Magazine Strøm – Édition Printemps / Été 2022

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NUMÉRO SEIZE

PRINTEMPS – ÉTÉ 2023

CENTRÉ SUR L’ÉQUILIBRE

ARCHITECTURE

NATURE

SANTÉ HOLISTIQUE

www.chaletshygge.com

Chalets scandinaves locatifs à Orford

Confort et propreté supérieure

Chiens et chats bienvenus

Chalets Hygge Hospitalité chaleureuse

Fermez les yeux. Ouvrez vos sens.

H71 et Strøm spa nordique vous invitent à lâcher prise. Le bien-être vous attend en plein cœur du Vieux-Port de Québec.

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ARCHITECTURE

ARCHITECTURE

ARCHITECTURE DESIGN ART OBJETS

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Dans ce numéro

ARCHITECTURE 10 — 13

INSPIRATION 14 — 21

MONDE 26 — 29

SOCIÉTÉ 30 — 41

SANTÉ HOLISTIQUE 46 — 59

Aménager des bureaux à l’ère du travail hybride : Un défi contemporain

Un désir d’authenticité : Entretien avec Guylaine Tremblay

La fleuristerie, un art vivant : Entretien avec Alice Berthe

Que reste-t-il de mes voyages ?, par Franck Laboue

La force du groupe, par Jacinthe Roy Rioux

La séduction sous le prisme de la culture, par Kanica Saphan

La présence, une énergie qui se cultive, par Chanelle Riopel

Réapprendre à vivre loin de nos écrans, par Eve Laliberté

Le champignon hallucinogène : Aux fondements de l’humanité, par Jacinthe Roy Rioux

La fatigue émotionnelle chez le proche aidant : Propos recueillis auprès de Michelle Lefebvre

CULTURE 64 — 65

À TABLE 68 — 77

Guillaume Lemoine

Président

Emilie Lefebvre-Morasse

Vice-présidente marketing et ventes, rédactrice en chef

Arianne Filion

Rédactrice en chef adjointe

Geneviève Dion

Directrice principale, marketing et ventes

Myriam Dumont

Directrice marketing

Sarah-Maude Dalcourt

Directrice photo

Cinq livres pour renouveler l’empathie, par Nicolas Gendron

Recettes : Burrata et poêlée de champignons, rhum punch clarifié, par Raphaël Podlasiewicz

Cuisiner pour soigner mieux, par Isabelle Huot

Les métiers du vin, par Stéphanie Dupuy

Sarah Lamarche

Directrice artistique

Bianca Des Jardins Photographe

Gaëlle Meslin

Réviseure linguistique

Catherine Gaudet

Réviseure linguistique

SLRR Cabinet de traduction Traduction

Impression

TC Imprimeries Transcontinental

Ventes publicitaires

Christine Mailloux, cmailloux@stromspa.com

514 761-7900, poste 4304

Pour collaborer au contenu

Arianne Filion, afilion@stromspa.com

Éditeur

Strøm spa nordique

1001, boul. de la Forêt

L’Île-des-Sœurs (Québec) H3E 1X9

Dépôt légal — ISSN 2369-5897

Bibliothèque nationale du Canada et Bibliothèque et Archives nationales du Québec. Les opinions émises dans les articles du Magazine Strøm n’engagent que les auteurs. Les disponibilités, millésimes et prix mentionnés dans le magazine peuvent être modifiés sans préavis. Toute reproduction, en tout ou en partie, est interdite sans la permission de Strøm spa nordique. Tous droits réservés.

Poste publication — 42293512

MAGAZINE STRØM 5
DOSSIERS THÉMATIQUES

Nos collaborateurs

Depuis ses débuts, le Magazine Strøm a l’immense privilège de collaborer avec des experts de tous les horizons pour la rédaction des articles qui le composent. Avec grande générosité, ils nous livrent leur savoir et partagent leur point de vue, certains de saison en saison, d’autres de façon ponctuelle. C’est avec beaucoup de fierté que nous vous invitons à les découvrir juste ici.

Décrocher son premier emploi à la SAQ lui aura vraiment donné la piqûre ! Plusieurs formations et 18 ans dans l’industrie du vin plus tard, Stéphanie aime boire le vin, le partager et surtout, en parler ! La sommelière écrit pour le Magazine Strøm depuis 2008.

Journaliste culturel, entre autres pour la revue Ciné-Bulles , Nicolas écrit pour le Magazine Strøm depuis 2015. Il est aussi et surtout comédien, metteur en scène, auteur et directeur artistique.

Titulaire d’un doctorat en nutrition, Isabelle est aussi chroniqueuse, autrice de 16 livres sur l’alimentation et entrepreneure, ayant lancé sa gamme de prêt-à-manger en 2011. Elle écrit pour le Magazine Strøm depuis ses débuts.

Natif de Bretagne, Franck est un éternel curieux. Conseiller spécialiste chez Voyageurs du Monde, il a fini par poser ses valises au Québec. Il écrit pour le magazine depuis près de cinq ans.

Eve aime raconter des histoires et créer des univers propices à la contemplation. Naviguant dans diverses sphères créatives, elle contribue à plusieurs projets éditoriaux et est fondatrice de premier quartier. Elle est collaboratrice culturelle pour le Strøm depuis 2021.

Raphaël est le chef exécutif des restaurants du Strøm spa nordique. Il propose depuis 2017 une offre gastronomique créative et responsable inspirée de la nordicité et mettant de l’avant des produits frais et locaux. Il signe chaque édition les recettes de la section « À table ».

Chanelle est la fondatrice de Acte, un studio virtuel d’entraînement multidisciplinaire qui prône le dialogue entre le corps, l’esprit et son environnement.

Roy Rioux

Artiste des mots et des images, Jacinthe explore le lien qui connecte les gens à travers l’histoire, la nature, la culture et la vie holistique et spirituelle. Ayant participé à la fondation du Strøm spa nordique, elle rédige pour le magazine depuis le tout début.

Kanica est la fondatrice du Sofa Sexologique, un chaleureux cabinet de sexologues. Ses sujets de prédilection incluent le désir sexuel, la quête d’authenticité et l’amour avec un grand A !

Kanica Saphan Jacinthe Nicolas Gendron Chanelle Riopel Franck Laboue Eve Laliberté Raphaël Podlasiewicz Isabelle Huot Stéphanie Dupuy

Pourquoi investir aujourd’hui dans un lieu de travail fixe, alors que la tendance est au télétravail ? Une chose est sûre : on ne peut plus concevoir maintenant des bureaux comme on le faisait avant. C’est pourquoi je suis fier du nouveau siège social du Strøm spa nordique qui verra le jour sur les berges du bassin de Chambly dans les prochains mois. En effet, les bureaux du Strøm, qui se trouvent déjà sur la Rive-Sud de Montréal, seront bientôt relocalisés dans un endroit enchanteur sur le bord de l’eau.

Nous croyons que devant la virtualisation des communications et l’avènement massif du télétravail, nous avons, plus que jamais, besoin de lieux de rencontres et d’échange. C’est dans cet esprit qu’a été réfléchi le futur siège social, qui se voudra un campus où la communauté du Strøm pourra créer, apprendre, innover et grandir ensemble.

Le campus sera un lieu rassembleur où le bien-être et la motivation de nos équipes seront une priorité, car c’est grâce à elles si nous continuons de croître et si nous pouvons y croire, lorsque nous rêvons d’international. Le travail hybride sera prôné, de même que les horaires flexibles, en continuité avec ce qui est fait actuellement. L’organisation du travail demeurera basée sur la confiance, l’importance des relations et de la communication, le développement des compétences, la conciliation vie personnelle et vie professionnelle, en gardant toujours en tête l’atteinte des objectifs d’affaires.

Ce lieu de travail regroupera des bureaux et des espaces collaboratifs, mais aussi un quai, des embarcations sur lesquelles les équipes pourront se rencontrer, et un laboratoire culinaire dans lequel notre chef exécutif, Raphaël Podlasiewicz, continuera de faire évoluer la philosophie des restaurants Nord, Fika et Skärgården, ainsi que les recettes qui lui donnent vie. Le laboratoire, ouvert au public, permettra aussi aux employés et à la communauté de se côtoyer et de découvrir en primeur des plats avant que ceux-ci voient le jour aux tables des espaces gastronomiques de nos différents spas.

Grâce à ce nouveau campus bordé par l’eau, nous voulons offrir un environnement de travail qui reflète celui déployé dans chacune de nos stations thermales, là où nature et architecture se répondent. La communion du rationnel et de l’émotion, de la santé du corps mais aussi de l’esprit, afin d’être et de demeurer centré sur l’équilibre : voilà le futur du travail au Strøm.

Nous sommes à la recherche de nouveaux talents pour se joindre à la grande équipe du Strøm ! Pour voir nos offres d’emploi et grandir avec nous, visitez la section Carrières de notre site Web.

UN MOT DU PRÉSIDENT
Photographe — Bianca Des Jardins

Chers lecteurs,

Dans un monde hyperconnecté, de rendezvous sur Zoom, de « reels » et autres virtualités, quelle importance accorde-t-on aux véritables connexions humaines ? Nous avons entrepris une réflexion afin de tâcher de répondre à la question en examinant le besoin de se connecter aux autres, les aspects que cette interaction peut prendre, et les impacts individuels et collectifs engendrés. À travers cette démarche, nous avons réalisé que les connexions humaines représentent une source incomparable de joie et de guérison.

Nous nous souvenons tous d’une conversation marquante où le temps s’est arrêté. Prenant souvent place en voyage, dans un décor inconnu, on se rappelle avoir été vulnérable, s’être abandonné un peu plus, s’être senti vivant, totalement soi-même. Lorsque nous entrons en contact avec l’autre, avec des gens de tous les horizons, dans leurs différences et leurs similarités, nous créons un lien, un esprit de communauté, une perspective de cohésion avec l’humanité.

Du besoin de connexion sont nées de nouvelles formes de lieux, de traditions et de rituels anciens adaptés à la réalité d’aujourd’hui. On assiste à la popularité grandissante des retraites et des cercles de partage, dans lesquels les organisateurs créent un safe space pour permettre aux gens d’être vulnérables, authentiques, d’exprimer leurs émotions, de se sentir compris, et construire un sentiment d’appartenance au fil du temps. Le contexte favorable, l’atmosphère et l’impression d’être en symbiose élèvent la conscience et contribuent ainsi à l’envie de faire preuve d’empathie et de bienveillance envers les autres.

Le sentiment d’appartenance est un besoin fondamental dans notre société, société dans laquelle la solitude constitue un enjeu réel. Au Canada, près de 15 % des gens ont déclaré se sentir toujours ou souvent seuls, et les chiffres parlent d’environ une personne sur quatre lorsque l’on étudie la catégorie des jeunes de 15 à 24 ans1. De plus, 19 % des gens habitent seuls au Québec, soit près d’une personne sur cinq 2 . Briser la solitude serait donc un moyen d’améliorer sa qualité de vie. Une étude d’Harvard, étant reconnue comme la plus longue de l’histoire et rapportée par le psychiatre-chercheur Robert Waldinger, conclut que c’est la qualité des relations sociales qui rendrait le plus heureux, et qu’elle aurait même un impact positif sur la santé3

Dans ce numéro, nous abordons le thème de la connexion à travers une pluralité d’expériences et de rencontres. De la nécessité de déconnecter à la fatigue émotionnelle, en passant par les méthodes alternatives comme les psychédéliques et l’art des fleurs, nous dressons le portrait multifacette des relations humaines. Une invitation à manifester sa gratitude aux personnes qui nous entourent.

Bonne lecture,

Emilie Lefebvre-Morasse et l’équipe éditoriale

Bienveillance

Empathie

Sentiment d’appartenance

Connexion

Authenticité

Vulnérabilité

1 Walker, I., Kaplan, J., Kaddatz, J., Huggins, J., & Kow, B. (2021, 24 novembre). La solitude au Canada . Statistics Canada : Canada’s national statistical agency/Statistique Canada : Organisme statistique national du Canada. https:// www150.statcan.gc.ca/n1/pub/11-627-m/11-627-m2021090fra.htm

2 Le Québec affiche toujours la proportion la plus élevée de personnes vivant seules. (2022, 13 juillet). La Presse. https:// www.lapresse.ca/actualites/2022-07-13/le-quebec-affichetoujours-la-proportion-la-plus-elevee-de-personnes-vivantseules.php

3 L’équipe PasseportSanté. 3 leçons (scientifiques) de bonheur (s. d.) https://www.passeportsante.net/. https://www.passeportsante.net/fr/Actualites/Dossiers/DossierComplexe. aspx?doc=lecons-bonheur

« La connexion est la raison pour laquelle nous sommes ici. C’est elle qui donne un but et un sens à nos vies. »
— Brené Brown [traduction libre]
UN MOT DE LA RÉDACTION
Photographe — Karolina Grabowska

Aménager des bureaux à l’ère du travail hybride : Un défi contemporain

LA RÉATTRIBUTION LOGIQUE DES ESPACES

Le monde du travail a considérablement évolué dans les dernières années, sur plusieurs plans. L’avènement massif du télétravail et la désoccupation progressive des espaces de bureaux qui accueillaient jadis des équipes complètes, cinq jours sur sept, en sont de véritables exemples.

Désormais, le télétravail a la cote, et si l’on se fie aux travailleurs, il serait là pour rester, du moins en partie. Un sondage effectué au Québec à la fin de 2022 révèle en effet que chez 85 % des employés, le travail hybride aurait eu un impact positif sur l’équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie personnelle1. Une autre étude du CIRANO, le Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations, indique que la satisfaction des employés quant au travail serait proportionnelle au nombre de jours par semaine passés en télétravail 2

La question se pose donc : comment concevoir des bureaux quand l’idée de se déplacer tous les jours pour aller travailler semble de plus en plus obsolète ? Le bureau appartient-il au passé ? Voici en quatre points les éléments à considérer dans ce nouveau paradigme du travail.

Dans une réalité où les travailleurs assurent désormais leurs fonctions depuis la maison au moins une partie du temps, les bureaux que louent ou possèdent les entreprises sont devenus trop grands. On doit donc repenser leur aménagement pour permettre à ceux qui s’y présentent de bénéficier de l’ambiance la plus agréable possible, nous explique Marc-André La Barre, fondateur de Lib., une entreprise spécialisée dans la conception et la réalisation d’espaces de travail : « On évalue les besoins, à savoir combien de postes occupés à temps plein sont nécessaires, combien de postes non assignés, de salles de réunion, etc. Ensuite, soit on cherche un nouvel espace, soit on travaille en fonction de ce que l’on a. »

Si l’on conserve un espace que l’on occupait déjà, on pourra par exemple convertir de grands bureaux d’angle qui ne servent plus au quotidien en postes de travail non assignés, afin de permettre aux employés de bénéficier de l’espace, de la lumière, et souvent de la vue qu’offre ce genre d’emplacement. La dépossession de certains bureaux individuels afin de les transformer en espaces partagés est logique dans ce contexte, mais demande toutefois une adaptation. L’être humain étant territorial, il s’identifie souvent à son espace de travail, et les entreprises devront miser sur autre chose que la personnalisation d’un bureau pour entretenir le sentiment d’appartenance. Ce sera plutôt une atmosphère, un lieu de partage interactif et une dynamique que l’on viendra chercher3

« On veillera aussi à maintenir les espaces plutôt petits, ou en tout cas pas trop grands, car il n’est pas intéressant pour un employé qui vient travailler de se sentir seul dans un grand espace vide. Oui, le pied carré coûte cher, mais ce n’est pas juste une question d’argent ; il faut aussi se sentir bien quand on s’y rend », poursuit Marc-André.

« Quand ils ne sont pas propriétaires, les organisations qui louent les espaces ont souvent contracté des baux de cinq, dix, voire quinze ans. » Difficile donc de se défaire d’un espace pour en trouver un plus petit. Pour cette raison, beaucoup de locaux sont présentement en sous-location, ce qui a aussi l’avantage, pour les entreprises cherchant à avoir pignon sur rue, de constituer une option clé en main, dont les meubles et objets pourront servir une deuxième fois. Certains propriétaires de tours à bureaux convertissent par ailleurs une partie de leurs pieds carrés en espaces communs, et offrent désormais un gym, un comptoir santé, un service de nettoyeur, des bornes de recharge pour les véhicules électriques. S’ils veulent d’une part rentabiliser l’espace disponible, ils souhaitent surtout favoriser la rétention des locataires en leur donnant accès à des services pratiques qui rendent plus attractif le fait de se déplacer pour aller travailler.

MAGAZINE STRØM 11 ARCHITECTURE

LES AIRES OUVERTES

La popularité des aires ouvertes ne date pas d’hier, mais leur pertinence est plus d’actualité que jamais, car aujourd’hui, « on se déplace pour aller voir du monde, sinon on travaille de chez soi ou d’ailleurs », affirme Marc-André La Barre.

L’aire ouverte, si elle a le mérite de coûter moins cher qu’un espace cloisonné, se démocratise aussi parce que les gens recherchent le contact avec les autres quand ils se déplacent. La concentration, que l’on obtient à la maison, n’est plus aussi essentielle qu’avant.

« Lorsque l’on parvient à comprendre qui vient au bureau, quand, et pour quelle raison, on est capable d’aménager l’espace de façon adéquate. En plus de l’aire ouverte, d’autres espaces comme les salles de collaboration, les grandes salles de réunion, les cafés ou les cafétérias permettent de se rencontrer et de travailler conjointement sur des projets. »

LA TECHNOLOGIE

D’ailleurs, de nouvelles technologies seraient à même de nous renseigner sur les besoins réels en matière d’utilisation de l’espace.

En effet, les bureaux de demain pourraient être munis de capteurs qui collecteraient des données sur la fréquentation réelle des aires de travail. Par exemple, ceux-ci permettraient de détecter le mouvement sur et autour d’un bureau donné et de reconnaître les moments où les lumières sont allumées, entre autres. Les données récoltées grâce à des applications de réservation des postes non attribués ou des salles de conférence pourraient également être mises à profit pour une compréhension approfondie des habitudes des travailleurs. Néanmoins, la question de l’atteinte à la vie privée se pose ; il faudra déterminer jusqu’où nous sommes prêts à aller dans la collecte d’informations pour adapter les espaces de travail à notre nouvelle réalité 4

Dans le même ordre d’idées, l’accessibilité des employés à des dispositifs technologiques simples et fonctionnels est un point à ne pas négliger dans la conception des espaces de travail contemporains. « Ce n’est pas vrai que tout le monde a les outils audiovisuels à la maison pour effectuer des réunions avec plusieurs personnes toutes situées à des endroits différents. Proposer au bureau des salles de réunion bien équipées, munies d’une bonne caméra qui permet à ceux qui sont à distance de sentir qu’ils sont présents, c’est important, et ça apporte de la valeur à l’espace de travail », renchérit Marc-André. À condition que ces outils soient simples d’utilisation, tant au bureau que virtuellement ! L’idée est de faciliter la vie des gens, et non de leur ajouter du stress 4 . La fluidité et la facilité des communications permettront de maintenir un équilibre dans le rythme de travail, et de promouvoir l’inclusion générale de tous les employés, peu importe où ils se trouvent.

La montée en popularité du télétravail et les technologies nécessaires pour soutenir cette nouvelle façon de faire ont accéléré les besoins d’investir dans la transformation numérique, dans la création d’espaces de travail virtuels où les collègues peuvent collaborer et échanger à distance. L’émergence de nouvelles pratiques engendre nécessairement la disparition d’autres, comme les postes téléphoniques, alors que les appels ont pour la plupart migré vers les applications de communication collaborative 5

LES INCITATIFS AU DÉPLACEMENT

« Les employeurs ont compris qu’ils n’avaient pas besoin que leurs employés soient physiquement au bureau pour performer. C’est pourquoi il faut maintenant donner une raison aux gens de se déplacer, car c’est souvent plus efficace de rester à la maison et de sauver une heure ou deux de transport », admet Marc-André. Le facteur de motivation premier est de pouvoir échanger avec ses collègues, et un espace bien conçu permettra ça, d’abord et avant tout. « Certaines organisations avec une culture plus sportive pourront mettre à la disposition de leurs employés une salle de sport, des douches, des supports à vélos. On installera parfois des aires de jeux, mais les gens ne se déplacent pas pour venir jouer au bureau », conclut-il.

En somme, on comprend qu’il n’y a pas de formule magique pour aménager des espaces dans un contexte en pleine évolution. Même si certaines tendances peuvent être dégagées, les besoins des organisations et de leurs équipes demeurent au cœur de la solution. Et pour les grandes tours qui, encore à ce jour, demeurent inoccupées, la reconversion en logements est dans la ligne de mire, faisant glisser la discussion vers une autre réflexion, sociale cette fois-ci, sur la revalorisation d’espaces sous-utilisés en contexte de pénurie de logements.

Sources

1 Travail hybride | L’écart se creuse entre employés et employeurs. (2023, 17 février). La Presse. https://www.lapresse.ca/ affaires/2023-02-17/travail-hybride/l-ecart-se-creuse-entreemployes-et-employeurs.php

2 Étude du CIRANO | Télétravail rime avec satisfaction. (2023, 16 février). La Presse. https://www.lapresse.ca/affaires/ 2023-02-16/etude-du-cirano/teletravail-rime-avec-satisfaction.php

3 Des bureaux qui se réinventent | Avantages. (2016, 16 mars). Avantages. https://www.avantages.ca/magazine_/des-bureaux-qui-se-reinventent/

4 Latini, S. (2022, 2 mars). L’ufficio del futuro sarà più smart : ma quali sono i rischi ? IPSOA Professionalità Quotidiana. https://www.ipsoa.it/magazine/ufficio-del-futuro-piu-smart-organizzazione-rischi

5 Exit téléphone fixe, bonjour bureau virtuel . (2020, 1er septembre). La Presse. https://www.lapresse.ca/actualites/ politique/2020-09-01/exit-telephone-fixe-bonjour-bureauvirtuel.php

12 MAGAZINE STRØM ARCHITECTURE

Après avoir déménagé son siège social de L’Île-des-Sœurs à Brossard en 2020, les bureaux du Strøm spa nordique s’établiront bientôt sur les berges du bassin de Chambly. En effet, le campus Strøm ouvrira ses portes à l’été 2023 dans ce qui était anciennement le Fourquet Fourchette, une institution gastronomique appréciée des Chamblyens et Chamblyennes depuis plus de 20 ans. Des rénovations et un aménagement mettant en valeur la vue sur l’eau sont en cours. Se côtoieront dans l’espace : des bureaux, des aires de travail décloisonnées, des salles de réunion et de conférence, ainsi qu’un laboratoire culinaire, qui accueillera aussi bien les employés que le public.

Une terrasse invitante où il fera bon manger, boire un café ou encore travailler au soleil bordera également le bâtiment. Plus qu’un lieu de travail, le campus sera un endroit de formation, de rencontres, de partage, et de découvertes. Le Strøm a bien hâte de pouvoir offrir un tel espace de vie à ses équipes, et d’accueillir la clientèle pour un repas, selon la philosophie culinaire d’inspiration nordique du chef Raphaël Podlasiewicz, qui a fait la renommée des espaces gastronomiques dans chacun des établissements Strøm.

MAGAZINE STRØM 13 ARCHITECTURE
LE CAMPUS DU STRØM SPA NORDIQUE Photographe — Julien Faugère

Un désir d’authenticité

Entretien avec Guylaine Tremblay

Ayant remporté de nombreux prix d’appréciation au cours de sa carrière, Guylaine Tremblay est l’une des comédiennes préférées des Québécois. Après près de 40 ans de métier, elle passe de la performance au plaisir partagé, offrant ainsi un nouveau sens à l’émotion. Ayant vu ses relations avec son entourage évoluer au fil du temps, ses mots témoignent de la richesse de ses liens, et de l’importance de se livrer pour mieux accueillir l’autre.

Bonjour Guylaine. On s’imagine que les artistes, de par la nature de leur métier, doivent faire beaucoup de rencontres passagères au cours de leur vie. Comment faites-vous pour rester authentique, empathique et ouverte à l’autre dans ce contexte ?

« Nous pratiquons un métier de l’éphémère. Il y a des gens que l’on aime beaucoup et avec qui on a des atomes crochus, mais qu’on ne reverra pas vraiment, faute de projets en commun. Par contre, chaque fois que je revois quelqu’un avec qui j’ai travaillé dans le passé, c’est comme si nous ne nous étions jamais perdus de vue. Le courant passe toujours aussi bien. Je crois que c’est parce qu’il s’agit de liens profonds et précieux, surtout ceux issus de projets qui ont duré longtemps. On vit de grandes émotions, on joue des scènes d’intimité, on passe beaucoup de temps ensemble… C’est ce qui fait que des liens se créent, qu’on développe une compréhension de l’autre, de son univers. »

Justement, les artistes du Québec semblent constituer un petit milieu tissé serré. Quels sont les avantages et les inconvénients de faire partie de ce genre d’écosystème ?

« Je ne me suis jamais sentie seule avec mes problèmes ou mes doutes face à la profession, car je savais qu’ils étaient partagés, compris ; on est tous un peu dans le même bateau, donc on s’entraide. On pense souvent, à tort, que c’est un milieu très compétitif, mais moi je ne le vois pas comme ça. C’est certain qu’on ne peut pas toujours être choisi pour chaque rôle, il y a des auditions et on n’obtient pas nécessairement ce que l’on veut, mais selon moi, on forme quand même une belle et grande famille.

L’envers de la médaille, c’est que lorsque j’ai besoin de silence, de me retrouver dans autre chose, sans parler du travail ni de tout ce qui vient avec, c’est plus difficile. C’est un réel besoin, de sortir de cette bulle-là de temps en temps, et c’est pourquoi je crois qu’il est primordial d’avoir une vie personnelle bien protégée. D’ailleurs, mon amoureux me faisait remarquer que j’ai un bon mécanisme de protection, car quand j’ai besoin d’être seule, je ne vois pas les gens. Je ne les ignore pas volontairement, mais je suis capable de simplement prendre du temps pour moi, et je suis bien. »

Vous avez, tout au long de votre existence, occupé plusieurs rôles, tant à l’écran que dans la vie. Dernièrement, on vous en a offert un très important : celui de devenir grand-maman. Qu’est-ce que ça a changé pour vous ?

« J’avais été prévenue que ça allait être une grande histoire d’amour, mais rien ne pouvait me préparer au bouleversement que cette petite vie allait apporter dans la mienne.

Quand on devient grand-parent, on est souvent à plus de la moitié de notre vie. On a eu l’occasion de se rendre compte à plus d’une reprise de la fragilité de la vie, et tout à coup, on a un nouvel humain à protéger, à rendre heureux. On veut lui offrir de la joie, du bonheur et de la fantaisie. Je n’ai pas les mêmes responsabilités que dans mon rôle de maman. J’ai juste le goût de lui enseigner l’émerveillement, de redonner à ma petite-fille la fascination qu’elle me procure. »

GUYLAINE TREMBLAY G.T.
MAGAZINE STRØM 15 INSPIRATION
G.T.
« L’authenticité attire une forme de respect. »

Est-ce que votre relation avec votre fille, qui est devenue maman récemment, a changé ?

« Voir sa fille devenir mère, c’est la voir se transformer sous ses yeux. Tu aperçois clairement ce que tu devinais avant : toute sa force et son courage. J’ai guidé ma fille et elle guidera la sienne à son tour. Ma fille ne sera plus jamais juste ma fille : elle est devenue la mère de quelqu’un. »

Est-ce que la famille a toujours été une priorité malgré votre emploi du temps chargé et vos nombreux engagements ?

« Je suis moins occupée que ce que les gens croient. À mon plus grand étonnement, j’ai beaucoup de temps pour moi. Souvent, je travaille énormément pendant une période, et ensuite, j’ai des semaines, voire des mois d’accalmie. Je peux donc vraiment passer des moments de qualité avec ma famille, et ça, depuis que je suis jeune. J’ai même été maman à la maison à une époque, j’avais le temps de cuisiner, de jouer avec mes enfants. Et quand je redevenais plus occupée, on s’adaptait. Je me sens privilégiée de pouvoir et d’avoir pu être là pour ma famille. »

Au Strøm, on s’intéresse beaucoup à la quête de l’équilibre et aux façons de danser avec le déséquilibre parfois. Qu’est-ce qui contribue à votre équilibre ?

« Je reviens toujours à la notion d’authenticité. Je pense que l’on se trouve en équilibre quand on est en accord avec ce que l’on sent et ce que l’on est. Pour moi, l’équilibre, c’est d’être capable d’exprimer et de ne pas accumuler les tensions, peu importe leur forme, qui mèneraient au déséquilibre. Quand on accumule des choses, ça devient lourd. Le principe d’une balance, c’est de ne pas tout garder d’un côté. »

Dernièrement, notamment avec votre dernier spectacle, J’sais pas comment j’sais pas pourquoi , vous dites vouloir axer vos activités professionnelles davantage vers le partage qui vient du cœur que vers la performance. Pourquoi est-ce important pour vous de faire ça à ce moment-ci de votre carrière ?

« Ça fait plus de 39 ans que je travaille, et la performance et le désir de prouver que j’ai ma place font partie du passé. J’arrive à un âge où je me regarde avec affection et douceur, même quand je fais des erreurs ou que je repense à celles que j’ai commises autrefois. Ce qui me reste, c’est de faire ce que j’aime et de me faire plaisir.

Le spectacle a muri dans mon esprit pendant dix ans. Je travaillais sur d’autres projets et je n’avais pas le temps de me pencher sur celui-là. Il représente tout ce que j’adore dans la vie : jouer, chanter, me raconter. J’y livre des moments charnières de mon parcours, et j’appuie mon propos avec l’œuvre d’Yvon Deschamps. J’ai bien fait de suivre mon instinct ; j’avais besoin de faire ce spectacle pour me rendre heureuse et, par le fait même, rendre les autres heureux. »

Vous êtes très appréciée du public, ayant souvent été nommée « personnalité féminine de l’année » dans divers galas au Québec. Ressentez-vous une certaine pression de devoir être à la hauteur de l’image que les gens se font de vous ?

« La seule pression que j’ai, c’est celle d’être authentique, et c’est une pression que je m’inflige moi-même. Je ne sens pas que je dois incarner un personnage, puisque je n’en suis pas un. Je n’ai jamais agi en fonction de ce que les gens pouvaient penser de moi, et je crois que ça m’a servie, car le public le devine, et sait qu’il n’y a pas de distance entre lui et moi. L’authenticité attire une forme de respect. »

G.T. G.T. G.T. G.T.
MAGAZINE STRØM 17 INSPIRATION
G.T.

La fleuristerie, un art vivant

Entretien avec Alice Berthe, de la ferme florale Enfants sauvages

Liés par une passion de la nature et un profond respect pour celle-ci, Alice Berthe et Thierry Bisaillon-Roy ont fondé la ferme florale et le studio de design floral Enfants sauvages. Un projet aux couleurs du bonheur pour enjoliver le quotidien ainsi que les rituels de nos vies.

« Thierry et moi avons eu l’opportunité de nous établir en Estrie, une région qu’on connaissait à peine. Quelqu’un voulait transférer la terre dont il avait hérité à des jeunes qui avaient envie de se lancer en agriculture biologique, et c’est tombé sur nous. Thierry cherchait à l’époque un projet professionnel. C’était clair pour lui qu’il voulait travailler avec le vivant, avec le sol, faire pousser des choses, mais il ne savait pas quoi exactement. De mon côté, je ne m’enlignais pas pour devenir agricultrice, ni pour travailler avec mon conjoint, mais j’aimais les fleurs. Ayant

grandi en France, née d’un père colombien et d’une mère française, les fleurs avaient toujours fait partie de mon quotidien. Quand on allait au marché public, chaque semaine, ma mère achetait un bouquet pour égayer la maison. Je rêvais donc d’installer une roseraie de roses anglaises sur notre terrain en Estrie, juste pour le plaisir.

Un jour, nos envies à Thierry et à moi se sont rencontrées, et on s’est dit “mais les fleurs, pourquoi pas ?” C’est devenu une évidence : on allait bâtir une ferme florale. »

18 MAGAZINE STRØM INSPIRATION
Photographe — Christyna Photo

LES ENJEUX DE LA FLEURISTERIE

TRADITIONNELLE

« Le nom “Enfants sauvages” vient de cette idée de prendre part à une floriculture alternative, d’être un peu à contre-courant, de faire de l’agriculture responsable de proximité sans utiliser d’engrais chimiques ni de produits pesticides.

On sait que la fleuristerie traditionnelle au Québec met de l’avant principalement des fleurs cultivées aux Pays-Bas, en Colombie, en Équateur, au Kenya, donc loin. Ces fleurs sont généralement produites en monocultures, et étant donné qu’elles ne sont pas destinées à l’ingestion, les agriculteurs ont souvent la main lourde sur les pesticides et les engrais chimiques. Ces fleurs voyagent ensuite sur de longues distances et passent entre plusieurs mains avant d’arriver entre celles du consommateur. Ce mode de culture et d’approvisionnement a des conséquences sociales et environnementales très lourdes.

Notre approche permet ainsi de cultiver les mêmes familles de fleurs que l’on retrouve chez un fleuriste traditionnel, par exemple des roses, des dahlias, des pivoines, des tulipes, mais en plus, de cultiver des variétés qui ne survivraient pas au transport en avion, ou qui sont plus rares, et dont le prix serait trop cher dans la chaîne traditionnelle, vu la quantité d’intermédiaires impliqués.

En récoltant et en préparant des bouquets sur demande seulement, nous évitons aussi de nombreuses pertes, ce qui est plus difficile chez un fleuriste traditionnel qui a pignon sur rue, et qui doit tenir un frigo bien rempli à longueur d’année. De ce fait, la confiance que le client nous accorde est importante, car s’il choisit la taille et les couleurs de son bouquet, il nous laisse toutefois le soin de récolter les variétés les plus fraîches, les plus belles, en respectant la saisonnalité des végétaux. »

L’IMPORTANCE DES RITUELS

« On nous demande souvent si la pandémie a affecté notre succès, puisque les fleurs sont perçues comme un petit luxe. Pas vraiment, car le besoin de rituels dans la vie des gens est bien ancré : anniversaires, mariages, funérailles... Au Canada en 2019, on importait 567 000 millions de dollars de fleurs coupées et de produits de pépinière. Ça veut dire que la demande est là, qu’on a besoin de fleurir les rituels de notre vie.

Mais pourquoi les importer si on peut les cultiver ici ? La ferme florale offre une réponse locale à une demande universelle. En achetant une fleur locale, on achète aussi une histoire. On sait qui l’a cultivée, qui en a pris soin, qui l’a coupée. Le geste en est encore plus significatif. »

MAGAZINE STRØM 19 INSPIRATION
Photographe — Christyna Photo Photographe — Kim Gauthier

VIVRE AU RYTHME DES SAISONS

« On vit au gré des saisons, les deux mains dans les fleurs, et on ressent les bienfaits de cette connexion avec la nature. Comme les fleurs poussent de mai à octobre, l’hiver, on plante les semis, on monte les infrastructures. On a du travail à l’année, mais on vit vraiment avec les saisons, et on essaie de partager avec notre communauté ce concept de saisonnalité. Il y a un temps pour chaque chose, et un temps pour chaque fleur. Comme pour les fruits et légumes. De la même manière que la fraise du Québec n’est pas disponible en décembre, la pivoine, ce n’est pas une fleur du mois de septembre ! »

TROUVER L’ÉQUILIBRE

QUAND ON TRAVAILLE EN COUPLE

« Mes expériences professionnelles en médiation culturelle, gestion de projet et développement des affaires sont complémentaires avec la passion et le savoir-faire de Thierry pour la culture du vivant. Lui fait pousser les fleurs, et moi je les commercialise.

On est conscients que ce n’est pas pour tout le monde, de travailler en couple, mais pour nous, ça fonctionne très bien. On se donne quand même une structure, car on vit ensemble, on travaille ensemble, on habite sur notre lieu de travail... nos plantations sont littéralement sous la fenêtre de notre bureau.

Par exemple, on essaie de ne pas parler de travail dans certaines pièces de la maison, ou certains jours de la semaine. Thierry fait aussi deux heures de méditation par jour, depuis plusieurs années. C’est presque impensable, quand on sait qu’il est à la fois agriculteur et papa, mais c’est possible ! Il se lève à 5 h 30 pour méditer, et refait une autre heure le soir quand tout le monde dort, quand le soleil est couché, quand les fleurs sont fermées. Et ça, avec une constance assez incroyable : la seule fois où il a manqué son heure de méditation, c’est le matin de mon accouchement, il y a trois ans. Mais le soir, il l’a faite ! Donc cette discipline, clairement, c’est quelque chose qui nous aide beaucoup dans nos vies respectives, et dans notre entreprise. Nous avons également suivi une formation en communication non violente, qui nous a donné des outils pour mieux comprendre nos besoins, mieux les exprimer, et donc mieux communiquer l’un avec l’autre. »

… ET EN AGRICULTURE

« Un graphiste qui démarre son entreprise peut investir quelques milliers de dollars, s’acheter un ordinateur, des logiciels, une bonne chaise de bureau, et le lendemain matin, il peut commencer à proposer ses services, et à générer de l’argent. En comparaison, l’agriculture, c’est beaucoup d’investissements pour très peu de retombées, car le coût des équipements est très élevé. Nous, sur cinq ans, on a investi 150 000 $, et on a des dépenses annuelles de 100 000 $... pour atteindre une rentabilité seulement à partir de la deuxième année. Mais c’est un choix de vie.

La difficulté réside aussi dans le fait que notre type d’entreprise existe très peu autour de nous ; nous n’avons donc pas beaucoup de modèles desquels s’inspirer. On navigue dans quelque chose d’encore assez méconnu au Québec, contrairement par exemple au maraîchage, pour lequel des chiffres et des données existent, et permettent de faire des plans d’affaires plus concrets. »

LA POÉSIE DES FLEURS

« Notre but dans la vie, à Thierry et à moi, est de faire des activités qui nous apportent de la joie. En tant qu’entrepreneurs, il y a beaucoup de décisions à prendre, et on peut rapidement se sentir submergés. On essaie alors de toujours revenir à cette idée de travailler dans la joie, et de poser des actions qui sont en accord avec notre objectif.

Nous sommes fiers de penser que notre enfant grandit entre deux rangées de fleurs. Il a trois ans, mais il connaît plein de variétés différentes, il leur fait très attention. Il s’assure de la qualité ! C’est important pour nous de cultiver cette poésie du travail, et la poésie des fleurs. De lui montrer que c’est possible, de vivre de ce qu’on aime.

Travailler avec le vivant, c’est vivre des épiphanies plusieurs fois par année, et même plusieurs fois par jour. C’est un émerveillement continu. C’est ça qui est magique avec la nature : on a beau la connaître, chaque fois qu’on y retourne, ça nous fait toujours du bien. C’est dans notre ADN : on est faits pour être en contact avec la nature, et c’est pour ça qu’on ne s’en lasse pas. »

Visitez enfantssauvages.ca si vous souhaitez réserver un abonnement floral ou pour commander votre bouquet de la fête des Mères.

« Au Canada en 2019, on importait 567 000 millions de dollars de fleurs coupées et de produit de pépinière.
INSPIRATION MAGAZINE STRØM 21
Ça veut dire que la demande est là [...]. Mais pourquoi les importer si on peut les cultiver ici ? »

SUR LES RIVES DU LAC MEMPHRÉMAGOG

SUR LES RIVES DU LAC MEMPHRÉMAGOG

SUR LES RIVES DU LAC MEMPHRÉMAGOG

Une localisation sans égal, à 2 minutes du centre-ville de Magog. Une vue exceptionnelle sur le lac et les montagnes. 54 chambres confortables au design mid-century modern, inspiré des années 50-60.

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Un environnement paisible à proximité de boutiques, activités culturelles, de plein air...

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Un menu d’inspiration méditerranéenne dans un chic décor : des plats aromatiques et colorés, des cocktails signature et des vins d’importation privée!

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1150, rue Principale O., Magog QC J1X 2B8 | 1 800 567-2727 | hotelverso.ca
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AU PIED DU

MONT ORFORD

AU PIED DU MONT ORFORD ET À 5 MINUTES

ET À 5 MINUTES DE MAGOG

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Venez vivre un séjour des plus mémorables dans la magnifique région des Cantons-de-l’Est. Retrouvez la quiétude dans un environnement moderne et chaleureux.

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Salles de réception & banquet, piscine intérieure / extérieure chauffée, jacuzzi, spa esthétique, bistro & pub, terrasses, gymnase vitré, salle de divertissement, stationnement

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Cuisine raffinée à tendance européenne. Ambiance amicale et décontractée.

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4940, chemin du Parc, Orford QC J1X 7N9 | 1 877 768-1110 | espace4saisons.com
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MAGOG
tendance
Ambiance
DE
Cuisine raffinée à
européenne.
amicale et décontractée.
Photographe — Bianca Des Jardins
« Et n’était-ce pas l’été que ce même long éclatement du jour à l’orée de nous »
— Marie Uguay, Signe et rumeur

Que reste-t-il de mes voyages ?

Par Franck Laboue, Voyageurs du Monde

Cloué au sol par la pandémie, je me suis souvent posé cette question. C’était le temps de l’introspection, l’instant parfait pour trouver des réponses à la bougeotte qui me ronge depuis si longtemps. J’ai puisé dans mes souvenirs pour voyager dans le temps et l’espace, en quête d’un sens. Avide de nouveauté, assoiffé d’ailleurs, je partais me remplir la tête de nouvelles images, guidé par la recherche de lubies bien à moi accumulées au fil de mes lectures. C’est l’esprit enivré de conquêtes, de fantasmes, que j’ai forgé ma perception du monde. Le voyage était alors une fuite, cette fausse thérapie. Que reste-t-il de toute cette frénésie ?

LE RENOUVEAU DES VOYAGES INTERGÉNÉRATIONNELS

C’est privé de contacts avec le monde qu’a grondé en moi la rage de reconnecter avec les miens. Je me suis souvenu de mon enfance, de cette chance que je ne mesurais pas de partir en voyage tous les quatre. Il me reste les images, des moments de partage autour d’une piscine, d’une table de pique-nique dépliée au bord de la route, du chamaillage pour une station de radio. Il reste aussi les moments passés avec ce grand-père inoubliable sur des kilomètres de routes américaines, une bulle juste tous les deux, la magie de réaliser son rêve à lui, à ses côtés. C’était ça, le privilège. Le luxe du voyage : n’est-ce pas l’ultime excuse pour se réunir autour de moments intangibles ?

Le voyage a ensuite muté, il est passé de l’expression de mon propre plaisir à l’importance du bonheur des miens. Le temps et les événements se succèdent, ils laissent place à la joie de nos proches. Celle de mes enfants, de mes parents supplante tout, comme si c’était à présent à mon tour de leur faire découvrir l'Univers.

En 2022, les voyages intergénérationnels n’avaient jamais eu autant de succès. Plus encore « qu’avant », sur le littoral gaspésien ou sur les rives du Nil, il faut se retrouver tous ensemble. Papy, mamie, enfants, petits-enfants… tout le monde partagera l’ivresse du choc des cultures et se nourrira d’un nouveau lieu. Se créer des souvenirs ensemble, passer du temps de qualité, soudain le voyage de demain n’est qu’un clin d’œil à un passé qui s’efface. Et si tout ceci n’était qu’un prolongement de nos retrouvailles en famille ? Comme si les repas du dimanche autour du poulet rôti de mamie se transformaient en barbecue sur une plage d’Amérique centrale. Villa en République dominicaine, affrètement d’un navire en Égypte, des miles et des miles parcourus sur une route de l’Arizona… l’avenir du voyage se construit à plusieurs.

26 MAGAZINE STRØM MONDE

Sur demande, vous pouvez affréter la « Flâneuse du Nil » qui peut accueillir jusqu’à 14 personnes. Cet élégant bateau est flanqué à la proue comme à la poupe de deux voiles latines. Sept cabines seulement (dont une grande suite à l’arrière avec terrasse privée) aux tons pastel rehaussés d’objets chinés, un salon intimiste où partager une décoction d’hibiscus, un pont des jeux bercé par l’appel des muezzins — le cocon flottant idéal. Ce type d’embarcation, mêlant confort et intimité, était déjà utilisé par les pharaons il y a près de cinq millénaires. Votre maison flottante glisse sur l’eau à petite vitesse au rythme langoureux des vents, ce qui permet de profiter pleinement du spectacle des rives, de lézarder sans à-coups sur le pont, d’aborder là où les grands bateaux ne peuvent aller.

JUSTE POUR VOTRE FAMILLE : RÉSERVER UNE DAHABIEH SUR LE NIL AVEC VOYAGEURS DU MONDE Désert des Mojaves, Nevada Photographe — McCall Alexander
MAGAZINE STRØM 27 MONDE
Photographe — Voyageurs du Monde

RETROUVER LE BESOIN DE CONNEXION

AVEC LES AUTRES

Mais l’essence même du voyage, au-delà du voyageur lui-même, n’est-ce pas l’humain ? Il y a un lien naturel entre le voyage et le besoin de rencontrer des gens. L’homme est au cœur de tout, l’homme et ses cultures, ses expressions artistiques, culinaires, ses langages, ses mœurs ; sans cette somme inépuisable d’expressions du beau, le monde ne serait qu’ennui. On part alors pour mieux connaître les autres, afin de se retrouver soi-même. Après toutes ces années, que retenir d’une vie remplie de pérégrinations d’un bout à l’autre du globe ? Quelques jours, semaines, plusieurs années après un voyage, que ce soit une escapade improvisée en Nouvelle-Angleterre ou la découverte de la Malaisie : quels souvenirs en retient-on ?

Le ciment qui relie tous ces voyages est toujours le même : une rencontre inopinée. Je repenserai toujours, un sourire aux lèvres, à cette discussion enflammée sur les soucoupes volantes avec un fermier du Nevada, sa Budweiser à la main. Je revois mon père avec ce prêtre éthiopien nous ouvrant les portes de sa chapelle, après avoir partagé un café ensemble quelques minutes plus tôt. C’est aussi ce jeune Philippin, le cœur sur la main, qui m’ouvrit sa maison un soir de tempête tropicale. C’est parler de la joie d’être parents avec une famille de Tel-Aviv, ou encore ce Brésilien amateur de métal qui partit en direction de l’Argentine à mes côtés, l’œil malicieux. Refaire le monde avec un étranger, tomber amoureux à l’autre bout de la planète, s’ouvrir sur un infini de possibilités grâce aux autres... voilà peut-être l’essentiel.

Le moine bouddhiste Matthieu Ricard affirmait : « La satisfaction de vie se mesure à l’échelle d’une famille, elle se mesure à la qualité de chaque instant qui passe, de nos relations aux autres ». Cultiver l’altruisme et la bienveillance serait alors la clé. À mesure que mes enfants grandissent, que des souvenirs se fanent alors que d’autres poussent, je me demande : que reste-t-il finalement de ces voyages ? Il reste ces photos que l’on exhume d’une vieille boîte à chaussures, les souvenirs qui forgent une amitié, des inconnus aux visages que l’on n’oubliera jamais. L'interrogation sur ce qu’est devenue cette femme solitaire dans le désert de Thar, ou ces enfants philippins sur leur île « paradisiaque ».

Le voyage ? C’est ceux que vous tenez près de votre cœur, et qui vous emmènent loin. Le bonheur, c’est les autres.

Se retrouver en famille au cœur d’une villa privée est une belle manière de découvrir une destination tous ensemble dans un cadre exotique et sans tracas. Avec la possibilité de retenir les services d’un chef, louer une villa dans les Caraïbes, et particulièrement en Guadeloupe, est une formule de plus en plus plébiscitée par les voyageurs. La Grèce est également une destination qui facilite ce type d’hébergement pour petits et grands, que ce soit en Crète ou sur l’île de Santorin, en complétant son séjour de randonnées sur sentiers ou simplement de détente au bord de la piscine.

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POUR LE VIVRE VOUS AUSSI Une tablée pour accueillir plusieurs convives, en Crète Photographe — Bianca Des Jardins

La force du groupe

LES SOINS COMMUNAUTAIRES

L’humain est un être fondamentalement relationnel. Son besoin de s’allier à une communauté est imbriqué dans ses racines les plus profondes. Les rassemblements communautaires existent depuis aussi longtemps que les sociétés organisées. Au fil des années, l’importance de ces communautés a permis de renforcer les valeurs d’empathie, de partage, d’apprentissage et de fraternité.

Jadis, les humains se rassemblaient en groupe pour survivre dans un monde empreint d’imprévisibilité. Aujourd’hui, même si le besoin de se protéger des dangers n’est plus le même, celui de s’allier à un groupe coule toujours dans nos veines. Cette nécessité d’appartenance rythme les sphères relationnelles et dessine les communautés qui habitent notre monde.

Lorsque les humains s’allient, les soins personnels prennent la forme de soins communautaires, de cercles de croissance, de sororité et de fraternité. Regards sur des mouvements sociaux en plein essor.

Les soins communautaires, connus dans les espaces communautaires et les mouvements sociaux, sont toujours en marge de la culture dominante.

Ils représentent une forme de compassion interpersonnelle vivante : une philosophie de compassion appliquée de manière intentionnelle et engagée. Des individus tirent volontairement parti de leurs privilèges afin d’être présents pour leur prochain, et ce, de mille et une manières. Cela peut être aussi simple que de tendre la main à quelqu’un dans un forum d’entraide numérique, ou d’accomplir les tâches d’une personne malade.

Dans une forme plus structurée, ces soins se déploient au sein de groupes de quartier et de soutien, de foyers communautaires et d’organismes à but non lucratif, en présentiel. À l’ère du Web, des groupes d’entraide naissent sur les réseaux sociaux et sur différentes plateformes numériques, et s’adressent à une myriade de communautés. La force du numérique est de pouvoir regrouper des communautés marginalisées ; des individus des quatre coins du monde vivant des problématiques similaires et faisant preuve d’empathie dans des moments difficiles. Dans la sphère numérique, les soins communautaires se produisent à un niveau tout aussi profond.

Les soins personnels sont parfois insuffisants pour accomplir le réel travail de guérison, explique Nakita Valerio, une organisatrice communautaire et chercheuse basée à Toronto. Pour aborder des problèmes systémiques et vaincre l’isolement social, nous avons besoin d’une communauté. Nous avons besoin de soins communautaires. Les soins personnels ne sont pas pour autant séparés des soins communautaires, puisqu’ils permettent aux individus de prendre soin d’eux afin d’être ensuite en mesure de prendre soin des autres.

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LES CERCLES DE CROISSANCE

Les cercles de croissance sont des espaces psychologiquement sûrs pour le partage et l’introspection. En tant que lieux de cocréation, ils permettent aux individus de se confier, de s’exprimer et de se développer, mais surtout de connecter et de se soutenir mutuellement. Cette expérience permet d’aborder la vie avec davantage d’ouverture et de détermination.

Les cercles de croissance peuvent être créés au sein des organisations, des communautés et même au sein des équipes de travail. En échangeant avec les siens sur différentes expériences et problématiques, les individus ont accès à un meilleur soutien dans la résolution de problèmes et renforcent leur sens de la résilience et de la communauté.

Les cercles de croissance agissent comme un pont entre le travail personnel et relationnel. Les thématiques abordées lors des échanges passent de l’individu (conscience de soi, amélioration des compétences, stratégies de croissance) à sa relation au reste du monde (gestion des relations, rapports aux pairs, résolution de conflits, réseau de soutien, influence et leadership).

SORORITÉ ET CERCLES DE FEMMES

Pendant des milliers d’années, les femmes se sont rassemblées. Elles ont su, ensemble, créer des mouvements visant à abolir le système patriarcal. Leur force provient entre autres de leur capacité à se réunir.

Les cercles de femmes proposent un espace sécuritaire pour la connexion, le partage et l’autonomisation. Ils permettent aux participantes de partager leur vérité sans jugement et de s’affranchir de la peur.

Alors que nos sociétés glorifient les qualités propres à l’énergie masculine comme l’ambition, la productivité et l’accomplissement, les cercles de femmes puisent davantage dans la connexion à l’intuition, la créativité et la capacité de suivre les rythmes cycliques de la vie. Leur existence vise ainsi à rétablir l’équilibre entre le masculin et le féminin.

Qu’il s’agisse de rites de passage, de l’éducation des enfants, de la transmission des

valeurs, du partage d’expérience, du tissage, de la cueillette et de la préparation de la nourriture pour la famille et le village, les femmes ont traversé la vie en se regroupant, et ce, depuis des générations. Aujourd’hui, les possibilités du cercle sont infinies : plein air, découverte de la nature, ateliers de croissance personnelle, cercles de lune, de danse, de chant, exploration du yoga et des sagesses anciennes, reconnexion aux ancêtres…

Avec un impact politique, certains cercles de femmes réclament leur pouvoir et leur autonomie alors que d’autres dénoncent des situations oppressives… Le « cercle » peut emprunter mille et une formes. Ensemble, nous sommes capables de nous unir vers un espace d’égalité, vers un objectif commun. Pouvoir, ensemble. Entre les rituels, la méditation, l’écoute profonde, le partage de vulnérabilités et le démantèlement des structures, le cercle de femmes vise à créer un espace inclusif, qui embrasse toutes les formes du féminin.

MAGAZINE STRØM 31 SOCIÉTÉ
Photographe — Bianca Des Jardins

FRATERNITÉ ET CERCLES D’HOMMES

Susceptibles de souffrir en silence, plusieurs hommes portent un poids immense qu’il est difficile de communiquer, entre autres en raison des perceptions archaïques, mais encore présentes sur la vulnérabilité et la sensibilité comme étant des caractéristiques uniquement féminines.

Les cercles d’hommes offrent ainsi un espace sécuritaire où les hommes peuvent être ensemble et ressentir la permission d’être vraiment eux-mêmes. Un type essentiel de fraternité pouvant même venir alléger certaines problématiques de santé mentale. Rappelant le voyage d’initiation, les cercles de fraternité sont une base solide pour une version saine de la masculinité, le développement de la résilience et la capacité à surmonter les défis.

La souffrance prend racine dans l’incompréhension des rôles dits « masculins », de la dichotomie entre courage et faiblesse. Les cercles permettent le partage d’expériences sans peur d’être étiqueté ou jugé, et sont une nécessité dans un monde où la vulnérabilité des hommes est réduite au silence. Cultiver la conscience de soi, comprendre son chemin de vie, développer le pardon pour soi et pour les autres, voilà tant de sphères à explorer.

Notre société actuelle perpétue les traditions anciennes et les schémas inconscients. Avec un espace où les hommes peuvent se lier en tant que frères et cultiver la conscience, une nouvelle voie est possible.

L’INCLUSION DES PERSONNES TRANS ET NON BINAIRES DANS UN CERCLE

Pour qu’un cercle de femmes ou d’hommes soit ouvert aux personnes transgenres ou non binaires, certaines notions doivent être abordées.

Commençons par la base : les personnes transgenres ne s’identifient pas au genre attribué à la naissance, et ils ou elles entreprennent une démarche de transition pour vivre leur vie en concordance avec le genre auquel ils et elles sont en connexion profonde. À l’opposé, les personnes cisgenres s’identifient à leur genre de naissance.

Pour avoir un espace d’échange et de connexion accueillant pour ces personnes, il faut en faire plus. Par exemple, il est possible qu’une femme trans puisse avoir reçu différentes formes de rejets dans les espaces typiquement féminins. Pour éliminer le doute et être plus inclusif, on peut utiliser un langage aussi simple que :

« Notre cercle accueille toutes les femmes, y compris les femmes cis et trans. »

« Notre cercle accueille tous les hommes, y compris les hommes cis et trans. »

Ultimement, les cercles de femmes et d’hommes se basent sur les expériences communes des membres du cercle. L’inclusion des personnes trans permet ainsi de mettre au service du groupe les points de vue sur le vécu féminin et masculin qu’elles apportent.

Les personnes non binaires n’ont pas un genre défini. Elles peuvent se sentir ni homme ni femme, les deux à la fois, ou une combinaison des deux. L’inclusion des personnes non binaires dans un cercle de femmes ou d’hommes invite à réimaginer ce que signifie le groupe. Le groupe est-il éduqué sur la non-binarité ? Une personne présentant une fluidité de genre sera-t-elle reçue avec autant d’ouverture et de chaleur qu’une personne typiquement féminine ou masculine ? Qu’est-ce que leurs expériences spécifiques de la féminité et de la masculinité peuvent apporter au reste du groupe ?

Pour accueillir les personnes non binaires dans un espace sécurisant, il est important de prioriser le langage non genré et de se familiariser avec l’usage des pronoms. Faire l’éducation nécessaire au sein du groupe est essentiel à ce que celui-ci soit tout autant ouvert aux personnes non binaires.

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« Les soins personnels ne sont pas pour autant séparés des soins communautaires, puisqu’ils permettent aux individus de prendre soin d’eux afin d’être ensuite en mesure de prendre soin des autres. »

Ces réflexions nous amènent à nous questionner sur la place qu’occupe le genre dans ces cercles de partage. Un cercle axé sur le partage de valeurs et d’intérêts communs (plutôt que sur le genre) pourrait davantage répondre aux besoins de certaines personnes. Un cercle réservé aux diversités de genres aurait probablement sa place dans une démarche d’inclusion des identités marginalisées.

EN SOMME

D’hier à aujourd’hui, nos ancêtres se sont réunis avec courage, résilience et compassion. Grâce à l’évolution de la technologie et au démantèlement des structures, nous pouvons désormais nous rassembler de manière plus facile, virtuellement ou pas. En nous regroupant à notre tour, nous perpétuons la tradition, honorons les générations qui ont ouvert la voie aux opportunités de se soutenir mutuellement et de célébrer !

Sources

1 Dienstman, Allison. Women’s Circles: A Sacred Space to Celebrate the Divine Feminine. Spirituality+Health, 2023.

2 Doll, Jayme. Men’s circles offer hope in a new kind of brotherhood tackling mental health. Global News, 30 décembre 2022.

3 Growth Circle. Growthbeans.com, 2023. [En ligne] [https:// www.growthbeans.com/growth-circle.html] (Consulté le 15 février 2023).

4 Samper, Laura. Circles of Men: Unveiling the power of shiva Hridaya yoga. [En ligne] [https://hridaya-yoga.com/blog/ brotherhood-circles-of-men/] (Consulté le 15 février 2023).

5 Scott, Rain. How to include trans and non-binary people in your women’s outdoor group. We Belong Outside, 14 octobre 2021.

6 Walsh, Lauren. Women’s History Month: Women’s Circles Then and Now. Global Sisterhood Org, 2023.

SOCIÉTÉ

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La séduction sous le prisme de la culture

Par Kanica Saphan, professionnelle de la sexologie

Parler de séduction et de sexualité au Québec, voire rédiger un guide sur le sujet — voilà de quoi en effrayer plus d’un(e) tant le thème peut s’avérer large et pluriel !

AU CŒUR DE LA DIVERSITÉ CULTURELLE

J’ai fondé Le Sofa Sexologique à Montréal en 2019. J’y travaille en pratique privée avec des individus et des couples, en collaboration avec des collègues sexologues. Ce cabinet de sexologie est un lieu de discussion dans lequel j’invite mes clients à faire le point sur leur vie, sans jugement ni pression.

En tant que thérapeute racisée, j’ai créé cet espace pour permettre également aux personnes nées de la diversité culturelle de consulter une spécialiste en position minoritaire, susceptible de comprendre leur réalité. En effet, à mes débuts dans le milieu, j’ai rapidement remarqué qu’une grande majorité des sexologues au Québec étaient des femmes caucasiennes francophones. Ce constat m’a motivée à prendre ma place dans le domaine afin, entre autres, de combler ce manque de représentation des minorités culturelles. Ainsi, au fil des ans, j’ai pu soutenir des centaines de couples interculturels, ainsi que des immigrants.

Aujourd’hui, en plus de ma pratique en cabinet, je donne des conférences dans les universités auprès d’étudiants internationaux et dans les organismes communautaires en immigration, afin d’aider les nouveaux arrivants à comprendre les codes sociosexuels propres au Québec.

Même après avoir voyagé dans une trentaine de pays et côtoyé des gens de milieux différents, les échanges que je peux avoir à travers la province continuent de me démontrer la profondeur et la beauté de l’expérience interculturelle.

J’ai pu en tirer quelques enseignements fascinants qui ne doivent surtout pas être confondus avec de potentielles généralisations à l’égard de certaines cultures. Je vous invite dans cet article à porter un regard bienveillant sur les stéréotypes présents dans nos sociétés, afin de déconstruire ensemble les préjugés. La diversité, tant culturelle que sociétale, est une richesse qui ne devrait pas être tenue pour acquise.

34 MAGAZINE STRØM SOCIÉTÉ
Photographe — Bianca Des Jardins

LES STÉRÉOTYPES SEXUELS ET L’ÉGALITÉ DES GENRES

Selon les stéréotypes sexuels qui ont longtemps prévalu dans nos sociétés et qui continuent encore, à différents degrés, d’influencer notre pensée, les femmes seraient supposément plus douées avec l’éducation des enfants, plus douces, émotives et frivoles. Les hommes, quant à eux, sont souvent vus comme des pourvoyeurs, des leaders naturels, des personnes manuelles, sportives et flegmatiques.

Les clichés sexuels ne laissent aucune place aux singularités puisqu’ils nous enferment dans des boîtes bien définies. Au Québec, nous essayons de plus en plus de nous défaire de ces cadres rigides, et certains nouveaux arrivants sont parfois surpris de voir un homme barbu porter du vernis à ongles, ou d’apprendre qu’une petite femme comme moi était autrefois militaire.

Même si l’égalité des sexes est un objectif de société clair au Québec, plusieurs vous diront qu’il n’est pas encore atteint et qu’il reste du chemin à parcourir. Néanmoins, la situation des femmes ici demeure meilleure que dans certaines autres nations. Plusieurs immigrants (hommes et femmes !) en sont conscients, et vont même jusqu’à penser que les Québécoises sont supérieures aux Québécois. Cette réflexion peut être extrêmement déstabilisante lorsque notre culture d’origine limite le rôle des femmes.

Pendant l’une de mes conférences, un homme maghrébin a très bien résumé ce sentiment : « Ici, j’ai fini par comprendre qu’il est préférable que je m’adresse aux autres comme si tout le monde était non genré. La manière dont je parle à une femme ne doit pas être différente de celle dont je m’adresse à un homme. Aussi simple que cela puisse paraître, c’est nouveau pour moi. Au Maroc, notre façon d’être et de s’exprimer est certainement différente en présence d’une femme. »

LA SÉDUCTION

L’adhésion aux stéréotypes sexuels se manifeste surtout dans la manière d’aborder les hommes et les femmes. Lors des conférences, les questions que je reçois le plus fréquemment concernent les interactions sociales, qu’elles soient amicales, professionnelles ou amoureuses. « Comment séduit-on un(e) Québécois(e) ? Comment différencier une interaction amicale d’une interaction à caractère amoureux ? Pourquoi les Québécois peuvent-ils paraître si mous lors de la séduction, et les Québécoises si directes ? »

Il m’est cependant difficile d’y répondre clairement puisqu’on parle bien de codes sociaux non écrits ou encore implicites.

L’idée générale que j’essaie de transmettre est plutôt qu’au Québec, contrairement à d’autres lignes de conduite plus traditionnelles, les femmes et les hommes peuvent jouer un rôle passif ou actif lorsqu’ils souhaitent séduire. Les femmes peuvent faire les premiers pas (rôle actif) sans être perçues comme des femmes « aux mœurs légères ». Les hommes peuvent jouer le rôle passif et se laisser séduire, sans que leur virilité soit remise en question. Si nous sommes originaires d’un pays où les stéréotypes de genre dictent nos façons d’aborder l’autre (l’homme doit faire les avances et la femme doit se faire séduire), le dating au Québec peut bouleverser toutes les règles du jeu auxquelles nous avons été habitués depuis des décennies !

Le lieu d’approche constitue également un point important en matière de séduction. Au Québec, nous sommes généralement plus enclins à séduire et à nous laisser aborder dans des contextes bien définis : un bar, une boîte de nuit, un 5 à 7, une fête entre amis, un festival, voire même une conférence, mais pas dans une file d’attente pour le bus, au gym, au travail, ni lorsque nous marchons dans la rue. Certaines cultures ne font absolument pas de distinction : on peut approcher des inconnu(e)s sur le trottoir, et c’est normal de le faire. Une femme originaire du Cameroun m’expliquait qu’elle avait mis du temps à comprendre que le fait de ne pas se faire draguer souvent ici ne remettait pas en cause son pouvoir de séduction, et qu’il s’agissait simplement d’une question d’habitude.

“Comment séduit-on un(e) Québécois(e) ? Comment différencier une interaction amicale d’une interaction à caractère amoureux ?” »

« Lors des conférences, les questions que je reçois le plus fréquemment concernent les interactions sociales, qu’elles soient amicales, professionnelles ou amoureuses.
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Le mode de séduction le plus commun dans certains pays peut même être ici considéré comme du harcèlement sexuel. Au Québec, si quelqu’un vous approche et que vous avez signifié de manière verbale ou non verbale que vous n’étiez pas intéressé, l’autre personne se doit de respecter votre refus. Dans d’autres cultures, il faut que la femme dise « non » pour ne pas avoir l’air d’une « femme facile », et l’homme doit insister pour démontrer le sérieux de sa démarche. Une partie de mon travail consiste donc à aider les gens à comprendre que la séduction est un échange dynamique entre deux personnes ; un processus qui peut évoluer rapidement, et pendant lequel chacun doit s’amuser, comme un tango.

Dans certaines cultures, le concept du dating n’existe tout simplement pas. On commence par se fiancer, et c’est cette période de fiançailles qui permet aux personnes d’apprendre à se connaître. Si la relation ne fonctionne pas, alors les fiançailles sont rompues. Au Québec, cette phase se déroule habituellement lors du dating. Cela ne me surprend donc pas d’entendre parfois que les Québécois changent de partenaires aussi souvent qu’ils changent de chaussettes !

Dans d’autres cultures, le concept du mariage par amour relève un peu d’une fantaisie immature ; les mariages transactionnels sont beaucoup plus communs. Soyons clairs, toutes les relations sont transactionnelles à un certain niveau, même ici. Cependant, dans certains pays, ce niveau est élevé et cette réalité est reconnue et acceptée : il s’agit alors d’unions où le statut social, l’argent, les rôles des partenaires ainsi que le sacrifice personnel des envies et des besoins individuels seront davantage mis en avant.

L’INTERCULTURALITÉ

Malgré mes observations et courtes conclusions, je sais pertinemment qu’en fin de compte, les relations et les dynamiques interpersonnelles ne reposent pas uniquement sur des coutumes et des conventions culturelles. Les individus en soi sont différents, ainsi que les générations. Si nous mélangeons les aspects culturel, individuel et générationnel, nous obtenons donc un niveau de complexité exponentiel ! Mais ce n’est pas parce qu’il s’agit d’un phénomène complexe qu’il est impossible à naviguer.

John Gottman, chercheur éminent en science des relations et du mariage, a étudié et analysé des milliers de couples, et affirme que toutes les relations sérieuses constituent une expérience interculturelle1. Même lorsque deux personnes sont de la même région, elles viennent finalement de familles différentes et bâtissent un nouveau clan. Cela donne lieu à une nouvelle culture, avec ses propres règles, traditions, normes et célébrations.

Le Sofa Sexologique est un cabinet moderne qui offre des consultations privées à Montréal et en virtuel. Sa mission, en plus d’aider les individus et les couples, est de vulgariser la sexologie, soit la science de la sexualité et des relations, auprès du grand public. Les entreprises et les organisations bénéficient quant à elles de conférences concernant l’intégration sociosexuelle des immigrants, mais aussi la gestion de conflits, la satisfaction conjugale et la réappropriation d’une sexualité saine.

Pour poursuivre la discussion avec Kanica Saphan, suivez notre balado Centré sur l’équilibre

Source

1 The Gottman Institute. « Thérapie de couple – Méthode Gottman – Niveau 1 » (traduction libre ; Gottman Method Couples Therapy – Level 1), dans The Gottman Institute | A research-based approach to relationships , [En ligne], 1996, mis à jour en 2023. [https://www.gottman.com/product/gottman-method-couples-therapy-level-1/] (Consulté le 13 janvier 2023).

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Réapprendre à vivre loin de nos écrans

On pourrait facilement penser qu’éteindre son ordinateur et ne plus se faire contacter par son employeur après 17 h va de soi. Cependant, en 2016, la France était le premier pays à intégrer dans sa loi le droit à la déconnexion, autorisant les salariés à ne pas être joignables en dehors des heures de travail1. Qu’on en arrive à la législation peut paraître extrême, mais cela traduit plutôt le fait qu’il est de plus en plus attendu que nous soyons constamment disponibles ou, autrement dit, constamment prêts à être distraits ou dérangés.

Cette attente, progressivement devenue commune, n’est pas confinée au milieu du travail. Elle a même fait son chemin jusque dans nos vies personnelles, où nous nous imposons d’être continuellement connectés. Il m’est presque impossible de m’asseoir pour lire sans toujours surprendre ma main tendue vers mon téléphone. Lorsque je souhaite avoir l’esprit concentré à la tâche, la seule solution est de laisser tous les appareils numériques dans une autre pièce. Et, même lorsque je le fais, j’avoue que je finis parfois par me lever sans m’en rendre compte, pour aller vérifier quelque chose d’aussi banal que le signe astrologique de l’auteur du livre que je suis en train de lire… Et je ne serais

pas la seule : en 2018, 45 % des Canadiens affirmaient vérifier leur téléphone intelligent toutes les 30 minutes, au moins 2 . Il ne serait pas surprenant que ce chiffre ait grimpé dans les dernières années, en raison notamment de la virtualisation du travail.

Les dispositifs technologiques et leurs plateformes sont conçus pour monopoliser notre attention. Avec le temps, on finit par en devenir vaguement complice. Il est beaucoup plus facile de choisir la distraction que d’affronter ce qui se passe autour de nous. L’ailleurs est au bout de nos doigts, et les excuses pour s’y rendre sont infinies.

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Bien que les motivations derrière le désir de vivre une retraite de bien-être puissent être multiples, c’est peut-être cette omniprésence du divertissement et notre difficulté à nous en détacher qui expliquent une partie de l’engouement grandissant envers le concept. Notre besoin viscéral de nous mettre en retrait, à l’abri des notifications et des likes, a redéfini tout un pan de l’industrie du tourisme. Ce besoin traduit notre soif pour des contextes qui nous autorisent à nous absenter, et peut-être aussi la nécessité d’être dans la contrainte afin de revenir au moment présent. Parmi les bienfaits de prendre ce moment pour soi, nommons le retour au calme, la diminution du stress, ainsi que la possibilité de se recueillir et de réfléchir à certains aspects de sa vie afin d’acquérir de nouvelles perspectives ou de trouver des solutions aux problèmes qui nous inquiètent2

Même si les retraites sont de plus en plus variées et spécialisées — on peut notamment se planifier un séjour de yoga avec des chèvres sur une ferme en Oregon — il n’est pas toujours nécessaire d’investir des sommes extraordinaires ou même de quitter sa région pour arriver à profiter d’un moment de calme et de ressourcement. Que ce soit pour un week-end, une journée ou quelques heures seulement, seul ou accompagné, voici quelques principes à considérer pour concevoir votre propre retraite de déconnexion « maison ».

1 L’ENDROIT

Pour certains, la nature est le refuge parfait pour se ressourcer, se reconnecter avec son environnement et se détendre. Pour d’autres, il est au contraire plutôt favorable d’apprendre à se recentrer en demeurant dans l’agitation du quotidien et les lieux familiers.

S’il est vrai qu’il peut être bénéfique d’apprendre à être bien dans une multitude de situations en se contentant de peu, l’important est de vous demander ce dont votre corps a réellement besoin lorsque vous commencerez votre retraite. La dimension apaisante du silence, qui facilite le recueillement et la contemplation, ou le dynamisme d’un environnement citadin ? L’anonymat de la forêt ou le réconfort de votre salon ?

2 L’HORAIRE

Pour un moment de déconnexion réussi, il est selon moi important de s’en remettre à un horaire planifié, tout en demeurant flexible. Prévoir permet d’éviter certains risques associés à la prise de décision et les automatismes, comme celui de tendre constamment vers son téléphone.

Il y a quelque chose d’apaisant au fait de s’abandonner, de se sentir guidé par un certain programme. Cela permet à l’esprit de s’adonner à autre chose que la planification de ce qui va se passer ensuite. C’est là qu’on arrive à changer des habitudes, ou à se concentrer sur ce qui est réellement essentiel : son bien-être.

Cet horaire peut être fait par vous-même, ou encore par un être cher qui vous connaît bien. Il peut être ponctué de moments de détente, d’activités sportives douces comme le yoga, de lecture, de cuisine ou de tout autre passe-temps qui vous fait du bien. L’essentiel est qu’il vous garde loin des sources de distraction et de ce qui ne vous tient pas vraiment à cœur.

3 L’INTENTION

Finalement, l’élément le plus important, mais peut-être le plus facile à manquer ou à oublier : l’intention. Que souhaitez-vous retirer de votre retraite ?

Cela peut être aussi vaste et abstrait que la clarté d’esprit, ou aussi précis que trouver une solution à un enjeu spécifique auquel vous faites face. L’intention est l’endroit où vous retournerez lorsque vous vous ennuierez ou lorsque vous vous sentirez moins motivé. C’est le point d’ancrage qui vous guide dans votre périple. C’est la raison qui vous pousse à vouloir revenir dans le réel.

Sources

1 Hari, J. (2022). Stolen Focus: Why You Can’t Pay Attention

– and How to Think Deeply Again. Crown.

2 Statistique Canada. Tableau 22-10-0115-01 Utilisation de téléphones intelligents et habitudes liées à leur utilisation, selon le groupe d’âge et le genre , inactif DOI : https://doi. org/10.25318/2210011501-fra

3 Ouellette, P. & Carette, D. R. (2006). Les pourquoi d’une retraite à l’Abbaye Saint-Benoît-du-Lac . Reflets, 12(1), 144–166. https://doi.org/10.7202/013442ar

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Et vous, quel est votre rapport avec l’instant présent ? L’appel du virtuel est-il plus fort que le reste ? Profitez de ces quelques lignes pour coucher sur papier vos intentions, pour réfléchir à ce qui est essentiel pour vous, et aux manières de lui faire plus de place au quotidien.

Par
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Marée Chandelles : la détente attentionnée

Toute bonne séance de détente est incomplète sans le doux parfum et la lueur réconfortante d’une bougie. Et quoi de mieux pour accompagner un moment de repos qu’une fragrance naturelle émanant d’une chandelle soigneusement faite à la main avec amour ?

Voilà ce que propose Marée Chandelles : un vaste éventail de bougies conçues avec de la cire de soya biologique cultivée de manière responsable, sans agents toxiques. Soucieuses de l’environnement et conçues au Québec, ces bougies apportent une tranquillité d’esprit tout en enivrant les sens par leurs fragrances exclusives méticuleusement choisies. La gamme propose un vaste choix de parfums naturels qui sauront satisfaire tous les goûts ; il est ainsi possible de personnaliser sa séance de repos en fonction

de l’humeur, de l’heure et de la pièce. Qui plus est, la conception graphique épurée et minimaliste des produits Marée Chandelles agrémente le comptoir de la salle de bain comme la table de chevet. Voilà un emballage à l’image de la simplicité des ingrédients naturels que renferme chaque pot. On peut d’ailleurs se procurer de nombreux autres produits propices à la création d’un environnement reposant et accueillant : huiles à diffuser, accessoires pour la lessive, savons et plus encore !

PARTENARIAT ÉDITORIAL 44 MAGAZINE STRØM
Photographe — Emecy photo

UNE ÉQUIPE IMPLIQUÉE

Fondée en septembre 2015 par Audréanne Goulet et Marie-Pier Bourgault, l’entreprise connaît un succès considérable non seulement grâce à la qualité de ses produits favorisant le mieux-être, mais aussi à son équipe composée de 12 femmes passionnées et rigoureuses. Elles veillent à ce que la confection de chaque produit soit tant diligente que tendre, et collaborent étroitement et travaillent ardemment pour offrir des articles pour la maison qui insufflent de la sérénité au quotidien, peu importe le contexte. Une attention minutieuse est portée aux détails, ce qui témoigne du dévouement de cette petite, mais puissante équipe.

DES VISÉES PARTAGÉES

Marée Chandelles prend à cœur le bien-être et vise à apporter un peu de répit dans un monde où tout va vite. Sa mission est d’offrir des produits qui rehausseront ces précieux moments de repos, afin que tous puissent mieux se ressourcer. En tant qu’entreprise québécoise œuvrant aussi pour le bien-être de sa communauté, le Strøm spa nordique est fier de faire appel depuis 2019 à Marée Chandelles pour la production des bougies vendues dans ses boutiques. Le partenariat des deux marques, qui partagent des origines et une raison d’être similaires, permet ainsi de recréer l’expérience du spa à la maison. Et le moment de détente pourra heureusement durer plusieurs heures, car la cire de soya brûle jusqu’à 40 % plus longtemps que les cires traditionnelles. Allier nature, détente et ressourcement à la maison, voici la philosophie qui unit les deux entreprises et qui se matérialise dans des bougies aux parfums d’évasion.

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PARTENARIAT ÉDITORIAL
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Photographe — Sarah Lamarche

La présence, une énergie qui se cultive

La connexion, avec soi et avec les autres, est un canal énergétique puissant. Grâce à elle, on se construit, on grandit et on s’épanouit. C’est une forme d’enracinement, horizontal autant que vertical, qui rend possible à la fois l’ancrage et l’expansion.

Il est important de comprendre que pour arriver à connecter, avec soi, mais aussi avec les autres, il faut pouvoir être présent. Nous parlons ici de présence mentale : avoir la capacité de porter attention à une seule chose, à un seul événement, à une seule personne, à un seul moment. À ce qui se passe dans l’instant présent.

Avez-vous déjà remarqué si, lorsqu’on vous parle, vous avez la tête ailleurs ? Lorsque vous exécutez une tâche, vos idées et pensées vagabondent-elles sans limite, de sorte que vous ne vous concentrez même plus sur ce que vous êtes en train de faire ? Si c’est le cas, peutêtre avez-vous de la difficulté à être présent. C’est ici qu’entre en jeu la pleine conscience.

Par Chanelle Riopel, fondatrice et présidente de Acte
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Photographe — Bianca Des Jardins

LA PLEINE CONSCIENCE

Par définition, la pleine conscience, que l’on appelle aussi mindfulness , est la capacité fondamentale à être pleinement présent. D’être conscients d’où nous sommes et de ce que nous faisons tout en ne réagissant pas à ce qui se passe autour de nous. C’est accueillir nos pensées, nos émotions, nos sensations sans les juger ni les qualifier.

De façon plus traditionnelle, la pleine conscience désigne un esprit clair enclin à répondre de façon efficace et avec objectivité à ce que la vie lui envoie, afin d’être en mesure de faire les meilleurs choix possibles. Une espèce d’état d’objectivité et de lucidité extrêmes.

Selon cette définition, la pleine conscience nous permet d’être 100 % présents, pour soi, mais aussi pour l’autre, afin de permettre une réelle connexion. Elle est une qualité et un potentiel que possède chaque humain, mais qu’il faut apprendre à cultiver. Tout le monde peut donc la pratiquer et atteindre l’état de présence recherché, avec un peu de patience.

LES BIENFAITS DE CETTE PRATIQUE

En se concentrant sur le moment présent, l’esprit réussit à chasser le courant de pensées surabondantes. En effet, des études1 démontrent que la capacité à vivre dans le moment présent atténue certains effets dépressifs reliés aux pensées du passé et diminue l’anxiété que peut provoquer une anticipation préoccupante de l’avenir. « Ici, maintenant » est l’état neutre et paisible de la clarté de l’esprit.

La pleine conscience permet d’être concentré lorsqu’une personne s’adresse à nous, réduit les réactions émotives spontanées face à des sujets qui pourraient être sensibles, augmente l’objectivité et la flexibilité cognitive et rend plus empathique. Le tout a pour but de développer l’attention, la gentillesse, l’acceptation et la compassion, donc de s’outiller afin de mieux connecter avec l’autre.

UNE QUÊTE INDIVIDUELLE

AU CŒUR DE L’EXERCICE

Le travail de pleine conscience permet d’entraîner l’esprit à canaliser son attention sur une seule chose et d’y mettre toute son énergie. Il est possible de le faire de plusieurs façons, plus ou moins contraignantes.

Au quotidien, on peut pratiquer la pleine conscience à tout moment de façon informelle : sous la douche, en marchant vers le travail, en mangeant, dans l’autobus. Le principe est d’arriver à isoler le moment et d’être réceptif à tout ce qui est autour : les couleurs (du ciel, des feuilles, du sol, des murs, des aliments), les sons (des voitures, des oiseaux, des aliments lorsqu’on les coupe), les odeurs (de la cuisson, de l’herbe, des fleurs), les sensations (de l’eau sur la peau, du vent, de la chaleur du soleil).

De façon plus traditionnelle, la méditation est un incontournable du travail de mindfulness. Elle permet de se pratiquer à concentrer sa pensée sur une seule chose alors que le corps est immobile et que l’environnement est calme, voire silencieux. La méditation peut être traditionnelle, guidée ou de type bodyscan (qui consiste en une analyse rapide de son corps et des sensations qui y sont liées). Il est également possible de faire des méditations axées sur le souffle où se rencontrent les techniques de respiration et de méditation. Pour une personne peu familière avec la méditation, les accompagnements guidés sont des approches accessibles qui facilitent le processus de découverte et qui aident à développer des outils pour s’ancrer dans le moment présent. Il est toujours plus facile, comme dans n’importe quel apprentissage, de se faire prendre en charge et de se laisser guider par les actions qui nous sont proposées que de s’y lancer à l’aveugle. C’est en fait une forme d’entraînement, mais pour l’esprit.

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Photographe — Bianca Des Jardins

LA CONNEXION EN LIEN AVEC NOS RELATIONS

Maintenant, comment réussit-on à utiliser la pleine conscience afin d’améliorer la qualité de nos relations ?

Un des moyens de développer la connexion avec autrui dans un contexte conversationnel est l’écoute active. Cette dernière, par le biais de votre totale présence, permet à votre interlocuteur de ressentir que vous l’écoutez attentivement, mais surtout que vous assimilez ce qu’il vous dit de façon à interpréter et à évaluer son discours sans l’interrompre, et surtout, sans le juger. Votre présence vous permettra de lire les sous-textes, de saisir le non verbal et de vous concentrer sur l’intention de ses propos.

En effet, en commençant par accorder toute votre attention à la personne avec qui vous désirez entrer en relation, il sera déjà clair pour elle que vous vous souciez d’elle. Le fait de se soucier de quelqu’un et d’y être attentif augmente le sentiment d’appartenance et permet d’approfondir la connexion. C’est un facteur qui peut paraître intangible, mais qui a un grand impact sur le rapport à l’autre.

De votre côté, la pleine conscience vous permettra de vous concentrer sur vos échanges de façon objective afin d’éviter de faire des liens avec vos propres expériences et votre propre bagage. De cette façon, peu importe les partages, vous ne chercherez pas à avoir raison, et vous ne serez pas en réaction à ce qui vous est raconté, par exemple si le sujet suscite chez vous des souvenirs ou des sentiments qui appartiennent à votre histoire, qui sont votre vérité, mais pas nécessairement la vérité de tous. Vous réussirez de cette façon à être présent pour l’autre sans ramener toute l’attention sur votre propre ressenti.

De façon concrète, l’écoute active se traduit par une écoute profonde des propos de l’autre, sans interruption, sans devoir combler les silences, sans apport de point de vue (à moins que l’autre personne ne vous le demande) et sans faire de lien avec votre propre vécu. Cette approche peut sembler contre-intuitive pour certaines personnes, mais il faut savoir que dans une ère où tout le monde donne son opinion sur tout, il est parfois essentiel de laisser la place à l’autre pour s’exprimer et être activement écouté, tout simplement. Cet espace offre l’occasion à la personne en face de vous d’aller au bout de sa pensée, de développer sa réflexion en parlant, et de partager davantage que si elle est constamment interrompue.

La pleine conscience est un concept large qui s’applique à toutes les sphères de notre vie. Ce qui nous importe ici est d’utiliser les outils qui s’offrent à nous afin de développer notre capacité à chasser le trop-plein d’informations dans le but de se rendre disponible pour les personnes qui nous entourent et de leur faire cadeau de notre pleine présence… C’est là que se cache le secret de la connexion !

Numérisez le code QR pour faire l’expérience d’une pratique de pleine conscience offerte par Acte.

Acte est un studio d’entraînement multidisciplinaire 100 % francophone. Il propose des collections d’entraînements préenregistrés et des programmes structurés, à explorer sans contraintes géographiques ou d’horaire. Acte se détache du culte du corps pour trouver son inspiration dans la curiosité du mouvement, l’amusement dans l’entraînement et la progression dans la discipline. Le but est d’initier la clientèle à un entraînement fonctionnel afin qu’elle développe la connaissance de son corps et la source de ses motivations. Chez Acte, on ne vise ni la perfection du corps, ni celle de l’esprit. On cultive plutôt la force et la grâce, l’intensité et la lenteur, l’équilibre et le mouvement.

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Pour les petites et les grandes occasions

Photographe — Damir Omerovic ´

Le champignon hallucinogène : Aux fondements de l’humanité

Ils font des miracles dans l’environnement en restaurant des zones polluées. Dans le domaine médical, ils ont transformé notre manière de soigner. Avec leurs propriétés biologiques fascinantes, les champignons sont de plus en plus discutés et utilisés.

Chai au Reishi, matcha à la crinière de lion, microdosage de la psilocybine et thérapie psychédélique… Dans le domaine de la santé, les champignons médicinaux s’imposent sous forme de boissons, de compléments alimentaires ou de recettes. Dans le domaine holistique, la psilocybine, le principe actif des champignons hallucinogènes, est à l’origine de certaines pratiques. Regards sur ces méthodes prometteuses.

LA RELATION ENTRE LES HUMAINS ET LES PLANTES

Au départ accidentelle, la présence de champignons hallucinogènes dans l’alimentation de nos ancêtres a eu un impact sur les fondements de l’humanité. Les bouleversements liés aux effets de la psilocybine, l’ingrédient actif des champignons hallucinogènes, pourraient être le point de départ de la spiritualité chez l’homme, et avoir influencé notre relation avec l’ensemble du vivant.

Terrence McKenna, ethnobotaniste et père de l’utilisation des plantes psychédéliques naturelles, explique que les hallucinations causées par la consommation de champignons hallucinogènes agissent comme des « messagers moléculaires ». Ainsi, la relation entre l’humain et le champignon serait « un transfert d’informations d’une espèce à l’autre. » En présence de cette relation, il est possible d’avoir accès à des informations et à des schémas comportementaux renouvelés qui nous mènent vers des degrés d’introspection plus élaborés.

« Les chamans représentent l’avant-garde […] de cette progression créative », avance McKenna.

À l’époque où le régime alimentaire de nos ancêtres incluait la psilocybine, la valeur de la communauté, l’altruisme, le langage, la planification à long terme et la compréhension des relations de cause à effet ont été développés. McKenna affirme que la présence de la psilocybine fut un agent de changement dans les sociétés archaïques, en tempérant les valeurs hiérarchiques, les comportements brutaux et la recherche de domination. Avec la disparition progressive de la psilocybine dans l’alimentation en raison des changements climatiques, cette tendance naturelle de l’homme à la domination aurait repris les rênes, provoquant les maux de notre société actuelle.

La consommation de psilocybine procure une sensation de liberté, d’harmonie, de ne faire qu’un avec l’ensemble du vivant. Cette expérience peut mener à une meilleure compréhension de soi, des autres et du monde. Avec une dose « hallucinogène », les effets s’intensifient. Désinhibition, fous rires, euphorie, émergence de souvenirs oubliés, hallucinations visuelles et sonores. Mais l’utilisation de la psilocybine n’est pas sans risque. Les mauvaises expériences peuvent mener à des crises d’angoisse, des phobies, de l’arythmie, de la confusion et un syndrome post-hallucinatoire persistant.

Une éducation sensible et une bonne connaissance de soi-même sont indispensables. Tout comme les médicaments, les psychédéliques ne sont pas pour tout le monde. Adopter une nouvelle perspective sur l’univers peut être troublant, et un accompagnement s’avère nécessaire pour certains individus. La démocratisation des psychédéliques permettrait et faciliterait donc l’accompagnement, l’encadrement et la consommation tempérée et consciente.

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PSILOCYBINE ET MICRODOSE

La nouvelle tendance du microdosage permet de profiter des bienfaits de la psilocybine en toute modération. Le microdosage consiste à consommer une très faible dose dite « sous-hallucinogène » d’une substance psychédélique, comme les champignons contenant de la psilocybine. Selon les médias, le microdosage a gagné en popularité, mais la littérature scientifique contient peu de recherches sur cette pratique, puisqu’elle est encore à ce jour illicite.

Avec un marché en pleine croissance sur le Web, le microdosage des champignons hallucinogènes fait le bonheur de ses adeptes. Amélioration de la mémoire, de la concentration et de la créativité : le microdosage ferait désormais partie de la routine d’un nombre croissant de Canadiens cherchant à améliorer leur moral et à cultiver le bien-être.

PSILOCYBINE ET THÉRAPIE PSYCHÉDÉLIQUE

La thérapie psychédélique n’est désormais plus secrète. De plus en plus de chercheurs s’intéressent à l’utilisation de la psilocybine dans le traitement de la dépression, de l’anxiété et de la dépendance aux drogues.

En 2020, un premier Canadien en fit légalement l’usage dans le cadre d’une thérapie. Depuis, l’accessibilité aux traitements assistés par psychédéliques est en pleine croissance, et les demandes d’utilisation de drogues psychédéliques à des fins thérapeutiques dans le cadre du programme d’accès spécial de Santé Canada se multiplient.

En tant qu’outil thérapeutique, la psilocybine entraîne le cerveau à créer de nouveaux liens, à élargir les perspectives et à explorer des voies inédites. L’expérience pousse le patient à briser les schémas de pensées contraignants. En se libérant des pensées intrusives, celui-ci apprend à voir les choses autrement. Bien que la prise de champignons fasse partie intégrante du traitement, la thérapie demeure un processus complet. Elle exige du patient un investissement significatif, avant et après l’expérience.

La renaissance des psychédéliques serait une véritable révolution dans le traitement des troubles mentaux, selon le Dr Flanders, psychologue spécialisé dans la thérapie assistée de psychédéliques. « Les psychédéliques sont très différents des autres médicaments, explique-t-il. Plutôt que de simplement masquer les symptômes, ils amènent le patient à affronter sa situation au cours d’une à trois expériences courtes, mais intenses. » Danilo Bzdok, professeur à l’université McGill et chercheur étudiant les effets des psychédéliques sur le cerveau, le confirme : « Les drogues psychédéliques pourraient bien être la prochaine grande chose à améliorer les soins cliniques des principaux problèmes de santé mentale. »

Illégal et loin d’être disponible pour le grand public, le champignon hallucinogène est cependant désormais offert par Santé Canada à certains patients en soins palliatifs.

Veillez à bien vous faire accompagner dans toutes vos démarches entourant les psychédéliques. Si vous avez des questions ou êtes préoccupé par votre consommation ou celle d’un proche, n’hésitez pas à demander de l’aide ou à consulter votre professionnel de la santé. Pour obtenir du soutien, vous pouvez visiter le drogue-aidereference. qc.ca ou téléphoner au 1 800 265 -2626, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Ce service est bilingue, confidentiel, anonyme et gratuit.

Photographe — Bianca Des Jardins
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Photographe — Bianca Des Jardins

LA MYCOTHÉRAPIE

Antibactériens, antioxydants, régulateurs des fonctions cardiovasculaires, réducteurs du cholestérol et du stress, stimulateurs des fonctions immunitaires et respiratoires… Les vertus thérapeutiques des champignons paraissent infinies. Alors que la mycologie est la science qui étudie les champignons, la mycothérapie correspond à la médecine alternative faisant usage des champignons médicinaux à des fins thérapeutiques.

Possédant une quantité élevée de zinc, de fer, de fibres, d’acides aminés, de minéraux et de protéines végétales, les champignons médicinaux soutiennent la santé globale. Adaptogènes, ils peuvent également aider l’organisme à lutter contre le stress.

Incorporés dans l’alimentation ou consommés sous forme de tisane ou de thé, les champignons thérapeutiques améliorent le bienêtre global en soutenant efficacement le système immunitaire.

La forme de champignon la plus reconnue est sans doute la pénicilline, utilisée pour traiter les infections bactériennes.

Avec son pouvoir antioxydant, le reishi est surnommé « champignon de l’immortalité ».

Contribuant au bon fonctionnement du transit digestif, le shiitaké permet aussi de lutter contre le cholestérol.

L’ashwagandha est un adaptogène qui soulage l’anxiété et la fatigue, réduit le stress et améliore la qualité du sommeil.

Permettant de renforcer le système immunitaire, le maïtaké soutiendrait les personnes immunodéprimées. Il est communément utilisé comme complément dans le cadre de traitements contre le cancer.

Contribuant à contrer la fatigue, la racine de ginseng améliore la vitalité et les capacités de concentration.

L’INTELLIGENCE DU CHAMPIGNON

Terrence McKenna parle du champignon hallucinogène comme d’une intelligence qui se communique : un transfert d’informations de la plante jusqu’à l’humain. Les progrès engendrés par la consommation de champignons ne se produisent pas miraculeusement… Ils seraient transférés, communiqués, puis intégrés.

Cette idée est en pleine cohérence avec les avancées de Paul Stamets, mycologue et écrivain américain. Stamets parle de la partie « sous-terraine » des champignons (le mycélium) comme d’un réseau naturel d’échange d’informations, en perpétuelle communication et adaptation aux changements extérieurs. Considéré comme une conscience collective, le mycélium connaît les excès et les manques de la terre. Il mémorise, anticipe et communique les changements dans son environnement, entre autres, avec les racines des arbres. Il s’adapte pour retrouver l’équilibre et soutenir le « système immunitaire » de notre terre.

Sur le plan environnemental, le champignon est une matrice autonome et puissante. Sur le plan humain, le champignon démontre une belle avancée, mais certaines preuves restent à faire. Qu’il s’agisse de soutenir le système immunitaire, de traiter l’anxiété et la dépression, ou encore d’habiter le monde avec davantage d’harmonie, le champignon semble être un allié polyvalent dans le soutien de la santé du corps, de l’âme et de l’esprit. Une matrice aussi puissante ayant la capacité de soutenir la terre tout entière aurait-elle la capacité de soutenir l’humain, dans son intégralité ?

Sources

1 Cloutier, Maxance. Les champignons magiques sortent de l’ombre. Le Devoir. 26 juillet 2022

2 De Billy, Hélène. Dr Joe Flanders, psychologue : le retour vers le futur des psychédéliques. Ordre des psychologues du Québec. Septembre 2022

3 Gris Roy, Camille. Accès à la thérapie psychédélique au Canada : où en est-on ? Radio-Canada. 10 juillet 2022

4 Lim, Kim-Anh. Les champignons sauveront-ils le monde ? Environnement. Nexus94. Septembre-octobre 2014

5 Production Accès. Les champignons médicinaux . Journal Accès. 4 février 2020

6 Vernet, Camille. Les vertus médicinales des champignons hallucinogènes. Radio-Canada. 15 juin 2021

MAGAZINE STRØM 55 SANTÉ HOLISTIQUE
Photographe — Bianca Des Jardins

La fatigue émotionnelle chez le proche aidant

Propos recueillis auprès de Michelle Lefebvre, travailleuse sociale

Le rôle de proche aidant, bien que capital et gratifiant, est aussi très exigeant. Parce qu’il implique souvent un don de soi immense, il peut à la longue être lourd à porter, entraînant un surmenage qu’il est parfois difficile de renverser. Pour en savoir plus au sujet de la fatigue émotionnelle chez le proche aidant, nous avons discuté avec Michelle Lefebvre, travailleuse sociale, animatrice du groupe Traverser un deuil et coanimatrice d’une communauté de partage entre proches aidants au Monastère des Augustines.

QU’EST-CE QUE LA FATIGUE ÉMOTIONNELLE

CHEZ LE PROCHE AIDANT ?

La fatigue émotionnelle, aussi appelée usure de compassion, se définit par une profonde érosion physique et émotionnelle qui empêche l’individu de se ressourcer et de retrouver son énergie1 C’est un épuisement profond et complexe qui mérite qu’on s’y attarde, car il ne s’en va généralement pas de lui-même. Même si cela aide, cet épuisement ne disparaît pas simplement après une bonne nuit de sommeil.

COMMENT CETTE FATIGUE SURVIENT-ELLE ?

Celle-ci arrive peu à peu dans la vie du proche aidant. Puisqu’il pense pour deux, fait pour deux, il aura tendance à s’oublier au profit du bien-être de l’être cher. Toute son énergie et sa compassion sont investies dans l’autre. L’équilibre entre ses propres besoins et ceux de l’autre est rompu, ce qui engendre un épuisement. Ses ressources d’énergie, d’empathie, d’amour et de bienveillance sont surutilisées sur de longues périodes, ce qui peut compromettre son équilibre émotif.

QUELS EN SONT LES SIGNES ?

Les signes de la fatigue émotionnelle peuvent être nombreux. On pourra entre autres remarquer un manque d’enthousiasme et d’entrain chez la personne, une certaine impatience, et un changement dans la sensibilité. Le proche aidant peut par exemple devenir hypersensible, ce qui provoque des réactions démesurées dans des situations auxquelles il n’est pas habitué à réagir si fortement. À l’opposé, il peut devenir impassible, presque apathique. Dans les deux cas, le proche aidant peut en arriver à ne plus se reconnaître lui-même tant sa façon d’appréhender le quotidien a changé.

MAGAZINE STRØM 57 SANTÉ HOLISTIQUE

QUE PEUT-ON FAIRE POUR ACCOMPAGNER UN AIDANT SOUFFRANT DE FATIGUE ÉMOTIONNELLE ?

Pour soutenir un proche aidant, son entourage peut : Commencer par reconnaître que la situation dans laquelle il se trouve est éprouvante, et souligner son implication afin de lui démontrer qu’il est vu, entendu, compris.

COMMENT ÉVITER D’EN ARRIVER À CET ÉPUISEMENT ?

L’inciter et l’aider à prendre soin de soi. Souvent, après plusieurs années passées à mettre quelqu’un d’autre que lui-même en priorité, le proche aidant aura oublié quoi et comment faire pour être bien. Son entourage peut alors essayer de le guider en lui demandant quelle serait la plus petite chose qu’il pourrait faire afin de se rapprocher de ses besoins ou de ce qu’il aime.

Il s’agit d’un travail de tous les jours. Pour prévenir l’épuisement émotionnel, il faut être vigilant envers son propre équilibre, se garder de l’énergie pour soi. Si on est bien entouré, on peut également remplir ses réserves d’amour, de bienveillance et d’attention en acceptant d’en recevoir de la part de ses proches. Il est important de rappeler au proche aidant qu’il a lui aussi le droit de recevoir, et qu’il est tout à fait souhaitable qu’il nomme ses besoins, quand il les connaît, et qu’il ose demander de l’aide, même s’il ne sait pas par où commencer.

En tant que membre de la famille, conjoint ou ami, on peut aller au-devant des besoins de l’autre et lui proposer quelque chose. Il est parfois plus facile d’accepter de l’aide ou de poser un geste pour soi quand une proposition claire nous est faite.

Offrir du temps à l’autre, soit en prenant le relais auprès du proche aidé, ou en faisant une activité avec le proche aidant. S’il ne sait plus ce qu’il aime faire ou ce qui lui ferait du bien, le meilleur moyen de le savoir est d’essayer des choses. Normalement, on réfléchit à ce qu’on aime, et on le fait ensuite, mais quand on est moins connecté à soi, il faut parfois faire avant de ressentir. L’action renseignera le proche aidant sur ce qui l’aide ou pas.

En plus d’être réticent à prioriser ses besoins, le proche aidant ressent souvent de la culpabilité face à sa propre santé, alors même que celle de son proche se détériore. Il se dit qu’en comparaison, il n’a aucune raison de se plaindre. Il faut donc lui rappeler qu’il peut et doit poser des gestes afin de conserver cette santé, physique aussi bien qu’émotionnelle, afin de pouvoir continuer à aider l’être cher.

58 MAGAZINE STRØM SANTÉ HOLISTIQUE
Photographe — Bianca Des Jardins

Bien souvent, nous pensons que la solution à un problème réside dans un grand changement, alors qu’elle est la plupart du temps constituée d’un ensemble de petites choses. Elle est la somme de plusieurs petites actions, répétées fréquemment, de façon constante. De la même manière qu’arrive l’épuisement, le retour à l’équilibre ne peut se faire que graduellement, en agissant avec intention pour son propre bien-être, et c’est l’accumulation de ces actions au fil du temps qui permettra de renflouer les coffres d’énergie. Après tout, il s’agit aussi de la manière dont on prend soin du proche que l’on accompagne.

Le Monastère des Augustines est un havre patrimonial de culture et de mieux-être situé au cœur du Vieux-Québec. Cet organisme à but non lucratif offre un espace inédit de repos, de partage, de réflexion et d’inspiration à ses invités grâce à ses services d’hôtellerie, de restauration, de massothérapie, d’expérience muséale et plus encore. Le Monastère s’engage socialement auprès des personnes proches aidantes en leur offrant des séjours de répit à prix solidaire et des activités qui leur sont dédiées. Un lieu qui cultive les valeurs d’hospitalité, de compassion et de bienveillance depuis près de quatre siècles.

Information et ressources :

RANQ

Regroupement des aidants naturels du Québec ranq.qc.ca

Conseils et écoute :

L’Appui national et ligne d’écoute

Info-aidant

1 855 852-7784 lappui.org

Source

1 Auteur inconnu. (2020, 2 octobre). L’usure de compassion : comment la reconnaître et la prévenir ? L’Appui pour les proches aidants. https://www.lappui.org/fr/actualite/l-usure-de-compassion-comment-la-reconnaitre-et-la-prevenir/

SANTÉ HOLISTIQUE
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Vous assurez l’équilibre autour de vous, laissez-nous être le vôtre pour un moment
MONTRÉAL | DIX30 | MIRABEL | QUÉBEC | TORONTO | OTTAWA | JARDINDEVILLE.COM
L’ÉTÉ
A UNE ADRESSE

Cinq livres pour renouveler l’empathie

Par Nicolas Gendron, journaliste culturel

Seuls de Paul Tom et Mélanie Baillairgé (La courte échelle, 2022)

Symptômes de Catherine Ocelot (Pow Pow, 2022)

Et si la créativité était le chemin naturel vers l’empathie ? Dans les sujets auxquels elles et ils prêtent attention, par un regard de biais ou un pas de recul, des lunettes originales ou un filtre inédit, les artistes se font courroie de transmission vers des réalités méconnues ou singulières. Cette sélection toute québécoise s’attarde à des propositions littéraires qui aiment à danser le tango de l’empathie, puisant dans le vécu de l’Autre matière à ébranler les certitudes et à vivifier le muscle du cœur.

Documentaire célébré en 2021 pour son mariage soigné de témoignages réels et de souvenirs matérialisés par l’animation, Seuls levait le voile sur l’enjeu sociopolitique, mais surtout humain, des réfugiés d’âge mineur qui atterrissent au pays sans adulte à leurs côtés. Voilà que son réalisateur Paul Tom ( Bagages), jadis réfugié cambodgien, et l’illustratrice Mélanie Baillairgé font équipe à nouveau pour transformer le tout en un livre jeunesse fondamental et éclairant. Alternant entre de brèves introductions à la deuxième personne et trois parcours bouleversants racontés au « je », on y retrouve Afshin, Alain et Patricia, dans leur exil respectif de l’Iran, du Burundi et de l’Ouganda jusqu’au Canada. Sans forcer la note, le duo de créateurs parvient à vulgariser plusieurs concepts épineux, en misant avant tout sur le courage exceptionnel des jeunes protagonistes. Leurs rêves n’en sont que plus palpables, tandis que ce qu’ils ont laissé derrière, envers et contre tout, leur permet d’entrevoir l’horizon.

Bédéiste reconnue pour son humour teinté de tendresse et d’autodérision (Talk-show, La vie d’artiste), Catherine Ocelot nous fait cadeau d’un nouvel album qui encapsule les maux du corps et des émotions avec une acuité tous azimuts. Dans un cercle de soutien et de solidarité baptisé Solitudes Anonymes, elle part en quête de sa « mère intérieure » tout en rencontrant des femmes qui, comme elle, veulent retisser ces « fils invisibles » qui les relient aux autres. Que se cache-t-il derrière ces injonctions plus ou moins inconscientes qui nous poussent à « manger [nos] émotions » ou à ne pas écouter ce corps qui pourtant nous permet d’aimer et d’avancer ? Dans une suite de tableaux tantôt bavards, tantôt muets mais non moins éloquents, Ocelot se surpasse dans la vastitude des détails embrassés, brossant une fresque lucide, cocasse et intuitive, qui rappelle à chacune de nos cellules la puissance infinie de l’esprit de communauté.

64 MAGAZINE STRØM CULTURE

Le poids des fourmis de David Paquet (Leméac, 2022)

Tout juste lauréat du Prix littéraire du Gouverneur général dans la catégorie théâtre, ce texte du dramaturge David Paquet (Porc-épic, Le brasier, L’éveil du printemps) évolue aisément sans l’excellente production pour ados du Théâtre Bluff créée en 2019. Égratignant plusieurs générations avec la volonté souterraine de les rassembler, Le poids des fourmis prend prétexte d’une élection étudiante pour donner la parole à Jeanne, dont la colère se renouvelle de jour en jour, et à Olivier, un optimiste de nature qui s’abreuve depuis peu à L’encyclopédie du savoir inutile . À quel âge devient-on citoyen ? Et qu’est-ce qui, de l’individu au collectif, devrait nous mobiliser ? Grâce à son écriture toujours aussi foisonnante et décapante, Paquet nous secoue le désespoir tranquille. Saviez-vous « que le poids total des fourmis sur la Terre dépasse celui des humains » ? Alors, faites gaffe à l’endroit où vous mettez les pieds, dans la marche du monde.

Le bout de la route de Monique Durand (Somme toute / Le Devoir, 2022)

Amoureuse des grands espaces et admiratrice de l’exploratrice canadienne Mina Benson Hubbard, l’autrice Monique Durand (Saint-Laurent mon amour) affectionne tout particulièrement la forme des récits de voyage, dont on peut attraper des bribes signées de sa main dans les pages du Devoir. De la route 389 jusqu’à l’Île aux Perroquets, sans oublier un périple hivernal à Schefferville, elle nous entraîne ici dans le Nord québécois et labradorien, sur cette « route du dehors » qui fend « une éblouissante beauté sauvage », mais aussi sur la « route en soi […] où le temps s’arrête ». À travers une écriture filante qui interroge notre capacité à voir et à (res)sentir, on découvre les lettres vibrantes que Durand destine à son amie peintre Ourida Ichou, qu’elle sait condamnée par la maladie. Les kilomètres engloutis et les âmes fières qui logent au Nord mènent à l’apprivoisement du deuil, sans pour autant sacrifier à l’exultation « Des mots à habiter ».

Est-ce qu’un artiste peut être heureux ? d’Arizona O’Neill (Zinc, 2022)

Le titre de cette bande dessinée d’entretiens (oui, oui !) résume la démarche directe et bienveillante d’Arizona O’Neill, qui part à la rencontre de ses camarades en littérature (Chloé Savoie-Bernard, Daphné B., sa mère Heather O’Neill), en musique (Hubert Lenoir, Klô Pelgag, Patrick Watson), en BD (Julie Doucet, Pascal Girard, Mirion Malle, Walter Scott) et en arts visuels (Laurence Philomène, MissMe) pour sonder leur vision du bonheur. On y déambule à la fois dans les coulisses de leurs œuvres et dans des instantanés de leur état d’esprit. Par des jeux ingénieux d’échelle, d’ellipses et de contrastes, O’Neill met en relief leurs doutes, leurs joies et leur pensée en mouvement. Entre la recherche d’équilibre, les angles morts de la créativité et l’appel de la simplicité, ses muses se confient sans pudeur, et leurs univers teintent harmonieusement chaque planche de ce bel ouvrage pop, qui se déguste telle une pause bien méritée sur un banc ensoleillé.

MAGAZINE STRØM 65 CULTURE

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66 MAGAZINE STRØM

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MAGAZINE STRØM 67
Photographe — Bianca Des Jardins

Burrata et poêlée de champignons

Caviar d’aubergines à l’ail noir Pain au levain

Les plus beaux moments d’échange, de partage et de connexion ont souvent lieu autour de la table. Rassemblés autour d’un repas, d’un apéro ou simplement d’un verre, les discussions sont empreintes d’authenticité, d’émotion. C’est dans cet esprit que nous vous proposons d’abord un plat à partager où la burrata, le champignon et l’aubergine sont à l’honneur. À boire, un rhum punch clarifié inspiré d’une technique de cocktail historique, le clarified milk punch. Deux recettes pour un apéro délicieux et surprenant sur la terrasse !

Poêlée de champignons

Ingrédients

9 c. à soupe d’huile de tournesol ou d’olive

3 c. à soupe de beurre non salé

3 tasses (120 g) de mélange de champignons sauvages*

1 échalote française émincée finement

4 c. à soupe de vinaigre à l’ail noir de la Vinaigrerie du Capitaine, ou tout autre vinaigre de vin de qualité

1 c. à thé de fleur d’ail

¼ de tasse de fines herbes du jardin hachées (ciboulette, estragon, persil, thym)

Sel et poivre

Préparation

Dans une grande poêle chaude, faire chauffer environ 2 ½ c. à soupe d’huile de tournesol et 1 c. à soupe de beurre non salé.

Une fois le beurre moussant et de couleur noisette, ajouter 1 tasse du mélange de champignons. Saler légèrement. Faire colorer les champignons en les remuant à quelques reprises.

Une fois colorés, ajouter le tiers de l’échalote émincée et poursuivre la cuisson pendant 1 minute. Réserver. Répéter ces étapes 3 fois.

Lors de la troisième et dernière poêlée, ajouter l’ensemble des champignons préalablement sautés, puis déglacer avec le vinaigre.

Ajouter le reste de l’huile (1 ½ c. à soupe), la fleur d’ail et les fines herbes du jardin. Assaisonner le mélange au goût. Réserver au chaud.

* Pour cette recette, nous avons utilisé des champignons cultivés dans une champignonnière de la région : le pleurote, l’armillaire couleur de miel, le hydne hérisson (Lion’s mane) et le maïtake. En saison, nous suggérons d’intégrer des champignons sauvages comme la chanterelle ou la morille au mélange.

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Portions 2 à 4 (une assiette à partager) Temps de préparation 45 à 60 minutes Temps de cuisson 45 minutes
À TABLE MAGAZINE STRØM 69

Caviar d’aubergines à l’ail noir

Ingrédients

2 aubergines

¼ de tasse d’huile de tournesol ou d’olive

1 c. à thé de miel

1 c. à soupe de vinaigre de cidre

4 gousses d’ail noir pelées, ou 2 gousses d’ail émincées finement

Sel et poivre

Préparation

Préchauffer le four à 425 °F (220 °C). Couper les aubergines en deux dans le sens de la longueur, et inciser et quadriller la chair à l’aide du couteau. Dans une grande poêle, verser un filet d’huile de tournesol et saisir les aubergines à feu vif du côté chair.

Transférer les aubergines, côté chair vers le bas, sur une plaque chemisée de papier parchemin. Enfourner environ 20 minutes jusqu’à ce que la chair des aubergines soit complètement cuite. Laisser refroidir 15 minutes, puis retirer la peau des aubergines afin de récupérer seulement la chair.

Dans un mélangeur, broyer la chair des aubergines avec le miel, le vinaigre et l’ail à vitesse élevée jusqu’à l’obtention d’une texture lisse. Assaisonner au goût.

Montage

1 burrata de 200 g Caviar d’aubergines à l’ail noir, au goût Poêlée de champignons, au goût Une pincée de fleur de sel Poivre du moulin

3 grandes tranches de miche de pain au levain coupées en moitiés Beurre, au goût

Préparation

Sortir la burrata du réfrigérateur et laisser tempérer 20 minutes. Dans une grande assiette, disposer le caviar d’aubergines en fine couche, puis poser la burrata au centre. Placer les champignons poêlés tout autour.

Assaisonner la burrata avec une pincée de fleur de sel et un peu de poivre du moulin. Servir avec quelques tranches de pain de miche au levain, préalablement beurrées et rôties à la poêle.

Photographe — Bianca Des Jardins
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70 MAGAZINE STRØM À TABLE
Photographe — Bianca Des Jardins

Rhum punch clarifié

Ingrédients

2 tasses d’eau

¼ tasse de thé noir Earl Grey en feuilles

½ tasse de miel d’été

1 ½ tasse de lait à 3,8 % La Pinte (ou tout autre lait à haute teneur en gras)

¾ tasse de jus d’argousier ou ½ tasse de jus de citron

1 tasse de rhum blanc Rosemont

½ tasse de liqueur d’orange de la Distillerie Noroi

Préparation

Dans une casserole, porter à ébullition les 2 tasses d’eau. Ajouter le thé noir et laisser infuser 10 minutes, puis passer la préparation au tamis pour retirer le thé. Dissoudre le miel dans le thé chaud, puis réserver.

Dans une casserole, chauffer le lait jusqu’à frémissement, puis ajouter le jus d’argousier ou de citron. Remuer doucement jusqu’à ce que le lait caille. Retirer du feu puis laisser tempérer. Dans un bol, mélanger le rhum, la liqueur d’orange ainsi que le mélange de thé et de miel tempéré.

Ajouter le mélange de rhum au mélange de lait caillé.

Placer un tamis muni d’un sac de filtration ou d’une étamine à trois épaisseurs au-dessus d’un grand bol profond (de sorte à ce que le liquide ne touche pas le filtre).

Le principe du rhum punch clarifié, d’origine britannique, date de plusieurs centaines d’années, et a été apprécié et popularisé par plusieurs personnages connus au fil des ans. Parmi eux, nommons Benjamin Franklin qui, dans une lettre écrite en 1763 au retour d’un long séjour en Angleterre, avait livré sa propre recette. Celle-ci circule encore aujourd’hui.

L’une des méthodes pour parvenir au résultat clarifié consiste à filtrer une préparation faite d’alcool, d’épices, de sucre, d’acidité et d’amertume à travers du lait caillé. La caséine, protéine du lait, est celle qui retirera la couleur et les tanins de la préparation, lui conférant un goût doux et velouté, et une limpidité surprenante. C’est cette méthode que nous vous proposons ici, dans une recette à laquelle l’argousier et le miel d’été ajoutent une élégante touche locale.

Filtrer le mélange une première fois. Une fois le liquide complètement filtré, passer le mélange une seconde fois en conservant le même filtre et le petit caillé. Répéter l’étape de filtration jusqu’à ce que le liquide soit complètement translucide. Transvider dans un pichet ou une grande bouteille, puis réfrigérer. Servir froid, sur glace.

Note : Pour obtenir un jus d’argousier, broyer au mélangeur 1 part d’eau avec 4 parts de baies d’argousier, puis filtrer la préparation. Le rhum punch se conserve jusqu’à 30 jours au réfrigérateur.

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Portions 6 à 8 verres Temps de préparation 1 heure
Thé noir, miel d’été et argousier
À TABLE
MAGAZINE STRØM 71
Photographe — Bianca Des Jardins

Cuisiner pour soigner mieux

Par Isabelle Huot, Docteure en nutrition

LES FORMATIONS À LA SOURCE

DE LA THÉORIE À LA PRATIQUE

En Amérique du Nord, l’alimentation ne représente bien souvent qu’une petite fraction de la formation des futurs médecins. Cependant, cette tendance est appelée à changer avec l’émergence de projets comme celui lancé par la faculté de médecine de l’Université Laval, devenue la première université francophone en Amérique à offrir un cours de médecine culinaire1. Ce dernier intègre tous les aspects de la nutrition, et non uniquement les habituelles notions sur le rôle des nutriments pour la santé. Il permet donc d’approcher le sujet sous plusieurs angles ; on y découvre les aspects théorique et pratique de l’alimentation, mais aussi sa dimension sociale.

Les multiples facettes de l’alimentation sont donc de plus en plus intégrées à la formation des futurs médecins. Cette approche plus globale permet de mieux les outiller pour qu’ils et elles soient en mesure de prodiguer des conseils pratiques à leurs futurs patients.

En accordant plus de poids à l’alimentation dans le curriculum, les facultés de médecine reconnaissent également l’importance et la place centrale qu’elle occupe dans nos vies. Les médecins développent alors des compétences concrètes pour aider de façon réaliste et proactive leurs patients. Ils sont en mesure de saisir tous les aspects de cette activité (habiletés culinaires, enjeux socioéconomiques, saveurs, plaisir, etc.), au lieu d’être limités au simple (bien que complexe) rôle des nutriments. À leur tour mieux guidés, les patients peuvent alors utiliser la façon dont ils se nourrissent comme vecteur de guérison, ou du moins de prévention, et voir l’alimentation comme une partie essentielle d’un mode de vie sain. Cette transmission de savoirs déclenche à son tour une cascade d’apprentissages, permettant une réelle compréhension du domaine de la nutrition.

Vous l’aurez compris, pour que l’alimentation devienne une partie intégrante d’un mode de vie sain, la transmission de notions théoriques à propos de la valeur nutritionnelle des aliments, bien qu’essentielle, n’est pas suffisante. Modifier ses habitudes alimentaires à long terme requiert une approche qui comprend tous les aspects de l’alimentation. Par exemple, il est indispensable que les individus développent des aptitudes culinaires, aient accès à des aliments sains et soient motivés s’ils souhaitent changer leur comportement alimentaire dans le but d’améliorer leur santé ou de prévenir certaines maladies.

En invitant les étudiants en médecine à entrer en cuisine pour développer leurs techniques culinaires et expérimenter avec les saveurs et les textures des aliments, ils sont plus à même de transmettre leurs connaissances et de témoigner de l’importance et du plaisir de cuisiner pour être en bonne santé. Parce qu’au-delà de la valeur nutritionnelle des aliments, cuisiner est l’une des meilleures façons d’améliorer sa santé, d’économiser et de limiter sa consommation de produits hautement transformés. Rappelons qu’au Canada, la moitié des calories consommées proviennent d’aliments transformés ou ultra-transformés2 , des produits pratiques bien sûr, mais pas nécessairement optimaux vu les nombreux additifs qu’ils contiennent.

L’aspect concret permet également de sensibiliser les étudiants en médecine aux enjeux socioéconomiques en lien avec l’alimentation. S’il est vrai que dans certaines sociétés, les produits ultra-transformés font de l’ombre aux produits sains pourtant accessibles, d’autres pays souffrent malheureusement de problèmes d’accessibilité aux aliments. On comprend rapidement qu’une vision globale permet de saisir l’ensemble des difficultés pouvant mener à une alimentation qui ne répond pas aux besoins des individus.

72 MAGAZINE STRØM À TABLE

UN SOUFFLE DE RENOUVEAU…

Un tel changement ne peut se faire uniquement dans le milieu universitaire. Heureusement, le domaine de la nutrition a lui aussi beaucoup évolué dans les dernières années, en intégrant peu à peu des notions qui vont au-delà des valeurs nutritives intrinsèques des aliments. Le champ de l’alimentation fait désormais place à des concepts comme le plaisir de manger, l’importance de cuisiner et l’alimentation intuitive.

Il est intéressant de constater cette reconnaissance grandissante envers l’aspect psychosocial de l’alimentation, qui ne sert pas uniquement à combler des besoins physiques, mais également des besoins émotionnels, psychologiques et sociaux. Cette vision de l’alimentation se retrouve notamment au sein du régime méditerranéen. Celui-ci est reconnu comme étant bénéfique pour la santé, tant physique que psychologique, puisque son approche repose non seulement sur des aliments sains, mais également sur l’importance de cuisiner et de partager un bon repas.

Cette évolution dans le domaine de la nutrition se reflète par ailleurs dans le plus récent Guide alimentaire canadien, qui a abandonné le concept de portions pour faire place aux proportions, tout en incluant les autres aspects de l’alimentation, la pleine conscience et le respect des signaux de faim et de satiété. Le nouveau guide incite également les gens à cuisiner plus souvent et à prendre leurs repas en compagnie de leurs proches, voisins ou collègues, ce qui permet de renforcer les liens sociaux et contribue à rendre la vie plus agréable. Ces nouvelles recommandations admettent le fait qu’une alimentation saine est un tout composé d’un ensemble de facteurs.

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Des repas PRÊTS-À-MANGER
À TABLE
Photographe — Bianca Des Jardins

AU CŒUR DE NOS PRATIQUES

Parce qu’elle nous permet de répondre à notre besoin de connexion avec les autres, l’alimentation a aussi une dimension sociale. En effet, elle peut contribuer à briser l’isolement des personnes âgées, à transmettre des traditions alimentaires aux enfants ou à rencontrer de nouvelles personnes. L’alimentation est un prétexte pour développer des liens sociaux forts, se rapprocher, créer de beaux souvenirs, discuter, échanger, se détendre, profiter du moment présent, et cette dimension sociale de l’alimentation est tout aussi importante pour la santé que sa fonction nourricière. D’ailleurs, on retrouve l’importance des contacts sociaux dans les études qui portent sur les caractéristiques communes des centenaires 3 Cela a de quoi nous inspirer à bien nous entourer !

Le domaine de la nutrition est riche, et son enseignement se doit de refléter sa complexité. L’initiative de la faculté de médecine de l’Université Laval nous montre la voie, et pour suivre cet élan, je vous propose de prendre un virage en 2023 en réévaluant nos objectifs santé : passer de l’intégration d’aliments sains à celui de manger plus souvent en bonne compagnie. Gageons que notre santé globale ne pourra que s’améliorer.

Sources

1 Roy, A. (2022, 16 novembre). La médecine culinaire : une première dans le monde universitaire francophone. Radio-Canada. https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1932964/medecine-nutrition-alimentation-sante-epicerie

2 Polsky, J. Y., Moubarac, J. et Garriguet, D. (2020, 18 novembre). La consommation d’aliments ultratransformés au Canada. Statistique Canada. https://www150.statcan. gc.ca/n1/pub/82-003-x/2020011/article/00001-fra.htm

3 Simard, E. (Date inconnue). Prévention de l’Alzheimer par un mode de vie sain [webinaire]. Isabelle Huot Docteure en nutrition. https://www.isabellehuot.com/collections/ webinaires/products/webinaire-prevention-alzheimer-parmode-de-vie-sain

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Photographe — Bianca Des Jardins Photographe — Bianca Des Jardins

Les métiers du vin

Par Stéphanie Dupuy, sommelière

TONNELIER

LEVEUR DE LIÈGE

Au Québec, nous bénéficions d’un accès simple et rapide à presque tout bien de consommation qu’il est possible de désirer. C’est vrai pour pas mal tout, y compris le vin. Pour autant, est-ce que l’on se rend réellement compte de notre chance ? Nous jouissons effectivement d’une offre immensément diversifiée en matière de vins. Cet accès facile à autant de choix nous ouvre les portes de la découverte, mais il a aussi le vilain défaut de nous faire prendre le produit pour acquis. On oublie peut-être trop souvent que le vin est un produit profondément humain qui implique un travail colossal et généralement manuel. On pensera d’emblée au vigneron et aux autres métiers liés directement à la vigne et au vin : viticulteur, maître de chai, œnologue… Cependant, la création d’un vin s’étend bien au-delà du vignoble.

Aperçu de deux métiers manuels du vin qui n’ont pas (encore complètement) été remplacés par la machine.

Ce métier hautement artisanal consiste ni plus ni moins à construire des barriques. Mais attention, sous cet objet qui peut paraître d’une grande simplicité se cache un savoir-faire complexe, surtout que la méthode de fabrication des tonneaux a très peu évolué dans le dernier millénaire.

Le bois utilisé, généralement le chêne, provient de la France, des États-Unis ou de l’est de l’Europe. Celui-ci est coupé en billots, puis fendu dans le sens de la longueur pour former des planches, appelées merrains, qui seront séchées de 18 à 36 mois. Elles seront ensuite taillées pour former les douelles, soit des planches un peu plus étroites à leurs extrémités qu’en leur centre.

C’est ici qu’entre en jeu tout le savoir-faire du tonnelier. Chaque douelle est unique, et environ trente d’entre elles seront choisies et assemblées une à une afin de former le tonneau. La seule chose qui les tient en place est la pression qu’elles exercent l’une sur l’autre, ainsi que des cerceaux métalliques. Il n’est pas question d’utiliser ni clous, ni colle. À ce stade, la barrique sans fond est assise sur un feu pour l’étape de la chauffe. Plus longtemps la barrique restera au-dessus du feu, plus elle transmettra des arômes de torréfaction au vin (fumée, vanille, noix de coco, café, pain grillé, etc.). Finalement, deux fonds sont faits sur mesure pour le tonneau et ajoutés aux extrémités.

Un tonnelier expérimenté peut fabriquer une, voire deux barriques par jour, pas plus. Désormais, lorsque vous lirez la mention « vieilli en fût de chêne » sur une étiquette, vous aurez certainement une belle pensée pour tout l’art et le savoir-faire que la conception d’une barrique implique !

Le liège qui bouche nos bouteilles vient, comme le bois des barriques, du chêne, plus précisément du chêne-liège. L’écorce de cet arbre possède la caractéristique unique de pouvoir se régénérer après avoir été prélevée.

Le processus d’écorçage est ancestral et très artisanal puisqu’il s’effectue avec une hache rudimentaire dont la forme varie selon le pays. Les étapes pour extraire le liège sont simples, mais nécessitent beaucoup de dextérité puisqu’un coup de hache mal placé peut endommager les circuits de sève et tuer l’arbre. Le leveur choisit d’abord une fissure naturelle dans l’écorce qu’il utilise pour la fendre dans le sens de la longueur, puis, à l’aide d’un mouvement de torsion, il fait décoller l’écorce du tronc. Il exécute par la suite une coupe horizontale délimitant le liège qui sera retiré de celui qui restera sur l’arbre. L’arbre est finalement marqué avec de la peinture blanche du dernier chiffre de l’année de l’extraction. Jusque-là utilisé pour des revêtements de sols, de l’isolation ou de l’artisanat, le liège récolté au troisième écorçage, alors appelé levage, possède finalement les qualités nécessaires pour faire des bouchons.

Un chêne-liège atteint une maturité suffisante pour voir son écorce retirée vers ses 20 ou 25 ans seulement, suite à quoi l’écorçage sera effectué tous les neuf ans au moins. Un chêne-liège moyen entretenu peut vivre jusqu’à 150 ans. Il subira donc entre 12 à 15 levées au cours de sa vie et produira de 250 à 400 % plus de liège qu’un arbre sauvage. On peut ainsi imaginer qu’il aura connu au fil de son existence six générations de leveurs.

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Les métiers de l’industrie du vin sont plus nombreux qu’on pourrait le penser. Pépiniériste, viticulteur, caviste, chimiste, fabricant de verre, graphiste, marketeur, livreur, représentant commercial, détaillant… On peut facilement estimer que derrière chaque bouteille se cache le travail de plus de 30 personnes !

FAMILLE DE CONTI, BERGERAC, CUVÉE DES CONTI 2021, BIOLOGIQUE

858324 – 17,55 $

Encore et toujours, cette cuvée de la famille De Conti me séduit. Cet assemblage fin de sémillon, sauvignon blanc et muscadelle est l’exemple parfait d’un vin qui possède à la fois rondeur et vivacité. 2021 est particulièrement réussi. Un blanc à toujours avoir sous la main.

CHÂTEAU LA LIEUE COTEAUX VAROIS EN PROVENCE 2021, BIOLOGIQUE

11687021 – 18,95 $

Étant une fervente consommatrice de rosé à l’année, j’aime me reposer sur des valeurs sûres lorsque les tablettes de la SAQ ne croulent pas sous les arrivages saisonniers. Expressif, frais et ample, Château La Lieue est toujours à la hauteur de sa réputation : irréprochable.

MAZZEI FONTERUTOLI CHIANTI CLASSICO 2019

856484 – 24,95 $

La famille Mazzei produit du vin depuis 1435. Vous avez bien lu. Sous le bouchon de ce magnifique Chianti Classico, vous trouverez donc le savoir-faire de 25 générations ! Élégant et charnu, on y reconnaît la cerise noire et la mûre, et une agréable touche de bois due à un élevage de 12 mois en barrique de chêne français.

Bodegas Muga : une passion du vin qui se transmet depuis 1932.

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Quatre refuges d’exception

La chaleur contrastant avec la douceur des journées plus longues nous indique l’arrivée de la belle saison.

Au Strøm de Mont-Saint-Hilaire, celle-ci se vit et s’observe de mille points de vue. Le site, qui retrouve peu à peu ses couleurs d’été, voit la lumière changer et les températures plus douces s’installer, nous permettant de reconnecter avec la nature d’une manière nouvelle et absolue.

Au Strøm de l’Île-des-Sœurs, les sons de la vie qui renaît et la flore qui reprend ses droits font de la station thermale l’endroit parfait pour se ressourcer, se détendre et voyager, à proximité.

Photographe — Bianca Des Jardins
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Photographe — Bianca Des Jardins

Posé sur les berges de la rivière Magog à la manière d’une oasis secrète, le Strøm de Sherbrooke accueille les beaux jours avec grand enthousiasme. La végétation luxuriante et la vue apaisante sur l’eau transforment les installations en véritables stations détente où il fait bon profiter de l’air frais et écouter le chant des oiseaux tout en prenant soin de soi.

Le courant du fleuve Saint-Laurent, aussi puissant que l’été qui s’installe, nous rappelle que notre force intérieure, lorsqu’alignée avec celle de la nature, peut donner lieu à de grandes et belles choses.

C’est ainsi qu’au Strøm du Vieux-Québec, le soleil qui nous accompagne jusque tard le soir donne au panorama des couleurs féériques et une saveur d’immensité.

Photographe — Bianca Des Jardins RIVIÈRE STRØM BAIN NORDIQUE
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Photographe — Bianca Des Jardins PISCINE PLEIN SOLEIL MONT-SAINT-HILAIRE Photographe — Maxime Brouillet
PISCINE PLEIN SOLEIL MONT-SAINT-HILAIRE
Photographe — Bianca Des Jardins Photographe — Bianca Des Jardins ESPACE FOYER — BAIN À REMOUS ÎLE-DES-SŒURS Photographe — Bianca Des Jardins VUE SUR L’ARCHITECTURE DU BÂTIMENT
SHERBROOKE
VIEUX-QUÉBEC
Photographe — Bianca Des Jardins BAIN FLOTTANT
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