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TRANSFORMATION DES RÉGIMES ET ENVIRONNEMENTS ALIMENTAIRES AU SAHEL ET EN AFRIQUE DE L’OUEST

OCTOBRE 2024, NO.45

NOTES OUEST-AFRICAINES

TRANSFORMATION DES RÉGIMES ET ENVIRONNEMENTS ALIMENTAIRES AU SAHEL ET EN AFRIQUE DE L’OUEST

OCTOBRE 2024, NO. 45

NOTESOUEST-AFRICAINES

Les Notes ouest-africaines analysent les transformations socio-économiques, politiqueset sécuritaires africaines, leurs interactions et leurs effets. Destinées à une audienced’experts, de chercheurs, de décisionnaires, elles visent à informer, stimuler la discussion,et nourrir les politiques. Disponibles en anglais et/ou en français, elles peuvent êtretéléchargées sur https://doi.org/10.1787/24151149.

Veuillezcitercetravailcommesuit:

Thériault,V.etal.(2024),«TransformationdesrégimesetenvironnementsalimentairesauSahelet enAfriquedel’Ouest»,ClubduSaheletdel’Afriquedel’Ouest(OCDE/CSAO),NotesOuest-Africaines, No.45,ÉditionsOCDE,Paris.

Contactauteur:

VéroniqueThériault,MichiganStateUniversity,theria13@msu.edu

JillBouscarat(OCDE/CSAO),jill.bouscarat@oecd.org

AlbanMasAparisi(OCDE/CSAO),alban.masaparisi@oecd.org

PhilippHeinrigs(OCDE/CSAO),philipp.heinrigs@oecd.org

AmidouAssima,amidou.assima@gmail.com

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Ce document, ainsi que toutes les données et cartes incluses dans le présent document, sont sans préjudice du statut ou de la souveraineté sur tout territoire, de la délimitation des frontières et limitesinternationalesetdunomdetoutterritoire,villeouzone.

Publication autorisée par Sibiri Jean Zoundi, Directeur (ad intérim), Secrétariat du Club du Sahel et del'Afriquedel'Ouest(OCDE/CSAO).

©OCDE2024

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Résumé:

Au cours des deux dernières décennies, la croissance de la population urbaine et la hausse des revenus en Afrique de l’Ouest ont accru la demande d’aliments diversifiés, pratiques, sûrs et nutritifs, y compris de produits transformés. Dans le même temps, l’urbanisation modifie les environnements alimentaires –les contextes physiques, économiques et informationnels qui influencent les choix alimentaires des consommateurs – avec des implications sur la nutrition. Cet article évalue la connaissance actuelle des transformations des régimes et des environnements alimentaires dans la région. Les résultats indiquent une augmentation de la consommation d’aliments plus nutritifs ainsi que de produits sucrés, d’huiles et de matières grasses, avec des changements alimentaires variant selon les groupes de revenus. Les environnements alimentaires deviennent de plus en plus complexes, avec de nombreux points de vente proposant des produits diversifiés, mais avec une proximité et des niveaux de prix variables. Le rythme rapide de ces changements souligne la nécessité de disposer de meilleurs systèmes de données pour mettre à jour notre compréhension des modes de consommation alimentaire dans la région et saisir leur complexité croissante.

Mots clés: systèmes alimentaires, environnement alimentaire, nutrition, alimentation saine, Afrique de l'Ouest

JEL classification: Q13, Q18, I18, 055

LECLUBDUSAHELET DEL'AFRIQUEDEL’OUEST

LeClubduSaheletdel’Afriquedel’Ouest(CSAO)estuneplateformeinternationaledont le Secrétariat est hébergé au sein de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Le OCDE/CSAO produit et cartographie des données, fournit des analyses informées et facilite le dialogue stratégique, pour faciliter une meilleure anticipation des transformations de la région et leur effet sur les territoires. Par sonapproche rétrospective et prospective, il promeut des politiques plus contextualisées en tant que leviers d’intégration régionale, de développement durable et de stabilité. Ses domaines de travail portent sur les dynamiques alimentaires,l’urbanisation,leclimatetlasécurité.

Ses membres et partenaires financierssontl'Autriche (Ministère fédéral desAffaires européennes et étrangères/Agence autrichienne pour le développement), la Belgique (Ministère des Affaires étrangères, ducommerce extérieur etdelacoopération au développement), le Canada (Affaires mondialesCanada),leCILSS(Comitépermanent inter-États de lutte contre la sécheresse dans le Sahel), la Commission de la CEDEAO (CommunautééconomiquedesÉtatsdel'Afriquedel'Ouest),l'Espagne(Agenceespagnole de coopération internationale au développement), les États-Unis (USAID), la France (Ministèredel'EuropeetdesAffairesétrangères/Agencefrançaisededéveloppement), laGIZ(DeutscheGesellschaftfürInternationaleZusammenarbeit),leLuxembourg(Ministère des Affairesétrangèreseteuropéennes/Directiondelacoopérationaudéveloppement et de l’action humanitaire), les Pays-Bas (Ministère des Affaires étrangères), laSuisse (Direction du développement et de la coopération/Département fédéral des affaires étrangères),laCommissiondel'UEMOA(Unionéconomiqueetmonétaireouest-africaine) etl’Unioneuropéenne.

Pourensavoirplus:https://www.oecd.org/csao

LA TABLE DES MATIÈRES

TRANSFORMATION DES RÉGIMES ALIMENTAIRES EN AFRIQUE DE

-Les régimes alimentaires se diversifient, mais de manière inégale entre les ménages

- Augmentation de la demande d’aliments prêts à consommer ..................................................

- Importance de la restauration hors domicile ................................................................................

ÉVOLUTION DES ENVIRONNEMENTS ALIMENTAIRES EN AFRIQUE

-Accès physique: forte dépendance à l’égard d’une pluralité de points de vente, dont la proximité varie .........................................................................................................................................

-Accessibilité économique: la nourriture coûte cher, les revenus sont faibles et les régimes alimentaires sains sont hors de portée ......................................................................

- Informations relatives aux produits alimentaires et caractéristiques de ces produits ........

RÉFÉRENCES

FIGURES

Graphique 1. Évolution du nombre de groupes d’aliments consommés dans les zones rurales ..........

Graphique 2. Fréquence de consommation par groupe d’aliments (#jours/semaine) ............................

Graphique 3. Nombre de groupes d’aliments consommés dans les différents quintiles, 2018/19 .......

Graphique 4. Consommation des groupes d’aliments par quintile, 2018/19 (#jours/semaine) .............

Graphique 5. Fréquence de consommation des groupes d’aliments dans les zones rurales et urbaines, 2018/19 (#jours/semaine) .........................................................................................

Graphique 6. Provenance des produits alimentaires consommés au cours des sept derniers jours 2018/19 (%) ...................................................................................................................................

Graphique 7. Provenance des aliments achetés par les ménages maliens et sénégalais, 2023 (%) ........

Graphique 8. Part du budget allouée à l’alimentation dans les différents quintiles, 2018/19 (%) .............

TABLES

Tableau 1. Part des produits alimentaires transformés consommés, 2018/19 (%) ..............................

Tableau 2. Part des ménages ayant consommé, 2018/19 (%) ..................................................................

Tableau 3a. Points de vente par groupes de produits alimentaires au Mali, en valeur (2023) ...............

Tableau 3b. Points de vente par groupes de produits alimentaires au Sénégal, en valeur (2023) ........

INTRODUCTION

Aucoursdesdeuxdernièresdécennies,lespaysd’Afriquedel’Ouestontenregistréunecroissancedémographique soutenue, le nombre d’habitants étant passé de 222 millions à 395 millions entre 2000 et 2020 (CSAO/OCDE, 2024[₁]). Durant la même période, l’urbanisation a été encore plus rapide: la population urbaine a été multipliée par 2.4 et les citadins représentent la moitié de la population. Les revenus et le produit intérieur brut par habitant ont égalementfortementprogressé(IMF,2021[2]).

Ces tendances ont convergé et stimulé la demande de produits plus diversifiés,pratiques, sûrs et nutritifs – fruits, légumes, aliments d’origine animale (Staatz et Hollinger, 2016[3]). Elle s’est également traduite par une demande accrued’alimentstransformésetdeservicesderestaurationhorsdomicile(Adeosun,GreeneetOosterveer,2022[4]). Cette évolution de la composition de l’alimentation, induite par ces mutations sociodémographiques et économiques,estdésignéeparletermetransformationdesrégimesalimentaires(Workuetal.,2017[5]);(Tschirleyet al.,2015[6]).

Parallèlement à ces facteurs socio-économiques majeurs, les environnements alimentaires orientent eux aussi les choix des consommateurs en matière d’alimentation. La notion d’environnement alimentaire est définiecomme le contexte physique, économique, politique et socioculturel dans lequel les consommateurs interagissent avec le système alimentaire pour prendre des décisions concernant l’achat, la préparation et la consommation de denrées alimentaires(HLPE,2017[7]).

Dans les environnements alimentaires où les consommateurs dépendent des marchés pour leur approvisionnement, l’accessibilité et la disponibilité des points de vente et des produits alimentaires, ainsi que les possibilitésdemobilitédes consommateurs,influent surleschoixalimentairesdecesderniers.Lesprixdesdenrées alimentaires et les revenus des consommateurs sont également des déterminants majeurs des quantités et des types d’aliments achetés. Le partage d’informations, par le biais de l’éducation, de la promotion et de la publicité, ainsi que les caractéristiques des produits alimentaires (qualité et sécurité, par exemple) peuvent également orienter les préférences des consommateurs et altérer leur perception des risques et des avantages liés aux aliments.

L’urbanisation et l’augmentation des revenus induisent par ailleurs une mutation des environnements alimentaires. L’urbanisation–ycomprisauniveaudesvillessecondairesetdespetitesagglomérationsdansleszonessemi-rurales –est corrélée à la multiplication et à la diversificationdes points de vente alimentaires, tels que les boutiques, les kiosques et les supermarchés (Laar et al., 2022[8]). Ces phénomènes vont de pair avec une offre alimentaire différenciée par point de vente, par exemple quant au degré de transformation, de disponibilité de denrées périssables ou de niveaux de sécurité sanitaire des aliments. Par ailleurs, l’urbanisation est associée à l’accroissement des inégalités économiques, ce qui a des répercussions sur l’accessibilité économique des aliments (De Bruin, Dengerink et van Vliet, 2021[9]). La combinaison de ces facteurs engendre des environnements alimentairescomplexesetévolutifs.

En Afrique de l’Ouest, la transformation des régimes et des environnements alimentaires a de profondes répercussions sur le plan de la sécurité alimentaire et nutritionnelle. En pleine phase de transition, la région est confrontée au « triple fardeau de la malnutrition »: l’incidence de la suralimentation (surpoids et obésité) augmente rapidement, quand, dans le même temps, la dénutrition (retard de croissance et émaciation) et les carences en micronutriments restent importantes. Plus de 58 millions de personnes souffrent d’insuffisance pondérale alors qu’environ 52 millions de personnes sont en surpoids ou obèses dans la région (CSAO/OCDE, 2021[10]).

Les environnements alimentaires, qui peuvent être modifiéspar les politiques publiques et les interventions des pouvoirspublics,peuventcontribueràremédierauxproblèmesdesécuritéalimentaireetnutritionnelle,enrendant les aliments sains et nutritifs disponibles, abordables, acceptables et sûrs pour les consommateurs. De récents travaux de recherche ont montré l’influence des environnements alimentaires sur les régimes alimentaires et la nutrition (voir (Adeosun, Greene et Oosterveer, 2022[4]) pour le Nigéria; (Mockshell et al., 2022[11]) pour le Ghana; (Ignowski et al.,2023[12])et(Ambikapathietal.,2021[13])pourlaTanzanie).

L’améliorationdelasécuritéalimentaireetnutritionnelledanslarégionnécessiteunecompréhensionapprofondiede lasituationactuelleetdestendancesenmatièrederégimesalimentairesetd’environnementsalimentaires. Pourtant, les études portant sur les environnements alimentaires en Afrique de l’Ouest, et en Afrique en général, restent limitées, la plupart des travaux portant sur les pays à revenu élevé (Laar et al., 2022[4]); (Toure et al., 2021[14]); (Turneretal.,2018[15]).

La présente étude vise à combler cette lacune en examinant et analysant la littérature et l’ensembledes données disponiblessurlatransformationdesrégimesetdesenvironnementsalimentairesenAfriquedel’Ouest.Elles’appuie sur cet examen pour caractériser les évolutions en cours dans la région et identifier les besoins d’amélioration des donnéesetdelarecherchesurlesujet.

Premièrement, la note passe en revue les données utilisées pour caractériser l’évolution des régimes et des environnementsalimentaires.Ensuite,elleprésentelesprincipalesconclusionssurl’évolutiondesrégimesalimentaires en Afrique de l’Ouest. Elle poursuit avec un état des lieux des connaissances sur l’évolution des environnements alimentaires dans la région. Enfin,elle identifieles axes de recherche prioritaires afinde mieux comprendre les changementsàl’œuvredanslesmodesdeconsommationdanslarégion.

MÉTHODOLOGIEETDONNÉES

Cette note débute avec une synthèse de la littérature existante sur les environnements alimentaires et la transformation des régimes alimentaires en Afrique, en particulier au Sahel et en Afrique de l’Ouest, afin de mieux comprendre les facteurs qui influencent les choix alimentaires et leurs implications en termes de sécurité alimentaire et nutritionnelle.

Outre la revue de littérature, la note document explore les tendances de la consommation alimentaire et des environnements alimentaires au Sahel et en Afrique de l'Ouest à travers une analyse descriptive des données, comprenant notamment une collection d’enquêtes harmonisées sur les conditions de vie des ménages au Mali, au Nigéria et au Sénégal (Living Standards Measurement Study [LSMS]). Même si ces jeux ne contiennent pas de données de panel, leur représentativité nationale permet d’analyser l’évolution des tendances alimentaires au fil du temps. L’absence de données comparables pour les années précédentes au Sénégal limite les analyses descriptives à deux pays: le Mali et le Nigéria.

Les Enquêtes harmonisées sur les conditions de vie des ménages 2018-19 et l’Enquête agricole de conjoncture intégrée 2014 sont utilisées pour le Mali (UEMOA Commission, 2022[₁₆]); (Cellule de PlanificationetdeStatistiques(CPS),2020[₁₇]).Environ6600et3800ménagesmaliensrespectivementont étéinterrogéssurlespériodes2018-19et2014-15.

La GeneralHouseholdSurvey, Panel 2018-19, Wave 4 (enquête générale sur les ménages, panel 201819, vague 4) et la GeneralHouseholdSurvey, Panel 2015-16, Wave 3 (enquête générale sur les ménages, panel 2015-16, vague 3) au Nigéria (Nigeria National Bureau of Statistics, 2021[₁₈]); (Nigeria National Bureau of Statistics, 2019[₁₉]) sont utilisées pour le Nigéria. Environ 4 900 et 4 500 ménages nigérians, respectivement,ontétéinterrogéssurlespériodes2018-19et2015-16.

L’Enquête harmonisée sur les conditions de vie des ménages 2018-19, concernant 7 100 foyers (UEMOACommission,2022[16]),estutiliséepourleSénégal.

Des données supplémentaires sont tirées des enquêtes sur la consommation alimentaire des ménages (Household Food Consumption Surveys [HFCS]) menées au Mali et au Sénégal en 2023 (Theriault, 2024a[20]), (Theriault, 2024b[21]) Au cours de ce projet, environ 400 ménages urbains et ruraux, vivant dans les régions méridionales du Mali et dans toutes les régions du Sénégal, ont été interrogés sur leurs habitudes de consommation et d’achats alimentaires. Les informations issues de ces enquêtes sont utilisées pour caractériser les environnements alimentaires.

De même, les données issues d’une enquête menée en 2018 auprès des vendeurs de produits alimentaires du secteur informel (Informal Food Trader Survey [IFTS]) dans deux villes secondaires du Nigéria et trois villes du Ghana, sont utilisées pour étudier les principaux éléments des environnements des marchés alimentaires dans ces pays (IFPRI, 2019[22]), (IFPRI, 2020[23]). Durant ces enquêtes, plus de 1 000 commerçants de détail informels, vendant des produits alimentaires frais, emballés ou transformés, ont étéinterrogéssurleursactivitéscommercialesetleurshabitudesd’achat.

TRANSFORMATION DES RÉGIMES ALIMENTAIRESENAFRIQUEDEL’OUEST

Lesrégimesalimentairessediversifient,maisdemanièreinégale entrelesménages

Lapopulationconsommeplusdegroupesalimentaires,etplusfréquemment

Le nombre de groupes d’aliments consommés1 a augmenté parmi les ménages urbains comme ruraux, au Mali et auNigéria,entrelespériodes2014-15/2015-16et2018-19(Graphique1).Cetteaugmentationesttoutefoislimitée àunoudeuxgroupesd’alimentsconsomméssupplémentaires,surunmaximumde12.Parailleurs,ladiversification des régimes alimentaires est confirmée par l’augmentation de la fréquence de consommation de certains groupes d’aliments : au cours de la même période, la fréquence de consommation a augmenté pour huit groupes d’alimentssurdixauMalietquatresurdixauNigéria(Graphique2)².

Graphique1.

Évolutiondunombredegroupesd’alimentsconsommésdansleszonesruralesetleszonesurbainesauMali,au NigériaetauSénégal(2014-19)

Note: Il s’agit du nombre de groupes d’aliments consommés au cours des sept derniers jours, les informations sur les 24 dernières heures n’étant pas disponibles.

Source: Calculs des auteurs à partir des jeux de données LSMS.

On observe une diversification parmi les groupes d’aliments généralement associés à une alimentation saine, comme les fruits et les légumes, mais pas exclusivement. Par exemple, la fréquence de consommation de fruits a plus que doublé au Mali, alors qu’elle est passée de quatre à cinq jours par semaine pour les légumes; mais, la consommation d’huile, de matières grasses et de produits sucrés a également augmenté d’un jour par semaine. En outre, diversification n’est pas synonyme de substitution des denrées de base. Les régimes alimentaires reposent encore fortement sur la consommation de produits céréaliers – consommés à une fréquence presque quotidienne au Mali et au Sénégal, et cinq jours par semaine au Nigéria.

Graphique 2.

Fréquence de consommation par groupe d’aliments (nombre de jours/semaine) au Mali, au Nigéria et au Sénégal (2014-19)

Note: La fréquence de consommation des groupes d’aliments par semaine correspond au nombre de jours au cours de la semaine pendant lesquels le groupe d’aliments a été consommé.

Source: Calculs des auteurs à partir des jeux de données LSMS.

La diversification des régimes alimentaires est limitée dans les ménages plus pauvres et ruraux

La diversification des régimes alimentaires est inégale selon les niveaux de revenus. Les ménages les plus pauvres consomment environ huit groupes d’aliments différents, contre dix pour les ménages les plus riches (Graphique 3).

La fréquence de consommation des denrées de base, comme les céréales au Mali et au Nigéria, et les légumineuses au Nigéria et au Sénégal, est similaire entre les ménages pauvres et les ménages riches. En revanche, les ménages les plus pauvres consomment moins souvent d’autres catégories d’aliments. La différence sur le plan de la fréquence de consommation est particulièrement prononcée pour les groupes d’aliments très nutritifs, comme les produits d’origine animale, les fruits et les légumes (Graphique 4). Cet écart s’observe non seulement entre les ménages les plus pauvres et les ménages les plus riches, mais aussi entre les ménages les plus pauvres (quintile 1) et les ménages légèrement moins pauvres (quintile 2).

Graphique 3. Nombre de groupes d’aliments consommés dans les différents quintiles de dépenses au Mali, au Nigéria et au Sénégal (2018-19)

Note: Les dépenses totales des ménages sont utilisées comme valeur indicative du revenu total des ménages. Le premier niveau de revenu (quintile de dépenses 1) représente les ménages les plus pauvres et le cinquième (quintile de dépenses 5) correspond aux ménages les plus riches.

Source: Calculs des auteurs à partir des jeux de données LSMS.

Graphique 4. Consommation des groupes d’aliments par quintile de dépenses, au Mali, au Nigéria et au Sénégal, en nombre de jours par semaine (2018-19)

Note: Les dépenses totales des ménages sont utilisées comme valeur indicative du revenu total des ménages. Le premier niveau de revenu (quintile de dépenses 1) représente les ménages les plus pauvres et le cinquième (quintile de dépenses 5) correspond aux ménages les plus riches.

Source: Calculs des auteurs à partir des jeux de données LSMS.

La fréquence de consommation varie sensiblement entre les ménages urbains et ruraux (Graphique 5) Plus précisément, les ménages urbains consomment plus souvent des produits à forte valeur ajoutée. Ces résultats concordent avec les travaux de (Zhou et Staatz, 2016[24]), selon lesquels la demande d’aliments variés augmenterait plus rapidement dans les villes, tout particulièrement pour les aliments d’origine animale. Pour chaque groupe d’aliments, des études plus granulaires font également ressortir des différences sur le plan des modes de consommationentrelesménagesurbainsetlesménagesruraux.Parexemple,danslecasdesfruitsetlégumesau Sénégal,lesménagesruraux consomment davantage de feuilles, de gombo et d’aubergines d’Afrique, tandis que les ménages urbainsconsommentplusdefruits,notammentdespastèquesetdesbananes(Fayeetal.,2023[25]).

Graphique5.

Fréquencedeconsommationdesgroupesd’alimentsdansleszonesruraleseturbaines,auMali,auNigériaetau Sénégal,ennombredejoursparsemaine(2018-19)

Source: Calculs des auteurs à partir des jeux de données LSMS.

Augmentationdelademanded’alimentsprêtsàconsommer

Les aliments transformés et ultra-transformés3 sont largement consommés au Mali, au Nigéria et au Sénégal, où ils représentent respectivement 48 %, 40 % et 48 % de l’ensemble des produits alimentaires consommés par les ménages au cours des sept derniers jours sur la période 2018-19. Dans ces trois pays, la part des produits alimentaires ultra-transformés est respectivement de 25 %, 16 % et 25 % (Tableau 1). En s’appuyant sur les données d’unepériode de rappel de 24 heures, (Kébé et al., 2024[26]) ont estimé que 30 % des aliments consommés auSénégal étaientultra-transformés.

Tableau1.

Part des produits alimentaires transformés consommés par les ménages au Mali, au Nigéria et au Sénégal(2018-19)

Source:CalculsdesauteursàpartirdesjeuxdedonnéesLSMS.

Laconsommationd’alimentstransformésetultra-transformésn’estpasunphénomèneurbain.Entreménagesruraux et ménages urbains, la part de ces aliments dans les habitudes de consommation est comparable au Mali et au Sénégal, alors qu’elleest légèrement inférieure pour les ménages ruraux (38 %) par rapport aux ménages urbains (43 %) au Nigéria (données LSMS). La pénétration des aliments transformés avait aussi été observée auparavant au Mali où, selon (Smale, M., Theriault, V., and Vroegindewey, R., 2020[27]), la part du budget alimentaire total allouée auxalimentshautementtransformésestderespectivement15%et7%dansleszonesurbainesetrurales.

Bien que la consommation d’aliments ultra-transformés soit très répandue dans la région, les données suggèrent une corrélation avec le niveau de revenus. Au Nigéria, 22 % des produits alimentaires consommés par les ménages les plus riches étaient ultra-transformés, contre 10 % pour les plus pauvres (données LSMS). Selon une autre étude menée au Nigéria, en Ouganda et en Tanzanie, la consommation d’aliments ultra-transformés représentait environ 12 % de la consommation alimentaire, en valeur, des ménages pauvres, contre respectivement 20 % et 32 % pour les classes moyennes inférieures et supérieures (Dolislager et al., 2022[28]). Cette relation entre la part des aliments (ultra)transformésachetés,envaleur,etlesrevenusaégalementétéobservéeenTanzanie(Saueretal.,2021[29]).

Mali Nigéria Sénégal

Importancedelarestaurationhorsdomicile

AuMali,auNigériaetauSénégal,environtroisquartsdesménagescomptentaumoinsunmembrequiconsomme un repas, une collation et/ou une boisson en dehors du domicile chaque semaine (Tableau 2). Dans les trois pays, entre 40 % et 50 % des ménages comptaient au moins un membre ayant consommé une collation en dehors du domicileaucoursdesseptderniersjours.

Dans l’ensemble, la consommation en dehors du domicile est un phénomène observé aussi bien dans les zones rurales que dans les zones urbaines, même s’il est plus prononcé dans les zones urbaines (Tableau 2). Ce type de consommation augmente avec les revenus: environ 90 % ou plus des ménages les plus riches (quintile 5)comptentaumoinsunmembreayanteurecoursàlarestaurationhorsdomicileaucoursdesseptderniersjours, contrerespectivement63%,75%et53%desménageslespluspauvres(quintile1)auMali,auNigériaetauSénégal (donnéesLSMS).

Tableau2.

Partdesménagesayantconsomméunrepas/unecollation/uneboissonendehorsdudomicileaucoursdessept derniersjours,auMali,auNigériaetauSénégal(2018-19)

Note: Consommation alimentaire en dehors du domicile par un ou plusieurs membre(s) du foyer. Source: Calculs des auteurs à partir des jeux de données LSMS.

Les données disponibles révèlent une transformation significative des habitudes alimentaires dans les zones rurales et urbaines du Mali et du Nigéria, affectant aussi bien les ménages les plus pauvres que les plus riches. Leurs régimes alimentaires se sont diversifiés et leur consommation d’aliments transformés a augmenté. La consommation en dehors du domicile, par au moins un membre du ménage, est répandue. Cependant, des différences notables existent parfois entre les catégories de ménages. En moyenne, les ménages urbains et à revenu élevé consomment davantage d’aliments d’origine animale et à forte teneur en éléments nutritifs, et ils ont plus recours à la restauration hors domicile. Au Nigéria, les aliments ultra-transformés représentent une part plus importante des produits alimentaires consommés par les ménages les plus riches.

Mali Nigéria Sénégal

ÉVOLUTIONDESENVIRONNEMENTS ALIMENTAIRESENAFRIQUEDEL’OUEST

Les environnements alimentaires jouent un rlecrucial dans les décisions des consommateurs en matière d’achat, de préparation et de consommation d’aliments. L’amélioration de l’accès physique et économique à des produits alimentairesdiversifiés,sainsetsûrspeutfaciliterdeschoixdeconsommationquifavorisentunealimentationsaine etnutritive.Ilenvademêmepourl’informationetl’éducationdesconsommateurs.Lestravauxexistantsprésentent différentescaractérisationsdel’environnementalimentaire,enfonctiondesanglesderechercheadoptés.Danscette étude,nousdéfinissonsl’environnementalimentairecommeétantcomposédequatredimensions:l’accèsphysique; l’accessibilité économique; la promotion, la publicité et l’information (ci-après dénommées "l’information"); et la qualité/lasécurité(ci-aprèsdénommées"lescaractéristiquesdesproduitsalimentaires")(HLPE,2017[7]).

L’accès physique correspond à la présence et à l’accessibilité (par exemple, la proximité) des produits alimentaires et des lieux d’approvisionnement en denrées alimentaires. L’accessibilité économique désigne le prix des produitsalimentaires rapporté aux revenus et au pouvoir d’achat d’un ménage. La promotion, la publicité et le partaged’informations influencentles décisions en matière d’achats alimentaires. La qualité et la salubrité des alimentsdésignentlescaractéristiquesdesproduitsalimentairesquienfontdesproduitsplusoumoinsprisés, acceptablesetsûrsàconsommer.Enraisondupeudepublicationsetdedonnéesdisponiblessurcesdeuxderniers éléments,cettenotetraiteprincipalementdel’accèsphysiqueetdel’accessibilitééconomique

Accès

physique:fortedépendanceàl’égardd’unepluralitédepointsde vente,dontlaproximité

varie

Cettedimensionrenvoieàladisponibilitéetàl’accessibilitédespointsdeventeetdesproduitsalimentairespour lesconsommateursdansletempsetdansl’espace,enfonctiondeleurspossibilitésdemobilitéetdetransport.

Fortedépendanceàl’égarddesmarchés

EnAfriquedel’Ouest,l’undesprincipauxdéterminantsdel’évolutiondesenvironnementsalimentairesestla dépendancecroissantedesménagesàl’égarddesmarchéspoursatisfaireleursbesoinsalimentaires.Dans lesgrandesvillesouest-africaines,plusde90%delanourritureestachetéesurlesmarchés,etdansleszones ruralescelaconcerneplusdelamoitiédesaliments(CSAO/OCDE,2021[2]).Cettedépendanceàl’égarddesmarchés sevérifieégalementaveclesalimentsproduitslocalement.AuMali,auNigériaetauSénégal,lesménagesachètent environrespectivement45%,50%et75%deleurmaïs(graphique7).Quantaumilletetausorgho,quisontdes alimentsdebasedanslarégion,généralementassociésàl’autoconsommation,lapartquiestachetéesurles marchésvarierespectivemententreenvironentredeuxcinquièmesettroisquarts,etentreuntiersetlamoitiédans lestroispays(Graphique6).

Graphique 6.

Provenance des produits alimentaires consommés au cours des sept derniers jours, au Mali, au Nigéria et au Sénégal (2018-19)

Note: Quantités de produits alimentaires consommées et déclarées en kg. La catégorie "Autre" comprend les dons et les donations.

Source: Calculs des auteurs à partir des jeux de données LSMS.

Lafortedépendanceàl’égarddesmarchéssevérifienonseulementdanslesvilles,maisaussidansleszonesrurales. Bien que les ménages ruraux sourcent une plus grande part de leur alimentation dans leur propre production, ils achètentaussidegrandesquantitésd’alimentssurlesmarchés.DansleszonesruralesduMalietduNigéria,entre30 %et50%dumas,dumilletetdusorghoconsommésproviennentdesmarchés(jeuxdedonnéesEMNV).Dansles zonesruralesduSénégal,cetteproportionvarieentreunetdeuxtiersdelaconsommationdesménages(données LSMS). Cette dépendance à l’égard des marchés se retrouve parmi des ménages affichantdes niveaux de revenus différents. Par exemple, plus de 30 % des ménages les plus pauvres au Mali et au Nigéria dépendent des marchés pourseprocurerdumillet,uneproportionquiatteint60%auSénégal(donnéesLSMS)

Ces résultats sont conformes à ceux de (Smale, Theriault and Vroegindewey, 2020[27]), selon lesquels la production pourl’autoconsommationdesménages ne représentait que 25 % à 34 % de leur nourriture pendant les périodes de soudure et les périodes de récolte respectivement. En analysant la consommation alimentaire des ménages ruraux dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne, (Dzanku, Liverpool-Tasie et Reardon, 2024[30]) ont égalementobservé que les ménages satisfaisaient la majorité de leurs besoins alimentaires grâce aux marchés, notammentpourlesdenréesdebase,etce,quelsquesoientlesniveauxderevenus,leszonesagro-écologiqueset lespays.

Lapluralitédespointsdeventedeproduitsalimentaires

Les consommateurs dépendent d’une diversité de points de vente pour acheter leurs produits alimentaires. L’urbanisation augmente la diversité des points de vente au détail de denrées alimentaires, tels que les marchés traditionnels de plein air, les vendeurs ambulants, les magasins, les supermarchés indépendants et les chanesde supermarchés,lesboulangeriesetlesrestaurants.

Les marchés de plein air dominent encore l’environnement alimentaire puisqu’ils fournissent, respectivement, au Sénégal et au Mali, 50 % et 60 % des produits alimentaires achetés par les ménages (Graphique 7).

Cependant, d’autres points de vente au détail, comme les magasins et les vendeurs ambulants, représentent environ30%et5à15%desproduitsalimentairesachetésdanslesdeuxpays(donnéesHFCS).

Graphique7.

Provenancedesalimentsachetésparlesménagesmaliensetsénégalais(2023)

Note: La catégorie "Autres" englobe les supermarchés, les boulangeries, les restaurants et tous les autres types de points de vente de produits alimentaires.

Source: Calculs des auteurs à partir des jeux de données HFCS (2024).

Leschaînesdesupermarchésnesontpasencoreimplantéesdanstouslespaysdelarégion(Barrettetal.,2022[31]). Toutcommelessupermarchésindépendants,ellesrestentexclusivementsituéesdanslesgrandesvilles.Laclientèle des supermarchés est essentiellement composée d’une minorité de ménages à revenu élevé (Hannah et al., 2022[32]). Par exemple, seuls 7 % et 1 % des ménages sénégalais et maliens déclarent y acheter de la nourriture (donnéesHFCS).

Une enquête menée au Nigéria auprès des vendeurs de produits alimentaires du secteur informel, définis comme les personnes proposant des aliments à la vente sur les marchés de plein air et dans les rues voisines, révèle qu’au moins 90 % d’entre eux s’approvisionnent régulièrement auprès d’autres vendeurs ambulants ou de marché (données IFTS). À titre de comparaison, entre 60 % et 70 % de ces vendeurs s’approvisionnent régulièrement dans les boutiques et les kiosques, et moins de 15 % dans les supermarchés (Resnick, 2018[33]). Parmi tous les types de points de vente de produits alimentaires (à l’exception des restaurants), le marché en plein air était de loin le plus répandudansl’ensembledesquartiersétudiésdanslavilledeZiguinchor,auSénégal,oùaucunsupermarchén’aété recensé (GRDR, 2023[34]) À Accra, au Ghana, parmi les ménages à revenu faible ou intermédiaire interrogés, seul un sur 668 (<1 %) a déclaré s’approvisionner en produits alimentaires dans des supermarchés (Tuholske etal.,2020[35]).

Disparitésenmatièrededisponibilitédesproduitsalimentaires

Letypedeproduitsalimentairesfournisvarieselonlespointsdeventeetlesquartiers.Lesquartierslesplusaisésont tendanceàdisposerd’unemeilleureoffredeproduitsfraisetpérissables,notammentdeproduitsd’origineanimale, quisontpluschersetnécessitentunechaînedufroidefficace. titred’exemple,auMali,uneplusgrandevariétéde produits laitiers est disponible dans les supermarchés et dans les quartiers urbains à revenu élevé (Theriault et al., 2018[28]).AuNigéria,parmitouslesgroupesd’aliments,lelaitetlesproduitslaitierssontaussiceuxquiproviennent leplusrégulièrementdessupermarchés,parrapportàd’autrespointsdeventeaudétail(Resnick,2018[33]).Dansla villedeZiguinchor,auSénégal,lepoissonestdisponibledans30%despointsdeventesituésdanslesquartiersles plusaisés,contre10%danslesquartierslesmoinsaisés(GRDR,2023[34]).

AuNigériaetauGhana,lesdenréesquelesvendeursdeproduitsalimentairesécoulentlepluscourammentsontles légumes(36%et35%),suivisdupoissonséché/fumé(23%et13%),puisdesracinesettubercules(22%)auNigéria et de la viande (10 %) au Ghana (données IFTS). Environ 7 % et 16 % respectivement des commerçants nigérians et ghanéensontindiquévendred’autresproduitsalimentairesfrais(donnéesIFTS).

Ladifférenciationdesproduitsalimentairesproposésdanslesdifférentspointsdeventeneselimitepasàladistinction entreproduitsfraisetnonfrais.Parexemple,auMali,lesménagesrurauxeturbainssontplusnombreuxàacheterdes œufs, du lait/des produits laitiers et du sucre/des sucreries dans les magasins plutôt que sur les marchés (données HFCS).Lesfruitsconstituentlegrouped’alimentslepluscourammentachetéàdesvendeursambulantsauMalietau Sénégal(donnéesHFCS)(Tableau3).

Tableau3a.

PointsdeventepargroupesdeproduitsalimentairesauMali,envaleur(2023)

Note: La catégorie "Autres" englobe les supermarchés, les boulangeries, les restaurants et tous les autres types de points de vente de produits alimentaires.

Source: Calculs des auteurs à partir des jeux de données HFCS (2024).

Tableau 3b.

Points de vente par groupes de produits alimentaires au Sénégal, en valeur (2023)

Sénégal

Note: La catégorie "Autres" englobe les supermarchés, les boulangeries, les restaurants et tous les autres types de points de vente de produits alimentaires.

Source: Calculs des auteurs à partir des jeux de données HFCS (2024).

Disparitésenmatièredeproximitédescommercesalimentaires

Plusunménageestéloignédespointsdeventeexistants,pluslecoûtd’opportunitédel’achatdeproduitsalimentaires est élevé en raison du transport et du temps mobilisé. En outre, le coût d’opportunité lié au temps augmente avec les revenus, ce qui rend la proximité des points de vente de produits alimentaires de plus en plus importante. Par exemple,s’agissantdeleursachatsalimentaires,lesconsommateursurbainsd’Abidjan,enCôted’Ivoire,ontindiqué privilégier la proximité du détaillant, au prix et à la qualité des aliments (Balineau et al., 2021[37]). L’importance relative de la proximité du détaillant par rapport à l’accessibilité physique et à la qualité des aliments varie également d’unendroitàl’autre(Balineauetal.,2021[37]).

AuMali,dans22%desquartiersurbainset5%desvillagesruraux,lesménagesontdéclaréquelamarcheétaitleur principalmodedetransportpourserendreauxmarchés,contrerespectivement32%et22%auNigériaet64%et 47%auSénégal(jeuxdedonnéesLSMS).Ceschiffresrévèlentqu’unemajoritédesménagesdépendd’unmoyende transport,publicouprivé,pouraccéderauxmarchésdepleinair,cequiadesrépercussionsenmatièred’inégalitéde mobilitéetdecoûtd’opportunitédesalimentsachetéssurcesmarchés.Pourceuxdontlamarcheconstituelemode de transport principal, le temps médian est de 35 minutes au Mali, contre 20 minutes au Nigéria et 15 minutes au Sénégal (jeux de données LSMS). À titre de comparaison, selon (Anderson et al. 2024[4]) environ 60 % de la populationd’Accra,auGhana,vitdansunezonedepuislaquelleilestimpossibled’atteindreunmarché(alimentaire ouautre)àpiedenmoinsde30minutes.

Bien que les marchés alimentaires soient peu accessibles à pied, de nombreux ménages peuvent acheter de la nourritureàproximitédeleurdomicile,notammentdanslesmagasinsetauprèsdesvendeursambulants.AuSénégal, enmoyenne,95%desachatsalimentairesdesseptderniersjoursontétéeffectuésàmoinsd’unkilomètredudomicile des ménages dans les zones urbaines, contre 89 % dans les zones rurales (jeux de données de l’enquêteHFCS). titredecomparaison,cetteproportionétaitde85%parmilesménagesurbainsauMali(jeuxdedonnéesdel’enquête HFCS) Dans les deux pays, en moyenne, la distance la plus grande que les ménages urbains ont dû parcourir était poureffectuerdesachatsalimentairesdansdessupermarchésetladistancelapluscourtepours’approvisionnerdans desmagasinsetauprèsdevendeursambulants.Uneétudemenéerécemmentdanslazonepéri-urbainedeDares Salam,enTanzanie,arévéléque50%desménagesavaientaccèsàplusde800commercesalimentairesformelset informelsdansunrayondemoinsd’unkilomètreautourdeleurdomicile(Ambikapathietal.,2021[13]).

Accessibilitééconomique:lanourriturecoûtecher,lesrevenussont faiblesetlesrégimesalimentairessainssonthors

deportée

L’accèséconomiquerecouvreàlafoislesprixetl’accessibilitééconomiquedesdenréesalimentaires Silesprixrenvoient au coût des produits alimentaires, l’accessibilité économique est fonction à la fois des prix alimentaires et du pouvoird’achatdesménages(Turneretal.,2018[15]).

La faiblesse des revenus et les prix alimentaires élevés limitent le pouvoir d’achat desménages

L’accessibilitééconomiquedéterminefortementleschoixalimentaires EnAfriquedel’Ouest,lesprixdesproduits alimentairessontde30%à40%plusélevésquedansd’autrespaysdontlesrevenusparhabitantsontcomparables(Allen, 2017[38])

En conséquence, les consommateurs dans la région allouent, en moyenne, une part importante de leurs revenus à l’alimentation : respectivement 56 %, 65 % et 49 % au Mali, au Nigéria et au Sénégal (jeux de données EMNV). Cette part est un peu plus faible dans les zones urbaines que dans les zones rurales, principalement du fait du niveau de revenusplusélevéenmilieuurbain(donnéesLSMS);etellediminueavecl’augmentationdesrevenus(Graphique8).Malgré cela, la part des revenus allouée à l’alimentation reste élevée (entre 42 % et 60 %) même pour les ménages les plus riches (quintile 5) au Mali, au Nigéria et au Sénégal. Dans ce contexte, même une légère hausse des prix des denrées alimentaires peut entraîner une diminution de la consommation d’aliments plus coûteux, qui sont souventlesplusnutritifs(fruits,légumes,légumineuses,fruitsàcoqueetgraines,oualimentsd’origineanimale,par exemple)(Baietal.,2023[39]).

Graphique 8. Part du budget allouée à l’alimentation dans les différents quintiles de dépenses, au Mali, au Nigéria et au Sénégal (2018-19)

Source:CalculsdesauteursàpartirdesjeuxdedonnéesLSMS.

Lesrégimesalimentairessainsrestenthorsdeportéed'unegrandepartiedelapopulation

Le coût d’une alimentation saine4 dépasse les niveaux moyens de dépenses alimentaires dans tous les pays d’Afrique de l’Ouest, à l’exception du Cabo Verde, de la Guinée-Bissau, du Nigéria et du Sénégal (Bai et al., 2023[39]). Au cours des dernières années, il a continué de croître, passant d’une moyenne régionale de 3.2 USD en parité de pouvoir d'achat (PPA) en 2017 par personne et par jour à 3.7 USD en PPA en 2021 (FAO, IFAD, UNICEF, WFP and WHO,2023[40]).

L’accessibilitééconomiquedesalimentssainspèsesurlesménages,dontlamajoriténepeuventpassepermettrede dépenser plus qu'ils ne le font actuellement. Le pouvoir d’achat limité explique en partie pourquoi les aliments sains restentinabordablespourdenombreuxménages.Conjuguéeàlafaibleproductivitéetaucaractèrelimitédeséchanges

régionaux, l’inefficience dessegmentsdel’offreetdeladistributiondeschaînesdevaleuragroalimentairescontribue aussi àperpétuerdesniveauxdeprixélevés(Allen,2017[38]).Enoutre,lestensionsinflationnistes liéesàlareprisepostCOVIDet àlaguerreenUkraineetauMoyen-Orientontprovoquéunrenchérissementsupplémentairedesproduits alimentaires,del’énergieetdesengraisimportés;renchérissementauquelontcontribuélesdéfismacroéconomiques dans la région liés aux politiques de change et le renforcement du dollar des États-Unis (Glauber, 2023[41]); (WorldBank,2023[42]).

Informations relatives aux produits alimentaires et caractéristiquesdecesproduits

L’accès des consommateurs aux informations relatives aux produits alimentaires, par le biais de la promotion, de lapublicité,del'éducationoudesinteractionssocioculturelles,peutorienterleursdécisionsdeconsommation

Dans les pays à revenu élevé, les médias et le marketing ont une forte incidence sur les choix alimentaires: ils influencent le placement des produits dans les supermarchés, ainsi que les préférences et perceptions des consommateurs quant aux risques et avantages liés aux aliments (Briones Alonso, Cockx et Swinnen, 2018[43]).Constat commun tous pays confondus, la plupart des publicités alimentaires mettent l’accent sur la promotiond’aliments et de boissons ultra-transformés et emballés, riches en calories et pauvres en nutriments ( (Santana etal., 2020[44]) pour le Brésil; (Abrahams et al., 2016[45]) pour l’Afrique du Sud; (Allemandi et al., 2017[46]) pour l’Argentine; et (Fagerberg et al., 2019[47]) pour la Suède). Des campagnes d’information ont été utilisées pour encourager des habitudes alimentaires saines, mais leurs résultats sont mitigés (Luo, Maafs‐Rodríguez et Hatfield,2024[48]). Les étiquettes nutritionnelles peuvent aider à lutter contre le triple fardeau de la malnutrition en informant les consommateurs et en les orientant vers d’autres aliments que les produits ultra-transformés et malsains (Reardon et al., 2021[49]); (Hawkes et al., 2015[50]). Alors même que l’influence de l’information sur les choix alimentaires est démontrée, la littérature sur ce sujet est presque inexistanteenAfriquedel’Ouest.

Les études portent notamment sur la propension des consommateurs à payer pour se procurer desproduits alimentaires de meilleure qualité et plus sûrs. Au Mali, (Vroegindewey et al., 2021[51]) ontconstaté que les consommateurs et les détaillants urbains sont prêts à payer plus cher pour des produits laitiersétiquetés, certifiés enmatièredesécuritésanitaireetconditionnésdemanièreappropriée.AuSénégal,tantlesconsommateursque lesnégociantsétaientdisposésàpayerpluscherpourdumaïsavecuntauxd’humiditéplusfaible(Prietoetal., 2021[52]).AuNigéria,lesaviculteurs,lesmeuniersetlesnégociantsenmaïsontégalementunepropensionàpayer desprixplusélevéspourdumaïsexemptd’aflatoxines(Sanouetal.,2021[53]);(Johnson, 2017[54]).

Par ailleurs, d’autres travaux étudient la perception par les consommateurs de la qualité et de la sécurité sanitairedes aliments, et l’environnement physique de préparation des aliments tout au long des filières agroalimentaires.Une revue des études consacrées aux agents pathogènes d’origine alimentaire, menées dans sept pays d’Afriquesubsaharienne,montreuneprévalenceplusélevéedesprincipauxagentspathogènesparmiles produitsalimentairesd’origineanimaleetlesalimentsprêtsàconsommer,ycomprislesalimentsetboissons vendusdanslarue(Paudyaletal.,2017[55]).

Enl’absenced’étiquetageetdecertification,lesconsommateurssefientsouventàleursobservationspourjugerde la qualité et de la sécurité sanitaire des produits alimentaires (présence ou absence d’eau stagnante, d’ordures et d’insectes aux points de vente). Par exemple, au Ghana, les consommateurs sont influencés par leur perception des pratiques de salubrité alimentaire adoptées par les agriculteurs, les entreprises de transformation et les vendeurs de fruits et légumes qu’ils achètent. Le niveau de sécurité sanitaire qu’ils associent à ces pratiques influence leur comportement lors de la manipulation et de la préparation des aliments à leur domicile (Lagerkvist,Amuakwa-MensahetTeiMensah,2018[56]).

CONCLUSIONS

Cette note met en lumière les interactions entre la transformation des régimes alimentaires et l’évolution des environnements alimentaires. De plus, elle souligne le rôle majeur de ces interactions dans la compréhension des dynamiques nutritionnelles en Afrique de l’Ouest.

Tout d’abord, l’analyse des données provenant du Mali, du Sénégal et du Nigéria révèle une diversification en cours de la consommation alimentaire en Afrique de l’Ouest. Les produits céréaliers occupent toujours une place centrale dans l’alimentation, mais la consommation de denrées nutritives (fruits, légumes) augmente, de même que celle des produits sucrés, des huiles et des graisses. En outre, les produits alimentaires faciles à préparer et prêts à consommer sont très demandés, la consommation d’aliments transformés et ultra-transformés et la restauration hors domicile étant relativement répandues tant dans les zones urbaines que rurales. Si la transformation des régimes alimentaires se fait de manière inégale, la consommation varie plus largement selon les catégories de revenus que selon la localisation (zones rurales et urbaines).

Ensuite, elle met en avant la complexité des environnements alimentaires, qui se caractérisent par une multiplicité de points de vente proposant différents types de produits, avec des degrés inégaux de proximité et d’accessibilité économique. Ces différences pèsent lourdement sur les choix alimentaires des consommateurs, selon ce qui est disponible, accessible et abordable. Compte tenu de l’importance du marché dans l’accès aux produits alimentaires, il est aujourd’hui crucial de comprendre comment les environnements alimentaires influent sur les décisions de consommation.

Pourtant, les études portant sur les environnements alimentaires au Sahel et en Afrique de l’Ouest sont rares, en partie à cause du manque de données. Des données en plus grand nombre et de meilleure qualité, idéalement représentatives à l’échelle nationale et couvrant plusieurs périodes, sont nécessaires. Les initiatives de collecte de données devraient viser à documenter: 1) la disponibilité, l’accessibilité économique et la qualité des produits alimentaires proposés dans les différents points de vente; 2) les aspects hygiéniques/sanitaires des différents points de vente; ainsi que 3) l’environnement publicitaire et son rôle dans la promotion de produits alimentaires sains ou non. Dans la mesure où les ménages urbains comme ruraux dépendent fortement des marchés pour leur consommation, les évaluations de l’environnement des marchés alimentaires devraient couvrir à la fois les zones urbaines et rurales.

Les transformations actuelles des régimes et environnements alimentaires observées en Afrique de l’Ouest imposent une adaptation des politiques publiques agricoles, alimentaires et nutritionnelles. Cette analyse souligne l’importance d’un suivi des prix au-delà des marchés traditionnels et de l’élargissement du panel de produits concernés. Les politiques publiques agricoles, alimentaires et nutritionnelles ne doivent plus se circonscrire à la simple disponibilité céréalière, mais aussi prendre en compte les achats d’autres groupes d’aliments, ainsi que des produits transformés et ultra-transformés. Il est important de pouvoir répondre aux questions suivantes : quels aliments sont fournis dans quels points de vente, en quelles quantités et à quels prix? Dans quelle mesure la proximité, la densité et le type de points de vente influent-ils sur la disponibilité et l’accessibilité économique des produits alimentaires? En quoi cela a-til alors une incidence sur les résultats alimentaires et nutritionnels? De quelle manière la publicité, les campagnes de promotion et les préférences socioculturelles façonnent-elles les modes de consommation? Dans quelle mesure les consommateurs sont-ils disposés à dépenser davantage pour une alimentation de meilleure qualité?

REMARQUES

¹ Conformément au guide de Kennedy et al. (2013) pour mesurer la diversité alimentaire des ménages, nous utilisons les 12 groupes d’aliments suivants: 1) céréales; 2) légumes; 3) fruits; 4) œufs; 5) viandes; 6) poissons et fruits de mer; 7) lait et produits laitiers; 8) racines et tubercules blancs; 9) légumineuses, noix et graines; 10) huiles et graisses; 11) sucreries; et 12) épices, condiments et boissons.

² Le nombre de groupes d’aliments est de 10, au lieu de 12 (comme dans les graphiques précédents). Cette différence s’explique par le fait que les questions de l’enquête ont agrégé les groupes de façon différente. Dans la question sur la fréquence de consommation, la viande a été ajoutée au poisson et aux fruits de mer, et les œufs ont été ajoutés au lait et aux produits laitiers.

³ Cette analyse repose sur le système de classification NOVA (Monteiro et al. 2019). Le premier niveau, aliments non transformés ou peu transformés, désigne les aliments qui n’ont subi aucune modification ou qui ont subi une modification mineure (par exemple, broyés, séchés, écalés, fermentés, pasteurisés) et qui n’étaient pas composés de plusieurs ingrédients: œufs, fruits, légumes. Le deuxième niveau correspond aux ingrédients culinaires transformés, c’est-à-dire les produits utilisés pour assaisonner et cuisiner, comme les huiles, les matières grasses, le sel et le sucre. Le troisième niveau, les aliments transformés, désigne les aliments fabriqués en combinant des ingrédients culinaires (niveau 2) avec des aliments non transformés ou peu transformés (niveau 1), par exemple du pain frais ou du poisson séché. Le quatrième et dernier niveau, les aliments ultra-transformés, correspond aux préparations industrielles dans lesquelles les aliments non transformés/peu transformés (niveau 1) ne sont présents qu’en faible proportion ou pas du tout, à l’image des céréales pour petit déjeuner ou des jus sucrés.

⁴ Définie comme une consommation entre les repas.

5 La part des ménages qui ont recours à la restauration hors domicile chute à moins d’un quart au Mali et à moins de la moitié au Sénégal si l’on considère la consommation hors du domicile de deux membres ou plus du ménage (jeux de données de l’enquête EMNV).

6 Le coût d’une alimentation saine correspond au «coût des denrées les moins chères disponibles dans chaque pays qui satisfont aux besoins énergétiques et aux recommandations nutritionnelles fondées sur le choix des aliments, sur la base d’une consommation de 2 330 kcal/jour assurant l’équilibre énergétique d’une personne représentative» (FAO et al. 2023:199).

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NOTESOUEST-AFRICAINES

TRANSFORMATIONDESRÉGIMESET ENVIRONNEMENTSALIMENTAIRESAUSAHEL ETENAFRIQUEDEL’OUEST

Au cours des deux dernières décennies, la croissance de la population urbaine et la hausse des revenus en Afrique de l’Ouest ont accru la demande d’aliments diversifiés, pratiques, sûrs et nutritifs, y compris de produits transformés. Dans le même temps, l’urbanisation modifie les environnements alimentaires – les contextes physiques, économiques et informationnels qui influencent les choix alimentaires des consommateurs – avec des implications sur la nutrition. Cet article évalue la connaissance actuelle des transformations des régimes et des environnements alimentaires dans la région. Les résultats indiquent une augmentation de la consommation d’aliments plus nutritifs ainsi que de produits sucrés, d’huiles et de matières grasses, avec des changements alimentaires variant selon les groupes de revenus. Les environnements alimentaires deviennent de plus en plus complexes, avec de nombreux points de vente proposant des produits diversifiés, mais avec une proximité et des niveaux de prix variables. Le rythme rapide de ces changements souligne la nécessité de disposer de meilleurs systèmes de données pour mettre à jour notre compréhension des modes de consommation alimentaire dans la région et saisir leur complexité croissante.

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