Le présent document, concernant la Ville du Cap Haïtien, est une proposition pour un principe d’aménagement urbain. Il fait suite aux différents entretiens menés avec M. Patrick DELATOUR, Architecte de Monuments, Ministre du Tourisme et avec M. Leslie VOLTAIRE, Architecte Urbaniste, Superviseur National. Ces entretiens portaient essentiellement sur l’organisation spatiale de cette ville, son aménagement face à une urbanisation outrancière et sa revitalisation durable intégrant la valorisation du secteur tourisme, dont le produitdans cette partie du territoire national- est issu d’abord de la Mémoire et l’Histoire.
Cette proposition, hors programme, servira d’illustration graphique aux Termes de Référence élaborés par Paul-Emile SIMON, Architecte-Urbaniste DPLGF, Directeur de Projet et Coordonnateur National, en vue d’études plus détaillées de l’aménagement urbain du Cap Haïtien et du choix des aménagistes à retenir.
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Le Contexte
Chef-lieu du département du Nord, le Cap Haïtien, en passe de devenir la « capitale » de la région toute entière, subit les conséquences de son urbanisation.
Située en bout d’un promontoire, la ville est implantée à l’extrémité de la Nationale 1, qui s’y termine en impasse au cœur du centre urbain ancien. L’urbanisation a d’abord affecté ce centre, modifiant gravement le tissu urbain constitué d’ilots à formes régulières et de dimensions identiques. L’invasion s’est fait surtout au cœur des ilots, les densifiant et les transformant en espaces sous-intégrés ; le bâti en périphérie a conservé sa place mais a un peu perdu de sa modénature qui en faisait le charme. Malgré certaines dégradations et des flagrantes erreurs d’esthétique, la morphologie urbaine s’est maintenue. Il est grand temps d’intervenir pour retrouver le caractère urbain historique et sauvegarder l’essentiel classé depuis au patrimoine national.
A cette invasion du centre ancien a succédé l’occupation des espaces le long de la Nationale 1 et l’envahissement des piedmonts du Haut du Cap, au point où le lieu de mémoire qu’est Vertières et son mémorial, ainsi que Barrière Bouteille, porte de la ville, se retrouvent au cœur d’une agglomération nouvelle informe et dense. Cette urbanisation linéaire le long de la RN 1, coincée entre les piedmonts du Haut du Cap et le Bassin Haut d’Eau, cherchant un exutoire, a investi la nouvelle zone autour de l’aéroport située au sud-est de la ville, s’implantant sur des terrains marécageux et inondables.
Depuis peu, on assiste à l’occupation désordonnée des rives marécageuses du Bassin Haut d’Eau et surtout à celle de la presqu’île formant liaison entre l’aéroport et le centre ancien. Un pont figure bien sur une carte ancienne de 1785, qui relie la ville au nord-ouest et cette presqu’île. Cette dernière n’était qu’un bras de terre, peu large, comme le montre la photographie de 1927 ; sédiments et boues s’y sont agglutinés pour constituer une plateforme élargie de terres mouvantes sur lesquelles l’urbanisation s’est installée, accélérant encore plus l’envasement du Bassin Haut d’Eau qui se transforme en cloaque.
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Un nouveau pont a été récemment construit non loin de l’ancien qui a disparu. Il permet la liaison à travers la presqu’île avec la zone de l’aéroport, puis Milôt, le Parc Historique du Nord et, plus loin, Limonade, Fort-Liberté, Ouanaminthe et la République Dominicaine. Cette circulation très importante aboutit à la ville du Cap par cette presqu’île fortement densifiée sur un sol douteux. Il n’existe aucune liaison est-ouest à l’arrière du Bassin Haut d’Eau qui permettrait de désengorger la ville du Cap dans ses rapports quotidiens avec l’aéroport, ou de relier la RN 1 au nord-est tout en évitant le centre-ville. Cette absence de réseaux au sud de la ville pénalise la desserte des terres agricoles qui s’y trouvent.
Un Parti d’Urbanisme
Avec la mise en service en 2010-2011 de la future RN 3, venant du sud, qui longera l’aéroport à l’est, le problème des liaisons est-ouest s’amplifiera. Envisager l’urbanisme de la Ville du Cap Haïtien consiste à agir sur la transformation de quatre espaces majeurs :
• Le Pôle Urbain Ancien contenant la ville historique et l’actuel port, à l’ouest ;
• Un Pôle Urbain Nouveau à créer, à l’est, autour de l’aéroport et d’un nouveau port commercial ;
• L’Espace de Transition englobant la presqu’île toute entière pour des liaisons organiques et fonctionnelles est-ouest, tout en assurant au travers de cette presqu’île une traversée marine qui permettra la remise en eau du Bassin Haut d’Eau ;
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• Cette revitalisation du Bassin garantira l’aménagement de ses berges pour absorber un habitat nouveau et celui provenant des déplacements de populations à opérer. A l’arrière, plus au sud, les terres agricoles seront mises en valeur et exploitées, tout en permettant l’insertion d’un habitat peu dense de type semi-rural. Dans ces espaces seront créées les liaisons routières est-ouest entre la RN 1 et la RN 3, entre pôle urbain ancien et pôle urbain nouveau, en bref, entre départements du nord-est et du nord-ouest, évitant la forte pression sur la ville et sur la presqu’île de transition.
Le Schéma d’Aménagement proposé
L’accessibilité et les circulations urbaines
La seule route nationale 1 aboutissant au centre ville ancien, à partir duquel sont distribués les autres espaces majeurs, constitue l’élément de blocage et de dysfonctionnement de la ville toute entière. La route nationale 3 projetée à l’est de la première, programmée en 2010-2011, compliquera encore plus la circulation primaire, car il faudra bien passer d’est (zone industrielle, aéroport international…) en ouest (zones résidentielles et de services, port commercial…). Le passage obligé actuel se fait par la presqu’île fermant comme un clapet le bassin Haut d’Eau : on y accède par un pont unique et une voie primaire donne accès à la zone industrielle (bassin d’emploi) et à l’aéroport.
En prévision de la future Nationale 3 projetée à l’est, les liaisons entre ces deux nationales sont à assurer en priorité, hors territoire urbain. Des rocades de liaison, fonctionnant comme des « périphériques », sont à créer au sud de la ville. Trois rocades sont à prévoir en superposition au sud : la première, plus proche de la ville, reliera les grandes fonctions urbaines ; les deux autres, plus au sud, permettront les circulations départementale et régionale hors du territoire urbain.
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En avant de la première, et sur les berges du Bassin Haut d’Eau, une primaire dite « de corniche » assurera aussi la liaison est-ouest. Ces circulations primaires successives diminueront la pression sur la presqu’ile de transition qui aura une armature constituée d’un boulevard traité avec un paseo central et un autre pont pour la liaison avec le centre ancien.
Les fonctions urbaines
Avec cette nouvelle armature primaire, la mise en place des fonctions sur l’échiquier urbain sera la suivante :
Les équipements structurants
Les Ports : le port commercial actuellement en centre ville ancien sera déplacé vers l’est dans une zone offrant un mouillage en eau profonde plus apte à recevoir des porteconteneurs. Un terminal pétrolier y sera annexé.
Le port commercial actuel sera modifié : le chenal sera dragué pour permettre l’accès à des paquebots de croisière de moyen tonnage.
Le port de cabotage actuel sera transformé en un port de plaisance, une marina, pour l’accueil des yachts de croisière et autres embarcations de faible tonnage.
En banlieue proche, un port de croisière pour paquebots de fort tonnage sera bientôt construit sur la presqu’ile de Labadi, au nord de la ville du Cap.
L’Aéroport : la piste actuelle est à rectifier et à achever. Une piste de 3300 mètres est à prévoir pour un classement en classe A de ce futur aéroport international. La zone de sécurité, suffisamment large, sera cernée sur toute la périphérie d’aires boisées, servant de rideaux anti-bruits et des voies primaires de raccordement.
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Les Pôles Urbains
Le Pôle Urbain ancien, ville historique classée au patrimoine national, occupe la partie nord. Il est précédé à l’est de la zone portuaire commerciale, un boulevard de front de mer et, au centre, par les quartiers anciens, dont le tissu est un quadrillage plus ou moins régulier d’ilots bâtis en damier à l’extrémité de la route nationale 1. Ce pôle urbain ancien a été fortement investi. La concurrence accrue pour l’espace a été très mesurée au début car l’envahissement s’est opéré au cœur même des ilôts, préservant le bâti périphérique. La densité d’occupation devenant forte, la concurrence pour l’espace a obligé les plus récents migrants à immigrer vers le sud, le long de la nationale 1, vers l’est autour du Bassin Haut d’Eau, sur la presqu’ile de transition et autour de l’aéroport. La tentation a été aussi forte de déborder vers l’ouest du centre historique, au Haut du Cap et plus au nord le long du rivage conduisant aux vestiges des fortifications.
Agir sur ce Pôle Urbain ancien consiste en l’abaissement de la densité au centre ville historique. Des curetages seront effectués au cœur des ilots pour déplacement de 30% au moins des populations y habitant. Dès lors un réseau piétonnier s’installera reliant les cœurs d’ilots entre eux, en dehors des circulations carrossables périphériques. La mise en valeur de ces cours intérieures se traduira par l’implantation des fonctions diverses de services (artisanat, métiers d’art…), des commerces (galeries d’art, boutiques de souvenirs et autres…), de loisirs (restaurants, bars de détente…), le tout dans des écrins de verdure à sauvegarder pour des haltes le long des circuits de découvertes.
A l’opposé, le bâti périphérique le long des voies carrossables sera revitalisé et restauré en sauvegardant l’ambiance des rues et la modénature architecturale. Les fonctions mixtes d’administration, des services, de commerces et d’habitat seront retrouvées pour une revitalisation durable de ce pôle urbain ancien.
Le Boulevard du Front de Mer sera rénové sur toute sa longueur. Il se prolongera en route de corniche autour du Bassin Haut d’Eau jusqu’à l’aéroport.
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Le port Commercial actuel réaménagé en port de croisière pour des paquebots de moyen tonnage dégagera au centre de la plateforme une aire d’implantation de boutiques commerciales et des services hors douane et hors taxes. L’actuel Port de cabotage transformé en un port de plaisance (marina) sera aussi hors taxes et hors douane. Il en sera de même des deux ilots qui font face à ces espaces portuaires. L’objectif est d’intéresser la clientèle-cible de croisiéristes et d’excursionnistes naviguant dans les Caraïbes, et leur offrir des aires d’approvisionnement et de services nécessaires et suffisants à leurs croisières.
En prolongement au nord de ce nouveau port de croisière, un terrain triangulaire de belle superficie offre l’opportunité d’implantation d’un Hôtel-Casino de très bon standing international. Ce sera un hôtel « pied dans l’eau » offrant des vues imprenables au soleil levant sur la mer.
Le Pôle Urbain Nouveau s’impose de lui-même avec la nouvelle implantation du port commercial en eau profonde en la partie la plus à l’est de la ville. Le pôle urbain nouveau regroupera des fonctions diverses, industrielles, commerciales et de services, à étaler entre l’aéroport international et le nouveau port commercial.
A l’angle nord-est de l’aéroport sera implanté le centre de ce nouveau pôle urbain ; une foire commerciale permanente y est prévue, avec à proximité, une aire de détente, de jeux récréatifs publics et une crique abritée avec des espaces réservés à la pêche industrielle et aux loisirs. En prolongement vers le nouveau port, cette partie de littoral envasée sera draguée, mettant en valeur une large baie où sera implantée une zone franche industrielle et commerciale.
A l’arrière de ce Pôle Urbain Nouveau prendront place les zones d’habitat.
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Les Espaces de Transition
Assureront la liaison organique et fonctionnelle entre les deux Pôles Urbains précédents. L’espace le plus vaste sera celui mis en valeur autour du Bassin Haut d’Eau qu’il faudra curer, draguer, pour une meilleure mise en eau. Autour de ce Bassin, de l’aéroport jusqu’ au centre ville actuel, des quartiers nouveaux seront aménagés autour de deux centres secondaires et la partie longeant la Nationale 1 sera restructurée. Dans ce vaste espace, l’habitat sera prioritaire pour le relogement des populations déplacées et celui des nouveaux ménages.
L’autre espace de transition est la presqu’île reliant l’aéroport au centre urbain actuel. L’originalité de son aménagement est la formation d’ilots entrecoupés de canaux de communication assurant le passage de la mer vers le Bassin Haut d’Eau. Ces ilots seront créés à l’aide de remblais provenant des sédiments non pollués obtenus après dragage et curage du fonds marin.
L’épi central se présente sous la forme d’un boulevard courbe continu, traité avec un paseo central planté. Au sud de ce boulevard, côté Bassin, seront implantés des équipements à l’échelle de la Ville (aires sportives, campus universitaire, centre hospitalo-universitaire, institut de formation professionnelle…etc.), ainsi que des espaces commerciaux, de services et d’habitat collectif (petits immeubles de R à R+3). Au nord du boulevard, côté mer, reconstituant une large baie artificielle, les ilots seront réservés à de l’immobilier de loisirs et à de l’habitat de standing (logements jumelés de R à R+1), des boutiques commerciales, des locaux de profession libérale et à des espaces de plein air à caractère balnéaire.
Au centre de cette baie artificielle, un ilot sera réservé à l’implantation de resorts hôteliers de standing, précédés d’une aire commerciale. L’ensemble de cet ilot sera sous statut de zone franche touristique et les commerces hors douane et hors taxes.
A l’est de cette baie, à proximité de l’aéroport international, un golf de 18 trous sera aménagé, relié aux espaces récréatifs publics en bordure de mer. Le golf traversera toute
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la presqu’île en longeant l’aéroport. Face à l’aérogare, un Hôtel du Golf sera implanté, avec des logements individuels de standing à proximité.
Juste après ce golf, au démarrage du grand boulevard, la butte du Fort Saint-Michel sera mise en valeur : les vestiges de la fortification seront restaurés et intégrés à l’édification d’un hôtel de grand standing, l’Hôtel du Fort Saint-Michel, dominant l’ensemble.
A l’autre extrémité du boulevard, un rond-point sera prétexte à l’aménagement d’un centre secondaire d’où partiront les accès aux ponts reliant la ville ancienne. A proximité de ce rond-point, au bout de la presqu’île de transition, des espaces culturels seront réservés avec un Palais des Conférences et de la Culture ainsi qu’un Musée. Un Hôtel des Congrès s’implantera à proximité, face à un parc aménagé sur le littoral.
Les Aires en Périphérie
A l’est de l’aéroport et au sud du Bassin Haut d’Eau, les aires périphériques sont destinées à l’agriculture. Celles situées en première couronne seront vouées aux activités agricoles et à de l’habitat de type semi-rural à faible densité. Les carrefours existant au droit des Routes Nationales 1 et 3 et des routes départementales seront étoffés en centres secondaires à caractère urbain (Carrefour-la-Mort ….etc.)
L’urbanisation se développant à l’ouest de la ville historique vers le Haut du Cap sera freinée par un cordon agricole où l’habitat sera toléré à très faible densité, mais où les activités agricoles pourront se développer pour une production vouée à la consommation urbaine en priorité. Au dessus, les terrains seront non bâtis et une vaste campagne de reforestation y sera menée.
Il en sera de même au nord de la ville avec la création de la forêt aménagée du Plateau François en lieux de détente, de promenades et d’activités de plein air. Une couronne
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d’habitat en lotissement de standing sera implantée sur les piedmonts offrant la vue sur le large.
Le long du littoral et en prolongement du Boulevard du Front de Mer, la voie primaire de corniche donnera accès aux vestiges des fortifications (Fort Magny, Fort aux Dames, Fort Picolet … etc.). Toutes constructions y seront interdites, à l’exception de celles à caractère léger et de loisirs.
En contrebas du Plateau François un axe primaire partant du centre ville ancien rejoindra Cormier et son Hôtel de plage ainsi que le complexe balnéaire de Labadi voué aux grands croisiéristes. Le caractère touristique paysager à donner à cet axe primaire permettra, tout en évitant les constructions, de rallier Labadi et de considérer ce complexe comme étant la grande banlieue du Cap-Haitien.
En conclusion, ces grands principes d’aménagement intégrés aux termes de référence d’une étude d’urbanisme plus précise à réaliser, en constitueront la base et l’ossature. Ils prouvent de l’importance à donner au tourisme, considéré dans cet exercice de planification comme secteur transversal intéressant toutes les fonctions urbaines. Aussi l’espace regroupant l’aéroport international, la presqu’île de transition, le pôle urbain ancien et la pointe nord du cap formera une grande Zone de Développement Touristique(ZDT) justifiant ainsi la vocation même de la ville du Cap Haïtien, au cœur de ce vaste ensemble historique et mémorial que sont la Plaine et le Parc Historique du Nord.
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