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L e m a g a z i n e o n l i n e p a n o r a m a d e l ’ i m m o b i l i e r

Si vous souhaitez recevoir le dossier complet contactez-nous : redaction@immorama.ch


N e vo pa me ie s s je pu ur te bl la z iq ue  !

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BioAlps

L’excellence de la recherche Dr Benoît Dubuis Président de l’association BioAlps et directeur d’Eclosion Par Isabel Garcia-Gill

« Notre région possède un savoir-faire unique, BioAlps contribue à le faire savoir. »

Pour en savoir plus : www.bioalps.org

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BioAlps est la plateforme des sciences de la vie de Suisse occidentale. Créée en 2003, elle est aujourd’hui soutenue par les dix-neuf Universités et Hautes Ecoles régionales, par les sept cantons romands et par le Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO). BioAlps collabore étroitement avec la SwissBiotech Association et Medtech Switzerland au niveau helvétique ainsi qu’avec des homologues européens situés dans les régions Rhône-Alpes, du Piémont, de Lombardie, du Tyrol et de Bavière. – Comment BioAlps contribue-t-elle à l’innovation dans notre région ? – BioAlps, c’est 750 entreprises qui emploient près de 20 000 personnes, une vingtaine d’Universités, Hautes Ecoles et hôpitaux au sein desquels œuvrent près de 5000 chercheurs, de nombreux organismes de soutien à l’innovation dont des parcs scientifiques et des incubateurs de sociétés start-up, des fonds de capital d’amorçage, etc. Notre région est avant tout un pôle d’excellence attirant de nombreux scientifiques de renom. L’association BioAlps est au service de toute cette communauté. Elle contribue au renforcement des liens entre ces différents acteurs et soutient la croissance du secteur des sciences de la vie. Notre région possède un savoir-faire unique, BioAlps contribue à le faire savoir. – Peut-on parler de la Suisse occidentale comme d’une « Health Valley » (par analogie avec la Silicon Valley) ? Notre région est-elle connue pour cela dans le reste du monde ? – Tout à fait. Les ingrédients qui font la force de l’identité de notre « Health Valley » sont nombreux. Ceux-ci incluent la qualité de l’éducation, la densité et la compétence des centres de recherche, l’ouverture internationale, la qualité et la diversité de la main-d’œuvre, le soutien à l’innovation et à la valorisation ainsi que la présence de grands groupes industriels et d’un important tissu de petites et moyennes entreprises. Pour les centres de recherche, l’excellence se lit dans le nombre de publications scientifiques par rapport à la densité de la population. Dans ce domaine, notre région se place au troisième rang en Europe, derrière Cambridge et Oxford. Pour ce qui est de la vigueur industrielle, le BAK (un institut indépendant bâlois d’études économiques) a démontré que notre région était celle qui connaissait la croissance la plus forte au monde, dans ce secteur. – BioAlps contribue-t-elle à attirer ce type d’expertise pour stimuler les synergies dans notre région ? Combien de nouvelles sociétés ont été enregistrées dans ce domaine en vos dix ans d’existence ? – Aujourd’hui, la région BioAlps s’est affirmée comme un acteur incontournable dans le monde industriel des sciences de la vie. De nombreuses entreprises actives dans les domaines medtech et biotech s’y sont établies, à l’image notamment de Baxter, Beckman & Coulter, Celgene, Debiopharm, Edwards, Ferring, Johnson & Johnson, Merck Serono, Medtronic, Shire, Stryker, UCB Farchim. Mieux, c’est tout un réseau de sous-traitance à haute valeur ajoutée qui s’est développé dans la région, complété par des spécialistes en propriété intellectuelle et affaires réglementaires qui renforcent la communauté BioAlps. – Les sciences de la vie sont-elles suffisamment ancrées dans notre tissu académique ? Quel est le niveau de formation de la main-d’œuvre de ce secteur dans notre région ? – Les sciences de la vie constituent un domaine phare de nos Universités, Hautes Ecoles spécialisées et hôpitaux. Quelques exemples illustrent la formidable dynamique interdisciplinaire de notre région : le CIBM, Centre d’Imagerie BioMédicale, un programme dans lequel centres de recherche et établissements hospitaliers ont joint leurs forces pour offrir à la communauté scientifique des plateformes d’imagerie de pointe ; le CIG (Centre Intégratif de Génomique), l’EPGL (Ecole de Pharmacie Genève-Lausanne) toujours dans une dynamique régionale ; la Faculté des sciences de la vie à l’EPFL qui rassemble près de 700 8


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personnes ; et de nombreux projets en cours dont l’agrandissement du Centre Médical Universitaire à Genève et le centre de recherche translationnelle AGORA à Lausanne. Au-delà de l’accès à ces infrastructures, la qualité de l’enseignement bénéficie directement de l’excellence de la recherche et répond aux nouveaux besoins générés par une biologie et une médecine toujours plus « technicisées » et interdisciplinaires. On peut donc dire que la main-d’œuvre issue de nos Hautes Ecoles bénéficie d’une formation en parfaite adéquation avec les attentes du marché. – Quel rôle les start-up jouent-elles dans ce paysage ? – Plus aucune région au monde ne peut s’offrir le luxe de financer la recherche avec l’argent des contribuables sans en utiliser ensuite le potentiel économique. Actuellement, les technologies évoluent si vite qu’on ne peut plus compter sur les seules grandes sociétés pour en assurer la transmission ; aucune d’entre elles ne peut rassembler tous les cerveaux, toutes les compétences de pointe nécessaires. Nous encourageons donc le développement de start-up capables de convertir l’innovation en des produits et qui, par leur dynamisme, créent de la valeur ajoutée sur le plan économique et des emplois nouveaux.  8

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SIGG

Toujours tendance Günther Schoberth-Schwingenstein SIGG, Responsable marketing Par Christine Esseiva

« C’est comme le yin et le yang. Sans l’innovation, il n’y aurait pas de tradition, et sans tradition nous ne serions pas capables d’innover. »

Pour en savoir plus : www.sigg.com

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– Fabriquées par SIGG depuis plus de cent ans à Frauenfeld, les bouteilles en métal ont acquis une réputation mondiale. Est-il toujours utile d’innover lorsqu’on a fondé sa réussite sur une marque traditionnelle ? – Certainement ! Nous sommes une entreprise traditionnelle, mais qui est également orientée vers l’écologie et l’innovation. L’innovation et la tradition ne sont pas incompatibles. C’est comme le yin et le yang. Sans l’innovation, il n’y aurait pas de tradition, et sans tradition nous ne serions pas capables d’innover. – Comment faites-vous coexister tradition et innovation ? – La tradition est l’une de nos valeurs essentielles, c’est une valeur fondatrice. Et toutes nos mesures sont prises conformément à cette idée. Mais nous avons également dû innover pour améliorer la fonctionnalité, le design de nos bouteilles. Nous sommes en outre très sensibles à l’environnement, l’écologie est prise en compte dans nos recherches. Notre force est ce mélange de tradition et d’innovation. Si nous n’avions que l’original « pot de chambre bouteille » qui existait au début de SIGG, personne n’aurait continué à en acheter. – Sur quoi repose l’innovation chez SIGG ? – Les employés constituent l’actif le plus important de la société. Et la voix du client est déterminante également. Il a besoin qu’on lui accorde de l’attention et surtout que l’on réponde à ses attentes et à ses nouvelles manières de vivre. – Quels sont les freins à ce renouvellement ? – Il y a plusieurs facteurs sur lesquels nous n’avons aucune influence : un franc suisse fort, par exemple, et une économie mondiale balbutiante. Vous savez, une bouteille SIGG a de la valeur comparée à une copie bon marché importée d’Extrême-Orient. Elle représente un investissement en temps, en créativité et en ressources humaines car toutes nos bouteilles sont développées, conçues et produites en Suisse. Il ne faut pas l’oublier.  8


z te je la e ! e m ur qu e as s bli N p pu ie vo – EMMI est une entreprise traditionnelle suisse. Comment faites-vous coexister la tradition et l’innovation ? – La société EMMI est issue de l’entreprise Zentralschweizerischer Milchverband Luzern (MVL) ; elle a commercialisé ses premiers produits sous la marque EMMI après la Seconde Guerre mondiale, principalement des fromages à pâte molle et des yaourts. De nombreux produits de différentes catégories ont bâti le succès de l’entreprise : citons les fromages AOC affinés en grottes à Kaltbach ou encore les emblématiques yaourts TONI en pots de verre vendus dans une trentaine de variantes. Aujourd’hui, les produits fromagers vendus sous la marque EMMI ne représentent plus qu’un tiers du chiffre d’affaires. Pour perdurer, nous avons dû développer d’autres articles, élargir notre gamme. Nous diversifier en somme. Pour certains produits fromagers, nous avons axé notre production sur un retour à la tradition. Nos fromages affinés en grottes à Kaltbach par exemple sont le résultat d’un produit traditionnel (fromage AOC) développé en un concept novateur. Un autre domaine substantiel pour EMMI : les produits frais, comme les yaourts et les boissons lactées (p. ex. Energy Milk ou Caffè Latte) qui sont des produits « lifestyle » plutôt que des produits suisses de tradition. Là encore, nous nous sommes adaptés aux comportements des consommateurs. – Quelle place a l’innovation au sein de votre entreprise ? – L’innovation chez EMMI est essentielle pour sa survie. Elle est indispensable aussi tout au long de la chaîne de production, au niveau des techniques de production, de l’emballage. Les avancées opérées dans ces domaines nous permettent de produire à coûts plus bas, et souvent de manière plus écologique ou plus rapide. – Quelle est la place de l’écologie justement dans votre démarche ? – Elle est très importante parce que la fabrication de produits laitiers est particulièrement énergivore : nous devons faire des efforts continuels pour économiser de l’énergie et diminuer les émissions polluantes. Par exemple : la chaleur résultant de la production est récupérée pour tempérer de l’eau ; de l’eau froide usée est récupérée pour les réfrigérateurs. Même le marc de café, résultant de la production d’EMMI Caffè Latte à Ostermundigen, est récupéré à des fins énergétiques. – Quel futur envisagez-vous pour l’entreprise ? – Nous souhaitons être plus présents à l’étranger car actuellement nous nous présentons sur ces marchés avec un choix restreint de produits. Ce qui se trouve en Suisse aujourd’hui dans un frigo pourra constituer une innovation dans d’autres pays demain. Prenons par exemple EMMI Caffè Latte, lancé en Suisse en 2004, et devenu en 2011 la boisson tendance en Espagne. Il y a du potentiel à l’étranger.  8

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EMMI

Vers d’autres horizons Sibylle Umiker EMMI Schweiz AG

Par Christine Esseiva

« Les avancées nous permettent de produire à coûts plus bas, de manière plus écologique ou plus rapide. »

Pour en savoir plus : http://ch.emmi.com

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Swiss Wine Promotion

Renaissance des cépages Jacques-Alphonse Orsat Président de Swiss Wine Promotion

Par Christine Esseiva

« Nous nous sommes appuyés d’une part sur la tradition, et d’autre part sur le courage et l’imagination des vignerons. »

– Depuis quelques années, le vin suisse profite d’une meilleure image auprès du public helvétique. Quel a été le rôle de l’association Swiss Wine Promotion ? – Cette association, dont les efforts de promotion sont soutenus par la Confédération, regroupe six régions viticoles : Genève, Vaud, Valais, Neuchâtel, la Suisse alémanique et le Tessin. Pour rehausser l’image du vin suisse sur le marché intérieur et être compétitifs et plus présents sur un marché très concurrentiel, nous avons dû tout mettre en œuvre pour améliorer la qualité du vin. Nous nous sommes appuyés d’une part sur la tradition, et d’autre part sur le courage et l’imagination des vignerons. Résultat, la qualité a bien évolué depuis ces trente dernières années et pour s’en convaincre nous développons justement une campagne d’affichage et média sur le thème du savoir-faire suisse. – Sur quoi repose cette mutation ? – Nous avons tout d’abord renforcé la formation des jeunes. Notez qu’il existe aujourd’hui deux écoles en viticulture, œnologie et arboriculture en Suisse ; l’une se situe à Zurich et l’autre à Changins. L’autre axe est la diversification de la production. Nous développons de nouveaux cépages ou revenons à des cépages autochtones anciens pour exploiter tout leur potentiel et les faire découvrir. Les régions sont complémentaires tout en ayant chacune leur caractère propre. Chacune a cultivé sa différence. Nous nous sommes également adaptés à la clientèle en modifiant notre production et en mettant à sa disposition des vins plus pointus. – Que représente aujourd’hui la production de vin en Suisse ? – La consommation totale de vin en Suisse représente près de 280 millions de litres par année. Et entre 110 et 115 millions de litres sont produits en Suisse et réservés au marché intérieur et à l’exportation. C’est grâce à des méthodes de production traditionnelles, en développant d’anciens cépages et en nous adaptant que nous avons au final réussi à exister et à retrouver nos lettres de noblesse.  La surface viticole de la Suisse compte quelque 15 000 hectares (ha), répartis sur tout son territoire, mais pour les trois quarts en Suisse romande. Les cantons viticoles les plus importants sont : Valais

5 136 ha

Vaud

3 851 ha

Genève

1 288 ha

Tessin

1 036 ha

Suisse alémanique dont Zurich

2 700 ha

Neuchâtel

600 ha (avec la région des Trois-Lacs = 937 ha)

Pour en savoir plus : www.swisswine.ch

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z te je la e ! e m ur qu e as s bli N p pu ie vo – Comment Victorinox gère-t-elle l’innovation ? – Nous utilisons trois voies pour récolter les idées et les transformer en éventuels nouveaux produits. Il y a nos collaborateurs qui donnent leurs idées lors des séances de brainstorming. Nous analysons les idées sur le plan technique, pour voir si elles apportent un plus au client. Il y a nos clients qui utilisent nos produits et qui nous donnent leurs commentaires ou demandent d’ajouter ceci ou cela. Il y a enfin les PME avec lesquelles nous collaborons et qui ont une excellente connaissance des techniques que nous ne maîtrisons pas, comme les mini-écrans LED, les altimètres, les thermomètres, le timer, l’alarme-réveil, etc. – Avez-vous un département de recherche ? – Nos innovateurs travaillent au marketing, à la vente et au département Recherche et Développement (il compte 40 personnes). Il faut savoir que nous fabriquons nous-mêmes les machines que nous utilisons dans nos ateliers de fabrication ! Plus de 30 % de nos machines ont été fabriquées par notre département Mécanique. – Associez-vous vos clients à l’amélioration de vos produits ? – Nos clients testent tous nos produits, qu’ils utilisent dans leurs expéditions et campements. Nous analysons ensuite leurs commentaires. Les magazines spécialisés testent aussi nos produits. Nous sommes en contact permanent avec nos revendeurs à l’étranger, qui nous donnent beaucoup d’informations. – Utilisez-vous aussi les réseaux sociaux ? – Oui, nous suivons régulièrement Facebook et Twitter. Nos collaborateurs lisent les questions posées sur ces sites sociaux, et quand ils le jugent utile, ils publient leurs réponses sur ces mêmes sites, et donnent ainsi une réponse « officielle » de Victorinox. Bien sûr, nos revendeurs utilisent aussi Internet pour vendre directement à nos clients dans leur pays respectif. – Quelles sont vos dernières innovations ? – Avec l’avènement de la micro-informatique et des mini-mémoires, nous avons intégré par exemple une clé USB dans certains produits. Nous lancerons bientôt aux USA une clé USB avec un téraoctet de mémoire ! Nous ne fabriquons pas nous-mêmes ces composants électroniques, nous les achetons à des fabricants spécialisés. Un autre nouveau produit est le Rescue Tool, un couteau multiusages. Il intéresse aussi les services d’intervention sanitaire, car il permet de casser la vitre d’une voiture accidentée ainsi que la vitre avant. – Disposez-vous d’un réseau de vente ? – Pour la Suisse, l’Allemagne et l’Autriche, nous n’avons pas de distributeur national. Les 2000 magasins revendeurs sont approvisionnés d’Ibach et du centre de stock en Allemagne. Un autre créneau est celui de nos boutiques, à Genève, en Allemagne, au Japon et en Chine. Le client y trouve tous nos produits : couteaux, montres, bagages, vêtements et parfums. En Suisse, nous avons notamment dû faire face à la disparition des quincailleries et des coutelleries. – Vous vendez aussi des parfums : étonnant de la part de Victorinox ! – Dans les années 80, notre représentant aux USA nous a demandé de créer de nouveaux produits Victorinox. Après une intense recherche, nous avons décidé de lancer deux nouveaux produits pour compléter notre offre : les montres et les bagages. Car couteaux, montres (avec altimètre et thermomètre) et bagages forment un tout cohérent. Les parfums ? En rachetant Wenger SA à Delémont, nous avons hérité une ligne de parfums, qui se vendaient bien. Nous avons décidé de continuer leur vente. – Vous avez reçu le Swiss Award 2011 : félicitations ! – Victorinox a reçu le Prix Swiss Award 2011 dans la catégorie Economie. Sur les dix-huit participants, pour lesquels les spectateurs ont pu voter, Victorinox a terminé au troisième rang. Nous sommes très fiers des résultats obtenus : ils sont la preuve que nous sommes sur la bonne voie de l’innovation !  8

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Victorinox

Se diversifier pour exister Urs Wyss Responsable de la communication

Par Jean-Louis Emmenegger

« Victorinox a reçu le Prix Swiss Award 2011 dans la catégorie ‹ Economie ›. Nous sommes très fiers de ce résultat : c’est la preuve que la voie de l’innovation que nous avons choisie est la bonne ! »

Pour en savoir plus : www.victorinox.com

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Nidecker

A la conquête de l’Est Henri Nidecker Chief Executive Officer de Nidecker SA, Rolle Par Jean-Louis Emmenegger

« Il n’y a pas de freins à l’innovation ! Tout dépend du management. »

Pour en savoir plus : www.nidecker.com

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N e vo pa me ie s s je pu ur te bl la z iq ue  ! – Comment se prépare l’innovation dans votre entreprise ? – Nous ne faisons pas d’études de marché. Nous travaillons sur quatre axes principaux pour développer nos produits. Le premier est celui des sportifs de compétition qui utilisent nos snowboards. Nous tenons compte de leurs avis pour faire des modifications. Le deuxième axe est celui de nos magasins de sport « pilotes », qui récoltent le maximum d’infos des clients qui achètent nos produits. Ces magasins sont en Suisse, aux USA et dans les pays nordiques. – Quels sont vos deux autres axes ? – Notre unité de développement compte trois ingénieurs. Ils s’occupent des aspects techniques, des fixations et du design. Leur mission est de traiter les avis reçus et de proposer des améliorations. Le quatrième axe est notre collaboration avec les Hautes Ecoles, comme l’EPFL pour notre snowboard polyvalent en carbone ultra-léger, et l’Ecole suisse du bois à Bienne pour l’étude de certains bois. – Il s’agit donc davantage d’améliorations que de réelles innovations ? – Dans notre domaine, une innovation à 100 % est difficile. On est en effet davantage dans une amélioration qualitative de nos produits. Mais il peut y avoir des exceptions : ainsi, un inventeur canadien nous a proposé un nouveau système de fixation. Il a reçu un Award à la dernière Exposition internationale de Munich. Nous travaillons maintenant avec lui en partenariat. Nous pensons lancer cette innovation pour la saison d’hiver 2012-2013. – Quels sont vos principaux marchés ? – Les marchés étrangers devancent la Suisse, qui est au deuxième rang. Par le volume des ventes, les Etats-Unis sont en tête. C’est un très grand marché pour nous. – Les pays asiatiques sont-ils des marchés potentiels pour vous ? – Oui, et nous suivons très attentivement leur développement en matière de sports d’hiver. Si le Japon ne connaît plus le boom d’il y a une dizaine d’années, il y a maintenant la Chine, qui est un grand marché qui s’ouvre. Nous sommes encore au début de ce développement, mais il est prometteur. Car certains Chinois commencent à pouvoir se payer des vacances d’hiver ! – Votre production est-elle en Suisse ? – Seule une petite partie de nos snowboards est fabriquée en Suisse, le reste l’est dans nos usines en Tunisie et en Chine. Certaines spécialités sont produites en Suisse. De même, tout ce qui concerne la recherche et le développement est centralisé ici à Rolle. Ensuite, les modifications dans la chaîne de fabrication sont appliquées dans nos usines à l’étranger. – Pensez-vous élargir votre gamme de produits ? – En plus de nos snowboards et de nos skis de fond, nous produisons et vendons des fixations, des boots et des bagages (pour transporter les boots et les snowboards). C’est un nouveau créneau intéressant, que nous voulons développer. – Quels freins à l’innovation identifiez-vous ? – Il n’y a pas de freins à l’innovation ! Tout dépend du management. Par contre, le frein peut venir, par exemple, de la baisse des ventes, comme c’est le cas ces mois à cause du franc suisse. Cela a pour effet de ralentir le processus d’innovation. – Est-il facile de concilier tradition et innovation ? – Notre entreprise a 120 ans et nous en sommes fiers ! Nous fabriquons des skis depuis 1912, et nous n’avons jamais cessé de développer nos produits ou d’en lancer de nouveaux. Dans notre cas, l’innovation peut justement s’appuyer sur la tradition et la qualité reconnue de nos produits.  8


z te je la e ! e m ur qu e as s bli N p pu ie vo – Quelle importance attribuez-vous à l’innovation ? – Dans notre jeune société, le processus d’innovation est permanent, car nous sommes dans un domaine d’activité très concurrentiel. Nos concurrents ont de très bons produits, si bien que nous sommes obligés de nous démarquer par des articles à la fois originaux, innovants et de toute première qualité. D’une manière générale, nous essayons d’anticiper les tendances du marché. Pour nous, anticiper est essentiel, car si nous écoutons trop le marché, le danger est de le suivre. Analyser le marché, c’est tenir compte du passé. Bien sûr, nous regardons aussi les tendances issues des foires mondiales, mais nous évitons de trop nous aligner sur elles. Nous sommes dans des produits de niche, pour lesquels nous devons faire des choix « personnels ». – Pour innover, tenez-vous compte des avis de vos clients ? – Les magasins qui vendent nos produits nous donnent les commentaires des acheteurs. Nous pondérons ces informations en fonction des marchés. En réalité, nous nous appuyons davantage sur les tests sur le terrain (field tests), dans les conditions réelles. Si les propositions d’amélioration sont minimes, c’est que le produit est bon en soi. Mais il peut être remis en question pour la saison suivante. – Quels sont vos principaux marchés ? – Nos produits sont vendus dans les magasins de sport : c’est notre premier axe de ventes. A cela s’ajoute notre shop sur Internet. Nous voulons rester une « marque qui se démarque » ! Nos ventes se répartissent pour une moitié en Suisse et pour l’autre à l’étranger. S’agissant d’Internet, nous avons ouvert notre nouveau shop en ligne en novembre 2011. Les résultats sont encourageants : nous recevons des demandes de Hong Kong, du Brésil, etc. – Quelle est votre dernière innovation ? – Il s’agit de notre série de vestes de ski en laine swisswool/Gore-Tex. Nous avons réussi à créer une matière isolante qui est 100 % naturelle, grâce à la laine swisswool (laine suisse). Nos vestes sont doublées : à l’extérieur se trouve le Gore-Tex, qui a une fonction isolante, et à l’intérieur se trouve la laine. Pour nous, la laine est une matière naturelle magique ! Grâce à cette innovation, le confort est fortement accru. – Comment conciliez-vous tradition et innovation ? – Avec notre nouveau produit swisswool/Gore-Tex, nous renouons avec la matière première de nos ancêtres : la laine. Nous rappelons volontiers que Sir Edmund Hillary, lorsqu’il a conquis l’Everest, portait des habits en laine ! Les matières synthétiques n’existaient pas encore. La qualité de la laine a fait qu’il a supporté des températures extrêmes de froid. Pour nous, c’est un beau retour aux sources ! – Quels freins à l’innovation ressentez-vous ? – C’est surtout le cours du franc suisse : son taux surévalué a fait baisser notre chiffre d’affaires en 2011. En raison de notre nouvel axe de vente via le shop sur internet, nous avons dû adapter nos prix pour que la valeur soit la même partout dans le monde. 

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Mover Sportswear Tout pour l’innovation Nicolas Rochat Chief Executive Officer

Par Jean-Louis Emmenegger

« Analyser le marché, c’est tenir compte du passé. »

25 000 tonnes de laine de mouton alpin blanc ont été récoltées sur les alpages du Valais. Cette laine garnira une partie des vêtements de la collection d’hiver 2012/13.

Pour en savoir plus : http://mover.eu

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