Manuel pratique de l'ouvrier relieur, deuxième partie (Charles Chanat, 1921)

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CH . CH A N A TO An cie n Élèv e Diplô mé Professeur à l’École Estienne

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DEUXIÈME PARTIE

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PA R IS LIBRAIRIE GARNIER FRÈRES 6. RUE DES SAi NT S-P ÈR ES , 6



T hi sdi gi t a l v er s i onof Manue l pr at i quedel ' ouv r i e r r e l i e urbyCha r l esCha na t wa spr epa r edby i Book Bi ndi ngi n2019

Ver s i on1. 0 S of t c ov er , 1921, 208pp. , 51i l l us t r a t i ons . T hes t udywa swa spr epa r edbyCha r l esCha na t , pr of es s ora t t heE c ol eE s t i enne . T hi si st hes ec ondpa r t , whi c hc ont a i ns i nf or ma t i onont hr eet y pesofbi ndi ng, i nc l udi ngBr a del . fy ou nda nyOCRer r or s , pl ea s er ea c husa t I s @i book bi ndi ng. c om Mor ebook sa boutbookhi s t or y , booka r t s , a ndbook bi ndi ng onourwebs i t e: ht t ps : / / www. i book bi ndi ng. c om/ pdf book bi ndi ngc ol l ec t i on/ ht t ps : / / www. pa t r eon. c om/ i book bi ndi ng



MANUEL PRATIQUE DE

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MANDEI PRATIQUE DE

PAR

Charles CHANAT «

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A n c i e n É lè v e D ip lô m é P r o f e s s e u r â l ’É c o le E s t i e n n e

D E U X IÈ M E

P A R T IE

CO NT EN AN T :

Une Etude sur les Reli ures de Luxe (dem i-rel iure et rel iur e pleine) La Techni que complète du Cartonnage appelé “ Bradel ”

PA R IS L IB R A IR IE

G A R N IE R

FR ÈR ES

6, RUE DE S S A IN T S -P È R E S , 6



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PRÉFAC E Lorsq ue nous rédig eâmes iiotre prem ier ouvr age, nous avons cru être utile à de nom­ breu x profes sionne ls et à de nom breu x am a­ teurs. No us n'avio ns pas la pr éten tion cle t raite r à fo n d tous les genr es de reliu re, trava il trop imp ort ant pou r être résolu dans un espace auss i re str ei nt . Un essai de constru ction d'une reliure de bibliothè que a per mis à l'ouvr ier relieur d’y puiser' les conseils de technique qui lui fai sai ent déf aut . D'au tre pa rt, sans voulo ir amoi ndrir ce qui avait été réalis é dans cet ordre d'idées, nous avions p ensé q u’en nous in spira nt d'une méthode classiqu e, nous répo ndri ons aux p romesse s du titre de ce livr e, et qu' il soit vérita bleme nt un Man uel Pr ati que , telle avait été notre prin ci­ pale ambiti on. Le pro grè s n est- il pas le résu ltat d'un tra ­ vail co nscien cieux, méthod ique et exécuté lente­ ment ? Aus si, l'accueil fa it à ce tra vail nous auto rise


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PRÉF ACE

à mettre au jo ur une deux ième part ie, dans laquelle nous nous étendrons davan tage sur la technique des reliu res de l uxe et du carto nnag e appelé : B r adel. Nous n'hésitero ns pas à conserve r la même classific ation, en don nan t la décomposition de tous les tours de mains, ainsi que les moye ns de remédier à des oublis ou à des erre urs com­ mises dans le cour ant d'un trav ail. Et an t donné notre but, nous avons recouru, pour être utile, à tous les moye ns don t nous disposions : ainsi tout tour de mains sera appuyé de graph iques , et tout ce qui est d'une importance part icul ière sera mis en reli ef. Si cet ouvrag e, résu ltat de di x années de prof esso rat dans des mi lie ux diffé rent s : dans l'Ec ole du Livr e, Ecole Est ien ne, et à l'Un ion Centrale des A rts dé corai fs (se ction de dames'), réalise ce que nous avons souh aité, il fo ur ni ra à tous ceux qui s’intér esse nt au beau livre, le moyen de les aid er à l'ha bille r corr ecte men t, en ét ant un guid e auqu el ils po ur ro nt se repo r­ ter avant de commencer un trav ail. Le lecteur pou rra inte rcal er, en rel ian t ces deu x volumes, un fe ui ll et de pap ier blanc, à chaque pag e, pour note r les rema rque s que la pra tiqu e lui su gg ére ra . E t ainsi , l’ouvrag e s'amé­ liorer a au f u r et à mesure q u'il aura ren du plus de services : c est là tout le succès que nous souhaito ns.


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IN T R O D U C T IO N Avant d’étudier les diverses branches de la reliure où s’ applique une technique d’art, on ne saurait trop faire apprécier l’utilit é d’un livre bien relié pour sa bonne conserv ation. L ’art de la reliure a été poussé très loin, mais si, dans ces dernières années, on paraît la néglige r, ce mépris est surtout dû à la prétention exce ssive, d’artistes, voulant donner à la reliure moderne un air de nouveauté . D’a illeurs, comme toute œuvre d’art, en compul sant la notice sur l’histoire de la reliure dans notre premier ouvrage, nous verrons que la reliure a eu des apogées et des défailla nces. Il est à remarquer que ces chutes furent périodiques et que reliure et d écoration ont toujours alterné. De nombreux amateurs, ignorant tout de la tech­ t nique indispensable à toute profession, estimen beaucoup plus le décorateur et le doreur que ­ l’ouvrière faisant une bonne couture, et l ’ouvrier fai sant un corps d’ouvrage solide ou une couvrure impeccable. Et cependant, avant tout décor, un livre bien relié n’ est-il pas agréable à caresser de l’œil et ­ de la main. Auss i, nous ajouterons que si les prin cipes de l’art décoratif trouvent leur application en


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INTRODUCTION

reliure, c’est à condition d'être appliqués à la nature et au sujet même de l’ ouvrage, et l’ on n’est en droit d’attendre tout leur effet qu’à condition d’être appliqués sur une reliure bien établie . La reliure est un art tout spécial et beaucoup plus important pour être traité comme accessoire. N’ayant à traiter ici que l’architec ture du livre, nous ne nous attarderons pas davantage sur ses rapports avec la décoration, ce travail ayant été maintes fois savamment traité. Pour encourager à pratiquer ce bel art, pour notre part, avec les faible s moyens dont nous dispo­ sons, nous avons cru devoir diriger nos recherches en attirant l’attention de nos lecteurs sur les qua­ lités d’une bonne r eliure. Quelles sont donc les conditions que doit remplir une reliure pour être parfaite? Elles sont trois : 1° la solidité, 2° la souplesse et 3° l ’élégance. Quand le relieur aura su concilie r la solidité du dos, qualité essentielle, avec la souplesse, permet­ tant au volume une fois ouvert de ne plus avoir ten­ dance à se refermer, il lui restera à habiller son livre élégamment, en tenant compte des qualités de l’ouvra ge. La solidité et la souplesse dépendent d’une bonne couture et d’un corps d’ouvrage bien faits. Des attaches, que ce soit ficelles ou rubans, reliant le livre à sa couverture, placées aux bons endroits, et en quantité se rapportant à son forma t,


INTRODUCTION

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nous donneront une assise solide. Il nous restera d’employer des matières premières de bonne qualité, propres à assurer son élasticité et sa conservation. Si, pour les volumes d ’étude, on doit préférer les reliures à dos brisé, parce que le volume une fois relié peut s’ouvrir facilement, ce sera le côté pra­ tique qui nous fera employer la couture à la grecque. Il est évident que ce procédé compromet énormé­ ment la durée de l’ouvr age, le dos couverture n’adhérant pas au dos du volume, l’endossure, par cela même insuffisamment maintenue, résistera moins longte mps qu’une reliure à dos plein. Pour les volumes tirés à très petit nombre d’exemplaires et sur grands papiers, pour tout ouvrage que l’on veut habiller luxueusement, ce genre de couture devra être proscrit et remplacé soit par la couture sur rubans ou la couture sur nerfs. Si l’on proscrit également la colle à base animale, la colle forte, pour la construction de tout ouvrage d’art, et que seule on emploie une colle à base de farine, ou la colle chimique, on obtiendra ainsi les deux premières conditions. En donnant aux cartons une légère cambrure, en confectionnant à la main des tranchefiles de cou­ leurs s’ha rmonisant avec la couverture, habillant le livre avec un luxe proportionné à son contenu et à sa valeur, le relieur aura ainsi résolu le problème de la perfection. La reliure peut être considérée comme les vête­ ments d’ une personne; elle doit refléter le milieu où


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INTRODUCTION

reposera le livre. Aussi est-il assez délicat pour le relieur de saisir le rapport qui doit exister entre le caractère de la reliure et celui du livre. Le moyen de faire varier ce rapport consiste dans la grande variété de couleurs des peaux. Plus le livre est sérieux, plus il sied de lui faire un habit simple. D ’ailleurs, les Anciens l’avaient compris, lorsqu’ils inventèrent exprès, pour les écri­ vains de Port-Ro yal, la reliure jan séniste. Une peau de ton noir, brun ou grenat foncé, en marocain non poli; une tranchefile unie et sombr e, pas de dorure sauf le titre, et quelques filets à froi d, telles sont les caractéristiques de cette reliure que l’on pourra appliquer aux ouvrages sévères. Ajoutons, en terminant, que sans faire abus de la mise en couleur des peaux, il est utile d’en user pour pouvoir classer les ouvrages et les disting uer plus facilement dans une bib liothèque .


MANUEL PRATIQUE DE

L’OUVRIER RELIEUR

CHAPITR E PREMIER

CONST RUCTIO N D’UNE RELIURE DE LUXE Nous n’avons plus à apprend re à nos lecteurs ce que Ton ente nd par reliure de luxe, la définition en ayant été donnée dans notre première partie et la façon dont nous concevons ce ge nre de reliure étant suffisamment expliquée dans l’introdu ction du pré­ sent ouvra ge. Toutefois, puisque comme tout genre de reliure , il existe la de mi-rel iure et la rel iure pleine, la reliur e à dos brisé et la reliure à dos plein, nous commen­ cerons par tra iter toutes les parties de technique communes à c hacun de ces genres de reliure. Ensuite , nous dé velopperon s chacune des parties qui leur sont personnelles. Nous allons donc revoir dans cette seconde partie, avec une plus grande extension, la description des procédés d’exécution que nous avions trai tés d’une façon élément aire dans notre première édition. Ghanat. — Manuel du r elie ur. 26 par tie.

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CONS TRUC TION ü ’U NE RELIU RE DE LUX E

Le volume arrive chez le relieur, le plus souvent broché, et lorsqu’il s’agi t d’éditions de luxe sur grands papiers, très souvent la couverture de bro­ chure n’est pas collée sur le dos du volume, mais simplement rempliée sur une feuille de papier rigide, laquelle a été c ollée sur le dos du volume et à la grandeur de c elui- ci. Puisque nous parlons de couverture de brochure, qu’il nous soit permis de rappeler que celle -ci, autrefois rudimentaire, aujour d’hui artistiquem ent décorée, est devenue un besoin pour arrêter l’œil de l'acheteur chez l’éditeur. Cette couverture fa it partie intégrale de l’ouvrage et doit figurer avec celui-ci lorsqu’il sera revêtu de son habit, et cela quoique son dos et son derrière soient exempts d’impression. Un volume de luxe n’a de valeur qu’à cette con­ dition. Nous ne reprendrons pas le pliag e, suffisamment expliqué et nous commencerons notre étude par la plaçure. DE LA PLAÇURE

Débrochage. — Quelle que soit la laçon dont a été couvert le livre par le brocheu r, l’ouvrière aura toujours les opérations suivantes à effectuer : le débrochage, le replia ge, les réparation s, le place­ ment des gravures, couvertures de brochure et gardes blanche s, et les différents montages sur ongl ets. L ’ouvrière débroche le volume d’après les princi ­ pes indiqués pages 39 et 40, première partie. Nous pouvons ajouter toutefois que, pour débarrasser de


DE LA PLACU a RE

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colle complètem ent le dos des cahiers, on peut, en plus du nettoya ge individuel, redres ser le volume sur le dos, incline r légèrem ent celui-ci, mettre le volume à plat sur la table et gra tter ainsi le plan incliné que forme le dos, avec un couteau dans le genre de ceux dont se servent les cuisinières pour l’épluchage des légumes . Il faut veiller à ce que, pour la reliure qui nous concerne, il ne reste plus aucune parcelle de colle s ur le dos des cahiers. Ce serait auta nt d’épaisseurs qui m arquera ient et pour­ raie nt aller, su ivant le ur grosseu r, j usqu'à détério rer une pa rtie du livre. Cette pr emière atten tion à ap porter dans l'exécu­ tion d’une reliure de luxe ne sera pas la dernière, et nous préviend rons n os lecteu rs que, comme pour toute chose que l’on veut bien, il ne fau t null ement se cont enter de l’à peu près. La plus petite erreur commise, même au débu t, peut entra îner des con­ séquences fâcheu ses pendan t l’exécution des der­ nières opérati ons. Repliage. —Le volume ainsi débroché aura besoin d’une revision de l a pliure. Généralement, les édi­ tions sur beau ou grand papier sont minutieusem ent pliées, cette révision néanmoins nécessaire sera rapide, mais perm ettr a de nous rendre compte du travail i ntér ieur que nous aurons à exécuter : gra ­ vures, planches , cartes, etc. Dans tous les cas, nous pourrons refendre, en gouttiè re et en que ue, les feuillets qui ne l’auraient pas été au brochage . Pour les volumes sur autre s papiers, il est bon de vérifier plus atten tivem ent la pl iure. Après avoir refendu les feuillets en gouttiè re et en queue, pre-


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CONSTRUCTION DU NE RELIURE DE LUXE

nant le titre, l’ouv rière s’ass urera du para llélis me des lign es du faux- titre et du titre. Le fau x-t itr e est le premier feuil let imprim é du livre , sur lequ el se trou ve seul, au recto , le titre géné ral de l’o uvra ge. Le titre est le deuxiè me feu ille t où a été imprimé le titre du volume avec les noms de l’au teur, de l’é diteur et toutes les part icul arit és qu’il peut con­ tenir. A l ’aide du plioir , l’o uvri ère former a un nou­ veau pli bien a ccen tué, puis elle prend ra le prem ier cahier et, en comm ençan t par les feu ille ts du centr e, elle s’assurera que la pag inat ion ou le te xte son t bie n en concorda nce. Tou jour s à l’a ide du plioi r, elle forme un nouve au pli et procè de de même pour tous les feuil lets dont est cons titué le cah ier, en terminan t par le feui llet supé rieu r. Ce repli age partie l ne suffira pas, car les man­ chettes de tête peuv ent être irr ég uli ère s, et alors malg ré notre premie r trava il fait, les tètes ne se rapporte ront pas. Il faudra donc que l’ ouvr ière, en replaçan t au fur et à mesure ses feu ille ts l’u n dans l’autre, fixe c eux- ci par une point e de coll e de pâte, au dos du feui llet, en tête et en queu e, et s’as sure que les impres sions conc orde nt bien. Fa isa nt ce travai l à tous les cahie rs, il s’ ensui t donc que nous pouvons avoir de grand es irrégu lar ités en tête. Nous verrons au moment de l’é bar bag e du volu me, de quelle façon il nous faudra rég ula ris er le s m anch ettes de tête. Le volume repli é, il est bien surpr enan t qu’ il y ait néce ssité à r éparati ons; en tout cas, la façon de pro­ céder : soit pour déch irure , soit pour coup ure, soit pour une feuil le a rrach ée en partie , est as sez exp lici te dans la premi ère par tie.


DE LA PLACURE O

Placemen t des g ravure s. — D’une manière géné­ rale, toutes les gravur es doivent être placées à plat, ou en belle page, c’est-à-dire se présent er en rega rd des pages à numéros pairs. Toutefois, lorsque le volume con tient une table des gravures, il faud ra s’y conform er, tout comme il faudra placer en rega rd du titre tout por trai t d’auteur ou toute gravure repré ­ senta nt un s ujet impo rtant de l’ouvrage. Le prem ier travail pour l’ouvrière sera de s’assu rer de la place qu’elles doivent occuper et de vérifier leurs marges pour que celles-ci soient en concordanc e avec le texte. A l’aide de la règ le et de la pointe, elle coupera, sur une plaque de zinc, ce qui excédera des points qu’elle aura faits au compas, ayant part agé en haute ur et en la rgeu r l’impres sion de la grav ure par rapport à celle du texte. Ensuit e, dans tous les cas, pour un travail soigné, la grav ure sera montée sur un onglet étroit, et ce mont age s’appellera montage sur fond. Si les gravu res sont nombre uses et imprimées sur papier épais, l’ouvriè re fera une incision au verso de la grav ure, du côté du mors, perm ettan t de dédou­ bler le pa pier sur une larg eur de trois à quat re milli­ mètr es. Ce vide sera comblé par le papier d’onglet et nous perm ettra d’avoir moins d’épaisseur à cet endr oit. Pou r fixer les gra vur es dans l’intérieu r du volume, l’ouvrière emploie du papier s imili-jap on ou pa rche­ miné, qu’elle coupe dans le bon sens, sur une lar­ geur de cinq à six millimè tres et un peu plus hau t que la grav ure. Pour recon naîtr e le bon sens d un papier, lorsque l’on ne dispose que d’une feuille, il suffit d’humecter celle-ci avec de l’eau, sur une partie de ses bords, longu eur et largeu r. Le bon sens est le


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CONSTRUCTION ü ’UNE RELIURE DE LUXE

côté où le papier se roule netteme nt, et le mauvais sens, celui où le papier frise. La longue ur de l’onglet devra être coupée dans le bons sens pour obten ir des collages propres Si l’on a une certaine quant ité de papier, on met celui-ci à p lat sur une table, étant bien redressé. Le bon sens est indiqué en passa nt les doigts sur le dessus et au bord, lorsque l’on ne sent aucune ondulat ion. Dans le cas c ontraire , c’est le mauvais sens. Les onglet s coupés, l’ouvrière place sur une macule ses gravures , le verso dessus, étagées du côté du dos de deux millimètre s. Puis, à cette même distance du bord de celle du dessus, mett ant une bande de papier quelc onque, elle trempe à la colle de pâte ou à la colle ch imique, en ayant soin de trem per en dehors, c’est-à-dire en imprim ant un mouvement dans le sens de la lar geur e t no n de la ha uteu r. Cette précauti on utile, chaque fois que l’on met tra de la colle sur une matière quelconqu e, perm ettra égale , ment de faire des collages propres . Re tira nt ensuite la bande de papier qui a servi de règle , d’une p art, puis soulevant de la macule les gravu res trem pées et les étag eant un peu plus, l’ouvrière les place sur un endroit propre et pose sur chaque grav ure un onglet, ajusté en tête et monté d’un millimètre au delà du collage. Pour faire ce travail , elle commence d’abord par la grav ure du des sous et suc cessivem ent jusqu’à celle du dessus. Quand tous les o nglets sont placés, prena nt un papie r pr opre, sans colle de pré­ férence, qu’elle place à plat sur tous ses collages, elle fait pression des deux mains pour s’assurer une bonne exécution. Une fois terminé, après s’être rendu compte de son travail, elle char gera avec un ais on


DE LA PLACô URE

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deux, penda nt qu’elle effectuera une autre trempée. Ses collages seront de trois millimètres, parce que sous la pression, la colle se sera étalée d’au moins un millimètre. Il y a donc intér êt à ne pas mettretrop de colle, d’une part, et pas plus de deux milii mètre s d ’autre part. Pour fixer les gravu res ainsi préparées, à leur place respecti ve, l’ouvrière replace chacune d’elles dans la même position qu’elles occupaient la pre­ mière fois. Ce sera donc le bord des o nglets qui sera étagé de deux millimè tres et, par le même procédé que pour les gravures , elle tremp era en de hors le bord de ses onglets , colle p arto ut mais peu épaisse. Maintenant, prenant chaque feuillet où doit être placée la gravure, elle collera l’ongle t au verso de ce feuillet, en aju s­ tant le dos de la gravur e au bord du dos du feuillet, et pour ra laissei' sécher ouvert, après avoir donné une pression légèr e avec la main. Si une gravur e se trouve au centr e d’un cahier, l’onglet sera collé sur le feuillet, de façon que la couture traverse l’onglet et donne ainsi un complé ment de solidité. Le mon­ tage que nous venons de démont rer, s’appelle mon­ tage sur fond normal. Il existe un autre montage appelé montag e sur fond avancé. Le premier s’applique à toute gra vur e simple, c’est-à-dire de la gran deur d’une pag e du livre. Le second s’applique à toute grav ure double, c’est-à-dire d’une impression de la gran deur de d eux pages. Pou r exécu ter ce dernie r montage, l’ouvrière emploiera des onglets , comme les précédents, au g­ mentés en la rgeu r de la larg eur de la chasse corres ­ pondant e au volume. Fixant d’abord chaque onglet


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CONSTRUCTION

d ' ü NE

RELIURE DE LUXE

par un collage de deux millimètres, au verso et au bord du dos de la gravure, l’ouvrière met à nouveau deux millimètres de colle au bord de l ’onglet comme dans le montage sur fond normal, puis fixe l’onglet sur le feuillet correspondant à la gravure, mais en éloignant le fond de celle-c i, de la valeur d’une chasse par rapport au fond du cahie r. De cette façon, le volume étant relié, il sera possible de voir la gravure dans son entier. Nous retrouverons ces deux façons de procéder dans le montage de la couverture de brochu re. Montage de la couverture de brochure. — La cou­ verture de brochure est, de nos jours , montée de différentes façons dans l’intérieur du volume. Soit en deux parties, devant, dos et derrière tenant ensemble; soit en trois parties, devant, dos, derrière, tantôt le dos sur la couverture de derrière près du mors du volume; tantôt le dos collé sur le premier feuillet de garde blanche. Comme il nous faut démon­ trer un procédé, nous prendrons celui qui nous semble le plus pratique. Le devant seul sera fixé sur le titre, et le dos attenant au derrière seront fixés à la fin du volume. Avec une règ le et une pointe, sur le zinc, l’ouvrière sépare le devant en faisant une coupe à distance égale (un millimètre) des filets qui sont généraleme nt sur le dos de la couverture. Lorsqu’il y a absence de filets, elle coupera en s’étant assurée de l’équerr age avec le titre imprimé sur le devant de la co uverture. Le dos de la couverture sera replié sur le derrière de la couverture, texte sur texte. La couverture de devant sera montée comme il a été expliqué pour le montage des gravures simples.


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DE LA PI.AÇURE

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Toutefois, il ne sera pas utile d’atten dre que le dernier collage soit sec pour fermer; on pourra employer le procédé suivant : Après avoir, par un premier collage, fixé un onglet au bord du verso de la couv erture, l’ouvrière met de la colle au bord du même on glet, comme il a été indiqu é. Puis, prena nt une macule propre, elle place sa couvertur e de bro ­ chure ainsi préparée sur ce papier, dans la même position que pour le tremper , c’est-à-dire le verso dessus. Pren ant le titre du volume, et le plaç ant sur cette partie de la cou vertu re, la t ête et le dos en rap­ port avec cette derniè re, il lui rester a à raba ttre l’onglet trempé sur le verso du t itre, en ra batt ant en même temps la macule. Si le papier est dans le bon sens et que la colle soit mise avec modération, il y aura prop reté et nulle ment besoin de reprendre ce travail pour le re plie r. Pou r la couv ertur e de derriè re et le dos, l’on • emploiera le procédé indiqué au montage sur fond avancé, si le dos est en p arfait état de pro preté. Dans le cas contr aire, il faudra que l’ouvrière coupe u n ongle t de la large ur du dos plus un cent i­ mètre environ et de même hau teur que les étroits. Après avoir mis de la colle de pâte ou chimique au verso d u dos de la couverture , du bord extérieur du pli fait, elle applique ra sur cet te colle, l’onglet large, fera une légère pression avec la main, ayant mis un papier inter méd iaire , et lai ssera sécher. Une fois sec, elle prélè vera sur la p artie non collée, ce qui est nécessaire pour la bonne fixation de cette partie de la couve rture sur le dern ier cahiei' du volume. Elle laissera donc trois millimètres pour le collage, plus la large ur d’une chasse correspo ndante au


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CONSTRUCTION D’UNE RELIURE DE LUXE

vo lum e. P ou r m on te r ce tte pa rt ie de la co uv er tu re su r le vo lum e, l’ou vr iè re m et tr a de l a co lle de pâ te su r une la rg eu r de de ux m ill im èt re s et fix era l’on gl et au to ur du dos du de rn ie r ca hi er . P ou r ce la, ap rè s ce tte de rn iè re tr em pe , ell e pl ac er a le de rr iè re de sa co uv er tu re su r un e m ac ul e pr op re , le ve rso de ss us , pu is pr en an t le de rn ie r ca hi er du vo lu m e, ell e aj us te sa tê te av ec cel le de la co uv er tu re et le bo rd de so n dos , av an cé su r l’on gl et d’une ch as se ; co mm e po ur la co uv er tu re de de va nt , il lui re st er a à ra b a tt re la pa rtie de l’on gl et tre m pé su r le bo rd du ca hi er , en ra b at ta n t en mô me te m ps la m ac ul e; un e lé gè re pr es sio n su r ce lle -c i, au bo rd du do s, su ff ira po ur as su re r un co lla ge pa rf ai t. Ce tte faç on de m on te r la co uver tu re de d er ri èr e et le dos es t ce rt ai ne m en t la plu s pr op re et po ur ra êt re em plo yé e da ns tou s les cas , et à pl us fo rt e ra is on si de dos es t éc or ch é en dé br oc ha nt , et mô me s’il y ma nq ue qu el qu es m or ce au x, le sq ue ls p o u rr o n t êt re rem pla cé s par un pa pi er se m bl ab le et co llé s su r l’on gl et . Lo rsq ue l ’ill us tr at io n de la co u v er tu re se co nt in ue su r le dos et le de rr iè re , il fa u t bi en se g a rd e r de la co up er . On pl ie ra le do s in té ri eu re m en t en de ux , pu is en su ite ch aq ue cô té de la co uv er tu re , en ay an t soi n de pl ac er l’ill ust ra ti on en de da ns . P a r un on irl et ét ro it fixé au bo rd du dos du der ri èr e de la co uv er ­ tu re , on fixe ce lle -ci au bo rd du dos du pr em ie r ca hi er , en l’élo ig na nt co m m e il a ét é pr oc éd é po ur le de rr iè re de la co uv er tu re da ns le ca s pr éc éd en t. Un e lois t er m in é, on do it do nc tr ou ve r le ve rso du de va nt de la co uv er tu re , de ss us . U n au tr e pr oc éd é, no us per m et ta nt d’av oi r le re ct o


DE LA PLACU * RE

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dess us, s’exécut e de la man ière suiv ante : Ne cou­ pan t touj our s pas la cou ver ture , il est fo rmé à ce lleci deux plis : un pre mi er au der rièr e, en pla çan t text e sur tex te, et un seco nd en ram ena nt le deva nt, le rec to de celui -ci dess us. Ce deuxi ème pli sera formé de façon qu ’il ne soit pas p ris dans le mors du volu me. La co uve rtu re a insi repli ée dev ra avo ir en la r­ ge ur c elle d’un feu ille t du volume . Si ma inte nan t, à l’aide d’un ong let étr oit fixé au verso du der rièr e de la cou ver tur e, du côté go utt ièr e, on proc ède au mo nta ge comm e pou r le dev ant seul dans l’autre cas, on aur a, une fois mon tée, le recto du deva nt de la cou ver tur e des sus . Si ce ré su lta t est un av ant age , les deux p lis fai ts ne son t pas trè s heu reu x à notr e avis, car lor sq u’il y a un pli, il y a coup ure dans un tem ps plus ou moin s long. Plac eme nts div ers . — En deho rs des mont ages que nou s veno ns d’expl iqu er, l’ouvrièr e peu t avoir à int erc ale r dans le volu me d’autr es grav ures , po r­ tra its , ex tra its de jo ur na ux , aya nt un rap por t avec l’ouvra ge, etc. Lor squ e cet te sauc e, nom sou s lequel son t dé sign ées ces int erc ala tio ns, est de form at co r­ res po nd an t à celu i de l'ou vrag e, rie n de chan gé dan s le ur pla cem ent , leque l se fera suiv ant leu r forme comm e il a été dé cr it. Si l eui' form at est plus peti t, le mo nta ge ser a fait avec des ong lets d’une lar ge ur pe rm et ta nt à leu r imp ress ion de bien se rep ére r avec celle du tex te du liv re. Lors que de ce tte façon on in ter ca ler a des gr a­ vur es d’un pa pie r très épais , l’ouvriè re devra pro ­ lég er mo me nta né me nt le volum e, des mar que s que pou rrai ent faire les tran che s de ces gra vures sur le texte, par s uit e des diff éren tes pre ssio ns.


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CONS TRUC TION

D' UN E REL IURE

DE LUXE

Pou r cela, elle découpera dans un papier ou carte d’épaisseur corresp ondant e à ces gravu res, un cadre de mêmes dimensions que celles-ci, donnera à ce papier ou cart e la gran deur d’un feuil let du livre et le fixera lég èrem ent s ur l’onglet rete nan t la gravu re. Si le cad re est exactem ent fait, la grav ure trouver a tout just e son logem ent et de ce fait aucune épais­ seur ne marqu era sur le volume. Quand la reliure de celui -ci sera terminée , on enlè vera ce cadre , som­ mairemen t fixé, et l’ouvrage sera en p arfai t état. Des intercalai res plus peti ts et de papiers plus minces que l’ouvrage peuve nt être placés dans le volume, après que l’ouvrière, par un travail spécial, leur aura donné le format du livre. Ce travail, appelé réenmarg er, consiste à pr endre un f euill et de même format et de même qualité que celui du volume, puis à découper un cadre à l’intérieu r de ce papie r, plus pe tit de deux millim ètres dans chacu ne de ses dimensions, et perm ettan t au texte à réen mar ger d’être en con cordance avec celui du li vre. Ce travai l préparat oire étant fait, l’ouvrière, par un collage propre, fixe le cadre sur le texte à a gran dir, en met­ tant un millim ètre de colle de pâte ou chimiqu e sui­ le recto et au bord de ce texte. Pa r une pressi on faite avec la main en plaç ant un papie r comme interm édiaire entre sa main et le c ollage, l’ouvrière s’assure ra d’une bonne mise en place et char gera jusq u’à complète sécheresse. Une fois sec, ce nou­ veau feuillet ainsi consti tué, sera fixé à sa place, dans le volume, par un montag e corre spon dant à celui d’une grav ure simple. Placem ent des gardes blanches. — On placera au commence ment et à la fin du volume un papier


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vierge, auta nt que possible de même natur e que le texte de l’ouvrage. Ces feuillets de papier pren nent le nom de garde s et serven t de protect ion à l’ou­ vrage, sur tou t contre le d égras de la peau, que les remplis du dos ou de la couver ture vont pouvoir déposeï’ sur elles. Suivant l’importance de ces rem­ plis, on mettr a donc plus ou moins de feuillets de garde. Pour une demi-re liure, l’ouvrière placera u ne garde simple, c’est-à-dire une feuille pliée en deux, sur le devant et le derriè re du volume. S’il s’agit d’une reliure pleine, elle m ettra une garde double, c’est-à-dire une feuille de papier pliée en quatre, aux mêmes e ndroit s. Ces garde s b lanche s étan t destinées à pro téger le volume penda nt son existence, il faudra donc leur conserver toute l eur prop reté pendan t l ’exécution de la reliu re. Pour cela, l’ouvrière placera sur ses garde s bl anches des fau sses-garde s. Placem ent des fausses- gardes. — Toute demireliure aura comme fausses-g ardes un feuillet de papier solide, impri mé ou non, et tixé par un collage très étro it au bord du dos de chaque garde. Ce feuillet ne rem plit dans ce cas qu’un seul rôle, celui de p rotec tion. Pour une reliu re pleine, le rôle des fausses-gard es est aussi de facili ter la fermet ure du livre lorsque celui-ci a reçu son habit. Or, pour une re liure pleine sans charni ères, l’ouvrière placera devan t chaque garde blanche double une fausse garde simple, c’est-à-d ire une feuille de papier de même nature que celle ind iquée plus haut, et pliée en deux. S’il s’agit d’une reliure pleine à charnièr es, l’ouvrière placera, en se serv ant de la même na ture de papier,


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CO NST RU CTI ON

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DE LUXE

une fausse-g ardc doubl e, aux mêmes endro its. Dans ces deux cas, les faus ses-g arde s seront cousue s comme le seront elles-mêm es les garde s blanc hes ainsi que si elles étaie nt des cahi ers du vol ume. Le volume ainsi prépar é subira ensuite une assez forte pression pour le rendre plus com pact et pou­ voir avec assuranc e empl oyer le bon numéro de fil avec lequel il devra être cousu. Mise en presse. — Pour les ouv rag es de luxe que nous étudions dans cette second e partie, il fau t laisser de côté le lamin age. Ce proc édé, s’il conv ient par sa rapidit é à tous les ouv rag es impri més sur papiers ordinaires, ne saura it conv enir aux éditio ns sur papiers de luxe et surt out aux pap iers à gra ins. On remplacera avan tageu seme nt le lam inoi r par la presse à percussi on, en se serv ant d’ais en carto n, de plateaux en bois et de ca rtes de Lyon . Le volum e sera d’abord décom posé en batt ées. On entend par battées la réunio n d’un cer tain nombr e de cahi ers du volum e forma nt une épa isse ur d’un centimètre environ. Ce mot trouv e son ori gin e dans l’expression employée par nos aïeu x lo rs qu ’ils bat ­ taient les v olumes. L’ouvr ier pla ce d’ abord dans le mili eu de la presse un pl ateau en bo is, sur ce plate au un ais en carton , et sur cet ais une carte de Lyon , le t out d’un form at légèr emen t plus grand que cel ui du volu me. Apr ès avoir redressé la premièr e batté e, sur le dos et en tête, il s’assu rera que les cahiers en sont bien alig nés , et placer a c elte batt ée au mili eu de la cart e de Lyon, le dos tourné vers lui et la tête à droit e. S’i l place sur cette battée une a utre carte de Lyon , puis un ais en carton et une nouve lle carte de Lyon sur cet ais,


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il mettra la seconde battée sur cette carte, mais en contrariant le sens, c’est-à-dire que la tête se trou­ vera à gauche et le dos derrière. Une carte de Lyon puis un ais, puis une autre carte et ainsi de suite jusqu’à la tin du volume en mettant bien les battées interverties les unes au-dessus des autres. Un plateau en bois pour finir, et une très forte pression pendant une douzaine d’heures, donneront satisfaction. Si l’ouvrier a plusieurs volumes à mettre en presse, de formats différents, il commencera par mettre le plus grand dans le bas de la presse, et placera entre chaque grandeur de volumes, un ou plusieurs ais en bois, pour que la pression des plus petits ne nuise pas à la pression des grands . En dehors de cette façon de presser le volume, il en existe une autre, beaucoup plus longue et que l’on n ’emploie guère que pour les ouvrages de grand luxe. Une première fois, le volume est mis, cahier par cahier, entre deux cartes de Lyon, jusqu ’à con­ currence d’un centimètre d'épaisseur. Cette battée ainsi obtenue est placée dans la presse comme il a été ind iqué plus ha ut. Si l’on procède de même pour les autres cahiers du volume, on a ainsi une pressée composée de battées ayant une carte de Lyon entre chaque cahier. Une forte pression d’au moins douze heures, puis après avoir retiré les cartes de Lyon entre les cahiers, remettre en presse en rassemblant deux ou trois b attées, suivant la grosseur du volume et presser pendant un même laps de temps. Puis retirer de presse et remettre le volume dans son entier toujours pendant au moins douze heures. Si l’on Lient compte qu’après cette dernière pression, l’on peut ne metLre les gravures à l’intérieur qu’à


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CONSTRUCTION ü ’UNE RELIURE DE LUXE

ce moment-là, l’on donnera une nouvelle pression, les collages étant secs, le volume pressé dans son entier. Cette deuxième manière de presser le volume donne assurément le summum de la perfecti on. Après ce travail, l’ouvr ier procédera à l ’ébarba ge du volume. De l’ébarbage. — S ’il est utile que certains ouvrages aient leurs tranches égalisé es pour en faciliter le feuill etag e, il n’est pas moins utile de conserver intactes les marges des volumes édités sur papiers de luxe. Tout efois , certains volumes deviennent disgra cieux par la trop grande diffé­ rence des marges réelles par rapport aux fausses marges. Il y aura donc nécessité à ce que l’ou vrier réduise celles-ci pour donner au volume une forme conve­ nable. On entend par marge réelle le blan c qui existe entre le bord du texte et le bord des plus larges feuillets, en goutt ière; une fausse -marge est le blan c qui existe entre le bord du t exte et le bord des p lus étroits feuillets, en go uttièr e. L ’espace compris entre le bord des fausses-marges et le bord des ma rges véri ­ tables prend le nom de tém oin. Ces définitions don­ nées, l’ouvrier ébarbera en général les volum es, en prenant comme guide la moyenne des témoins. Exception sera faite pour les volumes édités sur papier à la cuve dont il devra conserver toutes les barbes de queue et de gouttiè re. L ’ébarbage se fa it à la cisaille et en commençant par la go uttière. Pour cela, l’ouvrier recherche dans l’inté rieur du


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DE LA PL AC UR E

volume, le témoin moyen qui servira de modèle, puis mettra ce cahi er sous le pr esse-papier et avancera le grand guide de la cisaille, jusqu’à ce qu’il touche le

ison Bertrand) Fi g. 1. — Cisaille à papi er pour ébarba ge (Ma

dos de ce cahier. Lorsque l’endroit choisi se trouvera ­ à ha uteu r de la lame fixe, il ser rera le guide et pré sentera success ivemen t chaque cahier, fausses gardes et g ardes comprises, au guide, et abaissera . la lame mobile en la serra nt contre la lame fixe Chaque cahie r sera mainte nu avant la coupe avec la main gauche, de m anière que le serrag e des lames Giianat. — Manuel du relie ur. 2* part ie.

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CONSTRUCTION D’UNE RELIURE DE LUXE

ne fasse,p as dévier le cahier et assure ainsi une coupe par faite. Les lames devro nt être serrées l ’une contre l’autre pour éviter le mâchage du papier. Ensuite, l’ouvrier ébarbe la que ue du volume, mais dans le cas d’un re pliage comme il a été indiqué à ce paragr aphe, il lui faut d’abord procéd er à la rég u­ larisation des ma nchette s de t ête. Ce trava il se fera également à la cisaille, en se serv ant du petit guide et en coupa nt les feuillets qui dépasse nt en tête , à une éga le dista nce du texte . T enir co mpte qu’il n’est pas nécessaire de couper tou t ce qui dépasse, car le volume sera rogné d’une chasse en t ête . Eba rba nt ensuite la queue du volume, après avoir reche rché de ce côté la moyenne des témoins, en me ttan t au petit guide la tête du cahier , il n ’y au ra plus qu’à présente r chaque cahier à ce guide, en les maint e­ nant fortemen t contre l’équerre, et coup er ce qui dépasse d elà lame fixe comme pour la g outt ière . Pour les fausses- gardes et gard es simples , ava nt de présente r la tête au guide, il faudra d’abord équerre r celle-ci. Inuti le d’équ erre r les faussesgardes et g ardes-do ubles, une feuille de p apier pliée correctemen t en quatr e donna nt sûre men t l’angle droit. Nous aurons donc, après ce travail, un volume d’une lar geur égale en tête comme en queue, et d’un équerrag e parfait de ce côté. Collationnement. — Le volume ayant subi toutes ces manipu lations, il es t de toute nécessité de s’assu­ rer du bon ordre des pages et des c ahie rs. Ce travai l s’appelle le collatio nnemen t. Pou r un volume qui n’a subi aucun travail inté ­ rieur, il suffira de s’assu rer que les sign atur es de chaque cahie r se suiv ent bien . Dans le cas con trai re


DE LA PL AC UR E

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on collationnera à la page, procédé que l’on sera tenu d’employer le plus souvent pour la reliure de luxe. La façon de procéder pour ces deux manières est suffisamment expliquée dans notre première partie. Grecquage. — Le grecqu age est le travail qui con­ siste à faire sur le dos du volume en feuilles, des traces, soit au crayon, soit à la scie ; ces dernières plus ou moins profondes suivant le mode de couture. Il existe trois modes de c oulure : la couture à la grecq ue, la couture sur rubans, et la couture sur nerfs. Le premier de ces modes de couture ne devra être employé que pour les ouvrages de peu de valeur. Les encoches faites dans le dos des cahiers, et permet­ tant à la ficelle de s’y loger, donnant en même temps passage à la colle, d’où il s’ensuit une plus grande raideur du dos et une mauvaise conservation du livre, due à la putréfa ction de la colle employée, généralem ent de la colle forte, à base de gélatine d’os. Pour la reliure soign ée, il faudra donc employer, de préférenc e, la couture sur rubans ou la couture sur nerfs, le fond des cahiers n’étant perforé que par f aig uill e. L ’emplac ement des r ubans ou des nerfs devra être rigoureusem ent obs ervé, pour assurer une bonne soli­ dité du livre . En se rapportant au compassage indiqué page 59 du premier ouvrage, il suffira de ne compter que trois chasses en queue, à compter du bord du papier de ce cô té. On pourra se rendre compte que, quel que soit le

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C O N S T R U C T IO N

D 'U N E

R E L IU R E DE

LUXE

nombre de rubans ou de nerfs, les premiers et der­ niers points, parmi les cinq i ntermédiaires, sont tou­ jours occupés, Ensuitepour un volume à fausses-marges normales, il suffira de redescendre d’une chasse en fête et en queue, pour effectuer une trace où seront faites les 1-- 1--------------------------------------- - -------------- i rl 1 1 -------- 1 a1U--ij— —• * *-------- 1 ---------•

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Fig. 2. — Disposi tif de gre cqu e, a, points pour fic elle , ruban ou sep tain ; c, ch aîn ett es.

chaînettes de tête et de queue. Exce ption sera faite pour les volumes à grands témoins en queue . Dans ce cas, le compassage se fera toujours en comptant trois chasses en queue, à compter de la base des plus longs feuille ts, mais la chaînette sera montée jusq u’au bord des feuillets les plus courts et pourra de ce fait se trouver très près du ruban ou de la ficelle placée sur le c inquième point. DE LA COUTURE

La couture, comme nous l’avons déjà recom­ mandé, est de toutes les phases de la reliure celle qui doit attirer le plus d’attention. Sans nous étendre à nouveau sur les différents modes de couture, suffi­ samment expliques dans notre premier ouvrage, il nous sulfira de donner ici toute l’applica tion que l’on devra apporter pour assurer une bonne couture.


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Puisque nous avons vu, dans ce même ouvrage, que c’est l’épaisseur du fil qui perm ettra d’obtenir une bonne forme ronde et de faire des logem ents de carions convenables, c’est donc dans le choix du fil qu'il faudra appor ter une grande attent ion. Il ne

Fig. 3. — Ou vriè re cousa nt sur ficelles.

nous e st pas possible d’indiquer quel numéro de fil on devra prend re pour telle natur e de papier ou telle épaisseu r de cahi er; néanmoins, nous pouvons donner comme règle généra le, que plus un papier est mou et plus les cahiers sont épais, plus il faudra prendre du gros fil. Le fil usité en re liure est de lin et est plus gros à mesure qu’il se rap proche du n° 0. L’ouvrière devra bien serre r sa coutur e, c’est-àdire, s’assurer que le fil est bien tendu dans chaque cahier, et qu'à chaque extrém ité les cahiers sont

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CONSTRUCTION d ’ü NE RELIURE DE LUXE

reliés les uns aux autres par une chaîn ette, simple pour une coutur e à la gre cqu e ou sur ruba ns, et double pour une coutur e sur nerfs. Une autre attent ion à appor ter, c’est qu’ une fois cousu, le dos du volum e soit d’un tiers plus épais. Pour cela, après avoir chois i conv enab leme nt son fil, l’ouv rière comm ence à coud re, cahie r par cahi er, pour une reliur e de lux e; lorsqu e le tiers du vo lume est cousu, l’o uvrièr e appuie au bord du dos et se rend compte si celu i-ci a augm enté du tiers . Si oui, elle contin ue à coudr e ave c le même fil. Sinon , elle prend, suivan t une épai sseu r insuffi sante ou trop forte, un fil plus gro s ou plus min ce, et coud avec ce dernier le deuxièm e tier s; le trois ième tiers sera toujour s cousu avec le même fil q ue le premier* tiers. Il est de beauc oup préf érab le de pren dre pour débuter un fil plus fort que plus faib le. Au fur et à mesure que les c ahiers sont cousu s, l’o uvri ère s’as su­ rera s’ils sont bien descen dus l’un sur l’a utre , et évi ­ tera de taper pour effec tuer ce trav ail. Pour la coutur e sur ruban s, l’ ouv rièr e pourra se servir pour leur fixa tion , en dehors des cla vet tes , de clous. Des épin gles ordin aires serv iront à att a­ cher les rubans sur les chev alet s de la barre tra ns­ versale du cous oir; il rest era à intro duir e ce clou dans la rainur e de la tabl e et à le mett re en trav ers, sous cette table, comme une clav ette ou une che villette. Dans la coutu re sur nerfs, l’on pour ra emp loyer comme ficelles, soit du foue t, du sept ain ou de la ficelle de chan vre de bonne qua lité. Nos préfé rence s vont à la ficelle de chanv re et en voi ci les raiso nsSi l’on renco ntre plus de ré gul ari té dans l’ép aiss eur


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DE LA COUTURE

du fouet ou du septain, il existe aussi une difficulté plus grande dans l'eflilochage de ce genre de ficelles. Comme dans tous les cas, nous verrons à l’apprêt ure de cou vrure, qu’il nous fa udra rev êtir ces

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Fig. 4. — Montag e des cheville ttes.

ficelles d'un e lang uett e de peau, il nous sera facile à ce mom ent-là de rem édier à l'i rrég ulari té de l’épais­ seur des ficelles de chanvre. Le temp s ga gné à l’effi­ lochage est assez apprécia ble et nous assurera un

Fig . 5. — Nœud de tisserand .

volume tout aussi bien conditionné qu’avec le sep­ tain. Cette ficelle sera donc d’épaisseur en rappor t avec le format et la gross eur du volume. Ne pas perdre de vue qu’un volume normal doit avoir des nerfs d’une large ur égale à la hau teur des chasses. Toutes les chaînett es, dans ce genre de couture,


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CONSTRUCTION D UNE RELIURE DE LUXE

do iv en t êt re do ub les, c'e sl- à- di re qu e l’ai gu ill e do it êt re pa ssé e da ns la bo uc le . En ré su m é, po ur la bo nn e ex éc ut io n d’un e re li u re de luxe , on év ite ra la co ut ur e à la gr ec qu e; la co u­ tur e de vra êt re bie n se rr ée et pe rm et tr a au dos du volum e d’être plu s gr os d’au mo ins un tie rs . To us les dos des ca hi er s de vr on t êt re al ig né s, au cu n nœ ud ne de vr a êt re vis ibl e à l'e xt ér ie ur du vo lum e et l’ou vr iè re fer a en so rte q u ’ils se tr ou ve nt pr ès de s ch aî ne tte s. 1 r

DU CORPS D'O UVR AGE

Pa ssu re en colle . — A pr ès av oi r m in ut ie us em en t pr ép ar é l’in té ri eu r de no tr e vo lu m e, et av oi r ré un i tou s ses ca hi er s pa r un e bo nn e co ut ur e, il fa ud ra lui do nn er un e for me ro nd e, co nf ec ti on ne r les lo ge ­ me nts des ca rto ns , fixe r ce ux -ci , pu is ég al is er la tèt e. L’en se mb le de to us c es tra va ux e st a pp el é co rp s d’ou vr ag e, et l’ou vr ie r ch ar gé de le ur ex éc ut io n po rte ég al em en t ce no m. Le vo lum e so rt an t du co us oi r pe ut av oi r, m al gr é to ut e l’att en tio n ap po rt ée , un do s un pe u tro p ép ai s, pu is, à l’en dr oi t des ch aî ne tt es , le do s p e u t êt re pl us pin cé. L’ou vr ie r pr oc éd er a do nc to u t d’abo rd à l’ap pr êt ur e de la pa ss ur e en col le av an t d’ex éc ut er cel le-c i. Ce tte ap pr êt ur e va 'c on si st er à re n d re le do s du volum e d’une ép ai ss eu r ég al e et co nv en ab le , de la tê te à la qu eu e; à s’a ss u re r qu e la tê te du vo lum e est bie n pe rp en di cu la ire av ec les cô té s et qu e so it fice l­ les ou ru ba ns so nt bi en te nd us ou ne so nt pas pli ssé s su r le d os du vo lu m e,


DU COR PS D ’OUVR AGE

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Après avo ir redressé le dos cl la tôle du volume sur le tas en fer, l ’ouvrier saisit le volume avec la main ga uche, qu'il place en goulliè re, et serre forte­ ment cette main. Puis avec la main droite, tenan t le martea u par l’extrémité du manche, il frappe légè rem ent au bord du dos des cahiers, de la premièreà la der nière Hcclle pour un volume cousu à la grecqu e, sans interr uptio n, tandis que pour un volume cousu sur ruban s, il frappera légèrem ent sur la même longue ur, mais sans Loucher aux rubans. Le lil se trouvan t à l’extérieur, à l'emplacement des rubans, il faudra bien teni r compte de la recom­ mandat ion donnée plus haut, si l’on veut obtenir par la su ite des lo gemen ts de cari ons correc ts. Pour un volume cousu sur nerfs, l'ouvri er s'assu­ rera du bon align eme nt du dos des cahiers et de l’équerra ge de la tête. Si, pour une raison quelconque , un cahier a son dos re ntré, et qu’un re dressa ge comme il e st dé crit, ne donne pas satisfa ction, l'ouvrie r placera exacte­ ment au milieu du cahie r rentr é une plaque de zinc ayant au moins les dimensions du volume. Redres­ sant le dos du volume sur le tas en fer en fais ant pression en même temps sur le zinc, il suffira d'employ er peu de force dans la pression pour avoir nivelé le dos et ret ire r ensuite la plaque de zinc. Lorsq u’en s ’assurant de la bonne tens ion des ficelles dans l’intérieur du dos du volume, il arrive qu’une ficelle s’échappe compl ètemen t de son logement, pour la rep lacer, il fa ut procéd er ainsi : Enfilant u ne aiguille avec un fil ré sistan t, du n° 24 par exemple, on fait un nœud à l’extrémité, comme pour coudre


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CO NS TR UC TI ON d ’uNE RE LIU RE DE LU XE

à fil double. Intro duisa nt l’aiguille dans le log ement de la ficelle, derri ère le fil qui a servi à coudre le volume, il faut faire resso rtir l’aiguille du côté opposé et tir er dessus jus qu’à ce qu’il reste une petit e long ueur d’aiguillée du côté où elle a été introd uite. Pre nan t un morceau de ficelle corr es­ pondant à celle du volume , en effilocher une extr é­ mité, puis int rodu ire celle-ci dans la boucle formée par le petit bout d’aiguillée opposé à l’aiguille . Tiran t sur celle-ci, elle entraî ne avec elle, et le fil qu’elle contie nt, et la ficelle re tenu e p ar celui-ci. Si c’est un ruban, au lieu d’une ficelle, le travail est plus facile. Il suf fit de pren dre un passe-la cets, et de l’introdu ire de l’autre côté du fil après l’avoir garni d’un ruban corresp ondant au besoin. Malgré toute l’attention apport ée, il se peut q u’une chaînette soit oubliée. Pour r emé dier à cet oubli, il suffit de passer l’aiguille enfilée, entr e les deux cahiers limitroph es de l’oubli et de chaque côté, puis de tirer sur son fil et de faire un nœud ordi ­ naire. Ces remèdes sont évidemm ent à évite r, car le zinc peut, par un mauvais emploi, coupe r le fil au fond du cahier, et le rem plac eme nt de la ficelle ou du rub an ne peut faire qu’érailler le fil de cout ure. Dep lus, la ch aînett e oubliée nous donn e inév itab le­ ment un nœud là où il n ’en faut pas, car avec le marteau , on risque de couper ce nœud en confec­ tionna nt les mors. Evidemme nt, ces remèdes ne conc erne nt null e­ ment la c outure sur nerfs, celle-ci deva nt être faite avec une extrême minutie. Le volume étan t bien prépar é, l’ouvrier procède à


DU COR PS D ’OUV RAGE

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la passure en colle proprement dite, travail qui con­ siste à souder les dos des cahiers les uns aux autres par de la coll e. Pour la reliure qui nous occupe, la colle à emp loyer sera la colle chim ique. Le travail s’effectuera de façon différente, soit que l ’on ait un volume cousu à la grecque, soit que ce soit un volume cousu sur nerfs . Pour un volume cousu à la grecque ou sur ru bans, l’ouvrier se conformera aux indications données dans notre première partie, en n’oubl iant surtout pas de bien passer la partie effilée du marteau sur le dos après la première couche de colle , et de bien s’assurer, encore une fois, que la tête est bien d’equerre, avant de laisser sécher. Le volume cousu sur nerfs, comprenant autant de volumes qu’il y a d’entre -nerfs, demandera beau­ coup plus de soin . L ’ouvrier, de chaque côté du volume redressé, à quelques centimètres du dos, mettra un ais en bois comme ceux qui servent pour grecq uer, les ficelles étant placées sur ces ais . Ainsi préparé, le tout sera mis dans une presse, à rogner, par exemple, le dos dépassant les jumelles de la presse, et les ficelle s du volume étant également en dehors. Le volume sera très peu serré, pour ne pas déformer le dos. Pu is, après une première couche de colle chim ique , mise sur le dos du volume, l’ouv rier frotte chaque entre-nerfs avec la partie effilée du marfea u, pour bien faire pénétrer la colle, et ensuite, il redresse les ficelles du dos, appelées nerfs, en se servant de la rè gle, puis du compas pour s’assurer de la régu larit é de leur écartement, et au besoin de la pince à n erfs. Une deuxième co uche de colle chim ique, bien mise jusqu ’à la base des ficelles, sans en mettre sur la


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CONS TRUC TION

D’ UNE RELIUR E DE LUXE

tranche de queue, et il ne restera plus qu’à laisser sécher dans cette position. Effilochage des ficelles. — Lorsque la passur e en colle est sèche, il faut rédui re les ficelles à leur état primitif, pour que leur épaisseur ne marque pas par trop sur le volume penda nt l’endossure. Le volume cousu à la grecq ue sera effiloché comme nous l’indiquons dans la prem ière partie. Celui sur nerfs demandera un soin particu lier par suite de la gros­ seur que peut avoir la ficelle suivant le format du volume. Le septain, composé de sept brins tournés autour d’uu autre brin appelé âme, sera effiloché avec une aiguille. Cette ficelle demande un temps très long, et de plus, par suite de la t orsion de ses bri ns, l’ouvrier risque en effilochant d ’enlever une quan tité excessive de brins. L'effilochage de nerfs const itués par de la ficelle de chanvre se fera comme celui de la ficelle à la gr ecqu e. Dans les deux cas, la ficelle, étan t effilochée, peut donner une épaisseur excessive qui n ’aug men tera pas la solidité du volume, mais nuira sur tou t à la bonne construction de la reliure . Si la ficelle donne une épaisseur supérie ure à ce qu’une ficelle de volume cou suà la grecque p ourr ait rep rése nter , il y a n éces­ sité de couper une partie de cette ficelle. Les brins qui devront êtr e coupés, sero nt pris parmi ceux de l’inté­ rieur, c’est-à-di re du cô té opposé au dos du volume, et le plus au ras possible. Endossure. — L’endossure est le trava il qui con­ siste à donner au volume u ne bonne forme ronde et à faire les logements des c artons. De là, deux tours de mains différents : l’arrondiss ure et l’endossure propre ment di te .


DU CO RPS

D ’OUV RAGE

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travaux, Avant de procéde r au premier de ces uttiè re offre l’ouvrier doit d'abo rd s’assurer que la go mâchage de une tranch e impeccable. S’il y a moment de quelques feuillets par la cisaille, au sont déplacés l’ébarbage, ou si quelque s feuillets se défauts en pendant la couture, l’ouvrier rectifiera ces ec du papier râpan t légère ment la go uttièr e, soit av épais, soit de verre collé s ur une bande de carton intenu avec avec une lime fine. Le volume sera ma grecquage, deux ais comme ceux qui servent au ètre s de la lesquels seront placés à quelques centim sser, ou endo gouttiè re, et le tout placé dans l’étau à men t. L’outil dans la presse à rogn er et serré légère u aux deux à râper, lime ou papier de verre, ten rd placé per­ extrémit és avec cha que main, est d’abo ièr e, puis patpendic ulaire ment aux bord s de la goutt n t à chaque un mouvem ent de va- et-vient , en biaisa l’autre de la fois, l’ouvrier opère d’une extrémité à ontalement. goutt ière en tena nt son outil bien horiz satisfaction, Lorsq u’il jug e que son travail donnera ais en pré­ il ret ire son vo lume de pre sse, enlève les du sol, pour sent ant la gou ttiè re dans la direction pénètre dans éviter que la poussièr e de papier ne il feuil lettera l’inté rieu r du volume. En plus de cela, lume, pour dans cette position plusieurs fois le vo es, pénétra nt bien éloigne r ces poussières, lesquell du piquage dans le volume, peuve nt être une cause râpée qu’au du papier. La queue du volume ne sera du râpage de moment de rogn er la tête. Ce travail plus qu’il est goutti ère et de queue est à éviter le possible. doit égale­ Avant d ’arron dir son volume, l’ouvrier il a affaire. Si ment observer à quel genre de r eliure

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CONS TRU CTIO N D ’U NE RELIU RE DE LUXE

c’est un volume cousu à la grecque ou sur rubans, il pourra être à faux-ne rfs ou sans nerfs. De là, il lui faudra faire un dos rond pour le volum e à fauxnerfs et demi-rond pour l ’autre. L ’arrondissure d’un volume passé en col le à la colle chimique peut se faire plusieurs jou rs après, sans crainte d'accidents graves comme avec la passure en colle à la colle forte. Voir la pre mière partie pour le détail de ce travail . L ’ouvrier aur a soin sur­ tout de ne taper que sur le dos des cah iers, quel que soif le genre de couture, et de ne pas frapper sur les ficelles pour un volume cousu sur nerfs. Après cette opération, l’ouvr ier se ren dra compte si la rondeur obtenue est co nforme à ce qu’il désire, et veillera surtout à ce que celle de tête soi t la même que celle de queue. Pou r être sûr de ce tte dernière qualité, lorsque le volume sera arrond i, l’ou vrier, maintenant celui-ci avec les deux mains , la main gauche sur le dos, la main droite en gout tière , l’index replié dans cette tranche , le me ttra sur le tas en fer, debout sur la tête, et s’assurer a que tous les fe uillets de cette tranche touch ent bie n au fer du las. La tranche de tête étant bien horizo nta le, cela ne fa it aucun doute, la rondeur sera la mê me en tête qu’en queue. 11 restera à l ’ouvrier de s’assurer que cette rondeur est bien une fr action d’arc de cercle parfa it. Dans le cas d’irrégu larité, il lui faudra remettre le volume à plat sur le tas en fer, et redresser par de légers coups de marteau. L ’endossure proprement dite peut se faire au moyen d’ais ferrés et de la presse à rogner , ou dans l’étau à endosser. Ave c ce dernier out il, c’est une


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grande simplification du travail et, ce qui est néces­ saire, un serrage plus fort et plus ré gulier à la base du dos. Volume cousu sur ficelles, à la grecque. — Le volume étant bien arrondi et les ficelles bien à plat sur les premier et dernier cahiers, l’ouvrier intro­ duit son volume entre les mâchoires, de façon que el

Fig . 6. — Arr ond issu re et place ment dans l ’étau .

bord de celles -ci se trouve, par rapport au bord du dos des prem ier et dernier cahiers, à une distance légèrement plus grande que ne sera l’épaisseur des cartons que devra recevoir le vo lume. Celui-ci ainsi placé dans le milieu de l ’étau, et après s’être assuré qu’il est bien placé dans cet outil, l’ouvrier serre cet outil, en se servant du volant, le plus qu’il peut. S ’il a un très gros volume à endosser, et seulement dans ce cas, l’ouvrier donnera un complément de serrage, au moyen d’une pédale à crémaillère placée sur le côté du bâti et adaptée sur la vis de serra ge. Prenant le marteau à endosser avec la main droite, qu’il place près du fer , il couche d’abord les cahiers en tête et


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CO NS TR UC TIO N D ’ UNE REL IUR E DE LUX E

en queue, en parlant du milieu du dos, de côlé el d’autre, avec la partie effilée du marteau. Ce travail est une esquisse de ce qui sera pratiqué ensuite sur toute la longueur du dos du volume. Avec la surface de frappe du marteau, qui doit être appliquée bien à plat, l’ouvrier donne des coups répétés, par frotte­ ment, à partir du milieu du dos du volume, et par fractions chevaucha nt à chaque fois l’une sur l’autre, pour arriver progressivemen t au bord des cahiers extérieurs. Chaque côté est ainsi fail alterna­ tivement. Le volume élant convenablement endossé, l’ouvrier passe son marteau sur champ , contre le -bord du. premier et du dernier cah ier, pour avoir des mors à angle droit. Pui s il s’assurera que le dos de son volume est d’une bonne rondeur, et que celle-ci est sans méplats. Quelques coups de mar­ teau donnés bien à plat per mettront de rectifier cette rondeur, et en même temps de donner au dos du volume une plus grande fermeté. Volume cousu sur ruban s. — Le placement du volume dans l’étau se fait de la même façon que pour le volume cousu à la grecque. L ’esquisse avec la partie effilée du marteau sera identiq ue, mais le milieu du dos sera endossé à l ’aide de coups de mar­ teau donnés différemment. Le fil qui a servi à coudre le volume se trouvant à l’extérieur, à l’endroit des rubans, il faudra que l’ouvrier frappe un peu plus fort à cet endroit s’il veut obtenir des mors de même dimension, de la tête à la queue. Toute fois, cette force supplémentaire ne devra pas être excessive, car cela pourrait brûler le fil et couper les rubans. Il y a donc un tour de main tout parti culie r, sur lequel il faut s’appesantir


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DU CORPS D’ OUVRAGE

Volume cousu sur nerfs. — Si ce volume est une pleine reliure, l’ouvrier devra connaître à quel genre de reliure pleine il a affaire. Les mors étant le lo ge­ ment des cartons et facilitant aussi la fermeture de la couverture du livre, il faudra donc mettre des car­ tons plus ou moins épais, suivant que le volume

Fi g. 7. — E nd os su re .

recevra du chag rin ou du maroquin, des charnières à l’intérieur ou simplemen t des gardes papier, soit encore des gardes en étoffe ou des gardes en peau. Cette précaution a besoin d’être prise, pour ne pas que l ’on donne au vo lume un aspect lourdaud. D’ailleu rs, avant d’établir une reliure de ce genre, le relieur doit savoir très exactement quel sera l’habit et la décoration que recevra son volume. Con­ naissant l’épaisseur des carLons à placer au livre, l’ouvrier met son volume, arrondi d’une façon parG h an at . — Manu el du reli eur . 2* pa rti e.

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CO NS TR UC TIO N ü' UN E RE LIU RE DE LU XE

faite, entre les mâchoires de l’étau, comme pour les deux autres genres de couture, mais il ne laisse pas les ficelles sur les plats du volume, il les met en dehors des mâchoir es. Cette particularité est faite, pour permettre une endossure convenable jusq u’à la base des nerfs, sans détériorer les ficelles. Suivant la largeur des entre-nerfs, on pourra endosser avec le marteau ordinaire pour les grands entre-nerfs, ou avec un marteau à petite surface de frappe, pour les petits formats. Le volume bien placé dans l’étau, l’ouvrier procède, pour chaque entre-nerf, comme si c’était un volume, et, pour ne pas laper sur les ficelles, il les appuiera du côté opposé à Ventre-nerf qu’il endosse. Quand l’ouvrier a bien couché les cahiers à chaque fract ion, qu’il s’est bien assuré que la rondeur est conforme à son désir, il prend le fer du marteau à pleine main droite, pose môme la main gauche sur celle-ci, et avec la partie effilée du mar­ teau, il frotte sur le dos des cahiers, dans le sens de la hauteur du volume, et sans rester à la même place. Ce frottage étant fait d’un nerf à l 'autre, est destiné à rendre le dos complètement lisse et sans aucune aspérité. Une vérification de la droiture des nerfs, et un redressage a vec la partie effilée du marteau , si cela est nécessaire, terminera une bonne endossure. Lorsqu’il est possible, l’ouvrier laissera quelques instants son volume endossé dans l’étau, pour donner un complément de fermeté au dos, et s’assurer ainsi des mors à angle droit. Coupe des cartons. — Avant d’entrer dans les détails de la coupe des cartons, nous donnerons d’abord un aperçu des cartons à employer plus spé­ cialement pour exécuter de la reliure de luxe.


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La qua lité des c artons dépend naturel lemen t de la natur e des matières employées pour leur fabr ication. Les cartons gris se fabriqu ent avec des déchels de toute natur e : pâtes avariées, déchets de blutoir, résidus d’épuration, etc., et subissent facilement les effets de la temp ératu re. Par les temps humides, ils manqu ent de fermeté. On doit donc ré server cette sorte de carton pour les reliures cour ante s. Les ca rtons colorés sont, pour la plupa rt, fabriqué s avec des papiers de re but dont on a sé paré les parties blanches pour servir à cet effet. A cette matière tritu rée, on mé lange, dans une cer­ taine p roport ion, de la pâte de chiffons, du kaolin, de la craie, des ar giles blanches , etc. Ce carton p eut se faire, soit à la machine, soit à la cuve. Les cartons de qualité fine sont teints , lorsq u’ils sont en pâle. L’humid ité est enlevée à l ’aide d’un séjour dans une étuve à a ir chaud . Puis les c artons sont satinés sous des calandr es à frictio ns, ou bien laminés pour abat tre les aspé rités et rendr e les surfaces unies et douces. Cette catég orie de carto ns sera donc, par suite de sa comp osition et de sa co nfection, p lus spécialement employée pour toute reliu re de luxe. Dans cette catégori e on trouv e le plus souvent des cartons à pâte bleue, rose ou blanche. On trouve aussi des cartons de toutes les épais­ seurs, et chaque é paiss eur po rtant un numéro c orres­ pondant à une filière que possède le fabrica nt de cartons. Ayant fait choix de la qualité et du format de son c arton, l’ouvrier commence par le d ébite r. Débitage des car ton s. — Le débitag e consiste à couper le plus économ iqueme nt, à la cisaille à car-


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CONSTRUCTION D UNE RELIURE DE LUXE

tons, autant de morceaux dont on a besoin . Ces morceaux de carton doivent avoir deux ou trois cen-

Fig. 8. —Débitage des carton s.

timètres plus grands que le volume, dans la hauteur et dans la largeu r. Quoiqu e dans le débitage des cartons , l’éq uerrage de ceux-ci soit secondaire, il est préféra ble, pour diminuer le faux-équerre, de toujours faire les coupes les plus étroites en pr emier.


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Le débitage peut se faire en se servant unique­ ment du grand guide de la cisaille. Cambrure des cartons. — Pour donner au volume un aspect meilleur, comme s’il était tenu dans une pince, l’ouvrier collera, d’un côté de ch aque carton, un papier résistant à une trempe assez longue de colle de pâte ou de colle chimique. Ce travail s’appelle doubler ou cambrer les cartons. Cette opé­ ration peut être faite immédiatement après le débi­ tage , ou bien lorsque les cartons façonnés auront été rattachés au livre par la passure en cartons. Les deux manières peuvent être employées sui vant l’idée de celui qui l'exéc ute, car toutes deux donnent un excellent résultat. Dans le premier cas, le papier est coupé de la grandeur des cartons débités. L ’ouvrier le trempe à la colle de pâte ou chimique et laisse faire l’action de la colle pendant quatre ou cinq minutes, autant que possibl e. 11 met donc sur ses papiers une couche de colle et, après les avoir trempés, les met tous deux l’un sur l’autre, colle sur col le. Après le temps indiqué, il applique chaque papier sur le morceau de carton correspondant, en tirant sur çe papier dans le sens de là haut eur; faisant pression avec les mains, en frottant sur l’ens emble, il assure ainsi un collage parfait sur toute la surfa ce. Ensuite il place chaque carton muni de son papier, debout en hauteur pen­ dant une demi-heur e. Après ce laps de temps, il met ses deux ca rtons, papier contre papier, et les charge fortement jus qu’ à complète sécheresse. Le papier allon gé par la Irempe est fixé sur le carton, et en séchan t, voulant reprendre ses dimen­ sions premières, entraîne avec lui le carton, ce qui


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C O N S T R U C T IO N

D UNE

R E L IU R E

DE

LUXE

fait que l ’on obtient la cambr ure. Des cartons ainsi cambrés, il ne fa ut pas les laisser à l’air libre , sans mettre un poids, si léger soit-il, dessus. Le travail s’opère toujours, et l’on obtiendrait une cambrure trop pro noncée, ce qui serait aussi désa­ gréable que l’effet contrai re. Quand la passure en cartons est faite, avant d’arrondir définitive ment le volum e, on procède de même quant à la coupe et au collag e des papiers, mais on laisse sécher les cartons ouverts pour que l’humidité ne fasse pas gondoler les gardes et les premiers feuillets du volum e. Par ce procédé, lorsque les papiers sont secs, si l’on a coupé ceu x-ci autour des cartons, et passé du papier de verre sur les bosses que peuvent faire les ficelles intérieur es, on obtient le maximum de perfecti on. Façonnage des carton s. — L e façon nage des car ­ tons va consister, pour toute demi- reliur e, à couper ceux-ci avec des tranches franch es, bien d’équerre et avec les dimensions suivantes. La largeur du carton sera celle du volum e, prise de la base du mors, plus une chasse correspo ndante au volume; la longueur du carton sera la hauteur du volume plus une c hâs se. Le volume étant rogné d’une chasse en t ête, nous donnera la deuxième chasse dans ce sens. Les car­ tons peuvent être façonnés soit à la cis aill e, soit à la presse à rogner. Pour façonner les cartons à la cisai lle, l’ou vrier devra observer qu’après chaque coupe, il faut que ses papiers soient toujours l’un sur l’au tre; ceci fait pour s'assurer d’un équerrage par fait . Le moyen d’arriver à ce résultat, c’est de retourner ses cartons


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chaque fois qu’il en présente un au guide pour le couper. En se serva nt du gra nd guide de la cisaille, il affran chit un grand côté de chaque carton, en enle­ vant quelque s millimètre s seulement. Puis ayant pris la l arge ur convenable avec un compas droit, il présen te celui-ci au guide pour régle r sa cisaille; une pointe de compas sera contre le gu ide et l’autre pointe à hau teur du bord de la lame fixe de la cisaille. Pre nan t un des carto ns qu’il place sur la cisaille, sous le presse-c arton, le côté affranchi contre le guide, le papier collé sur le carton se trouvant dessus, il coupe en d escen dant la lame mobile qu’il serre conven ablem ent contr e la lame fixe, tout en appuy ant sur la pédale actio nnan t le p resse-c arton. S’il m aint ient son c arton avec la main gauc he contre le guid e, l’ouvrier obti ent ainsi une coupe franche et une larg eur convenab le. Le deuxième carton sera prése nté de même à la cisaille, mais le papier étant cette fois dessous. Toujours à l ’aide du compas droit, prenan t la lon­ gueur voulue, en plaça nt une pointe de compas au bord de la tête du volum e et l’autre pointe dépas­ sant une chasse en queue, il règle le guide de la cisaille à cette mes ure. A ce m oment, vient le p oint le plus impor tant du façonnage des carto ns, c’est l ’équerr age. Pour cela, prenant un carto n qu’il présen te sous le pressecarton, s ur la ta ble de la cisaille, près de la bar re de côté, le p apier dessus, l’ouvrier main tient très forte­ ment son carton contre cette barre, penda nt qu’il exécute la coupe sur quelques millimètre s. Plaçan t cette coupe obtenue, contre le guide et le papier


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CONS TRUC TION ü ’UN E RELIURE DE LUXE

toujours dessus, il coupe ce qui dépasse de la lame fixe, et procède de même avec le deuxième carton en plaçant le papier collé sur celui -ci, dessous. L’ ou­ vrier obtient donc deux cartons dont les coupes seront ensemble et, de cette façon, il n’aura qu’à prendre son volume, le placer entre les deux car­ tons, sans déranger ceux-c i, et sera sûr de leur équerrage. Pour toute reliure pleine, l’ouv rier pourra couper ses cartons de la même façon, mais en laissant en largeur un centimètre et demi de plus que la largeu r définitive. Cette précaution est prise pour permettre, après que la tranche de tête a reçu la dorure ou la couleur qu’il est prévu, d’avoir des angle s de car­ tons nets, lesquels ne peuvent l’être par le gratt age du doreur sur tra nche s. Quoique le façonnage à la cisaill e donne des coupes assez franches, le procédé à la presse à rogner donne assurément le maximum de fini. Les cartons sont placés, papier sur papier, puis mis sur un mauvais carton, légèrem ent plus grand qu’eux. Avec une équerre qu’il place à plat sur le carton de dessus, le petit côté de l’éque rre à droite, et ses deux côtés à un demi-centimètre des bords du carton, l’ouvrier trace à la pointe l’an gle droit formé par les bords extérieurs de l ’équerre. La largeur prise alors avec le compas droit est portée sur le carton, aux deux extrémités du grand côté de l ’équerre, en plaçant une p ointe de compas sur la trace faite à la pointe et en faisant pression sur l’autre pointe pour marquer le carton. Si l’ou vrier procède de même pour la longue ur, en partant cette fois du petit côté de l’équerr e, et en plaçant

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ses points en ded ans de la ligne formée p ar ceux de la larg eur, il lui rester a à faire autour de ces points, un petit cercle au crayon, ce qui lui perm ettra de retro uver facilement ses points dans la presse à rogner. S’assu rant d’un couteau coupant très bien, l’ou­ vrier place le tout entre les jumelles de la pres­ se, et commence par prése nter au niveau de la jumelle de devant le grand côté de l’équerre tracé à la pointe. Ser­ rant for teme nt sa pres­ se, il rogne ce côté, puis desse rrant légère ment, avec la main droite qui tient les carton s des­ sous, et avec la main gauch e qui les tient des­ sus, il fait tour ner le tout, de droite à gau ­ che, pour p ré s e n te r Fig. 9. — Façonn age cètte fois le pet it côté des carton s à la presse. de l’équerre au bord de la jumell e de devant. Après un nouveau serrag e, il s’assure que ses carto ns n’ont pas bougé, et rogne ce deuxième côté. Le travail sera le même pou r les deux autres côtés, en suivant par le grand côté et ensuite par le pe tit, en plaçan t cette fois les points entourés du cercle au bord de la ju melle de devant. Avant d’exécuter chaque coupe, l’ouvrier devra se rendre compte si la pointe du couteau à rogner


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passe bien par la ligne formée par la pointe ou par les points, et il n’oubliera pas de regarder si ses cartons ne se sont pas déplacés pendant leur rota­ tion. La dernière coupe étant effectuée, l’ou vrier desserre complètement la presse, retire ses cartons et leur fait une marque dans un angle , pour se rappeler les coupes ayant été faites ensemble. Après les avoir rognés, il existe, sur chaque bord et de chaque côté des ca rtons, une émoussure qu’il lui suffira d’enlever en mettant chaque carton à plat au bord de la table et en frottant avec le plioir en os. Pour se rendre compte de l’équerrage , il suffit de retourner un car ton, c’est-à-dire de mettre un côté carton contre un côté papier, de bien redresser sur un petit c ôté. Il y aura bon é querrage, si, malgré ce retournement, tous les bords conco r­ dent bien. Là encore, il restera à placer un carton de chaque côté du v olum e. Affinage des cartons. — L ’affinag e des cartons, appelé aussi : border les cartons, est un travail utile pour éviter l’émoussure interne du bord du carton placé dans le mors. Ce travail consiste à prendre un papiei’ mince, mais résistant, soit du papier de soie collé, soit du papier p archeminé minc e, 4 ki lo­ grammes la rame par exemple, en for mat carr é. Ce papier sera coupé en bandes de deux centimètres de large, et de la hauteur des cartons . Mettant de la colle de pâte sur une macu le, l’ou­ vrier étale ses bandelettes ainsi coupées , sur cette colle, puis il remet de la colle sur les bandes pour s'assurer un collage parfa it. Avec un compas qu’il aura ouvert d’un centimètre, il trace sur le dessus de chaque carton un trait à cet Le distance du bord


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qui se trouve dans le mors. Ce trai t lui servira pour ajuste r le bord de ses bandelet tes, qu'il n’aura plus qu'à rempl ier au verso du carton, en s’assurant un bon collage sur la tranch e de celui-ci. L’ouvrier laissera sécher ses papiers d’affinage, en retir ant ses carto ns du mors du volume, et en faisant dépas ser le côlé affine sur le dos. Fixation des cart ons. — Comme l'indiqu e notre première édition, l’on peut employer différentes manières de fixer les carton s, soit en fa isant un ou deux trous au poinçon . Ces procédés ne pourront être mis en pratiq ue que pour ce qui concerne la coutur e à la grec que. Pour ce qui est de la coutu re sur rubans, il faudra se serv ir d’un p etit ciseau de la la rgeu r du ru ban et ne faire qu’une fente, tandis que pour la couture sur nerfs, on emploiera un ciseau plus é troit, et l’on pourra faire deux incisions dans le carton pour chaque ficelle. L’expression : « passur e en cartons » est la plus usitée pour dési gner cette partie de la re liure. La passure en c arton s pour les volumes cousus à la grecq ue peut être faite en piquant deux trous, comme il est déc rit dans la première partie, pages 87, 88 et 89. L’ordre des opérations sera d’ailleurs le même pour fous les genres de passu re en car tons, et le s uivan t : tracer, piquer, passer en cartons, serre r, couper et coller, puis reba ttre les ficelles ou les ru ban s. Lorsque l’on ne pique qu’un seul trou, on faiL celui-ci à un centi mètre du bord du carton, sur la trace faite en regard de chaque ficelle L’ouvrier met ensuite de la colle de pâte à l’extrémité seule


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CO NST RU CTI ON

D’ UNE REL IURE DE LUX E

de la ficel le, qu'il rendra pointue sans tordre le corps de la fice lle. Introdu isant la pointe dans le trou fait, en passant celle -ci de l’ex térie ur à l’ int é­ rieur du carton, il agi t de même pour toutes les ficell es en tiran t succ essi vem ent sur chacun e d’el les, pour ramen er le carton dans son loge me nt. Pui s il procède au serr age des ficelle s, en plaçan t un carton du volume à plat sur le tas en fer, l’ex térie ur sur le fer, et le volum e tenu ver tic ale ­ ment, à angl e droit ave c la main gau che . Tira nt le plus possible sur chaque ficel le, l’ouv rier se saisi t du marteau avec la main droite , et donne deu x ou trois coups de martea u sur chaq ue trou pour coin cer les ficelles. Replaça nt, après ce trav ail, chaq ue carton à sa place sur le volu me, il ouvr e ensui te chacun d’eux, et coup e chaqu e ficel le à deux ou trois millimèt res au plus, du trou en part ie bouc hé par le serra ge. De la colle de pâte mise ave c le plio ir en os, sur le petit bout de ficelle dépas sant, perm ettr a de coller celle -ci en éven tail sur la part ie inte rne du carto n; dans ce cas, il faudr a laiss er séc her un peu, les cartons étant ouve rts. Avant la complè te séch eres se des fice lles, le reba ttage se fera en plaça nt le vol um e et chaq ue carton comme pour le serr age , et en frap pan t avec le marteau, bien à p lat, sans le faire dév ier, ju sq u’ à ce que les ficelles ne fassen t plus aucun e épais seur, et que l’émou ssure provo quée par le poin çon soit disparue. Lors que les fice lles sont bien sèch es, l’ou vrier repla ce les carton s sur le vol um e. Cette façon de proc éder néce ssite un bon manie­ ment du marteau , pour que les ang les de celui ci ne viennenL pas touc her les gard es du volum e.


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su sur Pour la passure en cartons de volume cou sté en rubans, l’ouvrier présente chaque carton, aju trace au tête et bien au fond du mors, puis fait une ton qui crayon, bien perpendiculair e au côté du car . Avec est dans le mors, de chaque côté des rubans bout de un c iseau, confectionné soit avec un petit l’ouvrier couteau à r ogner, soit de pointe à couper, carton, fait une fente à un centimètre du bord du çant un entre les deux traces au crayon, en pla édiaire, morceau de mauvais carton comme interm volume; entre la planche à piquer et le carton du forte du ceci fait pour éviter une émoussure trop Chaque carton du volume, et une fente du bois. fond du carton ainsi préparé est remis à sa place au chaque mors, les rubans visibles sur le dessus de r ayant carton. A l’aide de la pointe à couper, l’ouvrie légè­ laissé l e volume à plat sur la table et soulevé introduit rement un carton avec la main gauc he, il qu’il ne dans cha que fente le ruban, en veillant à ce la main soit pas plissé, après s’en être saisi avec il soit à droite, à l’in térieur , et l’avoir tiré pour qu’ rubans plat sur le dessus du carton. Le serrage des grecque, se fera comme celui d’un volume cousu à la an inté­ et dont le carton est piqué à un trou. Le rub la fente rieur sera ensuite coupé à un centimètre de carton, et collé à la colle de pâte ou chimique , sur le l’ouvrier vers l’in térieur. Laiss ant sécher ouvert, indiqué rebattra les rubans comme pour le procédé tténuer plus haut, mais ne devra pas prétendre d’a complètement l’épaisseur des rub ans. s, par Le re battage , soit des fice lles, soit des ru ban ons de le mode de passure en carions que nous ven ement. démontrer, devra être exécuté très attentiv


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CONSTRUCTION D UNE RELIUR E DE LUXE

En dehors des coups de marteau mal ajus tés dont nous parlons plus haut, le volume mal tenu ave c la main gau che peut amener une cou pe de la fice lle ou du rub an, entre le bord du mors du volume et le trou ou la f ente faite dans le carton. Po ur évit er ce g rav e ennui, l’ou vrier tenant son volum e en positi on de reb atta ge, comme il a été indiq ué, devra ave c sa main O cau che avoir tendan ce à soul eve r le volum e. De c ette façon, les ficelle s ou les ruban s ne repos e­ ront pas sur l ’ang le du tas en fer et ne risq uero nt pas d’être coupés à cet endr oit. Comment remédi er à un auss i gra ve acc ide nt, s’il se prod uit? En principe, pour un volum e de lux e, il n’y a comme remède qu’à déco udr e et rec om me nce r le tout, ce qui n’est pas pour donner une gra nde fra î­ cheur au livr e; il en est ainsi d’un volum e cou su sur ruban s. Il n’y a donc qu’à un vol um e cous u à la grecqu e où il est possib le de remp lac e r une de ce lles ci sans être obli gé de tou t rec om me nce r. Enl eve r d’abord le bout de ficelle fixé au car to n en ou vra nt le trou avec le poinçon et en déc olla nt la fice lle int é­ rieure ment. Ave c un poinçon effilé, prépa rer la fixati on d’une nouvel le ficelle au dos du volu me , en intr odui sant ce poinçon à la base du mors et fai sa nt res sor tir sa pointe à un centim ètre du bo rd du mo rs, sur l’ emp la­ ceme nt de la gre cqu e. Une deux ième intr odu ctio n de ce poinçon, avec le même point de dép art à la base du mors, mais avec une sorti e à un dem i-ce nti­ mètre seulem ent du bord du mo rs sur le dos du volume. Dédo ublan t une long ueu r de ficelle de dix centim ètres enviro n, la môme qu e cell e emplo yée


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pour la coulure de ce volume, l’ouvrier rend une extrémité comme une aigu ille, a près l’avoir effilochée et enduite de colle de pâte. Une fois sèche, cette moitié de ficelle est introd uite dans le premier loge­

Fig. 10. — Fixation des cartons, a, couture à la gre cqu e; 6, couture sur nerfs.

ment fait, en comme nçant par la base du mors. Tiran t s ur cette ficelle pour n ’en laisser que t rois ou quatr e centi mètre s du côté du mors, on intro duit ensuite la pointe dans le deuxième loge ment en com­ mençant par le trou situé sur le dos du volume. La sortie de celt e ficelle se fera donc au môme endroit que la première introd uction , et nous perme ttra d'obte nir ainsi une ficelle complèle et de long ueur

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CO NS TR UC TIO N ü ’ UNE RE LIU RE DE LU XE

voulue pour procé der à nouvea u à son pass age dans le trou du carton et à sa fixation. Un peu de colle de pâte mise sur cette fice lle au dos du volum e, et de petits coups donnés au plioi r, perme ttront d’attén uer son épais seur sur cette pa rtie du volu me. La passure en carton s de volun\e cousu sur nerfs sera faite avec une très gran de min utie . Tou t d’abord, le traça ge des ficel les se fera à l’ai de d’une petite équerre dont on plac era un côté très exa cte­ ment à hauteu r du côté du carto n placé dans le mors, l’autre face de l’é querr e per me ttra de tra cer untra it au crayon, de deux cen tim ètre s de long ueu r environ, en partant du milie u de l’ épa isse ur du nerf, le carton éta nt ajust é en tê te du vol um e. Les fice lles seront passées dans le carton par des fent es faite s au petit ciseau, comme cell es d’un volu me cou su sur rubans. Pou r avoir plus de rég ula rit é, l'ou vri er tracera un trait para llèle au bord du cart on qui se trouve dans le mors, à l’a ide du comp as, et à un cen­ timètre de ce bord. Il fera une pre miè re fente à l’in­ tersecti on de ce trait et de celu i fait au cray on, à l’éque rre. Une deuxi ème fent e sera fai te, de l’in té­ rieur vers l’ exté rieu r du carto n, à 7 ou 8 mil lim ètre s de la première fente et b ien en face de ce lle- ci. Pou r évit er une trop grande épais seur des ficelles, après la passure en cartons, l’o uvr ier fera des enco che s aux endroits où le s ficelle s port eron t sur le car ton . Pl a­ çant un carto n à plat sur une plaque de zinc, la pre­ mière fente étant d essus, et le bor d du carton affecté au mors, tourné vers lui, l’ ouvr ier, ave c la pointe à coupe r, enlève ra sous forme de cuv ette le papie r d affin age et la fleur du carto n, entre la premièr e


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co nn s d ’ouvra gé

fente et le bord de celui-ci, sur une larg eur de 2 à 3 millim ètres. Reto urnan t ensuite le carton q u’il dis­ pose de môme façon sur le zinc, il fait une incision à la pointe entre la première et la deuxième fentes, pour perm ettre d’enlever le papier de cambru re sur une même larg eur que la p remière encoche. Ce tra­ vail ayant un peu bouché les fe ntes, l ’ouvrier , so ule­ vant le carton, passera son p etit ciseau dans chacune d’elles, pour bien les ouvrir. Le pas sage des ficelles dans les fentes se fera après avoir mis de la colle de pâte depuis la base jus qu’au sommet de la ficelle, et, sans la tortiller , l’avoir aplatie pour cons titue r un petit ruban étroit. S’il se trouve des brins de ficelle plus longs que la géné­ ralité, les couper pour perm ettre un passage facile dans les fentes. La passure en carions sera faite comme celle d’un volume cousu à la grecque et piqué à deux tr ous, mais l’ouvrier veillera à ce que cha que ficelle res te bien à plat Le serr age des ficelles sera fait en plaçant le volume et le carto n comme pour ce genre, mais avant de donn er les deu x'co ups de marteau sur la deuxième fente, il ram ènera le carton su r le volume, jus qu’à ce que le ca rton forme un ongle de 45 degrés avec le plat du volume. Après ce travail, il r eplacer a le carton sur le tas en fer, maintiend ra son volume de la main gauche , et avec la main dr oite frappera «leux coups de mart eau sur la deuxième fente. Les deux côtés du volume ainsi ser rés, 1ouvrie r coupe la licelle qui dépasse de la deuxième fente, à un centi­ mètre de celle-ci. Puis à l’aide de colle de pâle et de la pointe du plioir en os, il colle ce bout de ficelle sur le carton, en l’étalant le plus possible. Immédia Ciianat. — Manuel du rel ieu r. 2* par tie.

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CONSTRUCTION D’UNE RELIURE DE LUXE

ment après le co llag e, il replac e un carton du volu me sur le tas en fer comme pour le serra ge, et apla tit les bouts de ficelle collés , en s’appe santis sant à chaque coup de marteau. Après avoir fait de même au deuxième carton, il laisse un peu séch er les ficelles, jus qu ’à ce qu’il lui soit possible de les rebat tre, travail qu’il exéc ute comme celu i d’un volume piqué à deux trous. En plus, il pourra, pour bien atténuer l’épa isseur des ficell es inté rieu res, rebattre celle s-ci, en plaça nt son carto n sur le tas en fer comme le reb atta ge des ru ba ns . Observations généra les. — Le lec teu r aura pu se rendre compte que nous préco nison s la pass ure en cartons faite à deux fentes pour la cou tur e sur nerfs. En effet, si nous estimo ns que la fice lle passé e dans un seul trou donne suffisam ment de soli dité à un volume cousu à la grec que , parce que celu i-ci est de conserva tion momentanée , il ne saur ait en être de même d’un v olume cousu sur nerfs, volu me rare ou de luxe, que le biblio phile cons erver a pré cieu sem ent dans son écrin. Cette ficelle passée dans la deux ième fente donne un complé ment de soli dité à la cou ver­ ture. L’ attentio n de l’ou vrier devra être fixée sur la ficelle qui ne devra pas être tort illée , puis sur le ser­ rage , qui ne devra être effect ué qu’après le rel âch e­ ment des ficelle s, comme il a été indiq ué, entre le tira ge de cell es-c i, et les coups de mart eau sur la deuxième fente. Un autre point impo rtant sera de ne pas creu ser par trop avec la pointe, en effe ctua nt l’éch ancru re en forme de cuve tte, à l’ emplac ement des ficell es, sur le dessus des cartons.


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Il est préférable qu’il y ait insuffisance de profon­ deur à ce moment-là; l’ouvrier pourra approfondir cette cavité au moment de l ’apprôture de couvrure, si besoin est. Montage des gardes de couleurs. — Quel que soit le genre de reliure, il est utile de placer, au-dessus des gardes blanches, des gardes de couleurs. Ces dernières retarderont l’atteinte du volume par le dégras de la peau habilla nt celui -ci. Après avoir recherché un papier de tonalité et de dessin correspo ndant à l’ouvrage et à la couleur de son habillem ent, l’ouvrier débitera son papier, pour lui permettre d’obtenir une garde par côté de volume, chaque garde étant une feuille pliée en deux, mar­ brure sur marbrure , et d’un bon centimètre plus large et plus longue que le volume. Recherchant parmi ces deux gardes, celle qui pourra être mise sur le devant du volume, l’ouvrier tiendra compte du sens du dessin, et de la plus ou moins grande régular ité de celu i-ci. Montage pour demi -reliu re. — En même temps que l’ouvrier débite ses gardes de couleurs aux dimensions indiquées, l’ouvrier coupe en même temps, deux feuillet s simples d’un papier pouvant être déjà imprimé, mais résistant. Ces feuillets cons­ titueront des fausses gardes et protégeront, non seulement le plat des gardes de couleu rs, mais aussi leur dos par un montage spécial. La place des gardes de couleurs étant choisie, celles-ci sont trempées à la colle de pâte ou chi­ mique, sur un dem i-centimètre de lar ge, à compter du dos de la garde, et au verso. Fixa nt ensuite sur ce collage le feuillet de fausse-garde, en l’ajustant


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CONS TRUC TION

d ’ ü NE

RELIUR E DE LUXE

en tête, l'ouvrier fait une légère pression de la main, pour bien faire adhér er les deux parti es, et ensuite laisse séc her en c harg eant le to ut avec quelques ais en carton. Les collages étan t secs, dix à quinze minutes suffisent pour cela, il re pliera la fausse-garde sur la garde de cou leurs, en forman t son pli à cheval sur le dos de la garde de couleurs et très exactem ent contre le dos de celle-ci. Etag eant à nouveau scs gardes, il met de la colle de p âle ou chimique sur la partie collée de la fa usse-g arde, et de la même la r­ geur que ce tte partie. Pren ant ensuite le volume, qu’il place à plat sur la table, le dos tourné vers lui, il ouvre le carton du dessus qu’il laisse re tomb er pour bien déga ger tout le plat du livre. Ajustant la gar de trempé e, en tête, et le bord du dos de celle-ci, en hau t du mors du volume, l'ouvr ier main tient la garde avec la main gauche, pendant qu’avec la main droite qui tient le plioir en os, il donne au bord du dos de la garde la forme du mors du volume. Laissant la main gauche en place, il lui rest era à ramene r le carton à sa place, sur le volume, et à frot ter avec le plioir dans toute la lo ngu eur du bord du dos du volume, pour s’assu rer un bon collage de la garde, puis à faire le même travail pour le deuxième côté. Sens du dess in. — Le dessin du papie r de couleurs peut avoir un sens dont il faut ten ir compte. Pour éviter les recher ches, facili ter les collages et avoir des gardes bien placées sur le volume, l’ouvrier n’aura q u’à se conforme r à l’observation ci-dessous. Lorsque le sens du dessin sera dans la haut eur du volume, jl lui faudra reto urne r une garde sur les


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deux, pour tremp er celles-ci et fixer les fausses. gardes . Si le sens du dessin est dans le sens de la large ur du volume, il fera sa trempée en m ettan t ses deux gardes dans le môme sens. En tenan t compte que le ha ut du dessin devra se tro uver du côté de la tète du volume ou du c ôléd u bord du carton en g out­ tière, il ne lui sera pas possible de commettre d’erreur. Montage pour reliu re pleine. — Pour une rel iure pleine, les i'ausses-gardes simples ou doubles étant déjà cousues avec le volume, il n’est pas besoin de faire le travail prép arato ire avant la fixation des gardes de couleurs su r le volume. Celles-ci, après en avoir re cherc hé le sens, et la place qu’elles devront occuper suivan t le dessin, seront trempées, en mett ant de la colle de pâte sur une large ur d’un demi- centim ètre. Puis, elles seront placées entre le dernie r feu illet de fa usse-g arde et le premier feuillet de gard e blanche , par le môme procédé que le mon­ tage des gard es de c ouleurs, sur le volume, pour une demi-re liure. Arrond issure définitiv e. — L’arrondissure défini­ tive consiste à donne r au volume une bonne forme ronde s uivan t le ge nre de reli ure, et co mprend deux parti es : 1° le rab at du bord du dos du volume qui excède du carto n et que nous appellerons complé ­ ment d’endossure, et 2° l’arrond issure proprem ent dite. Pour une demi- reliure , l’ouvrier met le volume à plat s ur le Las en fer, la goutt ière tournée vers lui, la main gauch e placée à pla t sur le carton de dessus et le pouce en gout tière. Puis avec le martea u, il rabat d’abord l’excédent du mors du dos, en ne don-


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CONSTRUCTION D’UNE RELIURE DE LUXE

nant des coups de marteau que sur les dos des pre­ miers cahie rs. Il comme nce à frapper au mili eu du bord du dos et diri ge ses coups de marteau vers la queue , revien t jus qu ’à la tète, et termine par le milieu . De cett e façon, son volum e cons erver a une bonne forme droite. Après avo ir fait de même pour le deuxièm e côté, en retou rnan t le volu me sur le tas en fer, toujo urs la gou ttiè re vers lui, l’o uvri er donnera des coups demarteau, du mil ieu du dos vers les bo rds de celu i-ci, en procéd ant succ essiv eme nt comme pour la pre ­ mière partie . Le volum e ainsi arron di, l’ ouvrier s’assurera qu’en plus d'une rond eur rég uli ère , les angles des cartons en tête et en queue form ent bien une ligne perpe ndicu laire aux côtés du volu me, et que, reposant la tête de celu i-ci sur le tas en fer, toutes les têtes des cahie rs touc hent bien au fer, près de la gout tière comme du côté du dos. Ce lte dernière recomm andatio n est util e, pour être sûr que le volume sera aussi rond en tête qu’en queue . Reliu re pleine. — Po ur une reli ure pleine, l ’ouvri er devra inte rcal er entre le cart on et le pre­ mier feuil let de faus se-g ard e, soit une minc e plaq ue de zinc, soit une carte de Lyon , ayan t à peu près la grande ur des c artons du volum e. Il po urra ensuite arrond ir celu i-ci comm e il est indiqué pour une dem i-rel iure . Si cett e reliu re pleine est cousue sur nerfs, après avoir plac é le zinc ou la carte de Lyo n, l’ou vrie r arron dira le volume, en faisan t atten tion de ne pas frapper sur les ficel les cons titua nt les nerfs. La mince plaque de zinc ou la carte de Lyo n sont faite s pour nive ler l’i ntér ieur des carton s du


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nt de log e­ volume et donner à ceux-ci un compléme les faussesment, lequel ajouté à ce qu’occupent oir une fer­ gardes momentanément, permettra d ’av meture parfaite. sur grand Avant d’arrondir un volume imprimé gouttière et papier et ayant de grands témoins en r ce travail, en queue, il est prudent, avant d’exécute ire de com­ de g arnir la queue du volume, c’est-à-d et grands bler le vide formé par les nombreux témoins. coupe des L ’ouvrier prend un papier assez fort et en longueur bandelettes en quantité suffi sante, ayant du mors au la largeur du volume, prise de la base r en rapport bord de la goutt ière, puis d’une largeu avec la hauteur des témoins. rnée vers Plaça nt le volume à plat, la queue tou quantité de lui, il soulève le volume et place une supérieure bandelettes formant une épaisseur un peu par le vide aux feuilles en retrait , en commençant s le titre du le plus près de la fin et revenant ver sera enfoncée volum e. Chaque fractio nde bandelettes re celui-ci. vers le dos, de façon qu’elle effleu ne dépasse L ’ouvrier veillera à ce que ce remplissage qu’une fois pas la queue des plus grands feuille ts, et ne épaisseur garnie , cette partie du volume soit d’u sera garnie en rapport avec la tête. La gouttière ne du contrequ’après le fro ttage du dos, au moment collag e des gardes (Voir plus loin ). oique le Mise en presse et frottage du dos. — Qu et que son volume ait été très bien passé en colle iq ué, donne endossure, faite comme nous l ’avons ind fermeté n est déjà une certaine fermeté au dos, cette de la queue. pas suffis ante, surtout près de la tête et


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C O N S T R U C T IO N

D ’ UN E R E L IU R E D E L U X E

Cos deux parties du dos ont beso in d'être soi gne use ­ ment traité es pour obte nir une rogn ure en tête sans écor chur es et, de plus , pour ass uje ttir co nv en ab le­ ment les cahie rs à ces end roits . Le vol um e, étan t arro ndi, sera mis en presse à p er­ cuss ion, entre deu x ais en cart on effleu rant le dos. L ’ouvr ier placera son volum e très exac tem ent dans le milieu de la presse, tant en lar ge ur qu ’en pro fon ­ deur, et donnera u ne très forte pres sion . Pu is, après s’èlre assuré que son volu me est bien pla cé, il mettra sur le dos de ce lu i- ci ,, une cou che assez épaisse de colle de p âte, laq uel le pour ra être de q ua­ lité infér ieur e, et laissera détr emp er le pap ier pen­ dant un temps plus ou moi ns lo ng . To us les papie rs ordina ires, de paille ou de boi s, pou rro nt détr emp er une demi -heur e, tand is que tous les pap iers de chiffo ns ou à la cuve seront frot tés aus sitô t la trempe . Aprè s cette trem pe, l’o uvr ier prend un fro t­ toir en bois e t, en se se rvan t du cre ux se rap por tan t à la,ron deur du dos du vol um e, il fr otte én erg iqu em en t sans rester a la mêm e pla ce, du mili eu du dos vers la tête, d’ab ord, et ensu ite vers la qu eu e. Il exé cut e ce travail jus qu ’à ce que le dos du vol um e soit liss e, et fera attent ion de ne pas mett re de col le de pâte sur la tran che de q ueu e. Ay an t frotté con ven abl em ent le vo lu me , il enlè ve le surpl us de coll e av ec une poig née de rog nur es de papier, et essuie com plè tem ent le dos en fro ttan t forte ment avec une autr e poi gné e de rog nu res pro ­ pres. Pre nan t une étam ine ou mo usselin e qu ’il coupe un cent imè tre plus lon gu e et plus lar ge que le dos du volu me, il fixe cel le- ci sur ce lu i-l à, en ayan t soin tout d’ab ord de mettre de la coll e de


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pâle ou chimique , propre, sur le dos du volume. Pour s’assurer une bonne fixation de cette é tamine ou mousseline sur tous les dos de cahiers du volume, l’ouvrier frot tera légèreme nt avec le plioir en os sur cette matière, et n’oubliera pas les bords du dos près des ais en carton. Enfin il passera sur le t out une nouvelle couche légère de colle de pâte

Fig. 11. — Fro tta ge du dos . Mise en paque t.

ou chimiq ue et laissera séch er. Un volume cousu sur nerfs, néc essi tant un trava il plus fin, sera mis dans une presse per me ttan t de reto urne r le volume dans tous les sen s, ou b ien le volume sera seul entre des ais de bois main tenus s ur celui-ci par une corde assez longu e. Cette dern ière manière s’appelle :mettr e en paquet, et la presse employée pour la premièr e manière est la presse à dore r les tranche s, appelée plus cou iammen t presse allemande. La mise en presse allemande se fera comme celle en presse à percussion, c’esL-à-dire le volume placé entre des ais en bois, ceux-ci au bord des carions


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CO NS TR UC TIO N ü ’ UNE RE LIU RE DE LU XE

du volume, près du dos, mais le tout à hauteur des jumelles de la presse. .P ou r mettre un volume en paquet, l’ouvrier emploie quatre ais en bois, comme ceux dont se ser­ vent les doreurs sur tranches pour dorer les gout ­ tières Ces ais ont de hu it à d ix centimètres de lar­ geur et sont un peu plus longs que le volume. Ils sont également plus épais d’un côté que de l’autre. Le côté épais est carré et l ’autre est arrondi. Deux de ces ais auront du côté carré un centimètre d’épaisseur et deux autres pourront avoir du même côté de deux à trois centimètres d’épaisseur. Ces derniers ais pren­ dront le nom de membrures. La corde sera assez grosse pour pouvoir résister à une très forte tension, et d’une longueur permettant de faire cinq à s ix fois, au minimum, le tour du paquet constitué par les ais et le volume. Tout ce matériel étant prêt, l’ouvrier ouvre une presse à r ogner, place de ch aque côté du v olume un ais en bois, mince, le côté carré au bord du carton près du dos, puis sur ces ais il place de chaque côté une membrure, en faisant dépasser l e côté carré de celle-ci, d’un centimètre, par rapport au côté carré des ais. Cette montée des membrures étant faite pour donner un supplément de pression à la base du dos. Ainsi préparés, le volume et les ais sont mis dans le milieu de la presse à rog ner, les bords des jume lles de celle-ci arrivant au milieu de la largeu r des membrures. Après s’être assuré que les ais sont bien en place, que le volume est bien droit, l’ouvrier serre très for­ tement la presse à rogner.


DU COR PS D’ OUV RAGE

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Faisant un nœud coulant à une extrémité de la corde, il passe ce nœud autour du paquet et descend la corde con tre le bois de la presse. Tirant avec les deux mains, il serre fortement, tourne la corde autour du paquet, en rapprochant les cordes le plus possible et en serrant à chaque tour, puis il termine par une attache qu’il fait autour des cordes, dans le vide, soit en tête, soit én queue. Que le volume soit en presse allemande ou en paquet, l’ouvrier trempera et frottera le dos comme un volume cousu à la grecqu e, en insistant sur chaque entre-nerf, comme s’il avait affaire à autant de volumes, et ju squ ’à ce que chaque partie soit lisse et de rondeur réguli ère. Le frottage terminé et le dos essuyé, l’ouvrier redressera les nerfs en se ser­ vant de la pince à nerfs, et fera comme un pinçage à la couvrure. Une mousseline ou étamine, un peu plus large que le dos du volume , sera collée entre chaque nerf et dépassant en tête et en queue, pour un volume de plus de trois centimètres d’épaisseur. Un volume plus mince ne recevra de mousseline qu’aux deux extrémités de son dos, puis une couche de colle de pâte ou chimiqu e sur l’ensemble du dos, et l ’ouvrier laissera sécher complètem ent. Après un minimum d’une douzaine d ’heures, l’ou­ vrier, à l’aide du poinçon, fend la mousseline de chaque côté du dos, à l’intersection de celu i-ci avec l’ais, et cela pour tous les genres de reliure, quam même il y a absence d’étamine. Pour cette opération, il aura soin de coucher son poinçon sur le dos du volume, pour ne pas détériorer le fond des premiers et des derniers cahi ers.


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CONSTRUCTION d ’u NE RELIURE DE LUXE

Alors il desserre , soit la presse à percu ssion, soit la presse allemande, ou bien il retire la corde qui enroule le paq uet. Il r etire le volume d’entre les ais, en poussa nt ceux-ci de vant lui et en ti rant le volume de son côté, le dos du volume étan t vers lui: cette précaution est prise pour ne pas décoller la mous­ seline. Il coupe ensuite la mousseline qui peut dépasser en tête et en q ueue, ainsi que les effilés qui peuvent se produire sur les côtés. Pou r le volume cousu sur nerfs, il frotte ra avec le plioir en os sur chaque en tre-nerf, pour lisser l’élamine. Contre-collage des gardes de cou leurs. — Le tra­ vail suivant s ’appelle : contre-c ollage des garde s de couleurs, c’est-à-di re collage de la contr e-ga rde de couleurs sur le p remier feuil let de g arde blanc he. Là encore, ce travail demande à faire subi r au volume une pré paration. Sortant de presse, il faut tout d’abord d éga ger les cartons qui peuvent être un peu fixés aux faussesgardcs, au fond du mors, par la colle de p âte s’étant infiltrée à cet end roit. Avec le plioir en os, placé à l’intérieur, le long du mors, on exécute ra pro prem ent ce travail. Puis, sur le tas en fer, l’ouvrier donne de léger s coups de marteau sur le bord du dos, près du carton , en te nant son volume comme pour l’arrond ir, pour raba ttre le pa pier qui excède du carton , par suit e du serrage au bord du dos. Après ce travail, il a ura à se rendre compte si le volume est toujo urs droit . Cette première prépar ation faite, l'ouvr ier prép arer a des ais propres , deux cartes de Lyon pour ceux qui n’en ont pas eu au frotta ge, puis de la colle de pâte ou chimique propre, et enfin une presse à percussion


DU CORP S D’ OUVR AGE

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aménagée pour recevoir le volume. Le tout étant prêt, il place son volume en travers sur un ais en carton, celui-c i étan t à plat sur la table et la queue du volume tournée vers lui, le dos à gauche. Soule­ vant le cart on de dev ant, avec la fausse-garde et les deux garde s de couleurs, il m aintien t le tout dans la position verticale. Puis, avec le pinceau à colle de pâle ou chimiqu e, il met de la colle sur la garde blanche, du milieu vers les bords, et termine par le fond, pour ne pas avoir trop d’épaisseur à cet endro it. Il raba t les garde s de couleurs, faussesgardes et carton sur son collage, sans plus de pres­ sion p our le m oment. Le môme travail fait de l’autre côté, l’ouvrier interc ale une carte de Lyon entre le carton du volume et la fausse -garde , de chaque côté, et met le volume en presse, dans le milieu, entre des ais propres qui dépas seron t le volume de tous côtés. Un très fort serra ge de quat re à cinq minutes, le volume est ensu ite retir é, visité et chargé pendant une demi-heu re. Après ce temps, il n’y a plus à craind re une trop grande humidité , le volume est remis en p resse e t serré fortem ent pendant au moins cinq à six heure s, c’est-à-dire jus qu’à complèle sécheresse . Dans la crainte de collage des deux côtés marbré s, l’un sur l’autre, il sera hou d’inter ­ caler entre eux un papie r sans colle avant le premier serrag e. Le volume à gran ds témoins sera garni en gout ­ tière avec des bande lettes de pap ier, comme po ur la queue, mais d’une longu eur par tan t du haut des garn itur es de queue et allant jusqu à la tète du volume. Ces papiers de rempli ssage seront placés dans le volume, en commença nt p ar la fin, le dos du

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CONSTRUCTION D UNE RELIURE DE LUX E

volume étan t du côté de l ’opéra teur et le deva nt du volume dessus. L’on aura soin de mett re une épaisseur de remplissa ge légèr emen t supér ieu re à l’épaisseur du corps du volu me. Le contre- collage se fera comme il a été indiqu é plus haut. Toutefois, s’il s’agit d’un volume cou su sur nerfs, l’ouvrier laissera le zinc ou la carte de Lyon, et mettra le volume en presse, les ais propre s en carton au bord des carton s du volume. De cett e façon, le dos du volume sera en dehors , et il n’y aura pas de plissage des ne rfs par la fo rte pre ssi on . Si deux garde s collent entre elles et qu’elles soient détériorées, leur rempla cemen t pourr a se faire en découpant attenti vement la garde volante , puis en montant dans le mors une nouvelle gard e de couleurs et en procéda nt à un nouveau con tre -co llag e. Ce mauvais travail donnera une c ontre -gard e ép aiss e, mais au moins on a ura un résu ltat plus prop re. Ebarbage des gardes de coule urs. — Règle géné­ rale. —-P our une d emi- reliur e, les garde s et contregardes sont coupées à hau teur du car ton en gou ttiè re, et à haute ur du volume en queu e; tand is que, pou r une reliure pleine, tout est coupé à hau teu r du volume des deux côtés. L’exécution de ce travail se fera en p laçant le volume à p lat, sur la table, le dos à gauche, en plaçant un zinc sous la con tre-g ard e et par une pression avec la main gauc he sur le carton, près de la gout tière , l’ouvrier se serv ant de la pointe à couper, de la main droite, qu’il promè ne contre la tranche du carton, coupera tou t le pap ier qui excède le c arton de ce côté. Puis plaç ant le zin c entre le carton et la fausse-ga rde, il retou rner a le volume pour que le carton près du zinc soit en


DU corps

d ’ouvrage

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dessous, une règle mince en acier placée entre les deux feuillets de gardes blanches et au bord de celles-c i, il suffira d’une pression sur la queue du volume pour couper à la pointe ce qui dépassera de la r ègle . Pour la reliure pleine, on placera tout de suite le zinc entre les fausses-gardes et les gardes de couleurs, et à l ’aide de la règle placée en go uttière d’abord et en queue ensuite, à hauteur des gardes blanches, l’ouvrier coupera ce qui dépasse. Il aura soin de ne pas déranger les garnitures, lorsque le volume en contiend ra. Dans les deux cas, il aura soin de faire une pression convenable près de la goutt ière, quand il ébarbera la queue, pour ne pas que la règle dévie sous la pres­ sion de la point e. Il est de toute utilité de n’ébarber que lorsque les gardes sont complètement sèches, sans quoi on ris­ querait d’avoir des gardes plus courtes que le volume, par suite du retrait du papier en séchant. Le volume est ainsi prêt pour la rognure de la tète. Rognure de la tête. — Ce travail est d’une très grande utilit é. Il permet, lorsque le volume est dans la biblioth èque, d’enlever plus facilement la pous­ sière qui se dépose sur la tranche de tête. C ’est aussi pour cette raison que les volumes ordinaires sont jaspés et que les volumes de luxe ont Une tête de couleur ou dorée. Nous ne reviendrons pas sur la description de la presse à rogner, ni des opérations préliminaires pour s’assurer une bonne rognure. La première partie de notre ouvrage est suffisamment explicite à ce su jet . Toutefois, ayant à traiter ici d’un volume ébarbé,

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CONSTRU CTION D UNE RELIURE DE LUXE

léger râpage de la queue du volume, si cela est nécessaire. Les deux cartons du volume étant des-

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DU CORPS D’OUVRAGE

cend usen queue, plus bas que le papier de ce côté, l’ouvrier place sur chaque carlon un ais à grecqu er, à un centim ètre du bord des cari ons, puis il place le tout dans l’étau à endosser, ou dans la presse à rogner. Après un serrage léger, il passe la lime fine ou le papier de verr e, comme il l'a l’ait pour la go ut­ tière. Ensu ite, il re tire le volume, enlève les ais, et feuille tte le volume, la queue dans la direction du

au Fig. 13 et 14. — Cou teau à r ogn er. — Plac eme nt du coute dans le talon du fût.

sol, pour évite r la péné tratio n de la poussière de papier dans le liv re. Il s ’assur e de l a rég ular ité de la chasse de queue, et lorsque toutes ses dispositions sont prises, l’ou­ vrier place son volume en presse, comme il est décrit à ce para grap he, dans notre première partie . Il au ra eu soin, avant de mettr e son volume en presse, de s’assu rer que le ca rton de devant dépasse bien de d eux chasses en queue et que son volume ayan t de légers témoins n’ayant pas nécessité un rempl issage ne sera pas sujet d’être écorché en gou ttiè re par le c outeau de la presse. Presque tou­ jours, et pai* pruden ce, il lui fa udra interc aler entre les feuillets du prem ier tiers du volume et entre ceux du troisièm e tiers quelques bandes de carte mince, déchirée et non coupée, ayant de deux à e Chanat. — Manuel du relie ur. 2 partie.

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C O N S T R U C T IO N D 'U N E R E L IU R E DE

LUXE

trois centimètres de longueur et autant de large. Ces bandes seront mises au bord de la gouttière près de la tête et permettront d’éviter les écorchures en donnant un supplément d’épaisseur à cet endroit. La rognure sera ensuite faite d’après les pr escrip ­ tions du même paragraphe, et ces petites bandes pourront ensuite être retirées, tandis que les gar ni­ tures complètes seront laissées dans le volume, et cela jusq u’à ce que la reliure soit complè tement ter­ minée. L ’attention de l’ ouvrier devra être attirée par le carton de derrière, lequel devra dépasser r égul iè­ rement la jumelle de derrière. Il veillera aussi à ce que sa presse soit bien serrée, et il ne tournera que très peu les mains à la fois pour faire avancer le couteau à rogner.

DE LA COUVRURE

Préparation à la couvrure. — La tête du vo lume étant rognée, celui-ci est remis au doreur sur tran­ ches, pour colorer la tête ou pour la dorer. Ce tra­ vail tout spécial, ainsi que la jaspu re, est assez détaillé dans notre première partie. Tou tefo is, en plus de la tête, un volume de luxe peut avoir ses tranches de gouttière et de queue égale ment dorées, quoique ébarbées. La tranche seule des feuillets les plus longs reçoit la dorure, et ce genre de travail prend le nom de dorure sur brochu re ou dorure sur témoins. Nous supposerons donc ce travail fait, et nous étudierons tout de suite l’apprêture de co uvrure. Pour une reliure pleine, les cartons seront ramenés


DE LA COUVRU RE

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à leur larg eur définitive immédi atemen t après le coloris des tranches . Ce travail, appelé rabaissa ge des cartons, se fera à la presse à rogner, par un pointage au compas, et une coupe effectuée comme il a été indiqu é au façonnage des car­ tons . Le volume de re­ tour de la dor ure sur tranc hes et n’ayant que ia tête dorée ou colorée, l ’o u v ri e r fera bien de rem ettr e un certa in temps le volume en presse à percussion , comme pour le con tre- col­ lage des gar des. Ceci fait, pour ê tr e sû r que le dos du volume est aussi épais en tête qu ’en queue, la tête ayan t pu être Fig. 15. — Coupe du signet , amincie par la pre s­ a, pa r un ité ; 6, pa r qu an tit é. sion que do nn e le doreu r sur tranc hes, pour l’exécuLon de son travail. ent,7 l’ouvrier frotte ra sur un zinc usagé Egalem O le bord du dos près de la tranc he colorée, pour enlever l’émoussure provoquée par le grat toir du doreur sur tranc hes. L’ouvrier pourr a placei’ dans l’intéri eur du volume, un signet, ce d ernie r étan t facultatif , puis le volume sera enveloppé pour recevoir des tranchefiles rap-


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CONSTRUCTION

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RELIURE DE LUXE

portées ou mé caniques, ou bien il sera tranchefilé à la main, avant l’enveloppage. Ayant déjà étudié plus spécialemen t l’apprêture du volume à tranchefiles rappo rtées, nous dévelop­ perons ici l’apprê ture du volume tranchefilé à la main. Tranchefilure à la main. — La tranchefilé pour une reliure est en général composée de deux petits rouleaux de pap ier ou bâtonn ets, perm ettan t d’ob­ tenir ce que l’on appelle la tranchefilé ‘chapit eau. Elle comprend donc trois rang s, deux formés par les bâtonnet s, et un formé par le po int au ras de la tranche du volume. En dehors de ce genre de franchefile, il existe égalem ent une autr e forme : elle peut être simple et exécutée avec une bande de carie, de Lyon, de préférence . Cette forme de tran chefile, quoique pouvan t ê tre aussi appliq uée à la reliure, aura plutôt son emploi pour le carto nnag e dit : bradel. La tr anchefilure à la main est un travai l minuti eux qui pe ut ê tre fait avec des fils de soie ou de coton, d’une seule ou de plusieu rs coule urs. Ces soies sont enroulées autou r des bâton nets ou de la carte, en variant la co uleur à chaque point, ou en e xécu tant plusieurs points de la même couleur. La tranchefilé exécutée de cette derniè re façon prend le nom de tranchefilé ruban , et perm et d’obtenir de très jolis effets de coloris. La techniqu e de ce travail est expliquée à la page 168 de notre première partie. L’attenti on de l’ouvrière, pour la bonne exécution de ce travail, devra êlre attiré e par la haute ur et la longu eur de la tranchef ilé; pour cela, elle devra se conformer à la règle suivante : La haute ur de la


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Iranchefile devra être un peu plus basse que celle de la chasse du volume, la peau recouv rant cette tranchelile etf orma nt la coiffe devant arriver à haute ur des carton s du volume. Les points de départ et d arrivée devront se trouver à une demi-épaiss eur de carton par rapp ort à l’angle de celui-ci, pour que la tranchefile ait une long ueu r conven able. Pour obten ir avec assez de fac ilité celte deuxième condi­ tion, l’ouvrière piquera ses premiers et derniers points dans le dos du prem ier et du dernier cahier, mais jama is dans le dos des gardes blanches ou de couleurs. La tranchefile est non seulem ent un ornement, mais est aussi d’une gran de utilité . Elle sert, en collabor ation avec la mousseline, à assu jetti r les extrém ités du dos du volume et à mainteni r les cahiers bien soudés entre eux à ces endr oits. Enveloppage des tranch es. — Après la tranchefilure, le volume aya nt des tranch es de couleurs ou dorées devra être enveloppé, pour protég er les tranche s pend ant tous les travaux qui vont te rminer la re liur e. En se r app orta nt au para grap he correspo ndant de notre premi ère parti e, on verra que le volume peut être enveloppé parti ellem ent, sous forme de bande, ou en tièrem ent, suiv ant que la tê te seule ou les trois tranch es ont reçu de la couleur ou de la dorure. En tout cas, un volume garn i en gout tière et en queue, et n ’ayant que la tête de c ouleur, sera enveloppé en employant la deuxième manière. L’ouvrier s assurera un volume bien droit ava nt la ferm eture de l’enve­ loppe et laissera, sur le de vant, tous les rensei gne­ ments nécessaires pour le doreu r sur cuirs, soit


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CON STRU CTIO N

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couverture de brochure, soit en plus le titre du volume, en cas d’insuffisance de renseignements sur celle-ci. Quel que soit le genre de reliure, la fermeture de l’enveloppe sera faite entre les deux gardes de couleurs. Fixat ion des tranchefiles. — Pour obtenir des coiffes convenables, et d’une exécution facil e, la fixation des tranchefiles devra être f aite avec le plus grand soin. Tout d’abord, l’ouvrier s’assurera de tranchefile s ayant une hauteur conve nable. Pour cela, après avoir partagé les chasses, en tête et en queue, tenant le volume de la main gau che , il redresse chaque tranchefile, ou la couchera pour lui donner la hau­ teur voulue. Puis plaçan t le volume debout sur la tranche des cartons en goutti ère, il mettra avec le doigt de la colle de pâte ou chim ique , sur chaque nœud et point de soie fait sur le dos du volu me. Ayant laissé détremper quelques instants , il main­ tient fermement, avec la main gau che , le volum e, par la tranche de tête ou de queue, et frappe lég è­ rement avec le plat du plioir en os, pour atténuer l’épaisseur formée par ces nœuds et ces points. S’ il s’agit d’un très gros volume , il placera celuici à plat sur la table, la gouttière tournée de son côté, et, après avoir mis la colle de pâte aux endroits indiqués plus haut, il donnera de légers coups de marteau sur ces proéminences, en faisan t pression avec la main gauche sur le plat du livre, pour ne pas déformer le dos. En même temps que l’ouvrier frappera sur ces épaisseurs, il ramènera vers le milieu du dos du volume les bouts de soie laissés


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par l ’ouvrière poui' éviter l’échappement des nœuds. Entre l’extrémité du dos et la base de la tranchefile, il peut se trouver un évidement plus ou moins grand. Suiv ant l’importance de cet évidement, l’ouvrier préparera du fil, ou une partie de ficelle effilochée, ou bien encore une petite languette de peau min ce. Ces matières lui serviront de remplis­ sage. Appliq uant de la colle chimique, depuis les nœuds ou points de soie les plus bas jusq u’au sommet de la tranchefil e, il place le remplissage dans la cavité, sans en exagérer l’épaisseur, et met un peu de colle chimiq ue sur le dessus de celui-c i. Prenant un papier mince, papier de soie de préfé­ rence, qu’il aura coupé un peu plus large que le dos du volume, et de quatre à cinq centimètres de long, il appliquera ce papier sur la colle chimique, de façon qu’il dépasse en tête du volume d’un centi­ mètre environ, et qu ’il ne soit collé sur aucun de ses bords. Faisa nt d’abord pression avec la main, puis avec le plat du plioir en os pour bien le faire adhérer, il place ensuite le dos du volume sur la table, et main­ tenant celu i-ci verticalem ent avec la main gauche, il fixe avec la pointe du plioir en os la tranchefile sur le papier mince , en procédant comme pour l’exé cution d’une coiffe lyonnaise. S ’il s’agit d’un volume cousu sur nerfs, l’ouvrier placera sous le premier et le dernier entre-nerf un ais en carton, pour que l’appli cation au plioir se fasse sur une partie ferme. Il aura soin en même temps de s’assurer de la droiture du sommet de la tranchefile. Ensuite prenant un morceau de carte de Lyon assez épaisse, de quatre à cinq centimètres de large et de

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CONSTRUCTION D’UNE RELIURE DE LUXE

huit à dix centim ètres de long, il place celui-ci à cheval sur l’extrémité du dos du volume, un grand côte de la carte dépassa nt la tranchefile. S’étant assuré un contact exact de cette carte avec le dos du volume, il maintien t celle-ci avec la main gauc he, qu’il place ache vai sur le dos du volume, le pouce et l’index de cetLe main appuya nt sur la c arte à la base du dos, et sur les extrém ités de la tranchefile. Le volume ainsi maintenu avec la main gauche a ses carions en goutti ère appuyés contre sa poitri ne. Avec la p ointe du plioi r en os, il repouss e la tran ­ chefile cont re la carte, avec la main droite. Il est évident que les bâton nets ayant été coupés près de la soie, et que le remp lissag e n’étan t pas plus long que la tranchefile, l’ouvrier obtie ndra par ce moyen une fixation de tranchefile impeccab le. Les collages étant secs, ce qui demand e une he ure ou deux, l’ouvrier arra che le papie r mince, avec les deux mains, pour conserver la partie de ce papier qui est en dehors de la tranche file. Cette part ie du papier protéger a les soies et la parti e de la tranche laissée libre par l’enveloppage, contre la colle qui pou rrait les tache r penda nt l’opération du collage des papiers sur le dos du volume. Collage de papiers sur le dos. — E n plus de la mousseline, l’ouvrier colle sur le dos du volume, à ce moment, deux papiers de bonne quali té et à la colle chimique, pour p erm ettre , une fois les collages secs, de s’assurer, par un râpage, un dos parfa ite­ ment nivelé et d’une gran de fermeté. Pou r cela, il coupe dans le bon sens deux morceaux de papier vergé ou Hollande de préférence, aux dimensions suivan tes : l’un d’une lar geu r égale à l ’épaiss eur du


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dos, l’autre de deux millim ètres plus étr oit. Tous les deux seron t de deux cent imè tres plus longs que n’est le dos du volume. Pour un volume cousu sur nerfs, il coupera deux papiers aux large urs indiqu ées et de la longueu r de chaque entr e-ne rf. En tète et en queue, les deux papiers devro nt dépasser la Lranchefile d’un cent i­ mètre , et tous ces papiers devront arrive r très exac ­ temen t à la base des nerfs. Ainsi coupés, les papiers sont trempés à la colle de pâte ou chimique , des deux côté s, en met tan t une épaiss eur de colle per­ metta nt de les lais ser détrem per quelques minutes. Puis , avec le pince au, appliqua nt de la même colle sur le dos du volume, il pose ensuit e sur celu i-ci le papier le plus é troi t, en par tage ant la différence de large ur e t la lo ngue ur. Avec le plioir en os, il frotte ce papier pour en assu rer le parfa it colla ge, exécute de même pour le papie r plus larg e, et, avant de laisser séch er son volume à plat, il fixe à nouveau la Lran­ chefile sur ces deux papiers , en procédant comme il l’a fait pour le papie r minc e. En princ ipe, si le dos du volume a bien été traité au corps d’ouv rage , deux pap iers suffi sent. Toute fois, si, pour une raiso n quelco nque, il se trouve une dépression à un endr oit du dos, l’ouvrier collera avant le papier plus étro it, des ban delett es de même papier, en nomb re suffisa nt pour com bler la cavit é. Là enco re, il aura soin, s’il applique plusieurs ban­ dele ttes, de les coupe r de larg eurs différen tes, pour évi ter une trop gran de épaisse ur au même endroit. Les b ande lette s éta nt appliqu ées, il colle ra ensuite les deux papiers , comme il a été indiqué plus haut .

Nivelage du dos. — Les papiers étant secs, l ’ou


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LUXE

vrier commence par d égager les cartons du volume, puis plaçant celui-ci à plat sur la table, le dos au bord de ce lle-ci, il frotte légèrement avec une lim e line d’abord, puis avec du papier de verre ensuite, sur toute la longueur du dos et au bord de celu i ci. Il fait attention de ne pas toucher aux ficelles ou aux rubans, et les protège au besoin en mettant un doigt de la main gauche sur chacune d’elles, lorsque avec la lime il passe à proximité. Les bords étant nivelés, il met son volume deboui sur la gout­ tière. et en imprima nt un mouvement c ircula ire à la lime il frotte sur l ’ensemble du dos, jusq u’au-dessus des tranchefiles, en maintenant fermement le volume, du côté où il travail le. Le volume ainsi frotté devra avoir un dos très droit, et pour s’en rendre compte il placera un côté de la règle en acier sur la longueur du dos et au milieu de la lar­ geur. Toutes les parties du dos devront toucher à la règle pour qu’il ait obtenu un bon résulta t. L ’ou­ vrier coupe ensuite au ciseau le papier qui dépasse des tranchefiles, sans touc her à la soie. Nous abandonnerons là le volume cousu sur nerfs et la reliure pleine, ces deux genres de reliure nécessitant un travail tout différent par la suite, et nous terminerons la demi-reliure. Nettoyage des cartons. — Après le niv ela ge. du dos, l ’ouvrier s’assurera que toute la partie du carton qui sera recouverte par l’habit du dos du livre, et appelée aussi mors, est en parfait état. Le volume étant à plat sur la table et le dos tourné vers lui, l’ouvrier frottera au papier de verre fin sur le papier d’affinage, pour enlever la colle qui peut faire épais­ seur à cet endroit, et en même temps il s’assurera


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que ce papier est bien collé. S ’il disparaît sous l ’action du papier de verre, cela n’a pas d’importance. Il frottera de même toute la moitié de la largeur du carton, pour être sûr qu’il n’existera aucune bosse à cet endroit . Ce tra­ vail est d’abord répété de l’au ­ tre côté, puis, le volume dans la même position, il ouvre le carton qu’il laisse retomber vers l ui, et s ’assure au papier de verre que le papier d’affi­ nage colle bien, là où les rem­ plis de la peau viendront s’ap­ pliquer. Ensu ite, l ’ o u v ri er place successiv ement .chaque carton sur le tas en fe r, com­ me s’il rabattait les ficelles à la passure en c a r to n s , et donne de légers coups de marteau au bord du c arton, à l’em placement où la peau va être fixée su r c elui- ci, c’est-àFig. 16. — Coupe des du coins des cartons. dire depuis l ’angle du côté dos jusqu’ au milieu de la lar­ geur environ. Puis , ayant replacé les cartons sur le volume, il frotte au papier de verre au même endroit pour enlever l’arête vive du carton. Coupe des coins des car ton s. — Po ur dé gag er les

coiffes du volume, l’ouvrier coupe les angles des cartons, dans le mors, en tête et en queue. Plaçant successivement chaque carton ouvert à plat sur une plaque de zinc, le papier de cambrure en dessous, et le volume perpendiculaire au carton, l’ouvrier


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enlève avec la pointe à couper un peu de car ton aux angles de tête et de queue, en plaçant le bord de la facette de sa poi nte, à une chasse de l’angle du carton dans la l argeu r de celui-ci, et à deux cha sses du même angle dans sa long ueur. Puis, par une pression sur la, pointe avec les deux mains, il coupe en bi ais, en évitan t d’enta mer la partie intern e du carton. Collage des ficelles, — De toutes les opérat ion s d’apprèturc de couvrure , le collage ou fixation des hcelles est la d ernière à ex écuter en ce qui concer ne l’apprêture du volume. Cette opérat ion consist e à placer le volume à plat sur la table, comme pou r le nettoyage in térieu r des cartons, ceux-ci étan t ouv er ts et reto mbant sur le dos du volume. A ce moment, l’ouvrier met de la colle de pâte ou chimique sur le bord extér ieur du carton , à l'em p la­ cement des ficelles, referme celui-ci sur le vol ume et p artage convenableme nt les chasses de tête et de queue. Puis, avec le doigt, il pose un peu de la mê me colle sur le dessus de chaque ficelle, et procèd e de même pour l ’autre côté. Enfin, me ttan t cett e fois la gouttièr e de son c ôté, le volume à p lat sur un ais en carton, les ficelles du dessous dépass ant le bor d de cet ais, il fait pression, avec le plioir en os ten u de la main droite, su r chaque ficelle, en étal ant cellesci le plus possible. Pour s’assurer un minimum d’épaisseu r à ces endroits, il met de chaque côté du dos, sur le plat du carton, une bande de papier sans colle, rec ou­ vrant toutes les ficelles, puis un ais de la gran deur du volume sur chaque bande, le grand côté de ces ais ajusté au bord du carton du volum e du côt é du


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mors; il lui reste à placer le tout en presse , à rogner de préférence, à donner une pression moyenne cl à laisser séc her dans celle posit ion. Une fois les ficelles sèches, il retire de presse, arrache le papie r si toutefois il est collé et, à l'aide du papie r de verre, enlève les molécules de papier qui ont pu coller sur les ficelles. Prép arati on du faux-dos. — Des deux procédés de prép aratio n du faux-dos dont nous donnons la des­ criptio n dans notre premie r volume, celui à carte fixe est bien celui qui convient le mieux pour un tra­ vail soigné. S’il est un peu plus lon g à exécuter que le procédé à carte mobile, il offre cet avantage d’avoir une carie qui é pousera bien la forme du dos et lui sera adh ére nt; de plus, nous aurons un volume à la couvru re qui sera pris dans les mors. Pour obten ir un bon résu ltat, après avoir recherché le sens d'une carte d’épaisseur convenable, l’ouvrier coupe pour son volume, un morceau, sur le zinc, avec la règl e et la p ointe, de la large ur exacte du dos du volume et de deux centim ètres plus longs que celuici. Il amincit les deux bords de cette carte, d’un même côté, dans le sens de la longueur, à l’aide de la pointe , et complè te en frotta nt ces deux bords au papier de verre pour qu’il n’y ait pas d’épaisseur, puis il mouille entiè remen t la cart e et la pose à plat sur une macule. Quand l’eau s’est évaporée , il assou plit celle carte en lui donnant une forme c intrée et en mett ant la partie amincie en dedans. L’ouvrier met alors de la colle chimique, au bord du dos du volume, sur deux à trois millimè tres de large et depuis la première jus qu’à la dernière ficelle. Ensuite, il applique la


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carte sur le dos du volume en ajustant les bords de celle-ci au bord du dos et en faisant dépasser la carte en tête et en que ue. Le volume placé debout sur la goulti ère, il humecte la paume de ses mains qu ’il place de chaque côté à la base du dos, et dans toute la longueur tire sur la carte pour assurer son adhérence complète au dos. Plaça nt un papier résistant de la longueur de la carte à cheval sur le dos du volume, il frotte au plioir en os sur ce papier, en insistant sur les bords du dos, et laisse sécher dans cette position avec le papier. Une petite heure suffira pour lui permettre ensuite d’enlever le papier et de couper la carie très exactement à hauteur des cartons. Il marquera au compas, sur la carte, l’em placement des nervu res, celles-ci devant concorder avec les ficelle s. Chaq ue point fait sur le dos du volume sera placé au-dessu s de la ligne formée par la même ficelle, de chaque côté du dos et du côté de la tête du volume . Pour faire ce pointa ge, l’ouvrier placera son volume debout sur la gouttière , perpendic ulairemen t au bord de la table, et la tête de son volume tournée de son côté. Les nervures seront prises dans des parties de peau épaisse, de préférence dans la tête ou les pattes d’une peau de maroquin, et coupée s, sur le zinc, avec la règle et la pointe, d’une largeu r égale à la chasse du v olume, et d’un centimètre plus longues que n ’est large le dos. Cette large ur de nerfs est classique, mais si la décoration du volume exig e une plus grande large ur, l’ouvrier devra s’y con­ former. En tout cas, une seule épaisseur de peau, même épaisse, n’est pas toujours suffisante pour obtenir


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s ce cas, une hauteur de nerfs convenables. Dan me peau 1ouvrier coupe un autre nerf, dans la mê limètre ou dans une plus mince, mais ayant un mil que le de moins en largeur el la même longueur 9

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Fig. 17. — Carte mobile. Carte fixe. Pré pa rat ion du faux-dos.

er laisse premier nerf coupé. Tout étant prêt, l'ouvri pointage, son volume en position comme pour le couche de puis après avoir mis sur une macule une cette colle colle de pâte ou chimi que, il place sur et av ec le tous ses nerfs, le côté chair sur la colle, 11 laisse pinceau remet de la colle sur la fleur. e d’abord tremper une ou deux minutes, puis il appliqu nts faits, les nerfs les plus large s, en dessous des poi pression en partageant la longueu r, et en faisant

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avec les pouces des deux mains, qu’il promène sur les nerfs pour s’assure r d’un bon collage. Après s’êlre re ndu comple que ses nerfs sont d roits el bien parallèles, il appli que le nerf plus étroit s ur le pre­ mier, en parta gean t la différence de large ur et en faisant une même pression. La colle mise des deux côlés de la peau va durci r celle-ci en séchant et perm ettra d’avoir des nerfs faciles à pincer. Laissa nt sécher, le volume à plat entre deux ais, il t erminer a l’apprêtu re de couvrure en c oupant en biais la peau qui dépasse sur les plats le dos du volume; ce trava il s ’app elle : éch anc rcrl es nerfs. Pour cela, mettan t le volume à plat sur la table, le dos à droite, avec la pointe il c oupe ra l’extré mité des nerfs, en pr enant un point de dép art sur le dos du volume, un peu en dessous du niveau du carton , pour a rriver très exacteme nt au bord de là car te. Un léger frottage au papie r de verre sur l’angle de cette coupe, ainsi que sur les bords des nerfs, dans leur longueur, perm ettra d’obtenir, une fois pinc és, des nerfs bien ronds et donnan t ainsi l’illusion que l’on se trouve en présence d’un nerf vérit able. L’ouvrier devra avoir soin de rec her che r une cou­ leur de peau, pour le dessu s du nerf, qui soit en ra p­ port avec.celle de l’habit du livre. La tein ture de la peau, par suite du détrem page, en couvr ant, peut être visible sur le dessus du nerf, au travers de la peau qui revêt le volume . Peaux. — Les principale s peaux dont on fait usage en reliure, sont celles de mouton appelée basane, de la chèvre, du veau, les peaux de porc, de chamois, de daim. En de hors de ces peaux d ’un usage courant,


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l’on peut dire cju’en rel iure toutes les peaux peu vent êlre employées avec des modes d’application diffé­ rents pour chacune d'elles. ux Lu peau de mouton, fut une des premières pea employées. Tou td’aLord, on l’utilisait à l’état nature l, puis ensuite elle fu t teintée. On s'en sert plus spécia­ lement pour les re liures ordina ires. La chèvre donne une peau avec laquelle on peut obten ir un grain r ésista nt. Le maroquin, qui est la peau la plus usitée pour la rel iure de luxe, est de la peau de chèvre. Le grain le plus ferme est obtenu avec la peau de chèvre venant d’Afrique et plus partic ulière ment du Cap. De là, son appell ation de maroquin du Cap. Les chèv res de F rance donnen t des peaux qui sont peut -êtr e plus fines, mais dont le grain est moins facile à travai ller. Ces peaux s ont appelées maroquin de pays. Le chag rin est une peau grenue, qui peut être de chèvre, mais aussi de la croupe de cheval. Avec le veau on obti ent une peau dont les pores sont presque i mperc eptible s. Elle est cassante et très difficile à travaill er. Ce tte peau est surt out employée pour faire des cui rs gravés , repoussés ou incisés. Nos ancêtre s revêt aient leurs livres en peau de truie, aujo urd’hui délaissée. C'est égalem ent une matière très d ure à travailler, mais qui p erme ttait d ’avoir des volumes d’une grande solidité. Le chamois et le daim donnent des peaux deman­ dant de gr andes précau tions pour leur applicati on. Elles se tachen t facilement et sont sur tou t employées, Chanat. — Manuel du relie ur. 2° pa rti .

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soit pour mettre à l’intérieur des étuis, soit pour recouvrir les reliures so uples. Le parchemi n est de la peau de mouton, et le vélin de la peau de veau. On emploie ces matières, égaleme nt difficiles à trava iller, pour recou­ vrir des c a rt o n n a g e s « Bradel », ou des reliu ­ res dites Hollandaises. Coupe de la peau . —

Les dimension s à don­ ner au dos d’une demireliure sont les sui­ vantes : La long ueu r sera la hau teu r du vo­ lume, plus trois cen ti­ mètres, et la larg eur , une m esure per me ttan t de reco uvri r le dos du volume et le qua rt de la larg eur du carto n pour le chag rin, ou le tiers de la large ui' pour le Fig. 18. — Coupe de la peau. — dos et coins maroquin; maroqu in. Eta nt donné .. .. dos et coins chagrin. la chert é de cette ma­ tière, l’ouvrier débiter a ses peau x de façon à n ’avoir que peu de perte, mais toutefois il tiend ra compte des défauts qui peuvent se trouver sur sa surface. Pour obteni r un bon résu ltat en c ouvran t, il de vra tailler son dos de façon que la long ueur soi t com­ prise dans le sens de la la rge ur de la peau. En résum é, quelle que soit la gran deu r de ce dont il a besoin pou r habiller son volume, il devra pre ndre


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la plus grand e dimension dans le sens de la largeu r de la bête. Ceci dit, il coupe sa peau, soit au ciseau, après avoir Iracé au plioir sur le côté fleur, ou soit à la pointe à cou per avec la règle, sur un zinc. Puisque la demi-re liure que nous établissons, aura dans les angles des cartons, des coins en peau de môme na ture que le dos, voyons comment ils seron t coupés et de quelles dimensions. Règle générale : la larg eur du coin, comptée s ur

la bisse ctrice de l’angle du carton, devra être la meme que celle de la peau recouvra nt le carton, c’est-à-dir e la môme q ue le mo rs. En plus de c ette mesure appare nte sur le plat, il faudra comp ter un rempli d’un centimè tre et demi pour maint enir le coin à l ’inté rieur du carton. L’ou­ vrier se servira, pour couper dans la peau les coins nécessaires, d’un gab arit qui lui servira non seule­ ment pour ce travail, mais aussi pour trace r sur le carton un trai t au crayon, lui indiquant la surface à recouvri r, e t de meme sur la peau appliqu ée et sèc he; un trait au plioir, pour lui perm ettre d’applique r le plat à sa bonne place. Paru re de la peau. — De toutes les ph ases de la


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CO NS TR UC TIO N D’ UNE RE LIU RE DE LU XE

technique du relieur, la parure ou amincis sement de la peau est celle qui demande une grande sûreté de mains, et exige une pratique assez longue . Avant d’entreprendre la parure du dos en maroquin et, à plus forte raison, de couvertures entières pour reliures pleines, le lecteu r devra s’exercer, très sou­ vent, mais très peu de temps chaque fois, à a mincir

des déchets de peau de maroquin, en observant toutes les données de notre première partie. En général, il faut amincir toutes les peaux, plus ou moins suivant le format et l’épaisseur du v olume. Il faut avoir soin de laisser à l’endroit de la coiffe, une épaisseur de chair suffisante pour donner une bonne forme à cette partie du dos. Veill er à ce que le bord du rempli qui vient se placer entre la carte et le dos du vo lume, soi t très mince. Enfin, en ce qui concerne le maroquin, avoir l’endro it de la peau qui se trouvera à la charnière du carton et du dos du volume, suffisamment mince, pour avoir une bonne ouverture de volume. Si l’on tient compte de l’u tilité de foutes ces


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recommandations, l’on comprendra que chaque nature de peau exi gera une parure différente. Parure du dos en peau. — Laissant de côté le mouton ou basane, inapplicable sur une reliure de luxe, nous passerons rapide­ ment sur le chag rin, pour nous étendre davantage sur la peau du maroquin. La parure d’un dos en cha­ grin, se fait toute entière en employant la parure allon gée. Tout d’abord, le dos est as­ soupli, en gratt ant, du côté de la chair, les endroits à parer, pour rendre la peau plus souple et plus molle. Ce Fig. 21. Fer à rabot. travail consiste à placer le bord de la peau à gratter entre le bord de la lame d’un couteau de cuisine et le pouce de la main droite, puis de mou­ voir la peau avec la main gauche. En­ suite, l’ouvrier amincit les grands côtés du dos sur une largeur d’un centimètre tout au plus, en formant un biseau très mince au bord, puis il gratte ensuite Fig. 22. Couteau légèrem ent pour enlever l’arête de ce à manche. biseau. Pou r les petits côtés du dos, ou remplis, il commence comme pour les grands côtés, puis, pour enlever l’arête du biseau, il allonge sa parure, de façon que le pli de la peau à l ’endroit du rempli soit diminué de moitié d’épaisseur . Un léger coup de couteau supplémentaire, au bord du rempli qui sera entre la carte et le dos du volume, et ce sera Lout pour cette sorte de peau. Toutefois,


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CO NS TR UC TI ON D' UN E RE LIU RE DE LU XE

si la peau est trop rêche, l’ouvrier grattera légèr e­ ment, au couteau à parer, le milieu de son dos peau, pour permettre à la colle de pénétrer plus facile­ ment dans les pores de la peau. La parure d’ un dos en maroquin nécessite l’emploi del à parure allongé e et de la parure plongée. L ’ordre des opérations à effectuer est le suivant : assouplir la peau, la dégrossir , tracer au crayon l'em­ placement du dos avec sa largeu r et le pli des remplis, puis parer les charnières ou mors, ensuite allonger la parure des charnières au bord de la peau et parer les remplis . L ’assouplissement d’un dos en maroquin se fera en roulant la peau, fleur sur fleur, dans tous les sens. Eviter de frotter par trop fort les fleurs l’une contre l’autre, pour ne pas les rayer, ni fatig uer le gra in. Ensuite, l’ouvrier , prenant une bonne position avec son couteau et sa peau sur la pierre à parer, enlè ve, par une parure allong ée, une certaine épaisseur de peau et donne à celle-c i une forme de pupitre sur les bords qu’il aura dim inués des deux tiers. Ce dégros ­ sissage étant fait, il prend, avec une bande de carte ou de papier, la largeu r très ex acte du dos du volume qu’il porte au milieu du dos peau. Pour cela, il ramène les deux fleurs de peau l’une sur l ’autre, en ajustant les deux petits côtés à la même hauteur . Le grand côté de la peau, qui se trouve sur le des­ sus, sera amené a une distance du bord du grand côté de dessous, égale à la mesure prise avec la bande de carte ou de papier. Cette mesure ayant été portée aux deux ex trémités du dos, il sera facil e, par une pression sur la peau, de prononcer un pli d abord et de faire un tracé au crayon sur ce pli


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ensuite. Il ne rester a plus qu'à porter encore une fois cette mesure prise avec la bande, en p artant de la trace qui vient d’être faite vers la partie la plus large du dos peau. Réunis sant deux par deux, en longueur, par un trait au crayon, les points obtenus,

la trace du dos sera exacte ment au milieu du dos peau. La trace des plis des remplis se fera, pour un volume ayant des nerfs, une chasse au-dessus de l'empla cemen t du cart on, de chaque côté de celui-ci. Pour un volume sans nerfs, la trace sera faite exac­ temen t de la hau teu r des cart ons. Ainsi tracé, l’ouvrier fait un pli très prononcé, qu'au besoin il appui era au plioir, puis le dos peau étant placé à p lat sur la pie rre à parer, le côté fleur sur la pierre, il g ratt era avec le coute au de cuisine, la pa rtie comprise entre les deux plis, en insista nt sur ceux-ci. Ensuite, en tenant le couteau à parer ,

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CONS TRUC TION

D ’UNE RELI URE DE LUXE

el en maintenant la peau sur la pierre comme il a été indiqué, le grand côté du dos parallèle au bord de la pierre, l’ouvrier amincira la peau sur toute la lar­ geur du dos du volume. Il faudra, pour parer celle partie de la peau, adjoindre au m ou ve m en t d’avant à arrière, un mouvement léger de haut en bas, de la main droite, au moment où la par­ tie tranchante du couteau effleure la trace indiq uant le mors, cette partie seule de­ vant être plus évid ée. Ce mode de parure s’ap­ pelle parure plong ée. Pour facil iter ce trava il, très déli­ cat, l’ouv rier devra alterner, en échan geant la peau de côté, au fur et à mesure qu’il aura enlevé, au c o u te a u à parer, une certaine é paisseur de peau à l ’endroit d'un mors . Ce qui veuf dire qu’i l ne devra pas terminer complè ­ Fig . 24 .— Pa rur e d’un dos tement un côté avant d’avoir en maro quin. touché à l’aut re. Il se rendra compte qu’il a obtenu l’épaisseur voulu e, en pin­ çant le pli de la peau à l’endr oit du mors, lequel devra être de même épaisseur dans toute sa lon­ gueur et en rapport avec l’épaisseur du volume. L ouvrier s’assurera que l’espace compris entre les deux plis, soit ce qui sera sur le dos du volume, est parfaitement nivel é; il veillera à ce que cette


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partie de la peau ne soil pas trop mince pour que le grain de la peau ne s'efface pas en appliquant celle ci, à la couvrure, sur le dos du volume. Ensuite, la peau toujours placée dans le même sens sur la pierre, l’ouvrier, par une parure allongée , nivelle la partie comprise entre le pli de la peau q u’il vient d’amincir el le bord du grand côté de celle -ci. Il exécutera ce travail en laissant assez de chair à la peau et de façon que cette partie prenne la forme du couvercle d’un pupitre, le bord extérieur de la peau étant très mince sur une petite l argeu r. Les remplis du dos peau seront ensuite parés en plaçant le petit côté de la peau parallèle au bord de la pierre. Cette partie du dos sera amincie par le même mode de parure qui a été employé pour les charnières. Le trait indiqua nt l’endroit du pli des remplis sera considéré comme la trace indiquant le mors . L ’ouvrier évitera de mordre avec son couteau à parer, en dedans de ce t rait, et amincira le pli du rempli suffisamment pour que celui-ci, collé sur la tranche du carton, n’épaississe pas trop ce dernier. Toute fois, il conservera néanmoins une épaisseur proportionnée à la grosseur du volume, pour per­ mettre à la partie du rempli collée à l'angle du car­ ton, dans le mors, d’avoir suffisamment de résistance pour assurer une bonne solidité à la couverture. Les remplis eux-mêmes seront ensuite amincis dans toute leur largeu r et régulièrem ent d’un bout à l’autre , de ce côté, par une parure allongé e. Le bord de la peau ayant été paré jusq u’à la fleur, sur une infime large ur, l’ouvrier amincira supplé­ mentairement le bord compris entre les deux plis des mors et au besoin enlèvera au couteau à parer,


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CONSTRUCTION D’UNE RELIURE DE LUXE

en forme ronde, une partie du bord de cette peau qu ’il amincira ensuite. Il aura soin de laisser au pli du rempli, placé enlre les deux mors, suffisamment de chair pour constituer la coiffe. En dessous de ce pli, et au même endroit, il grattera un peu l’espace compris entre les deux mors, sur une largeu r cor­ respondant à celle du rempli de la peau à cet en­ droit. Cette précaution est faite pour éviter que les extrémités du dos du volume ne relèvent et ne forment ce que l’on appelle : le bateau. Au cas où l’ouvrier aurait mordu au-dessous du pli des remplis , il grattera légèrement cette partie pour la niveler . La parure du dos en maroquin, que nous venons d’expliquer en dé tail, pourra être appliquée à toute peau recouvrant un volume de lux e et se retrouvera dans la parure d ’une couverture de reliure plein e. Pendant cette opération, l’ouvrie r pourra ren­ contrer des parties de peau cornées. Cette corne est revêche à fac tio n du couteau à parer, et risque en insistant avec celui-c i de provoquer des cavités à son emplacement. Il conviendra donc de gratter avec le couteau de cuisine cette partie défectueuse de la peau, en pl açant la fleur de c elle-ci sur la pierre à parer. Pour éviter les accidents fâcheu x qui pour­ raient se produire, l ’ouvrier aura soin d’éloig ner les rognures de pea u, au fu r et à mesure qu’elles se présenteront sur la pie rre, puis il évitera de frotter la peau sur la pierre pour ne pas altérer le grain . Enfin, lorsque la parure du dos est terminée, l’ou ­ vrier passera, sur toute la surface de la chair, du papier de verre collé sur un petit carré de bois ou de carton épais, pour être bien sûr qu'il ne reste aucune irrégul arité.


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iron t, avant Les peaux, suivant leur origine, sub arat ion pour leur appl ication s ur le volume, une pr ép . assurer la bonne conservation du grain ins seront En général, toutes les peaux à gra e éponge fine mouillées du côté de la fleur, avec un ec la paume conte nant un peu d’eau claire, puis av e pour leur de la main, roulées fleur sur fleur, comm sécheresse, assouplis sement avant la p arure. Après èvre du Cap. ce tra vail suffira pour une peau de ch ce premier Pour une peau de pays, en plus de r appliquera travail, immé diate ment après, l’ouvrie les parties de une couche légère de colle de pâte sur cartons. Ce la peau qui seron t appliqué es sur les ne devra pas travail s’appelle : encoller la peau, et ra sur le dos être exécuté sur la partie qui s’applique plis, ces deux du livre, pas plus que sur les rem r toule leur emplac ements ayan t besoin de conserve la couvrure. souplesse, pour la b onne exécution de uvr ier laisse L’encollage de la peau étan t fait, l'o ra, pendant le sécher sur un papier propre . Il évite du fer avec la mouilla ge ou l’encollage, le contac t pea u. e des coins Par ure des coins en pe au. — La parur r une grande en p eau nécess ite de la part de l’ouvrie ordance avec atten tion, pour qu’elle soit en conc à la grande ur celle du dos. La peau étant coupée comment ce voulue, il n’y a qu’à se rendre compte pour trouver coin sera placé à l’angle du carton, paré. D’abord tout de suite de quelle façon il sera , puis les plis assoupli comme le dos, il sera dégrossi mme l’ont été des remplis et ces dernie rs amincis co coin, par une ceux du dos. Puis, le grand côté du le gra nd côté parure allongée, le sera comme a été


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du dos. L ’ouvrier donnera à la partie du c oin appli­ quée sur le dessus du carton la meme épaisseur que -•«die du dos peau, appliqué sur le même carto n. Pour terminer, il amincira le plus possible la petite partie de peau qui se trouve en dehors de l’ang le formé par les deux plis des remp lis, pour f aciliter la fermeture du coin à l’intér ieur du carton, et rendre cette fermeture le moins visible possibl e. Mouillage et e ncollage pourront être ensuite faits , d'après les principes donnés pour le dos peau. Généralités de la couvrure. — D ’une manière géné ­ rale, toutes les peaux s’appliqu ent à l’aide de colle de farine. Suivan t la couleur des peaux , on pourra donc employer la colle de pâte ordinaire, à base de farine de froment, la colle d’amidon ou la colle chi ­ mique . La colle de pâte que l’on se procure chez les mar ­ chands de couleurs, contient un ingr édie nt pour en assurer la bonne conservation. Cet ingr édie nt, le plus souvent de l’alu n, peut donner aux peaux de couleurs claires un nuança ge de ces peaux, par endroits, au moment de leur appl icati on. Il sera donc prudent d’employer la colle d’amido n pour toutes les peaux de couleurs très clair es. La colle chimique ne donnera pas non plus cet inco nvé­ nient, mais comme elle permet un séch age plus rapide, elle exige de la part de l’o pérateur une rapidité d’exécution plus gran de. Cette dernière pourra donc être employée pour poser le do se tle s coins d’une demi-rel iure, et on lui préférera l’une des deux premières pour toute reliure pleine. L ’ouvrier mettra à sa portée tous les outils qui lui


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sont nécessaires pour la bonne exécution de ce tra­ vail : la jatt e à colle de pâte, en hêtre fumé de pré­ férence, et un pinceau en soie de porc. Cette jatte contiendra la colle qu’il aura tamisée à travers un morceau d’étamine, pour en éliminer toutes les im­ puretés. Un plioir en os, dont un côté est arrondi et plat, et l’autre extrémité est pointue, une pince à nerfs, une aiguillée de fil assez épais, dont il aura fait un nœud coulant à une extré mité; un morceau de carte de Lyon , comme pour la fixation des tranchefiles, mais aminci sur un grand côté ; un morceau de carton de format in-12 environ, ayant un grand côté biseauté ; ce carton pourra être remplacé par un petit coussin de même dimensi on. Enfin, une éponge fine pour le lavag e de la peau, puis quelques ais de carton , de format correspondant à celui du volum e. Pour que la reliure ait tout le cachet qu’elle doit avoir, l’ouvr ier recherchera quelle sera la partie de la peau qu’il devra appliquer sur le plat de devant du volume. Son choix étant fixé, il fera une marque au crayon pour indiqu er la tête du dos peau. Couvrure d’une dem i-reli ure. — L ’ouvrier s’étant assuré que le volume et les outils sont prêts ainsi que la peau, il procède ensuite à l’application du dos peau sur le dos du vo lume. Ce travail va nécessiter les opé rations suivantes : trempe de la peau, emboî­ tage et serrage du dos peau, descendre les nerfs, mouil lage de la peau, rempliage du dos, confection des mors, des coiffes, pinçage des nerfs et enfin lavag e de la peau. L ’ouvrier place le dos, convenablement paré et préparé, sur une macule un peu plus grande, et


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claie une bonne couche de colle de pâte du côté de la chair. Il laisse imprégne r la colle, en ramenant les deux extrémités de la peau l’une sur l’autre , colle sur colle, et sans appuyer sur le pli formé. Après quelques instants, il ouvre à nouveau le dos peau, et repasse sur c elui-ci son pinceau , contenant moins de colle que la première fois. Ave c le môme pinceau , il enduit de colle la carte qui a été fixée sur le dos du volume, et veille à ce que la base des nerfs ait reçu de la colle, si toutefois il en existe sur la carte. Prenant le volume q u’il tient debout sur la gou t­ tière, dans la main g auch e, il applique avec la main droite la peau ainsi trempée, en se confor mant aux traces faites pour la parure e t pour indiqu er la tête. Toutes les traces étant à leur place , il met le volume sur la table, debout sur la gout tière , et per ­ pendiculairement au bord de la table, puis avec la paume des deux mains légèrem ent humectée s et placées de chaque côté à la base du dos, il descend la peau sur la carte en ne tirant sur la peau qu’à la base du dos. S ’il a affaire à un volume à nerfs, il imprime aux mains un mouvement d’ avant en arrière, pour bien ramener la peau jus qu’ à la base des nerfs. Dans ce dernier cas, il fera ce travail jus qu ’à ce que les traces des plis des remp lis soient bien à hauteur de la tranche des carton s. De même il aura soin , pour exécuter ce travail, de ne pas f atigu er le grain de la peau, et de s’assurer que celle collée sur les cartons est droite et exempte de plis, qu’il pourra effacer en pétrissant la peau avec ses doigts , sans la tirailler. Laissant le volume dans la même positio n, il des­ cend les nerfs avec la pince à n erfs, en procédant


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comme le pinçage indiqué page 130 de notre pre­ mière partie. Cette partie du travail a pour effet d’éviter la dé­ formation des coiffes, lorsque celles-ci seront faites, et que l’ouvrier pincera définitivem ent les nerfs. Ce travail exige une grande habileté de mains pour que les nerfs soient droits et que les mâc hoires de la pince ne conto urnen t le dos qu ’à la base du nerf, sans fa­ tigue r la peau. Pour obvier à cet inconvénient, l’ouvri er devra d'abord faire pression de haut en bas, avec la pince, de chaque côté du nerf, avant la compression des b ranch es de la pince, avec le pouce droit sur le plan incliné de c et outil. Lorsque les nerfs, so nt descendus, l’ouvrier mouille la peau avec l’éponge fine contena nt un peu d’eau claire, et laisse pren dre la peau, en plaçant le vo­ lume à plat, sur un des ais préparés , le dos peau en dehors, d’un gran d côté de ce t ais. Après ê tre resté qua tre à cinq minutes dans cette position, l ’ouvri er p rocède au rempliage. Pou r cela, il comm ence par dégag er les cartons du volume, puis place le dos de celui-ci sur le milieu du carton bisea uté, ou du coussin, de façon que le bord bis eauté, ou le bord supéri eur du coussin, soit à h aute ur du ner f le plus près de l ’extrémité du dos. Le volume debou t sur son dos ainsi placé, le mi­ lieu du dessous du cart on ou du coussin appuyé au bord de la table, en incl inant c et outil, puis laissant retombe r les carto ns de chaque côté et appuyant la gout tière du volume contre sa poitrine, avec les pouces des deux mains, il dégage les cartons près de la tranchefile, en faisant pression sur ceux-ci ; puis avec les inde x des deux mains , il in trod uit le rempli


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entre la carie et le dos d ’abord, et sur les cartons ensuite. Immédi atemen t, il replace ses cario ns sur le volume, et se rend compte si la peau ne fail pas d'épai sseurs sur le dos du volume. S’il y a épaisseur, il y remédie en rép éta n t l’opé­ ration du rempli age, et en reg ard ant ce qui occa­ sionne cette bosse; il suffira, avec la pointe du plioir, d’étaler la peau du rempl i qui aur a pu être repliée ou d’étaler la carte qui aura été rebrou ssée. Les deux extrémit és sont ainsi rempliées , puis le volume mis à pl at sur la t able, le dos tou rné de son côté pour achever l’applicati on des rempli s et s’assurer des mors carrés. Pour cela, ouvrant le c arton de dessus à 45° avec le volume, il place ses deux mains à cha qu e angle près du mors, et avec les pouces de ses deux mains il tire sur les remplis da ns la d irect ion de l’intéri eur du carton . Maintenant ensuite la peau avec les po uce s, il appuie sur le carto n jus qu ’à ce que cel ui-ci soit horizontal, et il p rése nter a la tran che du carto n qui est du côté du mors, à hau teu r du bord du dos de ce côté. S’il y a bom bage au centre , il app uier a sur cette partie avec le plio ir en os tenu à pla t. L’ouvrier s’assurera une bonne fixation des rempl is, en fro t­ tant légèr emen t sur ceux-ci avec le pli oir, puis il fermera le cart on en l’accom pagnan t des deux mains et il se rendra compte de la r égu larit é des chasses. Le même travail sera exécuté de l’autr e côté, et ensuite l’ouvrier confect ionnera les coiffe s. Pou r que celles-ci aient une bonne forme , l’ouvrier aura laissé, en rempl iant, une qua nti t é de peau oerm etta nt d’obtenir une coiffe plate d’u ne large ur


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égale à l’épaisseur des carions. Le volume mis debout sur une des tranches de tête ou de queue, reposant

Fig. 25. — Gou vrar e : confection de la coiffe.

sur un ais, dont la peau dépassera un des grands côtés, il main tiendr a le dos du volume près de l’extrémité supérie ure, puis avec le plioir en os il esquissera la coill’e. Avec le côté pointu du plioir, Ghanat. — Manuel du relie ur. 5e pa rt ie .

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l’ouvrier renvoie la peau en arrière , puis avec le pial du plioir, tenu de la main droite, il appuie sur la peau par petits coups pour la co ucher sur la tranchefile. Plaçan t autou r de son pouce gauche le nœud coulant du fil préparé , il place le fil d’abord dans l’échancrure gauche du carton , puis ensuite dans celle de d roite, avec la main droite. Le fil ét ant b ien tendu entre ces deux parties , il enroule celui-c i autour du ma jeur de la main gauch e, et avec celte même main maintie nt le volume , en plaç ant le pouce et l ’index de c haque côté du dos, sur l'éch an­ crure faite dans le carton. Le plioir en os tenu à pleine main droite, et placé perp endi cula irem ent à la tran che du volume, entre le fil et le bo rd du dos, puis par un mouve ment circul aire avec ce p lioir, il appuie forte ment et succe ssive ment dans les angles de droite et de gauche , contr e le fil et contr e le pouce ou l ’index. Ce trava il s’appelle : dég age r les coiffes. La main gauche resta nt en position , il répè te le même travail exécuté pour esquis ser la coiffe, mais cette fois s’appes antit davanta ge sur la part ie plate de cette coiffe. Lorsq u’il a obtenu satisfa ction, il enlève la main gauche avec le fil dont il se débarra sse pour repre ndre le morceau de carte de Lyon. Le volume dans la même position, il asso uplit cette carte pour lui donner une forme cintr ée, puis il l’applique à cheval sur le dos près de la coiffe, le grand côté aminci placé sur le dos du livre, et l’autre grand côté à hau teur des deux carto ns du volume. S’étant assuré Une adhérence parfai te de la c arié


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de Lvon sur le dos, il Lient celle-ci avec la main gauche, en plaça nt celte main comme elle était en

Fig. 26. — Cou vrur e : Pinça ge des nerfs.

tena nt le fil. Puis avec le plioir en os, de la main droile il repousse à nouveau la peau contre la carte et frotle avec le p lat du plioir sur la peau en même temps que sur la tranch e de la carte de Lyon. Ayant retiré la carte, il aura ainsi une coiffe piale, très


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exactement à la hauteur des car tons, et le grain de la peau sur le dos, près de la coiffe, ne sera pas altéré. Mouillant à nouveau le dos seul du volume, l’ ouvrier pince définitivement les nerfs, en observant que ceux-ci soient d’une rectitude parfaite. Pour s’assurer des nerfs pincés jus qu ’à leurs extrémités, l’ouvrier mettra le volu me à plat sur un ais en car­ ton propre, et pincera l’extré mité des nerfs, en arrêtant ce pinçage avec un angle de la pince exac­ tement au bord du dos. Un côté droit d ’un morceau de peau, placé fleur sur fleur et à hauteur du bord du carton dans le mors, permettra avec une pression au plioir fai te sur la chair de ce morceau de peau, d’assur er un bon collage de la peau qui recouvre le volume à cet endroit. La peau intermédiaire, entre celle de l’hab it et le plioir, permettra la bonne conserva tion du grain du dos qui a été ainsi appli qué. L ’éponge fine, mouillée et bien essorée, sera passée sur l’ensemble de la peau appliqu ée, pour laver celle -ci. L ’ouvrier place le volume ainsi cou­ vert entre deux ais propres, de format sensiblem ent plus grand, et laissera sécher le volume naturel­ lement. En pinçant les nerfs, l’ouvrier peut laisser glisser sa pince sur la peau collée sur le carton . Il s’ensuit une trace creusée dans la peau qu’il doit s’efforcer d’effacer. Pour cela, il mouille forteme nt la peau à cet endroit, puis, avec la pointe d’une aigu ille fine, il soulève la peau à l 'endroit de la cavit é, par petits coups success ifs. Lorsq u’il a fait ce travail sur toute la longu eurde


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la trace, l’ouvrier frappe au même endro it avec une brosse à poils ras et durs. Ce d ernier travail a pour effet de faire remon ter le grain. Cet inconvén ient peut être évité si l’ouvrier se sert du milieu des mâc hoires de la pi nce pourp incer les n erfs. Dégagement du volume. — La peau collée à la join ture du dos du volume et du bord du carton dans le mors donne, en séchant, une certaine raideur, qui ne permet pas d’ouvrir les cartons facilement. L’ouvrier procède alors au dégag emen t du volume. La peau étant parfa iteme nt sèche, il m et le volume à pla t su r la table, le dos à gauche, puis il ouvre très douceme nt le carton du dessus, jus qu’à ce que celui-ci fasse un angle de 45° avec le volume. En ouvra nt le c arton , il a soin de placer au fond du mors, sur le volume, le grand plioir en os, pour évite r que la fausse -garde ne se soulève avec le carton, et que sa déchi rure n’entraîne celle des gardes du volume. Le carton ainsi ouvert, il humecte avec le bou t d’un doig t le rempli de la peau dans le creux du mors. Il replace le carton sur le volume et exécute le même trava il de l’autre côté. Si le volume a été couvert depuis plusie urs jours , avant d’ouvrir le carto n il hume ctera la peau sur le dessus du volume, à l ’endr oit où le rempli se trouve collé inté ­ rieur emen t dans le creux du mors. Il emploiera dans ce cas l’éponge fine et de l’eau claire, puis laissera la peau abso rber l’eau, et cinq minutes après, environ, il o uvrira le cai on comme il est dit plus haut. Ce dern ier travail étant fait, l’ouvrier placel e volume au bord de la table, le dos tourné de son côté, le prem ier côté h umect é sur le dessus.


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Il ouvre à nouveau le carton, et en s’aidant du plioir, il fait descendre le carton avec la m ain gauche par bonds success ifs, jusq u’à ce qu’il tombe natu­ rellement dans la position horizontale. Ensuite, avec la pointe à couper ten ue dans la main droite, il gratte la tranche du carton qui se loge dans le mors, pour enlever le pap ier de faussegarde qui a pu y adhérer, et le papier qui a servi à affiner le carton. 11 enlève l’émoussu re provoquée par ce gratt age, sur le plat du carton près du mors, en se servant de la pointe et au besoin de papier de verre. Cela fait, il replace le carton et procède de même pour le deuxième côté du volume. Ainsi dégagé, le volume est remis au doreu r sur cuirs, pour la pose du titre et de la décora tion qu’il doit avoir. DE LA

FJNISSUR E

Cette dernière partie de la const ructio n de notre demi-reliure va nécessiter plusieurs opérations, toutes demandant un soin partic ulier, et une exécu ­ tion dans l’ordre suivant : battage des bords et pré­ paration des cartons, pose des coins, traçage et élagage de la peau, pose des plats, colla ge des gardes, visiture et mise en presse. Lorsque le volume revient de la dorur e sur cuirs, le premier travail, pour une demi-reli ure sans coins, est celui que nous indiquons à cette pla ce dans notre première partie : compasser les m ors. Mais pour une demi-reliure à coins, ce travail ne se fait que lorsque ces derniers sont posés. Il faut donc préparer la partie du carton laissée libre par la


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ir les coins peau appliquée, pour qu’elle puisse recevo en peau et le papier marbré appelé pla is. cé comme Battage des bords. — Le volume est pla . L ’ouvrier il le fut pour le rabattage des ficelles le tas en fer, ouvre un carton qu’il place à plat sur gauche, cellepuis ma intient le volume avec la main e, le pouce ci placée à cheval sur le dos du volum le volume, appuyant sur le carton qui est resté sur qui est sur le et les autres doigts appuyant sur celui tas en fer. bords du Avec le marteau, il frappe légèr ement les s les coins. carton, en frappant plus doucement dan a soin pour Il procède de môme pour l’autre côté, et bien à plat. cette opération de mettre son marteau oussure, il En plus de ce battage qui a enlevé l’ém ier de verre, enlève l’arête vive du carton, au pap verture pour comme il l’a fait à l’apprêture de cou ’ouvrier véri­ préparer la place de la peau du dos. L la gouttière fiera la tranche des cartons, à l ’angle de e légèrement et redressera cette tranche qui a pu êtr tranches. déformée pa rle gratto ir du doreur sur t rencontrer Sur le dessus des cartons, l’ouvrier peu s, provenant des défauts, soit bosses, soit cavité tiront assez d’un mauvais satin age. Les bosses par re, mais les facilement sous l’acti on du papier de ver ède peut se creux, il lui faut les boucher. Ce rem ton que l’on faire, soit avec de la râpure de car e l’on intro­ mélange avec de la colle de pâte et qu soit avec de duit dans la cavité avec le plioir en os, avec l’extré­ la cire à parquet que l’on fera fondre pointe, après mité opposée au côté coupant de la l’avoir fait chauffer. her comDans les deux cas, après avoir laissé séc


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plèlement, l’ouvrier nivellera le carton avec du papier de verre, car il aura eu soin de mett re plus de matière qu’il n’en fa ut pour boucher le tro u. Pose des coins. — Quel que soit lege nre de r eliu re, il est in dispensable que les angles des carton s, du côté de la go uttièr e, soient ren forcés. Nous avo ns vu dans not re premier ouvrage, que l’on peut em ployer le papier parcheminé, le parchemin ou la pea u. Le papier parchemin é, d’un ton vert, s’em ploie pour les reliures ordinaire s comme il est ind iqué à ce paragraph e. Le parch emin, vert égalem ent, peut être em ployé pour les demi-reliur es soignées, n’ayant pas de coin en peau. Cette matière, très ferme, est tre mpée à la col le de pâte, et laissée ainsi, pliée e n2, penda nt 10 minute s au moins. Après ce temps, l’ouvrier coupe de pe tits triangles, qu’il applique à l’intérie ur du car ton, en plaçant le milieu de l’hypoténuse à h aut eur e t à une épaisseur de carton de l’angle de celui-ci. Ainsi posé, le coin est re mpl iésu r le dessus du car to n, en appliquant d’abord la moitié du coin qui se trouve du petit côté du carton. Ce côté étan t remplié, l’ouvrier passe l’ongle du pouce dans le coin, sur la tranch e de go uttière du carton, et re mplie le coin de ce côté. Le parchem in forme ainsi un carré sur le dessus du carton, puis il laisse sécher. Eta nt sec, l’ouvrier aminc it le carré de parch emin , avec la pointe à couper, depuis la diagonale arri van t aux deux bords du car ton j us qu ’à la pointe du car ré. Le volume a yant des t races faites avec le gab a rit aux angles des cartons, les cartons prép aré s et la peau des coins étan t parée, l’ouvrier me t de la colle


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sur ceux-ci comme il l’a fait pour le dos peau. Les de quatre coins p euvent ê tre trempés à la suite l'un i r. l’autre, et appliqués par deux, chair sur cha ­ Imméd iateme nt après le dernie r coin trempé, l’ou r vrier sé pare les deux prem iers et les appli que à leu u, place, en faisant pression, sur la fleur de la pea

Fi g. c. Pos e des coins. — 27. Fig. . — Fig. c, peau. Fig. a, papier parchem iné. — Fig. ô, parchemin

les avec la paume des ma ins, et en s’assurant que plis des rem plis sont bien au bord des carions. Puis, sans s ’occuper tout d’abord de la fermetu re, car­ il remp lie à l’intéri eur la peau, du peti t côté du ton. Le volume, pour cett e opérati on, éta nt placé à p lat de sur la table, la g outt ière de son côté et le carto n u dessus légèrem ent soulevé. En suite il remplie la pea l’insur la tranche du carton du côté de la gouttière, à


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CO NS TR UC TIO N D’ UNE RE LIU RE DE LU XE

térieur de celui-ci. Les deux coins ainsi rempliés, l’ou­ vrier fait pivoter, avec la main gauche, le volume sur le dos, et pose le ca rton ayant ses coins, à plat sur la table, le volume mainte nu avec la main gauch e et légèrem ent détac hé du carton. Soulevant la parti e de dr oite de cha que coin, avec la poi nte du plioir et l’index de la main gauche, il fait une série de petits plis avec la peau parée très mince. Appliq uant la partie soulevée du rem pli de d roite, à h aute ur de la partie gauche, il appuie avec le plio ir en os sur les petits plis, formés dans l ’angle. Cette o pération faite aux deux coins, l ’ouv rier s’as­ sure un bon collage de la peau sur chaqu e tranc he de carton, en frot tan t avec le plioir en os, depuis l’angle ju squ ’à l’extrémit é inter ne de c ette peau . Le volume retou rné, pour avoir le cart on avec les coins sur le dessus, un léger frot tem ent avec le plioi r au bord du carton, sur la peau, et un lavage comme pour le dos peau, l’ouvrier exéc utera le deuxièm e côté du volume, et laisser a séche r comme il l’a fait pour la couvrure du dos. Traçage et élagage de la peau. — Les coins étan t secs, l ’ouvrier placera le volume à plat sur la fable, la g outtièr e de son côté, puis avec le compas droi t il compassera le mors. Pour cela, il m ettr a une pointe de c ompas au b ord du carton en go uttiè re, et avec l’autre poi nte il fer a un point, à ch aque ex trémit é, à l’endroit où le papier marbré viendra sur la peau. Réuni ssant avec une trace faite au plioir et à la règle les deux points obtenus, l’ouvrier enlève av ec le coute au à parer, le plus en biai s p ossible, la peau qui est en dehors de celte trace. 11 aura soin, pour


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son cou­ ce travail, de ne pas louche r à la trace avec teau . avait Cette trace doit correspon dre à celle qu’il tte opé­ faite au crayon sur le carton du volume. Ce guer les ration faite des deux côtés s’appelle éla mors. gaba rit Pour la peau des coins, l’ouvrier place le au plioir, sur la peau, dans l’angle du carton, et trace gab arit. sur la peau, un trait contre leg ran d côté du me pour 11 enlève, au couteau à parer, la peau, com les mors. reliure Pose des plats. — Les plats sont, pour la recouvrir qui nous occupe, le p apier marbré qui va la partie du carton laissée libre par la peau, à la Or, quelle que soit l’épaisseur de chair laissée mince et peau en paran t, ce pa pier marbré est plus ne peut ê tre ap pliqué à même le c arton. blée Il faut que la différence d’épaisseur soit com é d’arri­ par une mati ère per met tant au papier marbr r cela, ou ver au niveau de la peau. On emploie pou du papier , ou de la carte . l’ou­ Pour un volume avec coins en parchemin, zinc, le vrier coupe à la pointe, avec la règle, sur le eur étant rempli ssage de forme rectangu laire. La larg un milli­ égale à celle lai ssée l ibre p ar la peau moins tons . S’il mètre, et la hau teu r égale à celle des car les bords, s’agit de ca rte, l’ouvrier amincit celle-ci sur carte de d’un môme côté, comme il l’a fait pour la faux-dos. ssage Pour un volume à coins en peau, le rempli le précé­ sera d’abord coupé en recta ngle, comme avoir été dent, puis les angles seron t coupés, après les coins. tracés à un m illimètr e des traces faites sur


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Le même ébarbage sera fait sur les bords, s’il s’agi t de carte. Etant préparé, ce remplissage est appliqué à la colle forte, à l’emplacement qu’il doit occuper , et pour s’assurer un parfa itcol lage, l’ouvrier frotte avec le plioir en os, partout, en insistant sur tous les bords. Lorsque le rem plissage est de la carte, la colle forte sera mise du côté biseauté. Une fois secs, ces remplissages seront nivelés sur le dessus, avec du papier de verre. De ce fait, pas d’épaisseurs au bord de la peau, s’il s'agit d’un volume à coins peau, ou à l’angle du carton, s’il s’ag it de coins en parc hemi n. Après avoir fai t choix du papier marbré, l’ouvrier façonne celui-ci à la grandeur qu’il doit occuper , plus un rempli d’un centimètre et demi de chaque côté du carton. Si le volume est à coins peau, ce pre­ mier façonnage étant fait, il applique un plat, ajusté au trait du mors en partagea nt les remp lis, puis replie les angles du papier, marbrure sur marbru re, en prononçant un pli à hauteur du trait fait sur chaque coin. Replaça nt l’angle du papier, la mar­ brure dessus, l’ouvrier appuie sur ce lui- ci, à hauteur du pli fait, et contre les tranches du carton. Faisant une marque sur le carton et sur le plat, pour ne pas commettre d’erreur, il place le plat tracé sur le zi nc, la marbrure en dessous, et à l’aide de la pointe et de la règl e, l’ouvrie r fait une coupe perpendiculaire au pli du coin et en partant de la tranche du cart on. Ensu ite, il relie les deux coupes ainsi faites à chaque coin, par une coupe qu’il exé­ cute sur le pli indiquant le bord de la peau du coin. Les plats ainsi préparés sont trempés à la colle forte, et appliqués très exactement au bord des

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traces . Que ce so it un volume sans coins peau, avant le rempliag e, l’ouvrier fera une coupe en rond, avec les ciseaux, dont il fera passer les lames contre Tangle du cart on. Le devra p e rm e tt re , une foisrem plié, d ’avoir une partie de coin parch e­ min visible, d’une dia­ gonale égale à la chasse du volume. En consé­ quence, plus le volume sera de petit format, plus le rayon du cercle coupé devra être petit, et vice versa. Le volume avec coins en peau aura ses plats appliqués , en ajus tant d'abord sur un angle du mors et du coin, d’un môme côté, puis à l’ex­ trém ité de la trac e du mors ensuite, et enfin l’ouvrie r laissera tom­ ber le restant du papier sur le c arton . Si le plat a bien été façonné, tous les bords de papie r coupés doivent ê tre au bord des traces laites sur la peau du dos et des coins. Elans les deux cas, l’application des plais et leur rempli age se fait en plaçant Je volume comme pour le traç age de la peau. Pour remplie r, l’ouvrier commence par les rem-


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plis des petits côtés, et termine par les remplis de gouttière. Il a soin de frotter, avec une jointu re de phalange de doigt, le papier contre la tranche du carton, avant d’appliquer le rempli à l’int érie u r. Ceci fait, il place le côté recouvert de papier c om me pour fermer les coins en peau, et frotte avec le plio ir, sur les remplis, du dehors en dedans, pour s’ ass urer un bon collage de ceux-c i, puis il laisse sécher , le volume à plat sur un ais propre et recouvert d’un autre ais propre qu’il aura surmonté d’un poids lége r. Ce travail terminé, les plats pourront avoir leu rs côtés sertis de filets gras ou maig res, soit noirs, soif dorés. Comme la décoration du dos, c’est le doreur sur cuirs qui fera ce travail. Toutefois, s’il s’agi t de simples filets noirs , le relieur pourra avec soin tracer ces filets, en se ser­ vant de la galope, qu’il conduira au bord des plats contre une règ le en bois. Cet outil, chauffé et pro pre, l’ouvrier s’assure un bon degré de chal eur, en fais ant un essai sur un déchet de peau, au préa lable . Gollage des gardes de couleu rs. — Dix minute s après le collage des plats, le volume peut être pré­ paré pour le coll age des gar des sur le cart on. Cette préparation comprend le nivellem ent inté ­ rieur du carton, et la coupe du papier de gar de, après avoir enlevé les fausses-g ardes. Le bor d des remplis peau et pa pier-for me, à l’intérie ur des car­ tons, une épaisseur plus ou moins régu lière . L ’ou­ vrier place le volume à plat sur la table , et ouv re le carton de dessus, qu’il appuie horizontalement sur quelques ais d’épaisseur égale à celle du volum e. Il


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trace au compas un trait sur les remplis de la peau et du papier, à un centimètre du bord du carton. Puis, avec la pointe, il enlève, en biais, ce qui dépasse du trait, vers l’intér ieur. Avec le plioir en os, qu’il place au fond du mors, entre la garde de couleurs et la fausse-gar de, il arrache doucement cette dernière, sans laisser de parcelles de papier dans le mors. Le dos du volume étant à gauch e, il place la garde de couleur sur le carton resté ouvert sur les ai s, en la rentrant bien dans le mors; puis avec le compas, il fait des points aux extrémités, de chaque côté de la garde, une pointe de compas étant placée au bord du carton, et l’autre pointe à une distance supé­ rieure d’un mil limètre à cel le de la chasse du volume. Mettant une plaque de zinc sur la contre-garde du volume, l’ouvrier rabat la garde de couleurs sur ce zinc, pu is il coupe celle-c i à hauteur des points, avec la règle et la pointe, en laissant en tête et en queue, au fond du mors, une partie non coupée égale à la hauteur d.e ceu x-ci . Le collag e se fera ensuite, en remplaçant le zinc par une macule, et en trempant la garde de couleur à la colle de pâte ou chimiqu e. De la même colle mise avec l’index de la main droite, sur la tranche du carton dans le mors, permettra d’être sûr que le papier collera parfaitem ent de ce côté, ce qui est parfois difficile suivant la nature du papier. Une fois trempée, la garde est présentée sur le carton avec la main gauche , sans l’appliquer. L’ouvrier rentre bien celle-ci d’abord dans le mors, et ce n’est qu’après ce travail fait minutieusement, qu’il applique la garde sur le carton, en ayant soin


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de rég ulari ser les cha sses. Pren ant un papier résis­ tant, qu’il place dans le mors, il fro tte sur ce papier avec les doigts de la main d roite et avec le pl ioir en os, en insi stant su rtou t s ur les ext rémités. Ce travail doit être fait très soigne usemen t et n’être cessé que lorsqu’ayant fait mine de fermer le carton du vo­ lume, il s’aperçoit que tout le papier de garde colle parfaite ment dans le mor s eta u bord sur le carton, près du mors. La gard e ainsi bien frottée reste ra pour sécher, le carton étan t ouvert. Le deuxième côté p ourra être collé en plaça nt un a iss ur la contregarde du premie r côté collé, et en reto urn ant le volume avec fa is qui sera placé à p lat sur la table. Les deux gardes collées, le volume séch era ouvert, pendant une heure ou deux suiva nt la tem péra ture. Si, par suite de mauvais monta ge des gard es de couleurs dans le mors, ou bien d’un mauvai s ébarbarge après le contre-c ollage, la gard e donne une chasse par trop g rande sur le carto n, en gou ttiè re, l’ouvrier pourra reméd ier à ce tte err eur de la façon suivante. Au lieu de mettr e de la colle de pâte sur l’ensem­ ble de cette garde, il n’en mettr a qu’au fond du mors et sur une l argeu r per met tant de fixer sa g arde dans le mors, et su r une distan ce de deux cent imè ­ tres environ sur le carto n près du mors. Après sécheresse, le cart on rest ant ouvert, l’ouvrier déchire en biais la partie non collée, nivelle au papie r de verre le bo rd de la part ie collée. Puis aya nt coupé un feuillet simple du même papier, de la gran deur du carton, moins les chasses qu’il doit obtenir, il applique ce papi er sur le carton , par une trempe à la colle de pâte et laisse séche r.


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Après sécheresse, l’ouvrier ébarbe la cont re-gar de de cou leurs, qu'il a laissée à la gran deur du c arton au corps d’ouvrage. Ce papier, plus grand qu’il ne faut, va perm ettre de régu laris er la chasse de gou ttiè re. En pl açant le zinc ent re le carton du volume repo ­ sant sur la ta ble et la c ontre- garde , l’ouvrier met sa règle à une chasse du bord, et coupe à la pointe. Il peut ainsi arriv er que, pour avoir une chasse de gout tière parfaite, l’ouvrier, dans certains cas, laissera une parc elle de papier de couleurs en dehors de la g arde blanche, ou, au cont raire , sera obligé de mordre sur cette dern ière. Visiture et mise en presse. — Ce travail terminé, l’ouvrier enlève l’enveloppe qui gara ntiss ait les tranche s, puis visite le volume. Cette opération con­ siste à s’assur er des gardes blanch es propres, que les premier s et de rniers feuille ts sont dans le même état et bien reliés aux autr es. Puis, après un re gard sur les cart ons, recto et verso, pour se re ndre compte si le collage des plats et des gardes n’offre pas des absences de couleur , l’ouvrier place une carte de Lyon en tre chaque carto n et le volume, puis met ce derni er en presse à percuss ion, bien au milieu, entre des ais propres , et pourr a placer sur ces ais, de chaque côté du volume, une autre carte de Lyon. Après un serr age moyen, d’au moins deux heures, l’ouvrier reti re le volume de presse puis fait remon ter le grain de la peau, aplati par cette pres­ sion. Pour cela, il se se rt de l’éponge line, mouillée à l’eau claire et bien essorée, puis frotte avec celle-ci la peau des mors et des coins. 8 par tie. Chanat. — Manuel du relie ur.


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Polissur e. — S’il s’a git d'un volume en maroq uin, surtout du Cap, le gra in de la peau n’est pas très agré able au Loucher; de plus, il risque, par le fro tte ­ ment, à s’use r plus rap ideme nt, s’il est lai ssé ainsi. 11 y a donc util ité à aplati r un peu ce grai n, avec modération, et en même temps à donner à la peau un aspec t lég èrem ent bril lant . •Pour cela, l’ou vrier se sert de plaques de cui vre argen tées et du fer à polir. Apr ès avoir fait chauffer légè rem ent ces plaqu es, il plac e cell es-c i de chaque côté du vo lume fermé , et le tou t en presse à percussion, entre des ais co mme il l ’a fait préc édem ­ ment. Les plaques et les ais dépa ssan t le volu me de chaque côté, l ’ouv rier don ne un s err age moye n, pour ne pas faire de son maroqui n une toile ciré e. S’il s’ag it d’un volume compo sé de plan ches , cartes, etc., l’o uvrie r met le vo lume en pres se, un seul carton à la fois. Dans ce cas, les plaq ues sero nt pla ­ cées au bord du carton du côté du mors et du dos. Cette mise en pr esse, d’une heure env iron , donn era un lég er brillan t qu’il faudra com plét er avec le fer à polir . La polissure au fer se fait avec un outil très propre sur la partie lisse , après qu’il a été chauff é à une tempéra ture vari able suiva nt la teinte de la peau. Pl us les coul eurs sont cl aires , moins le fer doit être chaud . L’o uvrier se rendra comp te de cett e tem pér atu re, en ess ayant sur un déch et de peau, puis, plaça nt le volum e debou t s ur la gou ttiè re, il passer a le fer sur la peau du dos du volu me, avec un mouve ment de vaet-v ient . Le dos étant poli, l’ou vrier place le volum e à plat


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sur la table, met une carte de Lyon au fond du mors, entre le carton et le volume, et polit les mors et les coins, en imprimant à la main un mouvement cir­ culaire, pour éviter que le fer ne fasse des traînées visibles sur la peau. Il aura soin de ne pas Loucher au papier de plats avec le fer, surtout si ce papier est mat. Pour éviter cela, l’ouvrier prendra une bande de papier quelconq ue, mais propre, qu’il tiendra de la main gauc he, et dont il placera un côté au bord du plat, soit pour le mors peau, soit pour les coins. Il fera ensuite sa polissure, en passant le fer à polir sur le bord de ce papier et sur la peau. Malgré l ’atLention apportée au degré de chaleur, s’il sc produit une noircissure sous l’action du fer, l’ouvrier pourra atténuer ce défaut, en faisant un lavage avec un peu de ouate ou une petite éponge fine, imbibée d’une dissolution de sel d’oseille très étendue d’eau. La polissure ne sera terminée qu’après complète séche resse.

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CHAPIT RE II R E L IU R E P L E IN E

Pour justi fier l’abandon de ce genre de reliure après le nivel age du dos, nous ferons remarqu er que, suivant l'habi lleme nt intér ieur des cartons du volume, et son mode de coutu re, la reliure pleine exige une prép arat ion du volume et de son habit toute différente de la demi-r eliure. Nous étudi erons donc la reliure pleine, cousue à la gr ecque ou sur nerfs, avec ou sa ns charnièr es en peau, avec gard es papier , étoffe, ou peau. Cette diversi té va nous oblig er de plus à étudie r alt erna ­ tivem ent chacun e des opér ations. Prép arat ion du volume pour gardes étoffe. — En plus du papier marb ré fixé et contre-collé comme il a été indiqu é, le volume peut recevoir, à l’inté­ rieur, des c harniè res en pea u et des ga rdes et contregardes en éLoffe. Lorsque la gar de étoffe sera fixée sur le carton du volume, il lui faudra arrive r au même niveau que la peau des remp lis de la couver­ ture . Pour obte nir ce résul tat, l’ouvrier pourra employer deux procédé s. L’un, trè s délicat au point de vue parure , consist era à lai sser aux re mplis de la couverture une épaisseu r en r app orL avec celle de


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l’étoffe. L’autre procédé, beaucoup plus facile à exé­ cuter, consist era à aminc ir la peau des rem lis, pour que ceux-ci, collés sur un cadre de ca rte appliqué à l’intérieu r du carto n, donnen t la même épaisseur que le premie r procéd é. Ce cadre de carte, collé intér ieure ment , ne peut donc être fait que lorsque les carto ns sont encore mobiles, c’est-à -dire avant la fixation des ficelles. Pour le premier procédé, la prép arat ion intér ieur e consistera à niveler, au papier de verre, le carton, surtout à l’endroit des ficelles. L’ouvrier s’assurera que le papier d’affinage colle parfa item ent, et au besoin il l’enlèvera aux endr oits où les remp lis de la peau seront appliqués. Le cadre de carte se fait a insi : L’ouvrier coupe deux morcea ux de cart e bulle d’épaisseur convenable et mom enta ném ent plus grands que le carton du volume. Pla çan t celui- ci à plat, le dos à gauche, il ouvre le carto n du dessus qu’il fait reposer s ur quelques ais, de même forma t, et form ant une épaisse ur égale au volu me. Le carton bien à p lat, l’ouvrier se saisit du compas droit , qu’il ouvre d ’une mesure égale à celle des rem plis défini­ tifs. Puis il porte cette mesur e aux deux extré mités des qu atre côtés du carton, et relie ces point s par u n trai t au crayon, ayant ainsi obten u u n rect ang le dont les côtés sont parallèles à ceux du carto n. Mettant une macule entre le carto n ainsi tracé et fai s, il prend une bande de c arte ou de papie r f ort, pour lui servir de règl e, dont il place un gran d côté au bord du trait de crayon, laissa nt visible le bo rd du carton. Maintenant cette règle avec la main gauch e, il enduit success ivement de colle forte moyenne


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l’espace compris entre chaque trait et le bord du carton, et aura ainsi un cadre de colle forte. Prenant un morceau de carte dont il ajuste un grand côté au bord du carton, près du mors, il applique celle ci sur le carton, en la faisant dépasser régulièrement, et en frottant avec le plioir, par une pression du dedans en dehors. Cette dernière précau­ tion est nécessaire, pour ne pas permettre à la colle de dépasser le trait de crayon. Aussitôt la carte bien frottée, l ’ouvrier replace le carton sur le volume, en intercalan t une carte de Lyo n, procède de même pour le second côté, et charge le volume avec un poids jusq u’à ce que les collage s soient secs. 11 aura eu soin de conserver la mesure qui lui a servi pour sa trace au crayon. Au bout de dix à quinze minutes, il enlève le poids et co upe la carte qui dépasse des car­ tons, en remplaç ant la carte de Lyon par un zinc, faisant pression sur le carton avec la main gauche, et en promenant la pointe très exactement contre les tranches du carton. Replaça nt le volume comme pour la trace première, c’est-à-dire le carton ouvert, l’ouvrier fait , à l’aide du compas et du crayon, les mêmes traces sur la carte que celles qu ’il avait faites sur le carton. Ave c la règle en fer qu’il ajuste sur chaque trait, il entaille la carte seule, pour détacher la partie non co llée, qu’il laissera après s’être rendu compte de son trava il. Pour obtenir une coupe convenable , la règle devra cacher le bord du carton et la pointe devra être arrêtée très exactement dans les angles . L’ouvrier frotte très doucement au bord du carton* à l’inté­ rieur, avec du papier de verre fin, pour enlever l’émoussure provoquée par la coupe à la pointe sur


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les côtés du carton. Les deux côtés ainsi prépa rés et les cartons placés sur le volume, l’ouvrier prépare le de ssus de ce ux-ci. Suivant la décorati on que demande l’ouvrage, l'ouvrie r enlèvera légèr emen t l’arète vive des tranch es du carton, ou fera de ces mômes côtés un biseau carré ou arron di d’une larg eur convenab le. D’après la quan tité de c arton à en lever, il emploiera une lime fine ou s imple ment le papi er de v erre . Il suffira, po ur exécut er ce tr avai l, de p lacer le volume sur un ais et d’incliner le tou t au bord de la table, en mainte nant le volume d’aplomb, pour amin cir les bords du carton régul ièrem ent. Ensuite l’ouvrier netto ie le dessu s du carto n, près du mors, comme p our la dem i-rel iure, puis il pro ­ cède à la coupe des coins. Pour ce travail, il ne devra pas enta mer la part ie interne du carton. Enfin, il termine l’appr êtur e de c ouvru re du volume par le collage des ficelles. La fixation et le colla ge des ficelles se fait comme pour la demi-rel iure ; seulem ent, l’ouvrier devra se rendre compte si l’échan crure des car tons faite avant la pass ure en ca rtons est suffisante. Il augm ente au besoin les cavités av ant de m ettre la colle . Le volume devan t recevo ir de la peau comme gardes nécessit era une prép arat ion comme il est indiqué pour le prem ier procédé du volume avec gardes étoffe. Pour ces genre s de re liure, s’ils sont cousus à la grecque, le faux-dos e st ensuite prép aré comme celui d’une dem i-reliur e à carte fixe. Prép aratio n du volume cousu sur nerfs. — La


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même prépar ation intern e et externe sera exécutée pour un volume cousu sur nerfs. Lorsque les ficelles auron t été fixées et collé---, l'ouvrie r s’occupera de régu larise r les ficelles cou titu ant les nerv ures . Ouc le volume soit cousu au septain ou à la ficelle de chanvr e, il devra recouvr ir chacune d’elles avec une bande de peau amincie pour atté nue r les épaisse urs que fait le fil. La ficelle de c hanvre n’étant pas aussi régulière comme ép aisseur, l’ouvrier découpera des la nguette s de peau d’une larg eur égale à la large ur du dessus des ficelles, et d’une longu eur égale à la rondeu r du dos. Puis ayant encollé ces l ang uett es à la colle de pâte ou ch imique, recto et v erso, il les applique sur chaque ficelle, en f aisan t pressio n pour s’assurer un bon collage. Coupant des morcea ux de peau, très amincis, d’une même long ueur , mais de large ur perm ettan t d’enveloppex' chaqu e ficelle jus qu’à leur base, sur le dos du volume, il t rempe, avec la même colle, ces morceaux de peau, du côté de la c hair seulement. Il appliqu e chaqu e morceau à cheval sur chaque ficelle, et pour en assu rer le bon collage il se sert d’un morceau de doublu re de peau qu’il place à cheval sur le n erf et, avec la pince à nerfs, il exécute le même travail qu’au pinçag e définitif des nerfs. Enlevant la doub lure de peau, et s’étant rendu compte du rés ulta t, il lai sse sécher complète ment le volume à plat sur la table. La peau étan t sèche, il frotte au papier de v erre, plus ou moins, le dessus de chaque nerf, jus qu ’à ce que leur haut eur soit semblable. Pou r s’en rendre compte, il place une longue tranche de la règle, dans la lo ngueu r du dos


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du v olume, sur les nerfs, et se rend compte si le sommet de tousle s nerfs touche à la règle. La peau qui sert à recouvrir les nerfs , devra être d’une cou ­ leur dans le même ton que la couverture du livre, pour éviter de nua ncer celle -ci. Coupe et parure de la couver ture. — Le choix de la peau étant fait, l’ouvrier coupe la couverture avec beaucoup de précautions. Sur la fleur peuvent exister des défauts qu'il lui faudra placer aux endroits recouverts par le décor ; si le volume est janséniste, il les évitera totalem ent. Puis, pour plus de sûreté, il trace sur une feuille de papier quelconque le contour très exac t du volume, en tenant compte que, pour un volume à nerfs la largeur du dos se compte dans l’e ntre-nerf. Comme largeur de remplis, il donnera un centi­ mètre pour un volume gardes peau, et une larg eur correspondante au décor ou au cadre pour un volume gardes papier ou en étoffe. Recherchan t sur la peau un emplace ment con ve­ nable, en appliquant sur la fleur le gab arit ainsi fait, il coupe la peau, en prenant la plus grande longueur dans la largeur del à peau. Si le volume est de grand format, le dos du gaba rit sera mis à c heval sur l’échine de la bêle. La parure sera faite d’après les princip es de la parure d’un dos en maroquin. Dégros sie et nivelée sur tous ses bords, d’une largeu r double du rempli , le contour des cartons et du dos du volume est tracé au crayon, en ayant soin de partager la peau des remplis. Ceux-c i seront parés au moyen d’une parure plongée, depuis cette trace jus qu ’au bord extérieur de la peau, avec régu larit é. Les plis


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d’épaisseur en rapp ort avec celle des cartons et celle du volume. Le bord extér ieur devra être très mince sur 2 millim ètres de large au plus. Cette manière de parer les remplis sera appliquée pour les volumes gardes peau et gardes étoffe avec cadre intérie ur.

Fig. 29. — Paru re d’une couverture maroquin.

S’il s’agit d’un volume garde s étoffe sans cadre, l’ouvrier p longer a sa paru re à l’endroit du pli de la peau, mais il aura soin de relever immédia tement son couteau à parer pour laisser au rempli une épais­ seur corresp ondant e à celle obtenue avec la carte bulle. Les remplis parés, l’ouvrier amincira les mors et le dos comme pour la parure d’une demi-r eliure et, par une parur e allongée, nivellera les deux plats. Quelle qu e soit l’épaisseur de la peau, l’ensemble du plat devra être grat té avec le couteau à p arer : c est


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ce que l’on appelle blanc hir la pea u. La parure de ces plats devra être faite en rapp ort avec le bis eau fait sur les bords des cartons. En prono nça nt la forme « couvercle de pupi tre » du milieu des plats vers le pli du rempli, on augm ente ra le biseau fait au carton et inversem ent. Puis l’ouvrier s’oc cupe des coiffes et de la p artie du rempli qui v ient s’a ppli­ quer sur le dos du volume. Il laissera au pli de la peau entre les deux mors une épaiss eur suffisa nte pour obteni r une coiffe convenable et amin cira le rempli comme pour une demi- reliure . Il accen tuera la minceur de cette partie , lors qu’il s’agira d’un volume à vrais nerf s. Puis, dans tous les cas, il gra tte ra en dessous du trait, sur une large ur corre spon dant au rempl i, en enlevant une épaisseur égale à celle de ce rem pli. Enfin il préparer a les coins de la peau. Traç ant un trai t passant à une épaisseu r de c arton de l’angle de ceux-ci indiqués sur la peau, l’ouvrier amin cit tout e la peau en dehors de ce trait , vers le bo rd exté rieur , et le petit triang le que forme ce tra it avec ceu x du pli des remplis. Il a soin pour ce d erni er trav ail de ne pas mordre sur le plat, dans l’angle du car ton . Ainsi préparée, la couve rture est poncée e t mo uillée ou encollée comme il a été d it pour la p arure de la demi-reliure. L’ouvrier aura soin de conserver visibles les traces fai tes sur la peau, en les refor mant au fur et à mesure qu’elles se sont effacées en p arant. Couvrure d’une reli ure pleine. — Le volume bie n préparé ainsi que la peau, l’ouvrier join dra aux outils dont il a besoin pour une demi -reliu re, une pointe à couper et un petit trian gle recta ngl e en


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de carton dont les deux côtés de l’angle droit seront meme longueur. e, La peau est trempée une première fois à la coll sur comme un dos peau, repliée en deux, chair cette chair, et toute la fleur mouillée. Pendant que sur le peau détrempe, l’ouvrier applique de la colle des dos du volume ou le faux-d os, et sur les bords la cartons près du dos. Il étale une deuxième fois sur le colle mise sur la peau et emboîte celle-ci ant à volume, en plaçant le côté choisi pour le dev traces son endroit, et en commençant par mettre les é du des mors exactement à leur place, de chaque côt at, il a dos du volume. Si le volume est de grand form ds de eu soin de replier un pe u, chair sur chai r, les bor de la la peau du côté de la gouttiè re. Sans s’occuper le dos peau des plats, il descend d’abord la peau sur s il du volume comme pour la demi-reliure, pui ver­ détache les plis qu’il a faits sur le devant de la cou t le ture, et étend la peau sur le carton, en plaçan e de volume à plat sur la table, avec une doublur peau peau comme intermé diaire, pour éviter que la soient ne soit éraillée . Il veillera à ce que les traces peau bien à l eur place et les ajustera en pétrissant la sans la tiraill er. eà Ainsi emboîtée et serrée, la peau sera remplié il est l’inlér ieur du côté de la gouttière. Comme vrier décrit à la couvrure d'une demi-reliu re, l’ou remdescend ensuite les nerfs et procède ensuite au pliag e. de Toujours avec le coussin, il exécute ce travail plus la même façon, n’ayant que des remplis un peu re le longs. Le volume à plat sur la table, il ouv ève carton du dessus et avec les deux mains il ach


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la bonne application des remplis. Le rempli de gou t­ tière placé ainsi en dessous viend ra jusq u’au bord des petits côtés du car ton. Plaça nt le volume comme pour la fermeture des coins d’une demi-r eliure, un carton à plat sur la doublure de peau et le volume maintenu entrebâillé, l’ouvrier co upe et ferme les coins. 11 place le petit côté du triangle rectang le en carlon ,au bord de la tranche du ca rton , de goutt ière, l’angle aigu formé par ce petit cô té et l’hy poténu se, exactement dans l'angle du carton , puis il coupe à la pointe toute la peau des rempl is, en promenant la pointe à couper contre l’hyp oténu se du trian gle rec ­ tang le. L’ouvrier enlève le tri angle en carton, soulève les deux remplis de pe au, légèr eme nt, rassemble les deux coupes l’une contre l’au tre, et avec les ciseaux achève de coup er ce que n’a pu faire la pointe dans l’ang le du ca rton. Soul evan t le rempli de droite, il pr ocède ensuite comme il est dit pour la fermeture d’un coin de de m i-rel iure. Pour s’assurer une fermeture sa ns épaisseu r, il appuie avec le plat du plioir sur la partie trava illée, en plaçant comme intermé diaire entre le plioir et la peau des remplis, un morceau de peau de même tonalité, fleur sur fleur. Cette ferme ture de coin faite pour celui .placé à sa droite, il ex écute celle du coin de gauche,,-en plaçant le petit cô té du trian gle rec­ tangle à hauteur du petit côté du c arton , et procède de la môme façon pour la suit e. Tous les, coins étant fermés, avec le petit morceau de peau comme intermédiaire, il frotte sur la chair de cel ui-ci et sur tous les remplis. . Pour un volume avec cadre int érieur, il aura eu


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soin d ’enlever la partie non collée de la carte, et de bien faire coller la partie mince du bord des remplis, contre la tranch e de la carte const ituant le cadre. L’opération suivante consiste à s’assure r que la tranche des cartons dans le mors viendra bien .à haute ur du mors papier, une fois la peau sèche. Il fera comme pour la demi-reliure, mais avant de fermer le carton du volume il interc alera entre les deux une carte bulle en 2 ou 3, de la grand eur du volume, puis pour un volume à vrais nerfs, ou sur ruba ns, il av ancera légèr emen t la tran che du ca rton par rapp ort au mors p apier. A seule fin q ue de mauvais plis ne se forment à la peau, au rempli, près du mors, il tirera sur cette partie de la peau dans la directi on de l’intérieur du carton , et accompag nera celui-ci avec les deux mains pour le fermer. La cart e mise à ce mom ent-là n’est que p rovisoir e, et a pour mission de faire remonte r légèr emen t le c arton près du dos du volume. Si, tou­ jours avec le pet it morceau de peau comme inte r­ médiaire, il frotte sur la chair de celui-ci, dans toute la lo ngue ur du volume, près du dos et sur les bords du carton, il a ura ainsi conservé tout le g rain de la peau et sera sûr que celle-ci collera part out. Puis il confectionne les coiffes, passe le plioir sur la tranche des cart ons, et pince les nerfs comme pour la demireliure. Pour conser ver l’humidité de la peau, et avoir une plus grand e facilité à exécuter ces différentes opérations, l’ouvrier mouillera la couver ture très souvent. Par exemple, après avoir remplié la peau en g outtièr e, après le serra ge du dos ; puis après le rempliage des pe tits côtés, avant le pinçage dél initif


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des nerfs, et enfin, quand tout est termi né, avec un peu plus d ’eau, il lave et laisse sécher en plaça nt de chaque côté du volume quelques feuilles de papie r et le tout mis entre deux ais légèr emen t charg és. Une heure après, au maximum, il vérifiera à nou­ veau la ferme ture des co ins, les coiffes, et repi ncer a les nerfs. Le dégag ement du volume, une fois sec, se fait comme il a été décrit pour la demi-re liure. Coupe et pa rure des c harn ières . — Les c harn ière s sont des bande s de peau que l’on met à cheval dans le mors, en p artie sur la gard e de c oule urs et sur le bord du carton du côté du mors. On emploie donc pour ce trav ail la même peau que celle de l a couver ­ ture. L’ouvrier coupe donc deux morce aux de peau de longu eur égale à celle du volume et d’une lar geu r perme ttant d’avoir une parti e collée sur le cart on, égale aux remplis, plus la hau teu r du mors, plus un demi-centimètre environ. Pou r par er les cha rniè res, il dégrossit ces morceaux de peau pour leur donn er dans l’ensemble l’épaisseur des remp lis de la peau. Ap rès avoir tracé au ne distance d’un gran d côt é, un trait à une larg eur de remp li, l’ouvrier ami ncit le plus possible l’autre mo itié pour fa cilite r son colla ge dans le mors et son peu d’épaisseu r sur la gard e de couleur. Ainsi ébauchée, l’ouvrier prépa re le volume pour appliq uer les charni ères. Plaça nt le volume ouve rt comme pour l'ap plica tion du cadre, il enlève d’abord, une à une, les faussesgardes, veil lant à ce qu'au cun brin de papie r ne reste dans le mors. Avec le peti t tria ngl e recta ngle dont il place un peti t côté à hau teu r du peti t côté


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du carton du volume, l’angle aigu dans l’angle de celui-ci, côté du mors, il trace sur le rempli de la couverture, contre l’hypoténuse, un trait au plioir. Il enlève, au couteau à parer, la peau en dehors de la trace et à hauteur de celle-c i, le plus en biais possible. Si la chair de la partie élaguée a tendance à ne pas être collée partout, il la recollera plutôt que de la couper. Plus cet élagage sera allongé, plus il lui sera facile de faire la contre-partie avec la peau de la charn ière. A sec, il applique la charnière à sa place, les traces à leur emplacement, puis il fait un pli, fleur sur fleur, dans les angles correspondant aux parties élaguées, et à hauteur de la trace faite au plioir. Coupant avec les ciseaux la partie qui excède du pli , il reste à am incir en pupitre les bords de la peau, sur la chair, du côté de cette coupe, en donnant à cet endroit l’épaisseur qui manque à l’él agoge des remplis de la couverture, pour avoir la même épaisseur que ceux- ci. Le grand côté de la charnièr e, qui vient s’appliquer sur le carton, sera aussi amin ci comme l’ont été les bords des remplis de la couvertur e. Avant d’appliquer ses charnières ainsi préparées, l’ouvrier amincira égale­ ment deux petits morceaux de la même peau, très étroits, 1 milli mètr e, et d’une longueur égale à la bissectri ce de l’an gle des remplis en gouttière. Ces morceaux de peau, appelés béquets, viendront s’appliquer sur la joint ure et la fermeture des deux remplis dans l’an gle du carton pour les masquer. Collage des charnièr es. — Le volu me restant placé dans la même position, l’ouvrier enduit la charnière de colle semblable à celle de la peau de la couver­ ture, et replie chair sur chair ce morceau de peau. Ciianat. — Manuel du relieur. 5e var lie.

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Pend ant que la peau détremp e, il met de la même colle sur la tranc he du carton, dans le mors, en insista nt aux deux extrém ités du mors, puis aussi sur le dessus du carton, au bord près du mors. Ouvrant la charniè re, et étal ant la colle mise, il applique celle-ci très exactem ent à sa place, en pétriss ant la peau, dans le cas d’allongeme nt de celle-ci. 11 veille à ce que les coupes en biais cor res­ pondent aux traces faites au plioir, sur les remplis de la couverture , et que la t race au crayon faite d ans la long ueur de la charni ère, soien t bien à leur pla ce. Maintenant la garde de couleur s avec la main gauche, avec le plioir en os, il donne à la peau la forme du mors e t applique celle-ci sur la gard e. Frott ant ensuite comme il l'a fait pour une gard e papier de demi-reliure, il veillera à ce que la peau adhère bien parto ut, puis toujo urs avec le pe tit mor ­ ceau de peau i nterm édiair e, il fr otte ra sur le d essus de la charnière, près du mors et à l’inters ecti on de celle-ci avec les remp lis de la couv ertur e. Les béquets trempés à la même colle sont ensu ite appliqués par lui à le ur place et fro ttés é gale men t en plaçant le petit morceau de peau dessus. Après un lavage du tout, charn ière, béque ts, voire mê me re m­ plis de la couve rture, l’ouvrier laisse séch er ouvert, en plaçant un ais sur la garde de couleu rs, et un petit poids sur le centr e du carton . Coupe et paru re des garde s peau. — L ’on enten d par garde peau l’application de cette matièr e au verso de chaque carton. La couleur à donn er à ce tte garde doit être en harmoni e avec celle de la couver ­ ture et en rapp ort avec la décor ation du livre, Comme nous le faisons rema rquer dans l’intro duc-


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lion de cet ouvrag e, nous pouvons avoir un volume à vêtir, per met tant une décoration charg ée en mosaïque de cuir. Nous préconisons, pour la bonne conservation de cette décora tion, son application sur la ga rde pe au. De cette façon, aucun frotte ment qui puisse lui nuire et, de plus, l’obligation de rev êtir le livre d’une belle matière. Après avoir fait choix de la peau, celle-ci est coupée proviso iremen t à la gran deur exacte du carton du volume. Dégrossie d’ans son ensemble, par une parur e allongée, la garde peau est ensuite amincie sur les bords, en couvercle de pu pitre, sur une larg eur de deux centi mètre s environ. Cette p re­ mière opération éta nt faite, l’ouvr ier prépare le verso du carton, pour lui perm ettr e de faç onner et d ’appli­ quer la garde en pe au . Le volume placé comme pour l’application d’une charnièr e, le c arton ouvert , il trace au compas, à une distance un peu supé rieur e à la chasse du volume, un demi- millim ètre, un tra it parallèle aux quatre côtés du carto n, sur les rempli s de la couvertur e et sur la char nièr e. Puis , soit à l'aide du couteau à parer, ou bien avec un petit couteau à pa rer confec­ tionné avec un morceau de couteau à rogner, il élague la peau qui excède du trai t, vers l’intérieu r du carton. Cet aminci ssemen t de la peau doit être le plus allongé possible, et l’ouvrier doit procéder comme pour la prép arati on de la pose d’une char­ nière. Il devra faire très attent ion à l’élagage dans les angles, et chaque fois que la chair de la peau élaguée aura tendan ce à se décoller, il lui faudra la recoller, plutôt que de cou per cette partie . Un nivel­ lement du carton ainsi préparé , avec frottag e au


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papier de verre, permettra à l’ouvrier de façonner définitivement la garde peau. Pour cela, deux procédés : Si la peau employée est de là peau de pays, il aura eu s oin, après le dégrossis sage, de mouiller la fleur de la peau et de laisser sécher à plat, sur un papier, le côté chair appliqué sur ce papier. Ce mouil lage est fait pour raffermir la peau et permettre un façon­ nage et une applicatio n, sans craindre un trop grand allongement de la peau. La peau du Cap, élant plus ferme, n’aura pas à subir cette préparat ion. Etant dégrossie, la garde est coupée avec soin, à la pointe, à l’aide de la règle, sur un zinc , de façon que ses bords arrivent à hauteur des t races ayan t servi pour l’éla gage. Par une parure minuti eusem ent faite, l’ouvrier, tout en amincissant le bord de la peau coupée, donnera à celle -ci une épaisseu r faisant contre-partie avec la peau élag uée . En résumé, ce travail exige de la part de Pouvrier une sûreté de main très grand e. Il lui faudra laisser à la garde la chair nécessaire pour obtenir une belle décoration, et donner aux bords une épaisseur qui vienne se fondre avec le rempli de la peau de la cou­ verture. Collage des gardes en peau. — Le volume et la peau ainsi préparés, l’ouv rier enduit de colle de pâte la garde peau. Pendant que la peau détrempe, il place son volume dans la même position que pour l’applicati on d’une charni ère, puis prépare le plioir en os, un compas et l’épo nge fine. Etala nt la colle mise une première fois sur la peau, l’ouvrier applique celle-ci à l’em placemen t qu’elle doit occuper, en tenant coxnpte que la peau sans défauts


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de fleur sera placée au verso du carton de devant. L’application se fera sans tiraillemen t. Au con­ traire, la peau trempée, ayant toujour s tendance à s’allonger, celle-ci sera pétrie avec la paume des mains, et ramenée à ses dimensions premières.

Fig . 30. — l te üu re pleine avec garde s en peau.

L’ouvrier aura obtenu satisfactio n, lorsque les bords de la garde peau arriver ont très exactement à haut eur de la trace faite au compas pour l’élagage des remplis. Après cette application, la peau est mouillée, pour éviter le nuançag e. Pou r s’assurer des côtés de garde peau franchem ent rectili gnes, l’ouvrier se sais it du compas, q u’il o uvre d’une qu an­ tité égale au prem ier traça ge fait sur ies remplis.


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Une bran che de ce compas ainsi ouv ert, mise contre la tran che du carton, la pointe de l’autre branche à hau teur de la trace, il pr omène ainsi le compas de chaque côté du c arton . Il lui est ainsi facile de se rendre com pte si les bords de la garde peau effleu­ rent bien la pointe du compas. Un derni er coup d’œil sur le tr avail ainsi exécuté, et l’ouvrier lave la garde, avec l’éponge fine, ne conte nant que peu d’eau claire, puis il laisse séche r le volume ouver t. Un autre procédé pour s’assure r de la recti tude des côtés de la garde est aussi employé. La peau étan t appliqu ée, le redres sage des côtés se fait au moyen d’une coupe à la p ointe. Pour cela, l’ouvrier place un bord de sa règl e en f er à h aut eur de la trace faite pour l’élagage. Entre la règle et la pea u, il aura eu s oin de p lacer un papier propre, pour ne pas tach er la peau. La règle ét ant placée vers l’intér ieu r de la garde, il coupe avec la pointe les bords de ce lle-ci dép assant le côté de la règle. Pour ce travail, il lui faut une point e coup ant très bien. Or, avec cet outil , il risque de c ouper aussi les remplis de la co uvertu re, et de plus, la gard e peau ayant été parée comme il a ét é indiqu é, il ne lui est pas possible d’obtenir une aussi gran de régu larit é d’épaisseur de la garde sur ses b ords. Ce procédé devra donc être condamn é et faire place au premi er. Préparation pour la décoration. — Suiv ant la déco­ ration qui sera main tena nt exécutée sur l’habit du livre, il fau dra prép arer la peau, pour perm ettre une bonne exécution du décor, surto ut si cette peau est à g rains très prononcés, comme l’est le maroquin du


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Gap. Un jeu de filets ne pourra être exécuté d’une façon impeccable que sur une peau dont le grain aura été à l’avance aplati. Il en sera de meme chaque fois que le doreur sur cuirs aura à applique r un métal quelconq ue dans la décoration. Par contre, le

e. Fig. 31. — Reliure pleine préparée pour gardes étoff

grain de la peau n’aura pas besoin d’un tel écrase­ ment, s’il s’agit d’application de mosaïque de cuir , sertie par des filets dits à froid . Dans tous les cas s l’ouvrier a ura donc à faire subir une pression, plu ou moins forte, au volume. Pou r cela, il lui faudra niveler, proviso irement ou définitivemen t, l’intérieu r des c artons . L’ouvrier, après avoir tracé et élagué les r emplis de ­ la couver ture et des c harnièr es, s’il s’en trouve, pré pare ainsi la reliure pleine gardes papier. Coupant un papie r résis tant, de dimensio n égale à

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la partie du carlon non recouverte de peau, il trempe à la colle de pâte ce papier, et l’applique à cet endroit, en veillant que ses bords concordent bien avec les traces de l’éla gage . Par un frottage de ce papier, il assure un bon coll age, et les deux cartons ainsi nivelés intérieurement , il laisse sécher . Pour cela, il place le volume debout sur le dos, les cartons ouverts et reposant chacun sur un ais propre. S’il s’agit d’une reliure pleine gardes étoffe, avec cadre, il coupe un même papier, plus petit de deux centimètres, en haute ur et en l arge ur, que la partie laissée libre par le cadre. Il trempe, applique et laisse sécher ces papiers comme précéde mment. Cette façon de procéder sera appliquée au volume gardes étoffe, sans cadre, lorsque les rem plis et char­ nières auront été coupés sur les bords, à lapoin te, à une distance régulière des bords des cartons. Lorsque les papiers ainsi collés sont secs, le papier de verre passé à l’ emplacement de l’éla gag e des remplis et des charnières permettra d’assurer un nivelage parfait pour la reliure gardes papier. Un ébarbage sur les bords du papier collé , et une carte d’épaisseur é gale à celle des r empl is, fixée par deux points de colle sur le carton, de dimensions égales à l’ouverture, stinsi sera exécuté le nivel age intérieur pour reliure gardes étoffe. Le volume ainsi préparé, quel que soit le genre de reliure, l’ouvrier mettra le volume en presse Pour aplatir complètement le grain , le volume sera pressécarton par carton, entre deux plaques de cuivre argen­ tées, pendant un minimum de deux heures. Les deux plats ainsi pressés, l’ouvrier remet le volume entier entre les plaques, après avoir interc alé entre les car-


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tons et les gardes ‘de couleurs une carte de L yon’ puis donne une pression moyenne pendant un meme temps. Pour obten ir un grain très effacé, l’ouvrier

Fig . 32. — Rel iure pleine sanglée.

passera sur la peau, soit une agate douce, soit un peti t rouleau de cuivre, avant la première mise en presse, puis il fera chauffer légèrem ent les pla­ ques. S’il veut un grain très peu aplati, une mise en


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presse du volume entier, mais entre des cartes de Lyon au lieu de plaques, suffira pour lui donner satisfactio n. Ainsi préparé , tout volume dans l’attente d’une décoration devra être sanglé. Pour cela, une sangle placée près de la gout tière, sur les pla ts, perm ettr a de serre r le volume, la bo ucle étan t placée sur une des tr anches de tê te ou de queu e, pour éviter qu ’elle ne marqu e sur la peau. Pou r s’assurer une bonne cambr ure des cartons et une bonne ferm eture du livre, les cartes de Lyon pour ront être laissées à l’intérie ur, avant de pose r la sangle . Placemen t et collage des claies. — En dehors du procédé rationn el que nous avons indiq ué à l’apprêture de couvrure pour la prép arat ion du dos d’un volume cousu sur nerfs, la mousse line peu t être remplacée par du parchem in, qui pren d le nom de claies. Dans notre premiè re parti e, nous avons démontré l’application de claies pour chaqu e ent re­ nerf. Ce procédé demande d’infinies pré cau tio ns pour le bon r appr oche men t des bandes pen dan t le collage des claies dans le m ors, et sur le cart on, le volume ét ant ouvert. Pou r obvie r à cet in conv énien t les claies peuvent être taillées d’un seul morc eau. L’ouvrier pren d deux bandes de p arch emin de mou­ ton, très mince, qu’il taille d’une hau teu r égale au volume, et d’une larg eur égale au dos plus quatr e à cinq centim ètres. Tra çan t un tra it au crayon, dis­ tant d ’un bord du gr and côté de chaq ue claie, égal à l’épaisseur du dos, il découpe dans cett e partie l’emplacem ent des nerfs. Pou r assoup lir le parchem in, l’ouvrier le place penda nt un certain temps entre des feuilles de

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ées, papier sans colle, qu’il a préalablement mouill puis il charge le tout. puis Le volume frotté est mis à plat sur la table, de de soulevant le carton de dessus, il passe la ban que parchemin sous le carton, en introduisant cha entre-nerf à sa place, jusq u’à ce que le bord extérieur de la bande arrive exacteme nt au bord op­ posé du dos du volume. Pour protéger le volume de l’hum i­ dité des claies, il met une bande de papier entre elles et les gar­ des, puis il referme le carton. La môme opération étant faite pour le deuxième côté, l’ouvrier fixe le parchemin sur le dos du volume. Pour cela , il trempe à la colle de pâte ou chimi que, les languet tes de parchem in et laisse cette matière détremper pe n­ dant vin gt à trente m in u te s. Fig. 33. — Coupe ­ rem dét n bie et d’une claie. lies Ains i assoup pées, ces langu ettes sont appli­ i-ci a quées sur le dos du volume, après que celu mique. reçu égalem ent de la colle de pâte ou chi vrier Par un frotta ge au plioir, très minutie ux, l’ou heresse s’assurera une parfaite applicatio n. Après séc é plus le volume est continué comme il a été expliqu a reçu avant, et ce n’est que lorsque le volume aur rieure son habit, que la bande de parchemin inté ton de sera collé e dans le mors et sur le bord du car ce côté. plis Le volume étant dégagé et les coins des rem


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préparés pour recev oir les charni ères, l’extrém ité des band es de parchem in est coupée en biais com me celle des charniè res au moment de leur appli cat ion. Le volume est ensuite placé comme pour l’ap plica­ tion des ch arniè res. Le papier, qui a servi d’interméd iaire entre les bandes de parchem in et le volume, serv ant de macule, l’ouvrier enduit de colle de pâte ou chi­ mique, sur une larg eur de deux centi mètr es, à compter du fond du mors. Après avoir laissé détremp er un certai n temps, il m et de la colle, avec le doigt, dans le mors et sur le b ord du carto n de ce côté, puis il appliqu e le parc hem in dans le mors d’abord e t su r le ca rton ensui te. Procé dant comme pour le collage d’une charn ière , il frotte les parties collées et ne laisse séc he r qu’après avoir la certi tude q ue le parc hem in es t bien collé partou t. La bande n’est donc collée sur le carton que sur une l arg eur d’un c enti mèt re env iron . Laissant sécher, le carto n ouve rt, il vérifie ra le parchemin plusieur s fois pour se r end re compt e s’il n’a pas tendance à se soulever . Puis , une fois sec, il coupe la p artie non collée, avec la poin te, le plus en biais possible. L’ouvrier nivelle cette part ie, puis il p ourra par la suite appl ique r ses char nièr es en peau. Ces claies en parche min, si elles donne nt u n com ­ plément de solidité, donne nt égale men t une très grande raid eur au dos et empêc hent le volum e de s’ouvrir. Il s era donc bon de n’appliqu er des claies en parchem in qu’aux reliu res dont le dos dép asse trois centim ètres d’épaisseur. Finis sure d’une re liu re pleine. — Le vo lume éta nt


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«recouvert en pleine matière, mais n’ayant pas de charnières, aura ses gardes de couleurs collées comme il a été indiqué pour la demi-reliure. Toute­ fois, l’ouvrier tiendra compte du décor des remplis, pour la coupe du papier de garde avant son ap plica­ tion. Pour le volume avec charnières, mais gardes papier, l ’ouvrier emploiera le procédé suivant. Ayant fait choix du papier, lequel n’est pas ob ligé d’être celui des gardes déjà fixées, mais s’harmonisant avec elles et le décor du volume, l’ouvrier coupe la garde à coller sur le carton, en tenant compte du décor des remplis. Cette garde, trempée à la colle de pâte ou chimi que, est appliquée et frottée, en met­ tant un papier intermédia ire, entre elle et le plioir. Il laisse sécher ouvert , après avoir collé les deux côtés, en pla çant le volume comme il l’a fait pour le collage des papiers pour le nivelag e intérieur. Une fois ces gardes sèches, il coupe dans le même papier marbré deux morceaux , pour servir de contregardes, un peu plus grands que le volume. Un grand côté d’une contre-garde étant affranchi, l'ouvrier met au verso de ce côté de la colle forte moyenne, sur un centimètre de large, et l ’applique sur la partie de la charnière collée sur le volume, en mettant le bord trempé à un millimètre du fond du mors. Il ferme le volume, fait le même travail de l’autre côté, charge un peu et laisse sécher. Cette contre-garde volante est fixée sur les bords du volume, en mettan t, sur une largeur d'un centi­ mètre, de la coll û forte moyenne, au bord de la garde de couleurs montée au corps d’ouvrage, du côté de la tête, de la queue et de la gouttière. Il


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rabat ensuite la contre-ga rde sur ces collag es et frotte sur les bords, toujours en ayant eu soin de placer un papier intermédiaire. La plus gra nde pro­ preté sera assurée, en plaçant d’abord une macule entre les deux gardes fixées, pour tremper. Pui s, pour appliquer la contre- garde, il remplacera cette macule malpropre, par un autre papier propre. S’ il a affaire à un volume à grands témoins, ce dernier papier sera remplacé par une carte épaisse, pour assurer un bon colla ge. Les deux côtés ainsi faits, l’ouvrier place une carte de Ly on, de la grand eur du volume, entre le carton et celu i-ci , puis il charge fortement et laisse sécher. Après une petite heure, l’ouvrier enlève les cartes de Lyo n et ébarbe les contre-gardes à la grandeur du volum e, en s’aida nt d’un zinc, d’une règle et de la pointe. Le volume est ensuite visité et mis en presse com me il a été indiqué pour la demi-reli ure.

Prépar ation et applicat ion des garde s étoffe. —

Toutes les étoffes pe uvent être employées et appli­ quées comme gardes aux reliures pleines. Seul eme nt, suivant la perméabilité de ces tissus, on emploiera des procédés différents dans la préparatio n des gardes et des con tre-garde s. Une étoffe mince ne permettan t pas d’étendre de la colle à sa surface, sans que celle -ci traverse et tache le recto du tis su, on e mploiera le procédé par rempliage. Au contraire, et ce qui est de beaucoup préféra ble, une étoffe pouvant supporter la présence de la colle sera appliquée par le procédé à coupe franch e. Procédé par rempliage. — Ce procéd é, déjà expliqué dans notre première partie, sous le titre,


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prépara tion des gardes soies perméables, page 183, ne fera ici l’objet que d’une seule observation, en ce qui concerne la contr e-gard e. Au lieu d’employer la même carte que pour la garde, ce qui, pour certains volumes, peut donner une trop gran de raideu r à la c ontre-ga rde, l’ouvrier pourra se servir d’un papie r fort, de cou leur ne pou­ vant p ar nuire par trans pare nce à l’effet de l’étoffe. Toute la prépa ration sera la même que celle détaillée à c et endroi t. L’application des garde s ainsi préparées se fait par une tremp e des remplis, soit à la colle chimique, soit à la colle forte moyenne. A l’aide d’un papier assez épa is, qu’il place sur la garde appliquée, l’ou­ vrier frotte avec le plioir en os pour faciliter leur adhéren ce. Il a soin de se co nformer aux si gnes qu’il a dû faire au verso de c hacune. Pour a ppliq uer les co ntr e-g ard es avec justesse, il place le volume à plat sui* la table, le c arton de dessus ouver t, et la tranc he de goutt ière de son côté. Les remp lis de la contre -garde étant trem­ pés, il appliqu e d’abord le côté de la gouttière, en a just ant en tête et en queue, puis il laisse tomber la cont re-ga rde sur le volume. Si le papier ou la carte qui a servi au montag e de l’étoffe a bien été coupé de la gra nde ur du volume, l’application sera ainsi parfaite . Une carte épaisse mise sous la con­ tre-g arde, au fond du mors, perm ettra à l’ouvrier de frotte r avec le plioir comme il l’a fait pour la ga rd e. Procédé à coupe franch e. — Le procé dé par rempliage offre assuré ment l’inconvénient d’avoir une étoffe qui, à la lon gue, pourra se déti rer et former


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des godets, désagréables à l’œil, n'ayant pu être tendue par un collage en plein. Au contraire, il sera préférable d’employer une étoffe pouvant supporter la colle et remédier ainsi à ce grand inconvénient. Pour cela, l’ouvrier ayant fait choix et coupé l ’étoffe un peu plus grande que la sur face à recouvrir, il coupe dans du papier bulle , demi-collé et assez mince, autant de morceaux de quelques centimètres plus grands dans chaq ue sens que l’étoffe. Il pré­ parera ensuite, soit une planche à dessin, soit un carton épais, l’un ou l’autre plus grands que le papier. L ’étoffe ayant son recto sur la planche , ou le carton, l’ouvrier place le papier bulle sur une macule, le trempe à la colle de pâte ou chimique très propre. Après quelques minu tes, le papier, allongé sous l ’action de la colle , est appliqué sur le verso de l’étoffe, ses bords dépassant ceux du tissu et venant coller sur la planche ou sur le carton. Par un frottage avec la main, en ayant soin de mettre un papier i ntermédiaire, l’ouvrier tend ainsi le papier sur l’étoffe, et, s’assurant d’un collag e par­ fait, il charge fortement le tout avec des ais et son tas en fer, par exemple. Après sécheresse, ce qui demande un temps assez long , l’ouvrier façonne dans l’étoffe ainsi doublée ses gardes et contregardes. Pour éviter l ’effiloch age de l’étoffe, il passera sur ses tranches de la gomme à bouche. L ’applicalio n des contre-gardes ainsi préparées se fera comme celle des contre-gardes papier d’une reliure pleine à charnières, tandis que la garde sera appliquée sur le carton du volume par un collage au verso de la


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garde, à la colle forte moyenne, et sur une largeur d’un centimètr e. Après l’ex écution de l ’un ou l’autre des procédés, l’ouvrier place une carte de Lyon entre les cartons et les contre -garde s, met le volume en presse entre d’autres cartes de Lyon, et laisse sécher en presse, en donnant une pression moyenne. Après un minimum de deux heures de pression, le volu me est retiré de presse, et poli légèrement avec le fer à polir, d’après les principes donnés à la fin de la demireliure. Confection de la chemise. — Une reliure pleine ainsi exécutée ne peut être placée ainsi sur le rayon d’une biblio thèqu e, le moindre frottement de deux volumes l’un contre l’autre pouvant défraîchir la peau et-alt érer le décor. 11 sera donc nécessaire, soit de revêtir le volume d’une chemise et de placer le tout dans une boîte appelée étui, ou bien de se contenter seulement de ce dernier. Nous étudierons plus loin la constr uction d’un étui, et nous allons établir un genre de chemi se. Il existe, en effet, plu­ sieurs façons de confectionn er cet article, mais pour ne pas e mbrouill er nos lecte urs, nous nous contente­ rons d’expliqu er le procédé qui nous paraît le plus pratiq ue. D’ail leurs, lorsque l’ouvrier arrive à exécuter ce travail, il a une telle expérience du métier, qu’avec l’explic ation que nous allons donner il lui sera facile de faire les variantes qu’il juge ra nécessaires. La chemise doit être souple, recouvrir les plats et le dos du v olume, et être elle-même habillée avec un rappel de matières ayant été employées pour l’hab illement du volume. Chanat. — Manuel du reli eur .

pa rt ie -

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Pour cela, l’ouvrier prend de la carte bulle, en deux, qu’il coupe de la hauteur des cartons du volume, et d’une longueur dépassant momentané­ ment celle constituée par les deux plats et le dos du livre. Cette longueur de carte aura été prise dans le bon sens. Au milieu de la longueur de la carte, l’ouvrier tracera deux traits parallèles, et perpendi­ culaires à un grand côté de la carte. Ces deux traits seront distants l’ un de l’autre d’une dimension égale à l’épaisseur du dos du volum e. Entre ces deux traits, l’ouvrier recherche et trace autant de fois deux traits, perpendiculaires aux pr emiers, qu’il y a de nerfs au volume. L ’espace compris entre ces deux nouveaux traits est égal à l’épai sseur des nerfs, mesure prise à la base de chaque nerf. Le dos du volume étant ainsi reproduit sur la carte, l’ouvrier place celle-ci sur un zinc, et à l’aide de la règle et de la pointe i l découpe l’em placemen t des nerfs. Il obtiendra autant de vides qu’il y a de nerfs au volume. A partir des traits ind iquant la largeur du dos, il porte avec le compas une mesure, vers les petits côtés de la carte, égale à la largeu r des plats du volume, plus un bon millimètre. Il coupe la carte à cette mesure, et se servira des chutes de cette carte pour faire des rabats. Ces rabats seront fixés aux extrémités qui vienne nt d’être coupées, et auront une largeur égale aux remplis de la peau de la couverture du volum e. Ils serviront à maintenir la chemise sur le dos du volume, et à protéger la tranche des cartons, en gout ­ tière. Le premier travail, maintenant, est donc de fixer ces rabats avec la chemise, à l’aide d’un


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papier simili-Japon très mince, collé d’une pari sur le bord intern e du petit côté de la chemise, et de l’autre sur le bord d’un grand côté du rabat. L’espace à donner entre la chemise et le rab at sera égal à l’épaisseur du carton du volume, et le

Fig. 34. — Chem ise. a, car cas se; ô, réal isat ion.

papier simili- Japon devra avoir comme long ueur la haut eur de la chemise et deux centimè tres en lar ­ geur. Pou r s’assu rer un bon écarteme nt, la chemise et son raba t pour ront être tout de suite placés sur le volume. Puis, vient le doublage intér ieur de la chemise complète. On emplo iera comme ma tière, de préfére nce, une peau mince, soit de la basane sciée, de co uleur appropr iée au volume, ou une peau chamoisée. . Ce morceau de peau choisi aura quelques milli-


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mètres de plus que toute l’étendue de la chemise avec les rabats. Trempée à la colle de pâte ou chi ­ mique, la peau est appliquée sur le verso de la che­ mise, a pplication par fr ottements, sans tiraillement s. Le volume aura la peau de ses plats et de son dos protégée par un papier propre. Immédiatemen t après l’applicat ion de la doublure , celle-ci est mou illée . Lorsque l’eau est évaporée, l’ouvrier place la che ­ mise sur le v olume, bien à sa place , et fait pression à la base du dos, pour faire saillir les nerfs du volume par les ouvertures pratiquées dans la carte. Quand la carte est bien adhérente au dos du volu me, dans les entre-nerfs, l’ouvrier remplie les rabats à l’intérieur du volume, ayant eu soin de protége r également la peau à cet endr oit. Il veillera à ce que les bords de la chem ise, en hauteur, soient èn concordance avec le bord des ca r­ tons du volume. Après cette précaution, l’ouvrier avec la pince à nerfs agit sur la peau de doublu re, comme s’il venait de couvrir le volum e. Ainsi bien appliquée, et un dos reprodu isant très exactement celui du volume , le tout est mis entre deux ais propres et c hargé assez f orteme nt. Une fois sèche, la peau qui dépasse de la carte est coupée à la pointe, tout autour de la chemise et des rabats. L on constate alors que la che mis e, coupée tout d’abord d’un millimètre plus larg e pour chaque plat, ne l’est plus mainten ant, par suite du retrait de la peau et de la carte, en sécha nt. De là, l’u tilité de charge r assez fortement, si l’on ne veut pas avoir un retrait trop grand. L ’habillement du dessus de la chemise se fera


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comme celui d’une demi-reliur e. La peau mise sur le dos sera de même couleur que cell e du volume, et aura en longueur un centimètre de plus que le volume, et en largeur celle du dos du volume, plus des mors de deux à trois centimètres pas plus. Les rabats pourront être recouverts de la même peau, ayant la même longue ur, et permettant de venir sur le plat de la chemise, au bord de la gouttièr e, sur un centimètre de large. Le dos est paré dans son ensemble, jusq u’à ce que l’épaisseur totale soit à peu près la même que celle que nous avons donnée aux remplis du dos d’une demi-reliure, c’es t-à-dire que, sans être complète­ ment à fleur, il faut laisser très peu de chair pour conserver la souplesse de la chemise. Les bords des petits côtés de ce dos seront très amincis sur une lar geur d’un demi-centimètre. La peau des rabats sera parée très mince, partout, plus encore que ne l’a été le dos. Ainsi paré, et la doublure sèche, le dos est trempé à la colle de pâte ou chimiq ue, puis sans tiraille­ ments appliqué sur la chemise, à l’endroit conve­ nable en partage ant les remplis et les mors. Des­ cendue dans les entre-nerf s, la peau est ensuite pincée à l ’endroit des ner fs, puis mouillée. Après quelques minute s, le rempliage se fera, en coupant la peau, à deux ou trois mil limètres du bord de la carte, et en appliquan t ce petit rempli à l’inté­ rieur, sur la doublure. Si la peau a été très aminci e à cet endroit, pas d’épaisseur possible, et un bord de carte restant toujours à h auteur du volume. N’ ayant pas de coiffes à faire à la chemise, le pinçage définitif des nerfs se fera ensuite, suivi d’un


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lavage et d’une position pour sécher, comme pour toute application de peau sur le volume. Après deux heures dans cette position, l’ouvrier recouvre les rabats, la peau étant trempée avec la môme colle, et rempliée en employant le même pro­ cédé et la même mesure de remplis que pour le dos de la chemise. Après lavage , il laissera sécher le rabat à l’intérieur du volume, et celui-c i toujours protégé contre l’humidité de la peau. A ce suje t, par mesure de précaution, il sera pré­ férable de ne mettre, dans l’intérieur du volume, les gardes étoffe, que lorsque la chemise sera confec­ tionnée et s èche. Cette précaution n’empêchera pas de prendre celle de protéger la peau du volume. Dos et rabats étant recouverts, et la peau sèche, les mors du dos et les bords des rabats sont tracés et élagués, comme le furent le dos et les coins de notre demi-reliure. Un papiei* marbré, approprié , sera appliqué sur les plats de la chemise , et remplie en tète et queue, sur une largeur égale aux remplis de la peau. Ce papier sera appliqué à la colle forte et frotté avec le plioir, en mettant un papier comme intermédiaire. A nouveau, le volume est mis entre deux ais pro­ pres, et ch argé légèrement jusq u’à complète séch e­ resse . Le titre de l ’ouvrage pourra être reporté sur le dos de la chemise et la peau de celle-ci polie ensuite comme l’a été celle du volume. Cette chemise offre peut-être une certaine raideur par suite de sa con struction d’un seul morceau ; aussi, comme nous le disons plus haut, il sera toujours facile de modifier sa structure , soit en supprimant


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s la carte du dos. Les remplis de la peau et des plat pourront égalem ent se trouver sous la doublure. Confection d’un étui. — L’étui est une boîte sans couvercle, perm ettan t de voir le dos du livre et de ­ protég er les partie s de ce dernier. Là encore, plu li­ sieurs façons de recouvr ir l’étui pour ront être app quées, lorsque celui que nous allons établi r aura été compris et exécuté. Dans tous les cas, il y a une chose qui ne peut varier, c’est la coupe des cartons. Ceux-ci sont au s nombre de cinq morceaux, que nous appelleron deux pl ats, deux petits côtés et un fond. Le côté délicat de la con structi on d’un étui réside si dans la bonne coupe de ces morceaux. En effet, l’étui e st fait pour prot ége r le volume, il ne faut pas que celui-ci soit trop à l ’aise, ou tr op ser ré. Ayant f ait choix d’un cart on d’épaisseu ren rap port avec le volume, en princ ipe la même que celle des s. cartons de ce livre, l’ouvrier coupe les deux plat la Leur lar geu r est égale à celle du volume, prise de is­ base du dos a u bord de la go uttièr e, plus une épa seur de c arton de l’étui, plus une épaisseur de g ar­ nitu re inté rieu re de cet étui. Leur hau teu r sera égale à celle des plats du i, volume, plus deux épaiss eurs de carton de l’étu iplus deux épaisse urs de garn itur e, plus un dem millimètre p our pe rme ttre l’entrée du volume. Ces plats seron t d’équerre et coupés d’après les mêmes p rincipes que les car tons du volu me. Avec le compas, l’ouvrier prend une mesure égale à l’épaisseur du volume, plus un demi-millimè tre. de Cette mesure sera prise à la base du dos et en tèt e préférence. L’ouvrier coupera trois bandes de carton


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de celle largeur et d’une longueur supérieure à celle des plats. Sur deux de ces bandes, il tracera à une extrémité le contour du dos du volume, sur l’une la tète, sur l’autre la queue. Il coupera ensuite aux ciseaux le carton sur les traces qu’il aura ainsi faites au crayon. Perfectionnant cette coupe avec le papier de verre, il aura ainsi les deux petits côtés, dont il coupera ensuite la longue ur. Celle- ci sera égale à la largeur des plats, le bord du cercle coupé effleurant le bord du dos du volume. Enfin, le fond aura comme longueur celle des plats, moins deux épaisseurs de carton. Sur l’un des bords des grands côtés des plats, l’ouvrier fera un biseau large d’une chasse, et diminuant l ’épaisseur du carton de moiti é. Les cinq morceaux de carton ainsi préparés, il colle sur chacun d’eux la matière qui doit servir de doublure. Comme il y aura frottemen t du volume, il faut donc employer une matière douce, soit de la futaine, de la peluche, du velours ou de la peau chamoisée. Quelle que soit la matière, les cartons sont trem­ pés à la colle forte moyenne, la doublure coupée un peu plus grande est ensuite appliquée sur la colle , et le tout mis entre des ais et ch argé. Un quart d’heure après; étant sèche, la doublure est coupée tout autour des cartons à la grandeur de ceux -ci. L ’ouvrier procède ensuite au montage de l’étui . Sur un ais plus grand qu’un p lat de l ’étui, il pose un des plats, la doublure sur le dessus ; il met de la colle très forte sur la tranche du carton des petits côtés, puis sur la tranche du carton du fond, d’un côté, et sur la tranche des petits côtés de ce fond. Il ajuste un p etit côté au bord du plat, la doublure 1

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fl, carcasse ; ô, réalisatio n.

Fig-. 35. — E tu i.

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en dedans, la pa rtie arrondi e du côté du biseau , et la partie carrée du peti t côté au bord du g rand côté du plat. Plaç ant ensuite le fond d’après le môme pri n­ cipe, il ajuste l’autre peti t côté comme le pre mie r. Sans a ttend re, il me t de la colle forte sur la tranc he du carton des trois parties qu’il vient d’ajus ter, et applique l’autre plat en comme nçant par l’ajuster sur la tra nche du fond. Après vérific ation du bon empla cemen t de tous les morceaux, il met un ais sur l’étui e t ch arge prud em­ ment. Pend ant le sécha ge, il p répa re du papie r f ort, des chutes de papier Japon de préfé rence , lesquelles serviront à consolider l’étui. Ces bandes aur ont au moins la lon gueur du fond et deux cent imè tres plus large que l’épaisseur de l’étui. Elles s eron t au nom bre de trois. Trempées à la colle forte, chaqu e ba nde sera appliquée à cheval sur chaque côté, en comm ença nt par les petits côtés. Le papier bien frott é sera remplié sur les plats, après avoir coupé en sifflet les coins qui vont s’appliq uer près du fond. Avant de laisser sécher, l’ouvrier pour ra rectif ier le nivelle­ ment de toutes les tranc hes de carto n, et pourr a ensuite charg er l’étui, en intr odu isan t le volume dedans. Pen dant ce séchage, l’ouvrier prépa re la peau qui sera appliquée au bord des plats et des côtés arr on ­ dis de l’étui. Toujo urs de la même couleu r que l’ha­ bit du volume, il coupe deux bandes de la longu eur de l’étui, et de deux centi mètre s de larg eur. Deux autres morceaux de même larg eur et deux cen ti­ mètres plus longs que l’arc de cercle des petits côtés seron t égalem ent coupés. Ces dern iers morI 1


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auront un ceaux seront ensuite parés très minces, et seront grand côté très droit. Les grands morceaux seur du d’abord amincis dans l’ensemble, à l’épais geur d’un papier de consolidation. Puis , sur une lar s mince demi-centimètre, un grand côté sera paré trè et droit pour le re mpliag e. la peau Les papiers de consolidation étant secs et x tout le amincie , l'ouvrier coupe d’abord aux ciseau its côtés, papier qui dépasse la partie arrondie des pet sure des puis du fond. Avec le papier de ver re, il s’as enduit de bords bien nets à ces endroits, puis il rceaux de colle de pâte ou chimique les petits mo tre, sur la peau. Il applique ceux -ci, l’un après l’au nt à l’in­ partie arrondie des petits côtés, en remplia chasse du térieur une quantité de peau égale à la gueur de volume. Aya nt eu soin de partager la lon qui excède chaque petit morceau de peau, il rabat ce ts. de la longue ur du cercle , sur le côté des pla parfait Avec le plioir en os, il s’assure un collage lui faire et par suite de la minceur de la peau il a pu l’appliquer prendre la forme ronde avec facilité et . sur le dessus du petit côté, sans faire de plis aux de Aussitô t a ppliqués parfaitement, ces morce u claire. peau sont lavés avec l’éponge fine et à l’ea rbe, à la Une fois ce premier travail sec, l’ouvrier éba collés sul­ pointe, les bords de ces petits morceaux nds mor­ les plats, puis il trempe à leur tour les gra ceaux de peau. en rem­ Il applique ceux-c i sur le bord des plats, de peau pliant à l’intérie ur de l’étui une quantité en s’assu­ égale à celle des parties arrondies, et ux bords rant sur les plats que la peau arrive j usq u’a extérieurs. «


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Frot tant au plioir sur toute la peau ainsi collée, il lave ensui te et laisse sécher. La peau étan t sèche, l’ouvrier nivelle les plats. Il a donc, après le borda ge de l’étui, un ca dre rég u­ lier t out autou r des bords extéri eurs des plats. Le vide sera comblé par un papier de même épaiss eur , coupé minutie usemen t en même temps qu’il ré gul a­ rise tous les remplis collés sur les p lats. Pour cela, ayant débité deux mor ceaux de papie r de la g rand eur d’un p lat de l’étui, il pose un morce au sur un plat et met un peti t poids au centre . Pui s avec la règle et la point e, il coupe ce papier et les remplis à 1 centim ètre des bords du plat. Ap rès cette coupe, il enlève le poids e t le p apier, ayan t eu soin de faire un sig ne dans un angle sur ce dern ier, et sur le plat de l’étui. Ce qui excède de la cou pe ainsi faite aux remplis étan t enlevé à la poin te, il lui suffira de tr empe r à la colle forte le pap ier de remplissage et de l’appli quer à sa place. Un fro tte­ ment au plioir et u n nivellem ent au papi er de ver re lui ass ureront un plat régu lier. Le papi er desti né à recouvrir l’étui étan t choisi, l’ouvrier coupe aut ant de morceaux qu ’il y en a pou r con stitu er l ’étui : deu x plats, deux petit s côtés et u n fond. Les plat s auro nt les dimensi ons du carton , plus un cen tim ètre en lar ­ geur et deux en l ongu eur. Pour les petits côtés et le fond, l’ouvrier coupera d abord trois bandes, un peu plus longue s que le fond de 1étui, et de deux mil limètr es plus étr oite s que 1épaiss eur de ce lui-ci. D eux de ces morce aux au ron t une extrém ité coupée avec la même r ond eur que les petits côtés, et l ’autre extré mité dépas sant d’un ce n­ timètr e leur long ueu r. Le troisièm e morceau sera


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coupé en longueur de deux millimètres plus court que le fond de l’ étui. Il s’ensuit, d’après ces coupes, que ce sont les deux plats qui sont appliqués les premiers, à la colle forte moyenne, et rempliés sur les petits côtés et le fond, après avoir coupé les angles du côté du fond pour ne pas faire d’épaisseur. Laissa nt sécher les plats, l’ouvrier ébarbe ensuite à la pointe les bords rempliés de ceux- ci, puis il colle les petits côtés, rempliés sur le fond et ensuite ébarbés de ce côté. Pour terminer, il colle le papier du fond de l ’étui. Il a eu soin d’ajuster les papiers des plats et des petits côtés à une distance égale à la chasse du volume par rappor t aux bords recouverts de peau. Le frotta ge de ces papiers étant toujours fait avec le plioir en os, en mettant un papier intermédiaire, l ’ouvrier met le volume dans l’étui ainsi achevé et charge avec quelques ais pour donner une bonne forme à l’ étui. Il est évident que si le volume est recouvert d’une chem ise, les dimensions , pour établir l’étui, seront prises lorsque la chemise sera sur le volume. De même, si le volume est poli, l’ouvrier pourra donner du brillan t à la peau de la chemise et de l ’ étui, avec le fer à poli r.



CHAPITRE III DU BR AD EL Définition et uti lité . — Le cartonn age qui porte ce nom, étudié très somma iremen t dans notre pre­ mier ouvrage, deman dait un développem ent beau­ coup plus grand , sur tou t que depuis la ch erté de la reliure , bon nombre d’amateurs, même de biblio ­ philes, ont adopté ce moyen pour conserver leurs livres. Lorsque le lect eur se ser a rendu compte que, pai­ sa constr uction , ce ca rtonn age ne peut avoir la soli­ dité d’une reliu re, il parta gera évidemment notre manière de concevoir ce t ravail, et tout comme nous compr endra le Bradel comme étant une reliure provisoire. D’ailleurs, en r ech erch ant l’origine de ces carton­ nages, lesquels rem onte nt au début du xixe siècle, on constate qu’à cette époque de la Révolution on s’éleva c ontre le lu xe des livres richem ent vêtus. Le pauvre comme le riche v oulait avoir sa bibliothèque; il fallait donc trouv er un moyen d’habiller plus simplemen t les livres. C’est alors que Alexis-René Bradel, neveu et successeur de Derôme le Jeune , confectionna ces cartonnag es qui p orte nt son nom.


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Ces premie rs carto nnag es étaien t cousu s à la gre cqu e, sur ficel les et consis taient à prép arer d’ava nce une couv ertu re dans laquel le on embo îtait le volume préparé. A la même époque, un relie ur très passionné pour son art, Lesné, aute ur d’un poème sur la Reliu re, édité en 1820, fut a ssez ing é­ nieux pour trouv er un mode de cout ure perm etta nt une meil leure conse rvatio n du livr e. Au lieu d’en­ taill es profondes pour log er les ficel les, il rempl aça cell es-c i par des lacet s de soie. Ce procéd é perm ettai t de coud re chaq ue cah ier dans toute sa long ueur et de n’a voir que des trous d’aig uill e dans le fond des cahi ers. Les feu illes du livre ainsi cartonné n’ét ant pas r ogn ées, aya nt tout es leurs marg es, perm ettaie nt aux bib liop hile s et aux amateurs de conserv er prov isoir eme nt leur s livr es. Ces volume s pouvan t ainsi se con ser ver , il étai t possible de les relier plus tard sans avo ir beso in de les découdre. Nous voyons donc que la créa tion de ces car ton ­ nages perm ettai t d’en faire des reli ure s prov isoi r es pour les amateurs début ants, et des reli ures défi ni­ tives pour les classes popul aires. La percalin e et le papie r marbr é donna ient à ces emb oîtag es un cac het arti stiq ue, tout en étan t bon marché . Or, depuis le débu t de ce sièc le, que de variét és n’a-t-on pas exé cuté es dans l a mar brur e. Le papier et les étoffes ont surto ut été l’o bje t d’in ven ­ tions diverse s, pour faire de ces matiè res des imi ta­ tions de marbre s natu rels. Combie n sont agr éab les à l'œil, ces marb rures arti ficie lles obte nues par un méla nge de tache s de toute coule ur sur un fond châtoy ant. Il nous est donc possible de concl ure,


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qu'à l’instar des nations voisines, l’on pourr ait trouver chez le libraire de ces emboîtages arti s­ tiques remplaça nt le volume broché. .Montés sur des cartons légers, ils éviteraien t le froissement et la détério ration des couvertures de brochure et parfois même du volume. Tous les

/ig . 36. — « La Re bel le ». Pre sse à rog ner et à endosser poui ama teurs (Maison Ber tran d).

volumes de vraient ê tre vendus sous cet habit démo­ cratiqu e, cons tituan t à bon compte une bibliothèque toute reliée pour les classes populaires, et des /eliu res d’attente p our les am ateurs en herbe. Quoique ces deux matières, toile et papier, soient à notre avis les seules qui devraient habiller ces cartonn ages, nous donneron s dans notre étude la construc tion des differents habillements usités a notre époque. Les uns, tels qu’ils furent compris par Bradel, nous les appelle rons brade ls emboîtages, et les autres bradels peau. Quelle que soit leur vôture, ces cartonChanat. — Manuel du relie ur. 5* par tie.

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nages à mors rent rant s exigent, de la part de l'ouvrier, une habileté manuelle très grande pour l’endossure. Nous conseillerons donc à nos lecteur s d’apprendre cette partie du trava il en con strui sant de vraies reliures. Un d éfaut d’endossure peut ê tre rectifié au moment de l’arrondiss ure définitive d’une reliure, tandis que le bradel reste ra ce qu’il est ap rès ce travail. Construction du Bradel. — Tout comme nous avons procéd é pour la reliur e, nous commenceron s par démon trer les opérat ions qui s’appliquen t aux différents genr es de Bradels. Ensui te nous dévelop­ perons chacune des partie s qui leu r sont person­ nelles. Nous pouvons tout de suite inform er nos lect eurs que la p réparati on du volume est la même jus qu ’au corps d’ouvrage inclus. La c onstr uctio n de la couve r­ ture, c’est-à-dire l’appr êtur e de couvr ure, étan t différente suivant qu’il s’agit d ’un b radel embo îtage ou d’un bradel peau. En effet, pour toute mat ière ne permet tant pas l’exécution de coiffes (papiers , étoffes, etc.) on emploiera la couve rture mobile ou emboîtage. Pour la peau, matière perm etta nt de coiffer le volume, on emploiera la co uvert ure fixe. Plaçure et couture . — La pré para tion du volume pour la couture est la même que celle qu e no us avons démontrée pour la re liure. D ébrocha ge, mon tage des couverture s de brochu re, repli age dans certai ns cas, réparation s inté rieure s, etc., seront exécuté s avec le même soin. A l'ava nt et à l ’arriè re, seron t placées les garde s blanch es. Celles-ci devront être doubles, c’est-à-dire une feuille de papier pliée en 4. Le


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papier, de même tonalité que celui du volume, devra être résista nt. Pour les ouvrages édités sur papier ordinaire, l’ouvrier emploiera du p apier Ingres. Inutile de placer des fausses-g ardes, car par la suite nous verrons que le p remier fe uillet de garde remplir a cette fonction. Le volume est ensui te mis en presse à percussion ou laminé, suiv ant la naLure du papier, puis é barbé en goutt ière et en queue. Après s’être assuré que tous les cahiers se suive nt bien, l’ouvrier trace le vol ume pour la co uture. Le mode de couture employé sera toujours la couture sur rubans . L’emplace ment de ceux-ci correspondra aux points obtenus d’après le dispositi f indiqué à cett e même place, en r eliure . Pour un volume in-12 raisin, ou in-1 8 jésu s, trois r ubans suffiront, et seront tracés à cheval sur les 1er , 3e e t 5 e poin ts. Les traces seront peu profondes, tout comme les chaînettes. Les rubans éta nt fixés avec des épin gles ordinaires et des clou s-su r le cousoir, la couture sera faite tout du lon g, c’est-à-di re que le fil passera dans le fond de chaq ue cahier, depuis la chaînette de tète jus qu’à celle de queue, et inversement. Tout comme la c outu re sur ficelles à la grecque, on emploiera la coutu re à points devant. Le fil à employer devra être choisi bien atten tivem ent, car il faudra que celui-ci donne au dos du volume une épaisseur n’excédant pas un tiers en plus. Les nœuds reli ant deux aiguillées ensemble ne devront pas ê tre visibles sur les ruba ns. Leur meil­ leure place sera à l’intéri eur des cahiers, près des chaîne ttes de t ête ou de qu eue. Ainsi cousu, l’ouvrier procède ensuite à la passure en colle.


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Passure en colle. — Avant l’exécution de ce tra­ vail, il lui faut prép arer le volume. Tout comme celui cousu s ur ficelles, les extrém ités du dos p euve nt être plus pincées que le mi lieu de ce dos. Pour obteni r une même épaisse ur, de la tête à la queue, l’ouvrier redresse son volume sur le tas en fer, le pose à plat sur cet outil, puis serr ant avec la main gauch e placée au milieu de la gout tière , il frappe lé gèrem ent avec le mart eau tenu de la main droite, sur leb ord du dos, en tre les ruba ns seuleme nt. Bien observer cette préca ution , car il ne faut pas perdre de vue que c’est le fil à l ’inté rieu r des cahier s qui pe rmettr a d’obtenir les mors. Or, à l’endroit des rubans, le fil est e xtérieur. Donc, à l’appr êture de pass ure en colle, ne ja mais laper sur les rubans. Ceux-ci se ront coupés à 2 ou 3 cent imètres du bord du dos. La pass ure en colle sera faite, soit à la colle forte légèr e, soit à la colle chimique. L’attention devra être fixée sur l’éque r­ rage de la tête du volume, avant de le l aisser sécher. Comme une reliur e, le brad el peu t recev oir des gardes de coul eurs . Le to n du papie r, et les ta ches de couleurs appliquée s sur son fond, ne devr ont pas nuire à l’effet de la couve rture, sur tou t si celle-ci est d’étoffe ou de papie r. Nous consei llons donc, pour ces deux vêtem ents, de placer des garde s unicolore s, ou de se con tent er des gar des blanche s, lesquelles , collées à l’intéri eur de la c ouver ture, sont égale ment d ’un bon effet. La pas sure en colle é tant sèch e, l’ouvrier procède au râp age de la gouttièr e, si cela est nécess aire. Pour le volume des tiné à re cevoir des garde s de couleurs, l’ouvrie r fait choix du p apier et le débite


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Ces gardes, conslituées par une feuille de papier pliée en deux, auront les dimensions du plat du volume, plus un centim ètre en gouttière et en queue. L’ouvrier ouvre et d égage complète ment le premie r feuillet de garde blanch e. Ayant endui t de colle de pâte ou chimique le bord, des garde s ainsi pliées, du côté du dos et sur une larg eur d’un centim ètre au plus, il a pplique chaque garde sur le deuxième feuillet de garde blanché. Pour cela, il ajuste la garde de coule urs en têt e, et met le dos de celle-ci très exactem ent au b ord du dos du feuillet de garde blanche . Par une pression avec les mains, au bord de la garde de couleu rs, il s ’assure une fixation parfaite, et laisse séche r dans c ette position. Ce n ’est qu’après un bon qua rt d’heure, que l’ouvrier replacera le prem ier feuill et de garde blanche sur la garde de couleu rs qu’il a fixée. Endossure . — Ce trava il comprend l’arrondissure et l’endossure prop reme nt dite. L’exécution de ces deux parties s’opère de la même façon, en plaçan t le volume comme celui cousu sur ficelles. Toutefo is, pour arro ndir le volume qui nous con­ cerne, l’ouvrier ne frapp era avec la surface de frappe du mart eau que sur le dos des cahiers, entre les ruban s. Il donner a à son volume la ronde ur qui sied à un volume sans nervur es. Mais pour l’endossure, il fera des mors d’une hau teur égale à l’épaisseur des cartons, et couchera les cahiers, en f rappa nt sensi­ blement plus fort sur les ruban s. Cette dernière partie demande sur tou t une grande habileté


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manuelle, pour obten ir le degré de force nécessaire pour mener à bien celte opération. Une trop grande faiblesse dans les coups de mar­ teau donnera au bord du dos, près du mors, des cavités à l’endroit des rubans. L ’effet contraire pourra couper le fil et les rubans. Ces derniers devront être soigneuse ment mis sur le volume, et ne pas ressortir, soit des mâchoires de l’éta u, soit du bord des ais ferrés. Frottage du dos. — Immédia tement après l’endossurc, le volume est mis en presse pour le frottage du dos. Tout d'abord, les cartons sont débités. Le carton à employer sera un peu plus mince que s’il s’agissait d’une reliure. Ainsi, si l’on emploie du carton n° 12 pour le même volume exécuté en reliure , l’on prendra du n° 11 et même du 10, pour un carton nage brade l. En procédant avec économie, les cartons seront débités avec un équerrage plus ou moins bon, et de dimen­ sions sensiblement plus grandes que celles défini­ tives. Les cartons débités sont placés de chaque côté du volume, au fond des mo rs, et dépassant éga ­ lement en tête et q ueue. Les rubans sont mi s,l e plus à plat possible, sur les cartons, et de chaque côté; un ais en carton est placé sur chaque carton , un grand côté de Fais étant ajusté au bord du carton qui se trouve dans le mors. Il s’ensuit que les rubans sont pris entre le carton débité du bradel et Vais en carton. Ainsi préparé, le tout est mis en presse, soit à per­ cussion, soit en presse à dorer les tranch es, le dos dépassant par conséquent les ais qui maintie nnent le volume. Après un très fort serrage, l’ouvrie r enduit le dos du volume de colle de pâte ou chim ique . Si


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le volume a été passé en colle à la colle forte légère, il laisse détre mper ainsi penda nt un quart d’heure environ. Le volume passé en colle à la colle ch imique sera frotté cinq minutes au plus après l’application de la colle. Le frottag e se fait avec le frottoi r en buis comme pour la reliure. Toutefois, ce travail étant terminé, l'ouvr ier laissera sécher le volume dans cette position, sans coller de mousseline sur le dos Une fois sec, il passera néanmoins le poinçon de chaque côté du dos, comme pou r la reliure. Malgré l’absence de mousseline, il lui faut tout de même co uper la couche de colle mise pour le frot­ tage, sans qu oi il risq uera it de déch irer les premiers feuillets de g arde en reti ran t le volume de presse. Le volume sera ensuit e desserré et retiré de presse comme la reliu re. Contre-collage des gardes de couleurs. — Pour un volume ayant des garde s de couleurs , le moment est venu du contre- collag e de ces gardes. En utilisant les mêm es principe s que pour le contre-collage des garde s d’une reliur e, l’ouvrier procède à ce travail, en plaçant, le volume en presse de la même façon que pour le frot tage du dos. Serrage cinq minutes, retiré de presse, vérifié puis c hargé une demi-heure, et remis en presse jus qu ’à complète sécheresse. Collage des ruba ns et de la mousseline. — Que le volume sorte de presse, soit pour le frott age du dos pour un volume gard es blanches, ou après le contrecollage des gard es de couleurs, l’ouvrier procède ensuite à la coupe et au collage des rubans et de la mousseline. Si le bradel est une reliure provisoire, l’ouvrier


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coupera régulièrement tous les rubans sur une lon­ gueur de trois centimètres. Dans le cas d’une reliure définitive, un centimètre suffira. Le dos du volume tourné de son côté, le volume à plat sur un ais et sur la table, l’ouvrier colle chaque ruban sur le premier feuille t de garde blanche. Pour cela, il enduit le dessous du ruban de colle de pâte ou chimique et l’appliq ue sur la garde en le rentrant dans le mors. Il veillera que les rubans soient bien droits et sans plis. Retour nant le volume, il collera également les rubans de l’autre côté. Sans attendre, il coupera ensuite un morceau de mousseline, de quelques millimè tres plus long que n’est haut le volume, et d’ une l ongu eur permet­ tant de recouvrir le dos du volume et le premier feuillet de garde blanche, de deux à trois centimètres de chaque côté. Pour cela, l’ ouvrier enduit le dos du volume de colle forte légère ou de colle chimiq ue. Pui s il appliqu e et frotte au plioir en os la mousseline, en l’aju stant en tête et en partageant en large ur. Il s’assure ainsi un col lage parfait sur le dos de tous les cahiers . Le collage sur le feuillet de garde blanche demande à être fait avec un bord de mousseline bien droit. Le meilleur moyen d’obtenir ce résultat consistera tout d’abord à régulariser de chaque côté du volume les bords de la mousseline . Ave c la plaque de zinc qu il placera sur le feuillet de garde blanche au fond du mors et sous la mousseline, la règle en acier mise au bord de cette mousseline à une égale distance du fond du mors, en tête et en queue, l'ou­ vrier coupera à la pointe tous les effilés ou parties de mousseline qui dépassent de la règ le.


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La plaque de zinc étant enlevée, prena nt une macule composée d'u n papier rigide plié en deux, il place le côté du pli de cette macule, sur la garde blanche, au bord de la mousseline et en dehors de celle-ci. Pouv ant de cette façon soulevei’ la mousse ­ line, tout en main tenan t la règle macule en place, il applique de la colle de pâte ou chimique sur le feuillet de garde , à l’emplacement de la mousseline. Ayant eu soin de mett re de la colle par tout dans le mors, il enlève la ma cule et applique la mousseline sur cette colle, en la ren tran t convenablement dans le mors. Il a donc une mousseline collée très droite, celle-ci n’ayant pas eu le temps d’être détrempée avant son applica tion. Les deux côtés ainsi collés, l’ouvrier laisse sécher , le volume placé sur un ais, la mousseline et le dos comp lèteme nt en dehor s de cet ais. Ces collages ayant quel que peu déformé le mors, il faudra rem ettr e le volume dans l’étau ou entre les ais ferrés, dans la même position que pour l’endossure premiè re. Après s ’être assuré que les mors sont bien à cheval sur les mâchoires de l’étau ou des ais, l’ouvrier, après serra ge, donnera un léger coup de marte au au bord des mors, de chaque côté du volume. L’applicatio n de la mousseline à l’aide de colle de pâte ou chimi que demande un temps assez long pour en atte ndr e la sécheresse. Mais, si toutefois cela est un in convén ient, ce procédé offre l’avantage d’obtenir, après l'emb oîtag e du volume, une grande nette té dans la tonali té du papier de gar de collé sur la c ouvertur e, et que celui-ci soit blanc ou de c ou­ leur. Nous laissons donc supposer qu’en dehors de


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ces colles , on peu t appliquer également la mousse­ line à la colle forte . Oui , cette dernière peut servir pour ce travail, mais ne devra être employée que pour les volumes avec gardes de couleurs très fon­ cées. Après avoir fixé la mousseline sur le dos du volume et l ’avoir préparée comme pour l’autre pro­ cédé, l’applica tion se fera par glac is, c’est-à-dire que la colle forte ne sera pas mise à même la mous­ seline avec le pinceau, mais après contact de cette mousseline sur un papier fort enduit de colle. Prenant un morceau de papier épais, un peu plus long que le volume, et de d ix centimèt res de large , l’ouvrier enduit un grand côté dans toute la lon­ gueur et jusq u’à demi -large ur. La colle forte employée est de force moyenne et chau de. Glis sant ensuite ce papier ainsi trempé, sous la mousse line, il applique celle-ci sur la colle . S ’étan t assuré que tous les fils de l’étamine ont bien reçu la col le, il retire le papier et applique la moussel ine dans le mors et sur la fausse-gar de. Après séc hag e, lequel demande peu de tem ps, il reforme les mors, comme il l’a fait pour l’autre procédé. Le volume est ainsi prêt à égali ser les tranches. Rognures des tranche s. — Ava nt la rognur e 'de la tête, l’ouvrier ébarbera les gardes de couleu rs, si le volume en a r eçu. Pour cela, plaçan t la plaque de zinc entre les deux gardes blanch es, sous les gardes de couleurs, le volu me étant à plat sur un ais, il cou­ pera à la pointe, en se servant de la règl e, tout ce qui dépasse du premier feuille t de garde blanch e, en queue et en gouttiè re. Gomme pour l’éga lisation des tranches d’une


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reliure, il lui faudra prépa rer tout le matériel néces­ saire La presse à rogner, avec un couteau coupant dans la perfe ction ; puis deux vieux cartons, plus

épais que le mors du volume et au moins aussi grands que celui-ci. Ces cartons auront été affranchis sur l’un de leurs gran ds côtés, puis équer rés minu­ tieusem ent. Ces cart ons sont utiles, parce que, placés de chaq ue côté du volume, ils é viteron t un écras e­ ment des mors pend ant le serrag e dans la pre sse à rogn er.


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Tout d’abord, le grand côté franc mis au fond du mors sur les fausses-gardes, et le petit côté équ erre arrivant à deux ou trois millimètres du bord de la queue du volume, l’ouvrier placera le tout dans l’étau ou dans la presse à rogner, pour lui perme ttre de râper la queue, s’il le juge nécessair e. La rog nure de la tête se fera ensuite de la façon suivante : L ’ouvrier se plaçant au bout de la presse à rog ner, met son volume à plat sur cet outil et dispose les deux cartons épais de chaque côté du volume. Sur le devant, le carton aura son grand côté affr anc hi, au fond du mors, et le petit côté équerré , une cha sse au-dessous de la tête du volume. Le carton de der­ rière aura la même dispositi on, mais le petit côté équerré dépassera la tête d’ un centimètr e envi­ ron. Ainsi préparé, le volume est mis en presse, le dos tourné vers l ’opérateur, le carton de devant à hau teur de la jumelle de devant, et le carton de der rière dépassant régulièreme nt la jum elle de derrièr e . La presse ensuite bien serrée, l’ouv rier rogne d’ap rès les principes indiqués dans notre première par t ie. Il n’oubliera pas, si le volume a des témoins assez grands, d’intercaler en tête, du côté de la gou tt ière, des morceaux de carte bull e, déchiré e, cette der­ nière partie étant mise à l’intéri eur du volum e. De plus, si l ’ouvrier a plusieurs volumes à rogne r, à la même dimensio n, il coupera tout de suite le carton de devant, de la hauteur du volume ébarbé, moins une chasse. Il n’aura plus qu’à ajuster ce carton en queue, pour rogner tout ce qui dépassera en tête, et procédant ainsi à tous ses volumes, il aura ceuxci ayant des couvertures de même hauteur.


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La tête du volume pourra ensuite être colorée ou dorée suivant le goût . L ’enveloppage du volume, pour protéger cette tranche, se fera comme il a été indiqué pour la reliure. Apprêture de couverture. — Quel que soit l ’habit que recevra ce cartonnag e, le dos du volume sera préparé de la même façon que celui d’une reliure, c’est-à-dire qu’un signet pourra être posé, ainsi que des Lranchefiles rapportées ou faites à la main. Après avoir fixé ces dernières, deux papiers seront collés sur le dos, puis râpés pour niveler celui-ci . Ce dernier travail devra être exécuté très attenti­ vement, car les rubans faisant épaisseur sur le dos du volume, il y aura donc nécessité de râper un peu plus à leurs emplacem ents, pour obtenir undos d’une rectitude parfaite . Ici se termine la série des opéra­ tions communes au bradel emboîtage et au bradel à couverture fixe. Nous allons donc voir la préparation de la couver­ ture mob ile. Préparatio n de la couverture mobile. — Les car­ tons qui ont été débités après l’endossure du volume, sont maintenan t façonnés. D’après les mêmes principes que pour la reliure, l'ouvrier donnera à ces cartons une larg eur égale à celle du volume, puis une hauteur leur permettant de dépasser les tranches de tête et de queue, d’une petite ch asse. La large ur du volume sera prise de la base du mors au bord du feuillet de fa usse-garde en üouttière. Nous informons nos lecteurs que, pour O tous les genres de bradel, il n’est pas besoin de dou­ bler les cartons, d’un papier, avant de les façonner.


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Ceux-ci sc trouv eront tout natu rellem ent doublés au moment de l’emboîtage du volume dans la cou­ verture mobile, ou dans la prép aratio n de la cou­ verture fixe. Pren ant ensuit e de la carte bulle en deux, l’ou­ vrier coupe un morceau de deux centi mètr es plus long que n’est hau t le volume, et d’une larg eur écal O e à la totalité de la m ousseline . Il aura soin de couper la ha uteu r dans le bon sens de la carte. Ainsi coupée, l’ouvrier donne ensu ite à la carte la forme du dos et des mors du volume. Ce travail , très délicat, s’appelle endoss er la ca rte. Soit à l'é tau à endosser, soit avec des ais ferrés à la presse à rogner, l’ouvrier assoup lit la cart e, en la roulan t avec les deux mains, dans le sens de la longu eur. Prena nt avec la main gauch e le volume, tenu en gouttière avec cette main, il a ppliqu e avec la main droite la carte sur le dos du volume, en pa rta gea nt le mieux possible hau teu r et larg eur . Main tenan t avec la main droite la carte et le volume, il fait pression avec l’index de cette main sur le milieu du dos, pendant qu’avec le pouce et l’index de cette même main il prov oque une cassu re de la cart e au bord des mors. Laissan t la main droite dans cette position, il abandonne la gou ttièr e de la main gauche, et place cette main à cheval sur le dos du volume, pr ès de la main d roite. L index, le pouce et le maje ur de l a main gauc he occupant la même position que ceux de la main droite, l’ouvrier acce ntue ra la cassure de la carte dans toute la long ueu r du volume, en éloig nant ses mains, qu’il dirigera vers les e xtrémit és du dos, t out pp faisant pression avec les index sur ce d ernier .


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Cette é bauche faite, le volume avec la carte sera mis dans l’étau, comme pour l’endossure, et serré progre ssivem ent au fur et à mesure que l’ouvrier fera pression sur le dos du volume, pour obtenir que les mors de celui-ci soient bien à cheval sur les mâchoires de l’étau. Pour s ’en assu rer, avant de serrer forte ment l’étau, l’ouvrier frapper a légèr emen t avec le plat du mar­ teau sur le dos du volume. Après serr age, il frappera avec la surface de frappe du marteau sur la carte, au bord du mo rs, comme il l’a fai t sur la mousseline après le collage de celle-ci. Les coups de marteau devront être donnés bien à plat, pour ne pas déformer le dos du volume et provoquer des défauts qui ser aien t vi sibles sous la matière qui doit revê tir le livr e. S’il est possible, le volume sera laissé quelques insta nts dans cette position, pour que la carte con­ serve une bonne forme. Retiré ensuite de l’étau ou des ais ferrés, l ’ouvrier pourr a constate r que la carte reste ra conv enable ment sur le dos du volume, si elle a été coupée dans le bon sens; et par contre, fera resso rt et aur a tendanc e à repren dre la position horizon tale, si la coupe a été faite du mauvais côté. Cette dern ière constata tion aura un grand inconvé nient pour la fixation des cartons sur la car te. Les car tons façonnés auron t un grand côté, sur un centim ètre de l arge, enduit de colle forte moyenne. Pour cela, pren ant une macule plus grande, un des cartons est posé à pla t sur celle-ci, puis le deuxième placé sur le prem ier de façon que la tranche du grand côté soit à un centim ètre de celle du premie r carton. A cette même distance du bord du deuxième carton,


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l’ouvrier placera une bande de papier macule, pliée en deux, pour lui donner plus de rigidit é, et trem­ pera en dehors’ le bord des deux cartons dans toute leur longueur. Le volume muni de sa carte est mis ensuite à plat sur un ais, le dos en dehors. Puis, ayant enlevé la règle macule , il saisit un carton qu’il cambre légèrement, la colle étant à l’intérieur. Ap pli ­ quant sur la carte le bord du g rand côté enduit de colle, à une chasse du fond du mors du volume , et avec les index des deux mains qui maintienne nt le carton, il partage les chasses en hauteur. Faisant ensuite pression avec une main sur toute la longueur du bord du carton, près du mors, il sou­ lève le volume de Fais pour se rendre compte si les chasses sont exactes. Après vérifica tion et r ectifica ­ tion au besoin, l'ouvrier remet le volume à plat sur Fais, le carton fixé en dessous, et procède avec le second carton comme il Fa fait pour le premier . En plus de la vérification des chasses de ce côté, il s’as­ surera que les deux cartons sont bien à la même hauteur, pour que le volume placé debout sur la tranche de queue des cartons soit d’aplomb. Sans attendre, mettant un ais de chaque côté du volume, un grand côté des ais placé au bord du carton près du mors, il donne une pression, en introdui sant le tout dans la presse à rogner. Après cinq minutes de serrage, l'ouvrier retire le tout de la presse, et ob tient ainsi une couverture composée des deux cartons du volume et de la carte, indépendante du volume, qu’il lui suffira d ’affiner. Cette dernière partie de la préparation à la couvrure nécessitant une séparation de la couverture et du volume, 1ouvrier aura soin de faire sur chacun

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d’eux, un signe qui lui permettra de remettre l’un dans l’autre, dans le même sens de leur construc­ tion. Prenant la couverture, qu’il met à plat sur la table, il coupe aux ciseaux, à hauteur des deux car­ tons, la carte qui dépasse de ces côtés. Puis, sur un ais, plaçant le dessus d’un carton, le mors en dehors de cet ais, il coupe à la pointe, à un centimètre du bord du carton , en se servant de la règle qu’il place à cet endroit, la partie de la carte non collée à l ’inté­ rieur. Enlevant cette dernière partie, il amincit, à la pointe d’abord, et au papier de verre ensuite, le bord de la carte collée et qu’il vient de couper. La même opération faite à l ’autre carton, il replace le volume dans la couverture, puis enlève au papier de verre l’arête vive de chaque carton, en tête, queue et gouttiè re. Le volume est ainsi prêt à rece­ voir son habit, soit du papier marbré, de l’étoffe, sur l’ensemble de sa couverture, ou du parchemin, à demi. Nous avons vu que, les cartons du volume étant façonnés à la largeu r de ce lui-ci, l’éloignement du fond du mors permettra d’obtenir la chasse en go ut­ tière. Cet éloigne ment, par conséquent, proportionné au format du volume, constituera une cavité entre la tranche du carton et le mors du volume, laquelle prendra le nom de go rge . Pour avoir un volume bien exécuté, il faudra donc que le sommet du mors du volume arrive à hauteur du dessus du carton; de là l’utilité d’une endossure parfaite, avec des mors réguliers et n’excéd ant pas l ’épaisseur des cartons . Gouvrure d’un hrad el-papier. — Le choix du papier Chanat. — Manueldu relie ur. 2’ pa rt ie .

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étant fait, l’ouvrier coupe un morceau de ce papier perm ettant de recouv rir entiè reme nt la couver ture et d’avoir des remplis d’un centim ètre et demi de chaque côté. Il forcera un peu cette mesure sur le devant, par suite de l ’intro duct ion du papie r dans la gorge. D’une m anière généra le, t outes les qualité s de papier peuvent être employées; toutefo is pour obtenir une solidité plus grande , il sera préférable d employer des décora tions exécutées sur papie r Ingres ou su r Simili-Ja pon. Le papier étant façonné, l’ouvrier prépa re ce dont il a besoin pour l ’appliq uer sur la couv ertur e. Tout d’abord, il s’assure d’une colle fo rte légèr e, propre et bien chaude, puis place près de lui son plioir en os, des ciseaux et des ais dits à bradel . Ces dern iers peu­ vent être comme les ais ferrés qui serv ent à endosse r, mais ayant le bord inté rieu r de la plaque en fer arrondi et resso rtant de qu elques millim ètres. Ou bien l’ouvrier confec tionner a lui-m ême ces ais, en prenan t deux morceaux de carto n épais, plus grands que les volumes à couvri r. Puis il c ollera au bord d’un grand côté, soit un ner f en peau, assez épaisse, d’une larg eur corre spon dant à la gorge, soit un jon c de même dimension, dans toute la lon­ gueur du côté. Pou r consolide r cett e proém inenc e, 1ouvrier recouvri ra le c arto n et celle-ci d’un p apier Ingres blanc, qu’il remp liera au verso du carton . Après sécheresse , il au ra ainsi deux ais, plus pra ti­ ques que les précé dents, parce qu’ils per me ttro nt d’obtenir un serra ge du volume dans son ensemble . S il est ut ile d’avoir une matièr e bien collée dans la gorg e du bradel, il n ’est pas nuisible de s’assu rer égaleme nt un bon collage sur les p lats du livre.


Fig. 38. — Techn ique du bra del.

a, couverture (intér ieur). 6, couverture (extérieur), c, volume préparé, </, réalisati on eu plein papier marbré.


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Cette sorte d’ais dits à brade l, en ca rton, est donc préférable, surto ut pour les étoffes et le parchem in. Ayant à portée de sa main tous ces outils, Touvrier recherc hant le côté m arbré qu ’il mettra sur le devant du volume, il trempe ensuile ce pap ier après l’avoir mis sur une macule plus grande. Enlevant ensuite la m acule, il place devant lui la couvert ure trempée, puis a pplique sur le côté choisi le devant du volume, en p arta gea nt les remplis. Il retourne le tout et m et le volume à plat sur la table, le papier app liqué dessus, le dos au bord de la table et de son côté. Puis il frot te légè rem ent avec la main droite sur le papier appliq ué, depuis le bord de gouttièr e jusq u’à la gorge . Mainte nant le volume avec la main gauc he, il sa isit le pl ioir en os avec la main droite et rentre le pap ier tremp é d ans la gor ge du bradel. Abandonnan t le plioir, il appli que le papier sur le dos du volume en frot tan t avec la main droite, puis retour ne le volume qu’il place dans la même position, la par tie appliqué e en dessous. 11 rabat le deuxième côté du papie r sur sa main gauche, qu’il aura eu soin de placer au milieu du carton de derr ière du volume . Avec le plioir tenu de la main droit e, il rent re le papier dans la gorge, il applique le papie r sur le carton, en frott ant avec la main droite , du bord de la go rge au bo rd de la gout tière . Le remp liage sera effectué de la façon s uivan te : Sépa rant à nouveau le volume de sa co uvertur e, il place celle-ci ouverte à plat sur la table, le papier dessous. Puis , à l’aide des ciseaux, il coupe le papier dans les angle s de la couvertu re, en faisant passer les lames des ciseaux à une épaisse ur de c arton de l’angle de ces c artons.


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La co uverture laissée à plat, il remplie d’abord les grands côtés de la couverture, c’est-à-dirc les tète et queue, puis avec les ongles des pouces, il ferme les coins et remplie les côtés goutt ière. Il a soin, tout comme la pose des plats à une demi-reliu re, de bien frotte r le papier sur la tranche des cartons et d’achever le collage des remplis par un f rottage i ntéri eur au plioir. Une pression avec le plat de cet outil, sur la fermet ure des coins, dimi­ nuera l’épaisseur produ ite par la superposit ion des papiers à cet endroi t. Toujours avec le plioir, l ’ou­ vrier frott era sur le rempli situé sur le dos de la carte, pour effacer les plis qui peuven t se former. Pour s’assurer un bon collage du papier dans la gorge , il soulève ensuite le carton de droiLe qu’il place pe rpen dicu laire men t à la table et promène le grand côté du plioir contre la tranch e du carton limit ant la g orge. Après exécutio n de ce travail, des deux côLés, il replace le volume dans la couve rture ainsi recou­ verte, part age les chasses et passe à nouveau le plioir dans la g orge. Plaç ant lés ais à bradel de chaqu e côté du volume, la proémine nce dans la gorge, un ais en carton audessus et au bord, il met le tou t en presse, et donne un serrag e moyen. Un nouveau frottage avec le plioir, au bord du dos du volume, de chaque côté, per­ mettr a de ret irer celui-ci de presse cinq minutes après, et d’obtenir une couvrure impeccable. En att endan t la complète sécheres se qui demandera peu de temps, 1ouvrier a ura soin de placer son volume entre deux ais, et de m ettre sur le touL un poids léger. Couvrure d’un bradel étoffe. — Tous les tissus


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peuvent être employés pour recouvrir un cartonnage bradel. La percaline, à trame serrée, s’emploie comme le papier, mais les tissus légers, que l ’on ne pourrait tremper au pinceau, sans tacher le recto, s’appliquent différemme nt. Après avoir façonné cette étoffe, comme il l’a fait précédemment du papier marbré, l’ouvrier coupe de la même dimension un papier simili-jap on mince. Il trempe ce papier à la colle forte légère et chaude, laisse tiger un peu la colle, et applique, sur le côté enduit, l’étoffe, en la tendant de son mieux. Auss itôt, s’il retrempe le papier, au verso, il n’aura plus qu’à appliquer le tout sur la couverture du livre , comme s’il avait affaire à une couverture en papier. Avec les étoffes les plus légères, ce procédé peut être employé et donner un e xcellent résultat. S ’il plaît de ne couvrir le bradel qu’à demi, c’est-à-dire comme une demireliure, l’ouvrier procédera de même et complétera l’habillement de la couverture en fixan t dans les angles du carton, du côté de la goutt ière, des coi ns, en même étoffe, ou en parchemin et papier parche­ miné, et en recouvrant le carton, de papier marbré, d’après les mêmes principes qu’une reliure . S’il s’agit de velours ou de peluch e, l’ouv rier enduira de colle forte légère les cartons et la carte, puis appliquera cette étoffe sur la couvertu re, en la ren­ trant dans la gorge, puis il procédera au remplia ge en mettant au pinceau de la colle forte sur les rem­ plis de l’étoffe. Pour recouvrir un volume en étoffe non pelu­ cheuse, à demi, avec des coins ou des bandes de même étoffe, en goutt ière, l’ouvrier a i ntérêt, pour un volume de petit format et jus qu ’à l’i n-8 raisin

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exclu, de recouvrir le volume entièrement de celle étoffe, puis de tracer au crayon, sur les plats, les mors et les coins ou bandes, et de procéder ensuite avec le papier marbré comme pour l ’application des plats à une demi-reliure à coins. Gouvrure d’un bradel en demi-parchemin . — Ce que l’on appelle proprement parchemin est la peau de mouton. Celle de veau se nomme vellum ou vélin. Le parchemin de mouton, beaucoup plus souple et plus mince, sera employé de préférence pour ce genre de cartonnage s. Il peut être blan c, teinté ou marbré. Puis qu’il s’ag it de peau, l’applicat ion sera donc faite à l’aide de colle de pâle ou chimique. Avec sa souplesse et sa minceur, le parchemin trempé s’allong e énormément et en séchant se retire dans les mêmes proportions . Il entraîne donc avec lui les carions du volume, et donne une mauvaise forme à la couverture qu’il est très difficile de réta­ blir. C ’est pourquoi, le montage de la couverture, tel qu'il a été décrit, ne peut être employé que pour recouvrir le volume à demi. Pour éviter que la couleur du carton ne soit visible par transparence à travers le parchemin, lorsque cel ui-c i sera appliqué, l’ouvrier recouvre d’abord la couverture dans son ensemble, d’un papier Ingres blan c, comme s’il s’agissait d’une cou­ verture définitive en papier. Puis ayant coupé le dos en parchemin de longueu r et de largeur convenables, il trempe cette matière à la colle de pâte ou chi­ mique, etla isse détremper pendant une demi-heure. Il aura eu soin de mettre une épaisseur de colle assez forte. Après ce temps, il étale la colle mise la


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première fois, puis il appliqu e le parchemi n sur le clos de la co uverture, en le r ent ran t dans les go rges, comme un bradel papier, et en le rempli ant aussitôt de la môme façon. Pour être sûr- d’un bon collage, il me ttra le volume en presse, avec les ais à bradel, comme il a été indiqué, mais en m etta nt entre les ais et le volume un p apier blanc propr e. L’ouvrier laisse sécher en presse dans cette posi­ tion, puis il applique des coins ou des bandes par le même procédé, et complé tera avec un papier m arbré comme il a été décrit pour la demi-to ile à coins. Puisque nous en sommes au demi-p archem in, voyons mainte nant la prép aratio n de la couv ertur e pour un parchemin plein, et l’application de /î ette matière sur l ’ensemble. Gouvrure d’un bradel en plein parche min. — Le montage de la co uverture doit être fait de façon que les cartons aient une forte camb rure, pour qu’après l’application du par chemi n ceux-ci soient au moins dans la position horizont ale. Pour cela, la carte, au lieu d’être coupée de la même larg eur que la mousseline , le sera de la même dimension que le volume, et dépasse ra celui-ci en queue et en goutt ière. Un gran d côté aura été équer ré et ajus té en tête du volume. Ainsi prépar és, la carte et le volume seront mis dans l’étau, comme la cart e plus étro ite, et les mêmes coups de martea u seront donnés au bord du dos, près des mors. Les cartons façonnés seront trempé s à colle de pâle ou chimique, ajusté s au bord de la carie en t ête, et éloignés du fond du mors, du ne chasse; puis ayant mis de ch aque côté un ais, comme précéde mment, l’ouvrier met le tout


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en presse, et donne un serrage progres sif et finale­ ment assez fort, et laisse sécher dans la presse. Cette application des cartons donne une cambrure dont il ne faut pas s’effrayer. Coupant ensuite toute la carte qui dépasse des cartons et du dos, l’ouvrier enlève au papiei' de verre l’arête vive des cartons, en tète, queue et g outtière, puis il prépare sa couve r­ ture en parchemin. Prenant une plan che à dessin, destinée à cet effet, ou un carton épais, plus grands que la couverture, il coupe également plus grand que celle-ci un papier résistant, simili-ja pon de préférence. Posant ce papier sur une macule , il le mouille à grande eau dans son ensemble, et le laisse ainsi ju squ ’à ce que l’eau soit évaporée ou ait pénétré dans le papier. Sans attendre que ce dernier soit sec, l’ouvrier enduit de colle forte ses quatre bords, sur une lar­ geur d’un cen timètre, et l’applique, en le tendant dans tous les sens, sur la planche à dessin ou sur le carton épais. Cette fois, il laisse sécher le papier, lequel s’étant allong é au mouill age, essaie de reprendre sa forme première en séchant, mais comme il est tenu par la colle de ses bords, il se tend fortement. La couverture en parchemin étant coupée aux mêmes dimensions que la couverture en papier marbré, est ensuite trempée une première fois à la colle de pâte, et laissée détremper pendant une demi-heure environ. Après ce temps, étalant la colle et s’assurant qu’il y en a partout, l’ ouvrier applique le parchemin au milieu du papier tendu, le frotte en mettant un papier propre intermédiaire, entre ses mains et le parchemin, et c harge celui -ci avec des ais et un poids. Lorsque le


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parchemin aura encore une légère hu midité, l’ouvrier coupera le papier sur lequel il est collé, tout au tour de celui-ci, et à la colle forte trem pant ce papier, il cou­ vrira son volume comme il l’a fait du bradel papier. Une fois couvert, pour la mise en presse e ntre les ais à bradel, il procé dera comme le demi-parch emin. Pour la bonne exécution de cette couvru re, il ne faudra pas attendre que le parchemin soit co mplè teme nt sec, lorsqu’il est tendu sur le papi er simil i-japon. Collage des gardes ou emboîtage. — Avant d’em­ boîter le volume définitivement, en fixant les ga rdes sur l’intérieu r de la c ouver ture, il est nécessa ire que cette partie de la co uvertur e soit n ivelée, pour éviter que les remplis ne fassent des épai sseu rs désa­ gréables à l’œil. Si la couvertu re est recouv erte en papi er marb ré, l’ouvrier amincira à la pointe les bords des remplis et complétera au besoin avec le pap ier de ve rre . Il exécutera ce travail en p laçant chaque cart on à p lat sur un ais, dont le bord viendr a à hau teu r de la gorge, pour ne pas d éform er le mors. Pour toute matière plus épaisse, l’ouvrier plaç ant chaque carton comme ci -dessus, il coupe ra net, à la pointe, les remp lis à un cen timè tre du b ord des c ar­ tons, et comblera le vide avec un papie r fort ou une carte mince, trempée à la colle de pâte ou chimiqu e. Il aura soin qu ’une fois app liqué et frott é, ce rem ­ plissage vienne très exac teme nt contre la coupe faite en têt e et queue, puis contr e le rempli de g out ­ tière, et ne dépasse pas le bord du carton près du mors. Dans ce cas, il lai sse sécher la couv ertur e, à plat, et, au papie r de verre, nive llera conven able­ ment 1inté rieur de la couv erture .


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L’ouvJe r coupe ensuite, au bord des faussesgardes, en tê te, queue et g outtiè re, un milli mètre de papier, et que ce soit un volume avec gardes blan­ ches ou de co uleurs. Le volume et la couver ture ainsi prépar és, il replace l’un dans l’autre , et pose le tout sur le bord d’un ais mis à plat sur la table. Ouvrant le carton de dessus, il partag e convena blement les chasses par rapp ort au carton de dessous; puis soulevant la fausse-g arde, il met de la colle de pâ te ou chimique sur le deux ième feuillet de g arde blancbe, ou sur le premie r feuillet de garde de c ouleurs . Il r aba t e nsuite le feu illet de fausse-garde sur cet te colle et endui t celui-ci de la même façon. Pren ant le car ton de la couve rture , lequel a été éloigné du volume pour perm ettre la trempe des gardes, il raba t ce carto n sur la fausse-ga rde, en maintenant le dos du volume avec la main gauche, et en rep ous­ sant avec la main droite , le carton dans le mors. L'ouvrier s’assure que les chasses, du côté collé, sont parta gées, puis il retou rne le volume, et procède de même pour l'au tre côté. Avec le plioir, il frotte à nouveau dans la gorge, pour s’assurer un bon collage des gardes à cet endr oit, puis il met le volume en presse, après avoir mis de chaqu e côté, au bord de la gorge, un ais en carton. Pour être plus s ûr du résulta t, il pourr a mettre les ais à brade l, au lieu da is ordinai res. Etant en presse il donne une bonne pression, pendan t cinq minutes; puis il visite son travail, et toujours entre les ais, il charge le tout penda nt une demi-heure, après quoi, il pourra reme ttre le volume en presse, tou-


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jours enlre les ais, et ju squ ’à complète sécheresse. Si le volume a une tête de couleur, l’ouvrier prendra certaines précautions, pour ne pas tacher cette tranche. Tout d’abord, pour tremp er les gardes et fausses-gardes, il mettra une macule dép assant en tête, qu’il remplacera par un papier propre , ce papier étant placé entre les deuxième et troisiè me feuillets de garde. Il aura soin d’enlever l’envelopp e de pro­ tection a vant la mise en presse. Il ne faut pas oublier de couper le bord des faussesgardes, car sans ce la, par suite de la tre mpe de ces feuillets, leur allongeme nt pourrait am ener la visi­ bilité de deux bords de papier à l’intér ieu r de la cou ­ verture, ce qui serait du plu s mauvais eff et, surtout si le volume ava it des gard es de coul eur s. Nettoyage de la percaline et du parch emin. — Tout comme nous l’avons fait pour la rel i ure, il nous paraît indispensable de donner les remède s qui peu­ vent être employés dans le cas de taches , sur l’ha bit des bradels que nous venons d’éta blir. Pour le papier, matière peu coûteu se, il n’y a qu’à recouvrir la première couverture d’un aut re papier, sans changer la manière de faire. Pou r la percalin e, les taches de colle peuvent être enlevé es à l'aide d’un lavage fait avec une éponge fine tre mpée dans une dissolution d’eau vin aig rée ,-ou bie n de blanc d’œuf additionné de v inaig re, comme l’e mploien t les doreurs sur cuirs. Les taches de colle sur le parchemin ser ont enle­ vées avec un lavage fait à l’aide de oua te trempée dans du l ait. Si toutes les précautions indiquées dan s la tech­ nique du bradel sont appliq uées, il n’e st pas pos


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sible que d’autre s ingréd ients viennent tacher l'habi t du livre. Il n ’y a d’ailleurs aucun remède contre les taches grasses, lesquelles, enlevées momentanémen t à la benzine, repar aisse nt toujour s tôt ou tard. Dans ce cas, c 'est une couver ture entière à refaire. Prép arati on de la couve rture fixe. — Le volume étan t a pprê té comme il est décri t à l’apprêteuse de couvru re, l’ouvrier façonne les cartons d’après les principes donnés pour la couver ture mobile. Puis coupan t une carte en deux ou en trois, suivant l’épaisseur du volume, de la larg eur du dos très exac­ temen t e t de deux c entim ètres plus longue que n’est haut le volume, il a minc it à la pointe les grands côtés de c ette carte , comme il l’a fait pour une carte fixe. Pren ant un m orceau de p apier Ingres, qu’il coupe de la lon gueu r de la carte et d’une largeur égale à la mousseline, collée à cheval sur le dos du volume, il endu it de colle forte un côté de ce papier, après l’avoir mis sur une macule. Il ajust e la carte sur le papier ainsi trempé, les côtés non aminc is sur la colle, en p artag eant en lar­ geur le mieux possible. Pren ant le volume dans la main gauche par la gout tière , et ten ant le papier et la carte dans la main dro ite, il a ppliqu e la carte sur le dos du volume, en par tag ean t la h aut eur et en ajus tant les bords de la carte très exac teme nt au bord du dos. Pour cela, il place le volume en biais, au bord de la table, main tien t celui-ci avec la partie de son corps qui se trouve à cette haute ur, penda nt q u’avec les deux mains, il procède avec la carte et le papier comme il l’a fait avec la carte seule pour la prépara-


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lion de la couverture mobile. Le papier l égèrem ent fixé sur la mousseline de chaque côté du vol ume, l’ouvrier met celu i-ci à plat sur la table, le dos de son côté et en dehors de la table, puis souleva nt le papiei’ de dessus, il rentre celui-ci dans le mors, avec le plioir tenu de la main droite, pendant qu’ave c le pouce de la main g auche qu’il promène s ur le dos à hauteur du plioir, il maintient la carte adhérente au dos du volume. Il lui reste à assurer une bonne appli­ cation du papier sur la mousselin e, et à exécut er la même opération de l’ autre côté. Le papier aya nt été coupé de la largeur de la moussel ine, il s’en suit qu’une fois appliqué, il ne doit pas arriver au bord de celle -ci. Il est utile qu'il en soit ainsi , pou r ne pas avoir une double épaisseur au même end roit. Après quelques minutes, le volume est mis dans l’étau, les mors à cheval sur les mâch oires , et après serrage, de légers coups de marteau seront don nés de chaque côté au bord du dos. Retiré de l’étau, aussitôt fait, le papier s eul, dép as­ sant les tranches de tète et de queu e, sera coupé aux cis eaux. La carte sur le dos sera laissée dan s sa longueur provisoire. Les cartons seront ensuite appliqués sur les fausse sgardes, de la façon suivante : L ’ouvrier pla ce le volume à plat sur un ais, le dos dépassant et à gauche , puis mettra une macule plus grande que le volume, sous la fausse-g arde, qu’il enduira de colle de pâte ou ch imique , depuis le bord de la mouss eline jusqu ’en dehors du v olume. Il enduira ensuite le bord du carton destiné à être appliqué sur le papier qui a servi à monter la carte, sur une largeur de deux centimètres environ. Enle-


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vant la macule, et cambrant légèrement le carton, il applique ce lui-c i, comme il l’a fait pour la prépara Lion de la couverture mobile. Après s’être assuré des chasses régulières, il fait de même au deuxième côté, donne une pression avec les deux mains sur le volume, et pour un volume à tête de couleur, mel un papier propre et entre les deux premiers feuillets de garde. Un ais mis au bord du carton, vers la gorge , et dépassant le volume des trois autres côtés, l’ou­ vrier me t le tout en presse et serre très doucement pour commence r. Il ne devra pas négli ger cette précaution, car les cartons étant appliqués à l’aide de colle de pâte ou chimique , ceux-ci pourraient glisser sous l ’action d’une pression trop brusque. Ce n’est donc qu’une fois bien maintenu dans la presse, que le volum e pourra être serré fortement. Après deux ou trois minutes, l’ouvrier retirera le volume de la presse, pour se rendre compte du bon état de son travail , et ceci étant, il remettra le volume en presse jus qu’à complète sécheresse, c’està-dire au moins deux heures. Après ce temps, il aura un vol ume dont les cartons seront cambrés. Coupan t ensuite, avec les ci seaux, la carte en tête et queue, à hauteur des cartons, l’ouvrier nivelle l’intér ieur des cartons. Pour cela, il place le volume à plat sur la table, le dos à g auch e, et met contre le dos, un groupe d’ais formant une épaisseur égale au volume. De cette façon, s’il rabat le carton de dessus, sur ces ais, il lui sera facile , au papier de verre, d’enlever toutes les épaisseurs provoquées par la mousseline, le papier et même les rubans. Cette opération faite des deux côtés, l’ouvrie r coupera aux ciseaux, au som-


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met du mors, c’est -à-dire au bord de la carte, la mousseline et le papier sur une longueur de deux centimètres. Ce travail fait aux quatre coins du dos du volume per mettra le passage du rempli de la cou­ verture. Il aura soin de mettre une branche des ciseaux immédiatement sous le carton avant de cou­ per, et non pas de prendre entre les branches des ciseaux, un autre feuille t de garde. Il ne lui restera plus, comme préparation, qu’à enlever l’arête vive du carton, en rapport avec la nature de l'habit du livre. 11 se conformera pour cela aux explication s fournies à ce sujet dans la préparation des demireliures et des reliures plein es. Couvrure d’un bradel en peau. — Que ce soit en demi, ou en plein, la peau est coupée et parée, d’après les mêmes principes que pour une reliure. Toutefois, pour les peaux épaisses, l’ouvrie r tiendra compte dans la parure des charnières et du dos, de la largeur de la gorg e. La peau à loge r dans cette cavité devra être assez mince pour s’appliq uer fac i­ lement, et cependant il ne faudra pas louche r de trop à la partie qui viendra se coller sur le carton, de même que l e milieu du dos. C’ est donc après une longue pratique que l’on pourra exécuter conve na­ blement cette difficulté . Pour couvrir ce cartonnag e, l’ouv rier prépare les mêmes outils que pour une reliur e, sauf toutefois la pince à nerf s, dont i l n’aura pas besoin. Certains lecteurs auront l’occasion de voir des bradels à ner fs, et l ’on nous dira que, puisque l’on se permet de recouvrir ce cartonnage en peau, il n’y a pas de raison de lui adjoindre des nerfs. Evid em­ ment, l’hérésie poussée un peu plus ou un peu moins,


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cerlain s amateurs n ’en sont pas à cela près, nous ne reviendrons donc pas sur les raisons qui nous font critique r sévèrement cette manière d’habiller le livre, et nous omettron s vol ontaireme nt de par ler de nerfs. Un outil qui ne lig ure pas dans la co uvrure d’une reliure, et qui s’adjoint au plioir pour donner à la peau la forme de la g orge, est une sort e de plioir à facette très épaisse, que l’on pourra construire avec le manche d’une bros se à de nts. Ce dernier offre cet avantage, d’etre poli et arrondi et de pouvoir s’en servir sans écorcher la peau. La peau parée convenable ment aura subi les mômes prépara tions que pour une reliure, c’est-àdire mouillage ou encollage, suivant les cas. Ensuite la peau est trempée à la colle de pâte ou chimique et emboî tée sur le dos du volume. Rentrée de chaq ue côté dans la gorge avec l’outil décrit plus haut, l’ouvrier applique ensuite la peau sur le carton, sans la t iraille r, et r empl iera le côté de la gouttière, s’il s’agit d’une reliu re pleine. Il mouille ensuite avec une éponge fine conten ant de l’eau claire, toute la peau, et laisse p rend re quelques instants. L’ouvrier remplie ensuite les petits côtés en fai­ sant passer la pe au d ans les fentes faites pour ce tra­ vail, et en l aissa nt la pe au nécessaire pour faire les coiffes. Les remplis bien tirés intérieu rement, il ferme les coins, comme il a été indiqué, s’il s’agit d’une reliure pleine, et refer man t au fur et à mesure chaque car­ ton, sans av oir à s’occupe r des mors carrés comme en r eliure, il con fectionne les coiffes. La façon de procéde r est la môme, mais au lieu de Ciianat. — Manuel du rel ieu r. 2' pa rti e.

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fil, l’ouvrier emploiera une ficelle de chanvre, de grosseur en rapp ort avec la large ur de la gorge, ies extrémités de celle-ci remp laçant l’échancrure des cartons dans la reliure. S’assu rant un bon collage de la peau, dans la gorge , en passa nt dans cette partie le plioir en os et le manche de brosse à dents, il lave définitive ment la peau et laisse sécher, en plaçant le volume entre deûx ais. Il a soin de mett re un grand côté de ceux-ci au bord de la gorge et d’intercal er entre la pe au et eux un pap ier p ropr e. Finissure du brad el peau. — Tout comme pour la reliure, ce n’est que lorsque la peau sera comp lète­ ment sèche, que l’ouvrier pourr a term iner l’habil le­ ment du volume. N’ayant pas de mors car rés, les cart ons pou rro nt être ouv erts, sans moui llage préal able, comme il est utile d ele faire pour toute reliu re habill ée en peau . Ce dégagem ent n’existant pas, l’ouvrier peu t de suite procéder à la pose des coins de tous genre s, à l’élagage des mors et des coins, et ensui te à la coupe et à la pose des plat s, comme il a été indiqu é pour ces différents travau x, s’il s’agit d’un demibradel. Pour un bradel reco uver t en pleine peau, l’ouvrier place son volume comme il l ’a f ait pou r le nivelage in térie ur après le collage des carto ns su r les 1ausses-gardes. Rab attan t u n carto n sur les ais q u’il a placés contr e le dos du volume, il trace un tra it, au compas, à une distance du bord du carto n, en tête, queue et gout tière , égale à ce qu’il désire comme décor sur les rem plis. Dans la partie de la peau qui se trouve en d ehors de ces traits, il prend des fleurs de peau très étroi-


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tes et aussi longues que la diagonale de la fermeture des coins. Ces petites fleurs, ou béqu ets, seron t to ut d’abord collées sur chaque fermet ure de coins, à la colle de pâte ou chimique, puis le volume placé debout sur sa tranche de tê te, il laissera sécher ces petits morceaux de peau. Après séchere sse, ce qui demande peu de temps, l’ouvrier replace son volume comme précéde mment , puis élague le plus en biais possible toute la peau des remplis qui excède des traces faites au compas. Coupant ensuite, pour chaque côté du volume, un papier, Ingres de préfé­ rence, qu’il trempe à la colle de pâte, il les applique cinq minutes après au verso de chaque carton. Il aura eu soin de couper ces pap iers de façon qu’une fois détre mpés et appliqu és, leurs bords arrive nt à hau teur des traces faites au compas, pour la tête , queue et gout tière , puis à deux ou trois millimètres de moins que le b ord du mors, du côté de la gorge. Les papiers éta nt collés des deux côtés, l’ouvrie r laisse s écher, en plaça nt le volume comme il est dit à la r eliure pleine, pour la prépar ation à la décora ­ tion. Lorsque les p apiers sont secs, à l'aide de papier de ve rre il nivelle à nouveau l’intér ieur du volume, puis met celui-ci en presse, le dos dépassa nt desai s. Après deux heur es de pression moyenne, le volume ainsi prépa ré, en pleine peau, ou recou vert à demi, esl en é tat de r ecevoi r le titre et le décor qui lui sied. Il ne rest e plus ensui te que le collage des gar des, c’est-à-dire l’applicati on de la garde de couleurs sur le verso du carto n. Ce travail se fera comme le col­ lage des gardes du brade! emboîtage, sauf qu’il n’aura pas à s’occuper de la fausse -garde , celle-ci étant déjà collée sur le car ton. De plus, avant d’en-


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dnirc la garde, de colle de pâle ou chimique, il véri­ fiera, à mors fermés, c’est-à-dire en soulevant très peu chaque carton, si la garde de couleurs présente des chasses réguliè res, pour le dem i-brade l. Par le même procédé, il pointera et coupera les gardes pour un b radel reco uver t en pleine peau, de façon que celles-ci, une fois appliq uées, arr iven t à une di s­ tance convenable de la décoratio n des re mplis. L’application des gardes éta nt exécutée, l'ouvrier met le volume en presse entre des ais propres , le dos d épassan t de ces ais, puis, après cinq minutes d’un s errage moyen, il retir e le volume et se rend compte de la bonne exécutio n de son trava il. Si les chasses ne sont pas suffisamme nt régu lière s, il en fera la rectification avec une pointe cou pan t très bien, et en plaçant le volume comme pour le nivelage i ntéri eur des cartons. Ensuite, il charge le volume pendan t une demiheure, et rem et celui-ci en pr esse, soit entre des ais, des c artes de Lyon ou des plaques argen tées, sui­ vant la nature de la peau et la p olis sure qui convien t au volume. Après deux he ures de pressio n moyenne, il pourra, suivant les cas, faire rem onte r le gr ain en frotta nt les mors avec une éponge cont enan t de 1eau claire et bien essorée, ou bien il achèvera la polissure comme il est décr it à la finissure de notre de mi-reliure. Pose des pièces de ti tr e. — En princip e, il n'y a que les bradels emboîtag es qui peuvent recevoir des morceaux de pea u amincie, sur leur dos, pour 1incr iplion des noms d’auteui- et du titre de l'ou­ vrage. Exception faite des bradel s recouv erts en peau


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dont Je décor néce ssite l’application de mosaïque de cuir, il n'es t pas de bon goût de rec ouvrir l’habit du livre de morceaux de peau, unique ment pour ces

Fig. 39. — Bradels avec pièces de ti tre.

inscriptions . Ces carton nages , habillés de papier, de toile, ou d’étofles diverses, suivant le caractère du livre, pourro nt, dans cet ordre d’idées, recevoir des pièces de titre de formes variées et ap pliquées à des endroits différents.


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CONCLUSION

A part les volumes de peu de valeur, dont les pièces pourront être prisés dans de la basane sciée, il sera préférable d’employér des chutes de peau de maroquin, pour obtenir un travail de meilleur effet. Cette peau am incie, comme nous l’indiquons dans notre première partie, à ce paragra phe, permettra de conserver à l’ensemblé des pièces de titre une épaisseur de chair süffisante polir Obtenir des titres impeccables. î î i i ’ÿ aura donc que ies bord s, sur une largeur d’un millimètre) qui seront aminci s jusq u’à la fle ur, Pour la pose de pièces classi ques, l’ou vrier prendra au compas le cinquième de la hauteu r du volume , et appliquera celles-ci entre le premier et le de uxième cinquièmes. (Volume de gauche de la gravu re.) Quelle que soit la forme et l'emplac ement de ces pi èc es , leur largeur devra êtr e Comprise dé façon que les bords de ce Côté arrivent à un millimè tre du bord du dos du v olume. Ne pas oublier après l’ap plication des pièces , et quelle que soit leur couleur, de laver ces morceaux de peau avec l’éponge fine et de l’eau clair e, CONCLUSION

Quoique au début de notre ouvrage nous ayons dit avoir à nous occuper uniquement de l’arc hitec­ ture du liv re, qu il nous soit permis, pour conclure , de recommander à nouveau la bonne exécution du corps d’ouvra ge, avant d’appliquër la décoration. Celle-ci doit toujours être appropriée à la nature et âti sujet mêrne de l’ouvrage.


CONCLUSIO N

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11 est malheureusement interdit de toucher aux ouvrages présentés dans les différentes expositions, sans cela, que de déceptions éprouverait-on parfois, en ayant en mains un volume au décor c hatoyant. • Nous n’avons pas l’intention d’entretenir nos lec­ teurs des nombreux volumes de ce genre, qui sont exposés. Ces derniers étant d’ailleurs exécutés par des amateurs, ne voyant dans le livre que l’enjoli­ vement de la couverture, à l ’aide de cuir ou de cou­ leurs de plus ou moins bon goût. Il ne faut donc pas perdre de vue que la ré sistance du volume, à l ’usage, dépend surtout de sa bonne construction interne. Poui' terminer notre ouvrage, qu’il nous soit permis de dire qu’un volume ne saurait donner toutes les qualités que l’on est endroi t d’attendre de lui, si les procédés indiqués dans notre manuel ne sont pas stric tement appliqués. L ’art du relieur fait l’ob jet d’un sujet inépuisable, mais nous croyons qu’avec les différents genres d'habillem ent du livre que nous nous sommes efforcé de décrire le plus clairement possible, il sera facile à nos lecteurs de disposer des matières premières employées, suivant leur goût personnel.


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TABLE DES GRAVURES G

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Pages 17 Cisaille à pa pie r pour éb arb ag e................................................ 20 Couture : dispos itif de gre cqu e................................................ 21 ouv rière cous ant sur fi ce ll es ................................. — mont age des ch ev ill ett es ......................................... ’ 23 — 23 nœud de tis se ra nd ..................................................... — 3! End ossu re. Arr ond issu re et place ment dans l'é tau ............... 33 ..... ......... ......... En dos sur e.............................................................. 36 Débitage des ca rt o n s................................................................... 41 Faço nnag e des cart ons à la press e à ro gn er .......................... 47 Fixat ion des c a rt o n s................................................... 57 Fro ttag e du dos. Mise en p a q u e t............................................ 64 .... ......... ......... te Pla cem ent dans la pres se. Rog nur e de la tê 65 Couteau à r o g n e r ....................................................................... Pla cem ent du coute au à rog ner dans le talon du fût . . . . 65 67 Coupe du sig ne t........................................................................... 75 Coupe d es coins .......................................................................... 79 ...... Pré par ati on du fa u x -d o s..................................................... 82 Coupe dos et coins ( p e a u )........................................................ 83 Gaba rit p our co in s................................................ 84 Pie rre à p a re r............................................................................. 85 ......... ......... ......... Fe r à r a b o t ...................................................... 85 Couteau à ma nc he ...................................................................... 87 Posi tion de la peau et du couteau à p a r e r .................. ... 8S ... ......... Pa ru re d’un dos en m a ro q u in .................................... 97 Couvr ure (confecti on de la coi ffe )............................................ 99 ....... ......... ......... Couvru re (pinçage des nerfs) ........................... Pose des co ins ..................................................................................10b Coupe des p la ts ...............................................................................109 Pa ru re d’une cou ver ture en m a r o q u in ......................................123 Reliu re pleine gard es en p e a u .................................................... 133 prép arée pour garde s étoffe..................................135 — sa n g lé e ................................................................... 137 —


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TABLE DES GRAVURES

Coupe d’une c l a ie ........................................................................... 139 Chemise (carcass e et ré al is at io n) ................................................. 147 Etui (carcasse et ré al is at io n) ........................................................ 153 « La Heli ette », pres se à rog ner et à en dos ser pour amat eurs . 161 Pre sse à 3 ju m e ll e s................................................................... 171 Tech nique du brad el : a, co uve rtur e, in té r i e u r ....................... 179 — — ô, couve rture , e x té r ie u r ...................... 179 — — c, volume p ré p a ré .................................. 179 — — d, volume réal isé plein pap ier . . . 179 Bradels avec pièces de ti tr e........................................................ 197


TABLE DES MATIÈRES Paçes P r é f a c e .................................................* * . « « * . . < . vii ix I ntro duct ion .............................................................................. C hap itre L — C o n st ru c ti o n d’u ne r è li ü ré de lu xé . . .

2

De la p l a ç u r e ..................................... . Débro chage ... .............. .............. R e p li a g e ............................ Plac eme nts des gr avu res . des cou vert ures dé b ro c h u re ....................... — dive rs . . . . ; . . . . . . . . . . . . . — des gar des blanche s ..........................- . . — des la us se s- gà rd es ......................................... — Mise en p r e s s e ...................... De l ’éb ar ba ge ................................................ 4 Col latio nne men t......................................• • .................. . G re c q u a g e ......................................... ..... . < . » . i 4

2 3 5 8 11 12 13 14 16 19

De la co ut ur e .......................................................

20

Du corps d’ouvragé...............................................................< Pa ssu re en co lle ................................................................... Effilochage des ficelles . . . < • * . * « » .................. En dos sur e.............................................................................. Coupe des ca rt o n s................... ..... . . s .......................... D é b it a g e .......................... ... . . . . . . . . . . . . Ca mb ru re.................................................... Faç onn age ...................... ' • .............................................. * Fix atio n................................................................................. Montage des gar des dé couleu rs . . . . \ ..................

24

po ur de m i- re ltü ré . . .

pou? féliüVô pleine . .

24 28 28 34 35 37 38 43 51 51 53


204

TA BLE

DES MAT IER ES

A rr on di ss ur e dé fin iti ve ............................................................. Mis e en pr es se et fr ot ta ge du do >......................................... Co nt re- co lla ge des ga rd es de c o u l e u r s ........................... ..

Ebarb age des g arde s de co ul eu rs ...................................... Rog nure de la têt e................................................................

55 GO 62 63

D e la c o u v r u r e ................................................................ ........

De

... 66 Pré par atio n à la c o u v r u r e ................................................. 66 Tra nch elil ure à la ma in ..................................................... 68 Envelo ppage des tr a n c h e s ................................................. 69 Fixat ion des tra nc he fil es ..................................................... 70 Collage sur le d o s ................................................................ 72 Nivelag e du do s.................................................................... 73 Nettoyag e des c a rt o n s ......................................... 74 Coupe des coi ns............................................. 75 Collage des ficelles................................................................ 76 Prép arat ion du faux-dos ..................................................... 77 Pe au x...................................................................................... 80 Coupe de la peau ................................................................. 82 Pa ru re de la pe au ..................................... 83 Pa ru re du dos en pea u.............................. . . .................. 85 Pa ru re des coins en p eau............................. 91 Généra lités de la co uv ru re ................................................. 92 Couvrure d’une dem i-re liu re............................................... 93 Dégag ement du volu me..................................... . . . . 101 la f in is s u r e ................................................ ............................... 102 Battage des bo rd s...................................................................... 103 Pose des coin s........................................................................... 104 Traç age et éla gag e.................................................................... 106 Pose des pla ts............................................................................ 107 Collage des gar des .....................................................................n o Visiture et mise en presse ......................................................11 3 P o li ss u re ................................. ..................................... ƒ . 114

C h a pi tr e II. — R e li u re p le in e .................................... ..................... 117

Pré par atio n du volume po ur gard es étof fe...........................1 17 Pré par atio n du volum e cousu sur ne rf s............................... 120 Coupe et par ure de la co uv ert ur e.......................................... 122 Couvrur e d’une re liu re pl ei ne .................. 124 Coupe et p arur e des ch ar ni èr es .................. 128 Collage des c h a rn iè re s. ...................... 129 Coupe e t par ure dès gard es peau 130 Collage des garde s peau . ..................................................... 132


TABLE DES MATIERES

20 5

Pré par atio n pour la dé co ra tio n............................................. 134 Plac eme nt et collage des clai es............................................. 138 Finiss ure d’une reli ure p le in e ..............................................140 Pré par atio n et applica tion des gard es étoffe ....................... 142 1° Pa r rem plia ge............................................................... 142 2° A coupe fr a n c h e .........................................................143 Confection de la che mis e........................................................ 149 Confectio n d'un étu i................................................................ 151 Chap itre III. — Du b r a d e l ........................................................ 155 D éf in it io n

et u t i l i t é .................................................................

159

Con stru ctio n du bra del ............................................................162 Pla çur e et co utu re.................................................................... 162 Pass ure en col le....................................................................... 164 E n d o ss u re ................................................................................165 Frott age du d o s ....................................................................... 166 Contre-c ollage des gard es de co ul eu rs ..................................167 Collage des ruba ns et de la m ou ss el in e.............................. 167 Rogn ure des tr a n c h e s............................................................ 170 App rêtu re de co uv rur e............................................................ 173 Prép arat ion de la cou ver ture m o b il e ..................................173 Couvr ure d’un b rade l p a p ie r ..................................................177 — étoffe ................................................ 181 — — dem i-p arc hem in.................................. 183 — — parc hem in ple in.................................. 184 — Collage des gard es ou em bo îta ge ......................................... 186 Nett oyag e de la per cal ine et du pa rc hem in ...................... 188 Pr ép ara tio n de la cou vert ure fixe.........................................189 Couvr ure d’un bra del en p e a u .............................................192 Fini ssur e d’un brad el p e a u ................................................ Pos e de pièces de tit re ....................................................... C o n c l u s io n .................................................................................... . . .

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lu st ré . Br oc hé ................. ’ P e in tu r e in d u s tr ie ll e (T r a it é e n ­ c y c lo p é d iq u e d e la ), par FLEU­

RY. ] vo lu me in - 1 8 .......... S e ll e r ie , b o u r r e ll e r ie (T r a it é p r a ti q u e e t c o m p le t d e s a t e ­ li e r s d e ), p a r M . G u st a v e BRAY*

1 v. in -1 8 ill. Re lié to il e. T e in tu r e e t d u n e t t o y a g e (M a ­ n u e l m é th o d iq u e d e s in d u s ­ tr ie s d e là ) pa r A. -F . GOU ILLO N

1 vo lum e in -1 8 il lu st ré . V e r n is (T r a it é m é th o d iq u e d e l à fa b r ic a ti o n d e s ) , pa r A .- F . GOUILLON. 1 vo l. in -1 8

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objets tou rné s. — L e bois. — Le tour à po intes .— Le tour en P air. Ou til s.— T o m e lï : Assem blages , collag e, e tc. 2 vo l. in -1 8 jés us , i llu st ré .

T o u r n e u r su r m é t a u x (L ’a r t d u ),

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CHON, 1 vo l. i n -1 8 b ro ch é. R e li e u r (M a n u e l p r a ti q u e d e l ’o u v r ie r ), pa r CHANAT, pro fe s­

se ur de re liu re à l’Ec ole Est ie nn c 1 vo lu m e in -1 8 , b ro c h é . T a p is s ie r d é c o r a t e u r (A r te e t m é ti e r d u ), pa r G . BERTEN

pr of es se ur à l ’école Bo ull e. — Le tapissi er décor ateur , sa f on c­ tion, son rôle, ce q u il d oit co n­ naî tre , .— 1 vo lum e in - 16 co lo m bi er , av ec ill us tr at io ns d e l’au te ur , br oc hé ou r eli é .

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