1 minute read

The Enemy by Brian Smith

The Enemy

My youth was just a dark tempestuous storm, Crossed here and there with bolts of brilliant Sun; Thunder and rain have taken such a toll That in my garden no ripe fruit remains.

See how I’ve reached the autumn of ideas, And now I have to scratch with spade and rake, To gather up afresh the flooded earth, Where water washes holes as large as graves.

And who knows if the new flowers that I dream Will find in this soil washed out like the shore The magic element to make them strong?

Oh Pain! Oh Pain! Time eats away at life, And the dark Enemy gnawing at our hearts Grows and strengthens from the Blood we lose.

Charles Baudelaire (translated by Brian Smith)

87

L’Ennemi

Ma jeunesse ne fut qu’un ténébreux orage, Traversé ça et là par de brillants soleils; Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage Qu’il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.

Voilà que j’ai touché l’automne des idées, Et qu’il faut employer la pelle et les râteaux Pour rassembler à neuf les terres inondées, Où l’eau creuse des trous grands comme des tombeaux.

Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve Trouveront dans ce sol lavé comme une grève Le mystique aliment qui ferait leur vigueur?

- Ô douleur! ô douleur! Le Temps mange la vie, Et l’obscur Ennemi qui nous ronge le cœur Du sang que nous perdons croît et se fortifie!

Charles Baudelaire

88

This article is from: