Sommaire
Introduction générale p. 4
Cap Haïtien, une situation singulière p. 6
Contexte géographique régional p. 6
Un site favorable p. 7
Le cadre socio-économique p. 8
Un site à proximité de pôles d’attractions p. 9
Cap Haïtien, une histoire mouvementée p. 10
Chronologie de la ville p. 10
De la colonisation à l’indépendance p. 11
Une nation divisée p.12
De l’indépendance à l’époque moderne p. 13
Un patrimoine méconnu et menacé p. 15
Chronologie de l’architecture p. 15
Le centre ancien, composition et mutations p. 16
Plan du centre ancien p. 17
Le centre ancien, un patrimoine riche p. 18
Un patrimoine inventorié p. 19
Des axes et sites de projets p. 20
La réorganisation du marché de Cluny p. 20
Structurer la circulation p. 21
Le marché de l’art : nouvelle entrée de ville p. 23
Pistes
de développement territorial p. 24
Le patrimoine mondial de l’UNESCO p. 24
Stratégie de protection patrimoniale p. 25
Introduction générale
L’île d’Hispaniola se trouve au coeur des Caraïbes. Haïti occupe la partie occidentale de l’île. Cap Haïtien bénéficie d’une situation privilégiée de par sa localisation dans une baie protégée. La topographie accidentée isole la région du reste du pays et le Cap Haïtien s’est développé principalement vers la mer et la République Dominicaine.
La ville s’est développée à l’époque coloniale par les échan ges maritimes. Après chaque catastrophe, la ville a été recons truite selon un plan identique mais avec des styles et techniques différentes.
Actuellement, l’explosion démographique tend à détériorer le site originel de la ville autant que ses abords. Le développe ment spontané constitue par conséquent un risque réel pour le patrimoine du centre-ancien comme pour sa préservation.
Cap Haïtien, une situation singulière
Contexte géographique régional
Les éléments du site (topographie, climat) sont spéficiques à chaque région du pays. Les risques naturels sont nombreux et présents partout.
II. Un sol riche et un climat tropical singulier
La nature rocailleuse du sol favorise les cultures et l’élevage. De plus, l’important réseau hydrogra phique offre des possibilités d’irrigation intéres santes. Combinées au climat de la région, ces caractéristiques ont permis le développement de la production de café, de cacao et de l’arboriculture fruitière.
La région nord est plutôt humide, même si les précipitations sont moins intenses en plaine que dans les Mornes. Les vents sont, quant à eux, ca ractérisés par leur régularité en direction et en in tensité.
II. L’exposition aux risques naturels et
écologiques
Haïti est soumis à de nombreux risques naturels. Néanmoins le département du Nord, par sa topographie est peu exposé aux cyclones tropicaux.
Par ailleurs Haïti connaît une forte activité sismique. Les séismes sont d’autant plus dangereux au Cap Haïtien qu’ils entraînent également des raz-de-ma rées.
Mais ce sont surtout les crues qui affectent la ville du Cap Haïtien. En effet, le réseau hydrographique venant s’ajouter à de fortes pentes, produit un ravinement charriant dépôts et coulées jusqu’au coeur de la ville.
Les cultures érosives pratiquées sur les mornes ainsi que l’exploitation immodérée des zones boisées restantes (déforestation et défrichement) entraînent une érosion irréversible des pentes.
On estime que près de 30% des espèces végé tales et 70% des espèces animales sont endogènes. Pourtant, cette diversité est en fort recul et de nombreuses espèces sont en voie de disparition.
L’exemple des mangroves est significatif. En tant que lieu de vie et de reproduction de nom breuses espèces, cet écosystème est le plus menacé en raison du déboisement et de l’extension urbaine. La diminution spatiale et qualitative de la mangrove entraîne aussi une diminution des ressources ha lieutiques côtières.
1978 2192 1987 2132 1994 1658
Km² de mangrove au Cap Haïtien
Source : Livre blanc du Nord
Cap Haïtien, une situation singulière
Un
site favorable
I. Le choix du site d’implantation
II. Des vents cléments, un climat favorisé
III. Un sous-sol stable
Océan Atlantique
Le Morne du Ca
p
ivière
La baie du Cap Haïtien et les sites d’implantations d’origine
Source : Réalisation personnelle
La sédentarisation sur le site du Cap Haïtien est due aux boucaniers et au commerce qu’ils ont instauré avec les flibustiers sur l’île de la Tortue. Deux sites émergent où se concentrent les populations. Le Bas-Cap, au pied du Morne du Cap à l’ouest de la baie et la Petite Anse qui se trouve, quant à elle, en fond de baie. Les mangroves constituent des terrains difficilement utilisables. Les colons français privilégieront, quant à eux, le site du Bas-Cap qui deviendra le Cap Français.
Le site jouit d’un vent du large qui, sans être trop fort, apporte une agréable fraîcheur et rend les températures tropicales plus supportables. Si ce vent provoque sur les mornes environnantes des précipitations parfois abondantes qui ruissellent et ravinent dangereusement les flancs dominant la ville, il n’en demeure pas moins que les précipi tations annuelles sont dans la région nord près de trois fois inférieures à celles de Port-Au-Prince.
Argiles et roches volcaniques
Conglomérats et calcaires Andésites
Géologie du Cap Haïtien
Source : Réalisation personnelle
Le centre historique et l’ensemble des mornes de la partie ouest de la baie reposent sur une pile volcano-sédimentaire du crétacé dont l’épaisseur est estimée à plusieurs milliers de mètres. Cette structure s’avère nettement plus stable que la zone orientale composées de cônes d’épandages fluviatiles fruits de l’érosion passée des montagnes mais dont le processus n’est pas achevé.
Carte des vents
Source : Réalisation personnelle
Atelier Cap Haitien - Université Paris IV Sorbonne - Institut d’urbanisme et d’aménagement - 2009/2010 - François Dumail - Potentiel patrimonial
Cap Haïtien, une situation singulière
Le cadre socio-économique
L’étude du cadre socio-économique général en Haïti permet de mieux comprendre la situation du Cap Haïtien, deuxième ville du pays.
I. Cadre socio-économique national
Evolution de l’économie depuis 1945
A la sortie de la seconde Guerre Mondiale, Haïti bénéficie de la hausse des prix des produits d’exportation, mais dès le début des années 1960 l’activité économique ralentit suite à la chute des cours et à la fin de la période des Trente Glorieuses pour les pays occidentaux. La monnaie haïtienne est dévalorisée dans les années 1980 et le FMI met en place des programmes de stabilisation financière. Aujourd’hui, le pays est fortement dépendant de l’aide internationale et connaît une croissance des activités informelles.
estime sa population entre 500 000 et 800 000 habitants.
dans les zones rurales. Le taux de mortalité infantile reste élevé en absolu et comparativement à la République Dominicaine (4 fois moins élevé). Le sida est la première cause de mortalité.
Pauvreté
Depuis 1991, le pays est dans un cycle de paupérisation et dépend largement de l’aide internationale. La population vit dans la pauvreté et 50% des richesses sont détenues par 1% de la population.
Evolution de la population du Cap Haïtien (1900-1996)
Source - Banque mondiale
Education
Démographie
L’accroissement de la population, qui a doublé entre 1973 et 2000, a été accompagné d’un phénomène d’urbanisation majoritairement concentré sur l’agglomération de Port-au-Prince. Cependant Cap Haïtien n’est pas en reste avec une absorption de 50% de la population du département. Aujourd’hui, on
Concernant l’éducation, seulement 8% des écoles sont publiques en Haïti. Nénamoins, le taux de scolarisation a augmenté entre 1990 et 2000 de 45%.
Santé
Dans le domaine de la santé, les établissement sont à dominante privée (40% pour le privé et à 30% de partenariats privé/ public), parmi lesquels les ONG jouent un rôle important, notamment sur le maintien de services
II. Cap Haïtien
A l’échelle de la ville, on retrouve les grands traits de la situation du pays. Pauvreté, surpopu lation, sous-emploi et chômage, dégradation du centre ville, bidonvilisation, exclusion sociale, migration sont les problèmes que la municipalité du Cap Haïtien doit appréhender.
Néanmoins la ville bénéficie de potentialités en termes de développement économique (artisa nat, tourisme) et social (entraide solidaire, projet Prepep) qui ne sont pas suffisamment valorisées.
Cap Haïtien, une situation singulière
Un
site à proximité de pôles d’attractions
La situation du Cap Haïtien mise en avant par sa géographie et sa socio-économie montre une situa tion comportant des potentiels de développement important. De plus, Cap Haïtien est inscrite dans un contexte régional fait de pôles d’attractions touristi ques et patrimoniaux intéressants.
La baie de Labadie où se trouve le port de croisière américain est une destination de tourisme balnéaire importante qui attire des milliers de touristes chaque semaine. Le site est situé à proximité immédiate de la ville. Il fonctionne aujourd’hui de manière indépendante et n’est pas relié à la région du Nord.
D’autre part, le parc national historique regrou pant les sites UNESCO de la citadelle Laferrière et du palais Sans-Souci présente un intérêt historique et patrimonial particulier. Le site se situe à moins de 30 km de la ville.
Ville importante
Chef-Lieu
Route principale
Route secondaire
Néanmoins, les infrastructures de transports permettant d’accéder à ces différents pôles sont mauvaises mais la situation du Cap Haïtien est un atout important pour ses potentialités de dévelop pement en réseaux avec les autres sites touristiques.
Point d’intérêt
Pôle d’attraction touristique e ectif
Pôle d’attraction touristique à développer
Pôle d’attraction touristique potentiel
Aéroport, port Frontière
Parc Naturel
Pôle d’attraction touristique potentiel
CATASTROPHES
Cap Haïtien, une histoire mouvementée
Chronologie de la ville
Par tage de l'île entre la France et l'Espagne. 1697
Proclamation de l'indépendance
1670 - 1711 Création de la ville 1697 Premier tracé de la ville : Plan en échéquier 1694 Incendie
Scission du pays 1806
Durant cette période, Cap haïtien est la première ville d'Haiti, son activité commer ciale, culturelle... sont
1807 - 1820 Cap -Henri
1807 Capitale du royaume du nord dirigé par Chris tophe
Instabilité politique, succession de régimes repressifs et de régimes de tutelle
Election d'Aristide 2000
Chute de Boyer 1843 1734 Incendie 1793 Incendie 1802 Incendie provoqué par Christophe
1804 1915 - 1934 Occupation américaine
1957 - 1986 Duvalier 1712 - 1804 La ville coloniale 1739 du for t Picolet
1820 Boyer conquier t le Cap
Boyer rétablit l'unité 1820 1842 Séisme
1821 - 1842 Développement rural 1843 - 1890 Reconstruction 1870 Lancement de projets d'équipement
1890 - 1915 Ouver ture
1995
Cap Haitien est classée comme patrimoine national
Apprentissage des techniques constructives européennes : architec ture balnéaire
1865 Incendie du por t et de l'arsenal
Source Réalisation personnelle
Nouveaux quar tiers en périphérie de la ville qui font éclater ses limites
Atelier Cap Haitien - Université Paris IV Sorbonne - Institut d’urbanisme et d’aménagement - 2009/2010 - François Dumail - Potentiel patrimonial
Cap Haïtien, une histoire mouvementée
De la colonisation à l’indépendance
Le Nord est représentatif des différentes époques qu’a connu Haïti. Berceau de la colonisa tion du pays ainsi que des luttes de libération des esclaves, les périodes indienne, espagnole, fran çaise et post-indépendance font partie de l’identité régionale. Toutes ces périodes ont contribué à la formation d’un potentiel unique dont la richesse est à la fois culturelle, naturelle et historique.
Des pirates français de haute mer, les flibustiers, s’installent alors sur l’île de la Tortue à proximité du Cap Haïtien au début du XVIIème siècle. Et un début de colonisation s’organise autour du Cap Haïtien avec les boucaniers. La colonie prend de l’essor grâce à l’émancipation et la sédentarisation d’une partie de la population.
La présence française dans la partie occidentale de l’île est officialisée en 1697 par le traité de Ryswick, la partie orientale restant sous la domination espagnole. La colonie d’Haïti prospère tout au long du XVIIème siècle et Cap Français, première ville du pays, est alors dénommée «Le Paris de Saint-Domingue».
I. Une île soumise aux intérêts
européens (1492 - 1789)
L’histoire de l’île ne commence pas en 1492 avec l’arrivée de Christophe Colomb mais elle était déjà peuplée par les Taïnos, peuple indigène no tamment sur le site du Cap Haïtien.
A partir de 1492, les Espagnols se concentrent sur l’exploitation des mines d’or, par une mise en esclavage et un massacre des habitants de l’île. De plus, le choc microbien achève de décimer la po pulation. Les colons mettent alors en place la traite négrière pour pallier au besoin de main d’oeuvre. Les mines sont taries très rapidement et les colons abandonnent progressivement la partie occidentale de l’île.
En 1670, la ville du Cap Français est fondée. Elle constitue alors un port d’échanges important pour le commerce triangulaire. L’incitation à la plantation et la traite des noirs permettent un essor éco nomique de l’île. La culture des esclaves imprègne toute la société, le créole par exemple est parlé par l’ensemble de la population.
Plan du Cap Français, 1779 - Source : Gallica
II. Des révoltes aux révolutions
(17891804)
Dès 1789, l’agitation politique en métropole met le feux aux poudres dans l’île. Les premiers affrontements ont lieu dans le nord de l’île et les révoltes sont écrasés au Cap Haïtien par l’exécution publique d’Ogé et Chavanne, chefs des affranchis. Le soulèvement général des esclaves prend aussi forme dans la région notamment lors de la cérémonie du Bois-Caïman proche du Cap Haïtien.
L’arrivée de Toussaint-Louverture marque un tournant dans le passage des révoltes à une guerre de libération. En 1801, il se fait nommer gouverneur de l’île et confirme l’abolition de l’esclavage. Face à cette crise politique, Napoléon envoie une expédi tion pour rétablir l’ordre qui échoue et Haïti devient la première république noire indépendante.
Cap Haïtien, une histoire mouvementée
De l’indépendance à l’époque moderne
I. Une nation qui n’arrive pas à s’unir (1804-1915)
Dessalines s’autoproclame empereur en 1804 mais il est assassiné en 1806 et Haïti se divise entre un royaume dirigé par Henri Christophe au nord et une République au sud dont Pétion est élu pré sident. Cap Haïtien devient la capitale de la partie nord et prend le nom de Cap Henry. Cette période est marquée par un développement important de la ville du Cap Haïtien.
II. Haïti sous influence américaine (1915 - 1934)
Des difficultés économiques et politiques appa raissent et le pays entre dans une période de cen tralisation.
III. Le retour des troubles (1934 - 1990)
Les Américains laissent derrière eux une dé mocratie chancelante qui fait place à des querelles de familles ou de clans pour obtenir la présidence du pays.
Boyer s’appuit ensuite sur les insurections au nord du pays et succède au roi Christophe en réunifiant le pays. En 1842, un séisme dévastateur détruit l’intégralité de la ville du Cap Haïtien. La chute de Boyer en 1843 laisse place à une instabi lité politique chronique avec la succession rapide de dirigeants plus ou moins efficaces. Les présidents se succèdent très rapidement : entre 1908 et 1915, il y en aura neuf.
Parallèlement, l’économie de l’île se modernise. La reconstruction de la ville du Cap Haïtien s’appuit sur les nouvelles techniques constructives préfabriquées, notamment pour la construction du marché de Cluny en 1896.
En 1915, les américains décident d’occuper l’île militairement suite au lynchage du président. L’impulsion américaine entraîne une amélioration des équipements, une organisation de l’administration et de l’instruction. Parallèlement, l’armée haïtienne est dissoute et les insurrections se multiplient face à la répression américaine.
L’occupation américaine se traduit par l’im plantation d’infrastructures modernes comme le wharf du Cap Haïtien notamment. De plus, la mise en place de grandes entreprises agro-alimentaires entraine un afflux massif de paysans vers le Cap Haïtien qui voit de nouveaux quartiers émergé à cette époque.
La crise de 1929 réduit les exportations et les paysans haïtiens, frappés par les taxes, protestent. Les Américains se retirent finalement en 1934.
L’élection de François Duvalier en 1957 marque le début du régime dictatorial en Haïti. La mise en place de son pouvoir personnel s’appuie sur une milice paramilitaire (les «tontons macoutes») et l’épuration de l’armée. Son fils lui succède en 1971 mais il laisse la corruption progresser et se refuse à être aussi répressif que son père. Il est contraint à l’exil à 1990. Les Haïtiens élisent alors Aristide mais il est renversé l’année suivante par un putsch militaire.
IV. Une gouvernance fragile (1990aujourd’hui)
Après des décennies de systèmes politiques plus ou moins autoritaire, la Constitution de 1987 pose les bases de la nouvelle République Haïtien ne.
Le pays est marqué par des problèmes de corruption ainsi qu’une faible prise en compte de
Atelier Cap Haitien - Université Paris IV Sorbonne - Institut d’urbanisme et d’aménagement - 2009/2010 - François Dumail - Potentiel patrimonial
l’intérêt général. En conséquence, la population haïtienne exprime une certaine méfiance à l’égard du nouveau gouvernement. De plus, l’Etat haïtien peine à trouver son équilibre malgré la présence et le soutien de la communauté internationale.
Le pays a entamé une réforme de décentralisa tion afin de donner un véritable pouvoir aux collectivités locales. La réforme n’étant pas achevée à ce jour, les compétences des collectivités ne sont pas clairement définies.
La population de la commune du Cap Haïtien, située dans le département du Nord, a élu à la tête du conseil municipal Michel Saint-Croix et ses deux adjoints Philoclès Saint-Fleur et Fritz Joseph. L’équi pe municipale est entrée en fonction le 27 mars 2007.
La ville avait été conçue pour accueillir environ 40 000 habitants. En 1940, elle ne dépassait pas les 20 000 habitants. Depuis les années 1960, on assiste à une explosion urbaine et au développement des bidonvilles. Ces quartiers d’habitats informels se caractérisent par leur sur peuplement et l’état sanitaire préoccupant.
Aujourd'hui
1km
Phases de l’urbanisation du Cap - Source: Réalisation personnelle
Un patrimoine méconnu et menacé Chronologie
de l’architecture
Inspiration des modèles européens néoclassique
Apparition de spéci cités architecturales locale
Apprentissage des techniques constructives européennes : architecture balnéaire
Adoption du style international : construction en béton armé Vers une architecture haïtienne... De nouveaux procédés de construction
1694 1734 1793 1802 1865
1670 - 1711 Création de la ville coloniale 1697
Tracé de la ville selon un plan hippodamien
1712 - 1804 Modernisation et essor urbain 1718 Edi cation de l'Eglise
1750-60
1805 - 1842 Mutation architecturale 1843 - 1915 Reconstruction et ouverture 1870
Densi cation autour du port
"Le Paris de Saint-Domingue"
Durant cette période, Cap haïtien est la première ville d'Haiti par son activité commerciale et culturelle
Projets d'équipement important en structure métallique préfabriquée
1915 - 1934 Occupation américaine
Séisme dévastateur 1842 1934 - aujourd'hui Modernisme et dégradation 1811 Construction du palais Sans-Souci
1915 Modernisation de la ville : égouts, pavage des rues
1995
Cap Haitien est classée comme patrimoine national
Code Henry : premier règlement d'urbanisme 1810 Incendies
Explosion urbaine : Constitution de nouveaux quartiers en périphérie et bidonvillisation
Frise Evolution urbaine - Source: Réalisation personnelle
Atelier Cap Haitien - Université Paris IV Sorbonne - Institut d’urbanisme et d’aménagement - 2009/2010 - François Dumail - Potentiel patrimonial
Un patrimoine méconnu et menacé
Le centre ancien, composition et mutations
I. La conservation des formes d’origine
Dès l’origine, Cap Haïtien est construite sur 120 ha aux pieds du morne du Cap, occupant tout l’espace disponible, bornée à l’Est par la mer, au Nord et à l’Ouest par les mornes et au Sud par les marécages.
toute la période coloniale. Port et entrepôts sont construits autour du port ainsi que les bâtiments représentant l’administration coloniale (palais du gouverneur et caserne). Elle devient la capitale de la colonie française de Saint-Domingue en 1711.
Au départ, elle est créée selon les règles et les modes d’urbanisation coloniale (plan hippodamien) et continue aussi d’importer des matériaux de la France, mais peu à peu elle s’adapte à la situation locale et à la culture tropicale. L’architecture s’inspirant des modèles européens prend une forme néoclassique répétitive qui se singularise par les jalousies et les corridors en façade notamment.
L’évolution de la ville est marquée par une série de catastrophes (incendies et séismes), mais la ville est toujours reconstruite sur les mêmes tracés anciens.
II. L’évolution de son patrimoine au fil du temps
Ville portuaire, Cap Haïtien multiplie les échanges économiques avec la métropole pendant
Le patrimoine s’enrichit sous le règne du roi Henry Christophe avec la construction de casernes, arsenal et administrations. Le code Henry règlemente l’implantation des constructions et met en place des servitudes pour lutter contre les incendies notamment.
En 1842, un séisme dévastateur suivi d’un raz-de-marrée détruit l’intégralité de la ville. Cet évènement marque un tournant, les maisons sont reconstruites avec les décombres. Les matériaux sont donc réinsérés dans les nouvelles constructions. La plupart des îlots sont reconstruits sur le tracé de la cité coloniale. Par ailleurs, les maisons basses et les rez-de-chaussée des maisons à étages sont refaits de la même manière.
A partir du milieu du XIXème siècle, la richesse de la ville se base sur les activités industrielles. La reconstruction post-sismique est facilitée par les structures en acier préfabriquées et
importées qui serviront à la construction du marché et du wharf.
III. L’urbanisation galopante et la dégradation du patrimoine
Le patrimoine de la ville est en cours de dégradation. En effet, l’explosion urbaine entraine une surpopulation dans le centre ancien et le patrimoine est détérioré. Les constructions spontanées constituent un risque réel pour la préservation du patrimoine.
Un patrimoine méconnu et menacé
Le centre ancien, un patrimoine riche
I. Les maisons traditionnelles
Maison basse traditionnelle
La maison de rez-de-chaussée, alignée sur la rue et d’aspect modeste constitue le premier style d’habitation du Cap Haïtien.
A l’origine, elle est caractérisée par une toiture pentue avec croupe et des linteaux de baies en arcs surbaissés.
Puis, un certain nombres d’éléments vont varier d’une maison à l’autre comme l’attestent les différents types de toitures rencontrés (cf partie toiture). Les façades sont ornementées par des pilastres d’angle ou de limite de propriété, des encadrements de porte en relief, ou encore des corniches moulurées.
Les combles peuvent être mansardés ou comporter des lucarnes en fonction des ajouts successifs.
Maison traditionnelle à un ou deux étages
Le style est souvent issu du premier auquel on a ajouté un étage. Il est alors plus élaboré avec des balcons de bois. Il recouvre égale ment une grande richesse d’expression. L’accès à l’étage se fait à partir de la cour intérieure et de la galerie.
Les détails
L’inventaire du patrimoine nous a permis de mettre en avant une série de détails récur rents. Les pilastres d’angle, les corniches et les jalousies ont été inventoriés pour chaque bâtiment. D’autres détails plus spécifiques ont aussi été relevés (dentelle de bois, encadre ment de porte...).
Les couleurs
Les couleurs ont une importance pri mordiale au Cap Haïtien. Les façades ont des couleurs variée et souvent opposées. La poly chromie architecturale du centre ancien offre une valeur ajoutée en terme de qualité patri moniale et identitaire.
II. Les espaces publics
Les rues
Le plan en damier laisse place à des rues étroites d’une largeur de 7m. Cependant, les rue A et L sont plus larges et concentrent une circulation plus intense.
Les rues offrent des perspectives intéressantes notamment vers le morne à l’ouest et la mer à l’est mais aussi sur la cathédrale ou le marché.
De plus, dans certaines rues se dégagent des ensembles urbains aux gabarits homogè nes caractéristiques du Cap Haïtien.
A FAIRE : quartier du nord bord de mer route de Labadee entrée de ville Port lieux de passage importants pour le tourisme
Les places et les jardins
La place de la cathédrale et le pourtour du marché sont des espaces publics structurants autour desquels s’organise la vie urbaine.
Les espaces verts publics sont rares. La place du Carénage est un bel exemple d’espace public comportant à la fois un jardin et un équipement sportif.
Source: Photographies personnelles
Source: Réalisation personnelle
Le travail d’inventaire
Le terrain parcouru et identifié
Inventaire photographique Relevés manuscrits
Ilot photographié intégralement
Ilot photographié partiellement
Ilot photographié intégralement (données et cours de récupération)
Ilot photographié librement
Ilot non photographié
Ilot inventorié (données collectées)
Ilot ne comportant aucun élément inventoriable
Ilot non inventorié
L’espace marchand est riche mais menacé d’étouffement. Ce pôle économique et commercial majeur est le coeur de la vie urbaine, mais l’excessive concentration d’activités for melles ou non participe à l’engorgement des rues et à la désorganisation du centre. Outre les questions d’accessibilité, les problèmes sanitaires sont nombreux. Proposer une lecture du site qui s’appuie sur les éléments existants et valorise tant les lieux que les activités pourrait être une entrée au développement du centre ancien du Cap. Le travail porterait prioritairement sur une déconcentration des activités, une restauration de l’espace public et de la halle centrale dont la monumentalité structure le quartier et en marque l’identité.
N
50 m
Source:
Secteur du marché
Zone de marché informel
Fruits, sirop de canne, miel, sel...
Légumes
Viandes congelées,riz importés
Riz, poids, maïs, petit mil...
Oeufs, poules, dindes, pintades, avocats, coco, arachides
Produits venant de République Dominicaine âte, sauce tomate)
Ensemble d'éléments servant à la magie (poupées, encens)
Viande (boeufs, porcs, chèvres), huile végétale
Vaisselle Cassave
Cordes, sac en pailles, paniers, chapeaux en paille
Atelier Cap Haitien - Université Paris IV Sorbonne - Institut d’urbanisme et d’aménagement - 2009/2010 - François Dumail - Potentiel patrimonial Source: Photographies personnelles Réalisation personnelleDes axes et sites de projets
Structurer de la circulation
Les voies de circulation sont régulières tant dans leurs dimensionnement que dans leur implantation. Le réseau routier du centre ville compte 25 rues nord-sud et 17 rues est-ouest formant des intersections perpendiculaires, il s‘agit d‘une organisation en damier. Trois rues principales se dégagent en termes de taille et de fréquentation. En effet, les rues A et L (au sud et nord à la limite du centre ancien) ainsi que le boulevard du bord de mer sont plus larges que les autres rues et accueillent un trafic plus dense et surtout plus rapide que sur les autres rues. Partout ailleurs, la circulation est anarchique et chaotique.
Un travail simple de mise en place d’un plan de circulation semble pouvoir être conduit : reprendre les nids de poules, mettre en place des voies uniques cohérentes les unes avec les autres, définir les secteurs patrimoniaux susceptibles de devenir piétonniers... Les principes fondamentaux d’un tel travail doivent reposer sur une meilleure répartition du trafic pour le moment concentré de manière exagéré dans les rues dont la chaussée est en meilleur état.
Des axes et sites de projets
Le marché de l’art : nouvelle entrée de ville N 250 m
Le bord de mer est un site exceptionnel ; de part son environnement dégagé, sa vue sur les mornes et sur la baie mais aussi pour son rôle historique de porte de la ville. Aujourd’hui ce site semble pouvoir former un levier de revalorisation du centre et une porte au développement touristique de la ville. Les installations portuaires donnent immédiatement sur une prome nade sur la jetée jalonnée de boutiques d’artisanat. Les boutiques sont en mauvais état et la côte est largement polluée mais le potentiel des lieux est fort. Pour relancer ce lieu on pour rait imaginer d’en faire le débarcadère d’excursions touristiques en provenance de Labadie. Il serait également possible de s’appuyer sur les équipements et services présents dans le quartier voisin du carénage : hôtel du roi Christophe et du Mont Joli, restaurants, espaces verts... Les aménagements à réaliser pourraient être simples, au moins dans un premier temps : traitement de la côte pour juguler l’amoncellement de déchets, restauration des échoppes, plantation de nouveaux arbres. Dans un second temps, la construction d’un nouveau débarca dère, d’un lieu d’accueil pour les visiteurs ou de nouveaux commerces pourrait être souhaitée. La mise en place d’un circuit de découverte du patrimoine partant de ce point assurerait la cohérence des différents projets.
Un site agréable, Les mornes, accroche paysagère Vue sur la baie et la mangrove des équipements de qualité, Places, jardins Jardin privé Alignements de palmiers
et des nuisances à traiter. Terrain vague Berges polluées Rigoles emettant déchets et odeurs
Pistes de développement territorial
Le patrimoine mondial de l’UNESCO
I. Haïti et l’Unesco
Il est important de reprendre tout d’abord l’histoire de l’Unesco en Haïti. Le pays a signé la convention du patrimoine mondial le 18 janvier 1980. Le parc national historique a été classé par la suite, en 1982, sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.
En 2004, Haïti a fait une demande d’inscription du centre historique de Jacmel sur la liste indicative du patrimoine mondial. En effet, la liste indicative comprend les biens que l’Etat considère comme susceptibles d’être inscrits sur la liste du patrimoine mondial. Ainsi, le classement au patri moine mondial nécessite une inscription préalable sur la liste indicative du pays, et ce au moins un an avant le classement.
II. Potentiel du Cap Haïtien
La ville du Cap Haïtien possède une valeur uni verselle indéniable. Cependant, la rédaction d’un dossier de proposition d’inscription, ainsi que les démarches préalables, notamment l’inscription sur la liste indicative du patrimoine mondial nécessite des moyens financiers et humains importants.
En tant que patrimoine post-colonial, la ville du Cap Haïtien est particulièrement intéressante du point de vue de sa volumétrie. En effet, les construc tions sont en harmonie avec la morphologie d’ori gine de la ville et témoignent d’un style atypique ou qui dérogent aux traits culturels traditionnels.
III. Une catégorie particulière : le patrimoine en péril
Le patrimoine en péril comprend les sites en danger dont les menaces pourraient avoir des effets nuisibles sur leurs valeurs de patrimoine mondial. Cette catégorie concerne les sites déjà inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco et entraine une participation financière et technique de l’Unesco pour la conservation du bien menacé.
res par ajouts successifs d’étages en béton menace aujourd’hui certains bâtiments du centre ancien.
Le centre ancien du Cap Haïtien est aujourd’hui menacé par deux facteurs. Les modifications et al térations apportées aux bâtis entraînent une perte dans la cohérence architecturale et urbanistique ainsi qu’un affaiblissement des structures du bâtiment. En sachant que le deuxième facteur est celui des risques naturels (séisme, inondation, glisse ment de terrain), cet affaiblissement des structu
Pistes de développement territorial
Stratégie de protection du patrimoine
Les différentes pistes proposées constituent des leviers pour le développement économique et social de la ville.
I. Développement urbanistique
La protection des éléments patrimoniaux du centre ancien du Cap Haïtien doit être effectuée de manière souple par une démarche incitatrice. Une protection plus ciblée pour les ensembles homo gène témoignant d’une richesse particulière pourra être envisagée.
du patrimoine
L’élaboration d’un plan d’urbanisme global sur l’ensemble du territoire permettrait d’intégrer la protection du patrimoine dans un cadre de réflexion plus large. Ce plan permettrait la mise en cohérence des différentes actions dans le domaine de l’urba nisme et du patrimoine.
II. Développement touristique
cation par la création de plaquettes et de guides touristiques présentant les principaux monuments ainsi qu’une meilleure visibilité de la ville sur inter net.
Mise en relation des acteurs
Exemple de préconisations
- Respect du gabarit, préconisation esthétique.
- Utilisation des matériaux et techniques de construction respectant l’intégrité du bâtiment.
- Identification du patrimoine en péril.
Outils de mise en oeuvre
La création d’une structure d’expertise permettrait de faire le lien entre les différents acteurs. Des actions d’encadrement, de formation et de conseil aux habitants pour les réhabilitations seraient alors les missions principales de cette structure. Elle serait doté d’un fond d’aide à la réhabilitation destiné aux habitants pour la conservation et la mise en valeur
La mise en valeur du patrimoine du centre ancien s’inscrit dans le développement touristique régional. Le département du Nord est d’ailleurs désigné comme prioritaire dans le plan de dévelop pement touristique national.
La valorisation du patrimoine du Cap Haïtien est primordiale pour un développement touristique ul térieur. Cette valorisation reposera sur une gestion et une conservation du bâti dans le centre ancien mais aussi sur une bonne communication.
Propositions d’actions
- constitution de circuits touristiques s’appuyant sur ceux déjà identifié par l’ISPAN. Rénovation prio ritaire des éléments patrimoniaux et renforcement des équipements le long de ces circuits.
- mise en place d’une politique de communi
Tout projet de développement touristique doit être envisagé de manière globale et portée par l’en semble des acteurs concernés. Pour la région nord, il semble important de réunir les acteurs du tourisme existants et futurs au sein d’une coopération agissant dans le but d’un développement commun aux différentes branches du tourisme.
Renforcement des infrastructures
Le développement touristique de la région ne pourra se faire sans une augmentation quantitative et qualitative de l’offre d’équipements.
Concernant les transports, il faut augmenter la capacité d’accueil de l’aéroport puis travailler sur sa desserte afin d’en faire un aéroport international. Des liaisons terrestres régulières et sûres doivent être établies entre les différents points stratégiques (Labadie, Cap Haïtien, le parc historique).
L’offre hôtelière et commerciale doit être déve loppée et modernisée tout en veillant à conserver la typicité du Cap Haïtien.