Dossier candidature label

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ILE DE

CANDIDATE AU LABEL

PAYS D’ART ET D’HISTOIRE

Ré ENTRE TERRE ET MER



ILE DE

CANDIDATE AU LABEL

PAYS D’ART ET D’HISTOIRE

ÉDITO

« Les îles sont de petits continents en abrégé ». Ecrivain des Lumières, Bernardin de Saint-Pierre a su concentrer en cette simple formule l’originalité essentielle des territoires insulaires. Ces bouts du monde, souvent convoités, parfois délaissés, ont toujours exprimé une personnalité puissante et mystérieuse, lieux fascinants vers lesquels ont longtemps convergé – et convergent encore – les rêves et les espérances de chacun . L’Ile de Ré, touche de vert déposée sur le bleu atlantique, reflète tout particulièrement cette insularité si difficile à théoriser, et pourtant si évidente. Son identité résolument à part trouve ses racines dans une trajectoire historique et humaine qui repose sur le vécu d’un équilibre permanent entre terre et mer, enracinement et évasion, attachement aux paysages d’ici et regard vers le grand large. Sur ce « petit continent » s’exprime une richesse humaine, naturelle et culturelle d’une rare valeur. A commencer par les dix communes qui la composent qui, chacune en conservant son originalité propre, contribuent à faire vivre notre mémoire et notre culture insulaires, à cultiver un sentiment d’appartenance que toutes et tous, Rétais de souche ou d’adoption, partageons comme une évidence. C’est aussi – et surtout – cette solidarité qui fonde la profonde cohérence territoriale de l’Ile de Ré. Ce territoire uni et unique tourne aujourd’hui son regard vers l’avenir. Le souvenir récent de la tempête dévastatrice de 2010, malheureusement encore trop présent dans les esprits, a fait place au désir de reconstruire et d’avancer ensemble. Les élus communautaires, dans une période faste de planification territoriale, ont souhaité accorder aux patrimoines rétais toute la place qui leur revient dans un projet consensuel et ambitieux de connaissance, de protection et de valorisation des patrimoines, de l’architecture et du cadre de vie insulaires. Une profonde cohérence territoriale, une identité insulaire vivante et évidente, une volonté politique partagée par tous les acteurs de son territoire : telles sont les fondations solides sur lesquelles la Communauté de Communes de l’Ile de Ré a décidé de construire sa candidature au label Pays d’art et d’histoire. Le Président de la Communauté de Communes de l’Ile de Ré Lionel QUILLET



PAYS D’ART ET D’HISTOIRE

ILE DE

CANDIDATE AU LABEL

Fiche d’identité

Cartographie générale Organisation administrative Géographie Démographie Économie et tourisme ENSEIGNEMENT


Population(1) 18 000 résidents permanents Population estivale estimée : entre 120 000 et 150 000 personnes Pyramides des âges(2) Moins de 30 ans : 22 % De 30 à 60 ans : 43 % 60 et plus : 35 %

665 hab. Les Portesen-Ré

Parc de logements 7 700 résidences permanentes 13 300 résidences secondaires

Equipements sportifs 1 piscine couverte intercommunale 1 stade 3 salles omnisports 1 skatepark 1 golf 9 trous (1 golf 18 trous à l’étude)

Santé Un hôpital 3 EHPAD (Etablissements d’hébergement pour les personnes âgées dépendantes) 27 médecins 20 infirmières libérales

Saint-Clémentdes-Baleines 736 hab.

Patrimoine 19 monuments protégés au titre des Monuments Historiques 5 espaces protégés : 3 ZPPAUP et 2 AVAP à l’étude 15 ZNIEFF L’ensemble de l’île en site classé ou inscrit Une réserve naturelle

Ars-en-Ré 1 347 hab.

Transports Aéroport La Rochelle-Ile de Ré Gare TGV de La Rochelle 1 ligne de bus régulière avec la gare de La Rochelle 1 navette Activ’bus pour les salariés 100 km de pistes cyclables Des navettes électriques en saison estivale

Equipements culturels 1 salle de spectacle 1 salle de cinéma et un projet de deuxième salle 1 médiathèque 9 bibliothèques et un réseau associatif "Bibliothèques pour tous" 1 musée et 5 sites d’interprétation thématiques 1 école de musique

Superficie : 8 532 hectares

Enseignement 8 écoles maternelles 9 écoles primaires 1 collège

Hébergement touristique 51 campings (198 ha) 38 hôtels (2 067 lits) 6 villages de vacances (2 318 lits)

Sources : (1) (2)

INSEE, population légale pour 2011 INSEE, 2007


cartographie générale

740 hab. Loix

2 617 hab. Saint-Martinde-Ré 3 009 hab. La Flotte La Couardesur-Mer 1 274 hab.

2 328 hab. RivedouxPlage

Le Bois-Plageen-Ré 2 303 hab.

Sainte-Mariede-Ré 3 197 hab.


Organisation ADMINISTRATIVE Située dans le département de la Charente-Maritime en région Poitou-Charentes, l’Ile de Ré comprend dix communes réparties sur deux cantons. Le canton nord regroupe les communes d’Ars-en-Ré, de Loix, des Portesen-Ré, de Saint-Clément-des-Baleines et de la Couarde-sur-Mer. Le canton sud accueille les communes du Bois-Plage-en-Ré, de La Flotte, de Rivedoux-Plage, de Saint-Martin-de-Ré et de Sainte-Marie-de-Ré. Dès 1963, les municipalités de l’île prennent conscience de l’intérêt d’une gestion commune de certaines compétences. Un Syndicat intercommunal pour l’aménagement et l’équipement général est d’abord créé, avant de se transformer en 1977 en Syndicat intercommunal à vocation multiple. Avec les lois de décentralisation et l’apparition de nouveaux enjeux pour les communes et territoires décentralisés, les dix communes du territoire décident de se regrouper au sein d’une Communauté de Communes en 1993. Cet établissement public de coopération intercommunale a aujourd’hui en charge des compétences aussi variées que l’aménagement de l’espace, le développement économique, la protection et la mise en valeur de l’environnement, la politique du logement et du cadre de vie, la construction, l’entretien et le fonctionnement d’équipements culturels et sportifs, les actions

en faveur des secteurs sportif et social, la petite enfance, et l’aménagement des pistes cyclables. C’est plus particulièrement dans le cadre de ses compétences liées à l’aménagement de l’espace et au développement de l’espace culturel communautaire que s’inscrit la démarche de candidature au label Pays d’art et d’histoire. Depuis 2009, la Communauté de Communes prépare l’avenir de l’île à travers la mise en œuvre de plusieurs documents de programmation. Un Schéma de cohérence territoriale (SCoT), un Plan global de déplacement (PGD), un Schéma de développement touristique (SDT) et bien d’autres démarches sont en cours d’élaboration et entreront en vigueur dès 2012. C’est pour compléter ce dispositif de planification qu’en 2009, les élus communautaires décident d’engager une démarche de candidature au label Pays d’art et d’histoire. Ce dispositif s’est imposé comme le prolongement naturel d’une politique patrimoniale initiée à Saint-Martin-de-Ré en 2008 avec l’inscription des fortifications Vauban sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. À l’initiative de ce projet de labellisation, la Communauté de Communes en assure le portage dans l’objectif affirmé de doter l’Ile de Ré d’un projet architectural, urbain, patrimonial et environnemental ambitieux.

Le pont de l’Ile de Ré


Géographie Située au milieu de la façade atlantique, à trois kilomètres de La Rochelle et à égale distance de Nantes et de Bordeaux, l’Ile de Ré est séparée de la côte vendéenne par le pertuis Breton au nord et de l’Ile d’Oléron par le pertuis d’Antioche au sud. Orienté ouest-nord-ouest, ce territoire insulaire s’étire sur 32 kilomètres, avec cinq kilomètres en son point le plus large, et représente une surface totale de 85,3 km². Son altitude moyenne s’élève à cinq mètres et son point culminant atteint 19 mètres, laissant 20% des terres rétaises audessous du niveau de la mer. Les courants chauds issus du Gulf Stream confèrent à Ré un climat doux et sec, quasi méditerranéen, marqué par un fort ensoleillement et de faibles précipitations. Reliée au continent depuis 1988 par un pont à péage long de trois kilomètres, l’Ile de Ré est facilement accessible à l’échelle locale, régionale, nationale et européenne. Le TGV place La Rochelle à trois heures de Paris et l’aéroport de La Rochelle-Ile de Ré, qui dessert Paris et Lyon, permet de rallier en quelques heures l’Angleterre, l’Irlande, l’Ecosse, la Belgique, la Norvège ou le Portugal.


Planches amulettes, silex et bijoux. Dessins à l’encre et aquarelle d’Emile Atgier Fin XIXe, début XXe siècle, Collection Musée Ernest Cognacq, ville de Saint-Martin-de-Ré

dÉmographie De la Préhistoire à nos jours, l’Ile de Ré a vu sa population se développer au rythme irrégulier des hausses et récessions démographiques successives. Sur la base des fouilles archéologiques menées sur le territoire insulaire, l’étude du peuplement révèle une évolution permanente de la présence humaine. Si l’occupation reste hypothétique au Paléolithique, elle est avérée au Néolithique par la découverte de nombreux tessons et outils en divers endroits de l’île. Ré semble se dépeupler à l’Age du Bronze (1500-750 avant J-C), période de grand changement climatique. Les quelques vestiges datant de cette époque témoignent d’une fréquentation limitée dans le temps : l’île aurait alors été une terre de passage sur la route atlantique. La découverte de certains vestiges aux XIXe et XXe siècles, atteste d’une présence humaine certaine à l’époque gallo-

romaine. A l’inverse, les connaissances sur le haut Moyen-Age (Ve-Xe siècle) demeurent très modestes et pourraient confirmer un dépeuplement, probablement lié aux invasions normandes. C’est à partir du XIe siècle que la population insulaire augmente de manière significative, notamment dès le XIIe siècle grâce à l’implantation de moines cisterciens, fondateurs de l’abbaye des Châteliers, dont la construction et le développement entraînent l’installation d’une population permanente conséquente. Le peuplement se stabilise progressivement autour de 15 000 habitants pour atteindre son apogée au cours du XVIIIe siècle avec près de 18 000 habitants, l’équivalent de la population actuelle. La population reste très importante jusqu’au milieu du XIXe siècle puis décline progressivement jusqu’en 1946, année où elle ne dépasse pas les 8 000 habitants. Les crises salicole et viticole ainsi que les deux guerres mondiales expliquent le


l’Évolution de la population permanente

LES DIFFÉRENTES TRANCHES D’ÂGES AU SEIN DE LA POPULATION

20 000 18 000

%

16 000

24

14 000

20

12 000 10 000

16

8 000

12

6 000

8

4 000

4

2 000 0

2006

1968

1975

1982

1990

1999

2006

2011

Source : INSEE

phénomène d’exode qui affecte Ré à cette époque. C’est à partir des années 1950 et grâce au développement de l’activité touristique que la démographie de l’île connaît un nouveau sursaut, confirmé par des hausses de population régulières jusqu’à aujourd’hui. Elle atteint les 18 000 habitants lors du dernier recensement et les objectifs de peuplement à l’horizon 2020 sont fixés aux alentours de 20 000 habitants permanents. L’étude des données démographiques de l’île permet de distinguer des dynamiques différentes entre canton nord et canton sud. A titre d’exemple, entre 1990 et 2006, alors que l’on compte 18 % d’augmentation pour la population du canton nord, le canton sud connaît une croissance de 34 %. Ce dernier, plus proche du pont et du continent, est à la fois plus peuplé et plus densément peuplé que le précédent, marqué par son éloignement et un phénomène d’urbanisation moins prononcé.

0

0-14 ans

15-29 ans 30-44 ans 45-59 ans 60-74 ans 75 ans ou +

Sources : INSEE et RP2006 exploitations principales

La démographie actuelle est également marquée par un indice de jeunesse faible (population de moins de 20 ans / population de plus de 60 ans) : 0,62 contre 0,80 pour le département de la Charente-Maritime. Aujourd’hui, plus de 33 % de la population rétaise a plus de 60 ans. Ce phénomène de vieillissement de la population est plus marqué dans la partie nord de l’île. Outre les 18 000 habitants permanents recensés, l’Ile de Ré compte un grand nombre de résidents secondaires. Sur les 21 000 logements disponibles sur l’île, 13 300 sont occupés par des résidents secondaires. A ces deux catégories de population, s’ajoute la clientèle touristique estivale que l’on estime entre 120 000 et 150 000 personnes.


STRUCTURE DE L’ÉCONOMIE SELON LES CATÉGORIES D’ÉTABLISSEMENTS

Part des PRINCIPALES CSP DE LA POPULATION RéTAISE Autres personnes sans activité professionnelle Retraités

SPHÈRE PRODUCTIVE

Ouvriers

23%

Employés Professions intermédiaires

FONCTION PUBLIQUE

ÉCONOMIE PRÉSENTIELLE

4%

73%

Cadres et professions intellectuelles supérieures Artisans, commerçants, chefs d’entreprise Agriculteurs exploitants 0

Source : INSEE 2009

5

10

15

20

25

30

35

40 %

Source : INSEE 2009

économie ET tourisme L’économie rétaise est aujourd’hui largement dominée par l’activité touristique et les secteurs qui lui sont associés. On observe cependant le maintien d’activités traditionnelles (agriculture, ostréiculture, saliculture), survivance du passé historique de l’île.

L’agriculture Au cours de l’histoire, la surface cultivée de l’île a parfois dépassé les 4 000 hectares. Aujourd’hui, la surface agricole utilisée (SAU) représente un peu plus de 1 500 hectares, et les agriculteurs seulement 2 % de la population active. La majorité de la SAU est consacrée au vignoble (production de pineau et de Cognac) et à la culture de la pomme de terre

Ile de Ré, tandis qu’une dizaine d’exploitations maraîchères et quelques zones consacrées à l’élevage complètent le paysage agricole de l’île. Davantage qu’un simple système de production, l’agriculture rétaise représente aujourd’hui un outil de valorisation majeur pour le territoire. Le maintien d’espaces cultivés, en limitant les friches souvent synonymes de boisement spontané et anarchique, contribue largement à la conservation des paysages. Les productions locales reflètent par ailleurs une réalité de la vie insulaire et participent d’une image qualitative du territoire. L’agriculture est ainsi étroitement liée à l’activité touristique, les producteurs se voyant offrir dans les marchés saisonniers et la vente directe auprès des visiteurs, de nouveaux circuits de distribution.


Vignes devant l’abbaye des Châteliers, La Flotte

Marché, Sainte-Marie-de-Ré



Ils ont

fait l’ Les espaces agricoles de l’Ile de Ré

Les espaces agricoles de l’ile de ré

Jean du Caylar de Saint-Bonnet, dit TOIRAS

Gouverneur de l’Ile de Ré et Maréchal de France (Saint-Jean-du-Gard, 1585 - Fontaneto d’Agnogna, Italie, 1636)

Portrait du Maréchal de Toiras, gravure de Huret, XVIIe siècle. Collection Musée Ernest Cognacq, ville de Saint-Martin-de-Ré

D’abord seigneur, puis marquis de Toiras, ce vaillant officier gagne successivement la confiance d’Henri IV et de Louis XIII. Au service du roi de France, il combat à plusieurs reprises contre les protestants sur l’Ile de Ré, contre Soubise en 1625, puis face au Duc de Buckingham en 1627. Surtout célèbre pour son rôle lors de l’épisode du siège anglais imposé par ce dernier, il est nommé gouverneur de l’Ile de Ré suite à son triomphe. En 1630, il devient Maréchal de France et obtient le gouvernement général de l’Auvergne deux ans plus tard. Il reprend le commandement des armées du roi en Italie et meurt lors du siège de Fontanelle en 1636.


Ils ont

fait l’

Duc de BUCKINGHAM

homme politique anglais (Brooksby, 1592 - Portsmouth, 1628)

Marais salant

Portrait de Buckingham, gravure sur papier XIXe siècle. Collections Musée Ernest Cognacq, Saint-Martin-de-Ré

Favori du roi d’Angleterre Charles Ier, George Villiers, premier Duc de Buckingham, s’attire les foudres de Louis XIII et de Richelieu lors de son séjour dans le Royaume de France. En 1627, il s’illustre lors de l’épisode du siège de l’île de Ré au cours duquel il débarque avec 8 000 hommes pour soutenir le peuple huguenot de La Rochelle. Le siège dure trois mois, à l’issue desquels ses troupes sont repoussées en raison des renforts envoyés par Louis XIII aux côtés des troupes de Toiras. De retour en Angleterre, il est assassiné par un officier anglais en 1628 alors qu’il prépare un nouvel assaut contre la France.

LA SALICULTURE

L’ostréiculture et l’aquaculture

Cette activité traditionnelle et ancestrale fait aujourd’hui vivre plus de 80 sauniers. Bien loin des chiffres atteints par la production au XIXe siècle, l’activité joue pourtant de nos jours un rôle essentiel d’un point de vue économique, environnemental et touristique. L’exploitation et la récolte traditionnelles du sel contribuent au maintien de savoir-faire, d’outils et de gestes ancestraux, dont la transmission, l’usage et la symbolique ont en grande partie fondé l’identité rétaise. L’entretien des marais, au-delà des paysages exceptionnels qu’il dessine, participe au maintien d’une biodiversité dont la richesse fait toute l’originalité et la qualité du patrimoine naturel de l’île. Les marais abritent une faune et une flore sauvages abondantes, parmi lesquelles des espèces rares, parfois menacées. Les différents bassins qui composent les marais accueillent ainsi une biodiversité dense : poissons et crustacés dans les vasais, coques dans les métières, plancton dans le champ de marais. Lieux de nidification pour l’Echasse blanche, l’Avocette élégante, la Gorge bleue, la Bernache cravant et le Tadorne de Belon, les marais constituent aussi une terre privilégiée pour des végétaux marins comme la salicorne.

C’est à partir de la seconde moitié du XIXe siècle que l’ostréiculture commence à se développer sur l’Ile de Ré. Les premières concessions voient apparaître les premiers parcs de particuliers et de professionnels, qui, à marée basse, viennent tracer sur l’estran leurs lignes géométriques, source d’un paysage littoral inédit. L’activité connaît plus tard un développement en direction des marais et investit le Fier d’Ars, principalement dans la deuxième moitié du XXe siècle. Une partie des huîtres de l’Ile de Ré sont raffinées dans des "claires", bassins peu profonds initialement créés dans les marais pour la récolte du sel, creusés dans l’argile par l’homme. Le mélange d’eau de mer et d’eau douce, qui s’y renouvelle deux fois par jour, au gré des marées montantes et descendantes, confère aux huîtres rétaises leur goût particulier. Aujourd’hui, la production d’huîtres s’élève à environ 3 000 tonnes par an, pour 54 entreprises. L’activité ostréicole, malgré les dégâts causés par Xynthia sur les parcs à huîtres et le phénomène de mortalité des naissains qui affecte l’ensemble de la production française, parvient à se maintenir. A travers la conservation des bâtiments ostréicoles existants, la mise en


Parc à huîtres

œuvre d’un contrat de restauration et d’entretien des zones humides (CRE-ZH) et la promotion de la qualité des productions, le projet de SCoT entend préserver avec plus d’attention encore cette activité structurante. Dans cette optique, une étude approfondie de l’activité ostréicole a été commandée par la Communauté de Communes au Comité Régional de la Conchyliculture de Poitou-Charentes. L’Ile de Ré compte également quelques entreprises aquacoles : des piscicultures (élevage de poissons), une écloserie-nurserie (production de naissains) et une échiniculture unique en Europe qui produit plusieurs tonnes d’oursins par an.


OFFICE DE TOURISME

STATUT

CLASSEMENT

COMPOSITION ADMINISTRATIVE

OFFICE DE TOURISME D’ARS-EN-RÉ

associatif

2 * (fin de classement 2013)

2 agents d’accueil

OFFICE DE TOURISME DES PORTES-EN-RÉ

associatif

1 *(fin de classement 2013)

1 conseillère en séjour

OFFICE DE TOURISME DE SAINT-CLEMENT-DES-BALEINES associatif

1 * (fin de classement 2013)

1 agent d’accueil

OFFICE DE TOURISME DE LOIX

associatif

2 * (fin de classement 2016)

1 agent d’accueil

OFFICE DE TOURISME DE LA COUARDE-SUR-MER

associatif

2 * (fin de classement 2015)

1 directrice/1 agent d’accueil

OFFICE DE TOURISME DU BOIS-PLAGE-EN-RÉ

associatif

2 * (fin de classement 2013)

2 agents d’accueil

OFFICE DE TOURISME DE LA FLOTTE-EN-RÉ

associatif

2 * (fin de classement 2016)

1 directrice/1 agent d’accueil

OFFICE DE TOURISME DE RIVEDOUX-PLAGE

associatif

2 *(fin de classement 2015)

1 responsable structure/1 agent d’accueil

OFFICE DE TOURISME DE SAINTE-MARIE-DE-RÉ

associatif

2 * (fin de classement 2010)

2 conseillères en séjour/1 responsable

OFFICE TOURISME DE SAINT-MARTIN-DE-RÉ EPIC depuis 3 * (fin de classement 2011) le 2 mai 1999

1 directrice 1 responsable informations touristiques 1 responsable internet et nouvelles technologies 1 responsable groupes 1 agent d’accueil saisonnier

Le tourisme Depuis les années 1950 et l’affirmation de la vocation touristique de Ré, les activités liées au tourisme se sont progressivement développées jusqu’à devenir la principale source de revenus des Rétais. Avec plus de 1 500 000 nuitées par an et des pics de fréquentation estimés à 150 000 personnes en saison estivale, le tourisme est actuellement l’activité principale et le premier secteur d’emploi de l’île. Bâtiment, commerce et hôtellerierestauration dominent aujourd’hui largement le paysage économique. L’activité touristique a par ailleurs servi de levier aux activités du secteur primaire en favorisant, d’une part, l’écoulement des productions locales auprès de la clientèle touristique, et en contribuant, d’autre part, à une image qualitative liée aux produits du terroir. Une grande variété d’activités, liées à l’environnement et au sport de nature (vélo, randonnée, golf, thalassothérapie, pêche à pied, sports nautiques, baignade) a également trouvé un terrain favorable à un développement rapide sur l’Ile de Ré. La richesse du patrimoine monumental, architectural et paysager a favorisé l’apparition d’un tourisme culturel dynamique, qui a occasionné une vie culturelle dense et éclectique en été, en faveur des touristes comme des résidents rétais. Au-delà des

idées reçues qui résument la sociologie de la fréquentation de l’île à la présence de quelques personnalités, son succès repose avant tout sur une clientèle familiale. Les visiteurs les plus nombreux ont pour régions d’origine l’Ile de France ou celles, bénéficiant de l’effet de proximité, situées dans l’ouest (Bretagne, Pays-de-la-Loire, Poitou-Charentes, Centre), la Grande-Bretagne offrant à l’île sa part la plus importante de touristes étrangers.

Les offices de tourisme Chaque commune de l’île possède son office de tourisme chargé de promouvoir la commune, d’accueillir et de renseigner le public sur les activités touristiques proposées. Ces lieux d’accueil et d’information jouent un rôle important dans la valorisation et la médiation du patrimoine, notamment en proposant des visites guidées de certains villages et monuments.


Surfeur, plage du Lizay

Ile de Ré Tourisme Association créée en 1998, Ile de Ré Tourisme a pour mission la promotion de la destination touristique Ile de Ré par tous les supports nécessaires et utiles : brochures, site internet, accueil de journalistes, accueil téléphonique du public, présence sur des salons grand public en France et en Europe, etc. L’association s’attache à assurer un développement touristique cohérent et pérenne, et à favoriser la coordination des acteurs du tourisme rétais.

Composition administrative 1 directrice 1 responsable du développement du e-tourisme 1 responsable des relations commerciales 1 responsable du service groupes 2 agents à l’accueil-secrétariat Piste cyclabe, La Flotte


ENSEIGNEMENT Avec huit écoles maternelles, neuf écoles primaires et un collège, le dispositif d’enseignement rétais est relativement bien doté, au regard de la taille et de la population permanente de l’île. A la rentrée 2011, Ré comptait ainsi 1 732 enfants scolarisés, de la maternelle au collège.

Commune

Effectifs (maternelles et primaires confondus) à la rentrée 2011

Saint-Martin-de-Ré 137 Sainte-Marie-de-Ré

235

La Couarde-sur-Mer

84

Loix 32 Les Portes/Saint-Clément

58

Ars-en-Ré

84

La Flotte

209

Le Bois-Plage-en-Ré

143

Rivedoux-Plage

180

Collège Les Salières (Saint-Martin)

570

TOTAL 1732

En outre, l’Ile de Ré compte quatre crèches, dont trois multiaccueils communautaires et une crèche associative et trois nouveaux multi-accueils en construction. Un RAM itinérant (Relais Assistante Maternelle) a été mis en place en 2011 par la Communauté de Communes, offrant désormais aux assistantes maternelles de l’Ile de Ré et aux familles des espaces de rencontre et d’échange, et aux enfants des ateliers d’éveil et de nouveaux espaces de jeux. Douze centres de loisirs municipaux ou associatifs accueillent les enfants et les adolescents en dehors du temps scolaire et leur proposent de nombreuses activités de loisirs.


l’enseignement sur l’ile de ré



PAYS D’ART ET D’HISTOIRE

ILE DE

CANDIDATE AU LABEL

partie 1 Entre terre et mer 1. De l’archipel à l’île : les lignes

de force des paysages rétais

2. Ré, terre d’échanges :

l’île ouverte

29 43

3. Une position militaire

61

4. Des bagnards aux baigneurs

79

stratégique : l’île fermée

5. Insularité et identité :

l’île vécue, l’île perçue

93


Au XIe siècle, Guillaume le Grand, comte de Poitou, décide de remédier à cette situation en incitant seigneurs et paysans à s’installer dans la région via des donations de terres. Sur l’Ile de Ré, il concède des terres à l’abbaye de Cluny, à Notre-Dame du Puy-en-Velay et la moitié nord de l’île à SaintMichel-en-l’Herm.

ècle si XI e I

ècle si XI e

P

et réhistoire Anti quité

Les premières traces de peuplement sur l’Ile de Ré remontent au Néolithique. Des vestiges découverts aux XIXe et XXe siècles attestent également d’une présence humaine sur l’île à l’époque gallo-romaine. De la fin de l’Antiquité jusqu’au XIe siècle, l’absence quasi-totale d’éléments archéologiques ou archivistiques met en évidence une longue période de dépeuplement, probablement due aux invasions normandes qui affectent les côtes atlantiques du IVe au Xe siècle, auxquelles Ré ne semble pas avoir échappé. En outre, les côtes de l’Aunis et du bas Poitou, fortement exposées aux ras de marée, sont alors peu propices à l’établissement de la population sur l’île.

La partie sud est quant à elle confiée par les seigneurs Mauléon aux moines cisterciens. Ces derniers, fondateurs de l’abbaye des Châteliers dont les ruines sont parvenues jusqu’à nous, sont à l’origine d’un développement important au XIIe siècle : la construction de l’édifice et la mise en culture des terres attirent une population importante. Déjà, les Mauléon identifient l’importance stratégique de Ré face à la nouvelle place forte de La Rochelle.


Au XIIIe siècle, les insulaires se voient donc confier leurs premiers privilèges, une politique poursuivie par les seigneurs puis par le roi de France jusqu’à la Révolution, dans le but de fidéliser la population rétaise. C’est également de cette période que datent les premiers documents faisant référence à des ouvrages de défense construits sur l’Ile de Ré. De ces fortifications anciennes il ne reste aucune trace aujourd’hui dans le paysage insulaire.

XI XV II e II e siè si cle ècle

XI II e

si

ècle

INTRODUCTION CHRONOLOGIQUE

Du XIIIe au XVe siècle, l’île subit à de nombreuses reprises les assauts des troupes anglaises. Aux XVIe et XVIIe siècles, elle bascule dans l’ère des guerres de religion qui affectent profondément les édifices religieux du territoire : toutes les églises de l’île sont en ruine et l’abbaye des Châteliers est définitivement abandonnée. En 1625, pour faire face aux éventuelles nouvelles attaques protestantes, Louis XIII fait construire le Fort de la Prée et la première citadelle de SaintMartin-de-Ré (rasée après le siège de l’Ile de Ré en 1627) par les ingénieurs d’Argencourt et Le Camus. La position stratégique de l’Ile de Ré se confirme sous le règne de Louis XIV face à la pression exercée par les troupes anglo-hollandaises. Sa position avancée sur le littoral atlantique permet d’assurer la défense du nouvel Arsenal de Rochefort. Vauban effectue plusieurs voyages sur l’île et

supervise la construction d’un important dispositif de défense militaire. Les redoutes de Sablanceaux, du Martray et des Portes sont édifiées en 1674, le Fort de la Prée est remanié et la citadelle et l’enceinte fortifiée de Saint-Martin-de-Ré sont construites dès 1681. De nombreuses batteries de côte viennent compléter le dispositif au début du XVIIIe siècle. Pendant cette même période, l’Ile de Ré connaît un essor économique fulgurant, fondé sur la production et le commerce du sel et du vin. A la fin du XVIIe siècle, la vigne occupe plus de 4 500 hectares, soit plus de la moitié de la surface de l’île. Du XVe au XVIIIe siècle, 1 500 hectares sont gagnés sur la mer pour l’exploitation des marais salants. Les ports de Saint-Martin-deRé, La Flotte et Ars-en-Ré se développent considérablement et voient apparaître la construction de riches demeures notables.


Ce siècle voit également s’épanouir la franc-maçonnerie sur l’Ile de Ré où plusieurs loges officient à Saint-Martin-de-Ré et La Flotte. Le patrimoine monumental souffre peu de la Révolution mais le mobilier et les objets liturgiques sont vendus et dispersés. La plupart des communes de l’île datent de 1790 (sauf SaintClément-des-Baleines érigée en commune en 1874 et RivedouxPlage en 1928).

XI

Xe

si

ècle

ècle si III e XV L’île est alors très peuplée et atteint 18 000 habitants, l’équivalent de la population actuelle.

Le XIXe siècle est marqué par une grave période de crise économique pour l’Ile de Ré. Le phylloxera atteint la vigne, la saliculture souffre de la concurrence des salins méditerranéens et les ports de commerce s’affaiblissent en raison de la perte des privilèges dont ils bénéficiaient jusqu’à la Révolution et de la baisse des productions. Un important exode affecte le territoire, qui s’intensifie encore avec les deux guerres mondiales. C’est à cette époque qu’est construit le chemin de fer de l’Ile de Ré. Il relie Sablanceaux aux Portes et permet de transporter passagers et marchandises jusqu’à son abandon au milieu du XXe siècle.

Ré retrouve son rôle militaire stratégique pendant la Seconde Guerre mondiale. Les Allemands occupent La Rochelle dès 1941 et construisent une base sous-marine sur le port industriel de La Pallice. Pour assurer sa protection, ils fortifient l’ensemble des côtes rétaises faisant de l’île un maillon fort du Mur de l’Atlantique. La batterie Kora Karola toujours visible dans la forêt de la Combe à l’Eau (Ars-en-Ré) est le plus important dispositif édifié sur l’île (une tour de contrôle de 26 mètres de hauteur et deux batteries de 203 mm sont au cœur d’un complexe militaire de plus de 40 hectares). Le tourisme, qui peine à s’introduire sur l’île au début du siècle, prend son essor à partir des années 1950. Un système de bacs à moteur est mis en place entre Sablanceaux et La Rochelle pour assurer le transport des passagers, de plus en plus nombreux. Ce dispositif change considérablement l’organisation du territoire insulaire : les ports d’entrée qu’étaient historiquement Saint-Martin-de-Ré et La Flotte sont délaissés au profit de Sablanceaux, qui devient progressivement le point d’entrée de l’île. Le paysage insulaire connaît une véritable évolution au cours du XXe siècle. Dès l’entre-deux guerres, on profite de l’abandon de terres


agricoles pour planter des arbres et produire du bois de chauffage. L’île, qui jusque là ne possédait pas d’arbres, voit naître des forêts et espaces boisés importants, aujourd’hui caractéristiques du paysage rétais. Par ailleurs, la mise en tourisme de l’île s’accompagne d’un phénomène inédit d’urbanisation. A la population permanente en constante augmentation, s’ajoute les résidents secondaires, de plus en plus nombreux. Des infrastructures touristiques voient le jour : hôtels, restaurants, campings, villages de vacances et colonies. Parallèlement, on assiste à un développement anarchique du camping sur parcelles privées. La construction du pont qui relie l’Ile de Ré à La Rochelle en 1988 marque un tournant pour l’aménagement du territoire rétais. Le bac est abandonné, le réseau routier amélioré (contournement des bourgs par deux routes départementales) et un réseau de pistes cyclables est mis en place. L’architecture connaît alors une importante évolution. Si le bâti traditionnel se caractérise par une structure dense et resserrée, développée au plus près des bourgs, les extensions urbaines plus récentes s’implantent de manière

XX

XX e

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si

si

ècle

ècle

INTRODUCTION CHRONOLOGIQUE

plus dispersée, au-delà des limites du bourg. Sur la côte sud de l’île où les villages se sont historiquement construits en retrait du littoral en raison d’un trait de côte rectiligne qui offrait peu de sécurité face aux tempêtes et aux éventuelles attaques militaires, les extensions se rapprochent de la mer, désormais très attractive. La polémique suscitée par le projet de construction du pont a toutefois le mérite d’engendrer une véritable réflexion sur la nécessité de préserver l’environnement, le patrimoine et le cadre de vie insulaires. Dès les années 1970, de nombreuses mesures de protection sont donc mises en place afin de maîtriser la mutation urbaine du territoire : l’application de la loi de 1930 sur les sites inscrits et classés, la création d’une réserve naturelle, le réseau Natura 2000, la convention Ramsar sur les zones humides, la politique d’acquisition du Conservatoire du Littoral et du Conseil Général, la mise en place de ZPPAUP, sont autant d’outils qui ont permis d’encadrer et limiter l’urbanisation du territoire. A la différence d’autres territoires soumis à de fortes pressions foncières, l’Ile de Ré a donc su conserver un cadre environnemental préservé et une urbanisation maîtrisée.

La règle du 80/20 (80 % d’espaces naturels / 20 % d’espaces urbanisés) est aujourd’hui au cœur du projet de Schéma de Cohérence Territoriale en cours d’élaboration et entérinera pour les quinze années à venir, ce principe de maîtrise de l’urbanisation. De nombreux outils viendront compléter le projet de SCoT : Plan Global de Déplacement, Schéma de développement touristique, Document d’Aménagement Commercial, Contrats de Restauration et d’Entretien des zones humides et boisées ainsi que le label Pays d’art et d’histoire, afin de compléter le dispositif de planification qui définira l’avenir de l’île, dans les domaines qui caractérisent la vie insulaire.



PAYS D’ART ET D’HISTOIRE

ILE DE

CANDIDATE AU LABEL

1.

De l’archipel à l’Ile : les lignes de force des paysages rétais

1-1. Genèse d’une ile 1-2. Les "terres basses" de marais 1-3. Les "hautes terres" agricoles 1- 4. Des littoraux complémentaires


PAYS D’ART ET D’HISTOIRE

CANDIDATE AU LABEL

ILE DE

"Un paysage est le fond du tableau de la vie humaine." Bernardin de Saint-Pierre, écrivain

Depuis la construction d’un pont pour relier l’Ile de Ré au continent en 1988, le franchissement d’une barrière à péage à l’entrée de l’ouvrage constitue la seule rupture de continuité entre l’île et le continent. Si certains ont encore le souvenir, voilà trois décennies, de véhicules et passagers devant embarquer à bord d’un bac et traverser l’océan avant d’accoster sur l’île, il est aujourd’hui difficile d’imaginer qu’avant de prendre la forme que nous lui connaissons aujourd’hui, Ré était un archipel composé de quatre îlots, archipel qui n’existait pas quelques dizaines de milliers d’années auparavant. De l’archipel à l’île, puis de l’île à la presqu’île, Ré a subi des transformations profondes, résultats de l’action conjuguée des phénomènes naturels et des interventions humaines. L’étude de la situation et de l’évolution géographique de l’île, de sa structure géologique et de sa morphologie, permet de comprendre les activités humaines et les modes de vie qui s’y sont développés. La structure paysagère, résultat de ce long processus fait la synthèse entre la morphologie ancienne de ce territoire insulaire et son organisation actuelle.

Le pont de l’Ile de Ré


Ils ont

fait l’

1.1

Genèse d’une Ile Avant de devenir île, Ré, comme les autres îles du Ponant constituait l’extrémité occidentale du continent. La structure géologique de l’île, identique à celle de la côte charentaise, confirme cette hypothèse. Le niveau de l’océan lors de la dernière glaciation (de 80 000 à 20 000 ans avant notre ère), à -120 m, se situait bien à l’ouest du rivage actuel, supprimant l’éventualité de l’existence d’une île à l’emplacement de Ré aujourd’hui. Le réchauffement climatique qui caractérise la période post-glaciaire, dite période flandrienne, a entraîné une nette augmentation du niveau de la mer aux alentours de -10 000 ans, isolant les îles atlantiques du reste du continent. Une explication bien décevante pour les amateurs de légendes qui aiment à croire et à conter que Ré serait née d’un cataclysme effroyable ou d’une éruption volcanique !

Nicolas MARTIAU

La nature des sols, distincte au nord et au sud, est à l’origine d’un développement inégal et différencié entre les deux parties du territoire. Aux étendues de bri (argile marine) de très faible altitude qui forment les marais au nord ouest, s’opposent des plates-formes calcaires surélevées au sud-est. Les premières, vastes étendues où terre et mer s’entremêlent et se confondent, connaissent un développement relativement tardif lié à l’exploitation du sel. Les secondes, dotées de conditions pédologiques et climatiques plus favorables, voient se déployer une activité viticole intense à partir du XIIe siècle, accompagnée d’une importante implantation humaine. Ce schéma de développement à deux vitesses se poursuit au cours des siècles et subsiste encore aujourd’hui, le canton nord restant plus rural et moins densément peuplé que le canton sud, plus urbanisé.

Huguenot, fondateur de la ville de Yorktown (Virginie) (Ré, 1592 - Yorktown, 1657)

La formation de l’Ile de Ré est cependant plus complexe puisqu’elle résulte d’un long processus d’envasement et d’ensablement de ses terres. La montée de l’océan a d’abord isolé quatre plates-formes calcaires (Saint-Martin, Ars, Loix et Les Portes), lesquelles se sont progressivement rattachées les unes aux autres : l’îlot des Portes et celui d’Ars sont reliés dès le milieu du Moyen-Age, Ars et Saint-Martin-de-Ré se rejoignent au cours du XVe siècle par l’isthme du Martray alors qu’il faut attendre le XIXe siècle pour que l’îlot de Loix soit rattaché aux trois autres, offrant à Ré son unité actuelle.

Portrait de Nicolas Martiau, médaillon sur la statue de son ancêtre George Washington, jardins du Musée Ernest Cognacq, Saint-Martin-de-Ré

Pour le moins récente, cette configuration est d’autant plus fragile et incertaine que le territoire reste très exposé aux aléas climatiques. La tempête Xynthia, qui a ravagé l’île en 2010 a redonné à Ré, l’espace de quelques jours, sa configuration médiévale, la pénétration de l’eau à l’intérieur des terres divisant l’île en trois îlots isolés.

Ce huguenot rétais d’abord exilé en Angleterre serait le premier protestant en exil à avoir mis le pied sur le sol américain en mai 1620. Fervent défenseur des colonies britanniques de Virginie, il fait venir de nombreux huguenots pour développer la culture de la vigne et le traitement du sel. Il fonde la colonie de Yorktown qui, 150 ans plus tard, devient le théâtre de la bataille qui offre l’indépendance aux colonies américaines. Nicolas Martiau est également un ancêtre de l’illustre George Washington qui possède aujourd’hui une statue à son effigie dans les jardins de l’hôtel de Clerjotte, à Saint-Martin-de-Ré, inaugurée en 2007 par l’ambassadeur des Etats-Unis.

L’île de Loix, séparée de l’Ile de Ré, Carte de l’Ile de Ré, gravure de Belin, seconde moitié du XVIIIe siècle, Collection Musée Ernest Cognacq, ville de Saint-Martin-de-Ré

1. De l’archipel à l’Ile : les lignes de force des paysages rétais

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Ils ont

fait l’

1.2

Les "terres basses" de marais Pierre-Etienne DUPONCEAU

grand administrateur aux Etats-Unis (Saint-Martin-de-Ré, 1760 - Philadelphie, 1844)

Véritable territoire amphibien, la zone du Fier d’Ars et de la fosse de Loix, au nord de l’Ile de Ré, forme une mer intérieure entre les communes des Portes et de Loix. Riche d’une double exposition sur le pertuis Breton et le pertuis d’Antioche, elle constitue un paysage d’une qualité exceptionnelle, rythmé par les marées et dessiné par la géométrie des marais salants et ostréicoles. Les zones de marais du Fier d’Ars et de la fosse de Loix, en eau, constituent des miroirs renvoyant vers le ciel les rayons incidents, phénomène qui confère au ciel une luminosité si particulière, qui inspira et continue d’inspirer artistes peintres et photographes.

rétaise. Ils participent à la préservation de la qualité paysagère de l’île et au développement touristique. Les zones humides de Ré sont également marquées par une forte fragilité. De très faible altitude, la zone du Fier et la fosse de Loix sont particulièrement exposées aux assauts de la mer. Le phénomène de sédimentation provoque une surélévation régulière du niveau des sols qui, à terme, est susceptible de menacer les fragiles équilibres naturels et humains, jusqu’à remettre en question certaines activités comme l’exploitation du sel.

Au-delà de leurs fonctions productive et environnementale, les marais salants font aujourd’hui partie intégrante de l’identité

Pour l’heure, les élus s’attachent à protéger et préserver au mieux ce milieu, par l’entretien et la restauration des digues, grâce à des travaux de désensablement et au maintien de l’activité salicole. La Communauté de Communes s’est par ailleurs engagée dans l’élaboration d’un Contrat de restauration et d’entretien des zones humides (CRE-ZH) qui sera mis en œuvre à l’horizon 2012 et d’un PAPI (Programme d’Action de Prévention des Inondations). La zone bénéficie en outre de nombreux labels et mesures de protection, destinés à préserver et valoriser une biodiversité unique.

Fier d’Ars, Ars-en-Ré

Chenal, Les Portes-en-Ré

Le Fier s’est progressivement formé à la faveur des dépôts naturels de bri et de la construction des marais salants à partir du XVe siècle, lesquels jouent un rôle fondamental pour l’entretien du milieu et la biodiversité. Les marais représentent une terre d’accueil privilégiée pour de nombreuses espèces, animales et végétales, et un habitat particulièrement attractif pour une avifaune riche et rare.

Portrait de Pierre Etienne Duponceau par Thomas Sully, 1830, American Philosophical Society Museum

Elevé dans le port de Saint-Martin-de-Ré, Pierre-Etienne Duponceau, érudit et passionné de littérature, embarque en 1777 pour le New-Hampshire avec pour objectif de participer à la guerre d’indépendance américaine. Après trois années de combat, il se lie d’amitié avec Robert Livingston qui compte parmi les cinq rédacteurs de la Déclaration d’indépendance. Devenu ministre, Livingston s’entoure de Pierre-Etienne Duponceau, naturalisé américain, au poste de sous-secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères. Ce dernier étudie ensuite le droit international, avant de devenir un brillant avocat, fondateur de l’Académie de Droit, puis conseiller à la Cour suprême. Membre de plusieurs sociétés scientifiques et littéraires, il acquiert une très grande notoriété dans le milieu lettré des Etats-Unis.


LES MARAIS SALANTS

Cabane dans un marais, Loix

Marais salant, Loix

1. De l’archipel à l’Ile : les lignes de force des paysages rétais

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BĂŠcasseaux sur la plage


1. De l’archipel à l’Ile : les lignes de force des paysages rétais

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1.3

Les "hautes terres" agricoles Vues du ciel, les parcelles cultivées donnent à voir un paysage géométrique où les champs de céréales et de pommes de terre côtoient les nombreux vignobles. Sur Ré, les espaces cultivés encadrent l’urbanisation, délimitant deux espaces très nettement définis : celui du bourg, dense et resserré, et celui de la plaine agricole, étendue et ouverte. Certains monuments se détachent de la plaine et dominent le paysage agricole : les ruines de l’abbaye des Châteliers s’élèvent au cœur des parcelles cultivées de La Flotte et le clocher de Sainte-Marie-de-Ré se dresse majestueusement au-dessus des ceps de vignes. Les terres viticoles, plus nombreuses, interpellent par la régularité de leurs rangs de ceps soigneusement taillés. Les exploitations actuelles restent bien loin de la densité de l’époque médiévale, où les vignes couvraient la grande majorité du territoire (87 % des terres cultivables à la fin du XVIIe siècle). Mais la viticulture,

Travail des champs, La Flotte

avec 650 hectares de vignoble, joue encore, comme la saliculture, un rôle économique, environnemental et paysager de première importance. Surtout présente sur le canton sud, autour des communes de Saint-Martin-de-Ré et Sainte-Mariede-Ré, la vigne est aussi cultivée dans une moindre mesure sur le canton nord. La crise viticole qui a touché la France et l’Europe au XIXe siècle n’a pas épargné l’Ile de Ré. Celle-ci a en outre connu une profonde reconversion économique dans la deuxième moitié du XXe siècle. Deux phénomènes qui ont entraîné l’abandon de nombreux terrains agricoles à la faveur de l’urbanisation de l’île et du développement de zones boisées importantes. Aujourd’hui encore, les friches agricoles sont à l’origine d’un boisement spontané dans certaines zones de l’île, un phénomène qu’il convient de limiter grâce au maintien de l’activité agricole.


LES vignes

Agriculteur, La Flotte

Clocher se détachant sur les vignes environnantes, Sainte-Marie-de-Ré

1. De l’archipel à l’Ile : les lignes de force des paysages rétais

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1.4

Des littoraux complémentaires Le littoral rétais, comme celui de nombreuses îles du Ponant, est caractérisé par une grande irrégularité, à l’origine d’un développement différencié entre les zones littorales du nord et du sud.

La côte abritée La façade nord, sur le pertuis Breton, se distingue par un littoral très irrégulier, alternance de zones humides et de promontoires calcaires, où l’estran, tantôt vaseux, tantôt rocheux, fait place à de petites falaises au niveau de Saint-Martin-de-Ré et La Flotte. Ces zones surélevées, protégées des assauts de la mer et plus propices à l’établissement de la population, ont vu s’implanter les principaux ports de l’île où le développement urbain s’est effectué au plus près du littoral. L’épanouissement de l’activité ostréicole s’est également réalisé sur cette même façade nord. Depuis la pointe de Sablanceaux jusqu’aux rivages de Loix, en passant par l’anse du Martray, les parcs à huîtres ponctuent le rivage insulaire. Insoupçonnables à marée haute, si ce n’est grâce à la présence des "plates", bateaux ostréicoles à fond plat posés sur le rivage, les formes géométriques des parcs à huîtres se révèlent avec le retrait de la mer. La côte dite "abritée" ne le sera pourtant pas toujours, et à plusieurs reprises au cours de l’histoire, la façade nord sera victime de vimers, nom donné sur Ré aux submersions marines.

Falaises, La Flotte


La côte "sauvage" De l’autre côté de l’île, la façade sud orientée vers le pertuis d’Antioche se caractérise par un trait de côte rectiligne. Les plages de sable, surmontées d’un cordon dunaire parfois complété de petites falaises (Le Bois-Plage-en-Ré et SainteMarie-de-Ré), lui donnent une configuration profondément différente de celle de la côte abritée. Souvent qualifiée de "sauvage", d’"envers" ou d’"inhospitalière" sur les cartes

anciennes, cette partie du littoral rétais, moins propice à l’établissement des populations, voit ses villages se construire en retrait du littoral (La Couarde, Le Bois, Sainte-Marie). Longtemps répulsif, ce rivage, aujourd’hui ponctué par une grande partie des écluses à poisson conservées jusqu’à aujourd’hui, deviendra pourtant particulièrement attractif avec le développement du tourisme balnéaire.

Carte de l’Ile de Ré vue de basse mer, gravure de Jaillot vers 1760. Collection Musée Ernest Cognacq, ville de Saint-Martin-de-Ré

1. De l’archipel à l’Ile : les lignes de force des paysages rétais

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PAYS D’ART ET D’HISTOIRE

CANDIDATE AU LABEL

ILE DE

Ré Synthèse et enjeux Entre rupture et continuité, l’Ile de Ré a connu différentes étapes, alternant périodes de rattachement et périodes d’isolement visà-vis du continent. D’abord reliée à la côte charentaise, puis divisée en quatre îlots lors de la transgression flandrienne, Ré s’est ensuite progressivement unifiée pour former l’île actuelle. La construction du pont a définitivement établi une continuité géographique avec le continent, affirmant le rôle structurant du couple La Rochelle-Ile de Ré. Pour autant, le caractère insulaire de Ré n’a jamais été remis en cause par ce schéma de développement et malgré le pont, la rupture île-continent reste nette et tangible. Les différentes unités paysagères qui composent le territoire révèlent une organisation binaire : aux zones humides de faible altitude du nord-ouest, s’opposent les terres agricoles surélevées du sud-est. A la côte irrégulière ouverte sur le pertuis Breton, s’oppose le trait de côte rectiligne du pertuis d’Antioche. Une apparente dualité qui se traduit dans les faits par une forte complémentarité entre les différentes zones du territoire.


1. De l’archipel à l’Ile : les lignes de force des paysages rétais

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PAYS D’ART ET D’HISTOIRE

CANDIDATE AULABEL LABEL CANDIDATE AU PAYS D’ART ET D’HISTOIRE

2. Ré, terre d’échanges : l’Ile ouverte

ILEILE DEDE

Ré Ré 2-1. Une terre fertile : du sel et du vin 2-2. Ré, au cœur du système commercial atlantique 2-3. La circulation des hommes et des idées


PAYS D’ART ET D’HISTOIRE

CANDIDATE AU LABEL

ILE DE

"Les îles sont toujours des frontières face au monde." José Carlos Llop, écrivain

Par définition, le territoire insulaire se caractérise par son isolement. "Détaché" du reste du monde, sa position singulière au cœur de l’océan construit une image contradictoire, tantôt mystérieuse et répulsive, tantôt merveilleuse et attractive. Dans le cas de Ré, la supposée barrière de l’océan n’a pas tardé à être levée et apprivoisée : l’île a très vite connu, dès le Moyen-Age, une fréquentation dense et animée, dont le développement permanent s’est appuyé sur la complémentarité terre/mer. Dès les XVIIe et XVIIIe siècles, l’Ile de Ré, forte de sa population sédentaire et des flux migratoires qui conduisent sur son sol des voyageurs ou commerçants de passage, compte parmi les territoires les plus densément peuplés du Royaume de France. Loin de constituer un obstacle pour le territoire, l’insularité devient alors un atout. Terre fertile aux portes de l’immensité atlantique, terre d’échanges pour le commerce européen, terre d’accueil pour les hommes et leurs idées : les frontières de l’île sont désormais une porte ouverte sur le monde extérieur.

Le port de Saint-Martin-de-Ré


2.1 Une terre fertile : du sel et du vin La viticulture La vigne est introduite sur Ré au Moyen-Age sous l’impulsion des seigneurs et de l’Eglise. Elle s’étend progressivement sur l’ensemble de l’île jusqu’à l’épanouissement d’une quasi monoculture qui perdure jusqu’au XIXe siècle. La situation géographique de l’île explique en grande partie le choix de la vigne et la forte spécialisation qui s’y développe. Le climat s’avère tout d’abord particulièrement favorable à son implantation. Bénéficiant du plus fort ensoleillement de France après celui du littoral méditerranéen et de la plus faible pluviosité estivale du centre-ouest atlantique, Ré jouit de conditions climatiques extrêmement propices à la culture de la vigne. La composition des sols, mélange d’argile de décomposition calcaire et de sable, contribue à la vigueur des ceps et favorise la maturité des raisins. Même les terres de bri (argile marine) du nord ouest de l’île, enrichies en apports calcaires et en varech, autorisent le développement des vignobles. La proximité de

l’océan, en dépit des embruns salés et des sables apportés par des vents parfois violents, permet l’amendement des sols grâce au varech, engrais naturel constitué d’algues marines récoltées à marée basse et répandues dans les terres cultivées. La mer proche constitue également un atout considérable pour l’écoulement des productions : une porte ouverte vers des pays lointains, consommateurs de vin. C’est au XIIe siècle, suite aux donations de terres effectuées par des seigneurs rétais en faveur de l’Eglise que des moines s’implantent sur l’île et organisent progressivement la culture de la vigne. Celle-ci occupe bientôt toute la plaine rétaise pour atteindre plus de 4 500 hectares à la fin du XVIIe siècle. La progression du vignoble s’accompagne d’un développement général de l’île : accroissement de la population, échanges commerciaux, croissance économique, permettent à Ré de prospérer. Ce développement rapide s’explique aussi par les

Vignes et clocher de Sainte-Marie-de-Ré

2. Ré, terre d’échanges : l’Ile ouverte

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Extrait de la carte générale de France, dite de Cassini, 1742, tiré de l’Inventaire Topographique de l’Ile de Ré


Ils ont

fait l’

Nicolas BAUDIN

navigateur et explorateur (Saint-Martin-de-Ré, 1750 - Ile Maurice, 1803)

Portrait de Nicolas Baudin, dessin à l’encre aquarellé d’Eugène Lemarié, début XXe siècle, Collection Musée Ernest Cognacq, ville de Saint-Martin-de-Ré. Peu connu en France, ce fils de négociants martinais est pourtant le pionnier de l’exploration et de la découverte des terres australes. Grâce à ses voyages, dans la lignée de Bougainville ou de La Pérouse, il inaugure les grandes explorations maritimes du XIXe siècle. Sa plus importante expédition, menée sous Napoléon Bonaparte alors Premier Consul, le conduit en Nouvelle-Hollande (l’actuelle Australie) à bord du Géographe et du Naturaliste. Le nom des deux navires en dit long sur leur mission : ils ramèneront au museum du Havre plusieurs dizaines de milliers de pièces : plantes, arbres, animaux naturalisés et vivants, fossiles, coquilles, minéraux, graines, herbiers, etc. L’expédition permet en outre de dresser la cartographie la plus exacte réalisée jusqu’alors. Nicolas Baudin est emporté par la maladie deux mois après la fin de sa mission.

2. Ré, terre d’échanges : l’Ile ouverte

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Ils ont

fait l’

La saliculture Introduite à partir du XVe siècle sur l’Ile de Ré, la récolte du sel s’impose rapidement comme le deuxième levier de son développement économique.

Gustave DECHÉZEAUX

négociant révolutionnaire (La Flotte-en-Ré, 1760 - Rochefort, 1794)

A l’instar de la viticulture, c’est d’abord la présence d’un terrain et d’un climat favorables qui explique le choix de cette orientation productive. L’épaisseur des étendues de bri dans le Fier d’Ars et la fosse de Loix, le fort ensoleillement ainsi que le vent régulier, constituent en effet une combinaison idéale pour l’exploitation du sel. La présence d’une main d’œuvre nombreuse et la position privilégiée de Ré sur l’axe commercial atlantique confortent davantage encore le choix de la saliculture comme activité économique structurante.

Carte postale,

Collection Musée Ernest Cognacq, ville de Saint-Martin-de-Ré

privilèges fiscaux dont bénéficient les Rétais et par l’essor voisin de La Rochelle : le village de pêcheurs fondé au Xe siècle devient à partir du XIIe siècle un port de commerce important, dynamisé par l’exportation du sel et du vin. Le succès de la production et du commerce viticoles perdure jusqu’au XIXe siècle, période où le phylloxéra, insecte importé des Etats-Unis, affecte l’ensemble des vignobles européens dont la production française, premier foyer d’infestation. Portrait de Gustave Dechézeaux, héliogravure, début XX siècle. Collection Musée Ernest Cognacq, ville de SaintMartin-de-Ré. e

Ce grand négociant rétais est surtout connu pour son activité politique, notamment en tant que député à la Convention nationale où il est élu en 1792. Dechézeaux se distingue par ses prises de position indépendantes qui lui coûteront la vie : il approuve l’abolition de la monarchie et l’accusation de Louis XVI mais s’insurge sur le sort que la Convention réserve à ce dernier. Pour Dechézeaux, on doit octroyer à Louis XVI, comme à tous les accusés, le droit de se défendre. Accusé d’être contre-révolutionnaire, il démissionne de l’Assemblée et reprend ses activités commerciales. Il est arrêté à La Flotte en 1793, emprisonné à Rochefort et guillotiné, pour avoir "conspiré contre la République". Il est réhabilité en 1795 par la Convention grâce à une pétition initiée par sa femme. La municipalité de La Flotte a érigé un buste en bronze à sa mémoire dans le square Mérindot.

Apparu dans le Gard dès 1863, le phylloxera progresse rapidement pour toucher l’Aquitaine en 1865, puis la Charente en 1872. Ré, grâce à sa position insulaire, est préservée jusqu’en 1883. L’arrivée plus tardive de l’insecte sur l’île et son absence dans les terrains sableux permettent du reste à certains viticulteurs de prospérer pendant cette période de sursis. A cette époque, le vignoble représente encore 70 % de la surface insulaire cultivée. Le phylloxera, puis les crises qui s’ensuivent (oïdium et mildiou), entraînent une diminution inexorable de l’espace cultivé. A l’aube du XXe siècle, la vigne ne couvre plus que 1 800 hectares. Ré voit alors se mettre en place une nouvelle organisation agricole, fondée sur une diversification des productions : luzerne, pommes de terre, asperges et élevage se partagent désormais les parcelles. Cette polyculture s’accompagne d’une métamorphose des paysages. L’abandon des vignobles se poursuit pendant la Première Guerre mondiale, laissant place aux plantations de pins et à la production de bois de chauffage, offrant à l’île un nouveau visage.

Entre le XVe et le XIXe siècle, 1 500 hectares sont gagnés sur la mer et mis en culture pour une production annuelle qui atteint 31 000 tonnes. Un paysage de marais, compartimenté et géométrique, se façonne peu à peu. A partir d’une prise en mer, la circulation de l’eau à travers différents bassins de taille et de profondeur différentes permet une évaporation progressive. Au fur et à mesure du parcours, la concentration en sel se densifie jusqu’aux aires saunantes, ultimes bassins du marais où le sel cristallise, l’eau étant arrivée à saturation. Encore d’usage aujourd’hui, cette technique reste très dépendante des conditions climatiques, l’ensoleillement étant nécessaire à l’évaporation de l’eau et la pluie affectant bien évidemment le processus. Jusqu’à la fin du XIXe siècle, les sauniers ne sont pas propriétaires des marais qu’ils exploitent, ce qui rend leur statut d’autant plus précaire. Le parcellaire salicole est alors extrêmement morcelé et son fonctionnement complexe. Si certaines zones du marais sont des propriétés individuelles, d’autres bassins alimentant plusieurs aires saunantes obéissent à une organisation communautaire, de même que l’ensemble du système hydraulique, les levées (digues), les voies d’accès et les quais d’embarquement. Ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle, au moment où sévit la crise salicole, que les propriétaires (bourgeois rochelais, négociants rétais et propriétaires terriens) cèdent enfin les marais à leurs exploitants. Plusieurs facteurs sont à l’origine de la déprise salicole qui affecte Ré à cette époque. D’abord, la dynamique naturelle de sédimentation réduit progressivement l’alimentation en eau de certains bassins, laissés à l’abandon. Plus tardif que sur certaines zones du littoral charentais, ce phénomène finit par affecter tout de même l’Ile de Ré, au même titre que la concurrence accrue


des salins de Méditerranée et du sel gemme dont la production est transportée à moindre coût grâce au développement du chemin de fer. Baisse de la production, exode des populations saunières, abandon des marais : en l’espace d’un siècle, la surface des marais insulaires est réduite de 90 % et le canton nord, fortement dépendant de cette production, connaît un profond déclin. L’activité continue à s’affaiblir (182 sauniers en 1969, 50 en 1995) jusqu’à la mise en œuvre d’une politique de relance de la saliculture. Initiée en 1995 par la Communauté de Communes et les sauniers rétais regroupés au sein d’une coopérative, elle permet aujourd’hui à l’activité salicole de se maintenir et de se développer, avec plus de 80 sauniers.

Cartes postales,

Collection Musée Ernest Cognacq, ville de Saint-Martin-de-Ré

Marais salant

2. Ré, terre d’échanges : l’ile ouverte

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2.2 Ré, au cœur du système commercial atlantique De cette forte spécialisation salicole et viticole, découle un système commercial qui permet à Ré d’établir une double logique d’échanges : des échanges de proximité avec les côtes picto-charentaises ou vendéennes pour son approvisionnement en biens de consommation courante et des échanges internationaux pour l’écoulement de ses productions. L’île bénéficie en outre d’un statut privilégié car ses ports sont affranchis de taxes pour les marchandises provenant de l’étranger. Saint-Martin-de-Ré et La Flotte deviennent ainsi des lieux de transit et d’entrepôt pour les produits importés du nord de l’Europe et des Amériques par les navires venus s’approvisionner en sel et en vin. L’occupation de la grande majorité des surfaces cultivables rétaises par la vigne et les marais salants laisse relativement peu d’espace pour les productions vivrières. Toutefois, grâce à une tradition de jardins potagers très répandue et à la culture

Le port de La Flotte, gravure de Lomet et le Gouaz, 1787 Collection Musée Ernest Cognacq, ville de Saint-Martin-de-Ré

de certaines céréales (orge, fèves…), le plus souvent entre les rangs de vignes ou sur les bosses de marais, les Rétais s’assurent une quasi autosuffisance alimentaire. L’absence ou le manque de certaines denrées (bois, bestiaux, céréales…) obligent cependant les insulaires à commercer avec leurs voisins, surtout vendéens, afin de compléter leurs productions. A l’échelle internationale, les pays d’Europe du nord sont les principaux bénéficiaires des exportations rétaises de sel et de vin, pour lesquels la demande s’avère particulièrement forte. Profitant de sa position stratégique entre les pertuis et de sa proximité avec le port de La Rochelle, Ré devient rapidement une plaque tournante du commerce atlantique. L’Angleterre, l’Irlande, l’Ecosse et les Pays-Bas s’y fournissent en sel pour conserver les produits de la pêche et de l’élevage, en vin pour agrémenter leurs tables.

Le port de Saint-Martin, vu au-dessus du Grand Balay Gravure de Lomet - Le Gouaz, reprise de Ozanne, 1784 Collection Musée Ernest Cognacq, ville de Saint-Martin-de-Ré


Dans une moindre mesure, l’Ile de Ré a très probablement entretenu des relations commerciales avec le Nouveau Monde. Dès le XVIIe siècle, forts de leurs relations de longue date avec les régions septentrionales et s’appuyant sur la présence d’une puissante communauté protestante disposant d’importants réseaux d’émigration, les négociants rochelais font affaire dans les Antilles (sucre, café) et au Canada (peaux, bois). Leur rôle actif dans le commerce triangulaire, tout comme celui des ports de Nantes et Bordeaux, renforce leur puissance financière et fait de La Rochelle un dispositif portuaire de tout premier plan dans le système commercial international, à la croisée de flux économiques majeurs et des principales routes maritimes. Si les ports rétais ne semblent pas avoir été utilisés comme points de départ pour le commerce des esclaves d’Afrique, l’île a sans doute contribué aux échanges de marchandises avec les Amériques, un commerce également lié à la présence d’une forte communauté bourgeoise protestante sur l’île. Des chartes-parties (contrats d’affrètement) sur les navires affrétés à Saint-Martin-de-Ré en témoignent, de même que la vague d’émigration de protestants rétais vers l’Amérique, relativement importante au XVIIe siècle. Carte des côtes du Poitou et d’Aunis. Gravure de Chastillon, 1627 Collection Musée Ernest Cognacq, ville de Saint-Martin-de-Ré

2. Ré, terre d’échanges : l’Ile ouverte

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ZOOM SUR...

L’utilisation des pierres de lest dans les constructions rétaises De ces activités commerciales avec l’étranger, Ré garde quelques empreintes dans son sol et sur ses murs. Certains navires venus d’Europe du nord accostaient sur l’île "à vide" afin de repartir chargés en sel et en vin. Pas tout à fait vides, ces embarcations étaient en réalité lestées pour assurer leur stabilité, le poids des pierres de lest permettant d’établir l’équilibre du navire en mer. Déchargées à l’arrivée du navire dans le port, et laissées à quai au profit des marchandises, ces pierres étaient récupérées par les Rétais qui les utilisaient pour paver leurs rues. Il n’est donc pas rare, pour les promeneurs qui s’enfoncent dans les rues de Saint-Martin, de fouler sans le savoir un sol venu d’ailleurs ou pour un habitant d’Ars, de compter sur l’un de ses murs, quelques pierres d’un autre siècle. Il nous est même permis d’imaginer que certaines de ces pierres aient pu faire le voyage depuis le Nouveau Monde, notamment les granits que l’on retrouve à la pointe des Ilates à Loix… Rue pavée avec des pierres de lest, Saint-Martin-de-Ré


2.3 La circulation des hommes et des idées Dès le Moyen-Age et jusqu’au XVIIIe siècle, Ré connait un essor rapide et régulier. Les activités qui s’y développent (viticulture, saliculture, commerce) attirent une population toujours plus nombreuse : paysans, sauniers, artisans, négociants, marchands et navigateurs, se côtoient et organisent la vie économique du territoire. Les premiers recensements de population (fin XVIIe - début XVIIIe) mentionnent entre 15 000 et 16 000 âmes, soit une densité de plus de 200 habitants au kilomètre carré. Les premiers agents recenseurs envoyés dans l’île s’en étonnent : « cette île est le dernier terme de la population française. Nulle partie de son

territoire est inculte (…). Si tout le royaume était peuplé dans les proportions de cette isle, on y compterait cent douze millions d’habitants » (Moheau, 1774). A la fois terre d’accueil et foyer d’émigration vers l’Europe du Nord et les Amériques, Ré multiplie les échanges avec l’extérieur, ouverture source d’une nouvelle mixité pour sa population. Les hommes circulent, et avec eux leurs idées. La diffusion des courants de pensée religieux se trouve ainsi favorisée par ces circulations permanentes autour et au sein de l’île, trouvant un écho profond auprès de la population insulaire.

L’ île catholique Au Moyen-Age, les terres insulaires sont placées sous la souveraineté de grands seigneurs féodaux. A partir du XIe siècle, ceux-ci effectuent de nombreuses donations à des abbayes, chargées d’assurer l’exploitation de leurs terres. Les Comtes de Poitou cèdent ainsi une partie de leurs propriétés à l’abbaye de Cluny et l’autre à Notre-Dame-du-Puy-en-Velay. Guillaume le Grand cède la moitié nord de l’île (Ars, les Portes, Loix) à l’abbaye de Saint-Michel-en-l’Herm. En 1150, une partie du sud de l’île est attribuée par les Mauléon aux moines cisterciens qui fondent l’abbaye de Notre-Dame-de-Ré, dite abbaye des Châteliers. De cette organisation, découle une division nord-sud qui traverse les siècles : la moitié sud de l’île composée de SaintMartin, Sainte-Marie, La Flotte et Le Bois constitue la Baronnie à partir du XVIIe siècle ; la moitié nord qui comprend les îles d’Ars et de Loix forme les Seigneuries, relevant de l’abbé de SaintMichel. Une division qui explique et confirme une nouvelle fois le schéma de développement différencié que connaissent les deux parties de l’île. Les moines chargés de valoriser les terres qu’ils ont reçues en donation, les mettent en culture, favorisant par la même occasion le peuplement et l’essor économique de l’île. Grâce à ce mode de gouvernance, seigneurs féodaux et religieux sont à l’origine du développement et de l’essor que connaît Ré à partir du Moyen-Age.

Carte postale

Collection Musée Ernest Cognacq, ville de Saint-Martin-de-Ré

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ZOOM SUR... Les ruines de l’abbaye des Châteliers Situées sur la commune de La Flotte, les ruines de l’abbaye des Châteliers, visibles depuis le pont de Ré, s’élèvent majestueusement sur la plaine agricole. L’abbaye, dont l’existence fut relativement courte (1156-1574), est l’un des plus vastes ensembles cisterciens du centreouest de la France. Au cœur des conflits entre la couronne de France et la couronne d’Angleterre, cible des protestants pendant les guerres de religion, NotreDame de Ré subit de multiples attaques dont elle ne se relèvera pas. Incendiée en 1294 et en 1462 par les Anglais, en 1574 par les Huguenots, elle est alors définitivement abandonnée par les moines. Très visibles depuis le grand large, les ruines de l’abbaye servent depuis longtemps de point de repère pour les navigateurs. Au XIXe siècle, les murs servant d’amer sont restaurés et régulièrement peints en noir et blanc comme il est d’usage sur l’île. Une campagne de fouilles lancée en 1967 met au jour l’organisation de l’édifice. L’église, composée d’une nef unique longue d’environ 40 mètres, est la partie la mieux conservée. Le chœur est flanqué de quatre chapelles carrées, sur le modèle des abbayes de l’Etoile et de Trizay (Vendée). Il ne reste que peu d’éléments des bâtiments conventuels qui ont servi de carrière de pierres pour l’édification du Fort de Prée au XVIIe siècle, mais on distingue encore le carré du cloître au nord de l’église, les restes lacunaires de la salle capitulaire, ou encore un pan de mur du réfectoire sur lequel subsistent encore trois chapiteaux et départs de voûte.

Les ruines de l’abbaye des Châteliers, La Flotte


L’ île protestante L’ouverture de l’île sur l’extérieur au XVIe siècle et la proximité du bastion protestant de La Rochelle, constituent deux facteurs naturellement propices à l’introduction de la Réforme sur Ré. Commerçants, artisans et marins rétais, généralement localisés dans la moitié sud de l’île mais aussi à Ars et Loix, sont séduits par la nouvelle pensée religieuse. Les viticulteurs et sauniers du nord de l’île restent quant à eux fidèles au catholicisme. Une différenciation qui permet, une fois encore, d’établir une distinction entre le nord et le sud de l’île. Un premier pasteur officie à Saint-Martin-de-Ré à partir de 1560, puis à La Flotte en 1567 et à Ars en 1575. Mais à partir de 1562 et jusqu’en 1685, l’Ile de Ré devient le théâtre de nombreux combats et pillages tantôt à la faveur des catholiques, tantôt à celle de leur rivaux huguenots. Certains édifices cultuels en portent encore les traces, à l’image de l’église de Saint-Martin-de-Ré ou de l’abbaye des Châteliers qui ne se relèvera pas de l’épisode des guerres de religion. L’Ile de Ré sera bien malgré elle la scène de nombre de ces combats dont les enjeux entre royaume de France, royaume d’Angleterre et La Rochelle protestante, dépassent largement les frontières de l’île. Pendant cette période de conflit, les Rétais catholiques et protestants, chacun assumant des rôles complémentaires,

Ruines de l’église de Saint-Martin-de-Ré, photographie du début du XXe siècle

continuent d’ailleurs de collaborer dans une relative bonne entente, les premiers assurant la récolte des productions, les seconds leur écoulement vers les marchés extérieurs. Après la chute de La Rochelle en 1628, la situation des protestants rétais devient toutefois plus difficile : persécutions, interdiction de culte, destruction des temples… Ils sont encore environ 2 000 en 1685, avant la révocation de l’Edit de Nantes qui entraîne de nombreuses abjurations et l’émigration de 1 000 à 1 500 Rétais vers les refuges protestants de GrandeBretagne, de Hollande, de Norvège et d’Amérique du Nord. Un membre de chaque famille reste généralement sur l’île afin de maintenir des liens commerciaux avec les Rétais émigrés et de continuer à développer le négoce. Un culte clandestin se maintient donc sur l’île qui finit par être accepté par les autorités et la communauté catholique au XVIIIe siècle. La présence de pasteurs, la construction de lieux de cultes et de cimetières protestants est alors tolérée. La communauté protestante ne cesse cependant de s’affaiblir (500 protestants en 1788, 300 en 1819, 150 en 1920) mais subsiste tout de même jusqu’à aujourd’hui, comme en témoigne la présence d’un temple protestant toujours en activité à Saint-Martin-de-Ré.

Temple protestant, Saint-Martin-de-Ré

Collection Musée Ernest Cognacq, ville de Saint-Martin-de-Ré

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ZOOM SUR... Le temple protestant de SaintMartin-de-Ré Le temple de Saint-Martin-de-Ré situé sur la Place de la République, est le seul de l’île à avoir été conservé jusqu’à aujourd’hui. Si un cimetière protestant demeure encore sur la commune de La Flotte, le temple qui y avait été édifié au XIXe siècle a été détruit en 1928. A l’aube du XIXe siècle à Saint-Martinde-Ré, le culte protestant se pratique dans une boutique louée dans l’Arsenal, l’actuel Hôtel de Clerjotte. En 1811, la municipalité met à disposition une salle de l’Hôtel de Ville mais sa configuration ne constitue pas un cadre idéal pour la célébration du culte. Le consistoire fait alors la demande auprès du ministre de la Justice et des cultes de la construction d’un nouveau temple. La requête est acceptée. Les travaux ont comme source de financement des aides de L’Etat et du Conseil Général, la mairie de Saint-Martin-de-Ré faisant don d’un terrain à cet effet au sud de la Place de la République. Edifié en 1836, le temple se compose d’une modeste salle rectangulaire. La façade néo-classique est surmontée d’un fronton triangulaire dont le bas-relief représente une Bible ouverte, symbole de la toute-puissance de la parole divine pour les protestants.

La franc-maçonnerie Comme pour le protestantisme, la franc-maçonnerie qui se développe dès le début du XVIIIe siècle à partir de l’Angleterre, trouve rapidement un terrain favorable à son expansion sur l’Ile de Ré, et plus largement dans les provinces d’Aunis et de Saintonge. La présence de garnisons importantes, l’ouverture sur le commerce international et la forte implantation du protestantisme, à l’origine d’une certaine méfiance vis-àvis de la religion officielle dans la région, peuvent sans doute expliquer l’essor de la franc-maçonnerie, plus rapide et important ici qu’ailleurs. Les loges fondées dans les ports de La Rochelle et Rochefort, dont celles de l’Union Parfaite et de l’Accord Parfait ont traversé les siècles, trouvent rapidement un fort écho auprès des négociants et armateurs de l’Aunis. A la fin de l’Ancien Régime, la région compte un réseau de loges maçonniques particulièrement dense. Favorisé par les aspirations intellectuelles et morales de la philosophie des Lumières, le mouvement s’étend jusqu’aux îles de Ré et Oléron. De 1776 à 1836, il semble que trois loges aient exercé leur activité sur l’Ile de Ré. Celle de "la Sagesse" à Saint-Martin-de-Ré, officie de 1776 à 1814, "Les Amis de la Parfaite Union" se réunissent quant à eux de 1805 à 1827, également à Saint-Martin-de-Ré et "Les Amis de l’Ordre" s’installent sur la commune de La Flotte de 1807 à 1836. Malgré une tentative de relance des "Amis de la Parfaite Union" en 1894, plus aucune loge n’officie sur l’Ile de Ré après cette date. Le mouvement laissera toutefois des marques profondes sur le territoire insulaire et l’empreinte de quelques illustres personnages dont de nombreuses rues rétaises portent aujourd’hui le nom. Parmi ceux-ci, le négociant rétais Gustave Dechézeaux qui, au cours de la période révolutionnaire, s’illustre par ses prises de position radicales et indépendantes qui lui valent d’être guillotiné à Rochefort en 1794. Les traces de la présence maçonnique sur l’île sont également encore visibles sur certains éléments d’architecture et sur de nombreux documents relatifs aux loges, qui ont été retrouvés et conservés.


La Francmaçonnerie

Archive maçonnique

Collection Musée Ernest Cognacq, ville de Saint-Martin-de-Ré

Symboles maçonniques, Saint-Martin-de-Ré

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PAYS D’ART ET D’HISTOIRE

CANDIDATE AU LABEL

ILE DE

Ré Synthèse et enjeux Dès le Moyen-Age, le territoire se structure autour de la production de sel et de vin et le commerce de ces produits. Forte de sa position stratégique sur la route atlantique, l’île profite de l’essor du port de La Rochelle pour se positionner sur la scène économique internationale. Echanges de marchandises, circulation des hommes, diffusion des idées religieuses, Ré multiplie les échanges avec l’extérieur. Territoire clos et isolé géographiquement, l’île aspire pourtant à s’ouvrir sur le monde et à s’enrichir des apports étrangers, matériels, financiers, mais surtout humains, à l’origine d’une grande tradition d’ouverture pour le territoire insulaire. De ces siècles de développement et de prospérité, découle aujourd’hui un patrimoine monumental riche et des activités ancestrales qui se maintiennent.


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ILE DE

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PAYS D’ART ET D’HISTOIRE


3. Ré, une position militaire stratégique : l’Ile fermée

3-1. Entre les pertuis, une Ile au cœur des enjeux 3-2. L’Ile de Vauban 3-3. Le Mur de l’Atlantique


PAYS D’ART ET D’HISTOIRE

CANDIDATE AU LABEL

ILE DE

"Les îles côtières, situées au large de pays ou d’autres îles, ont toujours une importance politique. Elles constituent une base de départ pour l’annexion des territoires intérieurs." Friedrich Ratzel, géographe

Cette citation du géographe Friedrich Ratzel trouve en l’exemple de l’Ile de Ré - et plus largement dans l’ensemble des îles du Ponant - une parfaite illustration. Leur fonction militaire, éminemment stratégique et reconnue depuis fort longtemps, est aisément compréhensible au regard de la position avancée de celles-ci par rapport au continent. Passage obligé pour les navires en provenance de l’Atlantique, elles constituent, telles des sentinelles placées aux avant-postes, une garde rapprochée idéale pour la défense du littoral. L’exemple des îles charentaises est à ce titre remarquable : l’axe formé par les îles de Ré, Oléron, Aix, Madame, Fort d’Enet, Fort Boyard et Fort Chapus verrouille l’accès à la mer des Pertuis, assurant par la même occasion la défense des ports de Brouage, La Rochelle et Rochefort. Au cours de l’histoire, les îles ont subi les conséquences de cette localisation stratégique et ont été les victimes de nombreux assauts et pillages dus à différents ennemis. Afin d’assurer leur protection et celle du continent, ces véritables gardiennes des pertuis sont donc efficacement équipées pour faire face aux éventuelles attaques et se dotent d’un impressionnant réseau de fortifications. Ré n’échappe pas à cette règle : dès le XIIIe siècle et jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, l’île est dotée de multiples ouvrages défensifs dont bon nombre ont été conservés jusqu’à aujourd’hui.

Le port de la Citadelle aujourd’hui, Saint-Martin-de-Ré


Ils ont

fait l’

3.1 Entre les Pertuis, une Ile au cœur des enjeux

Elisée RECLUS

géographe et anarchiste, (Sainte-Foy-la-Grande, 1830 - Thourout, Belgique, 1905) Les premières sources traitant de l’évolution historique de Ré montrent que l’île n’a cessé, au fil des siècles, d’être avidement convoitée par de nombreux ennemis. Malgré les lacunes documentaires pour le premier millénaire de notre ère, nous savons que les IXe et Xe siècles ont vu les invasions normandes frapper le territoire à plusieurs reprises. Il est du reste probable que Ré ait alors subi une baisse démographique significative en raison de ces intrusions sur son sol, les premières d’une longue série. Entre le XIIIe et la première moitié du XVIIe siècle, l’île sera la victime de plus de dix débarquements et pillages perpétrés lors des conflits entre Français et Anglais, puis dans le cadre des guerres de religion. Des mesures sont ainsi prises de manière précoce pour assurer sa protection et servir d’outil de dissuasion face aux menaces ennemies. Les archives font état de plusieurs ouvrages défensifs qui semblent avoir été édifiés dès le XIIe siècle et dont il ne reste rien aujourd’hui : une "mothe" fortifiée et un "vieux château" sur les terres de La Flotte, ainsi qu’un "hébergement" pour le seigneur de Ré situé à peu de distance d’un "fort" à Saint-Martin ; plusieurs "castrum", "forteresses" et "chasteaux", ainsi que des "murailles" qui seraient venues fortifier les églises de Sainte-Marie, Ars et Saint-Martin.

citadelle qu’il faut achever à la hâte : c’est le début d’un siège qui durera trois mois. Les conditions de vie des assiégés sont difficiles : la soif, la faim et les privations les affaiblissent durablement, bien que des embarcations parviennent à les ravitailler à deux reprises. Face à une situation désespérée, Toiras n’a d’autre solution que d’envoyer trois messagers à la nage sur le continent pour demander l’aide du roi. Pierre Lanier relève le défi et parvient à atteindre les côtes. Louis XIII entend l’appel de Toiras et les troupes royales débarquent au Fort de la Prée. Elles forcent les Anglais à lever le siège et à se replier vers Loix d’où ils rembarquent vers l’Angleterre. Cet épisode est lourd de conséquences pour l’île : après la capitulation de La Rochelle en 1628, le roi qui redoute la prise de la place par surprise et l’occupation par l’ennemi protestant, ordonne de raser la citadelle de Saint-Martin. Mais la création de l’arsenal de Rochefort qui intervient en 1666 à l’initiative de Louis XIV, rend pourtant nécessaire une nouvelle réflexion sur l’aménagement défensif de Ré, de manière à assurer une protection optimale et durable au nouveau port militaire.

Du XIIIe siècle à la fin de la Guerre de Cent Ans, puis pendant les guerres de religion à partir de 1562, l’Ile de Ré bascule, au gré des victoires et des défaites des uns et des autres, tantôt dans le Royaume de France, tantôt dans celui d’Angleterre, jusqu’à ce que Richelieu parvienne à la reconquérir en 1625 et décide de la faire fortifier. Les ingénieurs Le Camus et d’Argencourt y construisent alors le Fort de la Prée et la première citadelle de Saint-Martin. Le premier, remanié par Vauban, existe toujours aujourd’hui, alors que la première citadelle dans laquelle se réfugient les troupes de Toiras lors du siège de l’Ile de Ré, est rasée suite à cet épisode. Au cours de l’année 1627, alors que les querelles entre les monarchies anglaise et française s’intensifient, Charles Ier roi d’Angleterre, décide d’apporter son soutien au bastion protestant de La Rochelle en armant une flotte de 8 000 hommes. Ré, alors aux mains du Royaume de France, devient la cible du Duc de Buckingham. L’armée anglaise débarque à Sablanceaux et repousse les troupes de Toiras dans la

Portrait d’Elisée Reclus, Une de l’Illustration du samedi 8 juillet 1905. Collection Musée Ernest Cognacq, ville de Saint-Martinde-Ré. Ce géographe, fervent démocrate et profondément athée, devient peu à peu le principal représentant et défenseur de l’anarchie en France. Il quitte une première fois le pays après le coup d’Etat du 2 décembre 1851, puis une seconde fois après en avoir été banni en 1872, notamment à la suite de sa participation active à l’épisode de La Commune de Paris. Après l’amnistie de 1880, il passe tous ses étés à Ars-en-Ré où, en compagnie du peintre William Barbotin et d’autres amis ralliés à sa cause, il prône la destruction de l’Etat au sein d’un véritable clan anarchiste rétais.

Plan de la première citadelle de Saint-Martin-de-Ré édifiée par Argencourt et Le Camus, dessin à la plume et aquarelle, XVIIIe siècle,

Collection Musée Ernest Cognacq, ville de Saint-Martin-de-Ré

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Ils ont

fait l’ Emile-Arthur THOUAR

aventurier et explorateur (Saint-Martin-de-Ré, 1853 - Argentine ?, 1908)

Portrait d’Arthur Thouar, tirage photographique, fin XXe siècle. Collection Musée Ernest Cognacq, ville de Saint-Martin-de-Ré. En 1879, Emile-Arthur Thouar entreprend un périple de trois ans qui le mène des Antilles au Mexique, au Venezuela et en Colombie. À son retour, il apprend la fin tragique de la mission Jules Crevaux massacrée par les Indiens aux confins de la Cordillère des Andes. En 1882, il embarque de nouveau pour l’Amérique du Sud afin de rechercher les restes de la mission et de ramener en France les dépouilles des victimes. Après son retour en France, Ferdinand de Lesseps lui remet la médaille de la Société de géographie de Paris, en présence du président de la République Jules Grévy. Il effectue de nouvelles expéditions pour les gouvernements argentin, bolivien et paraguayen qui souhaitent étudier les routes commerciales entre les trois pays. Peu connu en France, tout comme Nicolas Baudin, c’est sur la terre de ses exploits qu’il reçoit un hommage, quand une ville de Bolivie décide de porter son nom.

ZOOM SUR... Le fort de la Prée Le fort de la Prée est construit en 1625 sur ordre de Toiras, gouverneur de l’Ile de Ré. Le lieu d’implantation est choisi en raison de sa proximité avec le continent : situé à cinq kilomètres seulement de la côte charentaise, il peut constituer un point d’entrée essentiel pour l’arrivée de renforts venus de la terre ferme en cas d’invasion ennemie. Ce cas de figure se produit deux ans plus tard lors du siège de l’Ile de Ré au cours duquel les troupes du roi de France débarquent au fort de la Prée pour libérer les assiégés. Partiellement édifié avec des pierres provenant des ruines proches de l’abbaye des Châteliers, le fort comprend quatre bastions reliés par de petites courtines en demi-cercle. Suite au passage de Vauban dans l’île, le fort, qualifié de "fort d’opérette" par l’ingénieur royal en raison de ses nombreux problèmes de conception, est remanié : Vauban propose de « raser son enveloppe et son chemin couvert et de ne laisser sur pied que la vieille étoile et son port » et ordonne la construction d’une caserne sur deux étages afin de pallier au manque de place. A l’intérieur, plusieurs bâtiments sont construits : le logement du commandant, des magasins, la chapelle Sainte-Barbe, des citernes et une poudrière. Le fort est remis en état à la fin du XVIIIe siècle et réaménagé à plusieurs reprises au XIXe siècle. Quelques années plus tard, au cours de la Seconde Guerre mondiale, les Allemands y installent une batterie nommée Berta. Le fort de la Prée est finalement vendu à une association en 1949. Inscrit au titre des monuments historiques en 1969, puis classé en 2008, il est aujourd’hui la propriété du CNOSAP (Comité National des Œuvres Sociales et Culturelles de l’Administration Pénitentiaire) et constitue le plus ancien ouvrage militaire conservé sur l’Ile de Ré. Plan du fort de la Prée, dessin à la plume et aquarelle, 1722 Collection Musée Ernest Cognacq, ville de Saint-Martin-de-Ré


3.2 L’Ile de Vauban Ré, au cœur du système défensif charentais Sous la menace des troupes anglo-hollandaises, le rôle stratégique des îles charentaises s’intensifie sous les règnes de Louis XIII et Louis XIV. Trente ans après l’épisode du siège, Colbert, secrétaire d’Etat à la marine et principal ministre de Louis XIV, envisage de doter le royaume d’une véritable marine de guerre, capable d’affronter les menaces venant du large. Pour bâtir une flotte dotée d’une force de frappe suffisante, la construction d’un arsenal de grande envergure, capable de construire, entretenir, réparer et armer des vaisseaux de manière rapide et efficace, s’impose. Le lieu d’implantation fait l’objet de plusieurs études. C’est finalement la ville de Rochefort, naturellement protégée des bombardements des flottes ennemies grâce à son estuaire,

Le Château d’Oléron

qui est retenue et voit la construction de l’arsenal débuter en 1666. Le site choisi, reste à en assurer la protection. Sébastien Le Prestre de Vauban, ingénieur militaire, est chargé par Louis XIV d’organiser la défense du nouveau port militaire de Rochefort, ainsi que celle des ports de commerce de La Rochelle et de Bordeaux, en pleine expansion. Un important dispositif visant à fortifier la côte, depuis l’Aunis jusqu’à la Guyenne est alors mis en place : les îles de Ré, Oléron et Aix, portes d’entrée vers la mer des Pertuis, deviennent ainsi des verrous empêchant ou régulant l’accès au littoral charentais. Forts, redoutes, batteries et phares dont certains sont encore visibles aujourd’hui, viennent rapidement structurer les côtes de ces territoires insulaires, points avancés fondamentaux dans le complexe système défensif atlantique conçu pour la sécurité du Royaume de France.

La Corderie Royale de Rochefort

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ZOOM SUR...

Le réseau fortifié de l’Ile de Ré Vauban effectue un premier voyage sur Ré en 1674 et propose la construction de trois redoutes à des emplacements stratégiques : le Martray, qui contrôle la liaison entre les deux moitiés de l’île, Les Portes et Sablanceaux, principaux lieux de débarquement aux extrémités nord et sud du territoire. Après son deuxième séjour sur Ré en 1681, il préconise la construction d’une véritable place forte à Saint-Martin-de-Ré et la consolidation des ouvrages existants disséminés sur l’ensemble du territoire : le fort de la Prée, les redoutes construites en 1674 et la Tour des Baleines. L’ensemble du système sera renforcé au début du XVIIIe siècle par la construction d’une série de batteries de côtes dont celles de la Pointe de Sablanceaux et du Grouin restent aujourd’hui les seuls témoignages.

La redoute de Sablanceaux (Rivedoux-Plage) Construit en 1673, l’ouvrage est une redoute carrée de 45 mètres de côté. Sa cour contient un puits, un magasin à poudre et deux petits bâtiments servant de corps de garde et de magasin. L’entrée, dans l’angle ouest de l’édifice, est protégée par un pont-levis. Entourée d’un étroit fossé, la redoute est équipée d’une banquette de tir armée de six pièces sur l’axe nord-sud. Six canons, au nord-est et sud-est du rempart, complètent le dispositif armé. Régulièrement remaniée au cours des XVIIIe et XIXe siècles, la redoute a quasiment conservé intact son aspect originel. Avec cet ouvrage, Vauban entend assurer la défense des côtes, les plages de l’isthme de Sablanceaux étant particulièrement favorables aux débarquements ennemis. L’épisode du siège en 1627, qui voit près de 10 000 hommes affluer massivement en l’espace de deux jours, aura sans doute conforté Vauban dans le choix de ce site. Dès 1701, le dispositif est encore consolidé par la construction d’une série de batteries de côtes destinées à protéger les plages entourant l’isthme : les batteries du Deffend, de la Pointe de Sablanceaux et de Rivedoux, puis la batterie Neuve en 1742 et la Surveillante, à la fin du XVIIIe siècle. La redoute appartient aujourd’hui à la commune de Rivedoux-Plage qui engage progressivement sa restauration.

La batterie de la Pointe de Sablanceaux (Rivedoux-Plage) Sur le lieu de la fameuse bataille de Sablanceaux à l’origine du siège de 1627, face à La Rochelle, la première batterie de 1701 n’est qu’un simple épaulement en terre recouvert de gazon, armé de 12 canons. Plusieurs fois remaniée au cours du XVIIIe siècle, elle fait l’objet d’une réorganisation au siècle suivant : six canons et six obusiers sont mis en place et un corps de garde défensif ainsi qu’un magasin à poudre sont construits après 1874. La batterie est complétée en 1894 par un magasin à munitions en béton, et son armement est une nouvelle fois renouvelé. La batterie de la Pointe de Sablanceaux est l’une des seules, avec celle du Grouin, à avoir été conservée en raison de sa position stratégique. Les progrès de l’artillerie au XIXe siècle lui donnent en effet une importance notable, non plus pour empêcher un éventuel débarquement sur les côtes rétaises, mais pour interdire aux marines ennemies le passage du pertuis Breton et l’accès à la rade de La Pallice. La batterie est aujourd’hui la propriété du Conseil Général de la Charente-Maritime.

La redoute du Martray (Ars-en-Ré) Construite en 1674 sur l’emplacement d’un ancien fort inachevé, la redoute carrée comprend une cour de 24 mètres de côté dans laquelle se trouvent un bâtiment servant de corps de garde et de logement, un dépôt de poudre, un four, un magasin et une écurie. Comme à Sablanceaux, l’entrée est protégée par un pont-levis à flèches donnant accès à une galerie voûtée traversant le rempart et débouchant sur la cour centrale. En 1942, la redoute est transformée et utilisée par les Allemands sous le nom de code "Ilse". Jamais attaquée, elle est rendue lors de la capitulation allemande en 1945 et appartient aujourd’hui à un propriétaire privé.


Redoute de Sablanceaux, Rivedoux-Plage

Redoute de Sablanceaux, graffitis, Rivedoux-Plage

Redoute du Martray, Ars-en-Ré

3. Ré, une position militaire stratégique : l’Ile fermée

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ZOOM SUR...

Le réseau fortifié de l’Ile de Ré La redoute des Portes (Les-Portes-en-Ré) Egalement construit en 1674, l’ouvrage constitue une redoute carrée de 38 mètres de côté, entourée d’une simple excavation tenant lieu de fossé. Souvent attaquée par la mer, la redoute a été reconstruite et régulièrement remaniée jusqu’à son abandon en 1854. En 1880, le magasin à poudre ajouté pendant la Révolution est transformé en chapelle surmontée d’une statue de la Vierge. Détruite puis reconstruite en 1985, la chapelle et la statue restaurée sont encore visibles sur l’ancien site de la redoute. Comme à Sablanceaux, le dispositif sera renforcé au XVIIIe siècle par la construction de nombreuses batteries de côtes dont aucune n’a été conservée : batterie du Fier d’Ars, du GrosJonc, de la Loge, des Prises, du Punoir et batterie Royale.

les rochers des Baleines et d’Antioche. Si le phare a subi de nombreux remaniements jusqu’en 1854, date d’achèvement de deux nouveaux phares (le nouveau phare des Baleines et le phare des Baleinaux), il est, après celui du Cordouan, l’un des plus anciens phares de France. L’édifice comporte trois étages avec trois pièces auxquelles on peut accéder par un escalier à vis. Le feu est d’abord alimenté par de l’huile de poisson et plus particulièrement de baleine, avant d’être remplacé par une lanterne à charbon en 1736, définitivement abandonnée en 1907. La vieille Tour des Baleines est classée au titre des monuments historiques en 1904 et restaurée au cours du XXe siècle.

La batterie ou fort du Grouin (Loix) La première batterie est édifiée en 1742. Treize ans plus tard, elle est armée de trois pièces de canons mais souffre de son mauvais état. Un projet d’armement est mis en œuvre pendant la Révolution. Au XIXe siècle, elle fait partie des ouvrages que l’on décide de conserver et d’adapter aux progrès de l’artillerie. Le fort tel qu’on le connaît aujourd’hui est alors construit en 1860. Le réduit possède un accès unique défendu par un pont-levis, modèle très répandu sur les côtes à cette époque mais dont le Grouin est le seul à avoir été conservé en l’état sur l’Ile de Ré. Vendue en 1949, la batterie du Grouin appartient aujourd’hui à un particulier.

La Tour des Baleines (Saint-Clément-desBaleines) Edifiée de 1669 à 1682, sur ordre de Colbert et d’après le programme établi par Vauban, la Tour des Baleines est d’abord destinée à assurer la surveillance du port militaire de Rochefort édifié trois années plus tôt. Elle sert également à contrôler le trafic maritime et à détourner les navires du danger que constituent La Tour des Baleines, Saint-Clément-des-Baleines


Ancien Phare des Baleines, photographie d’Émile Couneau, vers 1910

Collection Musée Ernest Cognacq, ville de Saint-Martin-de-Ré

Fort du Grouin, Loix

3. Ré, une position militaire stratégique : l’Ile fermée

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ZOOM SUR... VAUBAN, Ingénieur militaire (Saint-Léger-de-Foucherets, 1633 - Paris,1707)

Alors que Louis XIV organise l’armée française et décide de la doter d’une véritable marine de guerre pour lutter contre les flottes anglaise et hollandaise, il charge Sébastien Le Prestre de Vauban d’assurer la défense des côtes de France. L’ingénieur militaire parcourt le pays et dresse un réseau de places fortes qui révolutionne l’architecture militaire. Il joue un rôle majeur pour la fortification de l’Ile de Ré sur laquelle il effectue trois séjours. Il fait d’abord construire les redoutes du Martray, des Portes et de Sablanceaux, il réorganise le fort de la Prée, puis il ordonne la construction de la place forte de SaintMartin-de-Ré aujourd’hui inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco en tant que témoignage exceptionnel du premier système de défense mis en œuvre par Vauban.

Remparts, Saint-Martin-de-Ré


La place forte de Saint-Martin-de-Ré, clé de voûte du système défensif rétais Au retour de son second voyage sur l’Ile de Ré en 1681, Vauban propose à Colbert de faire de SaintMartin-de-Ré le centre névralgique du réseau fortifié rétais. Son "Instruction de Monsieur de Vauban sur la fortiffication de Saint-Martin-de-Ré du 31 juillet 1681", présente Saint-Martin-de-Ré comme un lieu doté d’une situation et d’une configuration idéales, laissant penser qu’il est à même d’assurer avec efficacité la fonction défensive qui lui est destinée. Abri naturel et lieu de toutes les convergences, la cité est « le lieu le plus propre à pouvoir bastir cette place (…) par la raison que c’est l’endroit de l’isle le plus habité, le mieux basty, qui a le plus forme de ville, le seul ou il se trouve un port que l’on peut accommoder et rendre capable de recevoir des fregattes de 30 pieces de canon et qui a une très bonne rade devant soy. C’est de plus le lieu de touttes l’isle le mieux placé pour recevoir les secours de terre ferme et ceux de l’isle mesme (…), celuy-ci tenant a peu pres le milieu, dans une tres belle scituation ou l’eau, la pierre, le sable et la chaux seront tres facilles a avoir. C’est en un mot le lieu de toutte l’isle auquel il manque le moins de tout ce qui peut estre necessaire a l’establissement d’une bonne fortiffication. » Décision est donc prise d’édifier une citadelle sur le même emplacement que celle de 1625. Véritable cité militaire au sein de la place forte mais séparée de la ville, elle vient affirmer l’autorité du pouvoir royal. Une mesure qui relève davantage d’une décision d’ordre politique que stratégique, et qui traduit la méfiance du roi face à la population protestante présente en grand nombre sur l’île. Les "Instructions" rédigées par Vauban sont à ce sujet sans équivoque : « il est à remarquer que tout le peuple de l’île ramassé dans cette place ne fera pas moins de 16 000 âmes de différente religion, dont ceux de la prétendüe réformée font asses bon nombre, que les ennemis plus à craindre

en sont tous, et qu’il est necessaire d’aillieurs que l’authorité du Roy y soit maintenue en tous temps […] C’est pourquoi, il parais être de necessité d’avoir un lieu seur et independant pour prévenir de semblables accidents ». Conformément aux recommandations de Vauban, la première pierre de la citadelle est posée le 29 juin 1681. Autour de la ville est érigée une vaste enceinte qui doit permettre, en cas de siège, d’abriter l’ensemble de la population rétaise avec « femmes, enfans et bestiaux ». Les remparts sont donc construits bien au-delà des limites du bourg, alors que la vaste esplanade entre la citadelle et la ville revêt une double fonction : assurer la sécurité de la citadelle et accueillir la population en cas d’incursion ennemie. L’enceinte est construite selon un plan semi-circulaire comportant cinq fronts bastionnés et cinq demi-lunes qui garantissent la défense des courtines. Le mur d’enceinte sur le front de mer forme le diamètre du demi-cercle et comporte en son milieu une avancée qui protège le port. L’ensemble est complété par des bâtiments utiles au service de la garnison : un grand corps de caserne, un magasin à poudre et plusieurs corps de garde. Commencée en 1682, l’enceinte fortifiée est achevée en 1690. De nombreux projets seront ensuite envisagés pour améliorer le dispositif fortifié mais très peu seront mis en œuvre, l’essentiel des ajouts postérieurs à Vauban consistant à équiper le littoral d’une série de batteries de côtes. Réalisée pendant l’une des périodes les plus fécondes de Vauban, la place forte de SaintMartin-de-Ré est remarquable par le pragmatisme de son tracé. L’analyse fine de la situation géographique et politique de Ré permet à l’ingénieur de définir un programme simple et clair, garant de l’efficacité du dispositif. Nouvelle donne géopolitique ou force du pouvoir dissuasif de la place forte, toujours est-il qu’aucun assaillant n’osa plus s’aventurer dans un nouveau débarquement sur l’île.

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Plan de la ville et citadelle de Saint-Martin, dessin à la plume et aquarelle, 1722 Collection Musée Ernest Cognacq, ville de Saint-Martin-de-Ré


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3.3 Le Mur de l’Atlantique Au XIXe siècle, Ré perd de son intérêt stratégique : les guerres continentales supplantent les conflits maritimes et les progrès de l’artillerie rendent obsolètes ou inadaptées les installations de Vauban. Néanmoins, occupée par l’armée allemande dès 1940, l’île retrouve son rôle militaire lors du second conflit mondial. Elle devient l’un des points forts du Mur de l’Atlantique, véritable barrière défensive mise en place par Hitler entre 1942 et 1945, courant depuis la Norvège jusqu’à l’Espagne pour dissuader les débarquements des Alliés.

et ses projets de débarquement, souvent construites sur la base d’anciennes fortifications. Les batteries "Betty" et "Cäcilie" voient ainsi le jour à Sablanceaux, la batterie de D.C.A. "Ella" est construite à Sainte-Marie, "Herta" est installée à La Couarde, "Ilse" (fort du Martray aménagé) et l’ensemble de "Karola" occupent la commune d’Ars, "Lola" s’établit autour de la redoute des Portes, alors que la batterie "Berta" (fort de la Prée remanié) est installée à La Flotte. En l’espace de deux ans, 37 ouvrages sont ainsi construits qui permettent d’accueillir près de 3 000 soldats.

A partir de 1941, les troupes allemandes en garnison à La Rochelle entament la construction d’une importante base sous-marine sur le port industriel de La Pallice. Parallèlement, elles entreprennent d’assurer sa protection à la fois contre les attaques terrestres et les assauts venus de l’Atlantique, en dotant les îles de Ré et Oléron d’un dispositif de défense complexe. Le système de radars mis en place entre les îles et le continent empêche alors tout mouvement dans les pertuis. Dès 1942, l’armée allemande équipe les côtes rétaises, de Rivedoux aux Portes, d’une série de blockhaus d’infanterie et de batteries d’artillerie destinées à lutter contre les bombardements alliés

Les bombardements réguliers perpétrés sur la base de La Pallice tout comme la destruction de la ville de Royan font craindre aux Rétais une attaque, qui ne se produira finalement jamais. Ni attaqué, ni bombardé, ce redoutable maillon du Mur de l’Atlantique verra son matériel rendu intact aux forces Alliées lors de la capitulation du 8 mai 1945. Laissés à l’abandon après la guerre, nombre de ces ouvrages constituent un patrimoine toujours vivant et accessible. Certains d’entre eux, vendus par l’Etat, ont été réhabilités pour accueillir des habitations, d’autres, échoués sur les plages, sont devenus les supports de quelques artistes de rue renommés (Jérôme Mesnager, Thoma Vuille).

Batterie de Sablanceaux, Rivedoux-Plage

Base sous-marine, La Rochelle


ZOOM SUR... La batterie Karola Parmi les nombreux ouvrages édifiés à cette époque, le complexe de Karola est sans aucun doute le plus impressionnant et le mieux conservé. Implanté au nord d’Ars-en-Ré, dans la forêt de la Combe-à-l’Eau, cet ensemble de plus de quarante hectares a été édifié par la Kriegsmarine de 1942 à 1944 afin de défendre la base sous-marine du port de La Pallice. Nommée Karola, la batterie se compose de deux tourelles (Anton et Dora) armées de canons d’une portée de 37 kilomètres, chacune d’elles étant dotée de logements, de groupes électrogènes, d’ateliers, de salles de ventilation et de soutes à obus. A l’arrière des deux tourelles, une voie ferrée équipée d’un quai de déchargement permet d’acheminer matériaux et munitions. La tour de commandement, pièce maîtresse de Karola, s’élève à 26 mètres audessus du sol. A la fois poste de commandement, de direction de tir et tour d’observation, elle est équipée d’un télémètre à grande puissance sous une coupole rotative. Le site dispose en outre de quatre cuves à canons à ciel ouvert, d’abris à munitions, de nids de mitrailleuse, de D.C.A. et de défense rapprochée. D’autres espaces, liés à la vie quotidienne des soldats, sont encore visibles sur le site : une infirmerie, un réfectoire, des cuisines, une boulangerie et un théâtre. Le site n’a jamais été bombardé. Le matériel a été démonté et vendu quinze ans après la fin de la guerre, et les terrains et bâtiments repris par l’armée française. Aujourd’hui propriété de la Marine, il accueille toujours des manœuvres de l’armée, mais sa gestion pourrait à l’avenir être transférée aux services de l’Office National des Forêts. Si certains édifices ont subi d’importantes dégradations au cours des dernières années, l’ensemble reste en très bon état, notamment la tour de commandement, protégée au titre des monuments historiques, qui constitue un témoignage exceptionnel de l’architecture militaire du XXe siècle.

La tour de contrôle de Karola, Ars-en-Ré

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Ré Synthèse et enjeux A double tranchant, la position stratégique de l’Ile de Ré sur le littoral atlantique favorise le commerce et la prospérité autant qu’elle suscite la convoitise. De tous temps, Ré a été le théâtre de multiples invasions et combats, obligeant les seigneurs et les Rois de France d’abord, puis l’armée allemande, à la doter d’importants réseaux de fortifications. Leur conception solide et leur répartition intelligente sur les côtes rétaises comme sur l’ensemble des îles des pertuis qui leur font face, répondent, à chaque fois, à la nécessité d’une vaste trame défensive à l’échelle du littoral charentais. Cette histoire mouvementée, caractérisée par une vocation défensive forte et ses conséquences géostratégiques, a laissé une architecture militaire datant du XVIIe au XXe siècle, remarquablement conservée, qui constitue aujourd’hui encore une partie de l’identité et du patrimoine rétais. Si les fortifications édifiées par Vauban ont obtenu une reconnaissance officielle et prestigieuse depuis l’inscription en 2008 de celles de SaintMartin-de-Ré sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, les réalisations plus récentes liées à la formation du Mur de l’Atlantique sont pour l’heure laissées à l’abandon. Leur intérêt historique, architectural et patrimonial relève de l’évidence, comme en témoigne l’inscription de Karola au titre des monuments historiques en 2002. Mais ces ouvrages délaissés depuis plus d’un demi-siècle souffrent, inévitablement, d’une forte dégradation. Ils méritent pourtant un autre avenir et une attention particulière, que les élus sont aujourd’hui bien décidés à leur accorder grâce à la mise en place du Pays d’art et d’histoire.


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Des bagnards aux baigneurs

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4.

4-1. Une étape vers le bagne 4-2. Les prémices d’une vocation touristique 4-3. D’Ile en presqu’Ile 4-4. Un trait d’union décisif


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"Homme libre, toujours tu chériras la mer !" Charles Baudelaire, poète Tout au long de son histoire, l’Ile de Ré s’est construite sur des rapports contradictoires entre ouverture et isolement. Cette dualité inhérente au développement de l’île se poursuit aux XIXe et XXe siècles, dans des contextes traversés par des enjeux économiques, sociaux et culturels d’un genre nouveau. L’isolement insulaire a constitué un facteur essentiel pour l’avenir de l’île, aux effets profondément divergents. L’éloignement du continent et la présence d’une citadelle inutilisée ont d’abord favorisé l’apparition d’un système pénitentiaire durable. Le caractère insulaire a été par ailleurs un moteur pour l’attractivité du territoire et son aménagement touristique. Bagnards et baigneurs n’ont pas vécu sur l’île pour les mêmes raisons et en ont ainsi donné une image paradoxale : enfer pour les uns, paradis pour les autres, Ré fait le malheur des condamnés au bagne et le bonheur des premiers visiteurs. Le bagne disparu, la fonction pénitentiaire de la citadelle de Saint-Martin-de-Ré a perduré, au cœur d’un patrimoine reconnu comme un témoignage exceptionnel d’architecture défensive. Les premiers baigneurs ont, eux, laissé la place aux arrivées massives de touristes et aux loisirs en famille. Quai de départ et terre d’accueil, l’Ile de Ré a été et demeure toujours symbole d’enfermement carcéral et promesse de divertissement estival.

Photographie de vacances, Collection privée, tous droits réservés


4.1 Une étape vers le bagne Au XIXe siècle, alors que la fonction stratégique militaire de Ré s’amoindrit, la citadelle de SaintMartin-de-Ré trouve une nouvelle vocation liée à la création des bagnes coloniaux. Territoire naturellement enclavé et donc propice au confinement, l’Ile de Ré constitue l’endroit rêvé pour le renforcement des politiques gouvernementales de contrôle, de surveillance et de détention à l’encontre des sujets ou des citoyens les moins disciplinés. Forte de l’enceinte infranchissable édifiée par Vauban, la citadelle de Saint-Martin-de-Ré accueille à plusieurs reprises des prisonniers du XVIIe au XXe siècle. Des protestants refusant d’abjurer après la révocation de l’Edit de Nantes, 1 023 prêtres réfractaires à la Convention entre 1798 et 1801, 400 Communards en 1871 et 700 Allemands capturés pendant la Première Guerre mondiale feront connaissance des geôles d’une citadelle devenue prison. Mais c’est en 1873 qu’est officiellement défini le rôle de Saint-Martin-de-Ré comme lieu de transfert vers le bagne. L’île, une nouvelle fois, est choisie par les autorités françaises pour écrire une page importante de l’histoire de France. Dès 1852, Napoléon III met en place un nouveau système pénitentiaire, héritier des galères et des bagnes portuaires. Les condamnés, jusqu’ici concentrés dans les bagnes métropolitains de Brest, Toulon et Rochefort, sont désormais rassemblés dans la citadelle de Saint-Martin-de-Ré, ultime étape d’un long voyage qui mène les prisonniers de leurs régions d’origine aux colonies françaises de Nouvelle-Calédonie et surtout de Guyane. Le système, pragmatique, a pour double objectif d’exploiter la force de travail des bagnards dans des territoires isolés en manque permanent de main d’œuvre et, par la même occasion d’emporter au large, loin de la France métropolitaine, les nuisances dont ces hommes se sont rendus responsables. Si leur peine s’avère supérieure à huit ans, les forçats sont condamnés à résider en Guyane à vie. En-deçà de ce seuil, on leur impose d’y demeurer après leur libération, pendant une durée égale à celle de la peine réalisée avant de pouvoir revenir sur le continent.

Une à quatre fois par an, un convoi composé d’environ 600 bagnards quitte le port de Saint-Martin-de-Ré dans un rituel rigoureusement organisé et sécurisé qui constitue un véritable événement pour les Rétais, les journalistes et les familles des prisonniers venues poser un dernier regard sur ces condamnés à l’exil. Avant chaque départ, les équipes pénitentiaires reçoivent le renfort de tirailleurs sénégalais et de gardes républicains chargés d’assurer la surveillance du transfert des prisonniers depuis la citadelle jusqu’au port. Les Rétais résidant sur les quais ont pour consignes de fermer portes et volets au rezde-chaussée et de rester cloîtrés chez eux. Cartes postales, affiches, articles de presse : l’évènement suscite la curiosité et attire les foules. Un "spectacle" qui, pendant plus de cinquante ans, a rythmé la vie rétaise et est resté gravé dans les esprits des badauds comme des quelques 53 000 bagnards embarqués au pied de la citadelle, par ailleurs souvent désignée, à tort, comme le "bagne de Saint-Martin". En 1938, le système des bagnes coloniaux est supprimé. Les derniers forçats quittent la Guyane en 1953 pour finir de purger leur peine en métropole, où - ironie du sort pour certains - ils sont parfois ramenés entre les murs de la citadelle de Saint-Martinde-Ré, devenue centre de relégation métropolitain après la Libération. Depuis 1970, la citadelle abrite une Maison Centrale, qui joue un rôle économique et social de première importance en tant que premier employeur de l’île. Après avoir manifesté sa volonté de fermer l’établissement dans le cadre de la réforme du Plan prison décidée en 2011, l’Etat a finalement fait le choix de maintenir à Saint-Martin-de-Ré ce centre pénitencier dont l’histoire est définitivement et profondément associée à celle de l’île.

Pauléon, dans "La route du bagne", joue le rôle du Merlousier, photographie du tournage du film en 1945

Collection Musée Ernest Cognacq, ville de Saint-Martin-de-Ré

4. Des bagnards aux baigneurs

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Départ sur le quai Clémenceau, photographie New York Times, novembre 1938 (photographie du dernier convoi) Collection Musée Ernest Cognacq, ville de Saint-Martin-de-Ré


4. Des bagnards aux baigneurs

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4.2 Les prémices d’une vocation touristique Alors que les stations balnéaires se développent à un rythme soutenu sur le littoral charentais au cours du XIXe siècle (La Rochelle, Royan, Fouras, Châtellaillon), le tourisme sur Ré connaît un essor plus tardif. Au tournant du XXe siècle, la mode est aux bains de mer. Le littoral insulaire n’est naturellement pas adapté à cette pratique de plus en plus courue. Saint-Martin-de-Ré et La Flotte, les principaux ports dotés d’un estran rocheux surmonté de petites falaises, ne correspondent pas aux attentes de l’époque et les plages de sable de la côte sud ne sont quant à elles pas suffisamment aménagées. C’est ce qui fait dire au guide Joanne, édité en 1910, que la plage de La Couarde, bien que « vaste, belle, sableuse […] ne dispose pas de chalet, si ce n’est un café et un belvédère ». Par ailleurs, les villages de la côte sauvage, édifiés en retrait du littoral, placent les services et commodités nécessaires aux baigneurs trop loin de la plage. A propos des autres villages, le guide affirme que « sans être précisément des stations balnéaires [ils] ont dans leur voisinage des plages plus ou moins belles, et grâce aux facilités de la vie, à l’air salubre et à la température égale de l’île, des baigneurs de goût simple s’y installent l’été ». Le phénomène touristique observé partout ailleurs à l’aube du XXe siècle reste largement mesuré sur l’île. Néanmoins, quelques intellectuels

découvrent le canton nord et s’installent dans les villages d’Ars et Saint-Clément, profitant de l’exode saunier pour racheter ou louer des propriétés. Il en résulte une absence quasi-totale de témoignages d’architecture balnéaire tels qu’on peut les observer sur les stations de la côte atlantique, exception faite de quelques exemples isolés. Mistinguette posséda d’ailleurs un chalet, aujourd’hui détruit, à La Couarde-sur-Mer. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, le tourisme investit progressivement les communes de Sainte-Marie-deRé et du Bois-Plage-en-Ré, sans toutefois les transformer. Les baigneurs logent chez l’habitant, dans des pensions ou dans les quelques hôtels installés sur l’île, activité complémentaire et aide non négligeable pour les insulaires qui doivent affronter les crises agricole et salicole. Parallèlement, se développe une nouvelle forme d’aménagement avec l’apparition d’un tourisme dit social : colonies de vacances et préventoriums profitent de l’abandon de terrains agricoles et de constructions militaires pour s’installer. En 1960, on dénombre ainsi douze colonies réparties sur l’ensemble du territoire. La plage, la découverte du patrimoine architectural et les animations organisées par les municipalités (bals, jeux, fanfares…) remplissent déjà parfaitement leur fonction de divertissement et comblent les attentes des premiers juilletistes et aoûtiens.

Carte postale

Collection Musée Ernest Cognacq, ville de Saint-Martin-de-Ré


Le véritable essor touristique de Ré intervient à partir des années 1950. Le développement des bacs, le droit aux congés payés depuis 1936, l’utilisation plus systématique de l’automobile et la démocratisation des loisirs pendant les Trente Glorieuses sont autant de facteurs responsables de la croissance touristique sur les littoraux français, et pour les côtes rétaises en particulier. Les premières études de fréquentation recensent plus de 40 000 estivants en 1957 avec des pics pouvant atteindre près de 80 000 personnes dix ans plus tard, pour une population permanente inférieure à 10 000 habitants. L’arrivée massive de plusieurs milliers de personnes sur un espace aussi réduit que celui de l’Ile de Ré n’est pas sans incidence sur la structure sociale et l’organisation spatiale du territoire. L’activité touristique, dévoreuse d’espace et devenue première source de revenus pour les insulaires, voit son succès s’accompagner d’une baisse inexorable de la surface agricole cultivée. Le visage de l’île change : les espaces boisés, appréciés des touristes, se développent, les campings, parcelles privées et résidences secondaires se multiplient de manière plus ou moins dispersée, parfois en contradiction avec la densité du bâti traditionnel. A la différence des stations balnéaires continentales, les premières règles d’urbanisme rétaises préconisent pourtant un respect de l’architecture traditionnelle, veillant à garantir cohérence et unité architecturales. Le tourisme et ses impératifs d’aménagement se trouvent ainsi à l’origine d’une profonde refonte du modèle spatial insulaire. Le littoral prend le pas sur l’intérieur des terres, la côte autrefois "sauvage" devient particulièrement attractive et la croissance urbaine s’étend désormais face à la mer, au plus près du linéaire côtier. Avec la construction d’un appontement à Sablanceaux, le canton sud devient le point d’entrée de l’île aux dépens des ports de La Flotte et Saint-Martin-de-Ré. Investi de cette nouvelle fonction, il opère un rapprochement tant géographique que symbolique avec le continent. Les liaisons par bac reliant le port rochelais de La Pallice à la commune de Rivedoux constituent à ce titre les prémices d’un axe de développement La Rochelle/ Ile de Ré qui rendra par la suite indispensable la réflexion sur la mise en place d’une liaison fixe.

Carte postale

Collection Musée Ernest Cognacq, ville de Saint-Martin-de-Ré

4. Des bagnards aux baigneurs

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4.3 D’Ile en presqu’Ile La question de la construction d’une liaison permanente entre Ré et le continent se pose à partir du début des années 1960, alors que les bacs qui assurent la traversée se distinguent surtout par leur vétusté, leur niveau de saturation et leur incapacité à soutenir un trafic répondant aux besoins des voyageurs réguliers et occasionnels entre les deux pôles. Car l’île reste très dépendante de La Rochelle, principalement dans le domaine des équipements de santé et d’éducation, déséquilibre qui impose aux Rétais des contraintes de déplacement lourdes, amplifiées en période estivale par l’arrivée des touristes. De la même manière, l’évolution des besoins de consommation courante incite de plus en plus les insulaires à traverser le pertuis pour s’équiper dans les zones industrielles et commerciales situées sur le continent. L’augmentation des besoins, conjuguée aux possibilités limitées de développement inhérentes au système du bac, conduisent les élus à envisager un dispositif capable de réduire les contraintes liées à l’isolement insulaire. Les exemples des îles d’Oléron et Noirmoutier, qui ont déjà ouvert la réflexion à des solutions alternatives en se dotant d’un pont en 1966 et 1971, offrent des perspectives d’évolution à toute la communauté rétaise.

Plusieurs types de projets sont alors envisagés, de la mise en œuvre d’un simple dispositif d’amélioration des bacs jusqu’à la construction d’un tunnel sous-marin, en passant par l’idée d’un téléphérique embarquant les voyageurs au-dessus des eaux. Pour des raisons de coût et d’efficacité, c’est finalement la solution du pont qui est retenue. Entre 1974, date à laquelle le Conseil Général de la Charente-Maritime officialise la décision de dresser un pont entre La Rochelle et Ré, et sa réalisation effective en 1988, quatorze années de débats acharnés vont montrer que le pont, personnage à part entière dans l’histoire de l’île, cristallise tous les enthousiasmes et toutes les colères, tous les espoirs et toutes les peurs, puissant facteur de crispation dont la toile de fond demeure la question essentielle de la préservation de l’environnement insulaire. Personnalités politiques nationales, élus locaux, habitants, associations, touristes…tous les acteurs du territoire prennent part à la réflexion, dont l’issue fait couler beaucoup d’encre au niveau local comme à l’échelle nationale. L’intervention de l’Etat et les recours en justice des associations de protection de l’environnement n’auront de cesse de retarder la date de la pose de la première pierre. Ils auront pour effet bénéfique d’engager, en amont de la construction, une véritable réflexion sur l’impact environnemental d’un projet d’envergure comme celui-ci. Le projet définitif s’accompagne d’importantes mesures de protection visant à préserver la qualité paysagère du territoire et à limiter son urbanisation. La période voit également naître, chez les habitants et les amoureux de l’île, la crainte de voir disparaître une identité profondément liée à l’insularité, peur qui s’accompagne d’un fort sentiment d’appartenance et d’une volonté accrue de protéger leur patrimoine et leurs traditions, comme une certaine idée de la vie rétaise. En 1988, un trait d’union décisif long de trois kilomètres rapproche définitivement La Rochelle et Rivedoux. Du haut de ses 28 piles, fort de ses 50 000 mètres cubes de béton et de ses 6 000 tonnes d’acier, le pont scelle la naissance d’une nouvelle ère pour Ré, à travers un projet inédit et exemplaire en matière de planification territoriale.

Le pont de l’Ile de Ré


Le pont de l’Ile de RÊ

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4.4 Un trait d’union décisif Les transports La construction du pont a eu comme principale conséquence une hausse inévitable et continue de la circulation automobile, au point de culminer à trois millions de passages sur le pont par an ces dernières années. De cette fréquentation élevée, dont la densité s’avère particulièrement importante en été, découlent des problèmes réguliers d’engorgement de la circulation. La décision, prise au moment où se confirmait la construction du pont, de ne pas entamer une transformation profonde du réseau routier, a toutefois eu pour effet de préserver le paysage insulaire. Le projet s’est par ailleurs accompagné de la mise en œuvre d’un réseau dense de pistes cyclables, étendu sur l’ensemble du territoire, offrant aujourd’hui plus de 100 kilomètres de pistes aux riverains et aux visiteurs occasionnels. La mise en place d’un péage à l’entrée du pont a permis d’assurer le financement de la construction de l’ouvrage, dont l’équilibre financier a été atteint fin 2011. Le Conseil Général de la Charente-Maritime a toutefois décidé d’appliquer une écotaxe fixée au niveau du tarif de l’ancien péage après cette date. D’une part, le pouvoir dissuasif de la taxe devrait inciter

Le pont de l’Ile de Ré

les visiteurs à laisser leur véhicule avant d’entrer sur l’île ; d’autre part, les recettes générées permettront de mettre en place des dispositifs alternatifs aux véhicules individuels (transports en commun terrestres et maritimes, pistes cyclables…). D’autres projets, qui ont tous vocation à répondre aux problématiques de transport, sont à l’étude : construction d’une troisième voie sur le pont réservée aux bus et aux véhicules de secours, mise en place d’un souterrain permettant de désengorger la commune de Rivedoux-Plage. Face à ces enjeux essentiels pour l’avenir de l’île, la Communauté de Communes s’appuiera à terme, dans une approche complémentaire au Schéma de cohérence territoriale, sur un Plan global de déplacement, véritable projet de développement à long terme pour les transports insulaires.

Le logement Il existe sans aucun doute pour l’Ile de Ré un "avant" et un "après" le pont : ce dernier a marqué un tournant radical dans son développement et sa mise en tourisme. L’accès facilité au territoire insulaire a largement accéléré la croissance démographique initiée en 1954. Ré voit rapidement l’installation de nouveaux ménages et la construction d’autant de logements se concrétiser, une tendance qui se confirme principalement dans le canton sud, dont les villages sont les plus proches du continent. Mais les règles d’urbanisme et les mesures de protection concomitantes à la naissance du pont ont entraîné une raréfaction des terrains constructibles et une hausse considérable des prix du foncier, obligeant à l’inverse certains actifs de l’île à résider de l’autre côté du pont. Conséquence inévitable : une forte sélection dans les catégories de population pouvant s’installer de manière permanente ou en résidence secondaire sur le territoire. Les retraités, séduits par la tranquillité et la sécurité offertes par le séjour insulaire, contribuent à l’important phénomène de vieillissement de la population qui touche particulièrement le canton nord. Parmi les objectifs définis dans le projet de Schéma de cohérence territoriale, les élus placent aujourd’hui l’accès au logement et l’équilibre de développement nord/sud au cœur des priorités. La construction de logements sociaux constitue l’une des mesures qui doit ainsi permettre l’installation durable de ménages aux revenus plus modestes sur les deux parties de l’île.


Le tourisme La disparition du service assuré par le bac inaugure une nouvelle ère pour les touristes français et étrangers, de plus en plus nombreux, attirés par une île désormais accessible par la route. L’année même de l’ouverture du pont, Ré connaît une hausse de fréquentation de 11 % ! La liberté et la souplesse accordées par ce nouvel équipement routier, conjuguées à l’évolution générale des pratiques de loisirs (fractionnement des congés, mise en œuvre des RTT) et de l’offre proposée par les infrastructures de transports (la ligne de TGV place Paris à trois heures de La Rochelle et l’aéroport de La Rochelle-Ile de Ré dessert de nombreuses villes d’Europe), entraînent un renouvellement des formes de séjours à la journée, pour le week-end ou à l’occasion de courts séjours. L’engouement pour les résidences secondaires se poursuit (elles représentent aujourd’hui 13 300 logements) alors qu’une réglementation stricte tend à réduire le camping sur parcelle privée. Les campings officiels, dont le succès reste permanent, s’adaptent aux pratiques touristiques, en proposant depuis quelques années une offre de résidences mobiles de loisir plus importante. L’impact d’un tourisme estival de cette envergure, soumis à une telle concentration dans le temps, n’est pas sans danger pour le territoire. Ce fut du reste l’un des principaux motifs de protestation de bon nombre de Rétais lorsque s’était imposé le projet de construction du pont. Ses conséquences, à la fois craintes et souhaitées lors des premières études, ont bel et bien opéré, hausse de la fréquentation et urbanisation en tête de liste, avec toutefois un effet bénéfique et vital qui a permis à l’ensemble des communes de l’île de retrouver un nouveau souffle économique et d’offrir de nouvelles potentialités en termes de développement territorial. Les mutations intervenues lors de ces vingt dernières années ont ainsi imposé de mener une réflexion approfondie sur la viabilité de cette pression touristique dans le cadre traditionnellement préservé d’un territoire insulaire : comment conjuguer essor touristique et préservation de la qualité paysagère et environnementale ? Comment garantir une croissance économique pérenne vivant en bonne intelligence avec les impératifs de développement durable, dans le respect de l’identité rétaise et de l’authenticité de son patrimoine ? Les mesures de protection de l’environnement et de maîtrise de l’urbanisme décidées lors de la construction du pont et jusqu’à aujourd’hui, ont permis de conserver les éléments historiques

qui font toute la spécificité et l’originalité de l’île. Ces efforts doivent pourtant être poursuivis et s’accompagner de nouveaux objectifs : réduction de l’effet de saisonnalité, désengorgement de la circulation et valorisation des patrimoines. Autant de problématiques qui sont au cœur du Schéma de développement touristique en cours d’élaboration et qui constituent de véritables défis de société à l’aube du XXIe siècle.

Péage, pont de l’Ile de Ré

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Ré Synthèse et enjeux Chaque territoire, quelle qu’en soit la superficie, connaît des événements solidement ancrés dans la mémoire collective de ses habitants. Jalons d’une histoire ancienne ou d’une chronologie plus contemporaine, ils marquent tous, à un moment donné, un tournant fondamental dans le processus de construction identitaire d’un territoire et de la communauté d’individus qui y vit et le fait vivre. L’épisode du bagne, comme celui de la construction du pont, ont constitué pour les Rétais des événements clés, sources de métamorphose profonde et concrète pour le quotidien de l’île mais aussi pour l’évolution des représentations que chacun, à l’extérieur comme sur son propre sol, s’en faisait. L’année 1988 marque la confirmation définitive de la vocation touristique de l’île et l’annonce d’un renouveau inédit pour Ré. En supprimant la barrière naturelle de l’océan, l’ouvrage modifie profondément l’organisation spatiale, démographique et économique du territoire. L’île est désormais presqu’île ; la population permanente augmente et doit vivre aux côtés des résidents secondaires et des visiteurs occasionnels ; l’île s’oriente peu à peu vers un tout-tourisme qui relance l’économie rétaise après les crises du XIXe siècle. Avec l’installation du tourisme comme nouveau pilier économique, l’Ile de Ré a dû faire face à de nouveaux paradoxes. Facteur de perturbation et de pression sur l’environnement et le patrimoine, le tourisme est aussi un agent de protection, de valorisation et de renouvellement des héritages. L’île doit désormais composer avec des mesures drastiques de protection et les exigences liées aux problématiques de développement territorial, afin de trouver un juste équilibre pour assurer la préservation du patrimoine rétais sans sombrer dans une dommageable muséification du territoire. Renouvelée à l’occasion de la construction du pont, la politique patrimoniale et urbanistique, dont les enjeux sont étroitement complémentaires, se poursuit, et a jusqu’à aujourd’hui fait montre d’une vraie intelligence de projet en favorisant l’accessibilité et l’attractivité de l’île tout en garantissant et en valorisant sa cohérence et son authenticité.


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PAYS D’ART ET D’HISTOIRE

Insularité et identité : l’ile vécue, l’ile perÇue

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5.

5-1. Solidarités insulaires 5-2. activités traditionnelles, pratiques ancestrales 5-3. regards d’artistes et mémoire de l’ile : identité et création


PAYS D’ART ET D’HISTOIRE

CANDIDATE AU LABEL

ILE DE

"Les îles sont de petits continents en abrégé." Bernardin de Saint-Pierre, écrivain Parmi les interrogations nées de l’aménagement touristique de l’île, l’éventualité d’une perte de l’identité originelle rétaise est celle qui a cristallisé toute l’inquiétude de la population. L’impact démographique causé par la construction du pont l’a rapidement confrontée à une configuration inédite, rendant inévitable une cohabitation, sur un espace inchangé, entre des résidents permanents plus nombreux, des effectifs de résidents secondaires en augmentation et des milliers d’estivants. Cette nouvelle donne socioculturelle a contribué à l’évolution de certains aspects de la vie sur l’île. Elle n’a pourtant en aucun cas entraîné une remise en cause profonde du caractère insulaire du territoire et des spécificités qui lui sont inhérentes. Le phénomène d’aspiration lié à la mise en place d’une liaison fixe et permanente entre l’île et l’agglomération rochelaise, qui aurait pu conduire Ré à se transformer en banlieue-dortoir de La Rochelle, ne s’est jamais vérifié. La continuité géographique assurée par le pont a confirmé, dans un paradoxe qui trouve sans nul doute sa source dans la solidité de ses héritages historiques, que Ré reste une île à part entière, en premier lieu dans l’esprit de ses habitants, mais également dans celui des visiteurs, pour lesquels l’insularité reste l’un des premiers motifs dans le choix de cette destination. Si les mœurs et modes de vie ont évolué dans une île aujourd’hui résolument ancrée dans la modernité, c’est tout un art de vivre proprement rétais, nourri par un esprit insulaire intact, qui s’est maintenu.

Carte postale, Collection Musée Ernest Cognacq, ville de Saint-Martin-de-Ré


Ils ont

fait l’

5.1

solidarités insulaires Théodore-Eugène KEMMERER L’isolement géographique des Rétais, bien que relatif, les a poussé à développer des formes d’entraide et des pratiques communautaires visant à assurer la sécurité et la survie de la population insulaire. Défense militaire, coopération économique, santé, gestion des catastrophes naturelles : en toute situation les Rétais ont toujours fait preuve d’une profonde solidarité, tradition qui a montré certains signes d’essoufflement au cours des dernières décennies, mais dont les résurgences se font parfois encore sentir dans des contextes de crise ou d’urgence, comme l’a très récemment montré le douloureux épisode de la tempête Xynthia, qui a vu renaître pendant les quelques semaines qui ont suivi la catastrophe un fort élan de solidarité.

médecin, écrivain et érudit local (Saint-Martin-de-Ré, 1815 - Saint-Martin-de-Ré, 1900)

Certains témoignages écrits ont par ailleurs confirmé l’utilité et l’efficacité de ces milices insulaires : « L’isle de Ré est for peuplée, remplie de fors et vaillans hommes capables de se soutenir par leurs propres forces contre tous les ennemis du Roy »1, « Si l’ennemi venoit dans l’isle de Ré, il trouveroient a qui parler. Il y a dans cette isle plus de deux mille hommes de bonnes troupes et quatre de milices qui deffendroient vigoureusement leurs foyers »2 ou encore : « Les milices sont les meilleurs de ces contrées… On les exerce en temps de guerre comme les troupes réglées et ne valent guère moins estants communément forts et robustes et bien armés »3. Les milices insulaires seront définitivement abandonnées à la Révolution Française.

Les milices insulaires La première forme connue d’organisation communautaire sur l’île apparaît au XIIe siècle. Les seigneurs accordent alors des privilèges importants aux insulaires (droit de justice, des exemptions de droit sur les récoltes et sur le commerce du vin) ainsi qu’une série d’avantages à caractère incitatif destinés à favoriser un établissement pérenne sur l’île (droit de chasse, d’extraction de la pierre…). En l’échange de ces privilèges, les insulaires doivent assurer eux-mêmes la défense de leur territoire. Tâche non négligeable quand on déroule a posteriori le fil des temps troublés que connaîtront l’île et ses populations au cours des siècles suivants… Les habitants, organisés en milices insulaires, conservent ce statut jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, sous la domination des seigneurs d’abord, puis sous la tutelle du Roi de France. Les milices ont une double fonction : surveiller les côtes et repousser les éventuels envahisseurs. De nombreux lieux-dits gardent dans la toponymie actuelle la trace de leur ancienne fonction de postes de surveillance : le "Peu du Guet" à Saint-Clément-des-Baleines, la "Loge du Guet de Foirouse", au sud d’Ars ou la "Lieutenande" aux Portes.

1 2 3

Portrait d’Eugène Kemmerer, photographie début XXe siècle. Collection Musée Ernest Cognacq, ville de Saint-Martin-de-Ré A la fois médecin, écrivain, poète, biologiste et homme politique, Théodore-Eugène Kemmerer reste avant tout une figure locale incontournable de l’histoire récente de l’Ile de Ré. Passionné d’histoire et amoureux de son île, il en parcourt les villages à la recherche de la moindre information susceptible d’alimenter ses nombreux écrits. Son ouvrage le plus connu, "Histoire de l’Ile de Ré, l’Insula Rhea", publié en 1868 et réédité en 1988, reste une référence sur l’histoire locale malgré les nombreuses erreurs historiques qu’il contient. Moins connu pour ses activités dans le domaine de la biologie marine, il est pourtant l’inventeur du procédé de chaulage des tuiles pour fixer les naissains d’huîtres, une technique qui marque un tournant dans le domaine de l’ostréiculture. Le Docteur Kemmerer, qui fut également maire de Saint-Martin-de-Ré, est sans aucun doute l’un des principaux personnages historiques de l’île.

Rassemblement de fanfares,

Collection Musée Ernest Cognacq, ville de Saint-Martin-de-Ré

"Mémoire de Launay-Dumas", Archives de Saintonge et d’Aunis, tome 46, 1915, p.144-145 Archives de Saintonge et d’Aunis, tome 47 "Mémoire de Claude Masse sur l’Ile de Ré", Bibliothèque municipale de La Rochelle

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Ils ont

fait l’ Ernest COGNACQ

Entrepreneur et collectionneur (Saint-Martin-de-Ré, 1839 - Paris, 1938)

Portrait d’Ernest Cognacq, huile sur toile de Pierre Huar, 1900. Collection Musée Ernest Cognacq, ville de Saint-Martin-de-Ré Issu d’une famille modeste, Ernest Cognacq se lance sans succès dans diverses initiatives commerciales dans la capitale. Loin de se décourager, il ouvre en 1870 un petit magasin appelé "La Samaritaine". Vingt-cinq ans plus tard, il est à la tête d’un empire commercial qui compte 3 000 employés pour un chiffre d’affaires de 40 millions de francs. Sensible aux questions sociales, Ernest Cognacq se soucie du sort de ses employés et s’impose comme un modèle de grand patron dont la fondation Cognacq-Jay (destinée à financer des prix dans le domaine familial) reste l’emblème. Militant actif de l’Amicale des Rétais de Paris, il rachète les collections de Théodore Phélippot et l’hôtel des Cadets pour constituer un musée à Saint-Martin-de-Ré. Le musée Ernest Cognacq occupe aujourd’hui l’hôtel de Clerjotte.

Les sociétés de secours mutuel Avant même la naissance des sociétés de secours mutuel instaurées par Napoléon III en 1852, les Rétais établissent des systèmes d’entraide pour faire face aux assauts imprévisibles de l’océan ou pour optimiser l’exploitation des ressources fournies par la terre et la mer : sociétés d’agriculture, écluses à poisson, entretien des digues… Les sociétés de secours mutuels relèvent quant à elles d’un système de prévention des risques liés à la vie de chaque individu (maladie, vieillesse, deuil). Dès la première moitié du XIXe siècle, leur apparition sur l’Ile de Ré suit le mouvement connu par les autres régions de France. D’abord basées sur le principe de l’entraide, les sociétés rétaises se distinguent des autres systèmes mutualistes par la mise en place d’un dispositif d’aide au travail en cas de maladie. Le travail mutuel est d’ailleurs inscrit dans presque tous les statuts des sociétés rétaises, avec l’avantage conséquent de permettre aux agriculteurs et sauniers malades de bénéficier de l’aide des autres villageois pour assurer le travail des champs pendant leur convalescence. La "société des cultivateurs et vignerons de La Flotte" sera du reste créée avec cet unique objectif. Les autres sociétés de secours mutuel rétaises ont pour nom la "Philanthropique de La Flotte", les "Arts et Métiers de SaintMartin", la "Bienfaisance des Arts et Métiers de La Couarde", la "Bienfaisance du Bois", l’"Union de Loix", la "société SaintIsidore des Portes", la "société de Sainte-Marie". Composées d’agriculteurs, de vignerons, de sauniers, de marins, d’artisans ou de commerçants, ces sociétés regroupent tous les habitants volontaires d’une même commune, sans distinction de profession. Outre le système d’entraide au travail, le versement d’une cotisation octroie aux sociétaires l’accès aux soins du médecin, aux médicaments, à une indemnité journalière en cas de maladie et au paiement des frais d’obsèques. Parallèlement, d’autres groupements créés sur le modèle corporatiste voient le jour, à l’image des sociétés des tonneliers à La Flotte ou La Couarde, celles des maçons et des tailleurs de pierre, ou encore la société des marins née à La Flotte en 1864. A l’origine exclusivement masculines, les sociétés de secours mutuels

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Du latin vis major (force majeure)

finiront par accepter peu à peu femmes et enfants à la fin du XIXe siècle. L"Union Rhétaise", créée en 1904, continuera d’exercer sur l’île jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, notamment en faveur de la mutualité scolaire. L’évolution des modes de vie et la mise en place d’un système de sécurité sociale obligatoire conduira à une diminution inévitable du nombre de sociétés de secours mutuels, puis à leur disparition au cours du XXe siècle, en laissant toutefois derrière elles des réflexes d’entraide et des pratiques de solidarité bien ancrées.

La gestion communautaire des digues Tout au long de son histoire, l’Ile de Ré a été à de nombreuses reprises la victime des assauts parfois violents de l’océan. Si le terme raz de marée est peu utilisé sur l’île pour désigner ces fureurs marines, celui de vimer4, désigne encore aujourd’hui les débordements provoqués par ces tempêtes, qui, conjuguées à de forts coefficients de marée, envahissent parfois les terres par-delà les digues. Aussi loin que remontent les sources documentaires relatives à ce sujet, 54 vimers ont été recensés entre celui de 1352 évoqué par le Docteur Kemmerer dans la première édition de son "Histoire de l’Ile de Ré", et la tempête Xynthia de 2010, encore bien présente dans l’esprit des Rétais. Dès le XVIe siècle, les archives font état du rôle primordial des habitants, nombreux à cette époque, qui érigent, entretiennent et assurent la réparation des digues après les vimers. Un texte extrait du Chartier de Thouars décrit l’organisation des moyens humains et financiers mise en œuvre pour réparer et renforcer la défense des côtes à la suite des dégâts causés par le vimer de 1537. Le document fait état d’une gestion communautaire des réparations : « Et que le tout soit fait par bain commun, sauf les levées des marais salants qui le seront par ceux à qui ils appartiennent, considérant que tout le domaine public a intérêt à ce que les levées communes des habitants et la côte de cette baronnie soient surhaussées en hauteur et en épaisseur de façon qu’il n’advienne davantage de risque de péril au domaine public à l’avenir par submersion, considérant que ces levées communes de la côte servent à la défense de


Statuts d’une société de secours mutuel,

Collection Musée Ernest Cognacq, ville de Saint-Martin-de-Ré

Société coopérative de consommation,

Collection Musée Ernest Cognacq, ville de Saint-Martin-de-Ré

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toutes les terres, vignes et prés qui sont derrière elles »5. Après le vimer de 1711, l’un des plus importants qu’ait connu l’île, l’investissement personnel des habitants et leur engagement financier se répètent : « En ces derniers temps, c’est-à-dire en 1712, 1713, 1714 et 1715, les digues s’étant rompues (en 1711) par les tempêtes, ont mis l’isle en péril et il s’est creusé en plusieurs endroits (…) des espèces d’abîmes si profonds qu’il a fallu pour les remplir donner non seulement tout le soin des habitants, mais encore celui des Ingénieurs du Roi, et la dépense a été si forte que par une taxe réglée tous les propriétaires de biens de cette isle y ont contribué du cinquième de leurs revenus… »6. Après un vimer, toute l’île participe financièrement aux travaux et les hommes de 16 à 60 ans sont chargés de réparer les dégâts. Il n’est alors pas rare d’entendre "battre la générale" pour appeler hommes, femmes et chevaux, de jour comme de nuit, à combler les brèches ouvertes dans les digues. Cette gestion communautaire perdure jusqu’en 1960, date à laquelle, notamment en raison d’une plus faible densité de population, l’entretien des digues d’Etat sera transféré à l’administration des Ponts et Chaussées.

se réunissent en 1951 pour tenter de relancer la production de vin. Ces deux dernières sont aujourd’hui réunies au sein de la coopérative Uniré, située au Bois-Plage-en-Ré, et la Coopérative des Sauniers poursuit son activité sur la commune d’Ars-en-Ré. Les Rétais trouvent par ailleurs dans la loi de 1901 sur le régime associatif un nouveau cadre juridique leur permettant de se rassembler autour de causes communes. Prolongement de la tradition communautaire des insulaires, le développement des associations se montre précoce et s’intensifie tout au long du XXe siècle, jusqu’à donner aujourd’hui à l’île un réseau associatif d’une grande densité (600 associations sont déclarées en préfecture, dont 300 actives).

Coopération et association Face aux crises salicole et viticole qui affectent Ré au XIXe siècle, les Rétais trouvent une nouvelle fois dans l’esprit communautaire et solidaire qui les caractérise la force d’unir leurs efforts pour affronter une situation économique critique. Le mouvement coopératif qui se développe dans toute la région trouve sur l’Ile de Ré un essor particulier. Les coopératives de panification rétaises, créées dès la fin du XIXe siècle sur l’ensemble des communes, permettent de garantir, grâce à l’apport des sociétaires, un approvisionnement quotidien de la population en pain. Les sociétés de consommation, sortes d’épiceries coopératives, sont au nombre de vingt dans les années 1920. La coopérative salicole voit le jour en 1933 afin d’écouler la production de sel et de régulariser le marché tandis qu’une coopérative maraîchère permet de soutenir les producteurs de pommes de terre et d’asperges à partir de 1935. Les viticulteurs Carte postale, Collection Musée Ernest Cognacq, ville de Saint-Martin-de-Ré

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« Chartrier de Thouars », pièce 476, Archives Nationales NERAUD, David, Inventaire des titres et privilèges des habitants de l’Ile de Ré, La Rochelle, chez Pierre MESNIER, imprimeur, 1728


ZOOM SUR... la tempête Xynthia et la survivance de l’esprit solidaire insulaire Le 28 février 2010, la tempête Xynthia s’abat sur l’Ile de Ré avant de balayer l’Europe, laissant 59 morts derrière elle. Une conjugaison exceptionnelle de plusieurs phénomènes (une forte dépression entraînant des vents violents jusqu’à 160 km/heure au moment de la pleine mer, une forte houle et un coefficient de marée à 102), provoque une catastrophe d’une rare violence. Deux morts, 1 400 habitations sinistrées, 64 digues endommagées, 2 200 hectares de terres agricoles inondées, 10 kilomètres de pistes cyclables détériorées et 165 millions d’euros de dommages publics sur l’ensemble du territoire : le bilan humain et matériel est bien trop lourd et laisse une profonde cicatrice sur l’île. Rapidement, pourtant, la population désemparée met entre parenthèses son désespoir pour se laisser guider par le désir de reconstruire. Avec le soutien des secours extérieurs (Europe, Etat, Conseil Régional, Conseil Général…) mais surtout grâce aux efforts des insulaires, l’île se relève rapidement pour offrir dès l’été suivant un visage neuf aux estivants. Aide à l’hébergement, au nettoyage, réparation des dégâts, collectes de biens et d’argent, les actions de solidarité se multiplient et permettent aux sinistrés de retrouver le sourire et une situation quasiment normalisée. Durement touchés, les viticulteurs bénéficient du soutien des Rétais qui, munis de bottes et de gants, se réunissent à plusieurs reprises pour assurer le nettoyage des ceps de vigne à la main. Les dégâts causés par Xynthia à Saint-Martin-de-Ré et Loix

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ZOOM SUR...

Déferlante sur Ré 28 février 2010, date à jamais gravée, Une nuit courte, au réveil brutal, Une nuit mouvementée, infernale, Avec la venue de Xynthia, le raz de marée.

Digues et levées étaient entretenues et surveillées. Sur les dunes, des tamaris en rangée étaient plantés. Face au danger, ils savaient s’organiser, S’unir pour combattre ensembles l’adversité.

Une fois de plus, l’Ile de Ré, par l’océan fut envahie, Rappelant aux hommes la dureté de la nature, ses réalités, Qu’il fallait sans cesse se battre et lutter, Pour vivre et ne pas être anéanti.

Largement façonnée par ses paysans de la terre et de la mer, Notre île, par la configuration de ses villages, De nos vieilles maisons, de tous ses paysages, A su résister aux assauts répétés des tempêtes et des vimers

Très hostile, rebelle et furieuse, Déchaînée, violente, dangereuse, La force des vagues, par le vent amplifiée, La mer en colère, sur Ré a déferlé.

ZNIEFF, Natura 2000 et loi littoral, Commissions des sites, DIREN, écolos et compagnie N’existaient pas, pour donner leur avis. Le territoire était cultivé, Ré n’avait pas d’égal.

Dans la lignée de leurs ancêtres et le savoir transmis, La levée des habitants, au moyen âge, ont construit. Les Rétais, très fins observateurs et en vrais terriens, Savaient que parfois, dame nature n’a rien de divin.

Ainsi Xynthia est passée. Bon nombre d’entre nous furent sinistrés. Comme nos ancêtres, les plaies avons soignées. Comme jadis a jailli la solidarité.

Puis ils devinrent aussi, conquérants de l’estran. Créant des digues-levées et les marais salants, Un territoire d’activité, transformé, tampon artificiel, Contrairement à tous ceux qui de nos jours pensent qu’il est naturel !

Pour notre île, continuons notre combat Afin que les gens de terrain dont nous sommes, Soyons entendus et écoutés par les responsables de l’état, Pour une protection durable des espaces et des personnes.

Ces édifices protégeaient les habitations, les terres cultivées, De l’insula Rhéa, avec les îles de Loix, d’Ars et des Portes en Ré. Au son du tocsin, hommes femmes et enfants étaient rassemblés, Les brèches dans les levées, souvent la nuit étaient colmatées. Avec des pierres, les écluses à poisson, de leurs mains ont bâti. Une multitude de bars, de mulets et de touilles les ont nourris. Mais ces constructions arrondies, remarquables ouvrages, Servaient aussi de brises lames, protégeant nos rivages.

Reconquérir, entretenir, protéger le territoire, De tous les instants devrait être notre devoir Pour cette île que nous aimons, Car en l’espérance nous croyons. Ayons foi en la vie, en l’homme, au Dieu éternel, C’est ainsi que demain, Ré sera encore belle.

Michel Pelletier


5.2 activités traditionnelles, pratiques ancestrales L’Ile de Ré a connu depuis le Moyen-Age un développement économique toujours plus intense. La plupart des activités qui ont servi à son exploitation structurent et nourrissent encore aujourd’hui le tissu économique du territoire. Agriculture et saliculture, malgré un net recul au fil des siècles, restent toujours des réalités économiques, au même titre que l’exploitation des nombreuses ressources issues de l’océan. Le maintien de ces activités ancestrales joue un rôle fondamental au service de la vitalité de l’économie insulaire. Il a aussi permis de participer à la conservation des savoirfaire traditionnels constitutifs de l’identité rétaise. La survie et le développement de ces activités font aujourd’hui partie des orientations stratégiques établies dans le cadre du SCoT.

L’agriculture Bien que la crise du phylloxera, conjuguée aux deux guerres mondiales, ait eu un temps raison de la grande majorité du vignoble rétais, l’activité agricole, pourtant en constante diminution depuis le XIXe siècle, tend aujourd’hui à se maintenir. Si l’agriculture ne concerne aujourd’hui que 87 actifs (soit 2 % de la population), elle joue toutefois un rôle prépondérant pour le maintien de savoir-faire ancestraux et de produits locaux de qualité, ainsi que pour la préservation des paysages de l’île. En garantissant à long terme l’exploitabilité du foncier agricole, en autorisant la construction de bâtiments agricoles sur certaines zones dédiées et en favorisant la vie à l’année sur le territoire grâce à la construction de logements sociaux, le SCoT préconise le maintien et le développement de l’activité agricole pour les dix années à venir. En outre, il délimite des espaces agricoles à protéger qui permettront de faciliter la mise en place d’un périmètre de protection et de mise en valeur des espaces agricoles et naturels périurbains (PAEN).

Vignes et Phare de Chauveau

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Vignes, Sainte-Marie-de-RĂŠ


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ZOOM SUR... L’AOP pomme de terre Ile de Ré Diverses productions d’appellation d’origine protégée (AOP) sont présentes sur l’Ile de Ré : le Cognac, le Pineau des Charentes et le Beurre Charentes-Poitou, également produits sur des zones picto-charentaises plus larges. A l’inverse, la Pomme de terre Ile de Ré est exclusivement cultivée sur le territoire insulaire. L’AOP Pomme de terre Ile de Ré, reconnue depuis 1998, est récoltée du mois de mai au 31 juillet. Les six mille tonnes produites par an sont expédiées dans toute la France, notamment en direction de Paris et en Europe du Nord (Grande-Bretagne, Danemark, Norvège, Suède). Produite sur une surface de 150 hectares, elle a la faveur d’une trentaine de producteurs. Grâce au respect de méthodes de travail rigoureuses et à une sélection fine du terroir, les maraîchers lui permettent d’offrir une palette de saveurs riches et typiquement rétaises.

Récolte du sel

La saliculture Lorsque l’activité salicole atteint son apogée au XIXe siècle, mille sauniers récoltent alors plus de 30 000 tonnes de sel par an sur plus de 1 500 hectares de marais. La concurrence des salins méditerranéens et le développement du chemin de fer ont raison de nombreux sauniers rétais et l’abandon des marais se fait de plus en plus fréquent. Grâce à la création de la Coopérative des Sauniers en 1942, l’activité parvient à se maintenir, avec une intensité toutefois bien moindre et sur une surface beaucoup plus réduite. En 1995, date charnière inaugurant une politique volontariste de relance de la saliculture sur Ré, seuls 250 hectares de marais demeurent exploités. Aujourd’hui cette surface a doublé, permettant à plus de 80 sauniers de travailler sur 500 hectares de marais.


ZOOM SUR... la relance de la saliculture rétaise En 1995, la Communauté de Communes de l’Ile de Ré décide de financer la reconquête des marais abandonnés et l’aide à la formation et à l’installation de jeunes sauniers. En partenariat avec la Chambre d’Agriculture de la Charente Maritime, la Coopérative des Sauniers, le centre de formation de Guérande et avec le soutien de programmes de financement européens, des marais sont progressivement remis en état avec pour objectif l’installation de cinq nouveaux sauniers par an. Avec une originalité : la politique de relance initiée sur Ré n’a pas une vocation essentiellement touristique. Elle répond à la logique de développement d’une activité primaire de l’île : en facilitant l’installation de jeunes sauniers, elle recherche, au-delà d’une simple augmentation de la production, un impact fort aux enjeux multiples : la reconquête de marais à l’abandon et le respect d’un milieu authentique, la revalorisation d’une profession traditionnelle, la création directe et indirecte d’emplois la préservation et la valorisation des paysages. Le projet a finalement permis de remettre en état plusieurs centaines d’aires de production et d’installer de nombreux jeunes sauniers. La réflexion et la dynamique nées de cette démarche ont suscité une nouvelle lecture et une optimisation de la politique de commercialisation du sel par la coopérative, qui a pu et su proposer aux acheteurs une véritable diversification de sa gamme de produits (sel et fleur de sel). Le succès de la relance salicole s’est rapidement manifesté à travers l’augmentation de la vente directe des produits à la coopérative mais aussi et surtout la naissance de projets de valorisation associés : construction de pistes cyclables dans les marais ("piste du sel" inaugurée en 2011), création de l’Ecomusée du marais salant à Loix, organisation de manifestations culturelles sur le thème du sel et de ses usages. L’Ile de Ré et son écomusée sont aujourd’hui pleinement intégrés à divers programmes européens de valorisation des zones agricoles humides et des savoir-faire salicoles, dont un vaste projet de Route des Sels de l’Atlantique, qui s’étend de la Grande-Bretagne au Maroc.

Marais salants

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Marais, Fier d’Ars


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La mer nourricière L’Ile de Ré, à la différence de la plupart des îles atlantiques, n’a pas toujours été une île de pêcheurs. Si au XIXe siècle La Flotte pouvait se vanter d’une flottille de pêche très importante, l’exploitation des ressources de la mer est surtout dotée d’une fonction essentiellement nourricière, en complément de cultures vivrières relativement modestes. La pêche aux petits métiers

de Ré a mis en place à destination des pêcheurs un programme de sensibilisation au respect des mailles autorisées pour chaque espèce et des quantités maximales qu’il convient de ne pas dépasser pour assurer le maintien de la biodiversité marine. C’est le travail quotidien de l’équipe des écogardes, qui parcourent l’estran pour informer les pêcheurs de la fragilité du milieu dans lequel ils évoluent.

A partir de 1850, l’île voit se développer une activité de pêche importante. Le port de La Flotte est alors équipé d’une criée et celui d’Ars d’une conserverie. Cette économie nouvelle n’est pas toujours le fait des Rétais mais de pêcheurs bretons et vendéens venus s’installer sur l’île, adeptes de la pêche au thon et à la sardine au large, alors que les Rétais sillonnent les pertuis à proximité des côtes à la recherche de pétoncles et de coquilles Saint-Jacques. En dépit de cet intérêt modéré pour la pêche en mer, la pêche aux petits métiers continuera d’exister jusqu’à aujourd’hui où, de manière marginale, elle occupe encore une dizaine de marins pêcheurs. Dans le cadre de l’élaboration du SCoT de l’Ile de Ré, le DOO (Document d’Orientations et d’Objectifs) s’attache à en favoriser le maintien et la promotion à travers des mesures visant à faciliter l’arrivée de jeunes pêcheurs : accès prioritaire aux places de port, programme de valorisation du savoir-faire des professionnels et mise en place d’une mission de veille écologique et de surveillance du milieu marin par les pêcheurs. La pêche à pied Traditionnellement, la pêche à pied était surtout le fait de paysans pour qui cette pratique constituait une activité de subsistance, complémentaire à leur activité productive. La pêche à pied permet de récolter moules, pétoncles, palourdes, crevettes et crabes abandonnés sur l’estran par le retrait de la mer. Si l’activité ne compte aujourd’hui que très peu de professionnels, elle a toutefois la faveur de nombreux amateurs, Rétais et non-Rétais qui en font une pratique de loisir leur permettant d’agrémenter leurs tables. Afin de préserver les ressources de la mer, la pêche à pied obéit aujourd’hui à une réglementation drastique et nécessaire. La Communauté de Communes de l’Ile

Bateaux de pêche


Carrelet, La Flotte

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Pêche à pied, Sainte-Marie-de-Ré


Ils ont

fait l’ Emile ATGIER

médecin et érudit local (Belville, 1850 - Amélie-les-Bains, 1915)

La récolte du varech, William Barbotin Mairie d’Ars-en-Ré La récolte du varech A la fin du XVIIIe et au XIXe siècle, cet engrais extrait de la mer, également appelé "sart" ou "goémon", fait l’objet des convoitises des paysans rétais. Ces algues déposées par l’océan sur les rivages rétais sont en effet indispensables à l’alimentation des terres sablonneuses qui accueillent la vigne. Guettés par les agriculteurs, les dépôts de varech sont sources de rivalités entre familles de paysans et entre villages, ceux du nord étant les plus généreusement servis en varech alors que ceux du sud en sont nécessairement plus dépendants en raison d’un plus grand nombre d’exploitations viticoles. D’abord transportées à dos d’âne puis par charrette à partir de la seconde moitié du XIXe siècle, les récoltes donnent lieu à de longs convois processionnaires rassemblant hommes, femmes et enfants, de jour comme de nuit. Le sart est apprécié pour ses nombreuses vertus : il engraisse les sols appauvris et les sables, amende les terres fortes (argiles et bri de la zone salicole), fixe les sables et conserve l’humidité des sols. Il sert essentiellement au "sartage" des vignes (épandage sur toute la surface de la parcelle) mais

également à la culture de la luzerne ou des légumes. Certaines algues sont en outre réputées pour leurs vertus médicinales. Plusieurs facteurs sont à l’origine de la disparition progressive de la pratique de la récolte du varech au cours du XXe siècle : l’abandon des cultures dans les sables, la baisse des dépôts d’algues, ainsi que l’apparition décisive des engrais de synthèse dont l’apport facilite grandement le travail des paysans. Un récent regain d’intérêt pour les engrais naturels conduit pourtant quelques rares agriculteurs à poursuivre l’utilisation du varech. Quelques particuliers n’hésitent pas à en faire encore usage dans leurs jardins potagers.

Portrait d’Emile Atgier, photographie, fin XIXe siècle. Collection Musée Ernest Cognacq, ville de Saint-Martin-de-Ré Médecin militaire, Emile Atgier est surtout reconnu pour son savoir sur la préhistoire et l’archéologie. Président de la Société Préhistorique Française en 1914, il est aussi l’auteur de nombreuses publications d’intérêt local sur l’Ile de Ré, où sa famille est installée depuis plus d’un siècle. Il contribue à la création du musée Ernest Cognacq auquel il lègue son fonds d’archives et de documents anciens (cartes, plans, dessins) ainsi que du mobilier archéologique, et dont il devient le premier conservateur en 1907.

De nombreuses anecdotes et légendes circulent encore parmi les Rétais sur cette activité si particulière au territoire insulaire. Elle inspira d’ailleurs de nombreux artistes comme le peintre William Barbotin qui réalisa un fameux tableau sur ce thème, aujourd’hui conservé à la mairie d’Ars-en-Ré.

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Ils ont

fait l’ Bernard GUILLONNEAU

Fondateur des Amis de l’Ile de Ré (Boissy-Saint-Léger, 1909 - Bordeaux, 1988)

5.3

Regards d’artistes et mémoire de l’ile : identité et création Territoires de l’isolement, symboles du refuge et promesses de liberté, les îles ont toujours trouvé un espace particulier dans les représentations mentales des civilisations occidentales. Elles suscitent la curiosité et stimulent l’imagination par la fascination qu’elles exercent sur ceux qui prennent le temps de se laisser porter par leur rythme hors du monde. Au gré des réponses que l’on cherche à leur contact, elles sont l’expérience de l’ailleurs ou de l’intime, toujours au sein d’un microcosme privilégié. Ré n’échappe pas à ce magnétisme pluriséculaire et a été une terre d’élection pour de nombreux artistes. A partir du XIXe siècle et jusqu’à aujourd’hui, écrivains, peintres, cinéastes et musiciens ont trouvé dans les particularités de la vie insulaire sources d’inspiration et matières à création. A travers leur regard et leurs œuvres, c’est toute une société qui a pris forme et vie, construisant par l’image, la lettre ou le son, une identité originale, à mi-chemin entre observation anthropologique et contemplation esthétique.

Les récits d’écrivains voyageurs Les premiers écrivains voyageurs véhiculent dès la fin du XIXe siècle cette image idéalisée d’une terre "à part". Leurs récits de voyage prennent le temps d’une description détaillée des paysages insulaires, mettent l’accent sur l’effet produit par la traversée qui précède l’arrivée sur l’île et témoignent tous de cette profonde rupture, à la fois géographique et symbolique, qui marque le passage d’un monde à un autre. Cet avocat parisien, propriétaire d’une maison à La Flotte et amoureux de l’Ile de Ré, fonde en 1954 l’Association des Amis de l’Ile de Ré. Pendant près de vingt ans, il est le principal contributeur, aux côtés de Pierre Tardy, du bulletin des Amis de l’Ile de Ré pour lequel il rédige de nombreux articles historiques, relatifs à des personnalités ou événements importants de l’Ile de Ré. L’ensemble de ses textes a été regroupé dans un ouvrage intitulé "Les Grandes Heures de l’Ile de Ré", publié en 1980.

La réalité de la vie insulaire peut parfois nuancer cette vision idyllique, les artistes ne l’oublient pas. Les carnets de voyage d’Eugène Fromentin et les itinéraires d’Ardouin Dumazet évoquent ainsi l’âpreté de la vie quotidienne sur l’île, le courage et la ténacité des Rétais, dont la description donne l’image d’un peuple fort et besogneux. La dualité et la rudesse des paysages insulaires suscitent par ailleurs de nombreux commentaires.

L’opposition entre la linéarité de la côte sauvage et l’irrégularité de la côte abritée surprend, de même que la métamorphose paysagère provoquée par les marées. Dumazet n’hésite pas, par exemple, à partager son enthousiasme face à la beauté du Fier d’Ars à marée haute, qu’il qualifie pourtant de "sinistre" à marée basse. Les plus belles descriptions de ces auteurs se réfèrent à la côte sauvage et aux villages rétais, évocateurs d’un certain exotisme. Eugène Fromentin écrira à propos de la plage de la Conche des Baleines qu’il n’a "jamais rien vu d’aussi exotique et qui ressemble plus à ce qu’on lit dans les voyages".


ZOOM SUR... Les cahiers de la mémoire La littérature scientifiques

historique

et

les

ouvrages

Le développement progressif du tourisme à partir des années 1950 donne lieu, alors que s’engage la réflexion sur la construction d’un pont, à une nouvelle vague de publications. Témoignages de temps révolus ou de pratiques en voie de disparition, ces ouvrages contribuent à ancrer la mémoire de l’île et à réaffirmer l’identité rétaise face aux profondes mutations sociétales en cours, notamment l’apparition massive d’une forme de résidence inédite sur l’île. Parallèlement, "l’Inventaire topographique de l’Ile de Ré", réalisé par les services de l’Inventaire général des Monuments et des Richesses artistiques de la France en 1979, constitue un corpus exhaustif de qualité sur le patrimoine rétais. Plus récemment, l’ouvrage de la géographe Céline Barthon, "Histoire et Géographie contemporaine de l’Ile de Ré", fournit une analyse précise de l’évolution du territoire depuis sa formation géologique jusqu’à l’époque contemporaine. Depuis plus de trente ans, l’Ile de Ré a inspiré une production littéraire abondante, œuvres romancées ou ouvrages à vocation scientifique dont les auteurs sont parfois originaires de l’île ou simplement passionnés par sa trajectoire originale et son authenticité.

A partir des années 1980, les "Cahiers de la Mémoire", publication initiée par le Groupement d’études rétaises, se présentent comme une revue d’art, de traditions populaires, d’archéologie et d’histoire dont l’objectif est de proposer, à partir d’un traitement archivistique d’une grande exigence, une présentation historique, anthropologique et culturelle de la vie sur l’Ile de Ré. Pierre Tardy et Jacques Boucard, historiens rétais, sont les principaux contributeurs de ces 77 cahiers, devenus aujourd’hui des documents de référence sur l’histoire insulaire. Ces deux historiens sont également les auteurs d’ouvrages thématiques de référence : "Sel et sauniers de l’Ile de Ré" pour le premier et "Les écluses à poissons de l’Ile de Ré" pour le second.

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Les beaux-arts Dessinateurs, peintres ou aquarellistes, nombreux sont les artistes qui ont puisé leur inspiration dans les lumières et les lignes des paysages rétais comme dans les scènes de vie qui ont toujours animé ce décor exceptionnel. Le peintre Roger Chapelain-Midy, tombé sous le charme de l’Ile de Ré en 1959, a dit d’elle qu’elle « possède une lumière unique, la plus belle (…) en Europe et qui réalise ce paradoxe d’être à la fois éclatante et subtile, italienne et bretonne tout ensemble, une espèce de petit miracle que Dieu a créé pour les peintres qui ont le goût de l’espace et l’amour du vide ». Eugène Fromentin, Gaston Roullet, William Barbotin, Louis Suire, Raphaël Drouart ou encore Tatave Patureau n’ont cessé, à travers la peinture des marais, des ports et des venelles rétaises, de saisir les jeux de lumières et les dialogues de couleurs toujours changeants, au gré des humeurs océanes et des caprices des cieux. Cette intense expérience picturale inaugurée aux XIXe et XXe siècles a donné lieu à une véritable tradition artistique, incarnée depuis quelques décennies par l’installation de multiples ateliers artistiques et galeries d’art favorisant la rencontre entre les créateurs et une communauté d’amateurs d’art particulièrement présente sur l’île.

Pêche à l’écluse de l’Hirondelle à la loge, huile sur toile de Raphaël Drouart, entre deux-guerres

Collection Musée Ernest Cognacq, ville de Saint-Martin-de-Ré


ZOOM SUR... l’œuvre de Tatave Patureau Octave Patureau, dit Tatave, est né à Toulon en 1922. Après des études au lycée de Rochefort et deux années de travaux forcés en Allemagne, il rejoint l’Ile de Ré où il exerce le métier de marinpêcheur sur la goélette de son père, avant d’obtenir son propre chalutier, l’Arc-en-ciel. Expérimenté et courageux, il participe à de nombreux sauvetages en mer et organise la section locale de la Société nationale de secours en mer en 1966. Dès son plus jeune âge, ses activités maritimes sont très liées à sa production picturale. De ses premières marines réalisées à l’époque du lycée aux dernières aquarelles peintes à bord de son chalutier, Tatave Patureau laisse derrière lui une œuvre considérable. Ses représentations de l’île séduisent ses amis, à qui il donne la plupart de ses œuvres, comme ses homologues artistes. Louis Suire dira d’ailleurs de lui que « sans être allé dans aucune école d’art, il peignait de grandes aquarelles harmonieuses, d’après les paysages de son Ile de Ré dont il connaissait tous les secrets ». Figure emblématique du port d’Ars, très appréciée des Rétais comme des touristes, il décède en 1984. Quelques unes de ses œuvres sont aujourd’hui conservées au musée Ernest Cognacq de SaintMartin-de-Ré dont sa célèbre aquarelle représentant le clocher d’Ars-en-Ré s’élevant au-dessus des marais salants.

Marais salants, aquarelle sur papier d’Octave Patureau, dit Tatave, seconde moitié du XXe siècle Collection Musée Ernest Cognacq, ville de Saint-Martin-de-Ré

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Le cinéma et la télévision Le monde du cinéma a tout naturellement trouvé en l’île un laboratoire et un décor idéal pour la réalisation de certains films, téléfilms ou séries télévisées. Les premiers tournages n’ont pourtant pas vocation à montrer l’île en elle-même et lorsque Darryl Francis Zanuck réalise "Le Jour le plus long" en 1962, les plages de la Conche des Baleines et de Sablanceaux, encore sauvages et isolées, sont essentiellement choisies pour leur similitude avec celles de Normandie. Sept ans plus tard, "Les Choses de la vie" de Claude Sautet ne permet toujours pas d’identifier précisément l’île. Les années 1980 marquent un tournant dans la représentation cinématographique du territoire. Ré devient non seulement un paysage désormais reconnaissable, mais son importance dépasse également la simple fonction décorative pour s’incarner en tant qu’élément structurant des trames narratives de certains scénarii. C’est le cas dans "Les Maris, les femmes et les amants" réalisé par Pascal Thomas en 1988, qui met en scène des familles parisiennes en vacances, évoquant de manière directe l’évolution de l’île, de ses paysages ou encore le rôle joué par le pont. Claude Lelouch lui accordera la même importance dans "Tout ça… pour ça" ! sorti sur les écrans en1992. Au-delà des plages et des vacanciers, des thèmes de société propres à l’Ile de Ré sont parfois exploités dans des fictions télévisées, à l’image d’un téléfilm réalisé sur un ancien détenu de la Maison Centrale de Saint-Martin-de-Ré devenu saunier à sa sortie de prison.

La musique Parmi les musiciens inspirés par l’île, Charles Aznavour tient une place importante en chantant le célèbre "Bois de Trousse Chemise", Claude Nougaro en évoquant ses automnes insulaires dans "L’Ile de Ré", et Léo Ferré, dans "Merde à Vauban", s’imagine la vie d’un bagnard entre les murs de la citadelle de Saint-Martin-de-Ré. Les Rétais eux-mêmes, dans les mariages et les banquets, se plaisent à fredonner des chants traditionnels, souvent dans le patois local, portant sur les mœurs et la vie quotidienne des insulaires. Bien que peu de Rétais utilisent encore le patois au quotidien, le Cri-Cri (Comité pour le recueil et l’inventaire des chansons rétaises introuvables) travaille depuis quelques années à la collecte de chansons anciennes auprès de la population insulaire. Environ 100 chansons ont ainsi été collectées, dont un tiers est en patois.


ZOOM SUR...

Le Bois de Trousse Chemise, Charles Aznavour Dans le petit bois de Trousse Chemise Quand la mer est grise et qu’on l’est un peu Dans le petit bois de Trousse Chemise On fait des bêtises souviens-toi nous deux On était partis pour Trousse Chemise Guettés par les vieill’s derrièr’ leurs volets On était partis la fleur à l’oreille Avec deux bouteill’s de vrai muscadet On s’était baignés à Trousse Chemise La plage déserte était à nous deux On s’était baignés à la découverte La mer était verte, tu l’étais un peu On a dans les bois de Trousse Chemise Déjeuné sur l’herbe, mais voilà soudain Que là, j’ai voulu d’un élan superbe Conjuguer le verbe aimer son prochain. Et j’ai renversé à Trousse Chemise Malgré tes prières à corps défendant Et j’ai renversé le vin de nos verres Ta robe légère et tes dix sept ans Quand on est rentrés de Trousse Chemise La mer était grise, tu ne l’étais plus Quand on est rentré la vie t’a reprise T’as fait ta valise t’es jamais r’venue. On coupe le bois à Trousse Chemise Il pleut sur la plage des mortes saisons On coupe le bois, le bois de la cage Où mon cœur trop sage était en prison.

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ZOOM SUR...

PATOIS RÉTAIS

LA NAYÉE Paroles de François Menuteau (K. Seron) Sur l’air de « Le pendu » (Maurice Mac Nab)

Y avait in’ foués à la Grand Banche Ve m’crérez quand ve voudrez In’ jèn’ feuille en pêchant dos tanches Qui s’était laissé rembarrer. In Boitais qu’était su Banch’ Ronde Qui l’avait entendue brailler Dit : « I vas souter qu’ri do monde I pux pas la laisser nayer » (bis)

Mais la mer était au ras d’charge Comment fair’ pour la dégager ? O fodrait se j’ter à la nage Mais y a pas in qui sait nager Si tchuqu’in allait aux Villages L’pourrait passer par l’Ardillé L’amèn’riant le canot d’souv’tage Vaudrait mux qu’la laisser nayer. (bis)

Le v’là parti à bride abattue L’arrive au Martray en dux temps Le s’met à crier dans la rue Mais y’avait pas in habitant Quand l’a vu qu’y avait rin qu’Thérése Qu’était en train d’s’accout’nailler L’dit’ : « I vas passer par les Raises Dir’ dans l’Bourc’ qu’in’ feuill’ va nayer » (bis)

Justement dans la grand route Passait la voiture à Boudeau « V’low m’laisser monter ? Sans doute! Mais v’s avez l’air pressé. Où allow? I vas qu’ri l’canot d’souv’tage Peur in’ feuill’ qu’la mer vat’ abriller Dépêchans-nous pasqu’o s’rait d’mage Si jamais a v’nait à nayer. » (bis)

En s’en v’nant, le courait si vite Que l’avait attrapé l’buffiâ Le s’met à crier tout d’suite A dos gens qui battiant au fiâ. « Mes amis faut pas qu’on s’amuse Quittez bé vit’ vot’ airée d’bié. La mer est grand’ dans les équiuses Pis y’at’in’ feuill’ qui va nayer. » (bis)

Enfin le voyant l’canote Qui c’mençait à paraître au loingn’ L’aviant teurtous la min’ cagnotte La mer déjà pingeait les groingn’s Le disiant : « Ol est temps qu’l’arrive I la voyans pus pagayer Quant l’s’ra rendu y aura bell’ drive Que t’chell’ pauv’ feuille aura nayé. » (bis)

V’là que l’s’en alliant dix à douze Dos houmm’s, dos femmes et dos gamingn’s L’s’encouriant do coûté d’ Fouérouse En criant tout le long do ch’mingn’ « Y at’ in’ jèn’ feuill’ qu’est rembarrèye V’là les banch’s qu’allant barbailler Souvans lat’ avant la marèye Autrement a pourrait nayer. » (bis)

L’boun ami qui, quand on y pense, Etait là qui se dépitait’ L’disait : « Mes amis y’ai pas d’chance » Et à tout moment l’répétait’ : « Mes amis, mais quell’ mauvais’ journèye Mais que v’low pisqu’a d’vait nayer Si les bourgnes étaient s’ment sovèyes O s’rait pas la pein’ de brailler. » (bis)


TRADUCTION LA NOYÉE Paroles de François Menuteau (K. Seron) Sur l’air de « Le pendu » (Maurice Mac Nab)

Il était une fois à La Grand Banche, Croyez-moi si vous voulez, Une jeune fille, en pêchant des vieilles, Qui s’était laissé contourner par la mer. Un Boitais qui était sur Banche Ronde Et l’avait entendu crier Dit : « Je vais courir chercher du monde, Je ne peux pas la laisser se noyer. »

Mais la mer était au ras de la côte, Comment faire pour la dégager ? Il faudrait se jeter à la nage, Mais il n’y a personne qui sache nager. « Si quelqu’un allait aux Villages, Il pourrait passer par l’Ardillé. Ils amèneraient le canot de sauvetage, Ça vaudrait mieux que de la laisser se noyer. »

Le voilà parti à bride abattue. Il arrive au Martray en deux temps. Il se met à crier dans la rue Mais il n’y avait personne. Quand il a vu qu’il n’y avait que Thérèse Qui était en train de s’habiller, Il dit : « Je vais passer par les raises Dire au Bourg qu’une jeune fille va se noyer. »

Justement, sur la grand-route, Passait la voiture de Boudeau. « Voulez-vous me laisser monter ? – « Sans doute ! Mais vous avez l’air pressé. Où allez-vous ? » « Je vais chercher le canot de sauvetage Pour une jeune fille que la mer va submerger. Dépêchons-nous parce que ce serait dommage Si jamais elle venait à se noyer. »

Et s’en revenant, il courait si vite Qu’il était tout essoufflé. Il se met à crier tout de suite A des gens qui battaient au fléau : « Mes amis, il ne faut pas traîner, Quittez vite votre airée de blé, La mer est haute dans les écluses Et puis, il y a une jeune fille qui va se noyer. »

Enfin, ils voient le canot Qui commençait à paraître au loin. Ils avaient tous la mine triste. La mer déjà baignait les pointes rocheuses. Ils disaient : « Il est temps qu’il arrive, Nous ne la voyons plus se débattre. Quand il sera arrivé, il y a belle lurette Que cette pauvre fille sera noyée. »

Les voilà qui s’en vont, dix à douze, Des hommes, des femmes et des gamins. Ils accourent du côté de Foirouse En criant tout au long du chemin : « Il y a une jeune fille qui est cernée par la mer. Voilà les banches qui vont être recouvertes par l’eau. Sauvons-la avant la marée Sinon elle pourrait se noyer ».

Le bon ami qui, quand on y pense, Etait là qui se désolait, Disait : « Mes amis, je n’ai pas de chance » Et à tout moment répétait : « Mes amis, quelle mauvaise journée, Mais, que voulez-vous, puisqu’elle devait se noyer ! Si les nasses étaient seulement sauvées, Ce ne serait pas la peine de pleurer ».

Chanson étudiée et traduite par le Cri-Cri (Comité pour le recueil et l’inventaire des chansons rétaises introuvables)

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Dune, Saint-ClĂŠment-des-Baleines


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PAYS D’ART ET D’HISTOIRE

CANDIDATE AU LABEL

ILE DE

Ré Synthèse et enjeux L’Ile de Ré a dû faire face au cours du XXe siècle à de nombreuses mutations. La nouvelle composition démographique insulaire s’accompagne d’une évolution des mœurs et des modes de vie, dont la principale conséquence réside dans la naissance d’un sentiment de perte identitaire. L’utilisation, la réhabilitation et la valorisation de certains éléments évoquant des pratiques ancestrales confirment sans aucun doute cette tendance. Les images d’Epinal des ânes en culotte ou des femmes portant la quichenotte dans les boutiques de souvenirs font aujourd’hui partie d’un folklore dénué de l’esprit d’antan, et surtout sans lien avec leur véritable fonction dans les travaux agricoles. De la même manière, l’image d’une île élitiste, microcosme réservé aux franges supérieures de la population française, largement diffusée dans les médias nationaux, ne reflète pas une réalité bien plus complexe. Audelà d’une clientèle parisienne relativement importante et des quelques célébrités qui trouvent dans l’Ile de Ré le calme et le respect de leur anonymat pas toujours garantis ailleurs, l’île reste surtout appréciée d’une clientèle familiale. Malgré ces changements, dont la réalité n’est pas à négliger et qui ont nécessairement modifié en profondeur le territoire, il paraît disproportionné de déplorer une "disparition" de l’identité rétaise. L’arrivée massive d’estivants a eu pour effet de renforcer chez de nombreux Rétais le sentiment d’appartenance à une communauté aux traits typiquement insulaires. Certains habitants ne manquent pas de rappeler à l’occasion que le vrai Rétais doit se prévaloir d’au minimum trois générations d’ancêtres enterrés dans un cimetière de l’île pour être considéré comme tel ! Une manière de rappeler que si les Rétais de souche sont bien moins nombreux aujourd’hui qu’hier, ils restent malgré tout plus rétais que jamais ! Les nécessités de l’aménagement touristique illustrent bien toute l’ambivalence du développement culturel territorial : parfois ressenti comme une intrusion abusive, il offre également des structures et des outils pertinents pour un rapport renouvelé à son territoire. Maîtrisée, la mise en tourisme de l’île constitue un puissant levier de valorisation de ses particularités et participe de ce fait à une meilleure connaissance des richesses qu’elle abrite, des enjeux qui la traversent et des risques qui menacent son équilibre. En somme, elle représente un atout décisif pour la défense, la préservation et la pérennité de son identité la plus authentique.


5. Insularité et identité : l’ile vécue, l’ile perÇue

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Bibliographie Ouvrages BARTHON Céline, L’Ile de Ré, Histoire contemporaine, Editions Palantines, 2005

et

géographie

BOUCARD Jacques, Les écluses à poisson dans l’Ile de Ré, Rupella, La Rochelle, 1984 BRIGAND Louis, Les îles du Ponant, Histoires et géographie des îles et archipels de la Manche et de l’Atlantique, Editions Palantines, 2002 CASSAGNE Jean-Marie, SEGUIN Stéphane, Origine des noms de villes et villages de Charente-Maritime, Editions Bordessoules, 1998 DELAFOSSE Marcel, Petite histoire de l’Ile de Ré, Rupella, La Rochelle, 1965 GAUDILLAT Alain, Cartes de l’Ile de Ré, Cartes géographiques anciennes de l’Ile de Ré, Poitou, Aunis & Saintonge, Editions Palantines, 2004 GUILLONEAU Bernard, Les Grandes heures de l’Ile de Ré, Le Croît vif, Saintes, 2011 JULIEN-LABRUYERE François, Dictionnaire bibliographique des Charentais et de ceux qui ont illustré les Charentes, Le Croît vif, Saintes, 2005 KEMMERER Théodore-Eugène, Histoire de l’Ile de Ré, Insula Rhéa, Princi Negue, 2008 LUC Albert-Michel, Gens de Ré au XVIII siècle, Marins d’une terre, terriens de la mer, Le Croît vif, Paris, 2008 e

MINISTERE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION, Ile de Ré, Inventaire topographique, Imprimerie Nationale, Paris, 1979 MUSEE ERNEST COGNACQ, Le goût des autres, regard occidental sur les sociétés extra-européennes 1800-1914, catalogue d’exposition, Saint-Martin-de-Ré, 2010 MUSEE ERNEST COGNACQ, Larguez les amarres, Vivre à bord des vaisseaux au XVIIIe siècle, catalogue d’exposition, SaintMartin-de-Ré, 2009 MUSEE ERNEST COGNACQ, Vauban, Ingénieur du Soleil, catalogue d’exposition, La Rochelle, 2007 MUSEE ERNEST COGNACQ, Itinéraire d’une utopie, catalogue d’exposition, Saint-Martin-de-Ré, 2006 PAWLOWSKI Auguste, Géographie historique des côtes charentaises (ainsi que Médoc et Bas-Poitou), Le Croît vif, Saintes, 1998

RAMBEAUD Pascal, L’Ile de Ré, terre Découvrance éditions, La Rochelle, 2007

protestante,

La

RENAUD-ROMIEUX Geneviève, RIOU Jean-Yves, ROUSSEL JeanPierre, L’Ile de Ré, Charente Maritime, collection Images du Patrimoine, Editions Connaissance et Promotion du Patrimoine de Poitou-Charentes, 1994 ROQUES Hervé, Dictionnaire de l’Ile de Ré, Editions Sud-Ouest, Bordeaux, 2008 TARDY Pierre, Sel et sauniers d’hier et d’aujourd’hui, Groupement d’études rétaises, Sainte-Marie-de-Ré, 1987

Études Communauté de Communes de l’Ile de Ré, Le diagnostic de l’agriculture rétaise, 2009 Communauté de Communes de l’Ile de Ré, L’étude complémentaire sur l’ostréiculture rétaise, 2011 Communauté de Communes de l’Ile de Ré, SCoT de l’Ile de Ré, Rapport de présentation, 2011 Communauté de Communes de l’Ile de Ré, SCoT de l’Ile de Ré, Projet d’aménagement et de développement durables, 2011 Communauté de Communes de l’Ile de Ré, SCoT de l’Ile de Ré, Document d’orientations et d’objectifs, 2011

Revues et presse Les Cahiers de la Mémoire, revue d’art et tradition populaire, d’archéologie et d’histoire, n°1 à 76, Groupement d’études rétaises, Sainte-Marie-de-Ré Le Phare de Ré (1949-2012), hebdomadaire, Saint-Martin-de-Ré Le Bulletin de l’Association des Amis de l’Ile de Ré


Remerciements Aux élus et techniciens de la Communauté de Communes de l’Ile de Ré, Aux élus et techniciens des dix mairies de l’Ile de Ré, Aux élus de la Commission Patrimoine, Au Conseil de Développement, A la Direction régionale des affaires culturelles de PoitouCharentes, Aux nombreux partenaires et associations ayant participé aux Comités de pilotage et aux groupes de travail, Aux responsables des structures patrimoniales de l’Ile de Ré, Aux historiens et scientifiques qui ont suivi et contribué à l’élaboration du dossier, notamment Jacques Boucard, Nicolas Faucherre, Céline Barthon et Guillaume Cudennec, Au Musée Ernest Cognacq et à la ville de Saint-Martin-de-Ré pour sa participation à l’illustration du dossier de candidature, A Vincent Ader, pour sa patience et ses relectures assidues, A tous ceux, Rétais et non-Rétais, qui ont participé à ce projet.

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Dossier réalisé par Marie-Laure Cifuentes, chargée de mission Pays d’art et d’histoire, Communauté de Communes de l’Ile de Ré.

ILE DE

Rédaction


Crédits photographiques Yann Werdefroy, Studio Lézard Graphique, Carine Bancel (photographies de l’Ile de Ré), Musée Ernest Cognacq, commune de Saint-Martin-de-Ré (iconographie ancienne et cartes postales), François Blanchard et Protection Civile (photographies de la tempête Xynthia p.99).

Conception et mise en page Studio Lézard Graphique, Aytré.

Impression Imprimerie Rochelaise - PEFC/10-31-1240

Document imprimé sur du papier provenant de forêts gérées durablement.



3 rue du Père Ignace - BP 101 17410 Saint-Martin-de-Ré Tél. 05 46 09 00 97 Fax 05 46 09 01 86 accueil@cc-iledere.fr www.cc-iledere.fr


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Ré Connaitre le passé pour mieux planifier l’avenir



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ÉDITO

L’Ile de Ré, carrefour de toutes les aspirations au cœur des pertuis charentais, a vu au fil des siècles se déposer sur son sol les traces et les strates successives d’une histoire mouvementée, dont les remous font aujourd’hui toute la richesse du patrimoine insulaire. Une architecture militaire multiséculaire ; des édifices religieux encore meurtris par les conflits ; un bâti traditionnel dont les couleurs pastels sont reconnaissables entre mille ; un patrimoine vernaculaire hérité de pratiques et de savoirfaire ancestraux ; une faune et une flore dont la diversité bénéficie d’une reconnaissance internationale : l’Ile de Ré, terre de passage et d’héritages, recèle de joyaux architecturaux et naturels qui font d’elle un trésor patrimonial rare, et donc précieux. Depuis de nombreuses années, l’Etat, les collectivités territoriales et les élus locaux se sont attachés à préserver ce cadre de vie insulaire dont nous mesurons chaque jour le caractère exceptionnel. Les nombreuses mesures de protection et de valorisation déclinées dans cet ouvrage apportent la preuve de la force et de la pertinence de cet engagement collectif en faveur du respect de ces patrimoines. Le cadre réglementaire, contraignant mais nécessaire, qui s’applique sur l’ensemble du territoire n’interdit pas d’encourager un développement dont les moteurs restent la créativité et le service à la communauté. L’Ile de Ré s’est ainsi révélée comme un écrin privilégié pour la création contemporaine, architecturale et artistique. Si son patrimoine vit, c’est aussi en raison de la vitalité de l’activité culturelle rétaise qui bien souvent, sous toutes ses formes, habite, habille ou enchante ces lieux d’exception. Protégée, mais en aucun cas figée, l’Ile de Ré se construit et se réinvente jour après jour. C’est aujourd’hui à l’échelle intercommunale que se dessine son avenir, comme l’atteste l’élaboration d’un Schéma de Cohérence Territoriale qui prépare, structure et modernise l’aménagement du territoire pour les dix années à venir. Ce dispositif de planification essentiel, j’en ai conscience, ne prendra sa pleine envergure qu’à l’aide d’une véritable politique patrimoniale. Dans cette perspective, le label Pays d’art et d’histoire apparaît comme un outil nécessaire à l’épanouissement de notre île. Menée de concert avec les dix communes rétaises, cette politique patrimoniale innovante doit permettre de penser l’Ile de Ré comme un ensemble cohérent et de travailler ensemble à travers une approche transversale. Avec une ambition primordiale : que ses habitants puissent la (re)découvrir sous une lumière nouvelle. Le Président de la Communauté de Communes de l’Ile de Ré Lionel QUILLET



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partie 2 Connaître le passé pour mieux planifier l’avenir 1.Vivre la culture d’aujourd’hui 2.Préserver le patrimoine naturel 3.Planifier l’urbanisme et l’architecture

07 33 67

4.Connaître et protéger

93

5.Valoriser les patrimoines

133

les patrimoines

et savoir-faire rélais

6.Créer l’île de demain : le SCoT de l’Ile de Ré

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1.

Vivre la culture d’aujourd’hui

1-1. Les équipements culturels 1-2. LA POLITIQUE D’ÉDUCATION ARTISTIQUE 1- 3. Une vie culturelle intense 1- 4. Vers une politique culturelle concertée


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"La culture est la possibilité même de créer, de renouveler et de partager des valeurs, le souffle qui accroît la vitalité de l’humanité." Proverbe africain

La qualité de l’offre patrimoniale et touristique disponible sur l’Ile de Ré fonde son niveau d’excellence sur l’existence d’un maillage d’équipements culturels d’une grande densité, animés par un réseau d’acteurs dynamiques et efficaces. Ce territoire, peu étendu et marqué par une forte ruralité, se distingue par l’existence d’une vie culturelle diversifiée et relativement intense. Grâce à la richesse de son réseau associatif, l’Ile de Ré peut se prévaloir, dans toutes les communes qui la composent, d’une programmation artistique et culturelle dense, qui partage et dialogue avec tous les publics.

Contempo’Ré Danse, 2011


1.1

Les équipements culturels Un réseau de bibliothèques dynamique Outre la commune de Sainte-Marie-de-Ré qui possède une médiathèque, les neuf communes du territoire disposent chacune d’une bibliothèque municipale ou associative. Véritables acteurs culturels de proximité, elles permettent de favoriser la lecture publique et d’animer la vie culturelle des communes tout au long de l’année en organisant de manière régulière des animations autour du livre et de la lecture :

manifestations culturelles tout au long de l’année ont permis de fidéliser un grand nombre de personnes et d’inscrire la médiathèque comme un équipement culturel majeur du territoire rétais. Sur 400 mètres carrés de surface, la médiathèque propose 11 500 documents imprimés, 1 500 CD audio, 33 titres de revues, 200 cédéroms en consultation sur place, ainsi qu’un espace multimédia.

LECTURES ET LOISIRS D’ARS-EN-RE BIBLIOTHEQUE DU BOIS-PLAGE-EN-RÉ BIBLIOTHEQUE DE LA COUARDE-SUR-MER BIBLIOTHEQUE DE LOIX-EN-RE CLUB DE LECTURE DES PORTES-EN-RE BIBLIOTHEQUE DE RIVEDOUX-PLAGE BIBLIOTHEQUE DE SAINT-CLEMENT-DES-BALEINES BIBLIOTHEQUE DE SAINT-MARTIN-DE-RE BIBLIOTHEQUE POUR TOUS DE LA FLOTTE

Une médiathèque au service de ses habitants Créée par la commune de Sainte-Marie-de-Ré en 2006, la Médiathèque de la Pléiade a pour objectif d’offrir un service public de qualité, accessible et ouvert à tous, générateur de lien social intergénérationnel. Véritable outil de développement de la lecture et centre culturel de rencontre, la médiathèque attire un nombre de lecteurs croissant, maritais ou originaires des villages voisins. Le prêt de 13 600 documents (livres, magazines, CD) et l’organisation de

Médiathèque de Sainte-Marie-de-Ré

1. Vivre la culture d’aujourd’hui

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La Maline : une salle de spectacle et un cinéma à vocation intercommunale Pendant de nombreuses années et malgré la présence de plusieurs compagnies artistiques sur l’Ile de Ré, le territoire ne disposait d’aucun lieu dédié au spectacle vivant. Depuis son ouverture en 1993 sur la commune de La Couarde, le succès de La Maline ne s’est jamais démenti. Grâce à une salle pourvue de 275 places assises et 600 places debout, à un hall assez vaste pour accueillir des expositions et à une maison des artistes susceptible de recevoir des artistes confirmés en résidence, La Maline, gérée par l’ARDC (Association Rétaise de Développement Culturel) s’impose désormais comme un acteur incontournable de la vie culturelle rétaise et régionale. Tout au long de l’année, elle propose une double programmation orientée vers le spectacle vivant et le cinéma.

Les expositions Le Hall accueille tout au long de l’année des expositions d’art contemporain et de découverte des cultures du monde. L’ARDC assume pleinement son rôle social en proposant régulièrement des spectacles à la Maison Centrale de SaintMartin-de-Ré afin d’offrir aux détenus des moments d’évasion, d’émotion et de divertissement.

Le spectacle vivant A raison d’un spectacle par semaine, La Maline contribue à l’éveil, à la sensibilisation et à la découverte du spectacle vivant sous toutes ses formes. Une dizaine de résidences d’artistes par an ouvrent le lieu à différents artistes de notoriété nationale et offrent au public une programmation vivante et éclectique. Une fois par trimestre, des offres à vocation pédagogique délivrent à plus de 1 000 enfants de l’Ile de Ré une initiation au spectacle vivant. Le cinéma La salle de cinéma (275 places) diffuse trois à quatre films par semaine (jusqu’à seize en juillet et août) avec des séances quotidiennes. Sorties nationales, programmation Art et Essai, soirées Ciné-Concert et Ciné-Spectacle, opérations "Collège au cinéma" et "Ecole et cinéma" : La Maline peut se prévaloir d’une programmation cinématographique d’une grande richesse, ouverte à tous les publics. Elle confère à ce centre culturel un rôle essentiel et reconnu de levier éducatif et pédagogique.

La Maline, La Couarde-sur-Mer


Un projet pour une seconde salle de cinéma L’Ile de Ré ne compte aujourd’hui, avec La Maline, qu’une seule salle de cinéma. Depuis de nombreuses années, la Communauté de Communes s’attache à développer un projet d’ouverture d’un second espace, qui permettrait de densifier la programmation cinématographique et de libérer l’actuelle salle de cinéma, qui sert également à l’organisation de spectacles. En 2010, la Communauté de Communes a racheté à cet effet un local qui jouxte La Maline, offrant à l’île un espace de 236 mètres carrés pour l’accueil d’une nouvelle salle de projection. Un marché public a été lancé pour la réalisation des travaux qui devraient débuter en 2013, pour une ouverture prévue à la fin de cette même année.

Un nouvel équipement intercommunal pour l’Ile de Ré Face à la densité de l’activité culturelle du territoire, la construction d’un nouvel équipement culturel structurant à l’échelle de l’Ile de Ré s’impose aujourd’hui comme une nécessité. Aussi, le projet de construction d’une salle multi-fonction (salle de conférence, d’exposition, de pratiques artistiques, etc.) a été inscrit dans le SCoT. Ce futur équipement doit cependant faire encore l’objet d’importantes réflexions, notamment sur la définition du site le plus approprié pour sa construction.

Des lieux de formations et de pratiques artistiques L’école de musique Située au Bois-Plage-en-Ré, cette école associative propose des formations musicales et instrumentales. Une gamme variée d’instruments y est enseignée : clarinette, trompette, saxophone, basson, trombone, tuba, flûte, guitare, percussions, violon, alto, piano et violoncelle. Des cours de chant, des chorales (adultes et enfants) et des classes d’ensemble sont également proposées. Des classes d’éveil permettent de sensibiliser les enfants à la musique dès l’âge de cinq ans. Les maisons des associations Plusieurs salles municipales sont régulièrement mises à la disposition des associations culturelles qui y développent toutes formes d’enseignements et de pratiques artistiques : danse, théâtre, musique, chant, peinture, dessin, etc. La maison des associations de Saint-Martin-de-Ré, la salle des associations de Rivedoux-Plage, le Foyer de Jeunes et d’Education Populaire du Bois-Plage-en-Ré ou d’autres salles polyvalentes sont des lieux privilégiés ouverts aux professionnels et aux bénévoles pour dispenser aux enfants comme aux adultes des formations artistiques de qualité.

Ecole de musique, le Bois-Plage-en-Ré

1. Vivre la culture d’aujourd’hui

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LES ÉQUIPEMENTS CULTURELS SUR L’ILE DE RE

1. Vivre la culture d’aujourd’hui

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1.2

La politique d’éducation artistique A travers le financement et la mise en œuvre de nombreuses actions, la Communauté de Communes de l’Ile de Ré place l’éducation artistique au cœur de ses préoccupations.

Les directrices des centres multi-accueil

Le Projet éducatif local (PEL)

Les sites d’interprétation et les musées rétais

Le Projet Éducatif Local est l’expression de la volonté politique des communes rétaises et de ses partenaires de garantir sur l’ensemble du territoire une cohérence et une complémentarité des actions en direction de l’enfance et la jeunesse. Depuis 2002, la Communauté de Communes de l’Ile de Ré mène une démarche visant à rassembler les acteurs éducatifs du territoire autour d’objectifs communs. Si l’école a pour mission de démocratiser l’accès aux savoirs et de former les futurs citoyens, elle ne peut assumer à elle seule cette fonction. D’autres acteurs interviennent auprès de ce public pendant le temps périscolaire et extrascolaire : les centres multi-accueil, les accueils de loisirs, les accueils ados, les structures culturelles, les associations…

L’Union Sportive de l’Enseignement du Premier degré (USEP)

Les partenaires et acteurs du PEL :

L’association ADMR (Aide à Domicile en Milieu Rural) Les assistantes maternelles de l’Ile de Ré

Le Collège les Salières L’association parentale "Les Petits Drôles", centre multi-accueil de Sainte-Marie-de-Ré Le troisième PEL de l’Ile de Ré (2010-2013) s’oriente autour de trois objectifs principaux : Favoriser l’accès des jeunes aux loisirs et à la culture et les sensibiliser aux questions environnementales, Favoriser l’accueil des jeunes enfants et accompagner les parents dans leur fonction éducative,

L’Éducation Nationale

Encourager la vie associative locale et favoriser l’accès aux pratiques sportives.

La Direction Départementale de Cohésion Sociale (ex DDJS)

L’accès des jeunes à la culture

La Caisse d’Allocations Familiales (CAF)

De nombreuses actions menées dans le cadre de ce PEL ont pour objectif de favoriser l’accès des jeunes à la culture.

Le Conseil Général de la Charente Maritime Les accueils de loisirs Les locaux jeunes L’association Ré Clé Ré (Contrat Local d’Accompagnement à la Scolarité, CLAS) L’association AMALGAME, association sportive créée par les jeunes

Petite enfance (0-3 ans) : Depuis 2012, des crédits ont été inscrits sur le budget culturel de la Communauté de Communes en faveur de la petite enfance. Ils permettront de développer l’éveil culturel au sein des centres multi-accueil de l’Ile de Ré et du Relais Assistantes Maternelles (RAM). Premier pas d’un projet pluriannuel, cet engagement se poursuivra vers les écoles maternelles du territoire au cours des prochaines années.


Projet culturel à destination des scolaires, animé par Thoma Vuille, 2009

1. Vivre la culture d’aujourd’hui

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Installation artistique de Pierre Surtel, Communauté de Communes de l’Ile de Ré, à l’occasion des Journées européennes du Patrimoine 2010


Enfance (3-12 ans) : La Communauté de Communes consacre un budget annuel de 55 000 e aux actions à destination des enfants de 3 à 12 ans. Cette somme permet de financer le transport des enfants des écoles primaires pour des actives sportives et culturelles (transport vers La Maline notamment). En outre, des subventions sont attribuées à La Maline et d’autres associations culturelles ou compagnies artistiques afin de développer des activités et spectacles destinés à ce public. Adolescence (12-18 ans) : Le budget consacré aux adolescents dans le cadre du PEL s’élève à 53 000 e par an. Ces financements permettent notamment de financer des projets culturels. Une subvention supplémentaire de 20 000 e est attribuée à La Farandole, association en charge de l’accueil des jeunes sur l’Ile de Ré. Elle devrait permettre à l’association de proposer aux adolescents des cours de musicologie et de pratique instrumentale. Enfin, la Communauté de Communes finance à hauteur de 17 000 e le collège, notamment afin qu’il organise des sorties et activités culturelles.

Le développement des arts dans l’espace public Initié sous la forme d’une expérimentation en 2009, le développement des arts dans l’espace public a été reconnu comme un axe de développement dans le cadre des concertations culturelles territoriales mises en œuvre par la Communauté de Communes en 2009. Cet axe poursuit un double objectif : Encourager l’émergence d’une dynamique culturelle en lien avec l’espace public Favoriser l’accessibilité à l’offre culturelle en proposant des spectacles gratuits et accessibles à tous. Dans cette optique, la Communauté de Communes, à chaque fois qu’elle en a l’occasion, propose à des artistes d’intervenir pour animer des manifestations : les Journées européennes du patrimoine, la Fête des associations, la Fête des jeux, les Journées de la Croissance Vertes, les vœux du Président de la Communauté de Communes...

Enfin, l’éducation artistique fait partie des objectifs prioritaires inscrits dans la convention qui lie La Maline (Association Rétaise de Développement Culturel) et la Communauté de Communes. L’ensemble des élèves de l’île bénéficie régulièrement de sorties vers la salle de spectacles et le cinéma.

1. Vivre la culture d’aujourd’hui

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ZOOM SUR... l’action culturelle auprès des publics spécifiques La prise en compte des publics en situation de handicap Le Musée Ernest Cognacq de Saint-Martin-de-Ré mène une politique exemplaire en matière d’accessibilité aux personnes en situation de handicap. Le musée dispose du label Tourisme & Handicap grâce aux aménagements et actions développés pour faciliter l’accueil de ce public spécifique dans de bonnes conditions (accès sans obstacles depuis le parking, ascenseur, signalétique et sanitaires adaptés, livrets pédagogiques spécifiques, etc.). En août 2008, le ministère de la Culture et de la Communication a salué les efforts fournis par la ville de Saint-Martin-de-Ré pour l’accessibilité de son musée municipal en lui décernant le prix Musées pour Tous. En octobre 2011, le Musée Ernest Cognacq a inauguré une maquette tactile des fortifications Vauban de Saint-Martin-de-Ré réalisée avec le soutien de la Fondation EDF Diversiterre pour faciliter la découverte de ce patrimoine par le public non et mal-voyant.

Culture et Maison Centrale Depuis 2000, dans le cadre du dispositif Culture/Justice mis en place par le ministère de la Culture et de la Communication et le ministère de la Justice, et à l’initiative de la Direction régionale des affaires culturelles Poitou-Charentes, le Festival international du Film de La Rochelle collabore avec la Maison Centrale de Saint-Martin-de-Ré à travers la production de courts métrages vidéo réalisés par les détenus sous le parrainage de cinéastes (Bertrand van Effenterre, José Varéla, Jean Rubak). Les films réalisés sont diffusés pendant le Festival (et lors d’autres festivals en France) en présence des détenus réalisateurs et scénaristes. Depuis 2001, douze films ont ainsi été réalisés et diffusés. Ce projet permet aux détenus de découvrir les techniques audiovisuelles. Il vise aussi l’accompagnement de projets artistiques, et la reconnaissance de ceux-ci par les festivaliers et le monde extérieur. A l’initiative de la ville de Saint-Martin-de-Ré en partenariat avec le ministère de la Justice, des détenus en fin de peine intégrés à des chantiers-écoles ont participé à la restauration des remparts qui entourent la ville pendant plusieurs années. Des manifestations culturelles et spectacles sont régulièrement organisés au sein de la Maison Centrale en lien avec la Maline et des collectifs d’artistes subventionnés par la Communauté de Communes.

Maquette tactile des fortifications de Saint-Martin-de-Ré Musée Ernest Cognacq, Saint-Martin-de-Ré


La citadelle de Saint-Martin-de-Ré qui acueille aujourd’hui la Maison Centrale

1. Vivre la culture d’aujourd’hui

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1.3 Une vie culturelle intense Un tissu associatif actif Avec environ 300 associations actives tous domaines confondus, l’Ile de Ré a fait de son tissu associatif particulièrement diversifié et dynamique, une force pour son développement culturel. Bon nombre de ces associations œuvrent dans les domaines de la protection de l’environnement, de la protection du patrimoine et de la culture, offrant au futur Pays d’art et d’histoire de l’Ile de Ré des interlocuteurs et des relais essentiels pour la mise en place d’actions originales et qualitatives sur le territoire. Les associations environnementales :

Nature Environnement 17 (La Rochelle)

A.E.MA. (Association syndicale autorisée des étangs et des marais d’Ars-en-Ré)

Ré Nature Environnement (Saint-Martin-de-Ré)

Les Amis de l’Ile de Ré (Ars-en-Ré) Les Amis du Port de Loix Association pour la protection des sites de la Couarde-sur-Mer Association de protection des sites de Loix Association de protection des sites de Saint-Clément-desBaleines Association des riverains arsais de la forêt de la Combe à l’Eau (Ars-en-Ré)

Echo Mer (La Rochelle) Les associations culturelles et artistiques : Accros d’arts (pluridisciplinaire - Saint-Martin-de-Ré)   Atelier de la Maison des Associations (dessin, peinture, modelage Saint-Martin-de-Ré) Ile Arts et Culture (modelage, peinture - Sainte-Marie-de-Ré) Peintres et sculpteurs de l’Ile de Ré (peinture, sculpture - La Flotte) Lignes et couleurs (peinture - Saint-Martin-de-Ré)

Association des riverains portingalais des forêts domaniales (Les Portes-en-Ré)

Cineph’ile de Ré (cinéma - Loix)

Association pour la sauvegarde des sites de la commune des Portes-en-Ré

Association réthaise des quatre saisons (musique - Le Bois-Plage-en-Ré)

L’Avenir du Bois (Le Bois-Plage-en-Ré) Le Trait d’union maritais (Sainte-Marie-de-Ré) La Ligue de Protection des Oiseaux (Les Portes-en-Ré)

Kissnot (cinéma - Sainte-Marie-de-Ré)

Festivités portingalaises La Chanterelle (chant - Les Portes-en-Ré) Chorale Les Hautes Raises (chant - Le Bois-Plage-en-Ré) Les Frères du Port (chant - Sainte-Marie-de-Ré) Les Gaillards des Perthuis (chants marins traditionnels - Ars-en-Ré)


Contempo’Ré Danse, 2011

Harmonie municipale de La Couarde-sur-Mer (musique)

Les Marmofolies de Donin (spectacle jeune public - Saint-Martin-de-Ré )

Harmonie municipale de La Flotte (musique)

Ophidie Circus (cirque - Le Bois-Plage-en-Ré)

Mélodies en Ré (musique - La Flotte)

Ka Association (pluridisciplinaire - Rivedoux-Plage)

Philarmonie (musique - Ars-en-Ré)

Les associations patrimoniales :

Groupe vocal Ré-sonance (chant - Rivedoux-Plage)

Association des amis du patrimoine maritime naviguant rhétais (Arsen-Ré)

Batterie-Fanfare du Bucheron (musique - Les Portes-en-Ré) Batterie-Fanfare pour la République (musique - Sainte-Mariede-Ré)

Association des amis du Musée Ernest Cognacq (Saint-Martin-de-Ré) Les amis des fortifications de Saint-Martin-de-Ré (Saint-Martin-de-Ré)

Des Gars du crû (musique - Sainte-Marie-de-Ré)

Saint-Martin Sauvegarde (Saint-Martin-de-Ré)

Association porte-voix (musiques actuelles - Rivedoux-Plage)

L’étoile de Vauban (Saint-Martin-de-Ré)

Ré-Label (musiques actuelles - Ars-en-Ré)

Flotille en Pertuis (La Flotte)

Les Allumés (danse - Sainte-Marie-de-Ré)

Association pour la protection du patrimoine portingalais (Les Portes-en-Ré)

Compagnie L’Ilôt Théâtre (théâtre - Le Bois-Plage-en-Ré) Compagnie Le Théâtre d’Aurina (théâtre - La Flotte) Thélième, théâtre et lieux de mémoire (théâtre - Sainte-Mariede-Ré)

ADEPIR - Association pour la défense des écluses à poissons de l’Ile de Ré (Sainte-Marie-de-Ré) Groupement d’Etudes Rétaises (Sainte-Marie-de-Ré)

Théâtre Artaban (Association rétaise de théâtre amateur bénévole et d’animation) (théâtre - Le Bois-Plage-en-Ré)

1. Vivre la culture d’aujourd’hui

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Jazz au Phare, 2011

Ré Majeure, 2011

Les festivals et manifestations culturelles

sa passion à travers l’organisation d’un festival. Avec l’aide logistique de La Maline et de La Coursive, scène nationale de La Rochelle, le festival s’est déployé dans plusieurs lieux découverts au hasard des promenades : le gymnase d’Ars-en-Ré, la salle communautaire de la Communauté de Communes, la salle des fêtes et la cour du jardin de l’Hôtel de Clerjotte à Saint-Martinde-Ré, La Maline à La Couarde-sur-Mer, les églises de La Flotte et de Loix.

Musique en Ré Depuis 25 ans, ce festival de musique classique et symphonique offre au public plus d’une dizaine de concerts par an. Inscrit dans le cadre du festival "Sites en scène" organisé par le Conseil Général de la Charente-Maritime et dont la vocation consiste à présenter des manifestations susceptibles de mettre en valeur un site remarquable, "Musique en Ré" se produit alternativement sur le port de Rivedoux, la place de l’église de Loix, les fortifications Vauban de Saint-Martin-de-Ré ou encore la place de l’église de Sainte-Marie. Soutenu par la Communauté de Communes, "Musique en Ré" se déroule en juillet et août et rassemble un public nombreux autour de musiciens talentueux et reconnus. Jazz en Ré Créé en 1998, le festival de jazz de Saint-Martin-de-Ré est aujourd’hui un grand rendez-vous estival pour les amateurs de jazz. A la fin du mois d’août et pendant cinq soirées gratuites, le port de Saint-Martin-de-Ré, les rues de la ville et le parking de la Courtine se transforment en scènes de plein air. Les formations régionales y côtoient désormais des artistes de renommée nationale et internationale. Riv’ jazz Cette jeune manifestation organisée en juillet à Rivedoux se veut un carrefour de rencontres et d’échanges pour les musiciens de jazz amateurs. Une douzaine de groupes se succèdent pendant trois jours sur une scène en plein air installée au centre du village. Grâce à l’entrée libre et gratuite, le festival sensibilise un large public à la découverte de la musique jazz. Ré Majeure Né en 2011, le festival Ré Majeure doit son existence à l’heureuse initiative du chef d’orchestre Marc Minkowski. Après avoir été parmi l’un des pionniers de l’aventure baroque, puis s’être ouvert avec autant d’aisance au répertoire classique et moderne qu’il dirige sur les scènes les plus prestigieuses, le chef d’orchestre, amoureux de l’Ile de Ré, a décidé de transmettre

Jazz au Phare Le dernier né des festivals de jazz de la Charente-Maritime a été créé en 2010 et se déroule au mois d’août. Dans le cadre splendide du site du Phare des Baleines, il offre une programmation prestigieuse à un public nombreux. Chants du monde, chants sacrés Chaque année, en juillet, août et octobre, des concerts gratuits de musique vocale avec ou sans accompagnement instrumental, sont donnés dans l’église de Loix. L’association organisatrice, animée par des professionnels du chant classique, œuvre pour la diffusion du chant sous toute ses formes (chorales, ensembles vocaux, solistes…). La Fête des musiques de l’Ile de Ré Dans un village différent chaque année, les harmonies et les fanfares de l’Ile de Ré se retrouvent en août pour offrir aux habitants et aux touristes une ambiance rythmée et festive. Les Nuits Romanes d’Ars-en-Ré Lancées en 2005 par la Région Poitou-Charentes, les Nuits Romanes connaissent au fil des éditions un enthousiasme populaire grandissant. Alliant patrimoine et création, ce festival régional a pour vocation, durant tout l’été, de faire découvrir ou redécouvrir les joyaux architecturaux de la région en les faisant entrer en dialogue avec des concerts de musique et du spectacle vivant. Dans ce cadre, l’église romane d’Ars-en-Ré accueille chaque année un événement mêlant guitare, danse, arts de la rue et mise en lumière de l’édifice. Pour la première fois en 2012, l’abbaye des Châteliers sera le théâtre d’une nuit romane.


Philippe Villa et Eleonora Pasquali, Journées européennes du patrimoine, 2010

Les arts de la rue et du cirque débarquent dans I’Ile de Ré, 2011

Printemps musical en Ré

sensible au thème choisi. Chaque édition rassemble 2 000 participants, auteurs, professionnels du livre et Rétais, tous passionnés et mobilisés par la connaissance de la littérature et sa diffusion.

Récemment créé dans le but de présenter au public mélomane de tous âges des programmes de musique classique de qualité, ce festival établit des liens avec des associations culturelles locales, en particulier l’école de musique. Organisé au mois d’avril, il participe au développement d’un tourisme de qualité en dehors de la saison estivale. Passe Portes Créé en 2008 sur la commune des Portes-en-Ré, ce festival de théâtre organisé au mois de juin, a pour objectif de présenter au public comme aux professionnels, des artistes confirmés ainsi que des nouveaux talents du monde du théâtre. Un prix est décerné à une jeune compagnie et permet à l’heureuse élue de créer un spectacle présenté l’année suivante dans le cadre du festival, faisant de Passe-Portes un véritable tremplin pour les jeunes artistes. L’Ile aux Livres Né en 2007, le Salon du Livre de l’Ile de Ré se déroule chaque année au mois d’août, sur la commune du Bois-Plage-en-Ré. En rassemblant des invités prestigieux et des auteurs régionaux, il favorise la rencontre entre des auteurs talentueux et un public toujours adepte des plaisirs de la lecture. Bulles de Ré La toute première édition du festival de bande-dessinée de l’Ile de Ré s’est déroulée en août 2011, sous un chapiteau installé dans le Parc de la Barbette à Saint-Martin-de-Ré. Imaginé par une association de passionnés, il a invité le public à la rencontre des auteurs et au partage des enthousiasmes : dédicaces, expositions, activités, concours et autres ateliers de dessins pour enfants ont fait le bonheur des amateurs de BD. La Fête des bibliothèques Cet événement intercommunal investit chaque année, en octobre, un village différent. Les bibliothèques de l’île adoptent un thème fédérateur et créateur de lien entre les acteurs du développement de la lecture du territoire, et invitent un auteur

Les Art’s à la plage Le temps d’une journée du mois d’août, les peintres amateurs et professionnels de l’Ile de Ré se rassemblent sur la plage sud de Rivedoux-Plage pour exposer leurs toiles et se faire connaître des vacanciers. Les Jeudis des peintres Depuis dix ans, les jeudis estivaux de Saint-Martin-de-Ré (de mi-juin à mi-septembre) sont consacrés à la création picturale. Peintres amateurs et professionnels de l’Ile de Ré et de la région créent, exposent et vendent leurs œuvres dans le village. Journée des peintres Chaque 15 août, le village de Loix devient la muse de tous les artistes. L’espace d’une journée, le village accueille plus de 150 peintres sur la place de l’église, dans les venelles et sur le port, venus à Loix pour immortaliser lumières, couleurs et paysages. Les arts de la rue et les arts du cirque débarquent sur l’Ile de Ré Organisée tous les deux ans par la Communauté de Communes de l’Ile de Ré, l’Union Nationale du Sport Scolaire de CharenteMaritime (UNSS 17), la mairie de Saint-Martin-de-Ré et le collège Les Salières, cette opération met à l’honneur les arts de la rue et du cirque dans une programmation festive et originale. Les animations proposées sont gratuites et ouvertes à tous. La Fête des associations Organisée chaque année au mois de septembre pour permettre aux associations et aux habitants de se rencontrer, la Fête des associations est un temps fort de la rentrée. La Communauté de Communes profite de l’événement pour proposer des spectacles tous publics (fanfares, arts de la rue, arts du cirque).

1. Vivre la culture d’aujourd’hui

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Musique en Ré, 2009


1.4 Vers une politique culturelle concertée Les concertations culturelles L’Ile de Ré se caractérise par son fort dynamisme culturel lié à la présence d’équipements structurants et à un tissu associatif très actif. Pourtant, il est récemment apparu nécessaire d’identifier les problématiques et les enjeux propres à ce territoire et de mieux cerner les attentes de la population. L’ambition des élus communautaires consiste ainsi à définir une stratégie de développement culturel et à clarifier le rôle de la Communauté de Communes de l’Ile de Ré en matière de soutien technique et financier, d’accompagnement de projets, de médiation et de coordination. Pendant plus d’un an, les concertations culturelles menées par le médiateur culturel de l’Ile de Ré ont permis de déterminer de grandes orientations et des choix en matière de politique culturelle, de définir le plan d’action nécessaire pour en assurer la mise en œuvre et d’élaborer des outils méthodologiques pertinents.

Dans le cadre d’une démarche participative, ces concertations ont associé les élus de la Communauté de Communes, le Conseil de Développement et les acteurs culturels du territoire (professionnels et associations). Des groupes de travail se sont réunis au cours de 12 réunions organisées du 9 décembre 2009 au 10 mai 2010. Le travail a été rythmé par quatre étapes principales : Réalisation d’un diagnostic "partagé" Hiérarchisation des enjeux Définition des axes de développement Elaboration d’un programme d’actions

Musique en Ré, 2010

1. Vivre la culture d’aujourd’hui

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Le diagnostic Les groupes de travail ont abouti au diagnostic suivant : I. Un Pays marqué par une identité forte

II. Problématiques et enjeux

A. Eléments de définition

A. Des facteurs de déséquilibres

Le territoire est caractérisé par un riche passé militaire, religieux et touristique. L’Ile de Ré est un territoire de tradition rurale. Son caractère insulaire lui confère en outre une dimension maritime. Cette histoire a laissé un héritage remarquable : Un patrimoine architectural diversifié Un patrimoine naturel préservé Un patrimoine immatériel vivant Le Pays de l’Ile de Ré a une tradition culturelle ancienne. L’identité rétaise évolue.

Problématique 1 Une répartition inégale de l’offre culturelle : Le poids de la saisonnalité a une forte incidence sur la répartition de l’offre entre période estivale et période hivernale. L’offre culturelle et le niveau d’équipement sont moins importants dans le canton nord que dans le canton sud (conséquence de la variation des densités de population). Problématique 2 Un manque de coopération et de travail en réseau. Un déficit de coopération. Une logique concurrentielle. Problématique 3 Des lacunes dans la mise en place des dispositifs de communication.

B. Une importante dynamique culturelle Le Pays de l’Ile de Ré peut compter sur un éventail très large et très impliqué d’acteurs culturels. Les communes et la Communauté de Communes soutiennent le secteur culturel. Le territoire bénéficie d’un bon niveau d’équipement.

B. Des enjeux de territoire Enjeu n° 1 Lutter contre les déséquilibres, en apportant davantage de cohérence et de lisibilité Enjeu n° 2 Améliorer les conditions d’accès des publics à l’offre culturelle Enjeu n° 3 Soutenir la création

C. Impact des mutations sociales et démographiques Le solde naturel négatif et l’arrivée massive de jeunes retraités favorisent : La croissance démographique du territoire, qui offre des potentialités importantes en termes de politique des publics. Le vieillissement de la population. Le niveau des revenus sur l’Ile de Ré est nettement supérieur au niveau des revenus du continent. Cette tendance ne doit cependant pas masquer une réalité sociale parfois difficile pour une partie non négligeable de la population (précarité, difficultés de logement…). Conséquence : l’accès à la culture n’est pas le même pour tous.

Enjeu n° 4 Développer les équipements structurants et renforcer les réseaux


Le schéma de développement culturel : Le diagnostic réalisé et le travail de concertation ont conduit à l’élaboration d’un schéma de développement culturel dont la mise en œuvre a commencé en 2011 :

Propositions pour une politique culturelle intercommunale - 4 axes/16 actions

Les concertations en chiffres : 21 réunions 120 pages de témoignages 50 participants

Actions 2011

4. Développer des projets en lien avec les priorités culturelles régionales (Ex. : musiques actuelles)

2011/2014

3. Initier de nouveaux dispositifs pour favoriser l’accès à l’offre culturelle (Ex. : Pass’ culture)

1. Maintenir un enseignement musical sur l’Ile de Ré 2. Renforcer le réseau des musées et des Maisons de Pays : Travailler la cohérence de l’offre dans le cadre de la démarche PAH et du PEL

2013/2014

4. Améliorer les financements : Augmenter l’enveloppe crédits manifestations (CRDD)

2011

4. Créer un portail informatique des associations de l’Ile de Ré : Planning des manifestations Ressources en ligne (lieux, matériel, contacts…) Aide au montage de projets…

2011

3. Labelliser les manifestations respectueuses de la charte Convention d’objectifs pluriannuelle Soutien financier

3. Développer le parc de matériel : Répertorier l’existant (salles, matériel) Développer un parc au service des associations

2. Encourager le développement d’actions culturelles en faveur des publics jeunes : Favoriser les projets en direction des jeunes Travailler avec les écoles et les accueils de loisirs

2012

2. Aider la création : Définir des critères et un mode d’évaluation Élaborer un dispositif d’aide

1. Poursuivre le développement des arts dans l’espace public : Programmation culturelle (fête des associations, journées du patrimoine) Accueil de compagnies en résidence, travail avec la population

2011/2013

2011

2. Rédiger une charte de bonnes pratiques : Cohérence Mutualisation Accessibilité

2011

1. Formaliser les critères d’attribution des subventions : Intégrer les enjeux identifiés lors des concertations Définir la notion d’intérêt communautaire

2012

1. Maintenir des rencontres régulières entre acteurs culturels : Conserver la dynamique des concertations Favoriser la mutualisation et la cohérence des projets

Axe 4 Renforcer le maillage du territoire

Actions

Actions

2012

Horizon 2012

2012

2011

2011

Actions

Axe 3 Améliorer l’accessibilité à l’offre culturelle

3. Renforcer le réseau des bibliothèques : Réflexion autour d’outils adaptés (ex. : réseau informatique)

2013/2014

Axe 2 Mieux accompagner les projets

Axe 1 Apporter plus de cohérence dans l’offre culturelle

4. Créer un nouvel équipement culturel : Grande polyvalence Espaces dédiés aux artistes et aux associations

Enjeux identifiés lors des concertations : Lutter contre les déséquilibres, apporter plus de cohérence et de lisibilité Améloirer les conditions d’accès des publics à l’offre culturelle Soutenir la création Développer les équipements structurants et renforcer les réseaux

Communauté de Communes de l’Ile de Ré / Novembre 2010

1. Vivre la culture d’aujourd’hui

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Les premières actions mises en œuvre : Axe 1 : Apporter plus de cohérence dans l’offre culturelle Les rencontres entre les acteurs se sont poursuivies grâce à l’organisation par la Communauté de Communes de deux forums des associations culturelles en 2011. Ces rencontres semestrielles vont désormais être reconduites chaque année. Axe 2 : Mieux accompagner les projets Les critères d’attribution des subventions culturelles de la Communauté de Communes ont été revus pour pouvoir intégrer les problématiques identifiées lors des concertations culturelles. Les nouvelles manifestations devront par exemple être organisées en dehors de la saison estivale pour pouvoir prétendre à un soutien de la Communauté de Communes. En 2011, un inventaire du matériel scénique présent sur le territoire a été réalisé. Un nouveau parc de matériel géré par une association de réinsertion (La Verdinière) a été développé par la Communauté de Communes pour permettre aux associations culturelles de l’Ile de Ré de bénéficier de matériel scénique à un prix de location symbolique. Axe 3 : Améliorer l’accessibilité à l’offre culturelle Le développement des arts dans l’espace public a été poursuivi : accueil d’un collectif d’artistes à la Communauté de Communes pendant les Journées européennes du patrimoine 2011, renouvellement de l’opération "les Arts de la rue et du cirque débarquent sur l’Ile de Ré"… Axe 4 : Renforcer le maillage du territoire Le renforcement du réseau des musées et sites d’interprétation thématiques a été poursuivi en 2011 dans le cadre du Plan Educatif Local et de la candidature au label Pays d’art et d’histoire. L’inscription d’un projet de nouvel équipement culturel a été intégrée dans le SCoT.

Les arts de la rue et du cirque débarquent dans l’Ile de Ré, 2011


Fête des associations 2010, La Baleine Cargo

1. Vivre la culture d’aujourd’hui

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PAYS D’ART ET D’HISTOIRE

CANDIDATE AU LABEL

ILE DE

Ré Synthèse et enjeux Au regard du poids relativement modeste de son étendue géographique et de son potentiel démographique, l’Ile de Ré a su dessiner un maillage culturel d’une force et d’un dynamisme remarquables. La genèse de la politique de développement culturel rétaise laisse naturellement apparaître, dès ses débuts, une logique de projet appliquée à l’échelle communale. Aujourd’hui, c’est une toute autre manière de penser la vie culturelle qui fait jour : l’échelle insulaire, conçue dans sa globalité, est devenue le dénominateur commun d’une politique culturelle dont l’ambition avouée est celle d’une offre complète, cohérente et juste, accessible à tous les publics présents, à titre saisonnier ou non, sur l’île. Les récentes concertations ont ainsi abouti à un schéma de développement culturel faisant office, pour la première fois sur ce territoire, d’un cadre structurant pour une politique culturelle commune et partagée. C’est dans cette même logique de cohérence et de cohésion territoriales que le Pays d’art et d’histoire s’imposera comme un élément essentiel et une étape décisive pour l’avenir de la culture sur l’Ile de Ré.


1. Vivre la culture d’aujourd’hui

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PAYS D’ART ET D’HISTOIRE

Préserver le patrimoine naturel

ILE DE

CANDIDATE AU LABEL

2.

2-1. Des zones naturelles d’intérêt international 2-2. Législation et organismes nationaux : un cadre pour la protection du patrimoine naturel rétais 2-3. Spécificités insulaires : des mesures de protection locales


PAYS D’ART ET D’HISTOIRE

CANDIDATE AU LABEL

ILE DE

"Une île est par définition fragile, nomade. Tout le monde a peur qu’elle se dissolve à un moment donné ou parte à la dérive." Erik Orsenna, écrivain La configuration géographique du territoire insulaire et les activités humaines qui s’y sont développées ont contribué à la formation d’un paysage et d’un patrimoine naturel d’une profonde richesse. A partir des années 1970, la prise de conscience générale de la nécessité de préserver l’environnement a donné lieu aux premières mesures de protection sur l’île. Poursuivie jusqu’à aujourd’hui, la politique de protection des espaces naturels a permis à l’ensemble du territoire insulaire d’être couvert par plusieurs règles environnementales. Certaines zones particulièrement fragiles où terre et mer se côtoient et parfois se confondent, comme celles du Fier d’Ars et de la fosse de Loix, bénéficient de mesures permettant à la fois de protéger et maintenir une faune et une flore exceptionnelles, de limiter voire d’interdire les interventions humaines, mais aussi de valoriser des ressources rares auprès du public. La Trame verte et bleue, mesure phare du Grenelle de l’environnement, trouve dans l’Ile de Ré où terre et mer sont étroitement liées, une parfaite application, encourageant les élus à traiter les enjeux environnementaux dans toute leur diversité et leur complémentarité.

Le Défend, site classé, Rivedoux-Plage


2.1 Des zones naturelles d’intérêt international Le Fier d’Ars, inscrit au titre de la convention Ramsar Les zones humides, dont la richesse forme un patrimoine naturel exceptionnel, remplissent de multiples fonctions sociales et culturelles (détente, loisirs, pêche), hydrologiques (prévention des inondations, épurations des eaux), biologiques (refuge d’espèces animales et végétales) ou encore économiques (production de sel, coquillages...). La convention de Ramsar, traité intergouvernemental sur les zones humides d’importance internationale, a été créée pour servir de cadre à l’action nationale et à la coopération internationale pour la conservation et l’utilisation rationnelle des zones humides et de leurs ressources. Négocié tout au long des années 1960 par des pays et des organisations non gouvernementales préoccupés par la dégradation croissante des zones humides servant d’habitat aux oiseaux d’eau migrateurs, le traité a été adopté dans la ville iranienne de Ramsar en 1971, et est entré en vigueur en 1975. La Convention est le seul traité mondial du domaine de l’environnement portant sur un écosystème particulier et dont les pays membres couvrent toutes les zones géographiques de la planète. En ratifiant la convention, les États s’engagent à mener une politique d’utilisation rationnelle et durable des zones humides. Ils s’engagent en particulier à :

comme au plan international, les démarches de protection des zones humides mais aussi de constituer un réseau international de gestionnaires de zones humides. Il appartient alors aux pouvoirs publics, aux acteurs socio-économiques, ainsi qu’à chaque habitant ou usager qui fait vivre, gère ou exploite la zone humide, de conserver de manière pérenne ce milieu rare et donc précieux, d’un grand intérêt environnemental. A l’initiative de la Communauté de Communes de l’Ile de Ré, le Fier d’Ars a été inscrit sur la liste des sites Ramsar le 2 février 2003 (22e site Ramsar français et premier du département de la Charente-Maritime). Sur une superficie de 4 452 hectares, cet ensemble littoral associe les grandes vasières et bancs de sable du Fier d’Ars et de la fosse de Loix. Il forme une mosaïque très diversifiée de milieux : marais salants, marais doux, bassins d’aquacultures, prairies. Le site comprend également un massif dunaire partiellement boisé, ainsi qu’un ensemble de côtes et d’estrans rocheux et sableux. Titulaire du label, la Communauté de Communes gère le site en lien avec la Ligue de Protection des Oiseaux. Une association des gestionnaires du site Ramsar rassemble par ailleurs les signataires d’une charte d’engagement, veillant au respect des règles de conduite à tenir au sein de cet environnement protégé.

identifier au niveau national des zones humides dites d’importance internationale ;

,,préserver leurs zones humides dans le cadre de l’aménagement du territoire, à travers des politiques et des législations pertinentes, des mesures de gestion et d’éducation du public ; coopérer au niveau international en vue de garantir une gestion durable des zones humides. Lorsqu’un pays désigne un site au titre de la convention de Ramsar, il lui attribue un label international qui récompense et valorise les actions de gestion durable de cette zone, et encourage ceux qui les mettent en œuvre. Ce label traduit une prise de conscience essentielle sur la valeur de la zone humide et matérialise un engagement politique sur le long terme en sa faveur. Elle permet non seulement de valoriser, au plan national Marais, Ars-en-Ré

2. Préserver le patrimoine naturel

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SITE RAMSAR DU FIER D’ARS SUR L’ILE DE RÉ

2. Préserver le patrimoine naturel

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Le réseau Natura 2000 En 1992, au "sommet de la Terre" de Rio de Janeiro, l’Union européenne s’est engagée à enrayer la perte de la biodiversité sur ses territoires en créant un réseau de sites écologiques nommé Natura 2000. Avec près de 25 000 sites terrestres et marins, il s’agit du plus vaste maillage de sites protégés au monde. Le réseau Natura 2000 comprend des sites naturels possédant une grande valeur patrimoniale par les espèces faunistiques et floristiques qu’ils abritent. Ce réseau s’appuie sur l’application des deux directives "Oiseaux et Habitats" de 1979 et 1992 qui mettent en place deux types de zones : les Zones de Protection Spéciale (ZPS) et les Zones Spéciales de Conservation (ZSC). Les Zones de Protection Spéciale s’appuient sur les Zones Importantes pour la Conservation des Oiseaux (ZICO). Les ZICO constituent un inventaire scientifique dressé en application d’un programme international visant à recenser les zones les plus favorables pour la conservation des oiseaux sauvages. L’Anse du Fier d’Ars fait l’objet d’une Zone Importante pour la Conservation des Oiseaux, qui s’étend sur 4 562 hectares. Les Zones Spéciales de Conservation s’appuient quant à elles sur l’inscription des Sites d’Importance Communautaire (SIC) pour l’Union Européenne. Lorsque son document d’objectif est achevé et approuvé, un Site d’Importance Communautaire devient, par arrêté ministériel, une Zone Spéciale de Conservation. Trois SIC et deux ZPS sont présents sur le territoire insulaire. Les Sites d’Importance Communautaire (préalables aux futures Zones Spéciales de Conservation) : "Ile de Ré : Fier d’Ars" (3 887 hectares) : ce site a été proposé comme SIC en avril 2002. Huit habitats naturels sont répertoriés, dont deux prioritaires (les lagunes côtières et les dunes côtières fixées à végétation herbacée), ainsi qu’une espèce de plante prioritaire : la cynoglosse des dunes. "Ile de Ré : Dunes et Forêts littorales" (533 hectares) : ce site a été proposé comme SIC en avril 2002. Il se compose de forêts

de résineux à 59 %, de dunes, plages de sables et machair à 23 %, de prairies à 12 %, d’autres terres arables à 5 %, de forêt artificielle en monoculture à 1 % et de galets, falaises maritimes et îlots. Six habitats naturels sont recensés, dont deux prioritaires : les dunes avec forêts et les dunes côtières fixées à végétation herbacée. Est recensée également une espèce de plante prioritaire : la cynoglosse des dunes. "Pertuis Charentais" (456 027 hectares) : ce site beaucoup plus étendu a été proposé comme SIC en mars 1999. Il est composé à 96 % de mer et bras de mer, et à 4 % de rivières et estuaires soumis à la marée, vasières, bancs de sable et lagunes. Huit habitats naturels sont présents : bancs de sable à faible couverture permanente d’eau marine, grandes criques et baies peu profondes, récifs, végétation annuelle des laissés de mer, estuaires, replats boueux ou sableux exondés à marée basse, végétations pionnières et autres espèces annuelles des zones boueuses et sableuses, grottes marines submergées ou semisubmergées. On recense également neuf espèces animales : des mammifères comme le Grand Dauphin, le Marsouin et le Phoque Gris et des poissons : l’alose feinte, l’esturgeon (espèce prioritaire), la Grande Alose, la Lamproie de rivière, la Lamproie marine et le Saumon Atlantique. Les Zones de Protection Spéciale : "Anse du Fier d’Ars-en-Ré" (4 452 hectares dont 2 384 hectares de superficie marine) : ce site a été classé en septembre 1986. 73 espèces d’oiseaux sont présentes en étape migratoire, reproduction ou hivernage, dont 51 font l’objet de mesures de conservation spéciale concernant leur habitat. "Pertuis Charentais – Rochebonne" (819 258 hectares) : ce site a été classé en ZPS en octobre 2008. Il est composé à 98 % de mer et bras de mer, et à 2 % de rivières et estuaires soumis à la marée, vasières, bancs de sable et lagunes. Trente espèces d’oiseaux fréquentent le site.


LA FAUNE

Mouette dans un marais des Portes-en-Ré

Tournepierres à collier sur une plage de Sainte-Marie-de-Ré

2. Préserver le patrimoine naturel

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les sites natura 2000 sur l’ile de rÊ

2. PrĂŠserver le patrimoine naturel

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2.2 Législation et organismes nationaux : un cadre pour la protection du patrimoine naturel rétais Sites inscrits et sites classés Les sites inscrits et classés désignent des sites naturels dont l’intérêt paysager, artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque justifie un suivi qualitatif et une autorisation pour tous travaux ou aménagements qui pourraient modifier l’état ou l’apparence du territoire protégé (loi du 2 mai 1930). L’inscription constitue une garantie minimale de protection. Elle est la reconnaissance de l’intérêt d’un site dont l’évolution demande une vigilance toute particulière. C’est un premier niveau de protection pouvant conduire à un classement. Ce dernier correspond à un niveau de protection élevé destiné à conserver les sites riches d’une valeur patrimoniale exceptionnelle ou remarquable. En site classé, toute modification de l’état ou de l’aspect du site est soumis à une autorisation spéciale, émanant soit du préfet, soit du ministre chargé des sites après consultation d’une commission départementale, préalablement à la délivrance des autorisations de droit commun. Les activités qui n’ont pas d’impact durable sur l’aspect du site telles que la chasse, la pêche ou l’agriculture, continuent à s’exercer librement. Le camping, la création de terrains de caravaning ainsi que l’installation de villages de vacances sont interdits, sauf dérogation spéciale accordée par le ministre chargé des sites. Les nouveaux réseaux téléphoniques et électriques doivent faire l’objet d’un enfouissement, sauf cas particuliers liés à des raisons techniques. La publicité est totalement interdite sur les monuments naturels et sites classés.

L’ensemble de l’Ile de Ré est en site inscrit depuis le 23 novembre 1979 et cinq zones se situent en site classé (80 % du territoire) : "les espaces naturels de l’Ile de Ré non encore protégés", avec des espaces sur l’ensemble des dix communes, "les franges côtières et les marais au nord-ouest de l’Ile de Ré", "la Croix Blanche" sur la commune du Bois-Plage-en-Ré, "le classement du canton Sud" hors zones urbaines, "Trousse-Chemise" sur la commune des Portes-en-Ré. Une extension du site classé est actuellement en cours de préparation par les services de la DREAL (Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement) et a été inscrite dans le Schéma de Cohérence Territoriale de l’Ile de Ré en cours d’élaboration. Elle a pour objectif d’aboutir à un seul arrêté de classement et au comblement des dents creuses, notamment en périphérie des bourgs et des campings.

En site inscrit, les demandes d’autorisation de travaux susceptibles d’affecter l’espace sont soumises à l’Architecte des Bâtiments de France (ABF) qui émet un avis simple, sauf pour les travaux de démolition qui sont soumis à un avis conforme. Sauf dérogation du Préfet après avis de l’Architecte des Bâtiments de France et éventuellement de la commission départementale des sites, perspectives et paysages, le camping, de même que l’installation de villages de vacances, sont interdits. L’affichage et la publicité sont interdits dans les sites inscrits situés à l’intérieur des agglomérations (loi n° 79-1150 du 29 décembre 1979).

Plants de moutarde dans un marais des Portes-en-Ré


Sites Classés et Inscrits de l’Ile de Ré

2. Préserver le patrimoine naturel

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La Réserve Naturelle de Lilleau des Niges et la Ligue de Protection des Oiseaux Créée à l’initiative du Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement par décret du Premier Ministre dans le cadre de la loi de la protection de la nature du 10 juillet 1976, la Réserve Naturelle Nationale de Lilleau des Niges a vu le jour en 1980, sur la commune des Portes-en-Ré. Elle s’étend sur une superficie de 236 hectares, dont 114 hectares en zone de protection intégrale. Les vasières, les marais salants et les prés-salés sont les principaux types de milieux protégés. Cette réserve, au carrefour des grandes voies de migration des populations d’oiseaux d’eau européennes et africaines, est l’un des principaux sites français pour l’hivernage des limicoles et des Bernaches cravants. Lieu d’escale essentiel pour des milliers d’oiseaux migrateurs, la Réserve accueille, au fil des saisons, de nombreuses espèces qui viennent s’y reproduire, s’y nourrir ou s’y reposer (Héron cendré, Aigrette Garzette, Echasse blanche, Chevalier Gambette, Avocette, Courlis cendré, Grand Gravelot, etc). Le milieu est par ailleurs favorable à une flore particulièrement riche qui compte plus de 150 espèces, parmi lesquelles le limonium, la moutarde noire, la salicorne, l’obione et le tamaris sont les plus représentées.

Marais, Les Portes-en-Ré

La gestion de la Réserve Naturelle a été confiée à la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) qui assure la protection des espèces animales et végétales, la gestion de la Réserve et l’accueil du public au sein de la Maison du Fier. La Réserve comprend deux zones de réglementation : la Réserve Naturelle, où sont interdits l’accès (pédestre, circulation, navigation), la chasse et la pêche, le survol à moins de 300 mètres, l’introduction d’animaux sauvages ou domestiques, le dérangement, la destruction des animaux et de leur couvée. la Zone de Protection, où sont seulement autorisés l’accès à pied (sur certaines parties), la pêche à pied non commerciale, la navigation non motorisée (du 1er mars au 31 octobre).


RÉSERVE NATURELLE DE LILLEAU DES NIGES

2. Préserver le patrimoine naturel

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Les Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique (ZNIEFF) L’inventaire des ZNIEFF, lancé en 1982, a pour objectif d’identifier et de décrire des secteurs présentant un grand intérêt écologique, de fortes capacités biologiques et un bon état de conservation. Il est coordonné au niveau national par le ministère de l’Ecologie, du Développement Durable, des Transports et du Logement, et mis en œuvre par les Directions Régionales de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement et le Museum National d’Histoire Naturelle. Les ZNIEFF n’ont pas de portée réglementaire. Les ZNIEFF de type I sont des territoires correspondant à une ou plusieurs unités écologiques homogènes, soit un espace possédant une combinaison constante de caractères physiques et une structure cohérente, abritant des groupes d’espèces végétales ou animales caractéristiques. Elles abritent au moins une espèce ou un habitat caractéristique remarquable ou rare, justifiant d’une valeur patrimoniale plus élevée que celle du milieu environnant. Elles sont généralement de taille réduite, inférieure aux ZNIEFF de type II.

Les ZNIEFF de type II réunissent des milieux naturels formant un ou plusieurs ensembles (chaque ensemble constitutif de la zone est un assemblage d’unités écologiques homogènes dans leur structure ou leur fonctionnement), possédant une cohésion élevée et entretenant de fortes relations entre eux. Elles se distinguent de la moyenne du territoire régional environnant par leur contenu patrimonial plus riche et leur degré d’artificialisation plus faible. Ces ZNIEFF de type II sont des ensembles géographiques généralement importants, incluant souvent plusieurs ZNIEFF de type I et qui désignent un ensemble naturel étendu dont les équilibres généraux doivent être préservés. L’Ile de Ré compte 13 ZNIEFF de type I : le Fier d’Ars (2438 hectares) la forêt de la Combe à l’eau (186 hectares) les Evières (381 hectares) les dunes de Gros Jonc (80 hectares) la prise des Trois Thupins et de la Moulinatte (269 hectares) les Porteaux (5,48 hectares) le bois Henri IV (29 hectares) les Bragauds (141 hectares) la forêt de Trousse Chemise (26 hectares) les dunes du Lizay (17 hectares) la Pointe du Grouin (6 hectares) la Grande et la Petite Tonille (76 hectares) l’anse Notre-Dame et pointe de Chauveau (393 hectares) Soit un total de 4 052 hectares de ZNIEFF de type I (un peu plus de 45 % du territoire). L’Ile de Ré compte 2 ZNIEFF de type II : le Fier d’Ars (4 474 hectares) les Pertuis Charentais : le Pertuis Breton, le Pertuis d’Antioche et la mer au sud de l’Ile d’Oléron jusqu’à la pointe de la Coubre (154 671 hectares)

Détail d’une algue, Sainte-Marie-de-Ré


ZNIEFF 1 ET 2 SUR L’ILE DE RÉ

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Les acquisitions du Conservatoire du Littoral Créé en 1975, le Conservatoire du Littoral est un établissement public qui mène une politique foncière visant à la protection définitive des espaces naturels et des paysages sur les rivages maritimes et lacustres. Il peut intervenir dans les cantons côtiers en métropole, dans les départements d’Outre-mer, à Mayotte, ainsi que dans les communes riveraines des estuaires, des deltas et des lacs de plus de 1000 hectares. Il acquiert des terrains fragiles ou menacés à l’amiable, par préemption, ou à titre exceptionnel par expropriation. Des biens peuvent également lui être transmis sous forme de dons ou de legs. Après avoir réalisé les travaux de remise en état nécessaires, il confie la gestion des terrains aux collectivités territoriales, à des associations ou à des agriculteurs pour qu’ils en assurent la gestion dans le respect des orientations arrêtées. Avec l’aide de spécialistes, il détermine la manière dont doivent être aménagés et gérés les sites qu’il a acquis, et définit les utilisations, notamment agricoles et de loisir compatibles avec ces objectifs. Sur l’Ile de Ré, le Conservatoire du Littoral est propriétaire de plus de 600 hectares de parcelles répartis sur quatre sites principaux : le Fier d’Ars (Les Portes-en-Ré, Saint-Clément-des-Baleines, Arsen-Ré, Loix), la Pointe du Grouin (Loix), les Evières (le Bois-Plageen-Ré, La Flotte, Sainte-Marie-de-Ré) et le Défend (RivedouxPlage). Outre la protection de ces sites, le Conservatoire du Littoral a permis de mettre en œuvre des plans de gestion avec différents intervenants tels que la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO), l’Ecomusée du marais salant, des sauniers, des agriculteurs et certaines communes du territoire.

Plage, La Couarde-sur-Mer

Afin d’assurer une gestion cohérente et durable des espaces appartenant au Conservatoire du Littoral sur l’Ile de Ré, la mise en place d’une convention cadre entre le Conservatoire du Littoral et la Communauté de Communes est en cours d’élaboration.

Les Evières


PÉRIMÈTRE D’INTERVENTION DU CONSERVATOIRE DU LITTORAL SUR L’ILE DE RÉ

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La gestion de l’Office National des Forêts Établissement public à caractère industriel et commercial créé en 1964, l’Office National des Forêts est le premier gestionnaire d’espaces naturels en France. Son action est conduite dans le cadre d’un contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens avec l’Etat. Il assure la gestion durable des forêts publiques françaises, soit près de dix millions d’hectares de forêts et espaces boisés en France métropolitaine et dans les départements d’outre-mer. Selon l’Inventaire Forestier National (IFN), la surface forestière de l’Ile de Ré est de 1 500 hectares, dont 407 hectares sont des forêts domaniales, gérées par l’Office National des Forêts (ONF) : la forêt de Trousse-Chemise aux Portes-en-Ré, la forêt du Lizay sur les communes des Portes-en-Ré et de Saint-Clémentdes-Baleines, la forêt de la Combe à l’eau sur les communes de Saint-Clément-des-Baleines et d’Ars-en-Ré et la forêt du Bois Henri IV sur la commune de La Couarde-sur-Mer. En ce qui concerne les dunes boisées de l’Ile de Ré, le rôle de l’ONF consiste essentiellement à la gestion de la fréquentation (accès, signalétique, stationnement). Suite aux différents épisodes de tempêtes (1999 et 2010) au cours desquels les dunes ont subi de lourds dégâts, un important travail de restauration puis d’entretien a été mis en œuvre. Les dunes ont ainsi été fixées et stabilisées par la mise en place de clôtures et grâce à une démarche à long terme de sensibilisation du public à la fragilité du milieu.

Panneau de signalisation du site classé du Lizay, Les Portes-en-Ré

Forêt du Lizay, Les Portes-en-Ré


espaces boisés classés et forêts domaniales sur l’ile de ré

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La création du Parc Naturel Marin de l’Estuaire de la Gironde et des pertuis Charentais Le 20 juin 2008, le Ministre de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement Durable et de la Mer annonçait la mise à l’étude du Parc Naturel Marin de l’Estuaire de la Gironde et des Pertuis Charentais. Cette étude s’inscrit dans le cadre des engagements du Grenelle de la Mer en faveur d’une gestion durable et concertée des ressources du littoral, traduite par la mise en place de dix parcs naturels marins. La dynamique activée par l’Etat répond à des engagements internationaux ayant pour objectif de protéger des zones marines reconnues pour leur biodiversité, tout en autorisant les activités économiques ou de loisirs, à la condition qu’elles soient compatibles. Sous la conduite des préfets de la Vendée, de la CharenteMaritime, de la Gironde, du préfet maritime de l’Atlantique et en concertation avec les usagers, un parc naturel marin est à l’étude pour répondre aux enjeux d’amélioration de la connaissance, de protection du milieu marin et de développement durable

Le pas des Boeufs, Le Bois-Plage-en-Ré

des activités maritimes. Depuis mars 2009, une mission d’étude de l’Agence des aires marines protégées, basée à Rochefort, a ouvert un dialogue constructif avec tous les acteurs maritimes. La mission d’étude consiste, sur le périmètre du parc marin, à proposer un diagnostic précis et à définir les enjeux prioritaires grâce à la consultation des élus locaux, du milieu associatif et des professionnels. Après l’étude de faisabilité et sa mission de concertation, un arrêté ministériel validera ou non la création du parc. En septembre 2011, le Conseil Communautaire de l’Ile de Ré s’est prononcé favorablement pour la création du Parc Naturel Marin sous condition de révision de certains éléments susceptibles d’impacter le Schéma de Cohérence Territoriale et le Schéma de Mise en Valeur de la Mer de l’Ile de Ré. En fonction des résultats des divers avis et de l’enquête publique, un décret de création pourrait être pris par le gouvernement prochainement.


À quoi servira le Parc ? 6 grandes orientations de gestion structurent la politique environnementale conduite par le Parc : Améliorer et partager la connaissance scientifique et empirique des milieux marins, des espèces et des usages. Promouvoir et développer les activités de pêche professionnelle (côtière et estuarienne), aquacoles et conchylicoles dans le respect des écosystèmes marins. Promouvoir et développer les activités maritimes portuaires et industrielles, ainsi que les activités de loisirs dans le respect des écosystèmes marins. Renforcer le lien "Mer & Terre" en favorisant les partenariats entre les acteurs concernés afin de préserver la qualité et la quantité des eaux. Préserver et restaurer les milieux et les fonctionnalités écologiques, dans un équilibre durable entre biodiversité et activités socio-économiques. Diffuser, auprès du plus grand nombre, la passion de la mer et impliquer chacun dans la préservation du milieu maritime et littoral. Le périmètre du futur parc Le projet de parc s’étend de l’embouchure du Payré en Vendée au nord, au bec d’Ambès sur l’estuaire de la Gironde au sud. Il inclut l’ensemble des pertuis, les estuaires et se poursuit jusqu’aux fonds de 50 mètres au large. Ce périmètre permet de préserver une continuité écologique car selon leur cycle de vie, les espèces se déplacent dans différents milieux estuariens, côtiers et marins. Il prend également en compte la cohérence socio-économique des bassins d’activités professionnelles et de loisirs.

Plage de la Conche des Baleines, Saint-Clément-des-Baleines

2. Préserver le patrimoine naturel

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PÉRIMÈTRE DU PROJET DE PARC NATUREL MARIN


2. PrĂŠserver le patrimoine naturel

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2.3 Spécificités insulaires : des mesures de protection locales Les Espaces Naturels Sensibles du département Afin de préserver la qualité des sites, des paysages et des milieux naturels, le département de la Charente-Maritime dispose d’une compétence spécifique pour élaborer et mettre en œuvre une politique de protection, de gestion et d’ouverture au public des Espaces Naturels Sensibles (ENS) par l’intermédiaire de la Taxe Départementale des Espaces Naturels Sensibles (TDENS). Les Espaces Naturels Sensibles sont des sites dont le caractère naturel est menacé et rendu vulnérable, actuellement ou potentiellement, soit en raison des pressions d’aménagement qu’ils subissent, soit en raison de leur intérêt particulier. L’affectation de la taxe, réglementairement définie, est essentiellement destinée à l’acquisition, l’aménagement, la gestion et l’ouverture gratuite au public. Son objectif consiste également à amplifier les acquisitions visant à résorber le camping sur parcelles individuelles, à aménager des entités foncières pour l’ouverture au public, à protéger les milieux pour garantir la pérennité des paysages, la gestion écologique et le maintien des activités primaires. Cette taxe permet d’acquérir des terrains et d’en assurer la protection, dans une démarche complémentaire aux acquisitions effectuées par le Conservatoire du Littoral. Sur l’Ile de Ré, environ 350 hectares ont ainsi été acquis par le Conseil Général au titre des ENS sur un périmètre de préemption qui représente plus de 5 500 hectares.

La ferme du Défend, site classé, Rivedoux-Plage


ZONE DE PRÉEMPTION AU TITRE DES ESPACES NATURELS SENSIBLES ET AcQUISITIONS DU CONSEIL GÉNÉRAL SUR L’ILE DE RÉ

2. Préserver le patrimoine naturel

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Le Schéma de Mise en Valeur de la Mer (SMVM), un document d’urbanisme pour gérer l’interface terre-mer Le Schéma de Mise en Valeur de la Mer (SMVM) est un document élaboré à l’initiative et sous la responsabilité du Préfet. Toutefois, la loi relative au développement des territoires ruraux (23 février 2005) offre la possibilité aux collectivités territoriales d’élaborer, dans le cadre du SCoT, un chapitre individualisé valant SMVM. Qu’est-ce qu’un SMVM ? Le SMVM porte sur une unité géographique et maritime présentant des intérêts liés, concurrents ou complémentaires au regard de l’aménagement, de la protection et de la mise en valeur du littoral.

Il fixe les orientations fondamentales de l’aménagement, de la protection et de la mise en valeur du littoral. Il détermine la vocation générale des différents secteurs de l’espace maritime et des différentes zones côtières, notamment celles affectées au développement industriel et portuaire, aux cultures marines et aux activités de loisirs. Il précise les mesures de protection du milieu marin. L’articulation du SMVM et du SCoT Lorsque le SMVM est élaboré dans le cadre d’un SCoT, l’autorité compétente pour la mise en œuvre de ce dernier est maître d’ouvrage (la Communauté de Communes dans le cas de l’Ile de Ré). Mais le Domaine Public Maritime et la mer restant de la compétence de l’Etat, le chapitre individualisé est soumis au Préfet pour accord avant l’arrêt du projet de SCoT. Le SMVM prend alors la forme d’un chapitre individualisé dans le SCoT mais l’approche des questions d’aménagement doit nécessairement être globale et les orientations et prescriptions relatives à la mise en valeur de la mer doivent trouver une traduction dans le Projet d’Aménagement et de Développement Durable et dans le Document d’Orientations et d’Objectifs1. Sur l’Ile de Ré, le SMVM a initialement été conçu comme un volet littoral et maritime intégré au SCoT. Cette démarche a permis d’analyser les interdépendances entre la terre et la mer, de faciliter ainsi la considération des problématiques maritimes, et de favoriser une gestion intégrée des zones côtières.

Plage de la Conche des Baleines, Saint-Clément-des-Baleines

Afin de ne pas retarder l’approbation du SCoT prévue en décembre 2011 et en raison de l’attente du décret sur la création du Parc Naturel Marin de l’Estuaire de la Gironde et des Pertuis Charentais qu’il convient de prendre en compte dans l’élaboration du SMVM, le volet littoral et maritime a finalement été retiré du SCoT et sera soumis au Préfet après approbation de ce dernier (en 2012).

1 Voir encart Qu’est ce qu’un SCoT, page 161


Le plan de gestion de l’estran La zone de l’estran désigne la partie du littoral située entre les limites extrêmes des plus hautes et des plus basses marées. Particulièrement fragile, cette zone constitue un biotope spécifique. Depuis 2009, la Communauté de Communes de l’Ile de Ré conduit une politique de sensibilisation des usagers et de veille écologique de l’estran. Le recrutement d’une équipe d’ "écogardes" permet ainsi d’en assurer une surveillance permanente, tout en informant et prévenant ses usagers sur la fragilité du milieu et la nécessité de le préserver. Le Schéma de Mise en Valeur de la Mer qui accompagnera le SCoT de l’Ile de Ré, définit en outre un plan de gestion de l’estran avec plusieurs mesures phares : Limiter l’envasement du Fier d’Ars, Nettoyer l’estran en profondeur, notamment grâce au démantèlement des parcs à huîtres abandonnés, Restaurer les écluses à poissons qui participent à l’équilibre écologique de l’estran et à la lutte contre l’érosion, Restreindre la pêche à pied professionnelle dans la zone du Fier d’Ars et de la fosse de Loix, Maîtriser la pêche à pied de loisir grâce à la mise en place d’un système de jachère expérimentale.

L’estran

Le Contrat de Restauration et d’Entretien des Zones Humides (CRE-ZH) ou Contrat Territorial du Volet Milieu Aquatique (CTVMA) Afin de préserver les eaux et les zones humides de son territoire, et pour répondre aux objectifs fixés au niveau européen dans ce domaine2, la Communauté de Communes de l’Ile de Ré a décidé de mettre en place un Contrat de Restauration et d’Entretien des Zones Humides (CRE-ZH), outil de gestion des zones humides. Il concerne les marais côtiers du Fier d’Ars et de la fosse de Loix, ainsi que les marais endigués associés. Ce contrat a pour but : de développer une approche globale et cohérente de la gestion des zones humides (préservation, restauration, entretien), d’engager une action concertée avec l’ensemble des partenaires concernés, d’assurer le fonctionnement et le maintien du rôle des zones humides (rôle hydrologique, patrimonial, de biodiversité, etc.). 1 700 hectares et 30 kilomètres de réseaux ont été diagnostiqués au cours d’une étude menée en étroite concertation avec les acteurs de ce milieu spécifique.

L’estran, Sainte-Marie-de-Ré

2 Directive-cadre sur l’eau (DCE) du 23 octobre 2000 qui définit au niveau européen un cadre pour la gestion et la protection des eaux.

2. Préserver le patrimoine naturel

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Dans le cadre de cette démarche "état-impact-réponse", il a été décidé de conduire une double démarche : d’une part sur le réseau hydraulique et les ouvrages d’alimentation du marais, afin de réguler la ressource en eau aussi bien quantitativement que qualitativement (restauration des berges, curage des chenaux, restauration de certaines prises d’eau…), d’autre part sur la gestion durable de l’espace et des milieux, avec une attention particulière accordée au maintien des anguilles. Dès le début de l’année 2012, la création d’un comité de marais rassemblant l’ensemble des acteurs intervenant sur ce milieu a permis de déterminer de manière concertée un programme pour une gestion hydraulique fine des marais. Financé conjointement par la Communauté de Communes de l’Ile de Ré, l’Agence de l’eau Loire Bretagne, le Conseil Général de la Charente-Maritime et le FEDER (Fonds européen de développement régional), le CRE-ZH, qui a pris le nom de Contrat Territorial du Volet Milieu Aquatique (CTVMA), a été signé en janvier 2012 et a permis d’établir une programmation de travaux sur cinq ans, initiés au printemps 2012.

L’estran, Sainte-Marie-de-Ré


Le Contrat d’Entretien et de Restauration des Zones Boisées (CRE-ZB) Pendant du CRE-ZH (Contrat de Restauration et d’Entretien des Zones Humides), le Contrat de Restauration et d’Entretien des Zones Boisées vise à doter le territoire d’un plan de gestion des friches et espaces boisés recensés sur l’Ile de Ré. Lancé et mené par la Communauté de Communes, il repose sur un inventaire exhaustif et cartographié des zones boisées, réalisé par les écogardes et grâce au système d’information géographique de la Communauté de Communes.

La création d’un golf d’excellence environnementale : La création d’un golf d’excellence environnementale a été inscrite dans le projet de SCoT. Elaboré dans le cadre du CRE-ZB, celui-ci sera soumis au respect d’un cahier des charges précis, visant à respecter des normes environnementales strictes. Une étude d’excellence environnementale a été réalisée dans cette perspective.

Plusieurs axes prioritaires ont été identifiés : La reconquête et la gestion des friches : En partenariat avec le Conseil Général (via la Taxe Départementale pour les Espaces Naturels Sensibles), le Conservatoire du Littoral et l’Office National des Forêts, une politique d’acquisition et de gestion des friches agricoles sera mise en place. La lutte contre les espèces envahissantes : La lutte contre les espèces invasives, véritable fléau environnemental, constitue l’un des objectifs majeurs de cette démarche. Plusieurs espèces envahissantes susceptibles de modifier et mettre en péril l’écosystème sont dans la ligne de mire du nouveau plan de gestion : le Baccharis, l’Ailante et l’Herbe de la Pampa notamment. Une phase de test mise en œuvre à Loix en 2011 devrait se poursuivre par différents traitements, visant à rétablir l’équilibre végétal des zones "vertes" du territoire. L’équilibre faunistique est également un enjeu important du CRE-ZB. Contrôler la prolifération de certaines espèces (lapins, chenilles processionnaires) fait partie des objectifs visés par le plan de gestion.

Les Evières

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ZOOM SUR... La création d’un observatoire de la biodiversité

Le rÔle de coordination de la communauté de communes

Afin de connaître et suivre l’évolution de l’environnement insulaire, la Communauté de Communes souhaite créer, à l’horizon 2013, une instance d’observation de la biodiversité. Un projet d’observatoire est donc actuellement en cours de réflexion.

La Communauté de Communes de l’Ile de Ré, eu égard à son domaine d’intervention géographique, est l’échelon le plus cohérent et le plus pertinent à la mise en place d’une politique environnementale communautaire de protection et de gestion des espaces naturels.

Cet observatoire conduit par un comité de pilotage pourrait porter sur 4 thèmes distincts, (non exhaustifs et limitatifs). Des études seraient alors réalisées sur tous les espaces naturels sensibles du territoire rétais :

Dans cette perspective, elle fédère les différents acteurs et partenaires du territoire (ONF, Conservatoire du Littoral, LPO, communes, agriculteurs, …) ; elle peut intervenir soit directement sur la gestion, soit par la mise en place de conventionnements avec les associations et partenaires. Plusieurs conventions sont en cours d’élaboration, notamment avec le Conservatoire du Littoral, l’Office National des Forêts et la Ligue de Protection des Oiseaux.

La faune sur espaces naturels terrestres (espaces dunaires, boisés…) La flore sur espaces naturels terrestres (espaces dunaires, boisés…) L’estran (avec observation et suivi du trait de côte) Les zones humides : faune et flore

A l’avenir, la perception de l’Ecotaxe lui permettra de financer de nombreuses actions en faveur de la protection de l’environnement (voir page 163).


Tableau récapitulatif des mesures de protection environnementales sur l’Ile de Ré Mesures de protection et de gestion de l’environnement

5/2/1930

Loi portant inscription et classement des sites

1971

Convention RAMSAR

7/10/1975

Loi portant création du Conservatoire du Littoral

7/10/1976

Loi portant création des réserves naturelles Arrêté préfectoral portant création des biotopes

12/31/1976

4/25/1979 10/23/1979

1/3/1986

1992

Loi portant création des ENS (Espaces Naturels Sensibles du Département)

Traduction sur l’Ile de Ré 1/29/1952 9/6/1968 6/24/1987 8/27/1990

4 ha 25 ha 7 400 ha 3 704 ha

1/31/1980

223 ha

Forêts domaniales 1982 1982 1984 1984 1984 1985 1985 1985 1985 1985 1986

ZNIEFF 2

Réserve Naturelle de Lilleau des Niges

Création de zone de préemption 7/8/1977 Ars-en-Ré (410 ha) La Flotte (982 ha) 11/25/1977 Loix (528 ha) Sainte-Marie-de-Ré (689 ha) 9/19/1978 Le Bois-Plage-en-Ré (881 ha) La Couarde-sur-Mer (417 ha) 2/23/1981 Rivedoux-Plage (259 ha) 3/11/1981 Saint-Clément-des-Baleines(487 ha) 12/19/1996 Saint-Martin-de-Ré (301 ha) 6/12/1997 Les Portes-en-Ré (371 ha) Sep-86 Anse du Fier d’Ars

Directive européenne Oiseaux portant création des Zones de Protection Oct-08 des espaces Sensibles (ZPS) Arrêté ministériel classant l’ensemble de l’île en site inscrit Loi littoral Code de l’urbanisme L146,1 à L146,5 : interdiction d’aménagement et de stationnement dans la bande littoral (100m) Mar-99 Directive européenne Habitats portant création des Zones Spéciales de Apr-02 Conservation (ZSC) Apr-02 EBC (Espaces Boisés Classés)

ZNIEFF 1

Les surfaces concernées

La Croix Blanche (Le Bois-Plage) Trousse-Chemise Franges côtières et marais du nord Canton sud Espaces naturels non-encore protégés 3/22/2000 sur l’île 2/2/2003 RAMSAR ZPS Fier d’Ars et Fosse de Loix Périmètre d’intervention 12/5/1979 Fier d’Ars (1538 ha) 3/25/1981 Les Evières (916 ha) 12/22/1981 Pointe de Saint-Clément (16 ha) 10/14/1982 Le Défend (65 ha) 10/30/1996 La Pointe du Grouin (99 ha) Fosse de Loix et Marais du Goisil de La 9/26/2011 Moulinatte (66 ha)

1988 1996 1986 1986

TOTAL

13 084 ha

1 952 ha 4 452 ha Acquisition

4 452 ha

627,5 ha

Acquisition 1 ha 228 ha 48 ha 56 ha 15 ha 4 ha 50 ha 14 ha 13 ha 3 ha 4 466 ha

223 ha

432 ha

823 812 ha

Pertuis-Charentais-Rochebonne

819 346 ha

Interdiction du camping hors espace aménagé à cette intention

8 643 ha

8 643 ha

763 ha

763 ha

Pertuis Charentais Fier d’Ars en ZSC Dunes et forêts littorales 14% de l’île La forêt de Trousse-Chemise La forêt et les dunes du Lizay La forêt de la Combe à l’eau La forêt du Bois Henri IV Les Bragauds Les Evières Les dunes du Lizay La Grande et la Petite Tonille Anse Notre-Dame et pointe de Chauveau La Pointe du Grouin La forêt de la Combe à l’eau Les dunes de Gros Jonc Les Porteaux La forêt de Trousse-Chemise La prise des Trois thupins et de la moulinatte Le bois Henri IV Le Fier d’Ars Fier d’Ars Les pertuis Charentais

455 230 ha 3 883 ha 533 ha 1 156 ha 26 ha 158 ha 183 ha 42 ha 142 ha 381 ha 18 ha 77 ha

459 646 ha 1 156 ha 409 ha

394 ha 6 ha 186 ha 81 ha 5 ha 26 ha

4 055 ha

269 ha 30 ha 2 441 ha 4 478 ha 154 671 ha

159 149 ha

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PAYS D’ART ET D’HISTOIRE

CANDIDATE AU LABEL

ILE DE

Ré Synthèse et enjeux Terre et mer entretiennent sur l’Ile de Ré une relation fusionnelle et complémentaire, formant un territoire particulièrement accueillant pour une avifaune et une flore marine riches. Les mesures environnementales déjà actées, comme celles à venir, ont vocation à préserver cette richesse et à sensibiliser chaque acteur ou usager du territoire à la nécessité de la respecter. La fragilité des milieux ainsi que les risques de submersion marine, sont au cœur des préoccupations des élus et des habitants. L’environnement, enjeu majeur pour l’avenir insulaire, tient une place centrale dans le quotidien rétais et l’ensemble des débats relatifs aux différents documents de planification en cours d’élaboration. Par conséquent, il est un élément structurant pour le projet du Pays d’art et d’histoire de l’Ile de Ré, qui aura pour ambition et responsabilité de poursuivre les missions de préservation, de connaissance et de valorisation du patrimoine naturel insulaire.


2. PrĂŠserver le patrimoine naturel

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PAYSPAYS D’ART ETETD’HISTOIRE D’ART D’HISTOIRE

Planifier l’urbanisme et l’architecture

Ré Ré

ILEILE DEDE

CANDIDATE AU CANDIDATE AULABEL LABEL

3.

3-1. Un urbanisme maItrisé 3-2. Dix villages, une Ile 3-3. L’architecture contemporaine


PAYS D’ART ET D’HISTOIRE

CANDIDATE AU LABEL

ILE DE

"Construire, c’est collaborer avec la terre : c’est mettre une marque humaine sur un paysage qui en sera modifié à jamais." Marguerite Yourcenar, écrivain

Les frontières naturelles de l’Ile de Ré en font un espace relativement réduit et délimité, pour lequel la maîtrise de l’extension urbaine s’avère prioritaire. La préservation des espaces non-construits et le maintien de la qualité comme de l’harmonie du bâti sont donc des éléments essentiels de la politique territoriale depuis de nombreuses années. Pourtant, les mutations à l’œuvre sur l’île exigent de trouver un équilibre serein entre maîtrise du développement et prise en compte des évolutions nécessaires pour l’inscrire dans une modernité raisonnée. Le dispositif règlementaire encadrant le bâti et l’audace des projets architecturaux récents font état de cette recherche de consensus et de dialogue entre tradition et innovation, condition indispensable pour offrir à un territoire fragile et ses habitants un avenir viable et durable.

Venelle, La Flotte


3.1 Un urbanisme maitrisé La question de l’extension urbaine constitue un enjeu majeur sur l’Ile de Ré et occupe ainsi une place centrale dans le projet de SCoT3. De manière générale, l’urbanisation a pu être contenue grâce aux nombreuses mesures de protection dont bénéficie l’île. La cartographie de l’île et l’étude de l’occupation du sol montrent une structure claire où les espaces construits sont encore bien définis et individualisés. Contrairement à d’autres territoires insulaires soumis eux aussi à une forte pression foncière, il n’existe pas de phénomène de continuum urbain sur l’Ile de Ré. Les espaces naturels et agricoles sont largement majoritaires et assurent autant de ruptures "vertes" entre les différentes entités villageoises. Le maintien de cette limite constitue à l’évidence un enjeu essentiel dans la lisibilité et la qualité des paysages insulaires.

Le Document d’Orientations et d’Objectifs (DOO) détermine une consommation d’espace ne dépassant pas ces 23 hectares. Dans cette perspective, il prévoit l’utilisation de zones ouvertes à l’urbanisation à court terme (zones 1NA des POS et 1AU des PLU) au titre du schéma directeur mis en place en 2000, et l’ouverture de zones "ex-nihilo" (consommation d’espaces agricoles). Ces 23 hectares seront exclusivement consacrés à des projets de construction de logements sociaux, à des équipements d’intérêt collectif et à des zones d’activités. Les secteurs d’urbanisation future inscrits dans les actuels POS (Plans d’occupation des sols) non autorisés par le SCoT seront déclassés par un retour en zone agricole (A) ou en zone naturelle (N) dans les futurs PLU (Plans locaux d’urbanisme).

En 2008, avec l’arrivée de Lionel Quillet à la présidence de la Communauté de Communes et sous l’impulsion de l’ensemble des élus communautaires, la politique de développement urbain connaît un véritable tournant. En entérinant le principe du 80/20 (80% d’espaces naturels/20% d’espaces urbanisés), les élus ont inscrit la maîtrise de l’urbanisation comme une priorité de la politique communautaire pour les dix années à venir.

La règle des 80/20 D’après le Système d’Information Géographique (SIG) de la Communauté de Communes, la totalité des zones urbanisées et urbanisables représente 19,7 % de la superficie de l’île. L’ensemble des zones naturelles ou agricoles s’étend donc sur 80,3 % du territoire. La règle du 80/20 obéit à un principe simple : dans le cadre du SCoT, il a été décidé de limiter l’urbanisation afin de maintenir et garantir une répartition entre 80 % d’espaces naturels et agricoles et 20 % d’espaces urbanisés et urbanisables. Restent donc 0,3 % d’espaces à urbaniser à l’horizon 2020, soit 23 hectares maximum. De taille a priori modeste, cet espace possède pourtant une valeur stratégique cruciale : il représente la dernière réserve foncière potentiellement utilisable pour le développement urbain de l’île. Cette réserve étant particulièrement restreinte, chaque mètre carré doit faire l’objet de profondes réflexions avant sa mobilisation, l’impact paysager de l’urbanisation, même sur un espace limité, pouvant être majeur pour le territoire insulaire.

Ruelle, Sainte-Marie-de-Ré

3 Voir chapitre 6 sur le SCoT de l’Ile de Ré, page 159

3. Planifier l’urbanisme et l’architecture

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Répartition des espaces sur l’Ile de Ré

3. Planifier l’urbanisme et l’architecture

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La maîtrise du résiduel constructible Le résiduel constructible4 s’étend aujourd’hui sur 263 hectares, dégageant un potentiel maximal de 4 500 logements, largement supérieur aux objectifs de développement fixés aux alentours de 700 logements permanents et 1 000 résidences secondaires. L’enjeu consiste donc à limiter au maximum la densification du tissu urbain actuel. Le SCoT préconise donc, dans les documents d’urbanisme locaux, une maîtrise de la sur-densification sur 80 % de la superficie du résiduel constructible soit 210 hectares. Pour atteindre cet objectif, il préconise et prescrit de mobiliser les outils suivants dans les PLU : Article R 123-9-5 du code de l’urbanisme : superficie minimale des terrains pour préserver l’urbanisation traditionnelle ou l’intérêt paysager du site ; Article L 130-1 à 6 du code de l’urbanisme : le classement en Espaces Boisés Classés ; Articles L 642-1 à L 642-10 du code du patrimoine : la mise en œuvre d’Aires de Mise en Valeur de l’Architecture et du Patrimoine (AVAP) ; Article L 123-1-5 alinéa 7 du code de l’urbanisme : protection d’éléments de patrimoine architectural, naturel ou paysager ;

Combinaison des articles 6, 7, 8, 9, 13 et 14 des règlements des PLU : implantation des constructions par rapport aux voies et emprises publiques, aux limites séparatives, aux constructions sur un même terrain, Coefficient d’Emprise au Sol (CES), espaces libres, Coefficient d’Occupation du Sol (COS) ; Article R 421-28 e)° du code de l’urbanisme : « Doivent en outre être précédés d’un permis de démolir, les travaux ayant pour objet de démolir ou de rendre inutilisable tout ou partie d’une construction : […] Identifiée comme devant être protégée par un Plan Local d’Urbanisme, en application du 7° de l’article L 123-1 […]» ; Article R 421-23 h)° qui définit que « les travaux ayant pour effet de modifier ou de supprimer un élément que le Plan Local d’Urbanisme ou un document d’urbanisme en tenant lieu a identifié, en application du 7° de l’article L 123-1, comme présentant un intérêt patrimonial ou paysager », doivent être précédés d’une déclaration préalable ; Article L 123-1-5 alinéa 9 du code de l’urbanisme : préservation, dans les zones urbaines, de terrains cultivés ; Article L 123-1-11 du code de l’urbanisme : limite d’utilisation du COS, si découpage parcellaire de moins de 10 ans.

4 Foncier potentiellement mobilisable par les propriétaires pour la construction au sein des villages (constructions nouvelles ou extensions).

Le port de Saint-Martin-de-Ré


3.2 Dix villages, une ile Bâti traditionnel et extensions urbaines Malgré l’homogénéité apparente qui se dégage de l’observation du bâti rétais, les modes de construction ont connu une véritable évolution au cours des dernières décennies. Si au Moyen-Age et jusqu’à la moitié du XXe siècle, l’urbanisation s’effectue au cœur des bourgs, par la construction d’un habitat dense et resserré, la période de la mise en tourisme de l’île s’accompagne d’un développement urbain plus dispersé, audelà des limites traditionnelles des villages. Cette extension a fort heureusement été maîtrisée dans le but de conserver des espaces non-urbanisés entre les différentes entités villageoises. Les constructions nouvelles, dotées d’organisations spatiales intérieures modernes, ont dans leur grande majorité conservé un aspect extérieur en adéquation avec l’architecture traditionnelle, offrant aujourd’hui à l’ensemble de l’île une grande homogénéité architecturale.

Les entrées de ville Les entrées de ville jouent un rôle clé dans la perception et l’identité d’un lieu : c’est la première image d’une ville ou d’un village qui est donnée à voir aux visiteurs comme à ses habitants. Sur Ré, au regard de la structure urbaine dense des bourgs et de l’ouverture visuelle importante des paysages agro-naturels, la perception des entrées de villages joue sur un contraste franc de franchissement d’une frange urbaine nette. Le passage sans transition des paysages agricoles ouverts à la rue, canalise le regard sur une perspective urbaine marquée par l’alignement des maisons dans des rues étroites et sinueuses. Le réseau routier s’est développé sur des axes de contournement des villages, structurés à l’aide de carrefours giratoires. Aujourd’hui, les feux de signalisation sont absents, les poteaux électriques et téléphoniques ont progressivement été enterrés et grâce à différentes mesures de protection (site inscrit, site classé, ZPPAUP…), les panneaux publicitaires sont interdits sur la grande majorité de l’île ainsi préservée de toute forme de pollution visuelle.

Mur en moellon, La Flotte

3. Planifier l’urbanisme et l’architecture

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Des ZPPAUP aux AVAP Une Zone de Protection du Patrimoine Architectural, Urbain et Paysager a pour objet d’assurer la protection du patrimoine paysager et urbain et de mettre en valeur des quartiers et sites à protéger pour des motifs d’ordre esthétique ou historique. A l’initiative des communes et en liaison avec l’Etat, la ZPPAUP tend à donner aux communes un rôle actif dans la gestion et la mise en valeur de leur patrimoine. Les ZPPAUP ont valeur de servitude d’utilité publique et émettent des prescriptions (le règlement) et des recommandations qui s’ajoutent aux dispositions du POS ou du PLU (et qui se substituent à elles lorsqu’elles lui sont contraires). A l’intérieur de la ZPPAUP, les travaux sont soumis à avis conforme de l’Architecte des Bâtiments de France fondé sur les prescriptions et les recommandations de la ZPPAUP. En contrepartie, la ZPPAUP permet aux propriétaires de bénéficier d’une défiscalisation de certains travaux liés à l’amélioration et à la mise en valeur extérieure de l’habitat. L’une des forces des ZPPAUP est leur capacité à s’intégrer dans un projet global de développement urbain économique, social et culturel.

Bâti rétais, Sainte-Marie-de-Ré

Le 12 juillet 2010, suite à la promulgation de la loi dite Grenelle 2, les ZPPAUP deviennent des Aires de Mise en Valeur de l’Architecture et du Patrimoine (AVAP). L’AVAP est élaborée selon les mêmes principes que la ZPPAUP. A l’initiative de la commune, fondée sur un diagnostic partagé, elle fait l’objet de trois documents : un rapport de présentation, un règlement et un document graphique. Les objectifs du développement durable et l’intégration des problématiques énergétiques sont renforcés. On recense trois ZPPAUP sur l’Ile de Ré, dans les communes de Saint-Martin-de-Ré (révisée le 21 avril 2004), de la Flotte-en-Ré (approuvée le 23 novembre 2001) et de Sainte-Marie-de-Ré (approuvée le 19 décembre 2002). Elles seront prochainement révisées et transformées en AVAP. Deux autres AVAP sont actuellement à l’étude sur les communes du Bois-Plage-enRé et de La Couarde-sur-Mer. Par ailleurs, le SCoT préconise la mise en place d’AVAP pour l’ensemble des dix communes du territoire.


Bâti rétais, Saint-Martin-de-Ré

3. Planifier l’urbanisme et l’architecture

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ZPPAUP DE LA FLOTTE LA ZPPAUP de La Flotte La ZPPAUP de la Flotte date de 2001, elle sera transformée en AVAP sitôt le PLU communal en cours d’élaboration achevé. La ZPPAUP s’est orientée sur la conservation du patrimoine architectural constitutif de l’ensemble urbain du bourg. La protection couvre les constructions qui, par leurs volumes et leur aspect architectural, participent à la qualité architecturale du bourg et des quartiers extérieurs. Les constructions sont localisées sur l’ensemble du périmètre et touchent les différents types architecturaux constituant le patrimoine bâti de la commune : maisons ordonnancées, maisons bourgeoises, édifices ruraux. La protection couvre également le patrimoine typique de la commune qui, sans présenter une architecture exceptionnelle, constitue l’unité et la qualité du bourg ; il est défini comme "le patrimoine architectural constitutif de l’ensemble urbain". Il doit être réhabilité, modifié ou renouvelé suivant les caractéristiques architecturales typiques constitutives du front bâti de ces espaces, en respectant la composition architecturale initiale (notamment les constructions à façades à composition ordonnancée ou à façades composées, mais non ordonnancées). La ZPPAUP s’attache également à la préservation et au respect du petit patrimoine architectural et des détails architecturaux remarquables, notamment les portes et portails monumentaux, les balcons, les entourages sculptés, les fontaines, puits, lavoirs et croix de chemins, les petits éléments d’accompagnement. Le document prescrit des règles architecturales communes aux constructions nouvelles (insertion dans l’environnement, l’aspect des structures porteuses ou des parois pleines, les couvertures ou encore les clôtures) et anciennes (pierre de taille, enduits, toitures, coloration, ouvertures…). Enfin, la ZPPAUP accorde une place importante à la préservation des espaces libres, notamment les espaces publics, les zones non aedificandi, les espaces boisés et jardins, et le respect des axes et faisceaux de vues.

3. Planifier l’urbanisme et l’architecture

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ZPPAUP

SAINT-MARTIN-DE-RÉ LA ZPPAUP de Saint-Martin-de-Ré La ZPPAUP de Saint-Martin-de-Ré date de 1988, preuve de la prise en compte ancienne de la valeur patrimoniale de l’intramuros martinais. La dernière révision date d’avril 2004. Cette ZPPAUP sera transformée en AVAP sitôt le PLU communal en cours d’élaboration achevé. Le document prend en compte non seulement le patrimoine bâti mais aussi la structure parcellaire (soulignant l’importance des clos), l’aspect des espaces libres et des espaces routiers (avec une mention particulière pour les espaces pavés à conserver ou à créer). Concernant le patrimoine bâti, les prescriptions concernent le patrimoine à valeur historique, archéologique et architectural, le patrimoine d’accompagnement constitutif de l’ensemble urbain, les murs de clôtures ainsi que les constructions nouvelles. La hauteur des constructions, ainsi que les niveaux (R, R+1, R+2 suivant les quartiers), sont limités. Le choix de matériaux traditionnels est imposé (pierre de taille, moellons, chaux grasse naturelle, menuiseries et fermetures en bois peint, toitures en tuiles tige de botte de tonalités mélangées…). Une attention toute particulière est donnée aux installations commerciales en ce qui concerne les façades (la structure de l’immeuble doit être lisible), les enseignes (limitées aux inscriptions en bandeau ou en drapeau), les bannes et stores (codes couleurs et dimensions) et les terrasses extérieures sur le domaine public.

3. Planifier l’urbanisme et l’architecture

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ZPPAUP

SAINTE-MARIE-DE-RÉ LA ZPPAUP de Sainte-Marie-de-Ré La ZPPAUP de Sainte-Marie-de-Ré date de 2002, elle sera transformée en AVAP sitôt le PLU communal en cours d’élaboration achevé. La ZPPAUP s’est orientée sur le respect et le maintien de la continuité urbaine, fondée sur le principe d’alignement propre au tissu urbain ancien de Sainte-Marie. Le règlement qui a été élaboré prend en compte la composition d’ensemble du village, sa structure parcellaire et volumétrique, son patrimoine monumental (église Notre-Dame, demeure dite de l’Abbaye et demeure dite de la Jarrière), mais aussi son petit patrimoine à préserver (puits, porches…). Concernant la composition d’ensemble, les prescriptions et recommandations portent notamment sur la composition de la façade, les hauteurs et niveaux de construction (le plus souvent R+1), les toitures et les ouvertures. Une attention particulière est donnée aux murs de clos, éléments essentiels de l’urbanisme du centre ancien de SainteMarie-de-Ré, aux porches et portails, ainsi qu’aux architectures particulières que constituent les maisons avec courettes et les bâtiments agricoles (chais, hangars…), traditionnellement conçus pour demeurer en pierres apparentes. Des cônes de vue qui, en des points déterminés, offrent des échappées visuelles de grande qualité vers le bourg et l’église doivent être préservés. Le choix de plantations harmonieuses et le respect des chemins piétons issus de l’organisation spatiale du tissu ancien sont également règlementés.

3. Planifier l’urbanisme et l’architecture

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L’architecture traditionnelle rétaise Le bâti rétais se caractérise par sa simplicité et son homogénéité. Il se conçoit comme un ensemble et non comme un assemblage d’architectures individuelles. Les constructions se développent à partir de l’espace de la rue où elles forment un front bâti continu et aligné sur l’espace public. Les venelles offrent une desserte fonctionnelle sur l’espace privé constitué de chais, de dépendances, de clos et de jardins. L’organisation urbaine se définit dans un dédale de rues étroites et sinueuses qui place les habitations à l’abri du vent.

Mur de clos, Sainte-Marie-de-Ré

Le clos Les anciens murs de clôture ou "clos" constituent une spécificité dans l’habitat rétais. Réalisé avec des moellons de calibres différents disposés à l’horizontale, le clos se caractérise par un couronnement soit en moellons plats posés sur la tranche et inclinés afin d’évacuer les eaux de ruissellement, soit en tuile canal posée dans le sens de l’épaisseur du mur, parfois surmontée de trois ou quatre lits de pierres posées à sec. Les encadrements des portails et portillons font apparaître des jambages en pierre de taille, des linteaux en bois ou des moellons simples. La façade Selon une technique traditionnelle, les murs sont construits en moellons calcaires de l’île. L’appareil en pierre est enduit de mortier de chaux et sable grossièrement taloché. Un badigeon au lait de chaux recouvre ensuite toute la façade lui conférant sa couleur blanche. Les murs des dépendances et des clôtures peuvent quant à eux laisser les moellons apparents. Les ouvertures de l’étage sont alignées sur celles du rez-de-chaussée, symétrie qui attribue aux façades leur grande régularité et simplicité. Mais la variété des linteaux (monolithes en pierre ou en bois, claveaux grossiers ou appareillés) autorise une certaine fantaisie. Les contrevents Pour se protéger du vent et du soleil, chaque fenêtre est munie de deux contrevents en bois se rabattant en façade. En planches larges et verticales assemblées, chaque contrevent est supporté par des pentures de fer. Le traitement du bois avec du sulfate permettait aux contrevents de résister aux attaques du sable et du sel transportés par le vent et leur confère une couleur turquoise. Les prescriptions exigent aujourd’hui de recourir à une palette de couleurs s’étendant du gris (pour les façades en pierres de taille) au vert pour les peintures des contrevents sur l’ensemble de l’île.

La tuile canal Traditionnellement, les toitures sont couvertes de tuiles canal dites "tiges de botte", disposées selon des inclinaisons précises pour éviter les glissements ou les infiltrations. En matériau de terre cuite, ces tuiles étaient autrefois formées à la main sur un moule en bois ce qui leur conférait un aspect irrégulier. Si les techniques ont évolué, l’utilisation de la tuile canal reste encore de mise aujourd’hui dans les constructions rétaises. Au XVIIIe siècle, les édifices les plus prestigieux se distinguent des autres constructions par le recours à l’ardoise pour le parement de la toiture, à l’image de l’Hôtel des Cadets, de l’Hôpital SaintHonoré ou de l’Hôtel de Clerjotte situés à Saint-Martin-de-Ré. Les portails et portes de chai Les chais, dont la présence en grand nombre s’explique par l’importance de l’activité viticole jusqu’à la fin du XIXe siècle, se distinguent en extérieur grâce à la présence d’une grande porte cochère. Relativement hauts, les portails en lames de bois verticales s’ouvrent sur la voie et sont surmontés de linteaux en bois ou en pierre de taille. Afin d’éviter la succession de portails et de portes, un portillon s’ouvre parfois dans les vantaux du portail principal. Le jardin Les contraintes climatiques ont favorisé l’implantation d’un habitat très dense, protégé du vent et des embruns par de hauts murs de clos. Le jardin se situe de l’autre côté de la clôture, caché et ombragé. Il permettait jadis aux Rétais, isolés du continent, d’y cultiver un jardin potager nécessaire à leur alimentation. Ils sont aujourd’hui des espaces d’agrément où s’épanouissent les plantes grimpantes et les arbres fruitiers. Les roses trémières qui bordent les façades sont également un signe fort et spécifique du paysage urbain rétais.


Vue des toits en tuile canal, Saint-Martin-de-Ré

3. Planifier l’urbanisme et l’architecture

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ZOOM SUR... Le Guide d’architecture locale du CAUE 17 Elaboré en 2003 pour le compte de la Communauté de Communes de l’Ile de Ré, ce guide a été réalisé par le CAUE 17 afin de fournir aux propriétaires des conseils et préconisations en matière d’architecture et d’aménagement de leur propriété. Ce document propose des orientations à suivre dans le cadre des travaux d’architecture (construction ou restauration) menés sur le territoire, que ce soit en termes d’organisation du bâti, de choix des matériaux ou de sélection des couleurs, etc... Les travaux restent cependant soumis à la réglementation en matière d’urbanisme applicable dans chaque commune (PLU) ainsi qu’aux règles de constructions et normes en vigueur. Le guide fournit également les éléments et matériaux à bannir dans le bâti rétais dans le cadre de constructions anciennes et nouvelles.

Extrait du guide d’architecture locale, CAUE 17

les demeures notables rétaises Parmi les ensembles urbains qui composent l’architecture rétaise, un certain nombre de demeures méritent d’être soulignées par la qualité de leur architecture. La plupart se distinguent par leur superficie, plus grande que la moyenne, les dimensions de certaines pièces, l’importance des escaliers, la qualité du décor de leurs baies ou de leur cheminée, l’ordonnance des élévations extérieures et l’absence de dépendances. Les plus anciennes datent du XVe siècle, les suivantes des XVIe et XVIIe siècles, mais la majorité a été construite aux XVIIIe et XIXe siècles. La plupart du temps édifiées sur les communes des principaux ports (Saint-Martin-de-Ré, La Flotte et Ars-en-Ré), elles appartiennent alors à des notables qui prospèrent grâce au commerce du sel et du vin. Construites en pierre de taille et non en moellon, comme la majorité des résidences rétaises, elles se distinguent par le décor des portes d’entrée et la présence de corniches et d’ornements sculptés sur les façades. Les décors intérieurs ont été fortement remaniés mais la cheminée finement sculptée, principale caractéristique de la décoration, a généralement été conservée. Parmi ces riches demeures, l’Inventaire Topographique de 1979 fait état d’une dizaine de maisons à pan de bois, toutes situées à Saint-Martin-de-Ré. La plus caractéristique, probablement édifiée au XVIIe siècle mais fortement remaniée au XIXe siècle, désignée sous le nom de "la Vinatrie", est inscrite au titre des monuments historiques depuis 2002.


Demeure notable située au 19-25, rue des Gabarets, inscrite au titre des Monuments Historiques, Saint-Martin-de-Ré

Maison à pan de bois la "Vinatrie", inscrite au titre des Monuments Historiques, Saint-Martin-de-Ré

3. Planifier l’urbanisme et l’architecture

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3.3 L’architecture contemporaine La création architecturale

Vers une architecture durable

Ces dernières années, des projets architecturaux portant notamment sur des équipements publics ont démontré l’audace et la modernité dont savent faire preuve les maîtres d’ouvrages insulaires. La salle de spectacle de La Maline à La Couarde-sur-Mer, la médiathèque de Sainte-Marie-de-Ré, la salle des sports d’Ars-en-Ré, la piscine intercommunale de Saint-Martin-de-Ré, l’extension du Musée Ernest Cognacq ou encore le nouveau Centre de Transfert des ordures ménagères sur la commune du Bois-Plage-en-Ré, sont autant d’exemples de créations architecturales contemporaines parfaitement insérées dans le paysage rétais. Alors que certains de ces projets s’éloignent radicalement de la tradition, d’autres s’en inspirent : c’est le cas de la salle du dojo à La Flotte ou de la salle omnisports d’Ars-en-Ré, qui proposent une réinterprétation de l’architecture des hangars à sel. Quelle que soit la vocation de ces édifices, leur intégration dans le paysage a constitué l’un des principaux critères de construction. L’exemple de l’aile contemporaine du Musée Ernest Cognacq, inaugurée en 2006, en donne la preuve avec une architecture de verre, de fer et de bois qui forme un lien parfait entre l’hôtel de Clerjotte de la Renaissance et les jardins réhabilités en 2007.

Le respect des nouvelles normes de qualité environnementale dans les constructions est également devenu un enjeu essentiel pour l’avenir du territoire. Le Centre de Transfert des ordures ménagères, inauguré en 2011, en est la parfaite illustration. Financé par la Communauté de Communes pour permettre le transfert des déchets ménagers dans de gros porteurs afin de limiter les transports vers le continent, il abrite également le centre technique des véhicules de collecte des déchets de l’île. La conception des bâtiments et des infrastructures a été réalisée selon le référentiel Haute Qualité Environnementale (HQE) en prenant en compte l’insertion de l’ouvrage dans le paysage viticole et agricole environnant. L’architecture privée, elle aussi, s’empare de ces nouvelles technologies et l’île compte aujourd’hui quelques exemples de maisons bioclimatiques.

De manière plus discrète et plus dispersée, l’architecture privée voit également apparaître des exemples de constructions résolument modernes. Dès les années 1970-1980, des architectes installés sur l’île contribuent à la diffusion d’une architecture plus fonctionnelle, désormais adaptée aux besoins des nouveaux résidents : espaces et volumes plus vastes, organisation spatiale plus complexe, décoration intérieure contemporaine… Cette évolution aboutira à la naissance d’une nouvelle typologie dans l’habitat rétais, parfois en décalage avec l’extrême simplicité du bâti traditionnel. Quelques exemples de villas isolées, non visibles depuis l’espace public, proposent une architecture extérieure résolument contemporaine ; on dénombre également des exemples plus répandus d’architecture traditionnelle extérieure révélant des intérieurs extrêmement modernes. L’opposition intérieur/extérieur s’est ainsi complexifiée.

autoriser l’implantation contrôlée d’unités de production de chaleur dans les quartiers ;

Parmi les orientations définies dans le Document d’Orientations et d’Objectifs du SCoT, le développement et l’accès aux énergies renouvelables s’inscrit comme une priorité. Ainsi, dans les secteurs les plus adaptés (peu d’impact paysager), le SCoT préconise l’application des principes de l’article L 11-6-2 du code de l’urbanisme :

favoriser la mise en place de techniques solaires et éoliennes ; réflexion systématique sur l’optimisation de l’orientation du bâti en fonction des performances énergétiques ; développement de politiques de réhabilitation des habitations par la mise en place d’Opérations Programmées pour l’Amélioration Thermique et énergétique des Bâtiments (OPATB) ; optimisation de l’efficacité de l’éclairage des espaces publics ; application et incitation à la bonification jusqu’à 20 % des droits à construire définis par le Coefficient d’Occupation du Sol (COS, article 14 du règlement de zone dans le PLU), pour les constructions neuves et les extensions dont la performance énergétique est supérieure à la norme en vigueur (Loi POPE) ; amélioration des performances des bâtiments publics.


ZOOM SUR...

Centre de Transfert des ordures ménagères Maître d’oeuvre : JM Blais Environnement et Humeau Montarou Associés, le Bois-Plage-en-Ré

le Centre de Transfert des ordures ménagères Le vendredi 13 novembre 2009, Lionel Quillet, Président de la Communauté de Communes de l’Ile de Ré, pose la première pierre du futur Centre de Transfert des ordures ménagères. Créé sur le site de l’ancienne usine de traitement des ordures ménagères, le bâtiment deviendra deux ans plus tard un ouvrage exemplaire en matière d’écoconstruction. Construit avec des matériaux d’origine naturelle (bardage et ossature en bois, isolants en structure de chanvre), il dispose de panneaux photovoltaïques susceptibles d’assurer la production autonome d’électricité pour le site et la fourniture d’eau chaude solaire qui couvre environ 60 % des besoins de chauffage en eau sanitaire ou eau de lavage des véhicules. Les bureaux de conception bioclimatique bénéficient d’une structure en bois et d’une enveloppe très isolante, la forte inertie thermique permettant l’absence de climatisation en période estivale et le chauffage résiduel par pompe à chaleur. La construction a été menée en éco-conception et dans le cadre d’un chantier propre : tri des déchets de chantier et traitement en filières adaptées, protection des eaux et des sols, emploi de matériaux recyclables en fin de vie, recyclage des granulats présents sur le site, broyage des bétons et remise en œuvre sur le site, utilisation des pierres locales et des remblais présents sur le territoire afin de limiter au maximum les transports. Par ailleurs, le site entièrement réhabilité, a permis d’inscrire une ancienne carrière comme zone privilégiée d’habitat des oiseaux de l’Ile de Ré. La prise en compte de l’impératif d’insertion paysagère du site dans son environnement s’est traduite dès la conception par une hauteur raisonnable des bâtiments, la mise en œuvre de façades en bois de couleur sombre, la plantation d’espèces végétales adaptées, la construction de murs de pierre sèche et la mise en place de clôtures en bois et de haies arbustives. Avec ce projet d’envergure, la Communauté de Communes de l’Ile de Ré a souhaité se positionner comme un acteur pilote dans la protection de l’environnement à travers la réalisation d’un ouvrage exemplaire.

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CRÉATIONS ARCHITECTURALES

1,5,6,7 Centre de transfert des ordures ménagères, le Bois-Plage-en-Ré JM Blais Environnement et Humeau Montarou Associés

2,16 Salle du Dojo, La Flotte Delavaud-Duvigneau 8 La Maline, la Couarde-sur-Mer Alain Murgalé


8 14

10

15

11

16 12

9

13

4, 10,13,15 AquaRé, piscine intercommunale, Saint-Martin-de-Ré Arcature

12,14 Salle des sports, Ars-en-Ré Hubert Bonin

11 Médiathèque Sainte-Marie-de-Ré Sophie Blanchet

3,9 Propriété privée, Ars-en-Ré Pierre-Paul Mariaud

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PAYS D’ART ET D’HISTOIRE

CANDIDATE AU LABEL

ILE DE

Ré Synthèse et enjeux Maîtrise de la croissance urbaine et démographique, préservation de l’identité architecturale du bâti insulaire, innovation des formes et des méthodes dans une approche éco-responsable : la question urbanistique dépend sur l’Ile de Ré d’un équilibre savant et harmonieux entre respect des usages et formes d’hier, et responsabilité dictée par les contraintes sociales, économiques et environnementales d’aujourd’hui. C’est dans le mariage réussi de ces exigences trop souvent considérées comme contradictoires que réside l’avenir de l’île. Les documents de planification en cours d’élaboration ont compris ces enjeux en s’attachant à les faire dialoguer le mieux possible. Le Pays d’art et d’histoire a également vocation, en tant qu’outil de connaissance des héritages et de l’existant architectural er urbanistique, à se positionner, dans une approche complémentaire du SCoT, comme relais majeur d’information, de sensibilisation et de valorisation de ces aspects qui engagent l’avenir du cadre de vie insulaire, et par là même, l’identité de l’Ile de Ré.


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PAYS D’ART ET D’HISTOIRE

Connaitre et protéger les patrimoines

ILE DE ILE DE

CANDIDATE AU LABEL

PAYS D’ARTAU ET D’HISTOIRE CANDIDATE LABEL

Ré Ré

4.

4-1. Le patrimoine archéologique 4-2. Le patrimoine bâti 4-3. Le patrimoine mobilier


PAYS D’ART ET D’HISTOIRE

CANDIDATE AU LABEL

ILE DE

"La mémoire est l’avenir du passé " Paul Valéry, poète et philosophe

Traces laissées par les générations passées, réalité d’un présent à comprendre, matériau d’un avenir encore à construire, le patrimoine, tous les patrimoines, doivent être respectés, protégés, entretenus et valorisés. La richesse patrimoniale de l’Ile de Ré n’est plus à démontrer. Elle crée les conditions d’une politique culturelle dynamique et plurielle. Patrimoine archéologique, patrimoine bâti, mobilier ou immatériel : les témoignages de l’Histoire sont multiples et offrent des modalités de découverte et d’aménagement considérables pour le territoire, qui s’efforce d’en dégager la cohérence dans une triple dynamique de conservation, de transmission et de reconnaissance.

Chapelle de la Redoute, les Portes-en-Ré


4.1 Le patrimoine archéologique Les Zones de Présomption de Prescription Archéologique (ZPPA) Le code du patrimoine et le décret n° 2004-490 du 3 juin 2004 organisent l’instruction, par les préfectures de région, des projets d’aménagement ou de travaux affectant le sous-sol, afin d’en évaluer l’impact archéologique et de prescrire les mesures de détection, voire, le cas échéant, de conservation et de sauvegarde. Définies par les Services Régionaux d’Archéologie (SRA) et faisant l’objet d’un arrêté du Préfet de région, les Zones de Présomption de Prescription Archéologiques poursuivent un double objectif : organiser la transmission des dossiers d’aménagement afin d’en assurer l’instruction archéologique porter à la connaissance des aménageurs publics ou privés la sensibilité archéologique potentielle de certains secteurs du territoire national afin de leur permettre de mieux apprécier les contraintes qui pourraient peser sur leurs projets. Les ZPPA ne sont pas une servitude d’urbanisme, mais permettent au ministère de la Culture et de la Communication de prendre en compte, à travers une étude scientifique ou une conservation éventuelle, les éléments du patrimoine archéologique affectés ou susceptibles d’être affectés par les travaux publics ou privés concourant à l’aménagement.

du Peu-Pierroux, principal site archéologique de l’île. Le texte de Théodore Phelippot, érudit du XIXe siècle, maire du Bois-PlageRé et grand collectionneur, évoque deux salles rondes reliées par un corridor et recouvertes d’une assise de pierres sèches ; l’ensemble atteint 3,50 mètres de hauteur avec un diamètre de 60 mètres à la base et de 34 mètres au sommet. Si le site a été démantelé et les pierres réutilisées pour le pavement de la route départementale proche, des objets ont pu être sauvés et sont aujourd’hui conservés au Musée Ernest Cognacq de SaintMartin-de-Ré et au Musée d’Histoire Naturelle de La Rochelle. Des découvertes ont également été faites sur les sites du Désertd’Enfer (Les Portes-en-Ré), des Gouillauds et aux Monjaudières (le Bois-Plage-en-Ré) ainsi que sur le site du Couronneau (SaintMartin-de-Ré). Pierre Tardy a par ailleurs découvert une station importante au Lizay (Les Portes-en-Ré) qui s’étend sur 28 mètres de long et deux mètres de large. En ce qui concerne les vestiges gallo-romains, plusieurs sites, dont on a aujourd’hui perdu la trace, ont été découverts au XIXe siècle : un temple de Neptune, un cimetière romain - qui fut pillé sans avoir été étudié - et deux trésors de monnaies romaines du IIIe siècle exhumés sur le site du Puy-Lizet et en bordure de rivage (La Flotte). Des découvertes plus récentes en divers endroits de l’île ont toutefois permis de confirmer avec certitude une présence humaine à cette époque. Des fouilles menées sur la commune de La Flotte ont par exemple permis de révéler les vestiges importants de thermes romains.

Les sites archéologiques Les principaux gisements de vestiges préhistoriques rétais ont été découverts sur les communes des Portes et du Bois-Plage. Ils attestent d’une présence humaine certaine au Néolithique qui pourrait même remonter au Paléolithique, selon les découvertes faites par Pierre Tardy au lieu-dit La Rivière sur la commune des Portes (une pointe Levallois et des burins). Aucun monument mégalithique n’a été conservé, bien que certains toponymes évoquent leur existence : la "Grosse-Borne" au nord du Bois-Plage ou la "Pierre-qui-Vire" entre le Bois et La Noue (commune de Sainte-Marie-de-Ré). Bien qu’il ait été détruit en 1887, on conserve une description précise du tumulus Tesson d’urne funéraire, vestiges du tumulus du Peu Pierroux, période campaniforme Collection Musée Ernest Cognacq, ville de Saint-Martin-de-Ré, (photographie Yann Werdefroy)

4. Connaitre et protéger les patrimoines

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Zones de présomption de Prescription Archéologique


Crânes humains et haches polies, vestiges du tumulus du Peu-Pierroux, période néolitique Collection Musée Ernest Cognacq, ville de Saint-Martin-de-Ré, (photographie Yann Werdefroy)

4. Connaitre et protéger les patrimoines

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4.2 Le patrimoine bâti Les monuments historiques La loi de 1913 sur les monuments historiques permet à un monument ou un objet d’être protégé du fait de son intérêt historique, artistique et architectural. Il existe deux niveaux de protection : l’inscription au titre des monuments historiques pour les meubles et immeubles qui, sans justifier une demande de classement immédiat, présentent un

intérêt d’histoire ou d’art suffisant pour en rendre désirable la préservation ; le classement au titre des monuments historiques pour les meubles et immeubles dont la conservation présente, du point de vue de l’histoire ou de l’art, un intérêt public. La protection concerne, dans le cas d’immobilier, tout ou partie de l’édifice extérieur, l’intérieur et ses abords.

19 monuments historiques inscrits ou classés sont recensés sur l’Ile de Ré : Edifices religieux Monument : Eglise Saint-Etienne Localisation : Ars-en-Ré Epoque de construction : XIIe, XVe Propriétaire : Propriété de la commune Protection MH : Classé MH en 1903

Monument : Abbaye des Châteliers Localisation : La Flotte-en-Ré Epoque de construction : XIIe, XIIIe, XIVe, XVe Propriétaire : Propriété de la commune Protection MH : Classé MH en 1990

Monument : Eglise paroissiale Sainte-Catherine Localisation : La Flotte en Ré Epoque de construction : XVe, XIXe Propriétaire : Propriété de la commune Protection MH : Inscrit MH en 1988

Monument : Eglise Saint-Martin, dite Le Grand Fort Localisation : Saint-Martin-de-Ré Epoque de construction : XVe, XVIIe, XVIIIe Propriétaire : Propriété de la commune Protection MH : Parties anciennes classées MH en 1903, parties non classées inscrites MH en 1997

Monument : Eglise de l’Assomption Localisation : Sainte-Marie-de-Ré Epoque de construction : XIIe, XVe, XVIe, XVIIe, XVIIIe, XIXe Propriétaire : Propriété de la commune Protection MH : Classé MH en 1921


La Citadelle de Saint-Martin-de-Ré

Les fortifications de Saint-Martin-de-Ré

Edifices militaires Monument : Fort de la Prée Localisation : La Flotte-en-Ré Epoque de construction : XVIIe, XIXe Propriétaire : Propriété privée Protection MH : Classé en 2008

Monument : Citadelle et fortifications Localisation : Saint-Martin-de-Ré Epoque de construction : XVIIe, XVIIIe Propriétaire : Propriété de l’Etat, propriété de la commune Protection MH : Classé MH en 1984

Monument : Batterie Kora-Karola Localisation : Ars-en-Ré Epoque de construction : XXe Propriétaire : Propriété de l’Etat Protection MH : Inscrit en 2002

4. Connaitre et protéger les patrimoines

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Edifices civils Monument : Demeure dite Maison du Sénéchal Localisation : Ars-en-Ré Epoque de construction : XVIe Propriétaire : Propriété privée Protection MH : Inscrit MH en 1925

Monument : Ancienne abbaye, dénommée aussi ancien château des Seigneurs de Rhé ou ancien hôtel de Clerjotte Localisation : Saint-Martin-de-Ré Epoque de construction : XVIe Propriétaire : Propriété de la commune Protection MH : Classé MH en 1929

Monument : Hôtel des Cadets Localisation : Saint-Martin-de-Ré Epoque de construction : XVIIIe Propriétaire : Propriété de la commune Protection MH : Inscrit MH en 1965

Monument : Logis de la Baronnie Localisation : Saint-Martin-de-Ré Epoque de construction : XVIIIe Propriétaire : Propriété privée Protection MH : Inscrit en 1996

Monument : Demeure au 19-25 rue des Gabarets Localisation : Saint-Martin-de-Ré Epoque de construction : XVIIe, XVIIIe Propriétaire : Propriété privée Protection MH : Inscrit MH en 1986

Monument : Hôpital Saint-Honoré Localisation : Saint-Martin-de-Ré Epoque de construction : XVIIe, XVIIIe Propriétaire : Communauté de Communes Protection MH : Une partie inscrite MH en 1997, une partie classée MH en 1999

Monument : Maison à pan de bois dite la Vinatrie Localisation : Saint-Martin-de-Ré Epoque de construction : XVIIe, XIXe Propriétaire : Propriété privée Protection MH : Inscrit MH en 2002

Monument : Phare de Chauveau Localisation : Rivedoux-Plage Epoque de construction : XIXe Propriétaire : Propriété de l’Etat Protection MH : Classé en 2011

Monument : Phare des Baleines Localisation : Saint-Clément-des-Baleines Epoque de construction : XIXe Propriétaire : Propriété de l’Etat Protection MH : Inscrit en 2011

Monument : Phare des Baleineaux Localisation : Saint-Clément-des-Baleines Epoque de construction : XIXe Propriétaire : Propriété de l’Etat Protection MH : Inscrit en 2011


Edifice à caractère industriel Monument : Vieux Phare des Baleines Localisation : Saint-Clément-des-Baleines Epoque de construction : XVIIe Propriétaire : Propriété de l’Etat Protection MH : Classé MH en 1904

Monument : Raffinerie à sel Localisation : Ars-en-Ré Epoque de construction : XIXe Propriétaire : Propriété privée Protection MH : Inscrit MH en 1989

Localisation des monuments historiques

4. Connaitre et protéger les patrimoines

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ZOOM SUR... Le label Unesco et le réseau des sites majeurs de Vauban En juillet 2008, la valeur universelle exceptionnelle des fortifications Vauban de Saint-Martin-de-Ré et des onze autres sites du Réseau des Sites Majeurs de Vauban a été reconnue internationalement avec l’inscription de l’œuvre de Vauban au patrimoine mondial de l’UNESCO. L’œuvre de Vauban justifie sa valeur exceptionnelle universelle selon trois critères : Les fortifications de Vauban constituent l’exemple le plus rationnel de l’architecture militaire et représentent un chefd’œuvre du génie créateur humain ; Elles sont également le témoin de l’évolution de l’architecture militaire au XVIIe siècle, ayant influencé un grand nombre de places fortes réalisées jusqu’à la fin du XIXe siècle à travers le monde ; Ces constructions peuvent aussi être décryptées comme la mise en forme d’un espace moderne, par la réalisation d’un réseau de sites frontaliers, prémices de nos frontières actuelles. La ville de Saint-Martin-de-Ré a non seulement été sélectionnée pour l’authenticité, l’intégrité, la conservation et le système de protection de ses remparts mais également comme étant un des sites le plus représentatif de ce qui a été défini comme le premier système de défense de Vauban et surtout comme le plus bel exemple de réduit insulaire. Ces fortifications sont en effet conçues au XVIIe siècle pour défendre non seulement la population martinaise mais surtout toute la population rétaise, 16 000 habitants, en cas de débarquement ennemi. Vaste camp retranché, cette place forte occupe donc une position particulière au cœur d’un véritable système de défense insulaire. Ce système étant lui-même un maillon de la protection des pertuis Charentais et de l’estuaire de la Charente. Le bien inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO englobe la totalité du monument, à savoir la citadelle et l’enceinte urbaine avec ses glacis non urbanisés, ainsi que toute la ville intra-muros.

Gestion du bien inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO Dès 2007, les sites du Réseau Vauban se sont engagés à réaliser un plan de gestion, instrument qui permet de conserver, préserver, gérer et mettre en valeur leur patrimoine Vauban, à court, moyen et long terme. Le Réseau des Sites Majeurs de Vauban, structure coordinatrice, assure le rôle d’interface entre les biens inscrits d’une part et les services de l’Etat et l’UNESCO d’autre part. L’association accompagne les sites dans : la conservation, la reconversion et la requalification des sites ; la valorisation culturelle, touristique et socio-économique des sites ; la coopération et les partenariats transfrontaliers et internationaux dans le domaine de la sauvegarde des sites et du rayonnement de la pensée de Vauban ; la recherche et la médiation par la diffusion culturelle. Concernant Saint-Martin-de-Ré, deux enjeux majeurs ont été présentés dans le plan de gestion : Développer la ville dans le respect de l’intégrité du site Vauban Développer un tourisme durable L’objectif étant de concilier le maintien d’une vie permanente et le développement de l’accueil des visiteurs tout au long de l’année. Ce système de gestion s’articule autour d’un projet culturel commun au Réseau des Sites Majeurs de Vauban qui vise à représenter et à mettre en valeur toutes les facettes de l’œuvre de Vauban à travers les thématiques propres à chaque site. Dans cette optique, outre les caractéristiques architecturales et militaires propres au site, la thématique attribuée à Saint-Martinde-Ré est "Vauban et l’ouverture au monde".


Remparts, Saint-Martin-de-Ré

Principales actions entreprises depuis 2007 à Saint-Martin-de-Ré : Restauration Au delà des travaux de restauration des fortifications réalisés chaque année, un important chantier a été entrepris en 20092010 avec la restauration du port de la citadelle (d’importantes brèches datant de 1999 menaçaient de destruction le monument). Dévégétalisation La dévégétalisation est importante pour la sauvegarde des fortifications car l’essentiel des désordres causés aux maçonneries sont dus aux arbres et arbustes qui poussent sur ou dans les remparts. Chaque année, l’essentiel du budget de l’écotaxe dédié à Saint-Martin-de-Ré est alloué aux fortifications (qui constituent un vaste espace vert devant être entretenu minutieusement). Grâce aux travaux de ces dernières années, une grande partie des remparts a été débroussaillée et dévégétalisée. Plantations Trois chantiers successifs de plantation d’ormes ont été entrepris. Ces arbres ont été plantés dans l’objectif de reconstituer le paysage du XVIIe siècle puisque des ormes étaient plantés sur certaines portions des remparts. En 2008 et 2009, ces plantations ont été réalisées dans le cadre de la Semaine régionale de l’arbre et de la haie avec une participation des enfants des écoles martinaises. Remparts, Saint-Martin-de-Ré

Circulation et stationnement Depuis 2009, la municipalité travaille à la mise en place d’un nouveau plan de circulation et de stationnement qui vise à désengorger le bourg intra-muros (surtout en haute saison) et à limiter au maximum le stationnement aux abords du monument historique (glacis des remparts) : parkings temporaires extramuros, horodateurs en intra-muros, élargissement des zones piétonnes fermées par des bornes. Médiation Depuis juin 2011, le musée municipal Ernest Cognacq s’est doté d’une maquette tactile des fortifications permettant de découvrir la place forte telle qu’elle se présentait au début du XVIIIe siècle. Cette maquette est spécialement conçue pour les personnes en situation de handicap (handicap moteur et visuel) ne pouvant accéder au monument, ainsi qu’au jeune public. Chaque année des événements culturels sont organisés dans les fortifications dans l’objectif de rendre vivant ce patrimoine et de toucher non seulement la population touristique mais également la population locale (en 2011 soutien financier au festival Musique en Ré pour organiser un concert gratuit dans les remparts). L’offre de visites guidées est plus importante et mieux structurée. Des dépliants bilingues "Les fortifications de Vauban inscrites sur la Liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO" ont été édités en 2009. Ces dépliants vont être réédités en 2012. Outils de protection La commune révise actuellement son PLU. Suite à ce travail, la ZPPAUP de Saint-Martin-de-Ré sera transformée en AVAP.

4. Connaitre et protéger les patrimoines

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Le patrimoine vernaculaire Les moulins Les sources documentaires disponibles attestent de la présence d’un grand nombre de moulins sur l’île à partir du XVIe et jusqu’au XIXe siècle. D’après l’Inventaire Topographique de l’Ile de Ré établi en 1979, un mémoire datant de 1753 mentionne l’existence de plus de 80 moulins répartis sur tout le territoire (76 moulins à vent et sept moulins à eau). Cette forte densité s’explique assez facilement par la faible production de céréales sur l’Ile de Ré qui obligeait les insulaires à importer du blé et à le moudre sur place afin d’alimenter en pain une population nombreuse. La carte de Cassini de 1742 (voir partie 1, pages 46-47) localise avec précision l’ensemble de ces ouvrages ; l’Inventaire Topographique fournit une liste complète de noms avec les dates de constructions et l’état de conservation dans les années 1970. Les moulins à vent se composent d’une tour circulaire d’environ cinq mètres de diamètre, d’un rez-de-chaussée servant à entreposer le blé et la farine, d’un étage où se trouve la meule, et d’un comble où est installé le reste du mécanisme. L’accès aux niveaux supérieurs se fait par des échelles ou des escaliers en bois. Les toitures d’origine ont toutes disparu au profit de terrasses et de toits à deux pans ou coniques. Les moulins à eau avaient quant à eux une double fonction : moudre le blé mais aussi produire des chasses d’eau pour entretenir la profondeur d’un chenal ou alimenter des marais salants. Les deux seuls conservés se situent à Loix et à RivedouxPlage. Les moulins à eau se situaient généralement près des ports (Ars-en-Ré, Loix, Saint-Martin-de-Ré et Rivedoux-Plage) tandis que les moulins à vent se trouvaient communément isolés ou en bordure de village. Dans la première moitié du XIXe siècle, un moulin à marée industriel sur le modèle de ceux implantés sur la Loire est construit sur le port de Rivedoux-Plage. Dans la deuxième moitié de ce siècle, en raison des progrès de la minoterie industrielle et des moyens de transport, les petits moulins cessent de fonctionner. Afin d’échapper à la patente,

les propriétaires des moulins inutilisés en démontent les ailes. Petit à petit, les dégradations gagnent les bâtiments abandonnés. Le renouveau touristique du XXe siècle entraîne certains réaménagements de moulins en résidences secondaires ou en chambres d’hôtes, comme le moulin à marée de RivedouxPlage, mais la plupart ont disparu sans laisser de traces. Le dernier moulin à vent à avoir conservé ses ailes se trouve au Morinant, sur la commune du Bois-Plage-en-Ré. Les puits Présents partout dans l’Ile de Ré, les puits sont localisés à l’intérieur de la maison (dans la buanderie ou le cellier), dans la cour ou dans la rue, en bordure de voie ou sur un petit dégagement. Parmi ceux-ci, quelques uns se situent à cheval entre la rue et l’intérieur de la maison et se trouvent ainsi accessibles depuis les deux côtés du mur de la maison. On distingue les puits individuels des puits communautaires, situés dans les quéreux, sortes de placettes ou de cours intérieures, particularité de l’Aunis et de la Saintonge. Dans certaines maisons de vignerons, il n’est pas rare de trouver deux à trois puits. Si quelques uns possèdent une couverture en pierre ou en tuile, la plupart sont généralement engagés dans le mur d’une maison ou celui d’une clôture et sont le plus souvent de plan circulaire. D’autres restent isolés, pourvus d’un simple mur de margelle, surmonté, dans les grandes demeures, d’une armature en ferronnerie portant la poulie. Les fours à chaux Des statistiques du XIXe siècle font mention d’un certain nombre de fours à chaux sur l’île. Deux d’entre eux ont survécu. Le premier, isolé en bordure de la route qui relie Saint-Martinde-Ré à La Couarde-sur-Mer, comprend une habitation, des petites remises et le four à deux niveaux surmonté d’une large et massive cheminée tronconique. Un second, moins classique, existe encore sur la commune de Sainte-Marie-de-Ré.


ZOOM SUR... Le moulin à marée de Loix Le moulin à marée de Loix

Vue du chenal depuis le moulin à marée de Loix

Si l’Ile de Ré ne possède ni rivière, ni ruisseau, capables d’actionner des moulins à eau, les Rétais ont vite compris que la force générée deux fois par jour par les marées pouvait être utilisée aux mêmes fins. Ainsi, plusieurs moulins à marée ont été édifiés, implantés au fond d’une baie, d’une anse étroite, d’un havre ou d’un chenal. Une retenue d’eau appelée "éclusage" était construite en amont du moulin et remplie d’eau à marée haute grâce à un système de porte, dit "porteau", qui s’ouvrait sous la pression de la marée montante et se maintenait fermée à marée basse. Un ou plusieurs conduits acheminaient l’eau jusqu’aux roues motrices. Ils n’étaient ouverts par l’utilisateur que lorsque la marée était suffisamment basse pour produire un courant d’eau capable d’entraîner les roues. A Loix, le moulin et l’éclusage sont contigus à l’entrée du chenal, avec un avantage évident : la chasse rejoint le lit du chenal à sa sortie du moulin, permettant par la même occasion de creuser dans les alluvions de la fosse et de ralentir le colmatage du port. En amont du moulin, les eaux subissaient une pression accrue qui contribuait à la conservation d’une importante voie d’eau pour alimenter des marais salants. Les fariniers des moulins à eau ont d’ailleurs bien souvent été les sauniers de quelques marais alentour. A Loix, le moulin avait un triple objectif : moudre le blé, alimenter les marais salants et entretenir le chenal qui permettait l’accès au port. Racheté en 1824, le nouveau propriétaire détourna son utilisation et mit à profit la force motrice générée par le moulin pour créer une laverie de sel. Avec un nouvel usage, le moulin continua d’assurer l’entretien du chenal et du port. Le moulin à marée de Loix constitue aujourd’hui l’un des derniers témoins de ce patrimoine insulaire.

4. Connaitre et protéger les patrimoines

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Fontaine, Rivedoux-Plage

Puits, Saint-Martin-de-RĂŠ


Anciens à moulins à vent, Ars-en-Ré

Ancien four à chaux, La Couarde-sur-Mer

4. Connaitre et protéger les patrimoines

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Le patrimoine industriel et les transports L’activité salicole La spécialisation de l’Ile de Ré dans la récolte du sel, à partir du XVe et jusqu’au XIXe siècle, a donné lieu à l’édification de bâtiments spécifiques permettant de stocker, traiter ou encore commercialiser le sel récolté dans les marais. Parmi les nombreuses cabanes de sauniers, hangars, entrepôts et raffineries à sel qui ponctuaient le nord du territoire, bon nombre ont disparu ou ont été remaniés suite à la crise salicole. Certains vestiges sont toutefois toujours visibles, parmi lesquels deux raffineries situées près des ports de Loix et d’Ars-en-Ré, qui constituent de rares témoignages de l’activité industrielle rétaise du XIXe siècle. Si certaines cabanes en pierre ont retrouvé un second souffle grâce à la relance de l’activité salicole initiée dans les années 1990, les réglementations en vigueur dans la zone du Fier d’Ars imposent aujourd’hui des mesures strictes et prescrivent l’utilisation du bois afin d’éviter toute construction récente en dur dans les zones fragiles de marais.

l’immense hangar de stockage du sel (salorge), encore debout aujourd’hui, avec pour objectif de réunir en un seul lieu toute l’activité de la coopérative. Depuis 2003, la relance de l’activité aidant, les sauniers de l’Ile de Ré ont entrepris le réaménagement du site qui doit répondre aux attentes des adhérents et aux exigences d’une organisation efficace. Initiés en 2005, des travaux d’agrandissement ont fait apparaître des silos de stockage capables d’accumuler suffisamment de sel pour palier à deux ou trois années de mauvaise récolte successives. Aujourd’hui libérée du stockage du gros sel, la salorge est désormais divisée en 3 parties : des bureaux, où siègent les activités commerciales et administratives, un atelier, où est conditionnée la totalité des produits, une partie à la main, l’autre mécaniquement, un secteur produits finis et expéditions.

Créée en 1942, la Coopérative des Sauniers de l’Ile de Ré se situe à l’entrée du village d’Ars-en-Ré. Dans les années 1960, la coopérative acquiert des terrains sur lesquels a été construit

En outre, une boutique ouverte en juillet 2003, permet à la coopérative de développer une activité de vente directe auprès des consommateurs.

Marais salant, Ars-en-Ré

Coopérative des sauniers, Ars-en-Ré


L’activité viticole De la même manière, l’activité viticole ancestrale a laissé des marques évidentes dans le paysage insulaire. Les magasins ou chais, qui servaient aux vignerons pour le stockage des vins, se comptaient autrefois en grand nombre, notamment sur les communes du canton sud très tournées vers la viticulture. L’organisation spatiale des intérieurs des chais a largement été modifiée par les propriétaires successifs. On devine encore aujourd’hui la vitalité de ce patrimoine bâti viticole à travers les grandes portes cochères orientées sur la rue et les ouvertures caractéristiques de ces bâtiments.

Vins Ile de Ré

L’Inventaire Topographique de l’Ile de Ré évoque également la présence d’un nombre important de vinaigreries : l’île en comptait 37 en 1836 ! Une seule a été visitée à La Couardesur-Mer lors de la réalisation de l’inventaire et l’on dispose par conséquence d’une information lacunaire sur ces édifices et sur d’éventuels vestiges. La cave coopérative, construite en 1951, comprend plusieurs bâtiments situés à l’entrée de la commune du Bois-Plage-en-Ré. Elle regroupe aujourd’hui différentes coopératives sous le nom de "Uniré" et rassemble la grande majorité des viticulteurs rétais, ainsi que les producteurs de pommes de terre AOP Ile de Ré.

Cave coopérative, le Bois-Plage-en-Ré

4. Connaitre et protéger les patrimoines

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Le transport Le chemin de fer Disparu depuis plus d’un demi-siècle, le chemin de fer de l’Ile de Ré trouve encore sa place aujourd’hui dans la mémoire insulaire et à travers quelques infimes traces laissées dans le paysage rétais. Le chemin de fer de l’Ile de Ré a été construit pour le transport du varech échoué à la pointe des Baleines et au nord de l’île pour amender les vignes du canton sud. A la fin du XIXe siècle, alors que les déplacements comme le transport des marchandises ne peuvent se faire que par charrette ou à pied, il ouvre de nouvelles perspectives de développement. De 1898, date à laquelle ont circulé les premiers trains de passagers et de marchandises, à 1947, qui marque le démantèlement de la dernière voie ferrée, le chemin de fer joue un rôle essentiel dans le quotidien insulaire pendant près de cinquante ans. 35 kilomètres de rails desservent alors les dix communes de l’île qui comprenaient chacune une gare, plaçant Sablanceaux à environ deux heures des Portes. Au-delà du service rendu aux voyageurs, le train jouait alors un rôle économique important en permettant l’acheminement des productions rétaises : vin, céréales, engrais, sel et varech.

Le chemin de fer connaît un succès immédiat jusqu’à l’entredeux-guerres, période à laquelle il commence à souffrir de la concurrence de l’automobile et de l’autobus. Le trafic ferroviaire ne cesse de diminuer jusqu’à son abandon en 1936. Il connaît un dernier sursaut sous l’Occupation, pendant laquelle les Allemands remettent en état le réseau et le développent, de manière à desservir les batteries côtières. Le tracé du chemin de fer est d’ailleurs encore visible sur certaines zones du site de Karola, de même qu’un quai de débarquement. Le trafic cesse à la Libération mais la voie ferrée continue de servir pour l’autorail (sorte d’autobus sur rail) qui assure la liaison entre Les Portes-en-Ré et Sablanceaux jusqu’en 1947, date à laquelle l’usage du rail est totalement et définitivement abandonné sur l’île. De l’époque du chemin de fer ne subsistent que peu de vestiges, mais la gare d’Ars-en-Ré, qui abrite aujourd’hui une galerie d’art, a été conservée dans son intégralité, tout comme celle des Portes-en-Ré.

Carte postale,

Locomotive décorée pour l’inauguration du train de l’Ile de Ré, Photographie 1898,

Collection Musée Ernest Cognacq, ville de Saint-Martin-de-Ré

Collection Musée Ernest Cognacq, ville de Saint-Martin-de-Ré


Ancienne gare, Ars-en-RĂŠ

4. Connaitre et protĂŠger les patrimoines

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Ancienne gare, Les Portes-en-RĂŠ


Le bac Les premières liaisons à vapeur entre Ré et le continent voient le jour en 1835 et ne cessent de se développer. A la fin du XIXe siècle, l’accès au continent est possible depuis Saint-Martinde-Ré sur des grands vapeurs et au départ de Sablanceaux à bord de petits vapeurs. Après la Seconde Guerre mondiale et la popularité grandissante de l’île auprès des baigneurs, le service devient rapidement insuffisant et se trouve rapidement remplacé par un système de bacs à moteur, capable d’embarquer passagers et véhicules. Ce dernier, devenu obsolète avec la construction du pont en 1988, disparaît également. Une fois encore, peu d’éléments ont été conservés, la vente des bacs ayant contribué à la dispersion du matériel. Seuls subsistent des restes de l’appontement situé sur la pointe de Sablanceaux, sur lequel embarquaient et débarquaient les voyageurs. La Maison du Platin, à La Flotte, expose également au public des panneaux présentant les horaires et tarifs du bac.

Carte postale du bac, Collection Musée

Ernest Cognacq, ville de Saint-Martin-de-Ré

Appontement, pointe de Sablanceaux, Rivedoux-Plage

4. Connaitre et protéger les patrimoines

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ZOOM SUR... le patrimoine immatériel et la collecte de la mémoire Gardienne de savoir-faire ancestraux, de contes et légendes et de souvenirs liés à la vie quotidienne, la mémoire des Rétais est un patrimoine à part entière. Elle constitue une source de connaissance précieuse, garante des savoirs sur les spécificités de l’identité insulaire. C’est pourquoi un travail important a été engagé, d’abord sous la houlette de la Communauté de Communes, puis sous celle de l’Association des Amis du Musée Ernest Cognacq, par le COREPOR ou Collectif pour la récolte du patrimoine oral rétais. Constitué d’un groupe de bénévoles, le COREPOR est chargé de rechercher, rassembler et récolter la mémoire des Rétais à travers la réalisation d’entretiens avec des "anciens". Le panel étudié porte plus particulièrement sur les personnes ayant vécu sur l’île avant la Seconde Guerre mondiale et jusqu’aux années 1970 (avant l’essor touristique). L’étude s’adresse indifféremment aux natifs de l’Ile de Ré ou aux résidents secondaires s’étant établis sur l’île avant les années 1970, surnommés les "vieux baigneurs". Le COREPOR assure ensuite la numérisation des entretiens et l’analyse de leur contenu. Les données, une fois récoltées et analysées, sont mises en dépôt au Musée Ernest Cognacq et consultables sur place. Une centaine d’entretiens ont déjà été réalisés. Le collectif organise parallèlement, chaque année, une Veillée des Conteurs qui s’inscrit dans le cadre des Journées européennes du patrimoine et s’attache à inviter des "anciens" à prendre la parole sur une thématique originale. Par extension, le Corepor a donné naissance au Cri-Cri (Comité pour le Recueil et l’Inventaire des Chansons Rétaises Introuvables), chargé de retrouver, recenser, collecter et transmettre des chansons rétaises traditionnelles. Près de 100 chansons ont été collectées auprès des Rétais et dans les documents d’archives, dont un tiers sont en patois.

Le port de Rivedoux-Plage


Le patrimoine maritime Les ports Les profondes évolutions du transport maritime ont considérablement bouleversé le paysage des ports. Ce constat a pris une dimension plus particulière encore sur l’Ile de Ré, où le temps des navires de commerce et de guerre désormais révolu, a laissé la place aux bateaux de plaisance et à quelques bateaux de pêche encore en activité. On dénombre aujourd’hui cinq ports situés sur la façade nord de l’île qui représentent 845 mouillages : Rivedoux-Plage, La Flotte-en-Ré, Saint-Martin-de-Ré, Loix et Ars-en-Ré. Les phares et balises Les premiers phares apparaissent dans l’Antiquité en Méditerranée afin de signaler les côtes aux navigateurs, de jour comme de nuit. Le phare antique le plus célèbre est celui construit par les Grecs sur l’Ile de Pharos, près d’Alexandrie, au troisième siècle avant Jésus-Christ. D’abord simples feux de bois se consumant à l’air libre au sommet de falaises, puis en haut de tours spécialement construites à cet effet, les phares ont évolué avec le mode d’éclairage utilisé. Ainsi, le charbon a remplacé le bois ; la lampe à huile le charbon et l’électricité la lampe à huile. Malgré l’évolution des techniques, les phares et balises restent actuellement un moyen répandu de signaler aux navires la proximité des côtes.

Le port de Saint-Martin-de-Ré

Sur la côte charentaise, le XVIIe siècle est une période très active dans ce domaine avec l’achèvement du phare du Cordouan en 1610, la réalisation du phare de Chassiron sur Oléron et du phare des Baleines sur Ré, tous deux édifiés sous le règne de Louis XIV. Un important dispositif viendra compléter le système de signalisation des côtes rétaises au cours du XIXe siècle. Qu’ils soient anciens ou plus récents, abandonnés ou toujours en activité, les phares rétais constituent un patrimoine considérable, témoignages d’une architecture spécifique et d’un mode de vie particulier lié à la présence de la mer.

Le port de La Flotte

4. Connaitre et protéger les patrimoines

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Les phares et balises en activité : Le Phare des Baleines : 1849-1853 (Saint-Clément-des-Baleines) Le Phare de Chauveau : 1839-1842 (au large de Rivedoux-Plage) Le Phare des Baleinaux : 1849 (au large de Saint-Clément-des-Baleines) Le feu de Chanchardon (au large d’Ars-en-Ré) La Tourelle de Lavardin : 1823-1841 (au large de Rivedoux-Plage) Les phares non-actifs : La Tour des Baleines : 1669-1682 (Saint-Clément-des-Baleines) L’ancien Phare de Trousse-Chemise (Les Portes-en-Ré)

Lanterne du phare des Baleines, Saint-Clément-des-Baleines

Le Phare de Chauveau, au large de Rivedoux-Plage


4. Connaitre et protĂŠger les patrimoines

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ZOOM SUR... le Phare de Chauveau Construit entre 1839 et 1842, le Phare de Chauveau est situé en mer, à 1 200 mètres de la pointe de Chauveau, sur la commune de Rivedoux-Plage. Le phare mesure un peu plus de 30 mètres de haut. Sa base évasée à profil concave et l’extrême finesse de sa tour lui confèrent une silhouette élancée et élégante. Au fil du temps, le phare a évolué et s’est modernisé : en 1880, le feu est renforcé par un faisceau rouge supplémentaire ; en 1906, l’huile de colza est remplacée par la vapeur de pétrole ; en 1953, il est équipé d’un signal sonore destiné à prévenir les pêcheurs à pied de la marée montante ; en 1968, le phare est automatisé et voit les derniers gardiens quitter définitivement les lieux. En 2011, la mairie de Rivedoux-Plage a engagé un travail de recherche sur le phare, dont les résultats ont donné lieu à une publication. Les recherches ont conduit à une découverte extraordinaire : l’un des derniers gardiens du Phare de Chauveau, Irénée Garnereau, vit depuis de nombreuses années sur l’Ile de Ré, tout près de la tour qui l’accueillit de 1951 à 1956. Fort de 40 années d’expérience sur les phares, il se plaît aujourd’hui à partager son expérience et à présenter des objets et documents qu’il a conservé, à l’occasion des Journées européennes du patrimoine ou lors de rencontres organisées par la commune de Rivedoux-Plage.


Les amers Au-delà des phares et balises, de nombreux édifices ont servi et continuent de servir de points de repère pour la navigation. Certains ont été construits spécialement pour cet usage. C’est le cas de la Pyramide des Chaumes, sur la commune de SaintClément-des-Baleines, composée d’un socle carré surmonté d’un obélisque de 1,50 mètre de haut. L’amer de la Rivière, situé sur le lieu-dit du même nom (Les Portes-en-Ré), est formé d’un haut mur de calcaire, terminé par un pignon et soutenu par deux contreforts sur chaque face. Une grande baie à linteau de bois perce la partie supérieure de l’ouvrage.

La Pyramide des Chaumes, Saint-Clément-des-Baleines

Par ailleurs, des édifices existants, profitant de parties supérieures visibles depuis la mer, ont été adaptés pour servir d’amer. C’était autrefois le cas de la façade de l’abbaye des Châteliers, des tours de l’église de Saint-Martin-de-Ré et du clocher de l’église de Saint-Marie-de-Ré ; c’est aujourd’hui encore le cas du clocher de l’église d’Ars-en-Ré, dont la pointe peinte en noir et blanc offre une meilleure visibilité depuis la mer. Les digues Sur les douze kilomètres de maçonneries qui bordent l’Ile de Ré, certaines, très anciennes, ont conservé une forte valeur patrimoniale. C’est le cas de la digue de pierre du Martray qui protège le Fier d’Ars au niveau de l’isthme éponyme. Elle a pour particularité d’accueillir en son sein une petite cabane, probablement une cabane de douanier, au niveau du lieu-dit de Foirouse. Aux digues à la mer (vers l’océan), s’ajoutent les "levées", construites dans les zones de marais.

Cabane de douanier dans la digue du Martray, Ars-en-Ré

L’abri du canot de sauvetage Construit en 1869 par la Société Nationale de Sauvetage en Mer, il se situe sur la commune de Saint-Clément-des-Baleines. De plan rectangulaire et voûté en berceau, les murs situés aux deux extrémités sont surmontés d’une corniche et percés d’une large porte. Comme son nom l’indique, il avait pour fonction d’abriter un canot de sauvetage destiné à secourir d’éventuels naufragés.

Abri du Canot de sauvetage, Saint-Clément-des-Baleines

4. Connaitre et protéger les patrimoines

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ZOOM SUR... les écluses à poissonS Parmi les originalités du patrimoine rétais, les écluses à poissons sont sans aucun doute l’élément le plus représentatif de la réalité de la vie locale. Ces pêcheries, localement appelées "écluses", trouvent leur origine au Moyen-Age. Elles permettaient alors aux insulaires de compléter les productions que leur assurait la terre pour leur alimentation quotidienne, illustrant parfaitement l’expression qui qualifie souvent les Rétais de "paysans de la mer".

Ecluse à poissons, Sainte-Marie-de-Ré

Construites sans liant, elles se composent de rangées de pierres savamment déposées une à une pour permettre au mur érigé de supporter les assauts de la mer. Construites en forme de demicercle, elles demandent un entretien continu et des réparations régulières pour assurer leur solidité. Elles reposent sur un principe simple : avec le retrait de la mer, les poissons restent prisonniers de ces immenses pièges en fer à cheval, submersibles à marée haute. Les écluses se développent de manière importante jusqu’au XIXe siècle où l’on compte près de 140 ouvrages répartis sur l’ensemble de l’île. L’évolution des modes de vie a depuis entraîné leur abandon progressif : alors qu’on en recensait encore 70 en 1965, elles ne sont plus qu’une dizaine aujourd’hui. Depuis quelques décennies, la reconnaissance de la valeur patrimoniale de ces ouvrages singuliers a suscité plusieurs campagnes de restauration. Aujourd’hui, l’ADEPIR (Association de Défense des Ecluses à Poissons de l’Ile de Ré) œuvre au quotidien pour l’entretien, la restauration et la valorisation de ce patrimoine maritime original.

Ecluse à poissons, Les Portes-en-Ré

Ecluse à poissons, Sainte-Marie-de-Ré


4.3 Le patrimoine mobilier Les objets archéologiques De nombreux objets et outils ont été découverts sur les sites archéologiques identifiés sur l’île. La plupart sont aujourd’hui conservés au Musée Ernest Cognacq de SaintMartin-de-Ré, ainsi qu’au Museum d’Histoire Naturelle de La Rochelle. Paléolithique Une pointe Levallois et des burins (Les Portes-en-Ré). Néolithique Silex, haches polies, tessons de vases campaniformes (Les Portes-en-Ré et le Bois-Plage-en-Ré). Découvertes non datées (IXe-VIe siècles avant JC ?) Des grattoirs, deux perçoirs, des boulets de quartz, céramique abondante (site archéologique du Lizay – Les Portes). Civilisation campaniforme (vers 1 800-1 500 avant JC) Cinq vases, un bouton perforé en V, deux poignards de cuivre, Lames, vestiges du tumulus du Peu Pierroux, période campaniforme

Fibules, La Clairaie, période gallo-romaine

trois haches polies (Tumulus du Peu-Pierroux), des tessons de poteries (Les Portes, Le Bois), des grattoirs, des haches polies, des pointes de flèches, un maillet à gorge (Le Bois). Age du bronze (1 500-750 avant JC) Des haches, un bracelet décoré en bronze, une épée de bronze, une pointe de lance (Ile de Ré). Epoque de La Tène (500-50 avant JC) Fragments de céramique (Lizay) et fragments d’amphores (La Rivière). Epoque gallo-romaine Trésor de monnaies romaines (La Flotte), poteries et céramiques (Le Bois, Les Portes, La Flotte, Saint-Martin, Sainte-Marie). Moyen-Age Carreaux de pavement, chapiteaux et éléments d’architecture provenant de l’abbaye des Châteliers (La Flotte)5. Haches polies, vestiges du tumulus du Peu-Pierroux, période néolithique

Collection Musée Ernest Cognacq, ville de Saint-Martin-de-Ré, (photographies Yann Werdefroy)

5 Source : Inventaire Topographique de l’Ile de Ré

4. Connaitre et protéger les patrimoines

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De gauche à droite : Chapelle de Saint-Pierre des Marins, église Sainte-Catherine, La Flotte - vitrail, église Sainte-Catherine, La Flotte - retable (détail), église Sainte-Catherine, La Flotte - vitrail, église de l’Assomption, Sainte-Marie-de-Ré - statue de Jeanne d’Arc, église Sainte-Catherine, La Flotte - fonts baptismaux et vitraux, église Notre-Dame de Lourdes, Rivedoux-Plage - retable, église Saint-Clément, Saint-Clémentdes-Baleines - fonts baptismaux, église Saint-Clément, Saint-Clément-des-Baleines - retable, église Sainte-Catherine, Loix - vitrail, église Saint-Martin, Saint-Martin-de-Ré - retable, église Saint-Martin, Saint-Martin-de-Ré - vitrail, église Saint-Martin, Saint-Martin-de-Ré chapelle de la vierge, église Sainte-Catherine, Loix - retable (détail), église Saint-Martin, Saint-Martin-de-Ré - Christ marchant sur les eaux, église Notre-Dame de l’Assomption, Sainte-Marie-de-Ré

Le mobilier religieux L’Ile de Ré compte actuellement dix églises paroissiales et deux chapelles. Hormis l’église de Rivedoux-Plage et la chapelle Notre-Dame à Sainte-Marie-de-Ré, qui contiennent du mobilier moderne du XXe siècle, tous les autres édifices sont pourvus de mobilier ancien. Celui-ci, inventorié par les services de l’Etat au cours d’une enquête menée dans les années 1970, se compose d’autels, de tabernacles, de retables, de chaires, de confessionnaux et de vêtements religieux. Leur période de création s’échelonne du XVIIe au XIXe siècle. En raison des guerres de religion et des destructions commises par les huguenots dans les églises de l’île, aucun élément mobilier antérieur au XVIIe siècle n’a survécu. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les fabriques et confréries présentes sur le territoire travaillent pour meubler les églises de Ré de manière plus ou moins régulière et abondante, au rythme des cycles de prospérité ou de crise économique. La présence de meubles antérieurs à 1789 dans les églises rétaises prouve aujourd’hui qu’une partie du mobilier a pu être restituée au culte malgré les destructions et aliénations

Orgue, église Sainte-Catherine, La Flotte 6 Source : Inventaire Topographique de l’Ile de Ré

survenues pendant la période révolutionnaire. La première moitié du XIXe siècle voit se concrétiser le renouvellement d’une grande partie du mobilier religieux de style néoclassique, tandis que la seconde moitié du siècle, de manière moins abondante, voit apparaître un mobilier de style néo-gothique. A cette même période, de nombreux vitraux viennent remplacer les anciennes baies dans la plupart des églises. Malgré quelques exemples isolés de meubles en pierre ou en marbre, l’essentiel du mobilier religieux rétais était fabriqué en bois, matériau de moindre coût6. L’Inventaire Topographique a dressé la liste exhaustive des tableaux, sculptures, statues, bancs, lutrins et autres objets de culte conservés à l’époque dans l’ensemble des douze édifices religieux recensés sur le territoire. Depuis ce dernier inventaire, quarante années se sont écoulées, rendant aujourd’hui indispensable la mise en œuvre d’une nouvelle enquête susceptible d’actualiser les données sur le patrimoine religieux rétais.

Saint Jean-Baptiste embrassant le pied de l’enfant Jésus, sculpture en marbre blanc de Carrare, XVIIe siècle, église Saint-Martin, Saint-Martin-de-Ré


4. Connaitre et protĂŠger les patrimoines

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Le mobilier civil

Les beaux-arts

En parallèle, l’Inventaire Topographique fournit un inventaire précis et détaillé du mobilier civil (sièges, lits, armoires, placards, buffets, coffres et tables) du XVIIe au XIXe siècle, élaboré grâce à l’étude des minutes notariales (testaments, inventaires pour vente ou après décès). Une enquête de terrain a par ailleurs permis de dresser un portrait du mobilier rétais dans les années 1970. Au total, 885 pièces ont été recensées sur l’ensemble de l’île. L’investigation menée sur les maisons particulières, constructions récentes et résidences secondaires incluses, a permis d’établir une vision globale du mobilier qui composait les intérieurs rétais et d’en comprendre ainsi l’organisation. Un premier constat concerne la provenance des meubles, majoritairement originaires de l’Ile de Ré ou de l’Aunis lorsqu’il s’agit de résidences permanentes. L’enquête a démontré que la plupart de ces meubles provenaient d’héritages issus des parents et conservés au sein des familles depuis trois ou quatre générations. A l’inverse, les résidences secondaires contenaient souvent des meubles fabriqués au-delà des frontières poitevines. Un second constat insiste sur les différences quantitatives dans le domaine mobilier : les meubles nombreux dans les maisons bourgeoises, sont beaucoup moins abondants dans les maisons paysannes7. Depuis les années 1970, les intérieurs rétais et le mobilier qui les compose ont probablement évolué. On sait cependant que les cheminées et les boiseries ont souvent été conservées.

C’est l’Inventaire Topographique qui offre une fois encore la vision la plus globale sur le patrimoine artistique rétais. En ce qui concerne la sculpture, 189 œuvres ont été étudiées, que l’on peut répartir dans trois grandes catégories distinctes : le décor d’architecture (41 œuvres), la sculpture religieuse (106 œuvres) et la sculpture profane (42 œuvres). Peu d’éléments nous sont parvenus sur la datation et les auteurs de la plupart de ces œuvres.

Port d’Ars-en-Ré, huile sur bois de Gaston Roullet, peintre officiel de la Marine, 1878 Collection Musée Ernest Cognacq, ville de Saint-Martin-de-Ré

7 Source : Inventaire Topographique de l’Ile de Ré

L’enquête sur les œuvres peintes a, quant à elle, porté sur les collections publiques (églises, hôpital Saint-Honoré de SaintMartin-de-Ré et Mairie d’Ars-en-Ré) et les collections privées. Les églises paroissiales de l’île rassemblaient alors 65 tableaux, l’hôpital Saint-Honoré sept toiles peintes et deux pastels sur papier, la Mairie d’Ars-en-Ré trois grandes peintures sur toile. L’étude des collections privées a révélé 130 tableaux, 37 dessins et 72 estampes7. Les collections du Musée Ernest Cognacq abritent également un fonds pictural important. Le fonds originel rassemble essentiellement des portraits du XVIIIe siècle qui restent désespérément muets, ne dévoilant ni leur auteur, ni l’identité de leur sujet. La dernière décennie du XXe siècle a cependant été marquée par l’acquisition d’œuvres d’artistes rétais incontournables comme Louis Suire, Tatave, William Barbotin, Jean-Franck-Baudoin… complétées par une donation importante du peintre Raymond Enard et les témoignages ethnographiques peints par Raphaël Drouart.


Port de Saint-Martin-de-Ré, huile sur toile de Roger Chapelain-Midy, vers 1960 Collection Musée Ernest Cognacq, ville de Saint-Martin-de-Ré

4. Connaitre et protéger les patrimoines

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Patrimoine maritime Les ex-voto Qu’il s’agisse de maquettes de navires de guerre, de bateaux de commerce, de navires de pêche, de tableaux, de vitraux ou de plaques et stèles commémoratives, toutes les églises de l’île, ainsi que certaines chapelles, conservent en leur sein un ou plusieurs ex-voto. L’église de Saint-Martin-de-Ré renferme une "chapelle des Marins" composée de deux maquettes de navires et de deux tableaux. Le premier bateau représente une corvette trois-mâts carré armée de six canons sur chaque bord. Cette maquette aurait été réalisée selon la tradition locale par un marin martinais dans les années 1830. Le second navire est un brig dont chaque bord est percé de onze sabords. Un buste de femme est sculpté à la proue et une étoile rouge peinte à la poupe. La maquette de ce navire de commerce armé, réalisée vers 1850, serait aussi l’œuvre d’un marin de Saint-Martin.

huile sur toile datée de 1753, offerte par le capitaine Louis Houin après avoir été sauvé d’un naufrage. L’église Notre-Dame de l’Assomption de Sainte-Marie-de-Ré compte également une maquette de corvette du XIXe siècle offerte par un équipage de l’Ile d’Yeu après un naufrage. A La Couarde, une maquette suspendue à la voute de la nef représente un navire à trois mâts et beaupré et date du XIXe siècle. L’église d’Ars-en-Ré renferme la "Reine des Anges", brick ponté à deux mâts et beaupré datant de 1854. Celle de SaintClément-des-Baleines compte deux maquettes de trois-mâts de 1865 et 1869, tandis que l’église des Portes-en-Ré révèle une maquette du XIXe siècle suspendue à la voûte de la nef.

Les tableaux sont tous deux des peintures à l’huile. L’un d’entre eux date du XVIIIe siècle et porte l’inscription : "Ex-voto La Suzanne-Marguerite Com(man)dée par Mr Boureau - 1766". La seconde toile, réalisée en 1882, porte pour sa part l’inscription "Ex-Voto Voeu de Baptiste Guesnin sauvé d’un naufrage 1881". Enfin, sur les murs de l’église, un vitrail achevé peu avant 1851 est appelé "Vierge du Bon Secours" et représente un navire pris dans une tempête. A Loix, les nombreux décors et œuvres votives de l’église SainteCatherine sont tournés vers la mer : la maquette d’une frégate de la fin du XVIIIe ou du début du XIXe siècle, celle du bateau de course "Tikocco", réalisée après le drame de la Fastnet en 1979, course célèbre qui tourna rapidement au drame causant quinze victimes. On retrouve également des peintures et des vitraux inspirés de motifs marins datant des années 1830-1835. L’église de La Flotte conserve quant à elle quatre ex-voto dont trois sont classés au titre des Monuments Historiques : la Jeanne d’Arc, maquette de lougre de commerce à gréement aurique datée du XIXe siècle ; le Saint-Pierre, une corvette datant de la fin du XVIIIe ou du début du XIXe siècle, et la Marie-Thérèse, une

Ex-voto le Saint-Pierre, XVIIIe siècle, classé Monument Historique, église Sainte-Catherine, La Flotte


Les bateaux traditionnels Bien qu’assez méconnues, il existe des embarcations traditionnelles proprement rétaises. Le "Cazavant", créé en 1938 par l’inventeur du même nom, est particulièrement adapté à la navigation dans le Fier d’Ars, grâce à son faible tirant d’eau. S’il était à l’origine entièrement réalisé en pin rouge de Scandinavie, une version modernisée en polyester et gréement en bois a vu le jour en 1995. Le "Tofinou", du nom d’un village de pêcheurs nigérian qui inspira son propriétaire Edouard Menuteau, originaire d’Ars, est un voilier de sept mètres de long. L’embarcation familiale, capable de naviguer sur le Fier et dans les pertuis charentais, voit le jour en 1928. Les Tofinous sont aujourd’hui réalisés avec des matériaux modernes (teck, matières plastiques) et connaissent un grand succès à travers le monde.

Maquette du "Laisse les dire", Maison du Platin, La Flotte

D’autres types d’embarcations, dont les origines ne sont pas nécessairement rétaises, répondent aux techniques et usages largement répandus sur les littoraux atlantiques, y compris sur l’Ile de Ré. L’association "Flotille en Pertuis" regroupe des propriétaires de bateaux traditionnels des pertuis charentais et entretient, restaure et valorise une cinquantaine de bateaux traditionnels qui ont été conservés. Parmi eux, cinq sont protégés au titre des Monuments Historiques : le "Laisse les dire" et le "Général Leclerc" classés Monuments Historiques, l’"Amphitrite" inscrit et en cours de classement, le "Père Gabriel" et l’"Aurore" inscrits au titre des Monuments Historiques. Depuis 2011, un ponton aménagé dans le port de La Flotte permet de rendre ce patrimoine maritime accessible au public, lui offrant ainsi une nouvelle visibilité. Par ailleurs, des régates organisées sur l’Ile de Ré ou ailleurs offrent la possibilité à ces embarcations de retrouver, de manière occasionnelle, leur vocation première.

Maquette du "Général Leclerc", Maison du Platin, La Flotte

4. Connaitre et protéger les patrimoines

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ZOOM SUR... l’inventaire des patrimoines rétais L’Ile de Ré est le premier territoire français à avoir bénéficié d’une enquête dans le cadre de l’Inventaire général du patrimoine culturel, dans les années 1970. Réalisée sous l’égide de la Commission régionale d’inventaire de Poitou-Charentes pour le compte du ministère de la Culture et de la Communication, l’enquête a alors permis d’établir 3 200 dossiers d’inventaire et de constituer un fonds photographique exceptionnel. Elle a également donné lieu à la publication de l’Inventaire Topographique de l’Ile de Ré, en 1979, ouvrage de près de 700 pages qui répertorie et présente, commune par commune, le patrimoine bâti et mobilier recensé au cours de l’étude. Il propose également une présentation géographique et historique du territoire ainsi que des présentations par typologie de patrimoine (patrimoine architectural, mobilier, militaire, etc.). D’une extrême précision et d’une grande richesse documentaire, cet ouvrage représente une source d’information essentielle pour quiconque s’intéresse au patrimoine de l’île. Mieux, il constitue un ouvrage de référence en matière d’inventaire du patrimoine culturel. En 1994, une mise à jour partielle de certains dossiers a permis d’aboutir à la publication d’un nouvel ouvrage de la collection "Images du Patrimoine". Une mise à jour intégrale de l’inventaire par le biais d’une nouvelle enquête serait aujourd’hui nécessaire pour l’actualisation de l’ensemble des données. En outre, des éléments plus récents qui font désormais partie intégrante du patrimoine rétais n’ont pas été recensés à l’époque et mériteraient toute leur place au sein d’un inventaire actualisé (le pont de l’Ile de Ré, les créations architecturales contemporaines, le patrimoine immatériel, etc.). Par ailleurs, des initiatives parallèles, dans des domaines particuliers, sont en cours d’élaboration et devraient rapidement venir compléter les données de l’inventaire. L’Ecomusée du marais salant a ainsi initié un inventaire du patrimoine rural et salicole de l’Ile de Ré. La Communauté de Communes souhaite engager la mise en œuvre d’un inventaire complet des espèces végétales et animales présentes sur le territoire afin d’appuyer sa politique environnementale. Autant de projets qui, à terme, offriront une connaissance exhaustive des patrimoines rétais, à la fois base de données scientifique cruciale et repère culturel essentiel, nécessaire à la poursuite des politiques de conservation, de restauration et de valorisation en cours. Cabane de douanier dans la digue du Martray, Ars-en-Ré


la restauration du patrimoine MONUMENT

LOCALISATION

DESCRIPTIF DES TRAVAUX

DATE

MONTANT DES TRAVAUX

FINANCEMENT

Patrimoine religieux Eglise

LOIX

Restauration toitures et façades

Eglise

SAINT-CLEMENTDES-BALEINES

Réfection ceinture de pierre et toiture, nettoyage des enduits

LA FLOTTE

Restauration intérieure et extérieure Restauration de trois toiles inscrites MH Restauration des vitraux

ARS-EN-RE

Restauration du clocher et de la flèche Réfection de la peinture du clocher Restauration intérieure

Eglise

Eglise

Abbaye des Châteliers

LA FLOTTE

Restauration et mise en valeur du cloître Accès, signalétique, illumination Traitement du sol des galeries du cloître

2008-2012 446 000 €

1982-1994 807 000 €

2005-2012 485 000 €

1995-2004 562 000 €

Conseil général : 40 % Souscription Fondation du Patrimoine : 40 777 € Solde : Mairie de Loix Mairie de Saint-Clémentdes-Baleines Conseil Général : 5 000 € Etat : 211 000 € Conseil Régional : 30 000 € Solde : Mairie de La Flotte Conseil Général : 105 000 € Etat : 152 500 € Solde : Mairie d’Ars-en-Ré

MONUMENT

Puits (rue des Sables, rue des Pigeons)

RIVEDOUX-PLAGE

2009

25 000 €

Conseil Général/Mairie de Rivedoux-Plage

Puits

RIVEDOUX-PLAGE

Reconstruction à l’identique de deux anciens puits

2011

34 000 €

Mairie de Rivedoux-Plage

Prise d’eau du moulin à marée

RIVEDOUX-PLAGE

Remise au jour de la prise d’eau d’alimentation du moulin à marées situé en 2009 arrière de la digue.

45 000 €

Conseil Général

Conseil Général : 92 000 € Etat : 86 000 € Conseil Régional : 191 000 € Solde : Mairie de La Flotte

Pigeonnier

LES PORTES-EN-RE

Restauration

1981-1982

5 500 €

Cabane des Fontaines

LES PORTES-EN-RE

Restauration d’une maison forestière, réhabilitation en « Maison de la Dune »

2007-2009

28 000 €

LES PORTES-EN-RE

Restauration à l’identique de 24 puits communaux

2012-2013

41 800 €

Rénovation intérieure et extérieure

1981

2 800 €

Mairie de La Flotte

Puits communaux

2008

3 000 €

Mairie d’Ars-en-Ré

Ecluses à poissons

Eglise

d’un tableau classé MH « le SAINT-MARTIN-DE-RE Restauration Christ en croix »

2010

4 000 €

Conseil Général : 35 % Etat : 40 % Solde : Mairie de SaintMartin

Eglise

LA COUARDESUR-MER

2001-2006

58 000 €

Mairie de La Couardesur-Mer

Chapelle Saint-Sauveur

SAINTE-MARIE-DE-RE Restauration du retable

Eglise

Réfection de l’ensemble des murs et de la toiture, traitement du sol, SAINTE-MARIE-DE-RE intérieurs consolidation du clocher, changement des dalles en cuivre et des descentes d’eau…

Mairie de Sainte-Mariede-Ré

1999-2002 800 000 €

Mairie de Sainte-Mariede-Ré

1985-1989

Subventions/dons

Eglise

Restauration de mobilier (chaire, fauteuils…), du tabernacle, du maître autel, du retable du maître autel, de la fresque du plafond, enduit des murs intérieurs, 1994-1996 170 000 € peinture de l’intérieur, consolidation de la charpente, mise aux normes électriques, rénovation de la toiture, installation d’une VMC

96 000 €

Mairie de Saint-Clémentdes-Baleines

Fontaine

Détermitage

Reconstruction à l’identique d’un magasin à poudre du fort de la Redoute construit par Vauban au XVIIe siècle, aménagement du parvis

FINANCEMENT

Reconstruction à l’identique de la fontaine existant à cet emplacement dans les années 1940

LA FLOTTE

Chapelle de la Redoute, dite LES PORTES-EN-RE Notre-Dame de la Mer

MONTANT DES TRAVAUX

Réparation et mise en valeur

ARS-EN-RE

3 000 €

DATE

SAINT-CLEMENTDES-BALEINES

Chapelle du couvent

1998

DESCRIPTIF DES TRAVAUX

Patrimoine VERNACULAIRE

Presbytère

Plancher de la sacristie, crépi extérieur, chauffage

LOCALISATION

La Brizere

SAINTE-MARIE-DE-RE Restauration, remise en activité de pêche

1995

La Vasouse

SAINTE-MARIE-DE-RE Restauration, reconstruction partielle

1995-1997

1 000 €

réhabilitation avec mise en La Belle Pointe SAINTE-MARIE-DE-RE Reconstruction, place d’une bourgne

600 €

Mairie des Portes-en-Ré/ copropriétaire Subventions/mécénat/ dons/ Fondation du Patrimoine Subventions/mécénat/ dons/ Fondation du Patrimoine

Fonds européens/ bénévolat Fonds européens/ mécénat/bénévolat Fonds européens/ mécénat/bénévolat/ Communauté de Communes

1996-1998

3 000 €

Moufette

SAINT-CLEMENTDES-BALEINES

Restauration complète suite à la tempête de 1999, remise en état totale

1999-2000

5 000 €

Association ADEPIR

Foirouse

ARS-EN-RE

Reconstruction totale

2000-2008

5 000 €

Association ADEPIR/ Communauté de Communes

Verdonnais

LOIX

Restauration, reconstruction

2004

300 €

Association ADEPIR/Mairie de Loix

Verdonnais

LOIX

Restauration, remise en état de pêche

2009-2011

3 000 €

Association ADEPIR/Mairie de Loix/bénévolat

Touche à tout

SAINTE-MARIE-DE-RE Restauration, réparation importante

2006

2 000 €

Association ADEPIR/ bénévolat/assurances Association ADEPIR/ Communauté de Communes

Paillarde

SAINTE-MARIE-DE-RE Réparation d’importantes brèches

Grand-Port

SAINTE-MARIE-DE-RE Réparation, entretien

199520002007-2008 20072008-2011

Patrimoine militaire

Moufette

SAINT-CLEMENTDES-BALEINES

Réparation, entretien

2008-2011

Fort de la Prée

LA FLOTTE

Financement privé

Autres

Port de la Citadelle

SAINT-MARTIN-DE-RE Restauration

Conseil général/Région Poitou-Charentes/Etat/ Mairie de Saint-Martinde-Ré

Ancienne école des filles

SAINT-CLEMENTDES-BALEINES

Réhabilitation en 6 logements

1998

Mairie de Saint-Clémentdes-Baleines

Ancienne mairie

SAINT-CLEMENTDES-BALEINES

Réhabilitation en bibliothèque et office de tourisme

2011

Mairie de Saint-Clémentdes-Baleines

Place de l’Eglise

SAINT-CLEMENTDES-BALEINES

Aménagement et mise en valeur

2010

Mairie de Saint-Clémentdes-Baleines

Marché médiéval

LA FLOTTE

Restauration complète

1982-2001 271 000 €

Conseil Général : 45 000 € Etat : 27 000 € DGE : 13 000 € Solde : Commune de La Flotte

Maison du Platin

LA FLOTTE

Restauration complète

1989

85 000 €

Conseil Général : 21 000 € Solde : Mairie de La Flotte

Bureau du Port LA FLOTTE

Restauration complète

1992

91 000 €

Conseil Général : 22 000 € Solde : Mairie de La Flotte

Galerie Sénac de Meilhan

LA FLOTTE

Reconstruction d’un immeuble détruit au XVIIIe siècle

Financement privé

Logis de Beauregard

LA FLOTTE

Rénovation intérieure (origine XVIIIe siècle)

Mairie de Saint-Clémentdes-Baleines

Hôtels particuliers XVIIIe siècle

LA FLOTTE

Restauration complète

2000-2011

Maison Caillaud

ARS-EN-RE

Façades et toiture

2010

Médiathèque Kiosque à musique

Fortifications du front de mer

LES PORTES-EN-RE

Restauration des murs du fort

SAINT-MARTIN-DE-RE Rejointement des maçonneries

La Redoute de RIVEDOUX-PLAGE Sablanceaux

2009-2010 650 000 € Un chantier par an depuis 1999

50 000 € / an

Remise en état du couronnement extérieur, intérieur en cours ; dégagement d’un escalier en avant du pont levis ; remise en état des murs et de la couverture de la descente à la poudrière ; remise en état de De 2004 à 155 000 € l’escalier de cette descente ; nettoyage et aujourd’hui dégagement de la poudrière ; nettoyage et réhabilitation des pierres de parements de l’entrée ; débroussaillage et entretien régulier de l’ensemble du bâtiment

Subventions/legs/ Mairie des Portes-en-Ré

Conseil général : 25 % Etat : 35 % Solde : Mairie de SaintMartin-de-Ré

Mairie de Rivedoux-Plage

Patrimoine maritime Phare des Baleines

SAINT-CLEMENTDES-BALEINES

Réhabilitation de la Vieille Tour en musée Mise en valeur des espaces verts

Pyramide des Chaumes (amer)

SAINT-CLEMENTDES-BALEINES

Réparation

Amer de la Rivière

LES PORTES-EN-RE

Consolidation, piquage de l’enduit ancien en mauvais état, réfection de l’enduit

2003

8 100 €

Mairie des Portes-en-Ré

Perrés nord et sud et cale du vieux port, pont du Vieux Port et sa pelle

LES PORTES-EN-RE

Travaux de consolidation et de jointage, réfection complète du pont

1999

192 000 €

Subventions/Mairie des Portes-en-Ré

2001-2010

2 000 € 1 000 € 200 €

Association ADEPIR Association ADEPIR/ bénévolat

Mairie de La Flotte

Financement privé 47 500 €

Conseil Général : 16 600 € Solde : Mairie d’Ars-en-Ré

SAINTE-MARIE-DE-RE Réhabilitation complète

2002-2004 950 000 €

Europe (FEDER), Etat, Conseil Régional, Conseil Général, Mairie de SainteMarie-de-Ré

LA COUARDESUR-MER

2007

Mairie de La Couardesur-Mer

Structure pierres de taille

574 €

4. Connaitre et protéger les patrimoines

128/129


PAYS D’ART ET D’HISTOIRE

CANDIDATE AU LABEL

ILE DE

Ré Synthèse et enjeux La connaissance exhaustive, précise et rigoureuse d’un territoire, de son histoire et des traces qu’elle a laissées, est une étape préalable à toute politique patrimoniale animée par des convictions profondes en termes de conservation, de valorisation et de transmission. Cette première étape a brillamment été franchie dans les années 1970 grâce à la réalisation de l’enquête du ministère de la Culture et à la publication de l’Inventaire Topographique de l’Ile de Ré. Dans cette perspective, le Pays d’art et d’histoire s’attachera, en étroite collaboration avec le Service Régional de l’Inventaire, à poursuivre ce travail de connaissance fondamental en proposant une actualisation d’un inventaire aux bases solides mais aujourd’hui incomplètes. Le visage de l’Ile de Ré a changé et c’est en redessinant un portrait approfondi des éléments architecturaux, artistiques et paysagers qui la composent qu’elle pourra s’approprier davantage encore sa mémoire ancienne et récente, et voir s’épanouir une politique de préservation et de valorisation pertinente, cohérente et stimulante.


4. connaitre et protĂŠger les patrimoines

130/131



PAYS D’ART ET D’HISTOIRE

Valoriser les patrimoines et savoir-faire rétais

ILE DE

ILE DE

CANDIDATE AU LABEL

PAYS D’ARTAU ET D’HISTOIRE CANDIDATE LABEL

Ré Ré

5.

5-1. Un musée labellisé Musée de France et des sites d’interprétation thématiques 5-2. Les opérations de valorisation 5-3. Le schéma de développement touristique : vers un tourisme durable


PAYS D’ART ET D’HISTOIRE

CANDIDATE AU LABEL

ILE DE

"Le patrimoine, c’est l’apprentissage de qui nous sommes par la découverte de qui nous ne sommes plus." Pierre Nora, historien

Indispensable à la connaissance de soi et des sociétés dans lesquelles nous évoluons ou avec lesquelles nous échangeons, le patrimoine, une fois identifié et protégé, a vocation à être porté à la connaissance du public. Sur l’Ile de Ré, depuis la création du premier musée destiné à présenter la collection d’Ernest Cognacq jusqu’au classement des fortifications de Vauban sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, les équipements, les acteurs et les outils de valorisation des traditions et des patrimoines rétais se sont multipliés et améliorés. Le tourisme, première activité économique de l’île, a indéniablement servi de levier à la mise en valeur du patrimoine auprès des visiteurs français et étrangers.

Musée Ernest Cognacq, Saint-Martin-de-Ré


5.1 Un musée labellisé Musée de France et des sites d’interprétation thématiques Le Musée Ernest Cognacq, Saint-Martin-de-Ré L’hôtel de Clerjotte, qui abrite aujourd’hui le Musée Ernest Cognacq, a été construit vers 1470-1480 par Louis Clergeat, receveur de l’Ile de Ré au service de Charles de France, duc de Guyenne. Louis Clergeat aurait donné son nom au logis : "la maison de Clergeatte". De cette première période datent le corps de logis flanqué d’une tour abritant un escalier à vis et une porte de style gothique flamboyant. C’est à la fin du XVIe siècle et au début du XVIIe qu’est décidée la construction de deux ailes inspirées de la Renaissance tardive, destinées à développer et embellir l’architecture médiévale originelle. En 1690, l’hôtel est réquisitionné pour servir d’arsenal à la nouvelle place forte qu’est devenue Saint-Martin-de-Ré. Des logements pour officiers, puis une aile de communs sur jardin, seront ajoutés dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Arsenal militaire jusqu’au XXe siècle, classé Monument Historique en 1929, dévolu un temps à la Marine, l’Hôtel de Clerjotte est cédé dans les années 1950 à la ville de Saint-Martin-de-Ré qui l’aménage en musée municipal. En 1905, à la mort de Théodore Phélippot, auteur de publications sur l’histoire locale, grand collectionneur et ancien maire du Bois-Plage, l’association "Les Rétais de Paris", représentée par le docteur Emile Atgier, trouve en la personne d’Ernest Cognacq, natif de Saint-Martin-de-Ré et fondateur de la Samaritaine, un mécène. Ce dernier achète l’ensemble de la collection Phélippot pour la céder à la commune de Saint-Martin-de-Ré ; il fait également don de l’hôtel des Cadets Gentilhommes, situé sur l’actuelle Place de la République, afin que la collection puisse être présentée au public. Le musée est inauguré le 31 août 1907.

Le musée demeure dans ses locaux d’origine jusqu’en 1969. Une grande partie de ses collections est alors mise en caisses et y reste plusieurs années en attendant leur transfert dans l’Hôtel de Clerjotte, alors en pleine restauration. C’est sous l’égide du maire de l’époque, M. Bouthillier, qu’est inauguré le nouveau Musée Ernest Cognacq dans son écrin définitif. De 1969 à 1993, les collections du Musée national de la Marine et quelques éléments du fonds Ernest Cognacq y sont réunis. A partir de 1993, date à laquelle le dépôt du Musée de la Marine est transféré, le musée est désormais entièrement consacré aux collections d’Ernest Cognacq. Elles contiennent un fonds de céramiques, peintures, objets de marine, ainsi qu’un fonds cartographique et archivistique important. L’hôtel de Clerjotte est aujourd’hui en cours de réhabilitation et devrait accueillir une nouvelle exposition permanente dans les années à venir. Depuis 2006, la construction d’une aile contemporaine juxtaposée à l’Hôtel de Clerjotte permet au musée de proposer au public des expositions temporaires qui connaissent un grand succès : "Itinéraire d’une utopie" en 2006 "Vauban, Ingénieur du Soleil" en 2007-2008 "Larguez les amarres, Vivre à bord des vaisseaux au XVIIIe siècle" en 2009-2010 "Le goût des autres, Regard occidental sur les sociétés extraeuropéennes de 1800 à 1914" en 2010-2011 "Ré, les facettes d’une île" depuis 2011 Le Musée Ernest Cognacq est le seul de l’Ile de Ré labellisé Musée de France.

5. Valoriser les patrimoines et savoir-faire rétais

134/135


La Maison du Fier et la Réserve Naturelle de Lilleau des Niges, Les Portes-en-Ré Cet espace d’interprétation de la nature rétaise se situe dans un ancien hangar à sel du vieux port des Portes-en-Ré. Il est la propriété du Conservatoire du Littoral et a été entièrement restauré par la Communauté de Communes après la tempête dévastatrice de 1999. Inaugurée en octobre 2001 par JeanPierre Raffarin, alors Président du Conseil Régional de PoitouCharentes, la Maison du Fier est gérée par la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) et se situe à quelques pas de la Réserve Naturelle de Lilleau des Niges. Ce centre de découverte du patrimoine naturel rétais propose une exposition permanente autour des thèmes de la formation du Fier, des milieux qui le composent et des oiseaux qui le peuplent, de la faune et de la flore de l’Ile de Ré et des activités humaines déployées dans la zone du Fier. La Maison du Fier organise également des expositions temporaires et propose de nombreuses activités pédagogiques, notamment en direction des publics scolaires. La Maison du Fier reste avant tout un lieu de rencontre et d’échange sur le patrimoine naturel insulaire et propose régulièrement des sorties sur le terrain, à la rencontre de la faune et la flore du Fier et d’espèces rares d’oiseaux. La Maison du Fier a également pour mission de sensibiliser les visiteurs à la biodiversité, à la fragilité des milieux insulaires et à la nécessité de les préserver. En cours de réaménagement, la Maison du Fier entame en 2012 la mise en œuvre d’une nouvelle muséographie, notamment grâce au soutien de la Communauté de Communes.

La Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) est une association reconnue d’utilité publique, dont le siège national se situe à la Corderie Royale de Rochefort. Créée en 1912, elle a pour missions la protection des espèces, la préservation des espaces, l’éducation et la sensibilisation des publics. La LPO met en œuvre des plans nationaux de restauration d’espèces d’oiseaux menacées et coordonne des programmes européens de sauvegarde d’espèces. Elle propose à l’État comme aux collectivités régionales et locales son expertise sur le patrimoine naturel, contribuant ainsi à la protection d’espèces et d’habitats menacés dans le cadre, par exemple, de projets d’infrastructures. La LPO accueille chaque année des milliers d’oiseaux blessés, tombés du nid ou mazoutés, dans ses six centres de sauvegarde. Gestionnaire de plusieurs réserves naturelles nationales, la LPO gère plus de 20 000 hectares de milieux naturels répartis sur 130 sites dans 21 régions françaises, dont 15 000 hectares en réserves naturelles terrestres et maritimes, et 1 350 hectares en propriété. L’association compte 45 000 membres. Elle bénéficie de l’agrément "Éducation Nationale" et propose à tous les publics, notamment au jeune public, des ateliers, des visites guidées, des conférences, des expositions... Particulièrement active sur l’Ile de Ré, la LPO est gestionnaire de la Maison du Fier et de la Réserve Naturelle de Lilleau des Niges ; elle participe activement, par son statut et son dynamisme, à la sensibilisation des publics à la richesse des milieux naturels rétais.


La Maison du Fier, les Portes-en-RĂŠ

5. Valoriser les patrimoines et savoir-faire rĂŠtais

136/137


La Maison du Platin, La Flotte Cet écomusée a été créé en 1989 à l’initiative de l’association "Flotille en Pertuis". Après avoir rassemblé avec patience une collection d’objets sur la navigation, la pêche et la vie rétaises, et à la suite de deux saisons d’exposition dans la salle des fêtes de La Flotte, la municipalité a proposé à l’association de s’installer de façon permanente dans l’ancienne distillerie fondée au XIXe siècle par la famille Margotteau, située près du port de La Flotte. La Maison du Platin doit son nom à sa situation sur le front de mer, mais aussi et surtout à sa double vocation culturelle et maritime : être un reflet des traditions liées à la mer et un acteur de leur diffusion auprès du public (le "platin" est un terme local pour désigner l’estran). La Maison du Platin déploie sa collection sur 4 niveaux d’exposition : Les origines et les activités traditionnelles de l’île : Le rez-de-chaussée du musée expose les vestiges de l’abbaye des Châteliers, exhumés au cours des divers chantiers de fouilles. Des photographies rappellent que La Flotte fut autrefois un important port de commerce. Les activités traditionnelles de l’Ile de Ré comme l’agriculture, l’ostréiculture et la pêche sont évoquées à travers des outils anciens et des maquettes de bateaux.

Maquette tactile, Maison du Platin, La Flotte

Les liaisons Ré - continent : Des voiliers au pont, en passant par les vapeurs et les bacs, la Maison du Platin présente l’histoire de la traversée entre l’Ile de Ré et le continent. Elle expose le mobilier des anciens bacs et introduit à la polémique suscitée par la construction du pont à travers un fonds d’archives de presse. L’habitat et les costumes : Un intérieur charentais rural du début du XXe siècle est reconstitué au troisième niveau. Des documents issus des traditions orales et écrites ainsi qu’une partie de l’impressionnante collection photographique de Nemours Bonin y sont regroupés. Les 50 mètres carrés du niveau supérieur sont consacrés à l’exposition temporaire du musée. En 2011, une exposition consacrée à l’œuvre d’Eugène-Nemours Bonin, "Regard sur l’Ile de Ré", a présenté l’extraordinaire collection de portraits qui ont immortalisé les habitants de La Flotte dans les années 1920-1930. Des jeux de piste (en français et en anglais) et des lectures pour les enfants sont organisés à travers les différents niveaux de l’espace permanent, et des sorties régulières à la découverte des ruines de l’abbaye des Châteliers complètent le dispositif de médiation mis en place par la Maison du Platin.

Reconstitution d’un intérieur rétais, Maison du Platin, La Flotte


Reconstitution d’un intérieur rétais et présentation de costumes traditionnels, Maison du Platin, La Flotte

5. Valoriser les patrimoines et savoir-faire rétais

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L’Ecomusée du marais salant, Loix Créé en 1985 par des membres du Groupement d’études rétaises sous la dénomination de "Maison des Marais salants", ce centre d’interprétation est installé sur le site de la prise de la Lasse, à Loix, sur un terrain appartenant au Conservatoire du Littoral. En 1996, le Groupement d’études rétaises crée l’association "Ecomusée du marais salant", qui donne son nom à la structure actuelle. L’Ecomusée présente une exposition permanente intitulée "Sel de mer, Sel de Ré" qui retrace l’histoire des marais salants rétais et illustre la technique de production du sel. Les guides du musée expliquent autour d’une maquette le fonctionnement des marais salants et présentent à travers des outils traditionnels le travail quotidien des sauniers. Ils accompagnent ensuite les visiteurs sur le marais adjacent où ils découvrent une flore spécifique (salicorne, statis, moutarde...) et, suivant la saison, l’avifaune si particulière aux marais (bernaches, tadornes, aigrettes...). Outre son rôle pédagogique auprès du public et des scolaires grâce aux expositions et aux visites de terrain, l’écomusée agit au quotidien pour la conservation et la promotion de l’activité salicole et le soutien aux jeunes sauniers par la transmission des savoir-faire et de techniques traditionnelles. Dans cette optique, il est aujourd’hui pleinement intégré à divers programmes européens de valorisation des zones agricoles humides et des savoir-faire salicoles, dont un vaste projet de "Route des Sels de l’Atlantique", qui s’étend de la Grande-Bretagne au Maroc. L’Ecomusée du marais salant a également initié un important travail d’inventaire du patrimoine salicole rétais qui permettra de recenser et d’étudier l’ensemble des éléments constitutifs de ce patrimoine.

L’A.N.C.R.E. Maritaise, Sainte-Marie-de-Ré Depuis avril 2011, la commune de Sainte-Marie-de-Ré accueille sur son territoire, à deux pas de la plage de Montamer, une nouvelle structure : l’A.N.C.R.E. Maritaise (Arts Nature Culture Recherche Ecluses). Initiée par la Municipalité de Sainte-

Marie, elle a une triple vocation environnementale, culturelle et artistique. Cette structure nouvelle fonctionne grâce à un collectif d’associations composé actuellement de la LPO, de l’ADEPIR (Association de défense des écluses à poisson) et de Ré Nature Environnement. Diverses animations et expositions sont proposées au grand public, mais aussi aux plus jeunes par le biais des écoles et centres de loisirs. Les thèmes abordés sont variés : biodiversité de l’estran, découverte de la faune et de la flore, environnement… Des sorties botaniques, ornithologiques, des visites d’écluses à poissons et des conférences offrent à chacun la possibilité d’approfondir ses connaissances sur le patrimoine naturel rétais. Dans le domaine artistique, des expositions de peintures, sculptures et photographies sont programmées, en lien constant avec des thématiques environnementales.

Le Phare et le Musée des Baleines, Saint-Clément-des-Baleines Propriété du Ministère de l’Equipement, le site du Phare des Baleines est géré depuis 2001 par la société "Patrimoine & Océan". Réputé pour son escalier en colimaçon de 257 marches, le Phare des Baleines est le site le plus visité de l’Ile de Ré et l’un des plus fréquentés en Charente-Maritime. Outre la vue offerte au sommet du phare, une salle d’exposition occupe son rez-de-chaussée. Les trois hectares de parc, créés en 1861 par l’architecte paysagiste D. Perrier, sont également accessibles au public. En 2005-2006, l’ancienne école des gardiens, au pied de la Vieille Tour des Baleines, a été restaurée pour accueillir un espace d’animation et d’interprétation sur le thème des phares et des grandes missions de balisage menées par l’Etat pour la sécurité en mer. Il propose un parcours didactique qui retrace l’histoire des phares et de leur implantation, notamment autour des pertuis charentais, et l’évolution du balisage depuis le XVIIe siècle. Ces grands thèmes sont traités à travers des panneaux d’exposition et des animations audiovisuelles et multimédia réalisées avec l’équipe du journaliste Jamy Gourmaud, animateur de l’émission télévisée de vulgarisation scientifique "C’est pas sorcier".


Ecomusée du marais salant, Loix

A.N.C.R.E Maritaise, Sainte-Marie-de-Ré

Musée du Phare des Baleines, Saint-Clément-des-Baleines

5. Valoriser les patrimoines et savoir-faire rétais

140/141


Installation du collectif d’artistes Zo prod à l’occasion des Journées européennes du patrimoine 2011, Communauté de Communes, Saint-Martin-de-Ré


5.2 Les opérations de valorisation des patrimoines Les opérations nationales ou régionales sur l’architecture et le patrimoine Les Journées européennes du patrimoine Organisées chaque année le troisième week-end de septembre par le ministère de la Culture et de la Communication, les Journées européennes du patrimoine sont désormais le grand rendez-vous culturel de la rentrée. Les acteurs du patrimoine rétais se mobilisent pour permettre aux habitants et aux derniers estivants de découvrir ou re-découvrir la grande diversité culturelle, monumentale et paysagère de l’île. Les communes, musées, centres d’interprétation et associations sont les principaux organisateurs de l’événement. La Communauté de Communes, dont les locaux sont installés depuis 2008 dans l’aile Saint-Michel de l’ancien hôpital Saint-Honoré, profite de l’occasion pour ouvrir ses portes au public dans une ambiance originale assurée par l’intervention d’artistes. L’édition 2011 des Journées européennes du patrimoine a ainsi favorisé la mise en place d’une programmation éclectique et festive sur l’ensemble du territoire. Le public, essentiellement composé de Rétais, s’est déplacé en nombre et a une nouvelle fois montré l’importance de cette manifestation comme instrument de dialogue entre la population locale et son patrimoine. Sur la commune de La Flotte, la Maison du Platin, en association avec la LPO, a proposé des visites guidées et des circuits nocturnes à l’abbaye des Châteliers et dans le centre du village, évocations de l’histoire, de la géologie et de la vie de la commune au XIXe siècle. La municipalité et l’office de tourisme de La Couarde-sur-Mer ont présenté une exposition originale composée de documents anciens offrant une rétrospective de la vie de la commune au XIXe siècle. Au Bois-Plage-en-Ré, c’est la musique qui était à l’honneur avec l’organisation par le Comité d’action communale d’un concert de la compagnie "Musica Coeli", qui, à travers des airs populaires de Bellini, Verdi et Puccini, a fait découvrir au public

l’architecture harmonieuse de l’église de Tous les Saints sous un nouveau jour. A Sainte-Marie, des visites guidées du clocher de l’église organisées par l’office de tourisme ont fait du panorama à 360 ° un cadre privilégié pour le récit d’anecdotes et de détails historiques précieux. La commune de Rivedoux-Plage a ouvert la redoute édifiée par Vauban, un site remarquable habituellement fermé au public. Pour l’occasion, une exposition de photographies, un concert de jazz et une rencontre animée par Irénée Garnereau, ancien gardien du Phare de Chauveau, ont redonné vie à ce lieu méconnu. A Saint-Martin-de-Ré, le Musée Ernest Cognacq a rencontré un succès sans précédent en proposant des animations typiquement rétaises : dégustation de plats locaux, initiation au jeu de cartes local de l’aluette, chants traditionnels interprétés par les membres du Cri-Cri (Comité pour l’inventaire des chansons rétaises introuvables). La Communauté de Communes a choisi de revisiter son patrimoine grâce à l’intervention du collectif d’artistes Zo Prod dont les jeux de cordages, de lumières et de miroirs ont révélé de nouvelles compositions et des facettes insolites du lieu. La mairie de Saint-Martin-de-Ré a également permis à de nombreux curieux d’accéder de manière exceptionnelle à l’Apothicairerie, ancienne pharmacie de l’hôpital Saint-Honoré, remarquable par son état de conservation et la richesse de sa collection. A Ars-en-Ré, les traditions locales étaient à l’honneur avec une exposition de costumes rétais, des chants marins sur le parvis de l’église ou encore des visites guidées à travers les venelles du village. Aux Portes-en-Ré, la Maison du Fier et la LPO ont proposé, outre la visite du musée, une conférence sur les oiseaux migrateurs et un point d’observation de la nature. Enfin, le sémaphore des Baleines a exceptionnellement ouvert ses portes au public sur la commune de Saint-Clément-desBaleines.

5. Valoriser les patrimoines et savoir-faire rétais

142/143


La Nuit des Musées Chaque année, le temps d’une soirée de mai, la Nuit des Musées, organisée par le ministère de la Culture et de la Communication, met à l’honneur les musées français en proposant à un large public un accès libre et nocturne aux collections. Cette soirée est souvent l’occasion pour les établissements de mettre en œuvre des animations particulières qui permettent de découvrir le musée autrement (mises en lumière, visites théâtrales, ateliers, concerts…). Le Musée Ernest Cognacq participe à cette opération nationale. En 2011, outre des visites libres et guidées de l’exposition temporaire, il a offert au public des visites "incongrues" animées par "Aline et compagnie", une troupe de théâtre d’improvisation niortaise.

Sur la commune de Saint-Martin-de-Ré, de nombreuses visites de jardins privés ont été mises en place. Au cœur du jardin du Musée Ernest Cognacq, le musée a organisé des visites commentées pour les adultes, une chasse au trésor pour les enfants, ainsi qu’une bourse aux plantes. Le service des espaces verts de la ville était présent et a pu proposer au public des démonstrations de gestes techniques. Resté en friche jusqu’à sa restauration en 2007, le jardin du Musée Ernest Cognacq a été remanié par le paysagiste Pierre Joyaux et les services techniques-espaces verts de la ville. Il répond à deux objectifs : créer un jardin fidèle à l’esprit du XVIIe siècle et établir un lien entre l’architecture contemporaine de la nouvelle aile du musée et l’Hôtel de Clerjotte (fin du XVe siècle).

Les Rendez-vous aux jardins Chaque premier week-end de juin, les Rendez-vous aux jardins, coordonnés par le ministère de la Culture et de la Communication, s’adressent aux professionnels et amateurs de jardins, qui trouvent alors l’occasion et le temps de se rencontrer, d’échanger, de partager leur passion et de découvrir des parcs et jardins parfois insoupçonnés. L’Ile de Ré possède de nombreux jardins remarquables, dont la plupart appartiennent à des propriétaires privés. Lors de la dernière édition, l’office de tourisme de Sainte-Mariede-Ré a, comme chaque année, proposé un circuit à pied ou à vélo pour partir à la découverte de plusieurs jardins d’ornements et de potagers.

Jardin du Musée Ernest Cognacq, Saint-Martin-de-Ré


Le Mois de l’Architecture Le Mois de l’architecture est une manifestation organisée par la Direction régionale des affaires culturelles de Poitou-Charentes en partenariat avec le réseau des Villes et Pays d’art et d’histoire de la région, les CAUE et la Maison de l’Architecture de PoitouCharentes. A travers des manifestations originales et des découvertes insolites, cette opération invite le public (élus, scolaires, habitants des secteurs urbains et ruraux, administrations et professionnels) à visiter, rencontrer et échanger sur les nombreux projets et initiatives lancés dans la région autour de l’architecture, du paysage et du cadre de vie. Conférences, expositions et visites ont pour objectif de sensibiliser aux projets achevés ou futurs de développement des territoires. Suite au succès rencontré par l’opération, le ministère de la Culture et de la Communication incite aujourd’hui vivement l’ensemble des Directions régionales des affaires culturelles à organiser des manifestations similaires, avec pour objectif d’étendre l’opération au niveau national.

Dans le cadre de la démarche de candidature de l’Ile de Ré au label Pays d’art et d’histoire, la Communauté de Communes a souhaité participer à cette opération pour la première fois en 2012. A cette occasion, elle a décidé de présenter au public une exposition croisant les projets de SCoT et la candidature au label Pays d’art et d’histoire. Intitulée "Connaître le passé pour mieux planifier l’avenir", elle a été lancée de manière concomitante au début de l’enquête publique sur le SCoT.

5. Valoriser les patrimoines et savoir-faire rétais

144/145


Les opérations locales Sensibiliser le public à l’environnement et au patrimoine naturel L’Opération "Coup de Poing Estran" Au cœur de la politique de la Communauté de Communes, la protection de l’environnement constitue une priorité pour le territoire insulaire. Depuis 2009, dans le but de répondre à l’impératif de sensibilisation des habitants et des visiteurs aux problématiques environnementales, et notamment à la fragilité de l’estran, l’établissement public intercommunal organise à chaque printemps une opération "Coup de Poing Estran". Le temps d’une journée d’avril, de nombreux bénévoles, membres d’associations environnementales ou de pêche à pied, élus, agents municipaux et communautaires, répartis sur les 32 principaux sites de pêche à pied de l’île, se rassemblent pour expliquer aux touristes, pêcheurs à pied amateurs ou semiprofessionnels pourquoi il est si important de respecter la maille et la quantité maximale de pêche autorisée. Une opération à visée pédagogique qui favorise, grâce au contact humain et à l’échange d’expériences, la préservation d’un milieu sensible et menacé. Ré La Belle Prolongement de l’opération "Je nettoie mon île" lancée en 2009 à l’initiative de l’association "l’Avenir du Bois" et du journal local "Le Phare de Ré", "Ré la Belle", organisée par la Communauté de Communes et l’Avenir du Bois, permet chaque année au mois de juillet de rassembler des centaines de bénévoles pour assurer le nettoyage des plages. En réunissant les associations environnementales, le personnel de la Communauté de Communes et des mairies, mais aussi les habitants et les touristes autour d’une journée consacrée à l’entretien des plages rétaises, cette opération citoyenne et conviviale permet de s’inscrire dans une démarche plus globale de sensibilisation du public à la protection de la nature mais également à la réduction des emballages et des volumes de déchets par habitant.

Ré La Belle La Fête de la Nature Opération nationale coordonnée à l’échelle locale par la LPO, elle se déroule au mois de mai. Pendant une semaine, les communes de l’île, la Communauté de Communes, les centres d’interprétation de la nature, l’Office National des Forêts, les offices de tourisme et de nombreuses associations environnementales s’associent pour offrir un programme riche autour des différentes composantes du patrimoine naturel rétais. Ces professionnels et bénévoles font découvrir gratuitement des espaces naturels à travers des balades, visites et animations diverses. Le public est invité à découvrir des espèces emblématiques ou méconnues, à arpenter des territoires parfois familiers sous la conduite de guides naturalistes pour mieux comprendre le travail et la passion des gestionnaires d’espaces naturels, des forestiers et des acteurs de la protection de la nature. La Fête de la Nature est aussi un moment exceptionnel de sensibilisation aux urgences et aux enjeux de la protection des milieux. Elle permet de s’interroger sur la place de l’homme dans la nature et sur sa responsabilité dans la conservation de la biodiversité.


Les neuf professionnels des Métiers d’Art rétais participant à l’opération : L’imagerie Christine Malbosc (artisan encadreur) Valoriser les savoir-faire et traditions locales Les Régalades La saveur sucrée, la chair ferme et fondante, la peau fine, fragile et légèrement salée de la Pomme de Terre AOP Ile de Ré en font à chaque printemps un produit primeur très recherché par les gastronomes. Entrée en 1998 dans le cercle restreint des produits AOP, elle est aujourd’hui la reconnaissance du savoir-faire des maraîchers de l’Ile de Ré. Au mois de mai, sous la coordination de la Coopérative Uniré du Bois Plage, de la Communauté de Communes de l’Ile de Ré et d’Ile de Ré Tourisme, les Régalades proposent un véritable parcours initiatique et gourmet à la découverte des producteurs de pommes de terre, des viticulteurs, des sauniers et de toute la richesse gastronomique de l’Ile de Ré. La Route des Métiers d’Art Inaugurée en juillet 2011, la Route des Métiers d’Art est le fruit d’un partenariat volontariste mené entre la Chambre des Métiers et de l’Artisanat de la Charente-Maritime, Charente-Maritime Tourisme, la Communauté de Communes de l’Ile de Ré et Ile de Ré Tourisme. Deuxième département français en terme de fréquentation touristique, la Charente-Maritime est également l’un des départements qui compte le plus de professionnels des Métiers d’Art. La mise en place de cette opération sur l’Ile de Ré constitue une démarche pilote, l’initiative ayant vocation à se développer sur l’ensemble du département à partir de 2012. L’objectif poursuivi est de permettre à chacun de découvrir de façon ludique et pédagogique les savoir-faire présents sur l’île. Les neuf professionnels des Métiers d’Art participant à l’opération invitent le public à venir les rencontrer dans leurs ateliers pour assister à des démonstrations, appréhender des techniques rares et authentiques, et découvrir leurs réalisations. Le projet a donné lieu à la publication d’un guide de la Route des Métiers d’Art.

L’atelier de Julien Marianne Rougeron (encadrement sur mesure de tableaux) C’la faute à Voltaire Sandra La Rallier (tapissier décorateur) Le pied d’Alouette Marité et Dany Busi (peinture sur soie) L’atelier Quillet Lionel Quillet (restauration de livres anciens) Vitrail de Ré Monique Pequet (vitraux, décoration) L’atelier de Verre Maryvone Brullon (décoration, vitraux, bijoux…) L’atelier de Ludovic Heissler Ludovic Heissler (création et restauration de meubles) L’atelier de la plage Anne Martiarena (création de bijoux)

L’atelier de Verre, Maryvone Brullon

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ZOOM SUR...

L’Atelier Quillet, entreprise du patrimoine vivant Créé en 1987 et implanté sur la commune de Loix, l’Atelier Quillet est spécialisé dans la reliure, la conservation et la restauration de documents anciens. L’entreprise rassemble aujourd’hui une équipe de trente personnes dont 21 restaurateurs, répartis en petites équipes spécialisées : Corps d’ouvrage Reliure et restauration de reliure, dorure Restauration de documents Travaux spécifiques Cette activité artisanale concilie un savoirfaire traditionnel et l’utilisation des derniers procédés de restauration. L’ensemble des documents est restauré conformément aux cahiers des charges et clauses techniques élaborés par le Service du Livre et de la Lecture, la Bibliothèque Nationale de France, le Service Interministériel des Archives de France et le Service des Musées de France. L’Atelier Quillet a obtenu en 2007 le label des "entreprises du patrimoine vivant" (EPV) attribué par le Ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie aux entreprises détenant un savoir-faire artisanal rare, renommé ou ancestral, reposant sur la maîtrise de techniques traditionnelles ou de haute technicité.


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Les pass Les Clés du Patrimoine Réalisé par la Communauté de Communes, le guide "Les Clés du Patrimoine" permet à chaque visiteur de découvrir les richesses patrimoniales de l’Ile de Ré au travers de douze visites. Entièrement gratuit, il offre des tarifs préférentiels dès le deuxième site visité, avec un objectif simple : inciter les visiteurs à se rendre dans l’ensemble du réseau des musées, monuments et sites d’interprétation des patrimoines rétais. Cette brochure complète, réalisée au format poche, présente les douze sites ouverts au public : le Fort de la Prée, l’abbaye des Châteliers, la Maison du Platin, le Musée Ernest Cognac, les clochers de SaintMartin-de-Ré, Sainte-Marie-de-Ré et Ars-en-Ré, l’Ecomusée du marais salant, la Maison du Fier et la Réserve Naturelle nationale de Lilleau des Niges, le Phare des Baleines, l’ANCRE Maritaise et la redoute de Rivedoux-Plage. Le guide "Les Clés du Patrimoine" est disponible sur les sites partenaires de l’opération, ainsi que dans les offices de tourisme et les mairies de l’île. Le Pass’ La Rochelle-Ile de Ré Initiative du Symod (Syndicat mixte de la mobilité durable) regroupant les autorités organisatrices des transports en Charente-Maritime, fruit d’un partenariat avec la Communauté d’Agglomération de La Rochelle, la Communauté de Communes de l’Ile de Ré, le Conseil Général de la CharenteMaritime et les entreprises de transport Les Mouettes et Yélo, le "Pass’ La Rochelle-Ile de Ré" a été lancé en 2011. Valide pendant toute la durée de l’été (du 1er juin au 30 septembre), il offre une formule de transport à la journée couplée de la visite d’au moins un site rochelais et/ou rétais à tarif préférentiel. Le "Pass’ La Rochelle-Ile de Ré" est en vente dans les offices de tourisme de l’Ile de Ré et de La Rochelle, ainsi qu’à la boutique Les Mouettes.

Les labels Le patrimoine mondial de l’Unesco L’inscription d’un monument sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco constitue bien souvent un levier de développement touristique prestigieux et fondamental pour les territoires. Au-delà des mesures d’encadrement, de protection et de gestion qui accompagnent le label, celui-ci constitue un moyen de sensibiliser les visiteurs en s’appuyant sur la réputation internationale d’excellence patrimoniale de l’UNESCO. L’inscription des fortifications de Saint-Martin-de-Ré sur cette liste, au même titre que onze autre sites majeurs de Vauban, constitue un atout indéniable pour la qualité de l’offre touristique sur la commune de Saint-Martin-de-Ré, et plus largement pour l’avenir du développement culturel de l’Ile de Ré. Les Villages de pierre et d’eau Le réseau des Villages de pierres et d’eau a été développé en Charente-Maritime pour distinguer les villages qui possèdent un bâti remarquable associé à une source d’eau sous toutes ses formes (océan, estuaire, fleuve, marais, source, étang...). Seuls peuvent prétendre à ce label les petits villages de moins de 3 000 habitants, riches d’un ensemble architectural de qualité, représentatifs du département de la Charente-Maritime, situés à proximité d’une ressource en eau et considérés comme dynamiques sur le plan touristique. Ars-en-Ré et La Flotte font partie des treize premiers villages à avoir reçu ce label de la part du Conseil Général de la Charente-Maritime. Les Plus Beaux Villages de France Attribué par l’association éponyme, le label qui qualifie Les Plus Beaux Villages de France a ancré sa stratégie autour d’un triple objectif : qualité, notoriété et développement. Préserver et valoriser la qualité du patrimoine des villages pour accroître leur notoriété, tout en maîtrisant leur fréquentation et favoriser ainsi leur développement économique. Pour pouvoir être labellisées, les communes candidates doivent attester d’une dimension


rurale (maximum 2000 habitants), posséder sur leur territoire au minimum deux sites ou monuments protégés (classés ou inscrits) et prouver d’une adhésion collective au projet de demande de classement via une délibération du conseil municipal. Ars-en-Ré et La Flotte ont déjà accompli cette démarche et reçu cette distinction. Le Pavillon Bleu Créé par l’Office français de la Fondation pour l’Education à l’Environnement en Europe en 1985, le Pavillon Bleu valorise chaque année les communes et les ports de plaisance qui mènent de façon permanente une politique de recherche et d’application durable en faveur d’un environnement de qualité. Le Pavillon Bleu est un label à forte connotation touristique, symbole d’une qualité environnementale exemplaire. En 2011, les communes de La Flotte et du Bois-Plage-en-Ré étaient labellisées. Les Stations Vertes A la campagne, à la montagne, près des littoraux ou en OutreMer, une “Station Verte“ est une destination touristique de loisirs et de vacances, reconnue au niveau national comme une station organisée, offrant les services et les plaisirs attendus dans l’univers Nature : une nature respectée et préservée une gamme de séjours à décliner selon les envies des lieux et des activités à vivre et à partager une porte d’entrée des terroirs Une Station Verte est : Un village proposant une offre permanente et organisée de loisirs Une destination respectueuse de l’environnement Un office de tourisme organisant l’accueil et l’information 200 lits en hébergements variés des services, des commerces, des aires de jeux, des espaces entretenus et fleuris

des équipements de loisirs (baignade, jeux, sports, sentiers) des espaces de découvertes : nature, visites, produits à déguster La commune de Sainte-Marie-de-Ré fait partie des 600 Stations Vertes labellisées en France. Famille Plus Famille Plus est un label national né de la collaboration entre 3 associations de communes touristiques : L’Association Nationale des Maires des Stations Classées et des Communes Touristiques, L’Association Nationale des Maires des Stations de Montagne – Ski France, La Fédération Française des Stations Vertes de Vacances et des Villages de Neige. Soutenu par les services de l’Etat en charge du tourisme, ce label est destiné à valoriser les communes adhérentes ayant engagé une démarche globale en faveur de l’accueil des familles. Les critères concernent : l’accueil et l’information, les animations de la commune, les activités, la découverte et la sensibilisation à l’environnement et aux patrimoines, l’hébergement, la restauration et les commerces et services, les équipements, les transports et la sécurité les tarifs adaptés aux familles et/ou aux enfants Pour répondre aux attentes et aux envies des familles, ce label est décliné en quatre territoires : Famille Plus Montagne, Famille Plus Mer, Famille Plus Ville et Famille Plus Nature. La commune de Saint-Martin-de-Ré est titulaire du label Famille Plus Mer.

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5.3 Le schéma de développement touristique : vers un tourisme durable

Pourquoi un Schéma de Développement Touristique ? L’importance de l’activité touristique pour l’Ile de Ré et ses liens étroits avec des domaines essentiels du SCoT : transport, logement, écologie, ont convaincu les élus, experts, partenaires institutionnels et acteurs économiques associés à la démarche, de l’intérêt de doter le SCoT d’une véritable stratégie de développement touristique. Objectifs C’est pourquoi en 2009, la Communauté de Communes de l’Ile de Ré a décidé de piloter l’élaboration d’un Schéma de Développement Touristique, outil de référence pour la mise en œuvre d’une stratégie touristique définie avec la contribution de tous les acteurs concernés. Le Schéma de Développement Touristique est un document facultatif qui n’a pas de valeur réglementaire, c’est un outil d’analyse du territoire qui définit une stratégie de développement touristique ainsi qu’un plan d’actions pluriannuel. Ce Schéma de Développement Touristique de l’Ile de Ré poursuit un triple objectif : Définir des objectifs stratégiques et un positionnement en matière de développement touristique. Proposer un schéma organisationnel au niveau des structures compétentes en matière touristique. Proposer un programme opérationnel d’actions pour la mise en œuvre du projet touristique de l’Ile de Ré. La stratégie ainsi définie est venue nourrir le volet économique et touristique du SCoT, tandis que le programme d’actions constitue un des aspects de sa mise en œuvre.

Porte des Campani, Saint-Martin-de-Ré


Le calendrier du Schéma de Développement Touristique 2e semestre 2010

1er semestre 2011

2e semestre 2011

PHASE

Définition des orientations et d’une stratégie

Elaboration d’un plan d’actions opérationnel

Proposer un scenario stratégique hiérarchisé et construit collectivement Fournir une analyse comparative entre les schémas organisationnels possibles

Produire un tableau de bord des actions à conduire en précisant leur planification, leur mode opératoire et leur système d’évaluation

Réalisation d’un diagnostic touristique et identification des enjeux

OBJECTIF Dégager les enjeux et les défis à relever

Enjeux identifiés lors du diagnostic : Privilégier la contribution économique du tourisme et non pas le volume (pas de tourisme de masse). Considérer le tourisme comme l’une des facettes de l’économie de l’île, et une facette multi-saison et transversale : imprimer le réflexe tourisme dans l’ensemble des politiques et outils de planification. Préserver et valoriser les patrimoines de l’île comme ressources premières de l’activité touristique. Faire du tourisme un outil au service de la préservation et de la valorisation de l’identité rétaise.

Harmoniser la vision de l’île et de ses espaces de manière commune et partagée entre tous : résidents, touristes, résidents secondaires, excursionnistes de proximité. S’adapter aux évolutions du marché touristique à partir d’une stratégie de différenciation permettant à la destination Ile de Ré de trouver un statut d’unicité et d’originalité sur le "nouveau" marché touristique : une stratégie de marque "Ile de Ré" claire, lisible, partagée et attractive. Impliquer l’ensemble des composantes publiques et privées dans une stratégie commune.

Travailler à la reconnaissance du tourisme en tant que source de bénéfice local : passer de la perception du tourisme intrusif à une notion de tourisme choisi et partagé.

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Plan d’actions : Pour répondre à ces enjeux, 17 actions ont été identifiées et composent le plan d’action à mettre en œuvre : Action n°1 : Mise en œuvre du principe de co-pilotage Communauté de Communes / Communes

Action n°10 : Définition et mise en place d’un plan marketing et d’actions commerciales pour les trois prochaines années

Actions n°2 et 3 : Marque Ile de Ré Elaboration du code de marque et de la charte Définition et mise en œuvre de la démarche d’adhésion à la charte

Action n°11 : Définition et mobilisation des acteurs autour d’un guide de communication et du plan de communication de la marque Ile de Ré

Action n°4 : Adapter, qualifier et valoriser les activités balnéaires et nautiques Action n°5 : Renforcer l’offre en matière de loisirs et sports Action n°6 : Consolider l’offre forme et bien-être Action n°7 : Développement raisonné de l’offre de découverte et de sensibilisation à la préservation des espaces, des savoirfaire et des patrimoines culturels

Action n°12 : Développement d’un modèle insulaire d’évaluation du projet de développement touristique Action n°13 : Développer les missions de veille et d’observation touristique Action n°14 : Développement d’une offre de transports alternatifs Action n°15 : Renforcement de l’offre de services et animations

Action n°8 : Développement du tourisme d’affaires

Action n°16 : Elaboration et mise en œuvre d’un schéma d’accueil et d’organisation de l’information touristique

Action n°9 : Adaptation et qualification des hébergements touristiques

Action n°17 : Identification et mise en œuvre de dispositifs spécifiques visant les résidents secondaires


Schéma de Développement Touristique et Pays d’art et d’histoire Comme pour le SCoT, la démarche du SDT a été menée en cohérence avec le projet de Pays d’art et d’histoire. Ce dernier, s’il ne repose pas exclusivement sur des enjeux de développement touristique dans le cas de l’Ile de Ré, comme cela peut être parfois le cas pour d’autres territoires, a pourtant un rôle fondamental à jouer dans ce domaine. En effet, le label peut sans aucun doute contribuer à faire évoluer l’image du territoire, trop souvent perçue comme une destination purement et uniquement balnéaire par les visiteurs. En mettant l’accent sur les richesses patrimoniales et architecturales du territoire, le label pourra constituer un levier de développement pour un tourisme culturel et patrimonial de qualité. En outre, grâce à la

mise en place d’une programmation à l’année, il constituera un outil pour lutter contre la forte saisonnalité qui marque l’activité touristique rétaise. Dans le diagnostic établi dans le cadre du SDT, la valorisation du patrimoine (naturel, culturel, historique) a été identifiée et inscrite comme un enjeu essentiel pour l’avenir du territoire. C’est pourquoi le projet de Pays d’art et d’histoire occupe une place centrale dans la fiche action N°7 du Schéma de Développement Touristique consacrée au "développement raisonné de l’offre de découverte et de sensibilisation à la préservation des espaces, des savoir-faire et des patrimoines culturels", identifiée comme une action prioritaire.

Pêche à pied, Rivedoux-Plage

5. Valoriser les patrimoines et savoir-faire rétais

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PAYS D’ART ET D’HISTOIRE

CANDIDATE AU LABEL

ILE DE

Ré Synthèse et enjeux Musées, sites d’interprétation thématiques, manifestations nationales et locales, offre touristique, labels : les outils de valorisation du patrimoine composent un maillage dense et équitablement réparti sur l’ensemble du territoire insulaire. Le diagnostic établi dans le cadre de l’élaboration du Schéma de Développement Touristique et au cours des premières réunions de travail organisées en vue de la candidature au label Pays d’art et d’histoire, ont pourtant fait apparaître un manque de coordination et de cohérence entre ces différents outils comme entre les acteurs du patrimoine. Fédérer les professionnels, mutualiser les informations et les moyens existants, penser le développement culturel et touristique à échelle globale, tels sont les objectifs qui se sont immédiatement imposés comme les orientations stratégiques constitutives du futur Pays d’art et d’histoire de l’Ile de Ré.


5. Valoriser les patrimoines et savoir-faire rĂŠtais

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ILE DE

PAYS D’ART ET D’HISTOIRE

CANDIDATE AU LABEL


6.

Créer l’ile de demain : le SCoT de l’Ile de Ré

6-1. Le SCOT : un projet de territoire 6-2. Les grandes étapes du SCOT 6-3. SCoT et Pays d’art et d’histoire : des démarches parallèles et complémentaires


PAYS D’ART ET D’HISTOIRE

CANDIDATE AU LABEL

ILE DE

"L’avenir ne se prévoit pas, il se prépare. " Maurice Blondel, philosophe

Depuis 2009, le territoire insulaire est entré dans une période charnière de planification territoriale qui doit voir apparaître à l’horizon 2012 un cadre nouveau pour le développement de l’île au cours des dix prochaines années. Le Schéma directeur en vigueur sur l’Ile de Ré depuis 2000, deviendra caduc en janvier 2013 et laissera alors place au Schéma de Cohérence Territoriale en cours d’élaboration. De la même manière, les Plans d’Occupation des Sols (POS) en vigueur sur les dix communes rétaises seront progressivement remplacés par des Plans Locaux d’Urbanisme (PLU). En fixant des orientations pour le développement économique, urbain, paysager et environnemental de l’île, le SCoT entend offrir aux élus locaux un cadre d’intervention ouvert mais encadré, qui permette de préserver les richesses et les spécificités du territoire.

Plage de la Conche des Baleines, Saint-Clément-des-Baleines


Qu’est-ce qu’un SCoT ? La loi sur l’environnement dite Grenelle II du 12 juillet 2010 rend les SCoT obligatoires sur l’ensemble du territoire national à partir du 31 décembre 2016 et renforce les objectifs des SCoT (ainsi que des Plans Locaux d’Urbanisme (PLU) et des cartes communales) : ces plans, cartes et schémas doivent ainsi contribuer à réduire la consommation d’espace (lutter contre la périurbanisation), préserver les espaces affectés aux activités agricoles ou forestières, à équilibrer la répartition territoriale des commerces et services, améliorer les performances énergétiques, diminuer (et non plus seulement maîtriser) les obligations de déplacement, réduire les émissions de gaz à effet de serre et renforcer la préservation de la biodiversité et des écosystèmes, notamment via la préservation et la remise en bon état des continuités écologiques. Le SCoT comprend : un rapport de présentation, un projet d’aménagement et de développement durables (PADD) et un document d’orientation et d’objectifs (DOO). Le rapport de présentation explique les choix retenus pour établir le projet d’aménagement et de développement durables et le document d’orientation et d’objectifs en s’appuyant sur un diagnostic du territoire. Il présente une analyse de la consommation d’espaces naturels, agricoles et forestiers au cours des dix années précédant l’approbation du schéma et justifie les objectifs chiffrés de limitation de cette consommation compris dans le document d’orientation et d’objectifs.

Le projet d’aménagement et de développement durables (PADD) : c’est un document obligatoire dans lequel l’Etablissement public de coopération intercommunale exprime de quelle manière il souhaite voir évoluer son territoire dans le respect des principes de développement durable. Il fixe les objectifs des politiques publiques d’urbanisme, du logement, des transports et des déplacements, d’implantation commerciale, d’équipements structurants, de développement économique, touristique et culturel, de développement des communications électroniques, de protection et de mise en valeur des espaces naturels, agricoles, forestiers et des paysages, de préservation des ressources naturelles, de lutte contre l’étalement urbain, de préservation et de remise en bon état des continuités écologiques. Un document d’orientation et d’objectifs (DOO) : c’est la mise en œuvre du PADD. Le DOO détermine les orientations générales de l’organisation de l’espace et les grands équilibres entre les espaces urbains et à urbaniser et les espaces ruraux, naturels, agricoles et forestiers. Pour cela, il définit des prescriptions (éléments règlementaires opposables aux documents d’urbanisme ou de planification : PLU, PLH, PDU) et des préconisations (éléments qui ont valeur de recommandation, non règlementaires et non-opposables, qui doivent faciliter la mise en œuvre des orientations du SCoT en proposant des outils).

6. Créer l’ile de demain : le SCoT de l’Ile de Ré

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6.1 Le SCoT : un projet de territoire

Parmi les orientations définies dans le cadre du SCoT de l’Ile de Ré, quatre priorités ont été identifiées et occuperont une place déterminante pour l’avenir du territoire :

entre 2000 et 2007, le SCoT fixe une limite de 1 000 résidences secondaires supplémentaires à l’horizon 2020.

Vie permanente

Sur un territoire aussi réduit et convoité que l’Ile de Ré, l’enjeu principal en matière d’urbanisme et de planification se situe de manière évidente autour de la consommation d’espace. Cette problématique, au cœur des enjeux politiques du territoire depuis plusieurs décennies, le restera pour les années à venir. C’est donc autour de cette question primordiale de l’urbanisation que s’est construit une grande partie du SCoT de l’Ile de Ré qui a choisi de garantir à l’horizon 2020, une répartition entre 20 % d’espaces urbanisés maximum et 80 % d’espaces naturels et agricoles8.

Assurer le maintien et le développement de la vie permanente constitue un enjeu crucial pour le territoire insulaire, fortement marqué par la saisonnalité estivale liée à l’activité touristique. Offrir un cadre privilégié pour préserver les commerces de proximité, les postes d’enseignants, les services aux personnes, s’impose comme un objectif prioritaire pour les élus. Pour répondre à cette nécessité, plusieurs mesures ont été inscrites dans le projet de SCoT, dont les principales sont : La construction de 550 logements sociaux, avec un objectif de 19 700 habitants permanents à l’horizon 2020, contre 18 300 aujourd’hui. La construction d’équipements d’intérêts collectifs (équipements sportifs et culturels, crèches…). Le développement des activités primaires : mise en place d’un Périmètre de protection des espaces agricoles et naturels (PAEN) et soutien à l’activité conchylicole à travers une étude socio-économique de l’activité ostréicole. Le développement des activités économiques et de l’emploi : réalisation d’un Document d’Aménagement Commercial à l’échelle du bassin de vie (Communauté d’Agglomération de La Rochelle, Pays d’Aunis et Communauté de Communes de l’Ile de Ré). La maîtrise du développement des résidences secondaires : avec un rythme de construction 3,5 fois inférieur à celui mené

8 Voir La règle des 80/20, page 69

Urbanisme

Transport : le Plan Global de Déplacement La problématique du transport constitue sur l’Ile de Ré un enjeu majeur. Réduire la circulation automobile en saison touristique ; offrir des solutions de transport économiques et écologiques aux habitants tout au long de l’année : ces questions sont au cœur du Plan Global de Déplacement en cours d’élaboration. Lancé en novembre 2010 par la Communauté de Communes, le Plan Global de Déplacement est un document complémentaire au SCoT qui vise à établir une politique de transport pour les dix années à venir. Sur la base d’un diagnostic élaboré en lien avec l’ensemble des acteurs concernés (Etat, région, département, Communauté d’agglomération de La Rochelle, associations environnementales), le PGD définit un programme d’actions visant à promouvoir les modes de déplacements les moins polluants, compatibles avec les besoins des usagers.


A ce stade de l’étude, plusieurs objectifs et orientations ont été identifiés : Renforcer le service de transports collectifs en basse saison Développer une offre de transport public attractive sur l’ensemble de l’île et vers le continent

La navette Ré Activ Bus

Développer la place du vélo dans les centre-bourgs Améliorer les conditions de circulation automobile. Le programme d’action établi dans le cadre du Plan Global de Déplacement sera mis en œuvre dans le courant de l’année 2012. Parallèlement au PGD, la Communauté de Communes expérimente depuis quelques années des modes de déplacements alternatifs à la voiture individuelle. Des navettes électriques sont ainsi mises en place en saison estivale pour transporter gratuitement les passagers des villages jusqu’aux plages. La navette Ré Activ Bus a été créée en 2009 pour permettre aux salariés de l’Ile de Ré habitant sur le continent de bénéficier d’un système de navettes leur évitant le passage du pont avec leur véhicule personnel. Enfin, un site de covoiturage et des zones dédiées à ce dispositif ont été aménagés.

Ecotaxe et environnement Conformément aux dispositions de l’article L.173-3 du Code de la Voirie Routière, l’Ecotaxe est un droit départemental de passage dû par les usagers de véhicules terrestres à moteur qui empruntent le pont reliant l’Ile de Ré au continent. Jusqu’au 31 décembre 2011, les recettes du péage étaient affectées au remboursement de l’emprunt dédié à la construction du pont, aujourd’hui arrivé à son terme. Depuis le 1er janvier 2012,

le produit de l’Ecotaxe est destiné au financement exclusif de mesures de protection et de gestion des espaces naturels rétais. Une convention pluripartite définit un mode répartition des recettes de l’Ecotaxe entre le Conseil Général de la CharenteMaritime (45 %), la Communauté de Communes de l’Ile de Ré (55 %) et chacune des dix communes de l’île (base fixe de 50 000 e à laquelle s’ajoute un complément proportionnel à la superficie d’espaces naturels acquis par le Conseil Général et le Conservatoire du Littoral). Le produit de l’Ecotaxe permettra de financer différentes actions engagées dans le domaine de l’environnement : La gestion environnementale des marais (Contrat d’Entretien et de Restauration des Zones Humides), La gestion environnementale des friches (Contrat d’Entretien et de Restauration des Zones Boisées), La surveillance et la protection des espaces naturels via le recrutement d’écogardes, Les études scientifiques liées à l’environnement (inventaire faunistique et floristique), L’observatoire de la biodiversité, Les études et expérimentations liées aux transports.

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6.2 Les grandes étapes du SCoT Après trois années de travail, le projet de SCoT a été arrêté par les élus communautaires le 15 décembre 2011. Transmis aux services de l’Etat et soumis à enquête publique, il devrait être approuvé en 2012 et entrer en vigueur en 2013. Les étapes de l’élaboration du SCoT de l’Ile de Ré

Un diagnostic complet L’élaboration du SCoT, grâce aux nombreuses études qu’elle a nécessitées, a permis d’établir un diagnostic complet du territoire. Outre les documents obligatoires (rapport de présentation, PADD et DOO), la Communauté de Communes a fait réaliser des études et documents de planification complémentaires permettant d’étudier l’ensemble des domaines d’intervention concernés par le SCoT : Le diagnostic (juin 2010), L’état initial de l’environnement (juin 2010), L’étude sur le résiduel constructible (novembre 2010), Le diagnostic de l’agriculture rétaise (novembre 2009), L’analyse de la fréquentation et des pratiques sur l’Ile de Ré (septembre 2010),

Le schéma de développement touristique (décembre 2011) Le plan global de déplacement (février 2012) L’étude complémentaire sur l’ostréiculture rétaise (novembre 2011) Le document d’aménagement commercial (mars 2012 pour la partie commune aux trois EPCI) L’étude environnementale liée au projet de golf (septembre 2012) Ces données récentes et actualisées ont largement bénéficié à l’élaboration du dossier de candidature au label Pays d’art et d’histoire.


ZOOM SUR...

Le Document d’Aménagement Commercial Issu du SCoT de l’Ile de Ré, le Document d’Aménagement Commercial permet d’aborder les questions liées à l’aménagement commercial sur l’Ile de Ré tout en gardant à l’esprit l’importance de concilier vie permanente, développement de l’activité économique et préservation de l’environnement (règle du 80/20). Afin de répondre à ces priorités, la Communauté de Communes, en partenariat avec la Communauté d’Agglomération de La Rochelle et le Pays d’Aunis, a choisi un bureau d’études spécialisé en urbanisme commercial afin de réaliser ce document. Deux phases d’études seront réalisées : Phase 1 : Etat des lieux et prospectives à l’échelle des 4 territoires Elaboration du diagnostic ; Prospectives ; Propositions de préconisations stratégiques de développement commercial Phase 2 : Mission d’assistance à l’élaboration des DAC propres à chaque territoire Le calendrier du DAC : Mi-avril 2012 : finalisation du diagnostic Fin-avril 2012 : prospective Mi-juillet 2012 : stratégie Fin-octobre 2012 : validation des DAC

Lionel Quillet, Président de la Communauté de Communes, lors d’une réunion publique sur le SCoT, 11 octobre 2011

6. Créer l’ile de demain : le SCOT de l’Ile de Ré

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6.3 SCOT et Pays d’art et d’histoire : des démarches parallèles et complémentaires La candidature au label Pays d’art et d’histoire fait partie des démarches complémentaires conduites par la Communauté de Communes parallèlement à l’élaboration du SCoT. Les deux démarches ont été menées en cohérence et des liens ont été tissés entre les deux dossiers à chaque fois que cela s’avérait possible et utile. C’est ainsi que le label Pays d’art et d’histoire a pu être intégré au SCoT en trouvant sa place au sein du PADD. Il figure dans la partie 2 de ce document intitulée : "Conforter la vie à l’année", et correspond à l’objectif stratégique "Une offre touristique et culturelle qui doit aussi être bénéfique à la vie à l’année". Le label s’inscrit donc dans le SCoT comme un levier supplémentaire pour favoriser le développement de la vie permanente sur l’Ile de Ré. Des projets structurants tels que le Centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine et la mise en place de classes patrimoine et environnement dans le cadre du label, ont également été inscrits dans ce PADD.

Le pont de l’Ile de Ré

La Communauté de Communes, dans le cadre de sa candidature au label Pays d’art et d’histoire, a souhaité participer au Mois de l’architecture en Poitou-Charentes9 en 2012. En accord avec la volonté d’inscrire les démarches en cours dans la complémentarité, l’établissement public a décidé de proposer au public rétais une exposition croisant les projets de SCoT. Conçue comme un véritable outil pédagogique, elle a permis de présenter au public les principales orientations des deux démarches et de montrer les liens qui les unissent autour du thème suivant : "Connaître le passé pour mieux planifier l’avenir". A travers cette opération, la Communauté de Communes a également souhaité inaugurer le rôle fondamental du futur Pays d’art et d’histoire pour la sensibilisation des publics aux questions d’urbanisme et de cadre de vie.

9 Le Mois de l’architecture est une manifestation organisée par la Direction régionale des affaires culturelles de Poitou-Charentes en partenariat avec le réseau des Villes et Pays d’art et d’histoire de la région, les CAUE et la Maison de l’Architecture de Poitou-Charentes.


6. Créer l’ile de demain : le SCOT de l’Ile de Ré

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Estran, Saint-Martin-de-RĂŠ


6. Créer l’ile de demain : le SCOT de l’Ile de Ré

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PAYS D’ART ET D’HISTOIRE

CANDIDATE AU LABEL

ILE DE

Ré Synthèse et enjeux Les différentes démarches de planification engagées par la Communauté de Communes depuis 2009 doteront le territoire d’un véritable cadre d’intervention pour le développement urbain, économique, paysager et patrimonial du territoire pour les années à venir. Elles confirment la volonté des élus de travailler en commun sur des projets globaux et non limités à l’échelle des communes, qui permettent d’assurer la pérennité, la cohérence et l’intégrité du territoire insulaire. Inscrit dans cette tendance, le projet de labellisation Pays d’art et d’histoire ne fait que confirmer la place primordiale et grandissante de l’intercommunalité dans le développement du territoire et la nécessité de penser le territoire à l’échelle globale de l’île. La réflexion sur le label Pays d’art et d’histoire pour l’Ile de Ré a été engagée dès le début de l’année 2009, à la suite de l’inscription des fortifications de Vauban de Saint-Martin-de-Ré sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Suite à l’obtention de cette distinction au rayonnement international, les élus rétais, en accord avec le Conseil de Développement, ont souhaité poursuivre la politique patrimoniale engagée avec l’obtention du label UNESCO, à l’échelle plus globale de l’ensemble de l’île. Le label Pays d’art et d’histoire s’est rapidement présenté comme un outil nécessaire à la mise en œuvre d’une politique globale et commune dans les domaines de la connaissance, de la conservation et de la valorisation des patrimoines, de l’architecture et du cadre de vie insulaires. En toute logique, les élus communautaires ont voté le projet de candidature à l’unanimité en décembre 2009. A compter de cette date, un long travail de concertation, de rencontres et de réflexion a été engagé pour définir une méthodologie adaptée à l’élaboration du dossier de candidature.


6. Créer l’ile de demain : le SCOT de l’Ile de Ré

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Bibliographie OUVRAGES géographie

MUSEE ERNEST COGNACQ, Itinéraire d’une utopie, catalogue d’exposition, Saint-Martin-de-Ré, 2006

BOUCARD Jacques, Les écluses à poisson dans l’Ile de Ré, Rupella, La Rochelle, 1984

PAWLOWSKI Auguste, Géographie historique des côtes charentaises (ainsi que Médoc et Bas-Poitou), Le Croît vif, Saintes, 1998

BARTHON Céline, L’Ile de Ré, Histoire contemporaine, Editions Palantines, 2005

et

BRIGAND Louis, Les îles du Ponant, Histoires et géographie des îles et archipels de la Manche et de l’Atlantique, Editions Palantines, 2002 BRUGIER Camille, Le Phare de Chauveau, Mairie de RivedouxPlage, 2011 CASSAGNE Jean-Marie, SEGUIN Stéphane, Origine des noms de villes et villages de Charente-Maritime, Editions Bordessoules, 1998 CONSEIL D’ARCHITECTURE, D’URBANISME ET D’ARCHITECTURE DE CHARENTE-MARITIME ET COMMUNAUTE DE COMMUNES DE L’ILE DE RE, Guide d’architecture locale, Ile de Ré, 1997 CUDENNEC Guillaume, Les Fortifications de Rivedoux-Plage, Mairie de Rivedoux-Plage, GUILLONEAU Bernard, Les Grandes heures de l’Ile de Ré, Le Croît vif, Saintes, 2011 JULIEN-LABRUYERE François, Dictionnaire bibliographique des Charentais et de ceux qui ont illustré les Charentes, Le Croît vif, Saintes, 2005 KEMMERER Théodore-Eugène, Histoire de l’Ile de Ré, Insula Rhéa, Princi Negue, 2008 LUC Albert-Michel, Gens de Ré au XVIIIe siècle, Marins d’une terre, terriens de la mer, Le Croît vif, Paris, 2008 MINISTERE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION, Ile de Ré, Inventaire Topographique, Imprimerie Nationale, Paris, 1979 MINISTERE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION, Inventaire des bateaux anciens du littoral charentais, 1990 MUSEE ERNEST COGNACQ, Le goût des autres, regard occidental sur les sociétés extra-européennes 1800-1914, catalogue d’exposition, Saint-Martin-de-Ré, 2010 MUSEE ERNEST COGNACQ, Larguez les amarres, Vivre à bord des vaisseaux au XVIIIe siècle, catalogue d’exposition, SaintMartin-de-Ré, 2009 MUSEE ERNEST COGNACQ, Vauban, Ingénieur du Soleil, catalogue d’exposition, La Rochelle, 2007

RENAUD-ROMIEUX Geneviève, RIOU Jean-Yves, ROUSSEL JeanPierre, L’Ile de Ré, Charente Maritime, collection Images du Patrimoine, Editions Connaissance et Promotion du Patrimoine de Poitou-Charentes, 1994 ROQUES Hervé, Dictionnaire de l’Ile de Ré, Editions Sud-Ouest, Bordeaux, 2008 TARDY Pierre, Sel et sauniers d’hier et d’aujourd’hui, Groupement d’études rétaises, Sainte-Marie-de-Ré, 1987

ÉTUDES Communauté de Communes de l’Ile de Ré, Schéma de Développement Touristique, 2011 Communauté de Communes de l’Ile de Ré, L’état initial de l’environnement, 2010 Communauté de Communes de l’Ile de Ré, L’étude sur le résiduel constructible, 2010 Communauté de Communes de l’Ile de Ré, Le diagnostic de l’agriculture rétaise, 2009 Communauté de Communes de l’Ile de Ré, L’analyse de la fréquentation et des pratiques sur l’Ile de Ré, 2010 Communauté de Communes de l’Ile de Ré, Le plan global de déplacement, 2012 Communauté de Communes de l’Ile de complémentaire sur l’ostréiculture rétaise, 2011

Ré,

L’étude

Communauté de Communes de l’Ile de Ré, Le document d’aménagement commercial, 2012 Communauté de Communes de l’Ile de Ré, SCoT de l’Ile de Ré, Rapport de présentation, 2011 Communauté de Communes de l’Ile de Ré, SCoT de l’Ile de Ré, Projet d’aménagement et de développement durables, 2011 Communauté de Communes de l’Ile de Ré, SCoT de l’Ile de Ré, Document d’orientations et d’objectifs, 2011


Le Phare de Ré (1949-2012), hebdomadaire, Saint-Martin-de-Ré Le Bulletin de l’Association des Amis de l’Ile de Ré Communauté de Communes de l’Ile de Ré, Journal d’information, N°1 à 4

PAYS D’ART ET D’HISTOIRE

CANDIDATE AU LABEL

Les Cahiers de la Mémoire, revue d’art et tradition populaire, d’archéologie et d’histoire, n°1 à 76, Groupement d’études rétaises, Sainte-Marie-de-Ré

ILE DE

REVUEs ET PRESSE


Rédaction Dossier réalisé par Marie-Laure Cifuentes, chargée de mission Pays d’art et d’histoire, Communauté de Communes de l’Ile de Ré.

Remerciements Aux élus et techniciens de la Communauté de Communes de l’Ile de Ré, Aux élus et techniciens des dix mairies de l’Ile de Ré, Aux élus de la Commission Patrimoine, Au Conseil de Développement, A la Direction régionale des affaires culturelles de PoitouCharentes, Aux nombreux partenaires et associations ayant participé aux Comités de pilotage et aux groupes de travail, Aux responsables des structures patrimoniales de l’Ile de Ré, Aux historiens et scientifiques qui ont suivi et contribué à l’élaboration du dossier, notamment Jacques Boucard, Nicolas Faucherre, Céline Barthon et Guillaume Cudennec, Au Musée Ernest Cognacq et à la ville de Saint-Martin-de-Ré pour sa participation à l’illustration du dossier de candidature, A Vincent Ader, pour sa patience et ses relectures assidues, A tous ceux, Rétais et non-Rétais, qui ont participé à ce projet.

Crédits photographiques Yann Werdefroy, Studio Lézard Graphique, Carine Bancel (photographies de l’Ile de Ré), Musée Ernest Cognacq, commune de Saint-Martin-de-Ré (iconographie ancienne et cartes postales), Communauté de Communes de l’Ile de Ré (photographies des manifestations culturelles), Georges Roy, Epsilon (vues aériennes de Saint-Martin-de-Ré, p.19 et 99).

Conception et mise en page Studio Lézard Graphique, Aytré.

Impression Imprimerie Rochelaise - PEFC/10-31-1240

Document imprimé sur du papier provenant de forêts gérées durablement.



3 rue du Père Ignace - BP 101 17410 Saint-Martin-de-Ré Tél. 05 46 09 00 97 Fax 05 46 09 01 86 accueil@cc-iledere.fr www.cc-iledere.fr


PAYS D’ART ET D’HISTOIRE

ILE DE

CANDIDATE AU LABEL

Le label pays d’art et d’histoire, un projet de territoire



ILE DE

CANDIDATE AU LABEL

PAYS D’ART ET D’HISTOIRE

ÉDITO

Tout projet culturel a besoin de reconnaissance pour avancer. L’inscription des fortifications Vauban de Saint-Martin-de-Ré sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO a ainsi constitué en 2008 un événement fondateur pour l’ensemble du patrimoine rétais, en inaugurant une réflexion globale sur une politique patrimoniale appliquée à l’échelle du territoire insulaire. La candidature de l’Ile de Ré au label Pays d’art et d’histoire est le fruit de cette réflexion. Loin de l’image artificielle et réductrice dans laquelle on a trop souvent enfermé l’île, il convient aujourd’hui de montrer que son dynamisme repose avant tout sur une richesse humaine et culturelle que l’on doit à toutes et tous, habitants permanents et secondaires. L’identité rétaise est une réalité, dont le label Pays d’art et d’histoire favorisera la visibilité, et donc l’appropriation. L’Ile de Ré doit se penser au-delà de la seule période estivale. Territoire avant tout rural, l’île fait également face à des problématiques de logement, de transport, d’emploi qui conditionnent la qualité de la vie au quotidien, priorité aujourd’hui placée au cœur du Schéma de Cohérence Territoriale. Plus qu’une simple distinction, la labellisation possède une vocation primordiale. Celle d’accompagner notre projet de développement pour le territoire rétais en engageant des actions décisives pour la qualité de notre cadre de vie : mettre en place des visites guidées, expositions, publications et cycles de conférences pour sensibiliser les habitants, les scolaires, les visiteurs, sans oublier les publics en situation de handicap ; offrir une programmation culturelle de qualité tout au long de l’année afin de favoriser la vie permanente ; actualiser l’inventaire général du patrimoine culturel pour approfondir la connaissance de nos patrimoines, qui vivent ici, autour de nous. La Communauté de Communes de l’Ile de Ré voit dans le label Pays d’art et d’histoire un véritable levier pour le développement culturel, social et économique de son territoire. Elle mettra ainsi cette conviction et toute son énergie dans la mise en œuvre d’une politique patrimoniale d’excellence, adaptée à tous. Le Président de la Communauté de Communes de l’Ile de Ré Lionel QUILLET



ILE DE

CANDIDATE AU LABEL

PAYS D’ART ET D’HISTOIRE

partie 3 Le label Pays d’art et d’histoire, un projet de territoire

1. La démarche de candidature,

un projet fédérateur

2. Le projet du Pays d’art et d’histoire

de l’Ile de Ré : vers une politique patrimoniale cohérente et concertée

07 25



PAYS D’ART ET D’HISTOIRE

La démarche de candidature, un projet fédérateur

ILE DE

CANDIDATE AU LABEL

1.

1-1. Une démarche concertée 1-2. La sensibilisation des élus et des professionnels 1-3. La sensibilisation des habitants


1.1 Une démarche concertée Le groupe référent

Le Comité de Pilotage

Objectif :

Objectif :

Le groupe référent a assuré le pilotage technique et l’animation de l’ensemble de la démarche, de décembre 2009 (date du lancement officiel de la candidature) à juin 2012 (date du Conseil National des Villes et Pays d’art et d’histoire).

Le Comité de pilotage avait pour mission de valider les grandes étapes de la candidature. En rassemblant les principaux acteurs concernés, intérieurs et extérieurs au territoire, il a permis de définir les grandes orientations de la candidature, la méthodologie de travail et de valider un certain nombre de décisions. L’intégration d’experts du territoire au sein de ce comité a en outre permis de garantir la qualité du propos scientifique du dossier de candidature.

Composition : Elus Lionel QUILLET, Président de la Communauté de Communes, Maire de Loix Patrice RAFFARIN, Premier Vice-Président de la Communauté de Communes, Maire de Rivedoux-Plage Patrice DECHELETTE, Délégué au patrimoine de la Communauté de Communes, Maire de Saint-Martin-de-Ré

Composition : Elus Lionel QUILLET, Président de la Communauté de Communes, Maire de Loix

Techniciens

Patrice RAFFARIN, Premier Vice-Président de la Communauté de Communes, Maire de Rivedoux-Plage

Florence DURAND, Directrice générale des services, Communauté de Communes

Patrice DECHELETTE, Délégué au patrimoine de la Communauté de Communes, Maire de Saint-Martin-de-Ré

Annie LEAUTE, Directrice des affaires sociales et culturelles, Communauté de Communes

Techniciens

Maxence Langlais-Demigne, Médiateur culturel, Communauté de Communes (jusqu’en septembre 2011)

Florence DURAND, Directrice générale des services, Communauté de Communes

Marie-Laure CIFUENTES, Chargée de mission Pays d’art et d’histoire, Communauté de Communes (à partir d’avril 2011)

Annie LEAUTE, Directrice des affaires sociales et culturelles, Communauté de Communes


Marie-Laure CIFUENTES, Chargée de mission Pays d’art et d’histoire, Communauté de Communes (à partir d’avril 2011)

Céline BARTHON, Docteur de l’Université de La Rochelle, Maître de conférences à Angers, spécialiste de l’Ile de Ré

Partenaires institutionnels Anne-Marie BROCHARD, Responsable du service de l’architecture, de la valorisation des patrimoines et des territoires, Direction régionale des affaires culturelles Poitou-Charentes Max BOISROBERT, Chef du Service départemental de l’architecture et du patrimoine, SDAP 17 Fabrice BONNIFAIT, Chef du Service Régional de l’Inventaire, Conseil régional Poitou-Charentes Ameline DRAPEAU, Chargée de mission Patrimoine, Conseil régional Poitou-Charentes Michel GALLICE, Directeur du CAUE 17 Françoise FORGET, Architecte conseil, CAUE 17

Experts du territoire Jacques BOUCARD, Président du Conseil de Développement, Historien Pierre BOT, Président de l’association des Amis de l’Ile de Ré, membre du Conseil de Développement Benoît POITEVIN, Directeur de l’Ecomusée du Marais Salant Pierre LE GALL, Professeur de biologie marine, Association Ré Nature Environnement Nicolas FAUCHERRE, Professeur d’histoire de l’art à l’Université de Nantes, archéologue et historien spécialiste des fortifications

Réunion des groupes de travail

1. La démarche de candidature, un projet fédérateur

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La Commission Patrimoine

Composition :

Objectif :

Elus

Portée par les élus, la candidature de l’Ile de Ré au label Pays d’art et d’histoire a fait l’objet de nombreuses réunions d’information et de validation en présence des élus. La Commission Patrimoine rassemble des représentants de chacune des dix communes de l’île et permet ainsi à chacun de donner son avis sur les orientations proposées et, à terme, d’inscrire la démarche dans une réelle logique intercommunale. Au cours de la démarche de candidature, la Commission Patrimoine s’est réunie sept fois : 27 janvier 2009 : présentation du label 7 juillet 2009 : présentation du résultat des premiers échanges avec la DRAC et l’ANVPAH 20 octobre 2009 : validation du lancement de la démarche Pays d’art et d’histoire, réflexion autour d’une méthodologie de travail, rencontre et échanges avec l’historien Nicolas Faucherre 11 mai 2010 : présentation d’une méthodologie de travail 7 février 2011 : recrutement d’un chargé de mission 28 juin 2011 : présentation de la chargée de mission, présentation et validation du calendrier et du plan détaillé du dossier de candidature 30 janvier 2012 : présentation et validation du projet patrimonial

Patrice DECHELETTE, Maire, Saint-Martin-de-Ré Patrice RAFFARIN, Maire, Rivedoux-Plage Jean-Pierre NEVEUR, Délégué suppléant, Ars-en-Ré Gérard JUIN, Délégué suppléant, Le Bois-Plage-en-Ré Michèle DROUIN, Déléguée suppléante, La Flotte Guy COCHIN, Délégué suppléant, Loix Anne DENIEL, Déléguée communautaire, Les Portes-en-Ré Maurice FRANCOIS, Délégué suppléant, Saint-Clément-des-Baleines Alain CLEMENT, Délégué suppléant, La Couarde-sur-Mer Pascale HERBRETEAU, Déléguée suppléante, Sainte-Marie-de-Ré

Techniciens Florence DURAND, Directrice générale des services, Communauté de Communes Annie LEAUTE, Directrice des affaires sociales et culturelles, Communauté de Communes Marie-Laure CIFUENTES, Chargée de mission Pays d’art et d’histoire, Communauté de Communes (à partir d’avril 2011)


Les groupes de travail Objectif : Dès le début de la démarche, il est apparu nécessaire au groupe référent d’associer l’ensemble des acteurs concernés par les domaines d’intervention du label à la réflexion sur le projet patrimonial. Ecouter les professionnels du patrimoine et du tourisme, les associations, les partenaires institutionnels et les élus du territoire a en effet permis d’identifier les besoins et les attentes de chacun et d’établir un programme d’actions en adéquation avec les problématiques identifiées sur le territoire.

Responsables des structures patrimoniales du territoire Représentants des principales associations patrimoniales et touristiques Techniciens de la Communauté de Communes (patrimoine, culture, tourisme, urbanisme) Experts du territoire (historiens, géographes, scientifiques)

Ces groupes de travail se sont réunis au cours de trois demijournées sur les thématiques suivantes : 14 octobre 2011 : COMMUNICATION et PUBLICATIONS 9 novembre 2011 : RECHERCHE et FORMATION 25 novembre 2011 : VALORISATION et MEDIATION Ils ont permis de déterminer le positionnement du futur Pays d’art et d’histoire dans le tissu culturel et patrimonial rétais, et d’identifier les actions dans ces domaines capables de répondre aux besoins du territoire.

Composition : Elus de la Commission Patrimoine Partenaires institutionnels (Drac, Conseil régional, CAUE 17) Conseil de Développement Réunion des groupes de travail

1. La démarche de candidature, un projet fédérateur

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Le Comité de relecture et de validation

Partenaires institutionnels

Objectif :

Anne-Marie BROCHARD, Responsable du service de l’architecture, de la valorisation des patrimoines et des territoires, Direction régionale des affaires culturelles Poitou-Charentes

Au fur et à mesure de l’avancée de la rédaction du dossier de candidature, les textes ont été adressés à un comité de relecture de manière régulière. Ce travail a permis de garantir la qualité du propos scientifique du dossier et d’effectuer les corrections et modifications nécessaires.

Experts du territoire

Composition : Elus

Nicolas FAUCHERRE, Professeur d’histoire de l’art à l’Université de Nantes, archéologue et historien spécialiste des fortifications

Lionel QUILLET, Président de la Communauté de Communes, Maire de Loix Patrice RAFFARIN, Premier Vice-Président de la Communauté de Communes, Maire de Rivedoux-Plage Patrice DECHELETTE, Délégué au patrimoine de la Communauté de Communes, Maire de Saint-Martin-de-Ré

Techniciens Florence DURAND, Directrice générale des services, Communauté de Communes Annie LEAUTE, Directrice des affaires sociales et culturelles, Communauté de Communes

Jacques BOUCARD, Président du Conseil de Développement, Historien

Céline BARTHON, Docteur de l’Université de La Rochelle, Maître de conférences à Angers, spécialiste de l’Ile de Ré

Associations Pierre BOT, Président de l’association des Amis de l’Ile de Ré, membre du Conseil de Développement


Le réseau régional et national Tout au long de la démarche de candidature, l’expérience du réseau régional des Villes et Pays d’art et d’histoire de la région Poitou-Charentes a très largement bénéficié à la Communauté de Communes de l’Ile de Ré pour l’élaboration de son dossier. Les échanges réguliers avec les dix territoires labellisés et les deux autres territoires candidats ont permis d’alimenter la réflexion du groupe référent de l’Ile de Ré sur sa méthodologie de travail, le contenu et les orientations de son projet patrimonial, ainsi que l’élaboration de son CIAP. Les rencontres régionales régulièrement organisées par la Drac Poitou-Charentes ont été l’occasion de nombreux échanges d’expériences avec les animateurs de l’architecture et du patrimoine qui animent et constituent un réseau particulièrement dynamique. Une journée de rencontres organisée le 1er juillet 2011 au sein du Pays d’art et d’histoire du Montmorillonnais, rassemblant élus et animateurs, a en outre permis aux techniciens et élus de l’Ile de Ré de présenter leur candidature à l’ensemble du réseau régional et de rencontrer leurs homologues picto-charentais. Adhérent de l’Association Nationale des Villes et Pays d’Art et d’Histoire et des Villes à Secteurs Sauvegardés, le territoire insulaire a également pu profiter des journées de rencontre et de formation nationales organisées par cette dernière. Ces nombreux liens ont permis aux acteurs du territoire rétais de prendre conscience qu’au-delà de son intérêt pour le développement local, le label Pays d’art et d’histoire permet d’inscrire l’île dans un réseau régional et national de territoires d’excellence.

Les territoires labellisés en Poitou-Charentes

1. La démarche de candidature, un projet fédérateur

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Dune, Sainte-Marie-de-RĂŠ


1. La démarche de candidature, un projet fédérateur

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1.2 La sensibilisation des élus et des professionnels Rencontres individuelles Le médiateur culturel de l’Ile de Ré, dans un premier temps, puis la chargée de mission Pays d’art et d’histoire ont fourni un important travail d’information à destination des acteurs concernés par le projet de labellisation. Des rencontres individuelles avec les musées et les sites d’interprétation thématiques du territoire, les associations patrimoniales et culturelles, les offices de tourisme et les élus en charge du patrimoine ont ainsi permis de leur présenter le label, ses tenants et ses aboutissants, mais surtout d’écouter leurs besoins et leurs attentes dans le domaine de la gestion et de la valorisation du patrimoine.

Rencontre du 9 novembre 2010 Une journée de travail réunissant élus, partenaires institutionnels, techniciens et professionnels a été organisée le mardi 9 novembre 2010. Les représentants de la Direction régionale des affaires culturelles et de l’Association Nationale des Villes et Pays d’Art et d’Histoire ont présenté le label aux participants. Les objectifs de la candidature ont été largement développés : la protection et la mise en valeur du patrimoine, la fédération des acteurs du territoire autour d’un projet patrimonial commun, la réappropriation et la reconquête d’une identité territoriale à travers son patrimoine. Une réunion technique a ensuite rassemblé les représentants des services de l’Etat (Direction régionale des affaires culturelles, Service départemental de l’architecture et du patrimoine), les techniciens de la Communauté de Communes,

les responsables des pôles patrimoniaux et les représentants du Conseil de Développement autour d’un échange sur la méthodologie à mettre en œuvre pour constituer le dossier de candidature nécessaire à l’obtention du label. Les discussions se sont poursuivies autour des éléments constitutifs du patrimoine rétais (patrimoine architectural et bâti, patrimoine naturel et paysager, patrimoine vernaculaire). Cette journée de rencontre, qui a réuni plus de soixante participants, a marqué le lancement concret de la démarche de candidature sur l’Ile de Ré.

Rencontre au sein du Pays d’art et d’histoire de l’Angoumois Le mercredi 28 septembre 2011 a été marqué par un nouveau temps fort dans la démarche de candidature de l’Ile de Ré au label Pays d’art et d’histoire. Une délégation d’une quinzaine de participants (composée d’élus, de professionnels du patrimoine et de représentants d’associations), a été accueillie en Pays d’art et d’histoire de l’Angoumois par l’animatrice de l’architecture et du patrimoine et l’élu référent en charge du label. Labellisé depuis plus de vingt ans, le Pays d’art et d’histoire de l’Angoumois constituait l’un des exemples de réussite les plus probants pour convaincre élus et professionnels rétais. Cette journée leur a permis d’observer les actions concrètes mises en place dans le cadre du label et les effets positifs de cet outil pour le développement économique et culturel d’un territoire.

Les élus et professionnels rétais lors de la rencontre organisée à Angoulême, septembre 2011


1. La démarche de candidature, un projet fédérateur

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1.3 La sensibilisation des habitants La brochure d’information Afin d’informer la population de sa démarche et de permettre aux habitants de s’approprier le label, la Communauté de Communes de l’Ile de Ré a décidé de réaliser une brochure d’information principalement destinée à la population locale. Imprimé à 30 000 exemplaires, ce document a été distribué dans les 18 000 boîtes aux lettres de l’île. Les brochures restantes ont été diffusées auprès des communes, des structures culturelles et patrimoniales, des offices de tourisme, des bibliothèques et des différents partenaires du projet. Lancé à l’occasion des Journées européennes du patrimoine 2011, cet outil de sensibilisation a largement été apprécié du public et a fait l’objet de nombreux retours positifs.

Les bornes d’information Parallèlement à l’édition de la brochure, la Communauté de Communes s’est engagée dans la réalisation d’une douzaine de totems destinés à présenter et mettre en valeur le document édité. Ces bornes d’informations ont été disposées à la Communauté de Communes et dans chacune des dix communes de l’île, à l’accueil de la mairie, à la bibliothèque ou à l’office de tourisme, de manière à garantir à l’ensemble de la population insulaire un point d’information sur la démarche de candidature au label Pays d’art et d’histoire.

La brochure d’information

Les bornes, comme la brochure, ont été réalisées grâce au travail d’un photographe local, Yann Werdrefroy. Le reportage photographique commandé par la Communauté de Communes a également permis d’illustrer le dossier de candidature.

Les bornes d’information


La presse Tout au long de la démarche, des contacts réguliers avec la presse ont permis d’informer régulièrement la population de l’avancée de la démarche de candidature. Le Phare de Ré, journal hebdomadaire local, Ré à la Hune, mensuel gratuit, et la radio locale Soleil de Ré, se sont faits l’écho de la démarche à travers des interviews, des reportages et des espaces publicitaires réguliers.

Le dossier de candidature Les élus communautaires ont souhaité faire du dossier de candidature au label Pays d’art et d’histoire un véritable outil de présentation et de valorisation du territoire. C’est pourquoi un travail important de recherche et de synthèse a été mis en œuvre pour proposer au lecteur un ouvrage complet sur l’histoire et l’évolution de l’Ile de Ré à travers les siècles, jusqu’aux projets d’avenir que représentent le SCoT et le futur Pays d’art et d’histoire. La réalisation d’un reportage photographique par Yann Werdefroy et le recours au Studio Lézard Graphique pour la conception et la mise en page du dossier ont permis de réaliser ce coffret de trois ouvrages qui, imprimé à 1000 exemplaires, sera offert aux élus et aux partenaires du projet.

1. La démarche de candidature, un projet fédérateur

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Clocher d’Ars-en-Ré

1. La démarche de candidature, un projet fédérateur

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Les grandes étapes de la candidature

8 200 Inscription des fortifications Vauban de Saint-Martin-de-Ré sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO

9 200 Engagement d’une réflexion sur le label Pays d’art et d’histoire, premières rencontres avec la DRAC et l’ANVPAH

. DÉC 9 200 Lancement officiel de la candidature par les élus communautaires (vote à l’unanimité)

. ov n 9 0 201 Journée de rencontre avec les élus et les partenaires

Avril 1 201 Recrutement d’une chargée de mission : début de la rédaction du dossier de candidature

.

Juil 1 1 201 er

Rencontre régionale des VPAH en Pays Montmorillonnais : présentation de la candidature de l’Ile de Ré devant les territoires labellisés et candidats

.

Juil 12 1 201 Comité de pilotage : validation du plan détaillé du dossier de candidature


1 18 17- . 201 Sept Lancement de la brochure et des bornes d’information : "l’Ile de Ré, candidate au label Pays d’art et d’histoire"

.

Sept 28 1 201

Journée de rencontre en Pays de l’Angoumois : présentation d’un territoire labellisé devant les élus et professionnels de l’Ile de Ré

v.

o .-N Oct 1 201

Réunions des groupes de travail pour l’élaboration du projet patrimonial du territoire

110 2 . 12 Déc v. 20 jan Réunions des groupes de travail sur le projet de CIAP

14 12 et 13 s 20 mar Présentation du territoire et du dossier de candidature aux services du ministère de la Culture et de la Communication

n

jui 21 2 201

Présentation de la candidature devant le Conseil National des VPAH

1. La démarche de candidature, un projet fédérateur

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PAYS D’ART ET D’HISTOIRE

ILE DE

CANDIDATE AU LABEL

2.

Le projet du Pays d’art et d’histoire de l’Ile de Ré : vers une politique patrimoniale cohérente et concertée

2-1. Le plan d’actions 2-2. Le Centre d’Interprétation de l’Architecture et du Patrimoine 2-3. Label Pays d’art et d’histoire : statut, organisation et positionnement


2.1 Le plan d’actions Axe n° 1 - Poursuivre les actions de recherche et approfondir la connaissance des patrimoines Action 1 - Engager une mise à jour de l’inventaire général du patrimoine culturel Action 2 - Restituer les données d’inventaire auprès du public et des professionnels Action 3 - Constituer et mettre en ligne une bibliographie complète sur la documentation disponible sur les patrimoines rétais Action 4 - Engager une politique d’étude permanente du territoire en lien avec des écoles et des universités Axe n° 2 - Mettre en œuvre une politique de communication permettant d’identifier et faire connaître le label Pays d’art et d’histoire Action 5 - Développer la visibilité et la lisibilité du Pays d’art et d’histoire sur Internet Action 6 - Mettre en place une politique de publications de qualité Action 7 - Elaborer le projet scientifique et culturel du Centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine Axe n° 3 - Sensibiliser les publics au patrimoine, à l’architecture, à l’environnement et au cadre de vie Action 8 - Mettre en œuvre un programme de sensibilisation des habitants Action 9 - Informer et former les professionnels Action 10 - Initier le jeune public Action 11 - Sensibiliser les publics aux projets d’urbanisme développés sur le territoire

Axe n° 4 - Développer des outils de valorisation et de médiation Action 12 - Mettre en place une signalétique patrimoniale commune à l’échelle du territoire Action 13 - Créer des outils de médiation adaptés à tous les publics Axe n° 5 - Participer au développement de la vie culturelle du territoire tout au long de l’année Action 14 - Participer aux grandes manifestations nationales sur l’architecture, le patrimoine et l’environnement Action 15 - Favoriser le dialogue entre patrimoines et spectacle vivant Axe n° 6 - Développer la mise en réseau des acteurs et les partenariats dans le cadre d’un projet fédérateur Action 16 - Favoriser le rayonnement du label UNESCO et développer des partenariats à l’international Action 17 - Inscrire le Pays d’art et d’histoire de l’Ile de Ré dans les réseaux professionnels régionaux et nationaux Action 18 - Renforcer et coordonner le réseau patrimonial local


Axe n°1

Poursuivre les actions de recherche et approfondir la connaissance des patrimoines

Action 1 - Engager une mise à jour de l’inventaire général du patrimoine culturel

Action 2 - Restituer les données d’inventaire auprès du public et des professionnels

Partenariat : Service Régional de l’Inventaire, Conseil Régional Poitou-Charentes

La restitution des données récoltées auprès du public sera une priorité. Les nouvelles données constitueront une base de travail essentielle pour l’animateur de l’architecture et du patrimoine. La connaissance exhaustive et pointue des patrimoines de son territoire constituera le fondement d’une véritable politique de transmission et de valorisation. L’animateur de l’architecture et du patrimoine, comme le chercheur en charge de l’enquête, auront pour mission d’organiser régulièrement des restitutions publiques tout au long de la durée de l’enquête : expositions, conférences, publications…

L’Ile de Ré a bénéficié d’une enquête sur l’ensemble de son territoire dans les années 1970, menée par les services de l’Inventaire du ministère de la Culture et de la Communication. 3 200 dossiers ont alors été constitués ainsi qu’un fonds photographique extrêmement riche et complet. L’enquête a également donné lieu à la publication de l’ouvrage de référence "Inventaire Topographique de l’Ile de Ré". Une première mise à jour partielle a permis l’édition d’un ouvrage dans la collection "Images du Patrimoine" en 1994. En 2004, les missions d’inventaire ont été transférées aux Conseils Régionaux et leurs Services Régionaux de l’Inventaire. L’ensemble des 3 200 dossiers concernant l’Ile de Ré ont depuis été numérisés et sont aujourd’hui disponibles en ligne sur le site du Service Régional de l’Inventaire.

Par ailleurs, la réalisation de l’enquête pourra accompagner une mission de géo-localisation des données. Celles-ci seront intégrées au Système d’Information Géographique (SIG) de la Communauté de Communes et constitueront une source d’information précieuse, notamment pour l’élaboration des PLU et des AVAP de chacune des communes du territoire.

L’engagement de l’Ile de Ré dans la démarche Pays d’art et d’histoire constitue aujourd’hui l’occasion de lancer une nouvelle enquête qui permettra de mettre à jour des données qui ont plus de quarante ans et de faire un état des lieux de l’état de conservation des éléments inventoriés à l’époque. Par ailleurs, la notion de patrimoine a beaucoup évolué lors des dernières décennies : intégration d’édifices des XIXe et XXe siècles, apparition de la notion de patrimoine scientifique, technique et industriel, du concept de patrimoine immatériel, etc. Il apparaît donc utile de compléter l’inventaire existant avec des éléments non-étudiés lors de la première enquête. Les élus de l’Ile de Ré se sont engagés à effectuer une demande auprès du Conseil Régional pour la mise en œuvre d’une convention entre la Communauté de Communes (Service Architecture et Patrimoine) et le Service Régional de l’Inventaire, pour la mise à jour de l’inventaire général du patrimoine culturel de l’Ile de Ré (mission de 3 ans).

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Poursuivre les actions de recherche et approfondir la connaissance des patrimoines

Action 3 - Constituer et mettre en ligne une bibliographie complète sur la documentation disponible sur les patrimoines rétais

Action 4 - Engager une politique d’étude permanente du territoire en lien avec des écoles et des universités

Partenariats : Archives départementales (La Rochelle), Service historique de la Défense (Rochefort), Médiathèque de la Rochelle, Médiathèque de Sainte-Marie-de-Ré, bibliothèques de l’Ile de Ré, Musée Ernest Cognacq

Partenariats : Universités de La Rochelle et Poitiers, Ecole Polytech’Tours, Ecoles nationales supérieures de l’architecture et du paysage

De nombreux ouvrages, documents d’archives, documents iconographiques, revues et autres articles relatifs au patrimoine de l’Ile de Ré sont conservés sur le territoire mais dispersés au sein de structures différentes. Préalablement à la mise en œuvre d’un centre de documentation au sein du futur Centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine de l’Ile de Ré, le Service de l’Architecture et du Patrimoine réalisera un recensement des documents disponibles. Une base de données accessible en ligne sur le site Internet du Pays d’art et d’histoire permettra ainsi aux chercheurs d’identifier les ouvrages et documents disponibles et de connaître les lieux de consultation possibles.

Au-delà de la mise à jour de l’inventaire, des études complémentaires portant sur certaines thématiques ou édifices seront menées avec des étudiants stagiaires issus de formations spécialisées. Ce travail permettra d’approfondir la connaissance sur le territoire et pourra alimenter des outils et actions de médiation : publications, expositions, conférences. Exemples de travaux de recherche envisagés : Etude de la batterie de Sablanceaux (écoles d’ingénieurs ou écoles d’architecture) Etude de la redoute de Sablanceaux (écoles d’ingénieurs ou écoles d’architecture) Identification et étude des blockhaus allemands de la Seconde Guerre mondiale (étudiants en histoire) Etude de la Tour de Karola (écoles d’ingénieurs ou écoles d’architecture) Etude de la structure paysagère de l’île (écoles de paysagistes) Etude des populations, des mœurs, de la vie insulaire (étudiants en ethnologie, ethnographie, sociologie)


Site du Phare des Baleines

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Axe n°2

Mettre en œuvre une politique de communication permettant d’identifier et faire connaitre le label Pays d’art et d’histoire

Action 5 - Développer la visibilité et la lisibilité des patrimoines rétais sur Internet Créer un site Internet Pays d’art et d’histoire, véritable portail de référence sur les patrimoines de l’Ile de Ré et vitrine du label. Participer à l’alimentation et à l’actualisation du site Internet régional des Villes et Pays d’art et d’histoire en Poitou-Charentes et du site Internet national développé par le ministère de la Culture et de la Communication. Développer des liens vers les sites partenaires du Pays d’art et d’histoire (musées et sites d’interprétations du territoire, DRAC, Service Régional de l’Inventaire, CAUE 17, ANVPAH, etc.).

Action 6 - Mettre en place une politique de publications de qualité Le service du patrimoine s’engagera dans le développement de publications de qualité (plaquettes et ouvrages) dans le respect de la charte graphique définie par le ministère de la Culture et de la Communication dans le cahier des charges des territoires labellisés. En outre, dans le cadre du partenariat établi avec le Service Régional de l’Inventaire, une réédition de l’ouvrage de la collection "Images du Patrimoine" publié en 1994 sera envisagée. Cet ouvrage illustré propose une introduction historique et une présentation thématique des patrimoines rétais.

Action 7 - Elaborer le projet scientifique et culturel du Centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine Le Centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine, lieu physique du Pays d’art et d’histoire, sera la vitrine du label pour l’ensemble du territoire. L’animateur de l’architecture et du patrimoine aura pour mission de définir un projet scientifique et culturel pour le CIAP. Celui-ci présentera le lieu d’accueil du nouvel équipement culturel, les thématiques qui y seront abordées, les outils de médiation qui seront mis en place et le fonctionnement de la structure (voir p. 47). Ce travail essentiel sera placé au cœur des priorités de l’animateur de l’architecture et du patrimoine.


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Porte des Campani, Saint-Martin-de-RĂŠ


Axe n°3

Sensibiliser les publics au patrimoine, à l’architecture, à l’environnement et au cadre de vie

Action 8 - Mettre en œuvre un programme de sensibilisation des habitants Dès le début de la démarche de candidature au label et tout au long du processus d’élaboration du projet patrimonial, les élus locaux ont souhaité mettre la population locale au cœur des préoccupations du Pays d’art et d’histoire. La connaissance du patrimoine par les habitants du territoire a été identifiée comme primordiale afin de favoriser l’appropriation du lieu et du cadre de vie. Afin de sensibiliser les habitants et les convaincre de l’intérêt et de la diversité de leur patrimoine local, un certain nombre d’actions seront mises en œuvre : Des cycles annuels de conférences en lien avec des universitaires et des spécialistes du territoire

La vigne et le vin sur l’Ile de Ré La récolte du varech Phares et gardiens Costumes, traditions, patois rétais... Des expositions temporaires et itinérantes abordant des thématiques d’intérêt local : savoir-faire, traditions, projets d’urbanisme et d’architecture Exemples de thématiques : Les liens entre l’Ile de Ré, La Rochelle et la Grande-Bretagne Rétais exilés (liens avec l’Europe du Nord et les Amériques)

Exemples de thématiques : L’évolution de l’architecture militaire sur l’Ile de Ré

Les personnages historiques rétais

Le personnage de Vauban

Les sociétés savantes de l’Ile de Ré

Le protestantisme sur l’Ile de Ré du XVIe siècle à aujourd’hui

La franc-maçonnerie sur l’Ile de Ré

La franc-maçonnerie sur l’Ile de Ré du XVIIIe siècle à aujourd’hui Une île ouverte sur le monde : les échanges culturels internationaux du Moyen-Age à aujourd’hui La position stratégique de l’Ile de Ré dans les conflits internationaux La vie insulaire : traditions et identité

L’architecture contemporaine sur l’Ile de Ré… Des visites inédites présentant le territoire de manière insolite : visites thématiques, visites de chantiers, visites théâtralisées. Exemples de thématiques :

Les projets d’urbanisme et d’architecture... Des "causeries" : les habitants seront invités à échanger autour d’une thématique ou d’une personnalité locale Exemples de thématiques :

Les projets d’urbanisme : SCoT, PLU, logements sociaux, équipements socio-culturels

Les fortifications de l’Ile de Ré du XVIIe au XXe siècle Patrimoine caché, patrimoine révélé (monuments méconnus, fermés au public) Les moulins de l’Ile de Ré

Sel et sauniers

Les puits de l’Ile de Ré

L’ostréiculture sur l’Ile de Ré

Amers, phares et balises de l’Ile de Ré

Les écluses à poissons, expression d’un mode de vie insulaire

Architecture traditionnelle/architectures contemporaines…

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Action 9 - Informer et former les professionnels

Action 10 - Initier le jeune public

Si l’Ile de Ré obtient le label Pays d’art et d’histoire, elle s’inscrira dans un réseau national de territoires d’excellence et devra désormais répondre aux exigences du label. Améliorer la qualité de l’accueil, de l’information et des prestations offertes sur le territoire sera ainsi l’un des objectifs à atteindre. Pour cela, le Pays d’art et d’histoire veillera à la mise en œuvre d’une offre de formation à l’intention des professionnels en contact avec le public.

Sensibiliser les enfants dès le plus jeune âge à leur patrimoine fait partie des priorités instaurées par le label sur l’ensemble des territoires labellisés. Sur l’Ile de Ré, le public scolaire sera considéré comme prioritaire pour la mise en œuvre d’une politique d’éducation artistique autour du patrimoine.

Informer les professionnels en lien avec le public : élus, personnels municipaux et intercommunaux, enseignants, commerçants, hôpitaux, maisons de retraites, hébergeurs, restaurateurs, chauffeurs de bus et de taxis… par le biais de publications et d’interventions.

Des visites sur le terrain et des ateliers en classe réalisés grâce à des mallettes pédagogiques (voir action 13) seront organisés pour les écoles primaires, les grandes sections de maternelles et les classes de collège. Des ateliers d’éveil autour du patrimoine seront organisés avec les centres multi-accueil et le RAM (Relais Assistante Maternelle).

Informer les professionnels concernés par le patrimoine : artisans d’art, entreprises du bâtiment, commerces de matériaux de construction par le biais de publications et d’interventions. Former les personnels d’accueil et les guides du territoire : offices de tourisme et structures patrimoniales par le biais de cycles de formation organisés localement par le service du Pays d’art et d’histoire, et via les sessions de formation continue organisées par la Drac Poitou-Charentes.

Développer des ateliers pour les scolaires rétais de la maternelle au collège

Développer l’accueil de classes patrimoine et environnement pour les scolaires extérieurs, de la maternelle à l’université La Communauté de Communes souhaite engager une réflexion sur la création d’un lieu d’hébergement dédié à l’accueil de groupes dans le cadre de classes patrimoine et environnement. Développer des activités de découverte du patrimoine pour les jeunes hors-temps scolaire Des visites et ateliers seront organisés pendant les vacances scolaires et les mercredis, en lien avec les centres de loisirs du territoire.

Sensibiliser les publics au patrimoine, à l’architecture, à l’environnement et au cadre de vie

Dans le cadre de l’enseignement de l’histoire des arts, un travail important sera mené avec les enseignants de l’Ile de Ré autour de l’architecture, du patrimoine et du paysage. Dans un premier temps, les élèves pourront travailler sur le patrimoine militaire autour du personnage incontournable de Vauban. Par ailleurs, dans le cadre de la mise à jour de l’inventaire, un travail de comparaison entre les données des années 1970 et les données actuelles permettra aux élèves d’étudier l’évolution de l’architecture de leur île au cours des quarante dernières années. Enfin, un travail sur la géographie et les activités économiques de l’île sera l’occasion d’étudier les typologies de paysages présentes sur le territoire et de sensibiliser les enfants à sa fragilité environnementale.


Action 11 - Sensibiliser les publics aux projets d’urbanisme développés sur le territoire Le Pays d’art et d’histoire aura pour mission d’informer les habitants sur les différents projets d’urbanisme développés sur le territoire. Il constituera un interlocuteur privilégié des services d’urbanisme de la Communauté de Communes et des dix communes de l’île. Les années à venir vont voir la mise en place de nouveaux PLU sur chacune des communes. Les trois ZPPAUP existantes seront prochainement transformées en AVAP et le SCoT préconise l’élaboration d’AVAP à l’ensemble des communes de l’île : autant de sujets qui feront l’objet d’animations organisées par le futur Pays d’art et d’histoire. Le futur Service Architecture et Patrimoine de la Communauté de Communes développera des actions autour de la mise en œuvre du SCoT et de son suivi pendant les dix années de son application. Une première action sera organisée en 2012 (mai et juin) dans le cadre du Mois de l’architecture en Poitou-Charentes. De manière concomitante au lancement de l’enquête publique sur le SCoT, une exposition intitulée "Connaître le passé pour mieux planifier l’avenir" présentera au public les liens entre la démarche de candidature au label Pays d’art et d’histoire et le projet de SCoT. Pour accompagner et animer cette exposition, un travail sera mené avec l’ANPU (Agence Nationale de Psychanalyse Urbaine) à travers une "opération divan" : les artistes interrogeront les habitants sur leur vision du territoire, analyseront les réponses et fourniront leurs résultats lors d’une conférence. Il s’agira là d’une première opération mêlant urbanisme et patrimoine, qui inaugurera le rôle fondamental que tiendra le futur Pays d’art et d’histoire pour la connaissance et la diffusion des projets d’urbanisme auprès de la population rétaise.

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Dune, Sainte-Marie-de-RĂŠ


Axe n°4

Développer des outils de valorisation et de médiation

Action 12 - Mettre en place une signalétique patrimoniale commune à l’échelle du territoire Dès les premiers travaux de concertation menés dans le cadre de la candidature, la signalétique a été identifiée comme un manque réel sur le territoire rétais et une priorité à développer dans le cadre du projet patrimonial. La mise en place d’une signalétique commune à l’ensemble de l’île permettra de mettre en avant les éléments patrimoniaux remarquables, d’orienter et de fournir des informations en plusieurs langues aux usagers. En outre, la charte graphique commune déclinée sur tout le territoire constituera un moyen d’identifier le Pays d’art et d’histoire et d’inscrire le label dans l’esprit des visiteurs. Le territoire sera progressivement équipé grâce à une programmation mise en place sur plusieurs années. Un comité scientifique piloté par l’animateur de l’architecture et du patrimoine aura pour mission de déterminer le contenu des panneaux signalétiques et de réfléchir aux aspects techniques du projet. Enfin, le respect des mesures de protection environnementales sera au cœur des préoccupations de ce projet, qui sera réalisé suivant les préconisations de l’Architecte des Bâtiments de France.

Action 13 - Créer des outils de médiation adaptés à tous les publics L’accès au patrimoine pour le plus grand nombre constitue un enjeu fondamental au sein de la politique patrimoniale développée par la Communauté de Communes dans le cadre du label. La prise en compte des publics spécifiques sera donc une priorité, notamment pour le développement d’outils de médiation adaptés aux personnes souffrant d’un handicap. Des mallettes pédagogiques adaptées aux publics scolaires seront à la disposition des guides-conférenciers ainsi que des structures patrimoniales du territoire pour animer des ateliers dans les écoles du territoire.

Des maquettes thématiques présentant le territoire seront réalisées. Disposées au sein du CIAP et/ou au sein des lieux de médiation existants, elles offriront aux médiateurs un outil pertinent pour la présentation et la compréhension du territoire par les différents publics. Des maquettes tactiles seront privilégiées afin de répondre aux exigences imposées par l’accueil des publics atteints d’un handicap visuel dans les meilleures conditions. L’accent sera mis sur les outils numériques et multimédia afin d’inscrire le territoire dans la modernité. La signalétique précédemment citée pourra intégrer des dispositifs de géolocalisation et d’applications smartphone renvoyant vers des contenus divers (textes, images, vidéos). Enfin, le CIAP étudiera les dispositifs existants en terme de réalité augmentée et de visites virtuelles, notamment afin de répondre à la problématique liée à l’accès des personnes à mobilité réduite à certains édifices (fortifications Vauban), à certaines parties de monuments (parties hautes des églises) ou aux espaces naturels (marais salants). Ces outils pourront également être mis à profit à l’occasion d’interventions de guides-conférenciers au sein de la Maison Centrale de Saint-Martin-de-Ré. Ces actions prolongeront la dynamique initiée depuis de nombreuses années sur l’Ile de Ré dans le domaine de l’accessibilité des patrimoines aux publics spécifiques. Les actions menées par le Musée Ernest Cognacq et les sites d’interprétation thématiques, comme le travail de différents acteurs (mairie de Saint-Martin-de-Ré, La Maline, le Festival International du film de La Rochelle…) aux côtés des détenus de la Maison Centrale sont à ce titre remarquables (voir partie 2, page 18). Une attention particulière sera accordée aux publics en situation de handicap, notamment en lien avec l’association la Vague Bleue, qui travaille avec des publics en situation de handicap mental sur la commune de Saint-Martin-de-Ré.

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Axe n°5

Participer au développement de la vie culturelle du territoire tout au long de l’année

Action 14 - Participer aux grandes manifestations nationales sur l’architecture, le patrimoine et l’environnement Cette action permettra au territoire de s’inscrire dans les temps forts annuels consacrés à la valorisation du patrimoine et de l’architecture. Pour certaines de ces opérations, le Pays d’art et d’histoire aura vocation à organiser des animations particulières (Journées européennes du patrimoine, Mois de l’Architecture). Il aura aussi pour mission d’informer les acteurs professionnels et associatifs ainsi que les propriétaires concernés par chaque opération, et de les inciter à participer à ces manifestations grand public d’ampleur nationale. Il pourra également coordonner la communication autour de ces événements. Les Journées européennes du patrimoine (septembre) Les Rendez-vous aux jardins (fin mai/début juin) Les Journées du patrimoine de pays (mi-juin) Les Journées des métiers d’art (fin mars-début avril) Le Mois de l’architecture en Poitou-Charentes (mai) La Nuit des musées (mai) Les Portes du temps (juillet-août) La Fête de la Nature (mai) La Journée internationale des zones humides (février)

Action 15 - Favoriser le dialogue entre patrimoines et spectacle vivant Partenariats : Centre National des Arts de la Rue de Niort, compagnies locales Le Pays d’art et d’histoire aura pour mission de poursuivre la politique de développement des arts de la rue engagée par la Communauté de Communes depuis plusieurs années dans le cadre d’une confrontation positive et éclairante entre création contemporaine et patrimoine, architecture, paysage et cadre de vie. Les opérations de valorisation des patrimoines seront l’occasion de travailler avec des compagnies artistiques sur la mise en valeur des monuments rétais. L’organisation régulière de visites théâtralisées faisant intervenir des compagnies permettra de développer le lien entre patrimoine et spectacle vivant.


Dune, Le Bois-Plage-en-Ré

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Vignes, Ars-en-RĂŠ


Axe n°6

Développer la mise en réseau des acteurs et les partenariats dans le cadre d’un projet fédérateur

Action 16 - Favoriser le rayonnement du label UNESCO et développer des partenariats à l’international L’inscription des fortifications de Saint-Martin-de-Ré sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO a constitué l’élément déclencheur pour le lancement de la candidature au label Pays d’art et d’histoire et la mise en œuvre d’une politique patrimoniale à l’échelle de l’ensemble de l’île. Le label Pays d’art et d’histoire favorisera le rayonnement de la distinction accordée par l’UNESCO à l’échelle du territoire et au-delà de ses frontières. Une attention particulière sera accordée aux actions permettant de valoriser les fortifications de Saint-Martinde-Ré et, plus largement, l’ensemble du patrimoine fortifié de l’île, depuis les réalisations antérieures à Vauban jusqu’à celles de la Seconde Guerre mondiale. Engager une réflexion sur la création d’un Centre d’interprétation des systèmes de défense développés sur l’île depuis le Moyen-Age jusqu’au XXe siècle (au sein du CIAP, sur le site de la batterie Karola ou sur celui de la batterie de Sablanceaux). Mettre en place une signalétique permettant d’identifier et d’expliquer les différents ouvrages défensifs répartis sur le territoire.

Le Pays d’art et d’histoire mènera une réflexion sur la mise en œuvre de partenariats associant des pays étrangers. Certains sujets spécifiquement présents sur l’Ile de Ré peuvent trouver écho dans d’autres régions d’Europe et du monde et s’enrichir d’expériences extérieures (protestantisme, architecture militaire, saliculture). A titre d’exemple, une route Atlantique du sel reliant la Grande Bretagne au Maroc, et intégrant l’Ecomusée du marais salant de l’Ile de Ré a été mise en place pour fédérer les acteurs européens des marais salants. L’animateur de l’architecture et du patrimoine pourra plus particulièrement s’appuyer sur des réseaux et partenariats existants : Programmes d’échanges universitaires internationaux de l’Université de La Rochelle Comités de jumelage de l’Ile de Ré : Philippsburg (Allemagne), Ile d’Orléans (Québec), Espérance (Australie), Saint-Laurent-duMaroni (Guyane)

Développer des circuits de visite permettant de comprendre la position géopolitique stratégique de l’île au cours de l’histoire. Mettre en œuvre des projets de publications sur la thématique du patrimoine fortifié de l’Ile de Ré. Accompagner la ville de Saint-Martin-de-Ré dans la mise en œuvre de son plan de gestion.

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Action 17 - Inscrire le Pays d’art et d’histoire de l’Ile de Ré dans les réseaux professionnels régionaux et nationaux Le label Pays d’art et d’histoire permet de bénéficier de l’expérience de multiples réseaux tant au niveau régional que national. Le territoire entend participer activement aux rencontres et formations régulièrement organisées par ces différents réseaux afin d’échanger sur les thématiques liées au label Pays d’art et d’histoire (patrimoine, architecture, cadre de vie, aménagement du territoire, urbanisme…). Les partenaires et réseaux régionaux et nationaux : Direction régionale des affaires culturelles de Poitou-Charentes Service départemental de l’architecture et du patrimoine 17 Conseil Régional Poitou-Charentes (Service Régional de l’Inventaire) Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement (CAUE) 17 Réseau régional et national des Villes et Pays d’art et d’histoire Association Nationale des Villes et Pays d’art et d’histoire et des Villes à Secteur Sauvegardé et Protégé Association du Réseau des sites majeurs de Vauban Par ailleurs, une collaboration avec le Conservatoire du Littoral pourra être envisagée dans le cadre de la convention cadre signée en 2011 entre le ministère de la Culture et de la Communication (Direction générale des patrimoines) et le Conservatoire du Littoral en faveur de la valorisation et du développement culturel des espaces naturels et bâtis, propriétés du Conservatoire.

Action 18 - Renforcer et coordonner le réseau patrimonial local L’Ile de Ré dispose d’un réseau dense de musées et sites d’interprétation thématiques. Chacune de ces structures aborde des thématiques différentes et complémentaires, qui permettent de traiter de nombreux aspects du patrimoine local (marais salants, écluses à poissons, estran, faune et flore, traditions, patrimoine maritime, beaux-arts, phares et balises…). Un travail de concertation entre ces acteurs a été initié depuis plusieurs années mais mérite d’être renforcé et amélioré. L’animateur de l’architecture et du patrimoine aura pour rôle de rassembler régulièrement les responsables de ces structures et de développer des projets communs : Rationaliser et mutualiser les outils de communication : en lien avec l’animateur de l’architecture et du patrimoine, les acteurs patrimoniaux du territoire engageront un travail sur la mise en œuvre d’outils de communication communs permettant, d’une part, de mutualiser les moyens techniques et financiers, et d’autre part d’améliorer la visibilité et la lisibilité de l’offre pour les visiteurs. Une opération pilote sera menée dès 2012 avec la réalisation d’une brochure commune à l’ensemble des acteurs de l’Ile de Ré pour la prochaine édition des Journées européennes du patrimoine. Rationaliser et mutualiser les outils et actions de médiation : le service du Pays d’art et d’histoire de l’Ile de Ré se positionnera comme une structure coordinatrice pour nombres d’outils et d’actions de médiation et de valorisation. A titre d’exemples, elle pourra mettre à la disposition des structures patrimoniales des mallettes pédagogiques, des maquettes tactiles ou des expositions temporaires qu’elle aura réalisées. Enfin, elle coordonnera un programme annuel de conférences réparties sur les différents lieux d’accueil du public du territoire.


Développer la mise en réseau des acteurs et les partenariats dans le cadre d’un projet fédérateur

Rationaliser les moyens humains en centralisant le recrutement des étudiants stagiaires. Les structures patrimoniales de l’Ile de Ré accueillent de manière régulière des étudiants stagiaires dont les travaux permettent d’apporter un éclairage particulier sur certaines thématiques liées au patrimoine rétais.

culturelles du territoire, via l’attribution de subventions (plus de 500 000 e attribués en 2012). Les élus communautaires ont souhaité que l’obtention du label Pays d’art et d’histoire s’accompagne désormais d’un élargissement de cette politique en faveur des équipements et associations spécialisés dans la mise en valeur du patrimoine.

Deux problématiques ont été mises au jour concernant ces actions. D’une part, les associations gestionnaires de ces structures disposent de peu de moyens pour accueillir les étudiants dans de bonnes conditions financières et matérielles. D’autre part, un manque de coordination entre les différents travaux réalisés a été identifié, avec pour conséquence des données dispersées sur le territoire, peu ou non exploitées.

A partir de l’année 2013, une ligne spécifique dans le budget de la Communauté de Communes sera consacrée à ces subventions. L’animateur de l’architecture et du patrimoine sera chargé d’établir les critères d’attribution de ces subventions en fonction de la politique patrimoniale définie, d’assurer le traitement et le suivi des demandes.

Le service en charge du label proposera aux associations de recruter des étudiants stagiaires qu’elle mettra à leur disposition pour travailler sur des thématiques préalablement définies. Outre l’aide financière qu’elle représente, cette centralisation des recrutements permettra d’établir des méthodologies de travail communes, d’aboutir à des travaux plus cohérents et de mutualiser les données et connaissances issues des travaux de recherche menés par les étudiants. Préparer la mise en œuvre d’un Centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine étoilé : cette configuration territoriale permet d’envisager la mise en place d’un CIAP étoilé composé d’un lieu central qui abritera le service du Pays d’art et d’histoire, ayant pour mission de renvoyer les visiteurs vers les différents centres d’interprétation thématiques du territoire. A terme, l’objectif est d’attribuer une réelle consistance au Pays d’art et d’histoire grâce à la constitution d’un réseau local structuré et solide, fondé sur les équipements existants. Depuis 2008, la Communauté de Communes de l’Ile de Ré s’est engagée dans une politique de soutien aux associations

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Estran, Ars-en-RĂŠ


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Les subventions culturelles attribuées en 2012 par la Communauté de Communes Festivals Musicalis (guitare) Festival en Ré (auteurs compo Ars) L’Encre et la Pierre (salon du livre) Coméd’Ile (festival théâtre Passe Portes) ACIRR (festival arts de rue) Jazz au phare Actions de développement ponctuelles ou régulières Association des amis du Musée Ernest Cognacq Harmonies et fanfares municipales La Verdinière - Matériel scénique Aide à la création Ilôt théâtre Ka association (théâtre jardins) Contempo Re Danse Batterie fanfare Sainte-Marie-de-Ré (anniversaire) Subventions versées dans le cadre d’une convention ARDC - La Maline Ecole de musique Ecole de musique (travaux) La Verdinière (encadrement chantier bâtiment + matériel scènique) Total Culture

3 000 e 6 000 e 8 000 e 8 000 e 1 000 e 3 000 e 1 000 e 4 000 e 30 000 e 3 000 e 1 000 e 4 000 e 1 500 e 258 300 e 140 000 e 550 e 47 300 e 519 650 e


2.2 Le Centre d’Interprétation de l’Architecture et du Patrimoine (CIAP) « Dans le cadre des conventions "Villes et Pays d’art et d’histoire" signées avec le ministère de la Culture et de la Communication, les collectivités territoriales s’engagent à créer un Centre d’Interprétation de l’Architecture et du Patrimoine. Le Centre d’Interprétation de l’Architecture et du Patrimoine est un équipement culturel de proximité ayant pour objectif la sensibilisation, l’information et la formation de tous les publics à l’architecture et au patrimoine de la ville ou du pays concerné. Créé en articulation avec les autres équipements culturels de la collectivité territoriale, il contribue à compléter le maillage culturel du territoire. Lieu d’information et de pédagogie, le CIAP s’adresse en priorité aux habitants de la ville et de la région, mais également aux touristes, francophones ou non. Le CIAP est un outil de médiation, qui doit renvoyer les visiteurs vers les territoires pour lesquels il donne des clés de lecture et vers les autres équipements culturels de la ville ou du pays intervenant dans les champs du patrimoine, de l’architecture et de l’urbanisme. »1

Le Pays d’art et d’histoire de l’Ile de Ré : vers un CIAP étoilé Dès les premières réflexions engagées sur le futur CIAP de l’Ile de Ré, la prise en compte de l’existant a été identifiée comme un facteur essentiel de la construction du projet. En effet, le territoire peut se prévaloir d’un réseau dense et complémentaire de structures municipales, associatives ou privées, consacrées à l’interprétation de certains aspects du patrimoine rétais.

1

Le positionnement du CIAP trouvera son ancrage dans le rôle fédérateur qui sera attribué au service du Pays d’art et d’histoire dès l’obtention du label. La collaboration accrue entre les acteurs, le développement de projets communs et la mise en place d’un fonctionnement en réseau entre les structures existantes trouveront leur aboutissement dans la réalisation d’un CIAP de pôles. La Communauté de Communes créera un CIAP central, remplissant les missions d’information, d’exposition, de formation et de documentation qui incombent à l’ensemble des CIAP, qui orientera les visiteurs vers les pôles thématiques existants répartis sur le territoire. Ce positionnement stratégique vise à atteindre plusieurs objectifs : Offrir au label Pays d’art et d’histoire une vitrine auprès des visiteurs, Eviter toute forme de concurrence entre le CIAP central et les centres d’interprétation thématiques, Structurer les équipements existants en un réseau complémentaire, solidaire et dynamique, Favoriser la fréquentation des sites existants et pérenniser les emplois.

Définition du CIAP issue du Mode d’emploi édité par le ministre de la Culture et de la Communication.

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L’apothicairerie, hôpital Saint-Honoré, aile Saint-Louis


Le site du CIAP : l’hôpital Saint-Honoré En 1674, Louis XIV décide la création d’un hôpital à Saint-Martinde-Ré pour répondre aux besoins liés à la présence d’une importante garnison militaire sur le territoire insulaire. Sur le site d’un ancien hôpital, les religieux de la Charité sont chargés de gérer et développer le nouvel hôpital Saint-Honoré. De taille très modeste au milieu du XVIIe siècle, les agrandissements successifs en font un vaste établissement hospitalier à la fin du XVIIIe siècle. Les différentes étapes de construction lui confèrent un aspect architectural hétéroclite mais particulièrement intéressant. L’hôpital devient successivement civil, militaire et à nouveau civil pour cesser son activité dans les années 1970 au profit d’un nouvel hôpital construit juste à côté. Situé en plein cœur de Saint-Martin-de-Ré, l’hôpital SaintHonoré, protégé au titre des monuments historiques, offre une position idéale pour la mise en œuvre du futur CIAP de l’Ile de Ré. Il occupe une position centrale au sein du territoire, plaçant les habitants des deux extrémités de l’île à égale distance du nouvel équipement culturel. La richesse patrimoniale de la ville de Saint-Martin-de-Ré le placera dans un écrin privilégié pour aborder des thématiques liées à l’architecture et au patrimoine (à l’intérieur des remparts, entre les portes de Toiras et des Campani, proche de la place de la République, de l’église et du port). Entièrement réhabilitée en 2008, l’aile Saint-Michel accueille actuellement les services de la Communauté de Communes sur plus de 600 m² répartis sur trois niveaux. Le personnel du Service

de l’Architecture et du Patrimoine installé au sein du CIAP sera donc situé à proximité des autres services de la Communauté de Communes (urbanisme, environnement, services techniques), ce qui facilitera largement la collaboration entre les différents agents. L’aile nord-ouest de l’hôpital édifiée dans les années 1730 accueille aujourd’hui des logements de fonction. Entièrement restaurée au début des années 2000, cette partie de l’édifice fait le lien entre les ailes Saint-Michel et Saint-Louis de l’hôpital. Des éléments architecturaux et de décor de grande qualité y ont été conservés, notamment son escalier et des lambris du XVIIIe siècle. Cet espace de 320 m² sur deux niveaux qui doit être libéré prochainement, sera acquis par la Communauté de Communes avec pour objectif d’y installer le futur CIAP. Cette aile offre une position idéale pour l’accueil du public avec un accès depuis la cour intérieure de l’hôpital, véritable havre de paix au cœur de l’ensemble architectural. Par ailleurs, l’aile Saint-Louis, propriété de la mairie de SaintMartin-de-Ré, accueille l’apothicairerie, ancienne pharmacie de l’hôpital, dont les lambris en noyer, les fauteuils et les vases à pharmacie sont classés au titre des monuments historiques. L’ouverture du CIAP dans les locaux adjacents permettrait d’envisager une ouverture régulière au public de ce magnifique ensemble, aujourd’hui fermé à la visite. A l’abandon depuis les années 1970, cette partie de l’édifice requiert des travaux de restauration et de mise aux normes électriques et d’accessibilité.

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Le contenu du CIAP Un espace d’exposition temporaire : le CIAP de l’Ile de Ré se dotera d’un espace d’exposition temporaire lui permettant d’accueillir des expositions d’envergure (voir thématiques proposées dans l’action 8 du plan d’action). Des expositions pourront également être organisées en extérieur dans la cour de l’hôpital. Un espace d’exposition permanente : cet espace présentera un certain nombre de thématiques essentielles à la compréhension du territoire par le visiteur. Il privilégiera des outils multimédia interactifs et des maquettes, favorisant l’accès des personnes à mobilité réduite aux contenus. Les thématiques de l’exposition permanente du CIAP permettront de fournir les clés de compréhension du territoire. Le CIAP aura par ailleurs pour vocation de diriger les visiteurs vers les sites d’interprétation existants, spécialistes dans leurs domaines respectifs. Exemples de thématiques susceptibles d’être développées dans le CIAP : La vocation défensive de l’Ile de Ré du XVIe au XXe siècle Les relations internationales : l’île et le(s) continent(s) Insularité et identité : la mémoire d’une île, la force d’un territoire

Un espace pédagogique : une salle permettra d’accueillir au minimum une classe entière dans de bonnes conditions pour la réalisation d’ateliers pédagogiques. Une salle de conférence : cet espace accueillera des conférences ouvertes au public. Il sera également un lieu de rencontre entre les élus et les habitants du territoire pour la présentation des projets d’urbanisme de chaque commune. Un espace de documentation : un espace de consultation d’ouvrages et des postes informatiques seront à la disposition du public pour effectuer des recherches. A travers ses expositions permanentes et temporaires, le CIAP croisera et confrontera des thématiques patrimoniales avec des sujets contemporains (spectacle vivant, art contemporain) dans un dialogue permanent et constructif entre patrimoine et création. Une réflexion sera menée sur la mutualisation et/ou la juxtaposition du CIAP avec d’autres espaces relevant de la compétence de la Communauté de Communes (médiathèque, ludothèque, espace de rencontre pour la population), avec pour objectif de faire du CIAP un véritable lieu de vie, de partage et de convivialité pour les visiteurs et les habitants du territoire.


La cour de l’hôpital Saint-Honoré et l’aile Saint-Michel

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L’aile nord-ouest de l’hôpital Saint-Honoré qui devrait accueillir le futur CIAP


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Les Portesen-Ré

CIAP central : Hôpital Saint-Honoré Thématiques : systèmes de défense, relations internationales, insularité

Saint-Clémentdes-Baleines

ANCRE Maritaise Thématiques : écluses, estran, dune, faune, flore

Musée Ernest Cognacq Collections : archéologie, art et traditions populaires, ethnographie, beaux-arts Ecomusée du marais salant Thématiques : marais et activité salicole

Maison du Platin Thématiques : patrimoine maritime, estran, traditions populaires

Maison du Fier Thématiques : réserve naturelle, faune, flore

Musée du Phare Thématiques : phares et balises

Ars-en-Ré


le projet de ciap étoilé

Loix

Saint-Martinde-Ré

La Couardesur-Mer

La Flotte

Le Bois-Plageen-Ré

RivedouxPlage

Sainte-Mariede-Ré

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2.3 Label Pays d’art et d’histoire : statut, organisation et positionnement Statut juridique et organisation administrative du Pays d’art et d’histoire Depuis 2009 et l’engagement de la démarche de candidature, les techniciens de la Communauté de Communes ont porté et construit l’ensemble du projet au plus près des élus communautaires. Les actions de concertation menées dans le cadre de la candidature, comme les opérations de valorisation déjà mises en œuvre par la Communauté de Communes (Journées européennes du patrimoine, Mois de l’architecture en 2012) se sont imposées comme les prémices d’une politique patrimoniale intercommunale. La nécessité de conserver les missions liées à la mise en valeur du patrimoine et du cadre de vie au sein de la Communauté de Communes est rapidement apparue évidente pour les élus. Le label Pays d’art et d’histoire sera donc porté et géré par un service de la Communauté de Communes. Celui-ci disposera d’un budget propre qui lui permettra de mettre en œuvre les actions déterminées dans la convention Pays d’art et d’histoire.

Le Service de l’Architecture du Patrimoine de la Communauté de Communes L’animateur de l’architecture et du patrimoine, responsable du Service Architecture et Patrimoine Un service de l’Architecture et du Patrimoine sera créé au sein de la Communauté de Communes et dirigé par l’animateur de l’architecture et du patrimoine, recruté sur concours le plus rapidement possible après l’obtention du label. Celui-ci sera placé sous l’autorité de la Directrice des affaires sociales et culturelles de la Communauté de Communes de l’Ile de Ré.

Développer une politique de valorisation des patrimoines complémentaire à la mise en œuvre d’une politique des publics (en lien avec le responsable du service éducatif), Organiser la communication autour des actions du label, Organiser et coordonner des manifestations culturelles, Gérer les demandes de subventions liées au patrimoine, Développer un projet scientifique et culturel pour le CIAP, Animer le réseau local des structures patrimoniales, Développer des partenariats avec des organismes divers, Représenter le Pays d’art et d’histoire de l’Ile de Ré auprès des instances régionales et nationales. Le responsable du service éducatif Placé sous l’autorité de l’animateur de l’architecture et du patrimoine, ce titulaire du diplôme de guide-conférencier sera en charge de la politique éducative et pédagogique développée dans le cadre du label. Les missions du responsable du service éducatif : Former, gérer et encadrer les guides-conférenciers, Elaborer un programme annuel de visites et de conférences grand public, Mettre en œuvre et animer des actions de sensibilisation des jeunes publics (classes patrimoine, ateliers hors temps scolaire…),

Les missions de l’animateur de l’architecture et du patrimoine :

Organiser et gérer les programmes de sensibilisation et de formation des professionnels,

Poursuivre la politique d’étude et de connaissance des patrimoines rétais (en lien avec un chercheur et des étudiants),

Elaborer des outils de médiation et de valorisation (mallettes pédagogiques).


Les guides conférenciers vacataires Afin de répondre aux exigences du label, le Service de l’Architecture et du Patrimoine s’engage à employer des guides-conférenciers pour assurer les visites guidées, les ateliers et animations diverses. Ceux-ci seront placés sous l’autorité directe du responsable du service éducatif.

Organigramme du futur Service de l’Architecture et du Patrimoine Directrice des affaires sociales et culturelles

Animateur de l’architecture et du patrimoine Responsable du Service Architecture et Patrimoine

Responsable du service éducatif

Chercheur en charge de l’inventaire général du patrimoine culturel

Guides conférenciers vacataires

2. Le projet du Pays d’art et d’histoire de l’Ile de Ré

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BUDGET PRÉVISIONNEL PAYS D’ART ET D’HISTOIRE 2013 Actions 1 à 18 8, 9,10, 11,13 1, 2 3, 4,18 8, 9, 10 17 8, 9,11 8, 9, 10,11 14 14,15 14 12 13 6

5

18

Frais de personnel Salaire Animateur de l’architecture 37 200 et du patrimoine Salaire Responsable de l’action 33 000 éducative Salaire chercheur inventaire 35 000 Recrutement de stagiaires 8 100 Vacations guides-conférenciers 10 000 Frais de déplacements 1 000 Actions PAH Conférences (intervenants) 3 000 Expositions (conception) 10 000 Manifestations Mois de l’architecture 6 000 Journées européennes du 10 000 patrimoine Autres opérations 2 000 Outils médiation Signalétique Mallettes pédagogiques 5 000 Outils communication Publications (programmes 13 000 communs, plaquettes thématiques, ouvrages…) Site Internet 10 000 Subventions aux acteurs associatifs patrimoniaux Subventions 20 000 TOTAL 203 300

DEPENSES 2014

2015

38 300

39 500

DRAC Salaire Animateur

34 000

35 000

Subventions actions

36 000 10 800 10 000 1 500

37 000 10 800 10 000 1 500

Conseil Régional Subvention chercheur Subventions actions Communauté de Communes

4 000 10 000

5 000 10 000

7 000 10 000

8 000 10 000

3 000

4 000

50 000 5 000

50 000 5 000

13 000

13 000

-

-

25 000 257 600

30 000 268 800

TOTAL

2013

RECETTES 2014

2015

18 000

18 000

18 000

20 000

20 000

20 000

35 000 ? 130 300

35 000 ? 184 600

35 000 ? 195 800

203 300

257 600

268 800

NB : Ce budget ne comprend pas les investissements liés au CIAP. Une ligne sur le budget d’investissement de la Communauté de Communes sera consacrée à l’achat de l’édifice d’accueil du CIAP, lorsque celui-ci sera libéré et mis en vente. Une étude de programmation sera ensuite réalisée pour l’aménagement du CIAP.

Dès le stade de la candidature au label, les élus communautaires ont décidé de dégager des moyens financiers importants pour mettre en place une démarche qualitative et efficace. Le recrutement d’une chargée de mission pour l’élaboration du

dossier de candidature, l’édition de documents d’information pour sensibiliser la population, et la réalisation d’une publication de qualité pour le document présenté au Conseil National des Villes et Pays d’art et d’histoire, témoignent de cet engagement.


Évolution du budget patrimoine de 2010 à 2012 Objet 60623 - Alimentation 6065 - Livres et documentation

Réalisé 2010 -a

Réalisé 2011 225,00 a

-a

543,25 a

Budget Prévisionnel 2012 500,00 a 1 000,00 a

611 - Prestations de services extérieurs Défraiements experts PAH

-€

158,80 €

500,00 €

Photographe

-€

4 141,98 €

1 550,00 €

Transport (voyage d’étude élus)

-€

867,00 €

Spectacle Journées européennes du patrimoine

-€ 15 000,00 €

Exposition Scot Mois de l’Architecture

5 000,00 €

Achat d’un lot d’archives

4 000,00 €

Achat d’affiches

300,00 €

611 - Sous total

-a

5 167,78 a

26 350,00 a

2 176,72 €

3 500,00 €

-a

2 176,72 a

3 500,00 a

6231 - Annonces et insertions 2 insertions 6231 - Sous total 6237 - Publications Conception et impression dossier candidature

30 000,00 €

Conception et impression programme Journées européennes du patrimoine

6 000,00 €

Brochures label

4 345,07 €

Biototem label 6237 - Sous total

-a

3 416,97 €

5 000,00 €

7 762,04 a

41 000,00 a

6238 - Divers relations publiques Habillage du pont suite à labellisation

20 000,00 €

6238 - Sous total

20 000,00 a

6281 - Adhésions et cotisations Réseau Vauban et ANVPAH

2 500,00 €

3 205,60 €

3 370,00 €

6281 - Sous total

2 500,00 a

3 205,60 a

3 370,00 a

6458 Cotisation aux organismes sociaux Agessa

152,00 €

6458 - Sous total

152,00 a

651 - Autres charges de gestion courante SACEM et taxes diverses

-€

2 000,00 €

651 - Sous total

-a

2 000,00 a

21 315,00 a

43 760 €

012 - Charges de personnel Chargé de mission PAH (9 mois en 2011 + direction)

-a

Frais de déplacements Stagiaire

236,20 €

400 €

-€

2 500 €

012 - Sous total

-a

21 551,20 a

46 660 a

TOTAL GENERAL

2 500,00 €

40 631,59 €

144 532,00 €

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Phare des Baleineaux


2. Le projet du Pays d’art et d’histoire de l’Ile de Ré

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Rédaction Dossier réalisé par Marie-Laure Cifuentes, chargée de mission Pays d’art et d’histoire, Communauté de Communes de l’Ile de Ré.

Remerciements Aux élus et techniciens de la Communauté de Communes de l’Ile de Ré, Aux élus et techniciens des dix mairies de l’Ile de Ré, Aux élus de la Commission Patrimoine, Au Conseil de Développement, A la Direction régionale des affaires culturelles de PoitouCharentes, Aux nombreux partenaires et associations ayant participé aux Comités de pilotage et aux groupes de travail, Aux responsables des structures patrimoniales de l’Ile de Ré, Aux historiens et scientifiques qui ont suivi et contribué à l’élaboration du dossier, notamment Jacques Boucard, Nicolas Faucherre, Céline Barthon et Guillaume Cudennec, Au Musée Ernest Cognacq et à la ville de Saint-Martin-de-Ré pour sa participation à l’illustration du dossier de candidature, A Vincent Ader, pour sa patience et ses relectures assidues, A tous ceux, Rétais et non-Rétais, qui ont participé à ce projet.

Crédits photographiques Yann Werdefroy, Studio Lézard Graphique, Carine Bancel (photographies de l’Ile de Ré), Communauté de Communes de l’Ile de Ré (photographies de l’hôpital Saint-Honoré et des réunions de travail).

Conception et mise en page Studio Lézard Graphique, Aytré.

Impression Imprimerie Rochelaise - PEFC/10-31-1240

Document imprimé sur du papier provenant de forêts gérées durablement.



3 rue du Père Ignace - BP 101 17410 Saint-Martin-de-Ré Tél. 05 46 09 00 97 Fax 05 46 09 01 86 accueil@cc-iledere.fr www.cc-iledere.fr


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