hommes.
L’artiste génial profite ainsi de largesses, matérielles et morales, son comportement et ses excentricités se trouvant souvent excusés par son statut particulier. Lorsqu’il peint le réfectoire du couvent dominicain de Santa Maria della Grazie à Milan, Léonard de Vinci utilise une sorte de peinture à base d’huile liée avec de l’œuf, au lieu de celle à fresque, une technique pourtant mieux adaptée mais qui nécessite une certaine organisation et de la rapidité. Mais le maître n’aime ni l’une ni l’autre. Occupé à d’autres chantiers, le peintre travaille « quand lui en venait l’envie ou la fantaisie », écrit, un brin agacé, le prieur du couvent qui convoque le peintre et Ludovic Sfroza, le duc de Milan, pour se plaindre de ces lenteurs. Léonard lui rétorque que s’il le poursuit dans son harcèlement, il donnera sa tête à la figure de Judas ! Fin de l’histoire. Chef-d’œuvre absolu, sa Cène est inaugurée en 1498, trois ans après son premier coup de pinceau.
Du fait de la technique choisie par Léonard, la peinture murale va très vite s’abîmer. Les Dominicains s’en plaindront auprès de l’auteur qui ne s’en inquiétera jamais vraiment. « Léonard est un homme aux qualités inégalées et doué d’une grâce divine », écrivait Vasari dans son ouvrage consacré à la vie des artistes célèbres de son temps, accentuant ainsi la perception du génie comme une qualité exceptionnelle, à la fois naturelle et presque surnaturelle.
Astre noir
Si l’artiste hors norme a quelque chose à voir avec dieu, il doit aussi forcément posséder sa part de diable. Michel-Ange est traversé par le doute et la colère. L’impulsivité du sculpteur Benvenuto Cellini le pousse à la violence et au meurtre. Parce qu’il a du génie, et grâce à l’influence politique de ses protecteurs, il échappe à la potence. Mais aucun autre peintre plus que Le Caravage ne porte en lui cette dualité mi-ange, mi-démon.
Susceptible, irritable et bagarreur, il est, en revanche, le plus génial des artistes du XVII e siècle. Le naturalisme de ses toiles, la technique du clair-obscur qu’il pousse à son paroxysme et la justesse de ses compositions sont sans égal. Il fascine les riches Romains qui se précipitent dans son atelier. Il compte parmi ses commanditaires, des cardinaux proches du pape et de puissantes familles comme celle des Borghese. Son sale caractère l’envoie régulièrement en prison, dont il sort toujours. En 1606, il tue le fils d’un membre de la noblesse au cours d’une rixe. C’est le coup de trop. La justice le condamne. Il doit fuir la capitale pour Naples, s’exile ensuite vers Malte et la Sicile. Il apprend que le pape lui a accordé sa grâce. Le voilà de retour à Naples où il sera retrouvé mort dans des circonstances jamais élucidées. Malgré son parcours criminel, partout où Le Caravage est passé, les commandes ont afflué et l’ont enrichi. Personne n’a oublié ni qui il est, ni ce qu’il a fait, mais son génie l’a absout et a racheté toutes ses dérives.
Liberté de penser
Le XVIII e siècle est moins enclin a accepter cette image d’un astre noir socialement inadapté. Les philosophes et écrivains des Lumières mettent plutôt en avant la raison, l’esprit critique et la capacité à éclairer les autres pour ainsi contribuer au progrès de l’humanité. « Le génie consiste à donner à des vérités connues une forme nouvelle », écrit Voltaire qui met à profit son talent littéraire et son esprit incisif pour dénoncer l’intolérance de la religion et promouvoir la liberté de penser. Pendant ce temps, Diderot lance son projet de grande encyclopédie. Pour dire aussi que les génies ne se trouvent plus forcément dans les arts visuels.
C’est la musique qui désormais exprime l’état génial dans lequel elle met le monde en harmonie. Ceux qui y parviennent accèdent à des rangs quasi divins.
C’est Mozart, Bach, Haydn, Haendel, Bach, Vivaldi, Lully, Corelli, Scarlatti, Rameau, Couperin et beaucoup d’autres. Et plus tard Beethoven qui va balayer la manière baroque alors que l’esprit romantique plane sur la culture européenne. Sans oublier Clara Schumann, compositrice et interprète phénoménale qui joue partout en Europe alors qu’elle n’a que onze ans, mais que l’histoire a complètement effacée, lui préférant son mari Robert, pourtant, à son époque, bien moins connu qu’elle.
Revient alors, au XIX e siècle, cette idée que le génie pourrait naître des affres de l’âme. Cet intranquillité intérieure, libérée du carcan des conventions, exprimerait ainsi une vision du monde à l’état brut. Mary Shelley crée Frankenstein lors d’une nuit d’orage sur les bords du Léman. Nietzsche, qui a beaucoup écrit sur le génie, est frappé de folie en plein cœur de Turin. Le philosophe du surhomme passera les dernières années de sa vie dans un asile à s’identifier au Christ et à Dionysos. Ce tiraillement entre la raison et les démons qui fait naître des intuitions géniales est aussi à l’œuvre dans une toute nouvelle figure issue du progrès au XIX e et surtout au XX e siècle : le génie scientifique.
Avec le docteur Frankenstein capable de donner la vie à un puzzle macabre de cadavres, Shelley inventait le savant fou. Albert Einstein ou Robert Oppenheimer n’ont jamais été traversés par la démence. Les conséquences de leurs découvertes – la théorie de la relativité pour le premier, l’arme atomique pour le second – les ont, en revanche, rangés dans la catégorie des génies ambivalents, capables de faire avancer la connaissance de l’Univers, tout en donnant à l’humanité les moyens de le détruire.
Jobs et Musk
La littérature avait personnifié le génie du mal à travers les personnages de Fu Manchu ou de Fantômas, ces êtres capables des pires cruautés pour régner sur le monde. La Seconde Guerre mondiale va les incarner avec les dictatures d’Hitler et de Staline. À Hollywood, les histoires de ces mauvais génies attirent les foules dans les cinémas. Ceux qui les fabriquent accèdent à leur tour à cet Olympe détraqué. Réalisateur et producteur de films à grand spectacle, ingénieur aéronautique surdoué, hygiéniste obsessionnel et milliardaire excentrique, Howard Hughes finira cloîtré pendant huit ans dans la chambre d’un palace d’Acapulco, passant ses journées, shooté à la morphine, à voir des films complétement nu en refusant de se couper la barbe et les ongles. À sa mort, il laissera une fortune estimée à 2,7 milliards de dollars.
Et aujourd’hui, pourrait-on qualifier de génies les créateurs bien plus policés de la Tech ? Marc Zuckerberg (Meta), Jeff Bezos (Amazon), Sam Altman (ChatGPT), Bill Gates (Microsoft), Larry Page et Sergueï Brin (Google) ont sans doute eu beaucoup de talent, et parfois de chance, pour sentir le vent tourner et en profiter. De là à en faire des esprits géniaux…
Deux, peut-être, pourraient revendiquer ce statut si particulier qui nécessite de penser de travers et de ne surtout pas suivre les normes. Steve Jobs, cofondateur d’Apple avec Steve Wozniak, qui a porté, contre vents et marées, sa vision d’une société unifiée grâce aux technologies de la communication. Et Elon Musk, entrepreneur inspiré au comportement parfois erratique, militant acharné de la liberté d’expression totale, qui veut révolutionner l’automobile avec ses voitures électriques et catapulter l’humanité sur Mars. Les deux partagent aussi cette croyance imperturbable de penser avoir toujours raison. Le génie, c’est aussi un peu cela : ne jamais douter de rien. ■
SOPHIE GERMAIN
LA MATHEUSE INCONNUE
Sophie Germain, qui est née à Paris en 1776, découvre les mathématiques en pleine Révolution française. La matière la passionne. Au début du XIXe siècle, elle se met en tête de correspondre avec les éminences des chiffres. L’éducation ne faisant pas grand cas des femmes, elle s’invente un alter ego masculin. C’est ainsi que le célèbre professeur Lagrange et l’immense Carl Friedrich Gauss – celui de la courbe qui porte son nom – reçoivent des lettres signées Antoine Auguste Le Blanc. Sous ce pseudonyme, Sophie Germain leur expose de nouveaux outils de son cru capables de démontrer des théorèmes, dont celui de Fermat sur lequel la science sèche depuis un siècle et demi. La jeune femme tombe finalement le masque et Gauss lui reconnaît un génie supérieur. En 1808, l’empereur Napoléon Ier veut savoir pourquoi la musique, en faisant vibrer du sable déposé sur des plaques d’acier, dessine des formes géométriques. Il lance un concours que Sophie Germain remporte avec sa théorie sur l’élasticité des corps. Elle est la première femme ainsi récompensée par l’Académie des sciences. Mais sa condition empêche la publication de ses travaux. La mathématicienne meurt en 1831 sans avoir été reconnue par la communauté scientifique. (CM)
CHARLOTTE PERRIAND DANS L’OMBRE DU CORBU
Longtemps, le mobilier Le Corbusier était signé de son seul nom. Des chaises, chaises longues et fauteuils que l’architecte prétendait avoir dessinés et qui brillent au sommet du design historique. On sait depuis une quinzaine d’années que ce sont en fait son cousin, Charles-Edouard Jeanneret, et surtout Charlotte Perriand, la designer de son bureau, qui sont les vrais auteurs de ces pièces dont on voit désormais les deux noms associés à celui de l’architecte. La même reconnaissance tardive permet désormais à Lilly Reich de sortir de l’ombre de Mies van der Rohe, l’architecte pour lequel elle créa l’essentiel de la production mobilière. (CM)
L’image la montre l’œil scotché à son microscope. Elle a été prise en 1955, à une époque où Rosalind Franklin aurait dû être auréolée de gloire. La chercheuse ne le sait pas encore, mais dans trois ans un cancer de l’ovaire l’emportera sans qu’elle ait eu la reconnaissance qu’elle mérite. Depuis 1951, cette docteure en physique-chimie de l’Université de Cambridge possède pourtant son propre laboratoire au sein du King’s College de Londres. Elle y étudie la structure de l’ADN et parvient à mettre en évidence sa forme en double hélice. Trois autres chercheurs, Francis Crick, James Watson et Maurice Wilkins mettent la main sur ses clichés à son insu et publient leur résultat en 1953 dans le magazine de référence Nature. Mise au courant, Rosalind Franklin exige de faire paraître dans le même numéro un article sur cet ADN hélicoïdal. En 1962, quatre ans après la mort de la chercheuse, le Prix Nobel de médecine est attribué à Crick, Watson et Wilkins. Seul ce dernier remerciera Rosalind Franklin sans qui cette découverte n’aurait pu avoir lieu. (CM)
AUGUSTIN MOUCHOT LE PIONNIER SOLAIRE
Il est le stéréotype du visionnaire précoce bousculé par son époque. Professeur de mathématiques et de physique, Augustin Mouchot s’intéresse dès 1860 à l’énergie solaire dont il saisit déjà le formidable potentiel. L’ingénieur prédit qu’au rythme où on l’extrait, le charbon va bientôt s’épuiser. Il préconise à la place l’utilisation du soleil, source gratuite, facile à exploiter et inépuisable. Il invente le premier moteur solaire en 1866 qu’il couple à une petite machine à vapeur. Conquis, l’empereur Napoléon III finance ses recherches, les procédés de Mouchot pouvant être la solution à la pénurie de charbon qui frappe la France. L’ingénieur reçoit la Légion d’honneur et la médaille d’or de l’Exposition universelle de 1878 à Paris. L’amélioration des voies ferrées assure bientôt le retour du combustible qui fait tourner les usines françaises. Les aides de l’État cessent du jour au lendemain pour Augustin Mouchot qui retourne à l’enseignement. Il meurt en 1912 à Paris dans la plus profonde misère. (CM)
ANTONIO MEUCCI LE TÉLÉPHONE PLEURE
« Venez Watson, j’ai besoin de vous ! » Alors, non, il ne s’agit pas de Sherlock Holmes appelant son fidèle acolyte, mais de Graham Bell qui réclame son assistant grâce à un tout nouvel appareil de son invention : le téléphone. Pour l’histoire, la première conversation téléphonique date donc du 10 mars 1876 à Boston. Elle consacrera son génial inventeur né en Écosse. Problème : Graham Bell n’est sans doute pas le père de cette technologie. Depuis 1989, on l’attribue, en effet, à l’Italien Antonio Meucci. Ce dernier communique depuis 1850 avec sa femme lourdement handicapée à l’aide d’un Telettrofono de sa conception. En 1872, il dépose à New York un brevet provisoire pour un Sound Telegraph qui fonctionne de la même manière. Meucci veut en faire la démonstration au viceprésident de la Western Union Telegraph Company. Lequel retarde l’essai pendant deux ans, non sans avoir demandé à Meucci de lui fournir un prototype que Bell a sans doute pu étudier. Sans ressources, l’ingénieur de Florence laisse expirer son brevet temporaire. En 1876, Graham Bell dépose le sien. Cent cinquante ans plus tard, Rudolph Giuliani, maire de New York à l’époque, réhabilite l’inventeur en déclarant le 1er mai 2000, Meucci Day. Avant qu’en 2002, la Chambre des représentants des États-Unis reconnaisse officiellement son rôle dans l’invention du téléphone. (CM)
Professeur de philosophie près de Paris, Thibaut de Saint Maurice est l’auteur de Philosophie en séries 1 et 2 (Éditions Ellipses). Tous les jeudis, il anime « La petite philosophie de la vie quotidienne », sur France Inter.
Peut-on commencer tout simplement par donner une définition du concept de génie ? Dans une de vos chroniques sur France Inter, vous dites justement que « quand il s’agit de définir ce qui fait d’un génie un génie, on se retrouve dépourvu. » Votre explication part alors de la définition platonicienne du génie. Parce qu’elle est la plus évidente pour vous ?
C’est à partir de cette définition-là qu’on a commencé à poser le problème du génie. Finalement, comme c’était la plus ancienne, c’est celle qu’on a corrigée successivement en proposant d’autres hypothèses et en arrivant aujourd’hui à une interprétation plus contemporaine.
Platon parle du génie comme d’un « don reçu des dieux » destinés à des « hommes enthousiastes »… Effectivement, une des premières conceptions du génie, c’est donc celle formulée par Platon. En fait, la question est assez simple : comment rendre compte, comment expliquer, le fait que certains hommes présentent des skills, des aptitudes, qui soient vraiment hors du commun ? Dans la mesure où ce « hors du commun » renvoie à une certaine excellence dans, par exemple, la capacité à sculpter, peindre, composer de la musique, se battre, faire du sport. Le premier réflexe est de considérer que ces hommes ont reçu des dieux cette qualité d’êtres plus que parfaits. S’ils sont si extraordinaires, c’est qu’ils ont une partie de divin en eux, une qualité, un don. C’est d’ailleurs entré dans le langage commun : quand on parle du fait d’avoir un don, c’est quelque chose qui nous a été donné, que l’on a reçu. Dès lors, on peut aussi adopter des approches plus laïques, considérant que c’est un don de la nature ou quelque chose de cet ordre. Néanmoins, pour Platon dans l’Antiquité, le don est le don propre du génie, un cadeau des dieux. Quant au terme grec « enthousiasme » qui qualifie les individus géniaux, il signifie « rempli du souffle divin »…
Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui… C’est en effet assez rigolo parce qu’aujourd’hui, il sert plutôt à désigner justement la réaction que l’on peut avoir face à l’exercice d’un génie. Un génie de la danse, un génie de la musique peut créer dans le public de l’enthousiasme, ce qui est une forme de circulation de l’émotion provoquée par son don.
À quel moment la définition se détache-t-elle de la connotation divine ? À quel moment dans l’histoire de la philosophie, on ne va plus forcément faire référence à un don des dieux ?
Il faut préciser que dès l’Antiquité, quelqu’un comme Aristote considère que les hommes « géniaux » ont reçu des dons, mais que ces dons ne se développeront pas sans labeur, sans ce qu’il appelle une « habitude », c’est-à-dire une réitération de gestes et de comportements qui vont permettre de tirer le meilleur de tout ce qui a été reçu.
Avec Aristote commence à s’ouvrir un petit peu la porte du génie comme étant aussi le résultat d’un travail, et c’est une idée qui va s’affirmer, s’incarner au XVII e siècle notamment dans l’image de « l’honnête homme », l’idéal de l’aristocratie, donc de l’élite de la population. L’honnête homme est celui qui réalise le parfait équilibre entre les dons reçus à la naissance et le développement de ces derniers. Une promotion du travail qui rend possible l’épanouissement du génie. Aujourd’hui, cette conception du génie est peut-être celle qui a le plus de succès. On pense à la théorie qui veut que si on travaille plus que les autres, et dans des quantités vraiment très soutenues, on arrivera à développer des qualités géniales de gestes, de comportements…
« Le concept de génie sert à nommer quelque chose qu’on n’arrive pas à calculer, à rationaliser. »
Thibaut de Saint Maurice, philosophe
Ce qui n’est pas vrai…
Le concept de génie sert à nommer quelque chose qu’on n’arrive pas à calculer, à rationaliser. Il n’y a pas de formule ni d’équation. Les gens qui s’emparent de cette question, en fonction de ce qui leur paraît le plus juste, vont pencher plutôt du côté du travail ou plutôt du côté du don. Le génie pose en cela problème à notre conception démocratique de l’humanité dans laquelle, s’il y a une égalité de chances, tout le monde peut y arriver, il suffit de s’en donner les moyens. Dans la société du just do it, comment expliquer que certains y arrivent mieux que d’autres ?
Le génie est donc par définition inégalitaire ?
Cela dépend si vous vous placez du côté de ceux qui sont du côté du travail qui finit par payer et qui ont une conception plus démocratique du génie. En gros, « peu importe la naissance et les talents de départ, si tu travailles tu peux y arriver. » Ou du côté de ceux qui continuent de faire du génie une question de temps, une question de différence, adoptant finalement une approche moins démocratique parce que reposant plus sur la valorisation d’une différence. Donc d’une inégalité.
Comment prendre en compte la sociologie ? Le fait d’être « bien né » aide-t-il à révéler le génie ?
Rien n’est absolument donné par les dieux. Les choses vont aussi dépendre des conditions sociales et matérielles. Il va aussi falloir prendre en compte le travail, fourni ou pas. Marcel Proust est un rescapé de l’oisiveté, par exemple, alors que sociologiquement, il avait tout reçu, mais la maladie, en l’empêchant de sortir, va lui permettre de rencontrer son propre génie.
Qu’est-ce qui distingue le simple talent du génie ?
J’ai l’impression que le talent se décrit souvent dans les termes d’une prodigiosité, d’une réussite particulière. On peut avoir un talent pour le tennis ou pour la musique, ce qui veut dire qu’il y a quelque chose que l’on fait très bien. Mais le génie suppose un degré supérieur d’impact sur sa discipline.
Un génie de la musique, c’est quelqu’un dont le talent et la virtuosité vont révolutionner l’ensemble de la discipline au nom, justement, de ce que la personne apporte à l’humanité. C’est en cela qu’on dit que Mozart et Einstein sont des génies, et que peut-être Bill Gates ou Steve Jobs en sont aussi. Ils ont des talents, de musicien, de scientifique, d’entrepreneur, leurs apports et leurs découvertes ont impacté les domaines dans lesquels ils exerçaient. Finalement, avec un peu de recul, si on les nomme des génies, c’est aussi parce qu’ils ont révélé de quoi l’homme était capable. Einstein perce les secrets de l’Univers, contribue à la mise au point d’une technologie en complète rupture, la technologie nucléaire, démontre qu’être humain, c’est se mettre en route sur un chemin de vérité scientifique. Mozart ou Bach sont des génies de la grâce, de ce que l’homme est capable de créer en termes de beauté. À chaque fois, je trouve que le génie vient finalement montrer de quoi l’humanité est pleinement capable. C’est pour ça qu’ils nous font rêver.
Faut-il traverser le temps pour atteindre le statut de génie ?
J’aurais tendance à répondre oui, car si c’est son impact qui permet de qualifier le génie, il va notamment se mesurer dans sa capacité à traverser les époques.
Vous qui vous intéressez au tennis, on qualifie souvent Roger Federer de génie. Le génie en sport tient-il forcément à un palmarès ? À un nombre de tournois gagnés ?
C’est une bonne question. Si je prends l’exemple de Federer il n’est pas l’immense champion de tennis qu’il est seulement parce qu’il a gagné 20 tournois du Grand Chelem. C’est parce que son impact sur le tennis reste et va rester ; parce qu’il a renouvelé le jeu en lui-même, en perfectionnant et en inventant des coups qui n’existaient pas avant. On a aussi vanté comment son comportement sur le terrain est devenu un exemple du fairplay, lui qui était d’un tempérament nerveux. Il en a fait une morale de vie.
On parle parfois de génie incompris, ou pas compris par leur époque. On pense à Vincent Van Gogh par exemple. Notre époque connectée de partout, les réseaux sociaux, internet, peut-elle permettre encore de passer à côté de génies ?
Je crois que oui. J’en suis même convaincu. Van Gogh ou Rimbaud possédaient un génie reconnu plus tard, mais la force de leur proposition était telle qu’elle ne pouvait pas être considérée de leur vivant. Aujourd’hui encore, tout le monde ne peut pas être reconnu à sa juste valeur. Actuellement sont en train de souffrir, de galérer, peut-être même de mourir des hommes et des femmes qui, d’un point de vue scientifique, artistique surtout, seront les grands génies de demain. Nous ne sommes pas au bout de nos découvertes. C’est le principe même des avant-gardes. Il y a une dimension sacrificielle dans le génie méconnu : il n’en profite pas de son vivant, mais nous, nous en profitons plus tard. ■
THOMAS EDISON GÉNIE HYPERACTIF
PICASSO
PEINTRE AU CUBE
L’histoire veut que Pablo Picasso ait peint sa première toile à l’âge de 8 ans. Un tableautin intitulé Le petit picador jaune qu’il conserva toute sa vie. Six ans plus tard, en 1896, le voilà admis à l’École des beaux-arts de Barcelone. Son père, professeur de peinture, l’encourage et le conseille pour ses travaux d’études. Le jeune peintre organise sa première exposition en 1900 dans un cabaret de Barcelone. Il a 19 ans. En 1901, il arrive enfin à Paris où il entame sa période bleue et signe ses premières œuvres de son nom d’artiste : Picasso. (CM)
En 1862, Thomas Edison a 15 ans et est déjà patron de presse. Dans le train qui fait l’aller-retour entre Port Huron et Détroit, le jeune entrepreneur a installé une petite imprimerie sur laquelle il publie les 400 exemplaires quotidiens de son Weekly Herald. La direction des chemins de fer lui a également autorisé à installer un laboratoire de chimie, domaine qui le passionne. Qui dit train, dit aussi télégraphe dont il deviendra un expert et pour lequel il déposera un certain nombre de brevets parmi les 1093 qu’il revendiquera à la fin de sa vie. Edison invente tous azimuts : une lampe à incandescence, le phonographe, la première caméra de prise de vue cinématographique, le premier studio de production de films et aussi… la chaise électrique et le nécrophone, un appareil censé communiquer avec les esprits. Son seul échec industriel. (CM)
BILL GATES
LA FORTUNE DU CODE
Bill Gates savait-il à 13 ans, lorsqu’il fonda en 1968, avec Paul Allen, sa première entreprise d’informatique, qu’il deviendrait un jour, et le resterait pendant longtemps, l’homme le plus riche du monde ? Sans doute mesurait-il déjà le fabuleux potentiel économique du PC, ou ordinateur personnel (personal computer), alors balbutiant. Au point d’abandonner ses études pour s’y consacrer pleinement à l’âge de 18 ans. Deux ans plus tard, il créait, toujours avec son compère, l’entreprise Microsoft qui fera sa colossale fortune estimée aujourd’hui à 130 milliards de dollars. (CM)
La Suisse, petit pays magique qui cultive la discrétion, le confort, la tranquillité et la concorde politique sans faire de prosélytisme au sujet de cette démocratie que tout le monde nous envie. Ce « génie helvétique » est-il vraiment génial ?
PROPOS RECUEILLIS PAR ALEXANDRE DUYCK
Docteur en histoire après des études aux universités de Genève et d’Oxford, François Garçon est né en France, mais possède aussi la nationalité suisse, pays dans lequel il a longtemps vécu. Auteur de nombreux ouvrages sur la Confédération dont Le génie des Suisses (Taillandier, 2018), il est sans doute le meilleur spécialiste français de l’identité suisse. Et de son supposé génie…
Vous qui n’êtes pas, dites-vous, un « vrai » Suisse, mais un binational franco-suisse, qu’est-ce qui vous a poussé à vous intéresser aux identités suisses et à interroger ce « génie » des Suisses ?
Je pense que la première ressource de ce travail, c’est l’arrogance française qui considère que le monde entier tourne autour de cette nation et de Paris. Je pense que quand quelque chose marche, il faut s’en inspirer. Pourquoi réinventer l’eau tiède alors qu’on sait comment faire de l’eau chaude et de l’eau froide ?
C’est quand même une grande obsession française. Alors que juste à côté se trouve un pays, la Suisse, qui, depuis 1848, organise des votations et où ça fonctionne bien. Un pays où vous avez grosso modo un tiers des gens qui parlent le français. Mais l’incapacité des dirigeants français à aller voir ce qui fonctionne pour s’en inspirer m’a amené à me dire : « Il y a un truc qui marche bien, c’est la Suisse. Si on en parlait aux Français ? » Essayons de le faire valoir auprès de ceux qui, par cécité, arrogance, surdité, ne s’intéressent qu’à eux.
Diriez-vous qu’en premier lieu, ce qui « marche bien » en Suisse et fait partie du « génie », c’est le système politique ? Oui. C’est une démocratie parlementaire et non présidentielle. Il n’y a pas sur la planète une démocratie où vous avez un président qui détienne autant de pouvoir qu’Emmanuel Macron.
Daniel Loss
7, rue du Lac 1207 Genève
tél. : + 41 22 736 00 05 natel : + 41 79 436 70 30 mail : dloss@bluewin.ch
PARTENAIRE ENGAGÉ 2022
Lauréat éco21 2020 - 2021
Installation de prises pour voitures électriques
Le système politique suisse fonctionne bien mieux, mais, c’est un point important, les Suisses ne s’en prévalent pas pour autant. Vous n’entendrez jamais un Suisse dire à un étranger : « Chez nous, ça marche mieux ». Ils se le disent entre eux. Mais ils ne diront jamais à un étranger : « Vous devriez vous inspirer de ce qui se fait de mieux chez nous. » Je pense au fonctionnement politique, mais aussi par exemple au système d’apprentissage dual. La femme de Joe Biden et son équipe sont venues en Suisse alors que Biden était à cette époque vice-président. Les Chinois, les Britanniques aussi. Les Français, jamais ! Ça ne les intéresse pas. Ils ne peuvent pas comprendre.
Il ne faut surtout pas que quelqu’un s’installe dans ce siège qui, de surcroît, ne détient aucun pouvoir. Quand même, il y a du prestige. Il ne faut donc pas qu’une personne puisse s’illusionner sur ce que cela pourrait lui apporter. Donc on alterne chaque année.
Entre les élus, la population, les grandes entreprises, les institutions… Diriez-vous que la Suisse bénéficie d’une bonne répartition des pouvoirs ?
« Ici, l’idéologie fondamentale, c’est que le groupe a beaucoup plus de puissance que le génie individuel. »
François Garçon, historien
Par mépris pour la Suisse, ce « petit » pays vu de Paris ? Oui, le mépris français est quand même très largement répandu et pas uniquement envers la Suisse. Mais je pense que ces préjugés ont diminué par la présence des 300 ’ 000 frontaliers et des 200 ’ 000 résidents français. Ils peuvent constater comment marchent les choses. Je pense que la démocratie suisse en elle-même fait la force de ce pays. Il y a un principe de subsidiarité qui fait que tout part des communes, puis vous remontez aux cantons puis, en bout de course, au plan fédéral. La politique suisse se joue dans les cantons. Le premier objectif des autorités cantonales, c’est qu’aucune prérogative ne soit subtilisée par le plan fédéral. Alors qu’en France, dès qu’il y a un problème, on se tourne vers l’Élysée.
Le pouvoir politique en Suisse est aussi bien moins incarné, beaucoup plus modeste… Il y a ici une phobie de l’homme présidentiel. Parce que l’homme présidentiel, si tant est qu’il existe, est un dictateur en puissance. Quelqu’un qui va abuser de son pouvoir. C’est la raison pour laquelle vous avez une présidence tournante.
Il y a en effet une très bonne répartition des pouvoirs. Les résultats des votations sont, par exemple, impératifs. Une fois que les gens ont voté, l’objet sur lequel la population s’est prononcée est appliqué. Il n’y a pas de possibilité de biaiser. Sans arrêt, les autorités sont sous la coupe de la population. Encore une fois, ce serait inenvisageable en France. La qualité du fonctionnement politique suisse, c’est que le peuple est aux commandes. Les élus savent qu’à tout moment, ils peuvent être déjugés dans les décisions qu’ils prennent lorsqu’elles sont démagogiques ou qu’elles sont contraires à l’intérêt général, ou qu’une majorité de gens les estiment contraires à leurs intérêts propres. Cela les amène à être beaucoup plus concrets quant aux décisions qu’ils prennent, aux politiques qu’ils conduisent.
Vous parlez du « génie » des Suisses dans votre livre. À l’heure où la France vient d’organiser brillamment les Jeux olympiques, sur quoi repose le «soft power» suisse ? Je dirais sur trois piliers. La qualité de vie, l’attrait des grandes villes suisses souvent très bien placées dans les classements internationaux ; le niveau des salaires ; la qualité des relations de travail. Je pense que ce dernier compte beaucoup. En Suisse, à un entretien d’embauche, on ne vous demande pas quel diplôme vous avez décroché il y a vingt ans, histoire de vous hiérarchiser en fonction de vos études, mais ce que vous avez fait l’année dernière, dans quelle boîte vous avez travaillé, qu’est-ce que vous y faisiez, vos responsabilités exactes. Il n’y a pas cette notion de rente que l’on retrouve parfois ailleurs.
Vous dites aussi dans votre livre qu’en Suisse, « dès qu’une tête dépasse, on la coupe ». Comment du coup laisser émerger les génies ?
Je dis ça au sens où on n’est pas là pour valoriser un individu… Il y a une modestie imposée. En Suisse, le génie est très mal vu. Parce que l’idéologie fondamentale, c’est que le groupe a beaucoup plus de puissance que le génie individuel. Le collectif prime sur la qualité individuelle, qui n’est pas remise en question. Il y a la crainte de voir surgir un individu qui se croit hors d’atteinte des normes comportementales attendues.
• A p p a rei ls é le ct ro m é nage rs
tou te s ma rq u e s
• Ve n te et ré p a rati o n
• I n ter ven t i o n dans les 24 h e u re s
• M A R C O D A S I LVA –
vo t re co n s e il ler te c hni q u e
Quand un génie émerge, comme Roger Federer, comment le pays gère-t-il ce succès, ce triomphe planétaire ?
Attention ! Federer n’est pas d’abord suisse aux yeux de la population, il est avant tout Bâlois. Je vous précise que les gens de la région savent très bien faire la différence entre un BâloisVille et un Bâlois-Campagne. Ce qui importe, c’est l’identité de la commune, puis du canton, non pas nationale. Contrairement aux Français, les Suisses ne vont pas forcément s’approprier sa nationalité. Il y a vingt-six cantons ! Un Genevois n’est pas un Valaisan, un Bâlois n’est pas un Jurassien…
de concurrence ne sont pas assez puissantes ou ne se manifestent pas assez pour que les informations soient transparentes et les comportements plus sains. À part cela, je ne vois pas. Il n’y a pas grand-chose qui ne fonctionne pas bien en Suisse.
Sur le plan humain, cette « dictature de près » dont vous parlez dans le livre ne vous dérange pas ? Cette surveillance de tout le monde par tout le monde…
Qu’est-ce qui ne va pas en Suisse ?
Il n’y a pas assez de concurrence et, à l’inverse, des cartels très lourds, notamment dans l’agriculture, un domaine ultraprotégé du fait de l’obsession suisse d’être en autosuffisance. Le système des banques ne va pas non plus, leur réputation est surfaite, on l’a encore vu récemment avec Credit suisse. Les autorités
Que les Français critiquent le fait que les Suisses se dénoncent entre eux, quand on connaît l’histoire de la France et les dénonciations pendant la Seconde Guerre mondiale, ça me fait sourire. Les gens ne dénoncent pas les Juifs ou les Résistants, mais celui qui fait sécher son linge au balcon si c’est interdit, balance ses poubelles au coin de la rue ou enfreint le Code de la route. Finalement, vous avez bien moins besoin de policiers partout. Ce système existe, certes. Mais au moins il tient le pays au calme. ■
NIKOLA TESLA LE GÉNIE ÉLECTRIQUE
C’est le génie ultime, celui sur le berceau duquel la fée électricité s’est penchée. Auteur de plus de 300 brevets, Nikola Tesla a, entre autres, inventé : le courant alternatif, la communication sans fil, la télécommande par onde radio… Entrepreneur malheureux, Tesla monte des affaires qui mettent toutes la clé sous la porte. Dépressif chronique, insomniaque, spolié par Thomas Edison, qui l’emploie en s’attribuant quelques-unes de ses découvertes, en guerre contre Guglielmo Marconi à qui il reproche de lui avoir volé ses brevets sur la transmission radio, Tesla termine sa vie dans une chambre d’hôtel new-yorkais, croulant sous les dettes. Elon Musk lui rendra hommage en donnant son nom à sa voiture électrique. (CM)
RICHARD ET MAURICE MCDONALD
LE BURGER AU RABAIS
En 1940, les frères Richard et Maurice McDonald reprennent le restaurant de hot-dogs créé par leur père à Monrovia, en Californie. L’enseigne battant de l’aile, ils imaginent un système de restauration rapide ne servant que des hamburgers. Fort de leur succès ils commencent à franchiser la marque. En 1961, ils vendent leur affaire à Ray Kroc, vendeur de ces machines à milk-shake que les frères McDonald achètent en nombre et qui fera de McDonald un succès mondial, pour 2,7 millions de dollars. Une coquette somme pour l’époque, certes, mais une paille comparée à la valeur actuelle de l’entreprise : 193 milliards de dollars. (CM)
■ RUDOLF DIESEL
LE MOTEUR DE LA DÉFAITE
En 1892, l’ingénieur Rudolf Diesel dépose, à Berlin, le brevet d’un nouveau moteur à pétrole très économe en énergie. L’invention assure sa fortune, mais l’ingénieur se révèle piètre gestionnaire. Sa compagnie fait faillite et le moteur lui échappe. Antimilitariste convaincu, il s’étouffe lorsqu’il le retrouve utilisé par la marine de guerre de l’empereur Guillaume II. Diesel sombre dans la dépression et dilapide son argent dans des projets d’entreprises solidaires. Son corps sera repêché sur une plage belge alors qu’il se rendait en Angleterre à l’invitation de la Royal Navy, très intéressée par ses connaissances mécaniques. Suicide, crime politique ? Les circonstances de son décès restent, à l’heure actuelle, un mystère. (CM)
Son nom est gravé dans des millions de pneus à travers le monde. Pourtant, Charles Goodyear n’a jamais profité du moindre cent de son invention. Chimiste, il découvre par hasard en 1839 le procédé de vulcanisation qui stabilise le caoutchouc, quelle que soit la température. Copié par l’Anglais Thomas Hancock qui va déposer le brevet de cette innovation, Charles Goodyear va réduire ses économies à néant en intentant des procès à ces « pirates des brevets ». Régulièrement ruiné, au point de faire de fréquents séjours en prison, il meurt à New York en 1860 dans la pauvreté. La marque de pneu qui porte son nom est sans lien ni avec lui ni avec aucun membre de sa famille. (CM)
Porsche, Aston Martin, Bentley, Bugatti ou Mercedes-Benz se lancent dans des résidences de prestige à Stuttgart, Miami ou dans les Émirats.
Les marques automobiles entendent ainsi fidéliser leurs clientèles et en chercher de nouvelles. Même si leurs réalisations, malgré leur aspect spectaculaire, ne sont guère innovantes.
PAR LUC DEBRAINE
Architecture et automobile ont longtemps roulé de concert, en particulier au XXe siècle, lorsque la voiture était l’emblème de la modernité. C’est une évidence : le moyen de transport individuel a largement façonné nos espaces architecturaux et urbanistiques. Il y a un siècle, deux hautes figures de l’architecture portaient loin la passion de l’automobile. Aux États-Unis, Frank Lloyd Wright collectionnait les belles Cord, Packard ou Lincoln, les transformant à l’occasion. Il est allé jusqu’à dessiner une étrange « machine pour la route » qui, drôle d’attelage, tenait à la fois du tracteur et du coupé aérodynamique. Wright a intégré l’automobile dans son art tout au long de sa carrière, qu’il s’agisse de concevoir des maisons modestes (avec garages) pendant la Grande Dépression ou de bâtir un musée autour d’une
rampe hélicoïdale de parking (le Guggenheim de New York). En Europe, Le Corbusier aimait les avant-gardistes voitures Voisin. Il n’oubliait jamais de garer son modèle C-7 devant ses nouvelles constructions lorsqu’elles étaient photographiées pour assurer leur promotion. Il entendait grâce à son automobile renforcer la modernité de ses réalisations, donner leur échelle et suggérer que ses « machines à habiter » tenaient compte des « machines à rouler ». Dans les années 30, il a imaginé une « voiture minimum » qui préfigurait la Citroën 2CV et la VW Coccinelle. Dans la décennie précédente, Le Corbusier avait conçu des maisons modulables qui pouvaient être construites en série, comme les petites autos populaires d’André Citroën. L’unique « Maison Citrohan » (l’architecte avait transformé le nom de l’industriel de l’automobile pour éviter des ennuis juridiques) a été réalisée en Allemagne à Stuttgart, où elle peut toujours être admirée.
Stuttgart, un siècle plus tard. Inaugurée fin 2023, la Porsche Design Tower domine la ville de ses 87 mètres et 25 étages. De facture sobre, elle accueille un hôtel Radisson, ainsi que des bureaux administratifs du constructeur de voitures sportives. Réalisée par sa société spécialisée dans le design industriel, naguère indépendante mais désormais pleinement intégrée au groupe, la tour se distingue du musée Porsche de Stuttgart. Celui-ci est semblable aux autres musées récents de grandes marques automobiles, dont l’architecturespectacle valorise l’histoire de ces entreprises souvent centenaires.
L’auto dans le salon
La Porsche Design Tower procède de l’investissement immobilier et d’une stratégie de diversification. Son enveloppe et son contenu respectent bien sûr le credo stylistique « forme-fonction » de la marque, comme la tour sert le prestige de l’entreprise créée en 1931. Ce qui ne l’empêche pas de s’inscrire dans une autre dynamique entrepreneuriale, également adoptée par ses concurrents directs. Le constructeur n’en est pas à son coup d’essai. En 2017 à Miami, sur le front de mer, Porsche ouvrait les portes d’un gratte-ciel cylindrique de 196 mètres, 60 étages et 132 appartements vendus entre
4 et 32 millions de dollars. La tour est équipée de trois ascenseurs qui permettent d’accéder aux logements en voiture, laquelle prend place comme un trophée dans une pièce vitrée. Dans l’édifice, chaque détail est signé Porsche Design, aux codes visuels hérités du Bauhaus. L’entreprise allemande n’est pourtant pas à l’origine de la réalisation du building de Miami : un promoteur local, Gil Dezer, lui en a suggéré l’idée. Elle n’a pas non plus signé l’architecture, confiée à l’agence Sieger Suarez. Mais son nom est inscrit en majuscules sur le portique qui surmonte la route d’accès à la tour. Il s’agit d’un renforcement d’image de marque motivé par le cœur financier de Porsche : la vente de voitures. Grâce à cette visibilité dans le skyline de Miami, le constructeur entend renforcer l’attrait de ses modèles auprès de la riche clientèle automobile du sud de la Floride. Sur place, la concurrence immobilière est rude. Elle l’est autant dans la rutilante offre automobile. Toute initiative d’« extension de marque », même si elle coûte des centaines de millions de dollars, est bonne à saisir.
À Miami, le même but est poursuivi par le Britannique Aston Martin. Le constructeur a connu des hauts et des bas ces dernières années, notamment aux États-Unis. L’inauguration en mai 2024 de son building de 249 mètres et 391 penthouses, suites ou duplex est, là aussi, une opération de power branding. Confiée à l’architecte américain Luis Revuelta et au promoteur argentin Coto, la construction affiche une élégante, quoiqu’incompréhensible vu l’identité d’Aston Marin, forme de voile marine. Mais les éléments stylistiques de la marque ponctuent les 66 étages de l’édifice, à l’exemple des poignées de porte semblables à celles des modèles Vantage ou Vanquish.
Toujours à Miami, Bentley devrait achever en 2026 sa luxueuse tour de 216 résidences, à la surface facettée de motifs en forme de diamant, caractéristique de la marque d’ultraluxe automobile.
Le bâtiment de 228 mètres ne comprendra pas trois ascenseurs à voitures, comme dans le building de Porsche, mais quatre. Si les propriétaires possèdent plusieurs Bentley, chacun d’entre eux se verra proposer trois ou quatre places supplémentaires dans le parking souterrain. Chaque terrasse d’habitation aura sa propre piscine extérieure.
Spectaculaire, mais pas durable
L’autre ville d’élection de la car-architecture est Dubaï, où plusieurs constructeurs ont annoncé leur intention de donner leur nom à des buildings extravagants d’opulence. Bugatti donnera sa couleur bleu France à un édifice aux courbes organiques, une « hyperforme » qui rappellera la silhouette musclée des bolides de Molsheim, en Alsace. Pagani, petit fabricant italien de voitures super-sportives, devrait achever fin 2024 au bord du canal de la mégapole émiratie sa Da Vinci Tower en forme de U stylisé. Les logements répartis dans les 19 étages du bâtiment reprendront les matériaux préférés de la marque : le carbone, l’acier et le cuir. Les courbes de l’édifice seront sinueuses à souhait. Reste que l’ambition immobilière des entreprises automobiles ne diffère pas beaucoup des grands noms de la mode qui, tels Armani ou Bulgari, se sont lancés dans les projets résidentiels ou hôteliers. Il s’agit ici de créer un univers valorisant pour les clients fidèles, de fondre l’architecture d’intérieur dans le moule stylistique des marques et d’apposer son logo partout où cela est possible. Les constructeurs automobiles de luxe pourraient tirer parti de leur activité dans la construction pour, comme ils le font pour leurs voitures, innover dans l’ingénierie structurelle, les matériaux expérimentaux ou les techniques favorables à l’environnement. Or leurs réalisations de béton, acier et verre demeurent conventionnelles. En d’autres termes, leurs bilans énergétiques ne brillent pas par leurs performances. Mercedes-Benz a compris l’enjeu. Dévoilée début 2024, avec une ouverture prévue en 2026, sa tour de 65 étages s’élancera sur 341 mètres dans le ciel de Dubaï. Les 150 résidences seront gérées par une domotique avancée, en particulier pour économiser de l’énergie. Sur l’une de ses demi-sections verticales, la tour sera couverte de cellules photovoltaïques qui incorporeront le logo étoilé de la marque de Stuttgart. Les panneaux solaires donneront l’énergie suffisante à la recharge d’une quarantaine de voitures électriques. C’est un début modeste, mais un début tout de même. ■
La tour qu’envisage d’élever Mercedes-Benz dans le ciel de Dubaï.
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Chaque ville, et jusqu’au moindre village, possède ses armoiries. Souvent abstraits, certains blasons portent des images surprenantes qui racontent un peu de l’histoire des endroits qu’ils illustrent.
PAR CORA MILLER
Amsterdam
Sur des mugs, dans la rue, sur les canaux, tricotés sur des pulls… ces trois croix de Saint-André blanches sur fond noir sont devenues l’argument marketing massue d’Amsterdam. Une image super graphique que l’on voit absolument partout. Mais que symbolise cette triplette omniprésente ? Elle serait une protection contre les trois fléaux qui font frémir la ville : les inondations, les incendies et la peste noire. Mais son origine pourrait aussi remonter à la famille Persijn qui possédait autrefois une grande partie des terres de la capitale des Pays-Bas et dont les armoiries portaient des croix identiques.
Coventry
Que vient faire un éléphant sur le blason de Coventry, petite ville industrielle anglaise très éloignée de ce genre d’exotisme ? Celle-là même où, au XI e siècle, Lady Godiva aurait chevauché nue l’artère principale pour convaincre son époux de ne pas augmenter les impôts locaux. La présence du pachyderme serait en fait religieuse. Outre sa force capable de supporter les tours du château local, l’animal est associé depuis le Moyen Âge aux grandes valeurs chrétiennes telles que la sagesse, le soutien à la communauté, la chasteté et la fidélité conjugale.
Waterloo
Un lion, la patte posée sur un boulet. Venant de Waterloo, on imagine que les origines du blason remontent à la défaite, en 1815, de Napoléon I er contre les armées commandées par le duc de Wellington et le maréchal Blücher. Bien vu ! Le félin rappelle en effet le monument spectaculaire de 40 mètres, érigé entre 1823 et 1826 par le roi des Pays-Bas à l’endroit présumé où son fils, le Prince d’Orange, fut blessé. Ce n’est qu’en 1914 que le mémorial fut choisi pour figurer sur les armoiries de la commune belge.
Madrid
Les armoiries de la capitale espagnole remonteraient au XIII e siècle. Chose étrange, elles montrent un ours, comme sur les blasons de Berne et de Berlin, en train de renifler les fruits d’un arbousier. L’abondance du plantigrade dans les forêts avoisinantes l’aurait ainsi imposé sur l’emblème, les sept étoiles symbolisant la constellation de la Grande Ourse. Quant à l’arbousier, les naturalistes de l’époque pensaient qu’il soignait les douleurs oculaires de l’ours et attribuaient à ses feuilles des vertus curatives contre la peste.
Cobourg
Les armoiries de Cobourg, en Allemagne, sont aussi un peu suisse. Rapport à la tête de Maure dont elle est frappée depuis 1430. Il s’agit en fait de celle de Maurice d’Agaune, le saint patron de la ville, mieux connu sous le nom de saint Maurice, martyre valaisan décapité par les Romains vers 286-287 de notre ère. Le commandant de la légion thébaine installée à Octodure avait alors payé de sa vie, et celle de ses compagnons d’armes, le refus d’exécuter les habitants de l’actuelle Martigny, tous chrétiens. Sous le Troisième Reich, le blason de la ville allemande fut forcément modifié par les nazis qui remplacèrent la tête par une croix gammée. Avant de la voir rétablie dès 1946.
Cécile Wendling ne prétend pas prédire l’avenir. Mais à travers son métier de prospectiviste, elle tente de prévenir les risques auxquels le monde et ses habitants pourraient être, un jour, confrontés.
PAR PHILIPPE CHASSEPOT
Cécile Wendling est prospectiviste, un terme qui sous-entend tellement de pistes qu’on lui a demandé de définir son métier en une phrase. « Il consiste à anticiper différents futurs possibles, mais à l’inverse du prévisionniste, le prospectiviste essaie de comprendre ce qui pourrait faire rupture ou disruption ; ce qui va faire que demain ne sera sans doute pas comme aujourd’hui. Les ruptures peuvent être de natures diverses : technologiques, réglementaires, ou encore sociales, politiques, économiques… Elles peuvent se combiner, ce qui donne lieu à plusieurs scénarios très contrastés, car ils éclairent des avenirs possibles, mais différents. Mais qui sont tous plausibles et argumentés. »
« Notre rôle n’est pas de prédire l’avenir. Le doute est absolument fondamental en prospective.
Pour moi, il va de pair avec la posture d’humilité. »
Cécile Wendling, prospectiviste
Une phrase devenue quatre, mais c’est pour mieux nous affranchir : Cécile Wendling ne prétend pas jouer les oracles. Ça tombe bien, plus personne n’y croit, surtout dans une époque qui ne tolère plus l’erreur et n’oublie rien avec ses captures d’écran archivées prêtes à être dégainées à la première contradiction. « Notre rôle n’est pas de prédire l’avenir. Le doute est absolument fondamental en prospective. Pour moi, il va de pair avec la posture d’humilité. Parfois, des clients me demandent des probabilités chiffrées, mais ceux qui leur en donnent sont des charlatans. Il y a certaines choses plus probables que d’autres, c’est tout. Par exemple : tous les assureurs et réassureurs avaient des scénarios de pandémie dans leurs prospectives, bien avant le Covid. Mais aurait-on pu leur dire que telle chose allait arriver en telle année en provenance de tel pays ? Ce n’est pas possible. »
La chercheuse en sciences sociales dit avoir voulu suivre cette voie juste après le 11 septembre 2001, obsédée par la question : qu’est-ce qui a fait qu’on n’a pas vu arriver cet événement ? Elle en a fait sa thèse de doctorat, puis a travaillé pendant quatre ans sur la gestion de l’évolution des risques avec la Commission européenne. Le Ministère français des armées l’a alors recrutée pour des missions sur le cyber et l’Afghanistan. Puis elle a bifurqué sur l’évaluation du risque nucléaire, pour rester ensuite pendant dix ans chez l’assureur AXA . Sans jamais attendre entre deux missions, puisque le métier de prospectiviste a effectivement pris un essor considérable depuis le début du siècle. Les attentats du World Trade Center n’étaient pas forcément imaginables pour le commun des mortels – on se glisse tout entier dans cette catégorie – guère moins que le Covid et son cortège de restrictions, en tout cas, ou la Russie capable d’attaquer un pays frère et voisin pour le retour de la barbarie à grande échelle. Le monde de 2024 commande de ne rien considérer comme acquis, de n’écarter aucune hypothèse, surtout la pire. Mais une fois qu’on a posé ça, comment fait-on pour travailler ?
Chance pour elle : son métier ne la contraint pas à se vautrer uniquement dans l’ennui des rapports officiels et autres documents barbants. C’est en tout cas son choix : le domaine culturel l’inspire au plus haut point. Films, séries, romans, expositions, tout est bon pour nourrir son imaginaire. « Ce sont des pas de côté très puissants, très créatifs. Ils me permettent d ’entrer dans le mental de quelqu’un d’autre. Et c’est rarement hors sol, puisque beaucoup de démarches artistiques sont désormais ancrées dans le terrain. Il faut absolument éviter les faisceaux trop restreints », assure-t-elle.
Vision universelle
Un chouïa plus complexe, en revanche, quand il s’agit d’arriver à prendre de la hauteur sur sa propre culture, le poids de son passé et autres évidences civilisationnelles – on pourrait dire « se désoccidentaliser » – pour arriver autant que possible à une forme de vision universelle. « C’est effectivement difficile, admet Cécile Wendling, car je réagis d’abord en Européenne devant les différents scénarios.
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« L’avenir n’existe pas, il sera ce qu’on en fera ; à chacun de nous de s’engager. »
Mon idée, c’est de créer des persona, de m’imaginer dans la peau d’une autre. Il y a une honnêteté intellectuelle à poser, et je crois beaucoup aux croisements pluridisciplinaires et multiculturels. Éviter d’être toujours dans les mêmes cercles, passer d’une bulle à l’autre, pour une forme d’hybridation des savoirs et en devenir moins aveugle. »
Elle travaille en indépendante depuis dix-huit mois. Elle a franchi le cap sans crainte, car la prospective est désormais partout, avec une clientèle multifacettes. « Je travaille aussi bien pour de grands groupes actifs dans l’énergie, l’immobilier ou la banque, que pour des mairies, des ministères, et des associations comme la Croix-Rouge. Au début, c’était uniquement des secteurs qui œuvraient sur le temps long, mais aujourd’hui même des parfumeurs viennent me consulter», sourit-elle.
Point – faible – commun à toutes ces entreprises ?
Leur légèreté devant le potentiel destructeur des disruptions cyber en mode massif. « Il faudrait qu’elles l’imaginent beaucoup plus. La récente panne chez Microsoft n’était pas si grande et on a vu les conséquences, alors imaginez une cyberattaque de taille énorme… Mon rôle est de les alerter, de les aider à trouver les bonnes postures de préparation et de résilience. Et aussi à inciter les gens à revenir au “matériel” : savoir travailler avec un crayon et du papier, comme les bateaux militaires qui doivent toujours savoir naviguer au sextant si besoin. »
Le défi du déni
Des chiffons rouges pas suffisants pour toucher au premier envoi, tant l’être humain reste un animal parfois difficile à convaincre. Sur le climat, par exemple. Il est devenu compliqué de nier les évidences, et pourtant. « J’ai récemment écrit des scénarios fondés sur les données du GIEC et de l’ADEME. Ce n’était pas de la science-fiction, mais le client m’a demandé : “Merci d’écrire ‘fiction’ sur ces documents, sinon ce ne sera pas audible.” Je dis souvent que la prospective est un sport de combat, car il y a une forme de déni ou de rejet. Ce qu’on raconte est parfois inconfortable ; il n’est pas toujours évident de faire passer les messages sans créer de la panique en face. » On fait de drôles de voyages temporels avec ce métier, tout de même. L’avenir avec l’intelligence artificielle, par exemple, un domaine dont on n’imagine pas encore l’influence future sur notre quotidien. Cécile Wendling reprend. « Juste un exemple : avec la baisse globale des budgets et les recherches d’économies, c’est l’IA qui va lire les données et cibler les choses à changer, plutôt que des gens qui vont passer des semaines à éplucher des dossiers. On va vers de grands changements sur la façon de concevoir le travail et les tâches à effectuer. »
Le passé récent, également, quand on l’interroge sur la « démission » sensuelle observée chez la jeunesse française – un récent sondage a montré que 28 % des 18-24 ans n’avaient pas eu le moindre rapport sexuel en 2023, contre 5 % en 2006. « Le rapport au corps s’est modifié, et on sous-estime encore les effets du Covid : on
ne se touchait plus, certains pensaient même qu’on ne se ferait plus jamais la bise. Le rapport à la mort a changé lui aussi, certains n’ont même pas pu enterrer les leurs. Vous remarquerez qu’il n’y a jamais eu autant de personnes présentes aux débats publics sur la fin de vie qu’en ce moment. C’est une révolution ontologique, ou anthropologique, et on fait comme si on n’avait pas vécu ça, alors que les chiffres sont fous. »
Colère des peuples
Si on tient à naviguer dans le présent, alors prenons le sujet fort et premier du moment : la colère des peuples, évidente à la simple lecture des cartes électorales en Europe. Cécile Wendling l’avait vue venir de loin. « À cause de l’accroissement des inégalités : dans l’accès au logement, aux soins, à l’éducation…
Des inégalités concrètes, c’est indubitable dans de nombreux pays, sont surtout ressenties quand les gens voient ce que les autres possèdent de plus qu’eux. Quand on voit les politiques publiques, malheureusement, il y en a très peu qui les réduisent. L’économiste Esther Duflo et d’autres ont encore beaucoup de travail pour faire évoluer le sujet. »
Une colère vue, donc, et qu’elle revoit à l’horizon. « On a été marqués par les gilets jaunes en France, et on n’est pas du tout sortis de ça. La question reste pleine et entière.
La récente série La Fièvre montre bien comment tout peut s’enflammer d’un coup avec un petit événement repris sur les réseaux. Pareil avec la série anglaise The Undeclared War, très juste sur la manipulation de l’information. Quand ça arrivera ? On ne sait pas, mais les rouages sont bien démontrés et ils ont des choses à nous apprendre. »
Le bien du lien
On peut facilement imaginer un quotidien anxiogène à force de passer sa vie dans des projections rarement ensoleillées. De fait, Cécile Wendling se définit comme une « pessimiste qui se soigne ». Sans recette universelle au niveau des soins – ça se saurait – mais qui encourage vivement chacun à inventer la sienne. « Le yoga, le dessin, n’importe quoi en fait. Et le plus important, le truc qui ne bouge pas depuis des années, c’est le lien social. Ceux qui sont ouverts aux autres vivent plus heureux et plus longtemps. »
Une pierre pleine de bienveillance jetée dans le jardin des collapsologues, qui n’auront pas forcément le dernier mot. « L’effondrement, c’est une affaire d’effet cliquet : une fois qu’on a franchi certains seuils, on ne peut plus revenir en arrière. Mais on est encore acteurs sur la plupart des sujets. L’avenir n’existe pas, il sera ce qu’on en fera ; à chacun de nous de s’engager. » ■
cometel.ch
Le courant toujours positif.
Entreprise générale d’électricité
La Fondation Beyeler présente l’artiste de la lumière et grand fauve de l’art moderne.
La première rétrospective du maître organisée depuis vingt ans en Suisse alémanique.
PAR EMMANUEL GRANDJEAN
On garde de lui ces images en noir et blanc, le montrant en sandales, peignant ses toiles immenses avec un pinceau long comme une pagaie. Henri Matisse, l’artiste de la couleur, illumine l’automne à la Fondation Beyeler avec plus de 70 œuvres majeures en provenance de sa propre collection, de prêteurs privés et de musées européens et américains. C’est la première grande rétrospective du maître en Suisse allemande depuis près de vingt ans.
Issu d’une famille de la classe moyenne du nord de la France, Matisse se destinait à une carrière juridique. Clouée au lit en raison d’une appendicite, sa mère lui offre une boîte de peinture pour passer le temps, il a 20 ans et sa vie ne sera plus jamais la même. « Quand j’ai tenu pour la première fois une boîte de couleurs entre les mains, je me suis dit : voilà ce que je veux faire. »
Il arrive bientôt à Paris, où il étudie à l’École des Beaux-Arts sous la direction du peintre symboliste Gustave Moreau. Il se lie d’amitié avec Albert Marquet, un autre de ces monstres sacrés que l’on retrouvera, plus tard, sous l’intitulé « fauve ». Exécutées vers 1895, ses premières œuvres subissent forcément l’influence des impressionnistes, ces artistes de la lumière et de la couleur. Mais Matisse cherche autre chose. La nature dépeinte par Monet n’est pas encore assez libre. Il va dès lors s’ingénier à la simplifier. Il admire Cézanne qui a déjà ouvert la voie. Au point de s’être porté acquéreur des Trois baigneuses du peintre d’Aix-en-Provence.
Les fauves libérés
Le tournant décisif survient en 1905. Matisse participe au Salon d’Automne avec une toute nouvelle génération d’artistes. André Derain, Kees Van Dongen, Maurice de Vlaminck et Albert Marquet provoquent un scandale. La critique se déchaîne face à leurs œuvres aux formes imprécises et aux couleurs vives. « Salle archiclaire, des oseurs, des outranciers, de qui il faut déchiffrer les intentions, en laissant aux malins et aux sots le droit de rire, critique trop aisée. […] Au centre de la salle, un torse d’enfant et un petit buste en marbre, d’Albert Marquet, qui modèle avec une science délicate. La candeur de ces bustes surprend au milieu de l’orgie des tons purs : Donatello chez les fauves… », écrit Louis Vauxcelles dans le journal Gil Blas. Les fauves, c’est ainsi qu’on surnommera désormais ces peintres qui rompent avec la stricte interprétation de la nature. Le poète Guillaume Appollinaire y voit une révolution : « Ces fauves ont trouvé le moyen de réinventer la peinture, en la libérant de ses anciennes chaînes. »
« Ce n’est pas à l’artiste de s’adapter au goût du public, mais au public de s’ouvrir à l’art de son temps », réplique Matisse à ses détracteurs tout en poursuivant dans sa voie. Dans les années 10, l’artiste évolue. Il adopte une approche plus structurée de la couleur et de la composition, cherchant à atteindre une harmonie visuelle et émotionnelle. La Danse et La Musique sont, en cela, emblématiques de cette période. Grand mécène de l’art moderne, Sergueï Chtchoukine, commanditaire de ces toiles en 1909, reconnaît dans les couleurs vibrantes de Matisse qu’il admire une force presque primitive. Exposés en Russie, les tableaux reçurent un accueil enthousiaste.
En France, il reste plus mitigé. Si certains avant-gardistes saluent l’audace de l’artiste, d’autres continuent à rejeter cette simplification des formes et cette abstraction progressive. À Paris, Matisse doit faire face à une incompréhension de la part du grand public. Le Salon des Indépendants et le Salon d’Automne, où il expose régulièrement, sont souvent le théâtre de violentes réactions contre ses peintures.
Soutien indéfectible de Picasso, la collectionneuse américaine Gertrude Stein, qui vit à Paris avec son frère Leo, lui achète plusieurs œuvres et l’introduit dans les cercles artistiques parisiens et américains.
Son soutien est crucial pour la reconnaissance internationale de Matisse, qui commence à être considéré outreAtlantique comme un pionnier de l’art de son temps.
À la conquête de l’Amérique
La Première Guerre mondiale s’achève. Matisse s’installe à Nice, pays de la couleur et de la lumière où il peint des séries d’intérieurs. Cette région de la Côte d’Azur sera son paradis. Ça bouge aussi du côté de New York où l’artiste expose. En 1925, sa Légion d’honneur épinglée au revers de la veste, il encourage son fils Pierre à ouvrir une galerie dans la ville qui ne dort jamais. Deux ans plus tard, le peintre reçoit le prix Carnegie à Pittsburgh. Une récompense que Picasso pourra également accrocher à son tableau de chasse, mais trois ans plus tard. Le collectionneur Albert Barnes lui commande une œuvre monumentale pour sa fondation de Philadelphie. Le MoMA de New York lui consacre une grande rétrospective. Matisse a conquis l’Amérique.
« Baigneuses à la tortue », 1907–1908. Au début de sa carrière, Matisse voue un culte à l’œuvre de Cézanne dont il s’inspire.
« Grand nu couché (Nu rose) », 1935. À partir des années 30, le style de Matisse trouve un écho retentissant aux États-Unis où cette toile rejoint la Cone Collection de Baltimore.
Il n’en oublie pas pour autant ses terres françaises et surtout la Côte d’Azur, où il a installé son atelier à son retour au pays. La guerre éclate. L’artiste la traverse en zone libre, depuis sa maison de Vence. Restées à Paris, sa femme et sa fille sont arrêtées par la Gestapo et son fils Jean, sculpteur, s’active dans un réseau de la Résistance. Gravement malade, Matisse porte depuis 1941 un corset de fer qui l’empêche de se tenir debout plus d’une heure. L’artiste ne peut plus peindre. Il développe alors une technique de papier découpé, qu’il peut exécuter depuis son lit qu’il ne quitte presque jamais.
Matisse meurt d’un accident vasculaire cérébral le 3 novembre 1954 dans sa chambre-atelier de l’Hôtel Regina de Nice. Deux jours auparavant, il avait réalisé un ultime dessin, un portrait de Lydia Delectorskaya, son aide et assistante depuis vingt ans. Jugeant cette toute dernière œuvre, il aurait dit : « Ça ira ! » Les dernières paroles d’un maître.
Matisse – L’invitation au voyage, jusqu’au 26 janvier 2025, Fondation Beyeler, Riehen/Bâle, fondationbeyeler.ch
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Meinier
En attique, appartement neuf et contemporain avec vaste terrasse de 232 m2 et un garage pour 2 voitures.
CHF 2’950’000.–
Champel
Appartement de standing caractérisé par des volumes généreux et complété par 32 m2 de balcons et un box.
CHF 3’990’000.–
Le Petit-Saconnex
En excellent état d’entretien, appartement de 9 pièces alliant confort, espace et luminosité. Un box inclus.
CHF 2’550’000.–
Le Grand-Saconnex
Situé au dernier étage, luxueux appartement de 7 pièces avec vue sur les Alpes. Un parking inclus.
CHF 3’450’000.–
Appartement contemporain avec terrasse en toiture de 88 m2 jouissant d’une vue sur le lac. Un parking inclus. Prix sur demande
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Un immeuble commercial de 2011 labellisé Minergie®
Un immeuble d’époque à usage commercial Surface brute totale d’environ 840 m2
CHF 4’600’000.–À vendre ensemble ou séparément
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Quand l’objectif est ambitieux, il faut être bien accompagné !
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2 locataires installés de très longue date
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Rendement brut : 4.93%
Ventes et Évaluations d’Immeubles
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Implantée en bordure de zone agricole, villa jumelée de 7 pièces répartie sur 4 niveaux.
CHF 4’800.– /mois + charges individuelles
Townhouse neuve de 6 pièces avec terrasse de 40 m2. Livraison prévue automne 2024.
CHF 9’000.– /mois + charges individuelles
Locations résidentielles Prestige
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Nichée dans un environnement calme et verdoyant, villa neuve de 6 pièces. Livraison prévue automne 2024.
CHF 9’400.– /mois + charges individuelles
Érigée sur une parcelle de 716 m2, spacieuse villa individuelle de 7 pièces répartie sur 3 niveaux.
CHF 9’900.–/mois + charges individuelles
Locations résidentielles Prestige
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locresid@spg.ch
Dans un quartier résidentiel et calme, appartement lumineux de 4 pièces rénové en 2023.
CHF 2’950.– /mois + charges
En parfait état d’entretien, sublime appartement de 5 pièces avec balcon.
CHF 4’000.– /mois + charges
Route de Chêne 36
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Locations résidentielles Prestige locresid@spg.ch
Bénéficiant d’une belle luminosité, charmant appartement de 4 pièces meublé.
CHF 4’200.– /mois + charges
Situé au rez-de-chaussée, appartement neuf de 5 pièces avec deux belles terrasses.
CHF 5’000.– /mois + charges
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Réparti sur 2 niveaux, somptueux appartement de 5.5 pièces avec spacieuses terrasses.
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En plein cœur du centre-ville, magnifique appartement de 6 pièces décoré avec goût.
CHF 6’800.– /mois + charges
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Locations résidentielles Prestige locresid@spg.ch
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Genève
Avenue d’Aïre 22-26
Avenue Wendt 20-22
Chemin des Crêts-de-Champel 11-15
Chemin du Briquet 18-20-22-24
Promenade de l’Europe 39-47-57-61
Route de Frontenex 41A-60A-60C-60D
Rue Chandieu 13
Rue Denis-de-Rougemont 18-20
Rue de Lyon 87
Rue du Tir 1-3
Rue Prévost-Martin 7
Rue Rothschild 35
Rue Soubeyran 3
Carouge
Chemin Charles-Poluzzi 33-39
Chêne-Bougeries
Chemin de la Fontaine 6-8
Chemin du Pont-de-Ville 24
Onex
Rue du Vieux-Moulin 1-7
Petit-Lancy
Chemin des Poteaux 3-7
Locations générales
Route de Chêne 36
Case postale 6255 1211 Genève 6 T. +41 (0)22 849 65 97 location@spg.ch
Thônex
Chemin du Foron 9-15
Vernier
Avenue de Châtelaine 95-95A-95B
Avenue du Lignon 6
Versoix
Avenue de Choiseul 5-5A-5B
Promenade de l’Europe 35
Belle surface atypique située à proximité immédiate du centre commercial Planète Charmilles.
CHF 168.–/m²/an
Route de Frontenex 41A
Magnifiques bureaux modernes situés en plein cœur du quartier prisé des Eaux-Vives.
CHF 500.–/m²/an
Route des Jeunes 43
Bénéficiant d’une belle hauteur sous plafond, magnifique surface industrielle sur 3 niveaux.
CHF 334.–/m²/an
Rue Jean-Pécolat 5
Sur la rive droite, en face de la place des Alpes, spacieuse arcade située au rez-de-chaussée.
CHF 500.–/m²/an
Locations commerciales
Route de Chêne 36
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T. +41 (0)22 849 65 96 locom@spg.ch
Boulevard Helvétique 36
Situés à deux pas de la rue du Rhône et de toutes les commodités, 2 bureaux lumineux et efficients.
CHF 540.–/m²/an
Centre commercial Planète Charmilles
Pour tout type d’activité commerciale, belles arcades situées dans le hall principal.
Loyers sur demande
Locations commerciales
Route de Chêne 36
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1211 Genève 6
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Rue Pierre-Fatio 15
Bien exceptionnel situé au sixième étage d’un immeuble dont la façade a été récemment rénovée.
CHF 621.–/m²/an
Rue Jean-Sénebier 20
Avec vue sur le parc des Bastions, 2 magnifiques surfaces divisibles par plateau de 460 m2.
Loyers sur demande
→ Bureau plug and play de 512 m2 au 1er étage
→ Plusieurs grands open spaces
→ 6 salles de conférences et grande boardroom
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Bâtiment de prestige situé au cœur des
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→ Bureaux aménagés de 686 m2 divisibles avec terrasse
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→ Monte-charges de 6 tonnes
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→ Surfaces mixtes aménagées de 1’591 m2 hors-sol
→ Dépôt de 1’000 m2 en sous-sol
→ Un monte-charge de 1.5 tonnes
→ Accès camion de plain-pied avec portes sectionnelles au rez et sous-sol
→ 79 places de parc
→ Situé à deux pas de la gare de Meyrin
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+41 22 363 60 96 - nyon@spgone.ch - spgone.ch
Genolier
Niché dans un cadre verdoyant et sécurisé, ce projet de construction allie la sérénité d’un environnement villageois au confort urbain. La villa de 320 m² habitables s’étendra sur une belle parcelle de 1’207 m² et disposera de quatre chambres, de vastes balcons et terrasses ainsi que d’un grand jardin.
Nestled in a green and secure setting, this construction project combines the serenity of a village environment with urban comfort. The 320 sq. m. villa will be built on an attractive 1,207 sq. m. plot, and will feature four bedrooms, spacious balconies and terraces and a large garden.
Prix sur demande - Price upon request
Entièrement rénové, ce somptueux manoir de plus de 500 m² se compose d’une maison principale, d’une habitation pour les invités ainsi que d’un espace viticole.
Completely renovated, this lavish manor house of over 500 sq. m. comprises a main house, guest accommodation as well as a vineyard.
CHF 6’900’000.–
Féchy
Construite dans les années 70, cette sublime villa de 5 pièces offre de généreux volumes, tout en gardant une élégance sobre et raffinée avec ses matériaux nobles tels que le bois et la pierre.
Built in the 70’s, this sublime 5-room villa offers generous living space while retaining a refined, understated elegance thanks to the use of noble materials such as wood and stone.
Prix sur demande
Price upon request
Charmante maison villageoise de 8.5 pièces avec spacieux jardin et terrasse couverte.
CHF 2’750’000.–
Agréable maison de 7 pièces offrant un jardin d’exception ainsi qu’une vue dégagée sur le lac et les Alpes.
CHF 3’250’000.–
Ventes
Avenue Alfred-Cortot 7
Case postale 1360
CH – 1260 Nyon
T +41 (0)22 363 60 98
vente-vd@spg.ch
Idéal pour investisseurs, charmant studio avec bail en cours. Une place de parc extérieure en sus.
CHF 225’000.–
Situé au premier étage d’une élégante résidence, appartement traversant de 4.5 pièces avec balcon.
CHF 1’100’000.–
Ventes
Avenue Alfred-Cortot 7
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CH – 1260 Nyon
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Construit en 2016, appartement lumineux de 4.5 pièces avec balcon. Une place de parc intérieure en sus.
CHF 1’200’000.–
En parfait état d’entretien, sublime appartement en pignon de 4.5 pièces avec vue dégagée sur le lac et les Alpes.
CHF 2’790’000.–
Ventes
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Appartements de 3.5 à 4.5 pièces
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Rénovation exclusive de la bâtisse historique du Moulin de la Corraye
Dès CHF 890’000.–Livraison prévue fin 2025
Situé au dernier étage, attique neuf de 3.5 pièces offrant de beaux volumes. Une place de parc intérieure en sus.
CHF 845’000.–
Avec une vue dégagée sur le lac, magnifique appartement de 3.5 pièces. Une place de parc intérieure en sus.
CHF 1’100’000.–
Ventes
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Magnifique appartement de 3.5 pièces rénové en 2020. Un box et une place de parc extérieure en sus.
CHF 1’410’000.–
Duplex d’exception de 6.5 pièces avec vue panoramique sur le lac. Trois places de parc extérieures en sus.
CHF 3’350’000.–
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Située au cœur du village, maison jumelée de 6 pièces avec une agréable terrasse prolongée d’un jardin.
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Avec un accès direct au lac, somptueuse demeure de caractère avec ponton privé et dépendance. CHF 12’500.– /mois + charges individuelles
Érigée sur un terrain d’environ 12’730 m2, luxueuse propriété avec piscine intérieure et vue sur le lac et les montagnes. Loyer sur demande
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Situé au cœur du village, appartement cosy de 5.5 pièces avec terrasse.
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Genève : Chemin du Moulin-des-Frères 4 1214 Vernier
tél : 022 795 05 05
Vaud : Avenue de Longemalle 17 1020 Renens
tél : 021 635 92 71
Il s’agit de l’un des plus grands châteaux tchèques privés disposant d’un magnifique terrain de 19 hectares. Avec ses nombreuses tours, ailes et fenêtres, le château de près de 12’000 m² est l’endroit idéal pour célébrer des mariages, assister à des conférences ou organiser divers événements.
It is one of the largest privately owned Czech castles with a gorgeous grounds totaling 19 hectares of land. With its many towers, wings and windows, the castle of almost 12,000 sq. m. is the perfect place to celebrate weddings, to attend conferences or to organize various events.
200’000’000 CZK
llawarra House est une magnifique résidence de bord de mer comprenant sept belles chambres et sept salles de bains. Cette propriété unique de 11’625 m 2 intègre harmonieusement une maison principale, un logement pour les invités, un garage pour trois voitures ainsi que de vastes espaces de vie extérieurs et une luxueuse piscine.
Illawarra House is a magnificent seaside residence with seven beautiful bedrooms and seven bathrooms. This unique 11,625 sq. m. property seamlessly integrates a main house, guest accommodation, a three-car garage as well as spacious outdoor living areas and a luxurious swimming pool.
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