Magazine Strøm - Édition Automne / Hiver 2022

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NUMÉRO QUINZE AUTOMNE–HIVER 2022–2023 C E N T R É S U R L’ É Q U I L I B R E ARCHITECTURE N AT U R E SANTÉ HOLISTIQUE



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Artiste peintre mature, Michel LeRoux épouse la nature. Il s’y intègre pour mieux la comprendre, il l’écoute pour saisir l’intangible. Ses tableaux portent les vibrations d’un univers puissant.

MICHEL LEROUX

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Dans ce numéro ARCHITECTURE

Le cohabitat urbain : Habiter mieux, par Paola Duchaine

10 — 13 I N S P I R AT I O N

Seconde nature : Entrevue avec Dominic Arpin

14 — 17 MONDE

(Re)penser l’hiver, par Franck Laboue

22 — 25 SOCIÉTÉ

L’hiver et l’urbanité : Entrevue avec Olivier Legault

26 — 33

Écoanxiété, solastalgie et autres angoisses climatiques, par D Valérie Courchesne

SANTÉ HOLISTIQUE

L’hypersensibilité chez les enfants, par D Lory Zephyr

36 — 43

Vers un bien-être collectif, par Jacinthe Roy Rioux

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C U LT U R E

Cinq livres pour prendre soin..., par Nicolas Gendron

46 — 51

Écouter et se déployer : Cinq balados pour un bien-être total, par Eve Laliberté

À TA B L E

Du champ à l’usine, l’impact de l’industrialisation de l’alimentation sur notre santé : Entrevue avec Michaël Bensoussan et Jean-François Lemoine

56 — 77

Recettes : Gâteau pain d’épices et cidre chaud, par Raphaël Podlasiewicz 17 astuces pour réduire le coût du panier d’épicerie, par Isabelle Huot L’hiver comme identité, par Stéphanie Dupuy

Guillaume Lemoine

Sarah-Maude Dalcourt

Impression

Président

Directrice photo

TC Imprimeries Transcontinental

Emilie Lefebvre-Morasse

Bianca Des Jardins

Vice-présidente marketing et ventes, rédactrice en chef

Photographe

Ventes publicitaires Christine Mailloux, cmailloux@stromspa.com 514 761-7900, poste 4304

Caroline Croteau

Gaëlle Meslin

Pour collaborer au contenu Arianne Filion, afilion@stromspa.com

Directrice principale marketing et ventes

Réviseure linguistique

Myriam Dumont

Pierrette Brousseau

Directrice marketing

Correctrice d’épreuves

Arianne Filion

Sarah Lamarche

Chargée de projets, rédactrice et réviseure linguistique

Directrice artistique

Jacinthe Roy Rioux

SLRR Cabinet de traduction

Créatrice de contenu

Traduction

Éditeur Strøm spa nordique 1001, boul. de la Forêt L’Île-des-Sœurs (Québec) H3E 1X9 Dépôt légal — ISSN 2369-5897 Bibliothèque nationale du Canada et Bibliothèque et Archives nationales du Québec. Les opinions émises dans les articles du Magazine Strøm n’engagent que les auteurs. Les disponibilités, millésimes et prix mentionnés dans le magazine peuvent être modifiés sans préavis. Toute reproduction, en tout ou en partie, est interdite sans la permission de Strøm spa nordique. Tous droits réservés. Poste publication — 42293512

D O S S I E R S T H É M AT I Q U E S

MAGAZINE STRØM

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Nos collaborateurs

Depuis ses débuts, le Magazine Strøm a l’immense privilège de collaborer avec des experts de tous les horizons pour la rédaction des articles qui le composent. Avec grande générosité, ils nous livrent leur savoir et partagent leur point de vue, certains de saison en saison, d’autres de façon ponctuelle. C’est avec beaucoup de fierté que nous vous invitons à les découvrir juste ici.


Valérie Courchesne

Valérie est psychologue clinicienne et chercheuse postdoctorale. C’est son grand intérêt pour la vulgarisation scientifique qui l’a amenée à devenir collaboratrice pour le Magazine Strøm il y a maintenant plusieurs années.

Stéphanie Dupuy

Décrocher son premier emploi à la SAQ lui aura vraiment donné la piqûre ! Plusieurs formations et 18 ans dans l’industrie du vin plus tard, Stéphanie aime boire le vin, le partager et surtout, en parler ! La sommelière écrit pour le Magazine Strøm depuis 2008.

Franck Laboue

Natif de Bretagne, Franck est un éternel curieux. Conseiller spécialiste chez Voyageurs du Monde, il a fini par poser ses valises au Québec. Il écrit pour le magazine depuis plus de quatre ans.

Raphaël Podlasiewicz

Raphaël est le chef exécutif des restaurants du Strøm spa nordique. Il propose depuis 2017 une offre gastronomique créative et responsable inspirée de la nordicité et mettant de l’avant des produits frais et locaux. Il signe chaque édition les recettes de la section « À table ».

Bianca Des Jardins

Bianca, photographe et autrice, se démarque par sa maîtrise de la lumière et la légèreté du monde qu’elle réinvente. Depuis 2008, elle publie, expose au Québec et à l’international, et dirige des ateliers de photographie. Elle collabore avec le Strøm depuis sa création.

Nicolas Gendron

Journaliste culturel, entre autres pour la revue CinéBulles, Nicolas écrit pour le Magazine Strøm depuis 2015. Il est aussi et surtout comédien, metteur en scène, auteur et directeur artistique.

Eve Laliberté

Eve aime raconter des histoires et créer des univers propices à la contemplation. Naviguant dans diverses sphères créatives, elle contribue à plusieurs projets éditoriaux et est fondatrice de premier quartier. Elle est collaboratrice culturelle pour le Strøm depuis 2021.

Jacinthe Roy Rioux

Artiste des mots et des images, Jacinthe explore le lien qui connecte les gens à travers l’histoire, la nature, la culture et la vie holistique et spirituelle. Ayant participé à la fondation du Strøm spa nordique, elle rédige pour le magazine depuis le tout début.

Paola Duchaine

Rédactrice agréée, spécialiste en développement durable et en environnement, Paola est responsable des communications d’Écohabitation et contribue au rayonnement de l’organisme depuis 12 ans.

Isabelle Huot

Titulaire d’un doctorat en nutrition, Isabelle est aussi chroniqueuse, autrice de 16 livres sur l’alimentation et entrepreneure, ayant lancé sa gamme de prêt-àmanger en 2011. Elle écrit pour le Magazine Strøm depuis ses débuts.

Sarah Lamarche

Directrice artistique, Sarah évolue dans l’univers du design graphique depuis plus de 10 ans. Sa créativité, sa rigueur et son amour du beau ont façonné cette édition du Magazine Strøm, qu’elle réalise pour la toute première fois.

Lory Zephyr

Lory est une psychologue spécialisée en santé mentale parentale, en attachement et en périnatalité. Elle pratique en clinique privée. Elle est également autrice et co-fondatrice de la plateforme Ça va maman ?


Photographe — Bianca Des Jardins

Depuis sa création en 2009, le Strøm spa nordique n’a

En tant qu’êtres humains, nous avons besoin de contact

Je vous annonce d’ailleurs en primeur qu’une nouvelle

jamais cessé de croire en sa mission et s’est développé

authentique, avec la nature, avec des gens, avec du

station thermale Strøm verra le jour au Québec en 2023.

dans quatre régions du Québec, permettant à des

beau, avec des choses qui nous font du bien, et ce besoin

Nous vous tiendrons au courant des développements

millions de personnes de visiter ses installations en

s’est fait criant au cours des deux dernières années.

avec beaucoup d’excitation et une grande fébrilité.

plus de conscientiser la population à l’importance de

C’est pourquoi le Strøm veut et se doit de continuer

prendre soin de soi.

d’innover, d’avancer, de grandir, autant au Québec qu’à

Merci pour votre soutien, pour votre fidélité.

l’international. Nous souhaitons permettre au plus

Bonne lecture !

Aujourd’hui, la raison d’être du Strøm et de sa fondation,

grand nombre possible de profiter des bienfaits de la

qui apporte soutien et répit aux proches aidants, est plus

détente, sous toutes ses formes.

forte que jamais. Nous aidons, jour après jour, les gens à se recentrer sur l’équilibre. À quitter nos établissements plus sereins, légers, apaisés qu’à leur arrivée.

Guillaume Lemoine Président

UN MOT DU PRÉSIDENT


Chers lecteurs, Porter un regard sur les éléments qui façonnent les modes de vie d’ici et d’ailleurs et qui rendent l’existence mémorable a toujours été au centre du Magazine Strøm. Pour son quinzième numéro, l’équipe éditoriale a redoublé d’efforts pour vous éblouir en vous offrant une expérience de lecture réinventée. L’objectif ? Assouvir votre besoin de design épuré, de textes qui respirent et inspirent. De nouveau, nous vous encourageons également à suivre le pendant audio du magazine : le balado Centré sur l’équilibre. C’est ainsi que nous souhaitons poursuivre notre mission de vous accompagner dans votre quête d’équilibre... en nous accordant à votre style de vie. Ce numéro est une invitation à envisager le monde avec un regard neuf. Il y a quelque chose de fascinant dans les adages « si tu changes ta façon de voir les choses, les choses

« La vie sur Terre est une question de coexistence — entre les humains, les animaux, les écosystèmes et l’environnement. La coexistence est belle et génératrice, chaotique et difficile, et elle nous concerne tous. »

changeront » et « les choses ne changent pas, tu changes ta façon de regarder, c’est tout ». Et si on transformait notre manière de percevoir l’hiver ? Le Magazine Strøm, s’inscrivant dans cette tendance et désireux de renforcer le sentiment d’appartenance des Canadiens à la nordicité, présente l’hivernothérapie, la thérapie par l’hiver. Telle la poursuite de l’équilibre dans la contrainte, l’hivernothérapie renvoie à ce qui est thérapeutique pour le corps, l’âme et l’esprit, dans un dessein de respect de soi, en cohérence avec le rythme de la nature. Le concept de « thérapie par l’hiver » suggère d’apprendre à vivre l’hiver plutôt que de le subir. La nordicité façonne notre identité. Elle nous incite à réfléchir notre histoire, notre rapport au territoire et à la nature. Notre rythme de vie est-il réellement adapté à celui de la nature ? Alors que celle-ci entre en période de dormance, ne devrions-nous pas, à notre tour, prendre le temps de ralentir, et tirer avantage des bienfaits offerts par le contraste des températures ? Ces questions sont autant d’invitations à repenser notre relation à la saison froide pour mieux profiter des douceurs qu’elle recèle. … Et le mieux-être ? Que l’on parle de soins personnels, d’alimentation saine, de notre relation avec l’environnement, du besoin de socialiser, de s’enraciner ou de se déraciner ; prendre soin de soi revêt plusieurs formes, individuellement et collectivement. L’équipe est allée à la rencontre de personnes inspirantes aux horizons variés qui partagent l’espoir d’une société plus altruiste, plus empathique, plus soucieuse des intérêts communs.

— Olafur Eliasson [traduction libre] Pour qu’ainsi vous puissiez percevoir, à travers ces pages, d’une conversation à l’autre, les façons de vivre en harmonie avec la nature et ses semblables. Bon hiver à tous !

Emilie Lefebvre-Morasse et l’équipe éditoriale

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UN MOT DE L A RÉDACTION


Le cohabitat urbain : Habiter mieux Par Paola Duchaine, Écohabitation

Axés sur la coopération et l’entraide, les projets de cohabitat sont conçus et construits par et pour les communautés : on recrée l’esprit de quartier dans un immeuble. Simplicité, coopération, partage des valeurs et des avoirs, connexion et liens sociaux, intergénération et frein à l’isolement social… Les cohabitats urbains font de plus en plus d’adeptes, couplant les avantages de la propriété privée (ou de la location) et des aménagements collectifs. Découvrez les bienfaits de ce type d’habitation, qui reflète aussi un mode de vie durable.

Q U ’ E S T- C E Q U E L E C O H A B I TAT ?

Le mouvement du cohabitat, ou cohousing, est né au Danemark en 1964. Aujourd’hui, ce mode d’habitation est bien établi en Europe, ainsi qu’aux États-Unis et au Canada depuis la fin des années 1980. Le Réseau canadien de cohabitation a été formé au Canada en 1992, en Colombie-Britannique, pour contribuer à la création de communautés de cohabitation comme modèle de développement durable. Le concept a germé dans notre province il y a une dizaine d’années, avec Cohabitat Québec, un projet situé dans le secteur de Limoilou. L’intérêt des Québécois pour le cohabitat, qui était déjà bien installé, a explosé avec la pandémie : le portail Web de ce complexe pionnier a connu une augmentation de 50 % de son achalandage en 2020 et les nouvelles initiatives fleurissent, notamment à Montréal et sur la Rive-Nord de Québec. Plus qu’un lieu d’habitation, le cohabitat est considéré comme un modèle de vie qui peut aider à éviter la solitude et l’isolement social, en regroupant des résidents de tous les âges, des familles, avec ou sans enfant, ainsi que des personnes âgées et des personnes seules. Souvent, l’accent est mis sur la mixité sociale et le soutien mutuel. En facilitant un vieillissement actif et positif, un cohabitat représente une option alternative aux résidences gérées par un propriétaire.

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ARCHITECTURE

U N B ÂT I M E N T R É S I D E N T I E L , P A R TA G É E N T R E U N I T É S P R I VA T I V E S E T E S P A C E S C O M M U N S

Un cohabitat consiste en des logements privés dans un immeuble, où certaines ressources sont mises en commun. De nombreux espaces et objets peuvent être partagés, comme des cuisines, des chambres à réserver pour les invités, une aire de cotravail, un espace de jeu pour les petits, une buanderie, des voitures, un barbecue et des vélos. Cette façon de faire permet ainsi de couper sur la taille des unités, et sur le budget. En effet, la finalité est-elle de posséder des biens ou plutôt d’y avoir accès ? En se posant les bonnes questions, on peut faire un grand pas pour l’environnement et pour notre portefeuille. De cette formule hybride entre un immeuble à condos, une coopérative d’habitation et une communauté de voisins tissée serrée résulte un milieu de vie collectif, fonctionnel, écologique et plus accessible financièrement.


L E C O H A B I TAT, U N M O D E D E G E S T I O N C O M M U N AU TA I R E

Tout en favorisant la formation d’une communauté de voisins, le cohabitat préserve l’intimité des familles puisque chacune a son unité privée. Le mode d’organisation qui y est appliqué dépend de la vision et des besoins des résidents. Concrètement, pour ce qui est de la gestion du projet, des espaces communs et de la collectivité, on prône l’absence de pouvoir centralisé et le respect de chaque individu représente un

fondement du vivre-ensemble : tout le monde prend part aux décisions. Par exemple, le choix des propriétaires et des locataires se fait selon un consensus, puisque tous partagent le cohabitat. Et, au quotidien, tout le monde contribue. Si vous souhaitez intégrer un cohabitat, prévoyez quelques heures d’implication par semaine : administration du complexe, activités pour enfants, cuisine collective, jardinage, entretien… vos aptitudes et objectifs personnels devront être mis au profit de tous.

Photographe — Ryunosuke Kikuno

ARCHITECTURE

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Photographe — Martin Reisch


DES CHOIX ÉCOLOGIQUES POUR L A CONSTRUCTION ET L’A M É N A G E M E N T D E S C O H A B I TA T S

Vivre en harmonie avec les autres va de pair avec le respect de l’environnement, une valeur importante dans un cohabitat... Cette orientation permet aussi d’accéder à des logements abordables, avec une qualité de vie intéressante et des prix plus accessibles grâce à des économies d’échelle. Ainsi, le coût d’achat et d’opération est inférieur au coût du marché. Économies d’argent bien sûr, mais aussi de matière. En effet, les voitures, tondeuses ou vélos partagés offrent la possibilité de réduire la consommation de biens dont on a seulement besoin de manière ponctuelle. Un plus grand terrain est également synonyme de plus de verdure. Arbres, jardins collectifs, aménagements extérieurs sont souvent à l’honneur. Les concepteurs en profitent pour laisser les véhicules en périphérie, de manière à assurer la sécurité et le calme dans l’enceinte de la propriété.

D E S P R O J E T S D E C O H A B I TAT AU QUÉB EC

Cohabitat Québec, un pionnier dans la province : Premier groupe de cohabitat au Québec, le projet est situé dans le qua r tier Saint‑Sacrement à Québec. Il s’agit d’un vaste développement regroupant en tout 42 ménages. Les constructions, certifiées LEED Platine et Novoclimat, comprennent des maisons de ville, des appartements et un bâtiment commun, abritant une cuisine commerciale, une salle à manger et un salon avec foyer, une salle de réunion, un coin pour les enfants et un cinéma maison. Il y a même un atelier, une buanderie et un espace pour accueillir les vélos. Dehors, un potager, des arbres fruitiers, un espace pour les feux de camp, un carré de sable, une terrasse et des barbecues sont mis à disposition de tous.

Cohabitat Lachine, un habitat collectif et intergénérationnel visant écoresponsabilité et abordabilité : Le projet, dont les travaux devraient commencer en 2023, sera érigé sur la rue Notre‑Dame, à e l’intersection de la 23 Avenue. Une quarantaine de logements comptant d’une à quatre chambres sont répartis dans des bâtiments reliés par des coursives extérieures afin d’en faire un lieu de vie collectif. La conception du bâtiment prévoit une consommation énergétique nette qui est inférieure à 80 kWh/m², grâce à une implantation favorisant un ensoleillement maximal, et une isolation hautement performante toute l’année. L’abordabilité du projet, à court et à long termes, est assurée par une fiducie communautaire. Une partie des unités d’habitation sera dédiée à la location, et une autre à la vente. L’esprit de partage, la réduction de l’impact environnemental et la vie dans un milieu intergénérationnel et familial reposent au cœur des projets de cohabitat. Dans le contexte économique et social actuel, ce nouveau mode d’habitation semble offrir une nouvelle voie au vivre-ensemble, et son succès démontre qu’il a sa place dans les innovations en habitation dont le Québec a besoin !

Enfin, l’utilisation sensée de l’énergie ainsi que la durabilité et la provenance locale des matériaux participent à l’approche respectueuse de l’environnement, et permet d’épargner de bonnes sommes à long terme !

Écohabitation est la référence en habitation durable au Québec depuis plus de 20 ans, pour le grand public, les professionnels du secteur et les décideurs politiques. Sa mission est de diffuser connaissances, savoir-faire et expertise en matière d’habitation saine, économe en ressources et en énergie, durable, abordable et accessible à tous. Guides en ligne, formations en vidéo, services de coaching, photos d’inspiration et répertoire de produits et professionnels : les particuliers trouvent une vraie mine d’or pour faciliter leurs projets de construction, de rénovation, d’aménagement, d’entretien et d’achat. ecohabitation.com

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Seconde nature Entrevue avec Dominic Arpin

Journaliste de formation, Dominic Arpin est animateur et producteur de télévision. Amateur de nature et de plein air, il découvre depuis les dernières années une nouvelle façon de retrouver l’équilibre, une enjambée à la fois. Résumé d’un entretien inspirant et authentique ayant eu lieu au Strøm spa nordique de Mont-Saint-Hilaire, au cœur de la nature boréale.

DOMINIC ARPIN

Bonjour Dominic. Nous vous avons connu dans Vlog dès 2007 comme passionné de technologie, mais dernièrement, votre amour du plein air a aussi rayonné, notamment dans Van aventure, une émission dans laquelle vous avez sillonné le Québec en van. Comment est né cet intérêt pour le plein air ? « Je suis né dans un rang dans le village de Saint-Ours, près de Sorel-Tracy, à 45 minutes de Montréal. Mon père étant agriculteur, j’ai grandi sur une ferme laitière, entouré de champs à perte de vue et d’une forêt où je pouvais aller m’amuser quand je voulais, comme je voulais. La nature a donc toujours fait partie de moi d’une certaine manière. Puis, avoir 40 ans m’a secoué ; j’ai réalisé que je vieillissais. Je me regardais aller et je n’aimais pas ce que je voyais. J’étais inactif, je prenais du poids, je fumais, je ne mangeais pas bien, je buvais trop, trop souvent, je faisais la fête… la quarantaine m’a forcé à me regarder dans les yeux et à me demander où je m’en allais avec tous ces excès. Tranquillement, je me suis mis à m’entraîner, à courir, à faire du CrossFit, à bouger à l’extérieur. J’ai tellement aimé l’effet que ça a eu sur mon corps, mais surtout sur ma tête. Je suis quelqu’un de très anxieux, sujet à des crises de panique, et j’ai compris que pour retrouver un équilibre, j’avais besoin de la nature et du sport. »

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Avez-vous eu un modèle, une inspiration dans cette prise en charge de votre santé ? « Oui, et elle était devant moi tout ce temps-là : c’est ma blonde. Ma conjointe Annie, c’est une grande sportive, elle faisait de la randonnée et courait des marathons quand je l’ai rencontrée. À l’époque, rien de tout ça ne m’intéressait. J’étais à fond dans le travail, je voulais m’établir, avoir une carrière. Un jour, peu avant mes 40 ans, Annie participait au marathon de Montréal et je suis allé la soutenir. Une heure avant qu’elle ne finisse la course, j’étais déjà à la ligne d’arrivée à l’attendre, et cette heure-là m’a complètement chamboulé. Je pleurais en regardant les gens arriver, parce que je voyais dans leur visage la satisfaction, l’accomplissement, la fierté, la douleur. C’est là que je me suis dit “OK, moi aussi, je veux vivre ça”. Quand ma blonde a finalement franchi la ligne, je la trouvais tellement impressionnante, elle était une superwoman à mes yeux. C’est comme ça que j’ai commencé à courir, et je suis chanceux d’avoir eu son soutien, ses encouragements. Elle m’avait toujours poussé à emprunter cette voie-là, mais c’était la première fois que le message passait vraiment. »


Photographe — Dominic Arpin


D. A .

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Est-ce que le dépassement de soi, inhérent à la course à pied, contribue à votre bien-être ? « Oui et non. J’ai longtemps été “compétitif” ; je cherchais à améliorer ma vitesse de course, à aller toujours plus vite. Maintenant, je travaille mon endurance, j’essaie de m’améliorer sur la distance parcourue. Ce que j’aime dans ce défi, qui se matérialise dans les ultramarathons ou la course en sentier, c’est justement le fait que ce soit long. Je passe beaucoup de temps avec moi-même, et en courant dans la nature, je ne me sens pas coupable d’arrêter. Contrairement à la course sur route, je prends des pauses, je bois, je mange, je peux même changer mes chaussures. Il y a un côté plus décontracté dans ce genre de course qui me ressemble beaucoup plus, puisque je fais du sport pour me débarrasser du stress dans ma vie. Quand j’ai réalisé qu’en voulant être performant à tout prix dans mon sport, je me rajoutais du stress, j’ai changé ma façon de faire. » Qu’avez-vous retiré de l’immersion en nature vécue dans le cadre de Van aventure ? « Ça a été pour moi une forme d’équilibre. Quand je suis à la maison, le divan m’attire, c’est comme un aimant. Il est très confortable et je pourrais facilement m’y installer et vider Netflix de tout son contenu. J’aime naturellement le confort, l’oisiveté. Ce que la van m’a apporté, c’est tout le contraire. Je me départis de tous les accessoires de la vie courante et je passe la nuit dans un camion avec mon chien, sur le bord d’un lac avec des maringouins qui m’empêchent de dormir. Avoir goûté à ça, ça a complètement changé ma vie. Quand je suis revenu chez moi après le premier été de tournage, je trouvais ma maison ridiculement grande. Je me suis mis à faire un ménage incroyable, j’ai donné un tas de trucs à des amis et à des organismes, et je suis d’ailleurs encore aujourd’hui dans ce processus-là. Je n’appellerais pas ça du minimalisme, car il y a paradoxalement une partie de moi qui aime beaucoup consommer, mais n’empêche que cette expérience en van m’a permis de revenir à l’essentiel. Ne pas savoir où je me réveille le matin parce que la veille il faisait noir quand je me suis stationné, me lever en même temps que le soleil et les oiseaux, ouvrir la porte de la van et laisser mon chien aller courir comme bon lui semble pendant que je me prépare un café, ne pas avoir de réseau cellulaire ni de connexion Internet… Avant, je ne comprenais pas trop le “trip” derrière la vanlife, mais maintenant oui, et je ne peux pas revenir en arrière. Ça demande de s’adapter à son environnement comme jamais, de se fondre dans le décor, et c’est ce que je trouve fantastique. »

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D. A .

Avez-vous fait des séjours en van l’hiver ? « Oui, j’en ai fait l’hiver dernier et j’ai vraiment adoré. C’est sûr que ça nécessite plus de logistique, n’ayant ni eau courante ni toilette, avec le froid qui s’infiltre rapidement dans le véhicule quand on y entre ou qu’on en sort. Aussi, on n’y pense pas, mais l’hiver, il fait noir vraiment tôt ! Comme il est difficile d’être très longtemps dehors à -30 °C, je me retrouvais à 16 h dans ma van, et je n’en ressortais pas avant le lendemain matin. Il faut aimer lire ou avoir des séries téléchargées d’avance ! C’est un autre mode de vie l’hiver. Honnêtement, je m’en sers plus pour me rapprocher de certains centres de ski, j’arrive la veille et je repars après ma journée de ski. Mais pour partir plusieurs jours en van l’hiver, il faut aimer un peu la misère. » Vous avez mentionné le ski… quel est votre rapport avec les sports d’hiver ? « Personnellement, je compte les dodos avant qu’il neige. L’hiver est ma saison préférée, et de loin. Il y a 10 ans, je n’aurais jamais dit ça, car je voyais juste les désagréments de cette saison, comme la plupart des gens. Mais ça a changé quand j’ai commencé à profiter des joies de l’hiver et à réaliser la chance qu’on a au Québec. Je fais du ski alpin, de la raquette, de la randonnée alpine, du ski de fond, du fat bike, du patin, même de la glissade sur neige. Et juste aller marcher dans la neige avec mon chien me procure un tel bonheur… Le silence qui règne, la pureté de l’air… Depuis que je fais de la photo un peu plus sérieusement, je trouve aussi que l’hiver est photogénique. Ça fait de belles couleurs, les réflexions du soleil en début de journée ou quand le soleil se couche créent des panoramas exceptionnels. Et j’ajuste les sports que je pratique en fonction du niveau de neige : quand il y a une grosse bordée, je pars en raquette ou en ski de randonnée pour profiter de la poudreuse du matin. »


D. A .

C’est vrai que les fans de l’hiver jugent si la saison a été bonne en fonction de la quantité de neige tombée ! « Absolument ! Avant, je ne regardais jamais ça, les rapports météo et les précipitations prévues. Maintenant, avec mon groupe d’amis, puisqu’on n’habite pas tous dans la même région, on regarde chacun nos prévisions locales, et on décide de l’endroit où l’on va skier en fonction du nombre de centimètres annoncé.

En ville, quand on annonce de la neige, la première chose qui nous vient à l’esprit, c’est la voiture qui va en être recouverte le lendemain matin. J’étais le premier à penser comme ça pendant des années. Je maudissais l’hiver, il n’y a rien que je haïssais plus qu’une bordée de neige, alors qu’aujourd’hui, je réalise que ça me rend heureux. Mais, même sans aimer l’hiver, je pense qu’il est possible de voir le positif à travers les irritants, et de trouver son bonheur en se concentrant sur ce qui peut en ressortir d’agréable. »

Photographe — Martin Bouffard

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L’ hiver nothérapie par les sens L’hivernothérapie, soit la thérapie par l’hiver, vous invite à souligner le plus beau de la saison froide, à explorer des façons de l’apprécier et d’y prendre plaisir. Bien sûr, pratiquer un sport d’hiver est un bon moyen de maintenir son niveau de bonheur élevé tout au long de la saison. Passer du temps dehors est d’ailleurs l’une des astuces des peuples scandinaves pour traverser l’hiver avec succès. En Norvège, il s’agit d’un réel mode de vie : friluftsliv, ou la vie en plein air, revêt une grande importance, même par temps très froid1. Il s’agit de faire l’inverse de ce qui semble intuitif en hiver : on s’habille chaudement, et on sort à l’extérieur, encore mieux si c’est en nature ! Les études démontrent que passer au moins 2 heures par semaine en plein air (soit moins de 20 minutes par jour) serait bénéfique sur la santé et le bien-être, en plus de réduire le stress et l’anxiété2 . Si vous faites partie de ceux et celles qui apprécient le plein air à plus petites doses, l’hivernothérapie peut aussi prendre racine dans la tranquillité et dans les moments de réconfort qui rythment l’hiver. La pleine conscience est une manière accessible et gratifiante de se concentrer sur les plaisirs des mois plus froids, en se laissant guider par ses cinq sens.

Cuisinez vos plats préférés ou dégustez des boissons qui vous rappellent votre enfance, par leur parfum ou leur goût. Le pain d’épices et les biscuits faits maison n’ont pas besoin d’être réservés uniquement à Noël. Allumez une bougie qui embaumera la cuisine en faisant la vaisselle, diffusez des huiles essentielles qui vous transporteront là où vous souhaitez être, au cœur d’une forêt d’épinettes ou sur la plage.

Écoutez la musique qui vous fait du bien, des rythmes plus lents pour accompagner la neige qui tombe en gros flocons mouillés un après-midi de janvier, ou bien des chansons plus énergiques pour faciliter le réveil quand il fait encore noir dehors. Sortez marcher après une grosse tempête et savourez le bruit du silence et l’impression d’être seul au monde, même en ville. Portez attention aux sons propres à notre quotidien nordique : la mélodie des fermetures Éclair et des boutons-pression en s’habillant pour aller jouer dehors ; le bruit sourd des bottes sur le sol alors qu’on les secoue pour les débarrasser de la neige ; la porte qui se referme quand un être cher rentre après être allé pelleter ; les sirènes des déneigeuses qui retentissent tard le soir.

Portez des vêtements chauds et molletonnés, de jolis bas doux et colorés, emmitouflez-vous dans une couverture ou une écharpe réconfortante. Glissez-vous dans des draps en flanelle après n’avoir fait qu’un avec le froid lors d’une balade nocturne en raquettes.

Regardez tomber la neige, un film qui vous fait du bien, le café qui percole, la fumée qui s’échappe de la soupe, l’excitation dans les yeux des enfants lors de la première tempête de la saison, les joues de vos proches, rosies par le froid.

Trouvez la poésie dans les moments banals du quotidien, même dans ceux plus difficiles. Appréciez la solidarité entre voisins lorsque votre voiture reste prise dans un banc de neige, la tranquillité d’une journée chargée qui se libère soudainement à cause d’un petit nez qui coule, la langueur entraînée par la grisaille et le manque de lumière qui, d’une certaine façon, nous donne le droit plus que le reste de l’année de faire des choses qui nous font du bien. Laissez l’hiver prendre soin de vous, dans toute sa splendeur et dans toute sa lenteur.

Sources NIKEL, David. « How to Embrace Winter Like A Scandinavian », [En ligne], 24 octobre 2020. Forbes, [https://www.forbes.com/sites/davidnikel/2020/10/24 /how-to-embrace-winter-like-a-scandinavian/amp/].

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Partagez avec nous sur les réseaux sociaux vos initiatives pour vivre l’hivernothérapie avec le mot-clic #hivernothérapie.

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hite, M.P., Alcock, I., Grellier, J. et al. Spending at least W 120 minutes a week in nature is associated with good health and wellbeing. Sci Rep 9, 7730 (2019). https://doi.org/10.1038/s41598-019-44097-3


Photographe — Bianca Des Jardins


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(Re)penser l ’ hiver Par Franck Laboue, Voyageurs du Monde

La nordicité dans la peau ? Chaque individu, né ou non dans nos latitudes extrêmes, a une réponse bien personnelle à donner. Vivre l’hiver, l’embrasser et l’accueillir est un nouvel équilibre. On serait presque tenté d’affirmer qu’un nouveau style de vie s’est mis en place dans notre quotidien. Bienvenue à la gastronomie nordique, à l’apprivoisement tout en douceur des éléments et à un regard éveillé sur notre environnement. Pour autant, est-il terminé le temps où nous « endurions » l’hiver ? Les flocons ne glissent pas de la même manière sur chacun d’entre nous. Regards croisés de deux femmes sur leur relation avec la saison blanche.

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Fleuve Saint-Laurent Photographe — Bianca Des Jardins


UNE NOUVELLE VIE AU SUD POUR AR IANE CLOUTIER

C’est dans un avion pour Ouagadougou que j’ai rencontré Ariane en 2016. L’œil pétillant, la tête bouillonnante de projets, elle partait explorer les latitudes plus exotiques de l’Afrique de l’Ouest. Les promesses du soleil et de la chaleur l’attiraient, une façon d’adoucir les soucis d’une existence vécue à 100 milles à l’heure. Elle a continué à courir pendant des années, butinant d’un projet de travail à l’autre. Puis un jour, elle a fait ses adieux au Québec pour refaire sa vie sur l’île de Bonaire, au sud des Caraïbes. C’était il y a deux ans. À présent, l’expression « les plaisirs de l’hiver » est définitivement derrière elle.

« Depuis que je suis ici, je ne me demande plus comment je vais m’habiller, c’est un style de vie au complet que j’ai quitté », me confie Ariane, les rives du Venezuela dans son horizon. « Ça m’amène une tranquillité d’esprit ; l’hiver était pour moi un facteur de stress. Je viens au Québec pour Noël, mais rien ne me manque... » À 40 ans, c’est la paix intérieure et la simplicité qui se sont invitées dans sa vie. C’est à Bonaire qu’elle a rencontré celui qui deviendrait son mari, énergisée par de nouveaux défis sous le soleil. « Je préfère m’activer pour le travail plutôt que pelleter ! », ironise-t-elle avec un dernier clin d’œil.

« Mes parents n’étaient pas des fans de sports d’hiver, ça n’a jamais été plus important que ça pour moi », me glisse-t-elle depuis son patio aux allures de jungle tropicale. « Je vais même te le dire : c’est plus beau en photo qu’à vivre dans sa chair ! » Elle a beau être native de Saint‑Jean-sur-Richelieu, l’hiver ne lui a jamais collé à la peau. Au-delà du froid, il y avait le stress d’un quotidien bien plus chargé que le reste de l’année. Déneiger son entrée au lever, gratter la voiture, river ses yeux sur une route capricieuse, matin après matin… une saison encombrante pour une femme pressée.

Marais salants à Bonaire Photographe — Wirestock

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Les flocons ne glissent pas de la même manière sur chacun d’entre nous.

L A NOR DI CITÉ DANS L A PE AU POUR FLOR IANE TR I NEL

Le désir de Floriane et de sa famille ? Fuir la monotonie de la grisaille française hivernale. « Nous avions toujours cherché à apprécier les joies de l’hiver en France, mais ça manquait de gaieté par chez nous à Nantes. Et puis la saison était si courte, c’était difficile de pouvoir en profiter pleinement compte tenu des distances pour se rendre dans les Alpes pour skier par exemple. » En s’expatriant vers le Québec, le mot hiver prenait alors tout son sens pour Floriane. Sa quête hivernale l’a menée à poser ses valises dans la ville de Québec, là où les plaisirs de la neige sont à portée de main pour des mois. « L’hiver est long, c’est certain, mais il me paraît tous les ans toujours trop court. Il y a tellement à vivre et à expérimenter ! », me souffle Floriane, déjà des flocons de neige plein les yeux en juillet. Toute la famille mord à pleines dents dans ce nouveau style de vie. Chaque bordée de neige et chaque temps libre sont des excuses pour embrasser la saison froide. L’hivernothérapie est devenue pour eux une façon de vivre pendant la moitié de l’année. « Je ne compte plus les endroits en ville pour m’amuser. Ne serait-ce qu’une balade au cœur d’un boisé, aménagé ou pas, pour moi l’émerveillement est à chaque coin de branche ! »

M AT R I C E D ’ I N C L U S I O N

Chaque année, nos sens sont invités à se réadapter à un tout nouvel environnement. Au-delà de ce cycle annuel, c’est bien notre vision profonde de l’hiver qui se transforme. Il n’est plus question de subir : l’ère de la nordicité est venue. Plus qu’une saison, l’hiver est un passage vers un nouveau mode de vie, presque un rite qui ne dit pas son nom. C’est un peu grâce à François et Hélène, ma famille d’accueil à Thetford Mines, que je suis devenu ce transfuge passé de la pluie bretonne aux arpents de neige de Québec, 15 hivers plus tard. Peu à peu, ces derniers se sont adoucis, ont été apprivoisés. Dans ce monde soudainement silencieux, mes oreilles se laissent à présent caresser par le son de la glace qui flotte sur le fleuve, par un oiseau solitaire dans le lointain. Ma nordicité s’est construite dans le temps, à grands coups de shooters de caribou, de sorties à l’aréna, de raquettes dans le bois et de matins avec une pelle à la main. Ça ne me quittera plus, j’ai pris racine dans le banc de neige. Parce que la nordicité est désormais mon héritage, fièrement transmis.

Collectionnant les expériences inédites comme le canot sur glace, Floriane profite des weekends et des retours de l’école pour transformer son quotidien en dizaines de petits moments qui font la sève de sa nouvelle vie. La contemplation du fleuve gelé, le manteau blanc qui recouvre les paysages environnants, le bonheur d’un feu de cheminée et d’un chocolat chaud en retrouvant la maison… la France est bien loin. « Je me languis déjà de plonger dans la neige prochainement. » L’hiver ? Floriane et sa famille en redemandent !

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L’ hiver et l ’urbanité Entrevue avec Olivier Legault, Laboratoire de l’hiver

La ville de Winnipeg, réputée pour être extrêmement froide, reçoit seulement 100 centimètres de neige par année, contre 230 centimètres à Montréal. De toutes les grandes villes canadiennes, Montréal et Québec sont celles où il neige le plus. Mais qu’en est-il du rapport des Québécois à l’hiver ? L’apprécions-nous à sa juste valeur ? C’est pour répondre à cette question qu’en janvier 2019, Rues Principales, Vivre en Ville et La Pépinière | Espaces Collectifs lançaient le Laboratoire de l’hiver, une organisation ayant pour but de créer un cadre commun d’intervention afin de se réapproprier la saison hivernale. Cette collaboration a également donné naissance au guide Ville d’hiver, qui répertorie des solutions pour faciliter l’hiver en ville par le biais de l’aménagement des espaces publics, de l’accessibilité universelle et du mobilier urbain. Olivier Legault, urbaniste et cofondateur du Laboratoire, dresse un portrait réaliste, mais optimiste de l’hiver en ville.

OLIVIER L E G AU LT

Bonjour Olivier. En tant qu’urbaniste, qu’est-ce qui vous a amené à vous intéresser à l’hiver en contexte urbain ? « Je suis originaire de Québec, là où l’hiver est plus facile, plus franc peut-être ? Plus assumé certainement, et surtout moins instable qu’à Montréal, qu’on considère comme une ville d’hiver mouillé. Je suis venu à Montréal pour étudier ; j’ai une formation en géographie culturelle (donc tout ce qui touche au rapport culturel au territoire, à l’homme dans le territoire), et en urbanisme. L’un de mes professeurs, Claude Marois, géographe urbain, a un jour souligné que les propositions des urbanistes n’étaient jamais adaptées à notre réalité climatique et géographique. Quand il a dit ça, ça a tellement raisonné en moi. C’est en réponse à cette remarque que je me suis intéressé à toute la recherche déjà faite sur les villes et l’hiver. Je suis d’ailleurs allé passer une session en Suède, à l’Université de Lund, où j’ai fait des études de cas sur des villes nordiques et des villes d’hiver. »

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SOCIÉTÉ

O. L .

La mission du Laboratoire est de réinventer l’activité hivernale en milieu urbain dense. Quelle est la différence entre la façon dont l’hiver se vit en ville, et à l’extérieur de la ville ? « J’aimerais d’abord préciser que les centres-villes de Plessisville ou de Victoriaville, par exemple, sont des milieux urbains denses à nos yeux. L’urbanité est partout sur le territoire québécois. Quand on regarde la géographie des activités hivernales, il n’y a rien de plus beau qu’une forêt boréale enneigée avec un petit ruisseau qui gèle un peu, où le courant passe quand même, à l’abri du vent grâce aux conifères, avec autour les traces des animaux dans la neige. C’est magnifique, et c’est normal que ces lieux soient prisés pour les activités hivernales. C’est le plus beau de l’hiver. Parce qu’il faut bouger et marcher pour ne pas avoir trop froid, l’activité hivernale traditionnelle n’a pas lieu dans des milieux urbains denses ni dans des petits espaces publics. Cependant, si l’on veut profiter de l’hiver en ville, il faut savoir trouver des solutions. Installer un jeu de curling à l’extérieur par exemple, ça ne prend pas de place et ça fait bouger sur une petite superficie. Idéalement, on l’entoure d’une cabane où l’on sert du chocolat chaud, de quelques lumières pour illuminer les soirées qui commencent tôt, et d’installations artistiques colorées qui contribuent à égayer la ville souvent grise en hiver. Bien évidemment, on vérifie qu’il est possible de déneiger et déglacer facilement. Il faut également s’assurer, autant que possible, que le lieu n’est pas dans un corridor de vent au pied d’une tour, et que le niveau d’exposition au soleil est optimal. Quand on sent qu’on a du beau soleil même l’hiver à -10 °C, on s’arrête un instant et on l’absorbe. Au Laboratoire, on cherche absolument à créer ce moment-là ! »


Photographe — Frederick Wallace


O. L .

Quelles sont les activités du Laboratoire ? « On crée des prototypes d’espaces publics, on fait de la recherche. On imagine de nouveaux produits afin de mieux profiter de l’hiver. On a entre autres conçu des modules de jeux quatre saisons pour les plus jeunes ; une crazy blanket qui permet à la fois de se réchauffer autour du feu et de faire de la glissade sur neige. On aimerait même développer une gamme de beaux abris Tempo et en faire de vraies œuvres d’art !

O. L .

L’hivernité, c’est une manifestation saisonnière de conditions nordiques. À Montréal par exemple, alors que nous sommes situés au 45 e parallèle, je trouve plus adapté de parler d’hivernité que de nordicité, notamment par respect pour les gens qui vivent plus au nord ! Montréal est particulière : malgré notre latitude, on reçoit énormément de neige et il fait très froid. Alors que nous sommes situés vis-à-vis de Bordeaux, nos conditions de froid et de neige se comparent pourtant à celles de Moscou, une autre grande ville certes, mais située beaucoup plus au nord. »

On réfléchit également au mobilier urbain : par exemple, un banc de parc, ça ne fonctionne pas l’hiver. On a eu l’idée des accotoirs qui sont plus hauts, à la hauteur des fesses. Comme ils sont verticaux, ils n’ont pas besoin d’être retirés quand les grattes passent. Ils se déneigent tout seuls et n’accumulent pas la glace. On essaie de trouver des alternatives à ce qui est normalement pensé pour l’été seulement. »

O. L .

Le guide Ville d’hiver propose notamment de « Déneiger moins, déneiger mieux, déneiger pour l’accessibilité universelle ». Que ferions-nous avec la neige ? « On la laisserait là ! Il faut se demander, en tant que société, si l’on a vraiment besoin de déneiger autant, tout le temps. Quand est-ce que le déneigement est adéquat, suffisant ? Quand on discute avec des employés des travaux publics qui sont en poste depuis 20 ans, ils nous disent qu’ils ont relevé de beaucoup le niveau de service dans les dernières années. La pression ne finit pas de croître. Voulons-nous réellement mettre autant d’argent dans ces opérations coûteuses ? La densité urbaine amène nécessairement la contrainte du déplacement et de l’accessibilité universelle. Il faut bien sûr penser aux aînés, aux personnes en fauteuils roulants, aux parents avec des poussettes. Mais de l’autre côté, on a aussi des mères et des pères qui voudraient bien que les rues restent enneigées parce que c’est agréable d’amener son enfant à la garderie en traîneau ! Il faut entretenir les rues dans une certaine mesure, mais la question du déneigement, comme bien d’autres, est une question importante. Elle joue sur celle des déplacements, qui, quand on regarde les sondages, ressort comme l’irritant principal de la saison froide pour les citoyens. »

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Vos travaux parlent beaucoup d’hivernité. Qu’est-ce que c’est, exactement ? « C’est une expression qui nous vient de Louis-Edmond Hamelin, un linguiste et géographe québécois qui a beaucoup travaillé sur le concept de nordicité, en développant notamment un vocabulaire de plus de 300 termes pour parler de l’hiver.

O. L .

Entre ceux qui ont positionné les Québécois comme une population nordique, dont Hamelin, et ceux comme Alain Dubuc, auteur de Maudit hiver, qui perçoivent plutôt l’hiver comme une parenthèse désagréable interrompant notre mode de vie estival, la saison froide fait couler beaucoup d’encre ! Où vous situez-vous ? « Clairement, le rapport à l’hiver est plus conflictuel que le rapport à l’été ! Et, qu’on l’aime ou pas, il a un impact notable sur notre vie. Pour ma part, j’aime bien concevoir le rythme des saisons, et l’hiver dans une année est loin d’être anecdotique ! Quand on parle d’hivernité, on assume la saisonnalité, mais plus que ça, on admet qu’il y a quelque chose de spécial qui change fondamentalement nos modes de vie l’hiver, et qui nous définit. Qui crée une identité partagée par les gens vivant sur un même territoire. Ça fait appel au sentiment de communauté, au collectif. Il y a quelque chose de très inclusif là-dedans, et un trait identitaire inclusif, c’est un beau cadeau ! »


Photographe — Bianca Des Jardins


Écoan xiété, solastalgie et autres angoisses climatiques Par Dre Valérie Courchesne, Ph. D., psychologue

Journaux, réseaux sociaux, groupes d’entraide... l’écoanxiété semble désormais omniprésente dans notre société. Les professionnels de la santé, et en particulier les psychologues, sont d’ailleurs de plus en plus appelés à intervenir auprès de personnes présentant divers degrés d’écoanxiété.

D E Q U O I S ’A G I T - I L ?

L’écoanxiété est un type d’anxiété lié à l’avenir de la planète et aux changements climatiques. Le terme solastalgie, apparu à l’aube des années 2000 d’après le travail du philosophe australien de l’environnement Glenn Albrecht et tel que défini par l’Office québécois de la langue française, réfère quant à lui à la détresse que l’on peut ressentir face à la perte ou à la modification de notre environnement en raison des changements climatiques. Ainsi, comme pour tout type d’anxiété, une menace est perçue par l’individu (ici, les changements climatiques). L’incertitude, l’imprévisibilité et le manque de contrôle liés à cette menace engendrent un sentiment de détresse. QUI EST AFFECTÉ ?

De plus en plus de personnes déclarent ressentir de l’anxiété face à la crise climatique. Une étude récente menée aux États‑Unis a d’ailleurs révélé qu’un Américain sur quatre se dit « très inquiet » quant aux effets du réchauffement de la planète1. Une recension des écrits sur le sujet, publiée en 2022 par deux chercheurs québécois, confirme que nous sommes de plus en plus nombreux à prendre conscience des changements climatiques et de la menace qu’ils représentent, ce qui a un impact sur le bien-être psychologique individuel et collectif 2 . Par ailleurs, bien que tous les groupes sociaux soient touchés, l’écoanxiété toucherait davantage les femmes, les jeunes, les populations vivant dans des régions plus vulnérables, les personnes plus marginalisées et les gens ayant un niveau d’éducation plus élevé 2 .

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COMMENT DIFFÉRENCIER A N X I É T É E T P R É O C C U PAT I O N ?

Il importe de distinguer l’anxiété face aux changements climatiques et les préoccupations ou le stress liés à ces changements. Effectivement, percevoir les changements climatiques comme un stresseur est tout à fait normal et peut même être positif, puisque le stress est ce qui nous pousse à l’action. Ainsi, ressentir un certain niveau de stress et être inquiet en pensant à l’avenir de la planète peut nous amener à poser des actions individuelles, de même qu’à nous engager socialement ou à voter pour des gens qui mettront cet enjeu au cœur de leurs priorités, par exemple. Un certain niveau de préoccupation peut donc être constructif. Or, pour que ce stress soit considéré comme de l’anxiété au sens clinique du terme, il faut qu’il affecte significativement le fonctionnement de l’individu. L’écoanxiété, lorsqu’elle génère une détresse suffisamment importante pour entraîner un dysfonctionnement, se retrouve ainsi dans la grande famille des troubles anxieux. Les personnes anxieuses de façon générale ont donc plus de risques d’en souffrir.


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QUELLES EN SONT LES CONSÉQUENCES ?

Une personne écoanxieuse peut être triste, agitée, découragée et ressentir énormément de détresse. Elle peut aussi avoir des palpitations ou même expérimenter des attaques de panique en lien avec les changements climatiques. Cela peut conduire, entre autres, à de l’insomnie, à une incapacité à travailler ou à des interactions sociales difficiles. Comme pour tout trouble anxieux, le sentiment d’impuissance face à la menace perçue et l’épuisement associé à un stresseur chronique peuvent mener à des affects dépressifs. Par exemple, certaines personnes abandonnent leurs études, ne voyant aucun futur possible. À l’échelle sociétale, l’incertitude face à l’avenir de la planète et les préoccupations face aux changements climatiques (et non nécessairement l’écoanxiété clinique) pourraient pousser certaines personnes à choisir une carrière différente, ou encore à remettre en question leur projet de fonder une famille. COMMENT COMPOSER AV E C L’ É C O A N X I É T É ?

Comme tout type d’anxiété, l’écoanxiété provient d’un sentiment d’incertitude et de perte de contrôle. Notre cerveau, dans ces cas, génère une réponse de stress, d’où l’importance de favoriser un sentiment de reprise de contrôle par rapport à la situation. Voici donc quatre conseils pour mieux composer avec l’écoanxiété. Bien entendu, ces derniers ne remplacent pas les soins en santé mentale, et si vous ressentez une détresse face aux changements climatiques, il importe de chercher de l’aide auprès d’un professionnel compétent.

1 — L’ensemble des stratégies classiques de gestion des émotions s’appliquent et peuvent grandement aider. L’hygiène de vie est la base de la santé mentale (et physique !), et l’écoanxiété n’y fait pas exception. Ainsi, pratiquer les techniques de méditation pleine conscience afin d’être plus en mesure de demeurer dans le moment présent, passer du temps en nature, pratiquer une activité physique, manger à sa faim des aliments nutritifs et réserver suffisamment de temps pour le sommeil sont des facteurs protecteurs à ne pas négliger. 2 — Le traitement des troubles anxieux implique toujours de devoir tolérer dans une certaine mesure l’incertitude. Il faut en effet apprendre à vivre avec celle-ci, à l’accepter et même à l’accueillir ! Cela peut prendre du temps et requérir l’aide d’un professionnel, mais ce qui peut également aider est d’essayer d’agir sur ce qu’il est possible de contrôler. Ainsi, même si cela peut paraître futile par moment, vivre de manière écoresponsable en étant en accord avec ses valeurs, réduire son empreinte écologique et adopter un mode de vie écoresponsable peuvent augmenter le sentiment de bien-être.

3 — Le soutien social est également au cœur de la santé mentale. Dans le cas de l’écoanxiété, il peut être souhaitable de s’entourer de gens qui partagent des valeurs semblables et qui se mobilisent aussi pour l’environnement. Cela permet de favoriser un sentiment d’appartenance, de diminuer le sentiment d’impuissance et de contribuer à une vision plus positive de l’avenir. 4 — Finalement, il semble qu’un des facteurs contribuant à l’augmentation de l’écoanxiété chez les jeunes est l’usage des réseaux sociaux. L’information concernant les catastrophes naturelles, les prévisions apocalyptiques et les images choc de la planète dévastée sont partout, en particulier lorsque les changements climatiques figurent parmi nos préoccupations. Ces images et nouvelles ont pour but de sensibiliser la population et de favoriser les actions pro-environnementales, mais elles peuvent avoir l’effet pervers de rendre écoanxieux des gens déjà préoccupés par la crise climatique. Limiter la consommation de nouvelles et d’actualités et désactiver les notifications provenant de certains groupes ou médias peut être particulièrement opportun si l’on souffre d’écoanxiété. En somme, bien que de plus en plus de personnes soient préoccupées par les changements climatiques, toutes ne souffrent pas nécessairement d’écoanxiété au sens clinique du terme. Peu importe votre niveau de stress, il est essentiel de préserver votre santé mentale en appliquant les conseils mentionnés ci-dessus et en demandant de l’aide au besoin.

Sources 1

Leiserowitz, A., Maibach, E., Rosenthal, S., Kotcher, J., Carman, J., Wang, X., Marlon, J., Lacroix, K., et Goldberg, M. (2021). Climate Change in the American Mind, March 2021. Yale University and George Mason University. New Haven, CT : Yale Program on Climate Change Communication.

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Gousse-Lessard, A. S. and Lebrun-Paré, F. (2022). Regards croisés sur le phénomène « d’éco-anxiété » : perspectives psychologique, sociale et éducationnelle. Éducation relative à l’environnement. Regards-Recherches-Réflexions, 17 (1).

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Photographe — Bianca Des Jardins


L’ hypersensibilité chez les enfants Par Dre Lory Zephyr, Ph.D, psychologue

Direction divan avec vos enfants pour regarder Le Roi Lion ! Vous vibrez dès les premières notes du célèbre « nants ingonyama bagithi baba ». Tout se déroule à merveille jusqu’à ce que votre plus vieux fonde en larmes. Bien sûr, c’est normal. Qui n’a pas pleuré à la mort de Mufasa ? Par contre, pour votre garçon, cette peine ne s’estompe pas. Si bien qu’il a de la difficulté à poursuivre le film sans sanglots. Le soir, au dodo, il revient sur le film et pleure à présent en pensant qu’il pourrait un jour vous perdre. Si cette scène vous interpelle, c’est peut-être que l’un de vos enfants est hypersensible.

Q U ’ E S T - C E Q U E L’ H Y P E R S E N S I B I L I T É ?

Les enfants viennent au monde avec un bagage biologique qui leur est propre. Par exemple, le tempérament d’un enfant n’est pas acquis. C’est un élément inné de sa personnalité. C’est également le cas de la régulation sensorielle qui réfère à la capacité à traiter et à répondre aux stimulations sensorielles internes, provenant de notre propre corps, et externes, provenant de l’environnement. Plus précisément, les enfants dits hyposensibles ont besoin d’un temps plus long d’exposition aux stimuli et d’une fréquence et intensité plus grandes pour comprendre ce qui les entoure. À l’opposé du continuum, un enfant hypersensible peut réagir rapidement et fortement à la stimulation et rester en état de vigilance plus longtemps que la majorité des enfants, car il perçoit certains stimuli comme plus menaçants. Ces stimulations peuvent être de nature visuelle, sonore, tactile, olfactive et émotionnelle (sensibilité à ses propres émotions comme à celles des autres).

Elaine Aron, une psychologue américaine qui s’est penchée sur la question, décrit cinq points caractéristiques des gens hypersensibles :

une tendance à être plus facilement débordé par ses sensations ;

une plus grande conscience des subtilités de l’environnement ;

un seuil de détection plus bas ;

une réactivité émotionnelle plus élevée ;

une empathie plus développée.

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E N TA N T Q U E PA R E N T S

Il est vrai que dans les dernières années, le mot hypersensible s’est fait une place dans le langage populaire. Toutefois, certains parents peuvent éprouver des difficultés à saisir ce que c’est réellement, et surtout, à savoir comment intervenir auprès de leurs enfants. En effet, que faire avec un enfant qui ne tolère aucune étiquette sur ses vêtements, qui se sent agressé par la pluie si elle est trop froide, qui refuse catégoriquement de manger certains aliments et qui peut férocement repousser les autres amis dans la cour d’école parce qu’ils sont « trop près » ou qu’ils parlent « trop fort » ? Comme parent, il est d’abord important de laisser de côté la catégorisation. Au-delà d’avoir une sensibilité élevée ou une haute sensibilité (qui sont des termes plus justes pour décrire ce trait, comme le mot hyper réfère à ce qui est excessif), vos enfants ont des caractéristiques et des contextes individuels qui donnent une couleur particulière à cette façon d’appréhender le monde. Par ailleurs, les enfants (et les adultes !) qui ont une sensibilité élevée ne sont pas nécessairement hors norme. Comme la taille chez les humains, il y en a une quantité infinie sans que cela soit « anormal ». La sensibilité se trouve sur un spectre semblable. Cela dit, si le fonctionnement de votre enfant à la maison, à l’école ou ailleurs est affecté, parlez-en à un professionnel de la santé pour écarter la possibilité d’un trouble de la modulation ou de la régulation sensorielle.

QUELQUES DONNÉES SUR LA SENSIBILITÉ ÉLEVÉE

Les chiffres varient, mais toujours selon les travaux d’Aron, on relate que de façon générale, 20 % à 25 % de la population vivrait avec une haute sensibilité. De plus, la proportion de femmes dans ce groupe serait plus élevée. Cela dit, quelques hypothèses peuvent expliquer cet écart entre les sexes :

L’existence d’une différence biologique (génétique ou hormonale par exemple) de sensibilité.

L’influence de la culture sur la sensibilité qui serait causée par les stéréotypes attribués aux femmes et aux hommes.

La présence d’un biais lorsque les individus répondent à des tests psychométriques lorsqu’il est question de leur sensibilité. Plus précisément, on parle d’une tendance chez les hommes à minimiser leur sensibilité, alors que cela ne serait pas le cas chez les femmes. Ainsi, il n’y aurait pas de réelle différence de sensibilité entre les sexes si ce biais est considéré. Par ailleurs, il serait intéressant d’observer, ailleurs dans le monde, comment est perçue et quantifiée l’hypersensibilité, sachant que l’expressivité et la sensibilité ne sont pas vécues et approchées de la même façon dans toutes les cultures.

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A C C O M PA G N E R S O N E N FA N T V I VA N T AV E C U N E T R È S G R A N D E S E N S I B I L I T É

Revenons maintenant à votre enfant qui a écouté Le Roi Lion. Il pourrait être tentant à ce moment de lui répondre qu’il exagère et que vous n’écouterez plus jamais de film avec lui s’il réagit ainsi. Toutefois, cette réponse pourrait le faire souffrir davantage. Vivre ces flots sensoriels et émotionnels n’est pas facile pour les enfants. Ils sont souvent eux-mêmes confus et apeurés face à toutes ces stimulations. Plus ils sont petits et plus il est difficile pour eux de nommer ou même de comprendre ce qu’ils ressentent. L’un des alliés du parent est donc l’empathie. Tentez de vous mettre à la place de votre enfant pour l’aider à reconnaître et à décortiquer ses émotions. Vous l’aiderez ainsi à naviguer à travers celles-ci. La patience sera également de mise. Vos enfants apprennent à travers leurs expériences de vie à mieux cohabiter avec leur sensibilité et à identifier ce qui les surstimule. Ils se sentent bien souvent différents des autres, voire même honteux. Ils ont donc besoin de trouver leurs propres repères pour réguler leurs émotions. Cela ne se fera pas sans pleurs, crises de colère ou autres réactions vives qui peuvent vous paraître agaçantes. Rappelez-vous que votre enfant fait des efforts, et que ce n’est pas parce que vous ne voyez pas de résultats rapidement qu’il n’essaie pas très fort d’apaiser ce qu’il ressent.


Pour en savoir plus Le livre Parents hypersensibles : Comment faire de l’émotivité un atout, d’Elaine N. Aron Le livre 10 questions sur... les hypersensibilités sensorielles chez l’enfant et l’adolescent, de Josiane Caron Santha Les capsules vidéo de l’ergothérapeute Valérie Ferron au valerieferronergo.com

Photographe — Bianca Des Jardins

La sensibilité est une richesse dans notre société. Lorsqu’elle est très présente, le défi est de trouver des stratégies pour favoriser le retour au calme. La créativité est un bon atout pour vous amener à trouver différents outils que votre enfant peut explorer pour voir s’ils fonctionnent pour lui. Les techniques de respiration, la pratique d’un art, les activités sportives, les objets apaisants et les jeux de rôles pour se familiariser avec les situations

qui activent des réactions de sensibilité élevée ne sont que quelques exemples de ce que vous pourriez mettre en place dans votre famille. Encourager votre enfant à s’exposer graduellement aux stimulations intenses pour lui et le féliciter lorsqu’il utilise ses stratégies d’autorégulation l’aideront à apprivoiser sa belle sensibilité. Parce qu’en fin de compte, c’est bien de cela qu’ils ont besoin : qu’on les accepte tels qu’ils sont !

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Photographe — Bianca Des Jardins


Vers un bien-être collectif Par Jacinthe Roy Rioux, collaboratrice vie holistique et spirituelle

Le terme holistique provient du grec holos signifiant « entier » et du terme therapeia signifiant « soin ». Il renvoie à l’importance de prendre soin de soi et des autres en adoptant une vision globale de l’équilibre. Aujourd’hui, l’approche holistique parle de l’équilibre du corps, de l’âme et de l’esprit, mais aussi du contexte social, culturel et politique dans lequel nous évoluons. Cette prise de conscience permet d’accompagner chaque individu dans sa quête d’équilibre et de le guider vers des pratiques adaptées aux enjeux de notre époque.

Notre réalité est en constant changement. Dans l’industrie du bien-être, certains réclament le retour radical du self-care, qui diffère de l’interprétation véhiculée de nos jours. Dans une ère marquée par la quête de sens, la recherche de réconciliation et les mouvements de revendication, le social s’allie au spirituel, faisant ainsi émerger une spiritualité plus engagée. Ces petites révolutions ont un impact indéniable sur la sphère collective. Alors que le bien-être individuel nous munit des facultés nécessaires pour créer un changement social positif autour de soi, le bien-être collectif influence la réalité des individus au sein des sociétés. Cette vision holistique et relationnelle du monde lie de façon directe les concepts de transformation individuelle et d'évolution sociale. Ce point de vue nous invite également à repenser le bien-être comme une considération collective beaucoup plus que personnelle, malgré l’avènement du self-care dans les dernières années comme d’une pratique partant de soi, pour soi. Regards sur des visions émergentes et évolutives qui nous poussent à approfondir le sens du bien-être, dans sa globalité. « Rappelons-nous que nous sommes en constante évolution et que tous les jours, nous apprenons de nouvelles choses. Parfois, nous apprenons à réapprendre, d’autres fois, à rendre accessibles certains concepts ou certaines vérités. Avec vulnérabilité et altruisme, laissons-nous évoluer dans un monde d’ouverture et d’acceptation. » —  Bianca Des Jardins et Andy Dubois, autrices d’Anima : Rituels créatifs pour se connecter à l’essentiel

SANTÉ HOLISTIQUE

LES SO I NS PER SONNEL S R ADI C AUX

Surnommés self-care, les soins personnels sont aussi une composante essentielle et centrale du bien-être préventif. « Prendre soin de moi n’est pas de l’auto-indulgence, c’est de l’autopréservation, et c’est un acte de guerre politique. » — Audre Lorde [traduction libre] Ces mots d’Audre Lorde, militante noire des droits civiques, écrivaine, lesbienne et féministe, résument une notion émergente du selfcare, qui s'oppose à la définition appartenant à l’industrie du bien-être, qui se concentre sur l’individu plutôt que sur la collectivité, et qui renforce les mêmes structures qu’Audre Lorde a consacré sa vie à démanteler. Plusieurs considèrent les soins personnels comme une pause éphémère pouvant nous soulager d’une vie rapide et stressante. Cependant, les soins personnels radicaux s'éloignent de cette vision en s’attaquant aux causes de cette vie stressante. Autrement dit, les soins personnels radicaux travaillent à la source afin de provoquer un changement durable pour soi et pour sa communauté. Nous sommes, en tant que collectivité, tout ce dont nous avons besoin pour surmonter nos propres défis. Les soins personnels radicaux impliquent l’adoption de pratiques qui nous maintiennent physiquement et psychologiquement en bonne santé, en prenant le temps de réfléchir à ce qui compte pour nous. Ils invitent à demeurer fidèles à notre identité et à mettre en œuvre des stratégies d’introspection, d’enracinement, de responsabilisation et de transformation, en se créant un réseau de soutien auprès de sa communauté.

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Pour certains, cela peut signifier vivre en harmonie avec les saisons et les différents cycles de la lune, et pour d’autres, cela peut se traduire par un travail de reconnexion identitaire et communautaire. S’offrir l’espace nécessaire pour poser ses limites, écouter ses besoins, vivre ses émotions, rire, pleurer, rêver et méditer sont de simples exemples de soins personnels radicaux. Le bien-être radical n’est pas une tâche à cocher sur sa liste de choses à faire. C’est une énergie qui se cultive au quotidien, à l’intérieur de soi. C’est la pratique de l’autocompassion et l’accueil des sentiments les plus profonds. Lorsque vous adoptez cette manière de vivre au quotidien, vous êtes en mesure de porter la force et la bienveillance qui permettent d’affronter les situations les plus difficiles et d’engendrer la guérison. Rien de tout cela n’est facile. Prendre soin de soi est avant tout un acte spirituel qui demande du repos et le sens de la révolution. L’A C T I V I S M E S P I R I T U E L Alors que le bien-être individuel influe sur celui des communautés, le bien-être général d’une collectivité donne un sens véritable à ce premier. C’est ce qui entraîne l’essor d’une spiritualité plus engagée.

« La guérison ne signifie pas que les dommages n’ont jamais existé. Cela signifie que les dégâts ne contrôlent plus nos vies. » — Akshay Dubey L’activisme spirituel est une pratique qui vise à développer des facultés spirituelles internes afin de les appliquer et d’engendrer un changement social positif. L’objectif est de contribuer à la création d’un monde plus juste socialement en luttant notamment contre l’oppression. Pour Rachel Ricketts, éducatrice en justice raciale, militante spirituelle, avocate et autrice du livre Do Better : Spiritual Activism for Fighting and Healing from White Supremacy, l’activisme spirituel parle d’actions quotidiennes, de pensées et de paroles anti-oppressives. Selon Ricketts, cela débute par un travail d’introspection et des pratiques spirituelles culturellement appropriées à chaque individu.

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Par exemple, la réappropriation contemporaine de la figure de la sorcière, un symbole fort du féminisme, en souligne l’aspect politique. Les personnes qui s’y identifient abordent des questions longtemps restées dans l’ombre. Dénonçant les injustices, elles amplifient la voix des femmes et des communautés marginalisées et se penchent sur des problématiques sociales et culturelles en revisitant l’histoire. S’alliant à des enjeux modernes, la quête de bien-être s’intéresse désormais au collectif. Comme l’explique Mona Chollet dans Sorcières : La puissance invaincue des femmes : « La sorcière incarne la femme affranchie de toutes les dominations, de toutes les limitations ; elle est un idéal vers lequel tendre, elle montre la voie. » Après les mouvements comme #MeToo, #BlackLivesMatter, # JusticeForJoyce et #EveryChildMatters, pour n’en nommer que quelques-uns, des acteurs engagés à déconstruire les systèmes de domination parlent à leur tour de justice, de mobilisation, de décolonisation et de guérison. Ces personnes qui œuvrent sur la place publique ou en retrait peuvent être membres ou leaders de communautés marginalisées, ou encore de précieux alliés.

EN SOMME

La recherche du bien-être et la pratique des soins personnels sont caractéristiques de notre époque. En ces temps socialement bouleversants, il nous faut néanmoins retrouver le sens radical du bien-être. Les soins personnels radicaux sous-tendent qu’il faut en amont se soucier de soi-même afin d’être en mesure de se soucier des autres. En ce sens, le bien-être individuel est un pas important vers le bien-être collectif. En matière de bien-être collectif, il reste énormément à faire. Nous devons transformer les structures, reconnaître les injustices, répondre aux besoins des communautés, entamer une démarche de guérison, de décolonisation, et tellement plus. Bref, réinventer le monde… Les dernières années nous l’ont toutefois démontré avec certitude : ce mouvement est désormais bien entamé.

Un allié est un individu qui reconnaît ses privilèges, mais qui choisit de défendre les droits des communautés marginalisées en luttant contre la discrimination et les stéréotypes par des moyens concrets. Ciblées par l’oppression, les communautés marginalisées comprennent (mais sans s’y limiter) : les communautés racisées, les communautés LGBTQ+, les personnes immigrantes ou réfugiées, les femmes et les personnes handicapées. Nous sommes nombreux à rêver d’un monde plus juste : rappelons-nous que les rêves des visionnaires d’hier sont, pour certains, dorénavant réalité.

Sources Chollet, Mona. « Sorcières : La puissance invaincue des femmes »., Éditions Zones, 22 octobre 2018. Desai, Shikha. « Why Ayurveda gained a lot of popularity since Covid-19 ». Times of India, 29 mai 2021. Gagnon-Paradis, Iris. « Populaire quête intérieure ». La Presse, 12 juin 2022. Indiana State University. « Radical Self-Care », 2021. Iowa State University. « Social Movement », Archive of Women’s Political Communication, 2022. Newman-Bremang, Kathleen. « Reclaiming Audre Lorde’s Radical Self-Care ». Refinery29, 28 mai 2021. Ricketts, Rachel. « How Spiritual Activism Can Lead to Social Transformation ». Shondaland, 3 février 2021. Turner, Nancy J. « Médecine traditionnelle des Premières Nations du Canada ». L’encyclopédie canadienne, 1er mai 2019.

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Prendre soin de soi est avant tout un acte spirituel qui demande du repos et le sens de la révolution.


ewool : des vêtements chauffants perfor mants pour un hiver confor table On ne saurait apprécier l’hiver à son plein potentiel en restant à l’intérieur. C’est en allant dehors, en observant comment le froid et la neige transforment notre écosystème et nos habitudes sportives, de déplacement, de socialisation et de loisirs que l’on peut s’immerger vraiment dans cette saison unique et enchanteresse. Mais pour passer du temps à l’extérieur alors que les températures frôlent le point de congélation tout en étant confortable, il faut être habillé adéquatement et surtout, ne pas avoir froid. C’est pourquoi ewool conçoit depuis près de 10 ans des vêtements chauffants puissants et simples d’utilisation. Le nom ewool est la fusion des mots electric heating wool. Il n’existe bien sûr aucune laine électrique, mais le nom décrit parfaitement un textile avant-gardiste qui procure une chaleur abondante lorsque revêtu, nous permettant ainsi de nous réchauffer convenablement et de transcender le froid.

L A COLLECTION

ewool offre quatre produits chauffants complémentaires pour passer l’hiver au chaud : la veste chauffante METRO et la veste PRO, la doublure chauffante pour gants et le tout nouveau couvre-bas chauffant. Enfilez-les sous vos vêtements et accessoires hivernaux habituels pour profiter d’une chaleur diffuse agréable. Les produits ewool ne constituent pas le vêtement « final », mais bien une couche que l’on ajoute entre la couche de base et la couche isolante comme le manteau ou la botte. Que l’on travaille à l’extérieur, que l’on soit amateur de sports d’hiver ou d'une saison de golf qui s'étire, ou que l’on souhaite tout simplement se déplacer sans avoir froid, les produits ewool sauront répondre à nos besoins de confort grâce à leur design discret et à leur intensité de chaleur réglable. La batterie qui les alimente est également rechargeable, nous permettant de profiter de ces vêtements de qualité longtemps !

L’ H I S T O I R E

La marque canadienne a été créée en 2013 par Alain Desmeules, saguenéen d’origine. C'est notamment au contact de son épouse, originaire de la Floride, qu’il comprend que tout le monde n’est pas habité d’un amour de l’hiver aussi grand que le sien. Il a rapidement envie d’inverser la tendance. Amateur de plein air et d’expéditions au grand froid, ingénieur de formation et passionné de design industriel, il décide de mettre ses intérêts au service de sa nouvelle mission : permettre aux gens d’aimer l’hiver. DES UNIVERS QUI SE REJOIGNENT

Pour décrire les bienfaits de nos produits à nos futurs acheteurs, nous aimons comparer la sensation de chaleur enveloppante que procurent nos vêtements à celle que l’on expérimente lorsqu’on entre dans un bain à remous en plein hiver. Nous sommes fiers de partager le même objectif que le Strøm spa nordique, soit offrir confort et bien-être, même par temps froid.

« Un vêtement chauffant performant est une solution efficace pour apprécier l’hiver, sans souffrir du froid. » Pour en savoir plus sur ewool et découvrir les produits : ewool.com

— Alain Desmeules, fondateur d’ewool

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PA R T E N A R I AT É D I TO R I A L


P ho t o g r aphe — J o s h M c C a b e


Cinq livres pour prendre soin… Par Nicolas Gendron, journaliste culturel

Entre ce qui nous apaise et ce qui nous tourmente, entre ce qui nous compose et ce qui nous entoure, entre ce qui nous individualise et ce qui nous relie, le soin est en quelque sorte une denrée de l’âme. Qu’on l’associe au bien-être ou à la santé mentale, à nos relations interpersonnelles ou à nos aspirations écologiques, il est partout et nulle part à la fois, espéré, négligé, cultivé… Ses vertus paraissent souvent invisibles. Voici cinq titres baignés de réel, qui s’efforcent de nous les rendre tangibles.

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... DU SILENCE

... DU DIALOGUE

Personnalité de la radio reconnue pour sa loquacité pour le moins mesurée, Olivier Niquet avait envie de célébrer par écrit la grande famille des introvertis, car c’est bien connu : qui n’écrit mot consent. Révélé par Le Sportnographe et consacré à La soirée – et maintenant La journée – est (encore) jeune, le chroniqueur embrasse ici les gags récurrents à son sujet pour réfléchir à voix basse et distinguer l’introversion de la phobie sociale, en vanter les vertus complémentaires avec le groupe des extravertis – drôlement avantagé dans l’échelle sociale, car, paraît-il, plus « socialement désirable » – et évaluer la valeur d’une opinion, pour ne pas dire de l’indignation. À l’aide d’études sociologiques et de commentaires Reddit, de citations apocryphes et d’une autodérision galopante, Niquet se propose comme cas de figure qui vit en harmonie avec sa nature discrète, préférant encore l’humour à l’humeur. Et si les uns apprenaient parfois à se taire pour que résonne le silence des autres ?

Rédactrice en chef de la revue Lettres québécoises, Mélikah Abdelmoumen a sans doute écrit l’un des essais les plus nuancés de cette jeune décennie. Née à Chicoutimi d’un père tunisien et d’une mère saguenéenne, ayant passé une bonne partie de sa vie adulte à Lyon avant de revenir à Montréal, l’autrice a eu maintes occasions de s’attarder aux contours multiples de l’identité, qu’on en analyse les façades nationalistes ou l’enracinement du cœur. Elle raconte ici l’amitié improbable entre deux écrivains américains majeurs du e 20 siècle, James Baldwin (Face à l’homme blanc) et William Styron (Le Choix de Sophie), l’un petit-fils d’esclave et l’autre petit-fils de maître, et comment un cas d’appropriation culturelle les a ébranlés et soudés à la fin des années 1960. Sur le mince fil entre la colère légitime et l’empathie inhérente à la littérature, elle dessine un pont solide entre la fiction d’hier et nos questions brûlantes d’aujourd’hui. Pour que jamais le dialogue ne soit rompu.

Les rois du silence d’Olivier Niquet (Ta Mère, 2022)

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Baldwin, Styron et moi de Mélikah Abdelmoumen (Mémoire d’encrier, 2021)


... DE SOI

... DES AUTR ES

... DE SON ENVIRONNEMENT

« Qui est le self dans self-care ? » demande à juste titre Zishad Lak, l’une des 11 voix réunies dans ce collectif sous le signe de l’introspection et de l’affirmation des cicatrices. Dans une société où prendre le temps de soigner ses maux n’est pas donné à tout le monde, faute d’argent, de ressources ou de repères, le self-care peut rapidement rimer avec privilège. Qu’en est-il alors de nos angles morts et de nos instincts de survie, de nos traumas comme de nos jardins secrets ? Dans des formes foncièrement libres qui épousent le flot continu des pensées, mais aussi une respiration méditative ou créative, ces offrandes personnelles écrites en pleine pandémie célèbrent la singularité des parcours et la force du relationnel, telle « une déclaration politique de bienveillance et de solidarité » souhaitée par Nicholas Dawson, « pour que prends soin de toi signifie qu’ensemble nous prenons soin de nous. »

La lucidité et le style unique de Younsi (Métissée, le collectif Femmes rapaillées) m’ont marqué d’abord dans le précité Self-care, dans lequel sa double vocation de poète et de psychiatre donne lieu à des réflexions aussi vastes qu’intimes. J’ai tout de suite eu envie de découvrir son essai sur le soin, Soigner, aimer, qui témoigne en mode carnet poétique de sa pratique médicinale ; de Sept-Îles, où elle « dessine un besoin d’épaules », à Val-d’Or, où elle sonde une patiente telle « une huître avare de ses perles », et jusqu’à Kuujjuaq, où un verre d’eau devient un fort liant humain. Elle décortique avec maestria l’humilité que commande son métier, « la folie qui n’est pas [toujours] maladie », le rôle de l’écriture qui lui permet de « mieux accompagner autrui », et s’ouvre au passage sur le deuil de sa grandmère et sur ses propres failles. Puisqu’après tout, « Soigner, écrire, [serait-ce] faire amour de la fragilité ? » D’une puissance réparatrice.

Designer automobile défroqué, Louis-Philippe Pratte a perdu l’envie d’huiler la roue consumériste quand il a pris conscience que l’industrie pour laquelle il s’apprêtait à consacrer sa vie vend sans doute le « gadget ultime », celui-là même qui s’avère obsolète en arrivant sur le marché parce qu’on a déjà prévu le prochain modèle. Il ne s’exclut aucunement de la critique qu’il développe dans la première partie de son récit, La méthode Y, dont le sous-titre « Penser et vivre la déconsommation » appelle à de petites révolutions. Il a imaginé pour ce faire « le design d’une nouvelle vie », à travers le symbole du Y. Ses deux branches incarnent les voies de la réduction et de l’union – ou du partage, de la connexion – tandis que sa base tend vers un idéal de verticalité, où l’égo laisserait la place à « l’éco ». Tout de vert et de blanc, visuellement épuré, mais débordant d’exemples simples et frappants, ce noble guide du dépouillement nous fait basculer de la culpabilité à l’action.

Self-care, collectif sous la direction de Nicholas Dawson (Hamac, 2021)

Soigner, aimer de Ouanessa Younsi (Mémoire d’encrier, 2016)

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La méthode Y de Louis-Philippe Pratte (Cardinal, 2022)

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Écouter et se déployer : Cinq balados pour un bien-être total Par Eve Laliberté, collaboratrice culturelle

Même si la lecture est pour moi l’une des sources de détente et d’apprentissage les plus fortes, les balados font partie des outils importants qui contribuent à rendre mon quotidien riche et inspirant. Ils accompagnent mes déplacements, mes moments de repos et parfois même mes entraînements en nature. Plonger dans l’intimité de personnes intéressantes m’aide souvent à renouveler mes idées et à prendre du recul sur certains enjeux en me rappelant que ceux-ci sont inhérents à notre condition humaine. Pour moi, cette porte d’accès au partage authentique est en quelque sorte salvatrice.

POUR SE DÉTENDRE

Inspirez avant d’expirer avec Élyse Marquis Produit par Radio-Canada OHdio et animé par Élyse Marquis, le balado Inspirez avant d’expirer est rempli de générosité et de bienveillance. Tournant autour de questions complexes ou de tabous, les épisodes d’une quinzaine de minutes proposent de courtes incursions dans des sujets universels tels que le changement, le vieillissement ou le pardon. Les invités y expriment ouvertement leur vision avec sagesse et légèreté. Un balado tout en douceur qui apaise quand on a besoin de renouer avec notre humanité.

Survolant des thématiques diversifiées liées de près ou de loin au bien-être, je vous livre ici une sélection de balados qui font du bien à écouter. Une liste en cinq temps pour vous inspirer à tendre l’oreille et à vous poser confortablement.

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C U LT U R E

POUR SE QUESTIONNER

es Chemins de la philosophie avec Adèle L Van Reeth et Géraldine Mosna-Savoye M’ayant accompagnée dans plusieurs moments où j’avais une grande soif d’apprendre, le balado Les Chemins de la philosophie, produit par France Culture, est un incontournable lorsque l’on souhaite approfondir les réflexions quant à notre place dans l’univers. Proposant tantôt des explorations thématiques et tantôt des rencontres avec les idées de figures importantes telles qu’Aldous Huxley, Gaston Bachelard ou encore Simone de Beauvoir, chaque épisode présente un voyage intellectuel qui ne cesse de surprendre. En prime, on y retrouve un traitement assez exceptionnel des archives sonores et de la musique.


POUR ÉLARGIR SES HORIZONS

On Being avec Krista Tippett

Reconnue dans son milieu pour sa rigueur et son approche inclusive, la journaliste Krista Tippett anime le balado On Being depuis près de 20 ans. Cette série de conversations aborde la spiritualité de manière ouverte et intriguée en l’approchant sous les angles de la science, de la guérison sociale et des arts. Inspiration, beauté, curiosité : chaque conversation profonde s’accompagne d’un sentiment général de réenchantement face à l’intelligence humaine et à son potentiel. L’animatrice est particulièrement expérimentée et contribue autant que ses invités aux discussions en les ponctuant d’anecdotes, de réflexions et de souvenirs.

POUR SE LAISSER INSPIRER

POUR SE MOTIVER

Renaître à soi… et changer le monde à sa façon avec Pastel Fluo

Mindful Endurance Program (MEP) avec Ryan Willms

À la tête de Pastel Fluo, Joanie Lacroix discute dans son balado avec des porteurs de projet qui font les choses différemment. Dans Renaître à soi… et changer le monde à sa façon, elle nous invite à découvrir le parcours d’entrepreneurs aux histoires inspirantes et profondément humaines. On y rencontre notamment Jean-Daniel Petit, co-fondateur de BESIDE, David Côté, l’écoentrepreneur derrière LOOP Mission et Rose Gwet, la fondatrice de Luxcey. Ces échanges nous permettent de voir les choses avec optimisme et de réfléchir, nous aussi, à la manière de contribuer positivement au changement social et écologique.

Anciennement Into the Well, Mindful Endurance Program est un balado porté par le créatif Ryan Willms. Se situant à l’intersection de la spiritualité et du sport d’endurance, les épisodes permettent d’aborder le mouvement comme un vecteur de connexion avec soi-même et avec ce qui nous entoure. Dans chaque épisode, Willms accueille des athlètes, des créatifs et des penseurs qui repoussent les limites de ce que nous croyons possible. Ce balado est particulièrement puissant puisqu’il démontre que nous avons beaucoup plus en commun que nous le pensons avec ces innovateurs qui semblent parfois surhumains.

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Vous assurez l’équilibre autour de vous, laissez-nous être le vôtre pour un moment

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À la découverte d’entreprises d’ici

L E M AY M I C H A U D , A R C H I T E C T E S D ’ É M O T I O N S

Créer des lieux d’exception, à la hauteur des rêves de nos clients, c’est le désir de LEMAYMICHAUD Architecture Design, fiers concepteurs et partenaires de Strøm spa nordique. Montréal | Québec | Ottawa

AUDVIK , DES MANTE AUX D’HIVER QUÉB ÉCOIS C R É É S PA R N O T R E C L I M AT

Fabriqués localement au Québec, Canada depuis 1979, nos manteaux sont intemporels, durables et faits entièrement de matériaux recyclés. Chez AUDVIK, nous avons à cœur cette volonté de partager l’amour que nous cultivons pour l’hiver.

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et nos différents points de vente, rendez-vous sur notre site Web : audvik.com

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À la découverte d’activités d’ici

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Venez vivre un moment inoubliable en compagnie d’un alpaga dans notre magnifique sentier privé de Mont-Saint-Hilaire, autant de jour que de soir. Sur réservation :

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Photographe — Bianca Des Jardins


Du champ à l ’usine, l ’ impact de l ’ industrialisation de l ’alimentation sur notre santé Entrevue avec Michaël Bensoussan, gastroentérologue, et Jean-François Lemoine, agronome

Michaël Bensoussan, gastroentérologue à l’hôpital Charles-Lemoyne à Longueuil, diagnostique et traite les maladies du tube digestif. JeanFrançois Lemoine est quant à lui agronome et travaille comme consultant auprès des agriculteurs pour les aider à améliorer leur production. Nous les avons reçus au Strøm spa nordique de Mont-Saint‑Hilaire, et c’est avec grande générosité qu’ils ont partagé avec nous leurs connaissances, nous permettant d’en apprendre plus sur le lien entre l’industrialisation de l’alimentation et ses effets sur notre santé.

MICHAËL BENSOUSSAN

Bonjour à vous deux. Michaël, pouvez-vous nous parler un peu du microbiote intestinal ? « Le microbiote désigne les bactéries avec lesquelles nous vivons en harmonie. Dans nos cavités nasales, dans nos bronches, sur notre peau, mais surtout dans notre tube digestif, où se retrouvent mille milliards de bactéries. Si l’on compte les cellules de tout le corps humain, de tous les organes, on en a cent milliards, soit dix fois moins. Nous sommes donc composés, en valeur absolue, de plus de matériel étranger que de matériel hérité de nos parents. Il y a 1200 souches bactériennes différentes, qui pèsent au total entre un kilo et un kilo et demi dans notre tube digestif. Sans elles, l’être humain serait incompatible avec la vie. Nous naissons avec l’intestin stérile et cette colonisation bactérienne commence au moment de l’accouchement, alors que le nourrisson est en contact avec la flore vaginale de la mère. L’allaitement poursuit ce travail lorsque le bébé met le sein de la maman, avec le microbiote de la peau de la maman, dans sa bouche. Dans les maternités au Québec désormais, quand un enfant naît par césarienne, on met un chiffon dans les parois vaginales de la mère et on enduit le bébé de cette flore vaginale, parce qu’on sait que ça fait partie du processus, dès les premières secondes de vie, du développement de sa flore intestinale.

À TA B L E

Pourquoi est-ce si important ? Parce qu’on a réalisé qu’à la source de plusieurs maladies, digestives, neurologiques et même probablement cancéreuses, il y a un déséquilibre de cette flore intestinale. Quand le microbiote est équilibré, nous sommes en symbiose avec les bactéries. En situation de déséquilibre, certaines bactéries deviennent dominantes et luttent contre d’autres, pourtant bénéfiques à notre santé. C’est ce qu’on appelle une dysbiose. Celle-ci est présente chez les gens qui ont des maladies de l’intestin, de l’obésité, du diabète, et chez ceux qui ont une alimentation trop grasse, calorique et transformée. Du point de vue de la flore intestinale et du microbiote, nous devenons ce que nous mangeons. Il y a quelques années, on disait que la flore intestinale jouait un rôle dans la digestion. Ensuite, on a compris qu’elle était impliquée dans le développement de maladies digestives. Et dernièrement, on réalise qu’elle communique avec les nerfs de l’intestin. Il y a 200 millions de neurones dans l’intestin, c’est pour ça qu’on l’appelle le deuxième cerveau. C’est l’organe du corps humain où l’on retrouve le plus de neurones après le cerveau. Les bactéries communiquent avec les 200 millions de neurones de l’intestin, qui eux-mêmes communiquent des millions de fois par seconde avec notre cerveau. Cela veut donc dire que les bactéries de notre intestin donnent des ordres à notre cerveau. Ça fait longtemps qu’on sait que le pouvoir du cerveau sur l’intestin est immense ; on se rend maintenant compte que l’inverse est probablement vrai aussi. »

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JE AN - FR ANÇOIS LEMOINE M.B.

M.B.

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« Pour les maladies de Crohn et les colites ulcéreuses, n’y a-t-il pas une dimension génétique ? » « Évidemment ! Mais dans notre microbiote aussi, il y a une partie génétique. C’est-à-dire qu’il est génétiquement prédisposé. Avec toutes les cellules de surface de notre intestin qui vont plus ou moins adhérer à telle ou telle bactérie, chaque personne dans le monde a un microbiote différent. On peut identifier quelqu’un de manière plus certaine encore avec son microbiote qu’avec ses empreintes digitales ou l’iris de ses yeux. Il est unique à chaque personne : il est, d’une part, génétiquement codifié, et d’autre part, influencé par ce qu’on mange, entre autres. » Est-ce dire que notre alimentation a le pouvoir de nous rendre malades ? « Ce que la littérature médicale nous dit, c’est qu’il y a beaucoup plus de maladies dans les pays de l’hémisphère nord que dans les pays moins développés, par exemple de l’hémisphère sud. C’est d’autant plus vrai en gastroentérologie : nous sommes le pays au monde où il y a le plus de colites ulcéreuses par personne. Ce qu’on sait également, c’est que quand des populations issues d’autres pays et d’autres génétiques immigrent au Canada, elles se retrouvent à avoir la même quantité de maladies que les gens nés ici. Il y a donc à l’évidence des problèmes ici qui génèrent des maladies.

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À TA B L E

Si je connaissais ces problèmes, je vous les nommerais avec plaisir. On les trouve au fur et à mesure que la science progresse, mais après, on peut aussi raisonner avec notre gros bon sens. Quelle est la différence entre un pays industrialisé comme le nôtre, et des pays moins industrialisés ? Ce sont les polluants, atmosphériques ou dans l’eau, et qui se retrouvent dans le sol, où pousse la nourriture que l’on consomme. Mais surtout, c’est l’industrialisation, l’ultratransformation des aliments. Il faut comprendre que tous les aliments qui sont issus de la terre sont transformés, ne serait-ce que quand on les apprête pour les manger. L’ultratransformation, c’est encore autre chose, c’est le processus industriel qui transforme les aliments à l’aide de composés chimiques qui sont en général des conservateurs, des agents de saveur, etc. Et quand on commence à mettre ce genre de composés dans la nourriture que l’on consomme, on ne peut plus tellement prédire quels effets ça aura sur le corps. Je crois pouvoir dire que les gens qui achètent leurs légumes chez un maraîcher, leur viande chez un boucher, leur pain chez un boulanger et leur poisson dans une poissonnerie n’auront pas de problèmes de santé liés à l’alimentation puisqu’aucun de ces produits n’est ultratransformé. »


J . - F. L .

« Et même s’ils présentent des traces de produits pesticides, issus de la façon dont ils ont été cultivés, manger des fruits et légumes est beaucoup plus profitable pour la santé que de ne pas en manger du tout ! »

M.B.

« Tout à fait. Les gens n’ont qu’à consulter le guide alimentaire canadien, qui est extraordinairement bien fait. Il recommande des protéines animales ou alternatives, des protéines végétales, des produits laitiers, mais peut-être un peu moins qu’avant, bref une alimentation variée et locale le plus possible. Saviez-vous qu’on achète au Canada des haricots verts congelés qui poussent en Chine ? »

J . - F. L .

« Ça me renverse, car on en fait pousser de si bons ici ! Mais souvent, leur prix ne convient pas à l’épicier, qui préfère les importer. Il faut que les gens se renseignent sur la provenance des aliments, et qu’ils soient prêts parfois, hors saison, à payer un peu plus cher pour acheter local. Par exemple, mes enfants et moi sommes des amateurs de cornichons à l’aneth. Et pourtant, même si les concombres, ça pousse au Québec, je n’arrive pas à trouver, dans aucune des épiceries où je vais, un pot de cornichons local. Les concombres viennent de l’Inde, et ont peut-être été arrosés avec des produits pesticides qui sont interdits ici. »

M.B.

« Alors que c’est si facile à faire maison ! On devrait se redonner le temps de cuisiner malgré nos rythmes de vie effrénés. On consommerait tellement moins de produits ultratransformés ; ça changerait tout ! Il y a 30 % à 40 % des gens qui consultent en gastroentérologie pour des pathologies digestives dites fonctionnelles comme le côlon irritable, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de maladie sous-jacente. Ces pathologies sont au moins à moitié liées à notre mode de vie, au stress, et surtout à ce qu’on mange. On prend ce qu’on arrive à attraper au passage, un morceau de pizza en marchant, un sandwich en répondant à des courriels. Mais quand on a un intestin fragile, il faut s’asseoir, manger un repas de préférence chaud, qu’on vient de préparer avec de bons ingrédients, couper son téléphone, boire quelques gorgées d’eau pour s’hydrater en même temps. Quand on recommande à nos patients de faire ça, plus de la moitié de ceux ayant un problème de côlon irritable ou de dyspepsie, soit des problèmes d’estomac et d’œsophage, voient leurs symptômes disparaître comme par magie. C’est parce qu’ils se sont réapproprié le moment du repas, le geste d’ingérer de la nourriture. »

Photographe — Bianca Des Jardins

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M.B.

Le gluten, dont on parle beaucoup ces dernières années, a-t-il un impact sur la santé des gens ? « En 2022, entre 8 % et 10 % de la population canadienne est intolérante au gluten, et présente donc des ballonnements, des troubles digestifs. Une partie de ces gens ont en fait un intestin irritable, et c’est ce qui fait qu’ils ont du mal à digérer le gluten. Il y a ensuite 1 % à 2 % des gens qui sont atteints de la maladie céliaque, une maladie auto-immune déclenchée au niveau de l’intestin par l’ingestion de gluten et qui, à la longue, endommage l’intestin, occasionne des troubles sévères, de l’anémie, des carences nutritionnelles, et qui éventuellement peut cancériser. Ce que l’on constate, c’est qu’il y a beaucoup plus de céliaques et d’intolérants au gluten qu’avant. La seule explication plausible que je vois est l’industrialisation du cycle du blé. Une fois qu’il est récolté, on en fait à peu près tout : du pain tranché qu’on trouve en supermarché auquel sucre, gras et sel sont ajoutés, et qui n’a donc plus grand-chose à voir avec du pain, jusqu’au pain au levain, fait par le boulanger qui en général travaille directement avec de plus petits producteurs, choisit ses farines et les mélange, pour offrir un produit beaucoup moins transformé. Pour le consommateur, tout est disponible et tout est possible. Mais est-ce que le rapport du consommateur au gluten et au blé a changé ces dernières décennies ? Ma constatation de médecin est oui ! »

J . - F. L .

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Jean-François, qu’est-ce que le gluten et à quoi sert-il ? « Toute la famille des poacées, dont les graminées, contient du gluten. Le gluten est composé de deux protéines, et peu importe le type de blé, le gluten est le même. Il est là pour que la semence germe, pour assurer la descendance du blé. Dans le produit fini, comme le pain, il assure l’élasticité, l’aération de la mie. Il y a des variations d’une céréale à l’autre, par exemple l’épeautre en contient beaucoup, d’autres céréales en contiennent moins, mais le gluten reste le même. Il y a au moins 50 types de blés qui poussent au Canada : des blés forts pour la farine, les pains plats, et d’autres pour les pâtisseries, du blé mou, tendre, roux, etc. Mais un champ reste un champ, et est toujours composé d’un seul type. »

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J . - F. L .

M.B.

Comment se passe la culture du blé ? « Au niveau des fruits et légumes, il y a aujourd’hui des maraîchers qui cultivent sur des petites surfaces et qui peuvent vendre directement aux particuliers, car la ressource qu’ils produisent s’y prête bien. Elle est consommée directement, sans grande transformation, par le consommateur. Mais pour les céréales et les oléagineux comme le maïs, le soya, le blé, ça prend de grandes superficies pour en faire pousser. Par exemple, dans son jardin à la maison, on peut planter quelques plants de tomates et en manger presque tout l’été, mais si on devait planter du blé pour essayer de se faire un pain, on n’aurait pas assez de place ! La culture des céréales et des oléagineux est donc plus industrialisée au Québec que celle des fruits et légumes, car elle demande de grands espaces, de l’équipement important, et implique une transformation considérable avant d’arriver au consommateur. Des facteurs d’efficacité, de productivité et de rentabilité entrent aussi en ligne de compte. On est huit milliards d’êtres humains sur Terre. Il faut le nourrir, ce monde-là, et ça il ne faut pas l’oublier. » En conclusion, quelles habitudes alimentaires pouvons-nous adopter pour favoriser la santé du microbiote et notre santé de façon générale ? « Manger de manière diversifiée. Quand on a une alimentation variée et équilibrée, cela se reflète sur la flore intestinale. On peut aussi la nourrir en lui donnant des produits vivants à manger, c’est-à-dire tout ce qui est fermenté : kimchi, kombucha, kéfir, choucroute, yogourt, miso... Il ne faut pas avoir peur de catégories d’aliments complètes, tout est une question de dosage et d’utilisation. Il n’y a pas de mauvais aliment, dans ceux que nous donne Mère Nature. Il n’y a pas non plus de superaliment, c’est du marketing : il y a une diversité d’aliments. Comme le kale, c’est vrai que c’est bon, du kale, mais c’est bon du brocoli aussi, et de la laitue ! »


On est huit milliards d’êtres humains sur Terre. Il faut le nourrir, ce monde-là, et ça il ne faut pas l’oublier.


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Gâteau pain d’épices parfumé au bouleau et au nard des pinèdes

Gâteau pain d’épices

Ingrédients

½ tasse de sirop de bouleau ½ tasse d’eau 1 c. à soupe de vinaigre balsamique 2 tasses de farine tout usage non blanchie ½ tasse de farine de sarrasin 1 c. à thé de bicarbonate de soude ½ c. à thé de sel 1 ½ c. à soupe de nard des pinèdes réduit en poudre (ou de cinq-épices) 1 ½ c. à soupe de gingembre frais râpé ½ tasse de beurre non salé, tempéré ¾ tasse de cassonade ¾ tasse de mélasse 2 œufs 1 tasse de babeurre

Crémeux à la courge et au chocolat blanc et pommes caramélisées

Préparation 1

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Portions

Temps de préparation

Temps de cuisson

10

15 minutes

50 minutes

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Le gâteau pain d’épices, évoquant souvenirs et réconfort, est un dessert que nous avions servi dans nos restaurants l’hiver dernier, et qui a beaucoup plu. S’inscrivant dans la saisonnalité des récoltes, il met de l’avant la courge et la pomme, deux de nos complices de la saison froide. Cette célébration des ingrédients locaux se poursuit dans notre recette de cidre chaud, dans lequel sont infusés les cœurs et les pelures des pommes utilisées pour le gâteau. Cette astuce, aussi ingénieuse que délicieuse, permet de maximiser toutes les parties du fruit, et d’ainsi éviter le gaspillage alimentaire. Finalement, une touche boréale est ajoutée aux recettes grâce au sirop de bouleau, au nard des pinèdes et au thé du Labrador, comme un doux rappel de l’unicité de notre terroir.

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À TA B L E

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Dans une casserole, chauffer le sirop de bouleau, l’eau et le vinaigre balsamique jusqu’à ce que le mélange soit homogène. Réserver. Dans un bol, mélanger les ingrédients secs et le gingembre râpé. Dans le bol du batteur sur socle ou au batteur à main, crémer le beurre avec la cassonade pendant 2 minutes. Incorporer la mélasse et battre 1 minute supplémentaire, puis ajouter les œufs, un à la fois. Incorporer les ingrédients secs au mélange en alternant avec le babeurre. Chemiser un moule à pain de 9 x 5 pouces de papier parchemin. Verser le mélange dans le moule. Cuire au four préchauffé à 350 °F (180 °C) pendant environ 50 minutes. Pour vérifier la cuisson, piquer la pointe d’un petit couteau ou insérer un cure-dent au centre du gâteau. Il doit en ressortir propre. Réchauffer le sirop de bouleau et le répartir uniformément sur le gâteau tiède de façon à ce qu’il soit absorbé. Réfrigérer au moins 3 heures. Note : Le nard des pinèdes est un bourgeon boréal qui pousse généralement dans les champs de bleuets. Son goût rappelle celui de la cannelle, du clou de girofle et du miel. On peut se le procurer en ligne au racinesboreales.ca, ou au oceandesaveurs.ca.


Photographe — Bianca Des Jardins


Crémeux à la courge et au chocolat blanc

Pommes caramélisées

Ingrédients

Ingrédients

4 tasses de cubes de courge musquée pelée (1 courge moyenne)

8 pommes Honeycrisp ou Cortland 2 tasses de sucre blanc 2 c. à soupe d’eau ¼ de tasse de vinaigre de cidre 1 c. à soupe de sirop de maïs

1 tasse d’eau 1 tasse de sirop d’érable ½ tasse de crème 35 % à fouetter 125 g de pastilles de chocolat blanc

Préparation 1

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Préparation

Dans une casserole, cuire à feu moyen les cubes de courge dans l’eau additionnée du sirop d’érable jusqu’à ce que les cubes soient complètement cuits, et le sirop absorbé. Au mélangeur, broyer les cubes de courge afin d’obtenir une purée lisse. Réserver. Dans une casserole, porter la crème à ébullition. Disposer les pastilles de chocolat blanc dans un bol, puis verser la crème chaude sur le chocolat blanc. Laisser reposer 1 minute. Émulsionner la préparation au fouet jusqu’à ce qu’elle soit lisse. Ajouter la purée de courge à la préparation de chocolat blanc et mélanger jusqu’à homogénéité. Transvider la préparation dans un contenant hermétique et réfrigérer au moins 3 heures.

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3

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Éplucher les pommes et en retirer le cœur. Conserver pelures et cœurs dans une eau légèrement citronnée pour la recette de cidre chaud à la page suivante. Couper les pommes en dés de 2 cm. Dans une grande poêle, faire fondre le sucre avec l’eau, le vinaigre de cidre et le sirop de maïs à feu moyen-doux sans remuer. Une fois le sucre fondu, augmenter le feu à moyen-vif. Lorsque le caramel commence à colorer, remuer délicatement pour uniformiser la coloration. Quand il atteint une couleur bronze, retirer du feu et ajouter les pommes. Remettre la poêle sur le feu et laisser les dés de pommes cuire à feu moyen dans le caramel de 3 à 4 minutes. Transférer la préparation dans un contenant hermétique, et réfrigérer au moins 2 heures.

Montage 1

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Note : Afin d’utiliser la courge dans son intégralité, rincer puis sécher les graines. Rôtir les graines de courge à 425 °F (218 °C) jusqu’à l’obtention d’une belle coloration. Assaisonner avec une pincée de cassonade et de cinq-épices. Pour les fines pelures de courge, les étaler sur une plaque munie de papier parchemin, et les arroser d’un filet d’huile de tournesol. Parsemer de cinq-épices et d’une pincée de fleur de sel, et laisser sécher au four à 300 °F (150 °C) pendant environ 30 minutes, jusqu’à ce que les pelures soient croustillantes.

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À TA B L E

Couper le gâteau pain d’épices en tranches et disposer chaque tranche dans une assiette. Laisser tempérer quelques minutes. Garnir au goût de quenelles de crémeux à la courge et au chocolat blanc ainsi que de quelques pommes caramélisées.


Photographe — Bianca Des Jardins


Photographe — Bianca Des Jardins


Æblecider

Ingrédients

3 tasses de cidre plat 3 oz de whisky à l’érable ½ tasse de sirop d’érable 1 tasse d’eau Les pelures et les cœurs de 8 pommes (ou 3 pommes coupées en dés)

Cidre chaud à l’érable et à la pomme au parfum de thé du Labrador

1 ½ c. à soupe de gingembre frais râpé ¾ tasse de feuilles de thé du Labrador séchées

Préparation 1

2

3

Laisser macérer tous les ingrédients la veille au réfrigérateur dans une casserole couverte. Cette étape est facultative, mais rehaussera de beaucoup la saveur du cidre chaud. Chauffer les ingrédients dans la casserole à feux doux jusqu’à ce que la préparation soit chaude, en veillant à ne pas la faire bouillir. Couvrir et laisser infuser hors du feu de 5 à 10 minutes. Filtrer la préparation avant de servir. Réchauffer au besoin.

Photographe — Bianca Des Jardins

Portions

Temps de préparation

Temps de cuisson

4

15 minutes

15 minutes

Temps d’attente 12 heures

Une boisson alliant la chaleur du whisky, la douceur de l’érable, l’acidité de la pomme et le piquant du gingembre, parfaite pour clore une promenade en forêt ou un après-midi de lecture.

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Photographe — Bianca Des Jardins


17 astuces pour réduire le coût du panier d ’ épicerie

NOUVEAU PRÊT-À-MANGER

Par Isabelle Huot, Docteure en nutrition

En 2022, le prix des aliments a augmenté de 5 % à 7 % selon les catégories. On estime qu’une famille moyenne dépensera 1000 $ de plus cette année pour se nourrir. Bien que cette inflation n’affecte pas tous les ménages de la même manière, tout le monde gagnerait à repenser ses habitudes afin de consommer mieux, pour soi, pour sa communauté et pour la santé de notre planète. Je vous propose donc mes astuces pour manger sainement tout en économisant. 1 — RÉDUIRE LE GA SPILL AGE

Jeter des fruits et légumes qui sont défraîchis ou des restes qui n’ont pas été consommés est un gaspillage d’argent et de ressources. En s’assurant d’utiliser toutes les parties comestibles des aliments (notamment les fanes des légumes pour des soupes ou du pesto), en revalorisant les restes (un restant de poulet se transforme en délicieux bol bouddha poulet-mangue-coco), et en maximisant l’utilisation des fruits et légumes qui ont perdu de leur fraîcheur (dans les potages, smoothies ou muffins maison), on évite de jeter plusieurs centaines de dollars d’aliments à la poubelle. 2—C O N S E R V E R L E S A L I M E N T S A D É Q UAT E M E N T

Une bonne conservation des aliments permet de maximiser leur durée de vie et de réduire le gaspillage alimentaire. Un outil comme le Thermoguide de la MAPAQ peut vous aider à y parvenir.

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3 — PLANIFIER SES MENUS

On planifie les repas de la semaine selon les saisons, la disponibilité des légumes locaux et les spéciaux des circulaires. On s’assure de faire provision de certains articles à bon prix (que l’on est sûr de consommer ou qui se conservent longtemps) et de congeler les portions supplémentaires. Pour économiser, la planification est un incontournable ! 4—T R O Q U E R L A V I A N D E P O U R L E S P R O T É I N E S V É G É TA L E S

Les légumineuses (surtout sèches), le tofu et la PVT (protéine végétale texturée) sont jusqu’à trois fois plus économiques que les sources de protéines animales. Sans nécessairement devenir végétariens, on aurait tous et toutes avantage à inclure plus de protéines végétales à notre menu. Cela fait du bien au portefeuille, à la santé, mais aussi à l’environnement !

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5 — C U I S I N E R D AVA N TA G E

Cuisiner ses bouillons, soupes, pestos, muffins et biscuits coûte la moitié moins que si on les achète déjà préparés. Pourquoi ne pas faire de la cuisine une activité ludique en partageant ce moment avec ses proches ? 6 — É V I TE R LE S FAUSS E S PR O M OT I O N S

Les fausses promotions sont celles qui vous font acheter des quantités d’aliments supérieures à vos besoins pour payer moins par unité, et augmentent donc le risque de pertes et de gaspillage. Ne vous laissez pas avoir par ce type d’offres. Elles ne vous feront pas économiser si les aliments sont jetés au bout du compte. 7 — É V I T E R L E S AC H AT S I M P U L S I F S

Lorsque vous arrivez aux caisses, plusieurs aliments sont présentés à la vente, comme des barres chocolatées et des friandises. Il s’agit d’une technique de marketing alimentaire qui a pour but de vous faire consommer davantage. Résistez à l’envie d’ajouter ces douceurs à votre panier pour ne pas faire monter votre facture de quelques dollars.

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8—F AIRE UN TOUR DU CÔTÉ D E S L I Q U I DAT I O N S

Dans les épiceries, on trouve parfois des sections présentant des produits en liquidation. Il s’agit souvent d’aliments dont la date de péremption approche, ou des fruits et des légumes fatigués. S’ils ne présentent aucun signe de moisissure, ces denrées peuvent être consommées. Cependant, il faudra les préparer ou les manger rapidement pour éviter de les jeter. 9—A CHETER DES ALIMENTS « MOCHES »

Dans le même ordre d’idées, de plus en plus d’épiceries proposent des fruits et des légumes « moches ». Ces derniers sont vendus moins chers que les fruits et les légumes qui correspondent aux standards de vente, et sont tout aussi bons pour la santé du point de vue nutritionnel. 10 — O P T E R P O U R L E V R A C

Les aliments vendus en vrac sont souvent moins chers que les autres aliments, car vous ne payez pas pour l’emballage et ne prenez que la quantité dont vous avez besoin. Une bonne façon d’alléger la facture d’épicerie et de diminuer votre empreinte carbone !

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11 — S ÉLECTIONNER LES ALIMENTS ENTIERS

Des aliments comme les fruits, les légumes et la viande sont moins chers lorsque vous les achetez entiers plutôt que coupés, car vous ne payez pas pour la manipulation. En apprêtant vous-mêmes vos aliments, vous pouvez réaliser de belles économies. 12 — S UIVRE LES SAISONS

Les aliments de saison sont souvent moins chers que leurs confrères importés ou hors saison. Pour connaître les fruits et les légumes qui sont en saison au Québec, vous pouvez consulter des ressources comme Mangez Québec, qui propose un calendrier des arrivages. 13 — S E CONCENTRER SUR L A P É R I P H É R I E D E L’ É P I C E R I E

Les aliments frais et peu ou pas transformés sont généralement placés sur les pourtours de l’épicerie (fruits, légumes, volaille, poisson, viande, œufs, produits laitiers). Quant aux allées centrales, elles contiennent quelques aliments de base (grains entiers, légumineuses, noix), mais aussi beaucoup d’aliments transformés et ultratransformés comme les croustilles et les biscuits. En favorisant la périphérie du supermarché et en vous limitant aux aliments de base dans les allées centrales, vous diminuez votre facture et favorisez des aliments sains et nourrissants.


14 — V É R I F I E R LE PR I X FAC T U R É

Lorsque vous êtes à la caisse, prenez le temps de vérifier que le prix facturé correspond bien au prix affiché en magasin et signalez les différences observées au caissier ou à la caissière. Une bonne vérification du reçu pourrait aussi vous faire économiser ! 15 — B ÉNÉFICIER DE LA POLITIQUE D ’ É G A L I S AT I O N D E S P R I X

Certaines enseignes proposent d’égaler les prix des concurrents à la caisse sur présentation d’une preuve comme une circulaire. Il s’agit d’une astuce efficace pour épargner sans avoir à visiter plusieurs magasins. 16 — F RÉQUENTER LES MAGA SINS À RABAIS

De nombreuses grandes chaînes possèdent des magasins à rabais où le panier d’épicerie est plus abordable. Par exemple, vous payerez nettement moins cher chez Maxi que chez Provigo, qui appartiennent pourtant tous deux au groupe Loblaws. 17 — J A R D I N E R

P ho t o g r aphe — K a r ol i n a G r a b ow s k a

Que ce soit sur le bord d’une fenêtre ou sur un balcon, dans une cour ou dans un jardin communautaire, vous pouvez faire pousser quelques fines herbes ou légumes pendant la belle saison. En plus de devoir acheter moins, la fierté de consommer le fruit de votre travail sera une belle récompense !

Photographe — Karolina Grabowska

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L’ hiver comme identité Par Stéphanie Dupuy, sommelière

« Mon pays, ce n’est pas un pays... » Nul besoin de terminer ma phrase, la fin, vous la connaissez par cœur. Ces mots de Gilles Vigneault font partie de chacun de nous. Rigoureux, long, glacial, difficile, rude, hostile… Bien des qualificatifs peuvent être donnés à notre hiver, mais le meilleur d’entre eux reste « québécois ». Certains ne sauraient s’en passer, d’autres le fuient dès son arrivée. Qu’on l’aime ou qu’on le déteste, l’hiver est un élément clé de notre identité et de celle de notre terroir. LE VIGNOBLE QUÉBÉCOIS

Le tout premier vignoble commercial du Québec, le Domaine des Côtes d’Ardoise, a été fondé en 1980 à Dunham dans Brome-Missisquoi par Christian Barthomeuf. Il va donc sans dire que l’historique de la culture du vin au Québec est très court. L’absence de traditions peut être vu comme un inconvénient, mais quand on y pense bien, c’est plutôt un avantage. Les réglementations sont moins contraignantes que sur le Vieux Continent. On peut sortir des sentiers battus et laisser libre cours aux expérimentations et aux innovations, ce qui permet aux vignobles québécois d’évoluer à la vitesse grand V.

L E S C É PAG E S H Y B R I D E S

Les cépages les plus connus nous viennent de la variété vitis vinifera. Ces cépages d’origine européenne (chardonnay, sauvignon blanc, pinot noir, etc.) offrent sans contredit les meilleurs résultats. L’Amérique du Nord possède aussi des espèces de vignes qui lui sont indigènes, par exemple vitis riparia et vitis lambrusca. Au Québec, la vaste majorité des cépages plantés sont des hybrides, soit un croisement entre deux espèces fait afin de créer une variété ayant les qualités de chacun ; par exemple, la qualité du fruit de l’un et la résistance du plan de l’autre. Les hybrides peuvent résister à des températures allant jusqu’à -35 °C sans protection hivernale autre que l’isolant naturel qu’est la neige. On pense à des cépages tels que Maréchal Foch, vidal, seyval, frontenac (blanc, gris ou noir), Saint-Pépin et plus encore. Ne passons cependant pas sous silence l’enthousiasme grandissant des vignerons québécois pour la culture des vitis vinifera. Pour ces variétés moins adaptées à notre climat, la neige n’est pas une protection suffisante. On privilégie plutôt le buttage (formation d’une butte de terre au pied des plants) ou l’utilisation de toiles géotextiles pour couvrir les vignes.

Étonnamment, le Québec a un point commun avec certaines régions d’Europe comme Bordeaux ou la Loire, en France. Notre moyenne d’heures annuelles d’ensoleillement se compare aux leurs. Alors, qu’est-ce qui distingue le vignoble québécois du reste du Canada, et même du monde ? Ce qui est à la base du terroir québécois et qui crée sa typicité, c’est, vous l’aurez deviné, l’hiver.

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Photographe — Bianca Des Jardins


« L’hiver est un ennemi et, en même temps, un allié. C’est l’élément central du vignoble québécois, celui qui lui donne toute son unicité. C’est pourquoi il faut apprendre à travailler avec lui. » — Matthieu Beauchemin, du Domaine du Nival en Montérégie

L E S G E L S TA R D I F S D U P R I N T E M P S E T H ÂT I F S D E L’A U T O M N E : E N J E U X D ’ U N C L I M A T N O R D I Q U E

LE GOÛT D’UN VIN NORDIQUE

Peu importe la région du monde ou le type de culture, les agriculteurs seront toujours à la merci des aléas de la nature. Au Québec, on le sait, nous avons quatre saisons très distinctes qui comportent chacune bon nombre de risques, et le passage de l’une à l’autre est de plus en plus radical. Chaque printemps ou presque, le mois de mai nous surprend avec des nuits aux températures frôlant le point de congélation. Le risque ? À cette période de l’année, le débourrement (période d’ouverture des bourgeons) est déjà bien entamé. Un bourgeon est composé d’eau en grande partie, ce qui le rend extrêmement sensible au gel. Et comme toute la promesse de la vendange à venir est contenue dans chacun des petits bourgeons de la vigne, un gel peut être catastrophique. Pour éviter le pire, les vignerons font des feux dans leurs champs la nuit afin de réchauffer l’air juste assez pour échapper au gel. Ils peuvent aussi asperger les vignes d’eau. Ce système peut paraître contre-intuitif, mais la fine couche d’eau qui se dépose sur la vigne et les bourgeons gèle et les protège du froid. Des tours à vent ressemblant à de petites éoliennes sont également utilisées afin de faire descendre vers le sol les masses d’air chaud qui se tiennent plus en hauteur que les masses d’air froid. Dans le même ordre d’idées, il est également possible de faire bouger les masses d’air à l’aide d’un hélicoptère. Une solution qu’on devine plus coûteuse et moins écoresponsable, mais une solution tout de même.

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Plus un climat est chaud, plus le raisin aura de la facilité à mûrir et à le faire rapidement. Qui dit fruit mûr, dit sucre et qui dit sucre, dit alcool. Les régions viticoles les plus chaudes donnent donc généralement des vins plus forts en alcool avec des arômes de fruits bien mûrs. À contrario, un climat frais a comme incidence de préserver l’acidité dans le fruit. L’acidité est un élément central du vin. Sa présence en quantité suffisante crée un équilibre et apporte une fraîcheur des plus agréables qui rend le vin digeste. Si l’on devait caractériser de manière très générale les vins québécois (gardons en tête que l’on compte dans la province sept régions viticoles, totalisant 146 vignobles sur 800 hectares pour une production annuelle environnant les 2,5 millions de bouteilles), on pourrait dire qu’ils sont légers, frais, peu tanniques et très aromatiques. Chaque millésime amène son lot de nouveaux vins sur la scène québécoise. Nous ne sommes pas près d’être à court de découvertes et de surprises. Buvez du vin d’ici et goûtez à notre nordicité !

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DOMAINE BERGEVILLE, LE BLANC BRUT 2020, BIOLOGIQUE

13374562 – 29,85 $

Ce vin blanc mousseux nous vient de l’Estrie, plus précisément de Hatley, près du lac Massawippi entre Magog et Sherbrooke. Les propriétaires, Marc Théberge et Eve Rainville (la contraction de leurs noms de famille donnant lieu au nom du domaine) exploitent ce domaine de 12 000 vignes depuis 2018. L’agriculture y est faite selon les principes de la biodynamie, en tout respect de l’équilibre des écosystèmes. Seuls des vins mousseux de méthode traditionnelle y sont produits. Celui que je vous propose rappelle au nez la pomme, l’ananas, le miel et les fleurs. En bouche, vous serez conquis par une bulle franche et fraîche et des notes de citron et de poire.

DOMAINE PIGEON HILL, PIGEON HILL ROUGE, BIOLOGIQUE

Disponible au domaine et en boutique spécialisée – 31,50 $

Ce vignoble situé à Saint-Armand, à proximité de la frontière américaine, est dirigé par Manon Rousseau et Kevin Shufelt. Ce couple a fait l’acquisition d’une terre en 2008 sur laquelle ils ont planté 4500 pieds de vigne. Depuis, ils y ajoutent 2000 pieds supplémentaires chaque année. Uniquement des cépages hybrides y sont cultivés. Le vignoble est travaillé de la manière la plus naturelle possible selon les principes de la permaculture, de sorte à favoriser au maximum la biodiversité. Cette cuvée, un assemblage de marquette, frontenac noir et petite perle, a fait un élevage d’environ 12 mois en barrique de chêne, ce qui lui donne tonus et structure. Elle n’en est pas moins gourmande, rappelant les fruits rouges avec un léger côté épicé. Les quantités sont limitées, et les ruptures de stock fréquentes. Suivez-les sur Facebook afin d’être à l’affût des arrivages.

LES BACCH A NTES, LES VI G N ES DE BACCH A NTES B1 2 021

14722039 – 17,15 $

Ce vignoble situé à Hemmingford a été repris par Sébastien Daoust en 2017 après le décès de son père. Avec l’aide de deux collaborateurs de confiance et d’expérience, Thomas Lahoz et Geneviève Thisdel, il tient les rênes des 11 hectares de vignes. La cuvée B1 s’exprime à merveille dans ce millésime que beaucoup ont qualifié d’exceptionnel au Québec. Un assemblage à parts égales de seyval et de vidal qui donne un blanc frais et sec, mais qui ne manque pas de rondeur. Son amertume fait saliver et ouvre l’appétit. Ça sent l’apéro à plein nez !


RIVIÈRE STRØM, VIEUX- QUÉBEC


Quatre refuges alliant savoir ancestral et moder nité Photos par Bianca Des Jardins

Pour répondre au besoin de renouer avec un équilibre de vie optimal, les stations thermales du Strøm spa nordique puisent au cœur d’une tradition bien ancrée chez nos voisins nordiques, depuis 2000 ans. Envie de déconnexion, recherche d’immunité, quête d’équilibre. En marge des cures instantanées, le Strøm vous invite à faire du bien-être un style de vie en cultivant l’art de la thermothérapie. Si le besoin de déconnexion est en pleine expansion, notre expertise tissée au fil des années prend en charge le nécessaire pour décrocher. Pour profiter des bienfaits des eaux, il faut en amont être détendu. Avec un cadre de détente réf léchi et une atmosphère propice à la présence, à l’éveil des sens et au silence, les bienfaits du choc thermique, du froid et de la sudation se vivent de manière plus consciente. L’appel du calme au service de l’expérience spa. Un rendez-vous pour explorer des installations alliant savoir ancestral et modernité.

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U N H É R I TA G E F I N L A N DA I S

Reconnu pour ses bienfaits pour la peau, le cœur et la santé globale, le sauna est un rituel finlandais qui s’apparente à un bain de chaleur sèche. Pratiqué au quotidien, il contribue à renforcer le système immunitaire et à combattre les infections. Grâce à la chaleur, le sauna crée un état de fièvre artificielle dans l’organisme. Cet état stimule le système immunitaire en entraînant une production plus élevée de globules blancs et d’anticorps qui sont voués à lutter contre les maladies.

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Une grande nouvelle pour les adeptes du sauna : d’après une récente étude publiée par des chercheurs de l’Université Laval et du CHU de Québec, la tradition du sauna pourrait avoir un pouvoir protecteur contre l’Alzheimer. Une étude finlandaise en était aussi arrivée au même constat il y a quelques années. Dans le magazine Neurobiology of Aging, on démontre que l’augmentation de la température corporelle pourrait avoir comme effet de réduire l’altération de protéines tau dans le cerveau, un phénomène associé à la maladie d’Alzheimer.

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SAUNA BARIL

S T R Ø M S PA N O R D I Q U E D E M O N T- S A I N T- H I L A I R E : FUSIONNER TR ADITIONS E T A R C H I T EC T U R E M O D E R N E

La populaire tradition du sauna se réinvente sous des formes architecturales surprenantes. Pour le bonheur des amateurs de panoramas enveloppants, le sauna baril se vit intimement, avec une vue incomparable sur le mont Saint-Hilaire.

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« Ceux et celles qui ne réservent pas quotidiennement un peu de temps pour leur santé devront un jour consacrer beaucoup de temps à leur maladie. » — Sébastien Kneipp (1821–1897), créateur de la méthode Kneipp qui est notamment fondée sur l’hydrothérapie

L A F O R C E C U R A T I V E D E L’ E A U

Réapprivoiser l’art de la douche et du bain froids, voilà ce que propose l’abbé Kneipp, « le docteur de l’eau » qui fut l’un des premiers à s’autotraiter, puis à traiter son entourage grâce aux bienfaits de l’eau fraîche. D’après le curé, celle-ci endurcirait l’organisme afin de prévenir la maladie. Douche écossaise, bain glacé, chute nordique. Son remède ultime : l’eau. Alors que l’eau froide rétablirait l’ordre du corps, l’eau chaude permettrait d’intensifier les bienfaits de l’eau froide. En dilatant et en contractant les vaisseaux sanguins, le contraste chaud-froid de l’expérience thermale activerait le système hormonal et immunitaire ainsi que le cœur, le foie et l’estomac.

CHUTE NORDIQUE

S T R Ø M S PA N O R D I Q U E D E L’ Î L E - D E S - S ŒU R S : U N E E X P É R I E N C E V I V I FI A N T E Avec son plus récent bassin d’eau froide immersif, sa douche fraîche en plein air et ses chutes nordiques, le Strøm spa nordique de l’Île-des-Sœurs est une invitation à expérimenter les vertus curatives de l’eau froide, un cycle thermal à la fois.

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BASSIN FROID


« Son silence est le cœur qui écoute, l’intériorité absolue. » — Alain Corbin, historien et auteur de l’ouvrage Histoire du silence, de la Renaissance à nos jours

S A L L E N AT


B A I N N O R D I Q U E AV E C C H U T E

SALLE BÅL

U N R I T U E L A PA I S A N T

Dans Histoire du silence, de la Renaissance à nos jours, l’historien français Alain Corbin nous parle du « langage muet de l’âme », celui de la contemplation, de l’infini, de l’insaisissable, de la profondeur et du calme. Du silence intérieur au silence extérieur, en passant par le silence feutré, la quête, même l’apprentissage et la discipline du silence deviennent pratiques intégrantes de la tradition monastique et bouddhiste. Le silence extérieur qui règne dans les stations thermales du Strøm est une invitation à parvenir au silence intérieur. Bien qu’immatériels, les bienfaits du silence sont tangibles. Cet état d’oubli de soi, d’abandon à l’instant présent ouvre de nouvelles perspectives. Lorsque le silence règne, le cerveau est moins sollicité, ce qui contribue au bon fonctionnement cérébral, à la gestion du stress et à l’augmentation de la créativité, de la concentration et de l’épanouissement.

S T R Ø M S PA N O R D I Q U E D E S H E R B R O O K E : UNE QUIÉTUDE OMNIPRÉSENTE À la recherche de ce silence qui réside en nous. Au Strøm spa nordique de Sherbrooke, la salle de détente Nat (signifiant « nuit » en danois) est un espace qui invite le silence, par le silence. Une immersion dans la pénombre, allongé sur un lit de jour surplombé par un ciel étoilé, permet de faire le vide et de reposer tous ses sens.

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LA PLEINE CONSCIENCE SENSORIELLE

La pleine conscience est une forme de présence ouverte, une manière d’habiter le monde, un retour vers l’intérieur. On peut la pratiquer n’importe où, à tout moment de la journée. Une manière simple de l’intégrer à son quotidien consiste à diriger notre attention vers nos différents ressentis. Connaissant un succès notable à travers le monde, celle-ci a fait ses preuves en termes de bienfaits sur le cerveau : amélioration de la mémoire et de l’empathie, meilleure gestion du stress, régulation des émotions. Les plus récentes études du neurologue belge Steven Laureys, reconnu à travers le monde pour ses travaux sur la pleine conscience, témoignent d’un phénomène important : la structure et le fonctionnement du cerveau des personnes qui pratiquent la pleine conscience au quotidien se démarqueraient de ceux des autres personnes de la même tranche d’âge, puisque cette pratique préserverait le cerveau du vieillissement. Pour intégrer les expériences sensorielles à ce rituel, il suffit de porter attention à ce que nos sens nous font vivre et à accueillir ces sensations sans jugement et sans retenue. Respirer les arômes du bain vapeur, s’offrir un massage sous les jets d’eau, écouter les sons de la nature, flotter, contempler, goûter. L’expérience spa permet de s’immerger dans le moment présent et la sollicitation de nos cinq sens en maximise les bienfaits.

S T R Ø M S PA N O R D I Q U E D U V I EU X - Q U É B EC : P LU S I EU R S E X P É R I E N C E S E N U N E S EU L E Une invitation à l’éveil des sens. Au Strøm spa nordique du Vieux-Québec, l’immensité du fleuve observée de la piscine infinie, la puissance des contrastes au cœur de la rivière Strøm, les expériences Zerobody et lumino-méditative ainsi que les saveurs du restaurant Nord appellent le bien-être sans détour. Vues réfléchies, sensations, contrastes, sons et arômes entraînent l’émergence de la pleine conscience.

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Sources Alain, Corbin. « Histoire du silence, de la Renaissance à nos jours », Paris, Albin Michel 2016. Gravel, Pauline. « Les multiples bienfaits de la méditation sur le cerveau ». Le Devoir, 19 mars 2022. Huet, Soizic. « Le sauna : ses bienfaits et comment le pratiquer ». Soiz Naturopathe, 24 janvier 2019. er Le Monastère des Augustines. « Le silence en héritage ». 1 janvier 2021. Perreault, Mathieu. « L’actualité scientifique à petite dose ». La Presse +, 20 mars 2022. Rogelet, Agnès. « Méthode Kneipp : l’eau froide fait des miracles ». Psychologies, 3 juillet 2020.

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Printemps-été 2021

/ Numéro treize

/ Numéro douze

Printemps/été 2022 / Q U A T O R Z E

Automne-hiver 2021-2022

C E N T R É S U R L ’ É Q U I L I B R E / A R C H I T E C T U R E / N AT U R E / S A N T É H O L I S T I Q U E

C E N T R É S U R L ’ É Q U I L I B R E / A R C H I T E C T U R E / N AT U R E / S A N T É H O L I S T I Q U E

Automne-hiver 2020-2021

Printemps-été 2020

Automne-hiver

/ Numéro onze

/ Numéro dix

/ Numéro neuf

C E N T R É S U R L ’ É Q U I L I B R E / A R C H I T E C T U R E / N AT U R E / S A N T É H O L I S T I Q U E

2019-2020

C E N T R É S U R L ’ É Q U I L I B R E / A R C H I T E C T U R E / N AT U R E / S A N T É H O L I S T I Q U E

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