minimalist ISSUE 2020
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Team
Directeur de publication Charles Fourault Directeur de création Kevin Le Goff
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Contact principal / contact@swenson.global Publicité / advertising@swenson-mag.com Presse & Partenariat / partners@swenson-mag.com
Sites Web
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Distribution
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Rédacteurs
Nicole Bianchi, Charles Fourault, Ruben Lenten, Baptiste Manson, Des Traynor, Jamie Ramsay, Deborah Rippol
Photographes
Ethan Gulley, Alexandre Tabaste, Chadwick Tyler, Fred Goris, Nichole Ricketts, Zach Hetrick, Jeff Henrikson, Cory Gehr, Paul Barberra, Gary He, Geordie Woods, Sam Nixon, Matthew Carbone
Featured
Scott Belsky, Thomas Middleditch, Jennifer Brook, Amir Mohamadzadeh, Max Vallot & Tom Daly, Sebastin Westin, Jonathan Azoulay, Deborah Rippol, Baptiste Manson, Cory Gehr, Escape from Acapulco, Nathan Pinsley, Des Traynor, Nicole Bianchi, Ruben Lenten, Jamie Ramsay
Traduction et Relecture Lindsay King, Virginie Gore-Coty
Merci à
Vassili Verrecchia, Jean-Charles Samuelian, Amir Mohamadzadeh, Lindsey Latham, Virginie Gore-Coty, Johanne Corre, Francis Patin, et toutes les personnes qui soutiennent et croient en Swenson depuis le début.
About Swenson
Swenson, c’est une communauté d’entrepreneurs et créatifs passionnés. Notre mission a toujours été la même : créer des lieux et du contenu inspirants pour la Creative Class.
Impression
Swenson Magazine est conçu et designé en France. Le magazine est imprimé en Europe.
Régie
Kamate Régie 6 ter, rue Rouget de Lisle 92400 Courbevoie
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Toute reproduction, même partielle (textes, photos, logos, éléments graphiques), est strictement interdite sans autorisation. Les opinions exprimées ici n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue du magazine Swenson et de son équipe. Swenson Magazine a pris soin de contacter chacun des auteurs des photos utilisées dans ce magazine. Si vous revendiquez la propriété d’une photo et n’avez pas été identifié, veuillez contacter Swenson. Nous serons heureux de mentionner formellement votre nom dans une édition prochaine. n° ISSN : 2497-7063
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Vol.03 Edito
L’aventure se poursuit Depuis que nous nous sommes lancés en 2016, notre mission a toujours été la même : créer des lieux et du contenu inspirants pour notre communauté composée d’entrepreneurs, créatifs, artistes, athlètes ou toute personne à la recherche d’un nouvel équilibre de vie. Une communauté d’enthousiastes qui inventent aujourd’hui, la façon de travailler et de créer de demain. Ce magazine leur est dédié depuis le début. Déjà plusieurs d’entre eux ont partagé leurs histoires passionnantes, parmi lesquels Joe Gebbia, Mike Horn, Patrick Dempsey, Arthur de Kersauson, Stuart Butterfield, Susi Mai, Rand Hindi, Fred Jourden, James Lafferty, Vince Perraud, Leila Janah, Dare Jennings, Jason Fried, Rick Ridgeway, Ryan Kingman, Patrick Long, Lauren Hill, Chad DiNenna, Morgan Maassen, Jeff Rosenthal, Alex Strohl, Molly Benn et beaucoup d’autres. Une génération témoin mais surtout moteur des changements sociétaux que nous sommes en train de vivre à travers le monde. Un monde dans lequel Scott Belsky n’a pour seul objectif que de favoriser la créativité de tous, vous et nous compris, ce à quoi il s’attache depuis qu’il a fondé Behance en 2006. Une créativité qui devient naturellement de plus en plus collaborative grâce au travail de recherche de Jennifer Brook qui parcours le monde à étudier les méthodes des équipes les plus performantes. Des équipes composées de cette nouvelle génération, authentique, en quête de sens, de leadership et d’impact. Des jeunes, entrepreneurs, créatifs, ou simplement acteurs de leur temps, qui cherchent à laisser une trace, leur trace, et pour qui l’ownership et l’empowerment valent plus que le salaire confortable d’un grand groupe du CAC40. Cette même génération qui n’a pas peur de déplacer des montagnes, de repousser ses limites ou de sortir de sa zone de confort en changeant de vie, comme l’a fait Jamie Ramsay en quittant la City en 2014 pour courir seul et sans assistance plus de 17 000 km à travers le continent américain. Seul, certainement pour mieux méditer, comme le prônent les fondateurs de District Vision avec leur approche holistique de l’athlétisme qui marie running, yoga et méditation. Seul, mais plus jamais sans sa communauté, levier puissant qu’active Amir Mohamadzadeh, cofondateur de ROSEWOOD, agence social first qu’il a lancé en 2013 dans la très créative et bouillonnante ville de Los Angeles... ...Los Angeles, San Francisco, New York, Brooklyn, Paris, Stockholm, Amsterdam.. autant de villes que nous avons parcourues pour réaliser ce nouveau volume de Swenson Magazine afin de vous témoigner de la dynamique globale que nous sommes en train de vivre et continuer à pouvoir vous proposer de vous en inspirer. Et si Los Angeles ou Stockholm sont trop loins, vous êtes toujours les bienvenus chez nous, chez vous, chez The Swenson House, Audierne, France.
Charles Fourault Chief Editor
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Sommaire The Frame 10 Créativité avec Scott Belsky L’algorithme du succès avec Thomas Middleditch
Modern Minds 26
Inspirer par Jennifer Brook Social first avec Amir Mohamadzadeh
Playground 44
Une histoire de mental avec District Vision Durabilité nordique avec Sandqvist
Talents
Mindset 64
En quête de sens par Jonathan Azoulay Les clés de l’empowerment par Deborah Rippol
78
Expositions par Cory Gehr Le soleil d’Acapulco avec EFA
Places
Le futur du design avec Nate Pinsley
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Instructors 116 Une histoire de concurrence avec Des Traynor Trouver sa plume avec Nicole Bianchi
Balance
Megaloops par Ruben Lenten Marathon d’une vie par Jamie Ramsay
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126
FAILURE TO COMMIT IS AS BAD AS FAILURE TO START
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01/ THE FRAME/ 10
Créativité avec Scott Belsky L’algorithme du succès avec Thomas Middleditch
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Créatif Visionnaire
Scott Belsky
Fondateur de Behance
A
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uteur à succès.
réalisés. Behance est prob-
Serial Entrepre-
ablement le plus connu.
neur.
Venture
Racheté en 2012 par Adobe
Partner chez Benchmark.
pour plus de 150 millions
Responsable de la stratégie
de dollars, Behance est au-
produit sur mobiles de Ado-
jourd’hui une plate-forme
be. Voici le tableau de chas-
utilisée par des millions de
se des différentes aventures
créatifs pour partager leurs
entrepreneuriales de Scott
portfolios, mais également
Belsky. Si ce nom ne vous
un outil pour suivre et trou-
dit encore rien, vous allez
ver les meilleurs talents de
bientôt le connaître. La pas-
l’industrie créative. Après
sion qui anime Scott est de
avoir racheté la société,
rendre le monde créatif plus
Adobe lui demande de rest-
productif, plus connecté et
er pour reprendre en main
plus ouvert aux nouvelles
la stratégie des produits sur
technologies. Pour preuve,
mobile, un rôle qu’il a oc-
les projets qu’il a dirigés et
cupé jusqu’en 2016. Au-delà
L’ingéniosité est plus forte que l’argent de ses projets en tant qu’entrepreneur, Scott est également Venture Partner chez Benchmark, l’une des principales sociétés d’investissement en capital-risque de San Francisco. Ne se contentant pas d’investir, il soutient les équipes en s’impliquant comme un mentor actif, d’autant plus dans les participations dans lesquelles il a investi personnellement, comme Uber, Pinterest ou Warby Parker. Et bien qu’ayant cédé Behance à Adobe, Scott poursuit ses activités dans les domaines créatifs, organisant notamment l’événement 99U, conférence annuelle consacrée à la creative class.. Défenseur indéfectible de la technologie, du potentiel créatif et de l’esprit d’entreprendre, Scott est également auteur du best-seller international, Making Ideas Happen, et est en cours de rédaction d’un deuxième livre qui devrait paraître d’ici la fin de l’année. Swenson a passé du temps avec ce serial entrepreneur pour parler de leurs valeurs et de leurs visions communes.
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The Frame Scott, tu as une longue histoire avec Adobe depuis
Selon toi, quels sont les prochains défis de l’indus-
2012. Peux-tu en dire plus sur ce nouveau chapitre et
trie de la création ? Comment Adobe et Behance les
ton nouveau poste ?
relèvent-ils ?
Avec grand plaisir ! Depuis de nombreuses années,
Quand je ferme les yeux et que je pense au monde créa-
ma passion est de concevoir des produits pour les pro-
tif dans trois ou cinq ans, c’est très différent. Je vois une
fessionnels de la création. À une époque où le travail
suite d’outils dans le cloud, qui nous libère de notre bu-
devient une commodité et est automatisé, les gens ont
reau et nous permette de travailler d’où nous voulons,
besoin de mettre à profit leur créativité. Il est donc ex-
quand nous le voulons. Un monde où des outils comme
trêmement important pour moi, d’un point de vue per-
Photoshop fonctionneront sur votre mobile ou votre
sonnel comme pour Adobe, de créer des outils et des
iPad. Vous pourrez reprendre votre travail là où vous
services pour les créatifs, professionnels ou non, afin de
l’avez laissé, quel que soit l’appareil que vous utilisez ou
les aider à exprimer cette créativité. Adobe a fait l’acqui-
l’endroit où vous êtes inspiré. Je vois aussi un marché
sition de ma société, donc une petite partie de ma vision
avec moins d’intermédiaires, que ce soit les cabinets de
est là-bas, et une grande partie de mon équipe, qui y tra-
recrutement ou les agences. Un monde où les créatifs
vaille toujours. Je suis tellement passionné par l’évolu-
auront accès à davantage d’opportunités business, per-
tion de leur stratégie, globale et produits, que lorsqu’ils
mettant aux entreprises de les embaucher et de les payer
m’ont proposé de revenir, j’ai eu l’impression que c’était
directement, selon leurs conditions. Les créatifs repren-
une opportunité que je ne pouvais pas refuser.
dront la main sur leur carrière. Ils seront mieux équipés pour la gestion ou le recrutement, et seront plus efficaces
Ta vision avec Behance était d’« organiser le monde
sur le plan commercial.
créatif ». Comment définirais-tu ce monde d’aujo-
Augmenter l’efficacité et la productivité, c’est le sujet sur
urd’hui et comment a-t-il évolué depuis que tu as
lequel je me concentre avec les équipes produits d’Ado-
fondé Behance en 2006 ?
be. S’assurer que les créatifs peuvent accomplir plus
Je pense que lorsque j’ai créé Behance, la plupart des
avec moins d’effort. Si vous regardez le workflow actu-
créatifs travaillaient soit dans des agences soit étaient en
el dans un produit comme Photoshop, ou de n’importe
freelance, et donc dans une situation un peu précaire.
quel outil créatif, il y a beaucoup de tâches répétitives et
Ils cherchaient des opportunités, mais il y avait très peu
sans valeur. C’est le genre de choses qu’on préfère con-
de transparence à l’époque, notamment sur les réalisa-
fier à quelqu’un d’autre car ce n’est pas un travail créatif
tions de chacun. Je pense que Behance, comme d’autres
à proprement parler. C’est ce que nous devrions réussir
sites, a permis à de grands talents de trouver de belles
à automatiser grâce à des technologies comme l’intelli-
opportunités. C’est devenu une plate-forme qui permet
gence artificielle et un meilleur design produit, de sorte
aux créatifs d’avoir de la visibilité, que ce soit pour être
que cela vous rende plus productif.
reconnu pour leur travail ou pour se lancer en free et trouver des opportunités business. Je dirais que c’est le
Justement comment vois-tu l’intelligence artificielle
plus grand changement. Aujourd’hui, vous ne pouvez
ou la réalité virtuelle impacter la façon dont les créat-
pas juste avoir votre portfolio sur votre site personnel,
ifs travaillent aujourd’hui ?
vous devez être dans un réseau pour que l’on puisse vous
Notre focus est dans le design de l’expérience. Ce n’est
identifier et que vous puissiez échanger avec vos pairs.
pas seulement une question de design du front pour un
C’est aussi gratifiant de savoir que sur les dix dernières
laptop, un mobile ou une tablette, mais bien l’intégra-
années, Behance est devenu un outil de référence pour
tion de nouveaux outils comme la voix et la réalité aug-
les créatifs.
mentée. Je pousse nos équipes à réfléchir à ce que sera le design de l’expérience de demain, et non pas celle d’aujourd’hui.
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Scott Belsky Je veux être sûr que nous aidons les professionnels à
d’imprimer un livre, d’organiser une conférence et de
réussir à intégrer et utiliser ces nouveaux outils, ce qui
sortir une techno, car je pense vraiment que cela peut
ne signifie pas nécessairement développer de nouveaux
vous tuer. Mais si vous pouvez réussir à utiliser différents
produits, mais améliorer nos outils existants avec ces
canaux pour atteindre votre mission, que ce soit par des
nouvelles fonctionnalités. Par exemple, si vous créez une
contributeurs, des partenariats ou des tiers, et que vous
interface dans Adobe XD, et que vous voulez intégrer
arrivez ainsi à créer ce que j’aime appeler une « marque
cette interface en réalité augmentée, que pouvons-nous
holistique », c’est ce qui fera la différence. Cela vous
faire pour la convertir automatiquement en une interface
démarquera de vos concurrents. Vous êtes ainsi bien
3D ? C’est le genre de question que nous nous posons. Il
plus que le principal produit que vous vendez, et vous
est difficile d’apprendre à utiliser un nouvel outil, cela
créez des relations d’une manière que je ne peux même
prend beaucoup de temps. Mais si vous êtes un designer
pas décrire. C’est une chose puissante.
et que votre client vient vous voir et vous dit : « Je veux aussi que vous fassiez une version vocale de cette appli-
Tu as bootstrappé Behance pendant plusieurs années
cation pour Alexa » ou « Je veux faire que cette interface
avant lever des fonds. Penses-tu qu’aujourd’hui les
fonctionne en réalité augmentée », vous devez pouvoir
fondateurs de startups se concentrent trop sur la levée
le faire sans trop de problème. Je pense que c’est l’une
de fonds ?
des possibilités et des responsabilités que nous avons
Un autre de mes dictons est que « l’ingéniosité est plus
en tant qu’entreprise : aider les designers à accomplir ce
forte que l’argent ». Avec trop de cash, vous ne dévelop-
genre de projets. Nous développons un workflow pour
perez pas l’ingéniosité qui fera de vous un grand entre-
aider les créatifs à y parvenir. Nous l’avons fait pour Pho-
preneur et un grand projet, capable d’affronter toutes
toshop par exemple. Vous pouvez prendre un fichier de
sortes de difficultés. En tant qu’entrepreneur, j’ai dû
Photoshop et l’utiliser dans notre outil Dimension qui va
bootstrapper Behance, ce qui m’a obligé à apprendre
le transformer automatiquement en 3D. Au lieu de pas-
notre métier en profondeur, son fonctionnement et son
ser du temps à penser à quoi pourrait ressembler un logo
rythme. J’ai appris tellement de chose grâce à cela, que
sur une canette de soda, ou un autre objet 3D, ce produit
ça mérite d’être partagé.
le fait pour vous, parfaitement. Depuis 2010, tu investis dans des startups, comme Revenons un instant sur ton parcours d’entrepreneur.
Uber, Pinterest, Warby Parker et bien d’autres, et tu
Lorsqu’on lance une start-up on a plutôt tendance à se
rencontres aussi beaucoup d’entrepreneurs en tant
concentrer sur un seul produit. Chez Behance, tu avais
que Venture Partner chez Benchmark. Comment
adopté une stratégie plus globale, qui se rapproche
définirais-tu l’entrepreneur d’aujourd’hui ?
beaucoup plus d’une stratégie de marque. Pourquoi ?
C’est dur de généraliser. Beaucoup de personnes saut-
Je dis souvent pour Behance que la fin a justifié les moy-
ent le pas sans savoir comment faire et c’est très bien !
ens. Nous ne nous sommes jamais éloignés de notre
Ça veut juste dire que cela peut prendre un peu plus de
mission, mais nous étions prêts à utiliser tous les moy-
temps. Le plus important quand on entreprend est de se
ens possibles pour y parvenir. C’est comme cela que se
serrer les coudes assez longtemps pour y parvenir. C’est
construisent les marques aujourd’hui, particulièrement
difficile de garder une équipe soudée, parce que vous
avec une vraie stratégie de contenu ou des événements
pouvez avoir l’impression que vous n’y arrivez pas quand
pour se connecter à leurs clients. De plus en plus de
tout le monde a l’air de réussir. Si une équipe reste
marques e-commerce par exemple ouvrent des magasins
soudée assez longtemps, alors elle deviendra expert de
physiques. Il s’agit de créer une marque qui éveille tous
son sujet et aura beaucoup de succès dans ce qu’elle fait.
les sens. Je ne conseillerais pas à toutes les startups
Mais il faut du temps, de la patience, et c’est rare. 15
The Frame
Créer quelque chose à partir de rien est l’une des choses les plus gratifiantes que l’on puisse faire.
Plus un entrepreneur a de l’expérience, plus il en sait. Je suis toujours excité lorsque je rencontre
Entreprendre est la meilleure façon de rendre le monde meilleur.
des personnes qui font le grand saut, car je pense évidemment qu’entreprendre est la meilleure façon de rendre le monde meilleur. Créer quelque chose à partir de rien est, je pense, l’une des choses les plus gratifiantes que l’on puisse faire. Une erreur que font beaucoup d’entrepreneurs est de créer quelque chose parce qu’ils sont passionnés, et non parce qu’ils ont de l’empathie pour le « pain point » de leur client. J’encourage toujours les entrepreneurs à se concentrer sur le développement de l’empathie pour ces « pain points » avant de se lancer et de créer une solution.
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Scott Belsky
“Le milieu d’une aventure, quelle qu’elle soit, est le plus important, mais souvent le moment le plus ignoré et le plus mal compris. Nous aimons parler des débuts et des arrivées, mais pas de l’entre-deux.”
Comment conseillerais-tu à un entrepreneur de penser aussi
plus important, mais souvent le moment le plus ignoré et le plus
à lui et pas seulement au produit qu’il développe ?
mal compris. Nous aimons parler des débuts et des arrivées,
Je pense qu’il s’agit de bien connaître vos forces et vos faiblesses.
mais pas de l’entre-deux. Chaque entreprise ou projet créatif «
Savoir ce que vous faites bien et le faire davantage, et vous assur-
va très bien » jusqu’à ce qu’il échoue. Les bosses tout au long de
er que vous êtes là où vous pouvez donner le meilleur de vous-
la route sont souvent endurées de manière isolée. Nous ne par-
même. Mais c’est aussi reconnaître ses faiblesses. Savoir dans
lons pas du milieu parce que nous ne sommes pas fiers de cette
quoi êtes-vous prêt à être mauvais ? Quels sont les domaines
phase de turbulence. Ce livre a pour but de changer cette réalité.
dans lesquels vous n’êtes pas très fort ? Par exemple, moi, je ne
Outre le livre, je travaille bien sûr chez Adobe, sur le dévelop-
suis pas très à cheval sur les process. Je ne suis pas la meilleure
pement et à l’amélioration de la stratégie produit. C’est assez
personne pour m’assurer qu’un process est suivi et j’ai besoin de
amusant de diriger l’équipe de créa chez Adobe d’un côté, puis
m’entourer de très bons opérationnels et chef de projets. Ils me
de l’autre d’écrire sur la façon dont des équipes de créa restent
gardent sur le droit chemin et veillent à ce que le process avance,
ensemble et persévèrent suffisamment longtemps pour réaliser
là où moi je pourrais laisser tomber. C’est quelque chose que
quelque chose. C’est une très bonne combinaison !
j’ai découvert par moi-même et ça vaut de l’or. Parce que cela vous aide vraiment à bâtir une bonne équipe autour de vous, et à compenser ce qui vous manque. Pour conclure, peux-tu nous dire quelques mots sur le livre que tu es en train de finaliser ? Bien sûr ! Le livre est ma priorité en ce moment et sa sortie est prévue pour le mois d’octobre. Le titre est The Messy Middle, et ça raconte cette phase un peu étrange du ventre mou qu’on a quand on monte une boite ou un projet. Il s’agit d’avoir de l’endurance et de surmonter les écueils de tout projet entrepreneurial ou créatif. Le milieu d’une aventure, quelle qu’elle soit, est le
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Pas d’algorithme pour le succès Thomas Middleditch
Acteur, entrepreneur, investisseur
“Je veux activement participer à la protection de l’environnement, et mes investissements sont une bonne façon pour y parvenir.” Acteur le jour, entrepreneur la nuit. Thomas Middleditch, la vedette canadienne de la série télé de HBO Silicon Valley, ne joue pas seulement à l’entrepreneur dans le rôle de Richard Hendricks. Dans la vraie vie, Thomas est investisseur, défenseur engagé de l’environnement et amoureux des grands espaces. Nous nous sommes aventurés à West Hollywood, où nous avons partagé avec lui un bol de saumon Teriyaki pour parler de succès, de passion et de son master plan dans cette industrie du cinéma si particulière.
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The Frame
Thomas, peux-tu nous raconter un peu tes
marché ! Je suis donc ensuite parti à New York,
débuts et ce qui t’a poussé à devenir comédien ?
pour enfin atterrir ici à Hollywood. Les opportu-
J'ai grandi au Canada et j'étais dans une école où
nités sont ensuite arrivées au fil de l’eau. Je pour-
il y avait une troupe d'improvisation, ce qui était
rais continuer longtemps à vous raconter tout ça,
plutôt rare. J'ai eu la chance de tomber sur un
mais vous risquez de vous ennuyer [rires] !
professeur de théâtre qui a détecté quelque chose en moi et m'a fait jouer dans des pièces. Je fais de
Non, c'est cool justement ! On rencontre beau-
l'improvisation depuis plus de 20 ans maintenant.
coup d'entrepreneurs et c’est toujours intéres-
A l’époque, il y avait une émission de sketches à
sant de savoir ce qui s’est passé avant qu’ils
la télé qui s’appelait « The Kids in the Hall ». Les
réussissent.
comédiens étaient des dieux vivants pour les en-
Oui, bien sûr ! J'y pense aussi parfois, à tout le
fants de mon âge, je voulais être comme eux. C’est
chemin parcouru depuis que j’ai commencé dans
ce qui m’a poussé à me lancer et à partir à Toron-
cette petite ville hippie du Canada. Il y a eu beau-
to, puis à Chicago, pour rejoindre Second City
coup d’à-coups. Surtout maintenant, ça ne tombe
(ndlr, troupe d'improvisation), en me disant que
pas du ciel, vous devez être proactif, provoquer la
je deviendrai célèbre comme ça. Mais ça n’a pas
chance et espérer que les gens voient que ce que
Avec le temps, tu comprends qu’il y a tellement de choses qui sont indépendantes de ta volonté que ça ne marchera pas comme ça
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Thomas Middleditch
vous faites est bien. Il n'y a pas d'algorithme, pas
Bien sûr, j’aimerais travailler avec Quentin Taran-
une façon définie de faire les choses. De jeunes
tino ou Wes Anderson, mais je suis conscient que
comédiens ou acteurs me demandent comment
les chances que cela se produise sont plus minc-
j'ai fait. Je n'ai pas spécialement de conseil à leur
es que ce que je peux penser. Donc j'ai appris à
donner mais avec le recul, je sais ce qui a fonction-
revoir un peu mes prétentions et maintenant je
né pour moi. À Toronto, c’était de jouer dans des
me dis juste que je veux travailler avec des réali-
sketchs et faire de l’impro autant que possible. À
sateurs qui m'inspirent. Dans une industrie aussi
Chicago, c’était globalement la même chose mais
particulière que le cinéma, ta version de la réus-
à un autre niveau chez Second City. Et à New York
site doit pouvoir changer rapidement parce que
enfin, pareil, même si là j'ai commencé à faire des
les choses se passent rarement comme prévu. Je
pubs et à écrire des sketchs.
ne savais pas que j'allais jouer dans Silicon Val-
Si vous êtes proactif, les gens remarqueront que
ley sur HBO et je ne pouvais pas prévoir que cette
vous produisez du contenu. Il ne faut pas être in-
série allait connaître un tel succès. Ce n'était pas
actif, car lorsqu'il s'agit de comédie, il faut vouloir
le plan, alors....
faire des choses drôles et exister à votre manière. Donc oui, vous pouvez bien sûr jouer de théâtre
Et comment gères-tu cela ?
en théâtre, mais pourquoi ne pas faire votre petit
En fait, cela crée beaucoup plus de possibilités.
truc à vous ? C’est ce que j’ai fait avec YouTube,
À Hollywood, il est toujours bon d'être associé
même si cela n’avait pas encore l’ampleur que ça
au succès, si vous montrez que ce que vous faites
a aujourd’hui, il n'y avait pas de chaînes et toute
est bien et que vous en êtes capable, c'est encore
la culture qui gravite autour. Ça a évolué mais ne
mieux. Une fois que t’as fait quelque chose qui a
pas s’en servir aurait été un peu idiot. Certains
marché, on te propose beaucoup plus de projets
ont explosé grâce à YouTube, et ils ont proba-
intéressants, même si tu ne peux jamais prévoir
blement gagné beaucoup plus d'argent que moi,
d’où ça viendra. Prenons l’exemple avec HBO
peu importe ce que vous pensez de leur contenu
: au début je travaillais avec les co-créateurs de
[rires].
Silicon Valley sur un spectacle qui n’avait rien à voir. Ils m’avaient retenu car j'en avais réalisé un
C’est clair ! Est-ce que tu gères ta carrière d’ac-
similaire et qu’ils l’avaient trouvé génial. Nous
teur comme un entrepreneur ? As-tu comme
étions encore en train de développer le pilote et
dans une startup, un master plan qui dit « dans
ils m’ont dit : « Hé, on prépare une autre émission
5 ou 10 ans, voici mon objectif » ?
avec HBO. Ça s'appelle Silicon Valley et on pense
Tout à fait ! Enfin, avant j'avais des objectifs très
que ça pourrait te plaire. » Le rêve est devenu réal-
précis, mais avec le temps, tu comprends qu’il y
ité. Donc, le spectacle initial n'a pas eu lieu, mais
a tellement de choses qui sont indépendantes de
à grâce à cette première relation, ils ont littérale-
ta volonté que ça ne marchera pas comme ça. Il
ment écrit le rôle de Richard (ndlr, le personnage
s'agit donc plus pour moi aujourd’hui de faire
principal de la série) pour moi, et je l'ai eu.
plein de choses qui me plaisent et qui auront peut-être une répercussion, plutôt que de dire « je veux uniquement faire ça ». Car si c’est ton seul objectif et que ça ne se réalise pas, qu’est-ce que tu vas faire ? 21
« Hé, on prépare une autre émission avec HBO. Ça s'appelle Silicon Valley et on pense que ça pourrait te plaire. »
Je n'aurais jamais eu ce rôle si je n'avais pas été proactif sur totalement autre chose, à y passer des nuits entières
Ce que je veux dire, c'est qu'on ne peut pas
ibles et cela devient impossible de travailler
reste du temps. Je peux tourner dans d'autres
planifier ce genre de choses. C’est de la pure
avec eux. En même temps si vous êtes trop
films ou travailler sur d'autres projets. Ça se
sérendipité, je n'aurais jamais eu ce rôle si je
flexible, vous vous laissez commander et ce
remplit très vite alors je m'efforce de trouver
n'avais pas été proactif sur totalement autre
n'est pas bon non plus. Il faut trouver le juste
un peu de temps pour profiter de la vie aussi.
chose, à y passer des nuits entières. C'est
équilibre entre les deux.
J'ai beaucoup de passions, j'adore notam-
exactement ce que fait Richard dans la série
22
ment les avions donc j’ai passé ma licence
avec sa start-up d’ailleurs. Ce qui est plus dif-
D’ailleurs en parlant de balance, comment
de pilote. J'investis aussi dans des startups.
ficile, c'est de savoir quand il faut avoir peur.
arrives-tu à concilier la série sur HBO et tes
Bref, ce n'est pas facile d'équilibrer tout cela
Beaucoup de personnes se sont cassées les
projets personnels ?
et c’est parfois un peu stressant.
dents à écrire des scénarios et réaliser des
Jusqu’à présent c’est très facile de travailler
films parce qu'ils s'en tenaient strictement à
avec HBO. On tourne environ quatre mois
leur façon de voir les choses. Ils sont inflex-
dans l'année, donc je fais ce que je veux le
C’est difficile de transmettre ce sentiment de liberté, l'excitation et le défi que cela représente. Tu disais que tu étais pi-
partir quelque part est la
lote, qu'est-ce qui te plaît
meilleure
dans le fait de piloter des
soit. L'Amérique du Nord
avions ?
possède beaucoup de pe-
Plein de choses. Avant tout
tits aéroports où tu peux
les avions eux-mêmes, le
atterrir. L'année dernière,
bruit des moteurs. Je m’in-
j'ai survolé le Parc National
téresse à tous les types
de Zion, c’était magnifique,
d’avions, j’aime faire des
une des plus belles choses
recherches. J’aime bien sûr
que j’ai vues. C’est difficile
les faire voler et ça m’amuse
de transmettre ce sentiment
aussi beaucoup de parler
de liberté, l'excitation et le
à la radio avec tout ce jar-
défi que cela représente.
sensation
qui
gon. Prendre un avion et 23
The Frame
Demain, je m'envole pour San Francisco, juste pour la journée, mais le prochain grand voyage ça sera le Canada cet été. Il y a un petit aéroport dans ma ville natale où je n'ai encore jamais atterri, alors je vais aller là-bas et explorer les montagnes de la Colombie-Britannique. Je dois aussi voler sur la côte Est car je suis en tournée là-bas avec un ami pour une comédie. Donc je vais certainement prendre l'avion d'ici jusque dans le Connecticut, puis New York, D.C., Philadelphie. As-tu déjà eu peur ? Oui... Une fois l'année dernière, je volais vers l'Utah, et il y avait des turbulences hallucinantes, je rebondissais partout dans la cabine, ma tête heurtait le toit de l'avion et ça ne faisait pas du tout rire ma femme. J'ai voulu atterrir sur une piste privée. Il y avait l'aérodrome, un peu d'espace, puis les montagnes. Lors de mon approche alors que j’étais à environ 30 mètres du sol, le vent m'a littéralement poussé contre la piste. C'était un atterrissage très effrayant. Tu as évoqué le fait que tu investissais dans des startups. Quels sont les projets qui t’intéressent et de quelle manière t’impliques-tu ? Tous les projets de la Silicon Valley dans lesquels j’investis doivent avoir un impact “green”, d'une manière ou d'une autre. Je veux activement participer à la protection de l’environnement, et mes investissements sont une bonne façon pour y parvenir. Cela étant dit, je peux investir aussi bien dans la food, comme avec Beyond Burger, ou dans des projets d'assainissement de l'eau. Je suis moins intéressé par les applications ou les projets industriels. C’est un peu absurde mais grâce au succès de la série dans laquelle je joue, j’ai pu très facilement aller à San Francisco, pour rencontrer des projets et investir dedans. Je n'ai pas des millions et des millions de dollars à investir, alors je fais trois ou quatre investissements de 25 000 $ par an et c'est déjà pas mal pour moi !
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Thomas Middleditch Ton engagement pour l’environnement, en quoi ça consiste concrètement ? En tant qu’investisseur, j'essaie de joindre le geste à la parole en investissant dans des entreprises qui ont un impact positif. En tant qu'acteur, je fais en sorte que ces sujets fassent partie du débat. Je collabore également avec des organisations, je suis membre depuis longtemps du Sierra Club. Je pense qu'il y a aussi des choix individuels que nous pouvons faire. Je sais que cela peut sembler absurde pour quelqu'un qui pilote un avion privé, mais je ne mange de la viande qu'une fois par semaine et je ne mange plus de viande rouge du tout. La liste s’allonge. Le mouvement prend de l'ampleur et ça devient de plus en plus excitant parce que les gens cherchent vraiment de plus en plus à manger sainement. Revenons à ta carrière pour conclure. Finalement tu es un peu le CEO de ta propre personne, comment ça se passe ? Je pense que dans ce métier certaines personnes ne s'intéressent qu’à faire de l’argent alors que d’autres ne pensent qu’à l'art. Je crois que le meilleur moyen de réussir est de mixer un peu les deux. Il faut voir les choses avec un peu de tactique et parfois de narcissisme, comme si on était une marque. C'est comme ça. Mais parfois, je me dis que ce serait bien de s'arrêter un peu et de me concentrer sur l'homme que je vois dans le miroir. 25
02/ MO DERN MINDS/ 26
Inspirer par Jennifer Brook Social first avec Amir Mohamadzadeh
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Catalyser la créativité mondiale Jennifer Brook
Photos: Alexandre Tabaste
Staff Researcher chez Dropbox
L’Europe moderne a émergé en parallèle de révolutions dans la fabrication du papier, l'impression et la reliure. Cela a réinventé l’accès à l'information et transformé la façon dont les gens apprenaient, échangeaient les uns avec les autres et travaillaient. Et si vous lancez Jennifer Brook, Design Researcher chez Dropbox, sur le sujet, elle vous dira que le développement actuel de la technologie est une révolution d’une ampleur similaire qui impactera demain notre travail et notre façon de créer. Entretien. 28
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Modern Minds
J’en ai retenu qu'il y a une différence entre le développement d’un produit pensé pour l’utilisateur et un produit développé sur un coup de tête
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Jennifer Brook Jennifer, la technologie s'est invitée dans nos
ouverte permettant aux équipes en Haïti ou
vies de différentes manières, sans que nous
en Namibie de voir ce sur quoi les autres bu-
nous en rendions compte, Dropbox y com-
reaux avançaient et de travailler ensemble pour
pris. Qu'est-ce qui vous motive à travailler
résoudre des problèmes majeurs en s’affran-
pour Dropbox aujourd’hui ?
chissant des fuseaux horaires et des frontières.
La mission de Dropbox est de libérer l'énergie
Je me suis sentie inspirée par leurs histoires.
créative du monde en concevant des méthodes de travail plus abouties. En tant que Design Re-
Avez-vous toujours été intéressée par le de-
searcher, je travaille sur le terrain pour étudier
sign et la culture Internet ?
et comprendre l’environnement de travail, les
Non ! J'ai passé une bonne partie de mes vingt
cultures et les valeurs d'équipes extrêmement
ans à vivre dans une cabane perchée dans un
collaboratives. Lorsque nous parlons d’envi-
arbre que j'ai aidé à construire. J'ai travaillé
ronnement, je veux dire où, comment et avec
dans des ateliers de fabrication de livres et de
qui nous travaillons, et la façon dont nous pen-
gravures, en Caroline du Nord. Ce n'est qu'à la
sons que le travail doit être fait ou pas. La cul-
fin de ma vingtaine que j'ai commencé à m'in-
ture a une influence directe sur cet environne-
téresser au design et à l'entrepreneuriat. Je me
ment et a donc un impact sur les types d'outils
suis abonnée à Fast Company et cela m'a ouvert
dont les travailleurs ont besoin. Il y a donc des
les yeux. J'ai commencé à faire des liens entre
outils et des environnements. Si nous pouvons
l'histoire du livre et la technologie. En Europe,
mieux comprendre les environnements, nous
la rencontre de la fabrication du papier, de la
pouvons mieux concevoir les outils. Et plus
reliure et de l'impression a établi les fonde-
les outils sont bien conçus, plus nous pouvons
ments de la société moderne. J'ai réalisé que
libérer notre créativité. C'est là qu'intervient
le même genre de changement se produisait à
Dropbox.
notre époque avec les nouvelles technologies. Tout d'un coup, ça a cliqué. Je voulais travail-
Dropbox semble vouloir faciliter le travail
ler dans l'édition et réfléchir à la façon dont
des travailleurs. Y a-t-il un projet récent qui
la technologie allait changer cela. Lorsque j'ai
illustre ce point de vue ?
déménagé à New York, on m'a offert un poste
Aider les autres à résoudre des problèmes ma-
au New York Times en tant qu'architecte du de-
jeurs est la plus grande opportunité que nous
sign de l'information. Le mobile commençait à
ayons. C'est la raison pour laquelle j'ai décidé
peine à se développer et à se propager et pen-
de rejoindre Dropbox à plein temps après avoir
dant longtemps, j'ai été la seule personne au
travaillé pour eux en tant que consultante in-
NYT à travailler sur ce genre de sujets. Cela sig-
dépendante. Vous êtes mis au défi de trouver
nifiait beaucoup d’opportunités intéressantes
des solutions à des problèmes qui vous pas-
au début de ma carrière. Par exemple, j'ai passé
sionnent suffisamment pour travailler pendant
environ un mois à travailler sur la première ver-
de longues heures. Par exemple, nous avons
sion de l'application iPad du NYT pour Apple.
récemment mené une recherche en collabora-
Quelques semaines plus tard, j'ai présenté l'ap-
tion avec le responsable du Programme pour
plication NYT sur scène lors de la conférence
le Développement des Nations Unies. Il super-
de presse iPad à Cupertino, aux côtés de Steve
vise 30 à 40 bureaux répartis dans le monde
Jobs.
entier. Dropbox l'a aidé à créer une culture 31
Modern Minds
"Un changement culturel est en train de se produire dans le processus créatif. On s'éloigne de la notion de « génie créatif » ou d’une création isolée, pour se diriger vers une approche plus collaborative de la création."
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Steve Jobs en personne. De quelle façon vos ex-
de travail dans les outils que nous élaborons pour
périences avec Apple et le New York Times vous
aider d’autres équipes à travailler comme eux.
ont elles influencé ?
L'année dernière, nous avons par exemple étudié
Cela m'a fait découvrir la pratique de la recherche.
huit équipes issues du monde de l’éducation, du
Nous pouvions prendre des décisions chez Apple,
théâtre, du design et du marketing. Toutes sont in-
même si nous étions isolés de nos pairs, privés
croyablement concentrées sur leur mission. Elles
de toute donnée, grâce à la recherche que nous
pouvaient faire n'importe quelle tâche, mais elles
avions menée l'été précédent. En fait, j'avais de-
savaient exactement où elles allaient et le monde
mandé à notre Head of Research si nous pouvions
qu'elles voulaient créer. Nous les avons observées
faire des études sur les utilisateurs de nos appli-
travailler ensemble et nous leur avons fait un de-
cations mobiles. Nous n'avions aucune idée de
brief. Notre vision sur les conditions de travail
ce que nos utilisateurs faisaient ou essayaient de
et l’organisation de ces équipes est maintenant
faire avec notre application et pourquoi ils l’uti-
très claire. Nous savons à quel type de modèle
lisaient. Nous avons passé un été à nous immerger
nous devons aspirer si nous voulons concevoir
dans leur quotidien et à essayer de comprendre
des solutions pour soutenir un travail incroyable
comment ils utilisaient le mobile. Cette prise en
de co-création et de collaboration. Si nous réus-
compte du contexte nous a aidé à prendre des dé-
sissons, nous avons une chance de concevoir des
cisions sur le produit plus pertinentes et éclairées
outils qui reflètent ces dream teams, et peut-être
une fois chez Apple. J’en ai retenu qu'il y a une
même de faire progresser d'autres équipes.
différence entre le développement d’un produit pensé pour l’utilisateur et un produit dévelop-
En vous basant sur vos recherches, qu'est-ce qui
pé sur un coup de tête. La recherche et le dével-
différencie ces dream teams ?
oppement de produits fondés sur des données
Nous avons étudié deux phénomènes. D'abord, il
probantes ont une valeur énorme. À partir de ce
y a toujours un culture maker, celui qui va créer
moment-là, j'ai décidé que je ne voulais plus ja-
la culture. Il peut s'agir d'une personne ou de
mais travailler sur la conception de produits sans
plusieurs personnes, mais elles façonnent active-
un processus de recherche qualitative. Et parce
ment la culture de l'équipe et la tirent vers le haut.
que je m’étais fait cette promesse, cela impliquait
Deuxièmement, la plupart de ces équipes ont des
souvent que c’était moi en charge de la recherche
normes comportementales explicites entre elles.
! Après le New York Times, j'ai travaillé comme
C'est une norme culturelle parmi les homo-sapi-
consultante indépendante pendant quatre ou
ens, nous formons des groupes, nous créons des
cinq ans afin d'aider les entreprises dans leur pro-
normes implicites sur la façon de se comporter
cessus de recherche.
et la façon dont nous allons travailler et communiquer. Ces équipes, en revanche, ont explicite-
Maintenant que tu es chez Dropbox, comment
ment précisé leurs normes et les ont façonnées
réalises-tu tes recherches ?
ensemble. C'est fascinant. Elles ne se sentaient
Dropbox aime faciliter le travail créatif. Cela sig-
pas passives ou dans l’incapacité de contrôler leur
nifie que nous devons comprendre comment ce
propre relation. Au contraire, elles ont joué un rôle
travail complexe est effectué. De la même manière
actif en les façonnant et en les créant ensemble. Si
que Nike étudie des athlètes pour élaborer ses
nous appliquons cette même logique à Dropbox,
produits, nous étudions des équipes qui réussis-
nous pouvons agir en tant que culture maker dans
sent parfaitement à travailler de manière collab-
le monde entier, et façonner positivement les con-
orative. Nous essayons de comprendre les raisons
ditions de travail par le biais de normes explicites.
de leur succès, afin de transposer leurs méthodes 33
Modern Minds
Avez-vous une méthode pour cela, pour identifier ces normes explicites ?
Nous avons mis au point une boîte à outils. En fait, nous utilisons des photos d'animaux ! Nous jouons à un jeu qui nous aide à parler de nos valeurs individuelles. Il s'agit d'une simple conversation. Tout d'abord, nous nous concentrons sur une expérience positive de travail en équipe, puis sur une autre qui a été frustrante ou compliquée. Dans les deux cas, nous choisissons un animal qui incarne cette histoire et qui nous aide à exprimer rapidement nos valeurs fondamentales. En définitive, grâce à ce petit jeu, si on doit travailler ensemble, nous aurons déjà eu une conversation sur ce qui fonctionne pour vous et moi, sur la façon dont vous et moi aimons travailler et sur ce qui nous alimente tous les deux. Ainsi, nous pouvons anticiper les conflits ou la connivence. En fin de compte, les images d'animaux ne sont que des exemples et des métaphores. La métaphore est utile dans le processus de co-création parce que c'est un langage partagé, vous pouvez apprendre énormément de choses sur quelqu'un en peu de temps parce que nous créons rapidement des conversations profondes. Les animaux évoquent beaucoup de chose pour les gens, nous projetons le meilleur comme le pire sur eux. Nous voulons proposer cet outil en open source à tout le monde. Je suis une chercheuse mais je me considère toujours comme une designeuse. Je pense que nous devrions inviter plus de gens dans le processus de conception et je veux créer les outils et les conditions pour y parvenir. La boîte à images d'animaux n'est qu'un moyen d'encourager plus de gens à avoir des conversations créatives. La co-création semble un sujet stratégique pour Dropbox. Quel impact cela a-t-il sur le produit, qui évolue de plus en plus d'une solution de stockage à une suite d'outils co-créatifs ? Un changement culturel est en train de se produire dans le processus créatif. On s'éloigne de la notion de « génie créatif » ou d’une création isolée, pour se diriger vers une approche plus collaborative de la création. C'est un état d'esprit différent. Les outils et services digitaux doivent donc en faire autant, et Dropbox doit aussi y adhérer. C'est pourquoi mon équipe de chercheurs en design et moi-même développons une compréhension de la culture et des valeurs des équipes collaboratives les plus performantes. Cela doit nous permettre d’appliquer ces connaissances à Dropbox, qui s'est repositionné d’un outil de partage et de stockage de fichiers en outil de travail collaboratif. Toutes ces connaissances aideront l’entreprise à développer pour ses utilisateurs de meilleurs produits de co-création, tels que Dropbox Paper, ou de nouvelles fonctionnalités qui arriveront bientôt. Restez à l'écoute !
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Jennifer Brook
La mission de Dropbox est de libérer l'énergie créative du monde en concevant des méthodes de travail plus abouties. En tant que Design Researcher, je travaille sur le terrain pour étudier et comprendre l’environnement de travail, les cultures et les valeurs d'équipes extrêmement collaboratives
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Talent 100% social. Amir Mohamadzadeh
Photos: Ethan Gulley
Cofondateur de ROSEWOOD
Apple Music. Katy Perry. iTunes. lululemon. Red Bull. Sony Pictures. Nike. AEG Presents. Toyota. Interscope Records. ROSEWOOD, agence de créa social first, s’est occupée des campagnes social media des plus grandes marques. Pour ces experts du storytelling, le digital est le nouveau terrain de jeu sur lequel s’amuser, surtout quand on se revendique agence social-first. Le cofondateur de l'agence, Amir Mohamadzadeh, nous a invités à prendre un café juste avant le "Family Meeting" mensuel. Sur le chemin, nous avons donc tweeté, liké, snapé, et instagramé jusque dans son bureau. Une rencontre qui nous a permis de mieux prendre le pouls de cette ville si créative qu’est Los Angeles, et de mieux comprendre comment travailler avec cette nouvelle génération de créatifs talentueux 100% social.
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Modern Minds
Il faut donner du pouvoir aux millennials, car c’est ce qu’attend cette génération. Pour les inspirer, vous devez leur donner les moyens d'agir.
Merci Amir pour l'invitation. Avant de commencer, peux-tu nous en dire un peu plus sur ces « family meetings » que vous organisez chaque mois ? Bien sûr ! Nous avons lancé les « family meetings » il y a environ 6 ou 7 mois, nous étions alors une trentaine de personnes dans la boîte. Aujourd'hui, nous sommes 40 et c'est le seul moment où nous nous retrouvons tous ensemble. Tous les derniers mercredis du mois, on se réunit pour évoquer trois sujets : la transparence, la famille et la célébration. Nous voulons être aussi transparents que possible, nous partageons, nous les cofondateurs, avec l’équipe toutes les nouvelles sur l’activité. Puis “la famille”, ce moment est consacré aux membres de l’équipe, pour partager des événements personnels ou pour les nouveaux arrivants l’occasion de se présenter. Nous pensons également qu'il est important de célébrer le travail accompli, donc chaque membre de l'équipe partage deux ou trois choses du mois précédent dont il est fier. Au jour le jour, tout le monde est très occupé, et nous travaillons à un rythme tellement intense que personne ne prend le temps de se poser. Dans notre culture d'entreprise, nous pensons qu’appuyer sur stop une seconde pour apprécier le moment présent tous ensemble est un truc cool à faire. Depuis que nous nous sommes lancés en 2013, nous avons doublé le nombre de nos employés chaque année. Nous grandissons si vite que cette réunion semblait être une solution indispensable pour mieux connaître tout le monde. Vous avez créé ROSEWOOD en 2013 avec Matt Bauer ton co-fondateur. Quelle est l'histoire de l'agence ? J'ai été diplômé de l'Université Pepperdine à Malibu en 2011 et j'ai tout de suite été embauché par Nike Basketball pour travailler sur la marque du joueur Kobe Bryant. Pendant 2 ans, j'ai travaillé à la
Avoir un départ solide est, à mon avis, la chose la plus importante pour s'assurer que tout se passe bien.
conception et à l'exécution de la stratégie marketing de Kobe à L.A. Bien entendu, j’ai dû faire pas mal d’insights conso pour préparer les campagnes marketing. J’ai donc passé beaucoup de temps sur les terrains de basketball des différentes universités, tout simplement pour bavarder avec les joueurs. Plus je leur parlais, plus je comprenais ce qu'ils faisaient pendant leur temps libre, leurs motivations, comment ils s'entraînaient en tant qu'athlètes. Ces étudiants checkaient leurs comptes Instagram et les autres réseaux près de 100 fois par jour.
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Amir Mohamadzadeh
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Modern Minds Souvenez-vous, nous étions en 2011, il n’y avait pas encore
penses qu’il est important de tester d'abord son idée en
eu cette prise de conscience de l’impact qu’allaient avoir ces
mode « side project » ?
nouveaux médias sur le marketing, très peu de marques les
Laissez-moi d’abord vous expliquer l’origine du nom ROSE-
utilisaient. Personne ne se disait que ça allait remplacer la
WOOD. Le bois de rose est l'une des essences de bois les plus
pub TV ou le 4x3. Nike faisait partie des premières boîtes à
nobles au monde, il a un arôme sucré qui ne se dissipe jamais.
investir en social media. Cela m'a amené à leur dire : « Vous
Mon père est iranien, et dans la Perse antique, il était impor-
savez quoi ? On va faire une campagne 100% social media.
tant d’être un bon stratège. Jouer aux échecs était donc une
100% ! » C’est à cette époque que ROSEWOOD, ou cette idée
activité très respectée. Ainsi, lorsque des étrangers se ren-
de développer une agence social-first, a commencé à me trot-
daient en Perse, ils offraient un jeu d'échecs en bois de rose à
ter dans la tête. Aucune autre agence de pub ou de créa n’était
la famille royale.
social-first. Vous ne trouviez personne qui se revendiquait « le
Chez ROSEWOOD, tout ce que nous faisons est liée à ce-
meilleur du monde en matière de réseaux sociaux ». À l'épo-
tte matière : d’une qualité irréprochable et extrêmement
que, le social venait toujours en dernier. Les agences travail-
cohérente, tant au niveau de l'histoire que de la stratégie.
laient d’abord les campagnes TV, l’affichage, les campagnes
J'aime raconter cette histoire parce qu'elle m'aide à faire va-
de presse... puis à la fin, elles se demandaient : « Et qu’est-ce
loir un point sur les « side projects » : si vous en avez un, mon
qu’on fait en social ? » Ce n'était jamais en premier. Je voulais
conseil est d'apprendre à jouer aux échecs car il faut toujours
être le premier !
avoir une longueur d'avance. Beaucoup de gens disent qu'il faut essayer, échouer, essayer, échouer. Oui pourquoi pas,
J'ai donc décidé de tester et de voir ce qui allait se passer. Ça a
pour moi c’est un modèle qui « peut » fonctionner, c'est très
très bien marché, nous avons lancé les nouvelles chaussures
bien. Je comprends que l'on apprenne quand on échoue. Mais
de Kobe en s’appuyant sur sa communauté. C'était génial !
si vous voulez mon avis, si vous travaillez suffisamment vo-
Chez Nike, j'ai travaillé en étroite collaboration avec mon
tre projet en amont et que vous planifiez autant que possible,
associé actuel, Matt Bauer, qui supervisait le social et le
vous avez une meilleure chance de réussir. Et avoir un départ
digital. C’est un des pionniers d’Instagram et également un
solide est, à mon avis, la chose la plus importante pour s'as-
photographe et créatif talentueux. Un jour, en 2013, je lui
surer que tout se passe bien.
ai envoyé un SMS, « Mec, j'ai une idée, tu veux prendre un petit-déjeuner avec moi demain matin ? » On s’est retrouvés
Comment avez-vous réussi à positionner ROSEWOOD en
pour le petit déj et je lui ai partagé ma vision de ROSEWOOD.
agence premium ? Avez-vous développé une expérience
C’était marrant car il avait le même pressentiment sur l'ave-
globale comme partie intégrante de la marque ?
nir du marketing. C'est comme ça qu’on a décidé de mont-
La première impression de marques comme Apple ou Nike
er l'agence. Suite à ce petit déj, on a passé 6 mois à faire nos
est juste incroyable. On a la même exigence. Pour nos clients,
devoirs, puis on a démissionné de chez Nike, en septembre.
c’est la même chose, ils doivent sentir cette exigence de qual-
Il y avait clairement une place à prendre sur le marché car
ité dans tous les échanges qu’ils peuvent avoir avec l’équipe.
les grandes agences n'avaient pas de véritable expertise sur le
Que ce soit par mail, dans la façon dont nous les accueillons
social. Nous voulions combler ce vide avec notre positionne-
au bureau, présentons notre pitch, réalisons un shoot, ou tout
ment « social-first ». Au lieu de penser d'abord pub, on a créé
ce qui va contribuer au livrable final qu’ils vont voir sur Insta-
des histoires pour des communautés sur les réseaux sociaux,
gram, il y a une homogénéité de qualité. C'est un tout. On en
c'est le moyen le plus efficace, surtout avec des millennials.
revient au nom.
Tu as évoqué le fait d’avoir « fait vos devoirs pendant 6 mois » avant de quitter Nike avec Mike. Dans quelle mesure tu 40
Amir Mohamadzadeh Amir, c’est ta première boite et tu travailles pour certaines des
la meilleure idée gagne. Lorsque que l’on fait des brainstorm-
plus grandes marques au monde. Aujourd’hui vous avez 40
ings, on donne la parole aux équipes. On fonctionne de cette
employés. Tu nous as dit plus tôt que tu étais joueur de bas-
façon depuis le premier jour parce que c'est la seule façon
ket-ball, qu’est-ce que ce sport t’as appris sur le management ?
d'inspirer cette génération. On n’a pas beaucoup de process,
J'ai joué au basketball pendant 19 ans, j'étais un bon joueur
nous devrions certainement en avoir un peu plus. On a sim-
et j'ai toujours aimé la compétition J'ai appris tant de choses
plement une structure en place qui permet de responsabilis-
avec ce sport, notamment comment rassembler et manager
er les équipes. Des personnes pilotent différents sujets, mais
une équipe. En dernière année, j'étais capitaine de l’équipe de
je crois encore une fois que dans tout ça, seule l’idée prime.
basket et il y avait des personnalités très différentes. Cela m’a
Je pense que c'est la bonne culture. Nous n'avons pas néces-
appris à motiver chaque personne individuellement, non pas
sairement besoin d'un process pour tout, parce que cela fonc-
avec un seul et même discours, mais en prenant chaque per-
tionne tout seul.
sonne à part et en essayant de comprendre sa singularité, en me mettant dans ses baskets. J'ai simplement passé du temps
Avec quelles marques travaillez-vous aujourd’hui ?
à identifier comment motiver chaque personne individuelle-
Nous voulons travailler avec des marques innovantes, ou des
ment. C'était certainement très différent de la gestion d’une
pionniers dans leur industrie. On casse les codes alors on veut
boite, mais ça se rapproche quand même pas mal de ce que
travailler avec des marques qui nous permettent de changer
je fais aujourd'hui.
les règles du jeu, de sortir des cases et de disrupter autant que possible.
L’agence est principalement composée de millennials. Tu
Les marques avec lesquelles nous travaillons viennent nous
as 29 ans et la moyenne d’âge est de 25 ans. Comment tu
chercher pour ça. Nous ne sommes pas spécialisés dans l'af-
gères ton équipe et leurs aspirations ?
fichage ou le print, mais ils comptent sur nous pour ramener
Wow ! Je crois que je pourrais écrire un livre à ce sujet ! Il n’y
autour de la table les millennials les plus créatifs et talentueux
a que des millennials ici. Alors, beaucoup de ce que j’ai ap-
de cette génération. Nous n'engageons que des A players, et
pris en tant que capitaine de l’équipe de basketball me sert
comme il n’y a pas d’école pour ce métier, il faut qu’ils soient
aujourd'hui parce que ce sont les mêmes profiles. Après c'est
passionnés. Nos clients comptent sur nous pour innover aus-
un tout. Si nous voulons être l’agence créa leader sur le so-
si bien sur le contenu que sur les différentes plates-formes
cial media, alors nous devons rassembler des talents nés et
qu’on va utiliser. Par exemple pour Apple Music, on a fait un
biberonnés aux médias sociaux. Que ce soit un designer en
truc de dingue avec un drone. On a installé un iPhone en des-
motion graphic, un account manager, ou un planning strat,
sous et on diffusait en direct sur Snapchat, depuis les airs, ici
peu importe le poste, tu es un expert en social et tu as grandi
à Venice.
dans et avec ces outils. Tu étais sur Instagram au tout début, et
Notre enjeu est de maintenir ROSEWOOD à la pointe des
t’es allé sur Snapchat dès son lancement.
dernières technologies et d’être capable de tester une nouvel-
Donc, mon conseil est de donner du pouvoir aux millenni-
le plateforme dès qu’elle voit le jour. Et parce que nous don-
als, car c’est ce qu’attend cette génération. Pour les inspirer,
nons le pouvoir à nos jeunes créa, quand le moment arrive,
vous devez leur donner les moyens d'agir. Même s'ils sont je-
tout ce que j'ai à faire est de dire « Que voulez-vous faire avec
unes, même s'ils n'ont pas assez d'expérience, donnez-leur les
cette nouvelle plateforme ? » ou « Comment voulez-vous in-
moyens d'agir même s'ils ne sont pas prêts à 100 % ! D'après
nover avec les stories ? » et ensuite les laisser rêver !
moi, cette génération se soucie davantage de ce qu'elle crée et moins ce qu’elle gagne. Ils sont plus sensibles à ce sur quoi « je travaille » et de « ma contribution ». C'est une génération très MOI. J'en fais partie. Côté management, notre philosophie et notre culture est que 41
Modern Minds
« Chez nous, la meilleure idée gagne. »
Quels sont les next steps pour ROSEWOOD ? Dans notre métier, nous devons réfléchir à innover chaque jour. Une plateforme pourrait disparaître demain et une nouvelle pourrait arriver et rabattre toutes les cartes. Nous sommes en train de construire le groupe de créa le plus talentueux de cette génération millennials. C'est très collaboratif et très valorisant car nous leur permettons de trouver des idées, qu'il s'agisse d'un contenu original ou d'un produit. L'innovation est notre métier. Il faut donc trouver quelque chose et voir si nous pouvons le développer à partir de zéro. Du coup on réfléchit à monter un « innovation lab » pour créer nos propres concepts ou contenus. Mais je ne peux pas en dire plus pour le moment.. 42
Amir Mohamadzadeh
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03/ PLAYGROUND/ 44
Une histoire de mental avec District Vision DurabilitĂŠ nordique avec Sandqvist
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Courir, avant tout une histoire de mental Max Vallot & Tom Daly
Photos: EChadwick Tyler, Fred Goris, Nichole Ricketts, Zach Hetrick, Jeff Henrikson
Cofondateurs de District Vision
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Courir. Ce n'est pas tous les jours que deux trentenaires, passés par des grandes marques de la mode, décident de lancer la leur dédiée aux runners. C’est justement ce que Max Vallot et Tom Daly, fondateurs de District Vision, ont fait. Déterminés à créer des produits tout aussi fonctionnels que performants, Max et Tom croient en une approche holistique de l'athlétisme selon laquelle le bien-être mental est le fondement de toute forme d'exercice physique. Le duo rassemble une communauté active autour de la course et du yoga, deux disciplines complémentaires, qui sont aussi leurs passions respectives. Nous avons rencontré Max et Tom à New York pour en apprendre davantage sur leur approche et leur communauté.
Saint Laurent. Acne. Demandez à n'importe quelle fashionista, et elle vous dira Saint Acne. Demandez à n'importe que ceLaurent. sont deux marques super hype. quelle fashionista, et elle vous dira que ce sont Si vous demandez à Max Vallot et Tom deux hype. vousce demandez Daly,marques ils voussuper diront euxSique sont les à Max Vallot pour et Tomlesquelles Daly, ils vous eux que marques ils diront travaillaient ce sont Installés les marques pour York, lesquelles ils travailavant. à New les deux laient Installés à New à York, les deux amis amis avant. se sont rencontrés l’Université de se sont rencontrés à l’Université de Londres. Londres. Il y a trois ans, ils ont décidé Il y ade trois ans, ils ontpropre décidé marque, de lancer leur lancer leur danspropre une marque, dans une industrie qu'ils connaissent industrie qu'ils connaissent bien, mais bien, d'une plus manière plus passionnée d'unemais manière passionnée et sin- et singulière. gulière. « J'étais chez Saint Laurent à l’époque, «etJ'étais Saint Laurent à l’époque, et »Tom Tomchez travaillait chez Acne Studios travaillait chez Acne Studios » raconte Vallot. raconte Vallot. « Nous nous connaissions
depuis plus de 10 ans et nous avons tous les deux pris conscience que nous étions «déçus Nous de nous connaissions depuis de 10 ce que le monde de laplus mode ans et nous avons tous les deux pris conscience nous apportait. A cette époque, en 2013, que nous étions déçus de ce que le monde de la j'ai testé la méditation pour la première mode nous apportait. A cette en 2013, fois, pendant que Tom lui,époque, s’est rapj'ai testé de la méditation pour ladu première proché la communauté runningfois, pendant que Tom s’est rapproché de des la comà New York et alui, commencé à faire munauté du running à New York a commencé marathons. Nous avons alorsettous les àdeux faire trouvé des marathons. Nous avons alors tous les une échappatoire à nos jobs deux trouvé et une échappatoire nos jobs respecrespectifs avons réalisé àqu’il existait tifs avonstype réalisé existait un autre type de un et autre dequ’il communauté en decommunauté en dehors la mode. Une dont comhors de la mode. Unede communauté munauté dontpas le but pas deni produire ni de le but n’est de n’est produire de créer créer une illusion d'exclusivité.»» une illusion d'exclusivité. 47
Playground
Agés à l’époque de seulement 27 et 28 ans, les deux compères se décident à quitter leurs jobs.
sommes pas obnubilés par la victoire, la
centration et la persévérance. La course
compétition, ou bien le fait de repouss-
est une activité mentale et exige de la
er ses limites. Nous sommes plus portés
discipline. C'est souvent sous-estimé.
par une approche globale, liée à l'au-
Adepte de la méditation transcendantale,
to-exploration. » Vallot nous l’avoue, les
Vallot voit cette approche comme la con-
« Nous avons réalisé qu'il était temps pour
deux fondateurs sont accros aux lunettes
tribution singulière de District Vision au
depuis toujours, avec un penchant pour
monde du sport.
celles venant du Japon. Et comme il n'y
« Pour beaucoup de gens, courir c’est
avait rien de nouveau dans les lunettes
méditer », ajoute-t-il. « A mon avis, ce n'est
de sport, le duo a saisi cette opportunité.
qu’en partie vrai. Je pense que la course
Les marques existantes ne reflétaient
et la méditation sont deux activités dif-
pas le lifestyle, l’inspiration ou les désirs
férentes. Courir est un sport de compéti-
des gens. Alors ils ont sauté le pas. Par
tion tandis que la méditation appelle la
exemple, « notre modèle Nagata Speed
contemplation, la façon de comprendre
mienne dans le running. »
Blade est issu d’un alliage ultraléger fait
et d'explorer votre propre esprit. Courir
de nylon et de titane. Notre lentille D +
vous permet aussi de l'explorer, mais ce
District Vision c’est avant tout une com-
est taillée à la main et polie au Japon
n'est pas l'objectif principal. Aujourd'hui
pour une visibilité inégalée dans des
les coureurs, en particulier ceux qui
conditions de course extrêmes. » Et bien
font des marathons et ultra-marathons
sûr, des équipes de coureurs aguerris du
en compétition, s'intéressent de plus en
monde entier ont été invitées à participer
plus à de nouvelles, et moins orthodox-
au processus de R&D.
es, méthodes d'entraînement. Ils s'en-
nous de créer notre propre truc. L’activewear était encore dominé par quelques grandes marques, sans qu’aucune alternative intéressante n’ait émergée, aussi petite soit-elle", déclare Daly. « Nous voulions créer une perspective plus intéressante, en mélangeant les expériences de Max dans le yoga et la méditation, et la
munauté. Et une marque ensuite. En proposant à ses membres une expérience holistique de la course et de la méditation, grâce à des événements et des produits dédiés, District Vision redéfinit ainsi le toolkit du coureur moderne. C’est devenu le principe fondateur de la marque. Le premier instrument de ce toolkit, ce sont des lunettes haute performance. Il a fallu deux ans à l'équipe pour développer ces lunettes en collaboration avec des ingénieurs japonais, et en s’inspirant de feedbacks de coureurs du monde entier. « Nous voulions nous intéresser à des produits que d'autres marques ne regardent pas sérieusement, tout en y ajoutant notre propre vision et philosophie. Nous ne 48
traînent physiquement et courent plus de Avec un début dans les lunettes, District
60km par semaine. Ils ont les meilleures
Vision a depuis étendu sa gamme aux
chaussures, les dernières boissons spor-
chaussettes de course, tapis de yoga et
tives ou produits énergisant. Mais ils veu-
à d'autres instruments, toujours avec ce
lent aussi analyser plus profondément la
souci de la performance. Mais au-delà
façon dont l'esprit affecte l'entraînement.
des produits, la marque se considère davantage comme une société de bien-être, œuvrant pour la promotion de la course et de la méditation. Quel lien entre la méditation et la course ? Si vous demandez à Vallot, le point commun c’est la con-
C'est le facteur X, le facteur inconnu si difficile à quantifier. »
Max Vallot & Tom Daly
49
Playground
50
Max Vallot & Tom Daly
A la recherche de ce « facteur X », District Vision organise des
De cette expérience est née l'essence de District Vision. « Les
ateliers de méditation et des séances d’entraînement. C'est ce
gens ne s'intéressent plus seulement aux produits », soulève
qu'ils ont appelé le « Mindful Athlete Program », en s’inspirant
Daly. « Ils ont besoin de sentir qu'il y a une connexion plus pro-
notamment de la méthode d’entraînement de Mike Spino. «
fonde à une marque. L'apprentissage est au cœur de tout cela, il
Mike Spino était le directeur exécutif du Esalen Sports Center
est au centre de toute évolution. Que vous soyez une marque de
à Big Sur, en Californie. Nous sommes de grands adeptes de sa
mode ou de food, les gens veulent apprendre, ils veulent passer
méthode et de son livre Au-delà du Jogging : Les Profondeurs de
par des expériences qui les aident à grandir. »
la Course (1976). Utilisant des techniques non conventionnelles de la méditation, du yoga, de la thérapie du mouvement, sa
L'apprentissage, un objectif pour lequel Daly et Vallot vont con-
méthode s’articule autour de l’idée d’un athlétisme conscient,
tinuer de courir. L'équipe de quatre personnes a travaillé sur
issu d’une fusion holistique de l'esprit et du corps. C’est le genre
de nombreux projets depuis 2015 et ne compte pas s’arrêter là.
d'histoire qui continue à nous inspirer et à influencer l'ensemble
« Nous avons lancé un nouveau programme de produits avec
du projet. » Si inspirant que le duo a décidé de rééditer le livre il
de nouvelles chaussettes, et nous développons actuellement
y a quelques mois.
des chaussures de trail avec Salomon pour l'automne 2018. Il est encore trop tôt pour ouvrir notre propre boutique même si
Vallot et Daily admettent cependant de ne pas avoir eu de for-
l'entreprise est déjà rentable. Nous préférons croître de manière
mule spécifique quand ils ont commencé. Quelques coureurs
organique et rester autonomes et autofinancés. Notre objectif
leur ont simplement demandé une initiation à la méditation,
pour cette année est d'élargir l'expérience de District Vision tout
alors ils ont commencé à enseigner des exercices de lecture, des
en se concentrant pour l'instant sur le marché américain. »
positions réparatrices, les liens entre les différentes parties du corps sollicitées pendant la course en termes de flux d'énergie. « Nous nous sommes intéressés aux pieds, à la cheville, aux articulations, au bas du dos », raconte Vallot.
« Et nous avons compris la façon dont ils travaillent ensemble. Le tout c’est de regarder la dynamique du corps et de l'esprit d'une manière plus profonde. »
51
"Les gens veulen veulent passer p ences qui les aid
52
nt apprendre, ils par des expĂŠrident Ă grandir."
53
54
55
Voyage durable dans le grand nord
Photos: Sandqvist
Avec ses forêts, ses rivières et ses étendues encore totalement sauAvec ses forêts, ses rivières et ses étendues encore totalement sauvages, le paysage nordique est une source d'inspiration sans comvages, le paysage nordique est une source d'inspiration sans commune mesure pour les marques de mode ou de design spécialmune mesure pour les marques de mode ou de design spécialisées dans l’outdoor, qui y puisent une sophistication simple et isées dans l’outdoor, qui y puisent une sophistication simple et épurée. C’est le cas notamment pour Sandqvist, marque de sacs épurée. C’est le cas notamment pour Sandqvist, marque de sacs et d'accessoires qui a construit sa réputation en fabricant de sacs et d'accessoires qui a construit sa réputation en fabricant de sacs beaux et fonctionnels, qui mélangent l'héritage nordique avec un beaux et fonctionnels, qui mélangent l'héritage nordique avec un style de vie urbain et ambitieux. style de vie urbain et ambitieux.
56
Créée par trois amis de la campagne suédoise, Sandqvist a toujoCréée par trois amis de la campagne suédoise, Sandqvist a toujours eu pour vision « de fabriquer des produits durables, à partir urs eu pour vision « de fabriquer des produits durables, à partir de matériaux de qualité et dans de bonnes conditions de travail de matériaux de qualité et dans de bonnes conditions de travail ». L'expansion internationale de ces 15 dernières années a permis ». L'expansion internationale de ces 15 dernières années a permis à la marque de devenir un des leaders du marché, tout en restant à la marque de devenir un des leaders du marché, tout en restant fidèle à ses valeurs : durabilité, esthétique et qualité des produits. fidèle à ses valeurs : durabilité, esthétique et qualité des produits. Nous nous sommes entretenus avec Sebastian Nous nous sommes entretenus avec Sebastian Westin, l'un des Westin, l'un des trois cofondateurs, pour parler du succès de la trois cofondateurs, pour parler du succès de la marque et évoquer marque et évoquer les projets à venir. les projets à venir.
Sebastian Westin
Cofondateur de Sandqvist
57
Playground Hello Sebastian, peux-tu nous raconter l'histoire de Sand-
Comment définirais-tu la mission de Sandqvist ?
qvist ?
Depuis le lancement de Sandqvist, Anton, Daniel et moi-
Sandqvist a été fondée en 2004 par Anton Sandqvist. Avant
même avons toujours partagé des valeurs communes. Nous
de se lancer dans cette aventure entrepreneuriale, Anton tra-
voulions produire des sacs comme nous voulions les pro-
vaillait dans une grande multinationale où sa créativité était
duire. Nous sommes de la campagne et là-bas, on répare notre
bridée. Du coup, pendant son temps libre, il aimait les activi-
vélo quand il est cassé, on en achète pas un nouveau ! Donc,
tés manuelles. Un jour, dans sa cave, avec une vieille machine
avant tout, nous voulions créer des sacs résistants. Nous ai-
à coudre industrielle, il a cousu un sac pour mettre ses affaires
mons aussi le plein air et avons toujours été des randonneurs
de travail et son laptop. Anton vient de la campagne, alors il
actifs, pêcheurs à la mouche ou cueilleurs de champignons.
voulait quelque chose de suffisamment robuste pour survivre
C'est pourquoi nous voulions des sacs fonctionnels pour nos
à sa routine quotidienne, mais assez stylé pour la ville. Ses
activités outdoor, ce qui a alimenté notre mission.
amis ont aimé son sac, il en a donc produit une série limitée et
Enfin, nous voulons être aussi durables que possible.
les a distribués dans quelques magasins trendy de Stockholm.
Quand nous avons commencé, nous n'avions pas en in-
Nous nous connaissons tous depuis notre enfance, même si
terne les compétences de conception pour dessiner nos
Anton a 9 ans de plus que moi, car nous avons grandi ensem-
sacs, nous avons donc créé des prototypes bruts avec des
ble au milieu de la Suède. À l'époque, je travaillais avec Dan-
designs très simples qui plaisaient à la plupart des gens.
iel, le petit frère d'Anton, sur des projets de marques de mode
Maintenant, pour tous nos sacs et accessoires, nous dével-
et un magazine lifestyle gratuit de pop culture que nous dis-
oppons plus de fonctionnalités et avons renforcé la dura-
tribuions en Suède. Anton nous a demandé s’il pouvait louer
bilité grâce à des tissus écologiques tels que le cuir tanné
un espace dans notre bureau pour développer son projet.
végétal, le polyester recyclé, ou encore le coton biologique
Donc, naturellement, Daniel et moi avons commencé à travailler avec Anton en 2006 sur le marketing et le branding. Si nous voulions que la marque marche, nous savions ce que nous devions faire : faire des photoshoots, créer un lookbook et présenter la marque lors de salons professionnels. Au fur et à mesure que la marque grandissait, nos designs ont changé,
.
Nous sommes actuellement durables à 80% et notre objectif est d'atteindre 100%.
influencés par nos goûts dans la mode et une inspiration que
Il nous a fallu deux ans pour atteindre ce niveau, et nous avons
nous allions puiser dans la campagne suédoise. Pendant quat-
travaillé très dur pour trouver les bons tissus et partenaires.
re ans, nous avons développé la marque sur notre temps libre.
Mais désormais si nous développons un nouveau produit,
Ce n'est qu'en 2010 que nous avons pu commencer à travailler
avec un nouveau tissu, vous pouvez être sûr qu'il est durable.
à temps plein sur le projet. Nous avons donc loué un autre
D'ici l'automne 2018, tous les tissus synthétiques que nous
bureau, qui est devenu et est toujours le flagship de Sandqvist.
utiliserons contiendront des fibres recyclées. Cette étape est
Sandqvist c’est donc avant tout un projet familial même si
importante pour atteindre notre objectif de devenir un exem-
nous ne sommes plus si petits aujourd’hui. Nous produisons
ple mondial de mode durable. Sandqvist est membre de la
désormais plus de 100 000 sacs par an, employons 53 per-
Fair Wear Foundation (FWF) et s'engage à travailler unique-
sonnes et possédons 5 magasins à Londres, Berlin, Gutten-
ment avec les fournisseurs qui ont mis en œuvre le Code de
berg et bien sûr Stockholm. Nous regardons actuellement des
pratiques de travail de la FWF. Le code FWF stipule des exi-
opportunités à Paris et Amsterdam. Nous sommes également
gences minimales pour les conditions de travail basées sur les
distribués par plus de 500 détaillants à travers le monde. Il
principes de l'Organisation Internationale du Travail (OIT) et
s'est passé beaucoup de choses ces sept dernières années. Ce
des Nations Unies. Nous voulons le faire d'une manière équi-
fut un voyage vraiment amusant.
table pour toutes les parties prenantes, et en prenant soin de l'environnement. Cela signifie être responsable de l'impact de nos produits tout au long de leur cycle de vie, tant sur les per-
58
sonnes que sur la planète.
Sebastian Westin
"Dans 5 ans, les gens n’espéreront pas que votre produit soit durable, ils l’exigeront."
59
60
61
Playground La durabilité semble être devenue impératif pour une
un peu de la façon dont nous communiquions avant, nous en
marque aujourd’hui. Comment cela a-t-il changé depuis le
revenons toujours à la nature, parce que c'est l’ADN de Sand-
lancement de Sandqvist ?
qvist.
Lorsque nous avons commencé à parler de développement
Actuellement, nous nous concentrons sur la fabrication de
durable il y a 8 ou 10 ans, cela semblait beaucoup plus diffi-
notre collection de sacs pour femmes, qui représente déjà 50%
cile. C'était un coût non négligeable pour l'entreprise à l’épo-
de nos ventes. C'est un vrai défi créatif de mélanger l'ADN de
que. Par exemple, il fallait produire une quantité significative
notre marque avec des éléments plus tendance, mais nous
de sacs pour rentabiliser le coton biologique, mais mainten-
sommes sûrs que nous pouvons le faire tout en restant fidèles
ant c'est beaucoup plus facile et beaucoup moins cher. Le co-
à notre héritage. Pour la collection A/H 2018, nous allons
ton biologique est cultivé sans pesticides chimiques, engrais
présenter beaucoup de nouveaux sacs outdoor, alors ne vous
artificiels ou cultures génétiquement modifiées. Le passage
inquiétez pas, on est pas prêts de défiler à la fashion week !
au coton biologique a un effet positif réel sur l'environnement et les personnes travaillant dans les champs de coton.
L’outdoor est une grande tendance aujourd'hui. Comment
Aujourd'hui, être durable n'est pas unique. Ce qui est unique,
expliquerais-tu ce désir de s'échapper et de reconnecter
c'est d'être 100% durable, ce qui est notre objectif à terme.
avec la nature à travers les marques que nous portons ?
Beaucoup de nouvelles marques ne font pas d'efforts pour
Quand on parle de luxe aujourd'hui, il ne s'agit plus d'or ou
être durables et ne rassemblent pas leur communauté sur ce
de bling-bling, mais d'avoir du temps libre notamment pour
nouvel impératif. Je trouve que c'est une grave erreur de lanc-
prendre l'air, pour respirer. Les voitures haut de gamme sont
er une marque sans penser à la durabilité. Dans 5 ans, les gens
un bon exemple, elles se veulent moins fonctionnelles mais
n’espéreront pas votre produit soit durable, ils l’exigeront.
font plus rêver dans la capacité qu’elles offrent à s'échapper de la ville et à explorer la campagne. Mais s'échapper ne sig-
La nature et les activités outdoor font partie intégrante de
nifie pas nécessairement faire l’ascension de l'Himalaya. Vous
l'identité de Sandqvist. Comment influencent-ils la marque
pouvez juste aller à la campagne à côté de chez vous, ou dans
aujourd'hui ?
la forêt où votre grand-mère avait l'habitude de se promener.
La nature et l’outdoor ont toujours été notre plus grande
Rien que le fait de sortir, c'est déjà bien. Aujourd’hui, le luxe
source d’inspiration. Si vous regardez de plus près notre
est une question d'expérience. C'est pourquoi nous éditons
identité visuelle, vous pourrez voir Anton, Daniel et moi, ou
aussi un magazine, The Sandqvist Journey, pour partager nos
les membres de notre communauté. Nous voulons montrer
histoires et nos voyages. C'est un bon moyen de rapprocher
le vrai Sandqvist dans la façon dont nous vivons et com-
nos clients des valeurs de Sandqvist et de les inviter à voyager
muniquons autour de la marque. La Suède est l'un des plus
avec nous.
beaux pays au monde, véritable terrain de jeu géant, alternant forêts, montagnes, lacs ou encore une longue côte sauvage.
Quelles sont les prochaines étapes pour la marque ?
Nos sacs reflètent donc notre façon de jouer dans cet environ-
Notre ambition est de devenir la première marque de sac du-
nement, principalement pour des trips d'un ou deux jours.
rable au monde. Nous ne cherchons pas à être la plus grosse
Nous sommes loin de fabriquer des sacs d'alpinisme.
boite, mais nous voulons devenir la référence. C'est notre
Nous avons récemment réalisé que si la nature nous a toujo-
objectif pour les dix prochaines années. Nous continuerons
urs influencé, nous devions aujourd’hui sortir de cette zone
à nous concentrer sur la durabilité de nos produits et nous
de confort pour étendre l’identité de la marque. C'est pour-
nous attacherons à nous dépasser chaque jour pour atteindre
quoi nous avons lancé notre première collection femme en
nos objectifs. Nous sommes rentables, donc l'autre objectif
2015, afin de toucher une nouvelle cible. Nous avons égale-
sera d'ouvrir plus de magasins dans des marchés cibles, tout
ment conçu quelques collections influencées par le sport et
en continuant à fabriquer de nouveaux et de meilleurs sacs.
d’autres un peu plus tendance. Même si nous nous éloignons 62
Sebastian Westin
Aujourd'hui, vous êtes plus de 50 chez Sandqvist, comment avezvous géré votre croissance en interne ? Nous nous développons assez vite mais nous ne voulons pas grandir trop vite. Nous privilégions une croissance organique. C'est important pour nous d'avoir une bonne ambiance au bureau. Plus important encore, nous nous sommes développés avec nos propres fonds. Nous ne sommes pas une startup et n'avons jamais levé d'argent, cela nous a permis de nous amuser, d'être justes, inspirants, et de prendre soin de l'environnement. Nous avons une structure horizontale, donc si nous divergeons et commençons à faire des choses vraiment stupides, l’équipe ne manquera pas de nous le faire savoir.
"Aujourd'hui, être durable n'est pas unique. Ce qui est unique, c'est d'être 100% durable, notre objectif final." 63
04/ MIND SET/ 64
En quête de sens par Jonathan Azoulay Les clés de l’empowerment par Deborah Rippol
65
Une génération en quête de sens Jonathan Azoulay
Cofondateur de de Talent.io
Un changement de paradigme C’est complètement par hasard que Jonathan se retrouve à travailler dans le recrutement, à la fin de ses études en 2005. « A l’époque, c’était un marché que je ne connaissais pas et qui ne m’intéressait pas du tout. J’ai commencé à travailler dans un cabinet de recrutement anglo-saxon car j’avais un pote qui y bossait et qui touchait une prime s’il co-optait quelqu’un ! Au bout de 24h je savais qu’au niveau culture d’entreprise ça ne le ferait pas du tout. »
rentré de voyage et je n’avais qu’une idée en tête, monter ma boite. On était en 2008 et malheureusement pour moi ce n’était pas le meilleur moment pour créer une startup et lever des fonds... »
Il décide quand même de se lancer, sur un marché moins tech mais qu’il connaît bien : le recrutement. « J’ai monté mon propre cabinet de recrutement, Urban Linker, spécialisé dans les métiers du digital car je voulais quand même me rapprocher de ce secteur de l’innovation. » Urban Linker arrive avec une approche marketing plus moderne et un process de recrutement tourné vers l’expérience. Une bouffée d’air pur sur un marché vieillissant afin de répondre au Jonathan va quand même y rester un peu plus mieux aux attentes de ces nouveaux métiers et de 3 ans pour « apprendre d’une grosse boite et ces nouveaux profiles. me prouver à moi-même que je pouvais y arriver ». Un voyage autour du monde s’en suit pour se changer les idées, à un moment où l’économie mondiale commençait à vaciller. « Je suis 66
67
Mindset
« On a très vite rencontré un énorme succès car on avait
En 3 ans la startup a réalisé plus de 2 000 recrutements,
une approche vraiment différente des cabinets de re-
et ambitionne de devenir le plus important service de
crutement traditionnels qui eux n’avaient pas cet ADN.
recrutement d’ingénieurs d’Europe dans les prochaines
» Le cabinet se développe très bien, atteint une ving-
années.
taine de collaborateurs et prend rapidement une place de leader sur ces métiers de la tech et du digital. Jon-
En se concentrant sur l’expérience, en sélectionnant et
athan s’intéresse alors à la technologie sur ce marché
en ne rendant visibles les candidats que pendant 1 mois,
qui ne s’était finalement pas encore fait « disrupter » et
Talent a réussi à créer de la valeur des deux côtés de la
qui s’avérait de plus en plus tendu. « Fin 2014, j’ai com-
chaîne.
mencé à réfléchir à développer une plateforme de recrutement sélectif, seul moyen pour moi d’atteindre un model scalable. » Il commence à en parler autour de lui et un de ses amis lui conseille d’échanger avec des entrepreneurs en train de développer la même chose dans la Silicon Valley. « Ces mecs c’étaient Nico et Amit (Nicolas Meunier et Amit Aharoni, cofondateurs de Talent.io, ndlr). Nous avons finalement décidé de monter le projet ensemble. Même si nous ne nous connaissions pas, nous étions parfaitement complémentaires. » Jonathan avait une expérience métier, Nicolas et Amit avaient l’expertise tech, ayant déjà monté une plateforme qu’ils avaient revendu à TripAdvisor. Ils se lancent en mars 2015 en remote, Jonathan en France, Amit et Nicolas aux Etats-Unis. « On s’était fixés une phase de test avec un objectif à atteindre en 100 jours pour valider notre projet. Cet objectif nous l’avons atteint en 1 semaine, ce qui a poussé Amit et Nico à venir s’installer à Paris un peu plus rapidement que prévu. » Depuis, la startup s’est développée, a levé 10 M€, racheté un concurrent en Allemagne et compte désormais une équipe de 90 collaborateurs répartis dans 3 pays (France, Allemagne et Royaume-Uni). « On a développé un modèle extrêmement efficace puisqu’aujourd’hui un candidat sur 4 visibles sur Talent trouve un job ».
68
« Beaucoup de plateforme se concentraient sur la création de valeur pour une seule des deux parties. En permettant un recrutement rapide pour les candidats et des profils sélectionnés pour les entreprises, tu évites le fameux problème de l’œuf et la poule. Ta croissance est beaucoup plus forte ! » Une vraie révolution sur un marché du recrutement jusqu’alors adressé par les joboards, cabinets de recrutement ou réseaux sociaux professionnels, tous de moins en moins adaptés à un marché en plein mutation. Jonathan en témoigne, « la génération des millennials fait preuve d’une recherche de sens incroyable ! » En effet, les actifs de 20-35 ans semblent accorder aujourd’hui une importance toute particulière à la mission de l’entreprise pour laquelle ils travaillent ainsi que le sens qu’ils en retirent. Autonomie, leadership, flexibilité autant d’attentes qui définissent une révolution sociétale que Talent vit également de l’intérieur, puisque plus de 80% des effectifs ont moins de 30 ans.
"On est en train de construire un monde sur de nouvelles bases, un monde plus créatif qui favorise la prise d’initiative."
S & S
SENS &LEADERSHIP Pour Jonathan, les sociétés se développaient depuis la révolu-
tion industrielle avec un modèle managérial très hiérarchique qui bridait beaucoup la créativité et la capacité d’épanouissement. « Le sujet de la fuite des talents dans les grands groupes c’est exactement ça ! On est rentrés dans l’âge de la multitude car les gens ont besoin de se révéler autrement aujourd’hui. Le cadre très défini qu’offre les grands groupes ne parle plus aux jeunes générations. Le principal enjeu quand tu montes une boite maintenant c’est de mettre en place des modèles de gouvernance qui te permettront de recruter les talents dont tu as besoin. Créer de l’autonomie pour créer de la responsabilisation et les laisser tranquilles ça ne fonctionne pas. Mais si tu crées les règles pour favoriser l’émergence de projets et de leaders alors là ça fonctionne. » Un modèle à part entière que les fondateurs cultivent depuis le lancement de Talent. « Nous avons cherché à mettre en place un modèle d’organisation qui permette à nos salariés d’avoir une nouvelle relation avec leur travail. C’est parfois dur à canaliser car cela entraîne des attentes très fortes, mais c’est très excitant ! » Pour Talent, cela est passé par le développement d’une culture d’entreprise dédiée et ouverte à cette recherche de sens. Cela se résume par des valeurs, connues de tous : Take ownership – Think team – Make impact. Et par deux principales mesures.
Ouvrir le capital aux salariés. Pour les fondateurs de Talent il était inenvisageable de pas as-
socier l’équipe à la création de valeur à laquelle ils participent. « Cela permet de mettre tout le monde dans le même bateau et dans le même sens. Quand tu montes une startup, tu pars d’une feuille blanche. Donc si tout le monde a envie de l’écrire avec toi, tu construis quelque chose d’encore plus fort, plus vite et plus grand ! » Il faut par la suite créer un environnement qui fluidifie la communication, pour favoriser l’émergence de leaders, rassemblés dans ce que Jonathan appelle « l’intelligence collective. »
Ownership
Chez Talent tout tourne autour d’un mot : l’ownership, ou comment pousser ses salariés à devenir intrapreneur et prendre en charge des mini-projets. « Cela passe d’un nouveau training pour les commerciaux ou l’amélioration du workspace, tout est disponible dans un outil dédié en ligne et tout le monde peut proposer ses idées. » Chacun peut en prendre la responsabilité, sans aucune compensation financière. Le process d’appropriation est clair : définition du projet, axes d’initiative, mise en place d’un advice committee avec au moins 5 autres personnes impactées par le projet, présentation devant l’ensemble de la startup et suivi de l’impact. « Cela permet entre autres de faire émerger un middle management très engagé et de révéler les leaders qui feront avancer la boite dans un esprit très entrepreneurial. Cela répond en partie à leur quête de sens. » 69
Mindset
"La génération des millennials fait preuve d’une recherche de sens incroyable." Mais pour Jonathan « demander ou ordonner de développer tel
nouveau monde ne corresponde pas à tout le monde mais il ne
ou tel projet ne marche pas. Il faut impliquer, réfléchir, instau-
faut pas tout mélanger. »
rer un process d’itération, et responsabiliser devant l’ensemble
Pour Jonathan le modèle est vertueux quand tous les intérêts
de la team. Cela pousse à faire émerger les idées et cela marche
sont alignés et qu’il n’y a pas de déséquilibre au départ. « Cela
dans 75% des cas. »
demande un engagement fort et des sacrifices que tout le monde n’est pas prêt à faire. Je ne dis pas que c’est le modèle
Pour Talent, cela a également permis à tout le monde de com-
parfait mais pour ceux qui cherchent dans leur travail un
prendre que pour évoluer dans la startup cela passait aussi par
facteur de sens et d’épanouissement personnel, alors c’est un
la participation à cette « intelligence collective » et par la ca-
modèle qui y répond parfaitement. »
pacité à prendre en charge des projets. Mais Jonathan prévient
70
que cela ne convient certainement pas à tout le monde. « Il
L’empowerment donc, cette opportunité offerte à un individu
y a beaucoup de détracteurs au ‘‘modèle startup’’ et à cette
de prendre part et d’agir, moteur d’une révolution sociétale
nouvelle façon de manager. Si l’on reste dans une relation
actuelle et au cœur de l’entreprise de demain puisque les mil-
employeur- employé, cela ne marchera pas. On est en train de
lennials représenteront 75% de la population active d’ici 2025. A
construire un monde sur de nouvelles bases, un monde plus
défaut, les talents partiront ou sauteront le pas pour créer leur
créatif qui favorise la prise d’initiative. On comprend que ce
propre aventure et continuer à inventer le monde de demain.
Jonathan Azoulay
71
Pour faire progrésser votre équipe. Donnez lui les clés Déborah Ripol
Head of Talent chez Alan.eu
Elle vous étonnera. Pourquoi et comment la communication, la responsabilité et la transparence sont les ingrédients des entreprises à succès. Pourquoi une entreprise réussit-elle ? Parce qu’elle résout des problèmes importants vite et bien. L’égo mal placé, les non-dits, l’incertitude et l’impossibilité de l’échange sont des facteurs de stress et de ralentissements. Chez Alan nous en sommes convaincus. Mais pour y arriver, il faut quelques ingrédients bien dosés et une culture d’entreprise forte. Avant de vous dévoiler nos coulisses, rappelons qu’il n’existe pas de recette magique. Avant de rejoindre Alan, j’ai travaillé dans plusieurs entreprises assez différentes : IBM, Startup Weekend, WeWork et Buffer. Les choix d’organisation et de gestion d’équipe sont essentiels et impactent fortement l’avenir de l’entreprise (sans pression !). Il existe autant de modèles d’organisation que d’entreprises, de marchés, d’états d’avancement, etc. Plutôt que de copier-coller certaines pratiques, adaptez-les à votre fonctionnement et à votre identité.
72
De mes expériences, je retiens 3 valeurs partagées par les entreprises à succès
La communication La responsabilité La transparence 73
Mindset Avez-vous écrit votre culture noir sur blanc ? Si votre organisation interne va fortement évoluer, votre culture, elle, est pérenne. Elle constitue le socle de votre organisation. C’est chez Buffer que j’ai constaté le pouvoir d’une culture d’entreprise forte, même en 100% remote et sans bureaux. L’équipe a commencé par définir ses valeurs et s’en sert tous les jours pour toutes les décisions importantes, y compris pour le recrutement. Peu importe les différences d’opinion, cela permet à l’équipe de rester soudée autour de bases communes. Cette culture doit être bien comprise, partagée et intégrée par toute l’équipe. Problème : beaucoup pensent que la culture d’entreprise est naturelle et implicite. Pourtant, si elle n’est pas écrite chacun en aura sa propre interprétation. Chez Alan, les 3 piliers de notre culture sont au cœur de tout (politique de recrutement, productivité, méthodes de travail) et elle a été écrite dès le jour -1 par les fondateurs. Entrons dans le vif du sujet : comment ces 3 piliers (communication, transparence, responsabilité) sont retranscrits concrètement dans notre organisation ? Éliminez les éléphants dans la pièce Pour être la plus efficace possible, notre communication interne a été définie de manière précise. Quels sont les canaux de communication ? À quelle fréquence et dans quel but sont-ils utilisés ? Quels sont les rendez-vous récurrents ? Comment partager l’information (forme et fond) ? Pour permettre aux messages de circuler au mieux, sans stagner, ni se perdre.
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Deborah Ripol
Sans vous noyer sous les détails, voici deux ingrédients forts:
Argumenter
Chaque membre de l’équipe explique et partage aux autres le pourquoi et le comment de ses décisions. Cela permet de bénéficier des retours des pairs et de se nourrir des bonnes idées de chacun. Bref, de s’appuyer sur l’intelligence collective.
Hello l’écrit
Bye-bye les meetings. Ils prennent du temps, coupent les phases de concentration, favorisent les pros de la rhétorique. Nous préférons le caractère asynchrone de l’écrit. Concrètement, les meetings sont remplacés par des “issues” dans GitHub. Plus de 1000 ont été ouvertes et fermées jusqu’ici. Vous saurez tout sur le sujet ici.
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Mindset
Faites confiance à vos équipes Elles vous le rendront bien plus que vous ne l’imaginez. Chez Alan, les objectifs de l’entreprise sont partagés et le pouvoir réparti entre chacun de ses membres, quel que soit son poste. Attention, il ne s’agit pas de “déléguer” mais d’aller beaucoup plus loin et de leur donner les clés. Le but est d’impliquer chaque salarié dans la vie de l’entreprise. Chacun peut prendre des décisions très vite et à grande échelle. Cette autonomie attire les meilleurs talents. Ils cherchent la liberté et veulent avoir de l’impact. Chacun vise l’excellence dans son travail et progresse très vite.
Fonctionnez selon des objectifs hebdomadaires
La première chose est bien-sûr de définir ces objectifs. Ils ne doivent pas être trop nombreux et surtout ils doivent être atteignables. Aucun problème n’est trop ambitieux à partir du moment où il est décomposé ! Chez Alan, nous les définissons ensemble chaque mardi et un résumé est envoyé le lendemain à toute l’équipe et aux actionnaires. La prise de décision est rapide et la motivation forte avec la satisfaction d’avancer en permanence. Les équipes relèvent des défis importants sans appréhension, chacun progresse au même rythme que l’entreprise.
Cultivez la transparence
Qu’il soit positif ou constructif, le feedback est le meilleur moyen pour chacun de s’améliorer et d’éviter d’afficher une harmonie artificielle dans l’équipe. L’idée est que tout le monde le demande et en ait besoin.
Comment faire un feedback de qualité ?
1. Se concentrer sur le comportement et non sur la personnalité 2. Être précis pour éviter une remise en question globale du travail 3. Éviter les termes négatifs. Ce que l’on cherche c’est un résultat positif ! Utiliser les « mais » a tendance à créer un comportement défensif par exemple. 4. Mettre l’ego de côté. On peut autant parler de succès que d’échecs !
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Deborah Ripol
Faites des rendez-vous individuels
Chez Alan, un moment privilégié le matin est le 1:1 fait en duo toutes les deux semaines. Le 1:1 n’est pas un point sur les objectifs en cours. C’est un moment dédié à deux personnes pour discuter, apprendre et grandir. Chez nous, il prend la forme d’une balade dans le quartier. On peut s’y demander : « Qu’est ce qui te motive ? » « Est-ce qu’on travaille sur le bon sujet en ce moment ? » « Si tu étais à ma place qu’est-ce que tu changerais ? ». L’harmonie que cela créé entre les membres est impressionnante. C’est le meilleur moyen de faire émerger des idées brillantes, d’évacuer des frustrations ou d’évoquer des voies d’amélioration. C’est un cercle vertueux. Pour pouvoir prendre de bonnes décisions, les équipes doivent être au courant de tout. Que ce soit les levées de fonds, les recrutements, les nouveaux projets. Même les grilles de salaires sont publiques. Cela permet d’éviter toute frustration et de renforcer l’engagement de chacun. Aucun modèle n’est universel. Posez-vous les bonnes questions au regard de votre équipe et du contexte dans lequel vous évoluez. Soyez analytique et non pas naïf. Qu’est-ce qui fera votre succès ? Inspirez-vous, lisez, échangez, rencontrez et nourrissez-vous de l’extérieur pour trouver la recette du bonheur de vos équipes.
"Il ne s’agit pas de déléguer mais d’aller beaucoup plus loin et de leur donner les clés."
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05/ TA LENTS/ 78
Expositions par Cory Gehr Le soleil d’Acapulco avec EFA
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Cory est né, a grandi et vit à Los Angeles. Il est diplômé de l’Université de Hawaii en Creative Media, et travaille aujourd’hui comme Content Creator chez ROSEWOOD. Utilisant aussi bien la photo que la vidéo pour s’exprimer, Cory s’attache à capturer l’essence de l’humanité et de la nature. Avec une passion assumée pour le surf et l’outdoor, Cory s’est dernièrement ouvert à d’autres univers créatifs, de la musique, aux artistes en passant par la mode. Cory est un photographe singulier, témoin d’une génération de jeunes créatifs touche à tout, ouvert sur le monde et en mouvement perpétuel, sachant capturer la puissance d’une vague comme le calme du réveil de Los Angeles.
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Cory Gehr Photographe
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Talents
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Cory Gehr
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Cory Gehr
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Cory Gehr
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Cory Gehr
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Escape From Acapulco Music Band
Houston, Ici Escape. De passage à Paris, Swenson a rencontré le groupe Es-
« Les influences du groupe sont diverses et variées mais
cape From Acapulco, EFA pour les intimes. Un groupe de
nous nous sommes cependant compris sur le fait que
potes à l’ambiance familiale puisque Kevin le chanteur
nous aimions la funk et la pop, que Earth Wind & Fire
et Waren le batteur sont frères. Un nom qui sonne bien
et Chic c'est cool, mais que Destiny’s Child c'est lourd ! »
et qui ouvre tout de suite sur l’univers décalé de cette joyeuse petite bande.
Un style singulier que Waren résume en fermant les yeux par « laisser la batterie te donner ce petit déhanché qui
« Escape from Acapulco c'est la fusion entre deux films
te donne envie de danser et simplement faire la musique
: Escape from New-York de John Carpenter avec son
qu'on aime. Une bonne basse, des bons riffs de guitare
côté futuriste sombre et la bande son très synthétiseur
avec des synthé totalement kitch et la voix subtile mais
VHS, et Fun in Acapulco de Richard Thorpe qui est une
provocatrice de Kev.. »
comédie avec Elvis Presley dans le rôle d'un plongeur de l'extrême à Acapulco. Beaucoup de chemises de toutes
Des paroles en anglais écrites par Kevin et Nicolas, « de
les couleurs et une bande son au refrain facile. »
façon à ce que tout le monde puisse nous comprendre. On a tous une culture musicale anglophone, donc ça
A l’origine une histoire de copains qui voulaient juste
nous paraissait plus naturel de chanter dans cette langue
s’amuser ensemble, composer et impressionner les filles
». Et qui permet aussi de chanter pour Emma Watson à
du lycée. Plusieurs univers musicaux, plusieurs styles.
qui le groupe a dédié un morceau, et dont Waren semble
« De fil en aiguille le groupe a évolué, changé de style
secrètement amoureux.
pour atteindre son paroxysme le plus total qu'est EFA aujourd’hui. » Il naît de cette union un style unique, une
Le groupe est actuellement au travail en train d’enregis-
pop acidulée qui vous rappellera forcément un air fam-
trer son nouvelle EP qui sortira vers la rentrée sous son
ilier, puisé dans les années 70, le punk et le garage. Cha-
propre label, IMPER BLAZER. « On a envie de pren-
cun apporte sa petite touche perso, Nicolas le guitariste
dre notre temps pour affiner nos armes et revenir avec
étant plus funk, Mathias aux synthés plus pop alors que
quelque chose de très fort. » Une programmation qui
Waren à la batterie et Kevin au chant sont eux plus house
s’intensifie avec plusieurs dates cet été mais Kevin nous
ou électro.
prévient « nous nous laissons beaucoup de temps pour la composition ».
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PREMIER DISQUE Mathias : L'école dû micros d'argent de IAM Kevin : Back in Black de ACDC Waren : Nuttea TRACKS PRÉFÉRÉS Waren : Everybody Get Down de Alfonso Mouzon // Kevin : Valerie de Steve Winwood // Mathias : I can't go for that de Hall & Oats // Nicolas : Street Life de Randy crawford MUSIQUE DU MATIN Kevin : No no no de Nathan Melja // Matthias : Mister blue sky de Electric Light Orchestra // Waren : Bonne journée de Rohff // Nicolas : Time to get away de LCD Soundsytem MEILLEUR SOUVENIR La puissance de la sono de Solidays ! PIRE SOUVENIR D'avoir fait pleurer un bébé !
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06/ PLACES/ 102
Le futur du design avec Nate Pinsley
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Explorer le futur du design Nate Pinsley
Managing Director de A/D/O
Depuis quelques années, Brooklyn est le berceau mondial de la créativité et du design. Rien d’étonnant donc à ce que le constructeur automobile MINI, auto-proclamé « entreprise de design émotionnel », ait décidé d’ouvrir son espace dédié à la créativité, A/D/O, début 2017 à Greenpoint. Avec un workspace de plus de 2 000m2 qui ne ressemble à aucun autre, A/D/O rassemble une communauté de designers et créatifs venus explorer ensemble l'avenir du design. Nathan Pinsely, le directeur général de A/D/O, nous fait visiter l’espace et nous explique ce qui rend le processus de création si unique ici, ainsi que le lien avec la marque MINI.
104
105
Places
Nate, peux-tu nous en dire un peu plus
ers. Il y avait donc une vraie opportunité
Notre objectif chez A/D/O n'est pas sim-
sur l'initiative A/D/O ?
pour nous de créer un espace pour ces
plement de soutenir le design thinking
A/D/O est l'abréviation de Amalgamat-
métiers qui interagissent rarement entre
aujourd’hui, mais bien de stimuler une
ed Drawing Office, qui était le nom de la
eux, comme l'architecture, le graphisme,
conversation sur ce qui va se passer dans
première équipe de design chez MINI en
le design ou la mode. Notre définition
5 ou 10 ans. Ces sujets sont au cœur de
1959. Aujourd'hui, l'idée avec A/D/O est
du design est large, et notre espace re-
tout ce que nous organisons ici, à travers
d'offrir à la marque un espace dédié à la
flète cela. Nous avons testé l'idée avant le
des ateliers, expositions, performances
créativité, avec une nouvelle approche de
lancement et reçu des retours positifs à
culturelles ou événements.
l’innovation. MINI devient en effet une
Brooklyn. Certaines personnes nous ont
marque lifestyle. Donc, plutôt que de
même dit qu'être à A/D/O leur rappelait
Quel est l'objectif de MINI dans l'ouver-
faire les choses secrètement derrière des
l’université !
ture de ce type d'espace ?
portes closes et d'essayer de comprendre
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MINI souhaite devenir une marque
les futures tendances de cette façon, nous
Vous ne définissez pas A/D/O comme
globale qui améliore la vie en ville. Pour
voulons engager la communauté créative
un espace de coworking, mais un es-
ce faire, nous avons plusieurs initiatives
et les designers dans une conversation
pace dédié à la créativité. Quelle est la
qui vont dans ce sens. Par exemple, nous
bénéfique pour tous. A/D/O est un lieu
différence ?
avons lancé MINI Living, une solution
où les gens peuvent venir travailler sur
MINI a un programme de recherche très
de coliving à Shanghai. MINI Fashion,
leurs projets, partager des studios de
dense. Au-delà de l’accès à l’espace, des
une autre initiative, est dédiée à l'avenir
création, échanger sur leur expérience ou
fablabs et des équipements que nous
du design dans la mode. Enfin, Urban X
assister à des événements. Tout le monde
mettons à la disposition des designers,
est l’incubateur de la marque dont l’ob-
est libre de travailler sur ses propres su-
nous accueillons des programmes de re-
jectif est d’identifier et d’investir dans des
jets, mais l'idée est de lier toutes ces per-
cherche et des résidences de différents
startups. Ensemble, toutes ces activités
sonnes par la même curiosité quant à
types chez A/D/O.
marquent l’importance pour nous de
l'avenir du design. C'est ce qui nous rend
L'espace a hosté plus de 200 événements
nous diversifier dans le design et dans
un peu différent. Nous ne sommes pas un
depuis son ouverture en janvier 2017. Au
la tech. A/D/O est le laboratoire pour la
simple espace de coworking.
cœur de A/D/O, nous avons créé la De-
recherche et les études. Toutes ces nou-
sign Academy, un programme destiné à
velles business units et tous ces produits
Pourquoi MINI a décidé d'ouvrir A/D/O
favoriser le développement artistique.
que nous développons ont pour seul ob-
à Brooklyn ?
La DA propose des événements avec des
jectif de nous aider à mieux comprendre
Nous avions la possibilité d'ouvrir l'es-
verticales et des formats très différents,
ce dont le futur sera fait.
pace dans différents pays. Nous avons
tous dans l’expérimentation, mais unis
regardé où il y avait un capital créatif
par l'idée que nous cherchons ce que sera
existant et pris en compte d’autres fac-
l'avenir du design, à travers des intersec-
teurs. En fin de compte, Brooklyn nous
tions intéressantes avec la science, la poli-
a attiré car elle regroupe la plus grande
tique ou l'économie.
communauté de créatifs par habitant au
Par exemple, le mois dernier, nous avons
monde. Nous sommes intéressés par tous
accueilli des chercheurs de la NASA et
les secteurs dans lesquels les milliers de
des médecins travaillant sur l'air, la façon
créatifs travaillent ici. Au-delà de ça, NYC
dont nous interagissons avec l'air, com-
avait beaucoup d'espace de coworking,
ment nous l'utilisons, comment nous le
mais très peu étaient dédiés aux design-
traitons ou comment il nous soutient.
"Au cœur de A/D/O, nous avons créé la Design Academy, un programme destiné à favoriser le développement artistique."
A/D/O
D'autres constructeurs automobiles
honnête, nous réfléchissons toujours à la
Tu as mentionné l'incubateur de start-
mènent des initiatives similaires. Par
façon de partager tout ce qui se passe ici,
ups de MINI, Urban X, également in-
exemple, Jaguar Land Rover a ouvert
que ce soit pour les équipes MINI ou le
stallé dans les murs de A/D/O. Quelle
un espace de coworking à Shoreditch, à
monde entier en général. Nous pourrions
est sa mission ?
l'est de Londres. Comment expliques-tu
tout rassembler et partager avec du con-
La mission d'Urban X est de « concevoir
cette tendance, et en quoi celle de MINI
tenu en ligne, ou publier des livres ou des
la ville comme un service ». Nous recher-
est-elle différente ?
rapports. Mais ce que nous avons appris
chons des startups de l’urban tech, que ce
Il y a beaucoup de forces qui poussent l'in-
depuis l’ouverture de A/D/O, c'est que la
soit des capteurs, un moyen de mobilité
dustrie automobile à innover. Les oppor-
meilleure façon d’engager les gens dans
ou des nouveaux produits ou services ori-
tunités de changement et de croissance
ces réflexions était encore de les faire par-
entés B2C. N’importe quoi tant que cela
sont incroyables. Je dirais que MINI se
ticiper en personne.
améliore la vie en ville. Plus de 20 start-
différencie de plusieurs façons. Première-
Encapsuler les longues conversations
ups ont déjà été incubées, dont la moitié
ment, nous sommes une communauté
et débats qui se passent chez A/D/O est
étaient des projets de hardware. Nous
et nous créons une expérience complète
compliqué. Oui, nous pourrions les ré-
rentrons au capital des projets en inves-
en nous concentrant sur des opportu-
sumer dans un article ou faire une vidéo
tissant environ 100 000 USD, tout en leur
nités business bien réelles. Les gens ne
de 30 secondes, mais nous ne croyons pas
donnant accès à notre communauté d'ex-
passent pas ici par curiosité. Pour beau-
que ce soit le meilleur moyen de part-
perts, avec la puissance de frappe d'une
coup, cet espace est un bureau, un studio
ager les idées dont nous discutons ici. À
marque comme MINI. Peu d’incubateur
et un fablab. A/D/O les soutient dans la
nos yeux, le meilleur moyen reste encore
ont cela.
création de projets qui n’ont pas encore
d’organiser un événement dans lequel
été créés jusqu’à maintenant. Nous avons
nous invitons 40 experts et des personnes
Dernière question. Quel est ton par-
par ailleurs décidé que la marque serait
de notre équipe. Cela aura beaucoup plus
cours et ton rôle au sein d'A/D/O ?
totalement absente du lieu. Nous ne vou-
d'impact sur leur travail. A/D/O reste un
J'ai commencé ma carrière dans le con-
lons pas parler de nous-mêmes ici parce
espace en accès libre, alors n'hésitez pas
seil en stratégie, en accompagnant des
que le but de cet espace est justement de
à venir !
sociétés dans l’identification de leurs
nous ouvrir à l'extérieur. Si vous inonder
prochains défis. J'ai pu travailler avec
un lieu avec l'histoire de votre marque,
de startups comme des grands groupes.
vous travaillez dans le présent. Mais si vous voulez vous ouvrir à ce que l'avenir peut vous offrir, même si c'est surprenant, différent ou inattendu par rapport à ce que vous êtes aujourd'hui, vous devez dépasser votre ego et être humble. Ceci étant dit, quel est le lien au quotidien entre la marque et A/D/O ? Comment l'innovation issue de A/D/O alimente-t-elle les équipes MINI ? Chez A/D/O nous générons des tonnes d'idées, de discussions, de débats, de nouveaux sujets et de tendances. Pour être
"Notre objectif est de stimuler une conversation sur ce qui va se passer dans 5 ou 10 ans."
Chez A/D/O, je suis un « entrepreneur in residence ». Concrètement cela signifie que je gère l’équipe A/D/O, organisée comme une entreprise indépendante, et je suis le garant de la structuration et de la façon dont nous créons la communauté ici. L'autre partie de mon travail consiste à réfléchir à la façon de transformer tout ce que nous avons développé ici chez A/D/O en un programme beaucoup plus vaste et impactant au niveau mondial, pour relever certains des plus grands défis auxquels le monde est confronté aujourd'hui. 107
Places
L'espace a été rénové par le cabinet nARCHITECTS, basé à Brooklyn, dont la mission a été de promouvoir la vision unique de la marque. Les visiteurs entrent dans un patio aménagé de meubles d'extérieur tout en couleur et arrivent dans une pièce ouverte de style industriel avec des sièges disponibles au public. La pièce maîtresse de l’espace est incontestablement ce périscope massif au milieu de la pièce, qui offre une vue imprenable sur la fresque audacieuse de l'artiste Mike Perry peinte sur le toit du bâtiment.
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A/D/O
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Nate Pinsley - Managing Director de A/D/O
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A/D/O
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07/ IN STRU CTORS/ 116
Une histoire de concurrence avec Des Traynor Trouver sa plume avec Nicole Bianchi
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Concurrent, mais pas trop Parfois, vos clients veulent vraiment utiliser votre produit, mais ils veulent aussi quelque chose d'autre qui n'est tout simplement pas compatible avec ce dernier. Les gens veulent être minces et en bonne santé, mais ils veulent aussi boire un Coca et booker une table chez Big Fernand McDonalds et Weight Watchers vendent des produits très différents, mais ils ciblent la même personne, celle qui mange. C'est ce qu’on appelle la concurrence indirecte. Vos concurrents directs ont eux la même proposition de valeur que vous. Si vous voulez un burger, McDonald's et Burger King sont deux alternatives possibles, qui satisferont votre envie de manière quasi identique. Contrairement à vos concurrents indirects, l’option bis vous concurrence par le résultat. Par exemple, les vidéoconférences et les vols en business class sont en concurrence sur l’organisation d’une réunion d'affaires, mais proposent des alternatives différentes.
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Des Traynor
Cofondateur & Chief Strategy Officer de Intercom
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Instructors
En concurrence indirecte, le client souhaite
Le problème ? Ils avaient beau aimer l’idée de
répondre à deux besoins qui sont eux-mêmes en
faire de l’A/B test sur leur app, ils voulaient aus-
concurrence l’un avec l’autre. Les softwares sont
si garder leur code propre, lisible et stable. Ils ne
sujets à ce type de conflits tout le temps :
voulaient pas ajouter de JavaScript dans leur app
« Je voudrais autoriser des paiements sur mon produit, mais en même temps minimiser la quantité d'intégrations de parties tierces que nous utilisons. » « Je veux ajouter cet outil d'analyse, mais je souhaite également optimiser le temps de réponse. » « Je souhaite savoir sur quoi mon équipe travaille, mais je veux rester dans un environnement de travail basé sur la confiance. »
pour faire des tests, aussi intéressants soient-ils, donc ils n’utilisaient pas la solution. Pour répondre à ça, notre client a créé une séquence de relance qui minimisait l’importance d’un code propre et mettait en avant son produit. Il a envoyé ce message aux non-user le troisième jour : « Si personne n’utilise votre produit, à quoi ça sert d’avoir un code tout propre ? » Le septième jour, il envoyait un nouveau message en début de journée : « Ce matin, votre équipe peut encore développer du code ou rentrer plus de clients. Qu’est-ce que vous préférez ? Ces messages ont été efficaces. Beaucoup ont entraîné des instal, certains ont donné lieu à des débats techniques. Mais dans tous les cas cela a permis de faire remonter beaucoup d’insights,
Cela va à l'encontre de toute logique, mais l’être
ce qui est ce dont vous avez le plus besoin quand
humain arrive parfaitement à nourrir des opin-
vous commencez.
ions et des désirs contradictoires. Nous voudrions avoir le beurre et l’argent du beurre.
Connaître vos vrais concurrents L'ancien Président de CNN, Jonathan Klein, avait
Il y a deux forces conflictuelles ici. L'attrait du
la bonne définition de sa concurrence indirecte
résultat de votre produit versus l'autre produit. Vo-
lorsqu’il disait : « Je suis plus inquiet par le mil-
tre marketing devra rendre l’autre option moins
liard d’utilisateurs de Facebook que par les 2 mil-
attractive, ou repositionner votre produit pour
lions de téléspectateurs de Fox News. »
qu’il ne soit plus en conflit. En réalité, vos clients ne testent pas votre proGérer votre concurrence indirecte
duit en vase clos, mais avec tous les autres pro-
Voici le cas d’un client d'Intercom qui était per-
duits, services et idées qui retiennent leur atten-
plexe sur son produit. Des centaines d'entrepris-
tion. Certains d'entre eux seront en concurrence
es s’étaient enregistrées pour utiliser sa solution
avec votre produit, et d’autres vont le contredire.
d’A/B test, mais très peu avaient converti après le
A vous de bien comprendre toutes ces forces en
la période d’essai. Tous les clients voulaient vrai-
présence pour les contrecarrer en mettant l’effort
ment utiliser le produit, savaient comment l'uti-
sur le marketing.
liser, et avaient compris sa valeur. Ce client a donc utilisé Intercom pour envoyer des messages à ces utilisateurs et identifier le problème. 120
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L’être humain arrive parfaitement à nourrir des opinions et des désirs contradictoires
Comment donner confiance à ton audience en écrivant de manière conversationnelle L'autre jour, je parcourais ma boîte mail lorsque je suis tombée sur un mail étrange qui commençait par, « Cher Monsieur / Madame ». Le premier paragraphe disait: « Je vous prie de bien vouloir m’excuser de vous importuner ainsi en vous demandant humblement de m’aider à régler un problème lié à une transaction. Je suis tombé sur vous en recherchant dans mon réseau quelqu’un de confiance qui pourrait m’aider à finaliser cette transaction de manière confidentielle. » Wow, cette formulation semble tout droit tirée d’un roman de Dickens. J'ai rapidement cliqué sur “Supprimer”, en me doutant qu’il s’agissait d’un scam. Tu as probablement déjà reçu ce genre de mails. Et peut-être ri comme moi de ce ton distant, froid et trop formel. Cela semble être la marque de fabrique de ce type de spams. Cependant, il n'y a pas si longtemps, personne n'aurait ri d’une telle syntaxe. C'est le style que la plupart des gens auraient utilisé s'ils avaient voulu se montrer polis et professionnels. 122
Pissaes eaqui ctetur autat asdusd olupis sequiae sende. Nicole Bianchi
“Ibeatem untemol oreicipis eum reped untiusit ipidev eliquid quostia taspedictiae nonsen istrum con Writer nisinull oresto beatenon consedit modioribus.”
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En fait, ton professeur de français t’a même probablement enseigné un style académique proche de celui-ci quand tu étais à l'école. Langage fleuri. Longs paragraphes. Grammaire précise. Pas de contraction. Et puis est venu le temps d’Internet. Au fil du temps, tout le monde, des blogueurs aux grandes marques, s'est rendu compte qu’écrire avec un style conversationnel était un moyen beaucoup plus puissant d'engager et de se connecter avec son interlocuteur. L'écriture formelle cache ta personnalité et peut faire douter ton audience de ta sincérité. Cela apparaît parfois comme prétentieux et est également difficile à lire. Si tu veux communiquer avec tes lecteurs ou tes clients et qu’ils te fassent confiance, parle-leur comme à un bon ami. Kurt Vonnegut a observé, le style d'écriture qui vous est le plus naturel doit faire écho à ce que vous avez entendu étant enfant ... J'ai plus confiance dans ce que j’écris, et j’ai l’impression que les autres aussi, quand je parle comme quelqu'un d’Indianapolis, qui est la ville d’où je viens. La bonne nouvelle c’est qu’écrire avec un style conversationnel peut être très amusant. La mauvaise c’est qu’il est parfois dur de s’affranchir de ce que l’on t’a appris à l'école. C'est pourquoi je vais te partager ici ma check-list en 8 points pour bien écrire avec un style conversationnel. C'est celle que j'utilise pour m'assurer que mon écriture ressemble bien à la conversation que j’aurais eu en prenant un café avec un ami, et pas une conférence que j’aurais pu donner à l'Université, ou un mail d’un ami venu de très loin qui a besoin de moi pour une transaction douteuse. Tu peux aussi bien l’utiliser pour écrire un article pour ton blog, un mail, un contenu pour ton site web ou, en fait, chaque fois que tu veux que ton message fasse écho à tes lecteurs.
1. Écrire à un seul lecteur
La première étape pour rendre ton style conversationnel est d'imaginer que tu écris à une seule personne, quelqu’un de proche, et non à une foule de lecteurs. Compare, par exemple, la différence entre ces deux phrases : 124
Instructors « Si le sujet vous intéresse, vous trouverez plus d’informations ci-après. » « Si tu souhaites en savoir plus, tu trouveras toutes les informations complémentaires ici. » C'est un changement subtil, mais la deuxième phrase semble beaucoup plus personnelle et amicale que la première. J'ai appris cette astuce de John Steinbeck et trouvé que, parfois, il est utile de choisir une personne - une vraie personne que vous connaissez, ou une personne imaginée et d'écrire à celle-ci. Et oui, cela signifie de ne jamais ouvrir un mail commençant par « Cher Monsieur / Madame ». Astuce bonus : Pense vraiment à qui tu écris. Quels sont leurs espoirs et leurs peurs ? Contre quoi luttent-ils ? Quel genre de blagues ou de références culturelles les feraient rire ? Après tout, tu parlerais probablement différemment à un groupe de retraités dans un village de vacances qu’à un groupe de jeunes entrepreneurs lors d’un meetup.
2. Utilise « Tu », « Nous » et « Je »
Puisque tu t’adresses à ton lecteur en tant qu'individu, tu dois utiliser autant que possible le « tu » et parler de toi avec « je ». Habituellement, il est plutôt évident de savoir quand tu peux utiliser ces pronoms personnels. Mais parfois, c’est un peu plus difficile. Voici un exemple. Disons que tu as écrit une phrase comme celle-ci : « Souvent, les gens trouvent difficile d'avancer dans des situations comme celles-ci. » Tu pourrais rendre cette déclaration plus convaincante en impliquant le lecteur directement dans la phrase : « Souvent, tu dois probablement avoir du mal à avancer dans des situations comme celles-ci. ». Des mots comme « peut » ou « probablement » peuvent t’aider à qualifier la déclaration de sorte que tu n’es pas en train de faire un cours magistral ou lui faire la morale. En fait, selon le contexte du paragraphe, tu pourrais aussi avoir envie de t’inclure dans la phrase avec le lecteur : « Parfois nous avons probablement tous du mal à avancer dans des situations comme celles-ci. » Cela te fera encore plus passer pour un ami aux yeux de ton lecteur.
3. Éliminer les phrases passives
Écrire à la forme passive est révélateur d’une écriture académique et technique. Si ta grammaire de lycée est un peu rouillée, voici un petit rappel. Pour faire simple, à la forme passive, le sujet subit l'action. Par exemple, les politiques ou certains managers aiment s’exprimer de cette façon quand ils cherchent à éviter de mettre en avant leur responsabilité dans une erreur. Ils diraient certainement : « Des erreurs ont été commises ». C'est une petite astuce, car en omettant de nous dire qui a fait l’erreur, ils évitent d’en prendre la responsabilité. Note que tu ne peux pas corriger une phrase passive en mettant le sujet à la fin. « Des erreurs ont été commises par nous tous » est encore une tournure passive. Alors, comment résoudre ce problème ? Il suffit d'écrire : « Nous avons tous commis des erreurs. » Maintenant, la phrase est active.
4. Utilise autant de contractions que possible
Cela semble inhabituel aujourd’hui de ne pas en utiliser. Imagine juste une journée sans dire une contraction, ce serait probablement assez difficile. Donc, si nous voulons que ton écriture ressemble à une discussion de tous les jours, nous devrions utiliser des contractions comme « t’es ». Même si tu en utilises déjà, il est bon de relire ton texte une fois de plus pour voir s'il n’y en a pas d'autres que tu pourrais ajouter.
5. Engage tes lecteurs avec des questions rhétoriques
Quand tu parles à un ami, tu vas certainement chercher à savoir s'il écoute vraiment ce que tu lui racontes. Si c’est le cas, il hochera la tête d’un « mmhmmm » approbateur. Tu pourrais aussi essayer d’obtenir une réponse immédiate de sa part en posant une question comme : « T’es pas d'accord ? »
A la place, pose des questions rhétoriques qui ont une réponse évidente, comme : « Combien de temps gagnerais-tu si un chatbot répondais aux questions de tes clients ? » L'un de mes moyens préférés pour transformer une phrase en question est d'ajouter un « pas vrai » ou un « non ? » à la fin. Par exemple : « Personne n'aime faire la queue pendant des heures à la Préfecture, pas vrai ? »
6. Fais des phrases et des paragraphes courts Les longs textes sont angoissants à lire, surtout sur un mobile. J'essaie d'écrire des paragraphes de max trois ou quatre phrases.
Et, c'est aussi surtout la façon dont nous parlons. As-tu déjà entendu quelqu'un qui parle et parle, ne te laissant jamais prendre la parole et ne reprenant jamais son souffle ? C'est épuisant d'écouter une personne comme ça. Relis ton texte pour voir s'il y a des phrases longues que tu pourrais raccourcir ou diviser en deux phrases. Ou de longs paragraphes que tu pourrais scinder en plusieurs paragraphes ? Quand tu écris de manière conversationnelle, il est possible de casser les règles de grammaire de temps en temps. Parfois, des fragments de phrases peuvent donner à ton écriture un coup de punch supplémentaire.
7. Choisis tes mots avec soin
Dans le prolongement de l'astuce n° 6, essaye de rendre tes phrases aussi simples et claires que possible en choisissant soigneusement tes mots.
Dans ses six règles d'écriture, George Orwell note, N'utilisez jamais un mot long si un mot court suffit. S'il est possible de couper un mot, coupez-le toujours ... N'utilisez jamais un mot dans une langue étrangère, un mot scientifique ou un mot de jargon si vous pensez à un mot du quotidien.
voix, car tu pourras rapidement voir s'il y a des phrases qui semblent anormales et guindées. Est-ce que tu utilises des mots que tu n’utiliserais jamais avec tes amis ? Y a-t-il des endroits où tu peux inclure un peu d'humour ou une histoire ? Un GIF marrant ? Ou peut-être faire une petite référence culturelles pop ? En résumé : amuse-toi en écrivant, laisse ta personnalité s’exprimer et essaye d’être le meilleur ami de tes lecteurs et clients.
De plus, en fonction de ton public, tu peux utiliser des mots familiers pour faire en sorte que ton écriture sonne "vraie". Mais attention avec ça, tes lecteurs pourraient rouler des yeux. Rappelle-toi que le but est de retrouver ton style, pas celle d'un adolescent lambda. Pense à des phrases ou expressions familières que tu utilises quand tu parles à des amis ou que ton public utilise.
8. Devenir un conteur
Quand on parle avec nos amis, on partage des histoires sur nos vies perso. Même quelque chose d'aussi banal que de louper son train peut devenir une histoire qui nous fait rire ensemble. Partager des histoires personnelles dans nos écrits nous aide à communiquer avec nos lecteurs et leur montrer qu'il y a un être humain derrière l'écran. À l'ère du digital, les liens entre les hommes sont plus précieux que jamais. C'est pourquoi des sites comme Humans of New York sont si populaires. Lorsque tu utilises des histoires dans ton récit, assure-toi que cela donne de la profondeur à ton texte sans uniquement parler de toi. Montre-leur comment cette histoire peut s'appliquer à leur propre vie.
Conclusion : écrire avec ta plume
Comme l’a dit le romancier Elmore Leonard, si cela ressemble à de l'écriture, je le réécris. C'est une bonne règle à suivre lorsque tu modifies ton texte pour essayer de le rendre plus conversationnel. Je te recommande de le lire à haute
Elmore Leonard
Mais attention, il ne faut pas en faire trop pour ne pas que ton lecteur pense qu’il passe un interrogatoire. Ensuite, essaye d'éviter les questions nazes et ouvertes, comme « Qui veut en savoir plus sur les chatbots ? » Celui qui te lit pourrait répondre sarcastiquement, « Ça ne me tente pas. »
Par exemple, au lieu faire des phrases à rallonge avec des mots superflus comme « en examinant les cas suivants, nous notons que... » tu pourrais simplement écrire « Les cas suivants montrent.. »
"Si cela ressemble à de l'écriture, je le réécris"
Lorsqu'elles sont utilisées correctement, les questions sont un fantastique moyen d’impliquer tes lecteurs dans ton récit.
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Megaloops par Ruben Lenten Marathon d’une vie par Jamie Ramsay
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Flying High Qu'est-ce qu'un kitesurfeur professionnel néerlandais connaît du défi, de l'esprit d'entreprendre et du leadership ? Ruben Lenten s’est fait un nom dans le kitesurf en poussant ce sport à l'extrême, sans peur du danger. Des tricks radicaux et puissants dans des conditions extrêmes sont sa spécialité, il a d’ailleurs donné naissance au megaloop, un tricks incroyablement rapide dans lequel le kite fait un tour sur lui-même propulsant alors le kitesurfer dans les airs. Nous avons rencontré Ruben entre deux megaloops pour parler sport, business, et ses side projects.
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Ruben Lenten
Kitesurfer Professionnel
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Balance Ta devise est « Ride hard, fly high ». Est-ce ainsi que nous devrions résumer ta personnalité ? Comment en es-tu arrivé à faire du kitesurf extrême ? C'est ma devise depuis longtemps et j'aime ça. Le kitesurf est ma vie depuis que j'ai 10 ans. Faire du kite, jouer avec le vent et être dans la nature me semblait si bon que j'y consacrais beaucoup de temps et d'énergie. Il en résulte une carrière épique pleine d'aventures, de compétitions, me démarquant des autres comme un kiteboarder de l’extrême. Accomplir des choses insensées est le meilleur sentiment au monde pour moi, c'est pourquoi j’ai été attiré par le kiteboarding extrême et que j’ai voulu apporter ma pierre à l’édifice. Tu dis aussi souvent : « No risk, no story ». Ressens-tu parfois quand même de la peur ? Et comment transformes-tu l'adrénaline en un sentiment positif ? La peur est géniale. Quand tu la travailles dans le respect et la concentration, cela devient un super outil. Je n'ai peur de rien, mais quand la peur arrive, je la transforme en quelque chose de positif. Afin de dépasser tes limites, tu dois pousser plus fort que quiconque. La magie n'arrive qu'en sortant de ta zone de confort. Donc, quand tu as peur, c'est seulement parce que tu es en dehors de ta zone de confort, que ce soit pour apprendre ou pour gagner :) Les deux sont positifs. J'ai besoin de plusieurs ingrédients pour voler plus haut, plus vite, et plus fort. Mon corps, mon esprit et mon équipement doivent être prêts dès que des conditions favorables apparaissent sur le radar. Plus les conditions sont extrêmes, plus la poussée d'adrénaline est épique, cela me fait me sentir vivant. Il y a dix ans, tu as inventé le megaloop et fait de Ruben Lenten une marque puissante. Quelle est ta vision du développement de ta marque et comment gères-tu tout cela en faisant du kitesurf et en voyageant tout le temps autour du monde ? En tant que kitesurfer, tu dois être créatif sur la partie business. Le sport est encore trop confidentiel pour en vivre. J'ai créé ma propre marque, LEN10, et elle a grandi avec le sport. J'apprécie construire une marque stylée, de qualité et différente par des produits, des événements et du contenu. Nous proposons par exemple LEN10 Experience, une nouvelle marque de trip qui met l'accent sur le partage de connaissances avec nos clients en passant du temps avec eux pour les progresser dans leur pratique du kitesurf. Les gens adorent et ça marche très bien. Nous allons donc accélérer là-dessus. Ton dernier produit Oceana, est une ecoboard et aussi un appel à la durabilité. Tu es un ambassadeur pour la protection de l'océan. Penses-tu que le développement durable soit notre plus grand défi sociétal ? Oui, ensemble nous pouvons provoquer un changement radical qui est nécessaire pour réduire notre empreinte carbone et faire que notre planète dure un peu plus longtemps. C'est pourquoi j'aime utiliser ma voix, mon réseau et mes idées pour soutenir la diffusion d'informations sur le sujet. En informant les personnes et les entreprises sur la façon de réduire, de réutiliser et de recycler, nous pouvons créer un changement positif. 130
"La peur est géniale. Quand tu la travailles dans le respect et la concentration, cela devient un super outil."
Ruben Leten
Quel est ton prochain défi ?
hélicoptère et un hydravion en train de
et n'oubliez pas de prévoir du temps et
Mes prochains défis sont d’ordre organ-
voler. Je suis impatient d'y travailler et
de l'énergie pour que votre travail reste
isationnel. Fondamentalement, quelle
de concrétiser cet objectif. Quel conseil
agréable et continue de vous épanouir.
est la structure à mettre en place pour
donnerais-tu aux entrepreneurs ?
La vie, ce n’est pas penser à sa retraite
atteindre mes objectifs tout en me per-
Ne tombez pas dans le piège de l'ar-
mais à son épanouissement. Fais ce qui
mettant de me concentrer sur les choses
gent. La vie c'est beaucoup plus que de
te va bien et fais ce que tu aimes ...Dans
qui comptent et qui fonctionnent autour
l'argent. Concentrez-vous sur ce que
les hauts ou les bas, secoue ton monde !
du kitesurf. Je veux sauter par-dessus un
vous avez, sur ce que vous pouvez faire, 131
Balance
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"La magie n'arrive qu'en sortant de ta zone de confort."
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Concentrez-vo vous avez, sur pouvez
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Le marathon
d'une vie
Jamie Ramsay Aventurier
Si l’on devait parler de “switch”, celui de Jamie Ramsay est peut être le plus extrême. Travaillant dans la City à Londres, Jamie se rend compte un jour qu’il passe plus de temps à rêver par la fenêtre de son bureau à ce qu’il pourrait faire dehors, que devant son écran d’ordi à travailler. Un jour de 2014 il plaque tout pour entreprendre un challenge complètement dingue : traverser le continent américain en courant. 17,000 km seul et sans
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assistance pendant plus de 475 jours dont 367 à courir. Depuis, Jamie a trouvé sa voie et trace sa route dans les défis les plus fous et les courses les plus folles. Nous avons croisé Jamie au repos après la Cape Wrath Ultra, ultra trail de 400 km en Ecosse pour évoquer avec lui ce changement de vie incroyable, son entraînement et ce qui continue à le fait avancer, quelles que soient les conditions.
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Jamie, dans toutes les aventures que tu fais, comment trouves-tu la force de continuer à avancer ? La clé pour rester concentré pendant mes aventures, aussi longues soient-elles, est de considérer ce moment comme une occasion de tester pleinement mes forces et mes faiblesses, d’apprendre sur moi-même et de débloquer quelque chose que j’ignorais jusqu’alors. Je considère ce que je fais comme un métier à part entière, que ce soit une aventure, une course ou un challenge, il faut donc qu’il en sorte quelque chose de concret, au-delà de passer la ligne d’arrivée. Quand je pars sur une aventure, j'ai un objectif très clair ; arriver au bout aussi rapidement et efficacement que possible. Puis je rentre dans une sorte de routine quotidienne et je me concentre alors sur le moindre élément qui peut rendre cette routine la plus performante possible.
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Comment arrives-tu à sortir de ta zone de confort ? Quand je travaillais à la City, je crois que j’avais clairement des limites. Bien sûr c’était des limites que je m’étais auto-imposées, pour ne faire que le strict minimum de ce qui était attendu de moi, tout en satisfaisant les personnes avec qui je travaillais. Quand je suis devenu aventurier, j'ai soudainement pris le contrôle de tous les paramètres qui pouvaient participer à mon “succès”. Je pouvais déterminer ce qui était un succès d’un échec et c'est en faisant cela que j'ai appris à m’imposer cette nouvelle habitude de continuellement repousser mes limites. J'ai aussi appris que lorsque vous êtes à l'aise de manière répétée vous vous mettez dans une position où vous pourriez tomber dans la médiocrité. Cette peur me pousse vers l'avant. Maintenant, presque tout ce que je fais va me pousser à sortir de ma zone de confort, que ce soit en travaillant en équipe, en changeant de discipline, d’environnement ou de durée. D’une manière générale, si quelque chose vous fait peur ou vous met mal à l’aise, c’est un bon signal pour vous dire que c’est la dessus que vous devez vous concentrer. Quel a été ton plus grand stop et comment l’as-tu dépassé ? Je suis mon plus grand frein. Je pourrais faire tellement plus, mais je suis le seul et unique responsable si ça bloque ou que ca ne va pas assez vite. Le doute, la peur, le manque de confiance en soi signifie que je n'ai pas encore coché toutes les cases de ce que je voulais faire. Mais j'ai aussi réalisé que je suis le plus grand moteur. Je passe beaucoup de temps à penser à toutes les choses que j'aurais pu mieux faire, des décisions que j'aurais pu prendre autrement et des limites que j’aurais pu pousser encore plus loin. Je rassemble tout cela et je l’utilise dans ma prochaine aventure. Je les inclue dans ce que je définis être un succès et je recommence comme cela sans cesse. La prochaine étape pour moi est de réussir à extraire de la valeur dans tout ce que je fais. La vraie valeur dans ce que vous faites ou créez c’est quand vous arrivez à la réutiliser dans ce que vous en faites après. C’est la que la création de valeur est la plus forte et c’est là dessus que je dois me concentrer.
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Ta philosophie de vie ? Ma philosophie de vie est certainement un peu “cliché” ou a minima partagée par beaucoup, mais c'est parce que c’est ce qui fonctionne le mieux - Etre la meilleure personne possible. Nous avons tous nos compétences, nos capacités et nos forces. Il ne tient qu’à nous de prendre ces ingrédients et d’en tirer le meilleur. Une des choses que je m’efforce de ne pas faire est de me comparer aux autres. Quand quelqu’un réussit quelque chose, il aura aussi son propre niveau d’échec. Ce qui nous différencie des autres n'est pas ce que nous réalisons, mais comment nous transformons des moments négatifs en résultats positifs. Je suis tout à fait conscient que j’ai plus de faiblesses que de forces mais au lieu de le considérer comme un point faible, je le tourne en une pensée positive et je me dis que cela représente autant d’opportunités à relever. Quand je suis sur une aventure ou dans une compétition, je me dis juste que je peux faire mieux encore et toujours. Et si je m'arrête ou faiblis alors je me le répète encore et encore. Au cours des 3 dernières années, j'ai parcouru plus de 24 000 km dans 25 pays différents. Pendant ce temps, j'ai appris tant de choses sur moi-même, mes drivers, mes forces et mes faiblesses. Après tout ce temps, la chose qui me surprend encore est la façon dont les verrous que nous nous mettons sautent. Quelque soit la manière dont vous avancez, vous serez toujours poussé par cette curiosité de voir jusqu’à quel point vous pouvez encore aller. Quand j'ai terminé mes 17 000 km de course du Canada à l'Argentine, je ne me suis pas dit en franchissant la ligne d'arrivée « Eh bien, je suis heureux d’avoir prouvé que je peux le faire », mais plutôt « Maintenant que je l’ai fait, qu’est-ce que je peux faire d’autre, de plus, et qui vais-je devenir si je continue à repousser mes limites ?»
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Tu as dit que dans tes voyages « contrôler ton esprit est la partie la plus importante », qu’entends-tu par là ? Lorsque tu es au milieu de nulle part, dans des conditions extrêmes, il est très facile d’avoir des pensées négatives. Si vous les laissez prendre le dessus, elles vont vous consumer à petit feu. Vous devez vous entraîner à mettre le négatif de côté et ne pas le laisser vous éloigner de votre objectif. En contrôlant l'orientation de votre esprit et en l’exerçant à ne jamais faiblir, alors vous ne perdrez jamais de vue ce que vous vous êtes fixé comme objectif au départ. Tout ce que nous faisons devrait avoir une intention et si cette intention a été assez forte pour nous convaincre de commencer, alors elle devrait être assez forte pour nous faire continuer jusqu'à la fin. J’ai l’avantage d’avoir pris la décision de changer radicalement de vie il y a quelques années. Donc maintenant, si je commençais à douter, je n’aurais qu’à m'asseoir sur le côté de la route et repenser à cette décision. Si j’arrêtais tout, je sais exactement dans quelle vie je retournerais, et cela me donne encore plus de force pour repartir et me battre. Tout repose sur l'esprit et donc la force mentale est la chose la plus importante à entraîner. J'ai récemment terminé une course de 400 km et mon corps a commencé à faiblir à environ 200 km, mais grâce au mental j’ai réussi à continuer et à terminer. L'entraînement de l'esprit est très similaire à l’entraînement d'un muscle, donc vous devez le pousser un peu plus chaque jour. Si vous êtes face à un challenge et que vous savez que vous avez surmonté quelque chose de plus petit mais similaire, alors vous serez beaucoup plus à même de le dépasser.
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D’une manière générale, si quelque chose vous fait peur ou vous met mal à l’aise, c’est un bon signal pour vous dire que c’est la dessus que vous devez vous concentrer.
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Jamie Ramsay Quel est ton objectif final ? J'ai passé 12 ans à faire quelque chose qui ne m'a pas inspiré. J’étais une version diminuée de moi-même, insatisfait et finalement un peu autodestructeur. Avoir la force d'identifier le problème, le courage de trouver la solution et la détermination de faire que ça change est toute la motivation dont j'ai besoin pour continuer à faire ce que je fais. Mon but final est quelque chose que je suis encore en train de chercher. Je suis conscient que mon corps va me le faire payer un jour car les années passent et j’ai commencé cette carrière assez tardivement. Donc, mon objectif est de construire quelque chose qui sera durable, scalable et qui encourage les autres à repenser leurs idées préconçues. Si je peux aider une autre personne à réaliser son rêve, alors j'aurai réussi et cela me donnera encore plus envie de continuer et d’en faire plus. Tu es speaker dans des conférences. Que partages-tu lors de ces évènements ? Je veux que les gens comprennent que je suis juste une personne normale qui a trouvé la force intérieure et la motivation pour changer de vie et de carrière afin de devenir une personne plus épanouie. J’adore montrer aussi mon inexpérience, ma vulnérabilité et mes échecs pour que les gens réalisent que rien n’est impossible. Je ne vois pas l’intérêt de juste montrer ce qui a marché ou ce que j’ai réussi mais je veux montrer comment j’y suis parvenu. En tant qu’aventurier, j’ai affronté tellement d’obstacles, j’essaye juste de leur apprendre comment j’ai réussi à les contourner et comment les appliquer à leur vie perso ou pro. Quel pourrait être ton meilleur conseil pour un entrepreneur ? Assurez-vous que ce que vous faites est bien pensé et que cela va avoir un impact. Trop souvent vous voyez des gens travailler sans savoir pourquoi. Faites en sorte que chaque minute compte. Pour avancer, vous devez construire quelque chose de durable, vous remettre en question de façon permanente, et apprendre de nouvelles choses tout le temps. A la fin de l’année, prenez un moment pour faire le bilan et être sûr que vous êtes toujours en train d’avancer. 151
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