LE GUIDE OFFICIEL
N° SPÉCIAL
CANNES 2016
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ACTUELLEMENT EN SALLE ACTUELLEMENT EN SALLE PRIX DU PUBLIC
PRIX DU PUBLIC
& HUGO DANS LE MÊME BATEAU THÉOTHÉO & HUGO DANS LE MÊME BATEAU DE OLIVIER DUCASTEL ET JACQUES MARTINEAU UN FILMUN DEFILM OLIVIER DUCASTEL ET JACQUES MARTINEAU EMMANUEL CHAUMET PRÉSENTE EMMANUEL CHAUMET PRÉSENTE
PRIX DU PUBLIC
Théo Théo && hugo hugo
Olivier Olivier Ducastel Ducastel Jacques Jacques Martineau Martineau UN FILM DE
UN FILM DE
ET
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AVEC Geoffrey Geoffrey Couët Couët ET François ET François NambotNambot
AVEC
DISTRIBUTION DES RÔLES Simon Frenay DISTRIBUTION DES RÔLESASSISTANT SimonÀ LAFrenay MISE EN SCÈNE Maxence Germain
Maxence GermainIMAGE Manuel Marmier IMAGE Manuel Marmier SON Tristan Pontécaille Clément Badin & Victor Praud SON Tristan Pontécaille DÉCORS& Barnabé d’Hauteville & Clara Noël Clément Badin Victor Praud MONTAGE Pierre Deschamps DÉCORS Barnabé d’Hauteville & Clara Noël MUSIQUE Karelle + Kuntur MONTAGE Pierre Deschamps DE PRODUCTION Diane Weber MUSIQUE Karelle + DIRECTION Kuntur PRODUCTION VENTES INTERNATIONALES Ecce Films DIRECTION DE PRODUCTION Diane&Weber COPRODUCTION & DISTRIBUTION Épicentre films PRODUCTION & VENTES INTERNATIONALES Ecce Films Daniel Chabannes DE Sars COPRODUCTION & DISTRIBUTION Épicentre films ASSISTANT À LA MISE EN SCÈNE
PRIX DU PUBLIC
le même bateau dansdans le même bateau
& Corentin Daniel Chabannes DE Sars Dong-Jin Sénéchal & Corentin Dong-Jin Sénéchal
ACTUELLEMENT EN ACTUELLEMENT EN SALLE ACTUELLEMENT ENSALLE SALLE
EN SALLES SALLES LE 88 JUIN JUIN EN SALLES LE 8 JUIN EN LE
VISITE OU MÉMOIRES VISITE OU VISITE OUMÉMOIRES MÉMOIRES ET CONFESSIONS ET CONFESSIONS ET CONFESSIONS
LA QUATRIÈME VOIE VOIE LA QUATRIÈME QUATRIÈME VOIE LA
UN FILM MANOEL DE OLIVEIRA UN FILM DE DE UNDE FILM DEMANOEL MANOEL DEOLIVEIRA OLIVEIRA
SALLES 31AOÛT AOÛT EN SALLES LE 31 AOÛT ENENSALLES LELE31
PROCHAINEMENT EN PROCHAINEMENT EN SALLE PROCHAINEMENT ENSALLE SALLE
OLMO ET LAMOUETTE MOUETTE OLMOOLMO ET LAET MOUETTE LA
du film de Locarno Festival du filmFestival de Locarno Festival du film de Locarno Sélection officielle Sélection officielle Sélection officielle
UNDE FILM DEPETRA PETRA COSTA ET LEA GLOB GLOB UN FILM PETRA COSTACOSTA ET LEAET GLOB UN FILM DE LEA
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UN FILM GURVINDER SINGHSINGH UNDE FILM DE GURVINDER GURVINDER SINGH UN FILM DE
L’ORNITHOLOGUE L’ORNITHOLOGUE L’ORNITHOLOGUE
UN FILM DE JOÃO RODRIGUES UN FILM JOÃO RODRIGUES UNDE FILM DE PEDRO JOÃO PEDRO PEDRO RODRIGUES
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LE MEILLEUR DU CINÉMA LGBT À CANNES COFFRETJOÃO PEDRO RODRIGUES
HORS LES MURS
A GIRL AT MY DOOR
DE DAVID LAMBERT
DE JULY JUNG
O FANTASMA / ODETE MOURIR COMME UN HOMME LA DERNIÈRE FOIS QUE J’AI VU MACAO
L’INCONNU DU LAC
OPIUM
LAN YU
DE ARIELLE DOMBASLE
DE STANLEY KWAN
DE ALAIN GUIRAUDIE
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Édito / Editorial Open-minded (déf.) : Ouvert d’esprit, à l’écoute, sensible à la pluralité des êtres et du monde. C’est l’histoire d’un rêve, celui d’un voyage à Cannes où l’on parviendrait malgré la frénésie ambiante à tout regarder, vivre, ressentir avec le cœur ouvert. C’est l’histoire d’un cinéma aux mille lumières, où chaque individu brillerait de plein feu sur la toile à fantasmes. C’est l’histoire d’un espoir qui s’affirme chaque année un peu plus pour offrir la certitude qu’une autre réalité existe. C’est l’histoire d’un nouveau monde, où tous les cadres explosent, où chacun peut être un autre et le même à la fois. Un monde où l’on aime qui l’on veut quand on veut si l’on veut, un monde où l’on est qui l’on veut si l’on peut. Ouvrez grand les yeux et le cœur : un nouveau chapitre s’écrit. C’est l’histoire de la Queer Palm...
Carole Milleliri Rédactrice en chef de Clap!
www. clapmag .com Clap! Mag @clapmag
Open-minded (def) : Willing to consider different thoughts or opinions, attentive to others, willing to consider the singularity of both others and the world. This is a story about a dream: a dream of being at Cannes, of being able to see and experience everything, of feeling my surroundings with an open heart, despite the hype that permeates the festival. This is the story of a silver screen, a cinematic canvas on which every single being would shine brightly, a phantasmagorical spotlight. This is the story of an ever-growing hope that another reality might exist. This is the story of a new world, where boundaries are broken one by one, where one can both become someone else and stay the same – a world where one can love whomever they want, where one can become whatever they want. Keep your eyes and heart open: a new chapter is being written. This is the story of the Queer Palm.
Carole Milleliri Editor-in-chief of Clap!
Édité par ClapMag. Association de loi 1901. N°SIRET 0249320500016. 57 rue Cantagrel - 75013 Paris. N°ISSN : 22721517. Dépôt légal à parution. N°CPPAP : 0716G92399. Fondateur : Romain Dubois. Directeur de la publication : Franck Finance-Madureira. Directrice de la rédaction : Ava Cahen. Rédactrice en chef : Carole Milleliri. Comité de rédaction : Ava Cahen, Franck Finance-Madureira, Carole Milleliri. Ont participé à ce numéro : Manuel Billi, Antoine Damiens, Hadrien Fiere, Gauthier Moindrot. Couverture : Alex Nicolas, Frédéric Beehupp, Sophie Lorant. Maquette : Arthur Bayon, avec Clémence Besset. Courrier rédaction : Clap! 57 rue Cantagrel - 75013 Paris. Site internet : www.clapmag.com. Email : contact@clapmag.com. Impression : Fine Paper Print Solutions. Rua do Crucifixo, 32 1100-183 Lisboa - Portugal. Distribution : MLP. Publicité, Partenariats et Communication : Feel Good Media / Lauréline Jouanneau (laureline@feelgoodmedia.fr). © La reproduction, même partielle, de tout texte, image ou photo présents sur dans ce magazine est interdite sans accord préalable. Les logos et marques déposés sont la propriété de leurs détenteurs. La rédaction n’est pas responsable des textes et photos qui lui sont communiqués. Toutes les images présentes dans le magazine ont des droits réservés.
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L’ANNÉE DU CINÉMA QUEER A YEAR OF QUEER CINEMA Révélations et révolutions Discoveries and revolutions On retient de l’année passée une perle, une pièce rare et brillante, brisant les codes pour célébrer la liberté humaine, artistique, créative. Sorti en France le 31 décembre 2015, tel un présent de Nouvel An,Tangerine de Sean Baker est l’apothéose d’un cinéma en mouvement. Un cinéma qui crée et défend ses propres valeurs, son propre regard. Si 2014 était l’année des luttes, 2015 fut celle de la découverte. De soi-même d’abord, pour la vendeuse timide de Carol de Todd Haynes, dernière Queer Palm, comme pour l’adolescente survoltée de Pauline s’arrache d’Émilie Brisavoine. Mais aussi la découverte de soi au monde, transcendée par Eddie Redmayne dans The Danish Girl. Le cinéma LGBT exalte ce dynamisme vivace, cette volonté d’émancipation qui se fait ressentir tant dans la forme que dans le fond. Cinéma de révélation, cinéma de révolutions, le 7e art version queer célèbre les actes, les instants, les découvertes de l’âme, du corps, de l’individu. Tour d’horizon des principales sorties de 2015. Since the 2015 edition of the Queer Palm, a cinematic gem has stood out: a rare, unique, work of art celebrating creative, humane, and artistic freedom. Released in the last few days of 2015, Sean Baker’s Tangerine stood out as the pinnacle of a form of cinema celebrating its own values, its own virtues, its own perspective on life. While in 2014 LGBT cinema was concerned with depicting social and individual struggles, in 2015 it focused on discoveries – discovering oneself, as in Carol (awarded the Queer Palm last year) or in Pauline s’arrache; or revealing oneself to the world, as in The Danish Girl. LGBT cinema is deeply enmeshed in a quest for emancipation, both politically and aesthetically. Queer cinema celebrates not only actions, but also moments and discoveries - of the mind, body and self. Overview of some key films released these past monts. Hadrien Fiere
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© Grizouille Films
Renat Shuteev et Andrey Koshman dans Stand de Jonathan Taïeb
Changer son temps Le changement des êtres entraîne le changement des sociétés. Et cette évolution se fait rarement sans frictions. Dépourvus de repères pour construire leur identité, certains personnages – comme Lili Elbe, magistralement interprétée par Eddie Redmayne dans The Danish Girl – doivent se construire par eux-mêmes. Le parcours identitaire de Lili se fait à une époque où être transgenre pouvait conduire à l’internement, voire à la lobotomisation. À la gravité du sujet, le réalisateur Tom Hooper oppose le regard personnel de l’épouse Gerda Wegener. Le film se concentre ainsi sur le drame humain plus que sur le contexte social. À l’inverse, Free Love de Peter Sollett utilisait le drame amoureux de Laurel ( Julianne Moore) et Stacie (Ellen Page) pour livrer un acte de cinéma militant, dans lequel deux femmes se battent ensemble contre l’injustice du milieu policier américain. Deux films pour deux combats traités avec une pudeur
solennelle par leurs auteurs. Les héros et héroïnes de The Danish Girl et Free Love sont les porte-étendards, les figures de proue médiatiques d’une lutte amenée sur les écrans pour toucher le plus large public possible. Allant dans le même sens, malgré une exposition médiatique plus réduite, Stand de Jonathan Taïeb se positionne de façon plus brute et plus contemporaine face aux menaces de l’homophobie en Russie. Le combat continue, aussi longtemps qu’existera le cinéma.
Spirit of the time Our society has evolved quite a bit – so have people. Those social changes necessarily entail some sort of opposition. In The Danish Girl, Lily Elbe (masterfully played by Eddie Redmayne) does not have any sort of role-model: her quest for identity, set at a time when being trans oftentimes led to forced confinement or lobotomization, is a necessity. Director Tom Hooper signs here a dramatic yet 7
Tranches de vie Pour d’autres films sortis cette année, le drame humain représente un sujet suffisamment fort pour laisser le contexte social plus large de côté – même si celui-
Baiser fougueux dans Pauline s’arrache
© Jour2Fête
highly important film. In depicting tenderly and lovingly Lili’s wife Gerda Wegener, The Danish Girl is a powerful human drama that avoids the danger of a heavy-handed social critique. Peter Sollett’s militant act of creativity Freeheld depicts two women in love – Lauren ( Julianne Moore) and Stacie (Ellen page) fighting for domestic partner benefits in the American police forces. Two films, two different depictions of social struggle. In both The Danish Girl and Freeheld, a large audience is exposed to the necessity of our social struggles, as immortalized on the silver screen. Of course, not all films reach such a huge audience. Jonathan Taïeb’s Stand, for instance, is a brutal yet highly modern take on homophobia in Russia. As long as cinema will exist, the screen will echo the fights for freedom.
ci reste toujours présent. Plus qu’une réflexion sur l’amour homosexuel dans les années 1950, Carol est avant tout l’histoire d’une jeune femme à la recherche d’ellemême. Le contexte social donne plus de densité à certains aspects du récit,
Focus sur : Pauline s’arrache
Le regard de Gauthier Moindrot, co-rédacteur en chef de clapmag.com Tout, dans Pauline s’arrache, semble over-the-top. Le père, excentrique, bisexuel et travesti à ses heures ; la mère, ancienne reine de la nuit ; cet amour vache, qu’ils ont tendance à s’envoyer en pleine tronche et qui transperce les murs et les oreilles... Et, au milieu, Pauline, adolescente grande gueule, en plein âge ingrat où les pulsions et les pensées tourbillonnent. À l’image de ses parents, Pauline s’affirme, avec force et fracas, bien loin de la représentation habituelle de la jeune femme qui minaude et regarde les garçons de loin. De ces personnages tonitruants, Émilie Brisavoine ne pouvait faire qu’un documentaire : toute fiction aurait semblé invraisemblable. Grand bien lui en a pris. Pauline s’arrache est un geste libre, raconté sous forme de conte, filmé à l’intime. Une belle déclaration d’amour inattendue et envoûtante qui vient nuancer un adage bien connu : on ne choisit peut-être pas sa famille... mais on peut trouver quoi en faire. 8
Focus on: Pauline s’arrache
By Gauthier Moindrot, co-editor in chief, clapmag.com Everything in Pauline s’arrache seems over-the-top: the father - eccentric, bisexual, occasional transvestite; the mother - a former nightlife queen; their relationship – literally “screaming”; and Pauline - a loud-mouthed teenager, caught in-between, but also the swirl of her thoughts and passions. Just like her parents, Pauline is resolutely far from traditional cinematographic clichés. She is not the usual teenage girl slightly flirting, watching boys from afar. Colorful yet profoundly realistic: Emilie Brisavoine signs here a compelling documentary on a family no one would have dared to depict in a fiction film. Pauline s’arrache is a free geste, a profondly intimate story depicted as a fairy tale. Beautiful display of love, this unexpected and intriguing first film brings some nuance to an old saying: we can’t choose our family... but we can choose what we do with it. notamment à la bataille menée par Carol pour divorcer de son époux. Mais le cœur du sujet reste l’humain, la quête d’identité et de liberté. Sous les traits de Rooney Mara, le personnage de Therese est une âme bourgeonnante, prête à éclore, prête à se révéler à elle-même, et pour elle-même. Dans Tangerine, Sean Baker nous plonge dans le quotidien de personnages vivant en marge du L.A. habituellement rêvé par le cinéma américain. En ressort un conte tendre, vibrant, destroy, une épopée urbaine saisissant la force de ses personnages principaux. La violence des actes et des regards est bien présente, mais Baker n’en fait jamais le cœur de son film. De même, Que Viva Eisenstein s’intéresse à dix jours de la vie du réalisateur culte, choisissant une parenthèse temporelle définie, durant laquelle l’auteur du Cuirassé Potemkine, installé au Mexique, réalise son nouveau projet. Un instantané de vie durant lequel Eisenstein (re)découvre l’amour et la joie du corps en compagnie de son amant Palomino Cañedo. En 2015, le cinéma queer célèbre plus que jamais ce sens de la découverte, de la révélation – voire de la révolution – de soi, de l’individu.
Slices of life Several films released recently thematized human drama. Carol, Todd Haynes’ t o u c h i n g rom a n c e s t a r r i n g C a t e Blanchett, is a story of self-discovery rather than a broader reflexion on homosexual love in the 1950’s, intimately illustrating the protagonists’ quest for freedom and identity. Young Therese, played by Rooney Mara, is a young soul, simply waiting to blossom and discover her true self. Sean Baker’s Tangerine depicts the lives of people traditionally held to be marginal, set entirely on Los Angeles’ sun-bathed boulevards. Tender, vibrant, yet grimy, Tangerine is a gracefully executed odyssey. While acts of violence do appear on screen, they never become the focus of Baker’s vision. Peter Greenaway’s Eisenstein in Guanajuato focuses on ten days in the life of acclaimed director Eisenstein. Centering on what is often considered to be a footnote in the life of the man who directed Battleship Potemkin, Greenaway’s film is interested in Eisenstein’s Mexico period – a city 9
Focus sur : Tangerine
Le regard d’Ava Cahen, directrice de la rédaction de Clap! Au cinéma, la périmètre de L.A. est balisé : boutiques de luxe, lycées huppés, villas alignées sur une colline. Une ville touristique qui se donne des grands airs, dont Sean Baker montre la face cachée. Bienvenue à Tinseltown, royaume des princesses de la rue. L’héroïne se prénomme Sin-Dee (comprenez Cinderella ) et fête sa sortie de prison, le jour de son anniversaire, en compagnie de sa meilleure amie. Autour d’un donut, les deux copines trans font le point. Le boulot, les amours, les emmerdes. Parmi les mots qui fusent comme un éclair, un nom sort du lot : celui de Chester, petit ami de Sin-Dee. Un homme infidèle qui a profité de son absence pour se taper de « vraies morues ». Pas jojo. La mesure du film est battue par ses héroïnes survoltées. Co-scénariste et réalisateur, Sean Baker multiplie ici les genres et les tonalités pour mieux les imbriquer. Tangerine, le miroir vivifiant d’un monde qui va de l’avant. Une ode à la mixité. in which he was directing his new project. Best described as a snapshot of Eisenstein’s life, the film thematises his (re)discovering of love and pleasure in the arms of his guide Palomina. In short, 2015 was a year of celebration in queer cinema: more than ever, a year of momentary epiphanies, of fleeing instants of individual liberation.
Périodes de vie Étudier ces temps de construction – ces temps de défis, de joie, de peine – ont rythmé l’année du cinéma queer. L’approche initiatique est prise à bras le corps par certains réalisateurs, parfois avec violence, parfois avec tendresse. Cette tendresse, on la retrouve dans le regard d’Émilie Brisavoine sur sa tribu dans Pauline s’arrache. Le documentaire sorti à l’hiver 2015 étonne par sa force et sa sincérité, suivant la vie d’une ado quatre ans durant pour montrer comment se construit l’individu, comment se vit l’amour, comment se développe la différence. Totalement à l’opposé, le 10
drame italien Mezzanotte présentait les obstacles s’opposant à la culture de ces différences. Fuyant le traditionalisme de la société sicilienne, l’androgyne Davide bâtit son propre récit initiatique aux côtés de prostitués gays. Un sujet tenant à cœur aux réalisateurs queer – Larry Clark et Gregg Araki en tête – accompagnant l’éclosion du protagoniste dans l’étouffante nuit italienne. Paradoxale chaleur des corps venant se substituer à la chaleur des âmes. Au même titre, le drame brésilien Beira Mar (de Filipe Matzembacher et Marcio Reolon) choisit la temporalité d’une saison hivernale pour filmer la découverte de l’amour entre garçons. Reposant sur les thématiques classiques de la romance adolescente, Beira Mar fait de cette découverte une mission, un remède contre la mélancolie. Accomplissement des personnages, accomplissement des réalisateurs, accomplissement de discours sociaux ou humanistes : le cinéma queer version 2015-2016 célèbre la (re) découverte, la force de l’individu et de ses combats.
These past few years, self-discovery has been a recurring theme in queer cinema. Several directors have focused on initiation - sometimes with sheer brutality, sometimes with a touching tenderness. Emilie Brisavoine’s Pauline s’arrache belongs to the later: tender and sincere, this documentary follows four years in the life of Pauline, a teenager – carefully depicting her self-growth but also the evolution of love and the fertile nature of our differences. The Italian film Mezzanotte specifically focuses on the obstacles standing in the way of those differences. Running away from traditional Sicily, androgynous Davide evolves alongside gay escorts and sex workers. Sex work and marginality, subjects tackled by many queer directors including Larry Clark and Gregg Araki, are at the core of Davide’s selfdiscovery. The warmth of the soul makes way for the warmth of the body. Similarly, the Brazilian drama Beira Mar (directed by Filipe Matzenbacher and Marcio Reolon) depicts the love that emerges
between two boys. Using the familiar tropes of adolescent romances, Beira Mar turns self-discovery into a mission, a cure against melancholia. As characters and directors come into their own, as social and humanist stances are brought to fruition, queer cinema celebrates a discovery of strength – a self-discovery, but also fundamentally the discovering of struggles.
© ARP Sélection
Stages of life
Kitana Kiki Rodriguez et Mya Taylor dans Tangerine de Sean Baker
Focus on: Tangerine By Ava Cahen, editor of Clap!
In the movies, the borders of L.A. are clearly defined: luxury stores, prestigious high schools, villas lining up on a hill. A tourist city with an attitude, whose true colors are unveiled by Sean Baker. Welcome to Tinseltown, the kingdom of street princesses. The heroine’s name is Sin-Dee (as in Cinderella), and she’s out to celebrate her release from prison, on her birthday, with her best friend. Sharing a doughnut, the two trans besties catch up. On work, on love, on day-to-day bullshit. A name emerges from their fast-paced word flow : Chester, Sin-Dee’s boyfriend. An unfaithful man who took her absence as an opportunity to screw « real bitches ». It ain’t pretty. The rythm is set to the beat of those over-the-top heroines. Sean Baker, who co-wrote and directed Tangerine, plays with genres and tones to better merge them. Tangerine is the revigorating mirror of a world moving forward. An ode to mixity. 11
Focus sur : Free Love
Le regard de Gauthier Moindrot, co-rédacteur en chef de clapmag.com On aurait aimé que Free Love soit plus audacieux. Plus aventureux. Si le film de Peter Sollett ne marquera pas autant les esprits qu’on l’aurait souhaité, c’est peut-être à cause de sa réalisation trop classique et une certaine tendance au mélo. Qu’importe : Free Love a eu la volonté et le courage de mettre en lumière un combat nécessaire. Celui, au début des années 2000, d’une flic malade qui s’est battue jusqu’à la fin pour que sa pension aille à la femme de sa vie après son décès. Très médiatisée à l’époque, l’affaire aura permis au débat sur le mariage homosexuel de passer la vitesse supérieure. Porté par une Julianne Moore décidément fan des transformations physiques et une Ellen Page toujours plus investie dans le combat pour les droits LGBT, le film rappelle que le parcours n’a pas été – et ne sera pas, encore et toujours – sans embûches. À l’heure où certains États s’affirment toujours plus discriminants envers la communauté, ce message égalitaire porteur d’espoir n’est pas de trop.
Focus on: Freeheld
© Bac Films
Written by Gauthier Moindrot, co-editor in chief, clapmag.com Peter Sollett’s film has not been the milestone we may have hoped for because of its relatively average directing and its melodramatic tendencies. But Freeheld has both the will and the guts to shed a light on a necessary fight: the fight of a policewoman who, in the early 2000s, struggled until the very end to ensure that her pension would be granted to the woman she loved. The case turned into a media blitz and enabled a nation-wide debate on same-sex marriage. Starring Julianne Moore (in another fantastic physical transformation) and Ellen Page (more involved than ever in her fight for LGBT rights), the film reminds us all that the path was - and still is - a difficult one. As many States relentlessly discriminate against the LGBT community, the hopeful and egalitarian message carried by Freeheld rings as a necessary one. 12
B AT H Y S P H E R E P R O D U C T I O N S E T J O U R 2 F Ê T E P R É S E N T E N T
“Un home-movie
bouillonnant” LES INROCKS
“Un magnifique portrait de jeune fille” LE MONDE
“Un documentaire tourbillonnant et drôle”
DIRECTION ARTISTIQUE : AURELIE STEFANI ILLUSTRATION : EMILIE BRISAVOINE
PREMIÈRE
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LE JURY DE LA QUEER PALM 2016 MEET THE 2016 QUEER PALM JURY Olivier Ducastel & Jacques Martineau Présidents du jury / Head of the jury Olivier Ducastel
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Révélé en 1998 avec Jeanne et le garçon formidable, une comédie musicale sur le Sida qui rendait hommage au maître Demy, le couple devenu duo vient de sortir son dernier film, Théo & Hugo dans le même bateau (en salles depuis le 27 avril dernier). Ils n’ont pas hésité un instant quand l’invitation de présider le jury de la 7e Queer Palm leur a été faite. Il faut dire qu’ils étaient les parrains du prix pour son lancement en 2010 !
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Eight years after their 1998 breakthrough The Perfect Guy - a musical dealing with HIV/AIDS in the form of an homage to Propos recueillis par / Interview by Jacques Demy, these two partners Franck Finance-Madureira in crime are releasing their latest feature, Paris 05:59 (Théo & Hugo dans le même bateau, released in France on April, 27th). Without Jacques Martineau hesitating, they agreed to join the Queer Palm as heads of the 7th Jury. The choice was evident: Olivier Ducastel and Jacques Martineau have been supporting the Queer Palm since its humble beginnings in 2010!
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Vous avez souvent été récompensés par le jury (et le prix du public cette année) du Teddy Award à Berlin, vous avez remporté le prix LGBT Premio Maguey au dernier festival de Guadalajara et vous avez été les parrains de la première Queer Palm. Que représentent pour vous ces prix LGBT ou queer ? Olivier Ducastel : Joie et fierté. Jacques Martineau : Sur un plan purement personnel, ces prix sont un plaisir, un honneur et donnent le sentiment que les personnes LGBT ou queer se reconnaissent dans les images que nous produisons. Sur un plan politique, ces prix assurent la visibilité et la promotion d’œuvres souvent marginalisées pour des raisons qui n’ont rien à voir avec leurs qualités artistiques.
mais je préfère de loin Tom à la ferme et Mommy. Il ne s’agit vraiment que de mon goût dans toute sa subjectivité et ce n’est pas un jugement sur les films. L’Inconnu du lac (Alain Guiraudie, Queer Palm 2013), c’est mon Guiraudie préféré. Pride (Matthew Warchus, Queer Palm 2014) dégage une très belle énergie et une grande émotion. J.M. : Laurence Anyways, c’est mon préféré dans la filmographie de Xavier Dolan. Quand j’ai vu L’Inconnu du lac, j’ai ressenti un soupçon de jalousie à cause de sa grande qualité formelle. Je me suis laissé émouvoir par Pride. Pour ce qui est de Carol (Todd Haynes, Queer Palm 2015), c’est toujours très beau, mais un peu glacé pour moi.
Quelles sont vos icônes dans le cinéma ? O.D. : Marilyn Monroe, Marlene Dietrich, Lauren Bacall, Catherine Deneuve, Julia Roberts, Jennifer Lawrence, Gary Cooper, Treat Williams dans Hair, Harrison Ford, Adrien Brody, Ryan Gosling. J.M. : Je ne suis pas très « icônes », mais Marlene, incontournable. En réalisateurs, Demy et Gus Van Sant.
« Ces prix assurent la visibilité et la promotion d’œuvres souvent marginalisées »
Vos trois films queer préférés ? O.D. : A Bigger Splash de Jack Hazan (1973), Querelle de Rainer Werner Fassbinder (1982), Les hommes préf èrent les blondes de Howard Hawks (1953). J.M. : Pink Flamingos de John Waters (1972), Querelle, My Own Private Idaho de Gus Van Sant (1991). Un avis sur les films ayant reçu la Queer Palm (ceux que vous avez vus !) ? O.D. : J’ai vu Laurence Anyways (Xavier Dolan, Queer Palm 2012)
Un coup de cœur cette année parmi les films vus au cinéma ? O.D. : Le Bouton de nacre de Patricio Guzman. J.M. : Pas LGBT : Vers l’autre rive de Kurosawa. LGBT : Inside the Chinese Closet, documentaire de Sophia Luvara, pas distribué en France pour l’instant. Dans vos fantasmes les plus fous, au bras de qui aimeriez-vous monter les marches de Cannes ? O.D. : Adrien Brody à droite et Ryan Gosling à gauche. J.M. : Irréaliste : Divine. Réaliste : Julia Roberts. 15
You were acclaimed by the Teddy Awards’ jury (and audience) at the Berlinale this year, you were awarded the LGBT Premio Maguey at the Guadalajara festival, and you have been vocal supports of the Queer Palm since its beginnings. What do these LGBT or queer awards mean to you? Olivier Ducastel: Joy and pride. Jacques Martineau: On a strictly personal note, I am always delighted and honoured when I receive an LGBT award. It helps us realize that the LGBT and Queer communities recognize themselves in our films. Politically, these awards bring visibility and help marketing and selling films that are marginalized for being queer-themed and whose artistic value may thus have been overlooked. Who are your movie icons? OD: Marilyn Monroe, Marlene Dietrich, Lauren Bacall, Catherine Deneuve, Julia Roberts, Jennifer Lawrence, Gary Cooper, Treat Williams in Hair, Harrison Ford, Adrien Brody, Ryan Gosling.
“These awards bring visibility and help marketing and selling films that are marginalized” JM: I don’t care much for “icons” but Marlene can’t be forgotten. In terms of directed: Demy and Gus Van Sant. Your 3 “cult” queer films ? OD: Jack Hazan’s A Bigger Splash (1973), 16
Rainer Werner Fassbinder’s Querelle (1982), Howard Hawks’ Gentlemen Prefer Blondes (1953). JM: John Water’s Pink Flamingos (1972), Querelle, Gus Van Sant’s My Own Private Idaho (1991). What are your thoughts on the films that were awarded the Queer Palm, if you have seen them? OD: I’ve seen Lawrence Anyways (Xavier Dolan, Queer Palm 2012). However, I liked Tom at the Farm and Mommy better. It is a strictly subjective opinion and not an artistic critique of Xavier Dolan’s filmmaking. Stranger by the Lake (Alain Guiraudie, Queer Palm 2013) is definitely my favourite Guiraudie. Pride (Matthew Warchus, Queer Palm 2014) was very energetic – full of emotions. JM: Laurence Anyways is my favorite Dolan. When I first saw Stranger by the Lake, I was surprisingly a bit jealous: it is formally impeccable. Pride moved me. Carol (Todd Haynes, Queer Palm 2015) was – as always – gorgeous, but it was a bit too cold for me. What was your favourite film this year? OD: Patricio Guzman’s El Boto de Nacar. JM: Not queer per se, but I’d say Kurosawa’s Journey to the Shore. In terms of LGBT cinema: Inside the Chinese Closet, a documentary directed by Sophia Luvara – undistributed in France as of today. If anything was possible, who would be by your side on Cannes’ red carpet? OD: Adrien Brody on my right and Ryan Gosling on my left. JM: Unrealistic: Divine. Realistic: Julia Roberts.
Les membres du jury The jury members Émilie Brisavoine
Émilie Brisavoine a grandi sous un pilône à haute tension dans le sud de la France. Après une adolescence insomniaque passée au côté de Stephen King, elle monte à la capitale étudier les arts appliqués à l’École Duperré. À la suite d’une expérience de designer, elle fait des dessins sur le monde, les femmes et les chiens. Elle apparaît dans La Bataille de Solférino de Justine Triet, puis joue dans Peine perdue d’Arthur Harari. Son premier long métrage, Pauline s’arrache, est sorti au cinéma en décembre 2015.
© Jules Faure
Réalisatrice / Director (Pauline s’arrache)
Émilie Brisavoine grew up under an electric pylon, in the south of France. She spent most of her insomniac teens with Stephen King, before moving to Paris and studying applied arts at the École Duperré. She worked as a designer, and drew pictures about the world, women, and dogs. She can be spotted in Justine Triet’s Age of Panic. She also played a role in Arthur Harari’s In Vein. Her first feature film, Pauline s’arrache, was released in December 2015.
Joao Federici
Directeur du Festival MixBrasil / Director of MixBrasil Festival
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Diplômé de théâtre, Joao a créé en 1993 sa propre entreprise de production théâtrale, Ideias & Ideais, avec laquelle il continue de produire des pièces, succès critiques et commerciaux au Brésil et au Portugal ainsi qu’en tournée dans de nombreux pays. Depuis 1996, il est le directeur artistique et exécutif de festival de la diversité MixBrasil, qui donne de la visibilité aux arts et au cinéma brésiliens à thématique LGBT au Brésil et à travers le monde. Il a été programmateur invité sur des thématiques brésiliennes pour OutFest (États-Unis), Pink Latino Diversity Festival (Canada), Mix Copenhagen (Danemark), TLV FilmFest (Israël), Queer Lisboa (Portugal), Mix Milano (Italie), Diva Valparaiso (Chili), Brazilian Film Festival of Miami (États-Unis), Diversa Festival (Argentine), Sidney Mardi Gras Festival (Australie), InsideOut (Canada)… Il a également été membre du jury dans de nombreux festivals comme la Berlinale (Teddy Bear, Allemagne), Frameline, OutFest et MGLFF (États-Unis), Mix Milano, TLV FilmFest, Queer Lisboa, Guadalajara (Mexique) ou encore Diva. English version on the next page... 17
Graduated in Drama, Joao founded in 1993 in São Paulo his own theater production company, Ideias & Ideais, where he’s continued to produce critically and financially successful plays in both Brazil / Portugal and tours in several countries. Since 1996, he’s been the Artistic and Executive Director of MixBrasil Festival of Diversity, giving visibility to Brazilian LGBT-themed films and arts, within his country and around the world. He’s been a guest curator of Brazillian-themed programs at OutFest (USA), Pink Latino Diversity Festival (Canada), Mix Copenhagen (Denmark), TLV FilmFest (Israel), Queer Lisboa (Portugal), Mix Milano (Italy), Diva Valparaiso (Chile), Brazilian Film Festival of Miami (USA), Diversa Festival (Argentina), Sidney Mardi Gras Festival (Australia), InsideOut (Canada)… He’s participated on the jury at such festivals as Berlinale Film Festival / Teddy Bear (Germany), Frameline (USA), OutFest (USA), MGLFF (USA), Mix Milano, TLVFilmFest, Queer Lisboa, Guadalajara Film Festival (Mexico), Diva among others. Version française page précédente...
Marie Sauvion
Journaliste / Journalist (Marie-France, Canal+)
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Née à Paris au XXe siècle, Marie Sauvion a débuté sa carrière de journaliste au service culture du Parisien (sur un ordinateur Atari et sans Internet). Après vingt ans d’une passionnante aventure quotidienne, elle a quitté sa « maison » pour devenir rédactrice en chef du mensuel féminin MarieFrance, en 2011, tout en conservant sa casquette de critique ciné à la fois sur le print, le web (entre-temps, elle s’est mise au numérique !) et à la télévision. Depuis onze ans, Marie fait partie de la joyeuse bande du Cercle de Canal+ Cinéma, la seule émission de débat critique du petit écran. Elle aime, en vrac, Demy et Cronenberg, Lelouch et Park Chan-wook, Alien et Allen, et aussi les films « avec des garçons qui s’embrassent ». Surtout, elle serait prête à bien des bassesses pour une soirée avec Ryan Gosling. Ou un week-end avec Amy Schumer…
Born in 20th century Paris, Marie Sauvion made her debut as a journalist within the Arts and Culture division of French newspaper Le Parisien, using an Atari computer - without the Internet. Fast-forward 20 years later: in 2011, Marie left Le Parisien and became the chief editor of Marie-France, a monthly women’s magazine. Marie Sauvion however kept doing film criticism – in print media, on the Internet and on TV. For the past 11 years, Marie has been regularly taking part in Canal+ Cinéma’s « Le Cercle » – the only French TV show dedicated to in-depth critical analyses of films. She likes – without any particular order – Demy and Cronenberg, Lelouch and Park Chan-wook, Alien and Allen, and « boys kissing on film ». More importantly, she is willing to do anything for an evening with Ryan Gosling. Or a weekend with Amy Schumer… 18
SUR YAGG TOUTE L’ACTUALITÉ DU CINÉMA QUEER LE MÉDIA UNIQUE EN SON GENRE RETROUVEZ NOUS AUSSI SUR
SÉLECTION QUEER PALM 2016 Longs métrages / Feature films
© Bac Films / The Jokers
Agassi (The Handmaiden)
Réalisateur / Director : Park Chan-wook (Corée du Sud / South Korea). Distribution / Casting : Jung-woo Ha, Min-hee Kim, Jin-woong Jo. Dans la Corée des années 1930, pendant la colonisation japonaise, une jeune femme est engagée comme servante d’une riche Japonaise vivant recluse dans un immense manoir sous la coupe d’un oncle tyrannique. Mais elle a un secret… Une version coréenne modernisée du roman de Sarah Waters, Du bout des doigts, paru en 2002. Korea in the thirties: during the Japanese colonization, a young woman is engaged as a handmaid of a rich Japanese woman, living confined in an immense manor house under the cup of a tyrannical uncle. But she has a secret… A modernized Korean version of Sarah Waters’s novel, Fingersmith, released in 2002.
The Neon Demon
Quand Jesse, aspirante top-model, arrive à Los Angeles, sa jeunesse et sa vitalité sont vampirisées par un groupe de femmes obsédées par la beauté. Elles feront tout pour obtenir ce qu’elle a. When aspiring model Jesse moves to Los Angeles, her youth and vitality are devoured by a group of beauty-obsessed women who will take any means necessary to get what she has. 20
© The Jokers / Le Pacte
Réalisateur / Director : Nicolas Winding Refn (Danemark / Denmark). Distribution / Casting : Elle Fanning, Keanu Reeves, Christina Hendricks.
Aquarius Réalisateur / Director : Kleber Mendonça Filho (Brésil / Brazil). Distribution / Casting : Sonia Braga, Humberto Carrao, Irandhir Santos, Maeve Jinkings. Pour la première fois de sa vie, Daniel Blake, un menuisier anglais de 59 ans, est contraint de faire appel à l’aide sociale à la suite de problèmes cardiaques. Obligé de chercher un emploi, il va croiser la route de Rachel, mère célibataire de deux enfants. For the first time in his life, Daniel Blake, a 59-years-old English carpenter, is forced to appeal to the social assistance following cardiac problems. Looking for a job, he is going to meet Rachel, a single mother of two children.
Réalisateur / Director : Alain Guiraudie (France). Distribution / Casting : Damien Bonnard, India Hair, Basile Meilleurat. Léo est à la recherche du loup lorsqu’il rencontre Marie, une bergère. Quelques mois plus tard, ils ont un enfant. Marie les abandonne tous les deux. C’est compliqué mais au fond, il aime bien ça. Et pendant ce temps, il ne travaille pas beaucoup. Il sombre peu à peu dans la misère. Léo is in search of the wolf when he meets Marie, a shepherdess. A few months later, they have a child. Marie abandons them both. It is complicated but he likes that. Meanwhile, he doesn’t work and sinks little by little into poverty.
© Les Films du losange
Rester vertical
Le Cancre Réalisateur / Director : Paul Vecchiali (France). Distribution / Casting : Pascal Cervo, Paul Vecchiali, Catherine Deneuve, Annie Cordy, Françoise Lebrun, Mathieu Amalric. Un père et son fils vivent des moments conflictuels parce qu’ils sont l’un et l’autre trop émotifs. Le fils, Laurent, cherche sa voie, après avoir vécu son enfance et son adolescence dans la paresse. Il comprendra trop tard l’affection qui le liait à son père. A father and his son live conflicting moments because they are both too much emotional persons. The son, Laurent, looks for his way, having lived his childhood and his teenage in the laziness. He understands too late the affection which connected him to his father. 21
La Danseuse © Les Productions du trésor
Réalisatrice / Director : Stéphanie Di Giusto (France). Distribution / Casting : Soko, Lily-Rose Depp, Gaspard Ulliel, Mélanie Thierry. Loïe Fuller était l’égérie des Folies Bergères au début du XXe siècle et une muse de Toulouse-Lautrec et des frères Lumière. Le film tourne autour de sa relation compliquée avec sa protégée et rivale Isadora Duncan. Loïe Fuller was the toast of the Folies Bergères at the turn of the 20th century and an inspiration for Toulouse-Lautrec and the Lumière brothers. The film revolves around her complicated relationship with protégé and rival Isadora Duncan.
Divines Réalisatrice / Director : Houda Benyamina (France). Distribution / Casting : Oulaya Amamra, Majdouline Idrissi, Déborah Lukumuena.
© Easy Tiger
Dans un ghetto où se côtoient trafics et religion, Dounia a soif de pouvoir et de réussite. Soutenue par Maimouna, sa meilleure amie, elle décide de suivre les traces de Rebecca, une dealeuse respectée. Sa rencontre avec Djigui, un jeune danseur troublant de sensualité, va bouleverser son quotidien. In a ghetto made of traffics and religion, Dounia wants power and success. Supported by Maimouna, her best friend, she decides to follow the tracks of Rebecca, a respected dealer. When she meets Djigui, a young and sensual dancer, her everyday life will be totally changed.
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Fiore Réalisateur / Director : Claudio Giovannesi (Italie / Italy). Distribution / Casting : Valerio Mastandrea, Daphne Scoccia. Dans un centre de rétention pour jeunes adultes, Daphne et Josh, détenus pour vol, ne peuvent pas vivre leur histoire d’amour : échange de regards d’une cellule à l’autre, brèves conversations à travers les barreaux et lettres clandestines sont leur quotidien. In a detention center for young adults, Daphne and Josh, two young thieves, cannot live their love story: eye contacts from a cell to the other one, brief conversations through bars and secret letters are their everyday life.
Les Vies de Thérèse Réalisateur / Director : Sébastien Lifshitz (France). Documentaire centré sur la militante féministe Thérèse Clerc, décédée en février dernier et qui apparaissait dans le film précédent du cinéaste, Les Invisibles. Documentary about the french feminist activist Thérèse Clerc, who passed away last february and was one of the protagonists of the last director’s documentary, Les Invisibles.
Apnée (séance spéciale) Réalisateur / Director : Jean-Christophe Meurisse (France). Distribution / Casting : Céline Fuhrer, Thomas Scimeca, Maxence Tual, Thomas de Pourquery, Olivier Saladin, Claire Nadeau, Jean-Luc Vincent, Nicolas Bouchaud, Pascal Sangla. Céline, Thomas et Maxence marchent toujours par trois. Comme la trilogie de la devise républicaine. Ils veulent se marier, une maison, un travail, des enfants sages et manger tous les jours des huîtres. Insoumis et inadaptés à une furieuse réalité économique et administrative, ils chevauchent leurs quads de feu et traversent une France accablée, en quête de nouveaux repères, de déserts jonchés de bipèdes et d’instants de bonheur éphémère. Céline, Thomas and Maxence always go by three. Just like the republican motto. They want to get married, to get a house, work, good children and eat oysters every day. Rebellious and ill adapted to the furious economical and administrative reality, they ride their burning quad bikes and travel across an afflicted France, looking for new landmarks, deserts strewn with bipeds and moments of ephemeral bliss. 23
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Grave (compétition) Réalisatrice / Director : Julia Ducournau (France, Belgique / Belgium). Distribution / Casting : Garance Marillier, Ella Rumpf, Rabah Naït Oufella, Laurent Lucas, Joana Preiss.
Dans la famille de Justine, tout le monde est vétérinaire et végétarien. À 16 ans, elle est une adolescente surdouée sur le point d’intégrer l’école véto où sa sœur aînée est également élève. Mais, à peine installée, le bizutage commence pour les premières années. On force Justine à manger de la viande crue. C’est la première fois de sa vie. Les conséquences ne se font pas attendre. Justine découvre sa vraie nature. In Justine’s family, everyone is a vet and a vegetarian. At 16, she’s a gifted teen ready to take on her first year in vet school, where her older sister also studies. There, she gets no time to settle: hazing starts right away. Justine is forced to eat raw meat for the first time in her life. Unexpected consequences emerge as her true self begins to emerge.
Willy 1er Réalisateurs / Directors : Ludovic & Zoran Boukherma, Marielle Gautier, Hugo P. Thomas (France). Distribution / Casting : Daniel Vannet, Noémie Lvovsky, Romain Léger, Eric Jacquet, Alexandre Jacques, Robert Follet, Geneviève Plet. À la mort de son frère jumeau, Willy, 50 ans, quitte pour la première fois ses parents pour s’installer dans le village voisin. « À Caudebec, j’irai. Un appartement, j’en aurai un. Des copains, j’en aurai. Et j’vous emmerde ! ». Inadapté, Willy part trouver sa place dans un monde qu’il ne connaît pas. When his twin brother dies, Willy, 50, finally decides to leave his parents’ home. He moves to a small nearby town to start afresh. “In Caudebec, I’ll live. An apartment, I’ll have one. And friends too. And you can all go to hell !”. Though a misfit, Willy tries to find his place in a world unknown. 24
rencontres avec Jean-Marc Vallée, Greta Gerwig, Jeremy Saulnier
N°9 - AVRIL / MAI 2016
Le PRINTeMPS Du cINéMA cANADIeN Dolan, Villeneuve, et les autres
Séries médicales
L’humanité au rayon X 1 000 fragments de
Gus Van Sant
+ Théo & Hugo dans le même bateau, High-Rise, Free to run Douglas Sirk, cinéaste contrebandier
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Numéro 9 eN kiosques avril - mai 2016
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Courts métrages / Short films In the Hills Réalisateur / Director : Hamid Ahmadi (Royaume-Uni / United Kingdom).
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Shahram est un jeune immigré qui vit dans l’idyllique campagne anglaise des Cotswolds. Afin de réussir son intégration dans cette nouvelle société, il choisit une approche plutôt radicale. Shahram is a young immigrant who lives in the idyllic countryside of the Cotswolds in England. To integrate into the new society, he chooses a rather radical approach.
Gabber Lover Réalisatrice / Director : Anna Cazenave-Cambet (France).
Nérac, début des années 2000. Laurie et Mila, 13 ans, dansent le « gabber » au bord d’un lac isolé. Mila est amoureuse de Laurie et elle veut lui dire, que ça jaillisse hors de sa tête. Nérac in the early 2000s. Laurie and Mila (13) dance on gabber music, on the shores of a remote lake. Mila is in love with Laurie and she wants to tell her.
Prenjak (In the Year of Monkey) Réalisateur / Director : Wregas Bhanuteja (Indonésie / Indonesia). Diah emmène Jarwo dans un entrepôt pendant la pause de midi. Elle dit avoir besoin d’argent rapidement. Elle propose à Jarwo d’acheter une allumette pour dix-mille roupies. Avec cette allumette, il pourra regarder le sexe de Diah. Diah takes Jarwo to the warehouse at lunchbreak. She says that she needs some quick money. She offers Jarwo to buy a match for 10.000 rupiahs. With that match, Jarwo can take a look at Diah’s genitals. 26
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Le Soldat vierge Réalisateur / Director : Erwan Le Duc (France). Deux soldats, Daniel et Jérôme, fuient une guerre que nous ne voyons pas et dont nous ne savons rien. Jérôme est durement blessé, il va mourir, il le dit, il le sait, il a peur. Alors Jérôme souffle à Daniel une dernière volonté : il ne veut pas mourir puceau. Il veut mourir aimé... Two soldiers, Daniel and Jerome, flee a war we do not see and we know nothing about. Jerome is badly injured, he will die, he says it, he knows it, he is afraid. Then Jerome confesses to Daniel his last will: he does not want to die a virgin, he wants to die loved…
Superbia Le peuple indigène de cette terre surréaliste qu’est Superbia, où les femmes et les hommes vivent en communautés séparées, se confronte aux mutations inaugurées par le premier couple égalitaire de leur histoire. The native people of the surrealistic land of Superbia, where men and women form separate societies, face the changes sparked by the first equal couple in their history.
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Réalisatrice / Director : Luca Tóth (Hongrie / Hungary).
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RÉTROSPECTIVE Retour sur six ans de Queer Palm Looking back on six years of Queer Palm
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(Beauty, 2011) ; de la débordante générosité dramaturgique de Xavier Dolan (Laurence Anyways, 2012) à la rigueur absolu d’Alain Guiraudie (L’Inconnu du lac, 2013) ; de la comédie à la fois déjantée et grand public de Matthew Warchus (Pride, 2014) au mélo pur
© Les Films du losange
Le « queer » comme type de regard, liaison faisant ou pas référence à une communauté d’appartenance, vision du monde et forme cinématographique. Depuis 2010, la Queer Palm met en valeur ces œuvres qui traitent, directement ou indirectement, de sexualités différentes, « autres », sans pour autant exclure a priori du palmarès ou de la sélection ces films et ces auteurs qui questionnent tout simplement le genre et les genres convenus, les stéréotypes, le sens commun. Tout ce qui est susceptible de troubler les identités figées est, par définition, queer : mutant, hybride, flottant, fuyant. La liste des films sélectionnés ou récompensés témoigne d’une approche de la diversité « ouverte » et syncrétiste, visant avant toute chose à valoriser la foudroyante originalité d’une démarche artistique : du camp flamboyant et déchaîné de Gregg Araki (Kaboom, 2010) au réalisme social d’Oliver Hermanus
et quasi « scientifique » de Todd Haynes (Carol, 2015). La Queer Palm est en définitive une véritable récompense décernée à ceux et celles qui ont osé franchir la frontière et déambuler dans un terrain vague. Un terrain où l’on fait l’expérience de la différence avant même de la
verbaliser, de la catégoriser. Loin des codes, des règles et des lois du cinéma dominant. Manuel Billi “Queer” as a concept, a special type of gaze, an association that refers to - or rather, does not refer to - a community. “Queer” as invoking a sense of belonging, as a worldview and a cinematic form. Since 2010, the Queer Palm valorises works that directly or indirectly treat the subject of different, «other» sexualities, without excluding from the palm or the film selection these writers who simply question the notion of gender and traditional gender roles, stereotypes, and common sense. All subjects that can change our conception of fixed identities are, by definition, queer: mutant, hybrid, floating, fleeting. The selected or awarded films listed bear witness to a certain approach to a more «open» sense of diversity and unification, aiming above all to celebrate the blistering originality of an
© Wild Bunch
artistic approach: from the flamboyant, unchained camp of Gregg Araki (Kaboom, 2010) to the social realism of Oliver Hermanus (Beauty, 2011); from Xavier Dolan’s overflowing dramaturgical generosity (Laurence Anyways, 2012) to Alain Guiraudie’s absolute rigor (Stranger by
the Lake, 2013); from the off-kilter and accessible comedy of Matthew Warchus (Pride, 2014) to the pure and nearly methodical melodrama of Todd Haynes (Carol, 2015). The Queer Palm defines a true reward given to all those who dared to boldly cross borders and meander in the
wastelands. A land where we experience difference before even being able to verbalize, categorize it. A land far from the codes, rules, and laws of the dominant world of cinema. Manuel Billi (traduit du français par Michael LoJacono)
Le Marché du film queer / The Queer Film Market La Queer Palm, c’est bien plus qu’un simple prix. Nous participons activement au développement du cinéma queer et de ses réseaux. Chaque année, nous organisons des rencontres professionnelles, regroupant distributeurs, producteurs, réalisateurs, et organisateurs de festivals des quatre coins du monde : il s’agit d’une opportunité unique de faire du networking et de s’informer sur l’évolution du cinéma queer dans différents marchés géographiques. L’année dernière, le Marché du cinéma queer a regroupé plus de 40 distributeurs, producteurs, programmateurs et réalisateurs et a permis l’éclosion de nouveaux projets et de potentielles coopérations. Le programme, le lieu et la date du Marché du cinéma queer 2016 seront annoncés sous peu. The Queer Palm is much more than an award. We are actively participating in the development of queer cinema and its networks. Each year, we organize a professional networking day, gathering distributors, producers, festival organizers and directors from all over the world: a unique opportunity to network and to gain access to information about the state of queer productions in various markets. Last year, more than 40 distributors, producers, directors and programmers gathered at the Queer Film Market, where they not only announced their new projects, but also sought international cooperations. The full program, date, and venue of the 2016 Queer Film Market will be announced shortly. Franck Finance-Madureira, créateur de la Queer Palm / Queer Palm Creator 29
THELATE LISBON
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